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La notion de faiblesse renvoi à une idée de rapports de force entre les forts et les faibles, à

l’image de la société capitaliste selon Marx. La faiblesse peut se rapporter à une défaillance,
un défaut de quelque chose, ou à un manque de force. Elle renvoi donc à un ordre
économique, social, politique, physique, psychique et peut toucher n’importe quelle
caractéristique de l’homme. La société actuelle se base plutôt sur une défense des plus
démunis, que l’on peut analyser comme héritage du christianisme.
Cette défense peut s’avérer injuste notamment pour les personnes dites fortes, alors la
question est de savoir au nom de quels principes défendre le faible, qu’est-ce que cela peut
nous apporter au niveau personnel ?
Tout d’abord, parce que l'homme est capable de pitié, de compassion ; qu'il suit la règle du
droit plutôt que celle de la nature, il est nécessaire de défendre le faible.
Cependant, comment se fait-il que l'homme défende le faible, au lieu d'appliquer la loi du
plus fort, la sélection naturelle.
Néanmoins, les forts trouvent peut-être en la défense des faibles un moyen d’affirmer leur
égo.

Il est dans la nature humaine de défendre les faibles, et certaines institutions ont comme but
de promouvoir cette défense.
L'instinct humain est de protéger les faibles, tout le monde est pareil, les gens se voient dans
la situation des faibles et agissent donc par compassion. Il lui semble naturel de défendre
quelqu'un parce qu'il pense qu'il voudrait que quelqu'un l'aide s'il était dans la même
situation. On peut alors relier la protection des faibles aux principes du christianisme. Avec
l'avènement de l'homme, créé à l'image et à la ressemblance de Dieu : l'homme est
considéré comme divin, et la dignité absolue de l'homme apparaît comme un principe
incontesté.
Avec le premier article de la déclaration des droits de l’homme, on voit également les
principes des lumières. Chez les Lumières, la valeur de démocratie et d'égalité est principale
donc il va de soi qu'il faut respecter les droits de chacun. Pour Marx, la société est
polarisée en deux classes :
-les ouvriers qui vendent leur force de travail aux propriétaires « capitalistes »
-Les capitalistes »bourgeoisie » qui détiennent les moyens de production et qui
exploite les ouvriers.
Ces 2 classes sont des classes en soi puisque les individus qui les composent
partagent des conditions de vie identiques.

Si on se place dans une optique marxiste, les faibles sont représentés par les prolétaires et
sont opprimés par les bourgeois, il faut alors lutter contre ce rapport de force et le changer
par la lutte des classes. De ce point de vue, il est mieux de défendre le faible, de protéger
son droit pour éviter que la révolte et le désordre éclate, et que la cohésion sociale soit
assurée.

Dans nos sociétés, ce principe de défendre le faible se fait à travers l’idée de justice sociale,
notamment exprimée par Rawls, qui veut au nom des libertés fondamentales valoriser les
faibles pour arriver à une égalité. On voit ses principes dans nos sociétés avec les organismes
comme la sécurité sociale, ou les politiques de redistribution ou d’aides pour les plus
démunis.
 

Néanmoins, la faiblesse peut apparaitre inutile à défendre selon d’autres points de vue.

Les faibles peuvent se servir de leur faiblesse pour profiter des plus forts, et ainsi limiter la
puissance de ceux-ci sur la société. La loi morale, l’éthique ne serait qu’au service de la
faiblesse, la loi également protège les faibles, les politiques sont en faveur des faibles et
peuvent discriminer les autres. Pour certains auteurs comme Hayek, il ne faut pas agir pour
les faibles, car chaque situation est liée au mérite de chacun, et si l’on favorise ceux qui ne
contribuent pas à la richesse de la société ne doivent pas être favorisés car cela enlèverait la
motivation de ceux qui travaillent pour la société. La défense du faible et le concept de
justice sociale implique de traiter différemment les personnes qualifiées de victimes, elle
implique donc la discrimination, c'est-à-dire la violation de l'égalité en droit : « Il y a toutes
les différences du monde entre traiter les gens de manière égale et tenter de les rendre
égaux. La première est une condition pour une société libre alors que la seconde n'est
qu'une nouvelle forme de servitude ».

Il y a donc un renoncement au principe de la méritocratie, et du principe « à chacun selon


ses efforts », et les efforts de chacun ne seront pas récompensés. En effet le faible qui est
protégé, défendu, risque de rester dans l’assistance et demeurer faible. Alors que la
personne faible, posée devant ses responsabilités peut apprendre à passer outre ses
faiblesses et sortir de la faiblesse. 

Nietzsche est sans doute celui qui va apporter la principale critique, la distinction mal/bien
issue de la morale chrétienne et socratique doit être absolue au profit de la volonté de
puissance de chacun. Il qualifie la morale chrétienne de morale d'esclave car elle est basée
sur la culpabilité qu'induit le péché. Nietzche va baser sa morale sur l'ensemble de nos désirs
et passions. Ainsi, l'homme altruiste qui va défendre le faible est perçu comme quelqu’un
qui renonce à ses pulsions. Cependant, la philosophie nietzschéenne a été reprise et
réinterprétée par les nazis, voyant en elle la justification de se débarrasser des faibles, pour
les nazis : la race aryenne. Il faut donc manipuler la thèse Nietzschéenne avec précaution. 

  Au contraire de nuire aux forts, la défense du faible peut apparaitre comme un


moyen de se valoriser pour ces hommes.
Dans la mesure où le faible désigne quelqu'un qui serait inférieur à nous dans un certain
domaine, on voit ici la notion de rapport de force et de pouvoir exprimé déjà chez Marx. Par
conséquent, en portant secours à un "faible", on en vient à exercer notre pouvoir sur lui, et
donc conduire à l'influencer. Cela peut donner à l’homme un sentiment de puissance, et
ainsi le principe d’aider les faibles peut apparaitre comme une domination, l’exercice d’un
pouvoir, d’une puissance des forts sur les faibles. Ça peut sembler comme un alibi pour les
forts de défendre les faibles, ils trouvent une affirmation de leur puissance et donc un
meilleur sentiment de leurs conditions. Ce n’est pas de la compassion qu’ils expriment, mais
plutôt de la pitié, et ils voient que leur situation est beaucoup mieux que celle qu’ils voient,
ils se sentent d’autant supérieurs. Il faut voir alors la notion de l'égo de l'homme, qui tend à
se surestimer aux dépends des autres, on peut se demander à ce propos si en voulant
secourir le faible, l'homme n'en vient pas à se secourir lui-même, pour conforter son égo et
ne pas tomber dans la remise en cause de sa situation, de son comportement. On peut
exprimer cela à partir d’un exemple. Lorsqu’il y a une catastrophe naturelle ou autre, par
exemple pour l’Australie avec ses feux en 2021, les gens des pays développés se sont
empressés de faire des dons, on pourrait analyser cela comme s’il soulage leur conscience,
faire une bonne action, et justifier leur situation, ne pas la remettre en cause en participant à
la défense des faibles, s’affirmer qu’ils ne sont pas égoïstes. 

Néanmoins, il faut également penser à la notion de secours, en la comparant à l'assistance et


à l'éducation. D'un côté, on aide l'individu à survivre, entrainant une relation de dépendance
et venant conforter notre domination sur lui, ce qui rejoint donc le thème de la relation de
pouvoir, et de l'autre, on aide l'individu en lui permettant d'évoluer, de devenir notre égal,
et donc de pouvoir apprendre nous-même.

On peut donc dire que l’idée de défense du faible apparait dans le christianisme,
puis dans les valeurs des Lumières comme la défense de l’égalité de droit et de la dignité de
l’homme. Cependant, ce principe remet en cause la méritocratie, et selon Nietzsche,
défendre le faible signifie obéir à la morale chrétienne et donc refouler ses pulsions, ses
désirs. Enfin, l’homme fort peut affirmer son égo en se sentant supérieur aux faibles et en
exerçant sa puissance. Néanmoins, la faiblesse apparait tout de même comme cause
principale à défendre au nom des principes de la démocratie, de l’égalité des hommes, et
également au nom des valeurs de l’humanité qui fait les hommes semblables, et que ceux
qui sont en situation de faiblesse ne l’ont pas forcément mérité, que l’on ne peut pas faire
disparaitre des hommes comme l’a fait le nazisme, soi-disant qu’ils sont inutiles à la société,
ou inférieurs.

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