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HLP sujet n°2 : Faut-il se méfier de la rhétorique ?

Accroche : Dieu de l’éloquence Oghma dans la mythologie celtique


= représenté avec, dans sa bouche, des chaînes liées aux oreilles de ceux qu’il manipule / ou avec
des perles qui relatent de l’aspect flatteur ou fallacieux

INTRO: Définition des termes du sujet :

 Rhétorique : l’art de bien parler ; des outils sur la manière de bien parler. L’ensemble des
techniques permettant d’être éloquent afin de convaincre ou persuader
 Se méfier : Ne pas faire confiance, être soupçonneux ; Se tenir sur ses gardes pour éviter un
danger, un inconvénient.
 Rhéteur : celui qui maîtrise la rhétorique, souvent perçu comme un beau-parleur (usage de
la rhétorique discutable)

=> Problématique/reformulation : doit-on ne pas faire confiance à l’éloquence ?

I] Il semblerait/A priori, il faut s’en méfier

1) La rhétorique est un instrument de manipulation

L’éloquence peut être manipulatrice, que ce soit dans le domaine politique ou interrelationnel. Cette
manipulation se développerait à travers un discours flatteur ou élégant. Plus le style et les mots sont
soignés, plus la probabilité que le discours ne soit qu’une mascarade menteuse est forte. Grâce à la
rhétorique, on acquiert l’attention et la bienveillance d’autrui (=captatio benevolentiae) ce qui nous
donne tout à fait le pouvoir de s’en servir contre lui.

“La rhétorique est une activité qui n’a rien à voir avec l’art […] pour le dire en un mot, je l’appelle
flatterie” Socrate dans Gorgias de Platon
=>réelle condamnation de l’éloquence par Socrate

=>Don Juan flatte Charlotte et Mathurine de deux manières différentes : il utilise un style très élevé
avec une prose qui les impressionne, et il fait aussi attention à conserver un rythme et une
intonation de ses phrases de façon à les charmer même si elles ne comprennent rien de ce qu’il dit.

+Gorgias dans L’éloge d’Hélène “le discours est un tyran puissant” = met en avant le pouvoir que
peut obtenir le discours sur celui qui en est victime.

2) Qui met en avant des discours fallacieux aux apparences de vérité

L’éloquence, grâce à la manipulation qu’elle opère, peut faire passer des mensonges comme la
vérité. Elle déforme la vérité à travers un discours aux mots bien choisis et où fiction et réalité se
confondent, au détriment de certains.

“S’il conte une nouvelle, c’est moins pour l’apprendre à ceux qui l’écoutent, que pour avoir le mérite
de la dire, et de la dire bien : elle devient un roman entre ses mains.” V, 11, Jean de La bruyère, Les
Caractères

=>exemple des sophistes : Socrate et Platon combattent les Sophistes qu’ils accusent (abusivement)
de n’être que des rhéteurs qui excellent dans l’art de la persuasion au mépris de la vérité ou de la
morale. Aujourd’hui, les mots “sophistes”, “sophismes” et “sophistique” évoquent de façon
péjorative des ambiguïtés (volontaires ou non) du langage qui biaisent une argumentation.
II] Cependant, il ne faut pas obligatoirement être sur ses gardes face à l’éloquence.

1) Un discours éloquent et rationnel ne peut pas nous tromper

L’éloquence peut être trompeuse, certes, mais lorsqu’un discours naît de la raison, il lui est presque
impossible de nous faire défaut car on peut suivre la logique de l’argumentation et juger de nous-
même s’il est faux ou mensonger. L’objectivité et l’universalité de la raison peut nous guider à
travers les paroles d’un orateur éloquent et nous ne sommes pas obligés d’être constamment
méfiants vis-à-vis de la rhétorique.

“La raison et la parole unissent les hommes entre eux” Cicéron, de Oratore
=raison vient de logos, comme la parole : elles sont donc intrinsèquement liées, sauf que la raison se
base sur les faits et on peut donc lui faire confiance.

+ si on est rusé, on voit à travers les stratagèmes de la rhétorique (= si on connait les sophismes, on
sait les retrouver dans un discours)

2) La rhétorique fait la grandeur et la beauté d’un discours

Parfois, on écoute un discours, non pour son message, mais bien pour sa forme. Le contenu d’un
discours peut être complètement négligé si notre intérêt se base seulement sur la beauté des
paroles d’un orateur. Le théâtre en est d’ailleurs un exemple : lorsqu’on se rend voir une pièce, en
tant que spectateur, on sait déjà que les paroles qui vont nous être prononcées seront fausses et
fictionnelles. On sait que les personnages qui sont sur la scène jouent un rôle, récitent des vers qui
n’ont rien de vrai. Pourtant, la beauté d’une parole, d’une mise en scène ou d’un jeu fait qu’on y
retourne, parce qu’on est séduit par l’éloquence et qu’on n’a pas besoin de se méfier de celle-ci car
on sait déjà que son contenu est fallacieux (ou même absurde)

=exemple des cadavres exquis : Inventé par les surréalistes, le cadavre exquis est un jeu collectif «
qui consiste à faire composer une phrase, ou un dessin, par plusieurs personnes sans qu'aucune
d'elles ne puisse tenir compte de la collaboration ou des collaborations précédentes. »
=>Jacques Prévert, Paroles ou Inventaire
=>Paul Eluard, Capital de la Douleur.

CCL : Il est nécessaire de se méfier de la rhétorique, car elle peut nous manipuler et nous faire croire
à des choses fausses. Cependant, cette méfiance ne doit pas être systématique, car si l’on connait les
règles de l’éloquence, on sait quel stratagème est utilisé sur nous. L’éloquence peut aussi être
écoutée pour sa simple beauté, ce qui rend l’importance du sens d’un discours inférieure à sa forme
=>ouverture sur les cadavres exquis

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