Vous êtes sur la page 1sur 4

Gorgias

Présentation : Figure de Gorgias de Léontinoi, ville sicilienne

Aux environs de – 483.


Contemporain de Protagoras, Hippias, Antiphon.

Eu pour disciple Ménon, Isocrate…


Fortuné.

Style assez littéraire, avec bcp de verve, fit apparemment triomphe en Thessalie où il passe pour
avoir fondé la sophistique et les arts oratoires. A également fondé une alliance entre Grecs et
Thessaliens. (Oraison funèbre, discours sur la bravoure des athéniens destiné à les convaincre)

A écrit des défenses élogieuses, Eloge d’Hélène, mode plus d’enquête, Défense de Palamède
→ A ce propos, notamment de l’Eloge d’Hélène, on ne sait trop s’il s’agit bien d’un éloge
(enkomion) ou d’une défense (apologia) → ni s’il s’agit dedans d’un propos destiné à affirmer une
seule sorte de vérité (une seule des thèses est considérée comme vrai, genre dialectique, Aristote) ou
nullement, si les thèses s’affrontent sans pretendre à la vérité (antilogie, selon Aristote).

=> Philosophiquement, Traité sur le non-étant semble attester de la non-accessibilité à l’etre des
choses, à toute realite absolue comme une de ses postulats et theses majeures, selon que :

1. admettant cependant que (l’etre) soit, il ne pourrait etre appréhendé par les moyens humains de
connaissance
2. admettons que nous parvenions à le connaître, nous ne parviendrions à communiquer cette
connaissance à autrui

=> Thèse radicale, à consonance sceptique


=> Dans un monde arraché à l’aletheia divine, à la poésie d’Homère, où la voix des Muses/Moires
(qui disent « ce qui est, ce qui a été, et ce qui sera ») s’est tût, « ce il n’est aisé « ni de se souvenir
du passé, ni d’examiner le présent, ni de conjecturer l’avenir » (Hélène, 11)
=> On se retrouve bien plus dans le « non-étant », que ce soit à decouvrir des phenomenes
meteorologiques invisibles, les orateurs qui persuadent des foules entieres, les philosophes qui se
livrent à des joutes d’esprit où la vivacité d’esprit permet d’opérer de grands changements (reprise
libre de Hélène, 13) ; rien dans ces mvts on ne reconnaît la trace, la tradition d’un etre stable.

=> Néanmoins, toute verite n’est pas inaccessible pour l’homme (non sceptique radical :il ne faut
pas comprendre un non-etre absolu, mais plutot le refus d’un etre-absolu) : il peut atteindre une
verite à sa mesure, garder un « logos droit » (orthotes logou), garant de la necessite logique et de la
coherence des propositions.

=< Récuse l’illusoire réalité en soi des « dogmatiques » de tout poil ; l’ontologie faite principe.
=> Non-idéaliste. (L’humain doit se construire lui-meme hors de toute absoluité ideale → IMP)

Dans son Traité, Palamède, très important, distingue le discours de l’etre, disjoint et sans plus cette
magie persuasive capable de faire naitre l’etre de l’apparaitre, de faire prendre l’un pour l’autre :
« le moyen par lequel, en effet, nous révélons est le discours ; or le discours n’est ni les choses
subsistantes hors de nous, ni les étants ; par conséquent nous ne revelons pas les etants à ceux qui
nous sont proches, mais le discours, qui est autre que les choses qui sont hors de nous. » (Palam. 35)
=> désillusion autour du discours, logos qui n’apparait plus souverain
→ Compare cela aux sens, (de meme que « le visible ne saurait devenir audible », on ne peut avoir
accès directement à ce qui nous apparait tjrs sous le biais des sens.
=> On a pas accès à la phusis des choses…
=> D’où que l’Éloge d’Hélène peut être aussi vrai ou faux que ce qu’en dise ses détracteurs, la
Défense de Palamède aussi vraie ou fausse que son accusation…

=> Précurseur du mentalisme ? → Il ne faudrait pas communiquer l’etre, vu que cela est vain,
inconnaissable et incommunicable, mais bien la pensée, toutes les émotions qui « frappent » l’ame,
par une passion qui lui est propre, tous les états mentaux, cognitifs et émotionnels, suscités par le
discours (M. L. Desclos) => désenchantement métaphysique et gnoséologique


Gorgias

Sous-titré : Sur la rhétorique, genre réfutatif

Thème : la rhétorique, (par opposition à) la philosophie, le bon usage du discours en politique (→


Phèdre)

Définition de la rhétorique comme d’un savoir faire, non un art, non une technique.
→ A pour but de séduire les auditeurs par le discours : se rapproche de la flatterie dont la fin est le
plaisir
→ Au contraire de la philosophie comme ‘mode de vie’ et comme recherche du vrai et du bien.

=> Vrai et bien sont indissociables : « nul ne commet le mal de son plein gré » (retour sur cette
maxime)

Questions : Le vrai est-il le vraisemblable ? Peut-on négliger le premier et se contenter du second ?


Enfin, à portée politique : Le droit du plus fort doit-il prévaloir ? (selon Calliclès, qui n’apparaîtra
qu’à cet endroit)

Pour commencer : Le discours/l’art de la rhétorique se distingue-t-il des autres arts ? (449-450.b)

=> Ressemble au Protagoras : lui demande la nature de son art, en vertu des autres arts.

Socrate distingue entre 4 arts (450d) : des arts qui setablissent essentiellement par le travail manuel,
d’autres sans bcp d’activité concrete (arithmetique, geometrie), d’autres encore qui melent les deux,
et certains qui se font essentiellement par le discours → since Gorgias definit ce qu’il fait comme
« la rhetorique est l’art dont la tache s’execute avec le discours comme seul instrument », opere un
rapprochement fallacieux avec la geometrie, l’arithmetique… → mais que n’est-ce donc pas la
meme chose ! (ironie socratique)
=> but de le discrediter comme art.

→ Et Gorgias de renchérir que l’objet de son art se trouve dans les plus importantes des choses
humaines, et les meilleures (bien supreme), ce à partir de quoi Socrate va pouvoir s’en donner à
coeur joie de le réfuter.

Gorgias précise, en 452-e, qu’il s’agit du pouvoir de convaincre, grace aux discours, que ce soit les
juges au Tribunal, les membres du Conseil au Conseil de la Cité, et l’ensemble des ciytoyens à
l’Assemblée. → C’est sur la definition de la conviction (que cela veut-il dire « convaincre »?) que
va se porter la suite de la discussion.
Mais il y a une autre defintiion, que donne Gorgias et sur laquelle Socrate s’attarde plus tard :
designant le bien supreme (et en cela son activité) à la fois comme :
« cause de liberté pour les hommes qui le possedent et principe de commandement que chaque
individu, dans sa propre cité, exerce sur autrui ».

=> Reprenant donc la discussion sur le caractere politique, apres avoir convenu que la rhetorique ne
pouvait pas se contenter de convaincre (car d’autres arts, comme la musique, peinture, theatre…
« convainquent » egalement), Socrate revient sur la discussion entre croire et savoir, dont Gorgias
convient également, déclare que la conviction qu’exerce la rhétorique, dans les tribunaux, est plutot
de celle qui permet de croire sans savoir, et non de celle propre à la connaissance.

> Critique du caractere éristique des tribunaux (et de la ‘preuve’ aux tribunaux) ?
=> ne vise pas le savoir, uniquement la confrontation des opinions (qui peuvent etre egalement
vraies ou fausses ? (comme nous le montre egalement l’Hélène et le Palamède ?)
→ 455a (apres on parle d’un pdv posi’ où la connaissance attestée aux tribunaux et la preuve sont
en elles-memes des buts et des normes, donc ça peut nous biaiser pour cette lecture, pas sûr que
Platon avait cela en tete, meme si la problématique croire/savoir attenante à la vérité lui posait
problème, que ce soit à travers les rhéteurs aux tribunaux que les pleureurs -bien que Gorgias se
refuse par ex dans le Palamède à « implorer les juges » et faire le pleureur-)

Puis Platon renvoie encore une fois Gorgias aux arts pratiques, lequel assure la supériorité de la
rhétorique sur les autres arts (exemple du médecin qui ne peut convaincre un malade à se soigner,
alors que lui arrive à faire qu’il se soigne, 456b). => Art de ‘dire les mots justes’ dans la situation
supplante alors l’art pratique et le spécialiste → la rhétorique « contient toutes les capacités
humaines, et les maintient sous son controle ».

- Comparaison rhétorique à un « art du combat », l’occasion pour Gorgias de distinguer entre fins et
moyens dans l’apprentissage et l’enseignement : si l’élève a bien appris l’art du combat, mais va à
la suite s’en servir pour un usage nuisible, frapper sa famille etc, c’est bien lui qui doit etre tenu
pour responsable, et non son maitre. La rhetorique est alors un moyen, au meme titre qu’un outil,
qui peut etre bon ou mauvais suivant l’usage (la fin on dirait ajd) ; mais le maitre d’armes, le
rhétoricien ici, n’a pas à etre tenu responsable de son enseignement, si son produit finit mal. « Seul
l’usage est légitime » (distinction moyen-produit, outil-fin/usage, etc. 456 a-c) => ce qui sera l’objet
d’une grande critique pour Platon. → impossibilité de distinguer le bien, et de choisir ceux à qui
l’on enseigne, en vertu de la relation salariale (voir fiche Ménon, J.F Pradeau Les Sophistes, et
Blank, Socratics versus Sophists on Payment for Teaching) ; et l’usage qu’en fait celui à qui on
enseigne, en vertu de ce qu’on enseigne (puisqu’il peut tres bien faire un usage autre, ou mauvais,
de ce qu’on lui a enseigné) => ce qui peut appeler à de la désolidarisation de l’enseignement
proposé, à une irresponsabilité pour Socrate (qui lui est solidaire, au sens fort du mot, de ce qu’il
enseigne).

=> Pas moyen de distinguer? Mais aussi non-identité en bien => rhétorique pas bien en
soi/supreme. *

A 459 b-c, on en reste à : la rhétorique « n’a pas besoin de savoir ce que sont les choses dont elle
parle », n’a pas besoin, -et en vérité, ne peut pas- s’adresser à un public de savants (car autrement
elle serait immédiatement supplantée et suspendue, neutralisée) => donc ne s’adresse qu’à un public
d’ignorants.
*Cela se voit particulièrement avec la question de la justice, introduite en 460d, sur laquelle Socrate
revient : l’orateur peut agir « sans aucune justice », peut se servir de maniere injuste de son art, si
c’est pour former qqn qui à son tour va commettre l’injustice.

Distinction 4 arts et 4 semblants (rhetorique, sophistique, esthetique, et cuisine) en 464 c, qui sont
leurs pendants, ont l’apparaitre mais non l’etre des arts, et sont ostensiblement trompeurs. Sont
simplement des « savoir-faire », des routines, meme si necessite (pour la rhetorique) « chez ceux
qui la pratiquent une ame perspicace, brave, et naturellement habile dans les relations humaines ».
+ Definition du concept de flatterie, qui selon Platon règle tout ceci. (463b)
Par exemple la cuisine « est une forme de flatterie qui s’est insinuée sous la medecine, elle en a pris
le masque, et elle fait donc comme si elle savait quels aliments sont les meilleurs pour le corps… Et
s’il s’en fallait d’une confrontation, (…) le pauvre medecin n’aurait plus qu’à mourir de faim ! »
(464d). → La cuisine ne peut en effet fournir aucune explication rationnelle sur la nature du regime
qu’elle administre à tel ou tel patient, dit explicitement Socrate ; « pas un art, rien qu’une pratique,
qui agit sans raison ».

→ Ref à Anaxagore +« Je veux dire que toutes les realites seraient confondues pele-mele et
reviendraient au meme, on ne pourrait donc plus distinguer la medecine ni de la santé ni de la
cuisine. » (465d)

Ne partage neanmoins pas l’avis de Polos lorsqu’il s’agit de dire que les orateurs sont semblables à
des tyrans (en termes de pouvoir), ou qu’ils depouillent les gens de leurs richesses. => au contraire
ne disposeraient que d’un pouvoir infime…

→ Intéressant à voir sur la medecine et la cuisine… (=attention à pas en faire un usage trop
contemporain par contre) ; méfiance à l’égard de l’agreable, du plaisir, de l’agréement, « qui ne vise
pas au meilleur » (dépassement?)

=> Plaisir assimilé au paraître : faire ce qui nous plait n’est pas agir pour le meilleur, c’est au plus
faire ce qui nous paraît etre le meilleur (467 b-c)

=> Le dialogue est bcp plus long que cela mais par commodité, et parce qu’on a pu dire l’essentiel,
on s’arretera ici.

Vous aimerez peut-être aussi