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Apologie de Socrate

Auteur : Platon (-428/427 -348/347 ; Athènes)

Dialogue de jeunesse, ton assez dramatique, Platon ayant été dramaturge.

Thème : le rôle du philosophe dans la cité.

Contexte : Procès de Socrate, accusé par Mélétos, et Anytos qui l’accompagne.


Accusation : corruption de la jeunesse et impiété (26b → de ne pas reconnaître les dieux de la cité
et/ou d’introduire de nouveaux dieux → l’imprécision est dénoncée par Socrate dans sa défense qui
n’hésite pas à demander des comptes à Mélétos là-dessus).

→ Dimension spectaculaire du procès (les mecs se roulent par terre, s’arrachent les vêtements, etc.
dans le but d’emporter leur défense), que Socrate rapporte de manière critique aux accusations dans
le spectacle d’Aristophane : 34b-d, p115-6)

Structure du dialogue : 3 discours, qui correspondent au moment 1 du procès, examen et défense du


coupable ; moment 2 de la détermination de la peine, et 3 ce qui semble plutôt une conversation
informelle avec ses acolytes, après que la peine eut été fixée (trad. Luc Brisson).

Le 1er discours, qui comprend toute la stratégie de Socrate : se compose de la récusation des
anciennes accusations (qu’il attribue à l’origine notamment à la pièce de Xénophane) ; puis des
nouvelles accusations, dont celle de Mélétos qu’il va interroger directement.

Comment se défend-il, face au 500 juges (citoyens d’Athènes, démocratie directe) ?

Il commence par raconter sa vie. Il ne se défend pas, pas de la manière que l’on attendrait de lui.
Il prend ses adversaires à contre-pied, il n’est pas là où on l’attend, voilà l’ironie socratique.

→ Il raconte comment Chéréphon est allé voir l’Oracle de Delphes (Apollon), lui a demandé s’il y a
avait plus savant que Socrate, et qu’il a répondu que Socrate était le plus savant, alors que lui ne se
savait pas savant, ou « simplement pour ce qui se rapporte à l’être humain » (20-e) ; et que, par la
suite de cela (21b, p92) Socrate se fait un devoir, devant le dieu, de trouver le sens de son message,
de s’en aller questionner les citoyens, pour résoudre ce paradoxe, et s’en trouver un qui soit plus
savant que lui.
Questionne 3 types de personnes (note 75) :
- les hommes politiques 21b-e : ils ne donnent l’impression de n’avoir aucun savoir
particulier
- les poètes 21e-22c : les poètes possèdent une véritable capacité, mais pas un savoir au sens
d’un logos ; c’est une inspiration divine, et qui ressemblent à celle des devins et des praticiens
d’initiation. « Ils ne savent rien des choses dont ils parlent. »
- les artisans 22c-e : ils ont bel et bien un savoir, d’ordre pratique, mais parce qu’ils l’ont,
pensent avoir le savoir « des choses les plus importantes » (savoir qui prescrit quels buts doivent
être subordonnés aux autres, savoir « du bien », qualifié « d’art royal » dans l’Euthydème, 291b-
292d). D’où, conclut Socrate, qu’ils sont à la fois savants et ignorants.

De plus, il se place derrière le patronage du dieu, en montrant que tel homme puis tel autre n’est pas
savant. (23b fin).
→ Il retourne ainsi l’accusation et le fait même de vouloir réfuter le dieu, en se plaçant en position
de confirmer sa réponse, chaque fois qu’il prouve, ou plutôt, qu’un homme se prouve à lui-même et
au dieu qu’il est ignorant. C’est ainsi qu’il commence à réfuter l’accusation d’impiété.

De même, pour l’accusation de corrompre la jeunesse, c’est d’eux-mêmes que se joignent à lui des
jeunes, et qu’ils répètent sa méthode (ce qui doit irriter leurs parents et quelques autres membres de
grandes familles… (suggéré en 23d).

Commence l’interrogatoire de Mélétos, où il l’amène à se contredire (25c-26b), sur l’idée qu’il ne


pourrait corrompre les gens autour de lui à dessein, ce qui risquerait de lui causer du tort, il courrait
ainsi le risque de se faire du mal à lui-même, ce qui est ridicule ; ou bien il faut admettre qu’il ne le
fait pas volontairement, ce qui le disculpe également (de blâme, de condamnation ; pas de pitié).

→ Puis à se confondre sur l’idée de reconnaître de nouveaux dieux, ou aucun dieu...→ 28a.

→ Et qu’au contraire la véritable impiété, consiste en craindre la mort et ne point respecter son
devoir envers les dieux. → 28b.

Utile en éthique → notamment sur le sujet « peut-on faire le mal volontairement ? » (25e.)

28b-d : exemple mythique, par lequel il tourne en ironie ses adversaires, en glorifiant son exemple,
qui face à la mort-même maintient son sens du devoir (comparaison au héros Achilles) ; en réponse
à : « n’as-tu pas honte d’avoir adopté une conduite qui aujourd’hui t’expose à la mort ? » (question
rhétorique)
Ce à quoi il répond qu’il mieux vaut subir l’injustice, et être condamné pour cela, que de la
commettre, et être acquitté (ce dont il accusera les sophistes).
La vertu doit gouverner toute action pratique.

→ Pour cette raison également, il ne veut poins risquer le bagne, pas plus, qu’une fois condamné, il
ne voudra fuir et prendre la galère ; au point de trahir sa vertu, et d’ailleurs par là, la cité toute
entière, qu’il prétend servir et servir Apollon, jusqu’à la fin. (29d et 30d)

→ Il comparera le fait de craindre la mort à celui de faire semblant d’être en possession d’un savoir
qu’on a pas. (29a)
→ Ainsi ceux qui se trompent, pensant vouloir le mal, ou le faisant, se trompent essentiellement sur
le bien (vertu et but à atteindre), pensant le savoir, ayant un bien à l’esprit, mais un (parmi d’autres)
qui n’est point véritable. Voilà ce qu’est ne pas agir correctement.

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Distinction on pourrait dire « pro-démocratique » qu’il fait entre les sophistes qui font payer pour
parler, et lui qui écoute et parle à qui veut. (→ sorte de « service public » de l’Antiquité ; puisque
les rhéteurs font payer leur enseignement, alors que le sien s’adresse à tout le monde, pour
potentiellement leur enseigner à éviter les pièges des rhéteurs ; 33b).

A 35-e., p 118 trad. Luc Brisson, commence la deuxième partie, où Socrate est reconnu coupable,
mais de peu (30 voix)..
il ne reconnaîtra aucune culpabilité, puisque cela aurait été parjurer tout ce qu’il avait dit
auparavant, et demander pitié. (→ et faire le bonheur de ses accusateurs qui voulaient le voir en exil
37c.)
De même, il dira que toute peine (dite de substitution) qu’il mériterait serait d’être nourri au
prytannée, 37a, pour tous les bienfaits qu’il a apportés à la cité.
Il cherche et est au service du plus grand bien, la vertu.

Le 3ème moment du dialogue, commençant à 38c, s’adresse tour à tour à ceux qui l’ont condamné,
puis à ceux qui l’ont acquitté. Il vient à la majorité d’être condamné à mort. Il rappelle leur
responsabilité aux premiers, et leur prédit qu’ils ne seront pas délivré du sort, celui d’être
questionné, de devoir s’expliquer sur qui ils sont, ce qu’ils valent (leur vertu), leur demander de
justifier leurs actes et leurs dires, s’ils s’appliquent à savoir quelque chose, et à perfectionner leur
vertu.
Aux seconds, il rappelle que ce n’est point un mal là ce qui lui arrive, que la divinité ne lui a rien
envoyé, aucun signe de mise en garde ce jour là, et qu’en somme il vaut mieux en rire, et pourquoi
pas se réjouir, les uns de vivre ici-bas, les autres de s’en aller discuter là-bas avec les héros et les
divinités.
Ce discours signe son destin. Du reste, de fait, l’on ne sait rien, « la réponse reste incertaine, pour
tout autre, sauf pour la divinité. » (mots de conclusion → c’est la divinité qui a le dernier mot)

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