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Jeune chercheur

La mobilité pendulaire, un aspect de la population des banlieues :


cas d’El Jadida

Mohamed ELADIB

Introduction
Dans un contexte caractérisé par le développement des banlieues, la question de la mobilité
pendulaire, qui désigne le déplacement quotidien de la population en âge de travailler entre le
domicile et le lieu de travail ou d’étude, détient une importance particulière et constitue une
des problématiques d’actualité pour la recherche géographique. Suite à plusieurs facteurs dont
l’étalement des villes et la rurbanisation, les relations entre les villes et leurs banlieues ont
connu de profondes mutations en relation avec la spécialisation des lieux et la
complémentarité des fonctions.
Dans ce sens, la complémentarité fonctionnelle entre la ville d’El Jadida et sa banlieue
entraine une forte mobilité de la population en âge de travailler, spécialement celle de la
banlieue objet de notre étude. En s’appuyant sur des documents d’urbanisme (SDAU, DTP1)
et des investigations de terrain on peut déduire les principales fonctions et ressortir les
complémentarités entre la ville et sa banlieue, véritable catalyseur de la mobilité pendulaire.
Du fait que la mobilité est l’aptitude de se mouvoir selon AMAR (2013), elle dépend des
caractéristiques démographiques, socioéconomiques et spatiales de la population concernée.
Ainsi, et sur la base de ce qui précède à quel point la population en âge de travailler de la
banlieue d’El Jadida est censée être une population pendulaire ?
Par cet article on présente les résultats d’une recherche réalisée dans le cadre de la préparation
d’une thèse de doctorat portant sur la mobilité de la population de la banlieue d’El Jadida, à
travers une enquête par sondage selon la méthode des quotas, qui a concerné 1712 personnes
âgées de 15 ans et plus, appartenant à 417 ménages, soit 4% des ménages de la banlieue.
1. L’agglomération d’El Jadida, complémentarité fonctionnelle entre la ville-centre et sa
banlieue
El Jadida est devenue une agglomération composite, constituée de 3 entités successives, une
ville-centre (El Jadida) entourée de façon semi-concentrique d’une banlieue structurée par des
centres urbains et en troisième lieu d’une deuxième banlieue au-delà de la voie ferrée avec un
caractère rural. Ces entités sont reliées entre elles au niveau fonctionnel et organisationnel.
1.1. La ville-centre, une forte concentration des fonctions de décision
La ville-centre est le noyau de l’agglomération. Elle est comparable selon CHALINE (1996)
aux quartiers centraux des villes qui disposent de la majorité des éléments de la centralité
urbaine2.

1
Diagnostic territorial participatif
2
« La centralité urbaine est une notion multiforme, qui se manifeste à la fois par des spécialisations dans l’usage de l’espace,
et par l’existence de flux de fréquentation ayant chacun leur spécificité temporelle et contribuant à l’animation générale de la
ville (Ville transactionnelle au sens de J. Gottmanne) » (CHALINE Claude 1996, P 131).

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Bien que les équipements de l’enseignement fondamental et secondaire soient implantés aussi
bien dans la ville-centre qu’en banlieue, les équipements de l’enseignement supérieur et de la
formation professionnelle3 se localisent majoritairement à El Jadida. A l’exception des
médecins généralistes, la ville d’El Jadida abrite la quasi-totalité des médecins spécialistes,
des chirurgiens-dentistes, des laboratoires d’analyse, des cabinets radiologiques et presque
80% des pharmacies. Par corolaire le secteur privé accuse une semblable concentration des
cliniques et des cabinets de médecins privés. Quant aux équipements culturels et sportifs ils
sont en majorité localisés à El Jadida à savoir : terrain de sport, piscine, théâtre, bibliothèque,
complexe culturel, foyer féminin, centre d’accueil, maisons de jeunes, etc. (SDAU, 2009).
A cela s’ajoute la concentration des sièges des administrations publiques depuis la création de
la province d’El Jadida en 1967, dont celles au rayonnement provincial telle que la Délégation
de l’Education Nationale, extra-provincial telle que la Direction Provinciale de l’Equipement
(province d’El Jadida et Sidi Bennour), voire régional à savoir l’Académie Régionale de
l’Education et de la Formation et l’Office Régional de Mise en Valeur Agricole des Doukkala.
Parallèlement à ses fonctions d’ordre supérieur vis-à-vis de ses banlieues, El Jadida assure
d’autres fonctions en relation avec les activités économiques. Elle connait une progression
rapide des secteurs d’activités de bureaux privés (banques, commerces), mais aussi un
tertiaire d’accompagnement lié au tourisme longeant en bande la plage à partir de la cité
portugaise vers l’entrée de l’autoroute de Casablanca.
Bien que la fonction industrielle de la ville-centre soit réduite par rapport à la spécialisation de
la banlieue, elle participe à la diversification de son panier de fonctions. En plus de la seule
zone industrielle fonctionnelle, qui s’étend sur une superficie de 117 ha, créée en 1976 à la
sortie vers Marrakech (SDAU, 2009), des unités sont éparpillées dans certains quartiers
notamment Sâada et à la sortie vers Marrakech. D’autres éléments de centralité font
l’importance de la ville d’El Jadida en tant que ville-centre dans le fonctionnement général de
l’agglomération comme la gare ferroviaire et routière.
En somme, l’examen des fonctions de la ville d’El Jadida permet de constater la forte
concentration des fonctions de responsabilité, accompagnée d’autres fonctions
d’enrichissement concernant le secteur des services, du commerce, du tourisme et de
l’industrie.
1.2. Une spécialisation fonctionnelle de la banlieue
La banlieue du nord/est au sud/ouest, dispose de fonctions spécialisées en relation avec les
activités économiques dominantes, à savoir l’industrie, le tourisme et l’agriculture, etc.
(Figure n°1).

3
L’école hôtelière, le lycée technique, l’institut de technologie appliquée, le CPR…etc.

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Figure 1 : Carte de répartition des fonctions de l’agglomération d’El Jadida


Source : SDAU du grand El Jadida 2009, et DTP des communes : Houzia et Moulay Abdellah 2010,
dessin personnel sur l’image satellite 2012

La banlieue périurbaine
Elle est structurée par deux axes : El Jadida/Azemmour au nordeEst et El Jadida/Jorf Lasfar
au sud/ouest. Le premier axe est dominé par la fonction touristique et résidentielle suite à ses
atouts naturels et ses équipements touristiques : médina d’Azemmour, plage Haouzia, station
touristique Mazagan, golf royal, forêt Haouzia, etc.
Le deuxième axe se caractérise par l’intégration de plusieurs activités et fonctions ;
industrielles, touristiques, agricoles et résidentielles. Cet axe est subdivisé en 3 tronçons, le
premier entre El Jadida et Moulay Abdellah, dominé par les activités touristiques et
balnéaires, le deuxième tronçon entre le carrefour de Moulay Abdellah et celui d’Ouled
Ghadbane avec une vocation industrielle de 2ème catégorie et de services et le troisième

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tronçon à partir du carrefour d’Ouled Ghadbane jusqu’à l’entrée de la zone industrielle de Jorf
Lasfar, en tant que zone industrielle de première catégorie (SDAU, 2009).
Les fonctions des centres de la banlieue périurbaine sont spécialisées. En effet, la ville
d’Azemmour est dominée par la fonction résidentielle à hauteur de 60% de son espace
urbanisé selon BAHANI (2011). Excepté les fonctions d’ordre local intimement liées à la
principale fonction résidentielle, la complémentarité fonctionnelle de l’agglomération permet
à la population de satisfaire ses autres besoins. Il est donc indispensable qu’elle rejoigne la
ville d’El Jadida située à 17 km au sud pour bénéficier des services de la santé du secteur
public et privé, de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle, ainsi que la
majorité des services administratifs. De même, la majorité des offres d’emploi sont concentrés
aussi bien dans la ville-centre que dans les autres entités de la banlieue.
La bande littorale entre El Jadida et Azemmour, longeant une belle plage, détient les
principaux éléments de la fonction touristique et de divertissement, suite à ses atouts naturels
et ses infrastructures hôtelières : deux hôtels 5 étoiles, espaces de loisirs, complexe du golf
royal, etc.
Jorf Lasfar assure une fonction industrielle de grande envergure basée sur son port spécialisé
dans l’exportation des produits des phosphates transformés, les unités industrielles du
complexe Maroc phosphore 3 et 4, la centrale thermique JLEC, etc. Une importante
population active y travaille, évaluée en 2010 à 4500 employés au complexe phosphorique 3
et 4, 3000 à SONASID et 3200 au port et environ 700 employés à la centrale thermique
(BENNAR 2011). La majorité de ces employés préfère s’installer à El Jadida qui leur offre les
meilleures conditions de logement, d’enseignement, de santé et de divertissement, tandis que
peu d’habitants s’installent dans les centres urbains de la banlieue.
Le caractère rural constitue l’élément commun des deux centres de Moulay Abdellah et Ouled
Ghadbane. Toutefois, la différence entre les deux centres tient à la taille et à la concentration
des équipements et des administrations d’ordre local au niveau de Moulay Abdellah, ainsi que
son antécédence (urbanisation ancienne et intra-muros) par rapport à Ouled Ghadbane. Ces
deux centres abritent une population à revenu limité qui travaille dans la ville-centre (El
Jadida) et exerce une activité agricole (SDAU, 2009).
Le centre de Moulay Abdellah assure des fonctions d’ordre local, destinées aussi bien à la
population du centre qu’à la population des douars environnants. En dépit de son caractère
rural, ses principales fonctions sont axées sur la fonction dortoir vis-à-vis de la ville-centre (El
Jadida) d’une part et d’autre part du site industriel de Jorf Lsafr. La fonction de l’encadrement
territorial et de l’approvisionnement de la population rurale à travers le souk hebdomadaire.
Alors que les autres fonctions notamment du tourisme et des métiers de la mer sont
saisonnières et alternatives.
En plus de sa fonction touristique (station balnéaire), Sidi Bouzid semble devenir un quartier
dortoir, de plus en plus la population s’y installe profitant de sa proximité à la ville d’El
Jadida en pratiquant de la mobilité pendulaire.
Banlieue rurale, vers la diversité et la mutation fonctionnelle
Limitée par la voie ferrée, la banlieue extérieure est aussi structurée par deux axes, la route
Ben Mâachou et la route de Marrakech. Elle se distingue par ses caractéristiques agricoles et
par la présence de quelques unités artisanales de mécanique et de petits commerces. Les

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mutations qui ont touché cette banlieue concernent l’habitat qui est passé d’un type rural
traditionnel à un type rural moderne, avec un style qui rappelle celui de la ville en termes
d’architecture et de matériaux de construction, et l’agriculture qui est passée d’une activité
traditionnelle en bour à une activité irriguée et spécialisée dans le maraîchage. Cet espace
connait également l’implantation des résidences secondaires sur des superficies de plus de
1000 m².
A cause de la concurrence sur le foncier entre plusieurs activités, la fonction agricole est en
retrait suite à l’étalement et au changement des périmètres urbains. Désormais la banlieue
rurale est un espace enjeu quant à la réalisation de divers projets (FATEH et LAKHAL,
2008). En effet, des unités industrielles viennent de s’installer progressivement sur la route
nationale n°1, plus de 17 ateliers de plusieurs spécialités (BENNAR, 2011), des unités
d’aviculture et de l’agroalimentaire, ainsi que des plateformes logistiques au carrefour de
Msaour Rassou et à proximité de l’autoroute en chantier vers Safi (Photo 1).

Photo 1 : Pancarte indiquant le parc


logistique AGDAL vers l’entrée de
l’autoroute El Jadida-Safi en cours de
construction

Source : cliché personnel le 21 octobre 2014

2. La mobilité pendulaire, une caractéristique de la banlieue d’El Jadida


2.1. Une part importante de la population en âge de travailler est pendulaire
La population en âge de travailler dans la banlieue d’El Jadida se caractérise par la mobilité
pendulaire. En effet, 41% de cette population est pendulaire d’après l’enquête de terrain
effectuée en 2014. Selon l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques de la
France (INSEE), quand ce pourcentage atteint 40%, en plus du critère du nombre d’emploi et
de la continuité spatiale on parle d’une aire urbaine. Ainsi la ville d’El Jadida et ses banlieues
constituées des communes d’Azemmour, Haouzia et Moulay Abdellah forme une aire urbaine
proprement dite.
Tableau 1 : Mobilité pendulaire de la population en âge de travailler dans la banlieue
Fréquence % % valide % cumulé
Valide Pendulaire 701 40.9 40.9 40.9
Non pendulaire 1011 59.1 59.1 100.0
Total 1712 100.0 100.0
Source : enquête personnelle, 2014

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En outre, plus de 60% de la population non pendulaire actuellement constitue une population
pendulaire potentielle qui alimentera un jour ou l’autre les flux des mouvements pendulaires.
2.2. Répartition inégale de la population pendulaire au sein de la banlieue
La répartition de la population pendulaire au sein de la banlieue n’est pas homogène. En effet,
par sa taille par rapport aux autres centres et communes rurales de la banlieue, la municipalité
d’Azemmour concentre une masse importante de la population en âge de travailler. Cette
dernière connait une grande mobilité vers la ville-centre et les autres communes (emploi,
études, etc.). Ainsi 75,46% des navetteurs dans toute la banlieue appartiennent à cette ville.
Ceci renvoie entre autres à un type de mouvement dit inter-ville, mais comme Azemmour est
une ville dortoir, dépourvue d’équipements et de fonctions d’enrichissement, elle reste une
ville satellite au sein de la banlieue d’El Jadida. Comme le montre la figure 3, les autres
entités de la banlieue se partagent le reste avec 16,97% pour la commune de Moulay Abdellah
notamment son centre chef-lieu et Sidi Bouzid et seulement 7,56% pour les douars ruraux des
communes de Moulay Abdellah et Haouzia.

Figure 2 : Carte de répartition de la population pendulaire de la banlieue


Source : enquête personnelle 2014, découpage communal de 2009

Le pourcentage de la population pendulaire diffère dans chaque site selon le degré de


polarisation par la ville-centre et par son degré d’interdépendance avec les autres entités de la
banlieue. Les douars situés à proximité des limites du périmètre urbain de la ville-centre

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comme Tikni Haouzia, sont les plus polarisés avec plus de 51% de leur population en âge de
travailler, en deuxième position viennent les centres urbains de Moulay Abdellah : 41,8%
pour Moulay Abdellah et 38,63% pour Sidi Bouzid. Quant à la ville d’Azemmour ce taux
atteint 41%. Cependant, les douars de la banlieue rurale, appartenant aux communes de
Haouzia et de Moulay Abdellah, sont moins polarisés vu leur éloignement du périmètre
urbain comme le douar Bhabha Ouled Haj avec 33,28%.
2.3. Les hommes et les jeunes de moins de 35 ans sont les plus pendulaires
La répartition de la population pendulaire selon le sexe et l’âge montre la domination des
hommes sur les femmes avec 68%, et des jeunes de moins de 35 ans avec 78%. Plus les
personnes sont jeunes plus elles sont pendulaires. Cette tendance est confirmée par le PDU du
Grand El Jadida (2014). En outre Joumady )2006) dans son article en arabe sur le transport
urbain et la mobilité de la population de la ville de Mohammedia, fait ce constat et trouve que
la part des jeunes de moins de 35 ans surtout de sexe masculin est dominante pour les
mouvements pendulaires intercommunaux de 66%.
Ainsi et selon la figure 3, la classe d’âge de 15-24 ans composée des élèves, des étudiants et
de la main d’œuvre jeune représente plus de la moitié de la population pendulaire, soit 55%.
De même la classe de 25-34 ans composée souvent des étudiants mais surtout de la main
d’œuvre, représente 23%. Cependant, les autres classes d’âge plus de 35 ans ne représentent
que 22%, c’est la main d’œuvre qualifiée et stabilisée.

35 31
30
24
25
20 18
15
8 9
10
5
5 2 1 2
0 0,14 0
0
15 à 24 ans 25 à 34 ans 35 à 44 ans 45 à 54 ans 55 à 64 ans 65 ans et
plus

Hommes Femmes

Figure 3 : Structure de la population pendulaire selon l’âge et le sexe en %


Source : enquête personnelle, 2014
D’importants écarts sont observés à l’intérieur de chaque classe d’âge toujours au profit des
hommes, avec 57% pour la classe de 15-24 ans, 79% pour la classe 25-34 ans, 80% pour la
classe 35-44 ans, voire 90% pour la classe 45-54, et 100% pour les deux classes 55-64 et plus
de 65 ans. Plus l’âge avance plus les hommes sont pendulaires que les femmes jusqu’à l’âge
de 55 ans, où seul les hommes restent pendulaires.
Le fait que la majorité des chefs de ménages soit constituée des hommes actifs et occupés,
explique la faible part des femmes pendulaires. Le chômage chez les femmes reste plus élevé
par rapport aux hommes à cause entre autres de la structure économique dominée par des
secteurs d’activités plus adaptés aux hommes qu’aux femmes telles que les industries

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chimiques et para chimiques, l’agriculture, etc. Or, notre enquête a concerné aussi bien les
hommes que les femmes : 797 femmes, soit 46,55% et 914 hommes, soit 53,38%.
2.4. Toutes les couches sociales sont pendulaires avec une domination de la couche
modeste
Toutes les couches socioprofessionnelles pratiquent la mobilité pendulaire, certes avec des
degrés différents. En effet, les employés et les agents d’exécution, autrement dit la classe
modeste, sont les plus pendulaires avec 46%.

Tableau 2 : La position hiérarchique dans la fonction relative à la population pendulaire


%
Chef 17.77
Position hiérarchique Cadre 25.18
Agent 45.92
Autres 11.11
Total 100
Source : enquête personnelle, 2014
La position hiérarchique dans la fonction est utilisée ici comme indicateur pour évaluer la
capacité financière des ménages indirectement, en raison des difficultés à obtenir cette
information. Si on considère que généralement le revenu des agents est le plus bas, on
constate que la classe modeste qui lui correspond constitue presque la moitié des pendulaires.
De même si les cadres forment généralement la classe moyenne, cette dernière constitue le ¼
de cette population. Alors que la classe aisée constituée en majorité des responsables du
secteur public et privé, dont le revenu mensuel dépasse 10.000,00 dhs, compte environ 18%
des pendulaires.
2.5. La population pendulaire est majoritairement salariale des secteurs privé et public
Le statut professionnel « salarié » est le plus dominant (38,69%) de toute la population en âge
de travailler et 77,16% de la population active occupée hors étudiants. Ce statut comprend
aussi bien le secteur public que privé. De son côté le statut « indépendant » concerne souvent,
les métiers en relation avec l’artisanat, la main d’œuvre journalière, les petits commerçants et
les agriculteurs. Ceci reflète le fait que les établissements générateurs d’emplois ne se
trouvent que rarement à proximité de la population en âge de travailler, ce qui l’oblige à se
déplacer quotidiennement à El Jadida et aux autres sites de la banlieue.
Tableau 3 : Statut professionnel des pendulaires
%
Indépendant 11.45
Statut professionnel des actifs Salarié 38.69
occupés Etudiant 49.84
Total 100
Source : enquête personnelle, 2014
Parallèlement à la prédominance du salariat dans la structure professionnelle, le secteur privé
occupe la majorité avec presque 2/3 de la population en âge d’activité, soit 62,19%. Ceci
confirme la vocation de ce territoire ouvert aux investissements industriels d’envergure, ainsi
qu’un secteur touristique émergent. En même temps la fonction administrative reste à une

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échelle provinciale, dont l’évolution est stabilisée comparativement au secteur privé en plein
essor.
2.6. La mobilité résidentielle intra-provinciale est un facteur de croissance de la mobilité
pendulaire
La mobilité résidentielle à l’intérieur de la province et à destination de l’agglomération
alimente la mobilité pendulaire. En effet, plus de 35% des ménages de la banlieue ne sont pas
autochtones. Ce pourcentage est variable en fonction de la distance à la ville-centre et la
nature du milieu (urbain, périurbain ou rural). Les ménages immigrés représentent 36,22%
pour Azemmour contre 72,72% pour Sidi Bouzid, 24,52% pour le centre de Moulay Abdellah,
37,5% pour les douars proches du périmètre urbain et seulement 16,6% pour les douars
éloignés.

Figure 4 : Carte des origines des chefs de ménages par localité


Source : enquête personnelle 2014, dessiné sur le fond de découpage communal de 2009

La dynamique de ce territoire en tant que bassin d’emploi et de vie se traduit par son degré
d’attraction, et par le nombre important des ménages ayant changé leur lieu de résidence. Plus
de la moitié (53%) de ces derniers appartiennent aux différentes communes de la province
d’El Jadida de l’ordre de 40% et de la province de son arrière-pays Sidi Bennour avec 13.2%.
Trois régions viennent en deuxième position à savoir : Souss Massa Draa, Grand Casablanca
et Marrakech Tensift Al Haouz. Par ailleurs, peu de ménages proviennent des régions de Beni
Mellal, Settat, Fès, Meknès, Rabat et Guelmim, et des autres provinces de sa région (Safi et
Youssoufia).

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Province El Jadida
7,60%
Province Sidi Bennour
16%
39,60%
Province Safi et Youssoufia

11,80% Région Marrakech Tensift


Alhaouz
8,30% Région Grand Casablanca
3,50% 13,20%

Figure 5 : Origines des chefs de ménages ayant immigré à la banlieue d’El Jadida
Source : enquête personnelle, 2014

Des repères peuvent constituer la base d’évaluation de la mobilité résidentielle dans les
localités de la banlieue, à travers l’ancienneté de la résidence comme le montre la figure 6.
Ces périodes sont des charnières qui permettent de suivre la courbe de changement de cette
attractivité durant la décennie 2004-2014. En effet, la période 2004-2008 correspond à la mise
en service de l’autoroute Casablanca-El Jadida. La période 2009-2013 correspond aux
changements du paysage touristique de toute l’agglomération, avec l’ouverture du complexe
touristique Mazagan, et la programmation de diverses manifestations (salon international du
cheval, festival Jawhara, etc.), sans oublier l’extension de la zone industrielle de Jorf Lasfar.

16%
30,80% Moins d'un an
Entre 1 et 5 ans
Entre 6 et 10 ans
32,90% Plus de 10 ans
20,30%

Figure 6 : Ancienneté de résidence des chefs de ménages


Source : enquête personnelle, 2014

L’intensité de l’immigration a diminué après 2004 pour reprendre son rythme de croissance à
partir de 2008 notamment durant la période 2009-2013. Le taux enregistré uniquement pour la
dernière année dépasse largement la cadence des périodes antérieures.
Du fait de l’attractivité de la ville d’El Jadida, les douars situés dans la frange de son
périmètre urbain sont dans une position propice pour recevoir plus de migrants vue la
proximité et la possibilité d’accéder au logement souvent non réglementaire. Quant aux
centres de la banlieue périurbaine, le premier cas est celui de Sidi Bouzid qui fonctionne en
tant que quartier périphérique de la ville-centre. Le deuxième cas concerne la ville
d’Azemmour et le centre de Moulay Abdellah qui sont attractifs malgré leur distance par
rapport à la ville-centre. Le facteur explicatif est la fonction dortoir dominante à Azemmour et

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la possibilité d’accès au logement et d’étalement urbain pour une population à bas revenu
conjuguée à la proximité de Jorf Lasfar par rapport au centre Moulay Abdellah (Figure 7).

Figure 7 : Carte de répartition de l’ancienneté de résidence des chefs de ménage


Source : enquête personnelle 2014, dessiné sur le fond de découpage communal de 2009
Bref, la croissance de la population active suite à la mobilité résidentielle et à l’accroissement
naturel, alimente la mobilité pendulaire chez la population de la banlieue.

Conclusion
Etalée entre la ville d’Azemmour au nord-est et Jorf Lasfar au sud-ouest, l’agglomération d’El
Jadida est subdivisée en 3 zones complémentaires : la ville-centre qui constitue le pivot et
connaît un essor important ces dernières années, avec une diversité de fonctions, chapotée par
les fonctions de responsabilité. Puis, la première banlieue en bande longeant le littoral au nord
et au sud d’El Jadida, autour d’une série de centres urbains (Azemmour, Sidi Bouzid, Moulay
Abdellah et Ouled Ghadbane), séparée par des friches et des espaces forestiers et orientée vers
l’industrie, le tourisme, ainsi que la fonction résidentielle. Et une troisième auréole, qui se
développe aux limites de cette zone et constitue une deuxième banlieue, dominée par le
caractère rural et caractérisée par la densification des douars situés aux abords des axes
routiers et des périmètres urbains. En plus de sa principale fonction agricole, cette zone

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connaît le développement d’autres fonctions en relation avec la diffusion de l’urbanisation,


l’industrie et l’habitat secondaire.
Par conséquent, la mobilité pendulaire entre ces 3 zones est une pratique indispensable au
fonctionnement de l’agglomération au point où il devient un comportement habituel. La part
importante de la population pendulaire en âge de travailler de l’ordre de 41% de la population
de la banlieue démontre cette spécificité. Ceci reflète le degré d’interdépendance entre les
entités de l’agglomération (ville-centre, banlieue périurbaine et banlieue rurale).
En termes absolus, Azemmour abrite plus de 75% des pendulaires vue sa taille par rapport
aux autres entités de la banlieue. Certes, en termes de pourcentage, la population pendulaire
dépend de la polarisation de chaque entité par la ville-centre, et par l’interdépendance entre
les autres entités de la banlieue : plus la distance est faible plus la population est fortement
pendulaire et vice versa. Les plus pendulaires sont généralement les jeunes de sexe masculin
en faisant abstraction de leur appartenance sociale avec une domination des couches
modestes, constituées des agents d’exécution aussi bien du secteur privé que public.
Les flux d’immigration et la mobilité résidentielle intra-provinciale expliquée par la recherche
d’emploi et de logement accentuent la pratique de la mobilité pendulaire et la consolide chez
la population de la banlieue. Ainsi, la mobilité pendulaire constitue une caractéristique de la
population en âge de travailler dans la banlieue et un indicateur de mesure de l’intensité et de
la nature du rapport ville-banlieue.
Il serait important de savoir comment cette mobilité se traduit en mouvement par le système
de transport ? Et à quel point le transport collectif dans l’agglomération d’El Jadida, en tant
que service public, permet-il de répondre à ce besoin élémentaire ? De plus, élargir l’étude à
d’autres agglomérations de tailles différentes, permettra d’apporter de nouveaux éléments à
l’étude des relations ville/banlieue.

Bibliographie
Agence de développement social « Diagnostic territorial participatif de la province d’El
Jadida», 2010
Agence de développement social « Synthèse du diagnostic territorial participatif provincial
d’El Jadida », 2010.
Agence de développement social, « Diagnostic territorial participatif de la commune rurale de
Moulay Abdellah », 2010.
Agence de développement social, « Diagnostic territorial participatif de la commune rurale
Haouzia », 2010.
Amar Georges « Pour une écologie urbaine des transports », article tiré d'une recherche
réalisée dans le cadre des travaux de l'Unité Prospective de la RATP, visité la dernière
fois sur le site http://archivue.pagesperso-orange.fr/textes/le-transport.html, le
08/11/2013.
Beaujeu-Garnier Jacqueline « Géographie urbaine »1980, Paris Armand Colin.
Chaline Claude « Les villes du monde arabe » 1996, Paris Armand Colin/Masson deuxième
édition.
Ministère de l’habitat de l’urbanisme et de l’aménagement de l’espace, Direction de
l’urbanisme, « SDAU du grand El Jadida », homologué en 2009 pour l’horizon 2025.

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‫‪Jeune chercheur‬‬

‫‪PDU du grand El Jadida, rapport de la deuxième phase, 2014.‬‬


‫‪Troin Jean-François, Berriane Mohamed, Kaioua Abdelkader, Nassiri Mohamed, Laouina‬‬
‫» ‪Abdellah, Gaitouni Abdelkader et Troin Florence « Maroc, régions, pays et territoires‬‬
‫‪2006.‬‬

‫أحمد باهاني "التوسع الحضري بمدينة أزمور‪ :‬المعيقات و مشاكل اإلعداد " ‪ ،1122‬بحث لنيل شهادة الماستر كلية اآلداب‬
‫و العلوم اإلنسانية جامعة شعيب الدكالي الجديدة‪.‬‬
‫حليمة بنار "التحوالت المجالية بجماعة موالي عبد اهلل‪ :‬نموذج مراكز موالي عبد اهلل‪ ،‬أوالد الغضبان و سيدي بوزيد"‬
‫‪ ،1122‬بحث لنيل شهادة الماستر كلية اآلداب و العلوم اإلنسانية جامعة شعيب الدكالي الجديدة‪.‬‬
‫هدى خنجر "دراسة جغرافية للمجال المجاور لمدينة الجديدة" ‪ ،1112‬بحث لنيل دبلوم الدراسات العليا المعمقة‪ ،‬كلية اآلداب‬
‫و العلوم اإلنسانية جامعة شعيب الدكالي الجديدة‪.‬‬
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‫"نحو استراتيجية لتخطيط التنمية المجالية في العالم العربي بأبعادها المحلية و القومية و العالمية‪ ،‬الجزء األول‬
‫"التنمية المحلية" منشورات الجمعية الوطنية للجغرافيين المغاربة الرباط‪.‬‬
‫المختار األكحل و عبد العالي فاتح "األرياف المجاورة للمدن بالمغرب‪ :‬مجاالت متفردة و سريعة التحوالت‪ ،‬حالة المجال‬
‫الريفي بمدينة المحمدية " ‪ ،1112‬الصفحة ‪ ،712- 792‬الملتقى الرابع للجغرافيين العرب "نحو استراتيجية لتخطيط‬
‫التنمية المجالية في العالم العربي بأبعادها المحلية و القومية و العالمية‪ ،‬الجزء األول "التنمية المحلية" منشورات‬
‫الجمعية الوطنية للجغرافيين المغاربة الرباط‪.‬‬
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‫منشورات كلية اآلداب و العلوم اإلنسانية المحمدية جامعة الحسن الثاني الدار البيضاء المحمدية‪ ،‬سلسلة الندوات رقم‬
‫‪ 21‬حول موضوع " المدينة المغربية في أفق القرن ‪ :12‬بين الهوية الوطنية و البعد المتوسطي" نظم يومي ‪ 12‬و‬
‫‪ 11‬أبريل ‪.2999‬‬
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‫المغربي للدار البيضاء عين الشق‪" ،‬النقل الحضري بالدار البيضاء" كتاب جماعي تحت إشراف المصطفى‬
‫الشويكي‪.‬‬

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