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chimiques. Tome 3 / .
Nouvelle édition, revûë,
corrigée & augmentée de
plusieurs [...]
A PARI S.
$Rez ANDRÉ C AI ri IÍE A U, Pîacc dèSo#<
bonne ,.• au coin de la rue des Maçons #
à S* André.
M. DGG.XL
Jktç. Approbation & Priyilég* du Kàì*
LES DOUZE CLEFS
D E
PHILOSOPHIE
D:E F ft ERE
;
BASILE VALÈNTIN.
RELIGIEUX DE L'ORDRE DE S..BENOIST.
LIVRE PREMIER.
De la Clavicttle de la Pierre précieuse.
des anciens Philosophes,
.-
A^ANT-PRQPpS;;
ì
g'SîgSSJ ANS má Préfacé du Traité áç '
lïPlll 'a Génération; dés; PÌanettes
|^^|@ jèmcsu;s'obligé,mÔn cher Lee- ,
*ywww téury'est faveur.'der ceux cjuí sòht '
curieux de Science & îjuí veulent recher-
cher les SécretVcle làv jft'aturé, d'enseigner,
sêìòh 1â càp'á'Òité que Dieu m'en âdó'n-
Tome UL A*
S LKS DOUIE C L E V S
née d'où, 8c de quelle Matière nos An-
,
cêtres ont premièrement tiré , & puis pré*
Í>aré la Pierre triangulaire, donnée par la
ibe'ralité du souverain Dieu, & de laquelle
ils se sont servis pour entretenir leur santé'
durant le cours de cette vie mortelle, &
Í)our soupoudrer comme d'un Sel céleste
es malheurs de ce Monde. Or afin que jc
tienne ma promesse & que je ne t'enve-
,Sophistications
Jope point dans des trom-
peuses mais que je montre, comme on.
,
dit, depuis un bout jusqu'à l'autre, la
Source de tous Biens : Sois attentif, 8ç
considère diligemment ce que j<5 vais dire,
si tu aimes la Science, car je n'aime point
3 parler en vain & mon intention n'est
,
pas de me servir à cet effet de paroles fri-
voles, qui ne servent de rien ou de peu
pour enseigner. Au contraire mon des-
y
sein est de montrer en peu de mots des.
choses, qui soient appuyées fur de bons
fondemçns, & fondées fur des expérien*
çcs très- certaines.
Or il faut sçavoir qu'encore que beau»
çoup de Gens se flattent de pouvoir faire.
cette Pierre, néanmoins peu de ces Gen$ '
là en viennent à bout ; car Dieu n'a com-
muniqué la epnnoissance de l'Qpération
qu'à fort peu, & à ceux-là principale-
ment qui naissent le mensonge, qui em-
brassent la vérité} & qui s'adonnent au*
©Í BAS. VALENTTK, Liv.I. j
Arts & aux Sciences : Sur tout à ceux qui
Vaiment de tout leur coeur, & qui lui de-
mandent ce précieux Don avec instance &
prières.
C'est pourquoi je t'averris, si tu veux
chercher notre Pierre, de suivre mon con-
seil qui est que tu pries Dieu de favoriser
,
tes oeuvres : Et si tu sens ta conscience
chargée de péchés, je te conseille de l'en
décharger par une vraie contrition & par
une bonne confession prenant une fer-
,
me résolution de persévérer dans la vertu ,
afin que ton coeur soit toujours pur, & que
ton esprit soit éclairé de la lumière de la
Vérité. Outre cela, propose toi en toi-
même que si après avoir acquis ce Don
,
divin, tués élevé en honneur, tu tendras
la main aux Pauvres qui font comme
,
embourbez dans le limon de la pauvreté;
Îjue tu redonneras par tes libéralités des
à
orces ceux qui sont fatiguez de leurs mal<
heurs, & que tu relèveras avec tes Riches-
ses ceux qui sont accablez de misère, ^fia
que tu reçoives plus aisément la bénédic-
tion de Dieu, & que ta soi} étant contir-
.
mée par tes bonnes oeuvres, tu:puisses joiiir
de la Béatitude éternelle. :
.Outre cela encore,.ne,méprise,pas Içs
Livres des anciens Philosophes, qui cer-
tainement ont eu la Pierre ayant nous;
mais lis-le$ cnliçrcmcnti car après Dieu,
á LES DOUZE CLEFS
îls sont cause que je l'ai euë. Lis-les plus
d'une fois, afin de ne pas oublier tes Prin-
cipes de peur que tes Fondemens ne
,
tombent, & que la Lumière de la Vérité
ne s'éteigne.
De plus, sois diligent à la recherche
des Choses qui s'accordent avec la raison,
& avec les Livres des Anciens. Ne sois
point variable ni chageant ; vise constam-'
ment au but où tirent tous les Sages. Sou-
viens-toi qu'un Esprit mobile n'a point de
pied stable & qu'un Architecte, qui a la
,
tête légère peut à peine bâtir un Edifice
,
qui soit ferme & permanent.
De plus encore, notre Pierre ne prend
point son Estre & fa Naissance de Choses
combustibles, parce qu'elle combat con-
tre le feu i ôc,soutient tous ses efforts, fans
en être' aucunement offencée. Ne la tire
donc point de ces Matières, dans lesquel-
les la Nature toute puissante qu'elle est,.
ne la peut mettre.
Par éxérstple, si quelqu'un disoit quô-
notre Pierre est de nature végétablé, ce
qui héahrjioitìs n*est f)as possible, bien qu'il
pàróííïe - erí;ëlle je né'sçai quoi de végéta-
blé ; il faut que tu sçaches que si notre
Lunaire étòtëdëmême natûréqueles au-.
tres Plantes/elles séryiroit aussi bien qu'élu
les dé'matière propre au feu pour brûler,
&<ne rëmporteroit autre ehose de lm que
DB
Ô AS. V ï
A LE N I N,, LlV,
1c Sel mort, ou comme l'on dit, la Tête
ï. y
•
, ,
Voilà pourquoi je ne veux point que tiv
cherches notre Pierre autre part ni- d'autre'
côté que dans la Semence de fa propre na--
turc, de laquelle la Nature l'a produite.-
Tire de là aussi une conséquence certaine,?
qu'il ne te faut aucunement choisir à cet
effet une nature animale : car comme la'
chair de lé sang ont été donnez par le Créa-
teur de toutes choses aux seuls Animaux ;;
aussi du seul sang qui leur est particulier,
eux seuls sont nez & naissent tous les jours.
Mais notre Pierre que j'ai euë par suc-
,
cession des anciens Philosophes est faite
& composée de deux choses* & d'une
,
dans lesquelles la'troisième est cachée, & ,
telle est la vérité fans aucune ambiguïté nî
tromprie, car le Mari &la Femme n'étoient
pris par les anciens Philosophes que pour
ua-même Corps, non pas à cause de leurs
A iij
'€ LHS DOUZE Cr.srs
accidens externes, mais à cause de feus
amour réciproque, & de la vertu unifor-
me productive de leur sembable, née Si
insérée dans l'une & dans l'autre dès leur
,
première naissance. Et tout ainsi qu'ils ont
une vertu conservative ôc propagative de
leur Espèce tout de même la Matière
, ,
dont notre Pierre est produite, peut se mul-
tiplier & s'étendre par la vertu séminale
qu'elle a. C'est pourquoi, si tu es un vé-
ritable Amateur de notre Science, tu ne
feras pas peu d^stime de ce que je viens
de te dire & tu le considéreras attentive-
,
ment , de peur de te laisser attirer avec
les autres Sophistes, aveuglez en cet en-
droit dans la fosse d'ignorance, de te pré-
cipiter dans ce gouffre, & enfin de ne
pouvoir jamais t en retirer.
Or,mon Ami, afin que je t'enseigne d'oìt
cette Semence , 6c cette Matière est pui-
sée, songe en toi-même à quelle fin & à
qv.el usage tu veux faire la Pierre ; alors
tu sçauras qu'elle ne s'extrait que de Ra-
cine Métallique, ordonnée par le Créa-
teur à génération seulement des Métaux.
Or comprends en peu de paroles comment
cela se fait.
Au commencement lorsque l'Esprit
,
du Seigneur étoit porté sur les Eaux, &
que toutes choses étoient enveloppées
dans les obscurités ténébreuses du CahoSj
DEBAS. VÁLENÏIN,LIV.Î. 7
ôlors Dieu, Tout-puissant & Etcrnel,Com*
mencement sans nn, dont la Sagesse est de
toute Eternité, créa de rien par ses con-
seils inscrutables 8c providens le Ciel 8c
,
h Terre, & tout ce qui est en eux visible
& invisible, quelque nom qu'on donne ou
qu'on puisse leur donner. Car Dieu fit ton-»
tes choses de rien. Or comment se fit cet-
te merveilleuse Création f j'estime que ce
n'est point ici le lieu de s'en enquérir, 8$
qu'il faut en cela se soumettre a la íoi 8c
à la Sainte Ecriture. Dans cette Création,
Dieu donná à chaque Nature fa semence',
de peur qu'elles ne périssent, étant sujéfës
à corruption 8c afin que par cette ver-
, ,
tu séminalle, elles pussent se garentir de
la mort, & que les Hommes-, les Ani-
maux , les Plantes & les Métaux pûsforií
,
être perpétuellement conservez. Dieu ne
donna pas à l'Homme la vertu de pouvoir,
contre fa volonté, faire de nouvelles Se-
mences , mais il lui permit feulemenr d'é-
tendre & de multiplier son Espése î Et
Dieu se réserva la puissance de frire de
nouvelles Semences; autrement lí Créa-
tion seroit possible à l'Homme, comme
étant la plus noble Créature ; ce qui ne
peut pas se faire , 8c doit être réservé aa
seul Créateur de toutes choses.
Quant à la vertu séminale des Métaux,
je Veux que tu la connojíîcs de cette mi-
A iiij
S LK,S DOUZE GtHFS
niérc. L'Influencc céleste, par la volon-
té ôi par le commandement de Dieu dé-
cend du Ciel, se mêle aveç les vertus 8c ,
les propriétés des Astres. Etant mêlées
ensemble, il s'en forme,comme un tiers
presque terrestre. Ainsi se sait le Principe
de notre Semence ,& telle, est sa première
production, par laquelle elle peut donner
un témoignage assez suffisant de son origi-
ne. De ces trois se font les Elémens, à
sçavoir, l'Eau PAir, 8c la Terre, lés-
,
quels moyennant l'aide du Feu, conti-
,
nuellement appliqué, on régit & gouver-
ne jusqu'à ce qu'ils ayeht produit une Ame,
qui ait une moyenne nature entre les deux9
un Esprit incompréhensible, & un Corps
visible 8c palpable. Quand ces trois Prin-
cipes sont joints ensemble par une vraie
union ils font, par une continuation de
,
temps , & par le moyen du Feu deCiment
appliqué une Substance sensible à sça-
, ,
voir , la Mercurielle la Sulfureuse, <ÙC
,
la Saline, qu'Hermès & tous les,autres
d'avant moi, ne pouvant rien par de-là,
dès le commencement du Magistére,, ont
appelle les trois Principes lesquels y es-
,
tant mis proportiònnément, on coagule,
selon les diverses opérations de Nature
,.
& la disposition de la Semence, ordonnée
de Dieu à cet effet.
Quiconque donc se propose de cher-
DE BAS. VAtENTIN, Liv. I. 9
cher la source de cette salutaire Fontaine,
& espère de remporter le prix dans notre
Art, qu'il me croye j car j'ateste le Sou-
verain Dieu de cette vérité, Que là où
se trouvent l'Ame Métalique, l'Esprit
Métalique, & le Corps Métalique là
,
se trouvent aussi infailliblement, le Mercu-
re, le Soufre & le Sel Métaliques, lesquels
nécessairement nc sçauroient faire qu'un
Corps parfait Métalique.
Si tu ne veux pas entendre ce qu*il faut
que tu apprennes, ôu tu n'auras jamais
été élevé dansl'Ecole de la Sagesse, ou tu
ne seras pas Enfant de la Science, ou bien
Dieu sestimera indigne & incapable de tel-
le Doctine. >
LIVRE II
PREMIERE CL E F.
de l'Oeuvre des Philosophes
De la préparation de la première
Matière.
DEUXIEME CLEF
De l'Oeuvre des Philosophes.
ON trouve dans les Cours des Prin-
ces diverses sortes de breuvages ; 5c
il n'y en a pas un qui soit semblable à l'au-
tre , en odeur, en couleur de en goût,
car ils sont préparez de diverses façons, 8c
à diverses fins, de cela est nécessaire pour
en donner à différentes sortes de Gens.
Quand le Soleil darde de épand ses*
rayons entre les nues, Ton dit commune*
ment:Lé Soleil attire l'eau à soi,c'est pour-
quoi nous aurons de la pluie ; 8c si cela se
rait souvent, il s'ensuit presque toujours
tine année fertile.
Pour bâtir une superbe de magnifique? 1
TROISIEME CLEF.
De VOewvre des Philosophes.
LE feu peut être étouffé de éteint pat
l'eau, de beaucoup d'eau versée sur
un peu de feu s'en rend maîtresse. De mê-
me notre Soufre igné doit être modéré»
& dûment vaincu par l'Eau de ensuite sa
,
force ignée doit à son tour surmonter de
dominer, les Eaux se retirant, Mais on ne.
DE BAS. VAÌBNTÏN, Ltv. ïí. $t
sçauroit ici remporter la victoire, file Roi
na empreint sa force de sa vertu à sort
,
Éau de s'il ne lui a donné une clef de
,
fa livrée ou couleur Royale, pour être
dissout par elle de rendu invisible. II doit
néanmoins reparoître de se présenter à 1*
vûé*. Et quoi que cela ne se puisse faire
qu'avec dommage de lésion de son corps $
cette lésion toutes fois se fera avec aug"
mentation de sa nature de de sa vertu.
Un Peintre peut mettre une autre cou-
leur sur un blanc jaunâtre, comme un jau«
ne rougeâtre de un vrai rouge. Et quoi que"
toutes ces couleurs demeurent ensemble,
cependant la dernière est la plus en vûë,
de tient le premier rang par dessus les autres.
II faut faire de même en notre Magistére.
Quand tu l'auras fait, sçache q»e la lumiè-
re de toute sagesse s'enlève, laquelle res-
plendit même dans les ténèbres 8c tou-
,
tes-fois vne brûle pas de n'est pas brûlée ;
car notre Soufre ne brûle point de n'est
point brûlé encore qu'il espande de dar-
,
de sa lumière bien au long. II ne teint
point, s"*il n'est auparavant préparé de teint
de fa propre teinture, pour pouvoir tein-
dre ensuite les Métaux malades de impar-
faits. Et ce Soufre ne peut teindre, si l'on
ne lui donne de empreint vivement cette
couleur ; car jamais le plus foible ne rem-
porte la victoire, parce que le plus sort
C iiij
52 LES DOUZE CtBPs
la lui ôte, de le plus foible est contraint
de !a céder au plus fort.
Ainíì,de ce que je t'ai dit;tirc cette consé-
quence , que 1c foible jamais nc peut rien
forcer n'y aider le foible de qu'une Ma-
,
tière combustible nc peut préserver d'em-
brasement une autre Matière combustible
comme elle. Si l'on a donc besoin de Pro-
tecteur pour dessendre la Matière combus-
tible, tel Protecteur doit nécessairement
avoir plus de force d: de vertu que la Partie
qu'il a à deffendre, de étant hors de danger
de combustion il doit par fa vertu natu-
,
relle vivement résister au feu. Quiconque
voudra préparer notre Soufre incombusti-
ble qu'il le cherche dans une Matière où
,
íl est incombustiblement incombustible. Ce
qui nc se peut faire avant que la Mer salée
a't englouti un Corps,d: ensuite rejette, le-
quel Corps doit être sublimé jusqu'à.tel
degré qu'il surmonte de beaucoup en splen-
deur les autres Astres, de que son sang soit
tellement augmenté de perfectionné, qu'il
puisse, comme le Pélican béquetant sa poi-
trine sans faire aucun tort à fa santé ni
sans incommoder les autres parties de son ,
Corps, nourrir tous ses Petits de son propre
sang. C'est cette Rosée des Philosophes,de
couleur purpurine de ce Sang rouge du
,
Dragon duquel ils ont tant parlé dans
,
}eurs Ecrits. C'est cette Ecarlate de l'Em-
DE B A s. VA LENT ï K, LlV.II. 331
péreur de notre Art, de laquelle est cou-
verte la Reine de salut, de cette Pourpre de
laquelle tous les Métaux froids de imparfaits
se:n échauffez de rendus accomplis.
C'est ce superbe Manteau,avec le Sel des
Astres, qui fuit ce Soufre céleste gardé
,
soigneusement ,de peur qu'il ne se gâte
ôí qui les fait voler comme un Oiseau, au-
,
tant qu'il est besoin, ôc le Cocq mangera
le Renard, dí se noyera de s'étouffera dans
l'Eau, de p'uis reprenant vie parle feu,sera
(afin de joiier chacun leur tour) dévoré
par le Renard.
QUATRIEME CLEF
De l*Oeuvre des Philosophes,
TOute chair née de la Terre sera dis-
soute de retournera en Terre, afin
le Sel ,
terrestre, aidé l'Influcnce
que par
des CieiiXjfásse lever un nouveau Germe ;
car s'il nc se fait aucune terre, il ne se
pourra aussi faire aucune résurrection en
notre Oeuvre, parce que le Baume de
Nature est caché dans la terre, comme l'est
lé Sel de ceux qui y ont cherché la con-
floissance de toutes choses.
Au jour du Jugement,le Monde sera jugé
par le feu,de ce qui a écé fait de rien,scra par
íe feu réduit en ççpdre;delaquelle renaîtra un
£4 LKJ DOUZE CLEÍS
Fhoenix, car en elle est caché le vrai Tar-
tre , lequel étant dissout, on peut ouvris
les plus fortes ferrures du Palais Royal.
Après l'embrasement général, il se fera
une nouvelleTerre,de de nouveaux Cieux,
8c un Homme nouveau, bien plus splendù
de de plus glorieux qu'il n'étolt lorsqu'il
vivoit dans le premier Monde, parce qu'il
sera clarifié.
De cendres de de fable décuit au feu i
un Verrier fait du verre à l'épreuvc du feu,
de de couleur semblable à de claires Pier-
ries, de l'on ne le regarde plus comme cen*
dres. L'Ignorant attribue cela à une gran-
de perfection; mais non pas THomme doc-
te, d'autant que par l'expéricnce,de la con-
noissanec qu'il en a, cette opération lui est
devenue familière.
On change les pierres en chaux propre
à beaucoup de choses de avant que la
,
chaux soit faite par le moyen du feu
ce n'est autre chose que pierre, de la-
,
quelle on ne se peut servir au lieu de
chaux ; mais elle se cuit par le feu, de re-
cevant de lui un haut degré de chaleur,
else acquiert une vertu tellement propre,
que l'efprit ignée de la chaux est venu à fa
perfection, de qu'il n'y a rien qui puisse lut
être comparé»
Toute chose réduite en cendres, mon-
tre.de manifeste son Sel. Si, danssaDiilb?
DE BAS. VALBNTIN, LIV. II. $f
lution, tu sçais garder séparément son Sou-
fre de son Mercure, de de ces deux derniers
redonner avec industrie ce qu'il faut crt
donner au Sel, il se pourra faire le même
Corps que devant fa dissolution : Ce que
les Sages de ce Monde appellent folie, de
disent qu'il est impossible à l'Homme pé-
cheur de faire une nouvelle Créature, ne
prenant pas garde que ça été auparavant
une Créature, que 1 Artiste,
en faisant dé-
monstration de sa science, a seulement mul-
tiplié la semence de la Nature,
Celui qui n'a point de Cendres, ne peut
faire de Sel propreà notreOeuVre, car elle
ne sçauroit se faire sans Sel parce qu'il
,
n'y a que lui qui donne de la force à tou-
tes choses.
Comme le Sel cqmmun conserve tou>
tes choses,de les préserve de pourriturejde,
même le Sel des Philosophes deffend dç
préserve tous les Métaux, de empêche
qu'ils ne soient entièrement détruits,conser-
vantson baumede son esprit qu'ils ont en eux j
car autrement ildemeurcroit uncorpsmort,
qui ne pourroit plus servir à rien,parce que
lesEspritsmétaliqueslequitteroicntjlcsquels
étant ôtez; de perdus par la mort naturelle ;
laissoient leur domicile vuide de mort, dans
lequel on ne pourroit plus remettre de vie,
Mais, mon Ami, sçache que le Sel ,
provenant des Cendres, a le plus souvent.
ifsSLfiSDOÙZECtEíi
une vertu oculte néanmoins il ne peut
,
scrvïf3j|G rien, fi son dedans n'est tourné
au dehors; car il n'y a que l'Esprit qui
donne la vie de la force ; Le Corps ne
peut rien seul. Si tu peux trouver cet Es-
prit tu auras le Mel des Philosophes, de
,
l'Huilc vraîmeut incombustible si reJ
,
nommée dans Ls Livres (\cs ancens Sages.
CINQUIEME CLEF
De l'Otuvre des Philosophes.
LA vie, qui est cachée dans la Terre,
nais
produit les choses qui en prennent
sance. Quiconque donc dit que la Terre
n'est point animée, ne dit pas la vérité;
car ce qui est mort ne peut rien donner à
un vivant, 8c n'est susceptible d'aucune
chose parce que l'Esprit de vie s'en est
,
séparé. C'est pourquoi l'Esprit est la vie
de l'ame de la Terre, où il demeure de ae-
quiert ses vertus, empreintes à la Natu-'
re terrestre, par l'Etre céleste de les pror
{iriétés des Astres. Car toutes les Herbes,''
es Arbres, les Racines, les Métaux de lès.
Minéraux reçoivent leur force de nourritur
r'evde l'Esprit de la Terre, parce que c'est'
lá vie, que cette Esprit, qui étant nourri
de l'instuencedcs Astres, fubstante toutes
choses qui croissent fur la Terre. Etcom-
AQ la Mère nourrit elle même l'Eûfant
DEBAS,VAI-KKTIN, Liv.II. 37
qu'elle porte dans son ventre ; de même
la Terre produit de nourrit de l'Esprit, dé-
cendu du Ciel les Minéraux qu'elle por-
,
te dans ses entrailles.
Ce n'est donc pas la Terre qui donne
les Formes à chaque Nature, mais bien
l'Esprit de vie qu'elle contient : Et si elle
étoit une fois destituée de son Esprit, elle
seroit morte, de ne pourroit donner aucun
aliment, parce qu'elle manqueroit de l'Es-
prit de son Soufre, qui conserve la vertu
vitale, de qui de sa vertu fait germer tou-?
tes choses, ,
[ Deux Contraires demeurent bien ensem-
ble, néanmoins ils ne peuvent bien s'accor-
der ; car vous voyez qu'en mettant le feu
dans la poudre à Canon, ces deux Esprits,
dont elle est composée, se séparent l'un de
.l'autre avec un grand bruit de une grande
violence ; de «'envolant dans l'Air, ils ne
peuvent plus être vus de personne. On ne
sçait où ils sont allez, ni ce qu'ils sont de-
yeiius, si l'on n'a pas appris ce qu'ils sont,
<& en, quelle matière ijs étoient cachez.
.'. Parr.là tu connoîtras que la vie n'est
Íju'un, Esprit ; c'est pourquoi tout ce que
'Ignorant estime.être mort, dojt vivre
d'une, vie incompréhensible, visible néan»
"moins de spirituelle de çtre conservé en
,
elle., Si tu veux que sa vie coopère avec
UyiÇf JEfprits sont alimente? de nourris
ces
3& Las DOUZE CLEFS
de la Rosée du Ciel, de prennent leur e*-
traction d'un Estre céleste, élémentaire de
terrestre, que l'on nomme Matière san$
Forme.
Et comme le Fer attire à soi l1 Aimait
par la sympathie de la qualité occulte qui
est entre eux deux ; de même il y a dans
notre Or-de l'Aiman, qui est la première
Matière de notre Pierre précieuse, Si tu
entens ceci, te voilà assez riche de assez,
heureux pour toute ta vie.
*
Je veux encore t'apporter un éxem-
Î>le. En regardant dans un Miroir, on voit
a réflexion des Espèces, la même ressem-
blance de celui qui regarde ; 8c si celui-là
veut toucher de la main son image, il ne
touche que le Miroir, qu'il a regardé. De
même aussi, on doit tirer de cette Matiè-
re un Esprit visible qui soit néanmoins in-
,
compréhensible. Cet Esprit est la Racine
de vie de nos Corps, de le Mercure des
Philosophes, duquel l'on prépare indus-
trieuscment la Liqueur de notre Art, que
|u rendras derechef matérielle, de seràs par-
venir par certains moyens d'un degré très-
bas, a la souveraine perfection de la plus
parfaite Médecine. Car notre Commence-
ment est un Corps bien lié de bien solide J
íe Milieu est un Esprit fuyant de une Eau
d'Or sans aucune corrosion, par le moyen
Lde laquelle les Sages jouissent de leurs ù&t
DEBAS.VALBNTIK, LIV. II. ùf
Crs en cette vie de
; la Fin est une Médeci»
ne bien fixe, tant pour le Corps humain,
que pour les Corps Métaliques, la con-
noistànce de laquelle a été plutôt donnée
aux Anges qu'aux Hommes, quoi que
3uelques-uns l'ayent cuë, quil'ont deman-
ée instamment de avec prières continuelles
a Dieu de qui n'usent d'ingratitude ni en-
,
vers lui ni envers les Pauvres.
Et par surcroît, je te dis avec vérité,
qu'un travail doit succédera un travail, ÔC
une opération suivre une autre opération ;
car au commencement on doit bien pur-
ger de nettoyer notre Matière, puis la dis-
soudre la mettre en pièces, 8c la réduire
,
en poudre de en cendres. Après quoi on
doit en faire un Esprit volatil, aussi blanc
que nége, de un autre aussi volatil de ausfi
touge que sang. Ces deux-là en contien-
nent un troisième ; 8c ce n'est toutes fois
qu'un seul Esprit, de ce sont eux trois qui
conservent de prolongent la vie. Conjoins-
les ensemble, & leur donne une boisson 8c
un manger, qui soient propres à leur natu-
re, de les tiens en un lit de rosée, qui soit
chaud jusqu'au terme de la génération. Et
tu verras, quelle Science Dieu t'a donnée
ainsi que la Nature. Et sçache que jamais
je ne me fuis tant ouvert de allé si loin
çle découvrir tels Sécréts, de Dieu ,
que a
tant donné de force à la Nature de lui fait
ko LES DÒUZB CLEFS
faire tant de miracles.qu'à peine l'Homrnd
peut-il les croire. Mais il m'a été donné
certaines bornes de limites pour écrire, afin
que ceux qui viendroient après moi pussent
publier les effets admirables de la Nature
lesquels, quoi que Dieu permette d'en trai-
,
ter sont néanmoins estimez p.ir les Ignorans
illicites «Se surnaturels. Mais le naturel prend
son origine du surnaturel, de toutes fois si
tu conjoints toutes ces choses, tu nc trou-
veras rien que de purement naturel.
SIXIEME CLEF.
De l* Oeuvre des Philosophes.
LE Mâle fans Femelle n'est qu'un de-
mi Corps, de même que la Femelle
fans Mâle ; car étant l'un fans l'autre ils
,
ne peuvent engendrer ni multiplier leurs
Espèces. Mais quand ils sont mariez de
mis ensemble , ils font un Corps parfait,
de propre à la génération.
' Un Champ trop ensemencé, étant sur-
chargé devient infructueux, d: ses fruits
,
ne peuvent parvenir à maturité. Aussi nc
l'étant pas assez il ne vient que bien peu
,
de grain de encore mêlé avec beaucoup
,
d'yvraie inutile.
Lc Marchand, qui veut acheter de dé-
biter fa marchandise avec conscience, la
donne
D.EBASV VALENTlri, LlV. II. 41
dó'ririe à son prochain selon le taux de Jus
tice de peur d'encourir la malédiction,
,
mais pour sembler faire plaisir aux Pauvres.
Beaucoup de Gens se noyent dans les
grandes $t profondes Rivières,- mais aussi
les Ruisseaux sont'aisément taris de dessé-
chez par la chaleur du Soleil de nous en
sommes aisément privez. '
Voilà pourquoi* afin d'avoir bonne is-
sue de ton entreprise, tu prendras garde
diligemment à choisir avec prudence un
,
certain poids de mesure est la conjonction
des Liqueurs Phisiques, afin que lc plus
grand ne pèse pas plus que le moindre, de
de peur que Faction du moindre, étant dé-
bilitée ou empêchée la génération ne soit
,
aussiretardée; car les tro" grandes pluies
1
SEPTIEME CLEF
De l'Oeuvre des Philosophes.
LA chaleur naturelle conserve la vie de
l'Homme ; étant dissipée de perdue, il
faut qu'il meure.
L'usage modéré du feu nous deffend des
injures du froid ; mais si tu en veux user
outre raison de plus qu'il ne faut, il nuit de
apporte de la corruption.
II n'est pas besoin que le Soleil touche
la Terre de près de son Corps de Substance ;
il sussit qui lui communique sa vertu de lui
donne des forces, par Íe moyen de ses
rayons dardez vers elle; car par leur réfle-
xion il a assez de force pour s'acquiter
,
de fa charge, de par la co?i.îinucll'.- concoc-
tion, il fait meurir toutes choses, parce
que ses rayons brûlans se dispersant par
44 LES DOUZE CLEFS
l'Air, en sont tempérez ; de sorte que le
Feu , moyennant l'Air . de l'Air moyen-
nant le Feu, s'entraidant l'un l'autre, pro-
duisent leurs effets.
La Terre nc peut rien produire fans
l'Eau ; ni l'Eau fans la Terre ne peut rien
faire germer. Or de même que PEau de la
Terre nc s'entr'aidant point, ne peuvent
,
rien engendrer séparément ; de même aussi
le Feu ne peut se passer de PAir, ni l'Air
du Ecu ; car ôtant l'Air au Feu vous lui
ôtez fa vie. Le Feu aussi étant éteint,
l'Air rie peut faire aucune de ses fonctions,
ni par fa chaleur vivifier ni consumer l'hu-
midité superflue de l'Eau.
Les Vignes ont besoin d'une plus gran-
de cluli'ur en Automne pour avancer de
faire parfaitement rn.eurir les Raisins dèja
,
presque murs, qu'au commencement du
Printemps ; plus il a fait chaud cn Autom-
ne , plus clies rendent de meilleur vin" de
plus délicat. Au contraire, moins il y a
cu de chaleur moins aufli rapportent-el-
,
les de vin qui même n'a pas de force, dí
,
qui nc sent que l'eau.
En Hiver, le commun Peuple, voyant
laTcne toute gelée 8i nc pouvant rien
produire de verd, estime que tout est mort;
venant le Printemps, de le froid se retirant,
vaincu par la chaleur du Soleil, qui mon-
te sur notre iloiison, toutes choses lui
DE BAS. VALENTIN, LIV. II. 4?
semblent reprendre la vie. Les Arbres 8c
les Herbes commencent à pousser; les Ani-
maux, qui, fuyant la rigueur de PHivcr,s'é*
toient cachez dans les Cavernes de la Ter-
re, sortent de leurs Grottes; tout sent bon,
& l'agréable diversité de couleurs de de
fleurs fait preuve des vertus de des forces
de tout ce qui commence à reverdir. L'E-
té venant après, il n'aît de cette variété de
fleurs toutes sortes de fruits. L'Automne
qui 1c fuit, les perfectionne de les meurir.
C'est pourquoi nous remercions éternelle-
ment Dieu, qui a constitué un si bel ordre,
de une telle suitte dansles choses naturelles.
Ainsi se suivent de coulent toutes les
Saisons, après une année vient l'autre, de
cela se continuera jusqu'à ce que Dieu fas-
se périr le Monde, de que ceux qui possè-
.
dent la Terre soient glorieusement élevez
Îar le Dieu de gloire , de mis en honneur.
)c là cesiera toute action de Créature ter-
restre 8c subiunaire, de à fa place, il vien-
dra une autre Créature céleste & infinie.
En Hiver le Soleil faisant sa course
,
bien loin de nous, nc peut traverser ni fon-
dre les grandes néges ; mais au Printemps,
s'étant approché il échauffe Pair, & fa for-
ce étant augmentée , il fond la nége ,&la
resout en e<iu; car le plus foible est con-
traint de céder au plus fort.
il faut prendre garde ôc gouverner prur
'^o* LES DOUZE CLEFS
demment le feu, de peur que l'humeur de
Rosée ne soit desséchée plutôt qu'il ne faut,
de qu'il ne se fasse une trop prompte liqué-
faction de dissolution de la Terre des Sa-
,
ges. Si tu fais autrement, tu ne peupleras
ton Vivier que de Scorpions au lieu de bon
Poisson. Si donc tu veux bien mener tou-
tes tes Opérations, prends l'Eau céleste
fur laquelle étoit porté de se mouvoit au
Commencement l'Esprit de Dieu, de ferme
la porte du Palais Royal ; car par après
tu verras le Siège mis devant la Ville céles-
te par les Ennemis mondains. C'est pour-
quoi il faut fortifier de entourer ton Ciel
de triple Muraille Rempart de Fossé, de
,
ne laisser qu'une seule Avenue ouverte 8c
libre, de bien munie de forteá Garnisons.
Ayant mis ordre à cela,, cherche avec la
lumière de sagesse, la dragme perdue, de
éclaire autant qu'il sera nécessaire. Sçáche
que les Animaux rampans, de autres im-
parfaits habitent la Terre à cause de I3
,
froidureuse disposition de leur nature. Mais
il est assigné à l'Homme un domicile au
dessus deja Terre, à cause de l'excellent
tempérament de fa nature. Et les Esprits
célestes n'étans pas composez d'un corps
terrestre, de sujet à péchés de à corruption,
comme celui de l'Homme, mais d'un corps
céleste de incorruptible ils ont un tei dé-
,
gré de perfection, qu'ils peuvent, fans
B
D E A S. V A LE H T ïN, Liy, Iï. 47.
être aucunement offensez, supporter indif-
féremment le froid de le chaud. Mais*
l'Homme clarifié ne sera pas moindre que
les Esprits célestes, de leur sera en tout
semblable. Dieu gouverne le Ciel 8i la
Terre 8c sait, tout dans toutes chofeSi,
Enfin, si nous-gouvernons bien nos.
Amis, nous serons Enfans de Héritiers de
Dieu, afin de mettre en exécution ce qui
nous semble maintenant impossible ; mais
cela ne peut se faire avant que toute l'Eau.
soit tarie de desséchée de que le Ciel de la
Terre ne soient jugez avec le Genre Hu-j
main de consumez ensemble par le feu.
HUITIEME CLEE
De l'Qeuvre. des Philosophes.
IL ne se peut faire, aucune génératio»
d'Homme, ni d'aucun autre Animal
sans la putréfaction ; de aucune Semence
jettée en terre, ou quelque chose que ce
soit de végétable ne peut germer, sans que
premièrement elle ne se pourrisse:bcaucoup
d'Animaux imparfaits même prennent leur
vie de leur origine de la seule pourriture
,
cc qu'on dojt à bon droit mettre entre les
merveilles de la Nature, qui fait ceci, par-
ce qu'elle a caché dans la Terre une gran-
de vertu productive, qui se lève, excitée
4? LES DOUZE CLEFS
par les autres Elémens , de par l'influencc
de la Semence céleste.
Les bonnes Femmes des Champs en
sçavent donner un exemple ; car elles ne
peuvent élever une Poulie pour leur mé-
nage fans la putréfaction de l'Oeuf, dont
est éclos le petit Poulet.
De pain, mis dans du miel, naissent des
Fourmis, parla pourriture qu'en attire lo
miel ; ce qui n'est pas aussi une petite mer-
veille de la Nature.
Nous voyons tous les jours qu'il s'en-
gendre des Vers de chair gâtée de pourrie
dans le corps des Hommes, des Chevaux;
de d'autres Bètcs : Comme aullï des Ar-
raignés, des Vers de autres Vermines dans
les Noix pourries dans les Poires de au- ,
,
tres fruits semblables. Enfin , qui peut
nombrer les espèces infinies des Animaux
insectes de imparfaits, qui naissent de pour-
riture de de corruption f
Cela se montre aussi manifestement dans
les Plantes où l'on voit qu'il croît beau-
,
coup de sortes d'herbes, comme Orties
de autres, de la seule pourriture dans les
lieux mòmes où telles herbes n'ont jamais
été ni semées ni plantées. La raison eu est
que la terre de tels lieux a une certaine dis-
po'itioti à produire ces méchantes herbes,
étaMt cngruifée de leurs semences in-
,
fuses dans íes entrailles par les Corps cé-
>
lestes
,
DE BAS. VA LE NTÏ L
N, IV. II. 49
lestes, de excitée par leur propre pourritu-
re à germer de reverdir, lesquelles Semen-
ces venant à aider le concours des autres
Elémens, produisent une Substance cor-
porelle convenante en leur nature. Ainsi
,
les. Astres peuvent faire lever, par le
móyen des Elémens, une nouvelle Se-
mence que l'on n'ait point encore vûè',
laquelle étant plantée en terre de pourrie,
peut croître de multiplier. Mais l'Homme
n'a pas la puissance ni la vertu de produire
une nouvelle Semence ; car on nc lui a
pas commis le gouvernement des opéra-
tions élémentaires de célestes; de il s'en-
gendre diverses sortes d'herbes,de la seule
pourriture ; ce qui étant rendu trop fami-
lier au Peuple, par la fréquente expérien-
ce qu'il en a, neil considère pas exacte-
ment ces Générations, de ne pouvant s'en
imaginer aucunes Causes, il pense qu'elles
se font par coutume. Mais toi, qui dois
avoir une Science plus relevée, pénétre
plus avant que le Vulgaire, de cherche
par raisons les Principes & les Causes, d'où
( moyennant la putréfaction) provient une
telle vertu vitale, non pas comme la con-
noît le simple Peuple par Paccoûtumancc;
mais comme le doit sçavoir le sage de di-
ligent Inquisiteur des Effets de la Nature,
vû que toute vie provient de pourriture.
Chaque Elément est sujet à génération
Twr LU. K*
jo LES DOUZE CLEFS
& corruption; c'est pourquoi tout Ama--
teur de la Sagesse doit sçavoir qu'en chacu
d'eux les trois autres sont occultement con-
tenus ; car l'Air contient en soi le Feu ,
l'Eau de la Terre, ce qui est très-vrai
,
quoique cela semble incroyable De mê-
me le Feu comprend l'Air,. l'Eau de la
Terre : La Terre contient l'Eau PAir,
,
de le Feu ; autrement il ne se pourroit fai-
re aucune génération. Enfin l'Eau enclôt
.en soi la Terre, l'Air de le Feu, autrement
elle ne scroit pas propre à produire aucu-
ne chose , de quoi que chaque Elément
soit distingué formellement de chacun des
autres , ce n'est pas-à-dire pour cela qu'ils
soient séparez d'ensemble, comme on 1e
voit clairement en la séparation des Elé-
mens par distillation.
Pour que l'Ignorant n'estime pas mon
discours frivole de ne servant à rien, je
veux te le démontrer par des preuves suffi-
santes. Apprens donc, toi, qui es curieux
de sçavoir la. dissection de l'anatomie de la
sature, de la séparation des Elémens, que
dans la distillation de la Terre, l'Air,
comme plus léger que les deux autres , se
distille le premier de puis après l'Eau : Le
Feu", à cause de fa nature spirituelle, com-
mune à l'un de à Pautte, de sa naturelle
flmpathie est conjoint avec l'Air, de la
,
Terre demeure au fond du Vaisseau &
>
DE B A S. V A L B N T ï N, LlV. II. ?I
contient le Sel de gloire. Dans la distilla-
tion de l'Eau le Feu & PAir sortent les
,
premiers, de ensuite l'Eau dont la' partíe
,
terrestre demeure toujours au fond De
même du Feu réduit en Substance visible
,
de plus matérielle que de coutume on
,
peut tirer le Feu, l'Air, l'Eau <& la Ter-
en
re&les conserver à part.-Semblablement
l'Air est dans les troís autres pas ú'ri
,
d'eux ne pouvant se passer de lui. la Terre
n'est rien, de ne peut rien produire saris
l'Air. Le Feu ne peut brûler ni subsister
sans lui. L'Eau manqant d'Air, ne cau-
,
se aucune génération. Outre cela l'Air
,
ne consume rien,d: ne dessèche aucune hu-
midité sans chaleur naturelle. Se trouvarit
doncune chaleur dans l'Air, par .consé-
quent il doit y aVoir du Feu ; car tout ce
qui est de nature chaude de sèche, doit
aussi participer de la nature du Feu. C'est
pourquoi tous les quatre Elémens doivent
être conjoints ensemble, dí ijs ont toujours
foin l'un de l'autre. Aussi voit-on qu'ils
sont' mêlez ensemble dans, ta production
de toutes .choses. 'Celui qui contredit une
telle Doctrine, n'est jamais entré dans le
cabinet de la Nature, de n'a pas visité ses
Sécréts les plus cachez.
Sçâche que ce qui naît par putréfaction,
est ainsi engendré. La Terre se corrompt
aucunement à. cause de l'humeur qu'elle a*
•<4 LES DOUZE CLEFS
laquelle est le Principe de putréfaction ;
car rien ne peut pourrir sans humeur, à
Jsçavoir fans P Elément humide de l'Eau.
<Or si la génération doit provenir de pour-
riture, elle doit être excitée par lá chaleur
-qui se rapporte à l'Elément du Feu ; car
sien ne peut venir au monde Tans chaleur,
naturelle. Pour conclusion .-si la chose,
,
qui doit être produite, á besoin d'EftSrit
vital de de mouvement, il lui faut aussi de
J'Air ; car s'il ne coopérois point avec les
vautçes,dcne faisoit fa fonction, la géhé-
ratioo ou plutôt la matière de la chose
,
<jui doit .être produite, s'étoufreroit elle-
même par faute d'Air ; de Ja génération,
redeviendroit corruption, D'où jl est plus
clair que le jour, que les quatre Elémens
/ont grandement néceíîàires cn?toute gé-
nération. Et dayantage, chacun d'eux fait
yoir clairement ses forces & opérations en
chacun des autres ; mais principalement
dans Jajcorruption; car fans Hie rien ne
peut de np ppúrra jamais venir au mondé.
JEt tiens cela pour constant, que lesiquatre
JE|émens sont requise toute production
de quelque çhose que .ce soit.
•
On doit connoître p.ar-jjs.qu'Adam, que
Dieu créa du limori de JaTTerre, n'exerça
jaucune action;vitale, df-ne vêcut p'oint
jusqu'à çe que, Dieu lui 'çûjj imprimé ' le
.souffle ou esprit de vie» & qu'aussi tôt que
PEÊAS.VALENTIK,LÍY. II. ^J
cet esprit lui fut infus, il commença à vi«
vre. Le Sel» c'est-à-dire son Corps, se rap-
Ïortòit à la Terre ; l'Air inspiní, étoit le
(ercure, c'est-à-dire PEsprit,"dc le sou-
ffle de Pinspiratiôn lui donndit une chaleur*
vitase, de c'étoit le Soufre, c'est-à-dire
lé Feu. Aussi-tôt Adam commença à se
mouvoir, de donna par ce mouvement urr
assez su.ffiíàr|te preuve d'une Ame Vivantes
dar íe Feu ne peut pas être fa'ná PAir, ni
de même l'Air fans le Feu;l'Eau étoit mêlée
à tous deux avec une égalé proportion;
Adam fut donc premièrement composé
de Terre, d'Eau, d'Air de de Feu de après
d'Ame, d'Esprit de de Corps ; puis de
Mercure, de Soufre de de Sel. ; !
*
^ Eve semblablement/ la prémiéréFemmey
stos**.
5*4 Lis DOUZE CLEFÍ .
section, de même saut-il en juger des Mé-
taux : Et cette putréfaction dojt se faire
par les opérations des Elémens ; non qu'ils
soient comme j'aycjèja enseigné, leur Se-
mence ; mais parce que la Semence Mé-
talique prenant fa naissance d'un Estre cé»
,
leste astral de élémentaire étant réduite
, Corps ,
scnsible,elle doit être putréfiée
en un
par le moyen des Elémens. 1(
,.,
Déplus, remarque que le, vin a un,
esprit .volatil ; car çn' le distilant Pesprit
sort le premier, 8c k phlégme le dernier,,
Mais étant ,'par chaleur continue, tourné
en vinaigre, son esprit n'est plus si volatil;
car én la distillation du vinaigre, le phlég-
me aqueux.monte le premier au haut de
lf'Alçrnbjc de Pcsprit le dernier, quoi que
,
Ce /pitujrie 'même; matière en/Vun # l'au.T
tr,e. \ íìy a bjeh ne^nmoin^dla.utres quajj-,
tés clans le vinaigre que dans le>yin, parce
que le.fvinaigren'est plus vin, mais une
pourriture, du vin', qui par la continuelle
chalçur, s'est changé en vinaigré:;Et, tout
cçqúi eíMiré-par le vin ORipar son e/pri^
4ç rectifié dans un yai(feau,iÇ|rçu}a.toirf, a
feien d'autres, forces .de d'ares op^ratjoris
queçe qùi est tiré par le vinaigre: Car si ori
^ire.le verre de VAntimoine par le vin pu
parsóri elprit,il est trop laxatif £ pyrgéavec
trop.de véhémence par en hayt, d'autant
queÍ4 vertu.vénjrneusc,jt'&anfc.pa.*.suri
DE BAS. VALENTIN, LÌV. Ií. f f
montée de éteinte il est encore empreint
,
de poison ; ma«s si on le tire par vinaigre
distillé ce qui en viendra fera de belle
, ,
couleur. Et puis, si, tirant le vinaigre par
le Bain-maric,on lave la poudre jaune qui
demeure au fond, cn versant beaucoup de
sois de Peau commune dessus, de la reti-
rant autant de fois 8c qu'on ôte toute la for-
ce du vinaigre, alors il se fait une Poudre
douce, qui ne lâche parle ventre comme
devant; mais qui est un excellent Remède*
qui guérissant beaucoup de maladies, est
à bon droit réputé entre les merveilles de
la Médecine.
Cette Poudre mise dans un lieu humide,
se résout en Liqueur, qui, fans faire aucu-
ne douleur, est très-souveraine pour les
maladies externes. Que cela fussise.
En ceci consiste tout le principal de
cette huitième Clef; à sçavoir, Qu'une
Créature céleste la vie de laquelle est
,
nourrie par les Astres, de alimentée par
les quatre Elémens, meure, de puis se
putréfie. Après cela, les Astres,moyen-
nant les Elémens , qui ont cette charge,
redonneront de nouveau la vie à cc Corps
pourri, afin qu'il s'en fasse un céleste qui
,
prendra fa plume en la plus haute ville du
Firmament. Ayant fait cela, tu verras le
terrestre entièrement consumé par 1c céles-
te ; de le Corps terrestre toujours cn cé-
E iiij
y6" LES DOTJZE CLEFS
leste Couronne d'honneur de de gloire.
NEUVIEME CLEF
t
De Oeuvre des Philosophes.
SAT U R N E , le plus haut des Planet*
tes, est le plus bas de le plus abjet en
notre Magistére. II tient néanmoins la prin-
cipale Clef,de étant le vil, de n'ayant pres-
que point d'autorité, il tient le plus beau
lieu. Et quoique par fa volonté il soit
monté au plus haut par dessus les plus hau-
tes Planettes, il doit toutes-fois décendre
au plus bas, cn lui couppant les ailes. Sa
lumière obscure doit être grandement di-
minuée de toute la perfection de l'Oeu-
,
vrc doit venir par fa mort, afin que le noir
soit changé en blanc,de que le blanc prenne
la couleur rouge. II doit aussi surmonter
toutes les autres Planettes par l'avenerrrent
de toutes les couleurs qui sont au Monde,
que l'on verra jusqu'à ce que vienne la cou-
leur surabondanteduRoitriomphántdecorrh
blé d'honneur; marque très-certaine de la
victoire. Et encore que Saturne semMe le
plus vil de le moindre de toutes les Planet-
tes , il ne laisse pas d'avoir une si grande
vertu de une telle efficace, que fa noble
Essence, qui n'est autre chose qu'un froid
par trop excédant, étant conjointe avec
DE BAS. VALENTIK, LIT. II. fjr
vn Corps Métalique volatil 8c igné, il
le rend fixe, solide, de même meilleur de
plus ferme de permanent qu'il ne l'est lui-mê-
me. Cette Transmutation prend Ion origi-
ne du Mercure, du Soufre de du Sel, 8c
sc faisant par eux,on prend aussi sa fin de son
dernier période. Ceci passera la portée de
plusieurs ce Mislére étant à la vérité si
,
haut, que difficilement peut-on le com-
prendre. Mais d'autant plus que la Matiè-
re est vile de abjecte, d'autant plus l'Esprit
doit être relevé de subtil, afin d'entretenir
l'inégalité du Monde, de que les Maîtres
puissent être distinguez des Serviteurs, de
les Serviteurs reconnus à leur ministère
d'avec les Maîtres.
De Saturne, préparé avec industrie,
sortent beaucoup de couleurs, corame la
noire, la grise, la jaune de la rouge de d'au-
tres moyennes entre celles-ci. De même
la Matière des Philosophes doit prendre de
laistèr beaucoup de couleurs, devant qu'el-
le parvienne à la fin de perfection désirée j
car autant de sois qu'on ouvre une nou-
velle porte au feu, autant de fois le Rot
emprunte de ses Créanciers de nouveaux
habits, jusqu'à ce que se remettant eri
crédit, il devienne riche 8c n'ait plus
affaire d'aucun Créancier.. ,
Vénus, tenant en main le gouvernement
du Royaume ,8c disliibuant, selon so coÛW
c8 LES DOUZE CLEFS
tume,lcs Offices à chacun,paroít la premiè-
re , brillante de éclatante d'une maniéré
Royale : La Musique porte devant elle un
Etcndart rouge, au milieu duquel est ar-
tistement dépeinte la Charité, vétuè d'un
habit vert .'Saturne est son Prévôt dcl'Hô-
tcl de Intendant de fa Maison, de lorsqu'il
est cn quartier, PAstronomie marche de-
vant lui^portant une Enseigne,qui,à la véri-
té est noire,mais qui est néanmoins le por-
trait de la Foi,habil!ée de jaune dede rouger
Jupiter, avec son Sceptre, vient en
qualité de Viceroi. La Réthoriquc porte
devant lui la Science, de couleur blanchâ-
tre de grise, où est représentée PEfpérance
avec de fort agréables couleurs.
Mars, Capitaine expérimenté au fait de
la guerre, commande aussi, tout échauffe
Î>ar la chaleur. La Géométrie 1c devance,
ui portant son Guidon teint de sang, au
milieu duquel est empreint l'effigie de la
Force, vétuë d'un habit rouge. Mer-
cure est le Chancelier de toutv L'Arithmé-
tíque porte son Enseigne, diversifiée de
toutes les eouleursdu monde,car il y en a
Une variété indicible de la Tempérance, est
au milieu, dépeinte d'une admirable di-
versité.
Le Soleil est Gouverneur du Royaume»
La Grammaire tient son Etendard jaune,
fur lequel on voit la Justice peinte en Or,
DE BAS. VALENTIN, LIV. II. c£
de quoi qu'un tel Gouverneur dût avoir
plus de puissance de d'autorité dans son
Royaume, Vénus Pa néanmoins surmonté
par sa grande splendeur, de lui a fait per-
dre la vue.
Enfin la Lune paroît aussi. La Dialecti-
que porte sa Bannière de couleur très-blan-
che de reluisante, sur laquelle on voit la
Prudence peinte de bleu. Et parce que le
Mari de' la Lune est mort, elle doit lut
succéder au.Royaume. C'est pourquoi,
ayant sait rendre 1c compte à Vénus , elle
lui recommandera Padministration de sura-
bondance du Royaume; 8c par l'aide du
Chancelier, elle reformera PEtat; y mettra
une nouvelle police, de ils prendront tous
deox domination fur la noble Reine Vé-
nus. Remarque donc qu'une Planette doit
faire perdre à l'autre, Office, Domination
de Royaume, 8c lui ôter toute puissance de
majesté Royale, jusqu'à ce que les princi-
pales d'elles tiennent le Royaume cn main,
le conservant
par leur constante de perma*
nente couleur, remportant la victoire avec
leur Mère de, elle dès le commencement
conjointe, <$£<en jouissent-d'une perpétuel-
le de natureHe associacion de amour. Alors
Paocien Monde ne sera plus Monde ; il
en sera fait un autre nouveau en fa place ,
& une Planette aura tellement consommé
spirituellement l'autre, que les plus fortes
éo LÉS DOUZE CLEFS
s*étant nourries des autres, seront seules
demeurées de reste de deux de trois au-
,
ront été vaincus par un seul.
Remarque enfin qu'il te faut soulever la
Balance céleste de mettre dans le côté gau-
che le Bélier, le Taureau, PEcrevisse, le
Scorpion de le Capricorne , de au côté
,
droit, les Gémeaux, le Sagittaire, le Ver-
seau les Poissons de la Vierge : Et fais
, porte^Or, jette de
que le Lion se au sein
là Vierge de «»ue ce côté-la de la Balance
,
pèse 1c plus : Enfin, faits que les douze
Signes du Lion Zodiaque, faisant leurs
Constellations avee les sept Gouverneurs
dcl'Universjse regardent tous de bon oeil,
de qu'après que toutes les Couleurs seront
passées, là vraye conjonction se fasse de le
mariage, afin que le plus haut soit rendu le
plus bas de le plus bas le plus haut»
Si deVVnivers la nature
Mise étoit sous une figure,
Et ne pourroit être changée
Ni par aucun Art altérée*
Personne ne la connohroit'. ;
!
DIXIEME CLEF
De l'Oèuvre des Philosophes.
D Ans notre Pierre que les anciens
,
Sages, mes Prédécesseurs, ont faite
long-temps avant moi, tous les Elémens
sont contenuSjtoutes les Formes de Proprié-
tés Minérales de Métalliques, même aussi
toutes les Qualités qui sont au Monde; car
on y doit trouver une extrême chaleur
d'une grande efficace, parce que le Corps
froid de Saturne doit être échauffé 8c
rendu pur par la véhémence de son feu
interne. On doit aussi y trouver un extrê-
me froid, pour en tempérer la grande Vé-
nus, qui brûle de consume tout de congèle
le Mercure vif,de il faut en faire un Corps
solide. La cause en est, parce que la Na-
ture a donné à la Matière de notre divine
Pierre toutes ses propriétés, qu'il faut par
certains dégrés de chaleur, comme cuire, '
faire meurir de-mener à perfcction;ce qui ne
"peut s'éxéputer avant que le Mont Gtbèl
de Sicile ait mis fin à ses embrasemens, de
nàse-puisse plus trouver aucune froidure
-furies Montagnes Hiperborées', lesquet-
les l tu pourras bien aussi appeller Fougo-
rayey toujours gelées de froid, de cou-
vertes de néges, ... - . . ...
62 LES DOUZE CLEFS
Toutes Pommes cueillies avant que
d'être mûres se fannent de ne sont presque
bonnes à rien. II cn est de même des Vais-
seaux des Potiers, qui ne peuvent servir,
s'ils ne sont cuits à un assez grand feu; par-
ce qu'un moindre ne leur a pas donné
leur perfection. II faut prendre garde à la
même chose en notre Elixir, auquel; on ne
doit faire tort d'aucun jour dédié de cort-
;
sacré à sa génération, depeur que notre
Fruit étant trop tôt cueilli j les Pommes
des Hefpérides ne puissent venir à une
.maturité extrêmement parfaite, de que la
faute n'en soit rejettéc sur l'Ouvriérpeu
sage, qui se seroiç follement hâté ; car il
.est notoire à tout le'monde qu'il ne se petit
produire aucun fruit d'une fleur arrachée
d'un Arbre.. Parquoi toute hativeté,doit
s'éviter dans notre Art, coirime dangereii-
/e de nuisible j car on peut rarement ivénir
par elle au bout de son dessein, de l'on va
•toujours de mal en pis^i
C'est pourquoi lediliëefttExplorateur
t des Effets merveilleux
de l'Art -8c de la
iNature doit prendre garde à ne pas se laisser
emporter par une curiosité dommageable,
de peur qu'il ne recueille rien dé notre Ar-
J>re avant le temps 8c que la Pomme, en
,
lui tombant des mains, ne luiqewlaisse
l
au'une marquedfc un vestige misés able; Car
si l'on ne laisse meuriar notre Pierre >>véri-
DE BAS. VALEMTIN, LIV. II. 6*3
tablement elle ne pourra jamais donner
maturité à aucune chose.
La Matière s'ouvre de se dissout dans
l'Eau se conjoint de est rendue grosse cn
,
la putréfaction. Dans la Cendre elle ac-
quiert des Fleurs dignes Avant courie-
du Fruit. ,
Toute Phumidité superflue
res
se dessèche dans le Sable. La flamme du
feu la ren4 entièrement mûre de ferme-
fixe qu'il faille, nécessaire-
ment , non pas
ment se servir du Bain-marie , du Fient de
Cheval, de Cendrés de de «Sable: Mais
parce qu'il faut par tels degrés rég'rrde gou-
verner son feu. Car notre Pierre , enfer-
mée dans le Fourneau voide de munie
,
de triple boulevart,se forme de cuit toujours
jusqu'à ce que tous les nuages de vapeurs
soient dissipées de disparoissent de qu'elle
soit vétuë de ornée d'habits de triomphe de '
de gloire, de demeure en la plus basle vil-
le des Cieux, de s'arrête en courant. Car
quand le Roi ne peut plus élever ses mains
en haut, on a remporté la victoire de tou-
te la gloire mondaine; parce qu'étant alors
comblé de tout bon-heur, de doué de
constance de de force il nc sera doréna-
,
vant sujét à aucun danger. Je te dis donc
que tu dessèches la Terre dissoute en fa
propre humeur, par feu dûment appliqué.
Htant desséchée l'Air lui donnera
, une
nouvelle vie ; cette vie inspirée fera une
#4. LES DOUZE CLEFS
Matière, qui à bon droit doit être ap-
pellée, La grande Pierre des Philosophes,
laquelle comme un Esprit, pénétre les
Corps humains de métalliques, de est un
Réméde général à toutes maladies ; car
elle chasse ce qui est nuisible, de conserve
ce qui est utile, en donnant à toutes cho-
se un être accompli. Elle accorde de associe
Îtarfaitemcntlcmauvais avec lebon. Sacou-
eur tire du rouge incarnat fur le cramoiO,
ou bien de couleur de Rubis fur la cou-
leur de Grenade. Quant à fa pésanteur,el-
le pèse beaucoup plus qu'elle n'a de quan-
tité.
Que celui qui aura trouvé cette Pierre,
remercie Dieu, pour ce Beaume céleste,
de le suplie de lui accorder la grâce de
pouvoir franchir heureusement la carrière
de cette vie misérable., de enfin de jouir
de la béatitude éternelle.
Louange soit à Dieu, pour ses Dons
infinis de les singuliers plaisirs qu'il nous
a faits, de lui en rendons grâces éternelle-
ment. Ainsi soit-U.
ONZIEME
DE BAS» VALENTIN, LiV. II 6$
O N'Z I Ë M E C L E F
De rOeuvre des Philosophes.
JE t'cxpliquerai POnziéme Clef, qui
sert à multiplier notre céleste Pierre par,
ççtteSimilitude. \',
Ji.y avoit dans les Pais du. Levantj un
:
,
DOUZIEME CLEF
De l'Oeuvre des Philosophes.
I'Epéc d'un Escrimeur, qui ne sçait
-/ pas tirer, ne peut lui servir de rien,
parce que ne la maniant pas comme il faut,
il est aisément vaincu de terrassé par un
autre qui sçait mieux tirer de porter un
coup que lui. Mais celui qui entend par-
faitement Peserime remporte aisément la
,
victoire sur son Adversaire.
II en arrivera de mêine à celui qui, avec
l'aide de Dieu, aura acquis la Teinture,
de ne sçaura pas s'en servir, comme il cn
arrive au Gladiateur, qui ne sçait pas son
métier. Mais d'autant que voicy la. dou-
zième de dernière Clef qui ferme ce Livre,
Ì'e ne parlerai plus avec aucune ambiguïté
Philosophique, de j'expliquerai nuëmcnt
de clairement cette Clef touchant la Tein-
ture, Comprenez- donc la. Doctrine sui-
vante.
Prends une partie de cette Médecine cu
Pierre des Philosophes, dûment préparée
de faite du Lait Virginal, avec trois parties
de très - pur Or, passé par la Coupeile
avec de P Antimoine, de battu en lamines
très-menues. Conjoints-les dans un Creu-
set- de leur donne un feu modéré aux dou»
DE BAS; VALETÍTIN, LIV. II. 69
ze premières heures ; puis fonds-les, de les
tiens dans ce feu l'espace de trois jours
naturels; de la Pierre sera changée en vraie
Médecine, d'une nature subtile, spiri*-
tuclle de pénétrante. Elle ne ticndroit pas
aisément, à cause:de sa grande subtilité
sans le Ferment de l'Or ; mais quand clic
,
estsermentée de son semblable, la Teintu-
re entre facilement. Prends ensuite une par-
tie de- cette Masse sermentée, de la jette
sur mille parties de Métail fondu,de le tout
fera changé en très-bon Or. Car un Corps
prend' aisément un autre Corps ; de quoi
qu'il ne lui soit pas semblable, néanmoins
il doit lui être conjoint, de lui être, par fa-
grande force de vertu, rendu semblable
y.
víì que le Semblable a été engendré de sort
Semblable;
Celui qui aura-misec moyen én prati-
que, sçaura toutes les autres circonstan**
ces :• Les portes du Palais Royal sont ou*-
vertes à la sin. Une si grande subtilité ne
peut être comparée à aucune chose créée,
car ellé seule comprenddc possède toutes
choses-- dans toutes choses, qu'on peut
trouver par raisons naturelles,. contenues
de encloses- dans la circonférence de PU-
nivere».
O Commencement du Commencement \
souviens-toi de la Fin. O Fin,derniéreFinl
Jbuviens-toi du.Commencement, de aye*
70 LES DOUZE CLEFS
cn grande recommandation le Milieu de
POcuvre. Et Dieu le Père, le Fils de le
Saint Esprit vous donnera ce qui est néces-
saire à l'Esprit, à l'Ame de au Corps.
DE LA PREMIERE MATIERE
De la Pierre des Philosophes.
UA^ Pierre se voit, qui à vil prix se
vend,
D'elle un Feu fugitifson origine prend.
Notre Pierre de lui est faite V composée,.
Et de'blanche couleur & de rouge parée.
Elle est Pierre & non Pierre, & la Natu-
re tn elle,
Peut seule démontrersa vertu nompareille,
Pour d'elle faire ystìr- un Ruijfeau clair cou-
lant,-
Dans lequel elle ira son Père suffoquant,
Et puis dsicelui mort, gourmandefi paîtra,
Jusqu'à ce que son Ame en son Corps re-
naîtra.
Et fa Mire,. qui est de nat tire volant e ,
En puissance luijoit, & en tout rtjjhiv-
blâme,.
Jít à la véritéson Père renaissant,
Abienplus devenu qtfil it avoit par-avant*.
1
DE BAS. VALENTIN, Lrv. II. yv
La Mère du Soleilsuxpaffe les années,
En âge, à cet.effet, par toi Vulcain ai-
dées.
Son Père néanmoins précède en origine^
Tarstn spirituel Etre & Eljfence divine.
VFJprit, l'Ame, le Corps font contenus*
en deux,
te Magistere vient d?un, qui seul & Un
étant* ' ''" ;l'' ''"',.'
Peut ensemble assembler le Fixe & le
Fjlyant. ^
• . <.
Elle est deux elle esttrois, & toutes ois
,
f
n'est qu'une.
$i tu n'ès sage en cela n*entendras chose
,,
•./.. tiucUtfff,
Faitt. laver dans u» Bain Adam le pré"
. ,
mier Père
,
Où st baigne Vénus, des Voluptés la Mère
D^un horrible Dragon c'eBa'm lìonprépa*
y
'
roit,
Quand toutesfis vertus & fisforces ilper*
doit}
,•
Et comme dit fort bien le Génie dé Nature^
On ne peut le nommer que, le double Mer
',
r
-'•; cure, '
f '
f •,
Je me tais, ai fini, ai nommé la Ma*
.
*
•
tìért,
Heureux, troisfois heureux, qui comprend'
'ce mistére.
Que lesoucieux ennuyne tesurprenne pointy
£'issue tefera voir ce tant désiré point+
72\ LES DOUZE CLEFS
LIVRE III.
CONTENANT EN ABREGE'
une répétition de tout ceqiií^est
enseigné dans les Traités des
Douze Clefs de la Pierre précieu-
se des Philosophes.
DU SOUFRE,
Second Principe' de VOefivre des
Philosophes,
TU chercheras ton Soufre
Métail. II faut tirer, le
dans le me?
fans au-
me
cune corrosion par feu de réverbère, d'un
Corps purifié de dissout. Comment cela
se peutril faire ? Je te Pai déclaré en ne
t'en disant rien, de je te Pay assez claire-
ment montré dans la troisième Clef. Tu
dissoudras ce Soufre dans son propre sang,
duquel jl a pris naissance, observant le
poids que je t'ai ordonné dans la sixième
Clef. L'ayant fait ainsi, tu auras dissout
de nourri le vrai Lion du sang du Lion
vert ; car le sang fixe du Lion rouge est
fait du sang volatil du Lion vert. C'est
pourquoi ils sont tous deux d'une mêmç
nature. Le sang volatil de l'un, rend aus-
si volatil le sangflxc de l'autre. Comme au
contraire, le fixe rend le volatil aussi fixe
Su'il étoit avant la solution. Entretiens les
ans une chaleur modérée, jusqu'à ce qu?
le Soufre soit entièrement dissout^ tu au,-
DE BAS. VALENT W, LIV. III. iy
sas, suivant tous les Philosophes le se-*
,
cond Ferment de le Soufre fixe, nourri
du volatil, qu'on tire dans PAlembiç par
Pcsprit de vin, qui est rouge comme sang 5
ce qu'on appelle Or potable, qu'on nc
peut consolider, ni réduire en Substance?
corporelle.'
DU S E L,
Troisième Principe de l'Oeuvre des
Philosophes.
LE Sel i íelon qu'on le prépare, a des
efrbts divers/ II rend le Corps fixe
*
volatil. Car l'csprk du Sel de Tartre, tiré
fans aucun ingrédient, rend, parla résolu-
tion de la putréfaction, tous les Métaux
volatils, de les réduit en un Mercure vif,
comme te Penseignent mes Minéraux. Le
Sel de Tartre a aussi une vertu grandement
fixative, fur-tout si l'on ajoute de la
Chaux vive avec fa chaleur ; car étant
joints ensemble ils ont une merveilleuse
,
vertu pour fixer. Selon donc qu'on prépa-
rc Sel végétable de Tartre , il peut fi-
le
xer de rendre volatil ; ce qui est un Secret
admirable de la Nature de un effet mer-
,
veilleux de PArt Philosophique.
II se sait un Sel volatil de bien clair do
l'&rine d'un Homme qui n'aura bû peu-
>
Giij
yB LES DOUZE CLEFS
dant quelque temps que du vin pur. Ce Sel
dissout toutes choses fixes, de les tire avec
soi par PAlembic; II ne fixe pas néan-
moins quoique cet Homme n'ait bu que
,
du vin, duquel par son urine' est tiré ce
Sel de Tartre. Car il s'est fait'dans le corps
de ce^ même Homme une certaine trans-
mutation par laquelle la partie végétable,
,
c'est-à-dire l'espnt végétable du vin, s'est
changée en animale, c'est-à-dire enl'ef-
prit animal du Sel de Purine ; comme, par
exemple, dans les Chevaux, il se fait une
transmutation d'avoine de foin de d'au*
,
tres nourritures semblables ; les changeant
en leur propre Substance, à sçavoir en
chair, de en autres parties de leurs corps.
Les Abeilles aussi, font du miel des
meilleurs particules des herbes de des sieurs,*
de ainsi des autres choses, dont la Clef de
la principale Cause est dans la putréfac-
tion d'où proviennent toutes ces sortes
,
de séparations de de transmutations.
L'csprit de Sel commun tiré par un
,
moyen que je t'ai montré dans ma derniè-
re Instruction , étant mis avec un peu de
l'esprit du Dragon dissout POr de PAt-
,
gent,de les faits monter au haut de PAlem-
bic tout de même comme PAigle, joint
, l'esprit du
«vec Dragon Hôte perpétuel
,
des Rochers de des Montagnes. Mais ft
l'on fond quelque chose avec le Sel avant
DE BAS. VALEKTIN, LIV. III. y p
la séparation de l'esprit d'avec lc'corps, il'
est plutôt rendu fixe que dissout-
Je te dis davantage , l'esprit de Set
commun, joint avec,l'esprit de vin, de disr
tillé par trois fpis avec lui,. dovient doux;
& perd toute corrosion de accrinionie. Cet
esprit ne combat plus corporellement con-
tre POr ; mais si on le fond fur la Chaux
de POr, dûment préparée, il tire fa grando
rougeur, & si l'on procède comme il fauty
la Chaux donné 8c empreint à la Lune pu-r
iifiée une Couleur semblable à celle qu'à'
eu premièrement lé Corps, d'où elle a*
fris son origne.
Ce Corps peut recevoir fa première'
couleur, se mêlant de joignant à la lasci-
ve Vénus , d'autant qu'au commencement
il a pris avec çlje fa naissance de son sang,
ou du moins d'un sang semblable au sicn,dc
je nc t'en dirai pa$ davantage.
Remarque bien que l'esprit de Sel dis-
.
sout aussi Ja Lun préparée 8c la réduit,
; ,
Comme t'enseignent mes Instructians, eii
une nature spirituelle, de laquelle on peut
faire la Luno potable. Ces Esprits, du
Soleil de de la Lune doivent être con-
,
joints comme lc Mari à la Femme, par
l'entremise de l'Esprit du Mercure, ou do
son Huile.
L'Esprit est dans lc Mercure, la Cou-
leur dans, le Soufrc,óc la Congélation dans
'Giiij
8o LES DOUZE CLEFS
le Sel, de ce sont ces trois qui peuvent re-
produire le Corps parfait, c'est-à-dire,
l'Esprit du Soleil, fermenté de sa propre
Huile. Le Soufre qu'on trouve abon-
,
damment dans la nature de Vénus, est
ènstamirié de sang fixe, par elle engendré.
L'Esprit, provenant du Sel Phisique, don-
ne , en fortifiant de endurcissant, la vic-
toire entière, encore que l'esprit de Tar-
tre, d'Urine de de Chaux vive, avec du
vray Vinaigre .ait bjcn de la vertu ; car
l'esprit du Vinaigre ;est froid, de celui de la
Chaux vive est chaud;c'est pourquoi on lc
juge à bon droit être de nature contraire,
comme on le voit par expérience. Je viens
de parler cn Philosophe ; mais il ne m'est
pas permis de passer outre, ni de montrer
comment les portes sont fermées de rempa-
rées au dedans.
Je te donne encore ceci, pour te dire
adieu: Cherche ta Matière dans la Natu-
re Métalique. Fais-en un Mercure de'le
,
fermente d'un Mercure, puis d'un Soufre,
de le fermente pareillement de son propre
Soufre. Dispose de mets tout en ordre par
le Sel. Tire-le une fois par PAIembic j
mêle le tout par juste poids, de il viendra
Un qui a pris aussi auparavant son origi-
,
d'Un. Fixe-le, le coagule
ne de par cha-
leur continue, puis le multiplie, comme
je t'ai appris dáhs les deux dernieres Clef?}
DE BAS. VALFNTIM Liv. II. 8r
,
8í le fermente pour la troisième fois de tu
,
viendras à bout de ton dessein, Quant à
Pusage de la Teinture, la douzième Clef
t'en a assez instruit.
PREMIÈRE ADDITION,
Continuant les evjeìquemtns de {'Oeuvre
des Philosophes.
POurnete laisser rien à désirer, je veux
t'apprendre que du noir Saturne de du
doux Jupiter on peut aussi tirer un Esprit,
qui par après se réduit en Huile douce
comme en fa plus grande perfection , qui
peut particulièrement de fermement ôter lá
vie au Mercure, de le rendre beaucoup
meilleur, comme je te Pai enseigné dans
mes Minéraux» M**
SECONDE ADDITION,
Pour les mimes Opérations.
AYant préparé ra Matière, sois seule-,
ment soigneux de gouverner ton feu>
car toute POeuvre en dépend, depuis lc
commencement jusqu'à la fin.
Notre Feu n'est que commun de natu-
rel de le Fourneau vulgaire. Et bien que
,
les anciensjSages mes Prédécesseurs, ayenc
82 LES DOUZE CLEFS
écrit que notre feu n'est pas un feu com-
mun : Je te dis néanmoins en vérité, que
c'est qu'ils ont tout caché selon leur cou-
tume. Car notre Matière est vile de
POeuvre, que l'on conduit seulement par ,
le Régime du feu, est aisée à faire.
Le Feu de Lampe, fait avôc l'esprit de
vin n'y est pas propre, parce qu'il con-
,
duit à de trop grandes dépenses. Le fient
de Cheval n'est que perte de destruction ,-
de notre Matière ne peut jamais par son
moyen venir à fa perfection.
La multitude de variété de Fourneaux
est superflue, car il ne faut en notre triple
Vaisseau que varier de changer les dégrés
du feu;
Prends donc garde.que les Trompeurs ne
te déçoivent en la variété des Fourneaux,
car" le nôtre est vulgaire,.commun, de la
Matière vHe de abjecte. Le Matras ressem-
ble en figure au contour d: à la rondeur
de la Terre. Tu n'as pa$ besoin d'autres
instructions pour sçavoir gouverner ton
Feu, de bâtir ton Fourneau parce que
,
celui qui a la Matière trouvera bien-tôt un
Fourneau, comme celui quia de la Farine
nc tarde guéres à trouver un Four, de n'est
pas beaucoup embarassé pour faire cui-
re du Pain* --
II n'est pas nécessaire d'écrire plus am-
plement fur çe point» Prends seulement
.
DE BAS. VALENTTN, LIT. III. 85
garde à la chaleur, $c fais ensorte que tu»
puisiès dicerner le chaud d'aVcc le froid.
Si tu frappes le but, tu auras tout fait, 8c
tu feras parvenu à la fin désirée de PArt,
pour la recònnoissance de laquelle, soit
perpétuellement loué Dieu Auteur de
,
toute la Nature. Ainsi soit-il»
PREMIERE PARTIE
LE VIÈLLAKD >
ADOLPHE.
ADOLPHE.
^BË vous salue, vénérable Vieil-
|j|| H lardjilyadèja long temps que
Ëlw If Je vous considère de loin, ré-
ÎIssIgD fléchissant en vous même, au-
près de cet Arbre , fur quelque chose
d'intéressant, de je ne puis résister à la teri*
D.ç BAS. VALENTIN, PARÏ. I. B f
talion de vous demander quel est le sujet
de vos réflexions.
LE VIEILLARD.
Je puis, jeune Adolescent, connoître
maintenant des choses, qui, dans ma jeu-,
nesse, me sembloient incroyables de hors
de raison, de je me souviens que lorsque
j'étudiois mon orgueil étoit tel, que je
,
présumois posséder toutes les Sciences.
Mais à présent, que je fuis fur le déclin
de mon âge, je pense disteremment, de
je cherche à pénétrer dans ce grand Livre
de.la Nature, si rempli de difficultés. En
forte que je commence à me plaire dans
mes Recherches , quand je m'apperçois
Îjue le temps s'écoule comme une onde
ugitive, de c'est de quoi j'ai bien sujet de
jne plaindre,
ADOLPHE.
Je ne puis, respectable Vieillard,m*emv
pêcher de vous admirer, en voyant des
affections si contraires entre vous de moi.
II vous semble que le temps s'envole trop
vîte, de il me paroît que les jours passent
trop lentement. C'est pourquoi je veux
voyager avec quelque Compagnie agréa-
ble qui me tire de cette mélancolie, où
je m'abforbe, en voyant se temps couler
avec tant de lenteur,
#6* L'ÁZOTH DES PHILOSOPHES >
LE VIEILLARD.
Vous étés encore, cher Ami, dans la
fleur de votre âge ; vous avez un visage
resplendissant, une phisionomic heureuse,
de je voudrois sçavoir votre nom de votre
origine. Peut-être ne seriez-vous pas fâ-
ché de m'apprendre l'un 8c l'autre, ainsi
que Ja Profession que vous exercez.
ADOLPHE.
Je m'appelle Adolphe, de ma Patrie se
nomme Hassie. J'ai étudié pendant ma
jeunesse ; 8c dans un âge plus avancé
j'ai quitté mes études pour apprendre le ,
^.Commerce. N'ayant personne qui admi-
nistrât les Biens que mes Parens m'ont lais-
sé j'ai formé le deslèin de parcourir le
,
Monde, de, comme je viens de vous dire,
je veux trouver quelque Compagnie, avec
laquelle je puisse commencer mes voyages
par celui de Rome, cette Capitale de PU-
nivers. Mais avant que de me mettre en
chemin, je serois bien aise de prendre vos
conseils, parce que vous me paroissez
.avoir une grande expérience de toutes
choses.
LB VIEILLARD.
Je vous aiderai volontiers des mes con-
seils si vous vous sentez de la disposition
,
•DE BAS. VALENTIN,PART. I. 87
à les suivre, de je suis plus propre que per*
sonne à vous donner de bons avis, parce
<|ue j'ai urtecònnoistàncè parfaite des Lieux
que vous pourrez allez vifíterj
ADOLPHE.
Je suivrai d'autant plus volontiers ce
que vous me conseillerez, que je fuis pers-
illade qu'à votre âge
vous ne me recom-
manderez rien qui ne soit fondé fur Pusage
que vous avez du Monde. Ainsi daignez
instruire un jeune Homme, qui cherche à
ne pas tomber dans l'erreur., 8c vous au-
rez en moi un Auditeur docile, qui écou-
tera vos Préceptes avec beaucoup d'atterj-
tion,
LB VIEILLARD.
Vous venez de me dire, mon Fils, que
vous voulez commencer vos voyages par
celui de Rome ; à la bonne-heure, de j'ai
commencé, comme vous avez dessein dç
faire, par visiter cette Maîtresse du Mon-
de; mais Page m'ayant rendu plus sage
que je n'étois alors, je fuis maintenant plus
{>rudent, de jc prévois mieux les périls où
'on peut s'exposer. Ensorte que si vous
voulez suivre mon conseil, vous ne vous
arrêterez pas long-temps dans cette Ville*
là, car elle est ce que je vous dirai plus am«
plement (Jans la fuite.ÍV^ais pour revenirà çe
$8 L'AZOTH DES PHILOSOPHES;-
que vôus disiez il n'y a qu'un moment, je
fuis étonné de ce que dans une santé aussi
parfaite que celle dont vous joiiissez dans lc
Printemps cje vos jours, vous trouviez que
le temps s'écoule avec trop de lenteur. Je
vous conseille donc d'en estimer la durée, si
ADOLPHE.
Vous venez de me prêcher comme un
véritable Pasteur ; vos paroles ont fait de
l'jmpression dans mon ame ; mais je doute
que je puisse régler mes actions de maniè-
re qu'elles ne s'écartent en rien de vos
préceptes ; cependant je les y conforme-
rai autant qu'il me sera possible, car oh
c(t toujours satisfait quand pn a rempli son
devoir. Vous avez aussi parlé de Trésors;
je voudrois sçavoir s'il y eh a d'autres que .
IÌJ
100 L'AZOTH DES PHILOSOPHES,
LE VIEILLARD.
Je nc suis point surpris de votre curiosité;
presque tous les Hommes brûlent de sça-
voir ce que vous me demandez; mais fi-
chez que ce Trésor est une Essence Spni-
tuelle de d'une vertu, non-seulement a»
,
boudante en Richesses, mais aussi en Scien-
ce de Médecine de que par son breuva-
, permission de Dieu,
ge les Hommes,par la
sont délivrez des maladies les plus enraci»
nées même de celles aufqueíles les Mé»
,
decinsnepeuvent apporter de soulagement.
C'est une Oeuvre qui surpasse l'éxcellence
de POr de de P Argent, qui étonne la Rai-
son humaine, ou si vous voulez; c'est un
Mistére presque incompréhensible. Pour en
concevoir quelque idée , lisez la Révéla-
tion Hermétique de Théophraste. Je ne
veux pas encore vous dire ce que c'est que
ce Mistére qui est un Secret caché dès le
, volonté
commencement du Monde par la
de Dieu, de il ne m'est permis de vous
Je révéler qu*à la facondes Philosophes,
qui cn parlent assez ouvertement dans leurs
Livres j mais la Providence Divine n'en
accorde la connoissance parfaite qu'aux
pieux Sectateurs de cet Art.
ADOLPHE.
Quoique vous vous efforciez à couvrir ce
DE
ÈAS. VALENTIN, PART. ï. toi
Secret d'un voile spirituel, je conçois
néanmoins que vous entendez parler de là
Pierre des Philosophes, dont les Écrits
nous apprennent qu'elle se compose de lá
première Matière ; c'est à - dire, dé Sel,
de Soufre de de Mercure. On met toús
Jcs jours en' lumière de cette sorte d'ÊcritS
& j'ai connu des Sçavans, adonnez à cet
Art, qui me comrhuniquoicnt les leurs ,
que je corigeois de moi-même en quel-
ques endroits. Lés anciens Philosophes
Ont soigneusement travaillé leurs Livres
mais on les a malicieusement corrompus.
,
Ce qui fait que les bons Artistes sont rares
comme le Merle blanc ou le Cigne noir ,
éc
par conséquent, que nous ne, voyons
pdint l'Effet de la Fin que ce grand Art
nous propose. J'ai vu de doctes Person-
nages traiter d'Imposteurs des Artistes, à
cause de Pinccrtitude de leur Science, 8c
je ne fçaurois croire, non plus que ces
Sçavans, qu'ils puissent convertir en So
*
leil de
en Lune les Métaux inférieurs, à
moins que ce ne soit par une vertu divine
ou par le ministère des Démons , avec les-
quels j'ai oui dire que ces Artistes aVóient
de la familiarité. Ce seroit vous, Homme
vénérable, qui pourries mieux que person-
ne m'instruire des Sécréts de la Nature, 8c
de la Transmutation des Métaux mais
;
puisque YOUS ne jugez pas à propos de ms
liij
io2 L'AZOTH DES PHILOSOPHES,
révèllcr les Mistéres principaux de PArt ;
apprenez moi du moins si c'est de Dieu
'que les Hommes obtiennent un Don si pré-
cieux. Jc fuis dans l'é onnement quand
je me souviens d'avoir lCi fur ce sujet plu-
'sieurs Ecrits, fans en avoir pu comprendre
le sens, de lorsque je me rappelle dans la
mémoire que j'ai vû des Gens, qui ne les
entendoient pas mieux que moi, travail-
ler dans cette Art aux dépens de ceux qui
les en croyoient capables, d'où s'ensuí-
voit la perte, dp leur temps de de leur ar-
gent. Çe qui me faisoit dire avec ces Per-
sonnes trompées, que Pefpérance, dont
se repaissent les Enfans de PArt, n'est pas
fondée fur la Démostration puisqu'au-
,
jeun d'eux n'en faisoit voir la Certitude pat
les Effets.
.
LE VIEILLARD.
Je vous montrerai, moi, lá Fin de PEf-
set de cet Art, pour que vous en connois-
îlez la Certitude, de que vous sçachiez
/que je le possédé véritablement. Persuadez-
vous par avance que jc connois la Racine
jàe l'Arbre, ainsi que toutes les choses,
?ui sont nécessaires dans [cette Science.
îette Racine est connue de peu de Sça-
vans , de elle est entièrement ignorée du
Vulgaire. Si je vous semble m'étendre
trop, ea vous parlant de cette mêms
DE BAS. VALFNTIN, PART. I. IOJ
Science, nc vous lassez pas de m'efeouter;
la raison le demande de la sorte, d: les cho-
ses les plus excellentes doivent être traitées
avant celles qui le sont le moins. Au reste
en répondant à vos Questions, je vous
ferai voir clairement que jc n'aurai dit que
des choses véritables,
ADOLPHE.
Avant que d'entrer en matière, je vou*
drois sçavoir pourquoi nous ne trouvons
áucnn Artiste, qui soit parvenu à la per-
fection de cc grand Art, ni qui sçache é-
xactement ía Transmutation âc.s Métaux.
•Et pourquoi aussi cette Science est mépri-
séc'par des Sçavans, qui devroicot en avoir
une pleine connoissance, puisqu'elle est íî
fructueuse de si utile quoiqu'en quelque
,
lieu que je me sois trouvé, je n'aye point
entendu dire qu'aucun, par son moyen,
ait acquis les Richesses de Crésus. Vous-
même vénérable Vieillard, vous me dites
,
que vous possédez cet Art, de cependant
vous êtes vêtu pauvrement comme Pesl un
Solitaire. Pour moi, je vous Pavouê', si
j'avois la connoissance d'un Art qui pro-
cure tant de Biens, j'amaiferois de grands
PrésorSjd: j'achepterois des Dignités 8: des
iUats si étendus,que les plus puisiàns Prin-
ces du Monde cn prendroient Pépouvante,
& porteroient envie à
ma fortune. C'est ce
I iiij
104 L'AZOTH DES PHILOSOPHES,
que tous les Artistes promettent à ceux qui
leur ouvrent leur bourse. De grâce, dites-
moi ce que vous pensez là-dessus.
LE V ILILLARD.
Jc pense que vous raisonnez en jeurç
Homme, ou comme les poux qui ne
délirent des Richesses que pour ,satisfaire
leur volupté. L'intention des Philosophes
est bien différente, de ceux qui courent
après ces choses corruptibles de périssa-
bles, sont indignes de ce nom , qui n'ap'
partient qu'aux Sages, qui s'adonnent à la
connoifïànce des Mistéres divins, qui con-
sacrent leurs travaux au service de Dieu,
de qui étouffent cn eux tout sentiment de
vainc gloire de d'ambition. Jc nc condam-
ne pas le désir des Richesses quand il se
,
borne à ce que Dieu nous en envoyc pour
les besoins de cette vie ; mais je blâme
celte cupidité déréglée, qui porte l'Hom-
me à n'en souhaiter que pour satisfaire son
orgueil. Et c'est par cette raison que les
Philosophes ne parlent que mistérieusc-
ment de leur Art, de peur d'encourir la
disgrâce de la Famille de Nembrot ; car
si cet Art n'étoit caché aux Faiseurs de
tours de passe-passe , il s'epsuivroit de la
connoistance qu'ils en auroient, une con-
fusion étrange dans les Ordres de ce bas
Monde, dont Dieu lui-même a établi les
DE BAS. VALBNTIN, PART. I. ÏOC
différences, qui sont nécessaires pour en-
tretenir la concorde entre les Hommes, de
il les a établies dans le dessein que les uns
scrviroient les autres, dans Punion de dans
la paix, jusqu'à ce qu'il les séparât les uns
des autres, comme le Philosophe artiste_/r-
fare l'un de l'autre, jc veux dire, lc Corps,
Mme de PEsprit,de ensuite les réunit ensem-
ble. Aucun ne doit faire cette divine sépara-
tion à moins que le Verbe de Dieu ne lui
ait commandé de réprimer les Médians
,
parce qu'il est seul la Justice de la Vérité ,
& que ce qui est hors de lui, n'est que
mensonge de abomination devant Dieu.
C'est de ce Verbe, que reçoit une puis1
sánce divine, le Magistrat qui tient ici bas
la place de Dieu, aussi scra-t-il puni sévè-
rement s'il prévarique dans son Office, 8c
s'il verse injustement lc sang humain, con-
tre le Précepte de Dieu ; car Dieu ne
fait acception de personne, tout étant égat
devant lui. Cette Séparation divine eíî
donc d'une grande considération. II sem-
ble que ces choses soient dites hors de
propos; cependant elles apoortent un grand
profit au Genre Humain, de elles ne lui
font pas d'une moindre utilité; c'est pour-
quoi il m'a paru convenable de les dire.
Il est parlé dans le Prophète Ezéchiel de
quatre Vents, qui soufflèrent fur des Os
de Morts, lesquels se placèrent aussi-tôt
ïoe> L'AZOTH DES PHILOSOPHES',
chacun dans fa jointure, 8c fur lesquels se
formèrent des nerfs de des chairs, qui les
,
environnèrent ; comme aussi de l'Esprit,
que leur souffle fit entrer dans ces Os, le-
quel Esprit, parla volonté de Dieu les
,
anima de les rendit vivans. A Pagonie de
la mort, toutes les parties de PHomme se
séparent les unes des autres; car alors les
quatre Elémens , l'Esprit de l'Ame sont
divisez, de se séparent l'un de l'autre, En
ìeur place, l'Eau de la Terre élémentaires
sont conjointes, de un autre Air avec un
autre Feu sont épaissis. L'Esprit astral de
la vie, PHomme intérieur 8c invisible, re-
tourne au Ciel, où il est élevé au dessus
des Elémens de l'Ame va au sein d'A-
,
braham, suivant la promesse de Dieu &
repose jusqu'à vienne la ,
consom-
y ce que
mation de ce Monde, que toutes choses
seront accomplies. Nous voyons la Terre
nous fournir toutes les choses nécessaires
à la vie, dans lesquelles l'Esprit des Elé-
mens est caché comme nourriture de cé-
leste Essence. Nous avons aussi la nourri-
turc du Feu de de l'Eau , de nous COHser-
vons par l'un de l'autre le tempéramrnent
du Corps terrestre, qui contient l'Eau &
le Feu spirituels pour donner de nouvelles
forces à l'Esprit intérieur. Car, comme la
Terre a en soi ces deux choses, le Ciel les
contient pareillement, ce qu'on appelle
DE BAS. VALBNTIN, PART. I. 107
Quintessence, laquelle est plus noble que
les Elémens, de est la nourriture de l'Es-
prit, comme le Verbe de Dieu est la nour-
riture de l'Ame. Et il s'est fait Corps
,
afin de donner la béatitude céleste au
Corps, à l'Ame de à l'Esprit quoi qu'il
viande ,
soit ni ni nourriture corporelle
ne
& qu'il soit seulement le Lien de le Sceau
,
de la Promesse de du Livre de vie en té-
,
moignage de la vérité à cause de la foi-
,
bleue de notre foi, de du peu de connois
.sance que nous avons de la Divinité. Dieu
aime tellement les choses naturelles de spi-
rituelles qu'il veut que fa Créature soit
,
toute dans PHomme en conjonction avec
Jésus-Christ, par qui les péchés sont par-
donnez. Car comme le Verbe Divin est:
•lePrincipe de toutes choses, il est de mê-
me lc Principe de PImage de Dieu. Le
Verbe de Dieu nous dit : De cette Fleur
du Saint Esprit commence la Foi ; de la
Semence de cette Fleur n'aît P Arbre des
bonnes oeuvres, 8c les bonnes oeuvres ne
méritent pas le Salut éternel, mais la foi
au Verbe de Dieu. Ce Verbe est un amour
-magnétique qui nous attire à lui avec les
,
Bons, de n'en peut être séparé. 11 n'y a
point d'amour astral magnétique qui lui
soit semblable dans la Nature. Nous de-
vons peser exactement toutes ces choses
dans la balance, comme nous devons auí|i
ioS L'AZOTH DES PHILOSOPHAS,
considérer ce que PHomme intérieur fart
dans la Nature, lequel Homme intérieur
est invisible de céleste, de même que l'A-
me est surnaturelle de surcéleste ; connois-
sance néanmoins que nous n'avons que par
révélation de Dieu. La Nature propose
les Esprits naturels ; ils sont grands, de d'u-
ne considération sécrète: Et PHomme cor-
porel ne pourroit entendre les choses spr-
rituelles si l'Esprit de vérité ne lui étoit
,
révélé par le Roi des Esprits : Et par ce-
lui ci le Saint Esprit examine la Sagesse,
,
les Arts de les Sciences. Cet Esprit Saint
excite dans les Chrétiens un feu fur-cé-
leste d'amour,, de un esprit magnétique de
sagesse. II nous enflamme, nous lave d'u-
ne eau pure, nousde rend nets, afin que
nous fassions pénitence de nos péchés, ôi
que nous ne mourions pas dans nosoffen*
ces. C'est pourquoi on parle souvent de
l'Eau de du Feu, du Sang de de l'Esprit de
l'Eau qui est celui qui donne la vie ; car
,
le péché est de couleur sanguine, de la pu-
nition du péché est la Mort noire, la croix
de Paffliction ; mais la récompense des
Pieux de des Dévots c'est la Robe blan-
,
che de la Couronne de gloire. Ces choses,
bien entendues, suffisent présentement.
Venons à l'explication des Questions que
vous m'avez proposées ; je vous les rap-
porterai par ordre, <Se jc vous ferai voir la
DE BAS. VALENTIK, PART. I. iop
certitude de PArt par la chose même, 8c
de telle maniéré que vous ne pourrez la
révoquer en doute. Or quant à ce qui re*
gi 's l'autre objet, qui est que plusieurs
Sçavans ont une foible connciífance de
çet Art, fçachcz, mon Fils, que c'est la
volonté de Dieu 8c que cela se fait pour
,
quelque considération, car Dieu r.éprouve
toute superbe de toute ambition, de ne
donne ce Trésor qu'aux Humbles de aux
Pauvres, de non pas aux Grands de aux En-
fans de ce Monde. L'Homme doit faire
tisage de ce Trésor suivant la Loi du Sei-
gneur , de pour sa gloire en soulageant
ceux qui sont dans la misère, de non pas
en passant fa vie dans Poisiveté de dans la
mollesse, fans faire de bonnes oeuvres sui-
vant la volonté de Dieu. Si ce Trésor se
donnoit indifféremment à tous, quelle
confusion je vous prie, ne seroit-ce pas
,
entre les Hommes f Autrement,je ne con*
cevrois pas ce qu'entendroit Sirac en dj*
,
sant : Mon Fils si tu veux servir Dieu &
,
lui plaire, prépare-toi au Jour de PaíHio
tion. Ce qui est dit véritablement de la
pauvreté de de Pirabécillité humaine, com-
me vou? pourez facilement le conjecturer
de vous-même ; de il n'est pas permis à
l'Homme d'user de cc Trésor comme bon
lui semble, à cause sa est
que nature cor-
rompue, de qu'elle panche plfttpt vçrslç
ï ïo L'ASÎOTH Dïs PHILOSOPHES ;
rnal que vers le bien. Nc révèle donc ci
Secret à personne, de ne le donne point
fur-tout à uiìe Ame avare, ambitieuse êí
superbe ; car c'est Phonneur de la gloire de
Dieu ; mais conduis-toi de cette forte: Si
la Fortune t'est favorable, garde-toi d'en
Concevoir de Porgueil : Si elfe ne te favo-
rise pas, garde-toi aussi d'en avoir de h
douleur ; Car Dieu est Parbitre de la bon-
ne de de Padversc Fortuné ,•
il dispose de
l'une de de l'autre comme il lui plaît. II y
a autant de vertu à réchercher la Science,
qu'à la tenir sécrète Porsqu'oh l'a acquise;
Car si vous la révéliez autrement qu'il est
permis de le faire, ce grand Art perdroit
lé nom de la dignité d'Art; ce qui a fait dire
à un Philosophe : Cache cet Oeuvre aùi
yeux de tous ; n'en parlé devant person-
ne ; n'en dispute même point en toi-même,
de peur que le vent ne porté tes paroles à
un autre, ce qui te pourroit être domma-
geable. Je t'avertisfidellèmerit de ces cho-
ses ; c'est à toi d'y prendre garde, si tu né
yeux pas être tourmenté dans ton corps
de dans ton ame. L'abus que l'on feroit de
cet excellent Don de Dieu feroit d'autant
plus criminel, que Dieu ne fait ce Don
que par une pure grâce ; aussi scroit-ceune
honte si ce même Don Philosophique étoit
prophanépar les Méchans, qui, à cause de
leur malice de de leur ignorance, doivent
DE BAS. VALEIÌTIN, PART. I. j
être privez de voir cette lumière. L'Avari-
n
ce d: la Luxure ont pris des racines si pro-
fondes dans lé coeur des Enfansde ce Sié-
cle, qu'on n'y découvre presque plus au-
cuns vestiges de la Foi ni de la Justice. Je
Vais vous raconter à ce sujet ce que j'ai vfi
de mes propres yeux. II y avoit dans une
certaine ville un Homme très-riche qui
,
se refusoit à soi-même Pusage de ses grands
Biens, qu'il accumulait continuellement
pour ses Enfans. Leur Mère les élevoit
dans l'abondance de toutes choses, de com-
ptant fur les Richesses de leur Père, ils
passoient leur jeunesse dans Poisiveté 8t
dans la débauche. A mesure qu'ils croif-
soient en âge les déréglemens de leur vie
,
âugmentoit à proportion. Enfin, leur Père
étant mort, ils en dissipèrent Phéritage en se
plongeant dans,toutes sortes de vices;cnsor-
tc qu'ils se virent réduits à une extrême pau-
vreté, de exposez au deshonneur le reste de
leur vie. Ils ne íeroient point tombezdans ce
malheur,s'ils avoient profité des instructions
qui leur avoient été données, car on leS
avoit élevez dans la connoissance des
Moeurs de des Sciences. Telle est la vo-»
lonté de Dieu, que les Ordres soient dis-
tincts parmi les Hommes de que les uns
,
servent les autres. Notre Sauveur lui mê-
me à fait des oeuvres serviles , de a lavé
les pieds de ses Disciples. L'honneur est
OP ES,
plus grand dans les uns que dans les autres,
8c nous sommes comme il plaît à Dieu de
l'ordonner de de nous bénir. Et il a dit :
Jeté récompenserai de la"même maniéré
que tu serviras dans ta vocation. Dieu dis-
tribue en un jour tant de Richesses qu'elles
semblent surpasser celles des Rois les plus
puissans,dc ses Trésors ne diminuent point;
au contraire , ils augmentent toujours, St
c'est pourquoi il doit être aimé avant toutes
choses de fur toutes choses. II n'en est pas
ainsi des Richesses humaines ; car quelque
fois celui qui les amasse par avarice,laiste en
mourant un Successeur prodigue qui les
dissipe, de suivant ce que disent quelques
Sçavans, les Richesses précipitent souvent
ceux qui les possèdent dans les tou.rmens
éternels de PEnfer ; parce que pendant
qu'ils ont été dans Pabondance des Biens
de ce Monde ils n'ont point pensé à la
,
paix du Ciel, ont négligé de soulager les
Pauvres , de ont entièrement oublié Dieu.
Les jeunes Gens fur tout, sont les plus ex-
posez au danger de tomber dans le piège
que leur tendent les Plaisirs, quoi que la
prudence supplée quelque fois au dcrfiut
de leur âge. Les Hommes pieux sont con-
traints de boire le Calice des afflictions, $
les Impies sont réservez aux peines éter-
nelles. Mais ce qui est le plus déplorable,
c'est qu'on ne fait presque point attentiop
àcci
DE BAS. VALEKTIN, PART. I. 113
â ces choses, de que les Avares nc pensent
qu'à laisser des Dignités de des Richesses
à leurs Enfans se moquant de ceux
,
qui leur disent, qu'avant toutes choses il
faut
fa consulter la Sagesse Divine, de que
sans elle il n'y a rien de stable ni de solide
dans ce,Monde. Çe qui fait qu'à Pagonie
de la mort lc Ver de la conscience rongex
le coeur de ces Misérables', 8c le cUsespoir,
ne s'empareroit pas d'eux da,ns cette extré-
mité, si, pendant qu'ils étoient en sarité,iJs*
avoient songé au salut de leur aine dan»
une parfaite humilité.
ADOLPHE-.
II semble que ce q •'é vous venez de di-
re soit contraire au dessein de me faire"
connoître que ce que vous avez dit est
pour moi ; cependant ajoutez le resté, de
jel'écouterai attentivement» Fn attendant,
jc voudrois sçavoir comment il se peut
faire que PArt,dont
nous parlons,n'est pas
révélé à toutes Personnes avec les Misséretf
des Philosophes, puisque les autres Arts
font connus de tout le Peuple qui
; ce me
fiorte souvent, quand'j'y pense à doutée'
,
de la vérité de PArt dont il's'agit."
'
LE VlElIiLARDri
Je vous ai dòja dit que lè silence n été*
imposé aux Enfans de la Science, assit
Tvme LIL K.
ï r 4 ^'AZOTH DES PHILOSOPHES,
qu'elle fût tenue sécrète à cause de la puis-
sance des Princes , de de la méchanceté
des Superbes, des Usuriers des Luxu-
,
rieux de des autres Scélérats. Tous les Phi-
losophes cachent avec soin la connoissan-
ce de cet Art, parce que quelques-uns,
après avoir eu communication de cette
Science divine, cn ont fait un mauvais usa-
ge, de fait périr ceux qui.la leur avoient
communiquées II faut dòfíç que celui qui
possède cet Art j ainsi que íe Disciple qui
veut Pappréndre, soit discret, humble,
Ïieux de débonnaire. Ensorte que quand
)ieu vous aura communiqué cette Scien-
ce » il faudra vous gouverner avec beau-
coupere prudence, de vous appliquer foi-
gnèusemeut à connoître les choses les plus
secrètes de à faire dùibien non-feulement
*
à votre Prqchain, mais encore à vos En-
nemis, car la'Lói de Jésus-Christ nous y
oblige. Nous devons aussi résister de tou-
tes nps forces aux Ennemis de la Foi, &
rious appliquer à louer Dieu de à publier
1
ADOLPHE.
II y a de grandes choses à considérer fur
cette matière. Mais je voudrois sçavoir cc
que vous pensez des Paraboles, fur lesquel-
lesvous m'avez dèja dit qu'il faut réfléchis
avec beaucoup d'attention.
LB VIEILLARD.
Je vous dis encore qu'il faut avant tou^
tes choses faire ensorte d'en découvrir le
sens; car celui qui connnoissance de cet-
a
te Oeuvre, connoît par soi-même qu'il ne
doit point donner dans les opinions errort-
126* L'AZOTH DES PHILOSOPHES,
nées parce que les Imposteurs tâchent
,
de vendre aux Simples le Secret de l'Arr,
qu'ils n'ont pas de ceux-ci, avides des
,
Biens de la Fortune, leur acheptent au-
tant qu'il veulent une chimère pour une
réalité. En bonne foi c'est une grande
impiété que de comparer une autre Oeu-
vre à la Puissance Divirie, car le Ver^
be de Dieu est PEchclle de Jacob : Et
JESUS-CHRIST est le seul Médiateur,
par lequel toutes choses sont mises dans le
Livre de vie. Par la même raison nous
voyons dans notre Oeuvre naturel, la
vie de la mort, la création de la réfurection
de tout le monde ; les nombres, les mesu-
res de les poids; i'acroissement, les for-
ces de Péfficace des Etoiles de des Elé-
mens , principalement du Soleil de de la
Lune. Car par le Soleil, la vie déccml
comme il plaît à Dieu, de c'est pour cela
.qu*cllc est comparée à; cet Astre, de qu'elle
est appellée de son'nom. Tel que le So-
leil est cn haut, tel il est cn bas, de par lui
toutes merveilles sont accomplies. LeSo-
leil purpurin, rouge de doré, ess mâle de fe-
melle; il est le Serviteur de tout PUnivcrs,
8c contient en soi les Richesses universelles.
H faut remarquer ici deux choses, comme
d'une choie de de deux, car Dieu a créé
quelque chose de rien. Or cette chose
étoit telle , que toutes les autres choses,
DE* BAS. VALTNTIN, PART; I. I ty
tant célestes que terrestres, en ont été
produites ; car Dieu dit : Soit fait ; de il fut
fait. Quand donc toutes choses furent
créées par son Verbe, la Nature universel-
le fut séparée de la chose de elle étoit
,
bonne en son essence parce que c'étoit
,
le bon plaisir de Dieu duquel il s'étoit
,
soudain retiré quelque chose qui n'avoit
, Monde;
pas duré jusqu'au temps du grand
íe pour cela, il falloit une autre chose,
car il ne pouvoit subsister par une seule
chose, comme il avoit été fait dès le com-
mencement à cause de la Créature la plus
débile que Dieu désiroit, à laquelle il dit:.
Croissez de multipliez. Alors on multipîioit.
tellement, que rien ne périssoit dans le
courant d'un sséele ; car c'étoit la bénédic-
tion du Seigneur, laquelle il départit h
PHomme par sonVcibc. Ensorte que tou-
tes choses sont parachevées par une gran-
de obéistànce de elles sont conduites pat
,
le Saint Esprit. II en est de même à Pé-
eard d'Adam de d'Eve, du Maie de de la
rémcllè. II faut observer ici comment par
Pun, de l'autre se fait la création par Paug-
rnentationj la multiplication de la conserva-
tion, de comment par un troisième, ou *
PEsprit, Padministration se conduit. C'est
ce qu'il est nécessaire de bien comprendre»
Louange de honneur soit à Dieu en Trinité;.
Outre cekxDicu commandoit à PHomme^
j 13 L'AZOTH DES PHILOSOPHES,
mais il lui assujcttissoit tout fans réserve. II
lui permettoit de manger de tous les fruits
du Paradis, excepté de celui de P Arbre
de la Science du bien de du mal> dont il lui
avoit fait une defrenfc expresse de par-là
,
malice du Démon, il devint ensin dcsobéil-
fant à Dieu. Nous devons seulement con-
noître lc bien pour le suivre, 8c le mal, pour
le fuir, ainsi que la voye dans laquelle nous
surprend PEnnemi. Car Dieu est lc Sei-
gneur qui conduit de administre toutes cho-
ses, de toutes les Créatures lui sont sujet-
tes. Le Commandement introduisit le Péchs,
de l'Homme n'y prit pas garde par la ruse
du Démon. Le premier péché fut le blas-
phème 8c l'Idolatrie obscurcissant par
,
ignorance toute Science, de la convertis-
sant cn connoissance du mal, en toutes sor-
tes de vices de de méchancctés,à quoi now
renonçons dans le Sacrement du Baptême,
qui est notre régénération de le renouvel-
lement de notre vie au nouvel Adam
,
comme au Bois de vie, qui a été ôté à
nos premiers Parens dans le Paradis terres-
tre, lequel néanmoins fut promis à la Se-
mence de la Femme, c'est-à dire, Jésus-
Christ, qui est l'Arbre de la vie spirituelle k
corporelle, de par lequel l'Ame de le Corps
reçoivent également la vie. Comme Adam,
chassé du Paradis étoit envoyé dans le
,
Monde Jardin de ténèbres de d'aíHic- _
»
DE BAS. VALÏNTIN, PART. I. ï r#
tions pour la mortification du sang de de la
chair,* de même si nous entendons ce que
c'est que la Manne, c'est-à-dire le Pain cé-
leste le Verbe de Dieu ; que nous vi-
,
vions selon ses Commandemens, de que
nous croyons au Verbe qui s'est fait chair,
par lui nous reprendrons la vie , de nous;
serons transportez de la Maison d'ignoran-
ce dans le Paradis céleste : Et comme
la Mort ravistbit Adam de même nous
,
mourons au vieil Adam, de nous ressus-
citerons en JÉSUS-CHRIST, qui est
le nouvel Adam de PArbre dé vie, le
,
fruit duquel nous devons manger pendant
notre bannissement dans cette Maison d'af-
flictions. Le Verbe de Dieu est la feule
voye que nous devons suivre ; c'est lui qui
a
ouvert'le Livre de vie, fermé de sept
Sceaux. Si nous désirions connoître autre
chose, de manger du fruit de PArbre de
la Science du bien de du mal, on diroit
que nous voudrions servir à deux Maîtres,
c'est-à-dire à Dieu de au Démon prenant
,
lc mensonge
pour la vérité, de réprouvant
la vérité comme un mensonge, Aussi reee-
vrions-noùs' une récompense conforme à
nos oeuvres, de c'est ce qui fit que nos pre-
miers Parens fûrent chassez de la présence
du Dieu vivant, qui n'est semblable à
pas
l'Homme, mais Plíromme a été fait à son
image, afin qu'il obéît à. ses Commande-
120 L'AZOTH DES PHILOSOPHES,
mens, fans cn rien diminuer, ni rien y ajou-
ter. Toute chose bonne est du Verbe Divin;
par lui toutes choses sont faites, de on peut
les comprendre par la vûë de par Pattou-
chcment, parce que le visible est fait de
l'invisible. La Foi prend son commence-
ment de ce qu'on entend dire de la Foi ;
c'est-à-dite l'inviíìble du visible ; & du
Verbe de Dieu le Chrétien est engendré.
Ces choses sont ainsi établies, afin que
PHomme agisse de opère aveG raison <5c
,
qu'il ne se forme pas des idées frivoles de
la Toute - puissance, car c'est la volonté
de Dieu. L'incrédule Thomas ne parvint
pointa comprendre ceci, tantqu'il nc con-
nut que la Nature humaine , le Ciel élé-
mentaire de les choses extérieures, com-
,
me l'Eau de la Terre, qui sont les récep-
tacles de les prisons de la Mort. SaintPad
rejette cette Philosophie comme imparfai-
te 8c n'admet que la Philosophie céleste,
qui consiste dans la Foi, dans l'Efpérancí
de dans la Charité. 11 faut observer ici que
comme nous devons croire à la parole qui
•st sortie de la bouche de Dieu, de mêmt
Jesus-Christ nous enseigne aunomde son
Père, que rien ne peut s'acquérir fans h
Foi. Mais la plupart des Hommes et
croyent que ce qu'ils voyent, de. ne coiv
sidèrent que Dieu lc Père. Dieu le Fils&
J)icu lc Saint Esprit ne peuvent être vus de
DB BAS. VALBNTIN, PART. I. 121
nos yeux , chargez de péchés, non plu*
que leurs rayons qui surpassent de beau-
, A
coup la splendeur du Soleil. cause de la
Nature pécheresse, les Hommes n'ont pu
voir le Verbe Divin,tcl qu'il étoit, pendant
qu'il conversoit avec eux en forme visible,
ni ne le voyent maintenant, qu'il nous as-
siste corporellementjayant accompli la vo-
lonté de son Père en décendant aux En-
>
fers en montant au Ciel en chair & en ef-
,
prit,& en parachevant tout en tout. Lequel
d'entre les Hommes, qui en cherchant,
Ïuisse trouver la grandeur 8c la sagesse de
)ieu ? NOUS sçavons feulement que le
Ciel est ion siège, & que la Terre est l'cs-
cabel de ses pieds. Nous ne pouvons pé-
nétrer dans les choses céleste^, ni connoî-
tre que celles qui nous font enseignées par
le Verbe Divin, que Saint Paul vftës,
a
& qu'il.n'a pas jugé à propos de nous ra-
conter. II sVst contenté de nous parler
du Verbe de Dieu comme d'un l'ain cé-
,
leste, ou comme d'un Sceau, dans lequel
consiste le Salut de nos âmes, lequel Ver-
be est un véritable Arbre de vie ; & cela
afin que nous mangions fa Chair,quc nous
buvions son Sang, & que nous croyons
que tout ceci est vrai > après que les Pa«
rôles de l'Jnstitution du Sacrement font
proférées. Quand l'Ecriture Sainte cít
connue, la Nature parfaite nous mo«*
Tomt lll, * L
«22 I/AZOTH DES PHILOSOPHES,
trc beaucoup de merveilles dans un seul
miroir. Celui qui fait la volonté de Dieu
voit toutcs'cboses & les connoît, comme
Jes ont vues & connues plusieurs Sages
Ventre les Paycns.
ADOLPHE,
Votre discours , vénérable Vieillard, a
été si long, que je n'ai pû en retenir qu'une
partie. Cependant je voudrois bien que
vous m'aprissiez si cet Oeuvre de la Natu-
re ne contient pas en foi un Esprit qui soit
la Canse de quelque mutation, parce qu'il
-me semble que vous avez fait mention du
second Nombre, je veux dire, de la Multi-
plicatìon, pour laquelle il me paroît qu'il
. jàut Esprit vital,
un
hn VIEILLARD.
.
Lij
1*4 IMïÓTH DES PWlLÒSÓPHBS,
LE VIEILLARD.
Vous vous trompez,mon Fils,en croyant
que j'cntcns parler de l'Or terrestre, íc
vous n'avez pas conçft ce que j'ai voulu
dire. Mon discours n'est pas auísi clair
qu'il vous le semble ; mais il ne nVest pas
permis de parler avec plus de clarté, &
je vous mettrai par écrit le principal m\f-
lére de cet Art. Sçachez que l'Or vulgai-
re n'est point ce dont il s'agit ici, non plus
ètant
|
^yojr fait beaucoup de cas ôc cela, parce
de enclins mal
que notre nature au >
DE BAS. VAtEtfTrií, PART. T. 147
nous ne sommes pas plus portez à bien dire
Ôc à bien faire, qu'attentifs au choses bien
dites ôc bien faites.
LE VIEILLARD.
Nous devons d'autant plus prendre gar-
tìe à ces mêmes choses, cjue cet Oeuvre
naturel est plein de la gloire divine, soit
en Paraboles, sok en Images, fans parler
de l'abondance des Richesses, qui en pro-
viennent. Je m'afflige en voyant la vie que
mènent la plupart des Hommes, ôc il y en
a peu qui soient dignes de participer à ce
Mistére. Dans ma jeunesse, ayant besoin,
de toutes choses ; me voyant tantôt reçu
favorablement des uns, ôc tantôt miséra-
blement rejette des autres j & me trouvant
continuellement tourmenté par diverses
sollicitudes Ôc par diífërentes afflictions, je
tournois souvent les yeux vers le Ciel, eh
réfléchissant fur l'aveuglement des Hom-
mes, ôc je priois alors Dieu notre Sau-
,
veur , de me préserver du même aveugle-
ment. Ne voyons-nous pas la plupart d'en-
tre les Sçavans 5c les Riches le rendre
méprisables par leur ambition Ôc leur or-
fceuil, quoique leur Science ôc leurs Ri-
chesses ne leur soient d'aucun secours, ni
d'aucune consolation quand ils touchent le
Moment de quitter cette vies Ce n'est point
par l'artbition, par la Superbe, ni par la
Nij
î<p8 I/AZOTH DES PHILOSOPHES;
.paresse que Dieu nous fait part de cette Lu-*
tniérej Ôc nous deyons nous employer,
;à acquérir la Sagesse Divine, que plusieurs
rejettent méchamment, ôc qui n'est plus
reçûë chez les Hommes de notre temps,
comme elle le fut autrefois par Abraham,
par Loth, & par la Vierge, Mérede Dieu;
.car elle demeura che^ ceux-ci, ôc se sit dans
Jeurs coeurs une habitation ferme Ôc solide,
Cette Sagesse est PKsprjt de Dieu, ou pour
mieux dir.e> c'est Dieu-même. Ce qui
doit nous faire cornprcndre ce aue c'est
que son Verbe Divin qu'il entend devoir
Jiabiter .en nous comme la Sagesse la plus
parfaite. ,Ce Verbe n'habite point dans les
Superbes ni dans les Orgueilleux, non plus
fluc dans ceux qui ne recherchent point la
sagesse parce qu'il n'aime que les Pieux
;
t&Jes Humbles, ôc la piété ôc l'humilité
font les commencenjens dp cette Sagesse,
d'où procède la diversité des états qui sont
établis parmi les Hommes, tant pour les
choses spirituelles que pour les corporel-
les comme sont la Théologie, Ja Juris-
,
prudence $c la Médecine, lesquelles font
,
appellées Arts libéraux ou mécaniques. Ce
qui fait que les Manufactures sont dans un
prdre juste par pes Sept j que le bien est
séparé du mal, ôc que la vérité est discer-
née du mensonge. Car Dieu veut que la
yéritable Lumière reluise en nous, le mas
DÉ BAS. VALSNTm, PART; T. 14$
'éfant séparé du bien. Par le péché du pre-
mier Adam, que Satan avoit séduit, Tor-
dre de toutes choses fut fubverti ôc trou-
blé, ôc le nouvel Adam pour le réta-
,.
blir, nous sépare de toute tache ôc de
toute souilliure, comme cette Eve ré-*
générée divise le bien d'avec le mal, ra-
mène la vie ôc le nouveau Monde par elle
même ôc par sa parole sainte, afin que dé-
sormais le Corps ôc l'Amc nie soient plus
séparez l'un de l'autre, ôc demeurent sta-
bles en l'Image de Dieu car c'est la vo-
,
lonté du Tout-poissant & enxetrc façon, il
demeurera avec nous jusqu'à la fin du:
Monde. Mais le Monde étant opiniâtre,
s'aveugle par les obscurités Judaïques,
parce qu'il marche dans les sentiers du vieil
Adam, ne le faisant point mourir par la foi
au Sacrement du Baptême, & l'o^ératiot*
du Saint Esprit est dans la foi par le Verbe
ôc fans le Verbe il n'y a rien ; car c'est le
,
Verbe même de Dieu. Or, qui necroit pas
en Dieu, est dans les ténèbres de la mort
avec le vieil Adam, & n'a pas l'efjpérance,
de la vie éternelle, ne pouvant, lans fon-
dement persévérer dans: la foi j ensorte
,
que c'est un Payen ou un Hérétique, qur
offense la Pierre angulaire, que saint Jean 1
,\,_
t
VOUS arrivez enfin au but ou tendoit le
plus ardent de mes désirs, je vouspromefj
devant Dieu que jemployerai ce Trésor à
fa Gloire, en le distribuant aux Pauvres,
& que je réglerai nies' actions avec tant de
prudence, que personne ne sçaura jamais
1
ADOLPHE.
Je ne puïs, vénérable Vieillard, trop re>
connoître le bon office que vous me ren*
dez en daignant nVinstruire, Ôc pour report*
dre à votre désir, je m'adonnerai désor-
mais à Ta lecture des Livres dont vous me
parlez» J'en profiterai avec l'aide de Dieu,
que je-prirai fans cesse de réouvrir renten-
dement, & je mènerai une vie si exemplai-
re, que j'édifirai ceuîc qui aimeront la ver-
tu, Dès maintenant je me dévoue tout en-
tier à l'étude, óWe vous offre par avance,
tout le fruit que j encourrai retirer
LB VIEILLARD.
Je souhaite que toutes choses soient
ainsi
^
que vous me le dites ; & si Dieu, par
fa bonté,
vous donne la connoissance de ce
Mistére, soyez-lui toujours agréable le)
en
if q L'AZOTH DES P^liOípÍHEÍ,
servant fidellement& en publiant ses loiian?
ges ôc fa gloire, suivant ce que c\it le Pro?
phéte Jérémie : Le Sage ne se glorifiera
point en sa, sagesse/ni le Fuissent, n.e se fieras
f)0jnt cn sa force, ni (e Rjçhé en ses riches?
es. Çclui qui se glorifie, en cela seul doit
se glorifier, Qu'il connoít q^úe, jé suis le
Seigneur miséricordieux de juste, dit le
Seigneur, ton Pieu. Ainsi soit-il.
Fin (hlîf>rérnifreP4rtÌeà
IU
L'AZOTH>
ou
LE MOYEN
DE FAIRE L'OR CACHÉ
DES PHILOSOPHES,
SEÇQNPÇ PARTIE.
Contenant la Pratique Générale de
POeuvré des anciens Sages.
BOI, •
ATLAS
, je porte fur
mes épaulçs le Ciel & la Terre.$
| je les observe exactement ôc son-
í damcntalement, ôc je recherche
tA
TA BLE
D'EMERAUDE
D'HERMES
Ou les Paroles des Sécréts de cePhilofepk,
CËci est vrai,& fans mensonge, que tout
Ce qui est dessous est semblable à ceqúi
est dessus. Par ceci les merveilles de l'Ocu-
vre se font d'une seule chose. Et comme
toutes choses se sont paf Un, & par la me'*
'ditatión d'Un, ainsi toutes choses sont fat'
tés d'Un par Conjonction. LeSoleilcneil
le Péré , ôc la Lune la Mère. Le Vent la
x
porté dans son ventre. La Terre est h
Nourrice, la Mère de toute perfection,
15a puissance est parfaite, si elle est changée
en terré. Sépârèfc la Terré du Feu avec
prudence, ôc Ip Subtil de l'Epais avec f)'
ps BÁ6. VAt&rriN, PART. II. i j$
gesse. II monte dé la Terre au Ciel, ôc ré-
dé.cend du Ciel en Terre, ôc reçoit U
puissance, la vertu ôc Peíïìcace des choses
supérieures & inférieures. Par çe moyéri
vousâurez là gloire de tout. Vous repous-
serez le* ténèbres, t'òûte obscurité ôc tout
avéùglertíéHt,càr c'est la Force des forces
èui surmonte toutes forces, toutes choseé
subtiles,Ôc qui pénétre les choses dures &
solides. En cette façon le Monde a été fait
ôc les Conjonctions, ainsi que les effets ad-
mirables qu^il produit ; C'est lc chemin par
lequel ces merveilles sont faites. Pôur cette
cause, je fuis nommé HermèsTrifmégiste,
ou trois fois grand&ywcil les trois parties de
la Sagesse ou Philosophie du Monde Uni-
versel, Et cè que je dis de TOçuvre So-
laire est véritable Ôc parfait.
Cès paroles emportent le prix fur tout
Cé qui a été'dit touchant cette Matière'.
Théophráste, en parlant de cet Art, nous
«lit entré áutrès choses Prenez la Lufrç
:
Mi Fìrmârrsent du Lieu supérievir cháfij-
;
$Z-\À çft èauj réduisez-lâ ensuite
en teïrè'j
«Voíís obérerez un miracle, qui furpreri-
1
LE SYMBOLE
De Frère Bazile Valentin,-
LA Pierfe,dè laquelle notre Feu Fugitif"
est extrait, n'est pas des plus précieu-
ses, ôc de ce Féu la Pierre même est fai-
te de Couleur blanche' & rouge. Toute*
foistette Pierre n'est pas Pierre. En cette/
Pierre la Nature produit une Fontaine clai-
re & nette ,• qui
suffoque son Père fixe, &
l'engsoutit jusqu'à ce qu'enfin l'Ame lui soit/
rendue:, cV que la Mère fugitive soit'.faite,•
semblable dans le Royaume. Cette Pierre-'
aoejuiert de grandes puissances ôc de; mer-?
veilleuses
vertus, Elle est plus vieille que
leSoleil.'La Méfe préparée par-lefeu,íe Pé«*
roengendréparJ'efpritj & l'Ame, le Gorps:
& l'Efprit consistent tous
en deux choses,»
desquelles -toutes çhofes sont d'Un, Ôc çé£î
Wn conjoint le Fixe lë VoíatiK Ces
ayee 5
doses sontDfeux,Trois&Un. Si tu necon^
Tome lit,. * ' Q-
I 6ì L'AzOTH DBS PHILÒÍOPHKÎ,
nois pas ces Nombres, tu seras frustré de
l'esset de T Art. Adam demeure dans leBain,
où Vénus" trouve chose semblable à ellc,&
ce Bain fut préparé par ce Dragon antique,
quand il eut perdu ses forces ôc fa puissan-
ce. Et ceci n'est autre chose, dit le Philo-
sophe que le Mercure Double ; son nom
,
est caché, ôc l'on doit le rechercher avec
grand soin ôc un travail fort assidu.
LE SYMBOLE
Nouveau.
JE fuis Déesse, d'une excellente beauté
Racé.
& d'une grande Je fuis née denoi
tre Mer propre j j'environne toute la Ter-
re , je sois toujours mobile, ôc le Lait &
le Sang coulent de mes mamelles. Cuis
ces deux choses jusqu'à ce qu'elles soient
converties én Or ôc en Argent, surmon-
tant les autres. J'enrichis celui qui me pos-
sédé.
O fondement très-précieux, dont totf
,
tes choses sont produites dans ces terres,
tóuoi,que d'abord tu sois un Venin, décoré
du nom d'Aigle fugitif ! La première Ma-
tière est la Serhence blanche & rouge, dans
le'Corps de laquelle lâ sécheresse & ics
DP tyÀSvVAJ/ENTW>JPAft,r. lt Mj
pluies (o.nt ençlpsc? & cachées aux Impies,
a cau(e de l'prnenícnt, Ôç dé la Rp.bc vir-
ginale, éparso par toute la Terre. Tes Père
ftMiti (ont )e soleil & 1^ Lune : Et l'Eaù
$ je Vin opèrent aussi en joi,
comme
ÌQx.fç Jugent darìs la. terre, .afin ciuc
ÌTsommçi p!y réjouisse jen'^eue façon.
Pieu, tres-bòn tres-grand , répand ía
ôc
Bénédiction §c fa Sagesse avec la pluie ôc
les rayon,?,du soleil £ la gloire éternelle de
sonnom*fltai^, Mortel/ con/îdére iqi
p
[queljcs fpntlef ,çl/pses (rjpnt DieiJ'te fait
jprésentî ;fó^hl^n,íe PAjglë jusqu'à cé
jqy'il répa'gde 4eslarmes, ôc léLion jus-
qu'à cé qu'il soit si fort áffojbli'',.qu'il dési-
re la^ort;en pleurant. Le Sang de celui-
MATIERE PREMIERE;
JE fuis un Dragon envenimé, de vil*
prix, ôi présent en tous lieux. La cho-
se fur laquelle je me repose,. ôc gui se re*
pose fur moi, se trouve en moi, cja re-
cherchant soigneusement mon Eau, ôc
ríionFeu, qui compose, qui détruit, Ôc
qui rétablit.. Tu extrairas dé mon Corps
le Lion vert & rouge. Si íu ne me
connoís exactement, tu prends lés cinq,
cens de mon feu< II sort de mes narrines-
un venin trop-tôt mûr, lequel a apporté
du dommage à plusieurs.. Sépare donc avec
artifice le subtil de l'épais, a moins que tu
plajíes rjàns la pauvreté; Je t'élai-r
ne te
gis le$ forces des Mâles ôc dès Femelles,
ainsi que celles du Ciel ôc de là Terre. Les*
Mistéres de mon Art doivent être traitez
avec courage ôc magnanimité. Si tu dési*
rcs que je surmonte la force du Feu, sça*
chèque plusieurs y/ont perdu leur temps,-
leurs biens & leurs peines. Je fuis l'Oeuf
de Nature, connu seulement des Sages,,
lesquels, étant pieux & modestes, engen*>
drentde moi le petit Monde que Dieu,,
très-bon ôc très-grand, a préparé aux
Hommesjmais quoique beaucoup de Gens*
fc désirent, néanmoins il n'est accordé qu'à;
%6$ IMZOTH p$$: PjiïWSp*HgS4
peu de personnes, qui doivent secourir lss
Pauvres de mon Or, au lieu de mettre
leur affection dans un Trésor qui doit pé-
rir. Les Philosophes me noniment Mer-
cure'* &mon Mari est l'Or Philosophique.,
Je /uis lc vieux Dragon, présent par tou-
te la Terre. íe fuis Père oc fyére, jeune)
<& vieux> fort ôc foible,niort &vif, visi-
ble cV invisible, dur ôc mou, déçendanten
Terre & montant au Cieí,,trcs-grand &
très-petit, très-légèr & trèsrpesant. L'or-
çlfe de là Na^u/e est souvent changé en
moi, en couleur i Vombre, poids ôc me-
1
OPERATION
DU MISTERE PHILOSOPHIQUE.
PREMIERE FIGURE.
JE suis vieux, foible Ôc malade. Mon
surnom est Dragon ,• je suis Serviteur
fugitif, ôc l'on m'a enfermé dans une fossé,
afin que je, sois ensuite récompensé de la
Couronne Royale ôc que j'enrichisse,
Après , choses
ma Famille. ces nous pos-
séderons tous les Trésors du Royaume.
Le Feu me tourmente grandement, ôc la
Mort rompt ma chair & me os jusqu'à ce
que six semaines se passent. Dieu veuille
Que je puisse surmonter nies Ennemis. Mon
Ame &mon Esprit m'abandonnent. Cruel
venin, je suis comparé au Corbeau noir,
car c'est la récompense de la malice. Je
fuis couché dans la poudre ôc dans la ter-
re. Plíit à Dieu que de trois une chose se
fìt, afin que vous ne m'abandonniez plus
Esprit, 9
6 mon Ame ôc mon pour que je
revoye de nouveau la lumière du jour, ÔC
<|ue ce Héros de la Paix, que tout le mon-
ae attend,puisse sortir de moi. On trouve
dans mon Corps le Sel, le Soufre ôc le
Mercure. Que ces choses soient
comme il
faut sublimées, distillées, séparées,
pour-
16$ VÁiorn pss PHICQSOPHES)
ries, coagulées, fixées, cuites ôc lavées;
afin qu'elles soient bien nettoyées de leur
fèces & de leurs ordures-.
SECONDE. FIGURE.
QUe si ces Couleurs, qui sont de pfa-
sieurs sortes, se trouvent changées,
ôc que ce Héros apparoisse rouge, ce
fera le Fils très-puissant-, n'ayant point son
semblable dans lc Monde car il aura lej
>
forces du Soleil ôc de la Lune, ôc sera le
Vainqueur de tout l'Or rouge. Tu en ac-
querreras la connoissance, si* tu le purges
sept fois par le feui Après cela produis-
,
le parmi, la Populace- envieuse, qui hait
notre Oeuvre, parce qu'elle ne le connoît
pas. Mais écoute ce qui fuit..
TROISIEME FIGURE..
Dixle tuënt,&
Hommes terrassent ce Héros
néanmoins leur il pardon-
&
QUATRIEME FIGURE.
M à;la
Aintenant les Ennemis du Roi sont
géhenne, reçonnoissant leur-
ôc
méchanceté, ils tombent '.foui, ensemble
par terre. Alors ils sont déclarez coupa-
bles au second Chef, à
leur Ville est as-
siégée par leì Ennemis", d'abord spirituel-
lement parle feu, & ensuite corporelle-
tìéht, Ôc succombent toûs comme ceiïx de
\a préniiere Ville» Mais ce Héros, com-
:
meivrv Roi* les aidé ôc les assiste > parce
^u'euxtoussontseulemetit Un, <5c qu'ils sons;
presque réduits au, néant à cause do cette
Eclipse du Soleil, ôc les Corbeaux très-
boirs consument;toute leur chair. Leuí
Atne Ôc UurrEspr.lt étant blessez, ils sont
prpchel dftjeuri.çhair Pourrie & le Roi
Tome lll S*
>
170 L'AzOTtt BBS PffttO'SOfset;
«st nettoyé de toute pourriture. Pour cet-
te cause l'Ame » l'Efprit ôc le Corps sont
.conjoints, afin qifil demeure en eux ôc
,
qu'ils habitent pareillement en lui. Or le
Fixe rend semblablement cet autre fixe,
^fin qu'il sorte de lui une Lignée nouvelle
ôc blanche.. Mais considères plus avant les
^Couleurs qui montrent que ceux-ci font
dignes de la Robe blanche nuptiale & que
s'ils embrassent aimablement le Roi, ils ga-
gneront la Robé pourprée ôc donée, ôc le
repos du Sabath , durant leauel ils ren-
dront à Dieu, leur Créateur, 1 honneur qui
lui est dû. Dèjá la Lune obéissante fait lui-
re le jour du Soleil, ôc cette Amie bien
airaéé est couverte de vétemens ' blancí
comme la nége. A présent que tu es joyeur,
comprens le reste.
CINQUIÈME FïGyRR
ME voilà maintenant ressuscité du S£
pulchrc & j^pparpis à mes Frères,
.Epoux m'embralfant, lequel je
mon par
rendrai aussi mon Frère constant, spirituel
& blanc, en le teignant, quoiqu'il soit soi'
bie ôc débile, asin que je lui redonne II
forcé ôc la puissance du Roi, lecjuel étant
vainqueur, doit bien * tôt me Juiyrc, A
ppus rendra seroblajbjçs au Solei), cPautanI
tft BAS. yAtitftítiSfÁïr. ìï. 171
qu'il a tëssuscit&én'mp'i. Je suis dolic corn-
paW à la Mèr Cfistùlinè fixe,; ôc je déplo-
re ám^rerfient Jl'impérfc^iphde mes'Frè-
res ï pa^jàjáuèíle''^ retirant; de' fisoí,' con-
joints aux*píerre^« à ïa' poudre dp la ter-
p'èf'aíjnt tóiité forcé asjtfrâhtaprèis
re, ils 1
;
les choses 'terrestres i'& méprisant íe*s cé-
lestes'; car farts îritermifìîpn |c p\cure Ôc jò
jette âté jáfmes, désquéjlès'ïort la béné-
dicti.òh^cjuì appatoît'cV je né rn'adonne
1
^ent/enréoWant^ x
jlpjtipjifpar^x^]%]^%fi^4A^M
«B
fiïirV^tì^íjrltò íí, ìff
mes six AfTÏjèf:|'p'0tírvA'!qqeì^jÁs1áfûsió^.
ils m'obéìssént p'ròrnpfeffíçíif, a ì'é&rhpiè!
de'riion Amie la Lune. J'ái fa-Robes nup-
tiales ôc fíx CourVontíes dorées 'Chacune'
desquellesïVrWïòWéè àcríacúrîdéfa&síìe"
Ámi$ afin que'l semblables áùx Rois, ils'
t
fégnértf àVèfc ftòí, dontinant sor deux quí
1
P iij
'174 VMW* ïp-X*V&*QPWh
Royal,|qui.içstf4onné sèùleme,rìt à ceux
qui ónt de la píé^,Si dprtc. pieu, très-
bon ôc, très^rand > te donnela f ^nnpissan-
çe de ce Trésor, vjs modestement avec
tó> náêniej dé peur .áu^eii^ojeîjoyislànt dans,
la compagnie 4eïMédians., tv? Ate .tombe*
<ja,ns le danger, & dans 1 afrMle$ 'çár plu*
;
iîe.urs., Cpus l'appare.nce'cîe IVrnitié médi-
»
tent des Empechemens à ton Salut, ôc 1?
Révélation n'appartient qu'à Dieu.
DECLARATION
Ù'Adolphe.
A Près que moi, ADOLPHE j'eus
,
selon le désir que j'en avois, pris h
>
LË ÇYMBOLE
De Saturne*
.
F I U,
'î'f*
#AN<n#NN# GUERRE
ÈES CHEVALIERS*
P T?iCIO;MPLÎE <ou -
-.;>»
!.>*.•:.! ;
lkVteô^^'?íliPsepheV,
„ ,. v (jiellô rHánieVé^àrlé ûh véritài
Jolèi:^
piè Phií.osophe"V <jlíi est parvenu à lâ pos-
session de1 èe grand Sècref/ N
' .'1
MMiproteflé^ev^nir Dictt i & sor le
{? Alpt^teftíçl<|eoipnafte,ayeçun coeur
ww&i) $9»$h4fe 5Lón3paslïori,ppu;;cçu>s
soiitf 3épùïs Ióng-Té^pi3àns ses gratis
;4JUÌ
|
ídes recherchés ôt je votís ççrtifie à vous
Jtous, qui chérissez ce' níerveílieux Art,
"i. \tmfi toute n^&èuvré pr^hd naissances
c'uneTeúle 'csioîc, & qufcn cette chose
.r}0*uvrpr.p\$e fapéífécttèrt, íàns qu'elle
áit besoin de quoi que ce soit autre, que
d'être (;*) dissoute> # <óayguléei <ce qu'elle
doit faire d'elle même, fans íe secours
d'aucune chose étrangère.
Lorsqu'on met^deTa Glace dans Va»
í-t un
sòplaCé fuir ÍÇMW, ônWíiqtse la chaleur
la fait résoudre (*) en Eau : on doit en user
de la mêrné ïnaniére avec íïotre Pierre»
qui n'a besoin que du secours dé l'Artiste,
de l'opération de ses matas ,& dff l'áctian
du feu(*)nature,l tcar èljene se résoudra ja«
mais d'elle même, quand elfe dcmeureroit
éternellement fur là teírôf c'est' jîôurqiíoi
nous devons l'aider, de telle manière tou-
tes-fois, que nous ne lui ajoûtioivs rien, qif
(fti íoit.étrangcr í.$ contrair^.j [
Toht ainfl, qúeDíéú prçá'iiitjlé froment.;
RECIT,
L'Or, ôctle Mercure allèrent un jour à
main armée pour combattre ôc pour
,
subjuguer la Pierre. L'Or» animé defu*
ícur, commença à parler de cette sorte",
L'O*.
Comment as-tu la témérité de t'élcver
$u dessus de moi, & dé mon Fre>e Mcr-
*we, ôc de fótendre la préféréiíce fui
184, £B, .TJRIOJÍPH:»
8. riòus ?toì,qui n*es qu'un (*)Vers bouffi dé
,
venin? Tgbores-tu que je fuis le plus pré-
cieux le plus constant, ôc le premier de
, Métaux ?
tous les Ne sçais-tu pas que les
Monarques, les, Princes, ôc les Peuples
font également consister toutes leurs Ri-
chesses en moi, &en níon Frère Mercure;
ôc que tu es au contraire le dangereux En-
nemi des Hommes, ôc des Métaux ; au
lieu que les pj,us habiles Médecins ne ces-
sent dé publjer, fc de yanter le$ vertus sin-
gulières que je possé'de (*) pour tjonner&
pòur conserver ía santé à tout le monde}
LA PI B R RB.
A ces paroles^, pleines d'emportemenf,
lá Pierre répondit fans s'érnòùyoir Mon
:
cher 0sì pourquoi ne te fâches - tu pa9
plûtót contre Dieu, & pourquoi ne lui
demandes-tu, pas pour quelles raisons il
n'a pas créé en toi, ce qui se trouve en
moi? .-.'>>.!.
VO R. '/
' *Cest, Dieu me/rie qui ro'a donné Thow
neur, la réputation, de le Brillant éclat,
Niqui
me rendent si estimable: c'est pòur cet-
te raison que jesois'si recherché d'un cha-
fu,n.- Ui^e/de mes. plus grandes perfcctipiís
ísst d'ê.t^cun Méfatì inaltérable dans le feu,
Áfiòt&fy fQttty&'fôytìe monde m'aime.
HERltostfïQùi, i8ç
61 côuït après moi V Mais toi tívri'es Qu'u-
ne (*)Fugicivé,&UnèTrómpèuse,quiabu* to:
]
Or, Ar-
aucun ni aucun
N
gent, qui soient véritables.
L' O R.
Bon Dieu ! n'as tu point de honte de
'proférer un si grand mensonges ôc ne
HE-RMÉT ICTUB. Î^C
crains-tu pas de commettre un péché, cm
te glorifiant jusqu'à un tel point, que d'o-
ser t'atribuer à toi seule, tout ce que tant de
Sages & de Sçavans Personnages ont écrit
de cet Art, depuis tant de Siécles ; toi, qui
n'es qu'une Matière crasse, impure, Ôc ve-
nimeuse: & tu avoues, nonobstant cela
,
que ccr Art est un Tout parfaitement
homogènes Tu dis déplus, Que fans toi,
on ne peut faire aucun Or ,
ni aucun Ar-
gent, qui soient véritables, comme étant
unechosc(*)universclle.N'estcepas là une
contradiction manifeste; d'autant que plu-
sieurs sçavans Personnages se sont appli-
quez avec tant de foin ctc d'éxactitudo>
aux curieuses recherches qu'ils ont faites,
qu'ils ont trouvé d'autres voies ( ce sont
des Procédés qu'on nomme des Particu-
liers,) desquels cependant on peut tirer une
grande utilité ì
LA PIERRE
Mon cher Or, ne soispas surpris de ce
que je viens de te dire, ôc ne sois pas si im-
prudent que de m'imputer un mensonge, à
moi, qui(*)ai plus d'âge que toi. S'il m'ar- 24.
nvoit de me tromper en cela, tu devrois
avec juste raison excuser mon grand âge ;
puisque tu n'ignores pas qu'il faut porter
respect à la Vieillesse,
rourte faire voir que j'ai dit la vérité
Rij
ipó* LK TRIOMPHE
pour défendre mon honneur ; je neveux
m'appuyer que de Pautorité des mêmes
Maîtres, que tu m'as citez, ôc que par
conséquent tu n'es pas cn droit de récuser.
Voyons particulièrement Hermès. II par-
le ainsi : il est vrai, fans mensonge, cer-
tain ôc très-véritable, que ce qui est en
,
bas est semblable à ce qui est emhaut ; ôc
ce qui est en haut, est semblable à ce qui
est enbas : (*) c'est par ces choses qu'on
. ,
peut faire les miracles d'une seule chose.
Voici comment parle Aristote. O ! que
cette chose est admirable, qui contient en
elle même "toutes les choses dont nous
avons besoin. Elle se tuëelle même,& en-
26 fuite elle reprend vie d'elle même; (*) elle
# s'épouse elle même; elle s'engrosse elle
même ; elle naît d'elle même ; elle se rc-
soud d'elle-même dans son propre sang;
elle se coagule de nouveau avec lui, &
prend une conlìstence dure $ elle se fait
blanche ; elle se fait rouge d'elle - mê-
me; nous ne lui ajoutons rien de plus,
Ôc nous n'y changeons rien, si cc n'est
que nous en séparons la grojsiéraé, &
la terrestréité.
Le Philosophe Platon parle de moi en
ces termes.. C'est une feulé Ôc unique cho-
se, d'une seule ôc même espèce en elle mê-
2B. me. (*)Elle a un Corps, une Ame, un Es-
prit, ÔC les quatre Elémens, sor lesquels elle
HERMÉTIQUE. ipf
domine.il ne lui manque rien ;ellc n'a pas
besoin des autres Corps ; car elle s'engen-
dre elle même ; toutes choses sont d'elle
,
par clic, ôc en elle-
Je pourrois te produire ici plusieurs au-
tres témoignages ; mais comme cela n'est
pas nécessaire, je les passe sous silence,
pour n'être pas ennuyeuse : Et comme tu
viens de me parler de Procédés, ou Parti-
culiers, je vais t'expliquer cn quoi ils
différent de PA/t. (*) Quelques Artistes, 28.
qui ont travaillé avec moi, ont poussé
leurs travaux si loin, qu'ils sont venus à
bout, de séparer de moi mon Esprit, qui
Contient ma Teinture; en sorte que le mê-
lant avec d'autres Métaux, & Minéraux,
ils font parvenus à communiquer quelque
Íeu de mes vertus ôc de mes forces aux
létaux qui ont quelque affinité, ôc quel-
,
que amitié avec moi : Cependant les Ar-
tistes qui ont réussi par cette voie, ôc
,
qui ont trouvé sûremeur une partie de
PArt, sont véritablement en très-petit
nohibre. Mais comme ils n'ont pas con-
nu(*)l'originc d'où viennent les Teintures, *p.
il leur
a été impossible de pousser leur
travail plus loin ; ôc ils n'Ònt point trouvé
au bout du compte, qu'il y estt une gran-
de utilité dans leur Procédé mais si
; ces
Artistes avoient porté leurs recherchés
delà, Ôc qu'ils eussent bien examiné quelle
au
•R iij
IOS LE TRIOMPHE
30 . est la (*) Femme, qui m'est propre ; qu'ils
l'cuflent cherchée ôc qu'ils m'eusscnt uni
à elle s c'est alors que j'aurois píì tein-
dre mille fois davantage; mais, au lieu
de cela, ils ont entièrement détruit nu
propre nature, en me mêlant avec des
choses étrangères : C'est pourquoi, bien
qu'en faisant leur calcul, ils ayent trouvé
quelque avantage, fort médiocre toutes-
fois en coniparaison de la grande puissan-
,
ce qui est en moi ; il est constant néanmoins
que cette utilité n'a procédé, & n'a eu son
origine que de moi, ôc non de quoique ce
soit autre avec quoi j'aye pû être mêlée.
, L' O R.
TuVas pas assez prouvé par ce que tu
viens de dire : Car encore que les Philo»
sophes parlent d'une seule chose, qui ren-
ferme en soi les quatre Elémens ; qui a un
Corps, une Ame, ôc un Esprit,' ôc que
par cette chose ils veuillent faire entendre
la Teinture Phisique ; lorsqu'elle a été
poussée jusqu'à sa dernière perfection, qui
est le but où ils tendent ; néanmoins cette
•
chose doit, dès son commencement, être
compofée]de moi, qui fuis POr ôc de
Frère, ,
mon qui est le Mercure, comme
étant tous deux la Semence masculine, &
&.la Semence féminine; ainsi qu'il a été
dit ci-deslùs : Car après que nous avons
été soffisament cuits, & transmuez en Teint
HERMÉTIQUE. 109
ture, nous sommes pour lois l'un ôc l'autre
ensemble une seule chose, dont les Philo-
sophes parlent.
LA PIERRE.
Cela ne va pas comme tu te Pimagines.
Je t'ai dèja dit ci-devant, qu'il ne peut
se faire une véritable union de vous deux;
parce que vous n'êtes pas un seul Corps ;
(*) mais deux Corps ensemble; & par con- 3'-
se'quant vous êtes contraires à considérer
,
le fondement de la Nature. Mais moi, j'ai
un Corps(*)imparfait,unc Ame constante,
une Teinture pénétrante ; j'ai de plus un
Mercure clair, transparant, volatil, ôc
mobile, ôc je puis opérer toutes les gran-
des choses, dont vous vous glorifiez tous
deux fans toutes-fois que vous puiilìez
,
les faire : Parce que c'est moi qui porte
dans mon sein l'Or Philosophique, ôc le
Mercure des Sages. C'est pourquoi les
Philosophes parlant de moi^ disent:
en
Notre Pierre,(*) est invisible, ôc il n'est
pas 33.
possible d'acquérir la possession de notre -
•
tant d'autres voies ôc Opérations qu'on
peut en nommer de différents noms : Mais
(*)la Solution du Corps ne se fait que danç 3 7*
son propre Sang.
Voici comment parle Géber. II y a un
Soufre dans la profondeur du Mercure,
qui le cuit, ôc qui lc digère dans les vei-
nes des Mines, pendant un très-long temps.
1 u vois donc bien mon cher Or, que je
,
t'ai amplement démontré que ce Soufre
n'est qu'en moi feule ; puisque je fais tout
moi seule, sens ton secours, ôc fans celui
de tous tes Frères, ni de tous tes Com-
pagnons. Je n'ai pas besoin de vous; mais
vous avez tous besoin de moi ; d'autant
que je puis vous donner à tous la perfec-
tion ôc vous 'élever
, au dessus de Pétat,
où la Nature mis.
vous a
A ces dernières paroles, l'Or se mit fu-
rieusement colère, fçachant plus que
en ne
répondre, Cependant, il tînt ccmïeil avec
2o2 LE TRIOMPHE
son Frère Mercure ôc ils convinrent en-
,
semble, qu'ils s'alïìsteroient l'un l'autre,
espérant qu'étant deux contre notre Pierre,
qui n'est qu'une ôc seule , ils la sormonte-
roient facilement : De sorte, qu'après n'a-
voir pu la vaincre par la dispute, ils pri-
rent résolution de la mettre à mort par
l'épée. Dans ce dessein, ils joignirent leurs
forces, afin de les augememer par l'union
de leur double puissance.
Le combat se donna. Notre Pierre dé-
ploya ses forces, ôc fa valeur : les comba-
38 tit
• tous deux;(*)les surmontâmes dissipa,Ôc
les engloutit l'un ôc l'autre ; ensorte qu'il
ne resta aucun vestige, qui pût faire con-
noître ce qu'ils étoient devenus.
Ainsi, chers Amis, qui avez la crainte
de Dieu devant les yeux ce que je viens
,
de vous dire doit vous faire connoître
,
la vérité, ôc vous éclairer l'esprit autant
qu'il est nécessaire, pour comprendre le
fondement du plus grand ôc du plus pré-
cieux de tous les Trésors qu'aucun Phi-
,
losophe n'a si clairement exposé, décou-
vert , ni mis au jour.
Vous n'avez donc pas besoin d'autre
chose. II ne vous reste qu'à prier Dieu,
qu'il veuille bien vous faire parvenir à la
possession d'un Joyau, qui est d'un prix
inestimable. EguiféZ après cela la pointe
de vos Ecrits ; lisez ses Ecrits des Sages
HERMÉTIQUE. 203
avec prudence;travaillez avec diligence
& n'agissez pas avec précipitation dans un
OEuvre si précieux.(*)I1 a son temps ordon-
3P-
né par la Nature ; tout de même que les
Fruits, qui sont fur les A rbres, ôc les grap-
pes de raisins que la Vigne porte. Ayez
la droiture dans le coeur, & proposez-vous,
dans votre travail, une fin honnête ; autre-
ment Dieu ne vous accordera rien: (*) Car
il ne communique un si grand Don qu'à 40.
,
ceux qui veulent en faire un bon usage ;
&il en prive ceux, qui ont dessein de s'en
servir, pour commettre le mal. Je prie
Dieu qu'il vous donne sa sainte bénédiction.
Ainsi soit-il.
F IN.
aoí LE TRIOMPHE"
ENTRETIEN
D;EUDOXE
ET DE
PYROPHILE
SUR
L'ANCIENNE GUERRE DES CHEVALIERS.
PYROPHILE.
®^^K1 Moment heureux, qui fait que
i iHH 'e vous rencontre en ce Lieu!
fy§y|!JgK II y longtemps
a que je souhaite
"^rr^* lc
avec plus grand empressement
du monde de pouvoir vous entretenir du
progrès que j'ai fait dans la Philosophie,
par la lecture des Auteurs, que vousm'a-
vez conseillé de lire , pour m'instruire du
fondement de cette divine Science, qui
porte par excellence le nom de Philoso-
phie.
HERMÉTIQUE. 20 C
Eu D O X B.
Je n'ai pas moins de joie de vous re-
voir, ôc j^en aurai beaucoup d'apprendre
quel est avantage que vous avez tiré de
1
E U D O X B.
Je suis ravi de ne m'être pas trompé
au jugement que j'ai fait du caractère de
votre esprit; vous Pavez de la trempe qu'il
fayit l'avoir
pour acquérir des Connoissan-
ces, qui passent la portée des Génies, or-
dir^aires, ôc pour
ne pas mollir contre tant
aótï LE TRIOMPHE
de difficultés , qui rendent prefqu'inacces-
siblc le Sanctuaire de notre Philosophie:
Jè loue extrêmement la force avec laquel-
le je fçai que vous avez combatu les dis-
cours ordinaires de certains Esprits, qui
croycnt qu'il y va de leur honneur, de
.
traiter de rêverie tout ce qu'ils-ne connois-
sent pas ; parce qu'ils ne veulent pas, qu'il
soit dit, que d'autres puissent découvrir
des vérités, dont eux n'ont aucune intel-
ligence.
PYROPHILB.
Je n'ai jamais crû devoir faire beaucoup
d'attention aux raisonnemens des Person-
nes , qui veulent décider des choses qu'ils
ne connoissent pas ; mais je vous avoue'
que si quelque chose eût été capable de
me détourner d'une Science, pour laquel-
le j'ai toujours eu une forte inclination
naturelle, ç/auroit été une espèce de hon-
te j que Pignorance a attachée à la recher-
che de cette Philosophie. En effet, il est
fâcheux d'être obligé de cacher Papplica-
tion qu'on y donne; à moins que de vou-
loir passer dans l'efprit de la plupart du
inonde pour un Homme, qui ne s'occupe
qu'à de vaines Chimères ; mais comme la
Vérité, en quelque endroit qu'elle se trou-
ve,a pour moi des charmes souverains, rien
Va pû me détourner de cette étude. J'ailû
HERMÉTIQUE. 20?
IcS Ecrits d'un grand nombre de Philoso-
phes, aulsi considérables pour leur sçavoir,
que pòur leur probité ; ôc comme je n'ai
jamais piì mettre dans mon esprit, que tant
de grand s Personnages fussent autant d'Im-
posteurs publics; j'ai voulu examiner leurs
Principes avec beaucoup d'application, &
j'ai été convaincu des vérités qu'ils avan-
cent; bien que je ne les comprenne pas
encore toutes.
EUDOXE,
Je vous sçais fort bon gré de la justice
que vous rendez aux Maîtres de notre
Art : Mais dites-moi, je vous prie, quels
Philosophes vous avez particulièrement
líìs, ôc qui sont ceux qui vous ont le plus
satisfait/' Je m'étois contenté de vous en
recommander quelques-unsi
P Y R O P H 1 L E.
Pour répondre à votre demande, j'au«
rois un grand Catalogue à vous faire ; il y
a plusieurs années que le n'ai cessé de lire
divers Philosophes. • J ai été chercher la
Science darts la source. J'ai lû la Table
d'Emeraude, les Sept Chapittcs d'Hermès,
ôc leurs Commentaires. J'ai lû Geber, )a
Tourbe, le Rosaire le Théâtre la Bi-
, ,
bliothèque, Ôc le Cabinet Chimique, Ôc
particulièrement Artéphius,Arnaud dqVil-
208 Lí TRIOMPHÉ
leneuve, Raimond Lulle, le Trévisan,
Flamel, Zachaire, ôc plusieurs autres An-
ciens ôc Modernes, que je ne nomme pas;
, Basile Valentin, lc Cosmo-
entre autres
polite, ôc Philaléthe.
Je vous assure que je me sois terrible-
ment rompu-la tête, pour tâcher de trou-
ver le point essentiel dans lequel ils doi-
vent tous s'accorder, parce qu'ils se ser-
vent d'expressions si différentes qu'elles
,
paroissent même fort souvent opposées.
Les uns parlent de la Matière en termes
abstraits ; les autres, en termes compo-
sez : les uns n'expriment que certaines
Qualités de cette Matière ; les autres
s'attachent à des Propriétés toutes diffé-
rentes : les uns la considèrent dans un état
purement naturel; les autres en parlent
dans l'état de quelques- unes des perfec-
tions qu'elle reçoit de PArt ; tout cela jet-
te dans telLabyrinthede dissicultés,qu'il
un
n'est pas étonnant, que la plupart de ceux
qui lisent les Philosophes, forment presque
tous des Conclusions différentes.
Je ne me sois pas contenté|de lire une fois
les principaux Auteurs, que vous m'ayez
conseillez ; je les ai relus autant de fois,
,
Îjue j'ai crû cn tirer de nouvelles lumières ;
bit touchant la véritable matière; soit
touchant ses diverses Préparations, dont
dépend tout lç succès de POcuvre. J'ai
fait
HERMÉTIQUE. stop
fait des extraits de tous les meilleurs Li-
vres. J'ai médité là-dessus nuit ôc jour; jus-
qu'à ce que j'ai crû connoître la Matière,
íc ses Préparations différentes, qui
ne sont
proprement qu'une même Opération con-
tinuée. Mais je vous avoue qu-'après un fi
pé-v.blc travail, j'ai pris un singulier plaisir
à lire l'Artcienne Querelle de la Pierre des
Philosophes avec POr ôc le Mercure ; la
netteté, la simplicité, ôc la solidité de cet
Ecrit m'ont charmé ; ôc comme c'est une
vérité constante que qui entend parfaite-
,
ment un véritable Philosophe, les entend
sûrement tous permettez-moi, s'il vous
,
plaît, que je vous faste quelques questions
fur celui-ci, ôc ayez la bonté de me ré-
pondre avec la même sincérité, dont vous
avez toujours usé à mon égard. Jc suis
assuré qu'après cela, ie'serai autant instruit,
qu'il est besoin de Pêtre, pour mettre la
main à l'Oeuvrc, Ôc pour arriver heureu-
sement à la possession du plus grand de tous
les Biens temporels, dont Dieu puisse ré-
compenser ceux qui travaillent dans son
amour, ôc dans fa crainte.
E u D o x E.
Je fuis prêt à satisfaire à vos demandes,
& je lerai très-aise,
que vous touchiez le
point essentiel, dans la résolution je suis
de ne vous rien cacher de
ou
ce qui peut ícr-
Virpmr Instruction dont vous croyez
,
Tome UI, s
àio LE TRIOMPHE
avoir besoin. MaisJe crois qu'il est à pro-
pos que vousje faste faire auparavant quel-
ques remarques, qui contribûront beau-
coup à éclaircir quelques endroits iropor-
tans de l'Ecrit dont vous me parlez.
Remarquez donc que le terme de Pierre
est pris en plusieurs Sens différents, ôc par-
ticulièrement par rapport aux trois diffé-
rents états de POeuvré. Ce qui fait dire
à Géber, Qu'il y a trois Pierres, qui sont
les trois Médecines, répondant aux trois
dégrés de perfection de 1 Oeuvre. De for-
te que la Pierre du premier Ordre, est la
JMatiére des Philosophes, parfaitement pu-
rifiée Ôc réduite en pure Substance Mer-
,
curielle : La Pierre du second Ordre est
la même Matière cuite, digérée, ôc fixée
en Soufre incombustible .*
La Pierre du
troisième Ordre est cette même Matière
fermentée, multipliée ôc poussée à la der-
niéte perfection de Teinture fixe, perma-
nente ôc tingente :
Et ces trois Pierres
>
font les trois Médecines des trois Genres.
Remarquez de plus qu'il y a une gran-
de différence entre la Pierre des Philoso-
phes ôc la Pierre Philosophale. La pre'-
,
smiére est ' Sujet de la Philosophie, con-
sidérée dans Pétat de fa première Prépara-
tion, dans leaucl elle est véritablement
Pierre ; puifqu elle est solide dure, pe"*
- ,
&nte caslàute>y friable* Elle, est un Corps
%
H E R M ET I Q U B. 2 11
(dit Philaléthe) puisqiielle coule dans le
ftu comme un Mêtaû > elle est cependant
Esprit, puisqu'elle est toute volatile. Elle est
le Composés laPierre qui contient P Humi-
dité qui court dans leseu, dit Arnaud de Vil-
leneuve dans fa Lettre au Roi de Naples.
C'est dans cet état qu'elle est Une Sub-
stance moyenne, entre le Métail & le Mer-
cure y comme ditPAbé Synésius. C'est en-
fin dans ce même état que Géber la con-
,
sidère quand il dit en deux endroits de
,
fa Somme : Prens notre Pierre c'ejhà-dire
(dit-il) la Matière de notre Pierre ; tout
de même que s'il disoit : Prends la Pierre
des Philosophes qui est la Matière de la
Pierre Philosophale
La Pierre Philosophale est donc la mê-
me Pierre des Philosophes, lorsque, parle
.
PYROPHILB.
v
C'est justement là le premier des en-
droits qui m'ont causé quelque scrupule 2
il
car me semble qu^on .peut douter avec
raison, qu'on doive chercher la perfection
dans une seule Ôc mime Substances que
H B R MÉTIQUB. ai|
sans y rien ajouter, on puisse en fairetou-
tes choses. Les Philosophes disent au con-
traire, que non seulemeut il faut ôter les su •
perstuités de la Matière; mais encore
,
qu'il faut y ad jouter ce qui lui manque,
E u D p x E.
»
II est bien facile de vous délivrer de ce
doute par cette comparaison : Tout de
même que les Sucs extraits de plusieurs
herbes, dépurez de leur marc, Ôc incor-
porez ensemble, ne font qu'une Confec-
tion d'une seule & même Espèce; ainsi les
Philosophes appellent avec raison leur Ma-
tière préparée une seule ÔC même chose;
bien qu'on n'ignore pas que c'est un Coni-
posé naturel de quelques Substances d'une
même Racine, Ôc d'une même Espèce,
qui font un Tout complet & homogène;
Èn Sens, les Philosophes sont tous
ce
d'accord ; bien_que les uns disent, Que
leur Matière est composée de deux choses;
& les autres de trois; Que les uns écrivent
qu'elle est de quatre, ôc même de cinq, ôc
les autres enfin,qu'elle est seule chose.
une
Ils ont tous également raison, puisque
plusieurs choses d'une même Espèce,
na-
turellement ôc intimement unies, ainsi que
,
plusieurs Eaux distilées d'herbes, ôc mêlées
ensemble, ne constituent en effet cju'une
seule ôc même choie Cc qui se fait dans
;
2i4 LE TRIOMPHE
notre Art, avec d'autant plus de fonder
ment, que les Substances, qui entrent dans
lé Composé Philosophique, diffèrent beau-
coup moins entre elles, que PEau d'Oseil-
le ne diffère de PEau de Laitue.
P YRO PHIX E.
Je n^ai rien à répliquer à'ce que vous
venez de me dire. J en comprens fort bien
]e Sens; mais il me reste un doute, fur ce
que je connois plusieurs Personnes qui font
versées dans la lecture des meilleurs Philo-
sophes ôc qui néanmoins suivent une Mé-
, contraire
tode toute au premier fondement,
que notre Auteur pose ; sçavoir, Que k
Matière Philosophique n*a besoin de quoi
que ce fòit autre, que d'être distoute ; &
2. coagulée. Car ces Personnes commen-
cent leurs Opérations par la Coagulation;
íl faut donc quils travaillent sor une Matiè-
re liquide, aux lieu d'une Pierre : Dites-
moi je vous prie, si cette voie est celte
,
de la vérité.
E u D o x E.
Votre remarque est fort judicieuse. La
plus grande partie des vrais Philosophes
est du même sentiment que celui-ci. La
Matière n'a besoin que d'être dissoute, &
ensuite coagulée; la Mixtion, la Conjon-
ction, la Fixation, la Coagulation, &au;
HERMÉTIQUE, aijr
tfes semblables Opérations , se font pres-
que d'elles mêmes : Mais la Solution est:
le grand Secret de l'Art. C'est ce Point
essentiel, que les Philosophes ne révèlent
pas. Toutes les Opérations du premier
Oeuvre, ou de la première Médecine, ne
font, à proprement parler, qu'une Solu-
tion continuelle; de sorte que Calcination,
Extraction, Sublimation, ôc Distillation nc
font qu'une véritable Solution de la Ma-
tière. Géber n'a fait comprendre la néces-
sité de la Sublimation que parce qu'elle
,
ne purifie pas feulement la Matière de ses
parties grossières ôc adustibles, mais enco-
re parce qu'elle la dispose à la Solution ,
d'où refu te l'HùnuVité Mcrcurielle, qui
estlaClefdel'Oeuvre. '
PYROPHILE.
Me voilà extrêmement fortifié contre
ces prétendus Philosophes , qui sont d'un
sentiment contraire à cet Auteur ; & je ne
sçai comment ils peuvent s'imaginer que
leur opinion quadre fort juste
avec les meil-
leurs Auteurs.
EUD OXB.
.
Celui-ci tout seul suffit pour leur faire
voir leur erreur; il s'expliaue par
une com-
paraison très-juste de la Glace, qui se fond
ila moindre chaleur
; pour nous fajrc con-
2i6 ' LE TRIOMPHB
noître, Que la principale des Opératiom
3- est de procurer la Solution d'une Matière
dure &sèche, aprochant de la nature de la
Pierre, laquelle toutes-fois, par Paction
du feu naturel, doit se résoudre en Eau~
sèche, aussi facilement, que la Glace se
fond à la moindre chaleur.
P Y R O P H I LB.
Je vous serois extrêmement obligé, si
vous vouliez me dire Ce que c'est que le
4 Feu naturel. Je comprens fort bien que
cet Agent est la principale Clef de PArt.
Plusieurs Philosophes en ont exprimé la
nature par des Paraboles très-obscures;
mais je vous avoue que je n'ai encore pû
comprendre ce Mistére.
Eu D o x E.
En effet c'est le grand Mistére de l'Art,
puisque tous les autres Mistéres de cette
sublime Philosophie dépendent de Inintel-
ligence de celui-ci. Que je serois satisfait,
s'il métoit permis de vous expliquer ce
Secret fans équivoque ; mais lc ne puis fai-
re ce qu'aucun Philosophe n a crû être en
son pouvoir. Tout ce que vous pouvez
raisonnablement attendre de moi, c'est de
vous dire, que le Feu naturel. dont parle
ce Philosophe, est un Feu en puilfance,qul
ne brûle pas les mains;tnais qui fait paroître
son
HlRMETlQtT*. ÌI7
sori efficace pour peu qu'il soit excité par le
Feu extérieur.C'est donc un Feu véritable-
ment secret, que cet Auteur nomme Vtd-
ca'in Lunatique dans le Titre de son Ecrit,
Arthéphius en a fait une plus ample des-
cription qu'aucun autre Philosophe. Pon-
, voir
tanus l'a copié, ôc a fait qu'il avoit er-
ré deux cens fois ; parce qu'il ne connoif-
foit pas ce Feu, avant qu'il eût lû, ôc
compris Artéphius; Ce Feu mistérieux est
naturel, parce qu'il est d'une même nature
que la Matière Philosophique ; PArtiste
néanmoins prépare l'un & l'autre.
PYROPHILE.
Ce que vous venez de me dire augmen-
te plus ma curiosité, qu'il ne la satisfait.
Ne condamnez pas les instantes prières que
je vous fais, de vouloir m'éclaircir davan-
tage fur un point si important, qu'à moins
que d'en avoir la connoissance, c'est en
vain qu'on prétend travailler; on se trou-
ve arrêté tout court d'abord après le pre-
mier pas, qu'on a fait dans la Pratique de
l'Oeuvre.
E u D o x B.
Les Sages n'ont pas été moins reservez
touchant leur Feu, que touchant leur Ma-
tière ; de sorte qu'il n'est pas en mon pou-
voir de rien ajouter à que je viens de
IIl! ce
Tome T*
Si8 L TRIOMPHE*
B
vous en dire. Je vous renvoyé donc à Af-
téphius, ôc à Pontanus. Considérez feu-
lement avec application, que ce Feu natu-
rel t st néanmoins une artificieuse invention
de l'Artiste; qu'il est propre à calciner,
dissoudre Ôc sublimer la Pierre des Philo-
,
sophes ; ôc qu'il n'y a que cette feule sor-
te de Feu au monde, capable de produire
un pareil effet.Considérez que ce Feu est de
la nature de la Chaux,& qu'il n'est en aucu-
ne manière étrangère à Pégard du Sujet de
la Philosophie. Considérez enfin par quelí
moyens Géber enseigne de faire les Subli-
mations requises à cet Art : Pour moi,, je
ne puis faire davantage, que de faire pour
vous le même- souhait, qu'a fait un autre
Philosophe : Sydera Veneris & cornicH*
fatoe Diana tibi propitiasunto. ,
PYROPHILB»
J'aurois bien voulu que vous m'eufliez
parlé plus intelligiblement; mais puisqu'il
ya de certaines bornes, que les Philoso-
phes ne peuvent passer, je me contente de
ce que vous venez de me faire remarquer;
je relirai Artéphius avec plus d'application,
que je n'ai encore fait, ôc je me souvien-
drai fort bien que vous m'avez dit, Que
le Feu secret des Sages est un Feu, que
J'Artiste prépare selon l'Art, ou du moins,
cju'il peut faire préparer par ceux qui ont
Hëïvft'B^ìQTjifí aí$
tìhe parfaite connoissance de la Ghinlie:
Que ce Féu n'est pas áctuelertient chaûdi,
mais qu'il est un Esprit igné, iiitrOrluit dans
un Sujétd'uhè;rnême nature que la Pierre >
Sc Qú'e'tànt médiocrement excitépar le Fèú
«xtériéiìr, la Calciné, la dissout, la sublimé,
& la résout en Eau sèche ainsi que lê dit.
le Cosmopolite. '•
,
:
.;!:,:-.•f
,r.i:..;';l/l UD.OX E.,
.
f ' - .
-' Vous Comprenez fort bien cè duè jej
vìèn's de vous dire'; j'en juge par lé Com^
mentaire que yóús,y ajòûtcz* Sçáchez'
feulement que de cette première Soltitiòn,
Câlçihatioïi, òu' Stíblíhiatiòrí tìui so'h.t \c\
ûhe mêmechdse, il én résulté la 'Sépara^
y
PíY'ROkRm;Iv«i
Me yoilà entièrement satisfait furie pçtrt-
típaPpoint
, dii préûsiéY OeuvVè'l'Faitá-
*2o t*B TRIOMPHÇ
moi la; grâce de me dire si la comparaison\
S- qup noire Auteur sait du Froment avec la
Pjerrfi.djes .Philosophes, à Pégard de leur
'préparation nécessaire, pour taire du Pain
avec l'un, ôc la Médecine Universelle avec
Pautre, vous paroît une comparaison bien
juste*
EUDOXE,
Else est autant juste qu'on puiíîè en faire,
p on considère la Pierre en 1 état, où l'Ar-
tiste commence de la mettre, pour pou*
yoir être ligitimement appellée le Sujet, ôc
& lc Composé Philosophique : Car tout
de même que, nous ne nous nourrissons pas
de bled, tel que ja Nature lc produit;
mais que nous sommes obligez de le rédui-
re en farine, d'en (iéparer le son, de la pé»
rir avec de Peau, pour en former le Pain,
qui doit être cuitdans un four, pour être
ym, aliment convenable : E>e même nous
prenons la Jfierre j>
nojjsla triturons, ; nous
C9
séparons par le Feu secret,
ce qu'île a
ije #tt$fê >ypom }& sublímçrçs ; nqus la
dissojypns àye^l Ça)j cjela Mer dcsiSages;
oous cuisons cettp simple Confection, pou,t
çn faire une Médecine souveraine;
PY^ÓPHÏÌíE>
\ Pçrmcttçz-mpi dç voiïi djr<ç «ju'il me p,
Çóít
HB R » E t i U ».'
0J
dûelque différence dans
'22" J|
cette com-
paraiíon. L'auteur dit qu'il faut prendre
ce Minéral toùt seul, popr faire cettf
grande Médecine, Ôc cependant, avec da
bled tout seul, nous ne içàuTioris faire du
Pain; il y faut ajouter de Peau ôc rnênrid
du levain.
B u x o D ».
Vous avez dèja la réponse á cetM
Objection, cn ce que ce Philosophe
*
comme tous les autres, ne deffend pas ab*
solumçntdenérien ajouter; mais bien cid
rien ajouter qui soit étranger & contraire,
L'eau qu'on ajoute à la farine, ainsi que
le levain, né sont rien d'étranger ni de
Contraire à la farine ; lc Grain,dont elle est
faite, a été nourri d'eau dans lá terre ; Ô£
rrtant 'elle est d'une nature analogue aved
farine : De même que Peau de la Mer
des Philosophes est de fa même nature que?
nôtre Pierre ; d'autant que tout Ce qui est
compris sous le Genre Minéral ôc Métal-
lique; a été formé ôc nourri de cette mé>
me'Eau dánsles entrailles dé la Terre
*
où çllë pénétre avec les influencés des As-
tres. Vous vòyez évidemment, parce que*
je viens de dire, que les Philosophes né
se contredisent point, lórsqc/ik disent que}
leur Matière est
une seule ôc même Subs"
tance, ôc lorsqu'ils en parlent comme d'un"
Tiij
£22 LB TRI OM?RE
Çppiposé de plusieurs Substances d'une;
^\pôi^mfiÇ^çt)t .,,«.., J
>"'• ,! 'PY'KO'P'H ì'jji:
Je «je cjoi&pa,? qu^il yaiti fflrfonno quf
BS ^ojyes4tre convaincu perdes;raisons
aussi solides que celles
, que vous venez
d'alléguer. Mais dites moi s'il vous
, - ,
plaît, si je me trompe, dáns la conséquen-
ce °cue:ié;tirç-0*3 W Çncjfpit de.notre Au*
6. tcur\ où ijjdil[., que Ç/px, qui fervent de
quellje tnaní^ o% dòit\rqHe,r les Métanx;
<& If Minéraux-y)
s, pourront arriver droit
ctfi.í//; qtfilsjttpxopQftni* $[ cçla est ainsi,
il ess^eyident qu'orné doit chercher U
Ratière, de le Sujet de í'Art, tjue cjaos
laFarrulle des Métaux, & des Minéraux
»
& que, tpus ceux qui trayajllent fur d'au-»
tres Sujets,, jonjdansJawpie'4ePerreur,
f Eu t> ó.'x E. ; :-
*;
Jfe.yousréponds que votreconsè^uenr
ce,iéiì sort bien^tjreV : Çot PJtiijplophç
nfç# pas le^seul.^qui parl^ démette, fòjte j
jí .^aqCQr^éiienjccìa,,a,ve,Cí[\et,plus, grand
qo'mjbjre í^es >An'$Ì£v£^&t-<W .Modqrnes.
<3ebery >,qui,a sçCvp4rfaitqn\ent lp M.agisté*
10.,c^'quin'a.usod'a.uçuneAllégorie, ne
irait^dans toute ; fa? Somme ), que des
M&a.ux,, ôc des Minéraux ; des Corps
& 4c§ JSsprltf:y &Á& la/ maji^r© de k%
ÍÍERtóETIQUB. 22J
m'en préparer, pour en faire POcuvre :
Mais comme la Matière Philosophique
est en partie Corps, ôc cn partie Esprit ;
qu'en un sens elle est Terrestre, ôc quien
l'autre elle est toute Céleste ; ôc que certains
Auteurs la considèrent en un sens, Ôc les
autres en traînent en un autre ; cela a
donné lieu à l'erreur d'un grand nombre
d'Artistes qui fous le nom d'Univerfa-
,
lístes, rejettent toute Matière qui a reçu
une détermination de la Nature ; parce
qu'ils ne sçavent pas détruire Ia Matière
Í>articuliere, pour en séparer le Grain ôc
e Germe qui est la pure Substance Uni-
,
verselle que la Matière particulière ren-
,
ferme dans son sein ct à laquelle l'Arr
,
tiste sage ôc éclairé, sçait rendre absolu**
ment toute PUniverfalité qui lui est né-
cessaire par la Conjonction naturelle
,
qu'il fait de ce Germe avec Ia Matière
Universalissime, de laquelle il a tiré son
origine. Ne vous effrayez pas à ces ex-
pressions singulières ; notre Art est Caba*
listique. Vous comprendrez aisément
ces
Mistéres, avant que vous soyez arrivé à
la fin des questions, que avéz dessein
vous
de me faire, fur l'Auteur
que vous éxaf
rainez.
FYROPHIIÏ.
' Si vous ne" me donniez cette ésoératp*
T.... L
324 LB TRIOMPHE
ce, je vous proteste que ces mistérieuscs
obscurités seroient capables de me rebu-
ter, Ôc de me faire désespérer d'un bon
succès: mais je prends une entière con-
fiance en ce que vous me dites ôc ie
,
comprens fort bien que les Métaux du
vulgaire ne font pas les Métaux des Phi-
losophes ; puisque je vois évidemment que
pour être tels il faut qu'ils soient dé-
,
truits, ôc qu'ils cessent d'être Métaux ;&
que le Sage n'a besoin que de cette Hu-
midité visqueuse qui est leur Matière
,
première de laquelle les Philosophes
,
font leurs Métaux vivants, par un artifi-
ce , qui est aussi secret qu'il est fondé
,
furies Principes de la Nature: N'est-ce
pas là votre pensée f
E U D O X B.
Si.vous sçavez aussi bien les Loix de
la Pratique de POeuvre que vous me
,
paroissez en comprendre la Théorie ; vous
n'avez pas besoin de mes éclaircisse mens.
PYROPHIIB.
Je vous demande pardon. Je fuis bien
éloigné d'être aussi avancé que vous vous
l'imagincz ; ce que vous croyez être un
«fret d'une parfaite connoissance de PArt,
n'est qu'une facilité d'expression qui ne
,
vient,que de la lecture des Auteurs, dont
HERMBTIO.UB. 22 f
j'ai Ia mémoire remplie. Je suis au con-
traire tout prêt à désespérer de posséder
jamais de si hautes Connoissances, lors-
que je vois quecc Philosophe veut, com-
me plusieurs autres que celui qui aspire
,
à cette Science, Connoijse extérieurement 7-
if intérieurement les Propriétés de toutes
choses, & au*Hpénétre dans la profondeur
des Opérations de la Nature. Dites-moi,
s'il vous plaît, qui est l'Homme qui peut
se flatter de parvenir à un sçavoir d'une fi
.vaste étendue f
E U D O X B.
II est vrai que ce Philosophe ne met
point de bornes au sçavoir de celui qui
prétend à Pintelligence d'un Art si mer-
veilleux : Car le Sage doit parfaitement
connoître la Nature en général, ôc les
Opérations qu'elle exerce tant dans le
,
Centre de la Terre en la génération de»
,
Minéraux, ôc des Métaux que fur la
,
Terre, en la production des Végétaux
y
lc des Animaux. II doit connoître aussi la
Matière Universelle, ôc la Matière Parti-
culière de immédiate sor laquelle la Na-
,
ture opère pour la génération- de.tou9
les Estres. II doit connoître enfin le
rap-
port ôc la fympatie, ainsi que Pantipatie
& l'aversion naturelle, qui se rencontrer
entre toutes les choses du Monde. Telia
226 LE TRIOMPHE
étoit la Science du Grand Hermès, ôc des
premiers Philosophes qui, comme lui,
,
sont parvenus à la connoissance de cette
sublime Philosophie, par la pénétration
de leur Esprit, ôc par la force de leurs
Raisonnemens. Mais depuis que cette
Science a été écrite, Ôc que la connois-
sance générale, dont je viens de donner
une idée, se trouve dans les bons Livres;
la lecture ôc la méditation le bon Sens
,
# une suffisante Pratique de la Chymie,
peuvent donner presque toutes les Lu*
mieres nécessaires, pour acquérir la con*
noissance de cette suprême Philosophie;
$ vous y ajoutez la droiture du coeur
ÔC de l'intention qui attirent la bénédi-
, Opérations du Sage
ction du Ciel sor les ?
|an§ quoi il est impossible de réussir.
P Y R O P H I L E.
Vous me donnez une joie très - sen^
fible. J'ai beaucoup lû ; j?ai médité en-
core d'avantage; je me sois exercé dans
U Pratique de la Chimie; j'ai vérifié le
dire d'Artéphius qui assure Queceltù-là
connoît la ,
Gomposniondes Métaux
ne pas y
'qui ignore comment il les faut détruire, &
fans çettq destruction il est imposlìblo
,
d'extrairePHumíditéMétallique, qui est
la véritable Clef dç PArt ; de forte que je
guis m'afíurefc d'avoir acquis, la plus gran?
HBRMBTI0.UE. 22J
c]epartie des qualités qui, selon vous,
,
font requises en-celui qui aspire à ces
grandes Çonnoissànces. J'ai de plus un
avantage bien particulier, c'est la bonté
qge vous ayez de vouloir bien me faire
part de vos lumières, cn éclaircissant mes
doutes ; permettez-moy donc de conti-i
nuer, ôc de vous demander, fur quel
fondement l'Or fait un si grand outrage
à la Pierre jles Philosophes Pappellant &.
?
un, Vers yenwieux, & la. \rqitajit d'enne*.
ìsttedes Hommes, &de,s Métaux?
Eu DO X B.
Ces expressions ne doivent pas vous
paroître étranges. Les Philosophes me-»
ines appellent leur Pierre,, Dragon, &
Serpent, qui infefle toutes choses par fin,
xtnin. Sa substance en effet Ôc fa Vapeur
(ont un Poison que le philosophe doit
,
(çavoir changer en Thériaque, par. la pré-
paration, # jpar la cuisson. La Pierre de
plus est i'Énnemie 4es Métaux., puis?
,
qu'elle les détruit, ôc les dévore. Le Cos-
mopolite dit qu'il:'-y a*un Métail, ôc un
b$W*qylest,com,me. l'Uqu des Métaux s
tyiflfe fppvjwde confitme.r les Jfî'ètjiux 5
QÌjlf(y. a q'u.e.Fìjifmide Radical du Soleil
^de/lo) ùine,y qui puiffent lui reststeu
Î^Ç^gaicse cependant, de.
ne pas con-
^TOM^Çwrre fa m$
íhllosoprifi?:,
22$ LE TRIOMPHE
la Pierre Philosophale; parce que si la pr£
miére comme un véritable Dragon, dé-
, dévore les Métaux imparfaits
truit ôc ;
,
la seconde, comme une souveraine Mé-
decine, les transmue en Métaux parfaits,
Ôc rend les parfaits plusque parfaits &
à parfaire les imparfaits. ,
propres
PYROPH I LE.
Ce aue vous me dites ne me consirme
pas seulement dans les Connoissances que
pi acquises par la lecture, par la médi-
tation ÔC par la pratique ; mais encore:
,
donne de nouvelles lumières, à i'é-
me
dat (lesquelles, je sens dissiper les ténè-
bres , sous lesquelles les plus importantes
Vérités Philosophiques m'ont paru voilées
jusqu'à présent. Aussi je conclus par les
termes de notre Auteur, Qu'il faut que
les plus grands Médecins se trompent,en
9 croyant Que la Médecine Vniverjìlle est
dans POr vulgaire. Faites-moi la grâce
de me dire ce que vous en pensez.
Eu D ox B.
II n'y a point de doute que l'Or pof*
fédéde grandes vertus, pour la conser-
vation de la santés Ôc pour la-guérison des
Í>lus dangereuses maladies. Le Cuivre,
'Etain le Plomb ôc lc Fer sont tous les
, ,
Jours utilement employez par les MéûV
HBRklETÏCìUS. :22£
ctns, de même que PArgent ; parce que
leur Solution ou Décomposition qui
, ,
frianiseste leurs propriétés, est plus facile,
que ne l'est celle de l'Or. C'est pourquoi,
plus les préparations que les Artistes or-
dinaires en font, ont de rapport aux Prin-
cipes ôc à la Pratique de notre Art ; plus
,
elles font paroître les merveilleuses vertus
de l'Or : Mais je vous dis en vérité, que-
fans la connoissance de notre Magistére,
oui seul enseigne la destruction essentiels
de l'Or, il est impossible d'en faire la
Médecine Universelle ; mais le Sage peut
h faire beaucoup plus aisément avec POr
des Philosophes qu'avec l'Or vulgaire :
,
Aulfi voyez-vous que cet Auteur fait ré-
pondre à l'Or par la Pierre, Oui doit bien
flutêt se fâcher contre Dieu dé ce qiíil ne
ht a pas donné les avantages, dont il a
kitn voulu la doiter elle feule.
PYR O P H I L E.
À cette première injure que l'Or fait
I la Pierre il en ajoute une seconde
,
faffellant Fugitive & Trompeuse qui ,
,
abufi tçus ceux qui fondent en elle quelque
io.:
espérance. Apprenez*moi, je vous prie,
comment on doit soutenir Pinnocence de
la Pierre, ôc la justifier d'une calomnie do
çette nature,
©30 LB TRIOMPHÉ
EUPOXB.
Souvenez-vous des remarques que \é
vous ai dèja fait faire touchant les trois
,
états diífërens de la Pierre ; ôc vous con-
noîtrez comme moi, qu'il faut qu'elle
soit dans son commencement toute vola-
tile ôc par conséquent fugitive pour
, ,
être dépurée dé toutes sortes de terre-
stréités, & réduite tic Pimperfcction à lá
perfection- que lé Magistére lui dónnc
clans ses autres états : C'est pourquoy
l'injure que l'Or prétend lui faire, tour<
lie à fa louange ; d'âutant que si elle n'é*.
toit volatile & fugitive dans son corftJ
mencement ,il seroit impossible de lui
dortner à lá fin lá perfection, & la fixité
qui lui font nécessaires ; de sorte que si
die trompe quelqu'un, elle ne trompd
que les Ignorans ; mais elle est toujourí
fidèle aux Enfans, de |a Science.
<
Ce c/ue*VòuS me dites est Ufie
Vérité?
PYROPHILE.
D*ou vient donc .Qu'entre cent Àrti-
,
stts il s'ehK trotwe à peine un qui travail-'
n-
,
y
U avec la Pierre, ôc quWlieu de s?atta-
chertous à: cette seule ôc unique Matié*
re, seule capable de produire de si gfam-
des merveilles, ils s appliquent ail con*
traire presque tous à des Sujets, qui n'onft
aucune des Qualités essentielles y quelea*
Philosophes attribuent à leur Pierre i í
E u D o x. E.-
.Ceîa vient
en premier lieu-de Pígno^
fence des Artistes, qui n'ont point ìiu>
fatit de connoissance qu'ils dc'vroienî
^ , rfy de cc>sellé
avoir, de la Nature,.
w? 6jablcr d'opérer e» chaihe chc$se t
V ij.:
a$6 LE TRI O M ÏHÏ
Et cn second lieu cela d'un
vient man-
,
Î[ue de pénétration d'esprit, qui fait qu'ils
e laissent aisément tromper aux expres-
sions équivoques, dont les Philosophes
se servent pour cacher aux Ignorans,
,
ôc la Matière ôc ses véritables Préparations.
Ces deux grands défauts sont cause que
ces Artistes préncnt le change, & s'at-
tachent à des Sujets, auxquels ils voyent
quelques-unes des Qualités extérieures de
la véritable Matière Philosophique, fana
faire réflexion aux caractères, essentiels,
qui la manifestent aux Sages..
PYROPHILEÌ.
Je reconnois évidemment l'erreur dé
ceux qui s'imaginent que l'Or ôc le Mer-
curé vulgaires so»t la véritable Matière des
Philosophes ;,& j'en sois fort persuadé,
voyant combien ess foible le fondement
sur lequel l'Or s'appuye pour prétendre
, Pierre,
cet avantage au dessus, de la allé-
guant en fa faveur ces. paroles d'Her-
mès Le- Soleil estson Père, & la Lutie est
14. x
sa Mère..
EUDOXE;
Ce fondement est frivole; je viens dfe
P Y R O P H I L B.
PYROPHILE.
Me voilà convaincu de cette vérité, êé
jc trouve que l'Or n'est pas excusable de
manquer de respect pour son Aînée , qui a
dans son parti les plus anciens ôc les plus
grands Philosophes. Hermès, Platon, An-
note sont dans ses intérêts. Personne n'i-
gnore qu'ils ne soient, sur cette dispute ,
des Juges irrécusables. Permettez-moi seu-
lement de faire
vous une question sur cha*
cun des passages de ces Philosophes, que>
la Pierre citez ici, leutf
a pour prouver par
'ac2 LB TRIOMPHÉ
autorité qu'elle est la seule & véritable
,
Matière des Sages.
Le passage de la Table-d'Emeraude du
grand Hermès prouve l'excellense de lá
Pierre, en cc qu'il fait voir que la Pierre
.est douée de deux natures sçavoir de
,
celle des Estres supérieurs, 8c de celle des
Estres inférieurs $ 8c que ces deux natu-
res , toutes semblables, ont une feule &
même origine : De sorte que nous devons
conclure qu'étant parfaitement unies en
,
la Pierre elles composent un tiers Elire
,
d'une vertu inéfable : 'Mais je ne sçai si
vous serez de mon sentiment, touchant la
Traduction de ce passage & le Commen-
taire d'Hortulanus. On lit après ces mots :
*;
,
Çe qui est en bas est comme ce qui est eif
haut s & ce qui est en haut est comme ce qui
est en bas. On lit ( dis-je ) pour faire les
Miracles d'une feule enofe. Pour moi, je
trouve que l'Original Latin a tout un autre
sens : Carie jQuibus, qui fait la liaison des
dernières paroles avec les précédentes,
veut dire que par ces choses ( c'est à dire
par l'union de ces deux Natures ) on fait
les Miracles d'une feule chose. Le pour,
dont le Traducteur \ 8c le Commentateur
se sont servis détruit le sens 8c la raison
,
d'un paslàge, qui est de lui-même fort ju-
ste & fort intelligible. Dites-moi s'il
, ,
.yous plait, si ma remarque est bien fondée.
HERMÉTIQUE. 2J$
Eu D o x E.
Non seulement votre remarque est fort
juste ; mais encore elle est très-importante.
Je vous avoue que je n'y avois jamais fait
réflexion j vous faites en ceci mentir le
Proverbe, vu que le Disciple s'élève au
dessus du Maître. Mais, comme j'avois lû
laTable-d'Emeraude plus souvent en La-
tin qu'en François, le défaut de la Tra-
,
duction 8c du Commen'-iire ne m'avoit
point causé d'obscurité, comme elle peut
faire à ceux, qui ne lisent qu'en François
ce Sommaire de la sublime Philosophie
d'Hermès. En effet la Nature supérieure,
& la Nature inférieure ne sont pas sem-
blables, pour opérer des Miracles mais
>
c'est parce qu'elles sont semblables, qu'on
peut par elles faire les Miracles d'une feule
chose. VOUS voyez donc que je suis tout
ft fait de votre sentiment.
PYROPHIÊP,
Je me fçai bon gré de ma remarque :
Sedoutois qu'elle pût mériter votre appro-
bation ; & je m'aslure après cela, que les
Enfans de la Science me fçauront aussi
quelque gré d'avoir tiré de vous fur ce
lujèt un éclaircissement, qui satisfera fans
doute les Disciples du grand Hermès. On
pe doute pas (jue le (cayant Aristote n'ait
2f4 k B TRIOMPHE
parfaitement connu le grand Art. Ce qu'il
en a écrit, en est une preuve certaine :
aussi dans cette dispute la Pierre sçait se
prévaloir de l'autorité de ce grand Philo-
sophe, par un passage qui contient ses
plus singulières & plus surprenantes quali-
tés. Ayez, s'il vous plaît la bonté de me
dire comment vous entendez celles-ci:
26. Elle s'épouse elle même 5 elle s'engrojfe tilt
même 5 elle naît d'elle même.
E u D 0 x E.
La Pierre s*épouse elle même ; en ce que
dans fa première génération, c'est la Na-
ture seule, aidée par l'Art, qui fait la par-
faite union des deux Substances, qui lui
donne l'Estre, de laquelle résulte en mê-
me temps la dépuration essentielle du Souf-
fre 8c du Mercure Métalliques. Union Si
épousailles si naturelles que l'Artille,
,
qui y prête la main, en y apportant les dis-
positions requises, ne fçauroit en faire une
démonstration par les Régies de l'Art;
puis qu'il nesçauroit mêrrie bien compren-
dre le Mistére de cette union.
La Pierte s'engrojfe elle même ; lors que
l'Art, continuant d'aider la Nature par des
moyens tout naturels , met la Pierre dans
la disposition qui lui convient, pour s'im-
prégner elle même de la Semence Astralei
qui la rend féconde, 8i multiplicative de,
son Espèce,
HERMÉTIQUE. 2f$
La Pierre naît d'elle même > parce qu'a-
près s'être épousée 8i engrossée elle-
,
même l'Art ne faisant autre chose que
,
d'aider la Nature, par la continuation d'u-
ne chaleur nécessaire à la génération, elle
prend une nouvelle naissance d'elle-même,
tout de même que le Phénix renaît de ses
cendres : Elle devient le Fils du Soleil, la
Médecine Universelle de tout ce qui a vie,
& 1c véritable Or vivant des Philosophes,
qui par la continuation du secours de l'Art,
& du ministère de l'Artiste acquiert en
,
peu de tems le Diadème Royal, & la
puissance souveraine sur tous ses Frères.
PYROPHILE.
Je conçois fort bien, que fur ces mê-
mes Principes, il n'est pas difficile de com-
prendre toutes les autres Qualités, qu'A-
ristote attribue à la Pierre comme de se
,
tiitr elle-même} de reprendre vie d'elle mê-
me > de se résoudre cPelle même dans son pro-
pt'sang, defì coaguler de nouveau avec
foi, & d'acquérir enfin toutes les proprié-
tés de la Pierre Philosophale. Je ne trou-
ve même plus de difficultésaprès cela dans
le passage de Platon. Je
vous prie toutes-
fois de vouloir bien dire
me ce que cet
Ancien entend, qui l'ont
avec tous ceux
foivi sçavoir yQue la Pierre Corps,
>
n un 27;
ctç6 LE TRIOMPHE
une Ame, & un Esprit, &que toutes cho-
ses sònt tstllc t par elle, & en elle.
E u D o x E.
Platon auroit dû, dans l'ordrc naturel,
passer devant Aristote, qui étoit son Dis-
ciple ,'8i duquel il est vrai-semblable qu'il
avoit apris la Philosophie sécrète dont il
,
vouloitbienqu'Alexandre le Grand le crût
parfaitement instruit, si on en juge par
quelques endroits des Ecrits de ce Philo-
sophe ; mais cet ordre est peu important,
ôc si vous examinez bien le passage de Pla-
ton , 8c celuy d'Aristote vous ne les
,
trouverez pas beaucoup différens dans le
sens. Pour satisfaire néanmoins à la de-
mande que vous me faites, je vous dirai
feulement que la Pierre a un Corps, puis-
qu'elle est, ainsi que je vous l'ai dit ci-de-
vant , une Substance toute Métallique, qui
lui donne le poids : Qu'elle a une Ame
,
qui est la plus pureSubstance des Elémens,
dans laquelle consiste fa fixité, & fa per-
mánance : Qu'elle a un Esprit , qui fait
Punion de l'Ame avec le Corps : II lui
vient particulièrement de l'influence des
^Aslres^&il est le véhicule des Teintures.
iV.ous n'aurez pas iìon plus beaucoup de
peine à concevoir, que toutes choses font
d'elle, par elle » & en elle i puisque vous
avez deja vû que la Pierre n est pas feule-
ment
HERMÉTIQUE. 25*7
mcntla première Matière de tous les Estres,
contenus sous le Genre Minéral, 8c Mé-
tallique ; mais encore qu'elle est unie à la
Matière Universelle, dont toutes choses-
ont pris naissance ; Si c'est là le fondement
des derniers attributs, que Platon donne-
à la Pierre.
P Y R O PHI LE.
Comme je vois que la Pierre ne s'attrî-
buë pas seulement les Propriétés Univer-
selles mais qu'elle prétend aussi Que le í*&
,
succès que quelques Artistes
,
dans
ont eu cer-
tains Procedèsparticulierr,soit uniquement?
vtmt d'elle > Je vous avoue que j'ai quel-
que peine à comprendre- comment cela
s'est pû faire.
EUD O X Br
Ce Philosophe l'explique toutes-- foss
iffez clairement. 11 die
que quelques Arti-
stes, qui ont
connu imparfaitement laPier*
îc,3c qui n'ont sçû qu'une partie de l'Oeu-
vn, ayant cependant travaillé avec la Pier*
*c-j & trouvé le moyen d'en séparer soni
Esprit, qui contient sa Teinture sont
, ve-
nus à bout oVen communiquer quclquess
parties à des Métaux imparfaits qui onC
,
affinité
avec la Pierre ; mais que pour n'a«
voir pas connoissançc entière de-ses*
eu une
yertus, ni de la maniéré de travailler avec:
Tome IU+ *Y
j2y8 LE TR IO M PHB
elle, leur travail ne leur a pas apporté une
grande utilité ; outre que le nombre de
ces Artistes est assurément très-petit.
PYROPHI L B.
Jl est naturel de conclure par ce que
vous venez de mè dire, qu'il y a des Per-
sonnes qui ont la Pierre entre les mains,
fans connoître toutes ses vertus, ou bien,
s'ils les connoissent, ils ne sçavent pas
comment on doit travailler avec elle, pour
réussir dans le grand Oeuvre, & cjue cette
ignorance est cause que leur travail n'a au-
cun succès. Je vous prie de me dire si cela
est ainsi,
E u D o x B.
Sans doute, plusieurs Artistes ont la
Pierre en leur possession ; les uns la mé-
prisent comme une chose vile ', les au-
,
tres l'admirent,' à cause des caractères en
quelque façon surnaturels, qu'elle apporte
en naissant, fans connoitre cependant tout
ce qu'elle II
vaut. y en a enfin qui n'igno-
rent pas, quel est le véritable Sujet de
la Philosophie ; mais les Opérations que
les Enfans de l'Art doivent faire fur ce
noble Sujet, leur sont entièrement incon-
nues ; par ce que les Livres ne les ensei-
&
gnent pas, que tous les Philosophes ca-
chent cet Art admirable >t qui convertit U
HERMÉTIQUE. Q f?
Pierre en Mercure des Philosophes, 8c qui
aprend à faire de ce Mercure la Pierre
Philosophale. Cette première Pratique est
l'Ocuvre secret, touchant lequel les Sages
ne s'énoncent que par des Allégories, 8c
par des Enigmes impénétrables, *JU bien
ils n'en parlent point du tout. C'est là,
comme j'ai dit, la grande Pierre d'acho-
pement, contre laquelle presque tous les
Artistes trébuchent.
PïROPHILB.
Heureux ceux qui possèdent ces gran-
des Connoissances 1 Pour moi, je ne puis-
me flatter d'être arrivé à ce point ; je ne
fuis qu'en peine de sçavoir comment jc
pourrai assez vous remercier de m'avoir
donné tous les éclaircisicmens, que je pou-
vois raisonnablement souhaiter de vous
?
fur les endroits les plus essentiels de çeteer
Philosophie, ainsi que sur tous les autres,
touchant lesquels vous avez bien voulus
répondre à mes questions. Je vous prie-
instamment de
ne pas vous lasser, j'en ay
>
encore quelques-unes à vous faire ; qui me
paraissent d'une très-grande conséquence.
Ce Philosophe aílîire quel'erreurdeceux
qui ont travaillé
avec la Pierre
, Si qui n'y
ont pas réussi, est venue de ce qu'ils n'ont 2$*
pas connu l'origine dïoù viennent les Temr
'«rw.Sila Source de cette FontainePhi»
a6o LE TRIOMPHE
losophiquc est si sécrète 8i si distìcilc à
,
découvrir j il est constant qiM y a bien des
Gens trompez ; car ils croyent tous géné-
ralement que les Métaux, & les Minéraux,
& particulièrement l'Or, contiennent dans
leur Centre cette Teinture capable de
,
transmuer les Métaux imparfaits.
Eu D ox E.
Cette Source d'Eau vivifiante est devant
les yeux de tout le monde, dit le Cosmopo-
lite & peu de Gens la ccnnoijfent. L'Or,
,
PArgent, les Métaux & les Minéraux
,
«e contiennent point une Teinture multi-
plicative jusqu'à l'infini ; il n'y a que les
Métaux vivants des Philosophes qui
de ,
ayent obtenu de l'Art 8c la Nature,
cette faculté multiplicative : Mais ausiì,
il n'y a que ceux qui sont parfaitement éclai-
rez dass les Mistéres Philosophiques, qui
connoissent la véritable origine des Tein-
tures. Vous n'êtes pas du nombre de ceux
qui ignorent, où les Philosophes puisent
leurs Trésors fans crainte d'en tarir la
,
Source. Je vous ai dit clairement, & fans
ambiguïté que le Ciel & les Astres,
,
mais particulièrement le Soleil 8c la Lune,
sont le Principe de cette Fontaine d^au
vive, seule propre à opérer toutes les mer-
veilles que vous sçavez. C'est ce qui fait
dire au Cosmopolite dans son Enigme,
HERMÉTIQUE* 16%
3ue dans l'Ifle délicieuse , dont il fait la.
escription, il n'y avoit point d'eau ; que
toute celle qu'on s'essorçoit d'y faire ve-
nir par machines, & par artifices, (toit
,
ou inutile, ou empoisonnée, excepté celle
%
PYROPHILE.
Que je vous ai d'obligations, de vou»
loir bien me révéler de si grands Mistéres*
à la connoiífance desquels je pouvois
ne
jamais espérer de parvenir, sains le secours
de vos lumières ! Mais puisque
vous trou*-
vez bon que je continue, permettez-moi)
s il vous plaît, de vous dire, que je n'avois
point vû. jusqu'ici
un Philosophe, qui eút
austi précisément déclaré
que fait celui-
ci » qu'il fàlloit donner une Femme à 1%
2 6*2 LB TRIOMPHE
30. Pierre, la faisant parler de cette sorte. Si
ces Artistes avoient porté leur recherche plus
loin, Ù* qu'ils eujfent examiné quelle est la
Femme, qui m'est propre s qu'ils l'eitjsem
cherchée, & qu'ils m'eùsfent unie à elle;
c'est alors que j'aurois píì teindre mille-fois
davantage. Bien que je m'apperçoive en
général que ce pasiage a une entière rela-
tion avec le précédent ; je vous avoue
néanmoins que cette expression d'une
,
Femme convenable à la Pierre, ne lailse
pas de m'cmbarrasser.
Eu Do x E;
C'est beaucoup cependant, que vous
Connoissiez dèja de vous-même, que cc
passage a de la connexité avec celui que
je viens de vous expliquer ; c'cst-à-dire,
que vous jugez bien, que la Femme qui
est propre a la Pierre, 8c qui doit lui être
unie, est cette Fontaine d Eau vive, dont
la Source toute Céleste, qui a particuliè-
rement son Centre dans le Soleil, & djns
la Lune, produit ce clair 8c précieux Ruis-
seau des Sages, qui coule dans la Mer des
Philosophes laquelle environne tout lc
,
Monde ; ce n'est pas fans fondement, que
cette divine Fontaine est appellée par cet
Auteur la Femme de la Pierre ; quelques-
uns Pont représentée sous la forme d'une
Nymple Céleste ; quelques autres lui COQ-
HERMÉTIQUE. 26$
nent le nom de la chaste Diane dont la
,
pureté 8c la virginité n'est point souillée
par le lien spirituel qui Punit à la Pierre ;
«n un mot, cette Conjonction magnétique
est le Mariage magique du Ciel avec la
Terre dont quelques Philosophes ont
,
parlé j de sorte que la Source féconde da
la Teinture Phisique, qui opère de si gran-
des merveilles, prend naissance de ectto
union conjugale toute mistérieuse.
PYROPHILE.
Je ressens avec une satisfaction indici-
ble tout l'eflèt des lumières, dont vous
me faites part; 8c puisque nous sommes
fur ce point, permettez-moi, je vous prie
*
de vous faire une question qui pour être
,
hors du Texte de cet Auteur, ne lailîò
pas d'être essentielle à ce sujet. Je vous
supplie de me dire, si lc Mariage magique
du Ciel avec la Terre, se peut faire
en tout
temps ; ou s'il y a des Saisons dans l'an-
née, qui soient plus convenables les unes
?ue les autres, à célébrer ces Nopces
hilosophiques.
E U D O X E.
J'en fuis venu trop avant, pour vous
refuser
un éclaircissement si nécessaire , 86
si raisohnrble. Plusieurs Philosophes
on*
swqué la Saison de l'année, qui eít la plu$
ù.6q LE TRIOMPHE"
propre à cette Opération. Les uns n'en
ont point-fait de mistére ; les autres plus
,•
réservez, ne se sont expliquez fur ce point
que par des Paraboles. Les premiers ont
nommé le mois de Mars, & le Printemps.
Zachaire, 8c quelques autres Philosophes
disent, qu'ils commencèrent l'Oeuvrc à
Pâques, 8c qu'ils la finirent heureusement
dans le cours de l'année. Les autres se con-
tentent de représenter le Jardin des Hef-
pérides émaillé de sieurs 8c particulière-
,
ment de Violettes 8c de Hyacinthes, qui
sont les premières productions du Prin-
temps. Le Cosmopolite, plus ingénieur
que les autres pour indiquer que la Sai-
,
son la plus propre au travail Philosophi-
que , est celle dans laquelle tous les Estres
vivans, sentitifs, & végétables, pjroissent
animez d'un feu nouveau, qui les porte
réciproquement à l'amour, 8c à la multi-
plication de leur Espèce; dit que Vénus tf
ta Déesse de cette Iste charmante, dans la-
quelle il vit à découvert tous les Miiléres
de la Nature : mais pour marquer plus pré-
cisément cette Saison, il dit qu'on voyoit
paître dans la prairie dés Béliers & da
,
sTauraux, avec deux jeunes Bergers, ex-
primant clairement dans cette spirituelle
Allégorie, les trois moisduPrintems, paf
les trois Signes Célestes qui leur répon-
dent Arits TamttSf & Gemini.
> | VïROîHlLU
TÍEMET IQUE.v atf$A
P Y R O Î'HJI E.
Je suis ravi dç ces interprétations. Cclix
qùVíont; plu'sj.^airçZ; je
que ne fuis dájis :
.
Z IÌIJ
2J2 LBTIÌYOMPHS
lieu de dire des choses si 'singulières, ne
trouvez pas maúvaìs, jèvçtìs prié,'que je
continue.Je'me fúis'tóujóùrs persuadé que
la Pierre des Philosophes est une Substan-
ce réelle qui tombe sous, les S,ens j ce-
,
"{fendant", jeí vois queriéët ^u'tèúf asiïïre le
n •
contraire, 'en disaiif:V Noire Piejre est invi*
stblé. Je Vòiis âiîùVe que quelque bonne
1
: o'pínion
que j'àye de cè Philosophe, il me
permettra de n'être pas de sotì sentiment
sur'cepoint. '
v. ::*' '!•' i '-" O t
'
í. '!:VOV;' s
;
fîiKiï>»0.
: \ '
l'o.VíXj'../ u.. .
[
Xl?«-.':) .-ì'':l
''[
;' '
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ft1??.. >
.uì-.i.r: 1--'
P Y R O P H I.LE.
;, ..
s
L * :;:
•'•
-«•:
•:
íl faúdroit
: •
que n'eusse ni je
esprit
<
ni
»
pour ne pas tomber d'accord d'une
.raison,
vérité, que vous me faites toucher au
doit en dévçlopant même temps-
me en
k sens le plgs cachexie plus m.istérieux
»
S74 ^E ti o'«ri> us
R
des Ecritures- Philosophiques. Je me trou*,
ve si éclaire'
par tout ce que vous me
dites, qu'il,me semble que les Auteurs
les plus abstraits n'auront plus d'obscuri-
té pour moi : Je vous íerai cependant
fort obligé, si vous voulez Bien me dire
votre sentiment, touchant la proposition,
que <et Auteur avance, Qu'il n'est pas
34- possible d?acquérir la pofejpon du Mercure
Philosophique autrement, que par le moyen
de deux' Corps, dom l'un ne peut recevoir
la perfectionfans l'autre. Ce passage me
paroít si positif & si précis, que je ne dou»
te pas qu'il ne soit fondamental dans la*
Pratique de l'Oeuvre.
EVDOXÏK
ïlVyen a pasaflurémènide plus foní
dament'al, puisque ce Philosophe-vous-
tpartnje en cet endroit, comment fè forme
la Pierre fur laquelle toute notre Phi-
r
losophie estfondèei JÊn effet ynotre Mer-
cure, ou notre Pierre,prendnaissanec de
deux Corps î'Rerhaíquez cependant que
ce n'est pas le mélange de deux Corps
qui produit notre Mercure, ou notre Pier-
re :Car vous venez de voir, que les Corps
sont contraires, & qu'il ne s'enpeut faire
une parfaite union : Mais notre Pierre naît
au contraire de la destruction de deux-
HERMÉTIQUE. 27 c*
Corps lesquels agissant l'un fur l'autre
, ,
comme le Mâle 8c la Femelle, ou comme
le Corps 8c l'Esorit, d'une manière autant
naturelle, qu'elle est incompréhensible à
Y Artiste, qui y prête le secours nécessai-
P Y R O PHI LE.
N Vous me rendez íí intelligibles & si pal*
pables ces soblimes vérités, toutes abstrai-
tes qu'elles sont, que je les conçois preÊ
Îue ausli évidemment, que si c'étoient des
.)émonstrations Mathématiques, Permets
\ H E R MB TIQUE; 27^
tez-moi s'il vous plaît, de vous demanf
>
der encore quelques éclaircisscmcns, afin
qu'il ne me reste plus aucun doute touchant
^interprétation de cet Auteur. J'ai fòrjt
1
•,; i ^X-ROPHIlIíE.
.
A ai)
2$k J2È\TkìôttPtìn>
tèricz sor îuU?an%sio!ndè sòWp'ropreSarig,,
qui Wfóh^MëristrÙë rjaftírél'-J fa Femme,
w/oh' Esprit tout ensemble ', 'avec lequel
il s'unit si intimement > qu?ils ne font plus,
qu'dne feule 8c même Substance.
*l:p
•V.l;
":",s PYKO^II^ -
ir; -,, . ; ,Í-. :.;!,-p >S - j
Apres tout ce que vous vehëz de me
révéler, je n'ai plus rien à vous demander
touchant l'intérpfétatiòh de cet Auteur-
Jë'cÒrnpfens sort bien tous les autres avan-
tages qu'il attribue à la Pierre , au dessus
cíe ì'Or âc du JVÍétícuré! Je conçois aufli
comment l'èxèèsdtT dépit de ces deux
Champiotisi.les porta à Joindre leurs for-
cés pouir vaincre'la Pierre par les ar-
, n'áyantyp(l|M^ furrnòntèrpaí la raison
mes,
38. 'Máis, cornméht ehtehdez-Vòus, Que la :
' '
faut re, tnfme^u'ilfàrìfestU aucuns xejlh
Eúrjotf K.\
Ignorez-vous que lígrand'Hermês dit,
<qu;eJa Pierre est là fòrce'firie de toutefor'
ie P cat elle vainçrà}tôuie cl/éJè'MtHe) &
pénétrera toute chose solide. C'est ce que
votre Philosophe dit ici eri d'autres ter-
mes , pour vous apprendre que ía puissan-
de la Pierre est íí&sana\i, ^ùé tien n'est
ce
FÇfi RMBTÍ QI|ES 2$Ç
tapablò de lui 'résister. Elle surmonte ei*
cjfet.tous les Aî&aux imparfaits, les trans-
muant en: Métaux parfaits , de telle ma-
niéré qu'il ,ne reste aucuns vestiges de ce?
,
qu'ils étòient auparavant ( i )>
PYROPHI LE.
Je compçens fort bien ces raisons; maís-
il me reste nonobstant cela un doute tou-
,
chant les Métaux parfaits; l'Or, par exem-
ple est un Áíétajl constant & parfait, que.
,
kPierre ne íçauroit engloutir.
•'
Eu; .
.'.
D O X B.
PYROPHI L'K.
Je reconnoisîe peu <îe fondement qu'il:
y avoit dans moti doute; mais à vous di-
re le vrai, il ya tantdo subtilité dáno les
moindres paroles des Philosophes que
,
vousne devez-pas trouver étrange, que
je me fois souvent arrêté fur dès choses,
qui dévoient me paroître assez intelligi-
bles d'elles mêmes* JeVai plus que dewt
demandes à;vous faire, au sujet des deux
conseils que mon Auteur.donne aux En-
fans de la Science, touchant la manière dé
procéderi 8c la sin qu'ils doivent se propo-
ser dans larechcrche de la Médecine Uni-
verselle. II leur conseille en premier lieu,
d'éguìserla pointe, dé jeur esprit; de lirç
lès Ecrits dés Sages avec prudence ; de
travailler avec exactitude 5 d'agir fans pré*
SS . cipitation dansun Oeuvre si précieux : far--
ce, dit-il ; qiïìl afin temps otdonné par U
Naturti de même que les fruits qui font
fur les Arbresi<sgrapts deratftmqur
H! fr R m K ? i <XVE. Û$Y
la Vigne porte. Je conçois fort bien l'uti-
lité de ces conseils ; mais je vous prie de:
vouloir m'expliquer, commcnt'sc doit en*
tendre cette limitation du temps.
E u DO X.B.
Vôtre Auteur vous Pexplique fuffisam*
ment par la comparaison des Fruits , que'
h Nature produit dàns le temps ordonné.
Cette comparaison est juste : La Pierre est-
un Champ » oue le Sage cultive, dàns le-
quel l'Art & la Nature ont mis la Semen*
ce, qui doit produire son Fruit ."Et corn!*
me les quatre Saisons de fonnée sont néc-
essaires à la parfaite production des Fruits-,,
lá Pierre de même
a ses Saisons-détermi*
nées. Son Hy ver, pendant lequel le Froid';
& l'Humide dominent, dans cetto Terre.
préparée,<5c ensemencée : Son Printcms,
auquel la Semence Philosophique étant:
échaufée, donne des marques de végéta- ,
tion 8c d'acroiísement: Son Eté-, pendant:
lequel son Fruit meurit, & devient
propre,
àh Multiplication : Son Automne, auquel-
«Fruit parfaitement mûr, console le Sa*
ge qui a le bonheur de le cucuìllir.
»
Pour ne vous rien laisser à désirer fur
te Sujet,je dois vous faire remarquer ici-
trois choses. La première,
que $age
le
doit imiter la Naturo dans-la Pratique de
2%& Lï TRIOMÎHÍ
l'Oeuvre ;,& comme cette savante Ou*
yriére ne peut rien produire de parfait, si
on en violente le mouvement, de mtmô
/Artiste doit laisser agir intérieurement les
Principes dt fa Matière, en lui admini-
strant extérieurement une chaleur propor-
tionnée à son exigence. La seconde, que
Ja connoilïance des quatre Saisons de
l'Oeuvre doit-être la Règle, que le Sage
doit suivre dans les distèrens Régimes du
Feu, en le proportionnant à- chacune
.selon que ta Nature le démontre, laquelle ,
F I N.
493
LETTRE
Aux vrais Disciples tfHermès, conte-
nant fix principales Clefs de la
Philosophie Sécrète.
SI j'écrivoiscette Lettre pour persua-
der la vérité de notre Philosophie à
ceux, qui s'imaginent qu'elle n'est qu'u-,
ne vaine Idée, <& un pur Paradoxe, je
soivrois l'éxemple de plusieurs Maîtres en
ce grand Art ; je tâcherois de convain-
cre de leurs erreurs ces sortes d'Esprits
,
en leur démontrant la solidité des Prin-
cipes de notre Science appuyez fur les
,
Loix, Si sor les Opérations de la Nature,
ôi je ne parlerois que légèrement de
ce
qui regarde fa Pratique Mais
: comme j'aí
un dessein tout différent, & que je n'é-
cris
que pour vous seuls, sages Disciples
d'Hermès Sc vrais Enfans de l'Art,
, mon
unique but est de vous, servir de Guide
dans une Route si difficile à suivre. Notre
Pratique
en effet est un Chemin dans des
Sables
,
où l'on doit se conduire par
l'Etoile du Nord, plutôt les Ve-
que par
stiges qu'on voit imprimez La confu-
y
sion des
traces, qu'un nombre prefqu'in-
B b iij
2P4 LE TRIOMPHE
íîpi de Personnnes laissées est si
y ont ,
grandes, 8c on y trouve tant de diffé-
rents Sentiers , qqi mènent presque tous
dans des Déserts affreux qu'il est presque
,
impossible de ne pas s'igarcr de la véritable
Voie, que les seuls Sages favorisez du
,
Ciej ont heureusement, fçft démclcr &
,
reconnoître.
Cette confusion arrête tout court les
Enfans de l'Art ; les uns dès lc commen-
cement , les autres, dans, le milieu de cette
Course Philosophique Sc quelques uns
même, forfqiífc *twtènt,.^
,
la si» dô
pénible Voyage', Sc qu.\ls commen-
ce
cent à découvrir le terme heureux de icúr
Entreprise ; mais qui ne s'apperçoivent
pas, que le peu de chemin , qui leur relie
à faire est le plus difficile. Us ignorent
,
Erìvicux de leur bonheur
que les ont creu-
sé des fosses Scdes précipices au milieu
de la Voye 8c que faute de sçavoir les
,
détours secrets , par où les Sages évitei:t
ces dangereux pièges, ils perdent malheu-
reusement tôut l'avantage qu'ils avoient
acquis ,-dans le même temps qu'ils s'ima-
ginoient avoir surmonté toutes les diffi-
cultés.
Je vous avoué* sincèrement, que la Pra«
tique de notre Art est la plus difficile cho-
se du monde non par rapport à ses Opé-
,
rations mais à regard des difficultés qu'u
,
HERMÉTIQUE. 29 s
y a de l'apprendre distinctement dans les
Livres des Philosophes : Car si d'un côté
elle estappellée avec raison un Jeu d'En-
,
fans j de l'autre elle requiert en ceux, qui
cn cherchent la vérité par leur travail Sc
hur étude une connoissance profonde
,
des Principes Sc des Opérations de la
,
Nature dans les trois Genres ; mais parti-
culièrement dans le Genre Minéral Sc Mé-
tallique. C'est un grand point de trouver
la véritable Matière, qui est le Sujet de
notre Oeuvre : II faut percer pour cela
mille voiles obscurs, dont elle a été enve-
lopée : U faut la distinguer par son propre
nom, entre un million de noms extraor-
dinaires dont les Philosophes l'ont diver-
,
sement exprimée : II en faut comprendre
toutes les propriétés, & juger de tous les
dégrés de perfection que l'Art est capa-
,
ble de lui donner : II faut connoître le
Feu secret des Sages,qui est le seul Agent,
qui peut ouvrir sublimer purifier, 8c
,
disposer la Matière à être réduite,
Eau
en :
II faut pénétrer cela jusqu'à la Sour-
pour
ce Divine de l'Eau Céleste , qui opère la
Solution, l'Anirnation & la Purification
,
de la Pierre II faut sçavoir convertir notre
:
Eau Métallique Huile incombustible
en
par l'entiére Solution du Corps, d'où elle
tire son origine ; 8c pour cet effet il faut
faire la Conversion des Elémens, la Sépa-
Bbiiij
ap6 LE TRIOMPHE
ration 8c la Réunion des trois Principes":
,
II faut apprendre comment on doit cn
faire un Mercure blanc, 8c un Mercure
citrin : 11 faut sixer ce Mercure, le nour-
rir de son propre Sang, afin qu'il se con-
vertisse en Soufre fixe des Philosophes.
Voilà quels sont les points fondamentaux
de notre Art ; le reste de l'Oeuvre se trou-
ve assez cl?irement enseigné dans les Li-
vres des Philosophes, pour n'avoir pas
besoin d'une plus ample explication.
Comme il y a trois Règnes dans la Na-
ture , il y a aussi trois Médecines en notre
Art, qui font trois Oeuvres différens dans
la Pratique & qui ne sont toutes-fois que
,
trois différens dégrés qui élèvent notre
,
Elixir à fa dernière perfection. Ces impor-
tantes Opérations des trois Oeuvres, sont
réservées sous la Clef du Secret par tous
les Philosophes, afin que les sacrés Misté-
res de notre divine Philosophie ne soient
fas révélez aux Prophanes : Mais pour
vous, qui étés les Enfans de la Science ,
8c qui pouvez entendre le langage des
Sages les «Serrures vous seront ouvertes,
,
Sc vous aurez les Clefs des précieux Tré-
sors de la Nature Sc de l'Art, si vous
,
appliquez tout votre esprit à comprendre
ce que j'ai dessein de vous dire, en ter-
mes autant intelligibles qu'il est nécessai-
,
re , pour ceux qui sont prédestinés, corn-
HERMÉTIQUE*. ap7
íiiv vous étés, à la Connoissance de ces
sublimes Mistéres. Je veux vous mettre
en main six Clefs ávec lesquelles vous
,
pourrez entrer dans le Sanctuaire de la
Philosophie en ouvrir tous les Réduits
, ,
& parvenir à l'inttíligence des Vérités les
plus cachées.
PREMIÈRE CLBF.
La première Clef, est celle qui ouvre
les Prisons obscures dans lesquelles le
,
Soufre est renfermé ; c'est elle qui sçait ex-
traire la Semence du Corps, Si qui forme
la Pierre des Philosophes, par la Conjon-
ction du Mâle avec la Femelle j de PEsprit
avec le Qorps j du Soufre avec le Mer-
cure. Hermès a manifestement démontré
l'Opération de cette première Clef par
ces paroles. De Cavernis Metallorum oc-
cuhus est, qui Lapis efì venerabilis, colore
fplendidus, mens fublimis, & mare pa-
ïens : Cette Pierre a un brillant éclat : elle
contient un Esprit d'une origine sublime :
Elle est la Mer des Sages dans, laquelle
,
ils pêchent leur mistérieux Poisson. Le mê-
me Philosophe marque encore plus parti-
culièrement la naissance de cette admira-
ble Pierre, lorsqu'il dit Rex ab igné
: ve-
r,'tt, ac conjugiogawlebit, & occulta pa-
ttbuut. C'est Roi couronné de gloire
un ,
<iiui prend naissance dans 1c Feu, qui se
ap8 LE TRIOMPHE
plaît à l'union de l'Epouse, qui lui est don-»
née : C'est cette union qui rend manifeste
ce qui étoit auparavant caché.
Mais avant que de passer outre, j'ai un
conseil à vous donner qui ne vous fera
,
pas d'un petit avantage : C'est de faire
réflexion que les Opérations de chacun-
des trois Oeuvres, ayant beaucoup d'à*
nalogie, Sc de rapport les uns aux au-
tres , les Philosophes en parlent à dessein
en termes équivoques , afin que ceux qui
n'ont pas des yeux de Lincée, prenent le
change «5c le perdent dans ce Labirin-
,
the, duquel il est bien difficile de sortir.
En effet, lorsqu'on s'imagine qu'ils par-
lent d'un Oeuvre ils traittetjt souvent
,
d'un autre : Prenez donc garde de ne pas
vous y laisser tromper ; car c'est une vé-
rité que dans chaque Oeuvre le sage
,
Artiste doit dissoudre le Corps avec l'Es«
prit ; il doit couper la tête du Corbeau ,
blanchir le noir Sc rougir le blanc ; c'est
toutes-fois proprement dans la première
Opération que le sage Artiste coupe la
,
tête au noir Dragon & au Corbeau.
,
Hermès dit, que c'est delà que notre Art
prend son commencement, Quod ex Cot'
vo nascitur hujus Artis est principium.
,
Considérez que c'est par la Séparation de
la Fumée noire, sale & puante du Noir
,
très-noir, que se forme notre Pierre Aslra*
HERMÉTIQUE; 299
le, blanche, 8c rcsplcndilìante, qui con-
tient dans ses veines le Sang du Pélican :
C'est à cette première purification de la
Pierre, 8i à cette blancheur luisante que
,
se termine la première Clef du premier
Oeuvre.
SECONDE CLEF.
La féconde Clef dissout le Composé
ou la Pierre Sc commence la Séparation
,
des Elémens, d'une manière Philosophi-
Í|uc: Cet^e.Séparation des Elémens ne se
ait qu'en élevant les parties subtiles 8c
pures, au dessus des particscrassçs Sc ter-
restres. Celui qui sçàit sublimer la Pier-
philosophiquement, mérite à, juste ti-
re
tre le nom de Philosophe, puisqu'il con*
noît le Feu des Sages, qui est Punique
Instrument, qui puisse opérer cette Subli-
mation. Aucun Philosophe n'a jamais ou-
vertement révélé ce Feu secret
,
8c ce
puissant Agent, qui opère toutes les mer-
veilles de l'Art : Celui qui ne le compren-
dra pas, Sc qui ne sçaura pas le distinguer
caractères avec lesquels j'ai tâché
aux ,
de le dépeindre dans l'Entretien d'Eu-
doxe 8i de Pyrophile, doit s'arrêter ici,
& prier Dieu qu'il l'éclaire ; car la con-
noissance de ce grand Secret est plutôt
un Don du Ciel, qu'une Lumière acquise
parla forcé du raisonnement : Qu'il lise ce*
300 LE TRIOMPHE
pendant les Ecrits des Philosophes ; qu'il
médite, 8i sor tout qu*il prie ; il n'y a
point de difficul té qu'il ne soit enfin éclairci
par le travail, par la méditation, & par la
prière.
Sans la Sublimation de la Pierre, la Con-
version des Elémens Sc l'Extraction des
,
Principes est impossible ; 8c cette Con-
,
version qui fait l'Eau de la Terre, l'Air
,
de l'Eau & le Feu de l'Air, est la feule
,
voie par laquelle notre Mercure peut être
fait 8c préparé. Appliquez-vous donc
,
à connoître ce Feu secret, qui dissout la
Pierre naturellement, 8c fans violence, &
la fait résoudre en Eau dans la grande Mer
des Sages par la Distillation qui se fait
,
des rayons du Soleil & de la Lune. C'est
de cette maniéré que la Pierre qui selon
,
Hermès, est la Vigne des Sages, devient
leur Vin qui produit par les Opérations
,
de l'Art leur Eau de vie rectifiée ; & leur
Vinaigre très-aigre. Ce Père de notre Phi-
losophie s'écrie fur ce Mistére : Benedifta
aquina Forma, quai Elementa dijfohìs !
Les Elémens de la Pierre ne peuvent être
dissous, que par cette Eau toute Divi-
ne, Sc il s'en faire parfaite dis-
ne peut une
solution qu'áprès une Digestion Si Pu-
,
tréfaction proportionnée à laquelle se
,
termine la seconde Clef du premier Oeu-
vre.
HERMÉTIQUE. 301
TROISIÈME CLEF.
La troisième Clef comprend elle seule
une plus longue fuite d'Opérations , que
toutes les autres ensemble. Les Philoso-
phes en ont fort peu parlé, bien que la
perfection de notre Mercure en dépen-
de ; les plus sincères même, comme Ar-
téphius, le Trévisan Flamcl, ont passé
,
sous silence les Préparations de notre Mer-
cure, 8c il nc s'en trouve presoue pas un ,
qui n'ait supposé au lieu d enseigner,
,
la plus longue 8c la plus importante des
Opérations de notre Pratique. Dans le deP
sein de
vous prêter la main en cette par-
tie du chemin que vous avez à faire, où
,
faute de lumière, il est impossible de sui-
vre la véritable Voie, je m'étendrai plus,
que les Philosophes n'ont fait, fur cette
troisième Clef, ou du moins je suivrai
par ordre ce qu'ils ont dit fur ce Sujet,
fi confusément,
que sans une inspiration
du Ciel, sans le secours d'un fidèle
ou
Ami, on demeure indubitablement dans
ce Dédale, fans pouvoir en trouver une
issue heureuse. Je ni'aslurc,
que vous ,
qui étés les véritables Enfans de la Scien-
ce , vous recevrez une très-grande satis-
faction de l'éclaircissement de
ces Misté-
res cachez, qui regardent la Séparation
& la Purification des Principes de notre
5 02 LB TRIOM PH.E
Mercure, qui se fait par une parfaite Dis-
solution 8c Glorification du Corps, dont
,
il prend naissance Sc par l'union intime
,
de l'Ame avec son Corps, dont. l'Esprit
est Tunique lien qui opère cette Conjon-
,
ction : C'est-là Pintention, Sc le point es-
sentiel des Opérations de cette Clef, qui
se termine à la Génération d'une nouvelle
Substance infiniment plus noble que la
première.
,
Après que le sage Artiste a fait sortir
de là Pierre uné Source d'Eau vive, qu'il
a exprimé le Suc de là Vigne des Philoso-
phes 8c qu'il a fait leur Vin il doit re-
, ,
marquer que dans cette Substance homo-
gène qui paroît sous la Forme de PEau,
,
il y a trois Substances différentes, & trois
Principes naturels de tóus les Corps, Sel,
Soufre Sc Mercure, qui sont l'Esprit, l'A-
me , Sc le Corps ; & bien qu'ils paroissent
purs Sc parfaitement unis ensemble, il s'en
faut beaucoup qu'ils le soient encore; car
lorsque par la Distillation nous tirons
l'Eau, qui est l'Ame Sc l'Esprit, le Corps
demeure au fond du Vaisseau comme
,
Une Terre morte , noire , 8c féculente,
laquelle néanmoins n'est pas à mépriser ;
car dans notre Sujet, il n'y a rien qui ne
soit bon. Le Philosophe Jean Pontanus
proteste que les fuperfluités de la Pierre
se convertissent en une véritable Essen*
HERMÉTIQUE. 305
ce ; que celui qui prétend séparer quel-
que chose de notre Sujet, nc connoît rien
dans la Philosophie & que tout ce qu'il
,
yade superflu, d'immonde de féculent,
,
& enfin toute la Substance du Composé
se perfectionne par l'action de notre Feu.
,
Cet avis ouvre les yeux à ceux qui pour
,
faire une exacte Purifie ition des Elémens
Si- des Principes, se persuadent qu'il ne
faut prendre que le subtil, & rejetter l'c-
pais ; mais les Enfans de la Science nc
doivent pas ignorer que lcFcu & le Sou-
fre font cachez dans le centre de la Ter-
re, Si qu'il faut la laver exactement avec
son Esprit,
pour en extraire le Beaume ,
le Sel fixe qui est le Sang de notre Pier-
,
re : Voilà le Mistére essentiel de cette
Opération laquelle nc s'accomplit qu'a-
,
près une Digestion convenable Si une
lente Distillation. Suivez donc Enfans
,
de l'Art, le précepte
,
que voas donne le
véridique Hermès, qui dit en cet endroit :
Oportet
autem nos cttm hàc aquiná Ani-
ina ) ut Formamsulphuream pofsideomus,
Attto nostro mifiere ckm enim Corn-
eam >
pojmtmsolvitur, Clavis est reflaurationis.
Vous sçavez
que rien n'est plus contraire
que le Feu Sc l'Eau ; il faut néanmoins que
entre des En-
le sage Artiste fasse la paix
nemis, qui dans le fond s'aimem ardem-
ment. Le Cosmopolite en dit le moyen
'304. I*B TRIOMPHE
en peu de paroles : Purgatis ergo rébus,
sac ut lgnis& Aqua amici fiant ; quodin
Te) rà sua, quce cum iis afcenderat, facile
facient. Soyez donc attentifs fur ce point;
abreuvez souvent la Terre de son Eau, Si
vous obtiendrez ce que vous cherchez.
Ne faut-il pas que le Corps soit dissout
par l'Eau, 8c que la Terre soit pénétrée
de son humidité, pour être rendue pro-
pre à la génération ì Selon les Philoso-
phes l'Esprit est Eve ; le Corps est Adam ;
ils doivent être conjoints pour la propa-
gation de leur Espèce. Hermès dit la mê-
me chose en d'autres termes : Aqua nain-
que fortijpma est natura, quce tranfeendit,
iystxam in Corpore naturam excitât ; hoc
est loetificat. En effet, ces deux i ubstances,
qui sont d'une même nature, mais de deux
Sexes différens, s'embrassent avec le mê-
me amour, & la même satisfaction , que
le Mâle Sc la Femelle, Sc s'élèvent insen-
siblement ensemble, ne laissant qu'un peu
de fèces au fond du Vaisseau ; de forte
que l'Ame, l'Esprit ,'Sc le Corps, après
une exacte Dépuration paroissent enfin
,
inséparablement unis sous une Forme plus
noble, Sc plus parfaite, qu'elle n'étoit au-
paravant , Sc aussi différente de la première
Forme liquide, que l'Alkool de vin, exa-
ctement rectifié, Sc acué de son sel ta »
différent de la Substance du vin dont »
>
a
HERMÉTIQUE 3 os
a été tiré : Cetrc comparaisorfà'est pas seu-
lement très-juste ; mais elle donne de plus
aux Enfans de la Science une connoissance
précise des Opérations de cette troisième
Clef.
Notre Eau est une Source vive, qui
fort de la Pierre par un miracle naturel
,
de notre Philosophie : Omnium primo est
Aqua, quxexit de hoi. Lapide. C'est Her-
mès qui a prononcé cette grande vérité.
II reconnoít de plus que cette Eau est le
,
Fondement de notre Art. Les Philoso-
phes lui donnent plusieurs noms ; car
tantôt ils l'appellent Vin tantôt Eau de
,
vie, tantôt Vinaigre tantôt Huile selon
,
les différens dégrés de préparation où
,
selon les divers effets qu'elle est capable
,
de produire. Je
vous avertis néanmoins
qu'elle est proprement le Vinaigre des Sa-
ges, & que dans la Distillation de cette
divine Liqueur, il arrive la même chose
que dans celle du Vinaigre commun : Vous
pouvez tirer de ceci une grande instru-
ction l'Eau Si le Flegme
; montent le pre-
mier; la Substance huileuse dans laquelle
,
Consiste l'essicace de
notre Eau , vient la
dernière. C'est
cette Substance moyen-
le, entre la Terre Si P Eau nui, dans la
,
génération de PEn ant Philosophique, faic
la fons-tiotì de Mâle IIerm}s
: nous la fait
bien
remarquer par ces paroles intelli-
TomeHl. *Cc
3Ó6' LE TRIOMPHE *
gibles : Unguentum iftediocre quod est
,
ignis, est médium inter' facem,& aquam.
11 ne se contente pas de donner ces lumiè-
res à ses Disciples , il leur enseigne de
Í)lus dans fa Table d'Emeraude de quel-
,
e manière ils doivent se conduire dans
cette Opération : Separabïs Terram ab
ígne i subtile ab fpijjò fuaviter magno
Prenez ,
cum ingenio. garde fur tout de ne
pas étouffer le Feu de la Terre par les
Eaux du Déluge : Cette Séparation, ou
plutôt cette Extraction se doit faire avec
Jbeaucòup de jugement.
II est donc nécessaire de dissoudre en-
tièrement le Corps, pour en extraire tou-
te son Humidité, qui contient ce Soufre
précieux ce Baume de Nature 8i cet
, ,
Onguent merveilleux, fans lequel vous nc
devez pas espérer de voir jamais dans vo-
tre Vaisseau cette Noirceur si désirée de
tous les Philosophes. Reduisez donc tout
le Composé en Eau Si faites une parfaite
,
union du Volatil avec le Fixe : C'est un
précepte de Senior qui mérite que vous
, fumus,
y fassiez attention : Supremus dit-
íl, ad infmum reduct dtbet , & div'wa
aqua Rexefìde CAIO defiendens, Redufht
Animx ad jiium Corpus est quoddetmmi
,
à morte vivijìcat. Le Baume de vie est ca-
ché dans ces fèces immondes; vous devez
les laver ayee l'Eau Céleste, jusqu'à cc
HERMÉTIQUE. 507.
que vous en ayez ôté la noirceur. Si pour
lors votre Eau sera animée de cette Essenr
ce ignée, qui opère toutes les merveilles
de notre Art. Je ne puis vous donner là-
dessus de meilleurs conseils, que ceux du
grand Trismégiste : Oportet ergo vos ab
Aqua fumumsuper - existentem, ab Unr
guento nigredinem , & a face mortem de-
pellere i mais le seul moyen de réussir dans
cette Opération, vous est enseigné par le
même Philosophe qui ajoute immédia-
, Dijjolutione,
tement après: Et hoc quope"
ratio, maxìmam habemus Philofiphiam
9
& omnium ficretorum Secretum.
Mais afin que vous ne vous trompiez
pas au terme'de Composé i je vous dirai
que les Philosophes ont deux sortes de
Composés. Le premier, est le Composé
de la Nature; c'est celui dont j'ai parlé
dans la première Clef; car c'est la Nature
qui le fait d'une manière incompréhensible
à PArtiste, qui ne fait que prêter la main
à la Nature,
par l'administration des cho-
ses externes
moyennant quoi elle enfan-
,
te , 8c produit cet admirable Composé. Le
second, est le Composé de l'Art ; c'est
le Sage qui le fait
par l'union intime du
Fixe
avec le Volatil, parfaitement con-
joints, avec toute la prudence qui se peut
acquérir par les lumières d'une profonde
îhilofophie.Lç Composé dePÀrt n'est
pn*
Cçij
308 Ls TRIOMPHE
tout-à-fait le même dans le second que
dans le troisième Oeuvre ; c'est néanmoins
,
toujours l'Artiste qui le fait. Géber le dé-
finit un Mélange d'Argent vif & de Sou-
fre ; c'est-à-dire, du Volatil 8c du Fixe,
qui, agissant l'un fur l'autre , se vola-
tilisent & se fixent réciproquement jus-
>
qu'à une parfaite fixité. Considérez Pé-
xemple de la Nature ; vous verrez que la
Terre ne produiroit jamais de Fruits, si
elle n'étoit pénétrée de son Humidité, Sc
que l'Humidité derneurcroit toujours sté-
rile si elle n'étoit retenue, & fixée par la
,
íìccité de la Terre.
Vous devez donc être certains qu'on
,
ne peut avoir aucun bon succès en notre
Art, si, dans le premier Oeuvre, vous ne
purifiez le Serpent, né du limon de la Ter-
si
re , vous ne blanchissez ces fèces fécu-
lentes 8c noires, pour en séparer le Soufre
blanc le Sel ammoniac des Sages qui
,
est leur chaste Diane qui sc lave dans
, le
»
Bain. Tout ce Mistére n'est que Pextra-
ction du Sel fixe de notre Composé, dans
lequel consiste toute l'énergie de notre
Mercure. L'Eau qui s'élève par Distil-
,
lation emporte avec elle une partie de
Sel , l'afrulìon de
ce igné ; de sorte que
l'Eau sor le Corps réitérée plusieuis fois,
impreigne, engraisse, Sc féconde notre
Mercure, 8c le rend propre à être fixé ;
HERMÉTIQUE. $op
ce qui est le terme du second Oeuvre : On
sçauroit mieux exposer cette vérité
ne
qu'Hermès a fait par ces paroles : Cum vi'
,
àtrem quod Aquasenfim crajstor, durior'
que sien inciperet, gaudebam i certò enim
stiebam, ut invemrem quod qtterebam.
Quand vous n'auriez qu'une fort mé-
diocre connoissance de notre Art, ce que
je viens de vous dire seroit plus que suf-
fisant pour vous faire comprendre que
-,
LUMYERE
SORTANT PAR SOI^MESME
TENEBRES.
P 0 i\ M E
oV la Composition de la Pierre deí
Philosophes, traduit de PItalien,
avec un Commentaire,
CHANT PREMIER.
I.
j|PS3| E Cahos ténébreux étant fort!
M WÊÈ comme ûne Masse confuse du
ïÊJoeÊ ^onck ^u Néant premier
m au
JELaBuSil fbn de la Parole , puissan-
toute
te ; ont eût dit que le désordre l'avoit pro-
duit Sc que ce ne pouyoit être POuvra-
,
ge d'un Dieu, tant il étoit informe, Tou-
SORTANT DES TENEBRES. |2J'
(eschoses étoient en lui dans un profond
,
CHANT DEUXIB'ME,
,
Que le Mercure & fOr du vulgaire ne
sont pas l'Or & le Mercure des Philo-
sophes & que dans le Mercure des Phi-
,
losophes est tout ce que cfterchent les
,
Sages. Où Von touche en passant là pra-
tique de la première Opération que doit
suivre l'Artiste expérimenté.
S T R o p li B I.
\J
^YtJé ses Hommes, peu versez dans-
PEcole d'Hermès y se trompent, lors
qíavec un esprit d'avance, ils s'attachent
au son des mots. C'est ordinairement fur
là foi de côs noms vulgaires d'Argent vif
i& d'Or qu'ils s^eiigagent au travail, c\
qu'avec' l'Or commun ils s'imaginent, par
tin feu lent, fixer enfin cet Argent sogitif,
II.
Mais s'ils pouvoient ouvrir les yeux de
leur esprits pour bien comprendre le seos
caché des Auteurs, ils verróient claire-
ment que l'Or & PArgent vif du vulgaire
font destituez de ce Feu universel, qui est
le véritable Agent, lequel Agent ou Es-
prit abandonne les Métaux dès qu'ils se
trouvent dàns des Fourneaux exposez à la
violence des flammes ; 8c c'est ce qui fa*
le
SORTANT DES TÉNÈBRES,
Métail hors de fa Mine se
fty
que trouvant
privé de cet Esprit, n'est plus qu'un Corps
mort & immobile.
XII.
.
C'est bien un autre Mercure, ôc un au-
tre Or, dont a entendu parler Hermès }
m Mercure humide 8c chaud, Si toujours
constant au feu. Un Or qui est tout feu ôc
lout vie. Une telle différence n'est-elle
pas capable de faite aisément distinguer
ccux-ci de ceux du vulgaire, qui sont dgs
Corps morts privez d'esprit au jieu que
,
les nôtres sont des Esprits corporels tou-
jours vi vans.
IV.
0 grand Mercure des'Philosophes !
t'cst en toiquesVnissentPOr & l'Argent,
après qu'ils ont été tirez de puissance èn
aile :, Mercure tout Soleil 8c tout Lune ;
triple Substance en une, & une Substance
eatrois. Q chose admirable! Le Mercu-
re, lt Souphre 8c le Sel me font voir trois
Substances en une seule Substance.
V.
Maisóìi est donc ce Mercure>aurisique,
qui, étant résout en Sel 8c en Souphre,
devient PHumide radical des Métaux, Sç
leur semonce animée ? l\ est emprisonné
5*8 LA LUMIÈRE
dans une
.
prison si forte, que la Nature
même ne fçauroit l'en tirer, si l'Art indu»
strieux ne lui en facilite les moyens..
ViL
Mais aue fait donc PArt ? Ministre in-
génieux de la diligente Nature il purifie
,
par une flamme vaporeuse les sentiers qui
;
conduisent àáa prison. jN'y ayant pas de
meilleurs guide ni dé plus sûr moyen que
celui d'une chaleur douces continuelle
pour aider la Nature-, & lui donner lieu de
rompre ses liens dont notre Mercure est
cotnrác garotté.
VIL
Oiii, oiii Í c'est'ce seul Mercure que
Ivoiis deveisthercher, ô Esprits indoci-
les ! puisqu'en lui seul vous pouvez trou-
ver tout ce qui est nécessaire aux Sage?.
C'est en lui que se trouvent en puissance
prochaine & la Lune & le Soleil, qui fels
Or âc Argent du vulgaire étant unis ça-
,
:
semble i devien.oént.laîvéi'itable Semence
de l'Argent &dcr l'Or. v,;>
V I I I.
i-
Mais, toute Semence est iríutile si c!!e
demeure entière, si elle ne pourrit, & ne
(
Ì devient rtqire ; car la. Corruption précède
òtoujours ;ìa Génération,, C'est.ainsi que
procède
SORTANT DES TENEBRES. 5 20
jrtfcéde la Nature dans toutes ses Opéra-
nous-qui voulons Pimiter, nous
tions ; 8c
devons aussi noircir avant de blanchir, fans-
buoi nous ne produirons que des Avor-
tons.
CffANT TROBI'I'MB.
OH conseille ici
aux Alchimistes vulgaires
& ignorans de fi désister de leurs Opé--
rations sophistiques y parce- qu'elles fine-
entièrement opposées a cilles que la vtri*
table Philosophie nous enseigne poùrsati-
re la Médecine universelle. '
ST R o P HR L5
.
y. .
.F i* ' '.'
Cçslez désormais de vous fatiguer/en>-
vain, de peur qu'une:folle espérancéra**
Tomellfí. &&
i7p LA LUMIÈRE
faste aller toutes vos pensées en fumée. Vos
travaux n'opèrent que d'inutiles sueurs,
qui peignent fur votre front les heures
malheureuses que vous passez dans vos
salles retraites. A quoi bon ces flammes
violentes puisoue«Ics Sages n'usent point
,
de charbons ardens, ni de bois enflam-
mez pour faite l'Oeuvre Hermétique ï
II I.
C'est avec le même Feu dont la Natu-
re Te serf sous terre, que PArt doit tra-
vailler & c'est ainsi qu'il imitera la Natu-
On ,
Feu mais qui n'est
re. vaporeux, pour-
tant pas léger ; un Feu qui nourrit & ne
dévore point ; un Feu naturel, mais que
l'Art doit faire ; sec, mais qui fait pleu-
voir ; humide , mais qui dessèche. Une
Eau qui éteint , une Eau qui lave les
Corps, mais qui ne mouille point les mains.
I V.
C'est avec un tel Feu que PArt, qui
veut imiter la Nature, doit travailler,&
que l'un doit suppléer au défaut de l'au-
tre. La Nature commence, l'Art ache-
vé , 8c lui seul purifie ce que la Nature ne
pouvoit purifier. L'Art a Pindustrie en
partage , 8c la Nature la simplicité ; de
sorte que si l'un n'applanit le chemin, l'au-
tre s'arrête tout aussi tôt.
SORTANT; DES1 TÉNÈBRES. % 3 jtj
•»'.> - «
,
'.'.- -:.:
. i. /'. :J!Í.'S \
.. mélan-
:» A quoi'serventtousfces divers
ges ì puisque notre Science renferme tout
le Magistére dans une seule Racine , que
je vous ai dèja assez fait connoîtrc,&
peut-être plus que je ne devois. Cette Ra-
cine contient en-elle deux Substances, qui
SORTANT »as TÉNÈBRES. ?? ?
n'ont pourtant qu'une seule Essence-;,8c
^'Substances, qui ne sont d'abord Òr
Si Argent qu'en puissance, deviennent en-
fin Or & Argent en acte,pourvu que nous,
{cachions bien égaliser leurs poids.
X.
Oui, ces Substances se fònt OrcV Ar-v
gent actuellement, Sc par Pégalité de leurs-
poids le volatil est fixé, en Souphre d'Or.
,
0 Souphre lumineux ! ô véritable Or ani-
mé'.j'adore en toi toutes les merveilles
& toutes les vertus du Soleil. Car ton Sou-
phre est un.trésor, Sc le véritable fonde»
ment de l'Art, qui meurit én Elixir ce que.
la Nature.mène seulement à la perfection
dçl'.Or.V
*j'4 LA LUMIÈRE"
AVANT PROPOS.
IL y a très* peu de Gens ,qui entendant
parler de la Pierre Philosophale ne
fropcent le sourcil à ce nom Sc .en se- ,
,
couant la tête, ne rebutteht ce. Traité. En
»
. •
Ffiij
3-4,? ï* A LUMIÈRE
qu'avec de tels Remèdes on seroit qua-
si sûr de guérir.Mais quiest-cequi les con-
noît, ou qui, les connoissant , les fçait
bien préparer f La Science douteuse ne
produit que des effets douteux ; Sc il n'y
a que la feule Médecine Philosophique
qui soit propre à toutes fortes de mala-
dies ; non que par de différentes qualités
elle produise des effets différens car fa
,
faculté est uniquement de fortifier la Na-
ture , laquelle par ce moyen est en état de
se délivrer de toutes sortes de maux
,
quand on les fuppoferoit infinis.
C'est fans doute de cette Médecine qu'il
est dit dans PEcrkure S?.Ìntc que Dieu
Médecine ,
Terre
créé une de la
a , que
l'Homme sage ne méprisera point. Elle
est dite de la Terre, parce que les Philo-
sophes la tirent de la Terre, Sc Pélcvent à
une nature toute céleste, Qui çonnoît cet-
te Médecine, n'a. pas besoin de Médecin,
à moins qu'il n'en use en plus grande quan-
tité que la Nature ne demande ; car c'est
jun Feu très-pur, qui étant trop fort, dé-
voreroit une moindre flamme ; Si comme
ájn Homme, qui mangeroit trop fuftbquc-
f oit fa chaleur naturelle par trop de sub-
stance , de même les forces du corps ne
pourroient soutenir une trop grande abon-
dance de ce Remède, Sc la chaleur natu«
relie seroit trop dilatée. Les racines des
áORTÁNT DES TENEÉRES. 34?
Arbres, 8c les semences des Végétaux se
nourrissent d'eau 8c vivent d'eau ; mais
,grande abondance, elles
s'il y en a en trop
se noyent & meurent. En cela comme en
toutes choses il faut de la prudence.
Qu'on ne s'étonne donc plus si notre
Pierre-opère de si grandes choses, lors-
qu'elle ost administrée par les sages mains'
du Philosophe, Sc si les maladies les plus-
opiniâtres Si les plus incurables sont gué-
ries comme par miracle puisque la Natu-
,
re en est tellement fortifiée Sc renouvcllee,
qu'il n'y a point de mauvaise qualité qu'elle
rie soit en état de surmonter. Aprenez que
c'est de la Nature seule que vous recevez
la guérison Sc la santé, pourvu que vous'
sachiez l'aider, Sc comme vous ne crai-
gnez point que votre Lampe s'éteigne
tandis que vous avez de l'huile pour y
mettre, ne craignez pas non plus que les
maladies vous assaillent, tandis que la Na-
ture aura en réserve un si grand trésor.
Cessez donc de vous fatiguer nuit Sc jour
dans la recherche de mille Remèdes inu-
tiles & ne perdez pas votre temps dans de
,
vaines Sciences, ni dans des Opérations
fondées fur de beaux raisonnemens en
,
vous laissant entraîner par Péxemple , $c
par les opinions du Vulgaire. Tâchez plu-
tôt de bien comprendre ce que c'est qua
la Pierre dos Philosophes, Sc. alors
vous
F f iiij
344 k A LUMIÈRE
aurez le vrai fondement de la Santé, lc
trésor des Richesses, & la connnoiísance
certaine de la Nature, avec la Sapience.
Mais il est temps de dire ici quelque
chose de la vérité Si de la possibilité de cet
Art à l'égard de la Teinture par laquelle
,
les Philosophes assurent qu'on peut teindre
en Or les Métaux imparfaits , parce que
la connoissance de cette possibilité don-
nera encore plus d'envie de s'attacher à
Pètudè de cette Doctrine ; Si fans nous
arrêter à Pautorité des Philosophes dont
,
on peut lire les Ecrits à ce sujet, nous r.c
nous, attacherons qu'aux raisons qui nous
ont persuadé , afin d'en mieux persuader
lc Lecteur, lui donner
Sc lieu de
juger des
choses par lui-même S: non pas par au-
,
trui, comme nous Pavons pratiqué, avant
que nous eussions la connoissance de la vé-
rité.
Tous les Métaux ne sont autre chose
qu'Argent vif coagulé Sc fixé absolu-
,
ment ou en partie, & comme il seroit trop
long de rapporter ici Pautorité des Phi-
losophes pour prouver cette vérité, nors
les laisserons encore à.part à cet égard, Sc
nous dirons seulement qu'il est constant,
par l'expérienec, que la Matière des Mé-
taux est Argent vif, parce que dans leur
liquéfaction ils font connoître visiblement
les mêmes propriétés Sc la même nature
SORTANT DES TÉNÈBRES. 34 e*
de PArgent vif. Ils en ont le poids la
,
mobilité, la splendeur, Podeur, Sc la fa-*
cilc liquéfaction ; quoi qu'on jette dessus
il surnage à la superficie ; ils sont liquides
,
Si ne mouillent point les mains ; ils sont
mous, 8i quand ils sont liquéfiez , ils s'en
vont eu fumée comme PArgent vif en plus
ou moins de temps selon qu'ils sont plus
,
moins décuits Si sixez à l'exception
011
,
toutefois de POr, qui, pour fa grande pu-
reté & fixité, ne s'envole point du feu,
mais y demeure constant dans la fusion.
Les Métaux démontrent toutes ces pro-
priétés de PAgent vif, non seulement dans
la liquéfaction, mais qu'ils se
encore en ce
mêlent facilement avec PArgent vif; ce
qui n'arrive à aucun autre Corps sublunai-
re, la principale propriété de PArgent vif
étant de ne sc mêler qu'avec ce qui est de
sa
propre nature Quand donc il se mêle
avec les Métaux, cela vient de la ma-
tière de PArgent vif, qui leur est
com-
mune 8i le Fer ne sc mêle avec lui, &
,
avec les autres Métaux que difficilement,
parce qu'il a tròs-peu d'Argent vif, dans
lequel réside la
vertu métallique, aveG
beaucoup de Soufre terrestre, Si il faut
même quelsjue artifice pour lui donner h
splendeur mcrcuricH(j la facile liquéfa-
,
ction, Si les autres propriétés dont nous
avons parlé, lesquelles toutes conviennent
34^ LA LurtinRE
plus ou moins à certains Métaux qu'à d'au-
tres. La ductibilité, qui consiste dans Pu-
lsion mcrcurielle, & dans la conglutina-
tion dcl'Humidc radical, est encore une
marque clans les Métaux que PArgent vif
y abonde Si y est très-sixe ce qui fait
, ,
que l'Or est le plus ductiblc des Métaux,
Outre cc que nous venons de dire,
pour justifier que les Métaux ne font au-
tre chose qu'Argent vif , on le découvre
encore dons l'ánatòmic, Si dans la décom-
position de ces mêmes Métaux, car il s'en
tire un Argent vif de même essence que
PArgent vif vulgaire, ôc toute la substan-
ce du Métail se réduit en lui, à propor-
tion que chaque Métail en participe ; mais
dit Fer beaucoup moins que des autres
Métaux, à cause dequoi il est le plus im-
parfait comme l'Or est le plus parfait en
,
ce qu'il est tout Argent vif. D'oíi l'on doit
conclure que si l'Or n'est le plus parfait
des Métaux, Sc n'est proprement tout Mé-
tal que parce qu'il est tout Argent vif
,
fixe, il n'y a point d'autre substance d'Ar-
gent vif, soit pure ou impure, soit cuitte
ou crue, cette différence ne changeant
rien à l'espéce Fruit est
, comme un
toujours le même quanf à l'espéce, soit
qu'il soit vert ou mjtf, acerbe ou doux,
Sc qu'il diffère en dégrés de maturité ,
ou comme un Homme sain diffère d'un
SORTANT DES TÉNÈBRES. 347
Homme malade, 8c un Enfant d'un vieil-
lard.
Cela posé, Que les Métaux ont pour
Substance métallique le seul Argent vif,
leur transmutation ou plutôt leur matura-
tkn en Or ne sera pas impossible, puisqu'il
11c
faut pour cela que la seule décoction ;
or cette décoction se fait par lc moyen de
la Pierre Phisique, qui étant un vrai Feu
métallique, achève dans un instant, paf
la main du Philosophe, ce que la Nature
est mille ans à faire. A Pégard de cette
Pierre elle est faite de la seule moyenne
,
& très-purc Substance de PArgent vif, Sc
fi PArgent vif vulgaire peut bien se mêler
CHANT PREMIER.
h
UCahos ténébreux,étantfini comme une
Majfe confuse du fonds du Néant, au
premier fin de la Parole toute puissante i
ont eut dit que le' désordre Pavoit pro-
duit & que ce ne pouvÌHt être Wu-
, d'un Dieu,
vrage tant il étoit infor-
me. Toutes choses étoient en lui dans
an profond repos , & les Elémens v
étoient confondus parce que VEfprtt
,
Divin ne les avoitpas encore distinguez.
CHAPITRE PREMIER.
D'O o v R A G B de la Création
étant un Ouvrage Divin, il est
sans doute que pour le bien
comprendre, il faudroít un es-
prit surnaturel Sc que c'est se jetter dansv
-,
de grands embarras que d'entreprendre
,
de parler de ce qui est si fort au dessus
de
nous > puisque toutes les hyperbo-1
%!(2 LA LUMIÈRE
les, Sc toutes les similitudes, prises de*
choses visibles, ne sçauroicnt nous four-
nir d'idée qui réponde comme il faut,
, ,
à l'extension de ce Poinr invisible & infi-
ni. Toutefois si par les choses créées on
,
peut aller jusques au Créateur, 8c s'il est
de 1'.ordre de fa nature ineffable de fai-
connoître ses propriétés ,
re 8c son essen-
j
ce quoi que d'une maniéré impaifaite
à notre égard, par les choses qu'il pro-
duit au dehors il ne sera pas hors de
,
propos de suivre notre Poète dans les in-
structions qu'il donne for ce sujet, & d'ex-
pliquer un pfu plus au long ce qu'il a si
doctement écrit en peu de mots de ce
merveilleux Ouvrage afin que ce que
dirons puisse
, de quelque utilité
nous être
à ceux qui professent l'Art Hermétique,
ôc serve en même temps à la louange de ce
grand Ouvrier, dont, ( comme parle le
Prophète ) lès Cieux racontent la gloire,
ôc leur Pteridue les oeuvres de ses mains.
II est impossible à l'Homme d'élever un
bâtimen|, si auparavant il n'a posé ses fon-
demens ; mais ce qui eft.désendu à la Créa-
ture est permis au Créateur ; parce qu'é*
tant lui même la baze de ses propres ou-
vrages , il n'a pas besoin d'autre fonde-
ment. Si on demande dorîç pourquoi la
Terre, pressée <le tous côtés par l'Air,
demeure immobile, pourquoi les Cieux
Si
-
SORTANT DES TÉNÈBRES. $£$
Si la masse des Corps célestes se remuénts
avec tant d'ordre Si que cependant nos
,
yeux ne discernent point la Cause 8c lc
Principe de toutes ces choses ; il suffit pouc
toute réponse de dire que ce sont des
émanations du Centre, ôc que le Centre
en est la véritable ba?e. O Mistére admi-
rable révélé à peu de personnes ! La ba-
,
ze de tout le Monde , c'est le Verbe in-
créé de Dieu ; ôc comme lc propre du
Centre est de représenter un Point dans
lequel il ne peut y avoir ni dua'.ìví ni di-
vision quelconque qu'y t'il aussi de plus-
, a
indivisible quelle plus grande unité que
,
le Verbe Divin. Le Point du Centre,
non-
moins indivisible qusinvisible ne se peut
,
comprendre que par la Circonférence ; de
même le Verbe de Dieu invisible n'est
compréhensible que par les Créatures.-
Toutes les Lignes se tirent du Centre ÔO
aboutissent au Centre ; de même tout ce-
qu'il y
a de créé est sorti 'du Vcrbodé-
Dieu, 8c retournera
en lui après la révo-'
lotion circulaire des temps. Le Point da 1
Centre demeure immobile pendant la*
que
mue tourne ; de même le Verbe de Dieu*
demeure immuable pendant
que toutes-les1
wtres choses- sont sujettes à d£s- change>-
mcns& à des vicissitudes» Gomme toutes*
choses- sont émanées du Centre
pìsrexten*
fioîv,.áinsiMoutes:clioseVrerournerostt-a«í
5$*4 LA LUMIÈRE
Centre par resserrement ; l'un aétéfaît
par une bonté incréée, l'autre se fera par
une sagesse impénétrable.
Le Verbe ineffable de Dieu est donc,
pour ainsi dire, le Centre du Monde , Sc
cette visible Circonférence est émanée de
lui, retenant en quelque façon la nature
de son Principe ; car tout ce qui est créé
renferme en foi les Loix éternelles de son
Créateur, Sc il Pimite autant qu'il peut
dans toutes ses actions. La Terre est com-
me le Point Central de toutes les choses
visibles : tous les fruits, Sc toutes les pro-
ductions de la Nature font aussi voir à l'oeil
qu'elles renferment dans leur Centre le
Point de leur Semence qu'elles l'y con-
,
servent & que de lui émanent toutes
,
leurs vertus ôc leurs propriétés, comme
autant de Lignes qui se tirent du Centre,
ou comme autant dç. Rayons qui sortent
«l'un Corps lumineux. L'Homme, ce pe-
tit Monde,, dontl'image a tant de rap-
port avec celle du grand Monde, n'a t'il
ftas un Cceur, duquel, comme du Cen-
tre, dérivent les Artères, cjui senties vé-
ritables lignes des Esprits vitaux, & leurs
rayons étincelants f Où je vous prie, est
,
lc modèle ôcTéxempJaire dé cette structu-
ré, ce
si n'est dans Je grand Monde ì où
«st=la Loi qui a prescrit une telle disposi-
tion,.si ce n'est Pimpression-Divine i En
SORTANT DES TENBBRKS. 3 (y
sorte que comme Dieu soutient tout par
sa présence, tout est gouverné aussi par
ses Loix éternelles. Posons donc pour
constant cjue de ce Point ont été tirées
cette infinité de Lignes que nous voyons.
Mais il y a une grande Question, qui
n'est pas encore bien décidée, à fçavoir
comment 8c sous quelle forme étoit la Ma-
tière des choses dans lc Point de fa créa-
tion. Si nous considérons de près la Na-
ture, Sc la disposition des choses infé-
rièures nous aurons lieu de croire que ce
. , *
CHANT PREMIER.
STROPHE 11.
Qui pourroit maintenant raconter de quelle
maniéré les Cieux, la Terre & la Mer
furentformezfi légers en eux-mêmes, eb*
pourtantfi vastes, eu égard à leur éten-
due ? Oui pourroit expliquer comment le
Soleil & la Lune reçurent là haut le
mouvement & la lumière, & comment
tout ce que vous voyons ici bas , eut la
Forme & l'Estre ? jOui pourroit enfin
comprendre comment cfiaque chofi reçut
fa propre dénomination ,fut animée de
fin propre esprit, & au sortir de la
Majse impure & inordonnée du Cahos,
»
CHANT PREMIER.
SîROfHE III.
0 vous t du divin Hermès les Enfatts Ù*
les Imitateurs, à qui la Science de vo-
tre Père a fait voir la Nature à décou-
,
ÇflÀKÍ
SORTANT DES TÉNÈBRES. 385
; CHA^T PREMIER.
STROPHE IV.
Mais il n'appartient pas à ma foible plu*
ine de tracer un fi grand tableau
,
«V-
tan'tencore qu'un chétifEnfantde P Art,
.fans aucune expérience. Çe n'est pas que
vos dórtesjïcrits ne m'ayentfait apper-
.
'cevoirje véritable but oh il faut tendre }
& que. je né connoiffe bien cet Illiaste ,
,
qui a en lui tout ce qu'il nous faut, aufst
.
($ bien que cet admirable Composé, par le-
quel vous avezsfà. amener de puissance
en ac~te la vertu des Elémens» •
.
CîÍAPITRE IV.
ICi notre Poëte s'excuse d'avoir osé se
servir de la comparaison qu'il a mise en
avant, 6c fait bien voir que c'est une qua-
lité attachée au vrai Philosoplie que d'ê-
tre humble , 6c sans vanité 5 au contraire
des autres qui parlent hardiment de ce
'
qu'ils ne fçàvcnt pas. Ils disent bien à la
vérité que le Mercure 6c le Soufre en-
trent dans notre Composition j mais aveu-
gles qu'ils sont, ils ignorent quel est ce
Mercure quel est ce Soufre, 6c ne con-
>
noissent ni ce qu'ils traittent, ni le but où
il faut tendre & les voies qu'il faut tenir
Tome m. >
*Kk
386* LA LUMI ÈRE
leur sont incompréhensibles. Ils s'en tien-
nent au Mercure vulgaire , assurant qu'il
n'y en a point d'autre, quoique le docte
Sendivogius affirme le contraire dans son
Dialogue où il dit qu'il y a bien un au-
,
tre Mercure , 6c quoi qu'il soit dit encore
ailjeurs que notre Mercure fie se trouve
point tel sur la Terre, mais qu'il est extrait
des Corps. Enfin quoique tous les Philo-
sophes unanimement condamnent le Mer-
cure vulgaire, 6c défendent de s'en servir,
ils s\>bstinent à commenter à leur mode le
texte des Philosophes , 6c veulent absolu-
ment qu'ils ayent entendu que le Mercu* 1,
CHANT PREMIER.
STROPHE V.
Ce n'est pas que je nesçache bien que votre
Mercure secret, n'est autre chose qu'un
Esprit vivant, universel & inné, lequd
enforme de vapeur aérienne décaidjam
cesse du Ciel en Terre pour remplir son
ventre poreux qui nan ensuite parmi
, &, croijfant,pajst
les Soufres impurs, en
de la nature volatile à la fixe, Je don-
nant àsoi-même laforme cPHumide ra-
dical.
CHAPITRE V.
IL est temps maintenant de mettre au
jour, autant qu'il dépendra de nous, le
fondement de toute la Doctrine, puisqu'il
ne sèrviroit de rien de connoître lc Sujet
de notre Science si Ton ignoroit ce qui
,
est renfermé en lui, & ce qui en doit être
SORTANT DES TENEBRES. 39 T
tiré; c'est dans ce dessein que nôtre Poè-
te continue d'expliquer la nature du Mer-
cure des Philosophes, mais pourtant fous
un voile qui cache la vérité nux yeux des
Ignorans, 6c la laisse apperccvoir aux Sa-
ges Seaux Entendus.
II établit un double mouvement au
Mercure un de Descension, & l'autre
,
d'Ascension : Et comme le premier sert à
l'information des Matières disposées, par
le moyen des rayons du Soleil & des au-
tres Astres , qui de leur nature se portent
vers les Corps inférieurs 6c à réveilller
,
par l'action de son Esprit vital le feu de
Nature qui est comme assoupi en elles
,
aussi le mouvement d'Ascension lui sert
,
naturellement à purifier les Corps des ex-
crémens qu'ils ont contractez, & à exal-
ter les El mens purs avec lesquels il s'u-
!
CHANT PREMIER.
STROPHE VI.
Ce n'est pas queje nefçache bien encore, que
fi notre Vaisseau ovale n'est scellé par
l'Hyver jamais il ne pourra retenir la
,
vapeur précieuse , & que notre bel En-
fant mourra dès sa naissance, s^il ifest
promptement secouru par une main in-
dustrieuse &par des yeux de Limée, car
autrement il ne pourra plus être nourri
de fa première humeur a V exemple de
,
P Homme qui après s'être nourri de
,
sang impur dans le ventre maternel, vit
de lait lorsqu'il est au monde.
CHAPITRE VI.
TOus les Auteurs disent beaucoup de
choses du Sceau d'Hermès, & assu-
rent tous que fans lui le Magistére fcioit
détruit, puisque par son moyen seul les
Eprits font conservez 3c le Vaisseau bien
muni. Mais je n'aipft encore comprendre
ce que veut dire notre Poète par le mot
d'Hiver qu'il employé de forte que je
Tome 11L * ,
402 LA LUMIÈRE
croirois aisément que c'est une faute d'é-
criture & qu'il devroity avoir figillarst
,
di vetro au lieu di verno la ressemblance
,
des mots ayant pu tromper le Copiste.
Cependant je n'ignore pas ce que Sendi-
vogius entr'autres enseigne à sçavoir
l'Hivcr ,
est cause de putréfaction
que ,
parce que les pores des Arbres & des Plan-
tes sont bouchez par le froid , ce qui fait
que les Esprits s*y conservent mieux , &
ont leurs actions plus vigoureuses. Mais
je ne vois pas comment ce raisonnement
pourroit être appliqué à notre Oeuvre,
où une chaleur continuelle doit environ-
ner la Matière, & l'échauffer jusques à la
fin, tous les Auteurs convenant que si
elle vient à ceslèr un moment, la Com-
position tombe 6c l'Ouvrage est détruit.
Ils apportent pour exemple l'Oetif mis
sous la poule pour la production du Pou-
les, qui devient inutile dès qu'il est refroi-
di. C'est qui mis esprit sus-
ce a mon en
pens fur l'intention de notre Auteur. Pour
toi, mon cher Lecteur, fans t'arrêter à
tout cela , lorsque tu voudras en temps
du mettre ton Oeuvre dans ton Vaisseau,
prends feulement bien garde qu'il soit scel-
lé exactement, afin que la vertu y soit re-
tenue dans toute fa force 6c que les Eaux
>
salutaires & prétieuses ne puissent cn sor-
tir car c'est là où est tout le péril : Rap-
,
SORTANT t>ES TENBÈRES. 4OJ
porte sur tout ton Ouvrage à celui de là
Nature ; qu'elle te serve de Maîtresse 6i
de Guide, & observe soigneusement com-
ment elle opère en pareil cas ; ayant tou-
jours dans ton esprit la manière dont elle
se sert pour mettre son ouvrage dans son
vase, 6c l'y sceller exactement, car la con-
noilîance de l'un donne celle de l'autre.
Si tu veux chasser le froid de la maison
alluraes-y du feu ; mais si tu veux retenir
,
l'Esprit, qui ne demande qu'à retourner
sa Patrie empêche 1 Ennemi d'ap-
vers ,
procher des murailles, de peur qu'il nè
tombe entre ses mains 6c alors il de-
, 1»
CHANT PREMIER.
STROPHE VI J.
Quoiqueje sçache toutes ces choses, je n'ose
pourtant pas encore en venir aux preuves
avec vous, les erreurs des autres me ren«
dant toujours incertain. Mais fi vous
étés plus touché de pitié que d'envie, dai-
gnez oter de mon esprit tous les doutes
qui Pembarrassent ; & fi je puis être
assez heureux pour expliquer difiinfte-
ment dans mes Ecrits tout ce qui regar-
.
de votre Magistere,faites je vous con*
f ,
jure que ay de vous pour réponse :
y
Travaille hardiment, car tu sçais ce qu'il
faut savoir.
CHAPITRE VIL
A Près quetoucher
notre Auteur nous
doigt
,a fait
comme au notre di-
vine Science il.s'excuse de n en pas dire
,
davantage fur ce qu'il lui reste à lui-
,
même beaucoup de choses à apprendre;
& il confesse qu'il auroit du faire voir
Íilus de doctrine, ayant à parler à des .Gens
çavans : II craint même qu'il ne manque
quelque chose à son Ouvrage 6c que
,
tordre n'y soit pas bien gardé. Apprenez
delà, Vendeurs de fumée, combien il est
Tome III. M m*
4TO LA LUMIÈRE
difficile de faire notre Oeuvre, puisqu'l
ne s'agit pas de faire des Opérations vul-
gaires qui, bien que parfaites dans leur
, sont inutiles à.
genre, notre dessein, &
méprisées de tous les Philosophes. II n'y
a , comme nous avons dit, qu'.une Opé»
ration dans notre Magistére : Tous leç
Philosophes nous l'enseignent, en nous
avertissant d'abandonner toutes ces Opér
rations Sophistiques & de nous tenir à la
,
ï^ature, chez laquelje^ feule on trouve la
vérité.
C'est dans lá Sublimation Philosophi-
•
que que sont renfermées toutes les autres
Opérations, 6c cn elle seule consiste tout
ce que l'Artiste peut faire de mieux 6c de
jblus subtil. Si donc quelqu'un fçait bien
faire cette Sublimation , il peut se vanter
.d'avoir connu un des plus grands Sécréts,
& des plus grands Mistérés des Philoso-
Í)hes. Mais afin que tu puisses toi-même
a comprendre clairement, vois eommen.t
Çréber définit la Sublimation : C'est, difc
jl, l'JElevation par le feu d'une Chose sèche
avec adhérence au Vaisseau. Pour donc
faire une bonne Sublimation, il y a trois
choses que tu dois connoître, le Feu , la
Chose lèche, & le Vase. Si tu lescon-
nois tu es heureux, 6c tu n'as qu'à faire
j
enforte que la Çhose sèche adhère an
y aisseau j car fi clip n'y adjjéroit pas, elle
SORTANT DES TÉNÈBRES. 41 ï
tic vaudroit rien ; mais pour qu'elle y ad-
hère il faut qu'elle soit de même nature
,
lc Vaisseau, c'est leur qui
aue & nature
(ait leur ressemblance ; car la Sécheresse est
de la nature du Feu lequel est de tou-
choses plus ,
sèche C'est elle
tes les la : par
qu'il-dissipe & consume toute humidité",
comme c est par elle aussi qu'il abonde en
pureté ; mais elle s'augmente de beaucoup
dans notre Sublimation ; 6c c'est toute au-
tre chose que quand il étoit renfermé dans
les fèces : II faut avoir soin aussi que le
Vaisseau soit très-pur cV de la nature du
Feu. Or, entre toutes les Matières le
seul Verre & l'Or sont les plus constans
,
au feu, s'y plaisent, & s'y purifient da-
vantage; mais parce que l'Or ne se peut
avoir qa'à grand prix & que de plus il
,
se fond aisément, les Pauvres n'auroient
pas le moyen d'entreprendre l'Ouvrage
Philosophique, 6c il n'y auroit que les
Riches 6c les Grands de ce Monde ; Ce
qui dérogeroit à la Providence & à la bon-
té du Créateur qui a voulu que ce Secret
,
fòt indifféremment pour tous ceux qui le
craindroient'. II faut donc s'en tenir à un
Vaisseau de verre, ou de lamature du
ver-
re , très-pur, 6c tiré des cendres avec a-
dresse 6c subtilité d'esprit. Mais, que les
Disciples de l'Art prennent bien garde ici
ì ne pas se tromper, & à bien connaître
Mmij
4ií LA LUMIÈRE
ce que c'est que le Verre Philosophique ,
en «'attachant au sens & non pas au son des
mots ; c'el,t l'avis que je leur donne par ua
esprit de piété & de charité. Dans ce Vais-
seau de verre bien connu s'accomplit la
,
Sublimation, lorsque la Nature sèche s'é?
levé par le moyen du Feu & adhère au
Vaisseau à eáuse de fa pureté 6c de leur
même nature. Au reste s'il y a beaucoup
>
à fuër dans la recherche du Vaisseau il
,
n'y a pas moins de peine dans la con-
struction du Feu» Mais comme nous en
parlerons dans un Chapitre particulier,
nous croyons qu'il suffit pour le présent
jde ce que nous avoos dit : Que ceci serve
feulement de leçon aux Chimistes igno-
rans, qui croy.ent qu'on doit entendre ces
choses à la lettre, 6c qui, fans étude pré-
cédente , s'imaginent faire l'Oeuvre par
leurs Sublimations vulgaires. Ils lisent con-
tinuellement Gébcr, mais fans l'entendre,&
Je succès ne répondant pas à leur atten-
,
te , ils sont les premiers à a.bboyer contre
les vrais Philosophes : Et parce qu'ils ont
pris un seul Auteur pour leur Guide, ils
ne daigneroient pas cn regarder d'autres,
ne fçacharit pas qu'un Livre en ouvre un
autre , & que ce qui se trouve en abrégé
dans l'un, se trouve étendu dans l'autre :
Òu'ils lisent donc les Livres des Philo-
sophes, & fur to.i).t de ceux .qui, moins
SORTANT DES TÉNÈBRES. 415s
Envieux que les autres, ont transmis H
leurs Successeurs la Gonnoissance de la'
Nature. Entre tòuá ces Traités, ceux" qui
se trouvent inférez dans le Muséum HtrJ
mtticum tiennent', à mon sens, le premier
rang, & fur tout le Traité, qui a pour ti-
tre Via veritûtis t quoi qu'il y ait aussi bien
que dans les autres un Serpent caché qui
,
d'abord ne laisse pas de piquer ceux qui
n'y prennent pas garde. Mais que dirons-
stous de tant de Volumes, plus dangereux
que la peste, dont les Auteurs , quoi que
très-doctes en leur genre, sont pourtant
si remplis d'envie,
que Dieu fans doute
les punira d'avoir été la cause de tant de
malheurs, & les mesurera à la même me-
sure dont ils ont mesuré les autres f Car
enfin, si l'amour du Prochain est aussi bien
que celui de Dieu , le Sommaire de la
Loi Sainte 6c des Commandemens Divins,
?|ue devient cette Loi, 6c où fera l'ob-
ervation de ces Commandemens si l'cn-
,
vie régne si fort parmi les Hommcs?A quoi
servent tant de Traités pleins d'impostures,
tant de fausses Receptcs , 6c tant d'Ecrits
suggères par íe Démon sinon pour per-
,
dre les Gens trop crédules ? Et quel avan-
tage a un Philosophe de suer sur de pareils
Ouvrages, qui causent tant de maux ?
N'est-ce pas assez de ces Rejettons pesti-
lentieux 6c de ces Semences maudites,
,
M m iij
'4T4 LA LUMIÈRE >
incapables de rien produire de bon fan*
,
que l'Envie , à l'exemple de Satan , vien-
ne remplir nos Champs d'yvroye ? C'est
cette rage envieuse , source de tant de
malheurs, dont le soufle fatal renverse les
Maisons de dont les brouillards infects
,Moisson
gâtent la 6c détruisent l'efpérance
des Pauvres. Ce sont vos langues enve-
nimées dont les pointes réduisent en cen-
,
dre la substance des Malheureux, & ce
sont ces noires vapeurs, que 'vous répan-
dez dans vos Ecrits, qui jettent l'horreur
6c les ténèbres dans l'efprit de ceux qui
vous lisent. Si vous ne voulez pas qu'on
profite de la lecture de vos Livres, pour-
quoi attirer les Gens par de belles promes-
ses 6c que ne gardeá-vous plutôt un si-
,
lence , dont Dieu 6c les Hommes vous
sçauroient plus de gré que de parler avec
envie? On voit beaucoup d'Auteurs, qui,
en accusant les autres d'avoir été envieux,
6c d'avoir caché malicieusement la vérité,
répandent dans leurs discours encore plus
d'obscurité que les premiers ce qui fait
,
ue les pauvres Etudians ne recueillent de
qouté leur doctrine
que beaucoup de con-
usion j car si l'un rejette une chose, Tau-
re l'éleve jusqu'au Ciel j l'un commande
e que l'autre défend, 6ç de cette maniéré
.
cls confondent tellement l'efprit du Le-
cteur que plus il étudie, plus il a sujet
,
SORTANT rjis TÉNÈBRES.
défier de la vérité de l'Art.
4^
de se
II n'y en a quasi point, parmi ceux qui
écrivent qui ne promettent de parler
,
fidèlement 6c sincèrement ; 6c cependant
leurs discours sont si pleins d'embiguité
<ju'à grand peine peuvent-ils être entendus
,
par les plus Doctes: Et quoiqu'ils s'ex-
cusent sur ce qu'ils n'ont pas la liberté d'etï
dire davantage 6c qu'on a mis, pour ainsi
,
dire un. cachet fur leurs lèvres, on ne
,
saisie pourtant pas de démêler leur envie
quelque foin qu'ils prennent de la cacher.
,
II vaut bien mieux fe taire lorsqu'on se
croit obligé de garder le secret
, de
, que
substituer un mensonge à sa place à des-
,
sein de jetter les Gens dans Terreur : En-
fin les Philosophes parlent ent'r'eux si obs-
curément qu'à peine y trouve-t'on un
,
seul mot éxemt de Sophisme. Qu'ils ca-
chent la Pratique tant qu'ils voudront, 5
la bonne heure ; mais au moins, qu'ils
,
enseignent fidèlement la Théorie 6c les
Fondemens de la Science, car fans Fon-
demens il nc peut y avoir d'Edifice. Est-
ce que l'Art ne seroit pas assez caché aux
lgnorans, si les Philosophes se conten-
toient d'être réservez ou fur la Matière,
ou fur le Vaisseau, ou fur le Feu ? A peine
avec cela, y cn auroit-il de mille un qui
pût approcher de cette Table sacrée j mais
d ne suffit pas à ces Messieurs de cacher
M m iiij
'416 LA LUMIÈRE
toutes ces choses , il faut encore qu'ils
mettent cn leur place des visions 6c des
fantaisies, par où, bien loin de rendre un
Lecteur plus fçavant, ils ne font que mon-
trer leur malice 6c leur envie. Que ces En-
vieux n'imitent-ils Hermès dont ils se di-
,
sent les Enfans; car quoique dans fa Ta-
ble d'Emeraude il ait été un peu réservé,
il n'a pas laissé pourtant de faire sentir To-
deur de cette divine Science de laquelle
,
il a parlé très-doctement 5 mais ceux qui
sont venus après lui, au lieu d'éclaircir
ses paroles, y ont jette de plus grandes
ténèbres 6c ont porté la chose à un tel
,
excès d'obscurité qu'il n'y a point d'Es-
,
prit quelque subtil & éclairé qu'il soit,
,
qui puisse la pénétrer, à moins que d'être
secouru de la Lumière d'en haut, à la-
quelle rien ne peut résister.
II se trouve des Gens, qui, lisant cer-
tains Auteurs lesquels ont d'abordun
,
air de sincérité 6c de charité tiennenï
,
qu'il faut rejetter pour l'Oeuvre toutes
sortes de Minéraux y & s'attacher, par
leur conseil, aux Métaux : Mais lisant en-
suite que ses Métaux du Vulgaire sont
.morts , parce qu'ils ont souffert !e feu de
fusion, ils recourent à ceux qui sont enco-
re dans les Mines & se mettent à travail-
ler fur eux, & ne trouvant rien dans la
fuite de TOuvrage qui les contente,
,
SORTANT DES TENEBRES. 417
êprcs avoir fait divers Essais tantôt fur
Métail, tantôt fur
, rebutez
DQ
6c un autre,
de leurs Expériences, ils reprennent les
Livres, 6c trouvant que tous les Métaux
imparfaits, fans exception sont-condam-
,
nez , touchez par la raison 6c par l'autori-
té, ils en reviennent aux Métaux parfaits,
à sçavoir à l'Or 6c à TArgent j mais après
y avoir pendant quelque tems- perdu leur
peine, 6c consumé leur Bien, ils se ravi-
sent tout d'un coup en considérant que
Métaux sont
,
d'une très-forte
ces compo-
sition & se mettent en tête qu'il faut les
,
réincruder, comme ils disent, par un Dis--
solvant naturel, qu'ils croyentxmal-à-prov
pos être le Mercure vulgaire ; mais quoi-
qu'ils fassent avec de telles Matières,ils
ne trouvent que du dommage 6c de la
honte, parce qu'ils ignorent les véritables
Principes de la Nature fur lesquels onr
,
doit asseoir son fondement, 6c ne sçavent
ni ce que l'Or vulgaire contient, ni ce
qu'il peut donner ; car s'ils^connoissoient
bien ceja ils verroient que notre Corps,
,
le véritable Or des Sages possédé suffi-
,
samment tout ce qui est nécessaire à l'Art.-
Ceux qui travaillent, comme nous venons-
de dire se voyant enfin trompez dans-
,
leurs espérances, viennent à mépriser tou-
tes sortes de Corps , & à blasphémer con-
tre la Nature, ne comprenant pas que cha*
'418 ÍJK íiUMtERÉ
que Corps, selon son Espèce , contient
en soi sa propre Semence, laquelle ne se
trouve point dans des choses diverses.
Après donc avoir vainement travaillé tan-
tôt fur une chose, & tantôt fur une autre,
ils recourent encore une fois aux Livres,
où trouvant que les Auteurs condamnent
toutes sortes de Végétaux , d'Animaux,
de Minéraux, 6c de Métaux mêmes, par
un raffinement ridicule, ils sortent hors de
la Nature ,6c portent leur recherche, bu
plutôt leur folie tantôt jusques daris le
,
Ciel* & tantôt jusqu'au Centre de la Ter-
re , essayant par de pénibles travaux, d'ex-
traire un Sel vierge de la Terre, ou un Lait
Volatil de l'Air, de la Rosée ou de la
,•
Pluie j mais lorsqu'ils croient avoir fait une
Pierre très-fixe, & le vrai Soufre des Phi-
losophes il se trouve qu'ils n'ont autre
,
chose qu'une Pierre aérienne & le Soufre
des Sots.
Les erreurs infinies de ceux qui travail-
lent ne viennent que de ce que les Phi-
,
losophes trompent de dessein formé ceux
qui les lisent s'imaginant que par ce
,
moyen , ils les détourneront du travail j
mais ils se trompent eux-mêmes j car cha-
cun aime tellement son erreur, qu'il se re-
met à travailler de nouveau avec plus de
chaleur & de confiance'qu'il n'a tait. La
cause de tant de malheurs est donc la seule
SORTANT DES TÉNÈBRES. 419
envie des Auteurs ; ce qui fait que notre
Poète, épouvanté de tant de sortes d'er-
reurs où tombent ceux oui s'attachent h
cette Science , doute de lui-même, 6c de
ron propre Ouvrage, implorant avec hu-
milité Tindulgence des Philosophes, 6c fur
de
tout ceux , qui, n'étant point infectez
du venin de TEnvie, en exercent tous les
devoirs, & sont revêtus d'une charité vrai-
ment Philosophique.C'cstdeceux là dont
on ne seau roi t trop, ni trop bien parler,
car ce font les Oracles de la Nature, qui
n'annoncent que de bonnes choses : Ce
font des Astres radieux dont la Lumière
,
éclatte pleinement aux yeux de ceux qui
les consultent. Mais revenant à la modestie
de notre Poè'te, qui lui fait dire qu'il ne
sçait pas TOeuvre & lui fait demander
,
Tindulgence des Philosophes, il y a beau-
coup d'apparence qu'iln'cn use de la sor-
te que par prudence, & qu'il aime mieux
passer pour Disciple que pour Maître.
Néanmoins, pour le satisfaire 6c ceux
,
aufli qui seront daos les mèmes doutes
que lui , nous voulons bien les assurer
qu'ils peuvent entreprendre TOeuvre har-
diment quand ils fçauront par théorie
, ,
comment, par le moyen d'un Esprit crud ,
on peut extraire un Esprit miìr du Corps
dissout, 6c derechef Tunir avec THuile vi-
tale pour opérer les. miracles d'une seule
42Ò LA LUKIBKB
Chose, ou pour parler plus clairement j
quand ils fçauront avec leur Mcnstruë vé-
gétablc, uni au minéral, dissoudre un troi-
sième Mcnstruë eslentiel, pour ensuite,
avec ces divers Menstrues, laver la Terre,
& Tayant lavée, Téxalter en nature céleste,
afin d'en composer leur Foudre sulfureux,
lequel, dans un clein d'oeil, pénétre les
Corps, & détruit leurs excrémens. Voilì
tout ce qu'il trous est permis de leur dire,
encore d'un stile figuré parce que ceh
,
regarde la Pratique, de laquelle peut-ârc
quelque jour nous traiterons plus claire4
ment : Soyez-en donc contens, vous, qui
aimez la Science, 6c qui recherchez la vé-
rité.
CHANT DEUXIEME,
S T R .01 P H E I.
Que les Hommes, peu versez dans P Ecole
' d'Hermès, se trompent, lorsqu'avec un
.esprit d'avarice, ils s'attachent au son
des mots, Cest ordinairement fur lafoi
.de ces noms vulgaires d'Argent vif &
éPOr qtíils s'engagent au travail, &
qu'avec l'Or commun ils /imaginent
par un feu lent fixer enfin cet Argent
f«g»if
CHAPITRE PREMIER.
g^^fe^l O us avons dèja touché les
gk^Pg erreurs de ceux qui travaillent
IS&JI avec l'Or 6c T Argent vif, s'j-
piBfiBfin] màginant de pouvoir' en' tirer
quciqué profit ; 6c nous avons fait voir,
qu'ils ignorent entièrement les Principeç
de la Nature ; ce qui fait qu'au lieu de
trouver la Pierre au milieu des Ténè-
,
bres qjui les environnent) ilshèurent lour-
;j.2$ LÁLVJÏIIRE*
dément contre les plus grosses Pierres qui
se trouvent en leur chemin. Leur opinion
roule uniquement sur ce que l'Or est le
plus noble de tous les Corps 6c qu'il
,
contient en lui la Semence aurifique, la-
quelle ils prétendent, disent-ils, multiplier
avec son Semblable, & dans cette vûë
ces pauvres Idiots se proposent de lc fai-
re végéter. Cette erreur est fortifiée chez
eux par les discours captieux de certains
Philosophes, qui enseignent que dans TOr
sont les Semences de 1 Or, 6c qu'il est le
véritable Principe d'aurification, comme
léFeul'cst d'ignition. Doctrine, dont fans
doute on peut tirer beaucoup de fruit,
pourvu qu'elle soit prise dàns son véritable
sens, mais qui étant mal entendue perd
,
les lgnorans. Notre Poète fait fort bien
connoître la cause d'une telle erreur,quand
il reprend ceux qui n'approchent de cet
Ajt divin que dans un esprit d'avarice,
& dont le coeur, ne désirant que de TOr,
fait qu'ils ne sont jamais contens r s'ils n'ont;
de l'Or dans leurs mains : Son éclat éblouit
leurs esprits austïbien que leurs.yeux, 6i
fa solidité ébranle la, faiblesse de leur cer-
veau : Sa beauté attache leur désir, 6c fa
vertu occupe tous leurs Sens j mais fa forte
Composition ne produit que leur confu-
sion, & fá noblesse fait voir la petitesse de
leurs conceptions.
SORTANT pïs TENEBRES. 42 %
II est sans doute que dans TOr est con-
eontenuë la Semence aurifique, 6c mê-
me plus parfaitement qu'en aucun autre
Corps ; mais cela ne nous oblige pas né-
cessairement à nòus servir d'Or vulgaire ;
car cette Semence se trouve de même dans
.chàcun des autres Métaux,puisque ce n'est
autre chose que ce Grain fixe,que la Natur
re a introduit dans la première Congéla-
tion du Mercure comme l'cnseignent
,
parfaitement Flamcl $c les autres j 6c en
cela, il n'y a point de contradiction, puis-
que tous les .Métaux ont usie même ori-
gine 6c une Matière commune comme
,
nous le ferons voir c^après : P'où il s'en-
fuit, que quoi que cette Semence soit plus
parfaite dans l'Or, toutefois elle se peut
extraire bien plus aisément d'un autre
Corps que de l'Or même, & la raison en
est que les autres Corps sont plus ouvrets
c'est-à-dire moins digérez 6c leur humir ,
,
dité moins terminée ja Nature n'ayant
,
accoutumé d'introduire la Formate TOr
qu'après l.a der.oiére eqisson. Les autres
Métaux; donc, n'ayant pû encore recevoir
cette Forme 9 cause du manque de cuis-
son, se trouvent plus ouverts non-seu-
,
lement par l'humidité de leur Substance,
qui n'est pas assez digérée, mais encore
à cause du mélange & de Tadhérence
fies' excr^mens qui empêchent la
, com-
'424 LA LUMFERE
pacité 6c la parfaite union ; ce qui fait q\i$
le Fer, quoi que plus cuit que TArgent
( comme entr autres l'enseigncnt docte-
ment Bernard Trévifan ) n'est pas néan-
moins si parfait, ni si uni dans fa Substan-
ce mercuriclle, à cause de la quantité des
séceá, qui ont empêché la cuisson , 6c par
conséquent Tunion : Mais pour çe qui est
de TOr, il a reçu la dernière cuiííon, 6c
la Nature a exercé fur lui son action dans
toute son étendue ,'&.ya imprimé toutes
ses vertus j en sorte qu il seroit très long,
très - difficile , 6c presque impossible de
travailler fur lui, à moins que d'avoir cet-
te Eau éthérée, lc Ciel des Philosophes,
6c leur vrai Dissolvant. Quiconque Ta
,
se
peut vanter d'avoir la parfaite connois-
îance de la Pierre ,.& d'avoir atteint
dit les bornes Atlantiques.
,
comme on ,
L'Or vulgaire ressemble à un fruit, qui,
parvenu uneà parfaite maturité, a été sé-
paré de T Arbre, cV quoi qu'il y ait cn lui
une Sejjence très-parfaité, & très-dige-
ste, néanmoins, si quelqu'un , pour le
multiplier, le mettoit cn terre, il faudroit
beaucoup de temps, de peine , 6c de foins
vpour le conduire jusqu'à ja végétation;
ÍViais, si au lieu de cela pri prenoit une
,
greffe où une racine du même Arbre, &
,
qu'on la mît en terïe pn la verroit en
,
f»eu de temps & fans peine végéter 6c rap-
porter
SORTANT DES TENEBRES, ^2$
porter beaucoup de fruit. II en est de mê-
me de TOr ; c'est le fruit de la Terre mi-
néralle 6c de l'Arbre solaire j mais un fruit
d'une très-solide mixtion, & le Composé
le plus achevé de la Nature, lequel, à
cause de cette égalité d'Elémens qui se
,
trouve en lui, souffre très-difficilement la
corruption 6c Taltération de ses qualités
,
pour passer à une nouvcllegénération.
C'est donc une entreprise tort difficile & ,
1 engin trei.
SORTANT DES TENEBRES. 4$ f
oarce que son Agent en a été séparé dan»
lafindesa décoction ; 6c TArgcnt-vif,
parce qu'il n'y a jamais été introduit, &
qu'il est demeuré ainsi cru & indigeste.
Que les Chimistes apprennent donc de
là, combien ils se trompent lorsqu'ils tra-
vaillent avec TOr 6c T Argent vif; prenant
l'un pour le Dissolvant, & l'autre pour ce
qui doit être dissout ; 6c combien peu ils
entendent les Philosophes T Pour nous,
sous vous disons hardiment que ni TOr
vulgaire, ni TArgent-vifvulgaire ne doi-
,
vent point entrer dans TOeuvre Philoso-
phique ni en tout ni en partie. Qu'après;
,
cela chacun fasse valoir tant qu'il voudra
son opinion, il suffit de sçavoir
me que je
fuis dans la vérité, & que je Tai manifestée
au monde.
4J2 LA LUMIÈRE
CHANT DEUXIEME.
STROPJKE II.
Mais s'ils pouvoient ouvrir les yetfíc de leur
esprit pour bien comprendre le sens caché
des Auteurs f ils vertoient clairement
que POr & P Argent vif du vulgaire font
.
destituez de ce Feu universel, qui (si le
.
véritable Agent lequel Agent ou Es-
,
.
prit abandonne les Métaux des qu'ils je
trouvent dans des Fourneaux exposez
à la violence des flammes & c'est ce
>•
•
plus qu'un. Corps mort & immobile.
CHAPITRE II.
NOtre Poète semble souscrire à To-
pinion que nous venons d'expli-
quer , en disant que les Métaux vulgaires
sont fans Esprit ou Agent, parce qu'ils
l'ont perdu dans la fusion ; ce qui insinue
que tous les Métaux, étant encore dans
leurs Mines, ont avec eux cet Agent, à
la réserve seulement de l'Or 6c de l'Ar-
gent-vif lesquels quoique dans leurs
, ,
Mines n'ont pourtant pas leur Agent
,
propre, parce que , comme nou3 avons
fait voir, il a été séparé de TOr par sa
décoction
SORTANT DES TENEBRES. 4.5 J
Hécoction finalle, & n'a jamais été joint
à TArgent-vif par la Nature. Mais afin que
le Lecteur ne retombe pas dans fa premiè-
re erreur, il est tems que nous disions quel-
que chose de la Génération des Métaux.
Tous les Philosophes assurent unani-
mement que les Métaux font formez par
la Nature de Soufre & de Mercure, 6c en-
gendrez de leur double vapeur : Mais la
plupart expliquent trop brièvement & trop
confusément la maniéré dont se fait cette
Génération. Nous disons donc que la va-
peur des Elémens, comme nous l'avons
ci-devant montré, sert de Matière à toute
la Matière inférieure, 6c que cette
vapeur
est très-pure & presque imperceptible
,
ayant besoin de quelque envelope au
moyen de laquelle elle puisse prendre
corps, autrement elle sVnvoleroit 6c re-
tourneroit dans son premier Cahos. Cette
vapeur contient en soi un Esprit de lu-
mière & de feu, de la nature des Corps
Célestes, lequel est proprement la Forme
de TUnivers. Ensorte que cette vapeur,
ainsi imprégnée de l'Esprit Universel,
re-
présente assez bien le premier Cahos, dans
lequel tout ce qui étoit nécessaire à la Créa-
tion étoit renfermé, c'est-à-dire la Matière
Universelle, 6c la Forme Universelle. C'est
elle qu'Hermès appelle Vent, lequel por-
te en son ventre le Fils du Soleil; Lors
Tome llh Oo *
4? 4 LALT/MIERE
donc que par lc mouvement des Corps
Célestes elle est poufïec vers lc Centre,
comme elle ne peut demeurer fans agir,
elle s'insinue dans la Terre qui est le Cen-
,
tre du Monde : Mais ayant besoin d'un
Corps pour se rendre sensible elle prend
Corps d'Air, qui est ,
lc même que nous
un
respirons, 6c se renferme en lui pour ser-
vir d'aliment à la vie qui est en nous, 6c
en môme temps pour nourrir & vivifier
toute la Nature. Cette vapeur est attirée
au travers de T Air par notre Feu interne,
lequel la transmue 6c la convertit en sa
propre nature ; mais toutefois après l'avoir
fait passer par des Milieux convenables,
comme nous le ferons voir plus ample-
ment quelque jour, en traitant de la véri-
table Anatomie de THomme. Çet Air est
attiré si promptement 6c si naturellement
qu'il est impossible de concevoir aucun
temps, aucun lieu, aucun corps dans le-
quel ne sc fasse pas une telle attraction
qui invinciblement qu'il n'y
,
ce prouve a
{ìoint de vuide dans la Nature, comme
'attestent tous les Philosophes éc tous les
Scholastiques ; 6c bien que quelques-uns
tâchent de prouver le contraire par des ex-
périences ce sont de mauvaises preuves,
,
fondées fur de fausses suppositions ; car ils
pe prennent pas garde, que ce qu'ils ap-
pclliní yuide, n'est qu'une simple raréfa-
SORTANT DES TÉNÈBRES, 43 c/
jftîon, qui n^cmpêche point qu'il n'y ait de
i'Air, ou une Substance semblable , dans
laquelle réside l'Esprit dont nous parlons.
Nul Corps au Monde ne pourroit avoir
ni conserver son Estre substantiel, s'il n'é-
toit doué de cet Esprit, lequel se spécifie
6c revet la nature de chaque Corps, pour
exercer
yfoieu les fonctions déterminées de
lequel a voulu que chaque chose
,
eut en foi son Esprit spécifique pour la
conservation de son Estre substantiel : Et
comme cet Esprit, qui réside en chaque
Corps, est de la nature du Feu, ainsi que
nous Tavons expliqué au Traité de U
Création il est fans doute qu'il a fans
,
cesse besoin d'un aliment qui lui soit pro-
pre , la nature du feu demandant qu'il soit
nourri & alimenté continuellement pour
remplacer ce qu'il dissipe aussi continuelle-
ment , à cause du mouvement perpétuel
qui est en lui, aussi bien que dans les
Corps Célestes, doiiez de ce mème Es-
prit.
Lc mouvement de cet Esprit, tel qu'il
se fait dans les Corps, est caché 6c ne peut
jamais s'appercevoir par les Sens, à moins
que TArt ne conduise ce même Esprit à
une nouvelle génération par le ministère»
de la Nature. A la vérité nous voyons
bien que les Animaux attirent cette va-
peur spirituelle, qui est dans l'Air ; mais
O o ij
436" LA LUMÌERE
à l'égard des autres Corps, dont la Na^
turc est plus grossière 6c plus impure , il
n'est pas si facile à cet Esprit de s'y insi-
nuer lorsqu'il n'est revêtu que du Corps
de l'Air : II a donc besoin d'un Corps plus
solide, & qui ait plus d'affinité avec les
Corps Tcrvestres : C'est pourquoi cette
pure vapeur des Elémens s'insinue dans
l'Eau, 6c se revêt de son Corps, & par
ce moyen les Végétaux 6c les Minéraux
reçoivent bien plus facilement ,leur ali-
ment , à cause de cette conformité à leur
nature : Cet Esprit donc n'est pas seule-
renfermé cfens TAir, mais aussi dans
ment
l'Eau.
L'Eau est dispersée par toute la Terre,
ôc devient quelquefois salée comme nous
,
l'avons fait voir. Or il arrive qu'en certains
Lieux où TAir est renfermé, cet Air, par
la simpathie 6c la correspondance qu'il a
avec les Corps Célestes, est ému de leur
mouvement, & ce mouyement de TAir
cite la vapeur renfermée dans cette Eau
salée, 6c raréfie l'Eau : Dans cette raré-
faction il se fait une grande commotion,
,
6c dilatation des Elémens : Et comme en
même temps d'autres vapeurs sulfureuses,
qui sont aussi répandues dans ces Lieux-
la à cause de la continuelle génération
, Soufre qui s'y fait
du ( comme nous l'a-
y.ons encore fait voir ci-dessus ) viennent
SORTANT DES TENBBTRES. 437
à s'élever, il arrive qu'elles se mêlent avec
la vapeur aqueuse 6c mercurielle & cir-
,
culent ensemble dans la matrice de cette
Eau salée, d'où ne pouvant plus sortir
*
elles se joignent au Sel de cette Eau 6c
,
prennent la forme d'une Terre lucide, qui
est proprement le Vitriol de Nature ; le
Vitriol n'étant autre chose qu'un Sel, dans
lequel sont renfermez les Esprits mercu-
riels & sulfureux 6c n'y ayant rien dans
,
toute la Nature qui contienne si abondam-
ment 6c si visiblement le Soufre que le Vi-k
triol, ôc tout ce qui est de la nature du
[Vitriol.
De ces Eaux Vitrioliques, par une nou-
velle commotion des Elémens, causée
par celle de TAir, dont nous avons par-
lé s'élève une nouvelle Vapeur, qui n'est
ni
, mercurielle ni sulfureuse mais qui est
,
de la nature des deux, & en s'élévant pa?
son mouvement naturel elle élève aussi
,
avec elle quelque portion de Sel, mais la
plus pure, la plus lucide, & la mieux pu-
rifiée par Tattouchement de cette Vapeur ;
en fuite dequoi clic se renferme dans des
Lieux plus ou moins purs plus secs ou
,
f»lus humides & là se joignant à la fécu-
, ,
ence de la Terre, ou à quelqu'autre Sub-
stance il s'en engendre diverses sortes de
,
Minéraux de la génération spécifique
,
/lesquels nous traiterons, Dieu aidant, eu
O o iij
438 LA LU MI ËRB
quelque autre occasion. Mais à l'égard de
la génération des Métaux nous disons
,
que si cette double Vapeur parvient à un
Lieu, où la graisse du Soufre soit adhé-
rante , elles s'unissent ensemble , & font
une certaine Substance glutineuse qui
,
ressemble à une masse informe, de laquelle,
par Taction du Soufre , agissant sur THu-
midité vaporeuse qui est abondante en ces
Licux-là, se forme un Métail pur ou im-
pur , selon la pureté ou l'impureté des
Lieux : Car si ces Vapeurs sont pures 6c
les Lieux aussi très purs il s'engendrera
,
un Mctail très-pur, à sçavoir l'Or, duquel
le propre Agent sera séparé à la fin de la
décoction ; en sorte qu'il ne restera plus
que la seule Humidité mercurielle, mais
coagulée : Et s'il arrive que la décoction
nc s achevé pas, 6c que le Soufre ne soit
pas entièrement séparé, alors il s'engen-
drera divers Métaux imparfaits, qui lc se-
ront plus ou moins, a proportion de là
pureté ou de l'impureté de la Vapeur &
du Lieu, 6c tels Métaux sont dits impar-
faits parce qu'il n'ont pas encore acquis
,entière perfection la dernière
une par
Forme.
A Tégard de l'Argent-vif vulgaire, il
s'engendre aussi de ectte même Vapeur,
lorsque, par la chaleur du Lieu, ou la
commotion des Corps supérieurs clic
,
SORTANT DES TÉNÈBRES. 4^0
s'élève avec les plus pures parties dn
Sel, mais séparée de son Agent propre ,
dont l'Esprit s'est évaporé par un mouve-
ment trop subit, comme il arrive à l'Es-
prit des autres Métaux dans la fusion : Et
cela fait qu'il ne reste dans T Argent-vif que
la partie mercurielle, privée de son Mâle
,
c'est-à-dire, de son Agent ou Esprit sul-
fureux & qu'ainsi il ne peut jamais être
,
transmué en Or parla décoction de la Na-
ture , à moins qu'il ne fût de nouveau inv
pregné de cet Agent, ce qui n'arrive ja-
mais.
Parce que nous avons dit, il est aisé de
Voir combien le Vitriol est éloigné dans
,
la génération des Métaux, & quelle illu-
sion se font ceux qui travaillent fur lui
commélûr la véritable Matière de la Pier-
re, dans laquelle doit résider actuellement
la véritable Essence métallique.
On voit aussi que les Métaux tandis
qu'ils sont dans leurs Mines ont avec ,
Agent, ,
eux leur propre mais qu'ils cn sont
privez par la fusion, 6c ne retiennent que
lécorce 6c l'envcloppe de cc Soufre, qui
est proprement la scorie du Méuil, par où
cil encore condamnée Terreur de ceux qili
travaillent sur les Métaux imparfaits, après
qu'ils ont soussert la fusion.
Mais quelque misérable Chimiste infé-
O o iiij
'44<> t A
peut-être de
LUMIÈRE
Métaux
là que les
rpra im-
,
parfaits étant encore dans leurs Mines
, ,
Íiourroient donc bien être le Sujet fur
equel l'Art doit travailler. Quand on lui
accorderoit la conséquence, toujours sc-
roit-ce mal-à-propos qu'il entreprendroit
de travailler fur eux puisque nous avons
,
fait voir que les Vapeurs mercurielles
dont ces Métaux imparfaits ont été for- ,
mez , où les Lieux de leur naissance étoient
impurs & contaminez. Comment donc
pourroient-ils donner cette pureté qu'on
demande poùr TElixir f II n'appartient
qu'à la seule Nature de les purifier, ou à
ce bienheureux Soufre aurisique c'est-à-
,
dire à la Pierre parfaite & achevée, la-
,
quelle en cet état, est un vrai Feu éthé-
,
ré, très-pénétrant , qui dans un instant
donne la pureté aux Métaux en séparant
,
d'eux leurs excrémens 6c en y introdui-
,
sant la fixité 6c la pureté, parce qu'il est
lui-même très-fixe & très-pur : Et si TAr-
tiste prétendoit séparer lui-même ces im-
puretés il arriveroit qu'en y travaillant,
,
cet Esprit ou cet Agent , si nécessaire à
l'Ocuvre, s'enfuiroit de ses mains. C'est
donc Touvrage de la Nature, 6c non pas
de l'Art: Mais ce que l'Art peut faire;
c'est de prendre un autre Sujet dèja
,
préparé par la Nature, duquel nous trai-
terons dans un Chapitre exprès, lc plus
SORTANT DES TENEBRES. 441
clairement qu'il nous sera possible pour
,
le soulagement des pauvres Etudians, &
pour la gloire du très-Haut.
CHANT DEUXIEME.
STROPHE III.
(Pest bienun autre Mercure, & un autre
Or, dont a entendu parler Hermès ; un
Mercure humide & chaud, & toujours
confiant au feu. Un Or qui est tout feu
& tout vie. Une telle différence tfeft-
eìle pas capable défaire aisément distin-
guer ceux-ci de ceux du vulgaire , qui
font des Corps morts privez d'esprit, au
lieu que les nôtres font des Esprits corpo*
rels toujours yivans.
CHAPITRE III.
ON n'entend parler chez les Philoso-
phes que d'Or-vif, d'Or Philoso-
phique ; mais bien loin de vouloir nous
expliquer ce que c'est il semble qu'ils
,
prennent à tâche de le voiler, 6c de l'en-
vcloper sous des ombres. Cepcndant,com-
me c'est en cela principalement que con-
siste lc véritable rondement de la Doctri-
ne , 6c mêrne de la Pratique, j'ai cru ne
pouvoir mieux faire que d'en dire présen*
tement quelque chose.
442 LALUWIERÉ
Ce n'est pas fans raison que les Philo-
sophes lui ont donné le nom d'Or, car
it est réellement Or en Essence & en
,
Substance ; mais bien plus parfait & plus
achevé que celui du Vulgaire : C'est un
Or qui est tout Soufre , ou plutôt, c'est
le vrai Soufre de TOr : Un Or, qui est
tout feu , ou plutôt le vrai feu de TOr,
qui ne s'engendre que daíí.« les Cavernes
6c dans les Mines Philosophiques : Un
Or, qui ne peut être altéré ni surmonté
Îiar aucun Elément, puisqu'il est lui-même
e Maître des Elémens : Un Or très-fixe,
en qui seul consiste la fixité-: Un Or très-
pur , car il est la pureté même : Un Or
tout-puissant car fans lui tout languit:
,
Or balzamique, c'est lui qui préserve tous
les Corps de pourriture : Or animal, c'est
l'ame des Elémens, & de toute la Nature
inférieure : Or végétable, c'est le Princi-
pe de toute végétation : Or minéral, car
il est sulfureux, mercuriel 6c salin : Or
,
éthéré, car il est de la propre nature de9
Cieux & c'est tan vrai Ciel Terrestre,
,
Voilé par un autre Ciel : Ensin c'est un
,
Or Solaire, car c'est le Fils légitime du
Soleil, & le vrai Soleil de la Nature: C'est
lui dont la vigueur fortifie les Elémens,
dont la chaleur anime les Esprits, & dont
le mouvement meut toute la Nature : De
ion influence naiuent toutes les vertus des
SORTANT DES TÉNÈBRES. 443:
Choses, car il est Tinstuencc de la Lumiè-
re , une portion des Cieux, le Soleil in-
férieur & la Lumière de la Nature, fans
laquelle la Science même est aveugle : Sans
fa chaleur, la Raison est imbéciUe ', sans
ses rayons, l'Imagination est morte ; fans
ses influences, l'Esprit est stérile 6c fan»
,
fa Lumière, ('Entendement demeure dans-
de perpétuelles Ténèbres. C'est donc très-
à-propos que les Philosophes lui ont dor*-
né le nom d'Or-vif, puisqu'il est lui-mô-
me , comme j'ai dit, la vie de l'Or, 6C
de sa propre Substance : Car TOr n'est
Í|u'une Substance mercurielle très-pure
éparée de ses excrémens, ,6c de son pro-
,
pre Agent externe, dans laquelle le Sou-'
fre interne ou autrement le Feu intrinsè-
»
que a introduit ses qualités, par lesquelles
les autres qualités élémentaires ont été
changées éc sont demeurées soumises à
,
la domination de ccllcs-ci ; ce qui fait que*
TOr est inaltérable ; car toutes les quali-
tés des Elémens sont en lui dans un tel
équilibre, qu'il n'y a plus de lieu au mou-
vement ; en sorte que le Volatil étant sur-
monté par la nature du Fixe, 6c lc Fixe
également mêlé avec le Volatil, il cn ré-
sulte une certaine homogénéisé qui fait
,
sa perfection <5c la pureté du Composé.
L'Or vif des Philosophes n'est encore-
autre chose queje pur feu du Mercure,c'eít:
'444 ^ A LUMIÈRE
à-dire la plus digeste 6c la plus accomplit
portion de la très-noble Vapeur des Elé-
mens : C'est l'Humide radical de la Nature,
plein de son chaud inné : C'est une Lumiè-
re , revêtue d'un Corps éthéré parfaitement
pfur, comme nous l'avons expliqué au Cha-
pitre de la Création, où nous avons fait voir
que la Lumière ne pouvant résider dans
cette Région inférieure, le Créateur Ta-
voit renfermée dans le Feu, & l'avoit re-
vêtue" de son Corps : Or ce Feu est un
|>ur Esprit , qui fait sa demeure dans le
Centre des Elémens 6c sert de véhicule
,
à la Lumière. Notre Esprit donc est joint
à l'Humide radical des choses, & réside
particulièrement dans le chaud inné ; ce
Î[ui fait qu'à bon droit les Sages ont dit de
eur Or-vif, que c'étoit la très-pure Va*
peur des Elémens, fur laquelle l'Esprit
igné avoit commencé d'agir, 6c y avoit
imprimé la fixité, la faisant passer en natu-
re de Soufre, d'où elle a pris le nom de
Soufre des Philosophes à cause de la
,
qualité ignée, qui domine en elle : Elle ne
laisse pas aussi d être appellée très-souvent
du nom de Mercure, parce que toute son
Essence dépend de la Substance mercu-.
rielle.
C'est ce Soufre qui agit cn tout Com-
posé 6c qui ayant en soi la nature de la
,
JUjmiére Céleste veut, à son exemple,
,
SORTANT DÉS TENEBRES. 44s
Continuellement séparer la Lumière des
Ténèbres , c'est-à-dire le pur de Timpur ;
C'est là le véritable Agent interne, qui agit
fur fa propre Matière mercurielle, ou Hur
mide radical, dans lequel il se trouve ren-
fermé. C'est la Forme informant toutes
choses ; 6c dans Tordre de la Génération,
c'est de son action & de Taltération qu'il
cause, que naissent toutes les diverses jCou*
leurs, selon les divers dégrés de la dige-
stion; mais fa Couleur propre 6c naturelle
est le rouge parfait, auquel se termine tou-
te son action , 6c où se manifeste son en-
tière domination fur le Sujet altéré. C'est
le chaud inné, lequel se repaît continuel-
lement de son propre Humide radical ;
& comme celui-ci fournit fans cesse la
-
Matière, l'autre agit aussi perpétuellement.
C'est enfin le véritable Artisan de la Na-
ture , par qui se manifestent les vertps sim-
pathiques, & par qui se font toutes les at*
tractions ; d'où il nous est aisé de com-
prendre la nature de la Foudre qui n'est
,
àutre chose qu'une exhalaison très-sèche
de la Terre, laquelle étant répandue dans
les airs, ne demande qu'à s'élever, 6c dans
cette élévation, venant à se purifier 6c à
sc dépouiller des fèces & des excrémens
ausquels elle est jointe, elle commence à
sentir peu à peu ses forces simpathiques.
Cette exhalaison contient en soi cette Va»
446 LA LUMIÈRE
peur des Elémens, que nous avons dit être
répandue par toute la Nature, mais revê-
tue d'un Corps, parce qu'elle a dèja ac-
quis quelque fixité au moyen de la íiccité
terrestre : Et comme dans cette nouvelle
élévation elle se trouve jointe à une au-
,
tre Vapeur plus volatile , qui exhale in-
cessamment de la Terre, elle est contrain-
te de s'élever avec elle jusqu'au plus haut
<le Tair, où se trouvant plus pure 6c plus
dégagée de ses excrémens comme j'ai
,
dit, elle prend une nature ignée, 6c con-
tinuant a «'élever toujours d'avantage, à
<ause de la Vapeur volatile à laquelle elle
est unie, elle s'échauffe enfin 6c s'altère
par le mouvement des Etoiles & des Corps
Célestes ; en sorte qu'ayant attiré à foi
les plus subtiles parties terrestres de Texha-
laiíon & tout son Humide radical étant
,
consumé, elle est dans un instant transmuée
en un Soufreterreslre lequel étant de na-
,
ture fixe, n'est plus porté cn haut, comme
il arrive aux Soufres volatils, mais tombe
enterre avec tant d'impétuosité, qu'il n'y
point d'obstacle assez sort lui résis-
a pour
ter. La même chose arrive au Soufre des
Philosophes lorsqu'il est projette sur de
,
î'Argent-vif; car, par son feu, il change en
sa nature tout l'Humide radical, qui est
très-abondant dans l'Argent^-vif, après cn
avoir séparé 6c rejette les excrémens ; Eí
SORTANT DES TÉNEBRÍS. 447
cet Argent-vif devient lui-même Soufre &
Médecine dans toutes les parties, pourvu
que THumidité se trouve inférieure à la
vertu 6c siccité du Soufre : Car, si la pro-
jection se fait fur une trop grande quantité
d'Argent- vif, cn sorte qu elle absorbe &
surmonte la vertu du Soufre, alors il n'est
changé & fixe qu'en Or, dans lequel il se
fait un tempérament entre l'Humide radi*
cal & le Chaud inné. Au reste, la Foudre,
étant portée au travers de TAir par fa pro-
pre vertus elle est attirée en Terre par un
autre Soufre qui se trouve fixe en elle,
parce que le rixe s^éjouit de la ;Nature
Jìxe, 6c
va avec précipitation Tcmbrasser,
fx se joindre à lui : Après quoi la Foudre,
étant tombée en Terre, son mouvement
cesse, 6c se trouvant dans un Lieu qui lui
est propre, & où, parla présence de T At-
tirant, il se fait plûtotune rétention qu'une
attraction elle demeure cn repos se re*
,
froidit & se concentre dans son proprg ,
Corps, après avoir déposé sa férocité, 6ç
réprimé sa violence. A l'égard de ses effets
prodigieux il ne s'en taut point étonr
,
ner j'ear comme c'est le Feu trèsrsixe de
Ja Nature,il détruit en un clin d'ceil tout ce
qu'il touche 6c en consume tout THumie»
,
de radical, àpeuprès comme une grande
flamme en dévore une moindre, & qu'une
grande Lumière en .absorbe une médiocre.
SH-S LA LUMIÈRE
[ il arrive aussi quelquefois, que la Fou-
dre acquiert dans ces exhalaisons, une cer-
taine nature spécifique suivant laquelle
,
elle détermine son action, en sorte qu'elle
détruira une chose, & ne fera aucun dom-
mage à une autre j ce qui provient de ce
qu'elle attire à soi, & absorbe seulement
ce qui est de sa nature, laissant ce qui lui est
étranger : Et quoique chaque Corps ait
en soi cet Humide radical des Elémens,
qu'il soit d'une seule & même nature par
tout, 6c qu'il n'y en ait point de deux sor-
tes, toutefois parce qu'il se trouvera dans
quelque Corps des Esprits spécifiques,
opposez à ceux de la Foudre 6c qu'il se-
,
ra outre cela environné de divers excré-
mens , alors la Foudre, sentant une na-
ture contraire à la sienne, se portera ail-
leurs 6c s'attachera à un autjre Sujet. A
,
l'égard de ces Esprits spécifiques nous
,
en traiterons plus amplement ailleurs il
,
suffit pour le présent d'avoir fait connoîtrç
d'où proviennent les vertus fimpathiques
6c la force des attractions.
L'effet du Soufre, pu Chaud inné des
Elémens duquel npus traitons dans cç
,
présent Chapitre se découvre encore
,
mieux dans la Poudre à Canon, car elle
abonde extrémçment en vapeur aérienne
mercurielle à cause de la nature du Sou-
,
fre du Salpêtre, qui sont renfermez
6c y :
Mais
SORTANT DES TENEBRES. 449
Mais parce que son Humide est cru, 6c
,
plus volatil que fixe par fa nature aérienne ;
quoique cet Humide ait pourtant cn soi
son Chaud inné ou Feu interne il arrive
lorsqu'elle est embrasée , elle dé-
que ,
montre entièrement sa nature volatile , 6c
remonte cn haut vers fa Patrie , à cause de
la conformité qu'elle a avec les choses su-
périeures enlevant avec soi i\cs portions
,
d'exhalaison terrestre 6c ignée ; mais elle
ne fait que vaguer au milieu des airs fans
,
qu'il y ait cn elle aucun sentiment d'attrac-
tion, ni aucun mouvement, qui la porte
plus ioin 6c dans cet état indifférent elle
,
sert seulement à la Nature pour de nou-
veaux usages. Mais si la Nature fixe étoit
en elle, alors elle chercheroit lc Centre
de la Terre, 6c s'y précipitcroit,commc on
voit qu'il arrive à la Foudre, ou à la Pou-
dre fulminante de TOr, dont les Experts
fçavcntbien extraire le Soufre fixe ( sui-
vant ce qu'enseignent fìdcllcment plusieurs
Auteurs ) lequel après qu'il a été mêlé
avec des choses inflammables & volatiles
à la façon delaPoudreà Canon, devient
?
lui-même inflammable* mais.étant enfla-
mé, il ne s'envole pas dans les Airs ; au»
contraire devenu plus libre & dégagé.de
,
ses excrémens, il se précipite vers la Terre
à l'exempíe de la Foudre j 6c malgré tous
les. obstacles, il se cache en elle à cause
STome Uîr Pp ,
4;o LA LUMIÈRE
que le Soufre de TOr, étant devenu fixe
Í>ar la Nature, est puissamment attiré par
e Feu fixe qui est renfermé dans la Ter-
,
re j 6c ainsi par son propre mouvement, il
est entraîné vers le lieu de fa Sphère. Puis-
qu'on discerne donc si visiblement de sem-
blables attractions pourquoi ne voudra-
,
t'on pas que ce qu'on appelle Vertus oc-
cultes 6c simpathiques,viennent de la même
Caufe,quoique cela ne soit pas tout-à-fait
sensible aux Ignorans. O combien y a-t'il
de choses dans le cours ordinaire de la
Nature qu'on attribue fort mal à propos à
ces Vertus ocultesi Mais il n'appartient
pas à de malheureux Philosophâtres de
connoître la nature des Choses;cet avanta-
ge est réservé aux seuls vrais Philosophes,
Que ceux donc qui s'arrêtent ainsi aux
Causes occultes s en tiennent aux vaines
,
subtilités de l'Ecole; quoiqu'il fùt beau-
coup mieux pour eux de pasler pour Chi-
mistes, 6c que cela leur servît au moins à
la connoissance de quelque vérité, que
d'abboyer, comme ils font, contre la Lu-
ne , faisant voir qu'il ne sont au fonds que
des Bêtes : Mais que chacun se berce à
son gré de ses propres chimères, j'y con-
sens de bon coeur.
Notre Soufre est à bon droit appclléOr
vif, puisqu'il est en effet le mouvementa
la vie 4e toutes choses $ 6i notre Poète
SORTANT DES TENËBRRS. 4| I
en a très-doctemcnt décrit la nature, cn
disant qu'il est chaud 6c humide trcs-sixe
,
au feu 6c pourtant de nature spirituelle ;
,
ce qui fait véritablement un Esprit corpo-
riíié. II n'est donc pas surprenant que les
Philosophes le cachent aux Ignorans, 6i
ne le découvrent que sous le nom d'Or
\yf; parce qu'en lui consiste tout le Secret*.
oc toute la Science. Mais examinons un
peu en quel Lieu , 6c en quel Corps prin*
cipalement on peut le trouver, afin d'en
expliquer sidcllement toute la Théorie.
Le Soufre, dont il s'agit, est renfermé
cn tout Corps, 6c nul Corps ne peut
subsister fans lui, comme il est aisé de Tin*
férer de sa nature ; il est dans les Vallées j
il est dans les Montagnes;il est au pro-
fond de la Terre, dans le Ciel, dans
TAir, en toi, cn moi, cn tout Lieu en-
fin ,6c en tout Corps ; en sorte qu'on peut
fort bien dire que TOr vif des Philoso-
-
phes se trouve par tout; mais proprement,
on le doit trouver dans fa Maison ,& c'est
là qu'il saut la prendre, autrement ce sera-
en vain qu'on le cherchera ailleurs. L'Or
la Maison de l'Or est le Mercure, comme
Tenseignent tous les Philosophes : C'est
donc dans la Maison du Mercure qu'il*
faut le chercher ; mais il ne faut pas en-
tendre ici le Mercure vulgaire ; cor quoi>-
qu'il s'y trouve aussi, & que son Corps te
P P *i
4Í2 LA tuMlERB
renferme, toutefois ce n'est qu'imparfat-i
tement 6c en puissande seulement, comma
nous avons dèja dit. Aprens donc à con-
noître le Mercure, 6c sçache que là où
il réside principalement 6c plus abondam-
ment , c'est là que se trouve le Soufre :
Sçache de plus que c'est un vrai Feu, &
que le.Feu vit de TAir : Où donc TAir
abonde davantage c'est là qu'il se nour-
,
rit qu'il croît 6c qu'il se trouve facile-
, Mais prends, garde à le bien discer-
ment :
ner dans les Lieux, où, quoi qu'empri-
sonné il ne laisse pas .d'exercer quelque
,
forte d'empire, 6c non pas en ceux où il
est absolument soumis aux autres, & fouil-
lé par des excrémens ; carie Feu de la Na-
ture tend toujours à dominer fur les autres
Elémens s'il n'en est empêché par Tabon-
,
dance d'Eau qui lui est contraire, ou qu'il
ne soit suffoqué sous les excrémens : De là
vient qu'il est écrit : Ne mange pas du Fils,
dont la Mère abonde en menstruë.
"• • Les Philosophes ont donc cherché leur
Pierre dans les Minéraux, pensant y trou-
Ver une Nature fixe ,-.& une permanence
propre à conserver là vie dans son Estre,
parce que les Minéraux sont d'une nature
plus fixe , à cause de la grossièreté des
-Elémens qui les composent, 6c Tabondan-
ce d'Eau àc de Terre ,' qui est en eux ;
ce qui fait que leur Humide radical, au-
SORTANT DES TENEBRES. 4f$
prochant davantage de la fixité, se con-
vertit plus aisément cn Soufre fixe. Outre
cela les Minéraux, 6c fur tout les Métaux;
s'engendrent aux entrailles de la Terre, où
l'Humide des Elémens, que les Influences
o^t porté au Centre, se conserve cn plus
grande abondance d'où vient que les
,
Principes i dont les Métaux sont compo-
sez sont fort remplis de cet Esprit éihe-
,
ré ', 6c outre cela encore, à force de cir-
culer en vapeur, 6c de se sublimer, ils so
purifient davantage, au lieu que dans les
autres Composés, on ne scauroit trouver
cette naturelle 6c parfaite Sublimation, à
cause de la porosité des Vases 6c de la dé-
bilité des Matrices, qui seroit que tout ce
qui se fublimcroit s'envoleroit : Ou si la
Substance étoit plus corporelle, il se seroit
une Altération & une Corruption ten-
,
dante à Génération, avec quelque déper-
dition d'Esprits qui particulièrement
, ,Enfant,
dans la génération d'un pénétrants
la Matrice, causeroier^t divers simptômes,
ou à la tête ou à quelqu'autrc partie du,
Les ,
Elémens donc ne s'élevant pas
corps.
en vapeur, ni ne se raréfiant il
pas, ne sq
fait aucune circulation, & par conséquent,
point de purification ; par où ii est aisé de
voir de quelle excellence doit être la Pier-;
re Phisique , qui, par le moyen d'une se-
conde Sublimation qui se fait dans le/
,
4£4 ^ A LUMIÈRE
Vaisseau Philosophique, acquiert une bien
plus grande perfection & une pureté si
, ,
j'ose lc dire toute céleste ; ce qui fait
,
qu'à bon droit les Philosophes Tont ap-
pelle leur Ciel.
CHANT DEUXIEME.
STROPHE IV.
0 grand Mercure des Philosophes, c'est en
toi que s'unissent i'Or & P Argent, après
qu'ils ont été tirez de puissance en aclt ;
Mercure tout Soleil & tout hune triple
Substance en une & une Stéftance en >
,
trois, 0 chose admirable l Le Mercure,
k Soufre & le Sel mefont voir trois Sub-<
stances en une feule Substance,
CHAPITRE I V.
NOus avons dèja discouru brièvement
jhi Mercure des Philosophes ; mais
afin dé le donner «lieux à connoître, il
faut sçavoir que cxst par les seuls Philo-
sophes que ce Mercure est tiré de puissan-
ce en acte, la Nature n'étant pas capable
d'elle-même d'achever cette production,
parce qu'après une première Sublimation,
elle s'arrête, 6c fa Matière étant disposée
,
elle y introduit la Forme faisant de TOr
,
ou quelqu'autre Métail, scion le plus ou
SORTANT DFS TÉNÈBRES 45-7
le moins de Décoction, 6c aussi selon que
les Lieux sont purs ou impurs. Les Phi-
losophes ont pris soin de cacher ce Mer-
cure sous des voiles, 6c de Tenvelopcr de
Paraboles ; n'en ayant jamais parlé que
par Enigme , 6c fur-tout sous le nom d'A-
malgame d'Or, 6c d'Argent vif vulgaires,
donnant au* Soufre le nom d'Or, 6c au
Mercure celui d'Argent vif, & cela pour
mieux tromper les Ygnorans. Tous leurs
mots sont équivoques, & c'est là leur fa-
çon de parler ; tellement que ce seroit une
pure bêtise de vouloir travailler suivant le
son de leur paroles. Si cet Amalgame ne
se faisoit qu avec TOr & l'Argent vif vul-
gaires ô que de Gens deviendroient Pos-
,
sesseurs dé la Pierre Philosophale ; tout le
monde seroit Philosophe & la Science
,
seroit aisée à acquérir par cette seule Opé-
ration. Mais, au fonds que peut-on re-
,
cueillir d'un pareil Amalgame quoiquer
fait avec beaucoup de soin ? rien fans
,
doute, & il n'y a qu'un Esprit subtil &
pénétrant qui puisse bien comprendre le
Mercure & le Soufre des Philosophes-,
aussi bien que leur union. Que les Chimi-
stes cessent donc de s'arrêter au son des
mots, & qu'ils fçachcnt que de travailler
suivant leur sens apparent, c'est une pure
solie 6c une dissipation de ses Biens ce
, ,
qu'ils reconnoîtront enfin à leurs dépens.
'^6 LA LUMIÈRE
Après que par la Sublimation TArt
purifié le Mercure, ou la Vapeur desElc
mens , à quoi est requise une indullri
merveilleuse, alors il faut Tunir à TOr vif,
c'est-à-dire y introduire lc Soufre, afin
qu'ils ne fassent ensemble qu'une seule
Substance, & un seul Soufre. C'est cette
union que TArtiste doit parfaitement con-
noître ; & les Points ou Milieux, par les-
quels il peut y parvenir ; fans quoi il sera
frustré de son attente. II a besoin pour
cet effet de sçavoir plusieurs choses ; mais
fur-tout, si le Mercure <Sd le Soufre font
bien purifiez ; ce qui n'est pas aisé, à moins
de connoître bien le principal Agent de
cet Oeuvre, le Vaisseau qui y est propre,
& plusieurs autres choses, enseignées par
.lesPhilosophes au sujet de la Sublimation.
Quand donc ils seront bien purifiez, il
faudra les unir parfaitement & les amalga-
mer ensemble, afin que , par Paddition de
ce Soufre POuvrage soit abrégé & la
,
.Teinture augmentée. C'est ici où nous
devons imiter le silence des Philosophes,
de peur que la «Science ne soit profanée;
car.il est écrit de laiílér ceux qui errent,
datis leur erreur, 6c que ce n'est que par la
permilsió nde Dieu qu'on parvient à la coo-
noissançe cse cet Oeuvre lequel consiííe
,
à sçavoir coriioindre le Soleil 6c la Lune
dans un seul Corps. Mais afin auflî qu'on
':
' ce
SORTANT DES TÉNÈBRES. 4 f 7
ne nous accuse pas d'envie si nous n en
,
disons pas davantage, nous protestons que
fi à la vérité nous nous sommes réservez
quelque chose, il n'y a au moins aucun
mensonge dans tout ce que nous avons
dit : Que nous n'avons enseigné aucuho
Opération Sophistique : Que nous ' n'a-
vons point proposé diverses Matières , 6c
Qu'ensin nous avons fait voir clairement
qu'il n'y a qu'une seule vérité, quoique,
par un juste jugement de Dieu elle soit
voilée pour quelques uns. ,
sNòus ajofttpns encore que ce Mercure
est très-souvent appelle par les Philoso-
phes leur Cahos pirec qu'en lui est ren-
,
fermé tout ce qui est npeestaire à l'Art :
Par la même raison encore ils Tont nom-
mé leur Corps, le Sujet de l'Art, la Lune
pleine TArgent vif animé, 6c d'une infi-
,
nité d'autres noms. Et parce que les trois
Principes y font également balancez par
l'òpération de la Nature, les Philosophes,
a cause de cette parfaite union des Princi-
pes, l'pnt quelquefois áppellé Vitriol : En,
effet le mariage ,du Soleil 6c de la Lune
s'y fait voir à l'ceij, on y voit le R.oj dans
son bain Joseph dans Ta prison, 6c Tort
, y
contemple le Soleil dans fa Sphère ; mais
i'explication de tous ces noms demande-
rpjt un gros volume, ainsi nous la remet-,
trpns à une autre sois.
Tomelll, * Qq*.
X.;8 LA LU M IE#I!
CHANT DEUXIEME.
STROPHE V.
fltaìs ott est donc ce Mercure aurifique
- qui, étant r.ejbut en Sel ù' p
en Soufre,
' dévient P Humide radical des Métaux ,
& ítur Semence animée ? II est empri-
sonnédans une prisonfiforte, que la Na?
tttre mème nefsauroit l'en tirer, fi PArt
.
industrieux ne lui en facilité les moyens*
.-••'• CHAPITRE V,
LE Soufre des Philosophes est, com-
dit, enclos dans Tin-
me nous avons
iimc de l'Humide radical, mais emprison-
né.'fous''une si dure écorce, qu'il ne peut
s'èléver.dáns.les airs que par une extrême
industrie de l'Art ; car,ía Nature n'a pas
dans les Mines un Mcnstruë convenable
ni capable de dissoudre & délivrer ce Sou-
fre faute de mouvement local, 6c selon
,
la
que vapeur s'élève, où qu'elle demeure
^enfermée, tout ce qui est de la première
.Composition demeure aussi, ou s'envole}
/nais si 'derechef elle pouvoit dissoudre,
putréfier & purifier le Corps métallique,
fans doute elle nous donueroit clL-même
}& Pierre Phisique, c'est-à-dire un Soufre
exalté 6c multiplié en vertu. Tout Iruit,
SORTANT iDES TÊHÉBÉES, 4J$
ou'tout grain, qui n'est pas derechef mis
dans une terre convenable pour y pour-
rir, ne multipliera jamais, & demeurera
tel qu'il est. Or TAítiste,quiconnoît le bon
grain, prend ce grain, & le jette dans, fa
terre aprés Pávoir ;bien fpraêè 6c préparée *
6c là il soípóùrrit j se dissout ,6c se íubtilie
tellement ; que sa vertu prolifique s'étend
<5iso multiplie presque à Tinfini : Et au lieu
que-d'abord cette vertu étoit renfermée
«.CommeaÛpupie dans un seul grain ,iella
acquiert dans cette régénération tant d<|
force & d'étendue quille est contrainte
,
d'abandonner fa première demeure ,'poúï
se loger dans plusieurs autres grains. Que*
les rDiseiples de l'Art considèrent donc
attentivement comment, par le seul acte*
dò! la {Putréfaction & de la Dissolution, cè
Soufre interné acquiert une si grande ver-
1
GHANT DEUXIEME.
STROPHE VI.
Mais quefait donc l'Art ?Àtinistre ingé*
fiieuxqe la diligents ^sature il purifie
t ,
par une flamme vaporeuse lesjentiers
qùi conduisent à la prison, iV'y
ayant
pas de meilleur guide ni de plus fur
moyen que celui d'une chaleur douce &
\ continuelle pour aider la Nature, & fui
donner lieu de rompre les liens dont
trì Mercure est comme garrotté.
CHAPITRE VI.
LA Nature a toujours accoutumé de se
servir de chaleur pour la Génération
des choses, 6c cette chaleur est manifeste
6c sensible dans les Animaux. A Pégard
Q q iij
'4<fo. .? ?L A: L;\J>tí i E « t'.- :
des! Végétaux elleLest à la vérité insensi-
,
ble , mais elle ne laisse pas d'être compré-
hensible suivant' que le Soleil s'avance ou
se recule ; ce qu'on appelle les.Saisons ;
quoj qu'il ne t faille paè'cr.oire que la cha-
leurdu)Spleil. soit unenGauso.efficiente i
mais feulement une Cause occasionnelle ;
lc FeUexterhc de la Nature étant excité
par le mouvements du Soleil & des autres
Sphères. Mais pour ce qui est des Miné-
raux^, la chaleur, n'y est jamais percepti-
ble si ce n'est,par .aqcidèut * lorsque les
,
Soufres s'enflamment. Une telle chaleur
he contribue point à la Génération, au
contraire, elle brûle 6c détruit ce .qui est
dèja engendré dans les lieux voisins : Ain-
si il faut chercher pourcujt une autre cha-
,
leur j <5cPori trduyéra qu'elle ne doit pas
s'áJJperceYolrjjarics' Seùsj jsaree 'que si
Cela étoit*, l'O.úVra'ge dela NaVùPc seroit
trop prompt, mais elle doit être telle qu'on
s'apperçoive plutôt du froid, comme ii
arnye clans les Mines, où règne un froid
jfjè*rpèti\el:, malgré lcqueT(,Ce qui est ad-
mirable) la Nature Conserve toujours la
1
CHANT DEUXIEME.
STROPHE VII.
Oiii, oiiì, c'est ce seul Mercure aut vou'f
devez chercher, ô Esprits indociles 1 puis-
qu'en lut seul vous pouvez trouver tout
ce qui est nécessaire aux Sages. C'est en
lut que se trouvent en pujsance prochai*
ne & la Lune & le Soleil, qui sans Ot
& Argent du vulgaire,- étant unis en*
.
semble deviennent la véritable Semen*
de P
t
Argent & de l'Or.-
ce
CHAPITRE VIT.
IL est dit dans le Dialogue de la Natif-
re, 6c ailleurs, qu'on juge aisément du
Principe qui fait agir par la fin qu'on se
y
propose. Mais à Tégard des Chimistes, il
n'est pas difficile de voir que le but auquel
ils aspirent, est de faire de TOr, 6c qu'ils
ne sont portez à l'acquisition de cet Art
que par cc seul motif. La tirannie que l'Or
exerce fur les coeurs, s'est tellement em-
parée du Monde, qu'il n'y a aucun Pais,
aucune Ville, aucun endroit où TOr ne
j(éé LA fiUMÏ*É*á*tí
manifeste son pouvoir : II n'y a point dé
Sçavant, point de Païfan, point d'Enfant
même qúi ne soif réjoui par son éclat, 6c
rie soit attiré par fa beauté ; 6c cela parce
qu'il est de la Nature Humaine de désirer
le bien, 6c de rechercher ce qu'il y a de
plus parfait. Or il n'y a rien sous le Soleil
de plus'parfait que ce Fils du Soleil, dans
lequel est gravé le véritable caractère du
Père : Ce n'est point un Enfant adultérin,
lípais son Fils légitime, & fa véritable Ra-
tfe, revêtue de toute ía splendeur, qui a
réuni en soi toutes ses vertus 6c qui les
,
départ ensuite libéralement aux autres.
Rien n'est si beau dans le Ciel que le So-
leil rien de si parfait fur la Terre que
,
PGrj'aùssitoute la Troupe Cliirtíique n'as-
pire qu'à sa possession j d'où il arrive que
telle qu'est leur fin, tel est leur travail;
c'est-à-dire, que leur intention étant d'a-
voir de l'Or, le fondement de leur travail
est l'Or ; mais ils ne sçavent pas que pour
la Multiplication des choses on ne de-
,
mande pas le Fruit ni le Corps, mais lc
Sperme & la Semence du Corps, avec la-
quelle il se puisse multiplier. Mais il est
temps d'expliquer en peu de mots ce que
c'est que ce Sperme & cette Semence.
Nous avons dèja dit ci-devant cn plu-
sieurs endroits, que le véritable Sujet de
lo Nature, ou Substance des Corps, étoit
S"0A*rANT DBS TJENEBRES. 46*7
PHumide radical & nous avons si bien
,
fait voir, la Nature de cet Humide radi-
cal qu'il ne reste plus à sçavoir que Tor-
,
dre de fa Spécification j & la maniéré de
fa Multiplication. Pour y parvenir, il faut
regarder comme une chdso constante que
4e Feu de la Nature, ou autrement le Sou-
fre de Nature, réside dans cét Humide
radical, & qu'il est le grand Artisan de la
Nature ,- auquel' elle obéît absolument ;
fcar ce qu'il veut, la Nature le veut aussi.
•Or.ce Feu, ainsi renfermé dans les Corps,
ne> désire que de s'étendre en vertu, 6c cn
quantité 5 c'est pourquoi il convertit fans-
cesse en soi l'Humide radical f 6c se multi-
)lie en le consumant j mais cela se fait im-
perceptiblement & à vneíure, autrement
du
,
Corps se détruiroit, si on nb
• a nature
jui fournissoit pas toujours un nouvel Hu-
mide pour remplacer l'Humide consume*.
Ce Feu est le Chaud inné, toujour splein
de vie 6c de chaleur ; mais il est gouver-
né par des Esprits spécifiques lesquels
,
font de la nature de la Lumière surcéle-
ste 6c ont reçu cette Spécification dans lc
,
point de la Création par la vertu ineffable
de Dieu 6c selon son bon plaisir, auquel
,
la Nature ne fait qu'obéir, cn suivant sans
relâche ses Loix éternelles. Ces Esprits
spécifiques demeurent Constamment dans
lès Corps jusqu'à qu'ils soient entiérér
ce
46*8 1 A LUMÍ E HÈ
ment consumez, 6c réduits à rien ; c'est-*!-
dire, tant que l'Humide radical subsiste
en tout ou en partie ; niais lui, étant une
fois détruit, la vertu spécifique est aussi
détruite. Ge Chaud inné, enrichi de son
Esprit spécifique, réside / comme nous
avons dit, dans le Domaineroy'al de PHu-
ihide radical, comme le Soleil dans fa
propre Sphère: La nature du Corps lui
obéit, 6c l'Humide radical lui fournit fans-
Cesse fa matière 6c son aliírient, lequel est
aussi sans-cesse dévoré parceFcu, bc con-
,Vcíti dans fa propre nature ; mais cette co-
.ction est plus ou moins forte, 6c la Natu-
..tfi opéïe plus ou moins facilement, selon
le plus ou le moins d'cxcrémens qu'elle
fencontre. Cet Humide est dispersé par
jout l&Çorps, & se conserve dans le Gen-
.tre de la moindre dé ses particules ; 6c
.lorsqu'il abonde Humidité c'est le
cn ,
Sperme du Corps : Mais si cette Humidi-
té est terminée & plus cuite alors c'est
,
proprement, la Semence du Corps. La Se-
mence n'est donc autre chose qu'un Point
invisible du Chaud inné, révêtu de son
Esprit spécifique, lequel réside dahs THu-
jmide radical, 6c cet Humide * après quel-
que altération, est proprement le Sperme
du Corps.
Cette iémence,en quelque Règne que
co soit, Animal, Végétable ou Minéral,
SORTANT DBS TENEBRES. '466
veuf fans-cesse se multiplier autant qu'es»
le en a le moyen ; mais elle est souvens
contrainte de demeurer en repos & fans
action, renfermée dans son Corps, à caus-
se que la Nature n'a pas de mouvement,
local à moins que l'Art industrieux
»
a'extite la chaleur interne par quelque
moyen externe, 6c ne lui donne lieu par
cet aiguillon de rassembler ses forces, &
de réveiller fa vertu pour s'en servir à
dévorer son Humide radical,& ainsi se
multiplier: Mais l'Humide radical qui
,
est.Paliment propre de la Semence est
aussi quelquefois tellement enveloppé d'ex-
,
crémeos, qu'il ne fçauroit aider au Chaud
inné ; en forte qu'il demeure tout lan-
guissant & fans action quoique le pro?
,
pre de fa nature soit d'agir ; 6c lors ,
ne pouvant attirer à soi quune très-pétitè
portion de l'Humide radical, & encore
avec beaucoup de peine 6c de temps , il
arrivejBnsin,parl'émotionnaturelles Pin-
tempéne des Elémens, qu'il sodétruit en-
tièrement & retourne vers fa Patrie ; d'où
,
i) revient dans de nouveaux Corps: Ainsi
la Corruption de l'un est la Génération de
Poutre, par une continuelle vicissitude des
choses,
Dans le Règne Anin>al j le Chaud inV
né attire des alimens l'Humide, qui lui est
nécessaire pour fa restauration ; 6c par cette
£70- :
LA LU MI K RÉ
attraction, les parties du Corps affoiblîesí
se rerourniíTcnt d'un nouvel Humide à la
•vérité, mais pourtant plus cru, quoi qu'il
soit de même nature, & qu'il ait d'autant
plus d'affinité ávec lui, que. ces alimens
font plus'souverít pris du mêmeRègne : Us
for^t quelquefois pris aussi du Végétable
où cet Humide a reçu une spécification r
particulière, rnais plus cpnvenaBle pour-
tant à la Nature Animale, que celui qui
se trouve,.dans les Minéraux;oú dans les
Elémeòs dont là naíuré est trop univers
,
selle. Au reste', toué' ces Hpmides radi-
caux sontd'une même Substance6c Essen-
ce , à la différence que quelqu'uns n'ont
reçu aucune coction , 6c que les autres
Pont reçûè'.en partie. .: ~,
passe
toujours par des Milieux ,6cnt va jamais
,
CHANT DEUXIEME.
STROPHE VIII.
Mais toute Semence eft'inutile ,fi elle de-
meure entière ,fì eíle ,&
ne pourrit ne
devient noire} car la Corruption précède
toujours la Génération, C'est ainsi que
procède la Nature dans tomes ses Opéra-
tions s& nous, qui voulons Pimiter,noUs
devons aussi noircir avant de blanchir
sans quoi nous ne produirons que des ,
Avortons,
CHAPITRE VIII,
NOtre Poëte enseigne ici brièvement
ce que nous avons dèja expliqué ,
à sçayoir que sans la putréfaction il est
,
impossible d'atteindre au but désiré qui
,
est la délivrance du Soufre ou Semence,
,
renfermée dans la prison des Elémens : Et
en effet, il n'y a que cc seul moyen , car
480 LA LUMIÈRE
fi la Semence n'est jettée en terre pour y
^pourrir, elle demeure inutile la Nature
,
nous enseignant de procéder par la cor-
ruption à sa multiplication des Semences.
Or cette corruption ne s'accomplit que
.dans.un Menstruë approprié, comme nous
Pavons fait voir en parlant des Animaux
& des Végétaux. Dans les Animaux lc
,
Menstruë est placé dans la matrice où lc
,
Sperme se corrompt ; & à Pégard des Vé-
gétaux , leur Menstruë se trouve dans la
terre, où les Semences sont réincrudécs
& corrompues. Pour ce qui est des Mi-
néraux leur Menstruë est renfermé dans
,
leur'propre matrice , qui est prise pour
•leur terre: Mais comme dans les Ani-
maux , les matrices doivent être confor-
tées 6c les Femelles nourries des meil-
,
leurs alimens, fans quoi PEmbrion auroit
de la peine à être poussé dehors ou reste-
,
roit très-infirme ; 6c comme il faut auífi
d.tns les Végétaux que la terre soit libou-
rée, purifiée, appropriée , 6c fumée} au-
trement en vain y jetteroit-t'pn du Grain ;
il en est'de même des Minéraux, & sur-
tout de nos Métaux dans la procréation
de PElixir ; car si la Semence aurisique
n'est jettée dans une terre bien préparée,
jamais l'Artiste ne viendra à bout de ce
qu'il souhaite parce qu'autrement la ma-
,
trice sera infectée de vapeurs puantes , 6c
d«
SORTANT DBS TENEBRES 48 t
de Soufres impurs. «*Sois donc très-ch>"
çonfpect dans la culture de cette terre,
après quoi jettes-y ta Semence, & fans
doute elle te rapportera beaucoup de
fruit.
TomelïL S f*.
482 LA. LUMIÈRE
CHANT TROISIEME,
STROPHE I.
0 vous ! qui pourfaire de l'Or par le moyen
de l'Art, étés jans cesse parmi les flam-
mes de vos charbons ardens qui tantôt
>
congelez} ty tantôt dissolvez vos divers
/Mélanges en tant estant de manières,
les distolvqnp quelquefois entièrement,
quelquefois les congelant seulement en
partie ; d'où vient que comme des Pa->
pillons enfumez vous passez les jours
,
& les nuits à rod.er autour de vosfourt
peaux.
CHAPITRE PREMIER.
jfp§f|gS|E front des Chimistes, tour
1 WÊâ Ìours mo'tc 'a ft,eur ciu'''
"c
1 EUS ^'^*^e 1^'ns cesle,
marque bien
muimáB la dissolution de leur cerveau ;
maíáií à beau s'en élever des vapeurs ,
elles sont si noires 6c si impures, que bien
jjtoin que leur ignorance soit purgée par ce
SORTANTDES TENÈBRES. 4§£
ìliôyeft, 6c leur tête purifiée, elles ne font
que découvrir leur folie. C'est lc supplice
des Damnés que d'avoir toujours envie de*
voir la Lumière, 6c d'être dans de perpé-
tuelles Ténèbres : II en est de même de
ces Chimistes ; car quoique la Lumière se
léve pour les autres ils demeurent tou-
,
jours ensevelis dans un profond sommeil,
6c leurs yeux sont dans un aveuglement
qui ne finit point. Quel moyen de chasser
d'autour d'eux les Ténèbres qui les en-
vironnent & comment dissoudre la gros-
,
sièreté de leur esprit si le feu continuel
,
de leurs Fourneaux a tellement raréfié leuf
entendement, qu'il ne leur en reste pres-
que plus. Vous les voyez fans-cesse oc-
cupez à anatomiser toutes sortes de Mix-
tes par leurs Calcinerions, Dissolutions ,
Cohobations, 6c Sublimations s'imagi-
,
nant avoir distinctement, par ce moyen ,
les diverses Substances des Elémens 6c
donnant à leurs Mélanges, à leurs Huiles,,
& à leurs folles Confections divers noms,
comme d'Air, de Feu
,
6c semblables.
Quelle extravagance de prétendre purger
les Corps de leur crasse, 6c de leur impu-
reté par le moyen des Eaux corrosives
,
& contre nature qui corrompent & dé-
,
,
truisent la Nature, renfermée dans les Mix-
tes. Ces Eaux dissolutives des Philosophes
)ae doivent point mouiller les mains, parce
Sfij
484 «LA LUMIÈRE
qu'elles font du .genre des Esprits, mercu?
fiels & perrnanens qui ne s'attachent
,
qu'aux choses qui sont de leur propre na-
ture : Et s'ils lisoient les Auteurs, ils ver-
roient qu'ils enseignent que nulle Eau nc
peut dissoudre les Corps d'une .véritable
Dissolution que celle qui demeure avec
,
eux dans une même Matière, & fous une
même Forme, $c que les Métaux dissouts
peuvent derechef recongeler. Mais, en
yéritp, quelle convenance y a-t'il entre les
Eaux de ces Gens-là, 6c leurs Corps i
nulles fans doute ; car au lieu de se join-
dre à .eux, cljes surnagent au-dessus, 6c
aemeureroient de ia sorte au feu jusqu'au
jour du Jugement. Malheureux qu ils sont,
ils prétendent être fort habiles, 6c ne se
font jamais donné la peine d'apprendre ce
qu'il faut nécessairement sçavoir avant
jtoutes choses.
II n'y a pas moins d'habileté à connoî-
tre l'Eau des Philosophes, qu'il y en a à
.connoître lcu,r Soufre ; 6c Pouvrage de la
Solution est aussi caché chez eux, que
POr qu'ils entendent qu'il faut dissoudre
est mistérieux. Cela est cause que les Igno-
rans' prennent d'abord l'Or vulgaire » ou
quelqu'un des autres Métaux , & qu'ils es-
sayent de le dissoudre avec Jc Mercure,
qu avec quelqu'autre Minéral corrosif, cc
óu'i|s font vainement., Quelle folle raisotj
SORTANT DES TENEBRES. 4$ f
leur peut persuader qu'un Corps terrestre
sera conjoint avec Une Humidité aqueuse
fans un Milieu qui puisse unir ces deux
,
Natures, tous les Philosophes ordonnant
expressément de combiner les Elémens pal?
des Milieux, 6c enseignant que jamais les
Extrêmes ne peuvent être unis fans une
nature participante des deux ? Mais les
pauvres Gens ne sçavent rien de ce qu'il
faut sçavoir, 6c ils veulent édifier fans avoirs
un bon fondement : Ils joignent ensemble'
diverses choses selon leur caprice 6c fan*
examen 6c ils s'imaginent tout possible 6c
,
tout aisé. II y en a plusieurs d'entr'eux qu?
raisonnans suivant la capacité de leur petit
cerveau , établissent pour un Axiome in->
dubitable Que la Matière est Une j qu'il
,
faut la dissoudre 6c purifier, puis en extrai-
re ce qu'elle a de pur, 6c ensuite la joîiv
dre avec un Mercure bien lavé ; après
duoi, fans autre industrie , 6c fans autre
rcu que celui des charbons , on doit la
commettre aux foins de la Nature. Ceux*
qui raisonnent de la sorte sont les plus do-
ctes 6c prétendent entendre-parfaitement
,
les paroles des Philosophes 1 mais les pau-
vres Ignorans n'en comprennent pas la vé-
ritable intention. Car avant de commettre
Pouvrage à la Nature il faut, à Téxem-
,
Î>le d'u Laboureur, que TArtistc choisisie
e Grain qui lui est nécessaire ; qu'il lc dé-
Sfiij
486* LA LUMIÈRE
pure , 6c qu'ensuit-' il le mette dans une
terre bien cultivée ', après quoi il peut fans
difficulté le confier aux soins de la Natu-
re , à l'aide d'une simple chaleur, admini-
strée au dehors Qu'ils commencent donc
par entendre ce que c'est que notre Grain,
ce que c'est que la culture de notre terre,
6c après ils pourront dire qu'ils fçavcnt
quelque chose. Mais puisque nous avons
touché ce qui regarde la Solution il est à
,
propos que nous PéxaminionsaYCCimpcu
d'attention.
Les Auteurs disent qu'il y a trois sor-
tes de Solution dans POuvrage Phisique :
La première qui est la Solution ou Ré-
,
duction du Corps cru & métallique dans
ses Principes à sçavoir en Soufre 6c en
,
Argent vif: La deuxième, est la Solution
du Corps Phisique : Et la troisième, est la
Solution de la Terre minéralle. Ces So-
lutions sont si envelopées de termes obs-
curs , qu'il est impossible de les entendre
fans le secours d'un Maître fidelle. La pre-
mière Solution se fait,lorsquc nous prenons
notre Corps Métallique, & que nous en ti-
rons un Mercure*& un Soufre ; c'est là que
nous avons besoin de toute notre industrie,
6c de notre Feu occulte artificiel pour ex-
traire de notre Sujet ce Mercure ou cette
Vapeur des Elémens, la purifier après Pa-
voir extraite, & ensuite par lc même or-
SORTANT DES TÉNÈBRES. 487
cire naturel, délivrer de ses prisons lc Sou
•
fre, ou TEssence du Soufre j cc qui ne
peut se faire que par le seul moyen de la
Solution, «5c de la Corruption , laquelle
il faut parfaitement connoître : Le signe
de cette Corruption est la noirceur, c'est-
à-dire qu'on doit voir dans le Vase une
Certaine fumée noire, laquelle est engen-
c'iéc de l'Humidité corrompante du
Mcnstruë naturel ; car c'eit d'elle que dans
la commotion des Elémens, se forme cette
Vapeur. Si donc tu vois cette Vapeur noi-
re , sois certain que tu cs dans la droite
voie, & que tu as trouvé la véritable mé-
thode d'opérer. La deuxième Solution
fe fait, quand le Corps Phisique est dis-
sout, conjointement avec les deu K-&?!>-:
stances ci-dessus, 6c que dans ectte Solu-
tion tout est purifié 6c prend la Nature
,
Céleste ; c'est aîor3 que tous les Elémens
subtiliez préparent lc fondement d'une
nouvelle Génération & c'est là propre
,
ment lc véritable Cahos Philosophique ,
6c la vraie première Matière des Philoso-
phes comme l'enseigne le Comte Ber-
,
nard ; car c'est seulement après la Con-
jonction de la Femelle 6c du Màlc, du
Mercure âc du Soufre,.qu'elle doit être
d;tte la première Matière, & non aupara-
vant. Cette Solution est la véritable réin-
crudation par laquelle on a une Semence
,
S siiij
488 LA LUMI E R K
très pure & multipliée en vertu ; car si lc
,
Grain demcuroit cn terre fans être réincru-
dé 6i réduit dans cette première Matière,
cn vain le Laboureur attendroit-il la Mois-
son désirée. Tous les Spermes sont inutiles
pour la multiplication , s'ils ne sont aupa-
ravant réincrudez : C'est pourquoi il est
très-nécessaire de connoître parfaitement
cette réincrudation , ou réduction cn pre-
mière Matière i par laquelle feule se peut
faire cette deuxième Solution du Corps
Phisique. A Pégard de la troisième Solu-
lion c'est proprement cette humectation
de la Terre, ou Soufre Phisique 6c Miné-
-j
CHANT TROISIEME.
STROPHE II.
C:sse2 déformais de
vousfatiguer en vain,
de peur qtPttne folle espérance ne fasse
aller toutes vos penses enfumée. Vos
travaux dopèrent que d'inutiles sueurs ,
qui peignent fur votre front. les heures
malheureuses que vous passez dans vos
salles retraites. A quoi bon ces flamines
vioUntes,puisjue les Sages u'ujhnpoint
de charbons afdens, ni de bois enflam-
mez pourfaire P Oeuvre Hermétique f
CHAPITRE II;
NOus devrions dans ce Chapitre, pour
suivre Tordre de notre PoêV marier
du travail ridicule des Artistes .ans;
mais parce que nous en avons dèja(,dit quel-
que chose, 6c que nous aurons encore oc-
casion d'en parler, nous n'y insisterons pas
pour le présent, de crainte d'être trop pro-
lixes, nous nous contenterons feulement
d'avertir le Lecteur fur le sujet du Feu,qu'il
ne faut pas entendre un feu de charbon, de
fumier, de lampe,ni de quelqu'autrç gen-
re que ce soit ', mais que c'est lé Feu dont
use la Nature, cc Feu si fort cache chez
les Philosophes 6c dont ils ne parlent
,
4pó LA LUMIÈRE
que très-obscurément ; la construction du-
quel est aussi diflìcile qu'elle est íécrette,
6c si les Artistes la fçavoicnt
, nous pou-
vons assurer hardiment qu'ils n'auroient
qu'à entreprendre TOeuvre des Philoso-
phes pour y réussir : Mais afin que lc Le-
cteur soit convaincu de nos bonnes inten-
tions fur ce sujet, nous allons passer à Im-
plication du Chapitre qui fuit.
CHANT TROISIEME.
STROPHE III.
Ùest le même Feu dont Nature se
avec ta
sert sus terre, que P Art doit travailler,
& c'est ainsi qisil imitera la Nature. Un
Peu vaporeux, mais qui n'est pourtant
.
Tww. ïf£r Y£
4^8 LA LUMIÈRE
CHANT TROISIEME.
STROPHE IV.
CV/î avec un tel Feu que P Art qui veut
,
imiter la Nature, doit travailler &
l'un doit suppléer ,
que au défaut de Pati-
ne. Nature commence y P Art achevé ,
& lui seul purijìe ce que la Nature uc
pouv&it purifier. VArt a Pindufìrie en
partage , & la Nature la simplicité; de
sorte que si l'un n'applamt le chemin
l'autre s'arrête tout aujsi-tôt. ,
CHAPITRE IV.
NOus avons fait voir ci-dessus en quoi
consiste l'habileté de T Art, à sçavoir,
à secourir la Nature & fur-tout dansTad-
,
ministration du Feu, tant externe qa'in-
terne. Ce dernier sert pour Pabbréviation
de l'Oeuvre ôc consiste dans Taddition
,
d'un Soufre plus mírr &plus digest, par
îe moyen duquel la Sublimation Phisique
se parfait entièrement ; car le Feu aug-
mente le Feu, Ôc deux Feux unis, échauf-
fent davantage Ôc convertissent lesElémens
passifs en leur nature, bien plus aisément
que ne fçauroit faire un seul. C'est donc
un trèsgrand artifice que de sçavoir se-
courir le. Feu par le Feu, & tout l'Art de
SORTANT DES Tr.NF.BRt.. 499
la Chimie n'est autre chose que de bien
connoître les Feux & les s<;avoir bien
administrer. ,
Les iMiilofophes non» parlent dans leurs
Livres de trois fortes c\c Feux le Na-
,
turel lfInnaturel & le Feu contre-na-
, i
ture.
liC Naturel est lcFeu masculin, le prin-
cipal Agent ; mais pour l'avoir il faut
l'Artiste ,
que emploie tous ses foins &
foute son étude ; car il est tellement lan--
guiíTant dans les Métaux ôc si fort con-
,
centré en eux que fans un travail très-
,
opiniâtre on ne peut lc mettre en action.
,
I/lnnaturel est le Feu féminin ôc le
,
Dissolvant universel, nourrissant les Corps,
6c couvrant de fes ailes la nudité de Ja
Nature ; il n'y a pas moins de peine tV
l'avoir que lc précédent. Celui-ci paroît'
fous la forme d'une fumée blanche & il;
arrive très-fouvent que fous cette Forme,
il s'évanouit par la négligence des Artistes;-
U est presque incompréhensible, quoique
par la Sublimation Phisique il- apparoisse:
corporel ôc resplandissant.
Le Feu contre-nature est celui qui cor»-
rompt le Composé, Ôc qui le premier a lai
puissance de dissoudre ce que la Nature-
avoit fortement lié: II est voilé sous- une:
infinité de noms afin d-êtremieux caché:
, 1
ï
aux Ignorans;:&gour bien íe^connourç^
t ijj
£oo LA LUMIÈRE
il faut beaucoup étudier, lire & relire les
Auteurs ôc comparer toujours ce qu'ils
,
disent avec ía possibilité de la Nature. 11 y
st outre cela divers Feux , comme de fu-
mier de bain, de cendres d'écorces
,
d'Arbres de noix d'huile, de lampe ,
, ,
ôc autres qui tous font compris mistique-
ment fous la Catégorie de ces trois Feux,
ou par eux-mêmes , ou en partie , ou en
tant qu'unis ensemble; mais parce qu'il fau-
droit un gros volume pour expliquer tous
ces noms , ôc plusieurs autres encore qui
se trouvent dans les Livres, il suffira pour
le présent ôc dans le dessein que nous
,
f.vons d'éviter la prolixité, d'en avoir
donné quelque idée, d'autant mieux que
notre Poëte a si clairement décrit les pro-
priétés de ce Feu qu'il semble n'être pas
,
besoin d'un plus grand éclaircissement,
SORTANT DES TÉNÈBRES, roï
CHANT TROISIEME.
STROPHE V.
A quoi donc servent tant & tant de Sub-
stances différentes dans des Cornues
dans des Alembics // la Matière ejl
r
,
unique aussi-bien que le Feus' Oui, la
Matière ejl unique eìle esi par tout, &
>
les Pauvres peuvent savoir aussi-bien
que les Riches. Elle esi inconnue à tout
le monde, & tout le monde Va devant
les yeux elle esi méprisée commcde la
y
boue par le Pulgaire ignorant
,
& Jb
vend à vil prix ; mais elle esi prétieusc
au Philosophe qui tn connoit la valeur,
y
CHAPITRE V.
PResque tous les Philosophes convien-
nent entr'eux fur l'unité de la Matière,
& affirment unanimement qu'elle est une
en nombre ôc en espéce ; mais plusieurs
d?entr'eux entendent parler de la Matière
Phisique, qui est une Substance mercu-
riellc, ôc à cet égard ils disent qu'elle est
une , parce qu'en eftet il n'y a qu'un seul
Mercure en toute la Nature quoi qu'il
,
contienne en soi diverses qualités par
lesjuelles il varie selon la diverse domi-,
,
nation & altération de ces qualités. Pour
yoa LA LU MI E KT?.
moi, je n'cntens point ici cette forte d'u-
nité mais celle qui regarde le Sujet Phi •
,
sique, que l'Artiste doit prendre à ía main
,
& qui fans aucune équivoque est unique ;
car notre Oeuvre ne se fait point de plu-
sieurs Matières P Art n'étant pas capable
,
de mêler les choses avec proportion ni de
,
connoître les poids de la Nature. II n'y a-
donc qu'une Nature qu'une Opération
, ,
& enfin qu'un seul Sujet, lequel sert de base
à tant d'Opérations merveilleuses.
Ce Sujet se trouve en plusieurs lieux ,
ÔC dans chacun des trois Règnes ; mais si
CHANT TROISIEME.
STROPHE VI.
Cest cette Matière, si méprisée par les
ignorant, que les Doctes cherchent avec
foin, puisqiCen elle est tout ce qu'ils peu-
vent désirer. En elleje trouvent conjoints
U Soleil & la Lune, non les vulgaires,
non ceux qui font morts. En elle est ren-
fermé le Feu , d'où ces Métaux tirent
leur vie ; c'est elle qui donne l'Eau ignée,
qui donne aujsi la Terrefixe > c'est elle
enfin qui donne tout ce qui est nécessaire
à un Esprit.
CHAPITRE VL
NOtre Poëte continue dans ce Cha-
pitre d'enseigner à fa manière ordi-
naire ce que nous avons dèja dit du Sujet
,
de P Art ; mais afin de ne pas ennuyer par
des répétitions , nous dirons seulement ici
que dans ce Sujet sont renfermez lc Sel,
le Soufre & le Mercure des Philosophes,
lesquels doivent être extraits l'un après
l'autre par une Sublimation Phisique par-
SORTANT DÉS TENEBRES, f 0*7
faite ôc accomplie : Car d'abord on doit
tirer le Mercure en forme de vapeur où
de fumée blanche, ôc ensuite dissoudre
l'Eau ignée , ou le Soufre par le moyeri
de leur Sel bien purifié,volatilisant le fixe,
ôc con joignant les deux ensemble dans unò
union parfaite. A Pégard de cette Terre
fixe dont notre Poëte dit qu'elle est con-
, Sujet, disons
tenue dans notre nous qu'ert
elle gît la perfection de la Pierre , le véri-
table Lieu de la Nature, Ôc le Vaisseau où
se réposent les Elémens. C'est une Terré
fusible Ôc ignée, très-chaude ôc très-pure,
laquelle doit être dissoute ôc inhumée
,
four être rendue plus pénétrante, ôc plus
propre à Pusage des Philosophes, ôc pour
être enfin le second Vaisseau de toute la
perfection. Car«omme il est dit au sujet
du Mercure quw Vaisseau des Philoso-
phes est leur Eaokussi peut-on dire à l'é-
?ard de cette TerreV^que lc Vaisseau des
hilofophes eflf léur Terre. La Nature
ppuefente Mère, t'a donné ,
comme une
mon cher Lecteur, dans ce seul Sujet tout
>
CHANT TROISIEME.
STROPHE VIL
Mais au lieu de considérer qu'unseul Corn"
posé suffit au Philosophe vous vous
, à
amttjez, Chimistes tnfìnsez , mettre
plujieurs Matières ensemble > & au lieu
que le Philojòphesait cuire à une chaleur
douce & solaire, & dans un seul Vaij-
seau, uneseule Vapeur qui s'épaissit peu,
,
à peu, vous mettez auseu mille ingré-
diens differens } & au lieu que Dieu a
fait toutes choses de rien, vous au con-
traires vous réduisez toutes choses à rien.
CHATITRE VIL
NOtre Auteur se mocque en cet en-
droit de tous les vains travaux dés
Chimistes vulgaires, ôc fur-tout de ceux
qui travaillent fur diverses Matières à la
fois ; ce qui répugne entièrement à la vé-
rité de la Science ; car ces Substances sont
séparées ou par la Nature ou par PArt : Si
c'est par la Nature quoi qu'ils fassent,
,
ils ne pourront jamais conjoindre ce que
la Nature a disjoint, Ôc toujours la Sub-
stance aqueuse surnagera j cc qu'il y a
même à considérer, c'est qu'ils ne connoî-
tront jamais le juste poids, parce qu'ils
Y u iij
jio
h'ont
LA LUMIÈRE
pas en leur pouvoir la balance de la
Nature, laquelle, par ses attractions, pèse
les Essences des choses ; ôc ainsi il arrivera
que ces Ignorans, bien loin <Je fortifier
ces attractions les détruiront, ne consi-
,
dérant pas que Pestomac de P Animal atti-
re seulement ce qui lui est nécessaire , ôc
îc jette le reste par les exçr.émens. II leur
est donc impossible de connoître ce véri-
table poids ôç par conséquent leur erreur
est sans remède ; car prenant des choses
contraires & dèja /Séparées par la Nature
dans lesquelles il ne se peut faire d'attra- ,
.
ction jamais le poids ne se trouvera.
,
Que si ces Substances font séparées par
l'Art, je poids de la Nature ne s'y trou-
vera pas non plus , étant détruit & dissipé
par la discontinuité des Elémens , ôc une
partie demeurera toujours séparée de l'au-
tre. Ainsi ceux-là n'errent pas moins, qui,
prenant deux Matières, prétendent les tra-
vailler, les purifier íjt les conjoindre par
leurs sophistiques opérations, que ceux
fluii ne prçnnant .qu'un seul Sujet, le divi-
sent en plusieurs parties, ÔC par une vaine
' Dissolution croyent les réunir de rechef.
Notre Art ne consiste point en pluralité ,
ôc quoi qu'il soit ordonné presque dans tous
les Traités des Philosophes de prendre
" tantôt une chose ôç tantôt une autre , à
sçavoir une partie fixe ôc une partie vola.-
t
SORTANT DES TÉNÈBRES, $II
tile ou bien de prendre de POr bu
,
quelqu'autre Corps le purifier, le cal-
,
ciner ôc le sublimer, tout cela n'est que
tromperie & qu'un pur mouvement d'en-
vie pour abuser les Hommes ; mais quand
ils auront reconnu leurs erreurs par leur
propre expérience , alors ils verront que
je n ai enseigné que la vérité.
CHANT TROISIEME.
STROPHE VIII.
Ce n'est point avec les Gommes molles ttì
les durs Excrémens, ce n'est point avec
le Sang ou le Sperme humain ; ce
n'est point avec les Raisins verts ni
,
les Quintessencesherbales, avec les Eaux
sortes , les Sels corrosifs, ni avec le Vi-
triol Romain ce n"est pas non plus avec
, 1
celui-ci l'Agent
que en
Í>ropre, en& l'autre la Matière dûë, ou
e Patient ; à cause dequoi ils sont rejetiez
de tous les Philosophes, il faut dire enco-
re la même chose des autres Minéraux,
dans lesquels on ne sçauroit trouver cette
splendeur ôc cette Essence métallique
cîont parlé.
,
nous avons
Mais pour ce qui regarde PAntimoine
,
il semble qu'il soit en état de nous donner
ce que nous cherchons ; car il a une si
grande affinité avec les Métaux qu'on
, Métail
peut dire que c'est proprement un
cru : Cependant , si nous examinons ía
composition intrinsèque, il est certain que
nous trouverons qu'il a de très-grandes
superfluités Ôc entr'autres une humidité
,
grossière ôc indéfinie, qu'il est très-diffici-
le à l'Art de purifier, à cause que fa na-
ture est trop déterminiéo au Saturne » étant
proprement un Plomb ouvert & cru, trans-
mué par Popération de la Nature > ce qui
SORTANT DES TÉNÈBRES, fry
a obligé les Philosophes de défendre qu'on
s'y attachât, ni qu'on travaillât fur lui.
Ceux qui travaillent fur les Métaux,
errent encore beaucoup dans le choix,
de la Matière prochaine qu'il fuit pren-
dre ; car étant unique, il n'est pas né-
cessaire de s'amuser par trop de rasine-
ment à faire des Amalgames, ni aucu-
ne autre vaine mixtion : Mais comme
nous ayons dèja traité de leur Génération
ÔC des Causes de leur imperfection, laquelle
le$ empêche d'étr,e propres pour notre
Oeuvre, nous renverrons le Lecteur à ce
qui en a été dit.
Pour la conclusion de ce Chapitre, nous
avertissons ici le Fils de la Science qu'il
,
doit profiter des expériences d'autrui, ôc
se mettre en tète que puisqne tant de Gens
ont travaillé fur les Minéraux, par une in-
finité d'Opérations différentes, fans pour-
tant fappec au but, il faut nécessairement
qu'ils ayent erré à l'égard des Principes,
Ôc des Fondemens de P Art comme le
,
Comte Bernard le justifie par fa propre ex-
périence nous apprenant qu'il a voyagé
,
presque par tout le Monde fans jamais
trouver que des Opérateurs sophistiques ,
lesquels ne travailloient pas en Matière
dûe mais toujours fur de mauvaises Ma-
,
tières toutes lesquelles il nomme, & con-
,
damne en même temps comme inutiles
jió* LA LUMIÈRE
pour POeuvrc. 11 faut donc qu'il y ait une
autre Voie, ôc une autre Matière, que les
yeux du Vulgaire ne discernent point ; car
íì la Matière étoit une fois connue, il est
certain qu'après beaucoup d'erreurs, on
trouveroit enfin le secret de la bien tra-
vailler ; mais on voit qu'ils ne la connois-
sent pas, à cela particulièrement qu'ils se
jettent d'erreur en erreur, fans pouvoir ja-
mais s'en dépêtrer, ni discerner la moin-
dre vérité : Us ont toujours dans les mains
des Métaux & des Miner >x, ÔC ne sça-
vent point lesquels sont vils, lesquels sont
morts, lesquels sont sains , lesquels sont
malades ôc de cette ignorance naît enco-
,
re une infinité d'autres erreurs , jusqu'à ce
qu'après s'être long-temps flattez inutile-
ment , perdant enfin tout espoir, ils ne
songent plus qu'à tromper les autres.
SORTANT DES TÉNÈBRES, y 17
CHANT TROISIEME.
STROPHE IX.
A quoi servent tous ces divers mélanges t
puisque notre Science renferme tout le
Magistèredans une feule Racine, queje
vous ai dèja affezjatt conno'ure, <& peui-
étreplus que je ne devois. Cette Racine
contient en elle deux Subfiances, qui
n'ont pourtant qu'une feule Essence > &
ces Substances qui ne font d abord Or
,
& Argent qu'en puissance , deviennent
enfin Or & Argent en atle pourvu
,
que nous sçachions bien égaliser lews
poids.
CHAPITRE IX.
COmme notre Auteur parle ici de Pé-
galité des poids, nous nous croyons
obligez, nonobstant ce que nous en avons
dèja dit, d'en instruire de nouveau le Le-
cteur studieux.
C'est Poffice de PArt ôc non de la Na-
ture a'observer exactement le poids en
toutes choses. Mais quand la Nature a
dèja ses propres poids, comme nous l'a-
yíMis fais voir dans le Chapitre septième
fla'même Doctrine nous apprend à accom-
,
moder nos poids aux poids de la Nature,
yi8 LA LUMIÈRE
& d'y travailler comme elle fait, par voie
de purification ôc d'attraction ; c'est-à-di-
re , que quand nous avons bien purifié nos
Substances, ôc que de la Nature terrestre
nous les avons élevées à la dignité céle-
ste dans le meme moment, ôc par la for-
,
ce de Pattraction nous pesons nos Elémcns
dans une fi juste proportion, qu'ils de-
meurent comme balancez, fans qu'une par-
tie puisse surpasser l'autre j car lorsqu'un
Elément égale l'autre en vertu en sorte,
Fixe ,
par exemple, que le ne soit point sur-
monté par le Volatil, ni le Volatil par le
Fixe, alors de cette harmonie naît un juste
poids, ôc un mélange parfait. Cette éga-
lité de poids se voit manifestement dans
POr vulgaire ôc c'est ce qui fait que les
,
vertus des Elémens demeurent tranquilles
en lui, fans qu'aucun domine fur l'autre ;
mais au contraire, leur force, étant unie
par ce moyen, il est capable de résister à
toutes les qualités contraires des Elémens
survenaris du dehors. .Dans notre Oeuvre
tout de même, lorsqu'un pareil mélange
est achevé, nous pouvons dire que nous
avons le véritable Or vif des Philosophes,
parce que la vie est bien plus abondam-
ment en lui que dans POr vulgaire, ôc
qu'il est tout rempli d'Esprits, en forte
qu'on peut le regarder ausst-tôf comme un
vrai Mercure, que comme un Soufre.
Cela doit suffire au sujet des poids.
SORTANT DES TÉNÈBRES, eip
CHANT TROISIEME.
STROPHE X.
Oui» ces Substancesse sont Or & Argent
aeluellemtnt, & par Pégalité de leurs
poids, le volatil est fixé en Soufre d'or,
O lumineux l o véritable Or animé! fa-
dore en toi toutes les merveilles & toutes
les vertus du Soleil. Car ton Soufre est
un trésor, & le véritable fondement de
fArt, qui meurit en Elixir ce que la Na-
ture mène seulement à la perjeftion de
CHAPITRE X.
LEs Philosophes ont écrit plusieurs
choses touchant )a vertu de leur Sou-
fre ou Pierre cachée; ôc comme, en cet-
,
te occasion , ils n'ont point déguisé la vé-
rité mais au contraire Pont éclaircie le
,
plus qu'ils ont pû, lc Lecteur pourra s'in-
struire suffisamment dans leurs Livres où
il trouvera que ce n'est autre chose que
,
i'Humide radical de la Nature revêtu &
,
enrichi des qualités du Chaud inné, lequel
a le pouvoir d'opérer des choses admira-
bles ôc même incroyables ; démontrant
,
puissamment ses vertus dars les trois Rè-
gnes. Nous avons dèja fait voir ce qu'il
yao LA LUMIÈRE
peut opérer sur les Animaux : A Pégard
des Végétaux il est fans doute qu'il peut
,
fort
en étendre si la vertu qu'un Arbre
,
portera du fruit trois ou quatre fois Pan-
née ôc bien loin que ses forces en soient
,
diminuées, elles en seront augmentées ;
car c'est un Soleil terrestre qui épand fans-
ceslè ses fertiles rayons du Centre à la Cir-
conférence, fortifiant si puissammentla Na-
ture , qu'elle multiplie au centuple. On
voit que les Jardiniers ont bien sçu trou-
ver lc secret d'avoir des Roses tous les
mois ôc de multiplier aílèz leur vertu
,la faire aller au-delà ,
pour du terme ordi-
naire : Pourquoi donc, par une conforta-
tion encore plus grande ne fera t'on pas
,
croître ôc multiplier les autres Végétaux f
Et pour ce qui est des Minéraux , ne doit-
on pas croire qu'il fera encore fur eux
de bien plus grands effets, puisqu'ils ont
beaucoup plus de convenance avec fa na-
ture fixe, ôc que ces effets là feront mille
fois plus admirables que ne disent les Au-
teurs , dont la plupart ne Pont pas bien
fçu Ôc les autres Pont exprès envclopé
, le silence ?
fous Quoiqu'il en soit, nous
soutenons que par le moyen de ce grand
'Secret, il fera poífible à un habile Artiste
d'étendre si loin la force ôc la vertu des
choses, que ce qu'il opérera, paroîtra mi-
raculeux ôc surnaturel, sur-tout s'il fçait
bien
SORTANT Í)ES TÉNÈBRE?. j*2i
bien se prévaloir de la connoifìànce qu'il
aura des vertus simpathiqucs.
A Pégard de ce qu'on dit que par notie
Pierre, lc Verre est rendu malléable, la
chose est fort incertaine quoique par rai-
,
son elle soit poffiblc puisque la malléabi-
,
lité ou Pcxteniìon provient d'une certaine
oléaginité fixe ôc radicale, qui conglutine
les choses, ôc les unit par kurs plus pcti- '
tes parties, en quoi notre Pierre abonde
extrêmement. Le verre étant donc une
très-pure portion de terre ôc d'eau privée
de son Humide radical, comme nous avons
fait voir au Chapitre du Mercure, il ne
seroit pas surprenant qu'en lui redonnant
•
un nouvel Humide radical, ses parties se
conglutinassent-, ôc fissent ensemble un cer-
tain Elire homogène. Enfin une infinité de
miracles se peuvent faire par cette voie là
lesquels ne seront pourtant que Peffet de
,
-la simple Magie naturelle» mais que les
Ignorans croiront être des productions du
Démon ne faisant pas réflexion que c'est
,
un sacrilège ôc une impiété que d'attribuer
à ce malin Esprit ce qui est dû à la seule
Nature, ou à P Auteur de la Nature.
Au lieu d'Epilogue , nous avertissons
feulement le Lecteur, que s'il lit ces cho-
ses dans Pesprit d'une sage curiosité ôc
,
avec le désir de s'instruire,, nous voulona-
bien consacrer avec pie cet Ecrit à son»
«". Tomz UU * Xx
$22 li A LUMIERÎ
loifir, afin qu'il en puisse retirer le fruit
qu'il souhaite, à proportion de Pétenduë
ôc de la capacité de son esprit, ce que
nous prions Dieu de lui accorder. Mais il
. doit sçavoir auísi
que tout Don parfait
vient du Père des Lumières, Ôc qu'il est
écrit que la Sapience n'entrerajamais dans
une Ame souillée , & qu'on aura beau
avoir Pcfprit subtil, ou une profonde éru-
dition si le Très-Haut ne daigne regarder
,
pitié qui Pinvoqueront sincé-
en çeux en
rité de coeur, & ne leur accorde gratuite-
ment ce grand Don. Quiconque donc
s'approchera fans cette véritable disposi-
tion, s'en retournera fans aucun fruit.Nous
protestons au reste que si nous avons avan-
cé quelque chose contre la Foi Catholi-
que, ôc Chrétienne, directement ou indi-
rectement , no.us voulons que cela soit te-
nu ipour non écrit .j reconnaissant que le
íprinçipal point du Philosophe est de mar-
cher félon la régie de JESUS-CHRIST le
Rédempteur ôc de craindre fur toutes,
,
choses Dieu notre Souverain Jcge.
F I N du Troisième Volume.
TABUfr
TABLE
Des Chapitres contenus dans ce
Troisième Volume.'
*
tkion detem ce qui est enseigné damlks
T A B L E.
Traités des doute Clefs de la Pierrepré'
tiéuse des Philosophes, page 7 2
Du Mercure. Premier Principe de POeu-
vre des Philosophes , 7y
Du Soufre. Second Principe de POeuvre
des. Philosophes
y
76
Du Sel. Trqtfiitne Principe de POeuirt
des Philosophes, 77
Première Addition, contenant les Ensei'
gnemens de POeuvre des Philosophes$ 1
^Seconde Addition, pour les mémes Opé~
rations, '
ibid.
L'Azoj^ mlefápyen de ,
faire POr caché
,
des Philosophes• </« Frère-Bazile Va-
^
tentïn, Première' Partie. 84
VAzot, ou le Moyen de faire POr caché
dés Philosophes, Seconde Partie. 15*5*
;&VÏ Table d'Eweraqdç. d'Hermès, ottt les
]' '\ Paroles des oecreis djee Philosophe 1 8
.£fs Paroks, d'juextyès^ dans fin Piman-
(dr^;\ .';';.'.'. ,V; ]
Le Syh^àlede Frère BazileValentin, 161
Ltf Symbole nouveau;?'r,
; 160
m
2
j
l^
ftïatiére^féipiérï, '•[ '. \ 1ojs
'Opérhiïoi^Uu Mjjfe're, 'philosophique. Pti-
> •
"'
: miére Fjkurè;', ï..\. '. i$h
,
Seconde. Figures <
.
16&
Troisième Figure ibid.
y ió'c/
Quatrième Figure, v
Cinquième Figure.^, ~
j 170
§&tómii%ur<u , ., v;; 17a
;
..
T A B L E.
VOeuvre Universel des Philojòphés, 174
Déclaration cPAdolphe 175*
>
Le Symbole de Saturne, 179
L*Arienne Guerre des Chevaliers, ou le
Triomphe. Hermétique, 181
Entretien d'Eudoxe & de Pyrophik fur
PAncienne Guerre des Cheval'urs, 204
Lettre aux vrais Disciples ePHermès, con-
tenant Jix principales Clefs de la Phib-
phie jtcrete, 293
La Lumiéxe sortant par soi-même des
{Ténèbres, 322
Poème fur la , Composition de la Pierre des
Philosophes, traduits de P Italien, avec
un Commentaire, Chant Premier, ibid.
Chant deuxième, 326
Chant Troisième, 329
Avant-Propos, 3 34
Chant Premier, Strophe s. 3. J1
C//rtMf Premier, Strophe II. 3 dr
C/MMÍ Premier Strophe IlL 381
,
C/WMÍ Premier Strophe IV. 381
,
Chant Premier} Strophe V. 30Q
Cham Premier, Strophe VI. 40 s
C//rt«Í Premier, Strophe VII. 4 09
Chant Deuxième, Strophe I. 42 r
Chant Deuxième, StropheII. 43 2
C/w»r Deuxième, Strophe III. 441
CV?rf»t Deuxième, Strophe IV. 4^4-
Chant Deuxième, Strophe V. 4$'8:
Ctoí Deuxième Strophe VI.
> 40. 1
Chant Dettxierhé, Strophe VU, pag. 4# }
Chant Deuxième, Strophe VIII.
'
479
Chant Troisième, St rophe, I. 482
Chant Troisième Strophe IL
>
489
Chant Troisième, Strophe III, 490é
Chant Troisième, Strophe IV* ia 9
Chant Troijiémè, Strophe V. 501
Chant Troisième & ra/?/;? VI. ' y o &
»
C/íslW Troisième \ Strophe VII, $°9
Chant Troisième, Strophe VIII, jsn
Chant Troijiètne, \Strophe\IX, ' çì
7ó
C//íí«f Troisième, Strophe X. <j
.
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