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REPUBLIQUE DU CAMEROUN REPUBLIC OF CAMEROON

PAIX-TRAVAIL-PATRIE PEACE-WORK-FATHERLAND

UNIVERSITE DE YAOUNDE I UNIVERSITY OF YAOUNDE I


ECOLE NATIONALE SUPERIEURE NATIONAL ADVANCED SCHOOL OF
POLYTECHNIQUE ENGINEERING
DEPARTEMENT DU GENIE CIVIL DEPARTMENT OF CIVIL
BP : 8390 YAOUNDE ENGINEERING
TEL/ FAX : 222.22.45.47 P.O. BOX: 8390 YAOUNDE
Classe : 4GC

LA TECHNIQUE DU TORCHIS
Procédés de fabrication, technologie,
construction, opportunités et contraintes :
Cas du CAMEROUN

Il s’agit dans ce document d’un


exposé d’un groupe d’étudiants
de 4GC pour le compte de l’UE
GC 441 portant sur la
présentation de la technique du
torchis.

Travail présenté par le groupe 1 :


✓ CHENDJOU
✓ FOMENE LANDO De Chance
✓ FOZANG NANFAH Dylane (chef)
✓ NEGOU KEMMOGNE Mardel
✓ VOUFO David
✓ ZAMBO Kevin Landry

Sous la supervision de :
Année Académique 2019/2020 Pr. Marceline MANJIA
Exposé GC 441 : La Technique Du Torchis

SOMMAIRE
I. PRESENTATION DE LA TECHNIQUE DU TORCHIS ................................................ 3
1. Présentation du petit élément .................................................................................. 3
2. Origine du torchis ................................................................................................... 3
II. PROCEDE DE FABRICATION DU TORCHIS ............................................................ 5
1. Précautions ............................................................................................................ 5
2. Ou trouver les éléments au Cameroun ? ................................................................... 5
3. Matériels à utiliser .................................................................................................. 5
4. Étapes du procédé au Cameroun .............................................................................. 6
III. UTILITÉ DU TORCHIS .......................................................................................... 7
1. Matériau non porteur .............................................................................................. 7
2. Les hourdis des murs extérieurs ............................................................................... 7
3. Les hourdis intérieurs.............................................................................................. 8
IV. CONSTRUCTIONS EN TORCHIS ............................................................................ 9
1. Où trouver les habitations en torchis au Cameroun ? ................................................ 9
2. Corps de métier intervenant en construction ............................................................ 9
3. Mises en œuvre du torchis ......................................................................................10
a) Le torchis plaqué : ..............................................................................................10
b) Le torchis façonné en mèche : .............................................................................10
c) Le torchis façonné en boule :...............................................................................11
d) Réalisation d’un plafond .....................................................................................11
e) La finition ..........................................................................................................11
4. Entretien de la construction .............................................. Erreur ! Signet non défini.
V. OPPORTUNITES ET CONTRAINTES DE LA TECHNIQUE DU TORCHIS ...............11
1. Pourquoi s’intéresser au torchis de nos jours ? ........................................................11
a) Le patrimoine .....................................................................................................11
b) Ecomatériau et développement durable ...............................................................12
2. Contraintes dues à la construction en torchis ..........................................................12
VI. REFÉRENCES .........................................................................................................14
VII. LEXIQUE..............................................................................................................15

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Exposé GC 441 : La Technique Du Torchis

INTRODUCTION
Matériau utilisé depuis le néolithique1 dans la construction, le torchis est
indissociable du patrimoine bâti traditionnel de nos campagnes. A ce titre, il est partie
intégrante de l’identité de nos territoires, ancré dans notre histoire. Le torchis apparait aux
yeux de la plupart des gens comme un matériau subalterne2, traduisant avant tout le
manque de moyens techniques et financiers des populations rurales qui l’utilisent. Matériau
vernaculaire3 par excellence, le torchis est le reflet exact de nombreuses régions d’habitat où
il se rencontre, chacun des terroirs développant ses préparations particulières, ses dosages et
ses mises en œuvre. Dans le but de bien appréhender ce terme, le présent exposé s’articulera
d’abord sur présentation de la technique du torchis, ensuite de ses procédés de fabrication
et étude du petit élément, et enfin, nous présenterons la construction en torchis, ses
opportunités et contraintes ; tout en spécifiant à chaque fois le cas du Cameroun.

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Exposé GC 441 : La Technique Du Torchis

I. PRESENTATION DE LA TECHNIQUE DU TORCHIS


1. Présentation du petit élément
Le torchis est un matériau dit de terre crue. C’est un amalgame4 de terre limoneuse, de
fibres (végétales ou animales) et d’eau. Il s’agit avant tout d’un matériau de remplissage.
Pour être maintenu, il a besoin d’une structure d’accroche (le lattis5 entre autres), posée sur
une structure bois qui constitue l’ossature du bâti. C’est un matériau composite formé de :
❖ La terre limoneuse est différente de la terre arable. Il
s’agit de la couche se trouvant juste en dessous (20-
30 cm de profondeur) dont le liant est l’argile. Elle
est issue de dépôts continentaux formés par
l’altération des roches antérieures, transportés par
les cours d’eaux (limons) et les vents (loess6) entre - +
100000 et -10000 ans av.JC.
La terre limoneuse contient 10 à 30% d’argile, 10 à
15% de sables et entre 60% et 80% de silts (gros
sédiments). De ce fait, dans le torchis elle garantit la
résistance, la durabilité et rend le matériau ignifugé.
❖ La paille allège la terre qui devient plus isolante
(thermique) mais ne peut plus servir à bâtir des murs
porteurs. Fig.1 : éléments constitutifs du torchis
❖ L’eau contribue à l’hydratation du liant argileux et
contribue pour la maniabilité du torchis. Elle doit contenir peu de sulfate et avoir
une température de 20 ± 1 °𝐶. (NFP 18-404).
❖ Sable ou gravier éventuellement si la qualité de la terre le nécessite.
2. Origine du torchis
L’origine du mot torchis n’est pas véritablement cernée. Le plus vraisemblable est
que le torchis vient de « torche », qui désignait de fibres nouées en torsades et destinées à
allumer les fagots de bois.
On peut également évoquer le verbe « torcher », dans le sens d’essuyer, y compris dans son
acceptation vulgaire, où la paille servait comme matériau d’entretien et d’hygiène.
Ces différents termes semblent avoir pour base commune le verbe torquere, (tordre) ; le
terme « teurque » étant d’ailleurs parfois utilisé, notamment en Normandie, pour désigner
le mélange de paille et de terre argileuse.
Quoi qu’il en soit, le mot torchis est admis dans toutes les régions où l’on pratique ce mode
de remplissage des vides d’une structure en bois. Mais il existe des termes locaux tels que
« terre », « pailli », « paillebart ».

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Exposé GC 441 : La Technique Du Torchis

Le bâti à ossature bois et remplissage de terre est


ancien ; sans évoquer le néolithique, l’habitat gaulois (450
av.JC) était majoritairement composés de pan de bois et
de torchis (fig 2).
La terre crue a d’abord été utilisée en milieu rural
pour les fermes. Ce mode de construction a connu une forte
diffusion à l’époque médiévale (476 ap. J.C à 1492), y
compris dans les villes, surtout dans le bâti courant.
Cependant, il a d’avantage perduré dans nos campagnes.
La proximité des matières premières nécessaires à
son élaboration (terre-paille-eau) rendait la fabrication et Fig 2. Maisons gauloises en torchis
l’utilisation du torchis plus pratiques, ne nécessitant
aucun transport.
Cette technique s'est beaucoup développée du xive au xvie siècle ; c’est avec
l’apparition du four à feu continu, en 1858, et les progrès accomplis au niveau des transports,
que l’utilisation de la brique se répand, aux dépens du torchis. L’utilisation du torchis
disparaît après la guerre entre 1939 et 1945.
Par la suite, la première crise énergétique des années 1970 favorise le développement
d’une réflexion approfondie sur l’importance et l’opportunité de l’utilisation de ce matériau
avec de expérimentations qui forment le socle de notre connaissance actuelle.
Aujourd’hui, on assiste à un véritable renouveau de l’utilisation de la terre crue,
puisqu’elle s’invite au cœur des débats environnementaux. Le torchis de nos jours sert

Fig 3. Évolution des matériaux de construction dans le temps

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Exposé GC 441 : La Technique Du Torchis

surtout pour des rénovations dans le monde occidental, mais il reste très répandu dans
nombre de pays du Sud.

II. PROCEDE DE FABRICATION DU TORCHIS


1. Précautions
✓ Il faut tenir compte des données climatiques : le torchis doit être posé hors des
périodes de gel. Le gel occasionne le gonflement puis un effritement et un
décollement du torchis.
✓ Le torchis se manipule de préférence en extérieur durant la saison sèche. Il faut
compter 3 à 4 semaines de séchage. Le torchis a une forte densité. Il faut veiller
au poids des objets que les manœuvres manipulent.
✓ Il n’y’a aucune recommandation sanitaire particulière quant à sa
manipulation, si ce n’est, comme pour toute activité liée à la terre, de s’assurer
que chacun est vacciné contre le tétanos.
✓ Dans le cas de l’utilisation d’un enduit comme la chaux aérienne, éteinte ou la
création des pigments ne présentent pas de danger si les manœuvres se lavent
régulièrement les mains ou portent des gants (en latex). Le port de lunettes de
protection est recommandé lors de la manipulation de la chaux. Le port de
bottes et d’habits peu salissants est aussi conseillé.
2. Ou trouver les éléments au Cameroun ?
❖ Au Cameroun, pour avoir la terre limoneuse, on a principalement les régions
du Grand Nord, de l’Ouest, du Sud-Ouest et du Centre. Elle peut être
récupérée sur place à condition de vérifier son taux d’argile qui varie en
fonction des régions. Cependant, pour avoir de la bonne terre prête à emploi,
il y’a la Mission de Promotion des Matériaux Locaux (MIPROMALO).
❖ Quant à la paille, on peut se la procurer dans les scieries, les champs à l’Ouest
et au Nord du Cameroun.
❖ L’eau doit juste être homogène, à bonne température et sans déchets, l’eau
des puits fera l’affaire.
3. Matériels à utiliser
✓ Des sceaux et des auges7 pour mélanger,
✓ Une grande bâche solide pour piétiner le
torchis,
✓ Des pots en verre pour les pigments8, + +
✓ La proximité d’un cours d’eau,
✓ Des gants en latex, des lunettes de protection,
des bottes et des vêtements peu salissants.
✓ Pelle et truelle pour mélanger et mettre en
œuvre Fig 4. Matériels utilisés

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Exposé GC 441 : La Technique Du Torchis

4. Étapes du procédé au Cameroun


La composition du torchis est variable d’une région à une autre et même d’une
pratique individuelle à une autre et les dosages entre différents ingrédients ne sont jamais
connus. Il s’agit de remplir les vides d’une armature porteuse en bois (charpente en pan de
bois), avec un mélange de terre et de paille enroulé autour de lattes de bois (ou éclisses).
On peut distinguer 2 grands types de mélange de torchis :
✓ Le torchis lourd : beaucoup de terre et un peu de
paille formant une armature. Il privilégie l’inertie
et l’accumulation thermique (chaleur, l’hiver ou
fraicheur l’été). Fig5.1 : torchis lourd
✓ Le torchis allégé : beaucoup de paille et un peu de
terre. Il privilégie l’isolation et est 9 fois plus
isolant que le torchis traditionnel, car il renferme
beaucoup d’air statique. Fig5.2 : torchis allégé

Quel que soit le cas, et le pays, la préparation du torchis repose sur trois principales
étapes :
• Tamiser et appauvrir la terre de tout débris végétal. Humidifiez-la
quelque jour à l'avance pour faciliter son utilisation.
• Découper les fibres végétales, celle-ci sont principalement des pailles
d’orge de seigle9 ou de blé, du foin, des roseaux, de la balle des céréales,
… Ces fibres sont de longueurs variables pour une bonne cohésion du
mélange, de quelques centimètres elles peuvent aller jusqu’à 30 à 35
centimètres voir plus pour le seigle.

• Il n’existe pas un seul type de torchis : les recettes sont nombreuses et les
aspects aussi. Pour ce mélange, il faut respecter le ratio suivant : 5 parts
de charge (4 parts de paille et/ou 1 part de sable) correspondent à 3 parts
de liants (terre).

• Le mélange doit ensuite être associé à l’eau, à l’appréciation de


l’utilisateur. Ce mélange est traditionnellement foulé au pied. Il existe
aujourd’hui des méthodes modernes de malaxage (le mélange mécanique
avec malaxeur ou engin agricole).

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Exposé GC 441 : La Technique Du Torchis

Et notre torchis est prêt pour la mise en œuvre.


Cependant, de nos jours, la technique de torchis connaît une réelle amélioration en
termes de propriété garce aux méthodes de stabilisation qui peuvent induire l’ajout d’autres
produits tels que la chaux qui améliorent la résistance ou le sable pour améliorer la
répartition de charges.

III. TECHNOLOGIE DU TORCHIS


On entend par technologie du torchis les différents modes d’application du torchis.
La principale utilisation du torchis concerne le remplissage des vides des structures à
pans de bois visibles ou pour le recouvrement du lattis cachant l’ossature. On peut recenser
trois principales options de remplissage :
1. Matériau non porteur
À l’inverse de la bauge ou de l’adobe, le
torchis n’a jamais un rôle porteur et ne sert qu’au
remplissage de structure en bois en tant qu’hourdis
ou encore à garnir le lattis protégeant les pans de bois
Fig 6.1 : Cas d’un
des maisons de certaines régions. On attend donc de
torchis de remplissage (Centre Cameroun)
lui des qualités d’isolant et non une résistance
mécanique par rapport à des charges. S’il intervient,
selon ces deux usages, généralement de manière
homogène sur toute la façade des bâtiments, il peut
aussi accompagner un pan de bois se limitant à la Fig 6.2 : torchis
partie haute de constructions faisant par ailleurs comme mortier pour les pierres
appel à d’autres matériaux comme la pierre par
exemple.
2. Les hourdis10 des murs extérieurs
Matériau souple, d’une grande résistance
mécanique, d’une bonne durabilité, le torchis a été utilisé
tant à l’extérieur qu’à l’intérieur des bâtiments. Dans
toutes les techniques du pan de bois, le torchis est le type
d’hourdis le plus commun, le plus ancien aussi. Ce n’est
que tardivement que l’on a envisagé d’autres matériaux de
remplissage nomment la terre cuite.
Toutes les parois extérieures, les façades et pignons,
Fig 7 : maison
font appel au torchis pour compléter l’ossature en bois et
typique au Cameroun (Centre) avec
réaliser l’écran indispensable pour protéger les habitants
hourdis extérieures en torchis
de l’air extérieur et des regards. Avec une épaisseur
minime (entre 6 et 30 cm au maximum), il permet, très
rapidement et à faible coût, de satisfaire aux besoins élémentaires d’isolation thermique,
phonique et visuelle des bâtiments.

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Exposé GC 441 : La Technique Du Torchis

Propriétés Torchis lourd Torchis léger


Conductivité 1,05 0,12
thermique (W/m.°K)
Masse volumique 1400 300-400
(kg/m )
3

Tableau 1 : propriétés physiques du torchis


3. Les hourdis intérieurs
C’est dans les mêmes conditions d’usage, et pour ses qualités d’isolant thermique et
phonique, qu’il a été utilisé pour habiller les murs de refend construits en pan de bois, que la
structure de l’édifice soit elle aussi en colombage ou qu’elle soit faite de pierres ou de briques.
Outre les avantages déjà cités pour les murs extérieurs, la
protection du torchis à l’intérieur des bâtiments assure au
pan de bois une longévité exceptionnelle.
Par ailleurs, la qualité de résistance au feu de la Fig 8.1 : torchis
terre crue, qui n’exclut pas le cas du torchis, permettent intérieur sur mur de pierre (isolation
de limiter la propagation d’un incendie à l’intérieur de la thermique.
maison.
Compte tenu de tous ces avantages, il est logique
de retrouver le torchis utilisé pour garnir l’entre-solivage11
des plafonds et constituer les sols des greniers. On le
retrouve de même, employé pour édifier les cheminées et
leurs conduits.
Tous ces usages, bien plus fréquents qu’on pourrait Fig 8.2 : cheminée en
le croire, y compris en milieu urbain, élargissent torchis.
considérablement l’éventail des régions où la pratique du
torchis est avérée.
En bref, le torchis se prête à bien des manipulations
et démontre ainsi ses performances exceptionnelles.

Fig 8.3 : grenier en


torchis

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Exposé GC 441 : La Technique Du Torchis

IV. CONSTRUCTIONS EN TORCHIS


1. Où trouver les habitations en torchis au Cameroun ?
✓ Au Nord Cameroun
La case MUSGUM : notée par tous les
voyageurs et missionnaires comme forme inédite,
elle a été attestée par le Nord Cameroun et le
Tchad où vivent les musgum. Ces cases sont
construites en torchis en forme circulaire
pouvant atteindre 6 à 15m de hauteur et 5 à 10m Fig 9.1: cases
de diamètre. MUSGUM
L’habitation MAFA : les MAFA sont un
peuple du Nord Cameroun occupant les massifs
les plus compacts, les plus centraux et aussi les
plus élevés. En matière d’adaptation, le « gay »
mafa semble le plus montagnard et, comme dans
Fig 9.2 : habitation
l’ensemble de ces pays de montagne, le « gay »
MAFA
est traditionnellement bâti en position
dominante. L’élément fondamental est une
enfilade de cases soudées les unes aux autres : le
« zolom gay ».
Les huttes à Makoulou
Fig 9.3 : huttes à
✓ Dans la région du Centre
MAKOULOU
Dans la ville de Yaoundé, on retrouve
« encore » des maisons en torchis dans les
quartiers comme Ntaba, Nlongkak,
Bonamoussadi, Briqueterie, Olezoa, etc.
✓ Dans la région de l’Ouest Fig 9.4 : maison en
Le torchis est généralement employé dans la torchis typiques du Centre et l’Ouest
construction des greniers. Nous avons
notamment quelques monuments en torchis à l’instar de la chefferie Bandjoun.
2. Corps de métier intervenant en construction
Bâtir une maison en torchis demande la collaboration de différents corps de métiers : du
terrassier au couvreur, en passant par le charpentier. En effet, pour qu’une maison en torchis
tienne il faut :
✓ Qu’elle soit isolée du sol ; le rôle du terrassier et du maçon est des plus importants. Ce
sont eux qui feront en sorte que la maison tienne et bénéficie du soubassement qui
l’isolera des remontées d’eau ;
✓ Qu’elle soit protégée de la pluie ; le couvreur doit donc veiller à faire des coyaux qui
permettent à la pluie de s’écouler au plus loin du mur ;
✓ Que la charpente soit réalisée en conséquence, avec du bois local et un lattis ;
✓ Un remplissage, ou plaquage, fait dans les règles de l’art ;

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Exposé GC 441 : La Technique Du Torchis

✓ Le tout en tenant compte de l’orientation générale de la maison (ex. : le pignon de la


maison exposé aux vents dominants sans fenêtre). A l’époque, une fois la charpente
pensée et mise en place grâce au savoir reconnu du charpentier, le « remplissage »
d’une maison en torchis demandait peu de temps car tous les bras du village s’y
associaient. Des textes témoignent qu’en une semaine une maison en torchis pouvait
être sur pied… De nos jours, un architecte sert de lien entre ces corps de métiers qui
n’ont plus l’habitude de travailler ensemble. Il est également le lien entre le passé
(conservateur des techniques anciennes), le présent (garant de l’adéquation d’une
maison avec les règles d’habitabilité), et l’avenir (travaux en lien avec la qualité
environnementale).
3. Mises en œuvre du torchis
a) Le torchis plaqué :
Ici, l’ossature en bois est clouée de lattes ou
garnie d’un clayonnage. Le mortier et l’enduit de
torchis sur clayonnages favorisent l’application
manuelle.
Pour l’application sur lattis, l’outil utilisé par les
maçons pour projeter, presser (se dit aussi « ferre ») Fig 10.1: torchis plaqué
puis lisser le torchis est une sorte de plattoir appelé
un « littré », qui est une longue palette munie d’un
manche recourbé.
Cette méthode est la plus utilisée au Cameroun à
l’exception qu’il n’y’a généralement pas de lattis. Fig 10.2: vestige d’une ferme
picarde en torchis plaqué
b) Le torchis façonné en mèche :
Pour préparer la mèche, on peut
étendre une mèche de foin sur un plan de travail
et y incorporer la terre pour former un boudin12,
mais les professionnels normands incorporent
directement la terre à la mèche dans le récipient
contenant la terre. La pose est faite par deux
opérateurs qui se font à travers la cloison : le Fig 11.1: torchis en mèche
boudin est déposé à califourchon sur une éclisse
et les opérateurs se passent les brins du boudin
pour les tresser vers le bas sur plusieurs niveaux
d’éclisses13. Une fois tressé, le boudin est pressé
vers un poteau et un autre peut alors être tressé
à ses côtés. Fig 11.2 : torchis
façonné en mèches.

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Exposé GC 441 : La Technique Du Torchis

c) Le torchis façonné en boule :


Des éclisses, des morceaux de bois de 3 à 4 cm de diamètre et légèrement plus long
que la distance entre deux poteaux, sont coincées entre les
poteaux. Pour ce faire, chaque poteau était rainuré sur
toute leur hauteur sur une face, l’autre face étant percée
d’encoches légèrement orientées vers le haut. L’éclisse
était taillée en pointe du coté destiné à pénétrer dans une
encoche et en lame oblique du coté destiné à reposer dans
une rainure. La préparation du torchis est similaire à celle
de la méthode du plaquage. Ensuite la pose se fait par
boules, une première boule de torchis étant déposée à Fig 12 : Torchis façonnée en
califourchon14 sur une éclisse, et d’autres boules sont boules.
déposées pour recouvrir l’éclisses sur toute sa longueur.
Puis d’autres boules sont posées sur les précédentes pour combler l’espace entre les deux
éclisses puis on recommence pour l’éclisse supérieure.
d) Réalisation d’un plafond
Pour réaliser un plafond à partir du torchis, on dispose de deux poutres parallèles
reposant sur des murs porteurs ou des poutres de
sections importantes, et des quenouilles15 posées entre
les poutres. Les quenouilles sont des éclisses entourées de
mèches de torchis. Elles sont préparées sur un plan de
travail, par exemple une porte posée sur deux tréteaux16.
Une mèche de foin est étendue sur la longueur de la
porte, la terre pâteuse y est incorporée et ensuite l’éclisse
est placée à une extrémité de la mèche Fig 13 : Plafond en torchis
perpendiculairement à celle-ci. On enroule la mèche
autour de l’éclisse en la faisant rouler progressivement. Les extrémités des éclisses qui
s’appuient sur des poutres sont laissées libres et les quenouilles ainsi faites sont déposées
entre les poutres.
e) La finition
Les surfaces sont lissées et les trous sont comblés avec de la terre. La terre se
rétractera au séchage et s’il n’y a pas d’enduit prévu, il faudra la resserrer pour combler les
fissures au fur et à mesure qu’elles apparaissent. Sinon la surface peut être badigeonnée de
chaux ou enduite à la chaux ; pour les sols, une dalle peut être coulée sur le torchis.

V. OPPORTUNITES ET CONTRAINTES DE LA TECHNIQUE DU


TORCHIS
1. Pourquoi s’intéresser au torchis de nos jours ?
a) Le patrimoine
Travailler le torchis permet aux enfants d’appréhender concrètement le patrimoine
et de se familiariser avec leur histoire locale. Son étude explique l’aménagement d’un village

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Exposé GC 441 : La Technique Du Torchis

à travers le temps : les bâtiments en torchis sont souvent les plus anciens et concernent le
bâti courant ; les bâtiments en briques sont souvent synonymes de bâtiments plus récents
ou en lien avec le culte ou la noblesse, etc. Enfin, le torchis peut être aussi le moyen de créer
des échanges avec les anciens, puisque c’est auprès des grands-parents que nous retrouvons
le savoir lié au torchis. Des liens générationnels sont ainsi susceptibles de se tisser.
b) Eco matériau et développement durable
Le torchis est au cœur de la recherche des nouveaux types d’architecture dits
écologiques. Face à l’urgence de modifier nos modes de construction, de plus en plus «
énergivores », le torchis apparaît, avec d’autres, comme un matériau écologique, nécessitant
peu d’énergie grise. De plus, le torchis est un matériau durable puisqu’il peut être entièrement
recyclé. Des chantiers de bâtis neufs ou de restauration utilisent du torchis ayant déjà été
posé. Pour ce faire on retire la paille de la terre séchée, puis on y ajoute de la paille fraîche.
De plus, le bâti en torchis est un habitat sain. Très respirant, il régule l’humidité de l’air.
Suivant le dosage de la paille, on peut augmenter son pouvoir isolant ou renforcer sa
capacité de stockage thermique en emmagasinant la chaleur du soleil pour la restituer la
nuit. La composition du torchis facilite donc les économies d’énergie. Economiser les
ressources c’est encore une preuve de citoyenneté !
c) Très bonnes qualités techniques naturelles
La terre dans la maison améliore le confort des habitants. En contact avec l'air
intérieur, elle joue un rôle de régulation de l'humidité relative de l'habitation. La terre
dispose en effet de cette capacité de stocker des molécules d'eau lorsque l'air est humide et
de les restituer lorsque l'air est plus sec. La densité de la terre étant élevée, elle contribue à
l'inertie thermique de la maison, en jouant un rôle tampon (stockage et déstockage de la
chaleur). Elle est respirante, saine et sans aucune émanation nocive. Elle peut aussi
contribuer au confort acoustique et esthétique de l'habitat.
2. Contraintes dues à la construction en torchis
• La mise en œuvre de techniques de construction en torchis nécessite toutefois
de l'attention. La terre n'étant pas étanche, elle est sensible à l'humidité et au
gel. Il conviendra donc de doter la maison de bonnes fondations et d'une bonne
toiture : ce seront ses bottes et son chapeau.
• Notons aussi que la terre n'est pas un matériau d'isolation en soi. Il devra
donc être combiné à un isolant pour améliorer les performances énergétiques
du bâtiment.
• Quant au prix : la matière première est très concurrentielle mais sa mise en
œuvre peut être fastidieuse et donc onéreuse.
• Quant au temps de construction, il est très long même pour une personne
expérimentée dans le domaine.

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Exposé GC 441 : La Technique Du Torchis

CONCLUSION
Parvenu au terme de notre étude où il était question pour nous de présenter la
technique du torchis, il en ressort une présentation à cinq plans qui nous ont permis tout
d’abord de comprendre l’ancienneté de cette technique de terre crue et des éléments qui
entrent en jeu (terre, paille), puis nous avons vu que le torchis est plutôt « facile » à fabriquer
et grâce à ses propriétés intrinsèques, convient à plusieurs applications qui peuvent être
mises en œuvre de plusieurs façons selon le climat ou la géologie. Bien évidemment matériau
préhistorique, nous ne saurions terminés sans montrer l’importance de l’étudier jusqu’à nos
jours. On pourrait se poser maintenant la question de savoir ce qui en est des autres
techniques de construction en terre.

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Exposé GC 441 : La Technique Du Torchis

VI. REFÉRENCES
Le manuel du torchis à l’école du parc naturel régional des marais et d’opale, ed. 2007
E-Construction-Rehabilitation-Terre-Crue-Vigilance
www.wkipedia.org sur le torchis modifié il y’a 3 mois.
www.oorekamaison.org desription, qualité, prix-ooreka
https://www.encyclo-ecolo.com/Torchis
Guide-technique-bati-pan-bois-et-torchis
Maisons-Paysannes-Le-torchis-1987

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Exposé GC 441 : La Technique Du Torchis

VII. LEXIQUE
1Néolithique (-10000 av JC à -3200 av JC): période de mutations majeures dans l’évolution
des sociétés humaines, correspondant à la sédentarisation, à la domestication des animaux,
à la mise en culture, à la fabrication des céramiques, au tissage et au polissage des outils en
pierre dure.
2Subalterne : se dit de ce qui n’a qu’une importance secondaire.
3Vernaculaire : lié à une communauté ou un lieu donné.
4Amalgame : mélange de choses.
5Lattis : garniture de planchette de bois servant d’armature ou de couverture.
6Loess : limon issu de l’altération éolienne d’une roche mère.
7Auges : bac rectangulaire servant à préparer le plâtre ou le mortier.
8Pigments : adjuvants colorants.
9Seigle : céréale traditionnelle.
10Hourdis : bloc de remplissage.
11L’entre-solivage : espace entre deux pièces de charpente.
12Boudin : moulure demi-cylindrique.
13Éclisses : lame de bois.
14Califourchon : autour de
15Quenouilles : tige en bois à tête renflée ou fourchue utiliser pour maintenir les matériaux.
16Tréteaux : support en barres utilisé pour soutien.

4GC 2019/2020 15

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