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Cours Tribologie Prof. BOUCHERIT H.

Chapitre deux

LUBRIFIANTS :
CARACTERISTIQUES, FONCTIONS
ESSENTIELLES ET CLASSIFICATION

1- Introduction
Les lubrifiants sont une composante essentielle de tout équipement mécanique, ils sont à
considérer de nos jours comme des éléments de construction. En effet, la durée de vie
d'un équipement est intimement liée à la qualité du lubrifiant. Ils doivent toujours être
plus performants pour des temps d'utilisation plus longs et des conditions plus difficiles.
Les lubrifiants sont des matériaux qui sont toujours présents dans les contacts (entre
deux solides). Selon leur état physique (présentation), les lubrifiants peuvent se classer
en produits gazeux, liquides, semi-solides (plastiques) et solides. Par leurs écoulements,
ils contrôlent le frottement et les usures des contacts entre deux solides où ils sont
interposés, opposant une faible résistance au cisaillement.
Les principaux types de lubrifiants sont : les lubrifiants liquides, les lubrifiants semi-
solides (graisses) et les lubrifiants solides.
On s’intéresse aux lubrifiants liquides (96%) et semi-solides (3%) qui sont largement
utilisés dans la lubrification des systèmes mécaniques, tels que les paliers, les butées à
film d’huile, les roulements et les engrenages, etc.
2. Classification des lubrifiants
Les lubrifiants peuvent se classer en produits gazeux, liquides, semi-solides ou
plastiques et solides.
2.1. Les lubrifiants gazeux
Les lubrifiants gazeux sont utilisés dans les mécanismes peu chargés, tournant à très
grandes vitesses, tels que rectifieuses à grande vitesse, circulateurs de gaz pour
réacteurs nucléaires, ainsi que dans des mécanismes fonctionnant à hautes
températures tels que propulseurs à réaction, missiles, fus,…etc.
Bien que, l’air soit le lubrifiant le plus courant, de nombreux autres gaz ont été
considérés tels que les hydrocarbures halogénés, gaz carbonique, hélium, hexafluorure
de soufre, vapeurs organiques diverses, etc.
Avec les gaz, le coefficient de frottement est extrêmement faible et comme leur viscosité
varie peu avec la température, les performances des dispositifs sont généralement très
stables, malgré la variation des conditions de fonctionnement.
Par exemple : - Air à 18°C : μ = 0,018 mPas
- Air à 229°C : μ = 0,026 mPas
Notons que l’air est le lubrifiant idéal dans certains paliers employés dans les industries
alimentaires, textiles et chimiques, où toute contamination doit être évitée.

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2.2. Lubrifiants solides


Ce sont des composés solides facilement cisaillables par frottement, du fait :
 d’une faible dureté ; métaux mous comme le plomb, l’étain, l’argent, l’indium ou
leurs alliages.
 d’une structure polymérique : comme le polytétrafluoroéthylène (PTFE),
polyamides, polyacétals, polyimides, etc. ;
 d’une structure lamellaire : comme le graphite, bisulfure de molybdène (MoS2 ),
fluorure de graphique (CFx ), nitrure de bore (BN), etc. ;
Les produits les plus utilisés sont le graphite, le bisulfure de molybdène et le PTFE.

Glissement sec
Contact des solides sur les couches
d’oxydes : 0,3 ≤ fg ≤ 0,8

Film de lubrifiant solide :


- Graphite : 0,08 à 0,2
- MoS2 : 0,02 à 0,2
- WS2 (Tungsten disulfide) : 0,05 à 0,15
- Métaux mous : variable

Figure II-1 : Coefficient de frottement (fg) des lubrifiants solides


Les lubrifiants solides sont utilisés soit seuls, soit avec les graisses (lubrification sèche),
soit associés aux lubrifiants fluides (huile, eau, solvant) pour améliorer leurs
performances en régime de lubrification limite et régime extrême pression où assurer
une lubrification temporaire de secours en cas de défaillance accidentelle du système de
lubrification.
Ils ne peuvent être utilisés seuls à la place d’un lubrifiant liquide puisqu’ils ne
permettent pas l’élimination des calories et donnent lieu à des coefficients de frottement
plus élevés. Ils ne devraient donc être utilisés seuls que dans le cas de fonctionnement
à faible vitesse de glissement, mais sous des charges et à des températures pouvant
être très élevées.
Les lubrifiants solides sont mis en œuvre sous forme de poudres, de dispersions (poudre
ou de grains) dans un fluide (huile, eau, solvant), dans les graisses et pâtes lubrifiantes,
sous forme de vernis de glissement et de matériaux composites autolubrifiants.
Les lubrifiants solides représentent 1% dans le marché mondiale.
Les propriétés les plus souhaitées des lubrifiants solides sont :
- faible résistance au cisaillement ;
- faible dureté par rapport des surfaces de contact ;
- forte adhésion au matériau à protéger ;
- continuité du film ;
- haute stabilité thermique ;

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- haut point de fusion ;


- inertie chimique et particulier absence de produit de décomposition corrosive ;
- conductivité thermique suffisante ;
- possibilité de reformer le film s’il a été rompu.
Ces propriétés ne sont jamais toutes réunies dans un seul produit. La difficulté d’obtenir
la dernière propriété constitue l’inconvénient majeur des lubrifiants solides.
2.3. Lubrifiants semi-solides (graisse)
Une graisse est un produit de consistance semi-fluide à solide, obtenu par dispersion
d’un agent épaississant insoluble dans un liquide lubrifiant et comportant généralement
des produits d’addition (additifs) (figure II-2). L’épaississement ainsi obtenu permet au
lubrifiant de rester en contact avec les surfaces mobiles, de ne pas s’échapper sous l’effet
de la pesanteur, de la force centrifuge ou de la pression.

Figure II-2 : Constitutions des graisses lubrifiantes

2.3.1. Avantages et inconvénients de la graisse


En effet, de sa consistance, la graisse reste en place dans le contact même à l’arrêt et
évite ainsi l’utilisation de circuit de lubrifiants compliques tout en protégeant bien les
surfaces aux agressions du milieu extérieure, par exemple : de la corrosion, de l’abrasion
par la poussière, etc.
Elle contribue à l’étanchéité des mécanismes et facilite les possibilités de graissage à
vie de nombreux organes, par exemple : les roulements, les engrenages, les articulations,
les câbleries, etc.
Par ailleurs, l’inconvénient majeur de la graisse est de ne pas permettre l’évacuation de
la chaleur par le lubrifiant.
En revanche, la lubrification à la graisse exige des applications moins fréquentes.
L’évacuation de l’évaporation et l’oxydation de l’huile étant les facteurs limitatifs de la
durée de service les plus courants.

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2.3.2. Composition des graisses


Une graisse est obtenue par la dispersion d’un agent épaississant ou gélifiant dans une
huile lubrifiante minérale ou synthétique et peut comporter divers additifs destinés à lui
conférer des propriétés particulières selon les applications visées (figure II-2).
- Huile lubrifiante (80 à 90 % en masse) : Les graisses peuvent être constituées par une
huile minérale (majorité des graisses) ou une huile synthétique. Les huiles
naphténiques ont tendance à se mélanger chimiquement mieux avec les savons et aux
additifs et à former des structures plus fortes que les huiles paraffiniques.
Les huiles synthétiques sont plus coûteuses mais elles sont efficaces dans les conditions
extrêmes de hautes et basses températures.
- Epaississant (5 à 20 % en masse) : L’épaississant est utilisé pour rendre l’huile
pâteuse, il peut être parfois un agent inorganique tel que de la silice ou de l’argile mais
en général c’est un savon métallique (simple ou complexe) obtenu par combinaison d’un
acide gras avec un seuil métallique, les plus courants sont le calcium, le sodium,
l’aluminium et le lithium.
2.3.3. Types de graisses
2.3.3.1. Graisses à savons
a) de lithium : Qui constituent l’essentiel des graisses à roulements et des graisses
multifonctionnelles pour l’automobile, à cause notamment de leur très bonne résistance
au cisaillement.
b) de calcium : Pour des applications à plus hautes températures, moins performantes
que les graisses au lithium, cependant, elles présentent l’avantage d’un excellent
comportement en présence d’eau.
c) d’aluminium : Ne convient pas pour la lubrification des roulements, néanmoins, on
peut les trouver dans les pivots, articulations, engrenages, grâce à leur qualité
d’adhérence et de tenue à l’eau.
d) de sodium : Qui ne sont pas utilisées à cause de leur sensibilité à l’eau.
e) Savons métalliques : Obtenus par réaction d’un acide gras sur un mélange de deux
bases pratiquement toujours les hydroxydes de calcium et de lithium, assez bonne
résistance au cisaillement mécanique, bonne tenue à l’eau et température maximale
d’utilisation intermédiaire.
2.3.3.2. Graisses sans savons
On distingue trois catégories :
1- graisse à base de silico-aluminates (argiles)
2- graisse à base de polyurées aromatiques
3- graisse à base de silice colloïdale (gel de silice).
2.3.4. Les Applications appropriées à la graisse
La graisse est employée quand, il n'est pas pratique ou commode pour employer l'huile,
elles sont généralement utilisées dans les cas suivants :
- lorsque la quantité de chaleur à éliminer du mécanisme à lubrifier est faible (faible
vitesse de glissement, même sous forte charge, vitesse moyenne mais charge modérée, etc.)

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- les machines qui fonctionnent par intermittence ou stockées pendant une période
prolongée, de part sa consistance, la graisse reste en place dans le contact même à
l’arrêt, et évite ainsi l’utilisation de circuits de lubrifiant
- les machines fonctionnant dans des conditions extrêmes telles que, les températures et
les pressions élevées, les chocs ou les vitesses réduites sous des charges élevées. Dans ces
circonstances, la graisse fournit des coussins de film plus épais, tandis que les films
d'huile peuvent être trop minces et peuvent se rompre facilement.
Pour la formulation d’une graisse le choix des trois constituants : huile lubrifiante,
épaississant et additifs passe par les conditions de la température de service (tableau II-1) :

Service Exigences
- Huile haute viscosité et haut point d’écoulement (synthétique préférée)
Haute - Additif antioxydant
température - Grande proportion d’épaississeur

Basse température - Huile basse viscosité et bas point d’écoulement


- Additif antirouille
- Petite proportion d’épaississeur

Large gamme de - Huile basse viscosité et bas point d’écoulement


température - Additif anticorrosion, antirouille, antioxydant, EP (souvent), onctueux
(toujours),
Tout usage - Petite proportion d’épaississeur

2.4. Les lubrifiants liquides


Les lubrifiants liquides sont de loin les plus utilisés dans des mécanismes chargés (96%)
tels que les paliers hydrodynamiques, les paliers de butées, les glissières des machines
en générale, les moteurs, les turbines à vapeur, les engrenages tournant vite, etc.
Chaque fois que cela est possible la séparation des surfaces est obtenue par effet de
portance hydrodynamique et les caractéristiques du lubrifiant dont la plus importante
est alors la viscosité.
Parmi les lubrifiants liquides, les huiles minérales d’origine pétrolière sont les plus
utilisées (figure II-3). En revanche, il faut aussi citer les huiles d’origine végétale et
animale, l’eau, et les huiles synthétiques comme les esters, les silicones, etc.

Figure II-3 : Huiles lubrifiantes

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2.4.1. Les huiles lubrifiantes


Les huiles lubrifiantes actuellement utilisées sont généralement constituées, d’une huile
de base appelée « base lubrifiante » qui peut être soit d’origine minérale, soit d’origine
synthétique et d’origine naturelle (végétale, animale), à laquelle sont ajoutés de
nombreux additifs dont la nature se varie avec la destination du produit.
Les bases minérales sont obtenues directement à partir du fractionnement du pétrole
alors que les bases synthétiques sont produites grâce à la transformation de composés
organiques provenant du pétrole, auquel sont ajoutés de nombreux additifs dont la
nature se varie avec la destination du produit.
2.4.1.1. Les huile d’origine végétales
L’utilisation des huiles végétales, notamment d’huile de Colza connaît actuellement un
accroissement d’intérêt pour la préparation de certains lubrifiants biodégradables
destinés soit à des applications de lubrification à l’huile perdue par exemple, la
lubrification des chaînes de tronçonneuses à bois, lubrifiants de chaînes de véhicules à
deux roues, soit la lubrification de matériels hydrauliques travaillant en extérieur mais
peu sollicités thermiquement, lorsqu’il y a risque de pollution du milieu naturel par des
fuites des fluides, ce qui est le cas des matériels hydrauliques agricoles et forestiers et de
certains matériels de travaux publics.
2.4.1.2. Les bases minérales
Les bases minérales sont issues d’une série de procédés de séparation et de raffinage du
pétrole brut dont la température d’ébullition est supérieure à 340°C (figure II-4).
Le pétrole brut est chauffé à une température avoisinant les 350°C, il se vaporise
partiellement et suivant la volatilité de ses constituants, il se sépare en coupes (figure II-
4) que l'on recueille sur les différents plateaux placés le long de la colonne, ainsi on
obtient en haut de la tour de distillation les gaz, les essences, puis sur les plateaux
inférieurs le kérosène, puis les gazoles, enfin en bas de la tour les produits lourds qui
serviront à la fabrication des huiles de graissage, jusqu'aux bitumes.
Les bases minérales sont constituées de molécules hydrocarbonées contenant vingt à
soixante-dix, voire plus, d’atomes de carbones. Selon l’origine du lubrifiant, les bases
minérales peuvent être classées en deux :
- Bases à structures paraffiniques : contiennent de longues chaînes droites
hydrocarbonées saturées. Ces bases présentent une grande stabilité à l’oxydation, un
point d'écoulement plus élevé et un indice de viscosité (VI) très élevée, donc elles sont
généralement préférées.
- Bases à structures naphténiques : elles sont formées de noyaux cycliques saturés.
Ces bases sont moins stables à l’oxydation et présentent un indice de viscosité moins
élevé et leur point d’écoulement plus bas, elles possèdent par contre d’excellentes
caractéristiques d’écoulement à basse température.
Notons que : les raffineries européennes produisent des huiles à tendance paraffinique
contenant en moyenne 60 à 70% de base paraffinique, 20 à 30% de base naphténique et
6 à 8% de base aromatique ; les huiles à base aromatique sont des hydrocarbures
cycliques non saturés, exemple : benzène, toluène, phénol, aniline, acide salicylique.

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Figure II-4 : Distillation du pétrole


2.4.1.3. Les bases synthétiques
De nombreux produits synthétiques ont été développés ces dernières années pour
résoudre des problèmes de lubrification particulièrement difficiles.
On peut citer comme exemple les fluides de haute stabilité thermique, les fluides
ininflammables et les lubrifiants pour l’aviation.
Parmi les principales familles de produits utilisés, on mentionne :
- les esters aliphatiques qui se caractérisent par un indice de viscosité (IV) élevé, une
faible volatilité et des propriétés lubrifiantes excellentes
- les esters phosphoriques utilisés souvent comme additifs anti-usure, qui présentent
un indice de viscosité élevé et sont ininflammables
- les silicones et silicates qui ont un excellent indice de viscosité et un point
d’écoulement très bas ; cependant leurs propriétés lubrifiantes ne sont pas très bonnes
- les polyalpholéfines (PAO) : elles sont produites par synthèse d'une oléfine (éthylène).
On peut les considérer comme des huiles minérales fabriquées par l'homme et
compatibles avec les plastiques et les caoutchoucs. Caractéristiques, IV élevé, faible
volatilité, efficace sous forte contrainte et à température faible ou élevée (-20 à 120°C),
stabilité thermique, bonne tenue à l'oxydation, durée d'utilisation exceptionnelle,
compatibles avec les huiles minérales.
- les alkylats aromatiques : ils sont obtenus par addition d'une oléfine sur un noyau
aromatique. Deux familles, la première se caractérise par un bas indice de viscosité et
s'utilise seule ou en mélange avec des huiles minérales, principale application :
compresseurs frigorifiques. La seconde, ayant un indice de viscosité plus élevé, de nature
plus paraffinique, est d'emploi plus général.
Notons que : les huiles synthétiques ont des propriétés qui sont généralement
supérieures à celles des huiles minérales, elles sont réservées aux applications extrêmes
à basse ou à haute température, sinon, une huile minérale est moins coûteuse et tout à
fait acceptable.

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3. Fonctions essentielles des lubrifiants


 Réduire les pertes d’énergie mécanique des machines dues au frottement direct
des organes, en substituant le frottement direct des organes par le frottement
interne plus faible des lubrifiants interposés
 Limiter l’usure des organes frottant en les séparant totalement par un film
lubrifiant partout où cela est possible, et en interposant dans les zones de contact
inévitable, un film d’un matériau, dont la résistance au cisaillement est plus
faible que celle des corps constituants les surfaces frottant.
 Protéger les organes frottant contre la corrosion, par exemple :
 Lutte contre la rouille lors de l’arrêt des machines interposées dans une
atmosphère humide (turbine à vapeur, matériels de chantier, etc.)
 Evacuer la chaleur, par exemple : Un moteur, surtout aujourd'hui avec les
technologies de pointes ou il y a des difficultés de circulation, peut chauffer
anormalement jusqu'à 400°C, l’huile peut enlever jusqu’à 40% de la chaleur
produite par la combustion
 Accroître l’étanchéité, par exemple :
 Dans les machines alternatives, moteurs, compresseurs, l’étanchéité aux gaz de
l’ensemble piston-segments est une fonction de la viscosité de l’huile de
graissage
 Contribuer à parfaire l’étanchéité du moteur, l’huile protège constamment les
pièces aux agressions comme les poussières aspirées par le moteur, l’eau et
l’acide résultant de la combustion
 Les graisses permettent le maintien en permanence d’un lubrifiant dans les
roulements et empêchent leur contamination éventuelle par des poussières, etc.
 Evacuer les impuretés, l'huile maintient en suspension et véhicule les imbrûlés
issus de la combustion, par exemple :
 Dans les moteurs diesel, les résidus solides de la combustion du gasoil doivent
être éloignés de la zone des segments pour éviter le phénomène du gommage ;
c’est la fonction détergente du lubrifiant qui remplit ce rôle
 Dans les moteurs à essences, les sels de plomb en provenance du carburant
doivent être maintenus en suspension fine dans la masse de l’huile du carter
pour éviter la formation des boues : c’est la fonction dispersante du lubrifiant
qui remplit ce rôle
 Absorber les chocs et réduire le bruit par les effets d’amortissement du film
lubrifiant.

4. Caractéristiques de fluides lubrifiants


Un lubrifiant se qualifie pour une application déterminée par les propriétés requises
pour cet emploi. Ces propriétés sont consignées dans un cahier des charges, une norme
ou une spécification. Certaines sont reprises, sous forme résumée, dans les fiches
techniques destinées aux utilisateurs.
Les propriétés imposées aux lubrifiants par les cahiers de charges de réception ou de
contrôle en cours de fonctionnement correspondent aux propriétés physiques et

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chimiques qu'ils doivent vérifier pour donner satisfaction, elles se classent en deux
groupes :
- les caractéristiques d'identification : ensemble de propriétés mesurables ou
repérables (densité, couleur, masse volumique, point d’écoulement qui est la température
la plus basse à laquelle le fluide coule encore etc.).
- les caractéristiques d'utilisation ou de conformité à un usage bien défini, que cela
résulte soit de mesures de qualités ou propriétés intrinsèques soit le plus souvent, des
essais spéciaux effectués dans des conditions considérées comme en rapport direct avec
les performances recherchées (tension superficielle, chaleur massique, cendres, résidus de
combustion incomplète, etc.).
- les caractéristiques jouent à la fois le rôle des caractéristiques
d'identification et celui des caractéristiques d'utilisation, par exemple :
viscosité, plasticité, fusibilité, congélation, etc.
Nous allons décrire dans ce chapitre que les propriétés et les caractéristiques les plus
utilisées pour les fluides lubrifiants.
4.1. Propriétés importantes des huiles
4.1.1. Propriétés de masse
- Masse volumique (ρ) : c'est la masse de l'unité de volume; elle s'exprime en Kg / m 3
Lorsque la température augmente, l'huile de lubrification se dilate, sa masse volumique
diminue ρ.
On peut calculer ρ à la température T°C connaissant ρ0 à la température de 0°C :
0
  0 (1  T) (II-1)
1  T
, pour les huiles minérales, sa valeur
moyenne est de 62 x 10-5 K-1.
En prat 0.

suivante :
2.3
  0.0019 (II-2)
0
Avec, ρ0 s’exprime Kg.m-3.
- Densité
Elle se mesure à 15°C par rapport à l'eau à 4°C, à l'aide d'un densimètre plongeant dans
un tube à essais. Les valeurs courantes pour les huiles de pétrole varient de 0,85 à 0,95
et dépendent de l'origine des produits.
La densité diminue avec la température selon des lois complexes, mais en première
approximation on peut la diminuer de 0,00062 par kelvin. Certains lubrifiants
synthétiques ont des densités bien plus élevées, jusqu'à 1,5.
Notant que, la comparaison de la densité d'une huile usagée avec celle de l'huile neuve
permet de détecter d'éventuelles pollutions.

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- Compressibilité
Les huiles lubrifiantes sont peu compressibles. Cependant cette propriété peut être
importante dans les systèmes hydrauliques où le fluide doit transmettre la puissance
avec le minimum de perte due à la compressibilité ;
Plus la compressibilité du fluide est faible, plus le temps de réponse du système
hydraulique sera court et plus sa sensibilité sera grande. Au contraire, un fluide
compressible est recherché dans les systèmes amortisseurs comme lubrifiant.
La compressibilité des liquides est exprimée par le coefficient de compressibilité :
1  V 
0     (II-3)
V  p  T
Le module de compressibilité décroît avec la température et croît avec la pression.
- Propriétés optiques
- Couleur : Pour les huiles de pétrole, elle varie généralement du blanc pur au rouge
foncé en passant par le jaune citron et le jaune orange. On l'évalue par comparaison avec
des verres étalons numérotés en colorations NPA (National Petroleum Association).
La couleur foncée d'un lubrifiant usagé peut être un assez bon moyen d'apprécier son
altération (niveau de la pollution), de même qu'un aspect laiteux peut indiquer la
présence d'eau.
Notant qu’au cours de leur utilisation, les huiles s’altèrent et deviennent de plus en plus
foncées.
4.1.2. Propriétés thermiques
- Conductivité thermique : C'est important quand l'huile doit transporter la chaleur
loin du palier.
Pour les huiles minérales, elle est de l'ordre de 0.12 à 0.15W/m.K , alors que celle de
l'eau est 0.57 W/m.K.
- Inflammabilité : C'est la température à partir de laquelle se produit une oxydation
spontanée dans l'air.
Il est évident que l'huile ne doit pas prendre feu dans les conditions dans lesquelles elle
est utilisée.
4.1.3. Propriété de stabilité chimique
Une huile peut être attaquée par d'autres substances qu'elle contacte. Une telle attaque
peut la rendre inadéquate pour l'utilisation.
La stabilité chimique est reliée à la stabilité thermique, pour que la vitesse de réaction
chimique augmente lorsque la température augmente.
4.1.4. Propriété de compatibilité
Terme général référant à toute interaction entre l'huile et les autres matériaux présents.
Par exemple : une huile peut causer le gonflement, le rétrécissement (compressibilité),
le durcissement du caoutchouc des joints d'étanchéité, etc.

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4.1.5. Propriété de corrosivité


La corrosion est un cas particulier d'incompatibilité dont lequel l'huile ou quelque chose
dans l'huile attaque un composant métallique dans le système.
Une huile est complètement non-corrosive quand elle est neuve peut devenir corrosive
après une période d'utilisation.
4.1.7. Propriété rhéologique
De toutes les propriétés physiques chimiques à considérer en lubrification ou graissage,
la viscosité est l'une des plus importantes.
Dans les paliers, les engrenages, les roulements et les systèmes hydrauliques où le
régime de fonctionnement est hydrodynamique, c'est la viscosité qui détermine les pertes
par frottement, la capacité de charge et l'épaisseur d'huile.
La viscosité véritablement une mesure de l'aptitude (capacité) physique d'un fluide à
assurer la lubrification par film complet sous des conditions définies de vitesse, de
charge et de température.
- Définition de la viscosité
Selon la norme N.F.T. 60-100 de novembre 1959 :
" La viscosité d'un liquide est la propriété de ce liquide, résultant de la
résistance qu'opposent ses molécules à une force tendant à les déplacer par
glissement dans son sein ".
Ainsi, la viscosité d'un fluide est la résistance opposée par ce fluide à tout glissement
interne de ses molécules les unes sur les autres (figure II-5).
Autrefois, la viscosité s'appelait coefficient de frottement interne.

Figure II-5: Viscosités des lubrifiants à l’aide d’un bidon d'huile


La résistance (viscosité) peut être calculée par la formule de Newton relative à
l’écoulement laminaire d’un fluide entre une surface mobile animée d’une vitesse U et
une surface fixe (figure II-6).
Pour visualiser le cisaillement effectuer dans un film fluide, il faut imaginer que le film
se compose de plusieurs couches (pellicules) semblables à une plate-forme de cartes. La
couche liquide en contact avec la plaque mobile s'accroche à sa surface et toutes les deux
se déplacent à la même vitesse U. De même, la couche liquide en contact avec la
deuxième surface fixe est stationnaire. Entre ces deux surfaces les différentes couches

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dans l'intervalle se déplacent à des vitesses directement proportionnelles à leur distance


de la surface fixe.
Par exemple, à une distance y de la surface fixe la vitesse de la couche de fluide est u, et
devient u + du à la distance y + dy.

Figure II-6 : Distribution des vitesses dans un écoulement laminaire de couette


Si, à une distance y de la surface fixe la vitesse de la particule de fluide est U et devient
U + dU.
Alors, la contrainte tangentielle (xy) appelée fréquemment contrainte de cisaillement et
notée  est donnée par la relation suivante :
dU
xy   xy  µ (II-4)
dy
L'hypothèse selon laquelle il existe un coefficient de proportionnalité, appelé viscosité
dynamique, entre la contraire de cisaillement et le gradient de vitesse est justifiée par
l'expérience par un grand nombre de fluide, dits fluides newtoniens. Parmi ceux-ci, on
trouve l'eau et de nombreuses huiles lubrifiantes dans le cas d'écoulement laminaires.
2.8.2. Unités de viscosité
De la relation II-4, on tire immédiatement l’équation dimensionnelle de la viscosité
dynamique (µ) :
[ µ ] = ML-1T-1 (II-5)
En dynamique des fluides, on introduit en général dans les équations la quantité :

µ
 (II-6)

Où,  : viscosité cinématique
 : masse volumique du fluide.
L’équation dimensionnelle de viscosité cinématique () est : [ ] = L²T-1 (II-7)
Dans le système normalité (S.I), l’unité de viscosité dynamique est le Pascal-seconde
(Pa.s) identique ou poiseuille (P  ) anciennement utilisée dans le système M.K.S.A
(Ancien système d'unités, à l'origine du S.I., dont les unités fondamentales sont le mètre,
le kilogramme, la seconde et l'ampère).

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Notons que, 1kg/m.s est équivalent à 1Pa.s ou encore à 1 Poiseuille, noté P  .

Dans le système ancien dont les unités fondamentales sont le centimètre, le gramme, la
seconde (C.G.S) l’unité de viscosité dynamique est le poise (Po).
Ces unités étant généralement trop grandes pour les fluides couramment employés tels
que les huiles lubrifiantes, on utilise souvent le milli Pascal-seconde (mPa.s) ou le
centi-poise (cPo).
Pour l’unité de viscosité cinématique dans le système S.I., le tableau III-1 suivant
résume les données relatives aux unités de viscosité.
Tableau II-2 : Unités de viscosité

Viscosité Dimension C.G.S S.I Correspondance

µ Pascal-seconde

(dynamique) M L-1 t-1 Poise (Po)=g/mm.s Pa.s = kg/m.s 1cPo = 1mPa.s

ou Poiseuille

 1cSt = 1mm2 /s
(cinématique) L2t-1
2
Stokes (St)=cm /s m2/s 2 4 6
1m /s=10 St = 10 cSt

Dans le tableau II-3 suivant, quelques grandeurs de la viscosité dynamique de


quelques fluides :

Viscosité dynamique
Fluide
(mPa.s ou cPo)
Air à 18°C 0,0182
Air à 229 °C 0,02638
Eau 1,002
Eau à 100°C 0,282
Huile d’olive 84
Miel 10000
Ketchup 50000
Mercure 1,5
Zinc à 500°C 2,8
Plomb à 500°C 1,85
Ether 0,24
Benzène 0,64
Sodium à 400°C 0,28

- Indice de viscosité (Viscosity Index : VI)


C'est une caractéristique fondamentale d'un fluide qui qualifie la variation de viscosité
en fonction de la température (µ = f(T) ).
Ainsi, L’indice de viscosité est le degré de variation de la viscosité d’une huile en fonction
de la variation de la température. Cet indice est basé sur l’emploi de deux huiles de
référence aux quelles on assigne arbitrairement les indices 0 et 100.

Chapitre deux : Lubrifiants : Caractéristiques, Fonctions essentielles et Classification 25


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Un indice élevé indique des variations relativement faibles, alors qu’un indice bas
indique des variations importantes.
La plupart des huiles minérales industrielles ont un VI compris entre 55 et 100.
Des divers indices de viscosité ont été proposés jusqu’à ce jour, seul celui de Dean et
Davis est d’usage universel. En 1929 ces auteurs ont classé toutes les huiles connues en
différentes catégories selon la valeur de leur viscosité cinématique exprimée en Seconds
Sybolet Universel (SSU) à 210°F (98°C).
K (kelvin) = T°C + 273, et °F (Fahrenheit) = 1,8 T°C + 32
Parmi toutes les huiles de même viscosité à 210°F (98°C), ils ont retenu les deux huiles
avant à 100°F (37,8°C) d’une part la plus faible viscosité et d’autre part la plus grande
viscosité, la première correspond à une huile à caractère paraffinique dont la viscosité
varie relativement peu avec la température, la seconde à une huile à caractère
naphténique, dont la viscosité varie beaucoup avec la température (figure III-3).
Ils ont alors donné arbitrairement l’indice 100 à la première et 0 à la seconde.
En Europe et depuis 1975 aux Etats-Unis, les températures de référence sont 40°C et
100°C.
Pour déterminer l’indice de viscosité d’une huile de viscosité U à 40°C et P à 100°C, en
recherche les viscosités respectives L et H à 40°C des huiles de références à caractères
paraffinique et naphténique ayant la viscosité P à 100°C (figure III-3).
Alors, l’indice de viscosité VI est alors donné par la relation suivante :
 LU
VI  100  (II-8)
 LH
Les viscosités des huiles de référence sont données dans les tables de la norme NFT160-
136 « Calcul de l’indice de viscosité à partir de la viscosité cinématique ».

Figure II-7 : Définition de l’indice de viscosité


Depuis la définition de cet indice, de nombreuses huiles ont été formulées et il existe
maintenant des lubrifiants dont l’indice de viscosité est très supérieur à 100 (figure II-8).
Ce qui correspond à des huiles dont la viscosité dépend relativement peu de la

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température. Pour ce type d’huile, une autre définition de l’indice de viscosité a été
proposée par American Society for Testing and Materials (A.S.T.M), cet indice appelé
VIE est donné par la formule suivante :
10N  1
VI E   100 (II-9)
0,00715

N
log H  log10 U 
10
(II-10)
log10 100 C 
Cette relation qui permet de mieux prendre en complet la variation de la viscosité avec
la température pour les huiles à haut indice de viscosité n’est utilisée que lorsque l’indice
de viscosité (VI) soit supérieur à 100.

Figure II-8 : Variation de viscosité avec de la température


(fluide ISO VG46 pour des VI = 0 à VI = 350)
4.2 Variables affectant la viscosité
Trois variables affectant la viscosité : le taux de cisaillement (gradient de vitesse) (  ), la
température (T) et la pression (P).
4.2.1 Variation de la viscosité avec le taux de cisaillement
Le taux de cisaillement ou gradient de vitesse ou vitesse de cisaillement mesure
le cisaillement appliqué au sein d’un fluide. Elle dépend de la contrainte de cisaillement et de
la nature du fluide.
Le gradient de vitesse décrit la variation spatiale de la vitesse d’écoulement.
Lorsque la viscosité dynamique varie avec le taux de cisaillement (figure II-9), le fluide
et non newtonien.
En général, la viscosité dynamique diminue lorsque le taux de cisaillement augmente, il
y a fluidification.

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0

Taux de cisaillement critique




1

 
 Cr

Figure II-9 : Variation de la viscosité avec le taux de cisaillement


La loi de variation de la viscosité avec le taux de cisaillement est alors donnée par la
relation de Cross :
0  
   
1    (II-11)
n

Pour le système moléculaires simples, le taux de cisaillement critique (1/cr), à partir


duquel se produit cette fluidification est gouverné par le temps de relaxation de la
molécule ; 1/ marque le point à partir duquel les alignements moléculaires due aux
force hydrodynamique sont suffisants pour balancer les relaxations thermodynamiques
des molécules. Il est donné par la relation de Rouse :
1 6 0 M
 (II-12)
 Cr ²RT
Où,
0 : viscosité à faible taux de cisaillement
 : viscosité à forte taux de cisaillement
M : masse moléculaire
R : constante des gaz parfait
T : température absolue
 : masse volumique.
4.2.2 Variation de la viscosité avec la température
En général, les fluides ont une viscosité qui dépend très largement de la température,
cette variation qui au voisinage de 20°C et de 2,5% par degré pour l’eau et peut atteindre
10 à 15 % par degré pour les huiles minérales.
La viscosité est une fonction décroissante de la température, elle chute très rapidement
aux basses températures puis plus lentement aux températures élevées (figure III-6),
pour une huile lubrifiante, on peut poser :
E
 
µ  µ0e T
(II-13)

Avec, E = a + bT + cT²

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Où, µ0 est la viscosité dynamique à une température donnée, T est la température


absolue et a, b, c sont des constantes à déterminer pour chaque lubrifiant.

Figure II-10 : Variation de la viscosité avec la température pour une huile


minérale paraffinique (huile ISOVG 32) utilisée pour la lubrification
des paliers de turbines
On peut aussi utiliser la relation de Mac Coull et Walther :
Log10 (log10 ( υ + a )) = - m log10 ( T ) + n (II-14)
Où, υ est la viscosité cinématique, a, m et n des constantes qui dépendent du lubrifiant
et T la température absolue en degrés Kelvin. La valeur de a dépend de l’unité de
viscosité, si υ en centistokes, a est compris entre 0.6 et 0.75.
- La relation de Barr :
0 .3
[Log10 ( υ + 0.8 ) ] = A + B/T (II-15)

- La relation de Hugel et de Chairbois :


Log10 ( μ + a )( T + b ) = c (II-16)
Où, υ et μ sont respectivement les viscosités cinématique et dynamiques de l’huile, T est
la température absolue et a, b, c, A et B sont des constantes caractéristiques du
lubrifiant.
4.2.3 Variation de la viscosité avec la pression (Effet piézovisqueux)
La plupart des huiles lubrifiantes ont une viscosité qui croît avec la pression. Ce
phénomène présente une importance pratique car dans certains mécanismes le lubrifiant
subit des pressions qui peuvent atteindre 10 9Pa, c’est le cas en particulier dans les
roulements et les engrenages.
Tableau II-4 : Variation de la viscosité avec la pression d’une huile à caractère paraffinique

Pression en MPa 0,1 10 20 30 40 50 100

Viscosité en Pa.s 0,05 0,06 0,075 0,11 0,15 0,23 0,70

On remarque que la viscosité augmente d’autant plus vite que la pression est plus
importante. Cette augmentation dépend de la nature du lubrifiant, elle est plus

Chapitre deux : Lubrifiants : Caractéristiques, Fonctions essentielles et Classification 29


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importante pour les huiles à caractère naphténique que pour les huiles à caractère
paraffiniques.
Le tableau II-5, donne à titre d’exemple les variations de viscosité avec la pression d’une
huile parffinique, d’une huile naphténique et de l’eau.
Tableau II-5 : Variation de viscosité avec la pression d’une huile paraffinique, d’une
huile naphténique et de l’eau.

Pression en Viscosité en Pascal-seconde (Pa.s)

MPa Huile paraffinique Huile naphténique Eau

1 0,052 0,055 0,001

1400 0,810 2,2 0,0011

2800 8,700 91 0,00123

Cette augmentation du lubrifiant en particulier, elle est plus importante pour les huiles
à caractère naphténique, elle est plus rapide aux fortes pressions.
En général, les fluides de faible viscosité sont moins affectés par une augmentation de
pression que les fluides de grande viscosité.
Pour caractériser cet effet, dit effet piézovisqueux (variation de la viscosité avec la
pression), on peut utiliser la relation de Barus établie en 1893 suivante :

µ (P) = µ0eP (II-17)


Où, coefficient de piézoviscosité () donné par la relation suivante :
 = 1,216 + 4,143(log10)3,0627 + 2,848.10-4m5,1903(log10)1,5976 – 3,999(log10)3,09750,1162 (II-18)

Ce coefficient est sensiblement constant pour des pressions inférieures à 70MPa. Il


dépend de l’huile et qui est généralement compris entre, 5.10-9    40.10-9 Pa-1
Avec, P : pression
µ0 : viscosité dynamique à la pression atmosphérique
 : coefficient de piézoviscosité
 : viscosité cinématique à la température considérée en mm²/s
m : coefficient viscosité-tempétature
 : masse volumique du lubrifiant en g/cm3.
Notant que la relation de Barus est très utilisée pour les régimes isotherme ou une
variation de la viscosité faible avec la température.
4.3 Viscosité des gaz
La viscosité dynamique des gaz est très faible et varie d’un gaz à un autre comme le
montre le tableau II-6 dans les conditions normales de température et de pression.
Tableau II-6 : Viscosité dynamique de quelques gaz

Gaz Hydrogène Néon Azote Air


Viscosité (Pa.s) 9  10-6 31  10-6 18  10-6 18  10-6

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La viscosité cinématique des gaz est élevée car leur masse volumique est très faible.
Ainsi, pour l’air dans des conditions normales :
µ
  15 106 m²/s = 15 cSt (II-19)

La viscosité dynamique des gaz augmente avec la température mais cette augmentation
est très faible. On considère généralement la viscosité des gaz est constante.
4.3. Calcul de la viscosité (Viscosimètres)
La viscosité de service des huiles et des huiles de base des graisses de lubrification peut
être déterminée approximativement à l'aide de la viscosité cinématique connue à 40°C et
100°C. La viscosité d'un lubrifiant (en tenant compte des charges, de la vitesse, etc.) est
l'un des indicateurs de la formation d'un film lubrifiant protégeant contre le frottement
et l'usure.
Les huiles synthétiques, les additifs spéciaux et les différents concepts d'épaississants
permettent de former le film lubrifiant à une viscosité plus faible et plus efficace que les
huiles minérales.
Pour mesurer la viscosité des liquides, on emploie des viscosimètres qui se rangent en
deux catégories : les viscosimètres absolus et les viscosimètres empiriques.
4.3.1. Viscosimètres absolus
Il existe plusieurs types :
a - Viscosimètres à capillaire
Ce sont des types capillaires calibrés dans lesquels on fait couler le fluide sous une
différence de pression constante à une température uniforme et fixe.
Dans cette méthode de mesure, on mesure le temps qu'une quantité définie de liquide
prend pour s'écouler à travers un capillaire dont la longueur et le diamètre sont connus
entre le point supérieur A au point inférieur B (figure II-11).
La viscosité cinématique peut être déduite à partir du temps (t) mis par un volume (V)
de fluide à s’écouler à travers du tube capillaire par la relation suivante :
rc4 gt
  kt (II-20)
8V
Avec, rc est le rayon du tube et K est une valeur constante.
La viscosité des liquides newtoniens est déterminée avec plus de précision à l'aide de
viscosimètres capillaires qui permettent de mesurer des viscosités avec une précision
supérieure à 0.3 %.

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Figure II-11 : Principe de fonctionnement des Viscosimètres à tube capillaire


En outre, la mesure du débit permet de déterminer la valeur de la viscosité dynamique
du fluide. La loi d’écoulement dans les capillaires a été établie indépendamment par
Hagen (1839) et par poiseuille (1840). Elle est appelé généralement loi de Hagen-
Poiseuille et s’exprime par la relation :
rc4 P
Q (II-20)
8µLc
Où,
Lc : longueur du tube
rc : son rayon
μ : viscosité dynamique
Q : débit volumique, (m3/s)
P : la différence de pression existant entre les deux extrémités du tube.
Notons que cette relation est valable pour un fluide incompressible en écoulement
laminaire et permanent et pour des tubes dont le rapport lc
 100 , tel que, dc = 2rc
dc
Dans certains types de viscosimètres à capillaire, l’écoulement s’effectue à pression
constante sous la seule action du poids du liquide, ce qui permet d’écrire :
P = gh (II-21)
Où,
 : masse volumique du fluide
g : accélération de la pesanteur
h : distance verticale entre les deux niveaux du fluide.
b - Viscosimètres de Couette
En mécanique des fluides, un écoulement de Couette désigne l'écoulement
d'un fluide visqueux entre deux surfaces dont l'une est en mouvement par rapport à
l'autre (figure II-8). L'écoulement est dû à la force d'entraînement visqueuse qui agit sur
le fluide.

Chapitre deux : Lubrifiants : Caractéristiques, Fonctions essentielles et Classification 32


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Figure II-12 : Principe de fonctionnement des viscosimètres de Couette


Dans ces viscosimètres, on mesure le couple résistant transmis par le fluide contenu
entre deux cylindres coaxiaux dont l’un est en rotation (figure II-12).
En 1890, Couette a présenté une étude complète de ce type d’écoulement et a montré que
le couple C, mesuré en régime laminaire était lié à la viscosité dynamique par la relation
suivante :

4µR12 R 22 L1  2 
C (II-22)
R 22  R 12
Soit, µ = KC
Dans cette relation 1, R1 et 2, R2 sont respectivement les vitesses angulaires, les
rayons des cylindres intérieurs et extérieurs, et L la longueur du cylindre intérieure.
Ces viscosimètres sont précis et permettent de mesurer les viscosités à des taux de
cisaillement constantes relativement élevés pouvant atteindre 10 6s-1.
C - viscosimètres à chute de bille
Lorsqu’une bille tombe en chute libre dans un liquide visqueux, elle atteint une vitesse
limite V où fluide dont la valeur dépend de la viscosité du fluide (figure II-13).
Cette vitesse est donnée par la relation:

V
2r ² g
1  2  (II-23)

Où,
r : rayon de la bille
g : accélération de la pesanteur
1 et 2 sont respectivement les masses volumiques de la bille et du liquide.
La mesure de la vitesse s’effectue par la mesure du temps mis par la bille pour passer
entre deux repères.
Ces viscosimètres sont généralement utilisés pour déterminer la viscosité des liquides de
grande viscosité ou soumis à des pressions très élevées.

Chapitre deux : Lubrifiants : Caractéristiques, Fonctions essentielles et Classification 33


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Figure II-13 : Principe de fonctionnement d’un Viscosimètres à chute de bile


4.3.2. Viscosimètres empiriques
Dans ces appareils, dont les plus courants sont les viscosimètres :
- Saybolt (Etats-Unis)
- Redwood (Grande Bretagne G.B)
- Engler (Europe continentale)
On mesure le temps d’écoulement d’un volume donné d’un fluide à travers un ajutage
généralement formé d’un tube étroit et court. Les mesures sont généralement faites
pour des températures fixées à l’avance pour lesquelles le dispositif est étalonné et à
chaque type de viscosimètre correspond à une unité de viscosité qui lui est propre.
Il s'agit donc des appareils purement empiriques donnant pour la viscosité une valeur
conventionnelle, exprimée.
Ces appareils donnent une viscosité cinématique car l’écoulement s’effectue sous l’action
de la pesanteur et donc fait intervenir la masse volumique du fluide.
Dans le suivant tableau III-7, on résume les principes de mesure concernant les trois
viscosimètres empiriques en usage dans la pratique courante :
Tableau II-7 : Viscosimètres empiriques
Nom du Quantité Expression des résultats Températures Unité de
3
viscosimètre d’huile (cm ) de références viscosité
ENGLER
20°C
(Europe Temps d’écoulement de
50°C
continentale, 200 l’huile divisé par celui de Degré Engler (°E)
100°C
France, Allemagne, 200cm3 d’eau à 20°C
150°C
etc.)
70°F Second
SAYBOLT Temps d’écoulement en 100°F Saybolts
60
(Etats-Unis) secondes 130°F universal
210°F (SSU)
70°F
REDWOOD Temps d’écoulement en 100°F Second
50
(G.B) secondes 140°F Redwood
200°F

Le tableau III-8, donne une correspondance entre les différentes unités de viscosité
cinématique empirique :

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Tableau II-8 : correspondances de viscosités

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Notant que, un rhéomètre est plus sophistiqué et plus cher qu'un viscosimètre. Il permet
de connaître les grandeurs fondamentales tels que, taux de cisaillement , contrainte de
cisaillement et la viscosité.
Un rhéomètre est un appareil de laboratoire capable de faire des mesures relatives à
la rhéologie d’un fluide (La rhéologie est l'étude de la déformation et de l'écoulement de
la matière sous l'effet d'une contrainte appliquée). Il permet d’étudier fondamentalement
les propriétés viscoélastiques et d’écoulement d’un liquide, d’une suspension,
d'une émulsion, d’une pâte (graisse), d'un plastique, d'une résine, d'une mousse, d'une
poudre, d'un gel, etc., en réponse à une force appliquée.
5. Additifs ou dopes
Les huiles de moteurs diesel ou essences modernes et des machines tournantes
contiennent différents substances chimiques qui sont utilisés pour contrôler les dépôts,
l’usure, la corrosion et l’oxydation. Les principaux composants présentés dans les huiles
moteur actuelles sont les dispersants, les détergents, les antioxydants, les anticorrosions
les additives anti-usures et les polymères solubles dans l’huile.
On ajoute aussi quelques additifs spécifiques tels que des agents d’adhérences, des
colorants, des masques d’odeurs, etc.

Figure II-14 : composition d’une huile lubrifiante


5.1. Additifs détergents et dispersants (de 3 à 15 %)
Ces additifs permettent d’une part, de maintenir les parties les plus chaudes d’un
moteur en état propre, c’est l’effet détergent et d’autre part, de maintenir en suspension
les impuretés solides formées au cours du fonctionnement du moteur afin d’éviter la
formation d’agglomérats (dépôts), c’est l’effet dispersant.
Par ailleurs, ces additifs généralement basiques neutralisent les composés acides formés
par la combustion.
Les produits utilisés sont soit des organo-sels de métaux alcalino-terreux (se dit des
métaux du groupe du calcium, Ca) tels que les sulfonâtes, les théophosphates et les
phénates (Sel ou ester du phénol, C6H5OH), etc.

Chapitre deux : Lubrifiants : Caractéristiques, Fonctions essentielles et Classification 36


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5.2. Additifs de point d’écoulement


A basse température, la cristallisation des paraffines modifie les propriétés rhéologiques
du lubrifiant qui tend à se solidifier. Ainsi, les additifs de point d’écoulement sont donc
utilisés pour lutter contre cette solidification.
Les produits utilisés appartiennent aux quatre familles suivantes : les alkyloromatique,
les polyesters (composé chimique utilisé pour la fabrication de certaines matières
plastiques, de revêtements, de textiles), les polyamides (corps chimique obtenu par
polymérisation et utilisé dans la fabrication des fibres textiles) et les polyoléfines (nom
donnée à une variété de fibres synthétiques).
3.3. Additifs améliorant l’indice de viscosité (VI)
Ce sont des polymères qui s’introduit à faible concentration dans une base lubrifiante
entraînent une augmentation relative de la viscosité plus importante à haute qu’à basse
température et qui par conséquent augmentent l’indice de viscosité du lubrifiant sans
modifier défavorablement les autres propriétés essentielles.
Les produits généralement utilisés sont des polymétacrylates, des polyacrylates et des
polymères d’oléfines (Hydrocarbure insaturé qui comprend au moins une double liaison
carbone-carbone).
5.4. Additifs Anti-oxydants (1% environ)
Ces produits ont pour rôle de ralentir et si possible de supprimer les phénomènes
d’oxydation du lubrifiant, ils agissent de trois façons différentes :
 Par blocage du processus de destruction en captant les radiaux libres des chaînes
moléculaires. Ces produits sont généralement des phénols et des amines (composé
organique dérivé de l'ammoniac) ;
 Par destruction des peroxydes (Oxyde qui renferme la plus grande quantité
possible d'oxygène) qui se forment lors du phénomène de détérioration, ces
composés sont des dithéophosphates et des dithiocardamates ;
 Par désactivation des ions métalliques et par formation d’un film protecteur sur
les surfaces afin d’éliminer l’action catalytique (production d'une réaction
chimique ou accélération de son processus par une substance qui ne subit pas de
modification) des métaux ces additifs sont des phénols et des phénates (Sel ou
ester du phénol).
5.5. Additifs anti-usure (1 %)
Utiles surtout aux basses températures, ils s’accrochent aux surfaces par des liaisons
chimiques et forme des films épais et plastiques qui répartissent les contraintes et
réduisent l’usure. Leurs propriétés dépendant du substrat et des autres additifs qui
inhibent parfois leur action, en particulier les détergents qui entrent en compétition avec
eux pour se fixer sur les surfaces.
Des additifs classiques sont le tributylphosphate et le tricrésylphosphate, le
dithiocarbonate de zinc qui convient bien aux engrenages cylindriques et coniques
moyennement chargés.
On utilise aussi des composés organométalliques du plomb, l’usure du lubrifiant
correspond à la disparition progressive de l’additif transformé en divers produits de

Chapitre deux : Lubrifiants : Caractéristiques, Fonctions essentielles et Classification 37


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dégradation. Lorsqu’il a entièrement disparu, le coefficient de frottement et l’usure


augmentent brutalement.
5.6. Additifs extrême pression (de 1 à 10 %)
Comme les précédents, ils forment des films protecteurs contre le grippage par
interaction avec le métal de base mais leur manifeste surtout aux températures de
surface élevées. Citons le bisulfure de dibengyle, les terpènes soufrés (terpène :
Hydrocarbure présent dans l’essence naturelle d'origine végétale) et divers corps gras
sulfurés.
Ces additifs sont devenus indispensables pour les engrenages lourdement chargés.
Ils sont en général corrosifs pour les métaux non ferreux et sont donc à utiliser avec
prudence.
5.7. L’anti-mousse
Dans la plupart des applications, les lubrifiants sont agités, ce qui provoque la formation
de bulles d’air et de mousse.
Un moussage excessif de l’huile entraîne des défauts de lubrification.
Alors, on doit utiliser les additifs anti-mousse réduisent le moussage en diminuant la
tension de surface du fluide et en facilitant la séparation des bulles de la phase liquide.
Ces additifs sont très peu solubles dans l’huile et sont donc présents en très petites
quantités.
Les produits communément employés comme anti-mousse sont des silicones (nom
donnée aux dérivés du silicium qui se présentent sous forme des huiles, de résines et
d'élastomères), tels que le polydiméthysiloxane (PDMS) ou des
polyalkylméthiecrylates (PAMA).
5.8. Additifs divers
D’autres produits sont encore utilisés comme additifs, on peut citer :
 les additifs d’onctuosité qui agissent par absorption sur les surfaces de contact et
qui sont destinés à diminuer le frottement dans le cas de contact métal - métal.
Ce sont des esters gras, alcool gras, amines grasses et acide gras.
 les additifs anti-rouille qui agissent par absorption sur le métal et formation
d’une couche protectrice quasi-imperméable à l’air, à l’eau et aux composés
correctifs, ces produits qui sont des sulfonâtes, naphténiques, des sels
d’amines et des acides gras sont parfois incompressibles avec les additives
anti-usures.
6. Spécifications ou désignation normalisée des lubrifiants
Les spécifications ou désignation de viscosité peuvent être établies à deux points :
1) Pour l’identification : ce sont alors des spécifications de raffinage ou de fabrication
des lubrifiants ;
2) Pour les applications : ce sont celles qui sont composées par les utilisateurs en
fonction de la destination ou de l’usage des huiles.

Chapitre deux : Lubrifiants : Caractéristiques, Fonctions essentielles et Classification 38


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Elles sont données par des fourchettes de viscosité, des maxima et des minima à
certaines températures. Ces classifications n’évaluent pas la qualité d’une huile, elles
donnent seulement une estimation de la viscosité à une température particulière.
Il existe dans le monde trois organismes qui s’occupent de classer les huiles selon
leur viscosité : L’ISO « International Standard Organisation », La SAE « Society
of Automotive Engineering » et L’AGMA « American Gear Manufacturers
Association »
- Classification ISO VG
La classification ISO VG est la classification internationale des huiles industrielles
(ISO : Organisation Internationale de Normalisation, VG : Viscosity Grade) dont
chaque classe (grade) est repérée par un nombre entier qui correspond sensiblement à la
viscosité cinématique en centistokes (mm²/s) du lubrifiant à 40°C correspond à ± 10 %
de la valeur médiane de la viscosité.
Le grade ISO fait référence pour déterminer la viscosité des huiles industrielles
(hydrauliques, engrenages, compresseurs, etc.), par exemple :
Une huile ISO-VG 2 à pour limite de viscosité 1,98 et 2,42cSt, 2 représentant la
viscosité moyenne la plus probable.
La classification ISO de viscosité des huiles industrielles (ISO 3448), homologuée et
publiée en France sous la référence NF ISO 3448 (décembre 1993) définit 20 classes de
viscosité dans l’intervalle de 2cSt à 32000cSt à 40°c (tableau III-9)
Tableau II-9 : Classification ISO des huiles industrielles
Classe ISO de Viscosité cinématique Limite de la viscosité cinématique
viscosité médiane en centistokes ou cSt à 40°C
2
en mm /s ou cSt à 40°C minimale maximale
ISOVG 2 2.2 1.98 2.42
ISOVG 3 3.2 2.88 3.52
ISOVG 5 4.6 4.14 5.06
ISOVG 7 6.8 6.12 7.48
ISOVG 10 10 9.00 11.00
ISOVG 15 15 13.50 16.50
ISOVG 22 22 19.80 24.20
ISOVG 32 32 28.80 35.20
ISOVG 46 46 41.40 50.60
ISOVG 68 68 61.2 74.8
ISOVG 100 100 90.00 110
ISOVG 150 150 135.00 165
ISOVG 220 220 198.00 242
ISOVG 320 320 288.00 352
ISOVG 460 460 414.00 506
ISOVG 680 680 612.00 748
ISOVG 1000 1000 900.00 1100
ISOVG 1500 1500 1350.00 1650
ISOVG 2200 2200 1980 2420
ISOVG 3200 3200 2880 3520

Chapitre deux : Lubrifiants : Caractéristiques, Fonctions essentielles et Classification 39


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La figure II-15 suivante donne la relation entre la viscosité de l’huile et la température


de fonctionnement de quelleques huiles lubrifiantes. De plus, elle permet de définir
approximativement la viscosité de l’huile en tenant compte des conditions de
fonctionnement.

Figure II-15 : Diagramme température en fonction de viscosité des huiles ISO

- Classification American Society of Automotive Engineers (SAE)


Elle est essentiellement utilisée dans l'automobile et les véhicules industriels pour les
moteurs et les transmissions. Elle classe aussi les huiles selon leur viscosité, mais définit
des intervalles continus de viscosité avec un minimum et un maximum.
La classification SAE 20, SAE 30..., utilise la viscosité des huiles à 100°C et correspond
aux huiles monogrades dites pour hautes températures.
La classification SAE 0W, SAE 5W... (W = winter) utilise la viscosité des huiles à -18°C
et correspond aux huiles monogrades dites pour basses températures ou hiver.
Les huiles multigrades présentent deux viscosités caractéristiques, par exemples : une
huile SAE 10W40 a même viscosité qu'une huile monograde SAE 40 à 100°C et même
viscosité qu'une huile monograde SAE 10W à -18°C.
Les huiles multigrades présentent un meilleur indice de viscosité que les huiles
monogrades correspondantes, autrement dit, leur viscosité varie moins avec la
température. De plus, elles assurent une bonne lubrification à haute et basse
température (figure II-16).

Chapitre deux : Lubrifiants : Caractéristiques, Fonctions essentielles et Classification 40


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Les huiles multifonctionnelles sont en général des huiles multigrades utilisables en


toutes saisons, permettant de simplifier l'utilisation et la maintenance.
Sachant que, un lubrifiant dont le grade de viscosité est faible sera plus fluide, plus
liquide et s'écoulera plus facilement. À l'inverse, plus le grade est élevé, plus l'huile sera
épaisse et s'écoulera lentement.

Figure II-16 : plage de température d’utilisation des huiles monogrades et multigrades


Le tableau II-10 présente la classification des huiles moteurs (SAE J300, 1980) :
Viscosité
Grade Valeur maximale de la Valeur maximale de Viscosité à 100°C dynamique

S.A.E viscosité à la température la température limite cSt = mm²/s à 150°C


donnée (a) de pompabilite °C mPa.s
mPa.S = cPo °C (b) Maxi <
Mini
à Min
0W 3250 à - 30 -35 3.8
5W 3500 à -25 -30 3.8
10 W 3500 à -20 -25 4.1
15 W 3500 à -15 -20 5.6
20 W 4500 à -10 -15 5.6
25 W 6000 à -5 -10 9.3
20 5.6 9.6 2,6
30 9.3 12.5 2,9
40 12.3 16.3 2,9 ou 3,7*
50 16.3 21.9 3,7
21,9 26,1 3,7
a) Cette viscosité est mesurée selon la norme ASTM O2602 sur un viscosimètre de type Couette
dont la vitesse varie selon la valeur de la viscosité mesurée

b) La température limite de pompabilité est mesurée selon la norme ASTM D3829, elle évalue la
possibilité pour que une huile soit aspirée et mise en pression par une pompe à huile de moteur
lors des démarrages à froid
P = 2,9mPa minimum pour les huiles 0W40, 5W40, 10W40 et p = 3,7mPa minimum pour les
huiles 15W40, 20W40, 25W40 et 40 monograde.

Chapitre deux : Lubrifiants : Caractéristiques, Fonctions essentielles et Classification 41


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Tableau II-17 : Classification des huiles de transmissions (SAEJ306 (1981))


Température maximale pour une Viscosité à 100 °C
Grade SAE viscosité de cSt = mm²/s
150Pa.s =150000cPo (c) °C mini Maxi < à
70 W -35 4.1
80 W -26 4
85 W -12 11
90 W 13.5 24
140 W 24 41
250 W 41

Il faut encore remarquer que les classifications SAE des huiles moteurs et des huiles
pour transmissions sont différentes. Ainsi, une huile pour transmission SAE 90 à la
même viscosité à 100°C qu'une huile moteur SAE 40 ou SAE 50.
La figure II-18 suivante présente la variation de viscosité des huiles monogrades et
multigrades.

Figure II-18 : Variation Viscosité-Température sur abaque ASTM


- Classification AGMA
La société American Gear Manufacturers Association (AGMA) s’occupe des huiles des
boîtes d’engrenages industrielles.
Le tableau II-12 donne une comparaison de ces classifications entre elles selon leur
viscosité en cSt à 40oC (échelle ISO). On voit sur cette table qu’il existe dans chaque
classification un équivalent pour chaque huile.

Chapitre deux : Lubrifiants : Caractéristiques, Fonctions essentielles et Classification 42


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Tableau II-12 : Comparaison des classifications ISO, SAE et AGMA.

D’autres classifications existent pour les huiles moteurs, on peut mentionner :


- Les spécifications American Petroleums Institute (API)
Elles sont constituées au moins de deux lettres, la première lettre est soit S pour moteur
à essence, soit C pour moteur diesel, tandis que la second lettre par ordre alphabétique,
A, B, C …., correspond à la date d’agrément et à la qualité de l’huile.
Ainsi, une huile SA était utilisée pour les moteurs à essence dans les années 1950-1960,
alors qu’une huile SJ est préconisée actuellement pour les moteurs à essences mis en
services aux USA après 1997. De même CA était utilisé dans les moteurs diesels dans
les années 1950-1960, alors qu’une huile CG correspond aux huiles préconisées pour les
moteurs diesels suralimentés depuis 1994.
- Les spécifications CCMC ou ACEA
Ce sont les spécifications européennes mises en place depuis 1972 par le Comité des
Constructeurs d’automobiles du Marché Commun (CCMC) puis par l’Association des
Constructeurs Européens d’Automobile (ACEA) qui a remplacé en 1991 le CCMC.
Ces spécifications mises en place en décembre 1995, définissent :
a) trois qualités d’huile pour moteurs à essence : l’une de basse viscosité pour
économiser le carburant (A1-96), la deuxième de qualité standard (A2-96) et la
troisième de haut de gamme, moins volatile et plus stable à l’oxydation (A3-96).
b) trois qualité d’huile pour véhicules diesel légers : la première de basse viscosité
pour économiser le carburant (B1-96), la deuxième de qualité standard (B2-96) et
la troisième qualité supérieure , moins volatile, plus stable au cisaillement (B3-
96).

Chapitre deux : Lubrifiants : Caractéristiques, Fonctions essentielles et Classification 43

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