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Vue générale de l’exposition « Laurent Grasso. Anima », Collège des Bernardins, Paris,
2022 (©Guy Boyer). / Laurent Grasso
Jusqu’au samedi 18 février 2023, Laurent Grasso occupe la nef et l’ancienne sacristie du
Collège des Bernardins (Paris, Ve arrondissement) avec ses tableaux, sculptures et
installation autour du thème mystérieux d’Anima, titre de son dernier film tourné en
Alsace. Il y est question de forces telluriques, de phénomènes naturels et d’un étrange
renard. Par son sens, son équilibre et son adaptation aux lieux, l’exposition « Anima »
est un petit bijou d’art contemporain. Décryptage de ses composantes.
Laudato si’
Dans le sillon tracé par le philosophe Bruno Latour et les recherches de l’historien de
l’environnement Grégory Quenet, la chaire Laudato si’ du Collège des Bernardins invite
des artistes plasticiens à exposer leurs œuvres dans cet ancien bâtiment cistercien de la
rive gauche à Paris. Le projet de l’artiste Laurent Grasso de travailler autour des
recherches scientifiques autant que des croyances populaires a séduit les organisateurs
qui l’ont laissé occuper la nef et l’ancienne sacristie aux voûtes médiévales.
Studies into the Past (2022) de Laurent Grasso, présenté dans l’exposition « Laurent
Grasso. Anima », Collège des Bernardins, Paris, 2022 (©Guy Boyer).
Au Mont Sainte-Odile
Dans l’ancienne sacristie, un immense écran descend jusqu’au sol et permet de projeter
la vidéo Anima tournée sur le Mont Sainte-Odile, un lieu mystérieux au-dessus de la
plaine d’Alsace. Il s’agit d’un lieu sacré depuis l’Antiquité, où agissent de puissants
courants telluriques, où un « mur païen » entoure le mont sur 11 kilomètres, et où une
adoration perpétuelle est organisée depuis la fin du XIXe siècle. C’est près de là que
sainte Odile, née aveugle, a retrouvé miraculeusement la vue. Cette « zone critique »
intéresse les scientifiques qui y font régulièrement des relevés géobiologiques. « Le
Mont Saint-Odile rejoint mon intérêt pour les lieux traversés par différents flux », avoue
Laurent Grasso.
De l’humain au non-humain
Dans le film projeté, on voit bien sûr la forêt du Mont Sainte-Odile mais aussi des
flammes, un nuage en suspension, un renard qui traverse une clairière, un homme qui
marche le long d’un mur… « Dans Anima, précise Laurent Grasso, il y a un transfert
de l’humain au non-humain, du végétal à l’animal, du visible à l’invisible… Les corps
évoluent dans un milieu qui semble baigné d’ondes, de vibrations, où l’organique
croise la machine, où ce qui pourrait ressembler à un laboratoire à ciel ouvert confine
pourtant à l’étrange, comme une expérience extralucide. »
Anima (2022) de Laurent Grasso, présenté dans l’exposition « Laurent Grasso.
Anima », Collège des Bernardins, Paris, 2022 (©Guy Boyer).