Vous êtes sur la page 1sur 12

Les Généralités sur la Recherche en Soins Infirmiers

La Recherche en Soins Infirmiers (RSI) est l’analyse d’un questionnement soulevé dans le
cadre de la pratique de l’infirmière. Cela doit poser question au soignant, qui doit chercher à y
répondre de la façon la plus objective possible.
La Recherche est un état d’esprit qui invite à douter, à essayer de comprendre, à en savoir
plus, pour faire progresser la connaissance. La RSI concerne tous les contextes de soin
(éducatif, préventif, de maintenance, et curatif).

Le Travail de Fin d’Etude (TFE) est une initiation à la méthodologie de la recherche en soins
infirmiers. Il constitue également l’épreuve écrite du Diplôme d’Etat d’Infirmier (arrêté du
06/09/2001. La Recherche en Soins Infirmiers est une spécificité reconnue par le décret du
15/03/1993. Selon le décret du 11/02/2002 (inscrit dans CSP du 29/07/2004), l’IDE peut
participer à des actes de recherche pluridisciplinaire.

Les 5 objectifs du TFE :


- Formaliser les connaissances infirmières (par écrit) afin d’enrichir la pratique
soignante, avec un langage et des pratiques communes et standardisées (corpus de
connaissances).

- Poser les bases scientifiques de la pratique (formaliser et légitimer les méthodes :


théorisation de la science infirmière). Dépasser l’expérience et la pratique individuelle
en créant un cadre rigoureux d’évaluation critique.

- Elever le niveau de la qualité des prestations (améliorations des techniques, méthodes


et processus), vérifier l’efficacité des moyens, créations d’outils de mesure et
évaluations des pratiques professionnelles (accréditation, normes ISO).

- Améliorer les conditions de travail des soignants (ergonomie, rationalisation du


travail, efficacité des actions).

- Perfectionner et standardiser les méthodes (critiques et évaluation des résultats,


techniques utilisées, nouvelles approches) par les chercheurs eux-mêmes.

La démarche de recherche permet de sortir de préjugés, d’articuler les enseignements


théoriques et les situations de soins, analyser les situations et les pratiques dans leurs
contextes, et de transposer une réflexion construite et structurée dans d’autres situations de
soins.

Cela permet de raisonner de façon rigoureuse, de se familiariser avec les transmissions écrites,
l’écriture et la lecture. Le TFE permet d’évaluer la capacité à se poser des questions en lien
avec la profession, et à y répondre. Il se réalise étapes par étapes selon une suite logique. Il
faut cerner, comprendre, vérifier, explorer, enquêter avec des outils appropriés.

Le TFE part d’une situation réelle de soins. La recherche est un processus dynamique qui vise
à établir le réel, elle s’appuie sur une démarche scientifique (plusieurs principes) :
- Rigueur, précision.
- Objectivité, méthode.
- Ethique (bienfaisance, respect de l’autonomie et de la dignité de l’individu, justice).

Recherche en Soins Infirmiers 1/12


Les phases de la RSI :

- La phase théorique : repérage et clarification du thème, détermination de la


problématique (question de départ), cadre de référence de la recherche. Phase
exploratoire (recherche documentaire, interview des professionnels, enquête).

- La phase méthodologique : pourquoi (but de la recherche), où (lieux de recherche des


réponses), auprès de qui (population visée, échantillon à déterminer) ,quelles méthodes
et quels outils (recueil des données, analyse des outils et des méthodes par rapport au
sujet choisi).

- La phase empirique : récolter les données sur le terrain (ou étude documentaire), trier
et classer les données (dépouillement), analyser les données à l’aide de la grille de
lecture (constat objectif, rigoureux, quantitatif et qualitatif), interpréter et discuter les
résultats par rapport au cadre conceptuel.

Les différents types de recherche :

- Recherche exploratoire : explorer les variables ou caractéristiques d’un phénomène


non encore exploité ou mal connu, pour en découvrir les facteurs (méthode
qualitative).
- Recherche descriptive (TFE) : confirmer les faits, décrire les éléments composants
les évènements étudiés (quantitatifs et qualitatifs). Nature et caractéristiques d’une
situation, découvrir des associations entre les facteurs.
- Recherche comparative : étude des différence entre plusieurs éléments issus de
situation différente.
- Recherche prédictive : recherche expérimentale visant à établir des causalités.
- Recherche-action : réponse à des problèmes concrets, modification des pratiques.
- Recherche historique, anthropologique, ethnologique.

Les étapes du TFE :


-La question de départ (phase exploratoire).
-Formaliser la problématique (exploitation des lectures et des entretiens+
questionnement).
-Formaliser la question de recherche : identifier clairement et précisément la recherche
dans laquelle on se lance. Construction du cadre de référence et du cadre législatif du
sujet.
-Construction des outils d’enquête et de la grille d’analyse (par rapport au cadre
méthodologique).
-Analyse des informations remontées du terrain (toujours par rapport au cadre de
référence).
- Synthèse de l’analyse (éléments essentiels).
- Rédaction de l’introduction et de la conclusion.

Recherche en Soins Infirmiers 2/12


Procédure et vocabulaire

I) La structure écrite du TFE :

Importance du guidant dans la réussite du TFE : contrôle de l’échéancier d’avancement du


travail (qui s’étend sur 9 mois), choix du sujet retenu parmi 2 propositions classées, respect de
l’éthique et de la déontologie, validation de l’orientation de la problématique, conseils sur le
choix et la construction des outils, rédaction finale seulement du ressort de l’étudiant.

1) Introduction (1 à 3 pages): présentation du sujet, justification des choix retenus,


annonce du plan.
Présentation de la problématique : synthèse du cheminement allant du thème retenu à
la question de recherche, argumentation de la question de recherche et/ou hypothèse
retenue.

2) Cadre de référence (4 à 8 pages): ensemble des connaissances et concepts en relation


avec l’objet de recherche. Il peut se situer dans le document écrit avant ou après la
problématique.
3) Recueil des données (1 à 2 pages): définition des outils, lieu et population retenus,
argumentation sur les choix, avantages, et limites des outils retenus. Déroulement de
l’enquête et obstacles rencontrés.

Critère quantitatif de la fiabilité du TFE :


- Analyse de documents : 20 à 30 (enquête quantitative), 5 à 7 (enquête
qualitative).
- Entretiens : 5 à 7.
- Observations à visée quantitative : 20 à 30.
- Observations à visée qualitative : 5 à é7.
- Questionnaires : 20 à 30.
Si utilisation de plusieurs outils, leur nombre doit être adapté, nombre adapté aux
objectifs poursuivis.

4) Analyse et interprétation des données (en fonction du cadre de référence : 4 à 8


pages) : dépouillement, traitement des données, présentations ordonnées des résultats
en confrontation avec le cadre de référence. Etudier la réponse apportée à la question
de recherche (confirmation ou infirmation).

5) Conclusion (1 page): Synthèse de l’analyse (qui peut être placée à la fin de la dernière
partie), implication en tant que futur professionnel, voire ouverture sur un autre sujet
(on n’exige pas que l’étudiant propose des solutions).

6) Bibliographie et annexes. Restitution du TFE en 3 exemplaires (police Time New


Roman taille 12), 2 pour le jury (le guidant et l’expert de la question abordée) et 1
pour l’étudiant. Oral qui dure 40 minutes (10 minutes pour l’oral, 30 minutes
d’échange avec le jury) pendant lequel l’étudiant devra faire une critique constructive
de son travail (en ayant toujours à l’esprit la place de l’infirmier par rapport au sujet
choisi et que tout part d’une situation qui pose question).

Recherche en Soins Infirmiers 3/12


II) Vocabulaire de la RSI :

- Analyse : traitement des données recueillies et présentation ordonnée des résultats de


l’enquête.

- Cadre conceptuel : structure reliant les idées principales et les concepts, le tout aboutissant à
la justification de la recherche proposée.

- Cadre de référence : ensemble des connaissances, concepts, théories, références législatives


et réglementaires en lien avec la recherche.

- Cadre théorique : ensemble de concepts organisés et articulés entre eux de façon cohérente,
de façon à aboutir à une théorie.

- Concept : traduction abstraite d’un aspect de la réalité, abstraction crée à partir


d’évènements particuliers et observables (représentation mentale de faits réels).

- Conclusion : synthèse du travail entrepris, projection en terme de futur professionnel, pistes


de réflexion pour ouvrir le sujet.

- Conseiller : guide pour la réalisation du travail de recherche (cadre infirmier enseignant). En


tant que verbe, cela se traduit par proposer, recommander, suggérer des orientations pour la
recherche.

- Echantillon : groupe de sujets tirés d’une population selon différentes méthodes (choix
raisonné, choix accidentel, choix aléatoire).

- Entretien : interrogation d’un individu selon plusieurs protocoles (entretien libre, entretien
semi-directif, entretien directif), en ayant conscience de l’effet pygmalion (l’individu
interrogé modifie ses réponses ou sa pratique).

- Etude de documents : utilisation des infos contenues dans les documents à l’aide d’une grille
pré-établies, en vue d’aboutir à une analyse du contenu.

- Guidance : relation duale, accompagnement pédagogique et méthodologique.

- Hypothèse : affirmation, énoncé formel sur les relations attendues entre deux ou plusieurs
variables, affirmation provisoire de réponse au problème de recherche posé (facultatif).

- Initiation : premiers rudiments d’une pratique.

- Intérêt professionnel : rapport entre le sujet choisi et le champ de compétence de l’IDE.

- Interprétation : Sens donné aux résultats obtenus en fonction du cadre de référence.

- Introduction : présentation du thème, justification de la problématique et des choix effectués,


annonce du plan.

- Méthode : ensemble des moyens raisonnés et construits progressivement (choix des outils,
du lieu et de la population enquêtée) qui sont suivis en vue d’atteindre un but.

Recherche en Soins Infirmiers 4/12


- Observation : recueil de faits, avec une grille adaptée, afin d’en préserver l’objectivité.

- Outil : objet utilisé pour répondre à la question de recherche.

- Personne ressource : personne experte sur le sujet choisi (sollicité par l’étudiant ou choisi
par le conseiller).

- Problème : question que l’on se pose et que l’on veut résoudre. Cela aboutit à un
questionnement (le sujet pose question).

- Problématique : étape de la recherche, ensemble construit autour de la question de départ


(réalité éclairée par le questionnement théorique), avec 2 composantes :
- processus : cheminement intellectuel qui passe du thème à l’objet de
recherche.
- résultat : argumentation raisonnée et logique de la question de recherche (à
partir de données factuelles et de références théorique).
Elle sert à justifier et à argumenter le choix de l’objet de recherche.

- Questionnaire : série de questions écrites, posées avec méthode, pour obtenir une
information précise.

- Question de départ : énoncé interrogatif pour approfondir un sujet (à travers une recherche
documentaire.

- Question de recherche : énoncé interrogatif qui permet de préciser les concepts clés et de
spécifier la population cible. Cela aboutit à l’observation de la réalité.

- Recherche : effort intellectuel de réflexion, d’explication, de démonstration, et de


compréhension par rapport à une réalité à étudier. Cela signifie clarifier ce qui est flou, donner
du sens à ce qui est incohérent.

- Recherche en soins infirmiers : tous les aspects qui concernent la profession infirmière
(administration des soins, , condition de travail, lieu d’exercice).

- Recueil de données, recueil des informations pour répondre à la question de recherche.

- Thème : domaine général choisi par l’étudiant, portant sur une réalité professionnelle.

- Valider : entériner les orientations choisies pour la recherche.

Outils d’enquête

Généralités :

Tout se base sur le concept d’enquête, qui fait appel à un outil (observation, entretien,
questionnaire) qui permet de mesurer l’écart entre la théorie (le prescrit) et la réalité sur le
terrain (l’expérience des acteurs), et d’en déduire de façon rationnelle et argumentée des faits
objectifs et prouvés sur les pratiques des soignants.

Recherche en Soins Infirmiers 5/12


Toute recherche repose sur des informations provenant du terrain, dont la collecte se fait à
l’aide d’outils de recherche qui viennent des sciences humaines (entretien, questionnaire) ou
sont crées spécifiquement pour une recherche donnée (grille d’évaluation de la charge de
travail).

Le choix des outils utilisés est laissé à l’appréciation du chercheur, en fonction de sa


recherche et de la problématique qui en découle. La construction de l’outil d’enquête se fait
en même temps que la grille de dépouillement, tout en sachant que certains outils demandent
beaucoup de temps de dépouillement (2h pour dépouiller un entretien de 30min).

Pré-test :

Cette opération permet de voir si l’outil est adapté au recueillement de l’information que l’on
souhaite recueillir, d’en évaluer la valeur (sachant que le contexte de l’enquête doit être le
même entre le pré-test et l’enquête de terrain à réaliser).

Il faut également se poser un certain nombre de questions lors de ce pré-test : les questions à
poser sont-elles compréhensibles pour l’enquêté ? Les règles d’utilisation de l’outil retenu
(maniabilité et souplesse, limites) sont-elles bien connues du chercheur ? Quel est le temps
nécessaire à la passation et au dépouillement du questionnaire ?

Il faut vérifier qu’aucune question ne risque de choquer, tout en ayant à l’esprit que les
populations ne sont pas les mêmes entre le pré-test et l’enquête de terrain (même si le
contexte doit être le même).

Les qualités de l’outil :

Il faut vérifier la validité de l’outil par rapport aux données à recueillir (c'est-à-dire qu’il
mesure ce qu’il est bien sensé mesurer) et que l’énoncé de la question permet d’atteindre les
concepts que l’on veut étudier (importance de la formulation de la question). Egalement,
prendre en compte la fiabilité de cet outil (mesure stable et constante de l’objet de recherche).

L’échantillonnage :

L’importance de la conception de l’échantillon pour toute enquête :

- La population : collection d’éléments ou de sujets qui partagent des caractéristiques


communes, précisées par un ensemble de critères, ex : les personnes diabétiques.

- La population cible : les éléments qui satisfont à des critères de sélections définis
d’avance par le chercheur, ex : les diabétiques recevant des soins en CHU.

- La caractérisation de la population : préciser les critères de sélection de ces éléments,


ex : les diabétiques recevant des soins en CHU, âgés de 15 à 20 ans et dont la durée
d’hospitalisation est comprise entre 3 et 5 jours.

- L’échantillon : sous-ensemble d’une population, réplique en miniature de la


population cible. Un échantillon est représentatif si il présente les mêmes
caractéristiques que la population à étudier, par rapport aux variables à étudier.

Recherche en Soins Infirmiers 6/12


La taille de l’échantillon dépend du type d’outil utilisé (30 enquêtes pour les
questionnaires quantitatifs, 7 à 8 personnes pour les entretiens qualitatifs).

La procédure d’échantillonnage :

1) Délimiter la population cible.


2) Délimiter la population accessible (proche de chez soi, facile à interroger).
3) Spécifier les critères de sélection (ex : personnes hépatiques non alcooliques âgées de
40 à 50 ans et vivant à Paris).
4) Préciser le plan d’échantillonnage (aléatoire ou non).
5) Déterminer la taille de l’échantillon.
6) Réaliser l’échantillonnage proprement dit (choisir les personnes que l’on va
interroger).

La méthode d’échantillonnage : on peut utiliser


- un échantillon aléatoire simple (chacun des sujets a une chance égale d’être tiré),
- un échantillon aléatoire stratifié (division de la population cible en sous-groupes homogènes
selon des critères précis, les strates, et à tirer de façon aléatoire un échantillon dans chaque
strate).
- un échantillon aléatoire accidentel (on inclut dans l’étude les sujets au fur et à mesure qu’ils
se présentent), ou de convenance (le plus proche de chez soi).
-un échantillonnage par quotas : sélection d’un échantillon proportionnel à la population selon
certaines variables de référence (âge, sexe, csp, lieu géographique).

Les différents types d’enquêtes :


- L’enquête quantitative : elle est centrée sur un problème (ex : infections nosocomiales),
utilise un échantillon large qui recueille des informations limitées et peu nuancées, à partir de
réponses courtes et/ou schématiques, analysables par une analyse statistique.
Pour la présentation des résultats, on regroupe les réponses par fréquence ou moyenne. L’outil
privilégié est le questionnaire.

- L’enquête qualitative : elle est centrée sur un individu (ex : le stress chez les IDE), utilise un
échantillon restreint qui recueille des informations nombreuses et nuancées, à partir de
réponses riches, complexes, approfondies, analysables par une analyse de contenu.
Pour la présentation des résultats, on regroupe les réponses par proportions. L’outil privilégié
est l’entretien.

L’entretien : c’est une enquête qualitative, centrée sur la personne, un tête à tête entre 2
personnes au cours duquel l’une transmet des informations à l’autre. L’entretien de recherche
est un procédé d’investigation scientifique ayant pour objet de recueillir oralement des infos
sur un thème de recherche déterminé.

Il y a 3 types d’entretien :
- l’entretien libre : 1 à 2 questions ouvertes, pas de structure, discours continu, pas de question
préparée. On obtient des informations riches mais pas toujours pertinentes.

- l’entretien semi-directif : c’est le plus utilisé en TFE, un discours avec un ordre plus ou
moins déterminé, beaucoup d’espace à l’enquêté sans qu’il ne soit hors sujet. On utilise
quelques questions préparées qui servent de point de repère. L’information recueillie est de
bonne qualité et orientée vers le but poursuivi.

Recherche en Soins Infirmiers 7/12


- l’entretien directif : le discours suit l’ordre de questions posées dans un ordre précis (âge,
sexe, csp, diplôme), les informations sont pertinentes mais pauvres et le recueil rapide.

La construction du guide d’entretien : On procède toujours à un entretien semi-dirigé court


(max 30 à 45 min) soit 6 à 8 questions. Au cours de cet entretien, l faut toujours vérifier
l’accessibilité du langage et du vocabulaire utilisé par rapport à la population enquêtée (éviter
l’erreur de l’expert qui est incompréhensible pour le profane).
Mettre la personne en confiance, la faire parler d’elle-même. Respecter un ordre dans les
questions posées (du général au particulier, puis ouverture finale). Chaque question ne doit
pas mettre l’enquêté en situation de difficulté, éviter les questions tendancieuses et orientées.
Chaque question ne doit porter qu’une seule idée, ni être choquante dans sa formulation.

La conduite à tenir :
- Avant l’entretien : s’assurer que l’on possède les autorisations nécessaires pour enquêter,
préciser à la personne le cadre dans lequel est effectué cette recherche ou cet entretien.
Garantir l’anonymat à la personne interrogée, mais toujours laisser à l’enquêtée la possibilité
de refuser cet entretien, ou de l’interrompre à tout moment.
Indiquer le mode de sélection de la personne enquêtée, la durée de l’entretien, ainsi que les
modalités du recueil de données, lui expliquer ce que l’on attend d’elle afin de la rassurer. La
laisser poser toutes les questions qui lui importent avant de démarrer l’entretien.
Définir les conditions matérielles de l’entretien (lieu calme où on ne sera ni dérangé, ni écouté
par une tierce personne). En cas d’enregistrement de l’enquêtée, toujours lui demander son
accord et prévoir des piles et des cassettes de rechange.

- Pendant l’entretien : appliquer les techniques de la démarche relationnelle, être au clair avec
l’outil et savoir l’utiliser. Pratiquer une écoute active de l’enquêtée, parfois relancer certains
thèmes et reformuler les réponses obtenues. Avoir une attitude empathique (ne pas être dans le
jugement, être authentique) et marquer son intérêt pour ce qui est dit par l’enquêtée. Respecter
les silences, observer l’enquêté, écouter son débit, son intonation, étudier son langage non
verbal.

- Conclusion de l’entretien : c’est l’enquêté qui décide de la fin de l’entretien (« avez-vous


autre chose à ajouter, »). Importance de la notion de biais (déformation introduite lors du
processus de création des questions de l’entretien). Importance des facteurs matériels (lieu,
temps) qui peuvent aussi être des biais, de même que les facteurs relatifs à l’enquêtée (sa
relation avec l’enquêteur). Les inconvénients de l’entretien sont que cela prend du temps et
demande un certain apprentissage.

Le questionnaire : c’est une séquence logique et organisée de questions soumises aux


individus interrogés dans le cadre d’une enquête. Il ne faut pas présenter trop de questions et
en vérifier la formulation ainsi que les consignes (qui doivent être claires). Prendre garde à
l’effet de halo (la réponse à une question est influencée par la réponse à la question
précédente).

Les différents types de questions :


- Les questions fermées : c’est un type de question pour lequel le choix des réponses
est fixé à l’avance. Le dépouillement est plus facile et l’enquêté n’a pas à réfléchir
pour répondre aux questions. Par ailleurs, on peut créer des questions filtre, mais il y a
une perte d’information (même si on peut la limiter en rajouter une modalité « Autre :
précisez »).

Recherche en Soins Infirmiers 8/12


- Les questions dichotomiques (O/N, V/F) : les réponses sont forcées, il n’y a pas de
nuances ni d’évaluation du degré d’accord.
- Les questions qui demandent de choisir une modalité dans une liste (QCM) : ce type
de question permet d’évaluer le degré d’accord (cf. échelle de Likert, échelle
d’Osgood).
- Les questions ouvertes : dans ce type de question on n’impose pas de réponse type,
on laisse toute liberté dans son expression à l’enquêté. Ce type de question offre des
réponses plus riches et variées, mais aussi un dépouillement plus long et difficile et des
réponses parfois vagues.
- Les questions pré-formées : ce sont des questions en éventail, proposant une palette
graduée de réponses possibles, rédigées à l’avance (max 6 réponses). Ces questions
contiennent de éléments de réponse pour aider l’enquêté, avec un registre varié de
propositions. Le dépouillement est facilité mais il y a le risque que les items proposés
suggèrent une réponse non spontanée. Ce type de question est plus difficile à rédiger,
car on ne pense pas forcément à toutes les réponses possibles.

L’organisation du questionnaire : la longueur dépend du thème proposé, mais il ne doit pas


dépasser 30 min de passation auprès de l’enquêté. Il faut ordonner les questions de façon
attractive pour donner à l’enquêtée l’envie de poursuivre le questionnaire, et les rédiger de
façon claire et facile à comprendre (ex : questions dichotomiques). Cela permet aussi de
contrôler le niveau d’information et de laisser la possibilité d’exprimer son opinion.
Parsemer le questionnaire de questions filtres et de questions de vérification de la cohérence
des réponses, de questions de détente (qui permette à l’enquêtée de se relancer pour aborder la
suite du questionnaire après une question difficile).

On distingue 3 types de champs :


- Les connaissances et le niveau d’information.
- Les opinions par rapport au sujet.
- Les comportements, les attitudes, les motivations personnelles, et les intentions
d’action ou les projets (plutôt en fin de questionnaire quand l’enquêtée est en
confiance).
- Les informations personnelles d’identification (en dernière partie du questionnaire).

La rédaction des questions : éviter les mots savants et techniques, faire des phrases simples et
courtes, formuler une seule idée par question. Le choix de l’outil questionnaire implique un
échantillonnage large et une analyse quantitative des réponses obtenues, mais permet aussi un
dépouillement plus facile des réponses, et le respect de l’anonymat (quand la passation est
faite par l’enquêtée lui-même sans aucune aide).
L’enquêtée répond à son rythme, aussi il faut compter sur un taux de réponses spontanées qui
tourne autour de 30%. Les questions sont plus difficiles à rédiger, mais il n’y a pas de biais du
à l’interaction entre l’enquêteur et l’enquêtée.

L’observation : observer cela signifie avoir une vision organisée qui utilise plusieurs sens pour
observer un évènement ou une pratique. C’est un acte intelligent qui sélectionne une
information pertinente, l’observation est orientée vers l’objectif que l’on veut atteindre.

On distingue différents types d’observations :


- L’observation systématique (ou non participative) : le chercheur n’est pas impliqué et
observe de l’extérieur.

Recherche en Soins Infirmiers 9/12


Cette observation est structurée pour permettre de recueillir des données fiables permettant de
vérifier une hypothèse de recherche. Avoir à l’esprit que le sujet se sait observé (effet
pygmalion).

-L’observation non systématique (ou participative) : il s’agit d’une observation qui ne possède
pas de but précis au départ, mais permet de détecter une situation qui pose question. Cette
démarche est beaucoup utilisée dans la phase exploratoire d’un thème de recherche.
Il s’agit de s’immerger dans l’environnement que l’on veut étudier, pour y recueillir des
informations qui vont générer une orientation, une idée de recherche. Cette démarche présente
cependant 2 inconvénients (en participant au soin, on induit des comportements qui
n’existeraient pas hors de sa présence ; l’objectivité est fortement éprouvée car on développe
des sentiments à l’égard de la personne que l’on connaît et qui fait le soin).

La grille d’observation établit de façon précise la liste des points à examiner, en relation
directe avec les objectifs fixés par le chercheur. On utilise une observation structurée,
l’élaboration des catégories structurantes doit être rigoureuse, pré-établie, homogène (c'est-à-
dire définie par rapport à un même critère), exclusive (une seule donnée par catégorie),
objective (une définition précise par catégorie), et pertinente (correspondre aux objectifs de
recherche).

Aspects pratiques de l’observation :


- Avant l’observation : informer le responsable du service du thème de recherche après avoir
obtenu les autorisations d’enquête auprès de la DSI.
- Pendant l’observation : noter tous les élément du contexte de cette observation (date, heure,
lieux, acteur, durée, intervenants extérieurs). Il faut être attentif (vigilance constante) et noter
au fur et à mesure tout ce que l’on observe.
- Après l’observation : on met en ordre les données recueillies.

Les avantages et inconvénients de l’observation :


- Saisie ponctuelle (sur le vif) des comportements si l’observation dure un certain temps (la
personne observée finit par oublier l’observateur et reprends son attitude naturelle).
- Les difficultés liées à la technique de l’observation (limitation dans le temps et l’espace,
seulement pour ce qui est montrable).
- Les difficultés liées à l’observateur lui-même, qui peut jouer plusieurs rôles :
- Descripteur : l’observateur s’attache aux détails.
- Evaluateur : l’observateur a tendance à juger.
- Erudit : l’observateur fournit des observations complémentaires et étale ses
connaissances.
- Imaginatif : l’observateur se laisse porter par son imagination au lieu d’observer.
- Les difficultés créées par la réaction de défense de l’observée par crainte du jugement,
l’évitement ; le stress, l’effet Hawthorne (modification du comportement en fonction des
attentes de l’observateur).

Recherche en Soins Infirmiers 10/12


Problématique et question de recherche

La problématique commence dès le choix du sujet, donne un sens au mémoire, et justifie son
intérêt. Elle situe et caractérise le problème qui se pose au chercheur, permet d’argumenter le
choix du sujet et des objectifs fixés des éventuelles hypothèses. Elle démontre au lecteur
l’utilité de la recherche et la pertinence de l’étude entreprise, et met en évidence l’intérêt du
TFE.

Ses caractéristiques : c’est une construction, une organisation de la réflexion qui part de la
réalité, de laquelle découle un questionnement que l’on va éclairer par des référents
théoriques (étude documentaire et consultation d’experts).

Les caractéristiques du chercheur : remise en question de ses connaissances et de ses a priori


sur le sujet de recherche, accepter de se tromper et admettre que ses idées sur le sujet sont
incomplètes et entachées de subjectivité. Le chercheur se doit d’être investi dans sa recherche
et organisé, et travailler sur un sujet qui lui tient à cœur.

Les différentes phases de la problématique :


- Le choix du sujet : intérêt personnel pour le sujet en fonction de l’expérience
professionnelle personnelle, vérifier qu’il présente un intérêt infirmier (« où est
l’IDE ? », « où sont les Soins Infirmiers ? ») => Quelle question relevant de ma
discipline puis-je poser ? Correspond-t-il au cadre législatif et réglementaire de la
profession infirmière ?
- La question de départ : c’est une formulation provisoire de la question de recherche,
qui doit contenir tous les éléments du problème identifié (variables étudiées,
population cible, champ d’action) et débouche sur un ou plusieurs concepts. On doit y
trouver un objectif précis de recherche, à travers une formulation claire, concise,
faisable (étudiable sur le terrain) et pertinente (concernant un problème d’actualité ou
récurrent voire prévalent pour la profession infirmière).
- L’étude documentaire et les entretiens avec les experts de la question : c’est la phase
exploratoire qui permet de tester la question de départ dans sa clarté, sa faisabilité et sa
pertinence. Elle permet la constitution d’une connaissance théorique et pratique du
problème, ce qui aboutit à la concrétisation de la mise à distance du chercheur avec
son sujet de recherche. A travers la recherche documentaire et l’enquête exploratoire
(auprès des experts), on arrive à cerner le problème dans toutes ses composantes, ce
qui aidera à formuler la question de recherche.
- La question de recherche : la formulation de la question de recherche part d’une
situation professionnelle vécue (ou du résultat d’une étude) à partir de laquelle de
laquelle on identifie le problème par confrontation de la situation qui interpelle vis-à-
vis de la situation attendue. Il faut ensuite généraliser le problème (interroger les
champs et domaines de compétence IDE par rapport à l’objet, utiliser des outils de
résolution de problème pour éclater le thème de recherche et interroger les
composantes obtenues) pour enfin reformuler la question de départ c'est-à-dire la
question du champ professionnel pour laquelle il n’y a pas de réponse d’emblée et a
priori.

Recherche en Soins Infirmiers 11/12


La formalisation de la problématique : il s’agit de rendre compte de l’évolution de la réflexion
depuis le choix du sujet, d’expliquer comment la phase exploratoire a permis d’affiner la
réflexion et le questionnement, au point de rendre possible la formulation de la question de
recherche (expliquer pourquoi et comment on est passé de la question de départ à la question
de recherche, ce cheminement s’appelle la problématique).
Cette problématique se construit autour de concepts et d’idées-forces qui ont émergé de la
phase exploratoire, sur le réajustement des objectifs de recherche, sur la détermination de
l’orientation théorique. La question de recherche s’enrichit de sous-questions imbriquées en
découlant, qui interrogent le prescriptif d’une part (cadre juridique réglementaire) et le réel
observé d’autre part.

Outils de résolution de problème

La démarche scientifique est une méthode basée sur une méthodologie stricte permettant
d’apporter la preuve de la validité des résultats obtenus par un travail de recherche.
Quiconque refaisant la même recherche doit aboutir, avec les mêmes données de départ, au
même résultat, ce qui garantie la scientificité de la démarche de recherche.
On prouve ce que l’on avance en s’appuyant sur des faits objectifs, facilement vérifiables.
Toute analyse débouche sur une synthèse (qui peut elle-même être le point de départ d’une
nouvelle analyse, qui débouchera à son tour sur une nouvelle synthèse).

Au départ du travail de recherche, il y a une phase exploratoire qui permet de légitimer la


réflexion et d’ouvrir vers d’autres perspectives. Elle s’appuie sur une étude documentaire
(dont le cadre méthodologique utilise une grille d’observation des documents) et peut aussi
recourir à un questionnaire (dont le cadre méthodologique utilise une grille de dépouillement
des observations obtenues).

Tout travail de recherche repose sur un cadre de référence qui décrit l’environnement dans
lequel se situe la recherche. Une phase préalable indispensable à toute recherche consiste à
déterminer le thème de cette recherche. Pour bien en cerner toutes les composantes, on utilise
la méthode d’éclatement d’un thème de recherche.

Cette méthode repose sur une démarche d’analyse critique et constructive basée sur un
questionnement systématique (CQQCOQP) :
- Comment : description de la méthode qui a permis la survenue du problème qui se
pose, comment on a mis en place des actions correctrices. On cible la méthode, le
mode opératoire, l’organisation du travail, les procédures et les règlements.
- Quoi : description de la tâche, du problème (quelles sont les caractéristiques ? quelles
sont les conséquences ?). On cible les actions, les procédés, les objets matériels.
- Qui : descriptions des exécutants, des acteurs, des personnes concernées, des
personnes intéressées par les résultats ou par la mise en œuvre. On cible les
responsables, les victimes, les acteurs.
- Combien : mesurer l’enjeu global (le nombre de personnes concernées).
- Où : décrire les localisations où le problème apparaît (lieux, locaux, distances).
- Quand : décrire à quel moment est apparu ce problème (à quel moment se produit le
risque : mois, jour, heure) et à quelle fréquence il se produit.
- Pourquoi : pourquoi ces personnes là, pourquoi à ce moment là.

Recherche en Soins Infirmiers 12/12

Vous aimerez peut-être aussi