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UNIVERSITE DE KINSHASA

FACULTE DE MEDECINE
ECOLE DE SANTE PUBLIQUE

INITIATION A LA
RECHERCHE
SCIENTIFIQUE

2015
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CONTENU DU MODULE

INTRODUCTION A LA RECHERCHE

CHAPITRE I1 : FORMULATION D’UN PROJET DE RECHERCHE


1.1 Renseignements de base
1.2 Identification et mise en ordre de priorité des problèmes de recherche
1.3 Analyse du problème de recherche identifié

CHAPITRE II : PROBLEMATIQUE
2.1 Enoncé du problème de recherche
2.2 Justification du problème

CHAPITREIII : FORMULATION DES ELEMENTS D’ORIENTATION


3.1 Question (s) de recherche
3.2 Hypothèse (s) de recherche
3.3 But
3.4 Objectifs

CHAPITRE IV : CONCEPTUALISATION DE L’ETUDE


4.1- Revue de littérature
4.2- Cadre de référence
4.3. Délimitation de l’étude

CHAPITRE VI : METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE


6.1- Types d’étude
6.2 Opérationnalisation des variables de l’étude
6.3 Méthodes, techniques et instruments de collecte des données
6.4 Méthode d’échantillonnage

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6.5 Plan de collecte de données
6.6 Plan de traitement et d’analyse des données collectées
6.7 Questions éthiques
6.8 Validation des instruments

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INTRODUCTION A LA RECHERCHE

1- Définition de la recherche
Il existe une multitude de définitions mais dans ce module nous retenons celle qui suit :
La recherche scientifique est avant tout un processus systématique et rigoureux, une
démarche rationnelle qui permet d’examiner des phénomènes, des problèmes à résoudre et
d’obtenir des réponses précises à partir d’investigation.

Fondements théoriques
Il s’agit pour le chercheur de procéder à une explication générale des phénomènes et un
cadre d’analyse des pratiques sociales. De ce point de vue, les théories sont des
systèmes cohérents de conjonctures orientant la recherche par voie de déduction dans
l’étude des données. Il s’agit alors de grandes constructions logiques, de schémas
conceptuels et de paradigmes.
La recherche dans le domaine de la santé qui s’inscrit dans les derniers types de
fondement, tend à élucider, frange par frange, les divers aspects du système. Par
exemple:
- Décrire les représentations ou les images que les individus se font de la santé;

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- Saisir et typer les attitudes de la population à l’égard de la santé et des soins, ainsi
que leurs relations avec les comportements de santé;
- Évaluer la fréquence de divers problèmes de santé dans une population (taux
d’incidence ou de prévalence); analyser leur évolution; établir des perspectives;
- Mettre en lumière les relations entre ces problèmes et certaines situations
d’environnement
- Mettre à jour les relations entre ces problèmes et les comportements des acteurs
du système de santé;
- Évaluer l’importance des services de santé nécessaires pour répondre à certains
besoins selon des critères à définir;
- Analyser les types de relations entre acteurs du système et en particulier les
conflits, dépister l’origine de ces conflits et en tracer le déroulement et les modes
de résolution
- Évaluer les performances de certaines parties du système de santé à partir de
critères de référence à définir au préalable

2- Typologie de la recherche
Il existe deux principaux types de recherche : la recherche fondamentale et la recherche
appliquée.

2.1- Recherche fondamentale


Elle vise à augmenter la base des connaissances d’une discipline uniquement à des fins
cognitives. Une part de ces connaissances pourrait être mise en application
ultérieurement.
Exemple :
- les lois de l’apprentissage,
- effet de la chaleur sur la microcirculation du tissu musculaire et conjonctival

2.2- Recherche appliquée


Elle a pour objet la découverte des connaissances nouvelles qui utilisent pour se
développer les progrès des sciences fondamentales.
Elle se compose de plusieurs sous types de recherche dont :

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2.2.1- Recherche opérationnelle

La recherche opérationnelle est un processus d’analyse scientifique des phénomènes


d’organisation afin d’obtenir des résultats optimisés. Elle est une approche systémique de
résolution de problème.

Son but est de permettre aux décideurs de choisir parmi plusieurs solutions celle qui
garantit la meilleure efficience et efficacité.

Exemple : Causes de désertion des malades d’un cabinet de soins au profit d’un autre
situé dans le même quartier

2.2.2- Recherche épidémiologique


C’est une étude menée sur une population déterminée durant une période précise en vue
de rechercher des informations sur une maladie ou un phénomène morbide. Elle vise à
décrire les caractéristiques statistiques de la maladie ou du phénomène, son mode de
distribution, la chaîne épidémiologique et les mesures prophylactiques. La recherche
épidémiologique peut être divisée en fonction de critères comme :
- le temps
- l’action
- le but

a) sur la base du temps, on décrit les études longitudinales ou prospectives, les études
transversales et les études rétrospectives.
b) sur la base du critère Action, on décrit les études expérimentales et les études non
expérimentales
c) sur la base du but recherché, nous avons les études descriptives et les études
analytiques.
Exemple : - Mettre en évidence la corrélation entre tel facteur d’environnement et
l’apparition de telle maladie

2.2.3- Recherche développement


C’est un ensemble de travaux ayant pour objet la découverte des connaissances
applicables à la croissance et à l’organisation harmonieuse d’une communauté, d’un
pays.

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2.2.4- Recherche - action
C’est un processus qui met en relation chercheurs et acteurs qui aboutit à l’instauration
d’un va et vient entre l’analyse et l’action. Son but est d’apporter une solution à un
problème posé par les intéressés eux-mêmes et non par l’expertise des chercheurs
extérieurs au problème.
Exemple : comportements des agents de santé par rapport à l’accueil

3- Les principales étapes du processus de recherche.


Le processus de recherche comporte trois étapes essentielles :
La phase conceptuelle qui consiste à :
- Formuler un projet de recherche
- Décrire la problématique
- Enoncer les éléments d’orientation
- Recenser les écrits
- Elaborer un cadre de référence
La phase méthodologique qui consiste à :
- Définir le type de recherche et la population
- Opérationnaliser les variables à l’étude
- Choisir les méthodes, techniques et instruments de collecte des données
- Définir l’échantillon et l’échantillonnage
- Elaborer un plan de collecte des données
- Elaborer un plan de traitement et d’analyse des données
- Valider les instruments de collecte des données
La phase empirique qui consiste à :
- Collecter les données
- Présenter les résultats
- Discuter les résultats
- Formuler les recommandations
- Communiquer les résultats.
Le développement de ces différentes étapes du processus de recherche est effectué
dans les chapitres qui suivent.

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CHAPITRE I : FORMULATION D’UN PROBLEME DE RECHERCHE

1.1- Définitions de problème de recherche


- Un problème de recherche est une situation qui nécessite une solution, une amélioration
ou une modification ;
- Un problème de recherche est un écart entre la situation actuelle et la situation telle
qu’elle devrait être (situation idéale). Les causes de cet écart sont inconnues

1.2- Identification d’un problème de recherche


Cette étape n’existe pas lorsqu’il s’agit d’une étude commanditée. Par contre lorsque le
chercheur décide de déterminer lui-même un sujet, son choix s’effectue en général en
fonction de sa formation, de ses antécédents, de son intuition, des recherches
antérieures, de l’intérêt que présente globalement l’étude de tel ou tel sujet et des
ressources disponibles (humaine, temps, matérielle, financière).
Conditions pour qu’un problème soit un problème de recherche Tous
les problèmes de santé ne sont pas des problèmes de recherche. Pour faire
l’objet de recherche, un problème doit remplir trois (3) conditions:
1- Existence d’une discordance entre les résultats attendus et les faits observés
2- Les causes de cette discordance doivent être obscures
3- Possibilité d’au moins deux réponses cohérentes à cette interrogation. Ce dernier point
est particulièrement important ; en effet s’il n’y a qu’une réponse possible et cohérente à
cette interrogation, il n’y a pas lieu de mener une recherche spécifique.
Critères de sélection d’un problème de recherche
Tous les problèmes de santé ne peuvent pas faire l’objet de recherche en même temps. Il
faut les sélectionner selon un certain nombre de critères qui sont :

- Pertinence : Selon le Robert la pertinence c’est ce qui convient exactement à l’objet dont il
s’agit, qui dénote du bon sens : judicieux approprié
Se poser les questions suivantes : quelles sont l’importance et l’ampleur du problème ?
Qui est touché par le problème ? Quelle est la gravité du problème ?
- Nouveauté
S’assurer que le sujet n’a pas fait l’objet de recherche antérieure (manque de
connaissance sur le sujet)

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- Faisabilité : Selon le petit Larousse c’est le caractère de ce qui est faisable, réalisable
dans les conditions techniques, financières et de délai défini
L’étude est-elle faisable compte tenu des ressources disponibles ?

- Réalisabilité : Selon le petit Larousse c’est ce qui peut être réalisé.


Les recommandations seront- elles mises en œuvre ?

- Urgence : Nécessité d’agir vite, sans délai.


Est-il nécessaire d’obtenir des renseignements de toute urgence ? Un délai de quelques
mois est-il acceptable pour utiliser les renseignements ? Les données sont-elles
nécessaires de toute urgence pour la prise de décision ?

- Acceptabilité : Selon le petit Larousse c’est ce qui peut être acceptée, toléré sur les
plans politique, éthique, culturel et social
Il est conseillé de prendre un sujet qui intéresse les autorités politiques et administratives et
les communautés. Les aspects éthiques ne doivent pas être négligés. Les questions
suivantes peuvent être posées :

Acceptabilité politique et administrative :


Le sujet est-il acceptable pour les décideurs de haut niveau ?

Acceptabilité éthique :
Le sujet pose-il des problèmes d’ordre éthique ?

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Les critères que nous venons de voir peuvent être évalués au moyen de l’échelle
suivante :

Echelle d’évaluation des sujets de recherche

Critères Score Signification

1 Non pertinent
Pertinence 2 Pertinent
3 Très pertinent
1 Renseignements suffisants, déjà disponibles
2 Certains renseignements sont disponibles, mais sur les grandes
Nouveauté questions
3 Pas de renseignements fiables sur quoi fonder la résolution du
problème

1 Etude non faisable, compte tenu des ressources disponibles


Faisabilité 2 Etude faisable compte tenu des ressources disponibles
3 Etude tout à fait faisable compte tenu des ressources disponibles.

Acceptabilité 1 Sujet non acceptable pour les décideurs de haut niveau


politique et 2 Sujet plus ou moins acceptable
administrative 3 Sujet tout à fait acceptable

Acceptabilité 1 Importants problèmes éthiques


au plan 2 Problèmes éthiques mineurs
éthique 3 Aucun problème éthique

1 Les recommandations ne seront pas mises en oeuvre


Réalisabilité 2 Assez probable que les recommandations seront mises en œuvre
3 Très probable que les recommandations seront mises en œuvre

1 Non nécessaire d’obtenir les renseignements de toute urgence


Urgence 2 Délai de quelques mois acceptable pour utiliser les
renseignements
3 Données nécessaires de toute urgence pour la prise de décision
Adapté de Sondo Blaise 2006

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1.3- Analyse du problème identifié

Définition et intérêt de l’analyse du problème


L’analyse du problème est une étape essentielle à la conception de la recherche car elle :
- Permet aux intervenants de partager leurs connaissances du problème;
- Éclaircit le problème et les facteurs qui auraient pu le causer ;
- Facilite la prise de décision sur l’envergure et l’orientation de la recherche.

Etapes de l’analyse du problème


Introduction
Il est fréquent que le chercheur fasse des recherches sur un problème qui ne lui est pas
familier. Il est possible que les professionnels et les gestionnaires des services ou les
membres de la communauté connaissent ce problème beaucoup mieux que le chercheur,
mais n’aient pas accordé une attention à ses différents aspects.
Une analyse systématique du problème, effectuée de manière conjointe avec toutes les
parties concernées est une étape essentielle de la conception projet de la recherche.
Elle comprend trois (3) étapes
Etape 1 : le point de vue des parties concernant le problème
Les professionnels et les gestionnaires des services expriment souvent en termes
généraux ou vagues les problèmes qu’ils rencontrent :
« Les soins d’urgence doivent être évalués »
« Les services de planification familiale sont sous fréquentés par les clients »
« La mortalité maternelle est très élevée dans les maternités »
« Il faut renforcer le personnel de soins dans les services ambulatoires ».

Il faut donc au cours de discussions initiales avec ces gestionnaires et les professionnels
des services, éclaircir les questions en cause, en dressant une liste de tous les
problèmes tels qu’ils les perçoivent.

Comme il n’existe de problème que lorsqu’il y a un écart entre la situation actuelle et la


situation souhaitée, les problèmes perçus doivent être formulés de façon à souligner cet
écart.

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Par exemple, les gestionnaires et les professionnels des services de PF peuvent établir
que l’énoncé général « Les services de planification familiale sont sous fréquentés par les
clients » dénote les problèmes suivants :
- Connaissance insuffisante des services de PF par les usagers potentiels ;
- Centres de PF distants des domiciles des usagers
- Attitudes non empathiques des personnels des centres de PF
- Les locaux des centres de PF manquent d’intimité
- Le nombre de grossesses non désirées est élevé
- Les personnels ne font pas un examen clinique complet des usagers
- Les centres PF manquent de produits contraceptifs
- Les personnels des services de PF séduisent les clientes.
- Les personnels sont souvent absents des centres de PF
- Les usagers attribuent des propriétés d’infertilité aux produits de PF
- Les usagers pensent que les produits de PF provoquent des complications lors
des grossesses futures.

Etape 2 : Préciser et décrire en profondeur le problème


Il faut ensuite tenter de définir le problème central et de le quantifier. D’après l’exemple
de l’étape 1, le problème central pourrait être :
Le nombre élevé de grossesses non désirées (écart entre le nombre de grossesses
observé et le nombre souhaité)
Le nombre élevé de complications de grossesses et/ou d’accouchements écart entre la
santé réelle des femmes en âge de procréer et la santé souhaitée).

Il faut également décrire de façon plus détaillée :


 la nature du problème, ainsi que l’écart entre la situation réelle et la situation
souhaitée concernant les grossesses ou les complications ;
 la distribution du problème : (qui est touché, quand, où ?) ;
 l’ampleur et l’intensité du problème : à quel point, il est répandu et grave,
ses conséquences (handicaps, décès, gaspillage de ressources).

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Etape 3 : Analyser le problème

Après avoir défini le problème central, il faut :


 déterminer les facteurs qui auraient pu causer ce problème ;
 éclaircir le lien entre le problème et ces facteurs.

Il est utile de visualiser ces liens en traçant un diagramme dont voici, ci-après les
principes fondamentaux de construction.

Problème
central

Facteur Facteur

Fig.1 : Eléments d’un diagramme d’analyse de problème

Les problèmes perçus et les facteurs qui en sont la source sont placés dans des
« bulles ». Les liens entre les bulles sont indiqués par des flèches à sens unique (pour les
relations de cause à effet) ou à double sens (pour les liens réciproques). Le problème
central est toujours entouré d’une ligne double.

L’analyse du problème nécessite plusieurs étapes secondaires.

Etape 3.1. Ecrire le problème central défini à l’étape 2 au centre du tableau (noir ou à
feuilles mobiles).

Etape 3.2. Discuter des facteurs ou causes qui pourraient être à l’origine de ce problème.
Il est nécessaire de tenir compte des points de vue de toutes les parties concernées et
des chercheurs, recueillis à l’étape 1. Discuter du lien entre les différents facteurs et le
problème.

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On peut écrire tous les facteurs possibles sur des fiches ou des bouts de papier. Ceux-ci
sont affichés autour du problème central sur le tableau et déplacés, modifiés ou éliminés
au besoin au cours de la construction du diagramme.

Le diagramme initial pourrait prendre la forme suivante :

Mauvais
accueil des
clients/clientes
Rupture de
Faible utilisation produits
de méthodes contraceptifs
contraceptives
Nombre élevé
de grossesses Non respect
non désirées des
prescriptions
Centre de PF médicales
insuffisants

Fig.2 : Diagramme initial du problème de PF

NB : Nombre de problèmes perçus mentionnés à l’étape 1 sont reliés entre eux par un
lien de cause à effet (le mauvais accueil des clients / clientes dans les centres PF cause
une sous-utilisation de ces centres) ou par un lien réciproque (les centres PF distants des
domiciles des usagers contribue à la sous- utilisation des services de PF, laquelle sous-
utilisation n’incite pas à l’ouverture de nouveaux centres qui se rapprocheraient de ces
usagers.
Le nombre élevé de grossesses non désirées est devenu le problème central. Il est
entouré pour le distinguer des facteurs qui en sont la source.

Le diagramme suggère que l’analyse pourrait s’orienter dans au moins trois directions
différentes :
 des facteurs reliés à la disponibilité et à l’accessibilité des services de PF (centres
PF insuffisants) ;

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 des facteurs relatifs à la qualité des services fournis (rupture des produits
contraceptifs, mauvais accueil) ;
 des facteurs reliés aux usagers, à leur famille et à la collectivité (non- respect
des prescriptions médicales en matière de PF).

Ces ensembles de facteurs figurent dans bon nombre d’études sur l’utilisation des
services. Ils sont généralement liés de façon étroite.

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CHAPITRE II : PROBLEMATIQUE

2.1- Enoncé d’un problème de recherche

Formuler un problème, c’est exprimer en termes non équivoques, dans un énoncé


affirmatif, la situation qui exige qu’une recherche soit menée pour que la lumière soit
apportée aux brouillards des interrogations. C’est montrer à l’aide d’une argumentation
que l’exploration empirique du problème est nécessaire, pertinente et qu’elle peut
contribuer à l’avancement des connaissances.

ETAPES DE FORMULATION D’UN PROBLEME DE RECHERCHE

La formulation d’un problème de recherche comporte cinq (5) étapes principales :

1- Une brève description des caractéristiques socioéconomiques et culturelles et un


aperçu de l’état de santé des populations et du système de santé, agricole, éducatif, etc.,
dans le pays ou la localité concernée, si ces facteurs influent sur le problème. Si possible,
ajouter quelques statistiques à des fins d’illustration pour décrire le contexte du problème.
Cette description permet de relever les constats à partir desquels le problème sera
formulé ;

2-Une description concise de la nature du problème, son importance, sa distribution et sa


gravité ;

3- Une analyse des principaux facteurs qui peuvent influer sur le problème et un
argument convaincant selon lequel les connaissances actuelles ne suffisent pas à le
résoudre. Ces facteurs qui peuvent influer sur le problème sont aussi appelés causes du
problème;

4- Une brève description des solutions essayées dans le passé, de leur degré de réussite et
des raisons motivant la tenue de recherches supplémentaires ;

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5- Une description du type de renseignements que devrait recueillir la recherche et la
façon dont ces renseignements seront employés pour le résoudre.

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Idée générale mais très en rapport avec le sujet

Le phénomène dans le monde (chiffres récents en Europe,


Amérique Asie ou Océanie : un ou deux pays de l’un ou l’autre
de ces continents ou même des chiffres de l’OMS)

Le phénomène en Afrique (chiffres récents à l’appui)

En RDC si c’est la RDC qui est le cadre


général (chiffres)

Chiffres du champ d’étude

Actions correctrices entreprises

Résultats de ces actions

Si rien n’est fait, qu’arrivera-t-il ?

Alors que voulez-vous faire ?

Annonce facultative du
cadre de référence

Figure 3 : L’entonnoir de la problématique

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2.2- Justification du choix du thème

Tout choix de thème pour une recherche doit être justifié. Pour ce faire les éléments
suivants peuvent être évoqués :

- la motivation et l’intérêt pour le sujet.


Le chercheur évoque les motivations qui ont suscité son intérêt pour ce sujet. Une
recherche entreprise sans motivation peut être pénible et être vouée à la stagnation. En
plus de son intérêt personnel, il doit prendre en compte l’intérêt objectif de ce sujet c’est-
à-dire par rapport à la science et aux retombées sociales.

- la pertinence scientifique du sujet.


Le chercheur exprime la pertinence scientifique du sujet en indiquant en quoi ce sujet
s’inscrit dans les préoccupations scientifiques d’autres chercheurs ou simplement a fait
l’objet de travaux, de thèses ou de mémoires de devanciers. Il a intérêt à relever que le
sujet qu’il aborde n’est ni dépassé, ni usé, ni épuisé et qu’il ne manque pas d’actualité et
d’originalité surtout sous l’angle qu’il l’aborde.

- la pertinence sociale du sujet.


La pertinence sociale du sujet s’établit en montrant en quoi il apporte une réponse aux
préoccupations des décideurs (politique, administratif, leaders d’opinion) et des
praticiens. Il peut exprimer une conscience claire des conséquences sociales ou de
l’utilité pratique que sa recherche peut avoir au moment où il choisit son sujet.

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CHAPITRE III : FORMULATION DES ELEMENTS D’ORIENTATION

3.1- Question(s) de recherche


Le problème de recherche étant identifié et formulé dans la forme d’énoncé affirmatif, il
s’agit maintenant de procéder à un retournement du problème sous forme d’énoncé
interrogatif écrit au présent de l’indicatif.
La question de recherche précise les concepts clés, spécifie les populations cibles et
suggère une investigation empirique.
Elle tente d’exprimer ce que l’on cherche à savoir, à élucider, à comprendre le plus
exactement possible. C’est le premier fil conducteur de la recherche.
Pour remplir correctement sa fonction, la question de recherche doit présenter les critères
suivants :
- clarté : précise, concise et univoque
- faisabilité : réaliste c’est à dire en rapport avec les ressources personnelles,
matérielles et techniques dont on peut disposer
- pertinence : vraie question (en rapport avec le sujet d’étude), aborder l’étude de ce
qui existe

Si le chercheur veut découvrir les différents éléments du problème en étude (étude


descriptive), la question de recherche est en rapport avec le problème.
Exemple de problème de recherche
Taux élevé des femmes enceintes perdues de vue en consultation prénatale
Question : quelles sont les caractéristiques des femmes enceintes perdues de vue en
consultation prénatale ?
si le chercheur veut découvrir les facteurs explicatifs du taux élevé des femmes enceintes
perdues de vue en consultation prénatale (étude analytique) ; la question de recherche
est en rapport avec les facteurs identifiés au niveau de l’analyse du problème.
Exemple : quels sont les facteurs explicatifs du taux élevé des femmes enceintes perdues
de vue en consultation prénatale ?
si le chercheur est dans une position d’étude évaluative (évaluation d’un projet ou d’un
programme) ; plusieurs questions peuvent être posées. Chaque question est en relation
avec les objectifs/résultats du projet ou programme à évaluer.

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3.2- Hypothèse(s) de recherche
Une hypothèse est un énoncé affirmatif écrit au présent de l’indicatif, déclarant
formellement les relations plausibles, prévues entre deux variables ou plus.

Elle est une supposition ou une prédiction, fondée sur la logique de la problématique.
C’est la réponse anticipée à la question de recherche posée. Elle demande à être
confirmée, infirmée ou nuancée par la confrontation aux faits.

Elle peut être réduite, modifiée ou formulée différemment après consultation de la


bibliographie et du cadre conceptuel qui ont pour but de la clarifier, de l’affiner. Elle doit
être rédigée dans des termes simples, sans ambiguïté.

Facteurs à prendre en compte dans la formulation des hypothèses :


- l’énoncé de relations : les hypothèses s’énoncent au présent sous forme
affirmative (jamais sous forme de question) et sous une forme permettant la
vérification empirique.
Elle décrit la relation supposée exister entre deux variables, deux phénomènes,
deux concepts ou plus. Cette relation peut être causale (de cause à effet) ou
d’association ;

- le sens de relation : les termes comme « moins que », « plus grand que »,
« différent de », « positif », « négatif » etc. indiquent le sens de la relation ;

- la vérifiabilité : une hypothèse n’en est une que parce qu’elle peut être vérifiée
c'est-à-dire qu’elle contient des variables observables, mesurables dans la réalité et
analysables sur le plan statistique;
- la plausibilité : l’hypothèse doit être plausible c'est-à-dire pertinente par rapport au
phénomène à l’étude. Cette pertinence est démontrée par la connaissance que le
chercheur a du domaine d’étude.

On distingue deux types d’hypothèses :


- l’hypothèse inductive : elle repose essentiellement sur l’observation des faits
et leurs interrelations. Elle trouve sa source dans l’expérience, l’intuition, le

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raisonnement du chercheur. Par sa vérification, il peut dégager des
phénomènes généralisables qui seront la source de théorie ou loi ;
Ex. Un entretien préopératoire entre la personne soignée et l’infirmière panseuse, centré
sur l’écoute et l’information individualisée, permet d’humaniser le passage du malade au
bloc et diminue en partie l’anxiété de ce dernier.
(Cette longue hypothèse descriptive est née de l’intuition d’une infirmière panseuse à
partir de son observation du désarroi des malades)

- L’hypothèse déductive : elle est caractérisée par son approche qui fait d’emblée
appel aux lois et théories pour expliquer le cas particulier. Cette hypothèse peut
être déduite de théories connues déjà formulées ou de travaux connus ayant une
certaine notoriété.
Ex. L’utilisation systématique d’un modèle de soins basés sur l’autonomie a un impact sur
la qualité de vie des personnes âgées en institution
(Cette hypothèse repose sur une théorie de soins connue. Sa vérification permet de
théoriser le cas particulier et d’enrichir la théorie générale)
NB : L’hypothèse offre l’opportunité de développer les concepts et les variables de l’étude

3.3- But de la recherche


Le but d’une recherche énonce en termes généraux ce à quoi doit servir l’étude. Toute
recherche en santé a pour but essentiel de :
- cerner les problèmes et ordonner les priorités ;
- guider et accélérer l’application des connaissances pour résoudre les problèmes ;
- développer de nouveaux outils et formuler des stratégies novatrices ;
- faire avancer les conceptions de base et les frontières du savoir.

Exemple de buts de recherche


1. Contribuer au renforcement de la surveillance épidémiologique dans le district sanitaire
2. Contribuer à l’amélioration de la prise en charge de la surdité de l’enfant de 0 à 5 ans
par un dépistage
3. Contribuer à la réduction du taux de déperdition des enfants cibles du PEV entre le
BCG et le VAR dans le district sanitaire de Diapaga.

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3.4- Objectifs de la recherche
Il s’agit de déclarations affirmatives qui expliquent ce que le chercheur vise, cherche à
atteindre. Les objectifs expriment l’intention générale du chercheur et spécifient les
opérations ou les actes qu’il devra poser pour atteindre les résultats escomptés.
Généralement deux types d’objectifs sont définis dans le cadre d’une recherche :
- les objectifs généraux
- les objectifs spécifiques

3.4.1- Objectif général

L’objectif général d’une étude énonce en termes généraux ce qui doit être accompli à
travers le projet de recherche. C’est le résultat global attendu de cette recherche. En
général on se limite à un seul objectif général.
Les verbes utilisés ne sont pas souvent précis : évaluer, analyser, étudier, déterminer…
Exemple : déterminer les motifs de la faible utilisation des latrines dans le quartier Pissy
en vue de la sensibilisation de la population

3.4.2- Objectif spécifique

L’objectif spécifique est une communication d’intention qui exprime le résultat à atteindre
d’une manière précise, observable, mesurable.
Des objectifs spécifiques convenablement formulés facilitent l’élaboration de la méthode
de recherche et orientent la collecte, l’interprétation et l’utilisation des données.

La formulation des objectifs de recherche aide le chercheur à :


- délimiter l’étude (en le réduisant à l’essentiel) ;
- éviter la collecte des données qui ne sont pas absolument nécessaires à la
compréhension et à la résolution du problème ;
- diviser l’étude en étapes clairement définies.
Dans leur formulation, il faut s’assurer que les objectifs de l’étude :
- soulèvent les différents aspects du problème et les facteurs qui y contribuent de
manière cohérente et en ordre logique ;
- sont clairement formulés en terme opérationnel, précisant exactement ce que le
chercheur compte faire, où et dans quel but ;
- sont réalistes compte tenu de la situation locale ;

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- sont formulés en utilisant des verbes d’action assez précis pour être évalués.
Exemple :
- calculer la prévalence de l’utilisation des latrines par les enfants ;
- identifier les moyens de prévention de chute des personnes âgées

3.5 : les qualités d’un objectif spécifique de recherche


Un objectif spécifique de recherche doit posséder les qualités suivantes :
- Pertinent : l’objectif est en relation directe avec l’objectif général à atteindre.*
- Logique : l’objectif est le résultat d’un raisonnement méthodique.
- Précis : l’objectif est énoncé en termes concrets, ne prêtant pas à confusion.
- Réalisable : l’objectif doit indiquer un acte, un résultat possible avec les moyens
disponibles en fonction des ressources locales.
- Observable : l’objectif doit pouvoir être démontré effectivement.
- Mesurable : l’objectif doit pouvoir être évalué avec un instrument de mesure.

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CHAPITRE IV : CONCEPTUALISATION DE L’ETUDE

4.1- Revue de la littérature


4.1.1- Définition
La revue de la littérature consiste à faire la recension des écrits pertinents. Il s’agit donc
de l’étude des divers documents ayant trait soit au thème soit au sujet retenu, en vue de
s’enquérir si oui ou non dans les travaux antérieurs quelqu’un d’autre a déjà répondu à la
question que vous vous posez, objet de votre recherche.

Elle est une analyse critique qui permet de relever les forces et les faiblesses des
documents consultés en rapport avec le sujet à l’étude. Elle n’est pas une juxtaposition
des conclusions des études antérieures. Elle nécessite une prise de notes des
informations pertinentes et utiles lors de la lecture critique.
C’est un travail qui exige de la patience et une organisation individuelle. En pratique, il est
conseillé d’avoir une fiche de lecture (carnet) sur laquelle sont consignées les
informations utiles.
Il est conseillé d’utiliser les documents les plus récents.
A la fin, il faut prendre note de la référence du document exploité en vue de la constitution
des références des ouvrages (documents) consultés (références bibliographiques).

4.1.2- Sources de documentation


Les principales sources de documentation sont :
- Documents publiés : livres, articles, revues spécialisées, CD-ROM, Internet
- Documents non publiés ou littérature grise : rapports d’étude, rapports d’activités,
renseignements des registres
- Autres sources : personne de référence

4.1.3 Rédaction de la revue de la littérature


Le plan de rédaction comporte une introduction, une définition des concepts, un
développement et une conclusion.
- L’introduction expose les thèmes à l’étude ayant un lien avec le problème de recherche
qui unit les textes choisis.
La conceptualisation ou construction des concepts constitue une construction abstraite qui
vise à rendre compte du réel. A cet effet, elle ne retient pas tous les aspects de la

34
réalité mais seulement ce qui exprime l’essentiel du point de vue du chercheur. Il s’agit
donc d’une construction - sélection. La construction - sélection d’un concept consiste dès
lors à désigner les dimensions qui le constituent et, ensuite, en préciser les indicateurs
grâce auxquels ces dimensions peuvent être mesurées.

- le développement est constitué du résumé critique de chacun des textes. Ceux-ci sont
généralement regroupés selon le sujet traité. Une revue de littérature comporte
habituellement un élément critique. Des phrases ou des paragraphes de transition sont
utilisés entre les résumés pour mieux mettre en relief les éléments communs et les
éléments divergents.
- la conclusion met les textes étudiés en perspective les uns par rapport aux autres et les
situe dans la problématique générale.

4.2- Cadre de référence


4.2.1- Définition d’un cadre de référence
Le cadre de référence (théorique ou conceptuel) représente les assises qui permettent
d’agencer les concepts de manière à décrire, expliquer ou prédire les relations entre les
concepts.

C’est le modèle théorique ou épistémologique dans lequel le problème placé prend sens,
envergure, allure ou orientation. Il s’agit pour le chercheur d’inscrire le problème dans un
cadre de référence en montrant qu’il connaît clairement les tenants et aboutissants des
théories et concepts engagés dans la formulation du problème en question.

Le cadre de référence définit la perspective selon laquelle le problème de recherche sera


abordé et fournit un contexte pour examiner le problème. Il sert de base pour affiner
l’hypothèse, pour faire les observations, pour définir les variables, arrêter le devis de
recherche, faire les interprétations et les généralisations.
Il est le lieu où les concepts sont expliqués dans la perspective de l’étude. Il permet au
chercheur d’indiquer clairement dans quelle perspective particulière se place son étude et
quels sont les concepts, les théories et modèles d’explication qu’il entend privilégier et
pour quelles raisons pertinentes, scientifiquement parlant.

35
4.2.2- Elaboration du cadre de référence
L’élaboration d’un cadre de référence passe par les cinq principales étapes suivantes :
- spécifier l’objet de recherche ou du phénomène à expliquer (variable dépendante) ;
- décrire les prémisses qui soutendent l’enchaînement des facteurs influençant
l’objet ou le phénomène ; les facteurs doivent être explicitement identifiés ;
- identifier par facteur les variables par lesquels ils agissent sur le phénomène à
expliquer (variables indépendantes) ;
- déterminer le ou les types de relations qui existeraient entre ces variables
dépendantes et indépendantes ;
- illustrer par une figure ces variables avec leurs interrelations et dans l’ordre
chronologique selon lequel d’après vous elles s’influencent mutuellement et
influencent le phénomène à l’étude.

4.3. Délimitation/envergure et orientation de la recherche


La délimitation du sujet consiste à définir une orientation de la recherche en fonction des
contraintes de temps, d’espace et des ressources matérielles disponibles. Aussi les
éléments de cette délimitation portent sur les facteurs issus de l’analyse du problème en
tenant compte des contraintes sus-citées.
Au terme de l’analyse du problème, les différents facteurs incriminés peuvent être
regroupés en trois grandes catégories selon les éléments en présence. Le regroupement
suivant des facteurs est un exemple de catégorisation.

a) Les facteurs socio-culturels


Ces facteurs peuvent être :
Des facteurs personnels tels que l’âge, le sexe, la scolarité, l’occupation ainsi
que la composition (et le soutien) de la famille ;

Des facteurs communautaires comme :


- une mauvaise connaissance des signes et des causes d’une maladie et des
exigences du traitement dans la collectivité,
- la disponibilité d’autres types de traitement,
- la préférence pour d’autres types de traitement,
- une mauvaise compréhension est un soutien insuffisant de la part de l’employeur.

36
b) Des facteurs lies aux services de santé
- la faible accessibilité des services (et notamment le coût du traitement) ;
- une mauvaise organisation des services de santé (heure d’ouverture, disponibilité
des traitements ou conseils inadéquats, etc.).

c) Les facteurs liés à la maladie, tels que : la gravité de la maladie au moment du


recours aux traitements;
- le suivi des prescriptions liées au traitement
- la réaction du patient au traitement (complications ou rétablissement rapide).

Après cette catégorisation des facteurs en cause du problème, il est important de


déterminer l’orientation ou l’envergure de la recherche. Il faut notamment se poser les
questions suivantes :

Utilité des renseignements.


Les renseignements qui seraient recueillis sur le problème permettraient-ils
d’améliorer la santé et les soins de santé ? Qui ferait usage des constatations reliées
aux facteurs étudiés figurant dans le diagramme d’analyse? Comment les
constatations seraient-elles utilisées ?

Faisabilité
- Est-il possible d’analyser tous les facteurs reliés au problème au cours de la
période considérée qui peut s’échelonner sur plusieurs années ou une seule
année dont c’est le cas pour les étudiants de l’ENSP.
- Ou bien est-il préférable de s’intéresser à un seul groupe de facteurs ?

Double emploi
Certains renseignements sur des facteurs figurant dans le diagramme sont-ils déjà
disponibles ? Quels sont les aspects du problème qui nécessitent une recherche
supplémentaire ?
Les éléments de l’analyse doivent être examinés en tenant compte de ces questions. Si le
problème est complexe et découle de nombreux facteurs, il faut définir lesquels

37
pourraient faire l’objet de recherches moins importantes. S’il y a plus d’un sujet possible,
utiliser les critères de sélection et la méthode de classement décrits plus haut pour
prendre une décision finale au sujet de l’orientation et de l’envergure de la recherche. La
recherche peut ainsi prendre en compte tous les facteurs de l‘analyse ou s’intéresser à un
seul groupe de facteurs soit liés à la communauté, soit liés à la maladie ou à l’individu soit
les facteurs liés aux services de santé.

38
CHAPITRE VI. METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

6.1 TYPE D’ETUDE


En général les projets de recherche opérationnelle en matière de santé peuvent être
classés dans l’une ou l’autre des catégories suivantes :

6.1.1. Les études d’observation


Les études peuvent être descriptives (description d’une situation), analytiques à visée
étiologique ou explicative (mise en évidence des facteurs qui déterminent l’état de santé, la
performance du programme, etc.) ou évaluative (évaluation des actions entreprises ou à
entreprendre : s o i n s de santé, programme d’éducation sanitaire). Quelles soient
descriptives, analytiques ou évaluatives, les études peuvent être de deux catégories :
transversales (enquête ponctuelle pour recueillir des données sur une situation, un
programme, etc.) ou longitudinales. L’enquête peut être rétrospective (le phénomène à
l’étude s’est déjà produit et l’enquête remonte, va rechercher les causes à posteriori), par
opposition à l’enquête prospective où l’observateur part de l’exposition (exemple :
exposition à un programme de prévention du VIH/SIDA) et suit les sujets jusqu’à ce
qu’apparaisse l’évènement étudié : la maladie ou le décès). Lorsqu’une étude
longitudinale porte sur une population soumise à exposition (exemple : un programme de
santé) comparativement à une population comparable dite témoin, non soumise à
l’exposition, on parle d’étude cohortes. A l’inverse, lorsqu’une enquête analytique
rétrospective compare des cas, (personnes malades) et personnes indemnes, on parle
d’étude cas témoins ;

6.1.2. Les études expérimentales


Ces études sont parfois désignées sous les noms d’études d’intervention, car elles ont
pour but de modifier ou d’intervenir sur un aspect du programme (phénomène) étudié.
Elles ont recours aux méthodes prospectives de la recherche expérimentale ou quasi
expérimentale, afin d’évaluer les effets d’une modification de l’un des effets d’un
programme. Il peut s’agir de l’introduction d’un nouveau type de stratégie de mobilisation
sociale, d’un nouveau système de communication, d’une nouvelle approche concernant la
prise en charge des malades, d’un nouveau système plus décentralisé, etc.

40
Au cours d’une étude expérimentale, le facteur étudié est manipulé par le chercheur. Pour
obtenir la meilleure probabilité de comparaison entre les groupes soumis à différentes
interventions, l’assignation à tel ou tel groupe se fera au hasard (randomisation).
Exemples :
- L’étude de l’effet d’un traitement sur la survie (individus).
- Fluorisation de l’eau de boisson (dans une communauté : étude écologique).

Les études quasi expérimentales sont des études au cours desquelles le facteur étudié
est manipulé de façon artificielle mais dans lesquelles la randomisation n’a pas été
utilisée. Le traitement n’est pas alloué de façon aléatoire.

Exemple :
Etude de l’effet d’un médicament sur un groupe de personnes malades volontaires, puis
comparaison des résultats à ceux d’autre groupe de personnes malades mais non
traitées.

6.1.3. Les études évaluatives

L’évaluation Normative
Cette forme d’évaluation s’intéresse aux différentes composantes du programme ou du
plan et peut porter soit sur la structure (Ressources) soit sur le processus (l’application
des diverses procédures) soit sur les Résultats qui peuvent être de deux ordres :
Les résultats à court terme : Atteinte des objectifs préalablement définis
Les résultats à long terme : Impact de la mise en œuvre du plan sur l’état de santé de la
population
Exemple : Diminution de la mortalité maternelle

La Recherche évaluative
La recherche évaluative est une étude de type analytique qui essaie de mettre en relation
les différentes composantes du programme d’une part et d’autres de mettre en évidence la
relation entre le programme et les résultats obtenus. Il s’agit ici de prouver que
l’amélioration de l’état de santé est induite effectivement par la mise en œuvre du
programme nonobstant les autres facteurs.

41
Résumé des différents types d’études

Etudes d’observation Etudes expérimentales Etudes évaluatives

Analytiques à Descriptive Essais Quasi Evaluation Recherche


normative évaluative
visée étiologique cliniques expériment

Cohorte

Cas témoins

Transversale

Figure N°4 : les différents types d’études

42
6.2 OPERATIONNALISATION DES VARIABLES A L’ETUDE
6.2.1- Définition
On appelle variable tout caractère, sujet à prendre des états différents suivants les
individus, le temps ou le lieu d’observation. Ainsi en est-il par exemple du sexe, de l’âge,
du groupe sanguin, de la tension artérielle, du nombre de lits par hôpital, de la durée
d’hospitalisation. Tout état possible que peut prendre le phénomène étudié est une valeur
pour une variable.
En somme, une variable est une quantité ou une qualité susceptible de fluctuation, c’est-
à-dire susceptible de prendre différentes valeurs appelées modalités.
6.2. 2 - Typologie
La variable peut être quantitative ou qualitative :
- la valeur de la variable quantitative est numérique. Elle est discrète (nombre
d’enfants…) ou continue (poids, taille, âge…)
- la valeur de la variable qualitative est non numérique. Elle est nominale (sexe,
ethnie, couleur des yeux…) ou ordinale (petit, moyen, grand).
D’une façon générale, il existe deux types de variables :
- la variable indépendante : elle est l’élément mobile de l’hypothèse. Le chercheur au
cours de l’expérimentation la manipule, la fait bouger pour permettre le jeu de la
recherche. Elle est la cause, la condition qui influence une autre (ou plusieurs
autres).
- la variable dépendante : elle est celle dont le chercheur mesure la modification
pour démontrer l’impact de la variable indépendante. Elle est l’effet qui subit
l’influence de la cause.
Cependant il existe d’autres variables qui peuvent influencer à la fois la variable
indépendante et la variable dépendante. Ces variables sont potentiellement
confondantes.

43
Discrète (isolée)
Quantitative (numérique)
Continue (non isolée)

Variable nominale

Qualitative (non numérique) ordinale

Une Variable constitue une caractéristique d’une personne, d’un objet ou d’un
phénomène qui peut revêtir différentes valeurs.
L’âge d’une personne est un exemple simple de ce qu’est une variable. La variable de
l’âge peut avoir différentes valeurs parce qu’une personne peut avoir 20 ans, 35 ans, etc.
Voici d’autres exemples de variables :
Le poids (en kilogrammes ou en livres) ;
La distance entre les domiciles et les centres de santé (en kilomètres ou en
minutes de marche) ;
Le revenu mensuel (en dollars, euro ou FC).

Comme toutes ces variables sont exprimées sous forme numérique, on les
appelle VARIABLES NUMERIQUES.

Les valeurs que peut prendre une variable peuvent également être exprimées sous forme
nominale ou ordinale. Par exemple, la variable « sexe » a deux valeurs, masculin et
féminin, qui sont des catégories distinctes. Voici d’autres exemples :

44
Tableau 1 : Exemple de variables catégoriques
Variables indicateurs
rouge
Couleur bleu
vert, etc.

rétablissement
Suite de la maladie maladie chronique
mort

maïs
millet
Principal aliment de base
riz
manioc, etc.

- Reformulation des facteurs sous forme de variables


Vous remarquerez que dans votre analyse, presque tous les « facteurs » (appelés ainsi
pour des raisons pratiques) sont en fait des variables qui ont des valeurs négatives. Pour
déterminer dans quelle mesure ces variables interviennent, nous devons les formuler de
façon neutre afin qu’elles puissent avoir des valeurs positives ou négatives. Le tableau ci-
dessous donne des exemples de « facteurs » négatifs et de ces mêmes facteurs
reformulés pour donner des « variables ».
Tableau 2 : Facteurs reformulés pour donner des variables
Facteurs présentés dans le diagramme d’analyse Variable
Temps d’attente long Temps d’attente
Absence de médicaments Disponibilité des
Manque de supervision médicaments
Mauvaise connaissance des signes, causes et Fréquence des visites de
conséquences de la tuberculose supervision
Connaissance des signes,
cause et conséquences
d’une maladie

45
Opérationnalisation des variables par des indicateurs appropriés
Il est facile de déterminer les différentes valeurs que peuvent avoir les variables
présentées jusqu’à maintenant. Cependant, dans le cas de certaines variables, il est
parfois impossible de trouver des catégories adéquates à moins que les variables ne
soient opérationnalisées au moyen d’un ou plusieurs INDICATEURS précis.
Opérationnaliser une variable signifie lui donner une valeur mesurable.
Exemple :
On veut déterminer le degré de connaissance d’une personne sur un certains
sujet. Cela permet de déterminer dans quelle mesure les connaissances
insuffisantes influent sur le problème à l’étude, par exemple faible fréquentation
des services de consultation prénatale par les femmes enceintes.
La variable « degré de connaissance » ne peut être mesurée comme telle. Il faut
élaborer une série de questions pour évaluer les connaissances d’une personne,
par exemple sur les soins prénatals et les facteurs de risque reliés à la grossesse.
Les réponses constituent un indicateur des connaissances de cette personne sur
cette question et elles peuvent être divisées en catégories. Si on pose 10
questions, on peut déterminer que les connaissances des personnes ayant eu :
- de 0 à 3 bonnes réponses sont faibles ;
- de 4 à 6 bonnes réponses sont moyennes ;
- de 7 à 10 bonnes réponses sont bonnes.

L’alimentation des enfants de cinq ans est un autre exemple de variable impossible à
mesurer directement et pour laquelle il faut choisir des indicateurs appropriés. Parmi
les indicateurs courants de l’alimentation, on relève :
- le poids par rapport à l’âge ;
- le poids par rapport à la taille ;
- la taille par rapport à l’âge ;
- la circonférence du bras.

Il existe déjà des catégories reconnues dans le monde entier pour la classification de
l’alimentation, fondées sur des courbes de croissance. Pour l’indicateur du poids par
rapport à l’âge, par exemple, les enfants sont :
- bien nourris si l’indicateur est supérieur à 80% de la norme ;

46
- légèrement mal nourris si l’indicateur se trouve entre 60% et 80% de la
norme
Voir le tableau 1 pour des exemples de variables et d’indicateurs servant à
opérationnaliser des variables.

Remarque :
En définissant des variables à partir de l’analyse du problème, il est important de
distinguer les variables mesurables de celles qui ont besoin d’indicateurs. Une fois
les indicateurs appropriés déterminés, on sait exactement les renseignements dont
on a besoin. Cela rend la collecte ainsi que l’analyse des données plus précises et
plus efficaces.

Définition des variables et des indicateurs de variables

Pour s’assurer que tous (le chercheur, le responsables de la collecte des données et,
enfin, le lecteur du rapport de recherche) comprennent exactement ce qui a été mesuré et
pour assurer la cohérence des mesures, il est nécessaire de définir clairement les
variables (et les indicateurs). Par exemple, pour définir l’indicateur « temps d’attente », il
faut déterminer ce qui constitue le point de départ de la période d’attente, par exemple :
est-ce le moment où le patient entre, ou celui où il a été inscrit et a obtenu un carnet ?

Le tableau 2 énonce différentes possibilités concernant la définition de variables et


d’indicateurs courants.
Dans certains cas, il peut se révéler impossible de définir adéquatement la variable ou
l’indicateur immédiatement, car de plus amples renseignements pourraient être
nécessaires. Les chercheurs doivent alors lire les documents de référence pour découvrir
les définitions utilisées par d’autres chercheurs dans le but de normaliser leurs définitions et
de pouvoir comparer facilement plus tard leurs constatations avec celles d’autres
études. Dans certains cas, les opinions « d’experts », de membres de la collectivité ou
des prestataires de soins de santé pourraient être nécessaires pour définir la variable ou
l’indicateur.
Par exemple, dans une étude des références effectuées par les centres de santé à un
grand hôpital, une variable à étudier pourrait être le caractère adéquat des
renseignements fournis à l’hôpital par le personnel du centre de santé. Pour définir les

47
« renseignements qui devraient être fournis » et les critères visant à déterminer le
« caractère adéquat » (p. ex., cinq renseignements sur cinq ou au moins trois sur cinq), il
faut obtenir des renseignements des prestataires de soins de santé concernés.

Dans ce cas, il est nécessaire de déterminer et de déclarer la méthode qui sera utilisée
pour élaborer les définitions des variables et des indicateurs.
Soulignons cependant que dans certaines études, le chercheur a d’abord pour
objectif non pas de mesurer des variables, mais plutôt d’identifier des variables ou
groupes de variables qui permettent d’expliquer un problème ou les causes d’une
réussite ou d’un échec.

6.3- Méthode, techniques et instruments de collecte des données.

6.3.1- Définition de concepts


Méthode : selon le petit LAROUSSE c’est un ensemble ordonné de manière
logique, de principes de règles et d’étapes permettant de parvenir à un résultat.
Dans le domaine de la recherche, une méthode de collecte des données est un
ensemble de moyens mis rationnellement en oeuvre pour obtenir les informations
désirées au regard des objectifs définis.
Techniques : Les techniques représentent l’ensemble des procédures ou la
manière dont on collecte les données. Elles permettent de réaliser la collecte
systématique d’informations à propos des sujets de l’étude : personnes, objets,
phénomènes.
Outils ou instruments : ce sont les supports découlant de chaque technique
utilisée pour la collecte des données

6.3.2- Les méthodes de collecte des données


Plusieurs méthodes sont utilisées pour collecter les données dans la recherche :
a) La méthode par enquête
b) La méthode par indicateur ou recherche documentaire

48
- La méthode par enquête
L’enquête représente toute activité de recherche au cours de la quelle des données sont
recueillies auprès d’un échantillon représentatif de la population afin d’examiner les
attitudes, les opinions, les croyances, ou les comportements de cette population.
Les techniques découlant de cette méthode et qui sont couramment utilisées sont :
Le questionnaire
L’interview
L’observation
En plus de ces techniques, d’autres techniques dites de consensus sont utilisées dans le
cadre des études qualitatives ce sont :
 la technique du groupe nominal,
 la technique DELPHI
 la technique des informateurs clés.

- La méthode documentaire ou méthode par indicateur


La revue documentaire ou recherche documentaire, est toute activité de recherche au
cours de laquelle les données recueillies sont obtenues à partir de sources écrites: livres,
revues, dossiers, rapports etc.
La technique découlant de cette méthode est l’analyse de contenu.

6.3.3- Description des différentes techniques de collecte de données.

a) L’observation : C’est un procédé de recherche scientifique permettant de


constater, visualiser et consigner à l’aide d’indicateurs, des faits particuliers, des
comportements et des caractéristiques d’êtres vivants, d’objets ou de
phénomènes. Elle peut être structurée (critères d’observation définis à l’avance), ou
non structurée (observation libre, sans critère définis à l’avance).
Types d’observation
- L’observation participative ou active: l’observateur prend part à la situation qu’elle
observe
- L’observation non participative ou passive ou observation «libre» ou ouverte :
l’observateur observe la situation de manière ouverte ou cachée mais n’intervient pas

49
Quelque soit le type, l’observation peut être non structurée, semi structurée ou structurée
selon la définition préalable ou non, de critères d’observation ou d’aspects spécifiques à
observer.
- Une observation est dite non structurée si les notes de l’observation sont prises sur le
vif, sans avoir au préalable les critères d’observations.
- Une observation est dite semi structurée si le degré de structuration de l’instrument est
faible et permet une marge de manœuvre pour réagir selon la spécificité des cas.

- Une observation est dite structurée si elle utilise un instrument dont le degré de
structuration ne permet pas à l’observateur de tenir compte de la spécificité des cas.
C’est le cas de l’utilisation des listes de contrôle et des échelles d’appréciation.

b) L’interview ou l’entretien ou l’entrevue:


C’est un procédé oral, consistant en une rencontre face à face (interaction) entre deux
personnes au minimum au cours duquel l’intervieweur pose des questions et recueille les
réponses fournies.
Types d’interview en fonction du style d’interaction utilisée.
- interview non structurée : l’interview reste ouverte à l’imprévu et permet d’explorer le
sens profond des idées d’un individu ou d’une collectivité. Elle n’utilise pas de guide pré
établi. Très utile si le chercheur a peu d’informations sur le sujet. EIle est adaptée aux
études exploratrices ou aux études de cas.
- Interview semi structurée : elle utilise un guide ou une liste de questions dont la
formulation précise l’ordre et s’adaptent à la situation.
- Interview structurée : Elle utilise un guide ou une liste de questions dont la formulation et
l’ordre sont précisés à l’avance. L’enquêteur n’a aucune possibilité d’improvisation.
Les types d’interview en fonction du nombre de personnes impliquées
- Interview individuelle
- Interview de groupe
o Discussion de groupe si l’interview porte sur plusieurs thèmes avec
interaction entre les participants ;
o Interview de groupe focalisé ou focus group lorsqu’on se « focalise » sur un
seul thème.

50
Présentation des différentes techniques d’interview
- L’Interview individuelle :
C’est un échange entre l’intervieweur et la personne interviewée dans le but de collecter
des informations
- La Discussion de groupe
Dans une interview de groupe, les participants animent et commentent les échanges
entre eux. Souvent, cette interaction fait apparaître des idées, des opinions et des sujets
qui sont absents lors d’une interview individuelle.

L’interview de groupe où l’interaction des participants est au centre d’intérêt de


l’intervieweur et même renforcée par cette dynamique, s’appelle aussi « discussion de
groupe ». Une interview de groupe est normalement semi-structurée.
- Le groupe focalisé ou focus group
L’interview de groupe peut porter sur plusieurs thèmes ou seulement « focaliser » sur un
seul thème. On utilise alors l’interview de groupe focalisé (voir le document « conduite
d’une interview de groupe focalisé »).
Le « groupe focalisé » ou la « discussion de groupe dirigée » est une technique de
collecte de données qualitative. Un animateur qui peut se faire accompagner par un
observateur, stimule un groupe d’environ six à douze personnes pour discuter sur un
thème prédéfini.
Comme pour l’interview, la technique du groupe focalisé nécessite également un
enquêteur qui pose des questions à un groupe. Cependant, le but de ces questions n’est
pas seulement de solliciter des réponses directes mais plutôt de déclencher une
dynamique de groupe où la discussion fait ressortir un éventail d’idées plus riche que
celui des réponses directes.
L’animation doit être faite de sorte que les participants du groupe soient encouragés à
échanger entre eux des idées qui sont soit complémentaires soit contraires. Il doit
déclencher, soutenir et focaliser la discussion ; éviter de trop dominer le groupe afin de ne
pas étouffer l’initiative des participants. La structuration des échanges est différente de
celle de l’interview de groupe où les voies de communication restent centrées sur
l’enquêteur.

51
Enquêteur
Participant

Communication dans un Communication dans


groupe focalisé une interview de groupe

Figure 5 : Structure de la communication dans le groupe focalisé et l’interview de groupe

Le schéma met en évidence les interactions dans le groupe focalisé où l’animateur lance
les questions et les participants discutent entre eux, tandis que dans l’entretien de
groupe les flèches correspondant aux questions qui sont orientées dans un seul sens de
l’animateur vers les participants
RETENIR qu’une bonne interview doit :
- répondre aux objectifs de la recherche ;
- être adapté à la compétence et aux expériences des répondants ;
- comporter suffisamment des questions et sous questions sur les différents
aspects du sujet ainsi que toutes les réponses possibles ;
- avoir des questions précises, sans jugement de valeur dans un ordre
judicieux ;
- préciser comment répondre aux questions ; les instructions doivent être
claires (d’où une nécessité d’accompagner le questionnaire par un guide).
Il existe différente possibilités (méthodes / techniques) d’animation pour gérer et renforcer
l’interaction dans une interview de groupe.
Le questionnaire :
Définition du questionnaire
C’est un mode de collecte de données nécessitant des réponses écrites à un ensemble
de questions de la part des sujets. Il peut être utilisé dans les approches rétrospectives,
prospectives ou transversales.

52
Les personnes enquêtées répondent aux mêmes questions à partir des mêmes
directives.

L’analyse de contenu :
C’est un procédé utilisé pour recueillir des informations à condition qu’elles soient déjà
consignées dans un document. C’est un procédé utilisé surtout dans les approches
rétrospectives.
L’analyse de contenu porte surtout sur des données qualitatives.
Elle consiste à compiler des données existantes qui sont analysées, interprétées pour
mesurer l’efficacité des programmes et des services offerts.
Les documents servent de matériaux d’enquête : écrits et relevés statistiques, qu’ils
soient manuscrits, composés ou informatisés, les livres et les revus spécialisés.
L’utilisation des sources requiert les étapes suivantes :
Le repérage et l’accès aux sources
Le rassemblement des documents
La sélection des informations
Les critiques et analyse des informations.

Tableau n° 3: Critères de choix des différentes tec hniques

Lorsque l’on veut savoir ce que pensent les Interview


gens Questionnaire écrit
Lorsque l’on veut savoir ce que font les gens Observation

53
Tableau n°4: Congruence entre méthodes, techniques et instruments de collecte
des données.
Méthodes Techniques Instruments
Enquête - Questionnaire Questionnaire écrit auto administré
- Entretien (individuel, - Guide d’entretien individuel
discussion de Groupe, - Guide d’entretien de groupe
groupe focalisé)
- Observation Grille d’observation :
- Liste de vérification
- Echelles d’appréciation
La revue Analyse de contenu Grille/Fiche d’analyse de contenu
documentaire

Tableau n° 5: Avantages et inconvénients de diverse s techniques de collecte de


Données
TECHNIQUE AVANTAGES INCONVENIENTS
L’analyse de - Peu coûteuse - Les données sont parfois peu
contenu - Permet l’examen des tendances accessibles
passées - Les renseignements peuvent être
incomplètes / imprécises
L’observation - Fournit des renseignements plus - Le temps d’observation requis est plus
détaillés et plus conformes au contexte ou moins long
- Permet la collecte de - Possibilité de biais chez l’observateur
renseignements sur des faits qui ne - La présence de l’observateur peut
peuvent être inclus dans le influer sur la situation observée
questionnaire - Nécessite des enquêteurs expérimentés
- Permet de vérifier la fiabilité des
réponses
L’interview - Convient aux non scolarisés - L’enquêteur peut influer sur les
- Possibilité d’éclaircir les questions réponses
-Possibilité d’obtenir des - Les informations recueillies peuvent être
renseignements détaillés moins complets que dans l’observation
- Taux de réponses élevés - Les données sont difficiles à analyser

54
Le - Plus facile à analyser - Les remarques spontanées ne peuvent

questionnaire - Moins coûteux que les entrevues être consignées ou approfondies

écrit - L’anonymat permet plus d’honnêteté - Ne peut être utilisée chez les non
et de fiabilité scolarisés
- Ne nécessite pas d’assistants - Taux de réponse souvent faible
- Moins de biais dus à la formulation - Les questions peuvent être mal
différente des questions d’un répondant comprises
à l’autre

Tableau n° 6: Avantages, inconvénients et suggestio ns des questions ouvertes et


questions fermées
ITEM QUESTIONS OUVERTES QUESTIONS FERMEES
Avantages - Leur souplesse offre la - Les réponses peuvent être consignées
possibilité d’étudier des rapidement
questions qui n’ont pas été - L’analyse est plus facile, adapté et
prises en compte à la phase de pertinent pour les objectifs de l’étude ;
planification Il est facile à utiliser, Il est uniforme
- Réponses probablement plus Il est pré codé et ainsi facile à exploiter
valables que celles choisies Il peut être analysé rapidement ;
parmi plusieurs proposées Il est préféré dans les études médicales
Inconvénients - Nécessite des enquêteurs - Inadaptées à des répondants non
plus chevronnés scolarisés
- Analyse plus complexe - Les répondants peuvent choisir une
réponse à laquelle ils n’auraient pas songé
(biais)
- Des renseignements importants peuvent
échapper au chercheur
Suggestions - Formation et supervision des - Ne l’utiliser que pour étudier des sujets
enquêteurs simples
- Combiner les 2 types de - Combiner les 2 types de questions dans
questions dans le même le même questionnaire
questionnaire

55
6.3.4- Construction des instruments de collecte des données

1- La construction d’un questionnaire

a) Le questionnaire d’administration écrite


A la différence de l’entrevue, les réponses aux questions se font par écrit. Les personnes
enquêtées répondent aux mêmes questions, placées dans un ordre et à partir des
mêmes directives.
Les réponses se limitent donc aux réponses écrites.
Le contenu du questionnaire est déterminé par l’objectif de l’étude et du genre de
renseignements :
- Les questions de faits
Les questions de faits ont plus de chances de donner lieu à des réponses vraies.
* Ce sont les questions d’Etat Civil
- Date de Naissance / /
- Lieu de Naissance / /
- Etat Matrimonial : Marié / / Célibataire / /
Divorcé / / Veuf / /

* Les questions évaluant le standing social :


- Avez-vous une voiture Oui / / Non / /
- Possédez-vous une télé Oui / / Non / /
- Quel type de maison habitez-vous
Dur / / Semi dur / / Banco / /

Structuration du questionnaire
Le questionnaire comprend quatre parties :
- L’introduction
- Le corps des questions
- Le pré codification ou codage
- le pré encodage
L’introduction
Elle a pour but d’accrocher le lecteur ou l’interlocuteur et vise à l’inciter à s’engager dans
la collaboration. L’introduction présente l’organisme responsable et insiste sur

56
l’importance de la participation de l’interlocuteur pour le succès de l’étude. Elle assure les
garanties de l’anonymat, la nature des renseignements à rechercher et donne les
instructions à suivre pour répondre.

Le corps des questions


Le questionnaire est un document sur lequel peuvent être notées dans des zones
prédéterminées les réponses ou les réactions d’une personne soumise à l’enquête.
On termine par une formule de politesse, un remerciement.
La pré codification ou codage
Consiste à assigner un numéro spécifique à chaque réponse possible
Le pré encodage
Consiste à relever et à identifier les à priori sur le questionnaire à prévoir des espaces
clairs destinés à :
. Recevoir le fruit de la codification
. Faciliter l’opération ultérieure d’encodage

- Les questions filtres


Ces questions visent à obtenir des explications des enquêtés sur leur attitude ou
opinions. Elles peuvent donner lieu à des informations très variées. Ce sont les questions
de types :
- Pourquoi ?
- Si oui, comment ?
- Expliquez-vous
La forme d’une question ne modifie pas les connaissances de l’enquêté mais elle peut
exercer une influence déterminante sur sa réponse ; ce qui amène à faire un choix sur le
type de question plus ou moins apte à produire tel ou tel genre d’information.

3. Les questions fermées


La question fermée est celle dans laquelle le choix et la liberté d’expression de l’enquêté
sont réduits au minimum.

Le type de réponse est fixé à l’avance par le questionnaire.

57
Exemple :
- Combien d’enfants vivants avez-vous / / 1à3
- Nombre total de grossesse /__/ 4 à 5

Les questions fermées conviennent lorsqu’il s’agit d’obtenir des réponses simples,
tendant à classer l’enquêté dans une catégorie de critères précis.
Exemple : Buvez-vous la bière : Oui /__/ Non / /
Les questions fermées demandent moins d’efforts et on a vite fait de dire oui pour se
débarrasser.

4- Les questions ouvertes


Elles interviennent quand on veut obtenir de l’enquêté des renseignements plus
particuliers ou lui permettre d’expliquer son opinion.
Elles sont préférables lorsqu’on ignore le niveau d’information des gens sur le sujet.
Exemple de question ouverte : Que pensez-vous du préservatif ?

B)Le questionnaire d’administration orale ou l’interview

Construction d’une grille d’observation


La démarche d’observation consiste à : Sélectionner, observer et enregistrer de façon
systématique les comportements et caractéristiques de personnes, d’objets ou de
phénomènes.

1) Différence entre Regarder et Observer

Regarder Observer

Consulter sans faire très attention aux Décrire de façon détaillée un objet ou une
éléments spécifiques structure en ses différents éléments ou
caractéristiques précises.

2) Les types de grille ou outils utilisés dans l’observation sont :


La liste de vérification
L’échelle d’appréciation qui peut être descriptive ou numérique
L’échelle graphique.

58
La liste de vérification
Son utilisation consiste à identifier la liste de caractéristiques et à en notifier la présence
ou l’absence de chacune.
L’observateur n’a rien à écrire, mais se contente de cocher sur une feuille réponse
préparée à cet effet.
Cet outil suppose une définition explicite du comportement à l’étude.
C’est une échelle dichotomique qui s’exprime par :
- Oui - Non
- Présent - Absent
- Fait - Non fait
Son avantage est qu’elle est très pratique pour observer des comportements concrets,
facile à rédiger.
Elle n’est utile que dans un ensemble limité de situations concrètes.

L’échelle d’appréciation
C’est l’appréciation sur un continuum, de la présence ou l’absence des caractéristiques
propres à un attribut ou à un comportement.
On distingue :
- L’échelle descriptive qui présente une série de catégories parmi
lesquelles l’observateur doit choisir celle qui décrit au mieux la situation.
- L’échelle numérique ou l’observateur attribue à chaque caractéristique
considérée un chiffre habituellement compris entre 1 et 5. Il faut toujours
ajouter une définition pour chacun des chiffres afin de garantir la fidélité
de l’appréciation.
- L’échelle graphique où, les catégories sont définies et les réponses
présentées sur des segments de droite qui représentent un continuum
pour chaque caractéristique observée.

3) Comment et quand enregistrer les données de l’observation


d’une manière non structurée : notes prises sur le vif (donner des exemples et
demander l’avis du consultant)
De façon systématique : liste de contrôle, échelles etc…

59
pendant l’observation
après l’observation
2- Les échelles d’opinions
Cet instrument se présente sous forme d’une échelle d’échelonnement donnant lieu à des
réponses additives ou cumulatives. L’objectif est d’avoir le point de vue du répondant ou
son attitude à l’égard de l’objet en cause. Cet instrument consiste à présenter aux
répondants un ensemble d’énoncés reliés à un thème et à leur demander d’indiquer le
degré d’accord ou de désaccord.
A cet effet, il y a l’échelle de Likert, l’échelle de jugement comparatif, le tri de carte, la
sémantique différentielle.

- L’échelle de Likert
C’est un instrument utilisé pour déterminer les opinions, les réactions ou les croyances
des personnes face à des idées ou situations prêtant à interprétation.
Dans cet instrument on présente aux répondants une série d’énoncés et on leur demande
d’exprimer leur degré d’accord ou de désaccord face à chacun d’eux sur une échelle
allant du désaccord total à l’accord total.

Les qualités d’un instrument de mesure


1) La validité : Exactitude avec laquelle l’instrument mesure ce qu’il est censé
mesurer
2) La fiabilité : C’est la constance avec laquelle l’instrument donne les mêmes
résultats quand il mesure les mêmes échantillons
3) La commodité :
Un instrument devra être assez simple pour que tout enquêteur puisse :
L’administrer sans grands efforts de préparation.
Le format utilisé doit être simple et approprié
Les directives doivent être claires et précises
4) La présentation :
La présentation matérielle des questions doit être claire. Les caractères doivent
être bien choisis et lisibles. Une aération judicieuse doit être observée entre les
différents items. Les espaces réservés aux réponses doivent être suffisants
surtout lorsqu’il s’agit de questions ouvertes.

60
6.4 : METHODE D’ECHANTILLONNAGE

6.4.1. La population d’étude

La population mère ou univers de l’étude, est l’ensemble de tous les sujets ou autres
éléments d’un groupe bien défini, ayant en commun une ou plusieurs caractéristiques
semblables, et sur lequel porte la recherche. L’élément ou unité statistique est l’unité de
base de la population auprès de laquelle l’information est recueillie :
personnes,
groupe,
famille,
comportement,
organisation,
objets :
- documents (lettres, journaux, tracts, dépliants, brochures, dossiers) etc.
- produits de l’activité humaine : pansements, clichés, radio, plâtre,
prothèses

- population : On appelle population en statistique un ensemble d’unités


susceptibles d’être observées : hommes, femmes, yeux, ménages.
Avant d’entreprendre toute enquête, il faut définir la population qui sera
concernée.
- population cible : c’est la population qui a motivé au départ, l’organisation
de l’enquête. C’est donc la population à laquelle on souhaite étendre les
résultats. Exemples
Exemple 1 : Etude des besoins non satisfaits en produits contraceptifs : la
population cible sera constituée de femmes en âge de procréer.
Exemple 2 : Etude de la prévalence des parasitoses intestinales chez les
enfants d’âge scolaire : la population : enfants de 6-14 ans
- population source : c’est la population d’où l’échantillon est extrait lors de la
réalisation de l’enquête. Les résultats de l’enquête doivent pouvoir
s’étendre à la population source avant de pouvoir se généraliser à la
population cible.

61
Dans l’exemple 1 ci-dessus, la population source pourrait être les jeunes filles
de 15 à 24 ans.
Dans l’exemple 2 ci-dessus, la population source pourrait être les enfants en
âge d’être scolarisés

Une connaissance préalable de l’univers est nécessaire en vue de préparer les méthodes
de sélection. Le choix de la population ne pose habituellement pas de problème dans les
études descriptives. Par contre, dans les essais pilotes (études quasi expérimentales)
leur choix doit être rigoureux et tenir compte de certaines considérations pratiques, si l’on
veut atteindre les objectifs visés, tout en assurant la comparabilité et en préservant la
validité interne et externe des résultats qui seront obtenus. Une étude faite sur une
population de volontaires ou de sujets sélectionnés par l’investigateur donnera des
résultats qui ne seront pas transposables à la population générale. Si la population de
l’étude est une population particulière, (malades hospitalisés par exemple), on ne pourra
pas généraliser les résultats à la population des malades, à cause du biais de sélection
qui affecte la représentativité et partant la validité interne. Le chercheur devra donc
s’assurer que la population choisie est bien celle qui convient pour recueillir l’information
requise.

6.4.2. ECHANTILLON
6.4.2.1 Définition
L’échantillonnage est un ensemble d’opérations qui consiste à choisir un groupe de sujets
ou tout autre élément représentatif de la population étudiée. C’est un procédé par lequel
un groupe de personnes ou un sous ensemble d’une population est choisi en vue
d’obtenir des informations à l’égard d’un phénomène et de telle sorte que la population
entière qui nous intéresse soit représentée.

6.4.2.2 Détermination de la taille de l’échantillon.


Pour des raisons de ressources (humaines et matérielles …), l’investigateur a souvent
recours à l’échantillonnage. Il est utile de distinguer à cet effet la population totale (qui est
constituée par des éléments qui sont tous des cas potentiels) et l’échantillon qui sera
effectivement observé. Si les effectifs de la population totale sont réduits, il faut étudier
l’ensemble de la population. Mais dans la majorité des cas, les effectifs sont élevés et la

62
pratique courante consiste à faire un sondage, c’est-à-dire à tirer un échantillon
représentatif de l’ensemble de la population sur lequel portera l’étude.

La détermination de la taille de l’échantillon nécessaire pour répondre aux questions


dépend de plusieurs facteurs (Meth rech. Deuxième édition, OMS) :
- la mesure à considérer : elle est déterminée par les objectifs de l’étude
- la distribution de probabilité qui sous-tend la caractéristique considérée
- la distribution de la mesure due à l’échantillonnage
- Le degré de précision souhaité : en somme on cherche à obtenir une estimation
aussi proche que possible de la valeur relative à la population.

La taille minimale de l’échantillon nécessaire pour estimer des proportions avec une
certaine précision est donnée par la formule suivante :

Lorsque l’effectif de la population est supérieur à 10 000, la taille « n » de l’échantillon


nécessaire sera donnée par la formule suivante :
Z²pq
n=

Où : n = la taille désirée de l’échantillon
p = la proportion de la population cible ayant une caractéristique donnée. S’il n’existe
pas d’estimation disponible, on peut prendre 50% (0,50).
q = 1-p (complément de p).
z = écart fixé en général à 1,96 (ou plus simplement à 2) qui correspond au degré de
confiance de 95 %.
d = degré de précision voulu, en général 0,05 et parfois 0,02.

Pour des études plus complexes, il faut faire recours à des tables ou des statisticiens
pour le calcul de la taille de l’échantillon

NB :
Dans les seuls cas de recensement général, toute la population est concernée par
l’étude.

63
6.4.3.3 Les différentes méthodes d’échantillonnage
I- Les méthodes probabilistes
Echantillonnage aléatoire simple
L’échantillonnage aléatoire simple ou sondage aléatoire simple est une méthode qui
offre à tous les sujets une égale chance d’être retenus dans l’échantillon en utilisant un
tableau des chiffres aléatoires ou une calculatrice ou un ordinateur générateur de nombre
au hasard par un tirage à la loterie. Il nécessite la disponibilité d’une liste de la population à
l’étude. Il assure une assez grande représentativité de l’échantillon. Le tirage se fait sans
remise jusqu’à l’atteinte de la taille désirée de l’échantillon.

Echantillonnage systématique
C’est une méthode qui utilise un critère partiellement aléatoire car elle combine deux
procédés : calcul du pas de sondage et tirage au hasard.
On détermine d’abord le pas de sondage en divisant «N» par «n» soit N/n= a.
Exemple: Population=250 et Echantillon=50. On aura donc 250/50= 5 Dans la liste
alphabétique et numérotée de « N » on tire au hasard un numéro allant de 1 à 5. A tous
les 5 numéros on retient un individu. Le chercheur n’est pas obligé de commencer par le
n°5. Il peut prendre n’importe quel numéro entre 1 et 5, par exemple 4. Ce n° 4 devient le
premier individu de l’échantillon. Par une simple opération, elle ajoute 5 à tous numéros
pour obtenir les autres éléments de l’échantillon. Ex: 4+5=9 c’est-à-dire le 9ème individu;
9+5=14 ou 14ème individu; 14+5=19; 19+5=24; 24+5=29; 29+5=34; etc.

L’échantillonnage aléatoire stratifié :


L’échantillonnage stratifié s’applique à une population très hétérogène à subdiviser en
strates à l’intérieur desquelles les individus sont fort peu différents. Dans tous les cas ces
strates doivent être le plus homogène possible.
Exemple : Babonga veut effectuer au CHU de Gossina une étude sur la satisfaction du
personnel sur des conditions dans lesquelles il travaille. La population est celle des 80
médecins que compte cet hôpital, 20 chefs d’unités de soins, 200 infirmiers/ères, 120
sages femmes/maïeuticiens, 60 manœuvres, 60 secrétaires, etc. A l’intérieur de ces
groupes les effectifs sont généralement différents dans un même hôpital. Babonga sera
alors obligé de diviser cette population en strates homogènes : médecins,
infirmiers/ères…

64
Même si Babonga décide de retenir 50 % de chaque profil, le nombre d’individus obtenu
par strates tiendra compte de l’effectif global par profil également. Il ne mélangera pas
des profils différents à l’intérieur d’une même strate.

L’échantillonnage par grappes :


Dans beaucoup d’enquêtes administratives, les études concernent des populations
nombreuses ayant souvent une grande dispersion géographique. Pour obtenir le nombre
voulu de sujets pour l’étude, le simple échantillonnage au hasard devient très coûteux et
peu pratique. Le chercheur va d’abord diviser la population-mère en un nombre important
de groupes. Par exemple : la population mère est composée d’élèves, d’habitants, de
travailleurs d’entreprises. Il subdivise cette population en un groupe d’élèves, d’habitants,
de travailleurs d’une grande entreprise. A l’intérieur de chaque groupe il procède à un
tirage aléatoire pour obtenir les individus.
L’OMS (citée par le Projet PASEI 2, 2004, p203) propose dans le cadre du PEV par
exemple que pour chaque région étudiée, le chercheur prenne 30 grappes composées
d’au moins 07 enfants en suivant la procédure ci-après :
- Faire la liste des villages avec les populations des enfants de moins de 05 ans et
les populations cumulées d’enfants ;
- Calculer le pas de sondage en divisant la population cumulée par 30 ;
- Obtenir la proportion des enfants de moins de 05 ans ;
- Procéder ensuite comme dans un échantillonnage systématique.

II- Les méthodes non probabilistes

L’échantillonnage accidentel :
L’échantillonnage accidentel consiste à inclure les sujets dans une étude au fur et à
mesure qu’ils se présentent dans un endroit précis.
Exemple : les personnes hospitalisées ; les personnes venant en consultation externe.

• L’échantillonnage par quotas


L’échantillonnage par quotas consiste à constituer un modèle réduit de la population à
tester en formant des strates sur la base de certaines caractéristiques et à faire en sorte
qu’elles soient représentées dans les proportions semblables à celles qui existent dans la
population cible. Cette technique est utilisée pour assurer une représentativité adéquate

65
des sous groupes ou strates à l’intérieur de la population cible L’échantillon est taillé à
partir des statistiques disponibles de cette population. Le chercheur calcul un tableau des
quotas proportionnels, par groupe d’individu, en fonction des caractères qu’il désire
sélectionner (âge, groupe ethnique, dépendance, profil…). Une fois sur le terrain il
prendra n’importe quel individu qui possède les caractères recherchés tout en respectant
les quotas déjà déterminés.
Exemple : Babonga veut sélectionner une population à l’école primaire mixte de Gossina. Il
va d’abord diviser l’effectif de l’école en classes d’âge : 6-8 ans, 9-11 ans, 12-13 ans. Sur
la base de l’effectif de l’école et les statistiques d’âges, il calcule le quota de chaque classe
d’âge et il ainsi la composition théorique de chaque échantillon. Il pourra interviewer
tout écolier qui répond aux critères d’âge.

L’échantillonnage par choix raisonné


Il est une technique qui repose sur le jugement du chercheur et qui consiste à
constituer un échantillon de sujet en fonction de leur caractère typique.
Avantages
- L’étude de cas rares peut contribuer à une meilleure compréhension d’un
phénomène.
Inconvénients
- Nécessite le choix d’un certain nombre de participants pour représenter les
thèmes à l’étude.

L’échantillonnage par réseau ou « boule de neige »


L’échantillonnage par réseau ou « boule de neige », consiste à choisir les sujets
qu’il serait difficile de trouver autrement, en faisant appel à des réseaux sociaux
(réseaux d’amis par exemple).

6.5 : PLAN DE COLLECTE DES DONNEES


Il s’agit de clarifier ici comment collecter des données en suivant la démarche suivante :
Choisir des techniques de collecte de données (observation, analyse de contenu,
interview); Cette démarche dépend des variables à l’étude, des personnes/groupes
cibles visées par ces techniques, du choix d’un site et d’une période pour leur
application.

66
Elaborer soit des guides, soit des grilles ou questionnaires pour les instruments
s’ils sont semi- structurés ou structurés (s’ils sont structurés, il n’y aura que des
indications à préparer).

Pour le choix des instruments de collecte, les aides suivantes sont proposées :
Un arbre de choix des instruments de collecte des données
Un tableau de détermination des instruments de collecte des données
Un plan de collecte des données

6.5.1 L’arbre de choix des instruments de collecte des données


Pour déterminer quel type d’instrument de collecte des données ; il est proposé un arbre à
quatre niveaux qui indique l’instrument à utiliser selon l’objectif spécifique de recherche. En
parcourant les branches de l’arbre, le chercheur parviendra à retenir la ou les
techniques et les instruments adaptés à chacun de ces objectifs spécifiques.

Quelle forme de question cadre le mieux avec


votre objectif de recherche

Combien… ? QUI… ? Pourquoi… ?


Combien de Que… ?
fois… ? Quel… ?
Où/quand… ?
Comment… ?

Continuer niveau 2 et 4 Continuer niveau 3 Continuer niveau 4

Figure n°6 : Arbre de choix des instruments de collecte des données : Niveau1

67
Combien… ?
Combien de fois… ?

Est-ce que l’objet à


rechercher et les
conditions de mesure
sont connus

Est-ce que le sujet de la


question de recherche est
délicat (si le sujet est
délicat, voir remarques ci
dessous

Non Oui, continuer niveau 3 de


l’arbre

Est-ce que les


données
nécessaires sont
déjà disponibles Doute : suivre
les deux

Non
Oui, continuer

Doute : suivre
les deux

Utiliser un Exploiter les statistiques


questionnaire à du services ou les
question fermée, une résultats quantitatifs
observation structurée, d’enquête antérieure
et ou des instruments
techniques de mesure
(exp thermomètre etc)

Figure n° 7: A rbre de choix des instruments de collecte des données : Niveau2

Remarques : Si le sujet est délicat, une interrogation par écrit et anonyme peut être
préférable

68
Qui… ?
Que… ?
Quel… ?
Où/quand… ?
Comment… ?

Peut-on observer
l’objet à
rechercher ?
Oui Non

Continuer
Est-ce qu’il s’agit Niveau 4 de
Doute : suivre
d’observer des détails l’arbre
les deux
sous des conditions
bien connues ? ou bien
s’agit-il d’explorer

Détails Explorat
Doute : suivre
les deux

Utiliser l’observation structurée, Utiliser l’observation


et ou des instruments techniques semi structurée
de mesure (exp

Figure n° 8: A rbre de choix des instruments de collecte des données : Niveau3

Remarques : que l’on interroge des individus ou des groupes dépendent les points
suivants :
Situations favorisants l’entretien avec des individus

69
Pourquoi ?

Est-ce que vous vous


intéressez à ce qui
prédomine dans un
groupe ou aux différences
entre individus

Individus
Individu Groupe
Groupe
doute
Est-ce que
Suivre les
Est-ce que l’éventail des
l’éventail des deux
réponses
réponses possibles est
possibles est bien
bien connu
connu

Oui Non Oui Non

Utiliser l’interview Utiliser Utiliser Utiliser l’interview


individuelle l’interview l’interview de de groupes
structurée ou individuelle semi groupe semi focalisés
questionnaire structurée structurée

Figure n° 9: Arbre de choix des instruments de coll ecte des données: Niveau 4

6.5.2. Le tableau de détermination des instruments de collecte des données


Il aide le chercheur à déterminer le type et le nombre d’instruments qu’il faut pour
collecter les données et voir quels sont les objectifs spécifiques qui peuvent être
atteints par chaque instrument.
Le tableau de détermination des instruments de collecte des données se présente
comme suit :
Une première colonne dans la quelle sont listés les objectifs de recherche
Une deuxième colonne subdivisée en plusieurs colonnes selon le nombre
d’instruments où sont répertoriés tous les instruments de collecte de données

70
Tableau n° 6: Tableau de détermination des instrume nts de collecte des
données par objectif

Instruments de collecte des données


Objectifs
questionnaire Grille Grille Liste de Grille
Spécifiques
d’entretien d’analyse vérification d’appréciation
de
contenu
Objectif
Spécifique 1
Objectif
Spécifique 2
Objectif
Spécifique 3

Pour le remplissage du tableau de détermination, on procède de la manière suivante :


1. Lister les objectifs spécifiques dans la première colonne
2. Lister les instruments de collecte dans la grande colonne « instruments de
collecte »
3. Mettre pour chaque objectif spécifique, des croix dans les colonnes des
instruments qui la traitent
Plus tard après l’élaboration des instruments on peut remplacer ces croix par des
numéros qui représentent les points dans chaque instrument.
Ainsi, on aura confectionné un index qui permettra de vérifier quel aspect de la
recherche sera traité à quel endroit, et avec quel instrument.

6.5.3 Le plan de collecte de données


Pour la confection du plan de collecte de données, il faut :
Préparer un tableau à sept colonnes dans lesquelles on inscrit de la gauche vers la
droite :
Les objectifs de l’étude
La variable à l’étude
Le type d’instruments de collecte

71
Le groupe cible de l’instrument
La situation d’application : lieu, période, conditions.
Le type d’enquêteur
L’échantillon
A partir du tableau de synthèse de l’arbre déterminer un ou plusieurs instruments
de collecte appropriés et l’inscrire ou les inscrire dans la troisième colonne
Se demander vers quel groupe de cible l’instrument doit être administré pour
capter l’information permettant de vérifier l’objectif spécifique. Inscrire le résultat
sur la quatrième colonne au niveau correspondant de l’instrument visé.
S’interroger sur la situation la plus favorable pour appliquer l’instrument au groupe
identifié en termes de :
- Lieu
- Temps
- Conditions
Et mettre le résultat dans la cinquième colonne
Se poser la question à savoir pour chaque type d’instrument quel type d’enquêteur
serait le mieux placé pour l’appliquer et inscrire la réponse dans la sixième
colonne.
Déterminer le type et la taille de l’échantillon souhaitable dans la septième
colonne.

Procéder de la même façon pour chaque objectif spécifique. Ainsi le plan de collecte
donne les instruments de collecte, le type d’enquêteur, le lieu où il faut collecter les
données et le moment où les données peuvent être collectées de même que les
conditions dans lesquelles cette collecte devra se faire.

72
Tableau n° 7: Plan de collecte des données

Objectifs Variables Instrument Groupe Situation Type Echantillon


spécifiques à mesurer cible d’application d’enquêteur

Lieu Temps Condi


-tions

6.6 : PLAN D’ANALYSE DES DONNEES DE L’ETUDE

6.6.1 Préparation du plan d’analyse


La préparation du plan d’analyse va consister à transformer les questions exprimées dans le
langage courant qui découle des objectifs de l’étude en croisement de variables
statistiques.
Contrairement à une attitude souvent rencontrée, l’analyse ne doit pas être considérée
comme une étape tardive par rapport à celles qui l’ont précédé (élaboration du
questionnaire, plan de sondage, etc.). Elle ne devrait jamais être préparée au dernier
moment, une fois les données recueillies sur le terrain. Il importe de la planifier avant
l’élaboration du questionnaire.
L’intérêt d’agir ainsi est double. En premier lieu, on pourra s’assurer au moment de la
conception du questionnaire, que les réponses aux questions posées permettent de
remplir les cases vierges de tableaux de résultats préparés lors de l’élaboration du plan
d’analyse. Ainsi on ne se dispersera pas à rechercher des informations sans liens directs
avec l’analyse projetée.
En second lieu, une réflexion préalable sur les résultats qu’il espère mettre en évidence
évitera au chercheur de se lancer, au moment de l’exploitation des données, dans
d’innombrables croisements de variables l’éloignant de son objectif initial. Enfin, cette
démarche de mise au point préalable du plan d’analyse est utile pour l’estimation précise
du nombre de sujets nécessaire en fonction du degré de complexité envisagé par
l’analyse.

73
6.6.2 La sélection des indicateurs et des facteurs de risque
Il s’agit ici de tester l’association entre un évènement défini par des indicateurs donnés et
un certain nombre de facteurs. La sélection de ces facteurs doit être justifiée et le
chercheur doit résister à la tentation d’introduire des variables qui pourraient
« éventuellement » être intéressantes. Il peut être dangereux de se lancer dans de telles
pratiques où on ratisse le plus large possible en testant l’association d’un évènement
avec de nombreux facteurs. Les études de ce type ont une fâcheuse tendance à
malmener les conclusions des tests statistiques pratiqués puisque le risque de conclure à
tort à l’existence d’une différence significative est ainsi naturellement augmenté. Un choix
raisonnable de facteurs testés devra être effectué en se basant sur des travaux antérieurs
ou sur des hypothèses avancées par des spécialistes.

6.6. 3 Le plan d’analyse


Le plan d’analyse constitue l’un des aspects les plus importants du protocole de
recherche car l’analyse doit fournir des réponses à toutes les questions soulevées par
l’étude. Le chercheur essaiera de dégager à partir des données les caractéristiques
suivantes :
- Les mesures de tendances centrales : moyennes, médiane, mode des variables
quantitatives,
- La variance des données, c’est-à-dire la tendance des individus à s’écarter de la
moyenne (mesurée surtout par l’écart type) ;
- Les différences entre les résultats : les tests les plus fréquemment utilisés pour
tester la signification statistique de ces différences sont le test de chi carré pour
comparer les proportions et le test « t » de Student pour comparer les
moyennes.
- Les relations entre variables que le chercheur essaiera d’évaluer

6.6.4 Les méthodes d’analyse


Les méthodes d’analyse les plus utilisées sont les suivantes :
6.6.4.1. La transformation des variables
Au cours de l’analyse des données, il est parfois indispensable de créer de nouvelles
variables à partir des données existantes. Plusieurs techniques peuvent être utilisées :
l’utilisation de fonctions mathématiques:
A partir d’une ou de plusieurs variables il est possible de créer une nouvelle

74
variable en utilisant les opérateurs mathématiques simples (addition, multiplication,
soustraction) ou des formules mathématiques.
Exemple : au cours d’une étude sur une maladie, où le poids du patient à
l’admission, le poids à la sortie et la durée de séjour ont été collectées, il est
possible de créer une nouvelle variable gain poids pour chaque patient de l’étude.
Le gain de poids est calculé par la formule suivante:
( Poids final en kg Poids initial en kg ) x1000
Gain ( g / kg / jour )
( Poids initial en kg ) x ( Nbr jours de traitement)

le regroupement en classe
Lorsqu’on étudie une variable quantitative sur un nombre important d’individus, il est
nécessaire de regrouper les données. L’opération peut aboutir à la transformation d’une
variable quantitative continue en variable qualitative ordinale.
Exemple :
Au cours d’une étude, le poids des individus adultes est mesuré en Kg, le regroupement
de cette variable poids peut se faire :
- par échelle d’amplitude de 10 kg :
Classes de poids (kg) : 40-49 50-59 60-69 70-79 80-89
- par échelle de fréquence en quatre groupes comprenant chacun 25% des sujets (les
bornes sont indiquées en observant les fréquences relatives de la distribution)
Classes de poids (Kg) : 45-68 ; 70-73 ; 74-77 ; 78-86
- par échelle de convenance : faible poids : < 65Kg ; poids moyen : 65-79 Kg ;
poids élevé : > 79 Kg.

La transformation des variables


Lorsque les valeurs d’une variable quantitative sont exprimées par des nombres difficiles à
manipuler simplement, il est parfois utile de transformer la valeur brute x de la variable en
une valeur x’ d’une nouvelle variable, pour en simplifier l’expression.
Ces transformations nécessitent une bonne maîtrise des outils mathématiques et
statistiques, on n’insistera pas sur cette technique dans ce module.
NB : Il ne faut pas confondre cette étape de l’analyse des données aux étapes de
codage, recodage et saisie des données qui sont des étapes avant le début de
l’analyse.

75
6.6.4.2. L’analyse univariée
L’analyse des données requiert une bonne maîtrise des méthodes statistiques. Un
premier niveau, généralement largement suffisant pour les études d’observation
(descriptives et analytiques), est atteint avec l’utilisation des méthodes univariées. Ces
méthodes regroupent :
- les mesures de fréquence
- les représentations graphiques d’une variable quantitative, d’une variable
qualitative, de deux variables quantitatives, de deux variables qualitatives, de
variables quantitative et qualitative, de données temporelles
- les mesures d’estimation : mesure de position (moyenne, médiane, mode), mesure
de dispersion (range ou étendue, intervalle interquartile et écart type)
- les mesures de liaisons pour variables quantitatives et pour variables qualitatives
- les tests d’hypothèse

NB : Il faut faire usage des connaissances en statistique de base et en


épidémiologie de base pour bien utiliser ces méthodes.

6.6.4.3. L’analyse des séries chronologiques


Elle consiste à suivre l’évolution d’un indice ou d’un pourcentage, d’une moyenne, etc.
Exemple : nombre de capotes vendu par an sur une dizaine d’années.
Après avoir défini pour chaque facteur à étudier les modalités possibles, on procèdera à
la préparation de l’étude descriptive des données.
Cette étape consiste en un tri à plat des données recueillies permettant de connaître la
manière dont chacun des facteurs étudiés se répartit entre les différentes modalités
précédemment définies.
Exemple : « Attitudes » des sujets interrogés face au tabac peut être décrite par le
tableau suivant :
Tableau n°8 : Attitudes des sujets interrogés face au tabac
Consommation de tabac Effectif %
Non fumeurs
Anciens fumeurs
Fumeurs occasionnels
Fumeurs importants
Non réponse
Total n 100

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Cette simple description répond souvent en elle-même à certains objectifs assignés à
l’étude. Elle offre par ailleurs l’intérêt de connaître les effectifs se rapportant à chaque
modalité d’un facteur, donnant par là des indications sur les regroupements de classes
que l’on serait éventuellement amené à faire lors de croisement des variables. Elle
permet de chiffrer le taux de non réponses à chacune des questions.
La description de certains paramètres sociodémographiques (sexe, âge, profession…) et
leur comparaison à une situation référente permet en outre de juger de représentativité
de l’échantillon sur lequel on travaille.
Une fois la description des facteurs retenus, on peut alors procéder en fonction des
objectifs de l’étude, de faire des croisements de variables.
De nombreuses études ont pour objet la recherche d’association entre un évènement et
des facteurs d’exposition.

Exemple : Etat des enfants à la naissance chez les femmes fumeuses.

Tableau n°9 : Etat des enfants à la naissance chez les femmes fumeuses

Consommation de cigarettes Etat des enfants à la naissance Total


par jour Hypotrophie Poids normal
1 cigarette par jour
2 à 10 cigarettes par jour
> 10 cigarettes par jour
Total

Là encore, il s’agit de résister à la tentation de croiser tout avec tout. On s’en tiendra aux
croisements qu’imposent les objectifs de l’étude définis dans le protocole.

6.6.5 Choix des tests statistiques


Il est recommandé de prévoir dès la préparation de l’analyse les différents tests
statistiques que l’on pense utiliser. On doit toutefois vérifier, une fois les données
recueillies, et les effectifs de chaque cas connus que les conditions d’application de ces
tests sont bien vérifiées.

6.7 : LES QUESTIONS ETHIQUES DE L’ETUDE


L’éthique est l’ensemble des règles qui régissent le caractère moral du processus de
recherche.

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Les aspects éthiques sont d’une importance considérable dans les recherches menées
sur des êtres humains (Smith & Morrow, 1991). Les principes éthiques qui sont prescrits
en matière de recherche médicale impliquant les humains sont décrits en détail dans la
déclaration d’Helsinki de 1975. Ces principes ont été repris par le Code International de
l’OMS (1982).
Par rapport à la recherche sur le terrain, les principes essentiels portent sur les aspects
suivants :
Le mérite scientifique de la recherche proposée
L’équité dans la sélection des individus et des groupes
Le consentement éclairé des individus et des groupes : les renseignements que
l’investigateur devra fournir aux participants pour obtenir leur consentement à
prendre part à l’étude notamment dans le contexte des pays en développement
comprend les éléments suivants :
- Des explications sur l’objet, les objectifs et les modalités de collecte des
données de la recherche proposée ;
- Une déclaration sur la manière dont la confidentialité des données sera
préservée ;
- Une disponibilité à répondre à toutes les questions que le sujet posera ;
- Une déclaration indiquant que la participation à l’étude est volontaire et que
tout refus de participer n’entraînera aucune sanction et qu’à tout moment le
sujet peut retirer son consentement.
La confidentialité des données : le protocole doit comporter des indications sur la
manière dont la confidentialité des données recueillies sera préservée (exemple :
utilisation d’un code numérique pour préserver l’anonymat).
Le non recours à la coercition comme moyen pour faire participer les individus ou
les groupes à l’étude.

Pendant l’élaboration des techniques de collecte des données, il peut se révéler


nécessaire de déterminer si la procédure de recherche risque de causer des torts
physiques ou émotifs. Ce serait le cas des activités suivantes :
Vider la vie privée des répondants en posant des questions délicates ou en
obtenant des dossiers qui peuvent contenir des renseignements personnels
Observer le comportement des répondants à leur insu

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Négliger d’observer ou de respecter certaines valeurs culturelles, les traditions ou
les tabous

On peut recourir à plusieurs méthodes pour éviter ces problèmes :


Obtenir le consentement éclairé des répondants avant l’entrevue ;
Eviter de parler des questions délicates avant d’avoir établi de bons rapports avec
le répondant ;
Garantir le caractère confidentiel des renseignements et l’anonymat des enquêtés ;
S’assurer de ne pas divulguer les données obtenues.

6.8 : VALIDATION DES INSTRUMENTS DE COLLECTE DES DONNEES


6.8.1 Le prétest des instruments
Le prétest est l’évaluation ou la vérification des instruments afin de s’assurer qu’ils sont
bien compris c'est-à-dire que le message ou l’idée est transmise dans le sens où elle
avait été envisagée et répond aux normes de qualité nécessaires pour obtenir des
informations précises, valables et acceptables.
La technique privilégiée pour prétester les instruments consiste en l’organisation d’une
enquête pilote sur un échantillon ayant les mêmes caractéristiques que la population
mère. Il faut éviter autant que faire se peut de réaliser le prétest sur la population mère.

Facteurs à prendre en compte dans le prétest


La sensibilité ou la délicatesse du sujet
Les instruments qui s’appliquent à des domaines délicats (exemple : la PF, la sexualité)
doivent être soigneusement prétestés.
Avec qui faire le prétest ?
Les instruments de collecte devraient être testés avec des gens proches du groupe
cible pour lesquels ils ont été conçus.
Sur combien de gens faut il tester ?
Cela dépend des réponses que vous obtenez dans votre prétest. La règle est la
suivante : Si vous obtenez des réponses consistantes, c'est-à-dire que beaucoup de
gens comprennent bien vos questions ou que beaucoup de gens ont des problèmes
avec certaines parties, il serait suffisant d’interroger au moins 20-30 personnes.

79
Quand faire le pré test ?
Le pré test des instruments doit précéder la phase de collecte de donnée proprement
dite sur le terrain.

Pourquoi le prétest ?
Le prétest doit permettre de vérifier les points suivants :
- La clarté et la précision des termes des questions (éviter les termes
vagues et les doubles négations)
- La redondance dans les questions
- La cohérence du questionnaire
- Les degrés de compréhension des questions (les questions ont-elles les
mêmes significations pour tous les interrogés ? sont-elles facilement
compréhensibles ?)
- La validité du contenu (les réponses obtenus se prêtent elles à
l’établissement des relations que l’on veut étudier ? permettent elles de
mesurer ce que l’on veut mesurer ?)
- L’ordre des questions (cet ordre influence t-il les réponses ? y a-t-il
discontinuité entre les questions ? le passage d’un aspect du problème à
l’autre se fait-il sans heurt naturellement ?)
- Le degré de coopération des interrogés (dépister les questions trop
délicates)
- La longueur de l’instrument (le temps pris pour le remplir).

Le pré test permet de valider les questions en leur assurant une meilleure qualité en:
- Conservant les questions
- Corrigeant certaines
- Supprimant d’autres
- Ajoutant des informations complémentaires
- Restructurant le questionnaire

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