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Quelques réflexions
sur la réfraction d’un rayon
lumineux dans l’air
Robert VINCENT
Indice de réfraction de l’air L’excédent à l’unité de l’indice de réfrac- d’où : dn/dH = (n-1) (- g Δ/P - dT/dH/T)
tion de l’air (n-1), est proportionnel à la d’où : dn/dH = - [(n-1)/T] (g Δ T/P
L’indice de réfraction de l’air n est légè-
pression P et inversement proportionnel + dT/dH) (1)
rement supérieur à 1. L’excédent à
à la température absolueT (= t + 273°, 15).
l’unité (n-1), est proportionnel à la den- Valeur numérique à la pression nor-
sité de l’air Δ qui elle-même est fonc- male, au niveau de la mer et à la tem-
tion de la pression barométrique P, prin- pérature 0° :
cipalement tributaire de l’altitude, et de
Gradient vertical d’indice g Δ = masse volumique de l’air
la température T, également tributaire
de réfraction = 1,293 kg/m3
de l’altitude mais qui varie aussi suivant Dans l’atmosphère, la pression et la P = 1O332 kg/m2
la saison et l’heure dans la journée. température varient avec l’altitude n = 1,000293
H. En un point, la pression et la tempé- T = 273°, 15
Une approche de la relation entre ces
rature présentent un gradient générale- dn/dH = - 0,000001073 (34,18 + dT/dH) (2)
trois variables n, P etT, est donnée par la
ment vertical : dP/dH et dT/dH.
loi de Mariotte sur la compressibilité avec la constante 34,18 et dT/dH en °/km.
des gaz, si tant est que l’on puisse assi- Il s’ensuit qu’en ce point, l’indice de Le signe - indique que l’indice décroît
miler l’air à un “gaz parfait” : réfraction présente, lui aussi, un gra- généralement avec l’altitude.
PV = R T dient vertical dn/dH.
formule dans laquelle V est le volume Les dérivées logarithmiques des termes
occupé par une certaine quantité de gaz de la dernière formule donnent la rela- Courbure du rayon lumineux
à la pression P et à la température T et tion : dans l’atmosphère
où R est une constante. dn/(n-1) = dP/P - dT/T
Du fait de ce gradient vertical d’indice
d’où : dn/dH = (n-1) (dP/dH/P - dT/dH/T)
L’excédent à l’unité (n-1) de l’indice n de de réfraction de l’air, un rayon lumineux
réfraction de l’air, est proportionnel à la L’équation de l’équilibre barométrique qui traverse l’atmosphère est cintré
densité de l’air, donc inversement pro- donne d’autre part : dans son plan vertical. Ceci est vrai
dP/dH = g Δ (masse volumique de l’air
portionnel à V
n-1 = P/kT avec g accélération de la pesanteur)
même en un point où le rayon est hori-
zontal, plus précisément tangent à une ...
Revue XYZ • N° 98 – 1er trimestre 2004 57
Topographie
surface équi-indice. C’est même dans male autour de laquelle les variations
Pierre de FERMAT énonça au milieu
ce cas, qu’il est le plus cintré. C’est des gains et pertes de temps dues res-
du XVIIe siècle, cette proposition
assez subtil car, dans un milieu homo- pectivement à des variations de la
remarquable : la lumière, pour aller
gène d’indice constant, à gradient nul vitesse et de la longueur du trajet, se
d’un point à un autre, suit toujours
donc, le rayon ne rencontre là aussi, en compenseront exactement. C’est ce
le chemin qui correspond au temps
tout point de son parcours, qu’un que nous allons montrer.
le plus court, Dans un milieu à l’in-
milieu de même indice, mais il est alors dice de réfraction variable, ceci ne Disposition géométrique
rectiligne ! veut pas dire le chemin le plus
court ! Soit A et B deux points dans un espace
Quelques auteurs admettent ce fait
où l’indice de réfraction de l’air n est
sans en aborder la démonstration. James Clerk MAXWELL nous fit
variable. Soit M le milieu du segment
D’autres proposent l’étude d’un rayon comprendre à la fin du XIXe siècle,
de droite AB où l’indice varie suivant
lumineux oblique qui traverse des que l’indice de réfraction d’un
un gradient d’indice G, représenté par
couches d’air d’indice décroissant avec milieu n’est autre que le rapport
un vecteur normal à la surface équi-
l’altitude, pour en déduire une courbure entre les vitesses de la lumière
indice passant par M et orienté vers
à l’instar de la succession d’une infinité dans le vide et dans ce milieu. La
l’indice le plus élevé. On admettra que
de petits dioptres. De plus, la courbure vitesse de propagation de la
l’espace contenant les points A et B est
de Terre entre alors souvent dans le rai- lumière est ainsi d’autant plus
suffisamment petit pour que ce gra-
sonnement, bien que la courbure du grande que l’indice est plus faible.
dient puisse être considéré comme
rayon lumineux dans l’atmosphère ne De ces deux propositions, on en constant.
dépende pas de la courbure de l’atmo- déduit une troisième : un rayon Plaçons nous dans le plan contenant
sphère due à la courbure terrestre. La lumineux, dans un milieu à l’indice AMB et le vecteur G issu de M.
courbure du rayon lumineux serait en de réfraction variable, présente une Soit un arc de cercle tendu entre ces
effet la même, pour peu que le gradient courbure égale à la composante du deux points A et B, du côté où l’indice
d’indice soit le même, que ce soit sur gradient d’indice, normale au rayon. de réfraction n de l’air est plus faible,
une “Terre plate” ou sur sur une Terre
et dont la courbure est C (inverse du
d’un diamètre quelconque. Ces
Considérons le cas habituel où dans rayon R). Soit N le milieu de l’arc, et
méthodes ne sont pas entièrement
l’air, l’indice de réfraction diminue soit m et n des points courants en vis-
satisfaisantes, car elles peuvent laisser
avec l’altitude. Entre deux points, la à-vis sur la droite et sur l’arc.
penser que la courbure du rayon est
lumière pour aller de l’un à l’autre, ne Soit enfin D la distance entre les
liée à la traversée de couches d’indice
suivra pas tout à fait la droite joignant points A et B, et Ω le demi-arc AN ou
croissant ou décroissant, alors qu’il
les deux points. Elle mettra moins de NB et ω l’arc Nn.
n’en est rien comme le prouve l’exis-
temps en suivant un arc de cercle Les quantités D/R ou DC sont des infi-
tence d’une courbure en un point où le
supérieur, certes très tendu, et dont le niment petits du premier ordre.
rayon est tangent à une surface équi-
indice. De plus, elles ne montrent pas
parcours est à peine plus long de la Ω = arc sin D/2R = arc sin DC/2 et en se
petite différence entre l’arc et la corde, limitant aux deux premiers termes du
clairement qu’en un point, la courbure
mais qui lui permettra par contre, de développement de la fonction arc sin :
d’un rayon lumineux n’est due qu’au
gradient de l’indice de réfraction qui y
traverser des couches d’indice plus Ω = D C/2 + D3 C3/48
faible, donc de parcours plus rapide. la longueur de l’arc AB est :
règne.
En fin de compte, elle mettra le mini- 2 R Ω = 2 Ω/C = D + D3 C2/24
La démonstration qui va suivre, s’ap- mum de temps pour joindre les deux
La longueur de l’arc AB est :
puie sur le principe de Fermat. points, en adoptant la courbure opti-
D (1 + D2 C2/24)
La flèche MN de l’arc est H =
R-R cos Ω # R Ω2/2 = Ω2/2C = D2 C/8
La distance mn entre la droite et l’arc,
ω n est h = H (1 - ω2/Ω2)
N B
h
n‘ P•
H
Vitesse de la lumière dans
Ω m l’espace autour du segment AB
h
M
Soit Gn = dn/dh la composante du gra-
m‘ D
dient d’indice de l’air G, normale au
A segment AB, comptée négativement
1 en allant du segment AB vers l’arc AB,
R=
C puisque nous nous plaçons dans le
Gm
cas d’un arc situé du côté de la corde
G AB où l’indice de réfraction n de l’air
est plus faible.