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TRANSFERTS DE

CHALEUR LORS DE
L’EVAPORATION

1 Vapeur sèche et vapeur saturante

1.1 Vaporisation dans le vide

Un tube barométrique est constitué d’une éprouvette que l’on a renversé sur une cuve remplie de
mercure, en prenant soin que l’éprouvette soit totalement vide d’air.

La loi de l’hydrostatique 1montre que la hauteur H à


laquelle le niveau du mercure s’établit dans
l’éprouvette, est une mesure de la pression
atmosphérique:

pA =  g H + 0 = patm

Si on prend un second tube barométrique identique,


et qu’on introduit à sa base une toute
petite quantité d’eau, on observe le phénomène suivant:

A cause de la grande différence de densité entre l’eau et le mercure, l’eau gagne rapidement
l’espace vide surmontant le mercure dans l’éprouvette, et s’y vaporise instantanément, tandis que le
niveau du mercure dans l’éprouvette baisse jusqu’à une hauteur H’ telle que:
pB =  g H’ + pv = patm

La différence de niveau H - H’ est une mesure de la pression pv de la vapeur d’eau dans la


chambre barométrique.

On répète l’opération et la pression pv de la vapeur d’eau augmente progressivement, jusqu’à ce


que finalement de l’eau liquide apparaisse à la surface du mercure. A partir de

1Voir le Cours de Mécanique des Fluides, Chapitre 3, page 31


cet instant, toute nouvelle quantité d’eau introduite ne se vaporise plus, et la pression de vapeur
d’eau reste constante.

La vapeur d’eau qui est ainsi en équilibre avec de l’eau liquide est dite une vapeur
saturante.

Sa pression psat s’appelle la pression de vapeur saturante. On a déjà vu 2 qu’il existait une relation
biunivoque entre psat et la température T:

psat = f (T)

Auparavant, pour une pression pv < psat , la vapeur n’était pas saturante. Il n’y avait pas
d’équilibre entre les phases liquides et gazeuses. la vapeur était alors une vapeur sèche.

1.2 Evaporation d’une nappe d’eau en l’absence de convection

Considérons un plan d’eau immobile, surmonté


par une atmosphère d’air également au repos, le
tout étant en équilibre thermique à la
température T.
(Eau et air sont donc supposés à la même
température, ce qui n’est pas toujours le cas en
pratique).
Dans cette atmosphère, les cotes géométriques
seront rapportées à un axe vertical Oz.

A la surface de l’eau (z = 0), on admet qu’il y a équilibre entre la vapeur d’eau et l’eau liquide. La
pression partielle de la vapeur d’eau présente dans l’atmosphère est donc égale à la pression de
vapeur saturante à la température T, soit psat(T).

La pression totale p de l’atmosphère, supposée uniforme et constante en tout point de cette


atmosphère, est la somme d’une pression partielle d’air sec pa, et d’une pression partielle de vapeur
d’eau pv:

2 Voir le § 6.2 du chapitre 6, page 158


p = pa + pv

A une cote z = z0 > 0, il existe ainsi une pression partielle de vapeur d’eau égale à une valeur:
pv0 < psat(T)

Ce gradient de pression partielle de la vapeur d’eau provoque un déplacement des molécules de


vapeur d’eau dans la phase gazeuse, tendant à atténuer cette différence de concentration. Il s’agit
d’un phénomène de diffusion en phase gazeuse.

Ce mouvement de diffusion perturbe l’équilibre qui doit exister entre l’eau et sa vapeur, au niveau z
= 0 de la surface de l’eau. Le maintien de cet équilibre est alors assuré par une transformation de
liquide en vapeur, qui est le phénomène de vaporisation.

C’est l’ensemble de ces deux phénomènes qui constitue l’évaporation de l’eau. La diffusion
gazeuse est le moteur de l’opération: c’est un transfert de masse régi par les lois de la diffusion
gazeuse. La vaporisation du fluide, qui n’est qu’une conséquence du transfert de masse précédent,
nécessitera, elle, un transfert de chaleur en provenance, soit du fluide, soit de l’atmosphère gazeuse,
soit d’une source extérieure.

Le but pratique d’une étude d’évaporation est de déterminer le débit de liquide évaporé en
fonction de la température de ce liquide, de la pression partielle en vapeur d’eau de l’atmosphère
ambiante, des propriétés physiques des fluides en présence, et de la configuration géométrique du
système.

2 Loi de FICK

Dans un mélange de fluides au repos, de température uniforme T, si la concentration des


constituants n’est pas uniforme, il se produit un mouvement d’agitation moléculaire de ces
constituants, tendant à atténuer les différences de concentration.

Ce mouvement est décrit par la loi de FICK:

Le flux massique d’un constituant du mélange, dans une direction n donnée, est proportionnel au
gradient de concentration qui a provoqué le mouvement. Si c est la
concentration du constituant considéré, exprimée en kg/m3, et
le débit massique à
m
travers un élément de surface ds normal a la direction n , la loi de FICK s’exprime par la relation:

 c
m  Dc n ds (7.1)

Dc est le coefficient de diffusion moléculaire. Il s’exprime en m2/s, comme la diffusivité


thermique a = /C.

Pour l’air et la vapeur d’eau, entre 20°C et 90°C, on peut utiliser la relation de SCHIRMER pour
évaluer Dc :

1,81
D C  2,26.105 1  T  (7.2)
p  273 

relation dans laquelle:

p est exprimé en bar T


en Kelvin
Dc en m2/s

On préfère souvent utiliser des pressions partielles plutôt que des concentrations. La loi de FICK
s’écrit alors:

 pv
m  D pv ds (7.3)
n

L’équation d’état de cette vapeur s’écrit:

pvv  mRvT

expression dans laquelle la constante Rv a pour valeur: Rv = 462 J/(kg.K)

Si on considère un volume unité, v = 1 m3, la masse correspondante m est alors par définition la
concentration en vapeur d’eau c, en kg/m3 , d’où la relation :

pv  cRvT
Il en résulte que les coefficients de diffusion moléculaire figurant dans les relations (7.1) et (7.3)
sont liés par la relation:

1
D
pv Dc (7.4)
RvT

3 Loi de STEFAN

La pression totale p de l’atmosphère surmontant le liquide étant la somme constante d’une


pression partielle d’air sec pa, et d’une pression partielle de vapeur pv:

p = pa + pv

 pv
le gradient négatif de pression de vapeur qui alimente le processus de diffusion
z

gazeuse s’accompagne d’un gradient inverse de pression d’air sec:

 pa
 pv
= -
 z  z

qui doit donc provoquer un mouvement inverse de l’air en direction de la nappe d’eau. Ce
mouvement doit être à son tour compensé par un déplacement de mélange air-vapeur en sens
inverse, c’est-à-dire de bas en haut. La vitesse vz de cet écoulement de
compensation doit être telle que le débit massique d’air sec m a en direction de la
surface soit nul.

On doit donc avoir:

 pa
m  a v z ds - D p a ds = 0
z
a

d’où la vitesse de l’écoulement de compensation vz :

D Dp
pa   pv
vz = a pa = - a z
a

z

Dans cette expression, D p a est la coefficient de diffusion de l’air dans la vapeur d’eau.
D’après l’équation (7.4), on a:

D a
p =
1
Ra T
D c=
Ra
1
T
R v
T Dp
v
 =
Rv
Ra
Dp
v

d’où par conséquent:

Dp R p
v = - v v v
z
a Ra 
z
On peut donc alors calculer le débit massique de vapeur m v :

m v   pv 
- D pv  ds
=  v v z
 z

soit:

 pv  v R v 
m v = - D p
1 +  ds
v
 z  Ra 
a

Les équations d’état de la vapeur d’eau et de l’air s’écrivant respectivement:

pv =
v Rv T et pa = a R a T

l’expression précédente de m v devient:

 pv   p p  pv
v
m v = - D p v 1 +  ds
 pa ds = - D pv p - p  z
  z v

Cette expression est une équation différentielle à variables séparées qui peut être mise sous la forme:

  pv - p
p D p v ds
v = m v  z
p - p

Si on l’intègre entre z = 0 et z = z0 , il vient:


  pv - = m
pD ds
p
pv p v0
v z=z0

 pv = psat pv - p

z=0
 z

qui donne:

p D p ds Log p - p = z0
 
v v
pv0 v m
psat

expression de laquelle on tire:

m v Dp p - pv
= p
v Log
p - psat (T) ds
0

z0

Si on rapporte le transfert de masse à l’aire S de la surface libre du liquide, et si on revient


au coefficient de diffusion moléculaire Dc , le débit massique de vapeur est donné par la relation:

Dcp S p - pv
mv = Log 0
(7.5)
R v T z0 p - p(T)
sat

Cette expression est appelée l’équation de STEFAN.

Dans le cas de l’eau froide (T < 30°C), les pressions psat(T) et pv0 sont négligeables devant p. On a
donc :
p - pv psat (T) - p v 0
= 1 +  avec:  =
0

p - psat (T) p

et on peut faire l’approximation:

p - pv
Log 0
= Log ( 1 +  ) = 
p - psat (T)

d’où l’expression simplifiée de la loi de STEFAN dans ce cas:

mv =
Dc S
Rv T z0
p(T) - p 
sat v0 (7.6)
Cette relation a surtout un intérêt pédagogique, car il n’existe guère de cas pratiques où on
dispose de la connaissance de la valeur de la pression de vapeur d’eau pv0 qui règne à une cote
déterminée z0.

Elle met toutefois en évidence que:

 L’évaporation croît très vite avec la température T du liquide (où de l’atmosphère qui
surmonte le liquide, puisqu’on a supposé l’existence d’un équilibre thermique), à cause de
la variation rapide de psat(T) en fonction de T.

 Dc variant comme 1/p, une diminution de la pression totale (évaporation sous vide),
augmente également le débit évaporé.

4 Air humide

On appelle ainsi le mélange d’air sec et de vapeur d’eau non saturante (vapeur sèche) que l’on
rencontre habituellement dans l’atmosphère.

Considérons une masse mh d’air humide, occupant le volume V à la température T et sous la


pression p.

mh est constituée par le mélange d’une masse ma d’air sec, et d’une masse mv de vapeur d’eau:
mh = ma + mv (7.7)

Par définition, on appelle rapport de mélange de l’air humide, le rapport:

mv
r=
ma
(7.8)
Rappelons que l’on a:

p = pa + p v = a R a T + v R v T
pv
m =  V = V (7.9)
v v
Rv T
pa
m =  V = V
a a
Ra T
Il vient donc:
mv
r= R p
ma = R a pv
v a

Les constantes Ra et Rv valent respectivement:

Ra = 287 J/(kg.K) et Rv = 462 J/(kg.K) d’où le rapport: Ra / Rv = 0,622

On a donc en définitive la relation fondamentale à laquelle satisfait le rapport de mélange r de l’air


humide:

pv
r = 0,622 (7.10)
p - pv
5 Air saturé

On appelle ainsi le mélange d’air sec et de vapeur d’eau saturante. D’après la définition de la
vapeur saturante, celle-ci doit se trouver en équilibre avec des gouttelettes d’eau présentes en
suspension dans l’atmosphère 3.

La figure 7.1 ci-dessous donne la pression de vapeur d’eau saturante p sat(T) en mb, pour des
températures d’air comprises entre 0 et 40°C

3 En météorologie, ceci correspondra à l’air nuageux.


80

70

60

mb 50

40

30

20

10

0
0 5 10 15 20 25 30 35 40
Température en °C

Figure 7.1 - pression de vapeur d’eau saturante


Le rapport de mélange d’une masse d’air saturée a pour valeur:

p(T)
sat
r = 0,622 (7.11)
p - psat (T)

Afin d’apprécier si une masse d’air humide donnée est proche ou éloignée des conditions de
saturation, on définit son humidité relative, exprimé en %, comme le rapport:

pv
U = 100 (7.12)
psat (T)

6 Calcul pratique de l’évaporation d’une nappe d’eau en l’absence de convection

La formule théorique de STEFAN n’est guère applicable, et ceci pour 2 raisons :

 D’abord, parce qu’on ne connaît jamais exactement la valeur de la pression de


vapeur d’eau p v0 qui règne à une cote déterminée z0 .
 Ensuite, parce que la théorie précédente considère le plan d’eau et son atmosphère en
équilibre thermique, à une même température T.

bit d’évaporation d’une nappe d’eau de surface S surmontée d’une atmosphère immobile, on utilisera plutôt la form

partir d’une analyse dimensionnelle :

m = h S  r  -  r  
 v   v   (7.13)
 C p  sat  0 

Dans cette formule:

m est le débit d’eau évaporée, en kg/s.


h est un coefficient de transfert de chaleur sensible par convection naturelle entre l’eau et l’air,
en W/(m2.°C). L’introduction de ce transfert de chaleur sensible permet de prendre en compte un
écart de température entre l’air et l’eau, ce qui est la situation la plus
fréquente.
est la masse volumique de l’air humide, en kg/m3.
C p est la capacité thermique massique de l’air humide, à pression constante, en J/(kg.°C).
S est la surface d’évaporation, en m2.
r est le rapport de mélange mv ma défini par la relation (7.8)
v est le volume massique, c’est-à-dire le volume d’air humide contenant 1 kg d’air sec, en m3/kg.
L’indice « sat » correspond aux conditions de saturation à la température de l’eau.
L’indice « 0 » correspond aux conditions de l’air ambiant.

h W /(m2.C )
Le rapport
 C p s’exprime en : m/s.
kg / m J /kg.C 
3

C’est un coefficient de transfert de masse qui a les dimensions d’une vitesse.


Pour évaluer h, on applique les corrélations expérimentales décrivant les phénomènes de convection
naturelle.

Exercice d’application :
L’exercice suivant fait l’objet du programme evapor1.exe, dont le code source evapor1.c peut être
trouvé en annexe.

Introduction

Ce programme effectue le calcul:


A) du débit d'eau évaporée à la surface libre d'une piscine de longueur L m
et de largeur l m, en fonction des paramètres physiques suivants:
- La température TE de l'eau, en °C
- La température TA de l'air ambiant, en °C
- L'humidité relative U de l'air ambiant, en %
- La pression atmosphérique Patm, en mb
B) de la puissance thermique correspondante.
On suppose que le plan d'eau ainsi que l'atmosphère qui le surmonte, sont
l'un et l'autre parfaitement immobiles. Il n'existe donc aucun phénomène de
de convection.

La résolution de ces 2 questions fait appel aux notions suivantes, qui ont été développées dans le
présent chapitre :

Rappels théoriques

Le débit d'évaporation d'une nappe d'eau de surface S surmontée d'une atmosphère


immobile, est donné par la formule empirique:
QM = [h / air_CTM * roairsec(TA)] * S * {(r/v)sat - (r/v)0}
Dans cette expression, air_CTM et roairsec(TA) sont des constantes physiques;
h est un coefficient de transfert de chaleur sensible par convection naturelle
que l'on peut calculer à partir d'une corrélation expérimentale du type:
NUSSELT = C { GRASHOF * PRANDTL}puissance n
r est le rapport de mélange: {masse de vapeur d'eau / masse d'air sec}
v est le volume d'air humide contenant 1 kg d'air sec, en m3/kg.
L'indice sat correspond à de l'air saturé à la température de l'eau.
L'indice 0 correspond aux conditions de l'air ambiant.

Les données physiques nécessaires sont les suivantes :

Liste et valeurs des constantes physiques


Masse volumique de l'air sec à 22.0 °C: 1.2 kg/m3
Conductivité thermique de l'air sec à 22.0 °C: 0.0258 W/(m.°C)
Capacité thermique massique de l'air sec à 22.0 °C: 1010 J/(kg.°C)
Viscosité dynamique de l'air sec à 22.0 °C: 1.823400E-05 Pa.s
Pression de vapeur d'eau saturante pvsat(T) à 22.0°C: 26.4 mb

L’intérêt d’un tel programme est de permettre un examen immédiat de l’influence respective des
différents paramètres. Pour le choix ci-après de ces paramètres :

Saisie de
s données

Longueur L de la piscine (en m): 10


Largeur l de la piscine (en m): 5
Température TE de l'eau (en °C): 28
Température TA de l'air ambiant (en °C): 22
Humidité relative U de l'air ambiant (en ): 50
Pression atmosphérique Patm (en mb): 1015

On obtient les résultats ci-après :

Présentation des résultats

Longueur L la piscine: 10.00 m


Largeur l la piscine: 5.00 m
Température TE de l'eau: 28.0 °C
Température TA de l'air: 22.0 °C
Nombre de GRASHOF de l'air GR: 8.007944E+11
Nombre de PRANDTL de l'air PR: 0.719
Nombre de NUSSELT de l'air NU: 1154
Coefficient de convection naturelle h: 3.0 W/(m2.°C)
Coefficient de transfert de masse htm: 0.00250 m/s
Débit massique d'eau évaporé: 0.001256 kg/s
Soit: 109 litres/jour
Puissance thermique correspondante: 3.14 kW
Soit: 63 W/m2
7 Evaporation dans un courant d’air

7.1 Coefficients d’échange

Considérons un plan d’eau à la température Te, au dessus duquel circule un écoulement d’air
humide à la température T0. La pression de vapeur d’eau y est égale à pv0, ce qui correspond à une
concentration c0.

A la surface libre de l’eau, la concentration en vapeur


d’eau ce correspond à l’état de saturation à la température
Te.

Il se produit simultanément deux phénomènes:

- un transfert de chaleur dû à l’écart de température T e - T0 entre l’eau et l’air. Ce transfert


est appelé « transfert de chaleur sensible ».

- un transfert de masse dû au gradient de pression de vapeur d’eau dans l’air. Ce transfert de


masse est lui-même accompagné d’un transfert de chaleur, appelé
« transfert de chaleur latente », puisque la vaporisation de 1 kg d’eau nécessite une
quantité d’énergie Lv(Te ), cette quantité d’énergie étant la chaleur latente de vaporisation à
la température Te .

Pour caractériser ces échanges à travers un élément dS de surface liquide, on introduit les
coefficients de transfert définis par les relations suivantes:

Transfert de chaleur sensible:

ds = h (T - T ) (14)
e 0
dS

ds étant la puissance échangée en W ;


h le coefficient d ’échange de chaleur sensible en W/(m2.°C) Transfert de

masse:

dm = hcc (ce - c0 ) dS (15)

dm étant le débit d’eau évaporée sur la surface dS du liquide, en kg/s


hcc le coefficient de transfert de masse relatif à la concentration, en m/s ce et c0
les concentrations en vapeur d’eau, en kg/m3.

On a déjà vu au § 7.2 la relation entre concentration et pression de vapeur:

pv = c Rv T

La relation de définition (15) ci-dessus peut donc encore se mettre sous la forme:

dm
 
hcc
= R T p sat (Te ) - (15 bis)
v
p v0 dS

Ce transfert de masse s’accompagne du transfert de chaleur latente dL défini par la relation:

d = L (T ) dm = L (T
) hcc p (T ) -  (16)
p dS
L v e v sat e v0
e Rv T

La puissance thermique totale échangée entre l’air et l’eau est donc:

dT = d + d
S L

c’est-à-dire:


d h (T - T ) + L (T ) hcc  p (T ) - p  dS (7.17)
=
T  e 0 v sat e v0 
e Rv T 

Le transfert de masse s’effectue dans la zone où la concentration varie progressivement de ce à c0.


Cette zone est appelée la couche limite de diffusion.

Le transfert de chaleur s’effectue dans la zone où la température varie progressivement de Te à


T0. Cette zone est appelée la couche limite thermique.

L’utilisation des coefficients h et hcc permet de caractériser de façon globale ces échanges au
travers des couches limites. Ils dépendent a priori des propriétés physiques des fluides et de la
nature de l’écoulement.
On peut montrer que, lorsque psat(T) et pv0 sont négligeables devant p, c’est-à-dire lorsque l’on peut
négliger le mouvement compensateur de l’air en direction de la surface libre du liquide 4, les
équations décrivant les transferts de chaleur et de masse sont de forme identique.

On a vu que les transferts de chaleur peuvent être décrits à l’aide de corrélations expérimentales
entre les nombres sans dimension suivants:

hL
Nu =
 le Nombre de NUSSELT

 UL
Re = le Nombre de REYNOLDS

 Cp
Pr = le Nombre de PRANDTL

=
 a

La même approche par l’analyse dimensionnelle permet également de rendre compte des transferts
de masse.

Les groupements sans dimension relevants sont les suivants:

hcc L
Sh =
Dc (7.18)

Sh est le Nombre de SHERWOOD.

Il joue le même rôle pour le transfert de masse que le Nombre de NUSSELT pour le transfert
de chaleur. ( hcc remplaçant h et Dc remplaçant ).


Sc = (19)
Dc

Sc est le Nombre de SCHMIDT.

4 Nous avons étudié en détail cette simplification au § 7.3, page 184, où on obtient une forme simplifiée (7.6) de
l’équation de STEFAN, qui décrit le transfert de masse sous une forme exactement similaire à celle de l’équation de
FOURIER décrivant un transfert de chaleur par conduction.
Il joue le même rôle pour le transfert de masse que le Nombre de PRANDTL /a pour le transfert de
chaleur (le coefficient de diffusion moléculaire Dc correspondant à la diffusivité thermique a 5).

Le calcul des Nombres de SHERWOOD et de SCHMIDT fait intervenir:

 une dimension caractéristique L de l’écoulement


 les propriétés physiques , , Cp et  de l’air humide.

Les relations rendant compte des deux types de transfert sont tout-à-fait identiques.

Dans le cas de la couche limite laminaire d’une plaque plane, on a vu dans le chapitre 5 que l’on
pouvait calculer le transfert de chaleur avec la relation:

1 1
Nu = 0,662 Re 2
Pr 3
(24)

Dans ce cas d’écoulement laminaire, le transfert de masse lors de l’évaporation est décrit par une
corrélation identique:

1 1
Sh = 0,662 Re 2
Sc 3
(20)

En écoulement turbulent, on a également vu que l’on pouvait calculer le transfert de chaleur à


l’aide de la corrélation:

N uL = 0,036  Re Pr 0,33 (25)


 0,8 L

Des mesures effectuées par GILLILAND sur l’évaporation d’un film d’eau réparti sur la paroi
interne d’une conduite dans laquelle circule de l’air, ont conduit à la relation suivante:

ShL = 0,036  Re L 0,83 (21)


1  Sc 0,44

Application:

5 Se reporter au § 7.2, page 180, où a été introduite la loi de FICK et le coefficient de diffusivité.
Regardons ce que devient l’évaporation dans le cas de la piscine que l’on avait
considérée surmontée d’une atmosphère au repos (cf. page 190).
On suppose maintenant qu’elle est exposée à un vent modéré de force 3 à 4 ( soit 10
nœuds, ou 5 m/s, ou 18 km/h)

Ce calcul fait l’objet du code evapor2.exe, dont les résultats pour le jeu de données suivant
sont reproduits ci-après :

Saisie des données

Longueur L de la piscine (en m): 10


Largeur l de la piscine (en m): 5
Température TE de l'eau (en °C): 28
Température TA de l'air ambiant (en °C): 22
Humidité relative U de l'air ambiant (en ): 50
Pression atmosphérique Patm (en mb): 1015
Vitesse du vent (en m/s): 5

Présentation des résultats

Longueur L la piscine: 10.00 m


Largeur l la piscine: 5.00 m
Température TE de l'eau: 28.0 °C
Température TA de l'air: 22.0 °C
Vitesse VA de l'air: 5.0 m/s
Nombre de REYNOLDS de l'air : 3.239552E+06
Nombre de SCHMIDT de l'air SC: 0.602
Nombre de SHERWOOD moyen de l'air SH: 7297
Coefficient de transfert de masse hcc: 0.019 W/(m/s)
Débit massique d'eau évaporé: 0.016356 kg/s
Soit: 1413 litres/jour
Puissance thermique correspondante: 40.89 kW
Soit: 818 W/m2

Sans vent, on avait calculé une évaporation égale à 109 litres/jour. Avec un vent constant de force 4
Beaufort, soit 5 m/s, on constate que l’évaporation est multipliée par un facteur 13, ce qui met en
évidence la différence importante entre convection forcée et convection
naturelle. Une telle évaporation de 1,4 m3 par jour représente une baisse quotidienne du niveau
d’eau de cette piscine de près de 3 cm.

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