Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
CHALEUR LORS DE
L’EVAPORATION
Un tube barométrique est constitué d’une éprouvette que l’on a renversé sur une cuve remplie de
mercure, en prenant soin que l’éprouvette soit totalement vide d’air.
pA = g H + 0 = patm
A cause de la grande différence de densité entre l’eau et le mercure, l’eau gagne rapidement
l’espace vide surmontant le mercure dans l’éprouvette, et s’y vaporise instantanément, tandis que le
niveau du mercure dans l’éprouvette baisse jusqu’à une hauteur H’ telle que:
pB = g H’ + pv = patm
La vapeur d’eau qui est ainsi en équilibre avec de l’eau liquide est dite une vapeur
saturante.
Sa pression psat s’appelle la pression de vapeur saturante. On a déjà vu 2 qu’il existait une relation
biunivoque entre psat et la température T:
psat = f (T)
Auparavant, pour une pression pv < psat , la vapeur n’était pas saturante. Il n’y avait pas
d’équilibre entre les phases liquides et gazeuses. la vapeur était alors une vapeur sèche.
A la surface de l’eau (z = 0), on admet qu’il y a équilibre entre la vapeur d’eau et l’eau liquide. La
pression partielle de la vapeur d’eau présente dans l’atmosphère est donc égale à la pression de
vapeur saturante à la température T, soit psat(T).
A une cote z = z0 > 0, il existe ainsi une pression partielle de vapeur d’eau égale à une valeur:
pv0 < psat(T)
Ce mouvement de diffusion perturbe l’équilibre qui doit exister entre l’eau et sa vapeur, au niveau z
= 0 de la surface de l’eau. Le maintien de cet équilibre est alors assuré par une transformation de
liquide en vapeur, qui est le phénomène de vaporisation.
C’est l’ensemble de ces deux phénomènes qui constitue l’évaporation de l’eau. La diffusion
gazeuse est le moteur de l’opération: c’est un transfert de masse régi par les lois de la diffusion
gazeuse. La vaporisation du fluide, qui n’est qu’une conséquence du transfert de masse précédent,
nécessitera, elle, un transfert de chaleur en provenance, soit du fluide, soit de l’atmosphère gazeuse,
soit d’une source extérieure.
Le but pratique d’une étude d’évaporation est de déterminer le débit de liquide évaporé en
fonction de la température de ce liquide, de la pression partielle en vapeur d’eau de l’atmosphère
ambiante, des propriétés physiques des fluides en présence, et de la configuration géométrique du
système.
2 Loi de FICK
Le flux massique d’un constituant du mélange, dans une direction n donnée, est proportionnel au
gradient de concentration qui a provoqué le mouvement. Si c est la
concentration du constituant considéré, exprimée en kg/m3, et
le débit massique à
m
travers un élément de surface ds normal a la direction n , la loi de FICK s’exprime par la relation:
c
m Dc n ds (7.1)
Pour l’air et la vapeur d’eau, entre 20°C et 90°C, on peut utiliser la relation de SCHIRMER pour
évaluer Dc :
1,81
D C 2,26.105 1 T (7.2)
p 273
On préfère souvent utiliser des pressions partielles plutôt que des concentrations. La loi de FICK
s’écrit alors:
pv
m D pv ds (7.3)
n
pvv mRvT
Si on considère un volume unité, v = 1 m3, la masse correspondante m est alors par définition la
concentration en vapeur d’eau c, en kg/m3 , d’où la relation :
pv cRvT
Il en résulte que les coefficients de diffusion moléculaire figurant dans les relations (7.1) et (7.3)
sont liés par la relation:
1
D
pv Dc (7.4)
RvT
3 Loi de STEFAN
p = pa + pv
pv
le gradient négatif de pression de vapeur qui alimente le processus de diffusion
z
gazeuse s’accompagne d’un gradient inverse de pression d’air sec:
pa
pv
= -
z z
qui doit donc provoquer un mouvement inverse de l’air en direction de la nappe d’eau. Ce
mouvement doit être à son tour compensé par un déplacement de mélange air-vapeur en sens
inverse, c’est-à-dire de bas en haut. La vitesse vz de cet écoulement de
compensation doit être telle que le débit massique d’air sec m a en direction de la
surface soit nul.
pa
m a v z ds - D p a ds = 0
z
a
D Dp
pa pv
vz = a pa = - a z
a
z
Dans cette expression, D p a est la coefficient de diffusion de l’air dans la vapeur d’eau.
D’après l’équation (7.4), on a:
D a
p =
1
Ra T
D c=
Ra
1
T
R v
T Dp
v
=
Rv
Ra
Dp
v
Dp R p
v = - v v v
z
a Ra
z
On peut donc alors calculer le débit massique de vapeur m v :
m v pv
- D pv ds
= v v z
z
soit:
pv v R v
m v = - D p
1 + ds
v
z Ra
a
pv =
v Rv T et pa = a R a T
pv p p pv
v
m v = - D p v 1 + ds
pa ds = - D pv p - p z
z v
Cette expression est une équation différentielle à variables séparées qui peut être mise sous la forme:
pv - p
p D p v ds
v = m v z
p - p
pv = psat pv - p
z=0
z
qui donne:
p D p ds Log p - p = z0
v v
pv0 v m
psat
m v Dp p - pv
= p
v Log
p - psat (T) ds
0
z0
Dcp S p - pv
mv = Log 0
(7.5)
R v T z0 p - p(T)
sat
Dans le cas de l’eau froide (T < 30°C), les pressions psat(T) et pv0 sont négligeables devant p. On a
donc :
p - pv psat (T) - p v 0
= 1 + avec: =
0
p - psat (T) p
p - pv
Log 0
= Log ( 1 + ) =
p - psat (T)
mv =
Dc S
Rv T z0
p(T) - p
sat v0 (7.6)
Cette relation a surtout un intérêt pédagogique, car il n’existe guère de cas pratiques où on
dispose de la connaissance de la valeur de la pression de vapeur d’eau pv0 qui règne à une cote
déterminée z0.
L’évaporation croît très vite avec la température T du liquide (où de l’atmosphère qui
surmonte le liquide, puisqu’on a supposé l’existence d’un équilibre thermique), à cause de
la variation rapide de psat(T) en fonction de T.
Dc variant comme 1/p, une diminution de la pression totale (évaporation sous vide),
augmente également le débit évaporé.
4 Air humide
On appelle ainsi le mélange d’air sec et de vapeur d’eau non saturante (vapeur sèche) que l’on
rencontre habituellement dans l’atmosphère.
mh est constituée par le mélange d’une masse ma d’air sec, et d’une masse mv de vapeur d’eau:
mh = ma + mv (7.7)
mv
r=
ma
(7.8)
Rappelons que l’on a:
p = pa + p v = a R a T + v R v T
pv
m = V = V (7.9)
v v
Rv T
pa
m = V = V
a a
Ra T
Il vient donc:
mv
r= R p
ma = R a pv
v a
pv
r = 0,622 (7.10)
p - pv
5 Air saturé
On appelle ainsi le mélange d’air sec et de vapeur d’eau saturante. D’après la définition de la
vapeur saturante, celle-ci doit se trouver en équilibre avec des gouttelettes d’eau présentes en
suspension dans l’atmosphère 3.
La figure 7.1 ci-dessous donne la pression de vapeur d’eau saturante p sat(T) en mb, pour des
températures d’air comprises entre 0 et 40°C
70
60
mb 50
40
30
20
10
0
0 5 10 15 20 25 30 35 40
Température en °C
p(T)
sat
r = 0,622 (7.11)
p - psat (T)
Afin d’apprécier si une masse d’air humide donnée est proche ou éloignée des conditions de
saturation, on définit son humidité relative, exprimé en %, comme le rapport:
pv
U = 100 (7.12)
psat (T)
bit d’évaporation d’une nappe d’eau de surface S surmontée d’une atmosphère immobile, on utilisera plutôt la form
m = h S r - r
v v (7.13)
C p sat 0
h W /(m2.C )
Le rapport
C p s’exprime en : m/s.
kg / m J /kg.C
3
Exercice d’application :
L’exercice suivant fait l’objet du programme evapor1.exe, dont le code source evapor1.c peut être
trouvé en annexe.
Introduction
La résolution de ces 2 questions fait appel aux notions suivantes, qui ont été développées dans le
présent chapitre :
Rappels théoriques
L’intérêt d’un tel programme est de permettre un examen immédiat de l’influence respective des
différents paramètres. Pour le choix ci-après de ces paramètres :
Saisie de
s données
Considérons un plan d’eau à la température Te, au dessus duquel circule un écoulement d’air
humide à la température T0. La pression de vapeur d’eau y est égale à pv0, ce qui correspond à une
concentration c0.
Pour caractériser ces échanges à travers un élément dS de surface liquide, on introduit les
coefficients de transfert définis par les relations suivantes:
ds = h (T - T ) (14)
e 0
dS
masse:
pv = c Rv T
La relation de définition (15) ci-dessus peut donc encore se mettre sous la forme:
dm
hcc
= R T p sat (Te ) - (15 bis)
v
p v0 dS
Ce transfert de masse s’accompagne du transfert de chaleur latente dL défini par la relation:
d = L (T ) dm = L (T
) hcc p (T ) - (16)
p dS
L v e v sat e v0
e Rv T
dT = d + d
S L
c’est-à-dire:
d h (T - T ) + L (T ) hcc p (T ) - p dS (7.17)
=
T e 0 v sat e v0
e Rv T
L’utilisation des coefficients h et hcc permet de caractériser de façon globale ces échanges au
travers des couches limites. Ils dépendent a priori des propriétés physiques des fluides et de la
nature de l’écoulement.
On peut montrer que, lorsque psat(T) et pv0 sont négligeables devant p, c’est-à-dire lorsque l’on peut
négliger le mouvement compensateur de l’air en direction de la surface libre du liquide 4, les
équations décrivant les transferts de chaleur et de masse sont de forme identique.
On a vu que les transferts de chaleur peuvent être décrits à l’aide de corrélations expérimentales
entre les nombres sans dimension suivants:
hL
Nu =
le Nombre de NUSSELT
UL
Re = le Nombre de REYNOLDS
Cp
Pr = le Nombre de PRANDTL
=
a
La même approche par l’analyse dimensionnelle permet également de rendre compte des transferts
de masse.
hcc L
Sh =
Dc (7.18)
Il joue le même rôle pour le transfert de masse que le Nombre de NUSSELT pour le transfert
de chaleur. ( hcc remplaçant h et Dc remplaçant ).
Sc = (19)
Dc
4 Nous avons étudié en détail cette simplification au § 7.3, page 184, où on obtient une forme simplifiée (7.6) de
l’équation de STEFAN, qui décrit le transfert de masse sous une forme exactement similaire à celle de l’équation de
FOURIER décrivant un transfert de chaleur par conduction.
Il joue le même rôle pour le transfert de masse que le Nombre de PRANDTL /a pour le transfert de
chaleur (le coefficient de diffusion moléculaire Dc correspondant à la diffusivité thermique a 5).
Les relations rendant compte des deux types de transfert sont tout-à-fait identiques.
Dans le cas de la couche limite laminaire d’une plaque plane, on a vu dans le chapitre 5 que l’on
pouvait calculer le transfert de chaleur avec la relation:
1 1
Nu = 0,662 Re 2
Pr 3
(24)
Dans ce cas d’écoulement laminaire, le transfert de masse lors de l’évaporation est décrit par une
corrélation identique:
1 1
Sh = 0,662 Re 2
Sc 3
(20)
Des mesures effectuées par GILLILAND sur l’évaporation d’un film d’eau réparti sur la paroi
interne d’une conduite dans laquelle circule de l’air, ont conduit à la relation suivante:
Application:
5 Se reporter au § 7.2, page 180, où a été introduite la loi de FICK et le coefficient de diffusivité.
Regardons ce que devient l’évaporation dans le cas de la piscine que l’on avait
considérée surmontée d’une atmosphère au repos (cf. page 190).
On suppose maintenant qu’elle est exposée à un vent modéré de force 3 à 4 ( soit 10
nœuds, ou 5 m/s, ou 18 km/h)
Ce calcul fait l’objet du code evapor2.exe, dont les résultats pour le jeu de données suivant
sont reproduits ci-après :
Sans vent, on avait calculé une évaporation égale à 109 litres/jour. Avec un vent constant de force 4
Beaufort, soit 5 m/s, on constate que l’évaporation est multipliée par un facteur 13, ce qui met en
évidence la différence importante entre convection forcée et convection
naturelle. Une telle évaporation de 1,4 m3 par jour représente une baisse quotidienne du niveau
d’eau de cette piscine de près de 3 cm.