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Napoléon Ier 

aurait dit du juge d'instruction qu'il était « l'homme le plus puissant de France ». Le
débat sur le pouvoir de ce magistrat n'est pas nouveau. Voici ce qu'en disait Balzac dans
Splendeurs et misères des courtisanes.

Dans le monde judiciaire, le juge d'instruction a toujours été un magistrat qui fascine et qui en
même temps inquiète, en raison de la variété de ses attributions. Et cela se prouve par les
quelques dénominations dont il a pu (et fait encore) l'objet. Notamment, Napoléon Bonaparte lui
appliquait la formule "l'homme le plus puissant de France". Plus récemment, au cours du débat
concernant le projet de loi relatif à la présomption d'innocence et aux droits des victimes au
début des années 1980, l'ancien Garde des Sceaux Robert Badinter disait du juge d'instruction
qu'il était "le Janus du monde judiciaire".

Résumé du document
Dans une première partie, il s'agira de présenter le juge d'instruction et la place qui est la sienne
dans l'institution judiciaire, puis d'énumérer les attributs de sa "puissance". Une seconde partie
consistera dans l'exposé des dispositions concernant le juge d'instruction dans la loi du 15 juin
2000 renforçant la présomption d'innocence et les droits des victimes, et dont l'entrée en
application est prévue pour le premier janvier 2001

La question des pouvoirs du juge d'instruction ne saurait être abordée qu'avec un recul
proportionnel à la distorsion introduite par la médiatisation des instructions visant ceux qu'il
convient d'appeler les “vrais puissants”, cette médiatisation au moins autant que la question des
libertés fondamentales ayant motivé le vote de la loi du 15 juin 2000. Et cela sans jamais oublier
que ces “affaires” sont loin de constituer à elles-seules le quotidien d'une Justice en souffrance de
moyens à la hauteur de l'efficacité qu'on estime devoir être la sienne. [...]

[...] Le juge d'instruction est-il toujours 'l'homme le plus puissant de France' ? Introduction C'est
un motif récurrent et presque un lieu commun que de dénoncer l'importance des pouvoirs
attribués par le code de procédure pénale au juge d'instruction, réputé depuis Napoléon “homme
le plus puissant de France”. On voit qu'il est tentant d'éclairer ce motif à la lumière de l'actualité,
mais je tiens en introduction à souligner que la discussion des pouvoirs conférés au juge
d'instruction remonte aux origines du code d'Instruction criminelle de 1808, et ne se borne pas à
examiner la puissance du juge d'instruction à l'endroit des puissants, des gens de pouvoirs, mais
bien vis-à-vis de l'ensemble des citoyens. [

Dans le monde judiciaire, le juge d'instruction a toujours été un magistrat qui fascine et qui en
même temps inquiète, en raison de la variété de ses attributions. Et cela se prouve par les
quelques dénominations dont il a pu (et fait encore) l'objet. Notamment, Napoléon Bonaparte lui
appliquait la formule "l'homme le plus puissant de France"

Ainsi la loi du 15 juin 2000 a-t-elle pour ambition, et là je cite peu ou prou l'exposé des motifs,
de définir un meilleur équilibre entre l'efficacité de la justice d'une part, et le respect des libertés
individuelles de l'autre Les critiques formulées à l'encontre de ces dispositions Le vote de cette
loi par le Parlement n'a pas été sans amener un certain nombre de critiques, parmi lesquelles j'en
ai retenu deux portant sur des points essentiels : - le formalisme accru de la procédure est de
nature à lier les mains du juge d'instruction : principe de délai raisonnable, multiplication des
statuts des interlocuteurs (mis en examen, témoin assisté, témoin collégialité, tout ceci étant
imposé au juge à moyens constants ; - l'évolution vers une phase d'instruction de type accusatoire
introduit une inégalité de l'accès au droit : l'accroissement des droits de la défense contribue,
dans une certaine mesure, à la montée en puissance de l'avocat face à un magistrat instructeur
empêtré dans le formalisme de la procédure (à risque de nullité de ses actes voire de la procédure
dans son entier). Les défenseurs, cependant, n'en sont pas encore au point d'intervenir dans la
procédure par la menée d'une contre-enquête, par quoi le système français se différencie encore
de l'américain, dans lequel l'issue du procès pénal repose largement sur l'efficacité, cher payée,
de l'avocat de la défense. Conclusion S'il n'a jamais été “l'homme le plus puissant de France”,
assurément les éléments que j'ai exposés démontrent que le juge d'instruction l'est moins
aujourd'hui. [...]

I ) L'importante place du juge d'instruction dans le monde judiciaire


A- Les pouvoirs du juge d'instruction vis-à-vis du suspect
B- Les pouvoirs du juge d'instruction dans l'information judiciaire
II) Les limitations des pouvoirs du juge d'instruction
A- La limitation des pouvoirs du juge d'instruction par le législateur
La B- limitation des pouvoirs du juge d'instruction par la création d'un nouveau juge
Aucune puissance humaine, ni le Roi, ni le garde des Sceaux, ni le Premier ministre ne peuvent
empiéter sur le pouvoir d’un juge d’instruction, rien ne l’arrête, rien ne lui commande. C’est un
souverain soumis uniquement à sa conscience et à la loi. En ce moment où philosophes,
philanthropes et publicistes sont incessamment occupés à diminuer tous les pouvoirs sociaux, le
droit conféré par nos lois aux juges d’instruction est devenu l’objet d’attaques d’autant plus
terribles qu’elles sont presque justifiées par ce droit, qui, disons-le, est exorbitant.
Source : Honoré de Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes, 1847 (extrait)

« Le juge d’instruction, « homme le plus puissant de France » », Encyclopædia Universalis [en


ligne], consulté le 13 mai 2023. URL : http://junior.universalis.fr/document/le-juge-d-instruction-
homme-le-plus-puissant-de-france/

La convocation du juge d’instruction que reçoit l’intéressé par la poste comporte la date à
laquelle ce magistrat lui demande de se présenter pour sa première comparution, en général dans
les trois semaines. En fonction de la gravité de l’affaire, l’intéressé le verra plus ou moins
souvent : qui est ce magistrat ? qu’en attendre ?
La justice pénale française se caractérise par une enquête approfondie faite avant procès, de
manière exhaustive, avec l’ambition de découvrir la vérité du dossier. Par contraste, les justices
anglo-saxonnes font surtout cette enquête à l’audience et se préoccupent moins de la vérité que
d’un respect des formes prônées presque pour elles-mêmes.
Cette philosophie fondamentale française s’exprime de façon explicite à propos du juge
d’instruction qui, selon l’article 81 du code de procédure pénale, « procède, conformément à la
loi, à tous les actes d’information qu’il juge utiles à la manifestation de la vérité  ». On ne
retrouve nulle part ailleurs dans le code de procédure pénale une telle assertion, ni à propos des
enquêtes conduites par le procureur de la République – dites « enquêtes préliminaires – ni à
propos des décisions des tribunaux et des cours, pourtant censées dire d’abord le vrai puis ensuite
le droit qui s’y applique. Pour autant, la nécessité de parvenir à « la manifestation de la vérité »
sous-tend tout le processus judiciaire français.
Il faut préciser que l’enquête préalable au procès revêt plusieurs formes et qu’elle est conduite
par des autorités différentes…

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https://www.lemonde.fr/idees/article/2015/02/27/un-magistrat-dont-les-pouvoirs-ont-ete-
largement-reduits_4584953_3232.html

Par Jean-Jacques Clère

Les affaires Bettencourt, Sarkozy, « DSK » ou Woerth révèlent-elles la pertinence des magistrats
chargés d'instruire les dossiers ou bien leur pouvoir exorbitant ? Débat sur l'avenir d'une
fonction et sur la marche de la justice.

Les origines napoléoniennes du juge d’instruction n’ont pas nécessairement contribué à


rehausser le prestige de l’institution au fil des décennies. Depuis longtemps, le juge d’instruction
est pointé du doigt, il est devenu un bouc émissaire idéal pour expliquer un désastre judiciaire ou
accréditer l’idée que l’instruction préparatoire n’est qu’un règlement de comptes dont les
hommes politiques et les personnalités diverses seraient les premières victimes, tout cela pour
satisfaire le narcissisme de certains magistrats.

En fait, l’état des choses en la matière ne peut se réduire à des prises de positions simplistes,
c’est pourquoi je développerai deux séries de remarques.

1. Le juge d’instruction n’a jamais été un potentat solitaire ou « l’homme le plus puissant de
France ». La formule de Balzac a frappé les esprits par sa brièveté et par son trait caricatural,
mais la réalité est beaucoup plus complexe. Le code d’instruction criminelle de 1808 faisait du
juge un simple rouage de la procédure pénale. Les légistes du Conseil d’Etat impérial n’ont pas
voulu faire du juge d’instruction un électron libre et certains des principes qu’ils ont établis
demeurent en grande partie encore aujourd’hui. Le juge d’instruction a été d’abord conçu comme
un enquêteur avant de voir ajouter à cette qualité des pouvoirs juridictionnels. Il a été jusqu’à la
promulgation du Code de procédure pénale de 1958 un officier de police judiciaire, qui en cette
qualité dépendait du procureur général de la cour d’appel.

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Cette dépendance partielle du magistrat instructeur, par ailleurs juge du siège, à l’égard du
parquet a laissé des traces. En effet, malgré le principe de séparation entre la poursuite et
l’instruction, le magistrat instructeur ne peut pas procéder de lui-même à l’ouverture d’une
information ; sa saisine ne peut être opérée que par un réquisitoire introductif du ministère
public, ou encore au moyen d’un dépôt de plainte avec constitution de partie civile.
Le réquisitoire introductif borne le champ d’investigation du juge qui ne peut outrepasser sa
saisine. Même si celle-ci est appréhendée de manière assez large pour faciliter le travail du juge,
elle se révèle parfois insuffisante pour enquêter sur toutes les dimensions d’une affaire ; dans ce
cas, le juge d’instruction ne peut se dispenser d’un

Le risque est grand de voir le juge d’instruction se transformer en presse-bouton, de devenir un


fonctionnaire, restant dans son bureau et se contentant de vérifier le travail du parquet en cochant
des cases. Dans un pays comme la Belgique, où l’indépendance du parquet demeure importante
et où les possibilités de pression du ministre de la Justice demeurent à la marge, ce pourrait être
un moindre mal mais en France, où le ministère public est aux ordres de la chancellerie, c’est
inquiétant.

Christian Panier: Face aux moyens limités et à la surcharge d’affaires, le juge peut avoir du mal
à prendre de la distance. On devrait passer d’un juge d’instruction travaillant seul à une
juridiction d’instruction collégiale composée de trois juges.

Quels garde-fous existent contre des actions considérées comme “limites” voire abus de
droit d’un juge d’instruction ?

Dans l’état actuel des choses, la chambre des mises en accusation peut être saisie d’éventuelles
irrégularités d’un juge d’instruction. Je vous renvoie à la récente affaire de la perquisition à
Malines.

Le juge d’instruction a-t-il trop de pouvoirs en Belgique ?

Il a théoriquement beaucoup de pouvoirs. Et c’est parce qu’il a précisément des pouvoirs


redoutables qu’il n’est pas procureur ou policier – et donc soumis à une hiérarchie – mais bien un
juge avec sa garantie d’indépendance. L’idée – qui remonte à Napoléon – de confier l’instruction
à un juge pour éviter les abus de pouvoir n’est pas mauvaise en soi. Le problème aujourd’hui,
c’est qu’il n’est plus capable d’utiliser ces pouvoirs considérables en toute sérénité. L’institution
du juge d’instruction est sans doute devenue obsolète vu ses moyens limités (matériels, humains,
temps…) face à la surcharge d’affaires et à la délégation quasi systématique de certains pouvoirs
à des policiers enquêteurs sur qui le juge n’a pas une maîtrise totale, étant tributaire de leur
hiérarchie. Je crois que les cabinets d’instruction sont devenus aujourd’hui de véritables usines
où il n’est pas facile de prendre de la distance. Il faut aussi observer que les législations récentes
ont diminué les pouvoirs du juge d’instruction en permettant au seul parquet de mettre en œuvre
des mesures qui, auparavant, passaient par un juge d’instruction. Impensable voici 30 ans mais
les mesures à prendre augmentent et pas les effectifs des juges. On appellera un juge
d’instruction quand il y a une perquisition ou une mise sur écoute (dans la grande mythologie du
juge qui garantit les libertés) mais le reste du dossier continuera avec les policiers. Le juge n’aura
alors qu’une connaissance partielle du dossier dont la maîtrise lui échappe. Le malaise avait déjà
été souligné par un colloque de l’association syndicale des magistrats sur les désarrois du juge
d’instruction.
Quelle serait l’alternative ?

Dans la phase préparatoire d’un procès pénal dès lors qu’on doit prendre des mesures
attentatoires à des libertés fondamentales (mandat d’arrêt, écoute téléphonique, méthode
particulière…), on ne peut pas se passer d’un juge. Mais dans un dossier d’instruction, ces
mesures représentent 5 % du travail, le reste étant du domaine de la police. Le juge délègue ce
travail mais il doit aussi le surveiller. A l’instar de la France (avec des bonheurs divers), on
pourrait donc réinventer l’institution en transformant le juge d’instruction en une juridiction
d’instruction – ou une juridiction des libertés – composée collégialement de trois juges qui, sur
base d’éléments soumis par le procureur, accorderait ou pas des mesures graves estimées
nécessaires. Si on supprime l’institution du juge d’instruction, on dégagerait du personnel et on
pourrait alors composer une chambre du conseil étoffée (à trois juges, comme avant 1919 en
Belgique). Les devoirs qui sont davantage de police que de justice seront exécutés par les
policiers sous la direction du parquet. La nouvelle juridiction collégiale d’instruction opérerait
aussi une surveillance de l’activité policière et des parquets pour éviter les dérapages. L’idée
d’un juge, maître absolu de son instruction et donc responsable du premier au dernier devoirs, est
une idée qui s’effacerait. Par rapport aux enjeux de la criminalité, c’est surtout une idée
titanesque. Imaginer qu’un être humain seul puisse assurer des enquêtes parfois extrêmement
difficiles, dans des contextes à relents politiques ou de corruption peut s’avérer dangereux. Pour
la justice. Pour lui.

Être conforme à ce qui est demandé pour telle chose.

Requise est le féminin de l'adjectif "requis", qui signifie "demandé", "exigé". On parle par


exemple de conditions requises, il s'agit des conditions nécessaires dans le but
de faire quelque chose.

Que veut dire le mot requis ?


Le mot requis qualifie une chose qui est absolument nécessaire, qui est indispensable pour
atteindre un but ou pour faire une action donnée.
Par exemple, au sujet d’un emploi, on dit les qualités requises pour ce poste, les compétences
requises. Dans ce contexte, requis signifie « nécessaire, exigé (pour occuper cet emploi) ». L’âge
requis, c’est l’âge minimal à avoir pour accéder à quelque chose.
De la même façon, les conditions requises pour obtenir la nationalité française, ou encore les
conditions requises pour obtenir une APL, ce sont les conditions à remplir obligatoirement si on
veut atteindre cet objectif.
On trouve aussi le mot requis en informatique. Un message comme identifiant requis, mot de
passe requis, authentification requise ou bien connexion requise indique qu’il faut fournir un
identifiant, un mot de passe, qu’il faut s’authentifier ou se connecter pour aller plus loin.
Dans un formulaire, champ requis veut dire « ce champ du formulaire doit obligatoirement être
rempli ». Dans la même logique, le message une mise à jour est requise signifie qu’une mise à
jour doit absolument être réalisée.

Le mot requis sans idée d’obligation


Requis, c’est aussi le participe passé du verbe requérir, qui signifie « demander, solliciter,
réclamer » et qui possède divers emplois.
Il arrive donc que le mot requis ne comporte pas l’idée d’obligation, de chose nécessaire,
indispensable. Mais plutôt celle de « instamment demandé, sans que ce soit forcément
contraignant ».

Par exemple, on dit son placement en détention provisoire a été requis . Ça veut dire que
l’autorité compétente a demandé que la personne soit placée en détention, mais que cette
demande doit encore être examinée.
"S'il en est" ajoute un caractère superlatif à la valeur du sujet en question. La locution renforce la
vérité concernant la personne ou l'objet. Exemple : Le chien est le meilleur ami de l'homme, s'il
en est.

Le code d'instruction criminelle haïtien de 1835 demeure encore aujourd'hui l'unique source de la


procédure pénale haïtienne. Tout ceci pour dire qu'en 1492, les amérindiens avaient déjà passé ce
stade de justice privée et que l'autorité publique était déjà substituée a la vengeance personnelle.

Introduction

Le président Jean Pierre Boyer, une fois réalisée l’unité géographique et politique d’Haïti, s’était
donné pour un des objectifs législatifs d’organiser la justice pénale haïtienne. En effet, en 1835,
cette administration a publié une calque fidèle à l’organisation pénale napoléonienne de la
France en deux actes distincts : le Code pénal et le Code d’instruction criminelle. Les
aménagements successifs à ces deux œuvres, qui ont vécu près de deux cents ans d’histoire
nationale, n’ont pas pu résister aux révo

Le Code civil (CC) haïtien est, à peu d’articles près, la copie conforme de celui de Napoléon du
21 mars 1804. Il s’agit en fait de la reconnaissance solennelle de ce code, qui est déjà intégré
dans la législation haïtienne par la circulaire du président Alexandre Pétion du 22 mars 1816
précisant aux commissaires du gouvernement près les tribunaux que « […] dans tous les cas
douteux de jurisprudence non prévus par les lois en vigueur dans la République, et jusqu’à ce
qu’un code civil ait été spécialement rédigé pour le pays, le Code Napoléon sera consulté pour
servir de base aux décisions judiciaires ». Après le Code rural de 1826, le Code pénal (CP), le
Code de procédure civile (CPC), le Code d’instruction criminelle (CIC) et le Code du commerce
(CM) sont publiés en 1835.
Pour les nouvelles autorités, les codes napoléoniens présentent un double avantage. D’une part,
ils sont le fruit d’un travail d’élaboration s’appuyant sur plusieurs siècles d’expériences en
matière de pratiques juridiques et de gouvernement. Les formules de procédure offrent des
garanties objectives suffisantes, notamment la description de phénomènes juridiques concrets : la
personnalité juridique, la responsabilité civile et la condition de la personne. D’autre part, ces
codes trouvent leur légitimité dans les doctrines romanistes et théologiques pour lesquelles tout
ordre existant s’impose comme autorité, et toute autorité a valeur d’argument. En tant que
représentant de l’ordre établi, le Prince a donc autorité pour édicter la Loi. Il est en droit de
défendre l’ordre défini par l’État en imposant aux individus les conditions de leurs actions et de
leurs prétentions légitimes, ainsi qu’en établissant des modèles institutionnels comme le mariage
civil, la propriété et l’État. Cette légitimité légale-rationnelle permet à la nouvelle « Autorité
nationale » de s’émanciper de l’emprise des leaders du mouvement insurrectionnel dont elle est
issue.

DISPENSATION ALLANT DE 1804 A 1835

Apres la proclamation de l'indépendance le 1er janvier 1804 par l'empereur, le pays n'avait pas eu
de structure juridique basée sur la loi. Car il revenait aux haïtiens de finir avec les autres colons
restant dans la colonie par une guerre finale et totale qu'était le KOUPE TET
BOULE KAY institué par DESSALINES lui- même. Cette opération s'était étendue jusqu'aux
institutions coloniales qu'il devrait lui-même utiliser pour l'instauration de la nouvelle société.
Tous ces édifices étaient consumés. Il fallait donc les reconstruire. Il n'existait ni loi, ni tribunaux
pour juger les écarts commis dans cette société naissante. On devrait attendre jusqu'en été 1805,
la publication de la constitution impériale du 20mai 1805 en son article 18 faisait mention qu'un
code pénal serait publié et serait applique sévèrement par le seul juge de l'époque qu'est
l'Empereur.

En effet, ce code précédemment mentionné, fut promulgué le 26 mai 1805. Comme vous pouvez
tous l'imaginer, c'était un code pénal militaire d'une extrême austérité applicables tant qu'aux
civils qu'aux militaires. Mais, le caractère militaire de cette législation impériale, pouvait se
justifier par la situation qui suivit la guerre de l'indépendance.

Plus tard, après l'assassinat de l'Empereur le 17 octobre 1806, une nouvelle constitution a été
promulgue le 27 décembre 1806 qui réorganisa une fois de plus la juridiction pénale qui
dorénavant, hormis des délits militaires, était confiée a des juges choisis au sein de la société
civile. Cette constitution fut suivie de celle de 1816, promulguée par PETION, annonça la venue
des codes de lois civiles, pénales et criminelles pour toute la république. Il mourut en 1818, il
laissa à JEAN PIERRE Boyer, son successeur, de former la commission des juristes devant
élaborer les codes de la république d'Haïti. Avant la promulgation de ces codes, on a pris la loi
réorganisant les tribunaux. La durée de vie de cette commission est de sept ans. Car c'était le 19
mai 1826 que notre code pénal fut publié. C'est à ce moment, que nous avons notre propre
législation. A part quelques détails, tous nos codes étaient la reproduction fidèle des codes
français napoléoniens voire même leur calque. Mais, avec ces ébauches, la tache des juges se
trouvait grandement amélioré ou facilite. Cependant, Président Boyer, pour qu'il harmonise les
dispositions pénales avec l'ordre social dans sa république, il décida de créer une autre
commission en 1834 et les travaux de cette commission aboutirent avec la promulgation du
nouveau code pénal haïtien le 31 juillet 1835.

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