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29 Mai 2017
MINUSTAH
Evaluation qualitative
Fin de la phase quatre du programme d’assistance légale couvrant
la période du 11 juillet 2016 au 11 avril 2017
CONCLUSION :
RECOMMANDATIONS :
BIBLIOGRAPHIE :
ANNEXES :
LES ABREVIATIONS
En décembre 2012, l’Etat haïtien désire implanter durablement le système de l’état de droit
capable de garantir les droits fondamentaux des citoyens haïtiens. En conséquence, le
Ministère de la Justice et de la sécurité publique construit son programme politique autour
du principe de l’accès à la justice considéré comme l’un des corolaires de l’Etat de droit.
Selon ce principe, toute personne sans considération de sa fortune ou de son argent doit
pouvoir assurer sa défense au tribunal. L’Etat garantie les droits et les libertés individuelles de
chacun. La défense des droits des citoyens et de leurs intérêts au tribunal devient un impératif
que seuls les professionnels du droit peuvent réellement en connaitre.
Toutefois, ces professionnels gagnent leur vie du fruit de leur travail, il ne faut pas les
inquiéter quant à leurs honoraires. Il est donc inconcevable de leur imposer une assistance
gratuite aux personnes qui ne peuvent pas leur verser leurs honoraires. Or, l’Etat haïtien doit
répondre aux exigences des normes nationales et des instruments internationaux sur l’aide
juridique. Pour cela, en 2012 l’Etat haïtien avec le support financier et technique de la
MINUSTAH met en place un programme d’assistance légale gratuite pour les personnes
économiquement faibles tout en veillant au respect des droits des avocats. Depuis, ce
programme d’assistance légale est exécuté par le barreau de port au Prince dans l’aire
métropolitaine uniquement.
PREMIERE PARTIE
LE DOMAINE D’INTERVENTION DES BUREAUX D’ASSISTANCE LEGALE
L’assistance légale participe à l’instauration de l’Etat de droit en Haïti. Elle vise à assurer
une représentation juridique aux personnes qui sont incapables de payer les honoraires des
avocats pour la défense de leur droit. Une préférence est donnée aux affaires pénales.
Néanmoins, un simple renseignement est fourni pour les autres affaires non pénales.
CHAPITRE I
LA PREFERENCE AUX AFFAIRES PENALES
L’assistance légale est une exigence de la loi nationale puisque la constitution haïtienne de
1987 en vigueur établit le principe d’Egalite des droits de tous les citoyens devant la loi. En ce
sens, le programme d’assistance légale dans le document de projet des BAL, a été construit
pour pallier la situation désastreuse de la détention préventive prolongée en Haïti.
La détention préventive ou provisoire, telle définie par les cours internationales, est la
situation dans laquelle un juge peut pour de justes motifs décider de garder la personne en
détention après le délai normal de détention fixé par la loi. Le juge prendra le soin de bien
motiver sa décision. Les juridictions internationales imposent aux Etats d’encadrer cette
prolongation de la détention ; ce, dans le but de garantir les libertés fondamentales.
Par contre, en Haïti, la détention préventive prolongée telle qu’elle existe apparait comme la
situation dans laquelle une personne a été déférée dans un centre carcéral sur mandat de dépôt
d’un juge dans l’intention de la faire comparaitre dans un temps très court. Cependant, le
magistrat ayant décerné le mandat de dépôt s’abstient d’ordonner que cette personne en
détention lui soit ramenée pour être entendue ou jugée. Cette situation de détention
préventive prolongée peut aller jusqu’à dix ans de détention arbitraire
En décembre 2012, lors de la première phase du programme d’assistance légale, le barreau
s’est donné pour objectif de réduire la détention préventive prolongée. Force est de constater
qu’aujourd’hui encore la détention préventive prolongée demeure un sujet épineux pour les
autorités politiques et les professionnels du droit au point que depuis lors il a été l’un des
objectifs premiers des BAL.
Questionné sur le phénomène de la détention préventive prolongée qui est visiblement loin
d’être réduite, l’un des encadreurs répond que « le problème de la détention préventive
prolongée est une affaire d’Etat »1. Il ne revient pas seulement aux BAL de mettre en place
des stratégies de lutte sans la collaboration effective des autorités du système judiciaire. Un
autre encadreur dit avoir essayé trois types de stratégies pour réduire tout au moins la
détention préventive prolongée. Il propose aux autorités concernées de mettre en œuvre un
plan permettant l’organisation des séances correctionnelles régulières, ainsi que des assises
criminelles spéciales puis, de rendre effective la comparution immédiate pour combattre ce
fléau qui viole des droits de l’homme.
La directrice du programme, Me Marie Flore Lamour a le sentiment que les BAL ont fait
« un travail colossal » les résultats de cette phase 4 peuvent en témoigner. Mais que les
1
Cette citation est tirée d’un questionnaire anonyme que la SRAIRL leur avait soumis.
responsables des BAL ont le ressentiment qu’ils n’ont pas fait assez en prenant en compte le
nombre de personnes en situation de détention préventive prolongée dans les centres
carcéraux. Les résultats attendus du programme sont satisfaisants mais « la population
carcérale va en grandissant ». Cet état de fait, obscure le travail réel accompli par les BAL,
pense-t-elle avec force de raison. Pour les autres affaires ne relevant pas du droit pénal, telles
les affaires civiles, administratives ou autres, les Bal fournissent un simple renseignement.
CHAPITRE II
LE SIMPLE RENSEIGNEMENT AUX AFFAIRES NON PENALES
En consultation juridique, les BAL assistent toutes personnes sans ressources dans les
affaires autres que pénales. Ils participent à la résolution des conflits par la médiation.
Le programme d’assistance légale tel qu’il est conçu ne prend pas en charge les affaires
civiles, administratives ou des affaires relevant des autres domaines du droit. Pour les affaires
qui ne relèvent pas du droit pénal l’assistance est donnée sous la forme de consultation. Cette
consultation est faite au sein même des BAL ou lors des activités sociales.
L’Assistant légal qui reçoit une personne pour les affaires civiles telles qu’une demande de
garde d’enfant, de pension alimentaire, de rectification d’acte de naissance, de reconnaissance
de paternité ou de dépossession de propriété – pour citer que celles qui sont le plus
fréquentes- ou de licenciement injustifié pour les affaires relevant du droit du travail, doit
uniquement fournir un conseil ou un avis juridique sans faire les démarches ou les actes de
procédure pour intenter une action en justice.
L’assistant explique à la personne les démarches à suivre et les conséquences qui peuvent en
découler sans prendre en charge cette personne. La personne qui n’a pas de moyen
économique suffisant doit effectuer seul les démarches ou s’attacher les services d’un avocat
en dehors du programme des BAL.
Pourtant, pour cette seule phase 4 du programme d’assistance légale financé par la
MINUSTAH, un très grand nombre d’affaires non pénales a été traité en consultation par les
assistants légaux. Les visites quotidiennes effectuées par les assistants légaux dans les
commissariats et sous commissariats, des tribunaux de paix, au parquet, au cabinet
d’instruction, devant le doyen, au tribunal correctionnel ou au criminel permettent soit une
prise en charge soit une simple consultation juridique sans prise en charge.
En ce sens, les BAL de PAP 1, PAP2, Pétion Ville et Bel Air avaient un objectif de 1200
consultations juridiques à atteindre chacun à l’exception du BAL de Carrefour qui devait en
atteindre 1300. Sur un objectif de 6100 consultations visées, les BAL ont réalisé 8436
consultations.
nombre de consultations
1375
1426
1479
8436
2004
Il y a certes un besoin évident
2152
d’assistance juridique ;
BAL PV/Kenscoff BAL Carrefour/Gressier malheureusement, le
BAL PAP1/020 BAL de Bel Air
programme BAL PAP2/021 Total
est limité dans sa
consistance. Le tableau ci-dessus
présente un aperçu du nombre d’affaires entendues en consultation juridique de juillet 2016 à
mars 2017 pour cette seule phase 4 du programme. Ce nombre est en surplus dans tous les
BAL. Un total de 8436 consultations ont été réalisées par les 5 BAL soit un surplus de 2336
consultations dans les juridictions, les centres de détentions au local des BAL ou à travers les
activités sociales. .
visites
19615
20000
visites
Les BAL ont rendus visites à 19615 détenus. La différence de 11179 entre les 19615 visites et
les 8436 consultations n’est pas tout à fait réelle. Car les visites sont détachées des activités de
groupe à caractère social.
Ces visites ont eu lieu principalement aux Commissariats et aux Sous-Commissariats ; aux
Tribunaux de Paix et des Greffes de Prison ; au Parquet ; aux cabinets d’Instruction ; au
Tribunal Correctionnel ; au Tribunal Criminel et au Décanat du Doyen. Le service de
l’assistant légal peut être requis même en cours de l’instance dès lors que le détenu n’a pas
d’avocat. Par ailleurs, une assistance par la médiation a été prévue dans le document du
projet sans aucune indication de nombre à atteindre.
II : L’assistance par la médiation
La médiation est en principe un mode de résolution amiable de conflit non encore ancrée
dans les mœurs haïtiennes. Dans le projet des BAL, il a été prévu une ‘’cellule de gestion des
conflits’’ que chaque BAL devait constituer pour concilier les parties en conflit pour assurer
un service de médiation.
Cette cellule est créée dans tous les BAL avec une liste de médiateurs comprenant le
bâtonnier, la directrice et les assistants légaux. Néanmoins, les assistants font de la médiation
à travers les réunions de formation des personnes de quartiers défavorisés.
Chaque BAL devait tenir un registre de cas traités par la médiation munis des procès-
verbaux dressés en la circonstance. Cette procédure n’a pas été suivie dans les BAL. Le BAL
de Carrefour rapporte qu’il a participé à des séances de médiation à la BPM mais de manière
informelle.
Cette cellule n’a pas fonctionné on peut essayer de trouver la raison dans sa composition qui
est trop lourde. Le Bâtonnier ou même la coordonnatrice du projet, Me Marie Flore Lamour,
ne peut pas toujours être disponibles dans tous les 5 BAL. Or, il n’est pas précisé dans le
projet si cette cellule peut avoir une autre composition en l’absence de ces deux personnalités.
Il faudra à l’avenir repenser à la composition de cette cellule et donner une place à l’encadreur
et à son adjoint qui sont beaucoup plus disponibles pour former cette cellule et dresser les
procès-verbaux de la médiation. Mais on peut toujours se poser des questions quant à la force
juridique de ces procès-verbaux et leurs mises en application. Le Ministère de la justice et de
la sécurité publique doit accorder une plus grande importance à la médiation et l’encadrer par
une loi s’il le faut ou par un acte du gouvernement le cas échéant.
DEUXIEME PARTIE
LA PARTICIPATION A LA COHESION SOCIALE
Les BAL aident à renforcer l’unité dans les familles de quartiers défavorisés pour réduire la
violence communautaire. Ce travail est suivi de publicité dans les médias.
CHAPITRE III
LA REDUCTION DE LA VIOLENCE COMMUNAUTAIRE
La baisse de la violence communautaire est rendue possible par des activités de foras et de
formation de leaders communautaires.
Les foras communautaires ont été ajoutées au programme d’assistance légale dans le but de
renseigner les populations de zones défavorisées sur leurs droits et leurs devoirs de citoyens.
Les personnes se trouvant dans ces quartiers ont manifesté leur désir d’apprendre à mieux
vivre en société. Beaucoup de questions en rapport à leur vécu au quotidien ont été posées et
débattues.
Le BAL 021 de PAP1 a eu à répondre à une question sur le procédé pour régler un différend
avec un voisin. Malheureusement, l’assistant il l’a référé à un notable de la zone ou de saisir
la voie judiciaire. En aucun cas, il n’a pas fait référence à la cellule de gestion des conflits qui
existe au BAL et les encourager à y aller. Toutefois, ces activités de forums communautaires
sont couronnées de succès depuis le début du projet d’assistance légale et cette phase 4 n’en
est pas une exception. Les leaders sont formés pour venir en aide à la population en cas de
besoin de conciliation.
Les BAL étaient investis de la mission de former un nombre diffèrent de leaders des
résidents de quartier dit chauds sur le thème « comment vivre nos différends sans violence ».
Les foras communautaires ont permis la réalisation de cet objectif. Les BAL de PAP1, PAP2,
Bel Air et Pétion- Ville avait pour mission de former 720 leaders communautaires à travers
9 foras communautaire à organiser chacun pour la période. Par contre, celui de Carrefour
devait atteindre 1200 leaders communautaires, soit un nombre total de 4080 leaders
communautaires. Ces derniers reçoivent la formation pour ensuite former d’autres personnes
de leur localité sur les droits et devoirs de citoyens et la médiation ceci dans le but d’apporter
un apaisement social et de réduire la violence communautaire.
L’assistance légale est utile et nécessaire surtout pour ceux qui sont en prison qui n’ont pas
les moyens pour payer les honoraires d’un avocat pour assurer leur défense. D’un autre côté,
l’assistance légale ne doit pas nuire aux intérêts des avocats professionnels. Pour cela, la
promotion de l’assistance légale est importante pour permettre au public de s’informer de
l’utilité de l’assistance légale.
Des activités de sensibilisation ont été menées à travers les cinq BAL. Par contre, il n’y a pas
eu de conférences débats comme indiqué dans le document du programme. Il n’y a pas eu non
plus de spots publicitaires. Cependant, tous les BAL ont élaboré des dépliants contenant des
informations utiles sur l’assistance légale. Ces dépliants ont été distribués lors des fora
communautaires comme c’est le cas pour les BAL de Carrefour, de PAP 1 et de PAP 2.
D’autres comme les BAL de Bel Air et de Pétion Ville en ont distribué dans les centres de
détention.
Le 16 septembre 2016 BAL de Bel Air a reçu la radio MINUSTAH FM pour recueillir les
témoignages des bénéficiaires directs du programme d’assistance légale. La radio
MINUSTAH a une couverture nationale ; c’était un très bon exemple de sensibilisation. Les
interviews de la journaliste Mme Péroné Bettina de la radio MINUSTAH FM apporte la
preuve que l’assistance légale est réelle dans l’aire métropolitaine. Cette publicité du BAL de
Bel Air encouragée par la CVR a pour effet d’inciter les personnes économiquement faibles à
aller vers les BAL avec la certitude que leur cas va être pris en charge. Il revient maintenant
de voir le centre même de ce programme d’assistance légale en faisant la balance entre les
objectifs et les résultats accomplis.
TROISIEME PARTIE
LA BALANCE ENTRE LES OBJECTIFS ET LES RESULTATS
La recherche de l’équilibre entre les objectifs que les BAL ont eux-mêmes fixés et les
résultats qui sont attendus d’eux s’inscrit dans une logique d’amélioration du programme.
L’appréciation est faite tant sur les chiffres que sur la qualité du service offert.
CHAPITRE V
LES RESULTATS EN TERMES DE CHIFFRES
I : Les résultats des BAL quant aux objectifs d’offre d’assistance juridique
Offrir une assistance juridique aux personnes sans ressources financières qui sont prises
dans les mailles de la justice est un service qui incombe à l’état. La raison se trouve dans le
nombre très élevé de la population soit 80% qui n’ont pas d’argent pour payer les honoraires
d’un avocat. La deuxième raison est constitutionnelle puisque la constitution d’avocat est
obligatoire pour la défense des droits devant les cours et tribunaux de la république à
l’exception de certains tribunaux spéciaux qui n’exigent pas la défense par avocat.
Les conventions internationales ratifiées par Haïti, obligent également à offrir ce service
d’assistance gratuite. Dans cette perspective, la MINUSTAH soutient financièrement l’Etat
haïtien dans la mise en œuvre de cette politique d’assistance gratuite mais pour ce qui est de
l’aspect pénal uniquement.
Pour cette phase 4 du programme d’assistance légale, chaque BAL avait un nombre
minimum de nouvelles personnes à assister avec une prise en charge de 20% de femmes et de
10% de mineurs. Suivant un cadre logique indiqué dans le projet, les BAL de Carrefour et de
Bel Air devaient assister 1300 nouvelles personnes, ceux de PAP 1 et de PAP2 devaient
prendre en charge 1400 nouveaux bénéficiaires. Le BAL de Pétion Ville comptait assister au
moins 1340 nouvelles personnes ; soit un nombre total de 6740 dossiers nouveaux que les 5
BAL se donnaient pour objectif d’atteindre.
Les chiffres en dessous indiquent une valeur moindre à la moyenne de 1340 nouveaux
dossiers à atteindre par le BAL de PV soit six dossiers de moins. Le BAL de Carrefour a
dépassé la moyenne de 1300 nouveaux dossiers recommandés soit 126 de plus. Le BAL de
PAP1 n’a pas touché 108 personnes contrairement à son objectif d’atteindre 1300 nouvelles
personnes. Les causes seraient la grève des magistrats et les congés. Le BAL de BEL AIR
s’est trompé dans les chiffres. Le nombre de dossiers de libération, de condamnation, de
dessaisissement et de dossiers en cours totalise la somme de 2004 nouveaux dossiers
contrairement au nombre de 1994 mentionné dans le rapport final du BAL de Bel Air. Ce
dernier soutient qu’il a atteint son objectif malgré le grand écart de 704 nouveaux dossiers.
Ce succès obtenu est dû à « la fougue des avocats pour la cause des personnes vulnérables »2.
Le BAL de PAP2 a largement atteint son objectif avec un dépassement de 198 nouveaux
dossiers.
2
Voir le Rapport final du BAL de Bel Air
2500
p r i s e e n c h ar g e n o u v e a u x d o s s i e r s p h a s e 4
2000 2004
1598
1500 1426 1430
1334 1361
1192
1000
773 695 684
500 459 532
385 342
247
0 89
87
0 25
0 63
3
0 59
52
0 89
77
2
0
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En résumé, les 5 BAL ont fait libérer 4943 personnes au niveau des centres de détention et
des tribunaux. Ils ont défendu 316 personnes qui ont trouvé leur condamnation. Ils ont 1583
dossiers en cours et 551 dossiers fermés définitivement. Un nombre de 61 dossiers sont
fermés sur désistement du détenu. Pour la période ils ont donc pris en charge 7454 dossiers. Il
faut rappeler que leurs objectifs c’étaient de traiter 6740 nouveaux dossiers, c’est-à-dire de
prendre en charge des personnes qui n’ont jamais été bénéficiaires du programme auparavant.
Un nombre de 714 nouveaux dossiers est en surplus par rapport à leur objectif.
La détention préventive telle qu’elle est appliquée en Haïti est un acte délibéré et arbitraire du
juge en charge du dossier. C’est une détention préventive qui n’est pas encadrée par la loi ou
par un acte de gouvernement. Elle est dite prolongée car elle fait durer la détention au-delà
des délais fixés par la loi haïtienne pour entendre les détenus.
Cette situation dépasse tout entendement quand on sait que la détention préventive prolongée
peut aller entre 5 à 10 ans et ce, peu importe le degré de l’infraction- contravention, délit,
crime. Les BAL entendent aider à diminuer le nombre de personne en situation de détention
préventive prolongée dans les centres carcéraux en accordant une attention particulière aux
dossiers anciens des phases antérieures (I, II et III) du programme d’assistance légale.
Le BAL de PAP 2 s’était donné pour objectif de traiter définitivement 881 dossiers de
personnes détenues en prison depuis la première phase en 2012. Le BAL de BEL Air avait
834 dossiers anciens à évacuer au cours de cette phase 4 du projet. Celui de Pétion Ville
détenait 600 dossiers des phases I, II et III du programme. Le BAL de PAP1 avait 687
dossiers de phases précédentes à clôturer. Enfin, le BAL de Carrefour devait résoudre 595
dossiers anciens. Les 5 BAL avaient au total un nombre de 3597 dossiers de phases
antérieures à traiter. Les chiffres ci-dessous donnent une impression d’ensemble sur le nombre
de dossiers des phases antérieures que les BAL ont réellement traité.
BAL Carrefour/Gressier 60 53 34
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Le BAL de PAP2 n’a pas atteint les 428 dossiers de personnes en détention préventive. 268
dossiers anciens n’ont pas été traités par le BAL de Bel Air. Le BAL de Pétion Ville manque
251 dossiers à traiter pour réaliser pleinement son objectif. 413 dossiers anciens sont restés
dans les classeurs du BAL de PAP1 sans pouvoir être traités. Le BAL de Carrefour a lui aussi
négligé les dossiers anciens avec une différence de 179 dossiers sur les 593 dossiers anciens
qu’il avait visé.
Sur un nombre total de 3597 dossiers anciens que les BAL ont eu pour objectif de traiter,
seulement un nombre total de 1702 dossiers ont pu être réellement traités et encore il faut en
retrancher les 573 dossiers en cours de procédure qui vont refaire surface à la prochaine
relance du programme.
En réalité, 1129 dossiers des phases I, II et III ont été définitivement fermés avec 1028
libérations, 17 condamnations et 84 dossiers Clos par dessaisissement. En clair, ce sont 2468
détenus qui sont en détention au moins depuis 2012 qui n’ont pas pu être jugés et dont leurs
dossiers sont en cours de procédure. L’ensemble de dossiers de phases antérieures traités est
de 3597 dossiers au total. Au moins l’assistance légale a permis de les identifier. Pour autant,
une analyse objective suite aux différentes actions menées par la SRAIRL permettra de mieux
comprendre la variation des chiffres. 3
3
Il faut mentionner que certaines erreurs de chiffre que la SRAIRL a corrigé ont modifié légèrement le résultat définitif des
BAL. Par exemple le BAL de Bel Air dit avoir pris en charge un nombre de 1994 nouveaux dossiers alors qu’en réalité les
comptes ont affichés 2004 nouveaux dossiers. Toutes les erreurs ont été corrigées pour la sincérité de l’évaluation.
III : l’objectivité des résultats chiffrés
Le document de projet est considéré comme une sorte de guide visant à orienter les BAL dans
leurs tâches quotidiennes. C’est le barreau qui prépare le projet et qui fixe les objectifs à
atteindre. Puis, le projet est discuté avec la section CVR de la MINUSTAH pour ce qui
intéresse les moyens financiers pour l’exécution du projet.
A chaque phase, le document reprend presque les mêmes termes avec quelques différences
près en ce qui concerne les chiffres à atteindre. A titre d’exemple, le document de projet de
la phase antérieure, c’est-à-dire de la phase 3 du programme, fait état du même nombre de
dossiers de bénéficiaires des phases précédentes à clôturer par le BAL de PAP 2 soit 881
dossiers. Ce chiffre indicateur n’a pas changé dans le document de la phase 4 du programme.
Cette situation paraissait étrange car il était difficile de savoir le nombre exact de dossiers des
phases antérieures que les BAL n’avaient pas traité. En conséquence, il n’était pas facile de
savoir le nombre de personnes en détention préventive inscrit au BAL. Cette situation
donnait aussi l’impression que le travail ne s’exécutait pas de manière sérieuse surtout que le
taux de la détention préventive prolongée à travers le pays ne cessait de croitre.
Fort de ce constat, il est judicieux d’admettre que l’objectif en ce qui concerne l’écoulement
des dossiers anciens pour cette phase 4 est en grande partie atteint. Par contre, avec en
moyenne un traitement de 65 dossiers sur les 349 anciens dossiers du BAL de Pétion Ville,
le résultat du BAL de Pétion Ville/ Kenscoff n’est pas satisfaisant. Seul le BAL de Carrefour
a relevé ce manque de sincérité dans les chiffres indicateurs en relatant dans son rapport final
qu’en réalité le BAL de Carrefour n’avait pas les 598 dossiers indiqués dans le projet. Les
chiffres sont importants dans la mesure où ils renseignent sur le nombre de personnes qui ont
besoin de bénéficier de la gratuité de l’assistance. Parce qu’elle est gratuite et que le droit de
se défendre est essentiel, cela incite à mettre l’accent sur la qualité du service d’assistance
juridique fourni.
CHAPITRE VI
LES RESULTATS SUIVANT LA QUALITE DU SERVICE FOURNI
Le document du projet prévoit des moyens pouvant assurer une meilleure qualité du service.
Le profil des personnes capable de défendre les intérêts des personnes en raison de leurs
faibles moyens financiers est prévu dans le document de projet. Outre les capacités
intellectuelles, l’avocat doit développer une sensibilité à la promotion des droits de la
personne. Il défend les droits de chacun sans considération basée sur des discriminations
positives ou négatives.
L’avocat du BAL répond à des responsabilités prévues dans le document du projet pour la
bonne exécution du projet. Toutefois, rien n’est prévu en cas de manquement à ses
responsabilités. Le bâtonnier, veille à ce que les avocats du BAL comme tout avocat inscrit au
barreau respectent le code de déontologie. Il n’existe pas un règlement interne propre au BAL
qui préciserait certains comportements qui auraient pu engager leur responsabilité et les
sanctions qui pourraient en découler. Néanmoins, les avocats du BAL connaissent l’un des
principes directeurs de l’assistance gratuite, c’est celui de ne réclamer aucun honoraire du
bénéficiaire de l’assistance légale.
La question de savoir si les encadreurs qui sont des avocats professionnels affectés
régulièrement au BAL peuvent continuer à faire fonctionner leur propre cabinet ou être
associés à un cabinet d’avocat reste à élucider. Normalement ils ont un travail à temps plein.
A côté de leurs fonctions qui figurent sur le document, les avocats professionnels qui sont les
encadreurs et leur adjoint, ont pour la plupart une expérience de deux ans au moins au
BAL. En tous cas, le bâtonnier rassure que pour la phase à venir les Assistants légaux doivent
consacrer leur temps uniquement à l’assistance légale.
Les encadreurs assistent la directrice du programme dans son travail au quotidien pour la
rédaction des rapports d’activités. Ils veillent à la présence des Assistants dans leur lieu de
travail et au bon déroulement de la permanence Bal. Ils créent des cellules de travail et
exigent des assistants de prendre en charge 8 à 10 dossiers par semaine. Les Assistants
légaux sont en grande partie des stagiaires recrutés sur la base de la compétence parmi les
meilleurs de l’école du Barreau de Port au Prince. Mais cela n’est pas suffisant pour faire de
l’assistance légale, il faudrait une motivation et manifester son intérêt pour traiter que les
dossiers de gens de peu de ressources financières sans aucune éducation scolaire pour la
plupart.
Dix Assistants légaux ont répondu sur leur motivation. Pour quelques-uns, ça été l’occasion
de compléter leur stage et de se perfectionner en droit pénal. D’autres trouvaient leur
motivation dans la détention préventive prolongée qui apparait comme une sorte d’injustice
aux personnes en manque d’argent. Cinq d’entre eux ont voulu que les personnes pauvres
aient de bons avocats pour défendre leurs intérêts comme ils l’auraient fait pour des clients
qui sont en mesure de payer les honoraires d’un avocat.
Toutefois, le bâtonnier a voulu qu’un bon nombre d’élèves-avocats puissent effectuer leur
stage dans l’assistance légale, parce que, dit-il, le barreau assure un service d’assistance
gratuit en dehors de ce programme d’assistance ; alors cela permettra à un bon nombre
d’élèves-avocats de faire de l’assistance légale. Car, l’assistance du barreau en dehors du
programme est donnée uniquement lors des assises criminelles et lorsque le doyen réclame la
présence d’un avocat en siège. Pour faire bénéficier les élèves- avocats de cette expérience
d’assistance gratuite, un système de rotation non prévu dans le document du projet a été
institué au cours de cette phase 4 du programme d’assistance légale.
Les assistants interrogés sur ce système de rotation vont dans le sens du barreau mais
réclament une période de rotation beaucoup plus longue pour leur permettre de bien assimiler
le système d’assistance légale. La rotation est faite tous les 3 mois. Ce temps parait court pour
la prise en charge et le suivi du dossier. Le programme étant d’une durée de 9 mois ; pour la
bonne exécution du programme il serait mieux de ne faire que deux rotations. Lorsque la
durée du programme est moins de 9 mois il ne devait pas y avoir de rotation. Apres tout,
l’objectif du programme d’assistance légale c’est de venir en aide aux personnes qui sont en
prison et qui ont besoin d’un avocat pour assurer leur défense. Le stage de tous les élèves-
avocats ne répond pas à cet objectif. La qualité du service se mesure également à la manière
de représenter les bénéficiaires de l’assistance légale.
L’avocat assure la représentation du prévenu dès son arrestation. Les assistants commencent à
travailler dès 9 heures du matin. Ils sont dans les commissariats et devant les juridictions..
Les encadreurs veillent à leur présence dans leur lieu de travail. Ils remplissent pour chaque
détenu une fiche signalétique que l’encadreur et la directrice du programme doivent vérifier.
Au départ, cette vérification n’a pas été rigoureuse. Lors des inventaires des dossiers il a été
trouvé des fiches signalétiques mal rédigées et dans lesquelles il manquait l’infraction pour
laquelle la personne est en détention. Il se posait aussi un problème de la tenue des dossiers.
Une chemise dans laquelle se trouve la seule fiche signalétique constituait les dossiers des
détenus. La SRAIRL avait donc demandé aux encadreurs d’être rigoureux dans la
constitution des dossiers des prévenus et d’y insérer tous les documents qui ont été utilisés
dans le cadre de l’affaire. Avec la situation de perte de dossiers au niveau du parquet, on
aurait pu remonter aux dossiers égarés si les dossiers étaient complets.
La plupart des encadreurs exercent cette fonction depuis environ trois ans et connaissent bien
le fonctionnent du BAL. Beaucoup d’efforts ont été déployés pour défendre valablement les
détenus. Pour cette seule phase 4 du programme, les BAL ont libéré 5997 personnes au niveau
des centres carcéraux et les tribunaux.Ce chiffre comprend les dossiers anciens et nouveaux.
Un nombre de 343 personnes ont été condamnées. Les dossiers clôturés sont au nombre de
1535 pour toutes les phases. Pour autant, pour cette seule phase 4 du programme un nombre
de 2370 dossiers sont en cours de procédure au niveau des tribunaux. Cela sous-entend que
les BAL ont plus de deux mille personnes en situation de détention préventive prolongée.
Malgré cet état de fait, la représentation a été de très bonne qualité. Ne serait-ce les difficultés
dues au service défectueux de la justice les BAL auraient pu rendre un bien plus fort
résultat.
L’exercice des voies de recours est une garantie judiciaire, reconnait un encadreur. Le fléau
de la détention préventive prolongée exige que les avocats puissent innover pour toucher la
cour de cassation du problème de la détention préventive prolongée. Même la cour d’appel
n’a pas été appelé à trancher sur ce fléau. Interrogé sur le problème de l’exercice des voies de
recours, le bâtonnier de l’ordre des avocats de Port au prince, Me Stanley Gaston, explique
que les greffiers prennent du retard à émettre l’expédition des jugements. Or, « le droit pénal
est formaliste et les recours sont possibles à compter du prononcé du jugement ». Quand bien
même, le barreau est conscient du problème. Le bâtonnier promet alors au cours des phases à
venir d’exercer les voies de recours avec une mini structure composée d’encadreurs et
d’avocats professionnels lesquels vont s’occuper uniquement de l’exercice des voies de
recours.
Pour cette Phase 4, la SRAIRL a mis en place des stratégies de lutte contre la détention
préventive prolongée. Cette stratégie a été dévoilée à tous les commissaires du parquet en
présence du commissaire en chef, pour leur demander de faire application de la loi du 6 mai
1927 qui permet de citer directement le prévenu au tribunal correctionnel sans tarder. Dans le
cas contraire, les BAL se retrouveront dans l’obligation de citer eux-mêmes les prévenus au
correctionnel dans le but de provoquer un incident et porter la problématique de la détention
préventive prolongée devant la cour de cassation et la CIDH avec les conséquences que de
droit pour l’Etat haïtien.
Apres ces deux rencontres le commissaire et le doyen se sont entendus pour rendre régulières
les audiences de comparution immédiate avec la citation directe faite non pas de l’avocat des
BAL mais du commissaire du gouvernement lui-même à qui incombe la tache de la rédaction
de la citation directe. La SRAIRL a rédigé des modèles de requêtes et de citation directe aux
BAL pour les délits correctionnels. Pour la compréhension de tous les assistants légaux, la
SRAIRL a organisé des réunions de travail avec chaque BAL. Par la suite, les assistants ont
émis des requêtes pour demander au parquet d’agir sur les dossiers correctionnels dans un
délai qu’ils fixent pour lui signifier la citation directe au cas où la requête n’était pas suivie
d’effet. Les résultats sont visibles, la comparution immédiate sur citation directe a porté ses
fruits. Sur ce, voyons comment les Bal ont eux-mêmes évalué leur travail.
Le BAL de PAP1 a rencontré des problèmes avec certains commissariats où des policiers
réclament de l’argent pour la libération des prévenus. Le juge instructeur ne peut entendre un
inculpé car son greffier s’absente du cabinet. Les greffiers refusent de recevoir les requêtes
des personnes en détention. Le parquet refuse de leur fournir des informations sur l’autorité
ayant rédigé les actes de procédure (réquisitoire définitif ou acte d’accusation). Les huissiers
demandent de l’argent pour signifier les actes aux détenus bénéficiaires de l’assistance légale.
Les actions en Habeas corpus n’aboutissent pas à cause de l’absence du ministère public. Un
cas de force majeur comme le passage de l’ouragan Matthew rend dysfonctionnel le tribunal
pendant un certain temps. Toutes ces difficultés paralysent le bon déroulement de la phase 4
du programme. Des solutions ont été recherchées Il reste que ces anomalies sont
préjudiciables à la personne en détention. Malgré ce constat, le Coordonnateur du BAL de
PAP1 croit que le programme a son utilité puisqu’il permet à des centaines de personnes de
recouvrer leur liberté, et d’autres d’être fixés sur leur peine. Le programme a permis de
reconstituer certains dossiers perdus. Il a aussi contribué à réduire la violence
communautaire.
Le BAL de PAP2 reprend quasiment les mêmes problèmes. Il tire l’utilité du programme de la
gratuité offerte à la personne incarcérée de se défendre devant les juridictions de jugement et
même des instances policières. La médiation communautaire et la formation des leaders
facilitent le changement des comportements et des mœurs par les réalisations des activités de
foras communautaires qui ne cessent d’aller de succès en succès depuis le début du
programme.
Le BAL de Carrefour relate les mêmes problèmes confrontés par les autres BAL. Cependant
il touche un point que les autres BAL n’ont pas abordé. Il s’agit du nombre exact de dossiers
anciens que détient le BAL de Carrefour. A Carrefour, le BAL n’a pas 598 dossiers de phase
antérieure en sa possession. Cette question a été discutée au début de la phase 4, mais il faut
faire une demande d’amendement à la CVR pour corriger la situation explique-t-il. Le
tribunal de Paix de Gressier est menacé de ruine et les conditions de travail sont difficiles.
Les policiers du commissariat de Carrefour infligent des coups aux détenus et les règles
d’hygiène ne sont pas respectées. En dépit de tout, le BAL de carrefour reconnait la nécessité
du programme aux personnes incarcérées depuis 5,8 ou 9 ans sans la possibilité d’être
entendues sinon qu’avec l’aide d’un avocat. Tous les objectifs du BAL de Carrefour ne sont
pas atteints, néanmoins, les avocats du BAL croient qu’ils se sont rendus utiles en révélant
au grand jour les détenus incarcérés depuis longtemps qui, forcément, seraient restés au stade
de l’oubli sans leur assistance.
Le BAL de Pétion Ville n’arrive pas à effectuer les recherches des dossiers anciens au niveau
des tribunaux, le problème de bas salaire des greffiers en est la cause. Les magistrats
semblent ne pas accorder d’importance aux délais établis par la loi pour effectuer les actes de
procédure. Les difficultés sont communes aux BAL. Le succès des fora communautaires est
connu de tous les BAL. Contrairement aux phases antérieures, les consultations juridiques ont
explosé. Par contre, la délocalisation de la prison des femmes à cabaret emporte une
augmentation des frais de transport pour les assistants légaux. Le BAL de Pétion Ville pense
que le programme d’assistance légale est important pour ceux qui en bénéficient. Ces derniers
se sentent en confiance. Le BAL constate également un certain changement dans les attitudes
par l’effet des forums communautaires.
Le BAL de Bel Air, quant à lui, a expliqué que les grèves des auxiliaires de justice ont
provoqué un fonctionnement anormal de la justice pendant le temps des grèves. Il dit
observer le désintérêt des autorités de la justice quant aux garanties des droits des citoyens.
Les résidents de Bel Air se sentent en confiance et un changement de comportement est
remarqué, même au niveau des tribunaux et les commissariats de police.
Pour apporter une solution durable à ces difficultés, les BAL ont recommandé la
collaboration des autorités policières et judiciaires ; l’informatisation du système des données
au parquet ; que les juges respectent la programmation mise en place pour la comparution
immédiate ; que des fonds soient prévus pour la prise en charge de la victime de violence ;
que le MJSP inscrit l’assistance légale dans son budget national ; que l’on organise des
campagnes de sensibilisation autour de l’assistance légale ; que le comité de pilotage des BAL
soit plus efficace. Apres quoi, il convient de présenter globalement l’apport de la quatrième
phase du programme.
QUATRIEME PARTIE
L’APPORT GLOBAL DE LA QUATRIEME PHASE DU PROGRAMME
CHAPITRE VII
LA CONSOLIDATION DES CONNAISSANCES EN MATIERE D’ASSISTANCE
LEGALE
Pour bien assister les détenus bénéficiaires du programme d’assistance légale, une solide
connaissance en droit a toute son importance.
Pour s’assurer de l’efficacité du travail des assistants légaux, le document du projet a mis en
place tout un programme de formation en atelier pour les assistants légaux. Chaque BAL doit
organiser sept (7) ateliers de formation pour former un certain nombre d’assistants, ce
nombre varie selon le BAL.
Ainsi les BAL de PAP1 ; PAP 2 et Bel Air doivent former 17 avocats stagiaires chacun en ce
qui le concerne. Le BAL de Pétion Ville et de carrefour doivent chacun former 12 avocats.
La variation vient du nombre d’assistants légaux affecté à chaque BAL. Le Barreau se charge
de la préparation des modules de formation et peut solliciter l’expertise d’un technicien de la
MINUSTAH suivant sa spécialité. A l’issue de la formation, l’assistant devait être en mesure
de mettre en pratique les techniques d’assistance et de représentation de clients devant les
juridictions de droit commun. Ils sont capables de préparer des pétitions devant les organes de
protection des Nation Unies.
Pour cette phase 4 du programme il y eut sept (7)ateliers portant à chaque fois sur des thèmes
différents : La Traite des personnes » ; « La Protection des Droits Politiques dans le Système
Interaméricain de Protection des Droits de l’Homme» ; « Violence contre la femme» ;
Application des Accords, Traités et Conventions ratifiés par Haïti au Regard du droit
international des droits de l’Homme » ; « Le Droit aux Garanties Judiciaires au regard du
Droit International des Droits de l’Homme» ;« Garanties judiciaires : Droit au juge
» ;« Recours devant le comité Interaméricain des Droits de l’Homme en vertu du Pacte
International relatif aux droits civils et politiques». En tout, 75 avocats stagiaires ont bénéficié
de la formation en atelier.
Ces formations en atelier ont été assurées par des avocats professionnels en une demie journée
chacune à l’hôtel le Plaza réunissant les avocats stagiaires, les encadreurs et leur adjoint, la
directrice du programme et le personnel administratif des BAL. Les séances de formation sont
très animées comme en témoignent les assistants.
Les dix (10) assistants Interrogés sur le bien-fondé de la formation pensent que la formation
est utile à leur travail d’assistance. Un assistant ayant passé 3 ans au programme avoue
qu’au tout début du programme la formation ne répondait pas à l’objectif du BAL, mais avec
le temps il y eut une nette amélioration. La formation renforce leur capacité théorique à
mieux appréhender les affaires pénales. La formation pour d’autres consiste à mieux
comprendre l’assistance légale et le service offert aux bénéficiaires. C’est une expérience
agréable qu’ils ont eue au BAL en prenant la défense des personnes de peu de moyens
économiques. Un programme de cette envergure se doit de penser à constituer un comité de
pilotage capable de suivre l’exécution du projet.
CHAPITRE VIII
LE FONCTIONNMENT QUASI NORMALDU COMITE DE PILOTAGE
Au début de l’exécution du programme pour cette phase 4, le comité de pilotage prévu dans le
document avait du mal à se réunir. Par la suite il a fonctionné sans interruption après avoir
apporté certaines modifications à sa composition.
CHAPITRE IX
Le financement des BAL
Sur le plan financier les ressources ont été mobilisées pour la création et la poursuite des
programmes d’assistance légale.
Pour venir en aide aux personnes dans le besoin de se défendre face aux incriminations qui
leur ont été reprochées, il faut bien qu’il y ait de l’argent disponible. Le bureau régional de la
section CVR de la MINUSTAH a financé pour une période déterminée les BAL de l’aire
métropolitaine. Le MJSP est le maitre d’ouvrage du programme d’assistance légale lequel
rentre dans le cadre de sa politique d’accès à la justice. Le barreau de Port Au Prince exécute
le programme d’assistance légale conformément à l’article 72 du règlement intérieur du 7
aout 1998 du Conseil de l’Ordre des avocats.
A cet effet, le barreau rédige les rapports hebdomadaires, mensuels, de mi-parcours et les
rapports finaux qu’il achemine à la section CVR. La SRAIRL de la MINUSTAH assure au
4
Madame DespinosKiria
barreau un accompagnement technique. Elle reçoit les rapports hebdomadaires et finaux. Le
MJSP reçoit tous les rapports et documents servant à l’exécution du programme par le
truchement du comité de pilotage et de son coordonnateur- communément appelé point focal
MJSP - qu’il désigne. Le barreau et le comité de pilotage s’entendent sur les outils
pédagogiques.
La CVR prend financièrement en charge le personnel des BAL. Ordinairement, le
personnel comprend pour chaque BAL : un encadreur, un encadreur adjoint, 12 assistants
pour le BAL de Carrefour et 15 assistants légaux pour les BAL de PAP1, PAP2, Pétion Ville
et de Bel air, d’un assistant administratif de deux ménagers. Ils sont rémunérés pour les neuf
mois de la durée du programme 5. La rémunération des assistants légaux varie d’un Bal à un
autre. Pour les zones à risque comme Bel Air et Carrefour il y a une différence d’honoraire.
Certains BAL ajoutent un ou deux personnels de plus. Les BAL de PAP1 et de Bel Air
ajoutent un technicien en maintenance. Un consultant statistique est ajouté pour les BAL de
Pétion ville et de Bel Air.
Les encadreurs confirment6 que les BAL ont d’excellents rapports avec la CVR. Dans leur
rapport de travail, un officier de la section CVR, Me Nicolas Jean Baptiste, participe aux
réunions de coordination de la quinzaine du mois. Il recueille leurs doléances. Il apporte des
conseils ou suggestions pour traiter les problèmes liés à l’argent. Cet officier de terrain
supervise leur travail et prend part aux activités de foras communautaires. Les BAL envoient
à la CVR un rapport de mis parcours. Ce rapport conditionne le décaissement de la deuxième
tranche d’argent permettant au BAL de poursuivre leur activité. La section CVR de la
MINUSTAH fournit également les ressources matérielles en vue de la bonne exécution du
programme.
Chaque BAL dispose d’un fonds propre pour l’exécution du programme et les montants
varient suivant les besoins des BAL en fournitures et équipements. Les besoins en termes de
matériels et de fourniture de bureau sont discutés avec la section CVR au début de chaque
phase. La SRAIRL assiste à ces discussions. Il n’est pas prévu dans les projets que le
coordonnateur du MJSP assiste à ces discussions sur les fonds alloués à chaque BAL.
Pour les activités à caractère social et les formations en atelier organisées par les BAL, ces
derniers ont reçu des fonds pour servir des collations aux participants venant assister à ces
évènements. Rappelant que les 45 forums communautaires communément appelés foras sont
réalisés pour les 9 mois du programme et ont rassemblé 3526 participants.
Les 9 ateliers ont été organisés au profit de 82 assistants légaux et encadreurs des cinq BAL
réunis. Les BAL de Bel Air, de Carrefour , de Pétion Ville , de PAP1 et PAP2 ont exprimé
des besoins en bureaux, chaises de bureau, chaises de visiteurs, de téléphones, d’internet et
de fournitures de bureau pour la période couvrant le programme. La CVR a décaissé des
fonds pour satisfaire ces besoins en matériels de travail. Le BAL de PV n’a pas eu besoin
pour cette phase 4 du programme de bureau, de chaise de bureau et de visiteurs.
5
Voir la proposition de projet de chaque BAL pour le montant de leur honoraire ou émolument.
6
Suivant un questionnaire qui a été soumis à chaque BAL, vous pouvez le voir en annexe.
Tous les BAL ont eu des frais de transport, des frais judiciaires et d’aménagement. Un
pourcentage de 7% est réservé aux frais de gestion. En gros, les fonds alloués pour
l’exécution de la phase 4 du programme d’assistance légale s’élèvent au grand total à
953097,137 dollars américains.
CONCLUSION
Cette phase 4 du programme d’assistance légale s’est réalisée sans interruption du 11 juillet
2016 au 11 avril 2017. Pour la seule semaine du mois d’avril qui marque l’achèvement de la
phase 4 du programme, il n’y a pas eu de rapport. Cependant, les assistants des BAL ont été
tous les jours au tribunal pour assister les prévenus comme à l’ordinaire.
Après le 11 avril, certains assistants sur la base du volontariat ont assuré une mission de deux
semaines de bénévolat. Puis survient un temps sans activité des BAL ni de service
d’assistance comparable au programme. Les BAL fournissent des rapports finaux qui
prennent en compte leurs réalisations concrètes et leurs échecs suivant l’objectif assigné. Sur
ce point les BAL n’ont pas reconnu d’échecs. Ils disent avoir bien travaillé.
Le comité de pilotage chargé d’assurer le suivi régulier du programme a finalement
fonctionné sans interruption de décembre 2016 à mars 2017. Cependant il aurait fallu qu’il se
réunisse dès le démarrage du programme comme il a été convenu au projet. Il reste au
comité de pilotage à se montrer beaucoup plus efficace dans la résolution des problèmes des
tribunaux comme l’espèrent les encadreurs des BAL.
Les fora communautaires prévus ont pu être réalisés avec les mêmes désirs de savoir des
populations de quartiers défavorisés de Port au Prince. Quant aux formations dispensées à
l’endroit des assistants légaux, ces derniers ont affiché leur contentement aux thèmes traités
dans les ateliers.
Le système de rotation des assistants légaux mis en place par le barreau dans le but de faire
bénéficier un grand nombre d’élèves- avocats n’a pas rencontré le l’opposition des assistants.
Ils ont été très contents de la rotation, sauf qu’ils espèrent que la période de rotation dure
beaucoup plus de temps pour bien assimiler le système d’assistance légale.
Le Bâtonnier promet de créer une structure spéciale pour l’exercice des voies de recours en
appel et à la Cour de cassation qui depuis le début du programme en 2012 reste le grand défi
des BAL. En clair, 11051 dossiers de libérations, condamnations, de dossiers clos et de
dossiers en cours de procédures ont été traités au niveau des juridictions et les centres de
detention par les BAL lors de l’exécution de cette phase 4 du programme soit un nombre total
de 7454 nouveaux dossiers et 3597 dossiers de phases antérieures. Un nombre de 3413 leaders
ont participé aux activités de foras communautaires.
7
Voir propositions de projets de chaque BAL pour plus de précision sur les fonds alloués à chaque BAL.
RECOMMANDATIONS
Les BAL ont pris l’habitude de faire des recommandations dans leur rapport final après qu’ils
ont exprimé les leçons qu’ils ont apprises du programme. Pour cette phase 4 du programme
d’assistance légale, et pour les quatre fois que le comité de pilotage s’est réuni ; à chaque
fois le comité adresse ses recommandations au MJSP. Certaines de ces recommandations ont
été reprises dans ce travail. Néanmoins, il reste encore des suggestions à faire au MJSP ainsi
qu’aux institutions qui sont en relation avec les BAL. Ces recommandations qui vont suivre
relatent les observations que la SRAIRL a faites pendant tout le déroulement de la phase 4 du
programme.
Recommandations au MJSP : des difficultés liées au fonctionnement anormal des tribunaux
ont été constatées et relatées par les BAL concernant les greffiers, les huissiers, les juges,
l’émission des certificats d’écrou, l’état de l’immeuble logeant le tribunal de Paix de
Gressier.
Les greffiers refusent de remettre à temps les expéditions des jugements. Une solution a été
trouvée avec le doyen et le parquet sur ce problème. Les greffiers doivent remplir un
formulaire- lequel a été préparé au préalable avec l’aide d’une section de la MINUSTAH-
dans lequel greffier doit relater textuellement la décision du magistrat qui a entendu l’affaire.
Puis ils doivent en donner une copie à l’APENA et une autre au prévenu. Les greffiers ont
commencé à le faire puis ils se sont arrêtés. La SRAIRL recommande donc au MJSP de
renforcer ce choix de formulaire qui est une façon rapide d’informer le détenu du dénouement
de son affaire lui permettant ainsi de connaitre la décision prise par le tribunal.
Les huissiers refusent de signifier les actes de procédures aux détenus bénéficiaires des BAL
si ces derniers ne paient pas pour les actes accomplis par ces officiers. Un mémorandum du
MJSP avait été remis au greffe. Mais il n’est pas suivi d’effet. La SRAIRL recommande au
MJSP de procéder par voie d’affichage pour que toute personne intéressée soit au courant de
l’exemption des frais de justice en faveur des bénéficiaires des BAL.
Certains cabinets d’instruction n’ont pas pu fonctionner normalement soit à cause de la mise
en disponibilité du greffier ou pour cause d’absence du greffier le jour de l’extraction du
prévenu. D’autres juges d’instruction tardent à remettre leur ordonnance de clôture. Le
parquet n’est pas souvent diligent dans la prise des actes de procédures. Les délais ne sont
pas respectés, l’une des causes de la détention provisoire prolongée. Les juges de siège
prennent les audiences correctionnelles trop tard et en conséquence les affaires sont
systématiquement remises à la huitaine pour être oubliées par la suite. Le programme de la
comparution immédiate avait bien commencé puis au bout de quelques temps il s’est arrêté.
Les problèmes des tribunaux sont énormes. La SRAIRL recommande au MJSP pour ce qui
concerne les greffiers et le parquet d’actionner le levier de l’inspection générale du MJSP
pour une supervision du déroulement des affaires aux tribunaux. Cette supervision n’ayant pas
été faite depuis trop longtemps, une formation des inspecteurs sur la manière de procéder est
hautement conseillée pour leur permettre d’effectuer leur travail d’inspection avec assurance
et qu’une ligne directrice uniformise la supervision. Le MJSP devra concerter avec le CSPJ
pour les mesures disciplinaires à prendre contre les juges qui refusent de respecter les délais
et de faire leur travail avec professionnalisme.
La DAP avait intimé l’ordre à ses agents de délivrer les certificats d’écrou aux assistants
légaux dans un délai de huit (8) jours à compter de la demande de certificat. En dépit de tout,
les centres carcéraux refusent ces certificats aux assistants. Ce refus a pour conséquence de
paralyser les affaires à introduire en habeas corpus. Or, l’action en habeas corpus est une
façon- bien que maladroite -de traiter les dossiers de détention préventive prolongée. La
SRAIRL recommande au MJSP de passer des instructions formelles afin que les assistants
légaux puissent avoir en temps utile ce fameux certificat d’écrou. Dans ce même ordre d’idée,
le directeur de l’administration pénitentiaire avait l’idée géniale de garder les mineurs au
CERMICOL même s’ils deviennent majeurs tant que la justice ne s’est pas prononcée sur
l’infraction qui leur a été reprochée ou perpétrée au cours de leur minorité. Cette idée du
directeur n’est pas passée au stade de décision. La SRAIRL recommande au MJSP d’apporter
son appui au directeur de l’administration pénitentiaire pour que cette idée devienne une
mesure administrative.
Le tribunal de Paix de Gressier est dans un état très critique et peut s’effondrer à n’importe
quel moment. Une situation qui a provoqué la peur des assistants et de tous les usagers de ce
tribunal. La SRAIRL recommande au MJSP d’effectuer rapidement les travaux de
réaménagement ou de construction du tribunal de Gressier quitte à demander l’aide extérieure.
Cette recommandation a été faite par le comité de pilotage, il est important de le relever ici
car il s’agit d’une mesure urgente à prendre pour éviter un désastre.
Recommandations à la CVR : les rapports des BAL avec la CVR sont cordiaux. Par contre,
la SRAIRL recommande une mutuelle communication plus intense et qu’elle soit au courant
des décisions qui concernent les BAL. Elle doit pouvoir discuter du document du projet et
faire ses recommandations là-dessus au barreau avant la signature du document.
BIBLIOGRAPHIE
A la fin de chaque phase du programme d’assistance légale, la section Responsabilités, appui aux
institutions et aux Réformes législatives réalise une évaluation du programme qui a été exécuté par
le barreau. En vous remerciant par avance, la SRAIRL vous invite à répondre à ces questions pour
permettre l’amélioration du programme.
1) Qu’est-ce qui vous a motivé à faire de l’assistance légale ? comment avez-vous été recruté ?
2) Comment voyez-vous le système de rotation mis en place par le barreau ? devra-t-on
poursuivre avec ce système ?
3) Pouvez-vous dire à la MINUSTAH en quoi consiste votre travail d’assistance au quotidien ?
combien de temps vous y avez passé au BAL ? le temps vous parait- il suffisant pour bien
assimiler le travail d’assistance ?
4) Parlez-nous de vos prises de contact avec les prévenus ou détenus ?
5) combien de dossiers pénaux vous pouvez prendre en charge par semaine ? combien en
avez-vous traité définitivement ?
6) Avez-vous participé à une activité de médiation des conflits ?
7) quelles difficultés vous avez rencontrées dans votre travail d’assistance ?
8) A combien de formations en atelier y avez-vous participé ? En êtes-vous satisfaits ?
9) Existe-t-elle une corrélation entre la formation en atelier et l’assistance elle-même ?
10) Cette expérience vous parait-elle agréable ? justifier votre réponse.
1) Depuis combien de temps vous exercez le rôle d’encadreur au BAL soutenu par la
MINUSTAH?
2) En quoi consiste votre travail d’encadreur au quotidien ?
3) comment expliquez-vous dans les phases antérieures et cette phase 4 qu’aucune voie de
recours n’a été exercée par devant les instances supérieures ?
4) comment voyez-vous la qualité de l’assistance fournie aux personnes économiquement
faible ?
5) Parvenez-vous à résoudre les difficultés de votre BAL que du point de vue de l’assistance
elle-même que des matériels de fonctionnement ?
6) quels ont été vos rapports avec la section CVR de la MINUSTAH ?
7) Comment a été réalisée la prise en charge des femmes et des mineurs ? A-t-elle été
satisfaisante ? expliquez-vous ?
8) Une stratégie de lutte pour combattre la détention préventive prolongée a été discutée
dans chaque BAL avec la SRAIRL, pourquoi elle n’a pas été suivie ?
9) Quelle stratégie comptez-vous mettre à l’ avenir pour diminuer de manière considérable la
détention préventive prolongée ?
10) Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans l’exécution de cette phase 4 du programme
d’assistance légale ?
Comme vous le savez à chaque fermeture d’une phase, la section Responsabilités, Appui aux
Institutions et Réformes Législatives, fait une évaluation qualitative du projet qui a été exécuté dans
le but d’apporter des améliorations le programme. C’est en ce sens que la SRAIRL vous demande de
répondre à ce questionnaire en vous remerciant par avance.
Me Lamour :
1) Depuis la première phase, vous coordonnez ce programme d’assistance légale, est ce que
vous ressentez un progrès dans la manière d’exécuter ce programme ?
R. La manière d’exécuter ce programme reste le même à quelques rares exception. Il y a par
exemple le nombre de bureaux qui est passé de 4 a 5 ; les encadreurs adjoints qui ont été
ajoutés ; l’effectif des assistants qui a été augmenté au fil des phases, l’augmentation du nombre
de fora civic, des ateliers… etc. Autre chose plutôt significative c’est l’implication visible,
l’accompagnement de l’actuelle évaluatrice du programme qui cherche toujours avec nous des
solutions aux difficultés que nous rencontrons dans l’exécution de ce programme.
R. Premièrement que les recommandations faites par les Bals soient prises en considération dans
l’exécution du programme. Ensuite que le comité de pilotage s’applique vraiment à chercher
des solutions aux problèmes, difficultés rencontrés par les Bals et nous accompagnent
vraiment. Que les encadreurs, la directrice du programme aient un droit de regard au
document de projet avant sa signature par le Barreau, afin d’éviter que l’on ait des difficultés
à répondre aux attentes du document.
2) Avez-vous le ressentiment que le travail des BAL a été productif ? dans quelle mesure
R. Très productif, parce que beaucoup de personnes à faibles moyens ont pu grâce à ce
programme avoir accès à la justice, surtout les personnes détenues qui ont pu, grâce à
l’assistance fournie, être fixées sur leur sort, en retrouvant leur liberté par exemple.
3) Il y avait toujours des difficultés avec les autorités policières et judiciaires, pour cette phase
4 avez-vous le sentiment que les autorités ont compris l’assistance légale et apporté leur
soutien au programme ?
R. Certaines autorités, telles les agents du Commissariat de Pétion-Ville, comprennent
l’importance du programme et nous facilitent amplement la tâche, mais d’autres comme des juges,
des substituts du gouvernement, des greffiers se montrent très hostiles, ne collaborent point au
programme et nous mettent du bâton dans les roues. Au parquet, dans certains cabinets
d’instruction les portes sont fermées pour les Bals.
4) Quel rapport existe-t-il entre le MJSP et les BAL ? Est-ce que de ce côté vous avez
l’impression qu’il y a une volonté du MJSP de faire avancer le programme ? comment
l’expliquez-vous ?
R. Le MJSP doit, selon l’esprit du document de projet, fournir un apport technique au programme
et nous aider dans les difficultés que nous rencontrons avec les autorités judiciaires par le biais
du comité de pilotage. Mais cet apport se limite à la mise sur pied du Comité de pilotage.
Certains interventions, plutôt timide, venant de celui-ci pourraient nous porter à croire qu’il y a
un désir d’aider. Mais en faitmalgré l’exposé de nos difficultés, ceci depuis le début, elles restent
entières pour ne pas dire qu’elles augmentent sans que le comité ait apporté une quelconque
solution.
5) Quelle nouveauté le barreau a-t-il apporté au programme lors de cette phase 4 ?
6) Dans l’ensemble, que pouvez-vous dire du travail des BAL ? êtes-vous satisfait ? comment
pouvez-vous mesurer ce sentiment par rapport aux résultats ?
R. Le Bal fait un travail colossal, les résultats peuvent le prouver. Mais nous avons toujours le
29/05/2017sentiment de n’avoir pas fait assez par rapport au nombre de personnes qui ont
encore besoin de notre accompagnement, surtout celles en détention. Les résultats sont certes
satisfaisants, mais la population carcérale va en grandissant, ce qui fait que notre travail aura
toujours son importance.
8) Du côté du financement du projet avec la CVR avez-vous rencontré des difficultés ? si oui,
comment les avez-vous résolues ?
R. La seule difficulté à laquelle on a eu à faire face c’est l’écart entre le premier versement et le
deuxième, ce qui nous a retardé sur les activités à réaliser telles les fora et les ateliers. Mais il
faut dire que cela a toujours été ainsi parce qu’il se passe toujours un laps de temps après la
soumission du rapport de mi-parcours avant la réception de l’argent.
PREMIERE PARTIE :
LE DOMAINE D'INTERVENTION D'ASSISTANCE LEGALE
CHAPITRE I : LA PREFERENCE AUX AFFAIRES PENALES
I: Le devoir général d’assistance aux personnes arrêtées
II : l’assistance particulière aux personnes en détention préventive prolongée
CHAPITRE II : LE SIMPLE RENSEIGNEMENT AUX AUTRES AFFAIRE
I : la consultation juridique dans d’autres domaines du droit
II : l’assistance par la médiation
CONCLUSION :
RECOMMANDATIONS:
BIBLIOGRAPHIE:
ANNEXES: