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Texte 

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Migrants en Libye : des artistes, intellectuels et militants interpellent l’Union
européenne.

Le 14 novembre dernier, le monde découvrait avec stupéfaction ce que des ONG* savaient
et dénonçaient : la vente de migrants noirs sur des marchés aux esclaves en Libye. Africains,
descendants d’Africains et Antillais, nous nous sentons profondément blessés par cette
actualité qui ravive des douleurs issues des profondeurs de notre Histoire. Aux côtés
d’artistes, d’intellectuels et de militants épris de liberté, nous interpellons ceux qui, par leur
silence ou leur complicité passive, laissent le crime se déployer depuis plusieurs années.  [….]
La situation que vivent en Libye les migrants venus de l’Afrique nous révulse
particulièrement pour trois raisons.
Tout d’abord, c’est un pays où même les représentants de la force publique se livrent aux
pires sévices au sein de camps immondes qui sont tous des offenses à la conception la plus
minimale du respect dû aux êtres humains. Ensuite, c’est un pays membre de plusieurs
organisations internationales ou régionales qui ont, jusqu’à aujourd’hui, fait preuve d’une
frappante inaction. Enfin, c’est également un pays que l’Union européenne a choisi comme un
partenaire chargé d'«assurer» la frontière sud de l’Europe. Et ceci dans un but publiquement
assumé : éviter que des migrants posent le pied sur le Vieux continent pour y trouver un
refuge. [….]
La responsabilité morale – et judiciaire ? – de l’Union européenne dans ce cauchemar est
davantage qu’un constat : elle est une honte dont nous refusons qu’elle soit recouverte par les
habituels propos lénifiants* sur l’illusoire «amélioration des conditions de détention». On
n’améliore pas la pratique esclavagiste et les réalités concentrationnaires*. On les combat
jusqu’à leur disparition totale.
C’est pourquoi, dans cette interpellation qui s’adresse également aux pouvoirs africains,
nous exigeons de l’Union européenne et des Etats-membres qu’ils indiquent sans délai les
mesures qu’ils comptent prendre afin de mettre un terme aux souffrances qui frappent des
noirs que l’on dirait ramenés aux heures sombres de l’esclavage.
Liberation.fr ; le 20 novembre 2017

Les signataires de cet appel : Dominique SOPO, Audrey PULVAR, Baki YOUSSOUPHOU, Omar
SY, Marie-Roger BILOA, Cheick Tidiane SECK, Benjamin ABTAN, Abdennour BIDAR, Rachid
BOUCHAREB, Clémentine CELARIE, Patrick CHAMOISEAU, Laurent DESMARD, Jacob
DESVARIEUX, Doudou DIENE, Aïcha ELBASRI, Tiken Jah FAKOLY, Cheikh FALL, Faïza
GUENE, Mémona HINTERMANN, Salif KEÏTA, Angélique KIDJO, Séverine KODJO-
GRANVAUX, Thierry KUHN, Gilles LELLOUCHE, Alain MABANCKOU, Jacky MAMOU,
Jacques MARTIAL, Achille MBEMBE, Danielle MERIAN, Etienne MINOUNGOU, MOKOBE,
NAGUI, Olivier NAKACHE, Pap NDIAYE, Yannick NOAH, Euzhan PALCY, PASSI, Sonia
ROLLAND, Serge ROMANA, Harry ROSELMACK, Jean-Christophe RUFIN, Oumou SANGARE,
Claudy SIAR, Lilian THURAM.

Notes :
*ONG : Organisation Non Gouvernementale
*Lénifiant : calmant
* Concentrationnaire : relatif au camp de concentration

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