Vous êtes sur la page 1sur 4

Colloque Populorum Progressio 2007 http://abbaye.st.jacut.pagesperso-orange.fr/gros_plans/colloque_popul...

Colloque Populorum Progressio 2007


du 4 au 7 octobre 2007

Populorum Progressio, un message pour le XXIe


siècle
REVUE DE PRESSE
Une encyclique au coeur de l'actualité
Pâques 1967 : le pape Paul VI publie l'encyclique
Populorum Progressio. Un texte fondateur de la pensée
sociale de l'Eglise, élaboré par le Père Louis-Joseph Lebret.
Pendant 3 jours, du 4 au 7 octobre, à l'Abbaye, un colloque
rassemble 250 personnes, avec pour ambition de
reformuler pour aujourd'hui et pour demain l'essentiel de
ce message.
Louis-Joseph Lebret Développement durable, commerce équitable, assistance
aux plus pauvres, microcrédits... L'encyclique semblait lire
l'avenir. Le Père Lebret, dominicain, l'a en partie rédigée à
Saint-Pabu et à Saint-Jacut-de-la-Mer : "Sa vie fur un tour
du monde des hommes, un tour du monde des pauvres" a
témoigné vendredi François-Régis Hutin, PDG de Ouest
France. "Scientifique, il a cherché des outils pour aider
les gens. Ce qui reste, c'est la compréhension qu'il avait
des attentes et des besoins du monde : il savait qu'aucun
système ne répondait seul à tout. d'où sa recherche de la
synthèse et des hommes capables de la faire."

Vivant partout

Et cette conviction a traversé les frontières : "J'ai eu la


chance de travailler avec le Père Lebret, s'est souvenu
Chico Whitaker, co-fondateur des forums sociaux
mondiaux. Populorum Progressio nous dit que la
question sociale est devenue mondiale, que les initiatives
locales ne suffisent plus : il faut une action d'ensemble."
Quarante ans plus tard, dans "un monde de murs entre les
riches et les pauvres", que reste-t-il de ces écrits ? "C'était
un cri d'angoisse et d'espérance, résume le Cardinal Paul
Poupard, aujourd'hui c'est l'espérance qui l'a emporté : ce
texte continue à être vivant, partout où je vais dans le
monde."
A Saint-Jacut-de-la-Mer, les congressistes ont bien
l'intention de le faire vivre encore : ils sont venus de cinq
continents et de dix-sept pays pour livrer 70 contributions,
socle de réflexion pour les années à venir.

Article de Laetitia Greffié


paru dans Ouest France du 6 octobre 2007

Développement : l'heure de l'action a


sonné
Mme Elena Lasida, Cardinal Paul
Poupard et Père Paul Houée « Les peuples de la faim interpellent, aujourd'hui, de
façon dramatique les peuples de l'opulence. Une
action concertée est nécessaire pour le développement

1 sur 4 05/11/2020 à 14:24


Colloque Populorum Progressio 2007 http://abbaye.st.jacut.pagesperso-orange.fr/gros_plans/colloque_popul...

intégral de l'homme et le développement solidaire de


l'humanité, car le déséquilibre s'accroît. Les conflits
se sont élargis aux dimensions du monde. À cela
s'ajoute le scandale de disparités criantes dans la
jouissance des biens comme dans l'exercice du
pouvoir. Les heurts entre les civilisations
traditionnelles et les nouveautés de la civilisation
industrielle brisent les structures. Dans ce désarroi,
la tentation se fait plus violente, qui risque
M. François-Régis Hutin
d'entraîner vers les messianismes, bâtisseurs
d'illusions.

« Dans ces conditions, une vision globale de


l'homme et de l'humanité est plus nécessaire que
jamais. Cette vision implique la solidarité universelle
qui est un fait, un bénéfice pour nous, mais aussi un
devoir. Elle conduit à constater que, si la Terre est
faite pour fournir à chacun les moyens de sa
subsistance et les instruments de son progrès, tout
M. Chico Whitaker
homme a le droit d'y trouver ce qui lui est
nécessaire.

« Tous les autres droits, quels qu'ils soient, y


compris ceux de propriété et de libre commerce, y
sont subordonnés. C'est dire que la propriété privée
ne constitue, pour personne, un droit inconditionnel
et absolu. Le bien commun exige donc parfois
l'expropriation. Un libéralisme sans frein conduirait
Agnès Avognon, P. Mathias à la dictature comme génératrice de l'impérialisme
Rethinam et Boutros Labaki international de l'argent. Or, l'équité dans les
relations commerciales exige que l'on n'enlève pas
d'une main ce que l'autre apporte. Cela signifie
aussi que la règle du libre échange ne peut plus, à
elle seule, régir les relations internationales malgré
ses avantages évidents. Une économie d'échanges ne
peut plus reposer sur la seule loi de libre concurrence
qui engendre, trop souvent, elle aussi, une dictature
économique. La justice sociale exige que le commerce
international, pour être humain et moral, rétablisse
Mamadou Cissoko et
entre partenaires au moins une certaine égalité.
Agnès Rousseaux

« Il faut donc, pour tout cela, des programmes.


Ceux-ci sont nécessaires pour encourager, stimuler,
coordonner, suppléer et intégrer l'action des
individus et des institutions. Nous éviterons ainsi le
péril d'une collectivisation intégrale d'une
planification arbitraire. Or, l'homme n'est vraiment
homme que dans la mesure où, maître de ses actions
et juge de leurs valeurs, il est lui-même auteur de
Respiration... son progrès. »

« Le développement est le nouveau nom de la

2 sur 4 05/11/2020 à 14:24


Colloque Populorum Progressio 2007 http://abbaye.st.jacut.pagesperso-orange.fr/gros_plans/colloque_popul...

paix »

Ce texte pourrait servir de programme, aujourd'hui même,


à ceux qui ne rêvent pas seulement d'un monde plus juste,
mais veulent le construire en en modifiant les structures.
Le texte ci-dessus, constitué d'extraits de l'encyclique
Populorum Progressio, promulguée par le pape Paul VI,
en 1967, est étonnamment actuel.

Cette analyse est largement celle du dominicain français,


Louis-Joseph Lebret. Aujourd'hui comme hier, les obstacles
à surmonter sont ceux que l'encyclique signale : le
nationalisme et le racisme. Aujourd'hui comme hier, le
travail est important en lui-même, mais aussi parce qu'il «
unit les volontés, rapproche les esprits, soude les cœurs » à
condition qu'il soit humain, c'est-à-dire qu'il demeure «
intelligent et libre ».

Ce texte est audacieux aussi quand il demande, par


exemple, que soit constitué un grand fonds mondial,
alimenté par une partie des dépenses militaires et quand il
dénonce « toute course épuisante aux armements comme
un scandale intolérable ».

Quant à l'appel à un développement intégral, c'est-à-dire


qui assure la promotion de « tout homme et de tout
l'homme », il est fondé sur la conviction qu'il ne faut pas
séparer l'économique de l'humain ; que l'économie est au
service de l'homme et non l'inverse. C'est dans cette
perspective qu'alors « un dialogue centré sur l'homme et
non sur les denrées ou les techniques pourra s'ouvrir ».

La Solidarité chantée Les auteurs de ce texte voient bien le danger du choc des
civilisations dont il est question aujourd'hui. Mais, pour
eux, il s'agit justement de l'éviter en instaurant le dialogue,
en promouvant le développement intégral. Il y va « de la
vie des peuples pauvres, de la paix civile dans les pays en
voie de développement et, pour tout dire, de la paix du
monde... Le développement est le nouveau nom de la paix
»!

En ce début du XXIe siècle, alors qu'il est encore plus


urgent de résoudre ces problèmes, oui, décidément, «
l'heure de l'action a sonné ».

Editorial de M. François-Régis HUTIN, PDG de Ouest


Dessins de M. Jean-François Comyn France
dans le journal du samedi 6 octobre 2007

Le développement, c'est l'affaire de tous


« Il y a 40 ans, on disait que le monde était malade.
Depuis, il est devenu fou ». Mamadou Cissoko vient du
Sénégal. Il préside les organisations paysannes d'Afrique
de l'Ouest. Il interroge : Pourquoi les pays du sud, riches
en terre fertile, n'arrivent-ils toujours pas à nourrir leur
population ?

Aujourd'hui, des États veulent vendre des milliers

3 sur 4 05/11/2020 à 14:24


Colloque Populorum Progressio 2007 http://abbaye.st.jacut.pagesperso-orange.fr/gros_plans/colloque_popul...

d'hectares à des multinationales. Celles-ci les cultiveront


dans le but de fabriquer des biocarburants, surtout pour
les pays dits « développés ». La conscience tranquille nous
pourrons « rouler propre » ! Mais ces terres ne seront plus
consacrées aux cultures vivrières. Or déjà, dans ces
régions, beaucoup manquent du nécessaire.

C'est pourquoi, les peuples ne l'entendent pas de cette


oreille. Au Sénégal, ils ont dit non. En Inde, des centaines
de milliers de femmes de toutes castes et de toutes
religions, se rassemblent pour protester. À la seule force de
leurs voix et de leurs longues marches, elles demandent le
droit de devenir propriétaire : « Elles pourront nourrir
leurs enfants. Leurs maris n'auront plus besoin de partir
loin dans les villes pour travailler », poursuit Christie
Samy du mouvement Swati. « La même chose se répète
partout dans le monde. Le développement, ce n'est pas
l'homme pour l'économie. C'est l'économie pour l'homme
», explique Mathias Rethinam.

La recherche effrénée des biens de consommation au Nord


et la fascination qu'ils exercent au sud, perturbent en
profondeur « le rapport au monde, le rapport aux autres
et le rapport à soi-même », constate Agnès Rousseaux,
responsable du MRJC. Cette course à l'avoir s'accompagne
de la perte du sens de la vie et de la perte du bon-sens : « Il
faut que chacun puisse discerner ce qui le sauve de ce qui
l'aliène, » dit la Béninoise Agnès Adjaho.

L'Occident est perçu comme l'exploiteur injuste et violent


des richesses des pays pauvres. Il capte, à son profit une
grande part des ressources de la planète et laisse les autres
dans la misère. « Il faut changer le coeur et les structures
», pense le Brésilien Chico Witacker, cofondateur du
Forum social mondial.

Ces paroles ont été prononcées dans la presqu'île bretonne


de Saint Jacut qui bruisse des angoisses et des espérances
du monde. Ils sont venus de tous les continents pour
célébrer le 40e anniversaire de l'encyclique Populorum
Progressio : « Elle pose le problème en terme de justice.
Elle passe de l'assistance au développement. On ne se
contente pas de la générosité. Il faut changer les
structures pour que tous accèdent aux ressources vitales
», explique Mgr Poupard. Ce texte résonne, aujourd'hui,
comme un avertissement.

Editorial de Jeanne Emmanuelle HUTIN


dans le journal dimanche Ouest-France du 7 octobre 2007

Accueil

4 sur 4 05/11/2020 à 14:24

Vous aimerez peut-être aussi