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342 ● MALADIES BACTÉRIENNES

I Dinev - Ceva Santé animale

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Fig.51.1 & 51.2: Hépatite associée à C. perfringens. Le foie est hyper- Fig.51.3 & 51.4: Hépatite associée à C. perfringens. La
trophié et de couleur pâle. Dans certains cas sa surface présente des paroi de la vésicule biliaire (flèches) est épaissie
zones de nécrose caractéristiques ou de multiples petits foyers blanc- (jusqu’à 5-6 cm) et opaque (section transversale à
grisâtres ou verdâtres. droite).
Section III

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Fig.51.5: Hépatite associée à C. Fig.51.6: Hépatite associée Fig.51.7 & 51.8: Hépatite associée à C. perfringens. Lésions micro-
perfringens. Chez quelques pou- à C. perfringens. Une pro- scopiques du foie. A gauche, les conduits biliaires hypertrophiés sont
lets, on observe un ictère visible ventriculite avec des hémor- granulomateux et sont entourés de minces fibres réticulaires. À
au niveau des tissus graisseux ragies peut aussi être droite, une stase biliaire est notée dans beaucoup de canaux biliaires,
observée chez le poulet avec la présence d’une grande quantité de microorganismes. Des
sous-cutanés ou du corps. (âge: 34 jours). zones de nécrose sont observées dans les zones péricanaculaires.
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Fig.51.10: Entérite nécro-


tique (Poulet). La lumière
intestinale est remplie d’un
contenu aqueux brunâtre
mélangé à des bulles de gaz.
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Fig.51.9: Entérite nécrotique Fig.51.11: Entérite nécro- Fig.51.12: Entérite nécrotique (Poulet). Comparer avec l’intes-
(Poulet). L'intestin grêle est gonflé tique. Dans les cas aigus tin normal en bas.
de gaz et la muqueuse nécrotique noter la congestion mar-
est visible à travers la paroi. quée du foie de couleur
rouge noirâtre à noir.

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Maladies bactériennes
51. CLOSTRIDIOSES
INTRODUCTION jeunes poulets âgés de 2 à 5 semaines élevés sur litière.
Cette affection a été aussi observée chez des poules
Il y a quatre clostridioses importantes chez les pondeuses élevées en cage ou sur litière ainsi que chez
volailles: l’entérite nécrotique (EN), l’entérite ulcé- les dindons. Les taux de morbidité et de mortalité peu-
reuse (EU), la dermatite gangreneuse (DG) et le vent être importants.
botulisme. D'autres espèces de clostridies ont été
isolées de maladies sporadiques chez les oiseaux: Symptômes & lésions
Clostridium chauvoei (lésions de la crête, du foie
et/ou de l'intestin), C. difficile (entérotoxémie, enté- De nombreux cas d'EN sont suraigus et les oiseaux
rite de l’autruche), C. piliforme, C. novyi et C. spo- sont simplement trouvés morts. Les élevages affectés
rogenes. L’augmentation des restrictions relatives à présentent habituellement un grand nombre d’oiseaux
l’usage d’intrants médicamenteux (antibiotiques, très déprimés, avec la tête et le cou rentrés, les yeux
antiparasitaires) dans l’alimentation dans certains clos, des plumes hérissées, un refus de déplacement,
pays a modifié le statut de quelques clostridioses une diarrhée aqueuse et l’apparence d’un dos bossu.

Chapitre 51
chez les volailles comme l’entérite nécrotique asso- Les intestins, distendus et friables, contiennent une
ciée à C. perfringens. C. perfringens est de plus en grande quantité de gaz et un liquide de couleur brun
plus reconnu comme une cause de cholangiohépa- foncé rougeâtre, fétide et floconneux. La lésion carac-
tite chez les poulets. Cette affection hépatique est téristique est une pseudomembrane fibrino-nécrotique,
dénommée «hépatite associée à C. perfringens» ou diffuse, adhérente, rugueuse et friable, dont la couleur
HCP. C. perfringens est aussi associé à la dermatite est variable (brun clair, gris, jaune ou vert). Les foies
clostridienne de la dinde (DCD, correspondant à la des oiseaux affectés sont souvent œdématiés et extrê-
DG), à des érosions du gésier et à des infections de mement sombres. Des foies hypertrophiés, fermes,
l’ombilic. Clostridium septicum est l’agent principa- pâles avec des vésicules biliaires épaissies peuvent être
lement incriminé dans la DCD. associés à l’EN. La forme subclinique de l’EN pré-
sente peu de symptômes avec une mortalité faible ou
ENTÉRITE NÉCROTIQUE nulle, mais une chute des productions. Les lésions de
la muqueuse intestinale dans cette forme subclinique
L'entérite nécrotique (EN) est une affection spora- sont caractérisées par des dépressions circulaires de 1
dique, aiguë, non contagieuse de l'intestin grêle des à 2 mm, hémorragiques en périphérie, et recouvertes
volailles, caractérisée par une entérite fibrino-nécro- d’un matériel nécrotique jaunâtre, adhérent et irrégu-
tique sévère avec la formation de pseudomembranes lier.
diphtéroïdes et des taux de mortalité importants.
Diagnostic
Étiologie & épidémiologie
Les lésions macroscopiques sont très caractéristiques
L’origine de l’EN est Clostridium perfringens type A et permettent habituellement d’effectuer le diagnostic.
ou C, toxinogène, anaérobie, Gram-positif, en forme Un diagnostic différentiel doit inclure la coccidiose (en
de bâtonnet et pouvant sporuler. C. perfringens est particulier Eimeria brunetti), l'entérite ulcéreuse et
généralement retrouvé dans le sol et l'eau douce ainsi l’histomonose.
que dans les intestins et les fientes d'oiseaux normaux.
Par conséquent on ne peut pas considérer l'EN comme Traitement & contrôle
une maladie contagieuse per se. Une forte contamina-
tion de l’aliment ou de la litière peut provoquer des En règle générale, l'EN répond favorablement et rapi-
foyers mais, dans la majorité des cas, la maladie appa- dement à une variété d'antibiotiques dont la lincomy-
raît sous l’influence de plusieurs facteurs favorisant la cine, la bacitracine, les tétracyclines, la pénicilline et la
production et la prolifération de la toxine par un C. tylosine. L'EN peut être prévenue par l’usage d’addi-
perfringens résident. Ces facteurs prédisposants tifs médicamenteux à de faibles doses (non thérapeu-
incluent une variété de constituants alimentaires tels tiques) dans l’alimentation (bacitracine, lincomycine,
qu’un taux trop important de farines de poissons ou de virginiamycine, pénicilline, avoparcine, nitrovin) dans
farines de céréales dites visqueuses comme le seigle, les pays où cette pratique est autorisée. La suppression
l'orge, l'avoine, le triticale et le blé. Des lésions de la des farines de poissons, le remplacement des céréales
muqueuse intestinale, comme dans la coccidiose, où visqueuses par du maïs et une augmentation de la taille
l'ingestion d’une litière grossière, peut déclencher la des céréales broyées ou l’utilisation de grains entiers
maladie. L’EN est principalement une maladie des peuvent aider à diminuer l'incidence de la maladie. Les
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Fig. 51.13: Entérite nécrotique Fig.51.14: Entérite nécro- Fig.51.15 & 51.16: Entérite nécrotique (EN). Dans les cas où
sévère (Poulet). Noter l’aspect tique sévère (Poulet). l’EN est associée à des coccidioses de l’intestin grêle, on peut
«serviette de bain» de la pseu- Détachement de débris observer la présence de pétéchies (à gauche) ou des hémorra-
domembrane nécrotique recou- nécrotiques ayant l'aspect giques plus importantes (à droite) à travers la paroi.
vrant la muqueuse intestinale.
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de la mie de pain.
Comparer avec l’intestin normal
à droite.
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Fig.51.17, 51.18 & 51.19: Entérite nécrotique (Poulet). Présence simultanée de l’EN et d’une coccidiose. Le contenu de la lumière
est sanglant, mélangé avec des tissus nécrosés et des bulles gazeuses.

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Fig.51.20: Entérite nécrotique (Dindon) associée à une cocci- Fig.51.21: Entérite nécrotique (Dindon). La coloration de Gram
diose due à Eimeria meleagrimitis. Le contenu intestinal du met en évidence C. perfringens au sommet des villosités intes-
lumen est hémorragique avec des débris nécrotiques. tinales.

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enzymes exogènes qui dégradent les polysaccharides toires. Le taux de mortalité chez les jeunes cailles peut
visqueux des graines peuvent présenter un bénéfice. atteindre 100%. Chez les poulets, ce taux varie habi-
Un certain nombre de probiotiques ont montré des tuellement entre 2 et 10%. Les oiseaux sont en bon état
effets bénéfiques dans des essais contrôlés. Le net- général, avec de l’aliment dans le jabot. Lorsque l’EU
toyage fréquent et la désinfection des installations, progresse, les symptômes sont une dépression, une
l'utilisation de litières propres et épaisses, l’emploi anorexie (conduisant à un amaigrissement au bout
d'acides organiques dans l'alimentation ou l'eau et d’une semaine) et des fientes aqueuses, les oiseaux se
l’acidification des litières sont des méthodes aidant au blottissant les uns contre les autres avec des plumes
contrôle de l’EN. Enfin, il est primordial de lutter hérissées.
contre la coccidiose.
Les lésions les plus importantes sont trouvées dans
ENTÉRITE ULCÉRATIVE l'intestin, le foie et la rate. On observe des ulcères pro-
fonds affectant l'intestin grêle, les cæcums et la partie
L'entérite ulcérative (EU) a été découverte chez la antérieure du gros intestin. Les ulcères peuvent deve-
caille d’où son nom de «maladie de la caille» (voir nir perforants d’où une péritonite. Les lésions hépa-
ChapVI.96). Beaucoup d'espèces aviaires autres que la tiques varient de zones marbrées jaune clair à d’impor-
caille sont sensibles, en particulier dans les élevages tantes zones jaunâtres à bords irréguliers. La rate est
intensifs de volailles et les élevages de gibier à plume. souvent hypertrophiée et hémorragique.

Chapitre 51
Étiologie & épidémiologie Diagnostic

L'agent causal de l'EU est Clostridium colinum, une Les lésions macroscopiques (ulcères typiques de l’in-
bactérie anaérobie, Gram-positif, pouvant sporuler et testin et lésions hépatiques) permettent le diagnostic de
difficile à cultiver. Les oiseaux d’eau ne semblent pas l’EU. Il peut être aidé par la réalisation de calques sur
affectés. C. colinum est omniprésent dans la nature et les zones nécrotiques du foie permettant l’observation
est excrété en grande quantité dans les fientes des de bâtonnets Gram négatifs et de spores. Le diagnostic
oiseaux affectés. Les spores permettent une contami- différentiel concerne l'entérite nécrotique, la, cocci-
nation permanente des bâtiments après l’apparition de diose et l’histomonose.
la maladie. Il est possible qu’un portage chronique soit
l’un des facteurs les plus importants dans la pérennité Traitement & contrôle
de l'EU. Certains facteurs favorisants tels que la cocci-
diose, les maladies immunosuppressives, une surden- Du fait que l’agent pathogène est retrouvé dans les
sité, une mauvaise hygiène ou d’autres conditions fientes et qu’il reste viable indéfiniment dans la litière,
stressantes peuvent jouer un rôle important dans l’ap- il est recommandé d'enlever la litière contaminée et
parition de la maladie. d’utiliser une litière propre pour chaque nouvelle
bande d’oiseaux. L’élevage sur grillage des poulets
Symptômes & lésions peut s’avérer préventif. Les foyers peuvent être traités
avec différents antibiotiques (pénicillines, streptomy-
Dans la maladie aiguë, on observe uniquement une cine, chlortétracycline, tylosine, etc.) apportés dans
augmentation de la mortalité sans signes prémoni- l’eau de boisson ou l’aliment.
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D Venne

Fig.51.22, 51.23 & 51.24: Entérite ulcéreuse. Des ulcères profonds en bouton seront observés au travers de la paroi surtout sur
les cæcums et, moins fréquemment, dans certaines parties de l’intestin.

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Fig.51.25, 51.26 & 51.27: Entérite ulcéreuse. Les premières lésions sont caractérisées par des foyers jaunes, hémorragiques à
leur périphérie, observés sur les muqueuses et les séreuses. Le contenu intestinal est souvent mélangé à du sang.
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Fig.51.28 & 51.29: Entérite ulcéreuse. Dans les ulcères importants et plus anciens, les zones hémorragiques ont tendance à dis-
paraître. Les ulcères sont arrondis irrégulièrement ou présentent une forme allongée. Ils sont recouverts de membranes nécro-
tiques diphtéroïdes. Comparer avec l'intestin normal en haut de la Fig.51.29.
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Fig.51.30 & 51.31: Entérite ulcéreuse. Les lésions hépatiques peuvent être très variables (foyers nécrotiques ponctiformes ou plus
importants d’un diamètre de 1 à 2 cm entourés par une zone hémorragique ou encore touchant la plus grande partie du foie).

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Fig.51.32 & 51.33: Entérite ulcéreuse. Les lésions hépatiques peuvent être très variables. Le plus souvent, la nécrose concerne
une grande partie du parenchyme hépatique affectant partiellement ou totalement (uni- ou bilatéralement) le foie.

Chapitre 51
DERMATITE GANGRENEUSE, DERMATITE liée à l'âge a changé rapidement au cours des der-
CLOSTRIDIENNE DE LA DINDE nières années alors que, en même temps, la gravité
de la maladie augmentait. Des cas ont été rappor-
La dermatite gangreneuse (DG) est une maladie tés dès l'âge de 7 semaines. Chez les dindons, les
suraiguë, fatale affectant principalement les jeunes griffures cutanées semblent jouer un rôle mineur.
poulets à croissance rapide. Elle est caractérisée Les recherches effectuées suggèrent que la DCD
par une apparition soudaine, une forte mortalité et serait une infection systémique débutant dans le
des lésions cutanées suintantes, œdématiées et rou- tractus gastro-intestinal. On a aussi rapporté une
geâtres. La dermatite clostridienne de la dinde association entre la DCD et une surdensité animale
(DCD) est une affection plus récente similaire à la dans l'élevage.
DG et reconnaissant en grande partie la même étio-
logie. Elle affecte les dindons dès l'âge de 7
semaines mais surtout en fin de production (16 à Symptômes & lésions
18 semaines d'âge).
Le premier signe est souvent une augmentation
Étiologie & épidémiologie importante et soudaine de la mortalité. Du fait que
les oiseaux affectés meurent très rapidement, il est
Les agents de la DG sont Clostridium septicum, C. parfois difficile d’observer des oiseaux malades
perfringens type A, C. sordellii (pour la DCD), vivants. De tels oiseaux sont fébriles et sévèrement
déprimés, souvent au point d'apparaître somno-
Staphylococcus aureus et probablement lents ou sans réaction. Les oiseaux stimulés pour
Escherichia coli. Ces agents sont généralement se déplacer présentent une boiterie, une faiblesse et
trouvés sur la peau, dans les intestins et dans l'en- une incoordination. La lésion caractéristique est
vironnement des oiseaux normaux, donc l'affection une zone cutanée œdématiée, épaissie, molle, suin-
n'est pas contagieuse per se et d'autres facteurs tante, de couleur violet-rougeâtre sombre et qui
sont impliqués dans la prédisposition et le déclen- crépite fréquemment quand on appuie doucement
chement de la maladie. Dans la plupart des cas, sur cette peau emphysémateuse contenant des
trois facteurs principaux interviennent en interac- bulles de gaz. Les couches cutanées superficielles
tion: une immunosuppression, des griffures ou des vont s’enlever facilement, laissant place à une
blessures de la peau et la présence d’un nombre surface lisse, humide et brillante. Les plumes
suffisant des bactéries en cause. Bien que plus fré- peuvent être absentes dans la zone atteinte sinon
quente chez les poulets de chair âgés de 28 jours il est facile de les enlever. Quand la peau affectée
jusqu’à l’âge d’abattage, la maladie peut être aussi est enlevée, on observe souvent un liquide gélati-
observée chez les pondeuses, les reproducteurs, les neux jaunâtre à rougeâtre, contenant parfois des
dindons chair ou les élevages de dindes reproduc- bulles de gaz (emphysème sous-cutané). Les
teurs. La morbidité et la mortalité peuvent être éle- muscles sous-jacents peuvent présenter un aspect
vées. Les dindons affectés sont généralement âgés cuit grisâtre ou brunâtre ainsi que de nombreuses
de plus de 12 semaines mais cette prédisposition pétéchies hémorragiques, un liquide et du gaz
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Fig.51.34: Entérite ulcéreuse. La rate Fig.51.35: Entérite ulcéreuse. Fréquem- Fig.51.36: Entérite ulcéreuse. Dans
Section III

peut être hypertrophiée, hémorragique. ment, une péritonite localisée est observée certains cas, des lésions hémorra-
Elle présente parfois des zones de en raison de l’inflammation des parois adja- giques d’intensité variable peuvent être
nécrose. centes. observées sur la muqueuse du gésier.

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HL Shivaprasad

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Fig.51.37 & 51.38: Dermatite gangreneuse (Poulet). Nécrose de Fig.51.39 et 51.40: Dermatite gangreneuse (Poulet). Les
différentes parties cutanées et cellulite sévère du tissu sous- lésions cutanées sont localisées à la tête, au cou et au niveau
cutané, avec perte des plumes dans les zones affectées. du bréchet mais concernent aussi le dos et les ailes. Ces
lésions cutanées sont souvent crépitantes.

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HL Shivaprasad
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Fig.51.41 et 51.42: Dermatite gangreneuse (Dindon). Nécrose et hémorragies cutanées au Fig.51.43: Dermatite gangre-
niveau de la tête. La peau des ailes présente une coloration bleu verdâtre. neuse (Poulet). Sous la peau
affectée, on observe des lésions
œdémateuses, hémorragiques
avec ou sans gaz (emphysème).

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entre les faisceaux musculaires. Les oiseaux qui L'état de la litière est également important pour son
meurent de DG ou de DCD semblent se décompo- action sur l'agent pathogène (pH normal et non un
ser rapidement et il importe de ne pas confondre pH alcalin favorisant la production de spores; fai-
ces affections avec une décomposition post-mor- ble taux d'humidité car les spores survivent plus
tem. Chez les dindons, on observe souvent l'accu- longtemps dans des conditions humides).
mulation d'une substance gélatineuse le long des L’addition de sels ou d’acides, comme le bisulfite
cuisses et du bréchet alors que la peau n'apparaît de sodium, à la litière a été préconisée. Les taux
jamais affectée. Les oiseaux morts peuvent être d'application recommandés sont de 25 kg par
aussi trouvés avec des «queues crépitantes» 100m2 pour le sel, de 33 kg/m2 pour le sulfate de
(bubbly tails) du fait d'un emphysème sous-cutané sodium (sel de Glauber) et de 25 kg par 100 m2
et de la présence de cloques au niveau des folli- pour le bisulfite de sodium. L'augmentation de la
cules des plumes cassées de la queue. durée du vide sanitaire entre les bandes d’oiseaux
réduira le risque lié aux agents pathogènes inter-
Diagnostic currents. Enfin, l’élimination de la litière doit per-
mettre de supprimer un grand nombre de spores de
Le diagnostic est assez facile à partir des lésions clostridies. Avant de démarrer un nouveau trou-
observées. Il est cependant important d'identifier et peau, le lavage avec un détergent et la désinfection
de reconnaître les facteurs associés à la maladie du bâtiment sera bénéfique. On connaît certains
(causes de l’immunosupression, des griffures et désinfectants sporicides (glutaraldéhyde, acide

Chapitre 51
des défauts d'hygiène). Le diagnostic différentiel peracétique, composés oxyhalogénés). Il peut être
concerne les dermatites mycosiques, la dermatite utile aussi d'inoculer une litière propre avec des
de contact liée à une litière humide et la photosen- préparations commerciales de cultures de litière,
sibilisation. comme les cultures de Lactobacillus spp. qui
seront compétitifs avec les clostridies.
Traitement & contrôle
Des expériences récentes sur le terrain aux États-
La dermatite gangreneuse répond habituellement de Unis suggèrent que les troupeaux de poulets de
façon radicale à une antibiothérapie administrée dans chair où les vaccins anticoccidiens ont été utilisés
l’eau de boisson ou dans l’aliment (tétracyclines, éry- pour contrôler la coccidiose (par opposition aux
programmes d'apport de médicaments coccidiosta-
thromycine, pénicilline ou lincomycine). Les tiques), et qui seraient plus sensibles à l'EN, sem-
mesures de prophylaxie impliquent le contrôle des blent être très réfractaires à la DG. Bien que ceci
facteurs prédisposants et des agents pathogènes. Une semble moins cohérent, les troupeaux recevant des
évaluation prudente de ces facteurs doit être réalisée, coccidiostatiques chimiques ou traitement selon un
qu’il s’agisse des maladies immunodépressives (véri- programme «navette» associant un ionophore au
fier le statut immunitaire du troupeau et le pro- démarrage puis un produit chimique semblent éga-
gramme de vaccination contre la maladie de lement moins sensibles à la DG que ceux recevant
Gumboro chez les poulets et l'entérite hémorragique un ionophore directement ou un programme
chez les dindons ou encore d'autres agents patho- «navette» associant un produit chimique au démar-
gènes selon les régions géographiques concernées), rage puis un ionophore.
d’un plumage médiocre, de carences nutritionnelles,
d’une augmentation de la fragilité de la peau, d’une BOTULISME (voir aussi Chap.II.52)
nervosité, d’un cannibalisme, des griffures et des
blessures ou encore d’une densité animale excessive, Le botulisme est causé par l'exotoxine de
d’une augmentation du risque microbien (saleté) et Clostridium botulinum, provoquant une paralysie
des fautes de gestion ayant pu contribuer à l’appari- progressive. On l’appelle aussi la maladie du cou
tion de la maladie. D’autres stratégies concernent flexible (limberneck).
l’apport d’antibiotiques utilisés en tant que facteurs
de croissance dont on connaît l’efficacité contre les Étiologie & épidémiologie
clostridies (bacitracine, lincomycine, tylosine ou vir-
giniamycine). Un apport accru de zinc, de vitamine E Clostridium botulinum est un germe Gram positif,
et de sélénium, dans l’aliment ou l’eau de boisson, anaérobie et pouvant sporuler. La plupart des cas
permet aussi d’améliorer l'intégrité de la peau et les observés chez les oiseaux sont dus au type C, bien que
réponses immunitaires. La collecte des oiseaux morts d'autres types aient été rapportés (A, C, D et E). C.
et leur élimination sont essentielles. Quand la maladie botulinum type C produit la neurotoxine C1 et l'enté-
apparaît, les oiseaux morts doivent être prélevés au rotoxine C2. L'apparition des bactéries puis de leurs
moins deux fois par jour. Il est aussi primordial de lut- spores est favorisée par une chaleur humide. L'agent
ter contre les parasites car les insectes et leurs larves pathogène est généralement retrouvé dans le tractus
sont des vecteurs connus de clostridies. gastro-intestinal des oiseaux sauvages et domestiques.

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Fig.51.44: Dermatite gangreneuse (Poulet). Fig.51.45: Dermatite gangreneuse Fig.51.46: Dermatite gangreneuse
Dans la plupart des cas, seules les zones (Poulet). Cette coloration de Gram permet (Poulet). Les lésions microscopiques
Section III

cutanées sont affectées. Plus rarement, on d’observer un grand nombre de sont caractérisées par un œdème,
peut observer un foie emphysémateux (cette Clostridium perfringens. un emphysème, une hyperhémie,
figure) ou nécrotique. des hémorragies et une nécrose.
B Robineau

LDA 22
Fig.51.47 & 51.48: Botulisme. On observe une paralysie flasque de pattes, des ailes, du cou et des paupières. La parésie pro-
gresse rapidement vers la paralysie. La tête des oiseaux est tombante et parfois l’animal utilise son bec comme support sur le sol
ou il reste paralysé avec le cou étendu.

S Maeder - LDA 22
LDA 22

Fig.51.49: Botulisme. Paralysie flasque des pattes, des ailes, du Fig.51.50: Botulisme (Dindon). Les contusions cutanées de couleur
cou et des paupières. rougeâtre sont la conséquence d’un picage ou d’un traumatisme
causé par les autres oiseaux marchant sur les oiseaux paralysés.

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Le botulisme peut être causé par l'ingestion de la toxine Traitement & contrôle
préformée. Puisque l’agent pathogène est aussi retrouvé
dans l’intestin des oiseaux, il peut proliférer dans les Les oiseaux de valeur peuvent être traités avec un anti-
oiseaux morts. Le cannibalisme des autres oiseaux ingé- sérum, des laxatifs (pour éliminer la toxine résiduelle),
rant ces carcasses ou mangeant les asticots présents sur des antibiotiques et un traitement de soutien (liquides et
celles-ci peuvent provoquer une intoxination. De petits aliments). Des volailles peuvent être traitées avec du
crustacés et des larves d'insectes dans les lacs ou les sélénite de sodium, des vitamines liposolubles (A, D et
étangs peuvent aussi contenir C. botulinum. Si ces bac- E) et des antibiotiques efficaces contre les clostridies
téries sont tuées en masse par des événements comme (bacitracine, streptomycine, tétracyclines, pénicilline,
une invasion d’algues ou une privation d'oxygène, la lincomycine, tylosine).
toxine botulique est produite en quantité et les oiseaux
sont empoisonnés en mangeant les crustacés et les Les troupeaux peuvent aussi recevoir un laxatif tel que
larves mortes. La toxine peut être aussi produite dans la le sulfate de magnésium (sel d’Epsom) dans une pâtée
végétation pourrissante le long des littoraux. Dans de humide (0,5 kg pour 75-100 oiseaux) ou dans l'eau. Une
nombreux cas, particulièrement chez les poulets de acidification de l'eau est aussi recommandée. L’acide
chair, aucune source de toxine préformée n'est évidente. citrique (1,5 kg par 1 500 l d'eau de boisson) présentera
On considère que ces cas résultent d’une «toxico-infec- l’avantage d’acidifier l’eau et de chêlater le fer.
tion», dans laquelle le C. botulinum résidant dans l’in-
testin prolifère et élabore la toxine in situ, à la suite La prophylaxie implique d’éviter l'accès à la toxine. Un

Chapitre 51
d’une lésion de l’intestin reconnaissant une autre ori- bon système sanitaire, l’enlèvement fréquent des
gine. Un apport de fer excessif dans l'alimentation ou oiseaux morts, le contrôle des insectes et l’interdiction
l'eau de boisson a été soupçonné d’être un facteur favo- d’accès aux eaux peu profondes ou stagnantes sont des
risant dans un cas. mesures importantes. Dans les élevages fermés, l’enlè-
vement de la litière et des saletés, la désinfection, l’ap-
Dans les élevages infectés, la litière et les fientes repré- port d’une litière propre et épaisse, l’acidification de la
sentent une source potentielle d'infection pour les autres litière, un traitement insecticide et une antibiothérapie
oiseaux domestiques et sauvages ainsi que les mammi- prophylactique des nouveaux troupeaux mis en place
fères. Ceci est bien connu dans les cas de botulisme après un épisode de boltulisme sont recommandés.
chez les bovins contaminés par des litières de volailles
répandues dans les pâtures ou données dans l’aliment. RÉFÉRENCES
La sensibilité des oiseaux à ces toxi-infections est varia-
ble. Par exemple, les vautours sont résistants. Cervantes H. Managing Gangrenous Dermatitis.
Poultry Digest, 1999, 57: 20-24.
Symptômes & lésions Clark, S, Porter, R, et al. Clostridial Dermatitis and
Cellulitis: An Emerging Disease of Turkeys. Avian
Une paralysie flasque commence dans les pattes et pro- Dis, 2010, 54:788-794
gresse vers l’avant au niveau des ailes, du cou et des Dinef I. Diseases of Poultry. A colour Atlas. Ed.
paupières. Au début, les oiseaux apparaissent réticents CEVA Santé Animale 2007.
pour se déplacer et s’ils sont forcés de bouger, ils boi- Hutchinson TWS & Riddell C. A study of hepatic
tent et présentent une incoordination. Puis les ailes lesions in broiler chickens at processing plants in
deviennent pendantes, «le cou souple» devient évident Saskatchewan. Can Vet J, 1990, 31: 20-25.
et les paupières se ferment. De fins tremblements peu- Kaldhusdal M et al. Inclusion and avoparcin supple-
vent être notés, les plumes de cou semblent soulevées et mentation in broiler diets. 2. Clinical, pathological,
les plumes sont facilement enlevées chez les poulets. La and bacteriological findings in a mild form of
mort survient par insuffisance respiratoire et cardiaque. necrotic enteritis. Poult Sci, 1992, 71: 1145-1153.
Il n'y a aucune lésion macroscopique ou histologique, à Kaldhusdal M. & Jordan FTW. Clostridia. In
l’exception d’une déshydratation. Poultry diseases, Pattisson M et al Ed., Elsevier,
Edinburgh 2008, p 200-214.
Diagnostic Pecelunas KS et al. Botulism in chickens associated
with elevated iron levels. Avian Dis, 1999, 43: 783-787.
Le diagnostic de suspicion repose sur l’observation des Saif YM (ed.). Diseases of Poultry, 12th Edition,
symptômes et l’absence de lésions. La paralysie de la Blackwell Publishing, Iowa, IA, 2008, p. 865-889:
paupière est un symptôme clé différenciant le botulisme Barnes HJ. Clostridial diseases (p. 865-866), Wages
d'autres affections. Les premiers symptômes de la mala- DP. Ulcerative Enteritis (Quail Disease) (p. 867-
die (ou la forme modérée de celle-ci) devraient être dif- 871), Opengart K. Necrotic Enteritis (p. 872-879),
férenciés de la maladie de Marek, d’une intoxication par Dohms JE. Botulism (p.879-885), Opengart K.
des ionophores ou du saturnisme. Gangrenous Dermatitis (p. 885-889).

Manuel de pathologie aviaire

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