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NOVATION

SOCIALE

Le rapport
innovation
sociale du

2012 | 2013
2
NOVATION
SOCIALE

3
4
Sommaire
 

Préambule
« L’innovation sociale par la preuve », par Jean-Marc Borello p.9
Liste des participants à la démarche et fonctions p.10
Remerciements à nos partenaires p.13

 0 années d’innovation au GROUPE SOS


3
 L’innovation à tous les étages : modes d’organisation et principes d’action  p.16
 Exemples de dispositifs innovants initiés par le GROUPE SOS depuis 1984 p.18

La méthodologie NOVATION SOCIALE


Processus NOVATION SOCIALE p.28
Principes d’action p.30
Chantier n°1 : observatoire p.31
Chantier n°2 : LABORATOIRE p.32
Chantier n°3 : FAIRE SAVOIR p.33

 es dispositifs innovants issus de la première


L
campagne NOVATION SOCIALE
Les ACT Enfants malades : conclusions du groupe de travail n°6 p.40
Le CEF « ouvert » : conclusions du groupe de travail n°4 p.54
Salles de consommation à moindres risques : le modèle SOS p.63
Crèche Multi-Accueil LEA p.90

L’évaluation : faire mieux avec moins en temps de crise


Pourquoi évaluer, comment évaluer ? p.102
 Présentation des études Mc Kinsey / GROUPE SOS p.104
Alimenter la logique d’évaluation, une méthodologie de suivi
ex-post transversale : conclusions du groupe de travail n°3 p.113

En conclusion
Place à l’expérimentation p.124
Groupes de travail 2013 / 2014 p.126

5
Préambule
«  L’innovation sociale par la preuve », par Jean-Marc Borello p.9
 iste des participants à la démarche et fonctions
L p.10
Remerciements à nos partenaires p.13

7
PRÉAMBULE

notre
vision de
l’innovation
Sociale
« L’innovation sociale consiste à élaborer ou
à dupliquer des réponses entrepreneuriales
à des besoins de la société mal satisfaits.
Elle résulte d’un processus de co-construction
en cela qu’elle mobilise différents acteurs,
se nourrit du croisement des disciplines, et
évacue toute idée de propriété intellectuelle
dans une logique de maximisation d’impact.»

8
L’INNOVATION SOCIALE PAR LA PREUVE

Cinq ans après son déclenchement, et alors Autre exemple : l’intermédiation locative, dispo-
que certains économistes prophétisaient un re- sitif permettant à une association de prendre
bond pour 2013, les conséquences sociales de la en location un appartement auprès d’un bailleur
crise économique n’ont sans doute jamais été privé et de le sous-louer à des personnes pré-
aussi importantes. Les inégalités se creusent de caires en attente de solutions de logements
plus en plus et les pouvoirs publics, historique- durables. Lui aussi a démontré son caractère
ment garants de la cohésion sociale mais dépour- innovant en proposant une alternative au pla-
vus face à l’ampleur des problématiques, se re- cement en hôtels, dont les conditions d’accueil
trouvent contraints par la situation budgétaire. ne sont évidemment pas satisfaisantes, et qui
Face à ce défi, charge à nous, opérateurs du social, trop souvent ne répondent pas aux normes de
d’interroger nos modèles pour sortir de la crise sécurités élémentaires. Mais ce dispositif qua-
par le haut. Charge à nous d’innover pour appor- litativement mieux calibré aux besoins génère
ter des réponses concrètes aux besoins sociétaux également une économie de 55 millions d’euros
non pourvus. Charge à nous de considérer le chaque année en comparaison de ces héberge-
contexte économique non comme un obstacle in- ments d’urgence en hôtels, dont le coût est exor-
franchissable, mais comme un défi à relever. bitant. Dépassons le tabou des chiffres : ces expé-
L’innovation sociale figure au code génétique riences ne peuvent que pousser à l’optimisme, et
du GROUPE SOS depuis sa création il y a bientôt méritent d’être multipliées.
trente ans. Si les problématiques appréhendées Les solutions innovantes existent donc bel et
à l’époque étaient infiniment complexes – et le bien. Elles présentent de plus l’avantage d’être
demeurent –, la marche à suivre pour y répondre « libres de droits ». Alors que l’innovation techno-
s’est imposée comme une évidence, laquelle gui- logique est protégée et brevetée, l’innovation so-
de encore aujourd’hui nos actions. Nous l’avons ciale ne demande qu’à être partagée et dupliquée.
maintes fois prouvé par le passé : il est possible Personne n’en est propriétaire, chacun peut se
de faire mieux avec moins de moyens, dès lors l’approprier, dans une logique de maximisation
que nous plaçons l’innovation au cœur de nos d’impact, ce dont le présent rapport témoigne.
réflexions. L’innovation sociale peut et doit devenir une
Les paroles n’engagent que ceux qui les pronon- évidence pour tous : opérateurs, financeurs,
cent, seuls les actes comptent. Nous y souscri- usagers. C’est la raison pour laquelle le GROUPE
vons pleinement et considérons que le discours SOS a décidé de lancer le programme NOVA-
de la preuve fait foi. Prenons pour exemple le TION SOCIALE. Cet outil d’intelligence collective
dispositif « lits halte soins santé » (LHSS) initié entend délivrer des propositions de réponses in-
par le GROUPE SOS. Ce dernier permet à un novantes aux problématiques « signaux faibles »,
millier de personnes sans domicile de bénéficier celles qu’on ne repère que sur le terrain, au
chaque année d’un hébergement d’urgence, cou- contact des publics. Il vise la professionnalisation
plé à des soins infirmiers. Dispositif particulière- et le développement des collaborations au sein
ment innovant en cela qu’il constitue une alterna- d’un secteur qui doit lui aussi changer de para-
tive mieux adaptée aux spécificités de ces publics digme dans son approche : oui nous sommes ca-
que l’hospitalisation, pour un coût inférieur à pables de faire mieux avec moins, et la clef réside
l’existant. Une étude conduite par le cabinet Mc dans notre capacité à nous unir pour innover au
Kinsey et développée dans ce rapport a relevé service des plus démunis.
que les quatre LHSS que compte le GROUPE SOS
permettent d’économiser dix millions d’euros par Jean-Marc Borello
an à la collectivité. Président du directoire du GROUPE SOS

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PRÉAMBULE

LISTE DES PARTICIPANTS AU PROGRAMME


NOVATION SOCIALE saison 1
A travers les 3 grands chantiers déployés par NOVATION SOCIALE, ce sont plus de 150 salariés
exerçant des métiers variés, issus de différentes zones géographiques et niveaux hiérarchiques, qui
ont été impliqués directement dans la démarche. Ce contingent fut complété par des personnalités
extérieures faisant référence sur les questions sociales ou issues de la communauté scientifique.

Les pilotes de processus de cette première campagne

• Badra Anglo, directrice CSAPA, PSA • Maxime Zennou, directeur général, IA


Processus « Femmes et addictions » Processus « Adolescents multirécidivistes »
• Bénédicte Aubert, directrice CHU, HS • Laurence Potte-Bonneville, DR HS IDF,
Processus « Evaluation ex-post » medico-social, Processus « Familles précai-
• Gaëlle Tellier, DR région Nord, GROUPE res, hébergement et pédiatrie »
SOS Processus « Santé mentale • Abdelka Boumansour, directeur général
et précarité » de PSA, Processus « Seniors et maintien
à domicile »

Parmi les six thématiques priorisées, trois (Santé mentale et précarité • Femmes et addictions
• Seniors et maintien à domicile) ont mis en place une démarche de sourcing de dispositifs sur
chacun des sujets, aboutissant à la conclusion qu’il existait des réponses satisfaisantes à partir
desquels une duplication pourrait être envisagée. Les synthèses des travaux des trois autres grou-
pes (Evaluation ex-post • Adolescents difficiles • ACT enfants malades), sont exposées dans le pré-
sent rapport. Ces synthèses sont complétés des travaux de Stéphanie Bosc-Marchetti (association
Crescendo, membre du GROUPE SOS), sur le dispositif « LEA : Les Enfants d’Abord » et de Maryse
Bellucci-Dricot (association PSA, membre du GROUPE SOS) sur les SCMR (salles de consommation
à moindre risque).

10
Participants aux groupes de travail

Seniors et maintien à domicile : Adolescents multi-récidivistes :


Groupe de travail n°1 Groupe de travail n°4
• Abdelka Boumansour, GROUPE SOS •M
 axime Zennou, GROUPE SOS
• Alexandre Guillemain, GROUPE SOS •C
 harles Sztulcman, GROUPE SOS
• Patricia Sacchi, GROUPE SOS •F
 atiha Ouachani, GROUPE SOS
• Loïc Rumeau, GROUPE SOS •S
 ylvain Cousseau, GROUPE SOS
• Christian Gratraud, GROUPE SOS • Jean-Luc Depeyris, GROUPE SOS
• Emmanuelle Aubert, GROUPE SOS •E
 lody Cocordan, GROUPE SOS
• Aude Messean, GROUPE SOS •M
 anuel Palacio (directeur PJJ*, conseiller
• Mélanie Charbonneau, GROUPE SOS du directeur de l’INHESJ**)
• Guy Sebbah, GROUPE SOS
Femmes et addictions :
Santé mentale et précarité : Groupe de travail n°5
Groupe de travail n°2 • Badra
 Anglo, GROUPE SOS
• Gaëlle Tellier, GROUPE SOS •S
 andra Louis, GROUPE SOS
• Marie-Laure de Severac, GROUPE SOS •L
 aurence Soubestre, GROUPE SOS
• Emmanuel Perret, GROUPE SOS •P
 ascal Fraichard, GROUPE SOS
• Anne-Myrtille Dubois, GROUPE SOS •Y
 sabelle Roux, association Charonne
• Marie-Anne Bergeon, GROUPE SOS •C
 hantal Nouet, GROUPE SOS
• Véronique Favre GROUPE SOS •C
 arola Arends, Hôpital Maison Blanche
• Sandra Louis, GROUPE SOS
Familles précaires, hébergement et
Méthodologie de suivi ex-post : pédiatrie : Groupe de travail n°6
Groupe de travail n°3 •L
 aurence Potte-Bonneville, GROUPE SOS
• Bénédicte Aubert, GROUPE SOS •S
 onia Gosselin, GROUPE SOS
• Heger Derrough, GROUPE SOS •C
 atherine Mazin, APHP
• Laurence Malaganne, GROUPE SOS •N
 athalie Herel, GROUPE SOS
• Nathalie Erhel, GROUPE SOS •A
 lain Grevot, GROUPE SOS
• Martine Debrabant, GROUPE SOS •A
 nnie CARRON, cadre hospitalier APHP
• Sylvain Cousseau, GROUPE SOS •G
 hislaine Bonniau, responsable du service
social de l’hôpital Robert Debré
• Emmanuel Perret, GROUPE SOS
•H
 élène Decroix, médecin responsable du
• Véronique Gérard, GROUPE SOS bureau protection maternelle/périnatalité,
CG 93

* PJJ : Protection judiciaire de la Jeunesse.


** INHESJ : l’Institut National des Hautes Études de la Sécurité et de la Justice.

11
PRÉAMBULE

Participants à l’enquête CSAPA Intermède : Jocelyne Goyaud/


Gilles Foucaud
ACT13 : Anne-Françoise Basquin
CSAPA POINT MARSEILLE : Marie-Claude
ACT Bordeaux : Corinne Strousser-Dameme Moreau
ACT Carcassonne : Gilles Laffon Foyer de vie « Les Guérins » : Léon Lagaay
ACT Clermont-Ferrand : Juliette Pénet Hôpital Jean Jaurès : Thibaut Tenailleau
ACT Guyane : Julie-Anne Mellard La Corniche : Myriem Maicha
ACT IDF : Laurence Potte-Bonneville Le Mouteau : Kheira Chaouch
ACT NICE : Myriam Barni LHSS 13 : Nathalie Honorat
ACT Perpignan : Gilles Laffon LHSS Maubeuge, LHSS Les Voisins :
ACT Vaucluse : Claude Jordan Laurence Potte-Bonneville

Arobase : Jean-Luc Depeyris LHSS Nice : Myriam Barni

Association Adejo : Jean-Yves Yacono Lou Cantou : Nicolas Spiegel

Association Arcat : Anne Guérin Mas Saint-Gilles : Nicolas Spiegel

Association Crescendo : Céline Legrain Mas Thibert : Emilie Marical

Association PPM : Marie-Aimée Menuet MR 13 LA BASTIDE : Anne-Françoise Basquin

Association Reconnect : Gabrielle Ficher Pôle hébergement Oise : Jérôme Saez

AVAPT : Claude Jordan Pôle social GROUPE SOS :


Emmanuelle Charbit
CAARUD Alpes-Maritimes : Caroline Pruvost
SAFE Nancy : Andrée Frédéric
CAARUD AXESS : Jean-Christophe Dubois
SAVS IRIS : Muriel Boulicaut
CAARUD Kaleidoscope : Rachel Guichard
Sleep in Marseille : Jean-Christophe Catusse
CAARUD Yucca : Maldji Fawzi
Sleep In Paris : V.Roset
Centre Gambetta : Hugues Berton
Service d’Accueil et d’Autonomisation :
CHRS Hotel social du Marais : Gilles Renaud Patrick Tite
CSAPA 75 : Maryse Bellucci-Dricot Service d’orientation spécialisé :
Dominique Saint-Marc
CSAPA Alpes-Maritimes : Caroline Pruvost
Service de placement familial : JC.Louemba
CSAPA Camargue : Dominique Salgas
Service SISAE Oise : Alain Grevot
CSAPA Casanova MARSEILLE :
Karen Smail, Pascal Fraichard SESSAD IRIS : Muriel Boulicaut
CSAPA Entracte : Vincent TérolCSAPA SSIAD IDF : C.Gaucherand
Guyane : Lionel Bourderioux

12
remerciements à nos Partenaires
Le GROUPE SOS tient à remercier les partenaires qui ont cru à ce projet et ont permis sa mise en
œuvre : la Direction générale de la cohésion sociale (DGCS), la Fondation Macif, le Fond social euro-
péen (FSE), DDB share, HEC Majeure management alter, Mc Kinsey & Co et l’ensemble des opéra-
teurs du social ayant participé bénévolement à nos réflexions.

FSE : Le Fonds Social Européen est le principal dispositif européen de soutien à


l’emploi: il intervient pour aider les personnes à trouver des emplois de meilleure
qualité et pour offrir des perspectives professionnelles plus équitables à tous les
citoyens de l’UE. Pour développer une offre d’insertion de qualité il est nécessaire
de coordonner et structurer le développement et l’animation des réseaux liés à
la création d’activités, à l’innovation et à l’expérimentation. A ce titre, le FSE est
mobilisé pour cofinancer des projets qui – comme NOVATION SOCIALE - contri-
buent à professionnaliser les porteurs de projets associatifs, et participent ainsi
au développement et à la consolidation de leurs emplois.

DGCS : La Direction générale de la cohésion sociale est la direction d’administra-


tion centrale des ministères sociaux qui est chargée de la conception, du pilotage
et de l’évaluation des politiques publiques de solidarité, de développement social
MINISTÈRE
et de promotion de l’égalité favorisant la cohésion sociale. L’innovation est un
des axes forts de sa politique et c’est fort logiquement qu’elle apporte son sou-
DES AFFAIRES SOCIALES
ET DE LA SANTÉ

tien au programme NOVATION SOCIALE.

Fondation Macif : Après 15 ans de soutien aux entreprises de l’économie sociale


et solidaire, la Fondation Macif a souhaité entrer dans une nouvelle phase de
développement en accentuant son implication dans les projets liés à l’innovation
sociale. Pour la Fondation, il s’agit d’un levier essentiel pour identifier des répon-
ses nouvelles aux grands enjeux sociétaux, et ce tout particulièrement dans le
contexte de crise actuel. Le soutien au projet NOVATION SOCIALE s’intègre tout
naturellement dans cette stratégie.

DDB share : A travers le fonds de dotation DDB Share, le groupe de communica-


tion DDB France accompagne au titre du mécénat de compétences plusieurs en-
trepreneurs sociaux, dont le GROUPE SOS, sur des enjeux stratégiques de com-
munication. Le programme NOVATION SOCIALE, et particulièrement le chantier
N°3 « Diffusion des résultats/communication », bénéficie de l’expertise du réseau
d’agences du Groupe DDB.

HEC Paris - Majeure Management Alter : HEC Paris a montré son attachement
aux questions d’entrepreneuriat social en lancant en 2006 sa majeure Manage-
ment alter. Douze étudiants ont participé au chantier N°1 « Recueil et analyse
des besoins sociaux » en réalisant 80 entretiens dans le cadre d’un projet scolaire
« Décloisonnement et transversalité ».

MC Kinsey & Company : Mc Kinsey & Company est impliqué dans le soutien à l’en-
trepreneuriat social aux côtés du réseau Ashoka. Dans le cadre du programme
NOVATION SOCIALE, deux consultants ont été mobilisés au titre du mécénat de
compétences pour réaliser une étude « coûts évités » au profit des dispositifs
d’IML et de LHSS du GROUPE SOS.

13
30 années
d’innovation
au GROUPE SOS
L’innovation à tous les étages : modes d’organisation
et principes d’action  p.16
Exemples de dispositifs innovants initiés par le GROUPE SOS depuis 1984 p.18

15
30 ANNÉES D’INNOVATION AU GROUPE SOS

L’innovation à tous les étages :


Modes d’organisation ET principes d’action
Le GROUPE SOS incarne un nouveau modèle d’organisation non lucrative qui cherche à allier
excellence économique et création de valeur sociale et environnementale. Depuis près de 30 ans,
nous accompagnons les personnes en situation d’exclusion vers l’autonomie, avec pour idée fixe de
donner ou redonner à chacun une dignité et une place dans la société.
Ces années d’expérience, alliées à une approche transversale des problématiques d’exclusion, ont
forgé un savoir faire unique. Le GROUPE SOS a appris à adapter ses dispositifs et à en imaginer de
nouveaux à mesure que les besoins de notre société évoluaient. Cette culture de l’innovation, nous
souhaitons aujourd’hui la partager pour avancer vers une société plus solidaire.

Le GROUPE SOS porte les valeurs


de l’innovation sur trois niveaux

Les Sleep In L es plateformes


Proposer un “Bouger vers l’emploi”
hébergement d’urgence Permettre aux

1
médicalisé aux personnes personnes de retrouver
en situation d’addiction la mobilité indispensable
à l’exercice d’une activité
professionnelle

Notre faculté
à imaginer
de nouveaux dispositifs
pour répondre
aux nouveaux
besoins sociaux

 Les lits halte Les services d’accueil de jour


soins santé (LHSS)  éducatif (SAJE)
Faciliter l’accès aux Accueillir, écouter et orienter
soins aux personnes les enfants en difficultés
en situation de grande pour les réinsérer dans leur
précarité environnement (familial,
scolaire, social…)

16
L’efficacité économique au
service de l’intérêt général

3
 ssociations centrées
A
sur leurs coeurs de
métier grâce à l’apport
des fonctions supports
du GIE (juridique,
finances, comptabilité,
communication…)
Les valeurs
et principes d’actions

2
qui guident nos activités
et préfigurent
Les la société
spécificités de demain
de notre
organisation 
Fécondité
sociale
Laïcité et
indépendance
Approche holistique
de la lutte contre l’exclusion
permettant synergies
et échanges
de bonnes pratiques
entre associations

17
30 ANNÉES D’INNOVATION AU GROUPE SOS

Exemples de dispositifs innovants initiés par le GROUPE SOS


Associations / Entreprises Dispositif Innovation

Ouverture de l’hôpital
sur la ville

Hôpital
Jean Jaurès
Création de l’unité de soins
de suite hématologiques
(30 lits)

SSIAD
Habitat et Soins de Paris
Projet social du SSIAD

LHSS Création des LHSS

ACT Création des ACT

18
depuis 1984
Concept

L’hôpital a été conçu comme un espace résolument ouvert sur ville. Il est ainsi doté d’un SSIAD
(service de soins infirmiers à domicile), d’une crèche (60 places) et d’une maison médicale
(uniquement ouverte le soir et le week-end, elle a pour but de « soulager » le service des
urgences).

Les hôpitaux parisiens disposent uniquement de services de soins hématologiques aigus.


Les patients en convalescence sont donc contraints de rester dans un service dédié aux soins
aigus alors qu’ils nécessitent uniquement des soins de suite. Afin de combler ce déséquilibre,
l’hôpital Jean Jaurès a créé la première unité de soins de suite hématologiques à Paris.
Un partenariat avec l’hôpital Saint-Louis (1er pôle hématologique d’Europe) facilite le transfert
des patients en convalescence de Saint-Louis à Jaurès.

La plupart des SSIAD interviennent au domicile des particuliers et ne se rendent jamais dans les
CHRS, CHU, etc. Par convention, le SSIAD Habitat et Soins intervient majoritairement dans des
logements gérés par Adoma (société contrôlée par l’Etat qui construit des logements sociaux,
anciennement Sonacotra) : CHU, CHRS, résidences sociales, foyer de jeunes travailleurs, CADA.

Afin de permettre aux personnes sans domicile fixe de bénéficier de l’équivalent de soins
à domicile, Habitat et Soins a créé les « lits halte soins santé ». Ouverts 24h/24, 365 jours par
an, les LHSS proposent un hébergement d’urgence et des soins infirmiers aux personnes sans
résidence stable dont l’état de santé ne nécessite pas une hospitalisation, mais justifie un
temps de repos ou de convalescence.

Les appartements de coordination thérapeutique s’adressent à des personnes touchées par


une pathologie chronique invalidante (sida, hépatite, cancer, sclérose en plaque, etc.), qui n’ont
pas les moyens d’assumer un logement. Durant leur hébergement (6 à 18 mois), ces personnes
bénéficient d’un accompagnement médical (observance aux traitements, accès aux soins, etc.)
et social (ouverture des droits sociaux et soutien à l’insertion socioprofessionnelle).

19
30 ANNÉES D’INNOVATION AU GROUPE SOS

Exemples de dispositifs innovants initiés par le GROUPE SOS


Associations / Entreprises Dispositif Innovation

Habitat et Soins est pionnière


Intermédiation
dans la mise en place
Locative
de ce dispositif étatique

Création du premier centre


d’hébergement d’urgence
CHRS
Habitat et Soins pour familles à Paris
(le centre Fromentin à Paris 9e)

La complémentarité des
Général dispositifs
de SOS Habitats et Soins

Création d’un établissement


réservé aux mineurs et jeunes
CSST
majeurs (CSST résidentiel en
hébergement collectif)

PSA
Création des CSST
CSST communautaires
(communautés thérapeutiques)

20
depuis 1984 (suite)
Concept

L’intermédiation locative permet à Habitat et Soins de louer des logements auprès de


propriétaires privés pour ensuite les sous-louer à des ménages hébergés jusque-là dans
des hôtels ou des centres d’hébergement. Concrètement, le bailleur confie son logement
à Habitat et Soins qui lui garantit le paiement du loyer et des charges, la prise en charge des
petites réparations locatives et la remise en l’état initial du bien à l’issue du bail. L’Etat prend
à sa charge l’intervention de l’opérateur ainsi que le différentiel entre le loyer du marché
et la redevance acquittée par le ménage en fonction de ses ressources.

Rare structure permettant l’accueil de familles nombreuses dans un même lieu.

Habitat et Soins est la seule association en France qui rassemble une telle variété de dispositifs
sociaux, médico-sociaux et sanitaires. La complémentarité de ses prestations permet une
continuité dans la prise en charge de l’usager quelque soit sa problématiques originelle.
Par exemple, une personne en situation de précarité sociale sortant d’hospitalisation peut être
accueillie dans un LHSS. Sa démarche d’insertion et de continuité des soins va permettre une
prise en charge en appartement de coordination thérapeutique. L’autonomie acquise quant
à l’observance des traitements va permettre un accueil dans un logement transitoire en vue
d’un relogement définitif.

Ces établissements (centres de soins spécifiques pour toxicomanes) permettent


d’expérimenter en milieu protégé la capacité à vivre sans produits. Le GROUPE SOS a crée un
établissement réservé aux mineurs et jeunes majeurs dans lequel la durée des séjours est
en moyenne de cinq mois, à l’issu desquels ils forment un projet d’orientation (formation ou
métier) « La Corniche », à Marseille. Cette formule permet de les isoler des consommateurs
« expérimentés ».

Ces centres accueillent des toxicomanes sevrés ou sous traitement de substitution pour une
période longue : un an renouvelable. Elle concerne des personnes pour lesquelles la drogue
a entraîné une si grande désocialisation que même le cercle des proches est détruit. Dans
un endroit retiré et protégé de la consommation de drogue, chacun trouve une place et des
responsabilités dans la communauté, réapprend à tisser du lien social à travers des activités
de travail et de loisir et des réunions, et élabore progressivement son projet de vie.

21
30 ANNÉES D’INNOVATION AU GROUPE SOS

Exemples de dispositifs innovants initiés par le GROUPE SOS


Associations / Entreprises Dispositif Innovation

PSA Sleep’In Création des Sleep’In

Méthode d’évaluation
Comptoir de CDI financière et extra
l’innovation Ratings financière pour les
entreprises sociales

Création des SAFE


JCLT SAFE (service d’accompagnement
familial et éducatif)

Positionnement
Té, Général
haut de gamme
L’Usine,
Alternacom,
Altermundi, Unique agence de
Alternacom communication agréée
Presscode
entreprise d’insertion

22
depuis 1984 (suite)
Concept

Ces structures couplent consultation médico-sociale et hébergement de nuit ponctuel


(avec repas, sanitaire…) contre une participation de 1,50 €. Le but est d’offrir aux toxicomanes
un univers cadrant, le temps d’une nuit, pour qu’ils s’interrogent sur leur consommation.
Une équipe présente en permanence initie le dialogue et les incite à s’inscrire dans une
démarche de soins. Pour limiter les risques sanitaires liés à leur situation de consommation,
les usagers ont par ailleurs à disposition des préservatifs et des kits seringue.

L’évaluation étant un pré-requis nécessaire à tout investissement, le Comptoir de l’Innovation


s’est doté d’une méthode d’évaluation financière et extra-financière. Une entreprise sociale
répond à un objectif de double rendement : la rentabilité financière et la concrétisation d’un
impact social doivent conjointement être atteintes et donc toutes deux évaluées. CDI Ratings a
été conçu dans le but de faciliter l’intermédiation entre le secteur financier et l’entrepreneuriat
social, en permettant une analyse adaptée, puis une lecture simple des performances de
l’entreprise sociale. Des critères financiers et extra-financiers mesurables ont été sélectionnés
en fonction de chaque type de structure (entreprise, association, mutuelle…) et en fonction de
chaque secteur de l’entrepreneuriat social (insertion, médico-social, commerce équitable...).
L’analyse des critères aboutit à l’attribution d’une notation financière et extra-financière,
comparables, lisibles par tous, et particulièrement par les investisseurs, allant de AAA à D, sur
le modèle des grandes agences de notation financière.

Le GROUPE SOS assure différents niveaux de réponses qui vont de l’action au domicile de
l’enfant (accompagnement psychologique de l’enfant, soutien à l’exercice de la fonction
parentale, etc.) au placement familial en passant par l’hébergement en maison d’enfant.
Notre expérience nous a notamment conduit à créer un nouveau dispositif (l’accueil de jour),
lorsque l’action au domicile n’est pas suffisante et que le placement n’est pas souhaitable.
Avec une intervention plus longue et plus soutenue que l’action éducative au domicile, l’accueil
de jour offre une véritable alternative au placement car les enfants restent à leur domicile.

Le GROUPE SOS a innové en créant des entreprises sur des métiers haut de gamme,
encore peu explorés dans le domaine de l’insertion (traiteur bio et équitable, métiers de la
communication, etc.). Proposer des métiers valorisants permet de motiver les salariés et
les encourage à « viser haut ». Servir des clients prestigieux ou vendre des produits issus du
commerce équitable à une clientèle exigeante est un moteur : plus le niveau d’exigence est
élevé et plus il est structurant.

23
30 ANNÉES D’INNOVATION AU GROUPE SOS

Exemples de dispositifs innovants initiés par le GROUPE SOS


Associations / Entreprises Dispositif Innovation

Parrains par mille Parrainage Parrainage de proximité

Désenclavement numérique,
Les médias démocratisation de l’accès
Raje à l’information via la Radio
du GROUPE SOS
Numérique Terrestre (RNT)

24
depuis 1984 (suite)
Concept

Afin de soutenir les enfants et adolescents présentant des signes de fragilité, le GROUPE SOS
a développé un dispositif simple et innovant : le parrainage de proximité. Des parrains
et marraines bénévoles s’engagent, dans la durée, à donner de leur temps à un enfant isolé
près de chez eux pour lui apporter un soutien affectif et éducatif.

Un tiers des Français reçoit moins d’une dizaine de services de radio en bande FM. Face à ce
constat, le nouveau mode de diffusion que constitue la RNT permet d’accroître les bassins de
diffusion et d’augmenter le nombre de fréquences pour permettre au plus grand nombre de
français d’avoir accès à une offre radiophonique complète et de qualité. Le réseau de radios
associatives Raje a joué un rôle de pionnier dans le déploiement de la RNT en portant en 2012
une expérimentation grandeur nature à Marseille. A noter que la diffusion RNT permet de
réduire de plus de 60 % la consommation électrique par rapport à la diffusion FM.

25
La méthodologie
NOVATION SOCIALE
 rocessus NOVATION SOCIALE
P p.28
 rincipes d’action
P p.30
Chantier n°1 : OBSERVATOIRE p.31
Chantier n°2 : LABORATOIRE p.32
Chantier n°3 : FAIRE SAVOIR p.33

27
LA MÉTHODOLOGIE NOVATION SOCIALE

Processus novation sociale


(reconduction tous les 18 mois)

28
29
LA MÉTHODOLOGIE NOVATION SOCIALE

Principes d’actions
Le programme NOVATION SOCIALE repose sur plusieurs principes forts, quatre boussoles qui
devraient selon nous précéder toute démarche de Recherche et Développement social :

Une logique transversale


C’est du croisement des approches
que naît l’innovation. Le programme
NOVATION SOCIALE entend faciliter
les échanges entre professionnels sur
différents secteurs d’intervention, au
Une approche empirique
sein du GROUPE SOS
repartant des besoins sociaux
et en dehors, par l’organisation de
réels, tels qu’identifiés sur le
groupes de travail pluridisciplinaires.
« terrain » au sein même des
établissements du GROUPE SOS.

Intégrer la dimension
économique
Pour être viable, finançable à long
terme, une innovation doit faire la
démonstration qu’elle est génératrice
Une démarche « open source » d’économies pour la collectivité.
Dans une logique de maximisation de l’impact, Cette logique pragmatique a précédé
il apparaît essentiel de laisser les différentes l’ensemble des réflexions relatives au
parties prenantes (monde associatif, pouvoirs programme.
publics, partenaires du projet…) s’approprier
la démarche, les résultats, et contribuer à leur
diffusion. Ce programme ouvre ainsi les portes
de ses groupes de travail aux contributeurs
extérieurs, et prévoit une importante campagne
d’information autour de ce rapport, sur une
cible de dirigeants associatifs et de décideurs
publics.

30
Chantier N°1 : observatoire
recueil et analyse des besoins sociaux

Par leur expertise des questions sociales au sens large et la variété des champs d’intervention, les
300 établissements du GROUPE SOS représentent un champ d’investigation du besoin social sans
équivalent. Pour ce premier volet du dispositif NOVATION SOCIALE, nous avons ainsi opté pour une
enquête interne à l’ensemble des établissements et services déployés par le GROUPE SOS. La mé-
thode retenue a été celle de l’enquête qualitative qui nous permettait de qualifier et d’étayer les
besoins sociaux repérés, et autorisait le recueil d’éléments de propositions sur des dispositifs com-
plexes. Pour mieux évaluer quantitativement les besoins, cette enquête qualitative a été complétée
par un travail de recueil de données auprès d’observatoires spécialisés.

ENTRETIENS INNOVATION FICHES INNOVATION


Avec le soutien de la majeure Management al- Un référentiel innovation a été intégré à la
ter de HEC, 80 entretiens individuels ont été démarche qualité du GROUPE SOS, avec créa-
réalisés par six binômes d’étudiants. Spécialité, tion d’un outil spécifique de recueil d’informa-
niveau hiérarchique, implantation géographi- tion : les « fiches innovation ». Ces fiches ont
que : les profils des salariés interrogés étaient été diffusées auprès de l’ensemble des éta-
volontairement très variés. Seul point com- blissements du GROUPE SOS. Une campagne
mun : tous étaient en contact quotidien avec le d’information interne invitait les directeurs
terrain, dans une logique empirique. Ces entre- d’établissements, destinataires de ces fiches,
tiens ont abouti à la production d’une synthèse, à les compléter collectivement en organisant
Innovation, décloisonnement et transversalité, qui une réunion de brainstorming interne à cha-
formule nombre de recommandations quant que structure. Pour cette campagne 2012 (la
au développement de l’innovation au sein du première), 162 fiches ont ainsi pu être collec-
GROUPE SOS. Cette enquête, dont les résultats tées. Les auteurs des fiches les plus pertinen-
sont anonymes, a été utile à l’ingénierie du pro- tes ont été recontactés pour des entretiens
gramme, et a permis de recueillir observations individuels plus aboutis.
et analyses des salariés sur :
• Les nouveaux besoins sociaux non pourvus Thématiques abordées par le questionnaire :
• I nnovation sociale :
• Les nouveaux publics rencontrés et leurs
Comment adapter son établissement
spécificités
à l’évolution des besoins sociaux ?
• L’évaluation des dispositifs existants
• I nnovation économique :
• Les préconisations éventuelles quant Quelles sont les sources de financements
à de futurs dispositifs potentielles inexploitées ? Comment
• Le rôle du décloisonnement dans rationaliser les coûts au niveau de
le processus d’innovation l’établissement ?
• I nnovation environnementale :
Comment l’établissement peut-il limiter
son impact sur l’environnement ?

31
LA MÉTHODOLOGIE NOVATION SOCIALE

Chantier N°2 : LABORATOIRE


élaboration de réponses innovantes

La synthèse du chantier N°1 a été soumise au directoire du GROUPE SOS, dont les membres cumu-
lent expériences terrain et vision globale du projet Groupe. Ensemble, ils ont réalisé un travail de
priorisation des besoins sociaux identifiés sur la base de deux critères principaux : l’urgence du besoin
liée à l’absence manifeste de réponse, et le potentiel d’innovation existant sur le sujet. Chacun des
cœurs de métiers du GROUPE SOS devait pouvoir se retrouver dans au moins un des sujets.

L’inventaire des réponses possibles à ces besoins a ensuite été réalisé, permettant de catégoriser
trois types de réponses :

Les besoins sociaux Les besoins sociaux Les besoins sociaux


pour lesquels il pour lesquels il pour lesquels il
existe des réponses existe des réponses n’existe pas,
innovantes déjà en partie théorisées à la connaissance
opérationnelles, en interne, des experts du
mais sur lesquels sur lesquelles GROUPE SOS, de
l’enjeu est celui l’enjeu (au-delà réponse satifaisante
d’une duplication d’une théorisation à l’heure actuelle.
sur d’autres définitive) est L’enjeu est ici celui
territoires. celui d’une de la réflexion.
expérimentation.

Chacune de ces trois catégories de besoins a fait l’objet d’un traitement spécifique dans le cadre
de NOVATION SOCIALE. Les synthèses de ces différents travaux sont à retrouver dans le présent
rapport.

32
Chantier N°3 : FAIRE SAVOIR
campagne d’information

La diffusion des résultats représente un volet important du programme NOVATION SOCIALE.


Il fait l’objet d’un chantier à part entière : le chantier N°3, qui concentre notre approche sur une
communication à deux niveaux : au niveau interne, s’appuyant sur des relais référents dans chaque
établissement (directeurs, chefs de services), et une mobilisation continue à travers des sessions de
formation et d’information ; au niveau externe, autour du présent rapport répertoriant les différen-
tes propositions de dispositifs, et via la mobilisation d’un réseau d’influence censé accompagner le
portage des solutions préconisées auprès du secteur social et des pouvoirs publics.

COMMUNICATION INTERNE ments/chefs de services, de cadres formés à


L’adhésion des salariés du GROUPE SOS au ces questions, qui ont notamment pour mis-
programme est une condition évidente de sa sion de diffuser cette culture de l’innovation
réussite. Leur expertise est le poumon du dis- et de fédérer autour du programme (organisa-
positif mais leur contribution reste volontaire, tion de réunions de brainstorming, remontée
bien que sur leur temps de travail. Cette pre- des fiches innovation…). Le dispositif d’enquête
mière année de déploiement a ainsi néces- déployé sur le chantier N°1 a pour beaucoup
sité un travail de communication interne très reposé sur leur mobilisation. Ce dispositif est
important ciblé sur les cadres de terrain, qui également irrigué en continu par une campa-
vise à moyen terme la pro activité de chacun gne d’information et de sensibilisation interne.
sur ces sujets. Chaque établissement dispose, Plusieurs séminaires destinés aux salariés sont
en la personne de ses directeurs d’établisse- ainsi initiés :

Atelier pédagogique Atelier de Atelier pédagogique


sur l’innovation priorisation des sur l’innovation
sociale destiné nouveaux besoins sociale destiné aux
aux cadres sociaux insatisfaits non-cadres
3 ateliers de 2 heures, destiné aux cadres 1 atelier de 2 heures,
150 participants chaque 60 participants chaque
3 ateliers de 2 heures,
année année lors de la journée
150 participants chaque
année du personnel

Objectifs
•D
 évelopper la culture de l’innovation en interne, permettre aux salariés de s’approprier la démarche
NOVATION SOCIALE
• F avoriser des échanges transversaux sur les besoins sociaux prioritaires
• É valuer la perception interne du dispositif
Avec des résultats probants, puisque nombre de salariés font aujourd’hui spontanément remonter
leurs observations, de manière proactive.

33
LA MÉTHODOLOGIE NOVATION SOCIALE

Le Sextant
Baromètre social du GROUPE SOS, le Sextant permet de mesurer la satisfaction des salariés de ma-
nière large et anonyme. Cet outil est proposé tous les deux ans à l’ensemble des salariés, qui sont
interrogés sur de nombreux aspects de leur travail (poste et conditions de travail, équipe, relation
avec la hiérarchie, développement professionnel, communication, valeurs, grands axes de la straté-
gie Groupe…). Les réponses des salariés permettent la prise en compte de ces résultats notamment
dans les politiques RH et le pilotage de nos activités. Le questionnaire du Sextant 2012 intègre un
important volet consacré à l’innovation sociale et au programme NOVATION SOCIALE dont les résul-
tats sont présentés ci-dessous. Il permet de vérifier précisément le niveau d’information des salariés
sur la démarche, leur adhésion à la méthode et leur volonté d’y être ou non impliqués.

Le GROUPE SOS est actif dans la mise en place de dispositifs de prise en charge
innovants. Je me sens personnellement impliqué dans cette démarche.

Groupe

Cadres

Non-cadres

Tout à fait Pas du tout


D’accord Pas d’accord d’accord
d’accord

51,4 % de l’ensemble des salariés du GROUPE SOS considèrent qu’ils sont personnellement impliqués
dans une démarche active de mise en place de dispositifs innovants. Ce chiffre s’élève à 68,9 % chez
les cadres, manifestement mieux impliqués que les non-cadres (46,9 %).
Ces résultats témoignent de l’impact du programme NOVATION SOCIALE en interne, quelques mois
seulement après son déploiement. Recevant l’adhésion de la majorité en interne, NOVATION SOCIALE
mobilise et sensibilise en effet un nombre important de salariés entre l’enquête déployée dans
chaque établissement et les participations aux différents groupes de travail.

34
Le GROUPE SOS recherche régulièrement des idées en terme d’innovation.
D’après vous, quelles sont les sources les plus pertinentes ?

25,9 7,7 24,5 20,2 15,9 5,2 0,5

20,2 %
15,9 %

5,2 %
0,5 %
24,5 %

7,7 % 25,9 %

Les observations des équipes opérationnelles


Les observations des directeurs
La sollicitation des usagers concernant l’évolution de leurs besoins
Le développement du travail entre équipes du GROUPE SOS issues de disciplines variées
La veille et le travail en réseau avec des associations extérieures au GROUPE SOS
La sollicitation d’organismes de conseil
Autres

25,9 % des salariés placent en tête des sources les plus pertinentes en termes d’innovation
« les observations des équipes opérationnelles ». Juste derrière avec 20,2 % des réponses, on trouve
« le développement du travail entre équipes du GROUPE SOS issues de disciplines variées ».
Les scores réalisés par ces deux items viennent valider les grands partis pris de la méthodologie
NOVATION SOCIALE, fondamentalement empirique et pluridisciplinaire.
24,5 % des salariés considèrent par ailleurs « la sollicitation des usagers concernant l’évolution
des dispositifs » comme une source pertinente. Ce dernier résultat plaide en faveur d’une meilleure
implication des bénéficiaires sur la méthodologie, sujet qui, de fait, constituera un axe de réflexion
quant à l’évolution du programme NOVATION SOCIALE en 2013-2014.

35
LA MÉTHODOLOGIE NOVATION SOCIALE

COMMUNICATION externe
La sortie du présent rapport sera accompagnée d’un important plan de communication sectorielle
et institutionnelle, visant à faciliter le dialogue entre ces deux mondes autour des enjeux soulevés
par nos travaux. Le portage politique des propositions de NOVATION SOCIALE est quant à lui assuré
par plusieurs think tank de toutes tendances associés au programme de manière informelle pour
éviter tout marquage politique de propositions qui se veulent transpartisannes.

Dispositif de communication

Organisation d‘un événement Diffusion des bonnes feuilles du


d’envergure marquant la rapport via un partenariat avec
sortie du rapport, réunissant un titre de presse spécialisée
l’ensemble des contributeurs
interne et les experts des think
tanks partenaires

Organisation d’un cycle de


colloques d’échanges entre
professionnels de l’intervention
Mobilisation du service sociale et représentants des
« relations médias » du GROUPE pouvoirs publics sur chacune
SOS pour le déploiement des thématiques abordées
d’une campagne de presse par le rapport

36
GROUPE SOS

ENTREPRISE

HOMMES ORGANISATION DISPOSITIFS METHODOLOGIE


SOCIALE ORGANISATION

NOVATION
GROUPE SOS FEMMES
ACTIONS

NOVATION
ORGANISATION
HOMMES

GROUPE SOS

ACTIONS
SOCIALE METHODOLOGIE
DISPOSITIFS

DISPOSITIFS

ENTREPRISE
ACTIONS

37
Les dispositifs
innovants issus de la
première campagne
Novation Sociale
 es ACT Enfants malades : conclusions du groupe de travail n°6
L p.40
 e CEF « ouvert » : conclusions du groupe de travail n°4
L p.54
Salles de consommation à moindres risques : le modèle GROUPE SOS p.63
Crèche LEA : prévention et soutien à la parentalité p.90

39
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

LES ACT
enfants malades

40
Les ACT Enfants Malades
CONCLUSIONS DU GROUPE DE TRAVAIL N°6
de soins et de resocialisation pour des person-
Besoin social identifié
nes en situation précaire, confrontées à la ma-
L’association Habitat et Soins est régulière-
ladie grave. Mais la réglementation actuelle ne
ment sollicitée par des assistantes sociales
permet pas d’accueillir dans ces dispositifs des
hospitalières de services de pédiatrie, en re-
familles où seul l’enfant serait concerné par
cherche de solutions d’hébergement et d’ac-
une pathologie sévère.
compagnement médico-psycho-social, pour
La création d’ACT pédiatriques accueillant des
des familles en situation de précarité avec un
familles, en tenant compte de leurs problé-
enfant malade.
matiques spécifiques pourrait répondre à ce
Les appartements de coordination thérapeuti-
besoin d’accompagnement, constaté par les
ques (ACT), quant à eux, ont développé l’exper-
services sociaux hospitaliers de pédiatrie.
tise nécessaire à l’accompagnement de projets

La réponse
Les ACT spécifiquement dédiés aux enfants malades, proposera un logement transitoire à des
familles précaires dont un des enfants est victime d’une pathologie invalidante.

Objectifs généraux
• Aider les personnes accueillies à vivre avec une pathologie chronique sévère
par un soutien adapté.
• Permettre l’accès et/ou le maintien dans une continuité du soin.
• Envisager le soin dans une globalité, prenant en compte les problèmes d’addiction
ou les problèmes psychiatriques.
• Permettre l’accès aux droits sociaux.
• Apprendre ou réapprendre à organiser le quotidien (hygiène de vie, courses, repas).
• Elaborer avec les personnes accueillies, un projet personnalisé tenant compte de leur état
de santé, de leurs désirs et de leurs possibilités.
• Favoriser la création ou le maintien des liens familiaux et sociaux.
• Soutenir les personnes accueillies dans leur fonction parentale dans le contexte de la maladie.
• Préparer la sortie des ACT par des solutions adaptées : logement autonome, résidence sociale,
logement transitoire, maison relais, MAS*…).
• Accompagner les personnes en fin de vie en respectant leurs besoins, leurs désirs et leur dignité.

*Maison d’Accueil Spécialisée

41
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

caractéristiques de la population accueillie


Les ACT sont destinés à l’accueil de personnes atteintes de pathologie(s) chronique(s) sévère(s),
en situation de précarité, sans logement adapté, isolées et/ou ayant besoin d’un soutien médico-
psycho-social indispensable pour rendre possible l’accès aux soins.
Dans les ACT Paris Nord, sont accueillies des personnes isolées ou des parents isolés accompagnés
de leurs enfants. A titre expérimental, les ACT Paris Nord ont pris en charge en 2012 des personnes
et leur(s) accompagnant(s), au-delà de la capacité de six places dédiées aux parents isolés.

L’analyse des dossiers d’admission tient compte de :

• L’âge des résidents :


Le service accueille des personnes âgées de 18 à 60 ans.

• La situation médicale et du projet de soins :


Les demandeurs doivent être atteints par une pathologie chronique sévère.

• La situation administrative :
Le demandeur doit être en situation régulière sur le territoire français, et bénéficier au minimum
d’un récépissé de demande de titre de séjour en préfecture. La demande d’accueil de personnes en
attente de la régularisation de leur séjour sur le territoire doit faire systématiquement l’objet d’une
validation par le directeur des ACT.

• Les ressources :
Les ressources lors de l’admission au sein d’un ACT ne doivent pas, sauf exception, dépasser les
montants en cours des prestations sociales allouées aux personnes handicapées reconnues par la
MDPH*. Les personnes sans aucune ressource peuvent également bénéficier d’une admission au
sein du dispositif.

• La situation géographique :


De façon prioritaire, le demandeur ou sa prise en charge hospitalière doivent être domiciliés dans le
département de Seine-Saint-Denis.

*Maison Départementale des Personnes Handicapées

42
Pathologies des personnes présentes dans les ACT Paris Nord au 31/12/2011

Pathologie
Hommes Femmes Enfants Total
principale

VIH seul 0 8 2 10

Hépatite B 1 1 0 2

Hépatite C 2 1 0 3

Cancer 8 8 0 16

Diabète 0 0 0 0

Insuffisance rénale
3 0 0 3
chronique

Maladie cardio-vasculaire 2 0 0 2

Troubles
0 0 0 0
psychiatriques
Tuberculose
1 0 0 1
ganglionnaire et cardiaque

Depuis 2008 nous avons fait le choix de privilégier l’accueil de personnes à l’état de santé parti-
culièrement dégradé. Notre file active s’est ainsi diversifiée avec une prédominance des pathologies
cancéreuses. En 2011, 43 % des résidents sont atteints de cancer en pathologie principale.
Nous accueillons également des personnes présentant des atteintes neuromotrices sévères
(séquelles neurologiques liées au VIH, SLA, SEP) rendant impossible l’autonomie immédiate des per-
sonnes concernées.
Les personnes séropositives au VIH que nous accueillons présentent majoritairement une patho-
logie associée (VHC, lymphome cérébral, maladie d’Hodgkin).

43
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

Une spécificité « historique » d’accueil de parents isolés


Six places réservées à l’accueil de mères isolées avec enfants ont été ouvertes en 1990, inscrivant
l’établissement dès sa création dans une mission d’accompagnement des familles, ce qui nous a
permis de développer une attention et un savoir-faire spécifiques :

L’accueil des parents isolés avec enfants


Les parents isolés avec enfants sont hébergés dans deux pavillons accueillants six familles ou dans
des appartements individuels. Les places « enfants » bénéficient d’un financement spécifique du
conseil général de la Seine-Saint-Denis. L’équipe des ACT 93 évalue la situation de l’enfant pour, en
cas de difficultés repérées, proposer des mesures d’accompagnement conduites en interne ou avec
des partenaires extérieurs.

• Un volet médical :


Le médecin et les infirmières répondent aux demandes d’orientation PMI, de suivi des enfants
admis à l’hôpital, de consultations pédiatriques…

• Un volet éducatif :


L’équipe soutient les parents dans la recherche de leurs propres réponses parentales. Elle suit aussi
la scolarisation de l’enfant et son insertion sociale. Le cas échéant, ce volet éducatif repose sur une
intervention concertée avec les professionnels des services d’AEMO qui interviennent auprès de la
famille.

• Un volet social :


Il permet aux familles de bénéficier des aides auxquelles elles peuvent prétendre.

• Un volet judiciaire :


En cas de mesure spécifique. Si un enfant est en situation de danger, l’équipe travaille en étroite
relation avec les services pédiatriques et la CRIP (Cellule de recueil des informations préoccupantes)
si un signalement est nécessaire. Les parents isolés sollicitent de nombreux conseils relatifs à la
nutrition, aux modes de garde, à la scolarisation, à l’accès aux loisirs… L’annonce de la maladie à
l’enfant est également travaillée avec les professionnels.

L’efficacité de l’accompagnement de ces familles est conditionnée par une écoute active et à
un travail faisant une large place à la valorisation des personnes. Refusant de se substituer
aux parents, les professionnels les accompagnent vers le déploiement de leurs « compétences
parentales ».

44
L’accueil de couples avec enfants
En 2012, les ACT ont lancé une expérimentation d’accueil de couples avec enfants en logement
individuel. L’éventail de l’offre de services aux parents isolés avec enfants est également proposé
aux familles mais des prestations spécifiques peuvent s’ajouter en cas de besoin :
• Un travail sur les relations de couple.
• Un soutien du conjoint(e) s’il prend la place d’un aidant naturel au regard
de la maladie dans le couple.
L’auxiliaire de vie sociale ou l’AMP peuvent apporter une aide à la gestion du quotidien y compris
lors des périodes d’hospitalisation du conjoint malade.

Les partenariats de base sont mobilisés mais en cas de problématique inédite, les ACT93
chercheront à nouer les partenariats pertinents.

Le suivi pédiatrique
Ce suivi se réalise à travers des entretiens réguliers. Dans le cadre des contaminations materno-
fœtales du VIH, notre travail s’oriente vers la prise des médicaments des plus petits, et aussi la
déculpabilisation des mères face à la pathologie de leurs enfants. Au même titre que leurs parents,
les enfants bénéficient d’un suivi régulier : surveillance de leur charge virale et taux de CD4 pour
dépister une éventuelle contamination materno-fœtale, ou en cas de séropositivité avérée.

Nombre de
La surveillance pédiatrique générale se fait
bénéficiaires
en partenariat avec les centres de PMI et les
Accompagnement de médecins hospitaliers. D’autres domaines
9
l’enfant comme l’éducation concernant les mesures
Soutien parentalité 9 hygiéno-diététiques (en particulier alimen-
taire), la surveillance du suivi de grossesse, la
Coordination médicale
6 préparation à la naissance et l’apprentissage
de l’enfant
des gestes de puériculture trouvent naturel-
Suivi psychologique ou lement leur place en ACT.
2
psychiatrique

Extrait du rapport d’activité 2011 de l’établissement :


35 adultes et 13 mineurs ont été accueillis en 2011 dont 12 nouveaux adultes et 5 nouveaux
mineurs :
• 9 familles monoparentales ont été accueillies en 2011 : 8 mères isolées, 1 père et 13 enfants.
• 2 enfants sont nés en 2011 pendant le séjour en ACT.
• 7 enfants avaient entre 0 et 3 ans au 31/12/2011.

45
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

Caractéristiques principales de la prise en charge


En 2012, les ACT ont lancé une expérimentation d’accueil de couples avec enfants en logement
individuel. L’éventail de l’offre de services aux parents isolés avec enfants est également proposé
aux familles mais des prestations spécifiques peuvent s’ajouter en cas de besoin :

Coordination médicale Coordination psychosociale


Les deux infirmières travaillent à temps plein, L’accompagnement social comprend l’ouver-
le médecin est présent deux jours et demi par ture ou la restauration des droits sociaux, et
semaine. Ils ont une fonction de coordination, la préparation de la sortie vers un dispositif
d’animation et d’évaluation du projet de soins, adapté à un projet de vie élaboré avec la per-
et n’effectuent aucun acte paramédical ni mé- sonne.
dical. Ils doivent s’assurer de la qualité et de
la cohérence de la prise en charge et suivre Compte tenu de la spécificité du public ac-
l’évolution de l’état de santé des personnes hé- cueilli, les travailleurs sociaux sont régulière-
bergées. Ils sont donc en relation directe avec ment amenés à accompagner les personnes
les résidents, les prescripteurs et les différents dans les démarches complexes :
intervenants. Ils planifient le suivi des diffé- • Régularisation de leur séjour sur le territoire
rents rendez-vous et déterminent les actions français.
appropriées à mettre en place en fonction des • Accès et maintien des ressources.
besoins identifiés. Ils s’assurent de la participa- • Accès et maintien d’une couverture maladie.
tion et du consentement du patient. • Accompagnement de l’insertion
socioprofessionnelle.
Les résidents sont régulièrement • Accès à un logement ou un hébergement
rencontrés en entretien au bureau ou
adapté (logement social, structures
dans les ACT. Ce temps d’écoute important
spécialisées…).
permet de :
• Coordonner la prise en charge médicale • Soutien à la parentalité sur les pavillons
réservés à l’accueil de parents isolés.
et le projet de soins.
• Soutenir et accompagner les personnes L’auxiliaire de vie sociale intervient principale-
dans les situations difficiles.
ment auprès des personnes les plus en difficul-
• S’assurer de l’observance de la prise té dans la gestion de leur quotidien. La situation
du traitement.
médicale des personnes hébergées en ACT a
• Dispenser de l’éducation à la santé. souvent de lourdes répercussions psycholo-
• Echanger des informations concernant giques et physiques. L’auxiliaire de vie social
les différents rendez-vous médicaux,
doit s’adapter en permanence à chaque situa-
retranscrire avec des mots simples les
tion, ainsi qu’à chaque handicap.
termes techniques médicaux employés.
Il sollicite les résidents dans la mesure de leurs
Les infirmières et le médecin tiennent
possibilités, lors des tâches ménagères, des
à jour le dossier médical et infirmier.
courses, ou de la préparation des repas. Il a un
rôle éducatif sur l’hygiène de vie et donne des
conseils nutritionnels adapté.

46
Dans le cadre de la dernière extension de capacité de l’établissement, nous avons renforcé
l’équipe médico-sociale par le recrutement d’une aide médico-psychologique (AMP) à mi-temps.
Les personnes en situation de handicap ou présentant un trouble de santé invalidant, accueillies
au sein des ACT Paris Nord ont des besoins spécifiques en termes de stimulation des potentialités
et de maintien des acquis auxquels les compétences de ce professionnel répondent de manière
particulièrement adaptée.

• Hébergement
Nos 28 places d’ACT sont réparties sur des appartements en diffus, localisés dans les villes de Saint-
Ouen, Saint-Denis, Stains et Pierrefitte-sur-Seine :
• 6 places en ACT collectif destinées à l’accueil de parents isolés
• 16 places en ACT collectifs destinées à l’accueil de personnes isolées
• 6 places en ACT individuel destinées à l’accueil de personnes isolées, avec ou sans accompagnants

Des besoins repérés : la prise en charge


d’enfants malades

Les assistantes sociales hospitalières de ser- sociaux hospitaliers de pédiatrie. Néanmoins,


vices de pédiatrie sont régulièrement en re- une telle création nécessitait, de notre point de
cherche de solutions d’hébergement et d’ac- vue, une première étude de besoins.
compagnement médico-psycho-social pour Dans le cadre d’une réflexion engagée par le
des familles en situation de précarité avec un programme Novation Sociale du GROUPE SOS,
enfant malade. et plus particulièrement par l’association Habi-
Les ACT, quant à eux, ont développé l’expertise tat et Soins, nous avons constitué un groupe
nécessaire à l’accompagnement de projets de de travail composé de personnes-ressources
soins et de resocialisation pour des personnes issues du domaine hospitalier, de collectivi-
en situation précaire, confrontées à la mala- tés territoriales, ou d’associations diverses du
die grave. Mais la réglementation actuelle ne GROUPE SOS (social, médico-social, petite en-
prévoit pas explicitement l’accueil, dans ces fance, protection de l’enfance). Ce groupe s’est
dispositifs, des familles où seul l’enfant serait réuni à trois reprises entre mars et mai 2012.
concerné par une pathologie chronique sévè- Les membres de ce groupe de travail ont élabo-
re, ou bien le permet « à la marge ». ré la trame d’une enquête, afin d’affiner notre
La création d’ACT avec une spécificité « pé- connaissance des besoins auprès d’assistantes
diatrique » accueillant des familles, en tenant sociales de pédiatrie ou d’autres profession-
compte de leurs problématiques particulières, nels confrontés aux difficultés des familles qui
pourrait répondre à ce besoin d’accompagne- affrontent la maladie grave d’un enfant.
ment, constaté notamment par les services

47
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

La question centrale de cette enquête, destinée principalement aux assistantes sociales des services
hospitaliers de pédiatrie, était la suivante :
Au cours du premier trimestre 2012, dans quels cas auriez-vous eu besoin (ou avez-vous sollicité) des
prestations d’un ACT pour accueillir un enfant atteint d’une pathologie chronique sévère, mais également
sa famille (parents et fratrie) ?
Notre enquête ne portait pas sur les besoins des familles confrontées uniquement à l’absence
d’hébergement. Elle portait sur les besoins d’hébergement et d’accompagnement adapté (médical,
psychologique, éducatif et social) tel que des ACT ouverts à la prise en charge d’enfants malades
pourraient y répondre. La trame de cette enquête est jointe en annexe à cette note.

Principaux enseignements tirés des réunions du groupe de travail et de


l’enquête
14 assistantes sociales des hôpitaux pédiatriques Trousseau et Robert Debré ont répondu à cette
enquête et ont repéré, sur une période de 9 mois, 41 familles susceptibles de bénéficier d’une prise
en charge en ACT « pédiatriques ».

6 1
Moins de 3 ans
5 15 De 3 à 6 ans
De 6 ans révolus à 11 ans
5 De 11 ans révolus à 15 ans
De 15 ans révolus à 18 ans
9
Plus de 18 ans

*Extrait de l’étude de besoin déployée par le groupe de travail n°6 « Familles précaires, hébergement et pédiatrie», 2012

Bien que n’ayant pas pu associer d’assistantes sociales des services pédiatriques de Seine-
Saint-Denis, l’enquête fait apparaître, sur 41 situations, 8 situations de familles domiciliées en
Seine-Saint-Denis.
Le besoin repéré a par ailleurs été largement confirmé par les contacts que nous avons avec
des assistantes sociales de Seine-Saint-Denis, nous sollicitant ponctuellement pour ce type de
prise en charge, aujourd’hui non proposé.

48
Pathologie principale de l’enfant concerné :

VIH 1
Cancers hématologiques 8
Cancers autres 1
Drépanocytose 4
Diabète 1
Insuffisance rénale chronique 6
Pathologie neurologique 1
Malformation, pathologie digestive 3
Grande prématurité (26AS) 1
Pathologie digestive/nutrition parentérale 1
Multimalformations 1
Patho-viscérale/urinaire 2
Maladie hématologique 1
Maladie orpheline 1
Patho ORL 1
Pieds bots 1
Mucoviscidose 2
Présence d’une ou plusieurs pathologies associées (rapporté
5
au nombre de familles concernées)

*Extrait de l’étude de besoin déployée par le groupe de travail n°6 « Familles précaires, hébergement et pédiatrie», 2012

49
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

Principaux soins nécessaires à l’enfant concerné :

Thérapies anti-rétrovirales 1

Chimiothérapies 6

Chirurgie 4

Attente de greffe 6

Traitement de phases aiguës récurrentes à l’hôpital 7

Soins viscéraux/urinaires 2

Soins viscéraux/ORL 1

Kinésithérapie 5 fois/semaine 1

Soins stomie/nutrition entérale 3

Surveillance clinique soutenue/alimentation 1

Neuro-stabilisés 4

Retard psychomoteur 1

Métabolique 1

Insulinothérapie 1

Traitement quotidien au long cours 3

Post-greffe 1

Kiné + traitement médicamenteux 2

Nombre de situations dans lesquelles


9
plusieurs types de soins sont nécessaires

*Extrait de l’étude de besoin déployée par le groupe de travail n°6 « Familles précaires, hébergement et pédiatrie», 2012

Dans la moitié des cas repérés, les familles concernées sont monoparentales. Par ailleurs,
l’existence d’une fratrie est une réalité dans 26 situations sur 41. Pour 13 familles, cette fra-
trie est composée de 2 enfants.

50
Problèmes repérés en dehors de l’enfant concerné :

4
 roblèmes de santé
P
repérés dans la fratrie
14
8 Problèmes psychologiques
repérés dans la fratrie
Pas de problèmes repérés

*Total = 26, car présence d’une fratrie dans 26 des 41 dossiers étudiés
*Extrait de l’étude de besoin déployée par le groupe de travail n°6 « Familles précaires, hébergement et pédiatrie», 2012

Besoins d’accompagnement repérés pour l’enfant et la famille :


(en nombre de cas)

30
25
20
15
10
5
0

Coordination Soutien à la Aide Mode de garde Apprentissage


des soins parentalité administrative. adapté pour du français
Régularisation l’enfant malade
10 12 du séjour
3
8
12
Information sur Soutien Ouverture Aide matérielle Mode de garde
la pathologie et psychologique et maintien des et financière adapté pour
les traitements droits sociaux la fratrie
10 24 11 18 10
*Extrait de l’étude de besoin déployée par le groupe de travail n°6 « Familles précaires, hébergement et pédiatrie», 2012

51
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

Les solutions trouvées :

Hospitalisation prolongée de l’enfant 7

Placement de l’enfant en structure médicalisée type SSR 9

Hébergement parent en « maison des parents » 1

Centre médical 2

Hébergement famille à l’hôtel 12

Hébergement famille en structure sociale 2

Relogement 1

Centre maternel 1

Hébergement famille 2

Hébergement amis 1

Aucune solution 8

*Extrait de l’étude de besoin déployée par le groupe de travail n°6 « Familles précaires, hébergement et pédiatrie», 2012

Adaptation de la solution à la problématique :

2
7  as du tout adapté
P
Pas vraiment adapté
10 28
Plutôt adapté
Tout à fait adapté

*Total = 47, certaines familles ayant bénéficié de plusieurs dispositifs


*Extrait de l’étude de besoin déployée par le groupe de travail n°6 « Familles précaires, hébergement et pédiatrie», 2012

52
La réponse

Afin de répondre à ce besoin repéré, notre projet d’extension vise l’ouver-


ture de 4 places en ACT individuel sur les communes de Stains, Saint-Ouen
ou Saint-Denis. Ces places seraient destinées à l’accueil de parents en si-
tuation de précarité avec un enfant touché par une pathologie chronique
sévère. Nous envisageons l’ouverture de 2 appartements T2 et de 2 appar-
tements T3, afin de pouvoir adapter notre capacité d’accueil à des familles
monoparentales ou non, avec ou sans fratrie. S’agissant d’un projet expé-
rimental, nous sommes actuellement en attente d’un arbitrage DGS / ARS
Ile-de-France.

53
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

une nouvelle approche


du centre éducatif fermé

54
Une nouvelle approche du Centre Éducatif Fermé…
CONCLUSIONs DU GROUPE DE TRAVAIL n°4
Notre progression
Régulièrement sollicité par les pouvoirs pu- à titre principal, et d’autres ont dès lors saisi
blics, le GROUPE SOS a longtemps refusé d’as- l’opportunité ouverte par la dynamique NOVA-
surer la gestion des centres éducatifs fermés. TION SOCIALE pour engager une réflexion sur
Il faut convenir que ces structures dédiées à la les conditions dans lesquelles nos associations
prise en charge des mineurs délinquants ont pourraient gérer ce type d’établissements.
été, depuis leur création (loi du 9 septembre Après que le Directoire et le conseil d’adminis-
2002), positionnées au cœur du débat public tration du GROUPE SOS eurent été informés et
sur la prise en charge des mineurs délinquants débattu des démarches conduites, un groupe
et agitées comme un étendard politique parti- a été constitué pour réfléchir aux questions
cipant d’une pensée magique qui viendrait ré- posées par la prise en charge des adolescents
gler dans sa globalité « la-délinquance-des-mi- difficiles. Des contacts ont été pris avec le mi-
neurs ». Ces établissements ne sont pourtant nistère de la Justice, des auditions d’experts ont
qu’un outil parmi d’autres destinés à accueillir été réalisées, des visites de CEF ont été condui-
des enfants en conflit prononcé avec la loi, les tes, la littérature institutionnelle a été étudiée
fameux « mineurs-délinquants-multirécidivistes » et un rapprochement interinstitutionnel a été
au cœur de toutes les attentions d’une classe recherché avec une association extérieure 1
politique qui a fait de ce sujet un vecteur de permettant ainsi d’alimenter notre groupe sur
la conquête du pouvoir. Les juges comme les les conditions dans lesquelles le CEF, entendu
éducateurs, plus pragmatiques considèrent comme un véritable instrument d’intervention
aujourd’hui dans leur majorité que ces centres éducative, pourrait rejoindre l’éventail des ré-
peuvent pour certains jeunes constituer une ponses éducatives qui ont été développées par
alternative éducative crédible à la détention nos associations.
des mineurs. Pour éclairer les néophytes, il est apparu né-
Loin de prétendre traiter la délinquance des cessaire de distinguer les mots détention,
mineurs dans sa globalité, les associations dé- contention ou encore contenance. (voir p57).
diées à la protection de l’enfance du secteur Notre groupe de travail s’est résolument ins-
jeunesse du GROUPE SOS prennent en charge crit dans cette dernière acception pour porter
des mineurs et des jeunes majeurs adressés devant le conseil d’administration du GROUPE
par les magistrats de la jeunesse ou par l’aide SOS une conception du centre éducatif fermé…
sociale à l’enfance. Insertion et Alternatives, ouvert. Ainsi, le CEF est d’abord :

1. L ’association Foyer Oberholz qui gère notamment le CEF de Saverne (Bas-Rhin) et a depuis engagé un processus de rapproche-
ment avec le GROUPE SOS.

55
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

• Un lieu d’éducation par-delà son appellation usager relève à la fois des normes de la jus-
fallacieuse en ce qu’elle ne constitue en rien tice pénale des mineurs, qui ont pour effet
une modalité de l’enfermement des enfants. d’entraver sa liberté, et de la réglementation
• Le cahier des charges produit par la DPJJ2 du secteur médico-social qui le place au cœur
permet d’assurer une réelle inscription du du dispositif institutionnel étayé au sein du
dispositif sur son territoire de référence en GROUPE SOS par notre démarche qualité.
permettant un nécessaire travail sur le lien • Il s’inscrit enfin dans l’éventail des réponses
intérieur/extérieur qui prévient l’effet « co- proposées au sein du secteur jeunesse, et
cotte minute3 » inhérent au regroupement au-delà, à des jeunes aux difficultés multiples
sur un même site de publics présentant des qui ont pu rencontrer un magistrat de la jeu-
problématiques proches. nesse dans le cadre d’une procédure pénale.
• Cette inscription autorise et induit dès que Il conforte ainsi un des présupposés de l’ac-
possible le recours au droit commun pour la tion éducative comme du GROUPE SOS. Les
formation et pour les dynamiques d’insertion jeunes comme les professionnels doivent
préparées mais aussi pour d’autres activités pouvoir bénéficier sur chaque territoire perti-
qui peuvent être réalisées en externe (sor- nent d’un ensemble de réponses diversifiées
ties, transfert, scolarité, formation, pratiques pour assurer leur prise en charge, des plus
sportives ou culturelles, liens familiaux…). individualisées et diversifiées (milieu ouvert,
• Une mobilisation exceptionnelle de la puis- insertion, familles d’accueil, logement auto-
sance publique par des moyens dédiés très nome…) jusqu’aux plus collectives et parfois
importants et un dispositif partenarial ren- coercitives (Hébergement collectif, CER, CEF).
forcé Parce qu’un enfant est d’abord un adulte en
• Une approche transdisciplinaire devenir et qu’une fois passée l’adolescence la
• Un projet éducatif nécessairement ambitieux plupart des jeunes évoqués s’insèrent dans
référé aux textes internationaux de protec- le tissu social de droit commun, et parce que
tion et de promotion des droits de l’enfant nous croyons que personne, quelque soit sa
• Un établissement où le jeune justiciable et situation, n’est au bout de son histoire.

« Personne n’est au bout


de son histoire »

2. Direction de la Protection judiciaire de la jeunesse.


3. Jean-Pierre Rosenweig, président du tribunal pour enfants de Bobigny.

56
La détention
relève résolument des
pouvoirs régaliens de l’Etat,
organisés via une administration
dédiée: l’administration pénitentiaire.
L’enfermement des personnes sur
décision d’un magistrat dans le cadre
d‘une procédure très réglementée
intervient avant ou après un juge-
ment de condamnation à une peine
privative de liberté.
La contention
réside dans un ensem-
ble d’actes, pouvant recourir à
des formes de contraintes physiques ou
chimiques, visant à limiter la liberté d’aller et
venir d’une personne se mettant en danger ou
mettant en danger les autres par des mani-
festations d’agressivité non maîtrisées. Les
gestes évoqués sont utilisés en milieu carcéral,
en milieu psychiatrique et plus rarement en
milieu éducatif pour protéger un enfant ou un
adulte d’une violence immédiate commise ou
subie. Comme dans la légitime défense, la ré-
ponse doit évidemment être proportionnée à
l’attaque quand il est question de répondre
à une agression.

La contenance
renvoie en revanche au cœur de
l’action éducative qui repose d’abord
sur la capacité des professionnels à faire
autorité et à construire un dispositif
relationnel adapté, sur la qualité du projet
éducatif déployé, sur la capacité à faire
médiation et sens du projet d’activité
mis en œuvre dans un cadre sécuri-
sant et apaisant pour des adolescents
en manque de repères et présentant
régulièrement des carences éducatives
et psychologiques ou même psy-
chiatriques cumulées.

57
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

Quelques repères…

Chaque année, près de 383 000 mineurs sont pris en charge par la justice des mineurs :
• Les mineurs en danger
• Les mineurs ayant commis des actes de délinquance

Près de 212 500 mineurs sont pris en charge au civil, 92 000 le sont dans le cadre pénal :
• 167 560 mineurs délinquants en 2011
• 107 735 sont pris en charge en milieu ouvert (64,3 %)
• 11 077 ont été placés (6,6 %)
• 724 mineurs étaient incarcérés au 1er janvier (soit 1,1 % des détenus)

Pour mettre en œuvre les décisions des tribunaux pour enfants, la DPJJ dispose de 1 500 struc-
tures de placement et de milieu ouvert, 300 structures du secteur public (20 %) et 1 200 du
secteur associatif habilité (80 %)
Il existe trois types de structures pour le placement pénal :
•L es établissements de placement éducatif (EPE), comprenant les cer
•L es établissements de placement éducatif et d’insertion (EPEI), cer inclut et uehd
•L es centres éducatifs fermés (cef)

Les textes :
• Loi d’orientation et de programmation pour la Justice du 9 septembre 2002
• Note DPJJ du 25 février 2005 relative à l’organisation de la scolarisation des mineurs placés
en CEF
• Circulaire DPJJ/DACG du 13 novembre 2008 visant à améliorer la prise en charge des mineurs
placés en CEF incluant le cahier des charges des CEF
• Circulaire DPJJ d’orientation sur l’action d’éducation dans le cadre pénal du 2 février 2010

4. Le taux d’occupation indiqué correspond au taux de places occupées (c’est-à-dire utilisées ou réservées pour un accueil préparé
ou un retour après une période d’incarcération, d’hospitalisation ou de fugue). En 2010, le taux de journées réalisées (décompte
des absences de moins de 48h) est de 74 %.
5. Note DESCO/DPJJ du 22 février 2005 visant à organiser la scolarité des mineurs en CEF.

58
Les conditions du placement en CEF
Les mineurs sont placés exclusivement dans le cadre d’une décision de contrôle judiciaire (CJ), de
sursis avec mise à l’épreuve (SME), de libération conditionnelle (LC), de placement extérieur (PE).

Le dispositif actuel
Caractéristiques des établissements : Un dispositif structuré et bien référé au
• 44 CEF au total, dont 34 du secteur associatif droit des mineurs :
habilité et 10 du secteur public ; 11 CEF mixtes ; • Les CEF offrent une prise en charge renforcée
1 CEF filles ; 13 CEF renforcés en moyens de et structurée. Ils développent un projet éduca-
santé mentale. tif construit autour de trois étapes évolutives ;
• Un taux d’occupation moyen de 80 % 4. un renforcement de 13 centres en moyens de
• 20 unités supplémentaires ont été décidées par santé mentale ; la mise à disposition d’un pro-
l’ancienne majorité (par reconversion d’éta- fesseur de l’Education nationale5 dont l’action
blissements de placement du secteur public). vise à la réintégration des mineurs dans le sys-
Le gouvernement actuel tarde à faire connaî- tème scolaire de droit commun.
tre ses orientations sur ce sujet. Pendant les • Le respect des droits des mineurs, dans le
élections présidentielles, le candidat avait fait cadre du placement en CEF est une préoc-
connaître son intention de doubler le nombre cupation affirmée régulièrement par la DPJJ.
de CEF. La réalité économique comme une Cette question centrale fait l’objet d’une at-
série de rapports attendus visant à évaluer tention particulière de la part des instances
les dispositifs de prise en charge des mineurs européennes (exemple du comité européen
délinquants devraient contredire ce projet. contre la torture et les traitements inhumains
et dégradants) et nationales (contrôleur gé-
Ressources humaines : néral des lieux de privation de liberté, défen-
•
27 équivalents temps plein en moyenne seur des enfants).
pour des établissements qui ont vocation à Les CEF sont soumis aux dispositions des arti-
tous être portés à 12 places + 1 enseignant cles L311-7 et ultérieurs du code de l’action so-
mis à disposition par l’Education nationale ciale et des familles relatifs au respect du droit
et des moyens humains dans le champ de la des usagers (notamment maintien des liens
santé mentale pour certains centres dédiés. familiaux). Les professionnels de nos associa-
Une circulaire de 2012 est venue ramener le tions seront particulièrement attentifs au res-
nombre d’ETP à 24. Cette disposition est très pect du droit et des droits des mineurs placés. 
contestée par les associations. 15 d’entre elles
ont engagé une procédure contentieuse
contre l’administration sur ce point.
• Des travaux ont été engagés en matière de
formation et de qualification des profession-
nels : formation d’adaptation à la prise en
charge spécifique en CEF sur site avant toute
ouverture ; journée nationale d’étude des be-
soins en formation de 2009 et questionnaire
relatif à la formation et à la qualification des
personnels en CEF de janvier 2011.

59
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

Un dispositif très encadré et piloté par la DPJJ


La particularité de la structure CEF, liée à son objectif annoncé de contenance, conduit à un pilotage
rigoureux :
• au niveau national, par la direction de la protection judiciaire de la jeunesse : organisation de jour-
nées nationales annuelles des directeurs de CEF, suivi des tableaux de bord hebdomadaire des
places disponibles,
• au niveau régional, par les directions inter-régionales : organisation de journées inter CEF ; tableau
de bord par CEF,
• au niveau local, lors de l’instruction des arrêtés préfectoraux de création, par la tenue de comités
de pilotage à minima annuels, par la participation des CEF aux instances de coordination locale.

L’objectif visé est ici le contrôle de l’application du cahier des charges du CEF6 et du strict respect des
droits fondamentaux des mineurs.

Ce dispositif de suivi, apparemment très structuré, révèle des failles et une application inégale
en fonction des contextes locaux. Partout où ils interviendront, nos professionnels devront
attirer l’attention des pouvoirs publics sur la mobilisation nécessaire et constante de tous les
acteurs de la justice des mineurs autour de chaque dispositif. Dès lors, le rôle de coordinateur
de la justice des mineurs que revendique la DPJJ devra être pleinement assuré pour permettre
l’inscription territoriale et partenariale du centre.

Une inscription renforcée des CEF sur les territoires


• Les CEF font appel aux ressources locales de la DPJJ de leur lieu d’implantation, tant pour le pilo-
tage de la structure, que dans l’objectif d’une prise en charge la plus adaptée aux mineurs suivis.
• La formalisation de partenariats est réalisée avec les services municipaux, les associations loca-
les ou d’autres acteurs. Une attention particulière est également portée aux rapports de voisi-
nage : des journées « portes ouvertes » sont ainsi organisées annuellement au sein de certaines
structures.
• Des protocoles de prise en charge conjointe sont également conclus en matière de santé, notam-
ment avec les services psychologiques et pédopsychiatriques de secteur. Selon l’enquête réalisée
par la DPJJ en août 2010, 19 établissements ont élaboré ce type de protocoles avec le secteur de
pédopsychiatrie local.

6. C
 ontenu dans la circulaire DPJJ/DACG du 13 novembre 2008 visant à améliorer la prise en charge des mineurs placés en CEF.

60
Le bilan des CEF 2003-2010 et une interrogation sur l’avenir
Les mineurs sont placés exclusivement dans le cadre d’une décision de contrôle judiciaire (CJ), de
sursis avec mise à l’épreuve (SME), de libération conditionnelle (LC), de placement extérieur (PE).

Caractéristiques des établissements :


Caractéristiques des mineurs pris en charge :
• 3 800 mineurs placés en CEF depuis 2003
• 470 mineurs en moyenne, par an, bénéficient du dispositif
• L’âge moyen d’arrivée en CEF est de 16 ans (seuils d’âge : 13 à 18 ans)
• 94 % de garçons ; 6 % de filles
• 74 % des mineurs placés sont multiréitérants
Les effets sur le dispositif de prise en charge des mineurs délinquants
• Le caractère réputé contenant des CEF offre aux magistrats des alternatives supplémentaires à
l’incarcération. Les CEF contribuent ainsi fortement à la baisse du nombre de mineurs détenus
enregistrée sur la période 2002/2010. La part des prévenus est également passée de 76,4 % à
58,2 % sur cette même période.
• Certains principes pédagogiques, initiés ou réaffirmés dans les CEF sont aujourd’hui largement
à l’œuvre dans le dispositif de placement judiciaire. Insertion et Alternatives s’y référait déjà très
largement :
- le principe selon lequel l’adhésion du mineur est un objectif à atteindre et non un préalable à
toute action éducative,
- la médiation éducative, dans ses diverses formes (activités de jour structurées, prise en charge
éducative continue, travail en réseaux…) au centre de la prise en charge.

Impact sur les modalités de gestion des incidents


• Les incidents tendent à être progressivement moins nombreux depuis 2004. Sur l’année 2010,
une dizaine d’incidents significatifs est à relever. Les incidents les plus fréquents, les fugues, se
produisent principalement en début de séjour. Elles représentent environ 60 % des incidents ; les
atteintes aux personnes environ 20 % 7.
• Plus de 80 % des CEF ont aujourd’hui mis en place des modalités particulières de gestion des inci-
dents : protocoles avec les juridictions et les services de police et ou de gendarmerie ; formation
spécifique des personnels ; « débriefing » post-incident.

7.Rapport ISPJJ d’octobre 2008 : « les centres éducatifs fermés […] : état des lieux, évolution depuis trois ans, perspectives »

61
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

Là ou nous en sommes…
Les principaux enjeux du repositionnement du GROUPE SOS
La démonstration aujourd’hui établie, par des autorités externes de contrôle, de la dimension
d’abord éducative de ces centres peut désormais s’inscrire dans notre conception de l’action
éducative au pénal.
• L’opportunité d’élargir l’éventail des modalités de prise en charge éducative des mineurs délin-
quants proposées par nos associations pour ainsi mieux compléter notre offre éducative globale.
• La possibilité pour l’association Insertion et Alternatives de rester arrimée à son cœur de métier,
la prise en charge des adolescents en difficulté et plus singulièrement ceux qui sont « en conflit
avec la loi ».
• La relance d’une dynamique de rapprochements associatifs avec des associations gestionnaires de
ces dispositifs sur la base de valeurs partagées
• Le développement de la présence du GROUPE sur des départements où il n’est pas encore im-
planté en métropole comme en Outre-Mer dans un contexte de redéfinition des orientations de
la DPJJ qui impacte les autres modèles éducatifs de l’association et principalement l’hébergement
individualisé.
• La fidélité aux valeurs du GROUPE SOS dans la gestion de CEF authentiquement éducatifs et
« ouverts ».

Les dossiers en cours sur lesquels déployer les principes d’actions sus décrits :
• Un premier CEF, le CEF Jules Palant à La Réunion a rejoint le GROUPE SOS par la filialisation de
l’AAPEJ*.
• La DIRPJJ** Ile-de-France/Outre-Mer a demandé à Insertion et Alternatives de porter un projet de
réouverture du CEF de Port-Louis (Guadeloupe)
• L’association foyer OBERHOLZ, gestionnaire du CEF de Saverne (Bas-Rhin) a engagé un processus
de rapprochement.
• En région PACAC (Provence-Alpes-Côte-d’Azur-Corse), nous avons répondu à deux appels à projets
pour les départements 06 et 13 (procédures d’instruction en cours).

La prise en charge des adolescents difficiles


Une nouvelle sollicitation des membres de ce groupe de travail dans le cadre de la dynamique
NOVATION SOCIALE est envisagée pour 2013, sur la thématique « PJJ / ASE : quels dispositifs post-
sorties ? »

*AAPEJ : l’Association AIDE et protection enfance et jeunesse


**DIRPJJ : Direction inter-régionale de la protection judiciaire de la jeunesse

62
Salles de
consommation
à moindres risques,
le modèle SOS

63
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

 alles de consommation à moindres risques,


S
le modèle SOS
Qualifié souvent par les acteurs publics de
« fléau social » depuis le début du xxe siècle,
l’usage de drogues interdites est traité par un
appareil législatif et un cadre institutionnel
spécifiques. Ceux-ci se développent en France
surtout à partir du début du xxe siècle.
Leurs évolutions se sont ajustées aux contex-
tes sociaux et sanitaires, avec une ambivalence
portée par la loi du 31 décembre 1970 qui fait
de l’usage de drogue un délit, mais du sujet
toxicomane, un malade. Ces ajustements suc-
cessifs du cadre législatif par l’introduction de
nouvelles réponses, ont permis de faire face
En France, le terme officiel qui désigne la politi- aux données en matière d’infection à VIH et
que publique en matière de drogues illicites se aux questions de santé publique posées par
résume sous l’appellation « lutte contre la toxi- l’arrivée d’une nouvelle pathologie transmissi-
comanie ». « Ce qu’on désigne comme politique ble et mortelle.
est en fait un plan8 ». Les pratiques de consommation de substan-
ces psycho-actives illicites (maintenues dans
L’usage de drogue est au carrefour de regards la clandestinité car toujours interdites même
croisés, traversé par une série de sciences hu- dans les institutions spécialisées), comportent
maines (sociologie, médecine, philosophie…). des risques majeurs de transmission de patho-
Cette problématique engage une diversité logies connexes.
d’acteurs publics : la police, la justice, le sys-
tème de santé… La consommation de drogues Soutenues par une série d’expériences étran-
est associée à de multiples problèmes de so- gères, les réponses françaises doivent s’étoffer
ciété : les dommages sociaux qu’elle génère, d’un nouveau type d’équipement : les salles de
son impact sur la santé individuelle et publi- consommation à moindre risque (SCMR).
que, la question des économies souterraines
impliquées dans le marché illégal qui gère
l’offre des substances psycho actives illégales…
L’usager de drogue (ou le toxicomane) est un
être social déviant9 et stigmatisé sur le plan
moral10.

8. Kopp P. Economie de la drogue Paris, La découverte 2006, p 58.


9. Cf. l’ouvrage d’Howard S. Becker. Outsiders. Etudes de sociologie de la déviance. Paris, AM Métaillé, 1985.
10. Cf. l’ouvrage d’Erving Goffman. Stigmates, les usages sociaux des handicaps. Paris, Minuit, 1975.

64
Les données de cadrage du projet

Synthèse historique sur l’organisation des réponses publiques dans le champ de l’addiction
La Convention internationale sur l’opium, signée le 23 janvier 1912 à La Haye, représente la pierre
angulaire des législations en matière d’usage de drogue au sein des pays industrialisés. A la fin du
XIXe siècle, la consommation abusive qui se développe en Occident à partir de la Chine, conduit les
Etats occidentaux à la constitution d’un appareil international de contrôle et de surveillance de la
production et de la vente dans le monde d’opium, de morphine, d’héroïne et de cocaïne. En France,
à partir du milieu du XIXe siècle, l’usage de la morphine se démocratise, il sort des milieux intel-
lectuels (écrivains, artistes) dans lesquels il était confiné depuis la fin du siècle précédent, pour se
répandre dans la population générale. Avec l’apparition et le succès des premières fumeries, qui
se développent clandestinement en France à partir des villes portuaires puis dans la capitale11, la
consommation d’opium s’amplifie au début du XXe siècle. A la Belle Epoque, l’usage de la cocaïne
augmente également.

• La pénalisation de l’usage en société de substances psycho actives


Cet usage diversifié de substances psychoac- tional, sont les autorités de contrôle en charge
tives se développe massivement (chanvre, co- des réponses sociosanitaires déployées sur ce
caïne et opium) et devient un problème social. champ. Par la mobilisation de la clause géné-
En 1916, une première loi est promulguée en rale de compétences, les collectivités territo-
France, interdisant l’usage en société12 d’opium riales (régions, départements ou communes)
et de cocaïne, l’usage individuel restera toléré s’impliquent dans l’éventail des réponses exis-
jusqu’en 1970. tantes comme des partenaires associés au
En France, la toxicomanie est depuis toujours montage d’un projet ou au déroulement de
sous la compétence directe de l’Etat. Les gran- son activité (cofinancements), mais la gestion
des orientations au sein de l’intervention socio- de fond de cette problématique relève directe-
sanitaire en toxicomanie sont édictées par le ment du gouvernement.
ministère de la Santé. Dans une démocratie comme celle de la
La loi dite de décentralisation13 a confirmé France, qui délègue une partie de ses politi-
cette responsabilité régalienne non décentra- ques sanitaires et sociales à des responsables
lisée. Les réponses publiques à cette problé- locaux, cette organisation centralisée offre
matique ne sont pas déléguées aux collecti- un cadre d’intervention en toxicomanie proté-
vités territoriales. La Direction générale de la gé de toute dérive localement possible15. Dans
Santé, les représentants de l’Etat en lien avec la ce pays, la toxicomanie, dite moderne, appa-
MILDT14, dans les départements où les régions raît au milieu des années 1960, sous l’impulsion
appliquent une politique définie au niveau na- de la culture hippie importée des Etats-Unis.

11. En 1916, il existe à Paris 1 200 fumeries, des lieux équipés pour la consommation d’opium sur site.
12. L e Parlement français adopte le 12 juillet 1916 à l’unanimité la grande loi sur les stupéfiants, réprimant en France : l’importa-
tion, le commerce, la détention et l’usage de substances vénéneuses, et notamment la morphine, l’opium et la cocaïne.
13. Loi 82-213 du 2 mars 1982.
14. Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT). Créée en 1982 et placée sous l’autorité du Pre-
mier ministre, la MILDT est chargée d’animer et de coordonner les actions de l’Etat en matière de lutte contre les drogues et
les toxicomanies.
15. C f. par exemple la conception du traitement des toxicomanes au sein du programme politique du Front national.

65
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

La mobilisation des acteurs politiques sur ce • La pénalisation de l’usage simple


sujet jusqu’à cette période est plutôt timide et de substances psychoactives illicites
surtout centrée sur la répression de l’usage en
société et du trafic. La drogue devient à son tour le problème
Le 25 août 1969, une jeune fille est retrouvée de l’Etat et l’année 1970 s’achève par le vote à
morte d’une overdose à l’héroïne dans les toi- l’unanimité16 de la loi du 31 décembre17. Socle
lettes du casino de Bandol, dans le Var. Il s’agit législatif de la politique nationale dispensée
du premier décès attribué officiellement aux en France en réponse au problème de la toxi-
dommages directs induits par la drogue. Sous comanie, ce texte pénalise l’usage individuel
la médiatisation importante de l’événement, et vise l’éradication du phénomène dans le
la consternation de la population française pays. Depuis la loi du 31/12/1970, le système
est générale. Pour les Français, la drogue était de soins français est organisé sous un objectif
jusqu’alors surtout un problème étranger, can- double, celui du sevrage et de l’abstinence (en
tonné aux Etats-Unis ou à la Grande-Bretagne. matière de consommation de drogues illicites)
Dans un contexte de peur collective, marqué et de la volonté d’éradiquer le trafic en France.
par la crainte populaire d’une « épidémie de la Ce cadre législatif de référence, qui conjugue
drogue », les responsables politiques aux com- de façon ambitieuse la dimension sanitaire (le
mandes d’un Etat déjà récemment malmené soin de la dépendance aux drogues) et celle de
par les événements sociaux de Mai 1968, font la répression (usage individuel et collectif inter-
des connexions péremptoires (et souvent dit), modélise une chaîne thérapeutique où se
erronées) entre une jeunesse en colère dans mêlent la gratuité des prestations, l’anonymat
des universités politisées, et une jeunesse du sujet et l’alternative à l’incarcération (injonc-
consommatrice de substances psycho-actives. tion thérapeutique). La Loi du 31/12/1970 s’ac-
compagne de crédits nationaux délégués au
secteur public (hôpitaux) ou privé (monde as-
sociatif) pour constituer un éventail de répon-
ses sanitaires et sociales spécialisées. C’est la
naissance de « l’intervention en toxicomanie ».
Celle-ci s’organise sur un objectif principal : le
traitement de la dépendance aux drogues par le
déploiement de soins médico-psycho-sociaux
visant l’arrêt définitif de la consommation de
substances psycho-actives illégales (héroïne,
cocaïne, cannabis…). Le premier hôpital public
« spécialisé » dans l’accueil ouvre en 1971 à Pa-
ris18 et d’autres soignants français inspirés des

16. S euls 9 députés étaient présents à l’Assemblée nationale un 31 décembre (réveillon de la Saint-Sylvestre).
17. L a loi 70-1320 du 31 décembre 1970 relative aux mesures sanitaires de lutte contre la toxicomanie et à la répression du trafic
et de l’usage illicite des substances vénéneuses.
18. Hôpital Marmottan dans le 17e arrondissement de Paris, ouvert par le Dr Olievenstein (1933/2008).

66
« Free Clinic » de San Francisco large. Ces approches, axées sur du matériel d’injection, mé-
ouvrent des structures asso- l’accès au matériel d’injection et connaissance des risques de
ciatives pour accueillir les usa- les traitements de substitution, transmission…). La pénalisa-
gers de drogue qui souhaitent démontraient déjà leur effica- tion de l’usage maintenait les
traiter leur dépendance. Le cité en Europe du Nord, quant usagers de drogue actifs dans
sida, « catastrophe sanitaire19 », à la prévalence et l’incidence une situation de clandesti-
maladie nouvelle et mortelle, de l’infection à VIH concernant nité et à l’écart des institutions
appelée dans certains jour- les usagers de drogue par voie spécialisées du fait de leur
naux « peste des temps moder- intraveineuse. Les usagers de « impossibilité » à cesser leur
nes » a bouleversé ce modèle drogue, ceux pour lesquels le consommation. Au milieu des
de réponse en le complétant système « classique » (sevrage, années 80, le modèle originel
d’approches alternatives pre- abstinence…) s’avérait être peu de l’intervention en toxicoma-
nant en compte la question de opératoire, présentaient des nie est dans l’impasse face au
l’infection à VIH et son impact pratiques à hauts risques de sida (enjeu majeur de santé
sur la Santé publique, au sens transmission du sida (partage publique).

Sleep In Marseille. Photo : Stéphane Moiroux

19. Cf. Rapport Henrion 1994.

67
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

• La politique de réduction des risques liés à l’usage de drogues


Dans une situation d’urgence épidémiologique déploiement de comportements de protection
face à une maladie mortelle et transmissible, au sein des usagers de substances illicites.
contre laquelle aucun vaccin ni traitement effi- En Suisse (pays souvent remarqué pour sa
cace ne sont disponibles, s’installe en France vision pragmatique du problème de l’usage de
au milieu des années 1990, une alternative drogue), cette approche est communément
au modèle d’intervention en toxicomanie an- appelée « le 4e pilier20 ».
cien, modèle axé sur le sevrage et l’abstinence. Développé autour de deux axes – la prévention
Une nouvelle approche pragmatique mène primaire des contaminations et la simplifica-
au constat suivant : les usagers de drogue se tion de l’accès aux soins –, ce dispositif expé-
contaminent « entre eux » par le sperme et le rimental bâti sur une réalité épidémiologique
sang, les usagers séropositifs peuvent trans- et le constat des limites d’une seule réponse,
mettre le virus du sida aux « non-usagers de se positionne telle une approche complémen-
drogue » via des rapports sexuels non proté- taire et pragmatique. Ainsi, l’éventail d’alterna-
gés (la prostitution par exemple). Il s’agit donc tives proposées aux usagers de drogue s’élar-
d’un réel problème de Santé publique circons- git progressivement en dépit de la résistance
crit et programmé. Dans les années 1990, un de la société et d’un pan de l’intervention en
usager de drogue séropositif risque davantage toxicomanie (les tenants de l’approche initiale
de mourir du sida que de sa toxicomanie. axée sur l’abstinence).
Ainsi, au terme de débats houleux entre les Les résultats (validés par toutes les études scien-
professionnels fervents de l’ancienne école tifiques sérieuses) de la politique de réduction
(sevrage, abstinence) et ceux qui en pointaient des risques sont rapidement spectaculaires et
les limites dans un contexte de progression inédits en France21.
galopante des nouvelles contaminations, une L’intégration de la Réduction des risques (RDR),
nouvelle stratégie s’impose dans les agendas au sein du code de Santé publique (issu de la loi
du monde associatif, des soignants et des res- quinquennale d’orientation en Santé publique),
ponsables publics (ministre de la Santé, Direc- marque son passage du cadre expérimental
tion générale de la Santé, DDASS…). Il s’agit de vers une assise législative, signe de reconnais-
la politique de réduction des risques qui vise le sance de sa pertinence.

20. T erminologie consacrée dans les textes du Conseil fédéral depuis 1999. Les trois autres piliers sont : la prévention primaire, la
répression du trafic et les soins orientés vers l’abstinence.

68
• 2009 : Une nouvelle réglementation pour une nouvelle approche de la toxicomanie
Depuis l’année 2009, l’évolution réglementaire23 tion, le cadre législatif des établissements so-
en cours au sein de l’intervention en toxico- ciaux et médico-sociaux a changé. Les centres
manie impose désormais aux acteurs d’ap- de soins spécialisés en toxicomanie (CSST) et les
procher la problématique de l’addiction moins centres de cure ambulatoire en alcoologie (CCAA)
par le produit consommé mais davantage à ont fusionné juridiquement et administrative-
partir de l’usager « addict ». « Ces dernières an- ment autour d’une nouvelle appellation : cen-
nées, la politique publique relative aux drogues tres de soins d’accompagnement et de prévention
en France s’est orientée vers une prise en compte en addictologie (CSAPA). Transformés réglemen-
moins différenciée des différentes substances tairement, ils sont effectifs depuis le 1er janvier
psycho actives…24 ». Il s’agit là d’un changement 2010 au terme d’une procédure orchestrée par
de paradigme, qui bouscule les rares fonda- l’Etat et ses services déconcentrés au niveau
mentaux admis dans un champ marqué par la régional et départemental.
complexité. Ainsi, autour du concept d’addic-

Le cadre législatif et son évolution face aux enjeux sociosanitaires


La prohibition de la drogue ne supprime pas sa consommation. La prohibition rend « seulement »
illégal l’usage de drogue. Ainsi, consommer des substances illicites est de ce fait un acte délictueux,
donc voué à rester invisible. « Mesurer la consommation de drogues et les prix pratiqués est une tache
complexe, du fait de l’illégalité des transactions25 ».

21. A u terme de la période 1994-1999, les overdoses mortelles ont chuté de 80 % ; En 1996, entre 25 et 30 % des toxicomanes
sont atteints du sida et ils représentent 23,7 % de la totalité des cas. Les nouvelles contaminations passent de 30 % au début
des années 1990 à 4 % en 2001. Les infractions à la législation en matière de stupéfiants (ILS) sur la période 1994-1999 ont
diminué de près de 70 %.
22. La loi 2004-806 du 09 août 2004.
23. Le décret n°2007-877 du 14 mai 2007. Le décret n° 2008-87 du 24 janvier 2008. La circulaire n°DGS/MC2/2008/79 du 28 février
2008.
24. B eck F., Legleye S. et Peretti-Watel P. Penser les drogues : perception des produits et des politiques publiques. Enquête sur les
représentations, opinions et perceptions sur les psychotropes, Paris, OFDT, EROPP 2002, p11.
25. Kopp Pierre, op.cit, p 25.

69
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

• Approche épidémiologique de l’usage de substances psychoactives en France :


Quelques données sur le nombre d’usagers de En dépit d’un retard français en matière de
drogues en France révèlent des tendan- connaissances épidémiologiques sur l’usage de
ces quantitatives en matière de consommation drogue, depuis le début des années 1990, les
de substances psycho-actives licites et illicites. enquêtes quantitatives se multiplient au sein de
Il s’agit surtout d’indicateurs car le comptage la population générale et les recherches quali-
en ce domaine est un exercice périlleux. tatives se développent auprès des consomma-
Le croisement de sources diverses collation- teurs de substances psycho-actives. Ainsi les
nées par quelques services (police, douanes, évolutions en matière de consommation sont
hôpitaux, ESMS...) permettent de disposer suivies et la connaissance sur ce sujet se pré-
d’une base chiffrée et comportant un mini- cise. « Maintenant en France, nous disposons de
mum de garanties en matière de fiabilité. données fiables sur qui consomme quoi.26 »

Estimation du nombre de consommateurs de substances psychoactives en France


métropolitaine parmi les 12-75 ans27

Usages Alcool Cannabis Héroïne Cocaïne Ecstasy


42,5
Expérimental
millions 12,4 M 360 000 1,1 M 900 000
(au moins 1 fois)
(M)
Dont actuel
Non
(au moins 1 fois 39,4 M 3,9 M 250 000 200 000
disponible
dans l’année)

9,7 M 1,2 M
Non Non Non
Dont régulier (3 fois par (10 fois
disponible disponible disponible
semaine) par mois)

Non Non Non


Dont quotidien 6,4 M 550 000
disponible disponible disponible

26. S
 pilka Stanislas, statisticien à l’OFDT (Office français des drogues et des toxicomanies). Conférence de présentation de l’enquête
ethnographique “Les usages de drogue des adolescents parisiens”, Mairie de Paris, 26/11/2009.
27. ESCAPAD 2008, OFDT ; ESPAD 2007, OFDT/INSERM/MJENR ; Baromètre santé 2005, INPES, OFDT

70
Comparer à un niveau international des données rapide des tendances de la consommation de
épidémiologiques demeure une tâche complexe drogue souligne la résistance d’un pays comme la
à réaliser. Les législations sur l’usage de drogue, France qui n’a pas connu une vague de consom-
les organismes officiels de recueil des données, mation de drogue aussi aiguë que le Royaume
et les méthodes pour les traiter, présentent des Uni, l’Espagne ou l’Italie28 ».
différences sensibles entre les pays. En 2010, en France, l’usage individuel et collec-
Ceci explique la difficulté des chercheurs à tif de substances illicites est toujours interdit et
élaborer des constats transnationaux et des pénalement répréhensible29. Le soin classique
comparaisons internationales présentables (sevrage, abstinence…) cohabite avec la notion
de façon synthétique. En effet, chaque donnée de réduction des risques (mise à disposition de
doit être assortie d’explications contextuelles matériels de prévention, traitements de subs-
liées à l’Etat concerné par le phénomène. Res- titution…).
tons donc au stade des généralités, celles de On estime entre 150 000 et 180 00030 le nom-
tendances lourdes qui permettent de situer la bre d’usagers de drogue (opiacés ou cocaïne)
France au sein de ses pays voisins. « L’examen qualifiés de « problématiques » en France.31

• Un nouvel enjeu de santé publique : le virus de l’hépatite C


En matière d’infections VIH/sida, d’overdoses et de santé publique : l’hépatite C.
d’infraction à la législation sur les stupéfiants, la Les usagers de drogue représentent en
politique de réduction des risques a apporté effet, une population très exposée à cette
des résultats probants et démontrés par une pathologie grave33. Tous les indicateurs officiels
série d’études officielles32 produites dès son se rejoignent pour constater une prévalence et
introduction en France. une incidence importantes34.
Cependant, 23 ans après la mise en vente
libre de seringues, 15 ans après l’arrivée des « Avec 170 millions de personnes touchées par
traitements de substitution aux opiacés (TSO), le VHC dans le monde (trois à quatre millions de
le cadre législatif français est une nouvelle fois personnes infectées chaque année et un potentiel
interrogé. évolutif de l’infection vers une maladie sévère du
Sous l’impulsion d’associations militantes, foie (cirrhose, cancer du foie), l’hépatite C est un
ce cadre est pointé pour son impuissance à enjeu de santé publique majeur… Dans les pays en
intervenir efficacement face à un nouvel enjeu développement, la transmission a été dominée

28. Kopp Pierre, op.cit, p 29.


29. L a loi punit d’un an de prison et d’une amende de 3 750 euros au maximum le consommateur de drogues.
30. D ernière estimation disponible : 1999.
31. U sage problématique de drogues : indicateur de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) qui couvre
« l’usage de drogue par injection ou l’usage régulier/de longue durée d’héroïne, de cocaïne et/ou d’amphétamines ». Corres-
pond pour la France à des usagers réguliers d’opiacés ou de cocaïne, que leur consommation conduit à affronter des problè-
mes importants, tant sur le plan de la santé que sur le plan social (difficulté d’insertion, problèmes avec la justice).
32. C f. notamment l’étude Evaluation de la politique de réduction des risques liés à la toxicomanie à travers le système Siamois
1996/1998 www.invs.fr
33. S elon le communiqué de presse d’Act up du 19 mai 2010 : sur les 4 400 nouvelles contaminations par an, 70 % concernent des
usagers de drogue.
34. Cf. notamment l’étude Coquelicot, 2004. www.invs.fr

71
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

par l’utilisation de matériel d’injection non stérile ou du matériel de préparation (cuiller, filtre, eau),
et la transfusion de sang non testé. reste le mode de transmission majeur du virus de
En Europe de l’Ouest et en Amérique du Nord, l’hépatite C. D’autres modes de consommation
elle a été le fait de la transfusion jusqu’au début de drogues peuvent, toutefois, être à l’origine de
des années 1990 et de l’usage de drogues qui la transmission du VHC. L’usage de drogues par
actuellement prédomine. voie nasale susceptible d’entraîner des lésions de
En France métropolitaine, en 2004, on estime que la muqueuse peut être à l’origine de transmission
367 055 personnes âgées de 18 à 80 ans sont du VHC en cas de partage de paille. L’usage de
porteuses d’anticorps contre le virus de l’hépatite drogues par voie fumée (partage de la pipe à
C (anti-VHC) dont 65 % auraient une infection en crack) peut également devenir une pratique
cours. Une proportion encore importante (43 %) à risque de transmission du VHC en présence
des personnes ayant des anticorps anti-VHC ne de blessures aux mains survenant lors de la
connaît pas sa séropositivité vis-à-vis du VHC. Le préparation du crack (utilisation d’un cutter et
nombre de décès associés au VHC a été estimé manipulation de fils électriques en cuivre) ou de
à 3 618. Parmi ceux-ci, 2 646 étaient imputables saignements de lèvres se produisant lors d’une
au VHC, soit 4,5 décès pour 100 000 habitants. consommation régulière (utilisation d’un doseur
Dans les pays « développés », l’usage de drogues en verre facilement cassable).35»
par voie intraveineuse, par le partage de seringue

L’étude Coquelicot36 centrée sur la séroprévalence du VIH et du VHC chez les usagers de
drogues en France, apporte des données scientifiques utiles au raisonnement.
Dans cette étude, 1 462 usagers de drogues (UD) volontaires (recrutés de façon aléatoire entre
septembre et décembre 2004) ayant injecté et/ou sniffé « au moins une fois dans leur vie » ont
été inclus. Quelques extraits des résultats obtenus :
La pratique d’injection par voie intraveineuse (IV) concerne 70 % d’entre eux.
Au sein de cette cohorte :
• La séroprévalence globale du VIH est de 10,8 %.
• La séroprévalence du VHC est de 59,8 %.
• La co-infection VIH-VHC est de 10,2 %. La quasi-totalité des UD séropositifs pour le VIH
le sont aussi pour le VHC.

35. http://apheis.net/surveillance/hépatite_c
36. M
 arie-Jauffret-Roustide et col. Estimation de la séroprévalence du VIH et du VHC et profils des usagers de drogues en France,
étude InVS-ANRS Coquelicot, 2004. BEH n°33, 2006, 244-247.

72
Dans un contexte de méconnaissance sur les substances) explique le fait que les pratiques
modes de transmission de l’hépatite C, et de consommation se déroulent en clandestini-
d’ignorance répandue sur leur statut sérologi- té. En France la consommation de substances
que (VHC), les usagers de drogue les plus mar- psycho-actives dans un établissement médico
ginalisés, présentent des comportements de social n’est possible que dans le strict respect
consommation à risque. Ces risques se décli- du cadre suivant : des traitements de substitu-
nent principalement par un recours à l’injection tion aux opiacés officiellement reconnus tels
(substances psycho-actives illicites licites ou mé- que : la Méthadone® (sirop et gélule), et la Bu-
susage des TSO) et le partage du matériel d’in- prénorphine Haut dosage (BHD, Subutex® ou
jection, de sniff et d’inhalation entre les usagers. générique).Ces traitements doivent être pres-
Les réponses institutionnelles françaises ne crits et administrés conformément au cadre
peuvent pas intervenir directement auprès en vigueur. Il n’existe pas à ce jour de traite-
d’un public consommateur à un « instant T » ment de substitution injectable. Le sulfate de
de substances psycho-actives illicites, car cette morphine (Skénan®) prescrit médicalement à
consommation se déroule dans la majorité certains injecteurs n’est pas reconnu officielle-
des cas en dehors du regard des profession- ment tel un TSO. Ainsi sa généralisation à l’en-
nels. Le cadre législatif qui pénalise l’usage semble des usagers ayant recours à l’injection
individuel d’opium, et de cocaïne (entre autres est impossible.

Présentation du projet
Sous la poussée du monde associatif depuis jour à Paris au cours du printemps 200938) le
quelques années, et face aux limites des po- 14 décembre 2009, sous l’impulsion de Jean
litiques publiques en matière de toxicomanie, Marie Le Guen (adjoint au maire de Paris en
le modèle français se tourne progressivement charge de la santé), le Conseil de Paris a voté
vers de nouvelles réponses complémentaires une subvention (symbolique) de 26 000 euros
ayant déjà fait leur preuve à l’étranger en ma- destinée à soutenir l’ouverture expérimentale
tière de réduction des risques sanitaires et so- d’une SCMR.
ciaux connexes à l’usage de drogue. Le curseur En France, le débat actuel sur l’avancée du ca-
se déplace lentement après une longue pause. dre législatif se situe sur l’introduction de diffé-
Inspiré des salles de consommation à moindre rents modèles. Alors que le monde associatif a
risque (SCMR), le programme ERLI37 est dé- pris position pour la promotion de SCMR, les
ployé dans plusieurs pays d’Europe notament. avancées concrètes se font toujours attendre.
Dans ces pays, les SCMR ont démontré leur in- Avant de poursuivre un éclairage sur ces deux
fluence sur la baisse des transmissions virales types d’outils s’impose :
en matière d’infection à VIH mais surtout sur le
plan des contaminations hépatiques (hépatites
B et C), nouvel enjeu de santé publique.
Dans la lignée de cette annonce ministérielle
et dans la foulée d’initiatives interassociatives
(reconstitution d’une salle d’injection pour un

37. E
 RLI : Education et réduction des risques liés à l’injection.
38. Le 19 mai 2009 dans le 20e arrondissement de Paris.

73
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

Des définitions respectives


Les SCMR (salle de consommation à moindre risque)
Il s’agit de structures d’accessibilité simplifiée où les usagers de drogue peuvent consommer
(injection, inhalation ou sniff) des substances psycho actives (licites ou illicites) dans des conditions
optimales (sécurité et hygiène) sous l’encadrement d’une équipe médicale et psycho sociale.
• Expériences internationales : 80 SCMR dans 55 villes dont 39 villes européennes
• Dans 9 pays : Suisse (1re en 1986) Pays-Bas, Allemagne, Australie, Canada, Luxembourg, Belgique,
Norvège, Espagne.
• Une SCMR en 1994 en France, fermée au terme de quelques mois de fonctionnement.

Le programme ERLI (Education à la réduction des risques liés à l’injection)


Il s’agit d’un programme centré sur un apprentissage technique (soignant/usager) autour de la
consommation et notamment de l’injection. Ce programme s’appuie sur trois outils principaux : un
bras en silicone, un DVD (17 minutes pour une injection sécurisée) et une documentation. L’injection
est simulée (via le bras) et expliquée à l’usager.

Les objectifs respectifs


Les SCMR
• Sécurité publique et paix sociale : réduction de l’usage de drogues dans les espaces publics et
baisse des nuisances connexes (violence, matériel souillé, réaction du voisinage, etc.). Implanta-
tion des SCMR souvent dans des zones de scènes ouvertes et de deals.
• Santé publique ; réduction de la mortalité (overdoses) et baisse la morbidité liées à l’usage de
drogues (VIH VHC…).
Le programme ERLI
• Santé publique essentiellement via l’augmentation des connaissances (techniques et théoriques)
des usagers sur les risques connexes à l’injection.

39. Cette étude orchestrée par l’INSERM sera présentée le 24 juin 2010.

74
Principaux axes de travail
ERLI : un programme sans « produit » (apprentissage technique)
• Point d’injection + désinfection
• Garrot
• Placement de l’aiguille
• Soins locaux post-injection
• Gestion du matériel usagé
• Utilisation d’embouts ou de pipes à crack…
Une SCMR avec « produit » (apprentissage empirique)
• Particularités galéniques du produit et messages de prévention ajustés à la substance
• Dialogue plus aisé sur le produit et les changements possibles
• Test du produit sur site (chromatographie)

Les arguments en faveur d’une SCMR


ERLI : Cet apprentissage technique est intéressant, il est en partie déjà en place dans certains CSAPA,
mais s’avère être insuffisant. Centré sur l’injection, l’inhalation et le sniff sont peu abordés et la
« réelle » consommation se fera hors des murs de l’établissement, souvent dans des conditions de
stress (lié à l’acte délictueux) et de méconnaissance sur la qualité du produit.
SCMR « avec produit » : en plus d’un apprentissage technique in vivo, la consommation est enca-
drée par une personne qualifiée. Ce type de dispositif est plus intéressant car la réponse est ancrée
dans la réalité de l’usager. Le produit consommé est important sur un plan sanitaire et social.

En résumé une SCMR répond à une série enjeux qui dépassent le cadre d’un
programme ERLI, citons-en les principaux :

Enjeux collectifs Enjeux individuels


Santé publique : hépatite C, Consommation encadrée : matériel, lieu de l’injection,
infection VIH/sida baisse des overdoses…

Sécurité publique : baisse


Connaissance du produit : chromatographie…
des incarcérations…

Paix sociale : réduction des scènes


urbaines (regroupements d’usagers
Informations pratiques et ajustées
de drogue dans l’espace public
aux connaissances individuelles des usagers
générant des tensions avec le
voisinage)

Coût social : baisse des dépenses


Prise en charge médico-sociale individualisée
connexes (en matière de Santé,
d’un public maintenu à l’écart des institutions
de Police et de Justice)

75
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

Notre projet
Dans le contexte des diverses recommandations en faveur de l’ouverture de SCMR en France, les
évaluations officielles menées sur ces dispositifs à l’échelle internationale, une approche pragmati-
que de la toxicomanie et une bonne connaissance du mode de vie des usagers de drogue en zone
urbaine, ce travail promeut l’ouverture d’une SCMR à Paris.
Il s’agit d’un dispositif ambulatoire de jour40 adossé à un CSAPA ou un CAARUD composé d’une
équipe pluridisciplinaire (travailleurs sociaux, médecins…) et accessible à des usagers de drogue
volontaires pour consommer in situ leur substance psycho-active dans le respect du règlement de
fonctionnement édicté par cet établissement médico-social.

Principaux points de ce règlement de fonctionnement :


• Un entretien individuel (pluridisciplinaire) sera mené avec l’usager à chaque fois.
• Chaque substance sera chimiquement analysée avant tout usage, la consommation sera organi-
sée en fonction du résultat.
• La consommation in situ sera réalisée par l’usager lui-même en présence d’une personne qualifiée
(médecin).
• Une prise en charge médico-sociale voire psychologique sera systématiquement proposée.
• Une large information sur les dommages liés à l’usage de drogue sera dispensée aux usagers.
• La cession et l’achat de substances sont interdites dans le CSAPA.

Public cible
Les consommateurs de drogues par voie intraveineuse, sniff ou inhalation…
• Les consommateurs qui débutent l’injection
• Les consommateurs les plus marginalisés pas ou peu en lien avec des structures médico-sociales

Les principaux produits rencontrés en zone urbaine parisienne


• Les opioïdes : héroïne, BHD, sulfate de morphine…
• Les psychostimulants : cocaïne, crack, amphétamine…

Public nécessitant une attention importante et pouvant pour certains d’entre eux poser des
questions d’ordre éthique nécessitant un travail de réflexion collectif en amont ou au mo-
ment de l’entretien obligatoire :
• Femmes (question des grossesses éventuelles en cours)
• Sortants de prison (changement de produit)
• Les primo-injecteurs (débat actif autour de ce public41)
• Les mineurs (l’accueil anonyme ne favorise pas leur repérage)
• Les handicapés

76
Les contraintes du projet en place d’un tel dispositif. Les premières ana-
En dehors des questions éthiques posées par lyses juridiques commandées sur ce sujet rap-
certains profils d’usagers (mineurs, femmes pellent toutes la prohibition de l’usage simple
enceintes…) et des situations complexes à gé- et soulignent l’engagement de la responsabi-
rer communément rencontrées dans un CSA- lité pénale du gestionnaire.
PA (transgression du règlement de fonction- Sans attendre une révision (hypothétique à ce
nement par exemple…), une des contraintes jour) de la Loi du 31/12/1970 et afin de ne pas
réside dans le cadre législatif actuel. exposer les usagers et le gestionnaire de ce
L’ensemble des textes qui depuis vingt ans ont CSAPA ou de ce CAARUD à des sanctions péna-
encadré l’intervention en toxicomanie (puis en les, cette 1re SCMR en France pourrait être en-
addictologie) en l’associant aux enjeux de la cadrée par une recherche Bio Médicale (RBM).
société (SIDA par exemple…) offrent un espace Ce statut suspendra sur un temps et un espace
réglementaire possible pour un programme délimité le spectre de la prohibition et dotera
ERLI. cet ESMS d’un fonctionnement optimal en ins-
En revanche pour une SCMR, la Loi du crivant son activité dans un protocole scientifi-
31/12/1970 qui pénalise en France l’usage que rigoureux et reconnu comme tel… même
simple de substances psychoactives (dérivées par un voisinage rétif !
d’opium ou de cocaïne) est un frein à la mise

Le projet que nous proposons est


un dispositif ambulatoire de jour,
adossé à un CSAPA et à un CAARUD,
composé d’une équipe pluridisciplinaire
et accessible à des usagers de drogues
volontaires pour consommer in situ leur
substance psycho-active dans le respect
du règlement de fonctionnement édicté
par cet établissement médico-social.

40. A Paris, l’hostilité du voisinage envers les structures d’accueil pour usagers de drogue impose un démarrage progressif surtout
pour ce type de projet, ainsi l’option « ambulatoire de jour » est retenue pour l’instant.
41. On sait que ce sont les premières injections qui font courir le plus de risques infectieux, notamment de contamination par le
VHC. L’initiation se pratique le plus souvent en groupe. Cependant, il peut être tentant de craindre qu’ainsi, le CIS favoriserait
l’évolution d’un usager vers l’utilisation de l’injection. A l’étranger, la plupart des CIS ont fait le choix de ne pas recevoir ce public
pour une injection.

77
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

L’évaluation du projet
Comme évoqué dans la première partie, l’élaboration de ce projet se fonde sur des constats poin-
tant les limites des politiques publiques actuellement en cours, en matière de toxicomanie. Ces don-
nées sont complétées et enrichies par l’observation d’expériences innovantes menées dans d’autres
pays d’Europe, comme l’Espagne, les Pays-Bas ou la Suisse.
Dans notre méthodologie d’élaboration, nous avons retenu trois critères pour construire le réfé-
rentiel, critères qui nous sont apparus à partir des effets et résultats recherchés pour un tel projet.
En voici la déclinaison :

1er critère 
Prévention en matière de santé publique et prise en charge médico-
sociale
La toxicomanie est un vecteur important de contamination de pathologies graves, telles que le
VIH et l’Hépatite C. Ce phénomène pose un problème de santé publique qui dépasse d’ailleurs
le public toxicomane.
A ce titre, des actions de préventions doivent se mettre en place à l’instar des innovations dans
le cadre du secteur médico-social… La prévention en direction des personnes toxicomanes doit
dépasser le cadre informatif, en englobant la création d’un dispositif d’accompagnement des
modes consommation.

2e critère 3e critère 
La dimension du coût Environnement social
économique Une politique de prévention en matière de
Une démarche de santé publique fondée réduction des risques s’enracine sur une
sur la prévention et la réduction des ris- concertation en bonne intelligence des
ques induit comme effet possible une di- acteurs concernés (santé, justice, police,
minution du coût économique de la prise association de proximité, vie de quartier et
en charge de ces problématiques. politique).
Le fait d’encadrer le public toxicomane Cette dynamique porteuse de lien social
dans sa pratique de consommation en- favorise un dialogue et une ouverture en-
gendre une baisse des frais connexes à la tre les acteurs en présence. Ce décloison-
répression de l’usage simple. nement des espaces d’intervention peut
faire émerger des effets d’amélioration en
matière de paix sociale.

78
Conditions transversales
Un tel projet ne peut s’envisager qu’à condition de définir un règlement et des protocoles stricte-
ment observés par les acteurs du projet. Il s’agirait ici d’une équipe pluridisciplinaire médico-sociale,
composée de professionnels formés et volontaires pour mener l’expérience. Cette équipe devra
être soutenue au quotidien par la mise en place d’une supervision régulière des pratiques profes-
sionnelles, afin de prévenir et de contenir tout effet de type « burn out ». Enfin, il est nécessaire de
proposer à ces professionnels des actions de formation continue pour mener à bien des démarches
de reconversion professionnelle si le besoin s’en fait jour.

Cadre de l’évaluation
• Les tableaux du référentiel
- Prévention de la santé publique et prise en charge médico-sociale
- Réduction des coûts liés à l’usage de drogues
- Réduction des nuisances dans l’environnement social
• Les effets transversaux

79
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

Prévention de la santé publique et prise en charge médico-sociale

Conditions à réunir

Actions Indicateurs de réalisation

Outil de traçabilité
sur le plan individuel et global
Accueil systématique « Logiciel adapté »
et suivi individualisé de l’usager
entrant en salle Création d’une base de données individuelles
quantitatives et qualitatives

Don de matériel systématique :


Kit injection, pipes à crack (labellisées NF) Nombre d’entretiens et protocole, contenu
En fonction du contrôle du produit : et durée, professionnels rencontrés : éducateur,
décision d’accompagnement infirmière, médecin…
à la prise ou refus Gestion des stocks du matériel choisi
Contrôle du produit apporté par l’usager Nombre de tests utilisés et analyse qualitative
(chromatographie) du produit
Information sur le produit circulant

Réunions d’expression collective


Prévention auprès des séronégatifs
Support DVD
Sensibilisation pour participer (17minutes pour une injection sécurisée)
aux différents dépistages
« Kit bras » 

Plateforme de suivi
de soins par des médecins
généralistes et des psychiatres Entretiens individuels
Information régulière et collective et collectifs animés par un éducateur
sur les différents produits et leur mode
d’administration

Plateforme de suivi Mise en place d’un suivi


de soins et suivi social pluridisciplinaire IN et OUT

80
Résultats / effets recherchés

Résultats Les indicateurs

Mise à jour de la base de données Analyses statistiques qualitatives


Résultats/population générale et quantitatives.
Croisement des données Gestion des risques et prévention
de la catégorie étudiée avec celles des pathologies graves
de la population générale connexes à l’usage de drogue primaire

Dépistage sur population qui fréquente


la salle (hépatite C, VIH)
Réduction des overdoses
Analyse sur une cohorte avec statistiques
Réduction des dommages dus aux injections
et vérifications si régression, avec
Bonne connaissance une analyse sérologique
des produits en circulation et possibilité deux ans plus tard
d’alerte rapport aux produits nocifs Comparaison avec des données
du moment épidémiologiques (BEH)
Nombre d’alertes et types

Baisse de recours
Analyse statistique sur une cohorte
à l’injection

Proposition de produits Comparaison des données cumulées


de substitution. des rapports d’activité

Outil de traçabilité « avant/après »


Intégration sociale
Enquête de satisfaction auprès des usagers

81
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

Réduction du coût économique des dommages liés à l’usage de drogue

Conditions à réunir

Actions Indicateurs de réalisation

Organisation effective de la salle


Dépénalisation de la consommation Formalisation de l’action dans le projet
dans un espace et un temps définis, autorisé d’établissement à travers la déclinaison
par les autorités de contrôle de protocoles et procédures
et la RBM (Recherche Bio Médicale) Les outils 2002
Rapport d’activité annuel

Prise en charge effective Inscription effective et recensée


de l’usager à travers de l’usager dans une prise en charge
un suivi opérationnel médicosociale
Prévention de dégradations Données statistiques :
somatiques et/ou nombre de passages, régularité
psychiatriques et rythme de fréquentation (logiciel)

Développement d’actions favorisant


Fréquentation régulière du même usage,
l’accueil de l’usager, l’objectif à long terme
et en cas de fréquentation de plusieurs salles :
demeurant un accompagnement
centralisation au niveau du ministère
vers la sortie du dispositif par l’arrêt
d’une file active anonyme.
des pratiques d’injections

82
Résultats / effets recherchés

Résultats Les indicateurs

Baisse d’ILS (infraction législation stupéfiants)


Données de l’activité SCMR.
pour usage simple des SPA
(substances psycho-actives illicites) Statistiques tirées de l’étude de la cohorte
complétées par des rapports d’activité
Baisse des frais connexes à la répression
croisés avec les chiffres officiels
de l’usage simple : (service de police, Justice
et statistiques antérieurs
et administration pénitentiaire)

Prévention et réduction
Recensements quantitatifs des contacts :
des hospitalisations
SAMU, pompiers, et hospitalisation
coûteuses (en aiguë
sous contraintes HP HDT, contenu des
sue somatiques et
dossiers médicaux et sociaux individuels
psychiatriques)

Fidélisation de l’usager avec


un objectif final : mode de consommation Consommation sécurisée
sécurisé ou changement et cohorte
de mode de consommation

83
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

Réduction des nuisances dans l’environnement social

Conditions à réunir

Actions Indicateurs de réalisation

Taux d’activité
Baisse de la pression
Déplacement spatial des usagers,
médiatique liée aux
depuis les scènes urbaines vers la SCMR
scènes urbaines
Observation des scènes

Réunions publiques
avec les élus de la mairie, Calendrier des réunions et comptes rendus
associations de citoyens… Respect du calendrier avec échéances
Mise en place de temps semestrielles
de concertation

Travail de rue (mise en place d’un travail


de récupération de seringues souillées
Planning
et matériel usagé sur le territoire)
deux fois par semaine le soir
à partir de la SCMR
Travail de médiation

Communication publique Outils de communication :


en externe portes ouvertes

84
Résultats / effets recherchés

Résultats Les indicateurs

Baisse du nombre de scènes ouvertes Cours de l’immobilier


(regroupement d’usagers Articles de presse
dans les espaces publics) Comités de quartier, mairies…

Mains courantes
Baisse des réactions Nombre de plaintes
de plainte du voisinage (plaintes Comptes rendus de réunions mixtes
pour nuisances dans les espaces publics) (gestionnaire de la salle SCMR avec les
représentants de l’Etat et la police)

Diminution de la charge de travail


des services de voiries
Baisse des dégradations de l’environnement
Diminution des accidents d’exposition
(- de seringues abandonnées et – de détritus)
au sang, avec un impact sur l’absentéisme
(moins de blessures)

Participation du voisinage
Intégration dans le paysage urbain aux journées « portes ouvertes »
Climat local

85
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

Les effets transversaux

A l’étude des trois tableaux du référentiel, les effets transversaux présentés ci-après couvrent
globalement les trois critères définis en amont :

1
L’encadrement et l’accompagnement de la consommation, assurés par la SCMR, ont
pour conséquence une diminution des risques sur la santé individuelle. De façon
concomitante, les coûts supportés en matière de Santé publique diminueront de
façon mécanique.

L’instauration de la SCMR permettra à une population « restée dans l’ombre »,

2
de s’engager dans un parcours médico-social. Ce processus aura des effets di-
rects sur la santé et l’insertion sociale d’un public jusque-là méconnu des services.
Cet accompagnement favorisera aussi pour ces personnes, ordinairement exclues
du tissu social, le réinvestissement d’une place citoyenne dans le paysage urbain et
l’organisation sociale dans son ensemble.

3 L’action des SCMR infléchira de façon positive les taux de transmission des
pathologies graves liées à l’usage de drogues (VIH, Hépatite C…).

L’installation d’une salle SCMR au sein d’une structure existante présente plusieurs

4
avantages : elle est identifiée par les autorités de contrôles, le personnel est opéra-
tionnel et formé, le lieu est repéré par les usagers, les risques de rejet du voisinage
face à l’ouverture d’une nouvelle structure sont endigués… Ces avantages ont aussi
un impact économique, à travers des coûts de fonctionnement moindres, par rap-
port à l’ouverture d’une structure nouvelle.

L’impact politique déclenché par un projet de SCMR, peut être suffisamment impor-

5
tant pour ne pas être négligé : la position des politiques est indispensable à connaî-
tre. L’installation d’une salle ne peut être envisagée sans prendre en compte leur
positionnement, une telle action est porteuse d’effets tant sur le cadre de vie, que
sur l’environnement.

86
La gestion des risques

Que peut générer la SCMR (salle de consommation à moindre risque) en matière de risques et d’effets
indésirables, tant individuels que collectifs ?

Pour les usagers


Le public étant très divers, le risque s’inscrit vis-à-vis de populations à risques comme les femmes
enceintes (risque majeur pour la mère et le fœtus), les primo injecteurs et les mineurs. Pour ces
derniers, l’on ne peut écarter l’effet pervers de « familiarisation » au geste d’injection. Les risques
d’overdose demeurent, mais seront considérablement diminués par l’objet même d’une SCMR qui
vise la réduction des effets connexes à la consommation de drogues.

Pour l’environnement
La SCMR peut-être repérée et représenter un pôle d’attraction pour les dealers.
La SCMR peut inciter à l’usage, à travers une simplification de la démarche, notamment pour les
primo injecteurs

Pour le personnel
Le personnel qui travaille dans une SCMR exerce dans un contexte singulier : il s’agit d’un espace
affranchi de la norme sociale en vigueur en France qui interdit l’usage de substance illicite. Cet es-
pace présente un aspect paradoxal : il accueille un public toxicomane susceptible de consommer
un produit illicite au sein d’un lieu autorisé. Cet ensemble place les professionnels dans un contexte
« hors normes » au sens strict du terme.

L’usure potentielle de ces professionnels nécessite un support managérial adapté et contenant (via
les protocoles)

87
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

En résumé

L’ouverture d’une SCMR en zone urbaine fran- L’introduction de ce type de dispositif en zone
çaise est inscrite sur l’agenda des responsables urbaine doit être assortie d’une pédagogie dé-
des politiques publiques, avec une expérimen- ployée envers les riverains, car une SCMR peut
tation notamment à Paris. Les évaluations in- susciter une réaction hostile d’un voisinage
ternationales présentent des indications favo- (Syndrome NIMBY). La population (peu ou mal
rables à l’introduction officielle de ce type de informée sur la problématique de l’usage de
réponses. Les différentes expertises menées drogue) pourrait y voir un lieu d’incitation à
ces dernières années par l’INSERM confirment l’usage de substances interdites et non un site
la pertinence de ce type de dispositif. adapté pour sécuriser cet usage qui de toute
façon aura lieu (un monde sans drogue n’existe
A partir d’une approche pragmatique sur les pas) et l’abstinence ne s’impose pas aux sujets
risques connexes liés à l’usage de drogue, les dépendants. Une SCMR peut être perçue néga-
SCMR constituent des dispositifs sérieux et in- tivement pour son attractivité d’un public peu
novants dans une société où le regard social « désirable » et non pour son impact positif sur
négatif posé sur les toxicomanes influe sur les scènes ouvertes de la drogue.
une frilosité du législateur à avancer lorsque la
réduction des risques liés à l’usage de drogue
remplace le sevrage et l’abstinence.

Grâce à l’insistance des associations militantes,


à la valorisation d’expériences internationales
et dans un contexte où l’hépatite C se pose tel
un nouvel enjeu de Santé Publique, les SCMR
seront prochainement expérimentées. Les pro-
grammes ERLI ne suffiront pas à enrayer les
nouvelles contaminations virales des usagers
de drogue. Le modèle des SCMR sera vraisem-
blablement retenu pour son efficacité et sa prise
directe sur le « vrai mode de vie » de l’usager car
l’usage de substances psycho-actives dépasse
le cadre théorique de la consommation.

88
Au-delà de la communication publique initiale et indispensable à l’ouverture d’une SCMR, une éva-
luation de qualité doit démarrer dès la concrétisation du projet. La démarche d’évaluation qui
accompagnera ce dispositif doit présenter des indicateurs quantitatifs et qualitatifs élaborés sur un
large spectre (de la Santé Publique à la sécurité publique par exemple) et soutenus par des éléments
de recueils fiables. Orchestrée par un comité de suivi composé d’experts en sciences diverses
et de citoyens « candides » et d’usagers de drogue, cette évaluation présente trois enjeux
importants :
• La pérennité de cette SCMR. Ces résultats seront rapportés à ces objectifs initiaux et ce dispositif
adossé à un établissement médico-social sera soumis au cadre des démarches d’évaluation (inter-
nes et externes) édictées par la loi du 02/01/2002.
• L’amélioration du service rendu par un ajustement régulier des prestations en fonction des résul-
tats de cette évaluation.
• La promotion de ce type de dispositif afin que ce modèle se duplique dans toutes les zones urbai-
nes concernées par la problématique de l’usage de drogue conjuguée avec la précarité sociale.

Ce travail, centré sur l’évaluation type d’une SCMR, expose les principaux objectifs visés :

1. La prévention de santé publique et la prise en charge médico-sociale.


2. La réduction du coût économique des dommages liés à l’usage de drogue.
3. La baisse des nuisances dans l’environnement social.

Passés au crible d’une démarche d’évaluation qualitative et quantitative, ces objectifs seront
examinés avec rigueur afin de disposer d’éléments tangibles pour inscrire ce dispositif dans
l’avenir, l’améliorer et le promouvoir.

Les recommandations diverses (bientraitance, addictions…) de l’Agence nationale de l’évalua-


tion de la qualité des services sociaux et médico-sociaux (ANESM), celles de la Haute Autorité de
santé (HAS) et des diverses conférences de consensus sur le sujet de la réduction des risques
liés à l’usage de drogues, fourniront un cadre général et précieux pour affiner cette démarche
d’évaluation et l’enrichir de critères complémentaires.

89
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

crèche multi-accueil
« les enfants d’abord»

90
Crèche Multi-Accueil « Les Enfants d’Abord »
Il est désormais reconnu que la réussite édu-
cative future peut reposer sur l’éducation
La monoparentalité facteur
dès la petite enfance, en particulier pour les
de précarisation
enfants issus de milieux défavorisés43. Parmi
Selon la ville de Paris, on compte parmi les
les exemples les plus fameux, l’Abecedarian
familles parisiennes 27 % de foyers mo-
project, programme de stimulation développé
noparentaux (familles formées d’un pa-
aux Etats-Unis dans les années 70-90, a suivi
rent seul vivant avec au moins un enfant
une cohorte d’enfants défavorisés de 3 mois à
de moins de 25 ans) contre 17 % pour le
20 ans. La moitié de la cohorte a eu accès à
reste du pays. Dans 97,5 % des cas, ce
une stimulation intensive des jeunes enfants
sont les mères qui assurent la prise en
(professionnels de toutes les disciplines, taux
charge au quotidien des enfants. 47 %
d’encadrement 1 pour 3), montrant à 20 ans
des familles monoparentales vivent en
des performances cognitives, une réussite
dessous du seuil de bas revenus. Les
académique et professionnelle nettement su-
familles monoparentales les plus dému-
périeures à celles de l’échantillon témoin. Ce
nies sont essentiellement localisées au
programme a fait la démonstration que la for-
nord-est de Paris. Ces parents seuls sont
mation continue des puéricultrices et des en-
touchés par le chômage dans un cas sur
seignants de maternelle permettrait d’attein-
cinq. En effet, l’insertion professionnelle
dre des résultats très importants en matière de
reste problématique, les mères isolées se
réussite scolaire des enfants issus de milieux
retrouvant confrontées au casse tête de
défavorisés ou pour les enfants susceptibles
la garde des enfants. C’est dans ces quar-
de connaître des troubles de l’apprentissage,
tiers que le nombre d’enfants par femme
type dyslexie. En France, le programme « Par-
est le plus élevé.
ler Bambin » initié à Grenoble est un début
de transposition de l’Abecedarian Project. Il a
L’isolement, une menace
montré des résultats très encourageants en
pour la parentalité
matière de langage notamment.
Sont considérées comme « isolées »
Un croisement de ce type de dispositifs édu-
les personnes n’ayant eu que quatre
catifs innovants avec des actions de soutien à
contacts ou moins d’ordre privé au cours
la parentalité sur des dispositifs petite enfance
d’une semaine de référence. Paris comp-
est en mesure de constituer un réel vecteur
te 64 500 personnes à la fois isolées et vi-
d’insertion sociale et de jouer un rôle essentiel
vant en dessous du seuil de bas revenus.
de prévention des ruptures familiales et des dif-
Ces personnes représentent 59,4 % des
ficultés sociales pour les personnes accueillies
foyers pauvres de la capitale, soit beau-
et leurs enfants. Cette réflexion est particuliè-
coup plus qu’en île de France ou qu’en
rement valable dans le contexte local Parisien,
France, où les isolés forment respective-
où l’apprentissage de la parentalité est parfois
ment 45,5 % et 44,2 % des foyers pauvres.
menacé plus qu’ailleurs par une forte propen-
La crèche est pour certains un des rares
sion à l’isolement et à la monoparentalité.
espaces de rupture de cet isolement.

43. C
 ommunication de l’Union Européenne, « Education et accueil petite enfance : permettre aux enfants de se préparer au mieux
au monde de demain », février 2011

91
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

La réponse
La crèche Les Enfants d’Abord (LEA), est
une crèche co-construite avec les fa-
milles située à Paris 19ème, dont une des
spécificités réside dans sa logique de
soutien à la parentalité. La crèche se veut
être un espace temps structuré et struc-
turant pour les enfants et leurs familles,
ouvert sur l’extérieur, a visée éducative
et préventive. Elle cherche aujourd’hui à
essaimer une méthodologie de prise en
charge systémique et innovante.

Contexte de l’évolution du projet rer un accompagnement individualisé auprès


d’établissement initial des familles les plus démunies, pour travailler
Première condition pour assurer le droit au tra- les liens enfant/parent et les liens qu’entretien-
vail des femmes et moyen de socialisation pour nent les enfants avec leur environnement. Elle
une partie des très jeunes enfants, les structu- se retrouvera également en difficulté pour dé-
res petite enfance se multiplient pour essayer velopper de nouvelles actions envers la cellule
de répondre à la demande. Face à l’augmen- familiale, ainsi qu’un travail en réseau avec les
tation des créations de structures et des pré- différents partenaires concernés, afin d’avoir
carités, la qualité des prestations proposées une approche globale de la situation. Cette
constitue un investissement pour l’avenir. La partie du rapport Novation Sociale aborde le
réussite éducative future est aujourd’hui clai- fonctionnement et l’organisation atypique,
rement corrélée à une prise en charge adaptée porté par l’équipe pluridisciplinaire de la struc-
dès la petite enfance, particulièrement en ce ture « Les Enfants d’Abord » (LEA) au sein de
qui concerne les enfants les plus défavorisés. l’association Crescendo, membre du GROUPE
Pourtant, faute de moyens et de temps, de SOS. En 2005, LEA, alors crèche parentale,
nombreuses structures peinent à développer est reprise par Crescendo. Progressivement,
des réponses adaptées aux besoins émergents l’équipe va faire évoluer le projet, au vu des be-
repérés sur certains territoires. De ce fait, une soins et demandes exprimés, pour mener une
crèche « classique », pourra difficilement assu- action de proximité au plus près des familles.

92
Le projet s’est construit à partir :

Des constats partagés De l’évolution des profils


par les professionnels des publics bénéficiaires:
• La volonté affirmée des parents de • Un contexte sociétal en mouvement
continuer à participer activement à (délitement de la famille et des
l’organisation et au fonctionnement de institutions)
la crèche ; • Une mixité culturelle, sociale et
• Une forte mixité culturelle, sociale économique grandissante dans le
et économique, avec des familles quartier (Paris 19ème), et des familles
de différentes origines, des familles accueillies présentant de plus en plus
monoparentales, des familles aisées et de difficultés cumulées (problèmes
des familles en situation de précarité ; psycho-sociaux, précarité économique,
• Des parents en recherche d’une monoparentalité…)
meilleure conciliation de leurs
responsabilités familiales et
professionnelles ;
• Des liens enfant/parents fragilisés par
le stress du quotidien ;
• Des enfants dont on a conscience que
l’acquisition de bases solides dès la
petite enfance rend l’apprentissage
ultérieur plus efficace et leur permet
d’exploiter leur plein potentiel,
notamment pour les plus en difficultés.

A l’écoute du public accueilli, les équipes ont su associer au sein d’une crèche associative
les outils combinés d’une crèche parentale et ceux d’un Lieu d’Accueil Enfant/Parent. Cette
combinaison a été facilitée par la petite taille de la structure (16 berceaux), la dotation en
professionnels qualifiés et l’âge des enfants accueillis (à partir de 18 mois).

93
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

Besoin social identifié et principes d’action déployés

L’étude des besoins des familles et des enfants De ce fait, LEA entend proposer un environne-
accueillis a permis d’affiner les objectifs du dis- ment sécurisant pour les enfants, ainsi qu’un
positif : soutien affectif, physique, social et éducatif
• Concernant en premier lieu les enfants : dont ils ont besoin pour commencer à déve-
il s’agit d’accueillir, de protéger, d’offrir un lopper leur potentiel. Pour ce faire, LEA envi-
lieu d’écoute, d’expression, de créativité et sage l’accueil de l’enfant dans une approche
de médiation, de renforcer leur bien-être, de globale de sa situation, prenant en compte que
favoriser leur développement global, en leur le bien être de l’enfant est lié au bien être de
permettant de développer toutes les dimen- ses parents.
sions de leur personne notamment sur le L’un des points forts du dispositif réside dans
plan affectif, social, moral, cognitif, langagier, le travail en réseau avec différents partenaires
physique et moteur et de ce fait, s’inscrire (acteurs territoriaux, associations spécialisées,
dans une action préventive ; secteur psychiatrique infanto-juvénile, éduca-
tion nationale), qui se concrétise par un tra-
• Concernant conjointement les parents : il vail de partenariat aussi bien en amont qu’en
s’agit de soutenir les différentes dimensions aval avec d’autres partenaires associatifs ou
de la fonction parentale, en leur permettant partenaires sociaux de proximité (PMI, puéri-
de participer activement à la vie de la crèche, cultrices , mairies d’arrondissement), permet-
en facilitant les synergies entre les familles et tant un soutien et un enrichissement mutuel,
en assurant une prise en charge plus indivi- dans le but d’orienter vers LEA des parents en
duelle vers une demande d’aide et d’accom- situation de précarité. Par ailleurs, des conven-
pagnement si besoin ; tions de partenariat avec d’autres structures
permettent un soutien et un enrichissement
• Enfin,concernant les liens précoces : vu mutuel de chaque équipe et une synergie col-
leur incidence sur le développement global lective pour favoriser le développement psy-
de l’enfant, les professionnels assurent une cho-affectif de l’enfant et l’accompagnement
observation et une écoute active personnali- de la famille si nécessaire.
sée, ainsi qu’un travail en réseau autour des Autre spécificité : LEA met en place des actions
situations qui le nécessitent, afin d’accompa- de prévention précoce facilitée par un lien fort
gner au mieux ces relations. de confiance mutuelle avec les parents. La
crèche développe des actions de proximité au
plus près des familles, facilitant leur inscrip-
tion sociale, donnant aux familles de nouvelles
perspectives d’appui pour aborder la cité et
ses institutions. Des actions d’intégration so-
ciale et culturelle contribuent par ailleurs à la
socialisation et à l’éducation et permettent de
lutter contre l’isolement.

94
La réussite d’un tel projet s’appuie sur Moyens nécessaires à la mise en œuvre de
la mise en place d’outils simples mais l’action
fondamentaux :
L’essaimage de cette nouvelle vision du travail
• Un travail inter-institutionnel fort ; auprès des parents et des enfants pour lutter
• L’observation fine et active des enfants et de contre l’isolement et la précarité passe par :
leurs interactions ;
• La verbalisation à l’enfant qui permet • La formation des équipes de professionnels
l’instauration d’une relation de confiance ; de la petite enfance à la prévention et leur
• Une organisation claire et posée de la accompagnement dans la mise en place
structure et des professionnels (ex : d’une démarche préventive co-construite
tableau d’orientation qui détermine tout avec les familles, au sein d’une structure
au long de la journée la place de chacun collective d’accueil de la petite enfance de
des professionnels dans le lieu -accueil, type crèche ;
activités que l’équipe met en place, temps de • La formation à une approche globale du
réunion...) ; travail partenarial et inter-institutionnel
• Des règles de vie dans la structure qui font pour bénéficier du soutien du réseau dans la
« bord » auprès des enfants et des adultes ; prise en charge des familles ;
• Des espaces de parole très présents au • La transmission des outils et des méthodes
quotidien à tous les niveaux avec un permettant de répondre à des situations
système de référence pour les enfants, les difficiles, et d’assurer un cadre institutionnel,
parents et les professionnels ; sécurisant, fiable et générateur de
• Une remise en question permanente ressources afin que les équipes puissent
des pratiques de l’équipe, facilitée réajuster leurs propres modalités de
par les formations et l’observation de fonctionnement ;
professionnels extérieurs ; • Le développement du travail de réseau
• Des projets sous forme d’atelier (musique, à travers des actions transversales qui
jardinage..) associant les professionnels et favorisent un maillage social de proximité,
donnant aux parents une place privilégiée et les approches globales visant le
dans leur mise en place ; décloisonnement des institutions afin
• Des entretiens individuels et familiaux d’optimiser la cohérence et la continuité des
réguliers avec un référent ou toute actions sociales et préventives.
personne ressource (psychologue...) ;
• Un accompagnement et une mise en réseau
spécifique pour les familles en difficultés ;
• Un espace dédié et aménagé pour l’accueil
des parents, et animé à l’initiative des
parents ou des professionnels dans et hors
les murs (petits déjeuner collectif, repas à
thème, espaces d’échanges et de débats
parents professionnels, sorties culturelles...).

95
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

A cette fin, la création d’un pôle d’action En fonction de la taille et de la spécificité


recherche et développement de des structures, pourrait être envisagée la
prévention dans le secteur de la petite consolidation des équipes de terrain des
enfance permettrait la formation et structures petite enfance par des personnels
l’accompagnement de l’ensemble des ressources supplémentaires, à savoir :
équipes des structures petite enfance sans
distinction de diplôme et de mission : • 1 éducateur de jeunes enfants
supplémentaire par tranche de 25-30 places;
• Directrice et adjointe avec une expérience • 10 heures de psychologues chaque semaine
clinique. par tranche de 25-30 places ;
• Personnes ressources : infirmiers, • Un superviseur extérieur intervenant une
médecins, psychologues, psychomotriciens, fois par trimestre auprès de l’équipe afin
superviseurs vacataires de repenser le cadre institutionnel et les
• Equipes auprès des enfants et agents de pratiques de l’équipe.
service intérieur : cuisinier, agent d’entretien,
agent technique

96
Spécificités du projet LEA en 3 points clefs…

1
Une action de proximité
auprès des familles renforçant leurs fonctions parentales et facilitant leurs inscrip-
tions sociales. Notre démarche s’appuie sur une concertation forte des acteurs
concernés : les parents bien sur, mais aussi les services de protection maternelle
et infantile, l’école, les associations de proximité, les centres spécialisés ... Cette
dynamique est porteuse de lien social, favorise un dialogue et une ouverture entre
les différentes parties prenantes qui permettent de tisser un lien de confiance fort
avec les familles et d’agir au plus près de leurs besoins.

2
Un travail de médiation et de prévention
à travers un espace dédié permettant une intégration sociale et culturelle
et un travail contre l’isolement et la précarité. Cette démarche de prévention dès la
petite enfance permet d’éviter les «accumulations» et d’envisager une diminution
du coût économique de la prise en charge de ces problématiques ultérieurement.

3
Une capacité à repérer les troubles précoces
pour une action proactive et holistique auprès des familles et sur la relation
parents/enfants..

97
L es dispositifs innovants
issus de la première campagne NOVATION SOCIALE

Avenir du projet et territoire de déploiement de nouvelles émergences de collectifs solidai-


envisagé res pour rompre avec l’isolement et l’exclusion
Cette expérimentation positive a permis de néfastes à la structuration des premiers liens
mesurer les bénéfices des effets de conte- familiaux.
nance et d’étayage proposés aux familles. Les La méthodologie aujourd’hui déployée sur la
diverses observations mettent en avant une crèche Les Enfants d’Abord (Paris 19ème, agré-
meilleure sécurité interne des enfants, qui leur ment 26 places), a vocation à être expérimen-
permet d’accéder plus aisément à la parole et tée sur d’autres établissements du GROUPE
à la verbalisation de leurs émotions, d’être plus SOS. Sa présentation dans le présent rapport
autonomes et créatifs et d’imiter les comporte- participe de cette logique : essaimer en interne
ments et codes sociaux acquis dans le collectif et en externe, pour que d’autres s’approprient
pour arriver à s’étayer entre eux, dés l’âge de la méthodologie LEA et l’importent à leur éta-
2 ans. Ce dispositif participe à la valorisation blissement.

L’essaimage interne est pour l’heure ciblé, dans le cadre de Novation Sociale,
sur deux établissements Crescendo :

•M
 ulti-Accueil Vaucouleurs • Halte-garderie Le Toboggan
Situé au  2
 1, rue Vaucouleurs Situé au 1
 49, rue de la Croix-Nivert
75011 Paris 75015 Paris

98
99
L’évaluation :
faire mieux avec moins
en temps de crise
 ourquoi évaluer, comment évaluer ?
P p.102
 résentation des études Mc Kinsey / GROUPE SOS
P p.104
Alimenter la logique d’évaluation, une méthodologie de suivi
ex-post transversale : conclusions du groupe de travail n°3 p.113

101
l’évaluation : faire Mieux avec moins en temps de crise

Pourquoi évaluer, comment évaluer ?


Le GROUPE SOS doit être en capacité de faire valorise pas l’approche qualitative, elle fait en
la démonstration de l’impact et de la pertinen- revanche apparaître très lisiblement le finan-
ce (tant sociale qu’économique) de ses actions cement du dispositif étudié comme une évi-
auprès des financeurs, mais également auprès dence économique. La visibilité sectorielle du
d’autres associations susceptibles de dupli- programme NOVATION SOCIALE (chantier N°3)
quer des projets à l’efficacité avérée. doit permettre à d’autres associations de s’ap-
Pour ce faire, plusieurs méthodologies d’éva- proprier ces résultats pour valoriser des actions
luation de l’impact social existent, mais toutes similaires à celles étudiées.
ne sont pas satisfaisantes. La méthode du SROI Face au nombre conséquent de dispositifs
(Social Return On Investment), par exemple, qui candidats à cette étude et compte tenu de res-
implique une monétisation d’éléments sou- sources limitées, nous avons été contraints de
vent complexes, est parfois contestée. Pour n’en sélectionner que deux pour cette premiè-
valoriser l’action entreprise, nous avons choisi, re session du programme : les lits halte soins
sur les conseils du cabinet McKinsey & Compa- santé (LHSS) et l’intermédiation locative (IML),
ny, de privilégier une approche « coût évités », deux dispositifs reconnus comme particulière-
purement économique. Si cette méthode ne ment innovants.

LHSS Fontainieu

102
Les LHSS du GROUPE SOS
Les lits halte soins santé (LHSS) ont été créés pour des personnes en situation de grande
exclusion dont l’état de santé physique ou psychique nécessite un temps de repos ou de
convalescence sans justifier d’une hospitalisation. Ils sont ouverts 24h/24 et 365 jours par an.
L’objectif des LHSS est de prendre soin des personnes accueillies pour assurer l’observance
des traitements et éviter la rechute, notamment dans des cas précis comme la tuberculose ou
des pathologies aigües ponctuelles (grippe, angine, suites opératoires). Le dispositif de LHSS
du GROUPE SOS compte 4 établissements à Paris, Saint Denis, Nice et Marseille.

L’intermédiation locative au GROUPE SOS


Face à une tension sur le marché du logement et à une demande accrue d’hébergement,
l’intermédiation locative est un outil qui favorise l’accès de personnes défavorisées en voie
d’insertion à un logement décent, autonome et de droit commun, tout en assurant une sécurité
et des garanties au bailleur. Dans ce système une association joue le rôle de tiers entre le bailleur
et l’occupant pour assurer le paiement des loyers et sécuriser ainsi la relation des deux parties.
Le recours à cette solution permet non seulement l’accès au logement en facilitant les locations
mais aussi la prévention des expulsions locatives en permettant de trouver une solution adaptée
en cas de difficultés pour payer un loyer complet. Le dispositif d’intermédiation locative déployé
par l’association SOS Habitat & Soins (GROUPE SOS) correspondait en 2012 à un parc locatif de
385 logements, pour 358 familles logées.

103
l’évaluation : faire Mieux avec moins en temps de crise

 résentation des études


P
Mc Kinsey/GROUPE SOS
Activité Impact

Actuellement, l’IML offre des logements bien moins coûteux que l’hôtel,
mais en réalisant des pertes - à moins de ne cibler que certaines catégories
de bénéficiaires :
• via le Samu Social de Paris, une nuit en hôtel coûte aux collectivités
en moyenne 17 € par personne
• via l’IML, une nuit d’hébergement coûte à l’organisme en moyenne entre 5,90 €
et 6,50 € par personne (selon la taille de la famille logée et la durée du séjour),
mais la subvention versée en contrepartie par les collectivités ne représente
que 6 € en moyenne. Ainsi, l’IML réalisera des pertes à moins de ne cibler des
bénéficiaires dont le coût d’hébergement est inférieur à 6 € (ie. familles nom-
breuses pour des séjours longs)
Les systèmes actuels de subventionnement et de choix des candidats n’inci-
tent pas l’intermédiation locative à minimiser les dépenses publiques :
• Pour les collectivités, l’intermédiation est moins coûteuse que l’hôtel quels que
Habitat soient le type de famille et la durée du séjour
et Soins • Pour les organismes d’intermédiation :
- Il n’est intéressant de loger des personnes que si le coût d’hébergement est in-
Inter- férieur à la subvention versée par les collectivités, c’est-à-dire pour les grandes
médiation familles (3 +) sur de longues durées
locative - Les candidats doivent être obligatoirement positionnés par le GIP HIS, ce qui
(IML) augmente le risque porté par les organismes sur le remplissage des logements,
et limite leur potentiel de croissance
Un ajustement du système de subvention et du processus de choix des bé-
néficiaires permettrait aux collectivités d’aligner leur objectif avec celui des
organismes et de réaliser jusqu’à 47 millions d’euros d’économie :
• 1er levier : en accordant une subvention additionnelle pour les familles de
moins de 3 membres (incl. personnes seules) et/ou pour les séjours courts (<1
mois), de l’ordre de 1 € à 1,50 € par nuit et par personne, les organismes seront
incités à loger ces personnes, réalisant pour les collectivités une économie
d’au moins 17-6-1,5 = 9,50 € par nuit et par personne, soit jusqu’à 47 millions
d’euros d’économie sur l’ensemble des nuits en hôtel
• 2e levier : en obtenant une plus grande autonomie dans le choix et la sélection
des bénéficiaires, les organismes porteront moins de risque sur le remplissage
des logements et pourront croitre à un niveau suffisant afin de réaliser l’en-
semble du potentiel d’économies pour les collectivités

Les coûts d’hébergement en LHSS sont plus faibles qu’en hôpital :


Lits halte • l’hébergement en hôpital coûte 200 à 400 € / jour
soins santé • l’hébergement en LHSS coûte ~100 € / jour
(LHSS) La prise en charge sociale est au centre du dispositif LHSS alors que les hôpitaux
disposent de très peu d’assistantes sociales

104
105
l’évaluation : faire Mieux avec moins en temps de crise

SYNTHÈSE DE L’ETUDE
«Intermédiation locatIVe» 1/3

Etat H&S Référence Scénario 1

• Capacité de logement • Doublement de


de 1 337 personnes
l’activité actuelle
Description par nuit dans 382
appartements (dont 55 • augmentation du taux
d’occupation de 4p.p.
à Paris intra-muros)

Logements1 382 ~ 700


Occupant par logement 3,6 3,6
Hypothèses

Taux d’occupation 91 % 95 %

Nuit/personne par an 457 000 ~ 910 000

Coût moyen par nuit et par occupant


(pour Habitat et Soins et les
collectivités)
6 € 6,30 € 6 € 6 €

Résultat financier Habitat et Soins -0,1 %


-4,3 %

Economie pour les collectivités3

10 M€
5 M€

5 scénarios d’évolution du dispositif ont été établis, en travaillant autour de deux


variables que sont le taux d’occupation, et le nombre d’occupants par logement.

106
L’IML offre des logements bien moins coûteux que l’hôtel, mais en réalisant des pertes –
à moins de ne cibler que certaines catégories de bénéficiaires.

Scénario 2 Scénario 3 Scénario 4 Scénario 5

• Hébergement • Hébergement de • Hébergement de


des familles de 3 toutes les familles et
toutes les familles pour • Hébergement de
+ membres pour personnes isolées pour
durées › 1mois toutes les familles et
durées › 1mois durées › 1mois
• augmentation du taux personnes isolées
• augmentation du taux d’occupation de 4p.p. • augmentation du taux
d’occupation de 4p.p. d’occupation de 4p.p.
~ 1 700 ~ 2 200 ~ 3 300 ~ 5 100
4,02
3,62
3,02
3,02

95 % 95 % 95 % 91 %

~ 2 310 0002 ~ 2 780 0002 3 410 0002 5 090 0002

logement en hôtel par samusocial : 17 €/nuit

6 € 5,90 € 6 € 6 € 6 € 6,30 € 6 € 6,50 €

2,0 %
-0,2 %
-4,2 %
-8,5 %

55,8 M€
30,4 M€ 37,3 M€
25,3 M€

1. Nombre de logements effectivement gérés


2. Obtenu
 à partir de distributions (taille des familles et durée des séjours) indiqués par le Samusocial de Paris, 2010
3. E
 stimation basse en comptant uniquement les coûts hôteliers du Samusocial (17 €/nuit/personne)

107
l’évaluation : faire Mieux avec moins en temps de crise

SYNTHÈSE DE L’ETUDE
«Intermédiation locatIVe» 2/3
Référence Scénario 1

Economie
pour les
collectivités
10 M€
5 M€

Résultat 0 M€
financier
-0,1 M€
H&S

Total
économie
pour
la société 10 M€
4,9 M€

Situation
actuelle IML
SOS

Risque sur le remplissage des loge-


ments car il est impossible pour l’or-
ganisme de proposer directement
des candidats (doivent être obliga-
toirement positionnés par le GIP HIS)

108
Les systèmes actuels de subventionnement et de choix des candidats n’incitent pas l’intermé-
diation locative à minimiser les dépenses publiques.

Scénario 2 Scénario 3 Scénario 4 Scénario 5

37,3 M€
30,4 M€
25,3 M€ 37,3 M€

0,3 M€
0 M€

-0,9 M€ -2,6 M€

36,5 M€
30,4 M€
25,6 M€ 53,1 M€

Le système actuel de
subvention incite Scénario
Scénario
cible pour les
à sélectionner : cible pour les
organismes • Les familles les plus collectivités
Incitation à la grandes possible Incitation à la
maximisation • Les durées minimisation
du résultat du coût total
d’hébergement les pour la société
financier
plus longues possible

L’objectif est bien d’identifier le scénario cible permettant d’aligner les intérêts de l’association
(équilibre budgétaire du dispositif), des financeurs publics (générer des économies par rapport
à l’existant) et des bénéficiaires (maximisation de l’offre).

109
l’évaluation : faire Mieux avec moins en temps de crise

SYNTHÈSE DE L’ETUDE
«Intermédiation locatIVe» 3/3

Référence Scénario1

Un ajustement du
système de subvention
et du processus de Economie
choix des bénéficiaires pour les
permettrait aux collectivités
collectivités d’aligner 10,0 M€
5,0 M€
leur objectif avec
celui des organismes
et de réaliser jusqu’à
47 millions d’euros
d’économies.

Résultat
financier
H&S
0 M€
-0,1 M€

Total
économie
pour
la société 10,0 M€
4,9 M€

Situation
actuelle IML
H&S

L’alignement des intérêts de l’ensemble des parties prenantes implique une évolution des
modalités du financement de ces dispositifs. Une subvention additionnelle sur certains types
de bénéficiaires encouragerait par exemple l’accueil sur des séjours de moins de 1 mois,
ou de familles de moins de trois membres. Les économies générées dans cette hypothèse
s’élèveraient à 53,1M€ sur l’ensemble du dispositif IML du GROUPE SOS (scénario à 5100
logements), contre 4,9M€ actuellement (382 logements).

110
Scénario2 Scénario3 Scénario4 Scénario5

35,9 M€
25,3 M€ 29,9 M€
51,8 M€

1ème levier : réduire le risque porté par les organismes


d’intermédiation, en leur accordant une plus grande
autonomie dans le choix et la sélection des candidats
pour le remplissage des logements

1,3 M€
0,6 M€
0,3 M€ 0,4 M€

36,5 M€
30,4 M€
25,6 M€ 53,1 M€

Scénario
2e levier : subvention additionnelle à la nuit cible pour les
d’hébergement (par personne), ici par exemple : organismes
• +1,0€/nuit pour les familles de moins de trois collectivités
membres dont les séjours sont supérieurs Incitation à la
à 1 mois. minimisation
du coût total
• +1,5€/nuit pour les séjours courts (inférieur pour la société
à 1 mois) ou pour les personnes seules

111
l’évaluation : faire Mieux avec moins en temps de crise

SYNTHÈSE DE L’ETUDE LHSS


L’hébergement en LHSS est 50 à 75 % 1 moins coûteux qu’à l’hôpital, soit une économie pour
la sécurité sociale de 5 à 15 millions d’euros grâce aux LHSS GROUPE SOS.

15,2
LHSS Hôpital
-10,0
5,2

4,0 3,6 3,9 3,7

1,4 1,2 1,3 1,2

PARIS NICE MARSEILLE SAINT-DENIS TOTAL

Coût de l’hébergement des patients sans domicile dans un service d’urgences2.


« L’hébergement des patients sans abris dans une structure d’urgences a un coût élevé, trois
à quatre fois supérieur à celui des centres d’hébergement alors que l’accueil n’y est souvent pas
satisfaisant ? Ce budget pourrait être alloué à des structures plus adaptées. »

Etude LHSS - Ici, l’extrait de l’étude concerne les Lits Halte Soins Santé. Il fait apparaitre
clairement, sur les seuls 4 établissements LHSS que compte le GROUPE SOS, une économie de
10M€ par an pour la sécurité sociale, en comparaison d’une prise en charge hospitalière.

1. L e coût d’un lit LHSS est de 50 à 75 % moins coûteux qu’en hôpital. (102 €/jour en LHSS SOS contre 200 à 400 €/jour en hôpi-
taux SOS)
2. Etude
 réalisée par JF.Vigneau (a), S. Tatière (b), D. Cantin (a), S. Jegou (a), G. Kierzek (a), JL.Pourriat (a)
(a) Urgences, SMUR, UMJ, AP-HP, Hôtel-Dieu Cochin, Université Paris Descartes, Paris
(b) SAMU de Paris, AP-HP, Hôpital Necker et SAMU Social de Paris.

112
Alimenter la logique d’évaluation au GROUPE SOS :
une méthodologie de suivi ex-post transversale
CONCLUSION DU GROUPE DE TRAVAIL N°3
les dispositifs du GROUPE SOS. La majorité des
Éléments de contexte
données aujourd’hui collectées le sont de ma-
La loi du 2 janvier 2002 portant rénovation de
nière informelle (liées à des relations interper-
l’action sociale et médico-sociale introduit une
sonnelles entre personnels et usagers) et ne
obligation d’évaluation interne pour les établis-
rentrent pas dans le cadre d’un traitement et
sements et services œuvrant dans ce champ.
d’une analyse rationnelle.
Cette évaluation porte sur les « activités et la
Un secteur échappe à ce constat : l’Insertion
qualité des prestations [que] délivrent » les
par l’activité économique (IAE), pour laquelle
structures, dans l’optique d’une amélioration
des méthodes d’évaluation et de qualification
continue de la qualité de leurs prestations.
des sorties – avec des taux de sorties dites
« positives » — existent. Il convient d’adapter
Le GROUPE SOS s’est engagé depuis 2007 dans
ces méthodes à d’autres secteurs d’interven-
une démarche structurée d’amélioration de la
tion, dans le respect de la volonté des usagers
qualité de ses services, afin de toujours mieux
qui ne souhaiteraient pas y être associés.
répondre aux besoins des usagers et garantir
une transparence des modes de fonctionne-
L’élaboration d’une méthode, transversale,
ment des établissements.
de suivi post-sorties des usagers, a donc
Cette démarche qualité vise à apprécier :
pour visée d’évaluer l’impact des actions
• La cohérence : les finalités de l’action sont
réalisées au sein des différentes entités du
en cohérence avec les orientations
Groupe :
prioritaires ;
•P
 our les usagers, afin de mesurer si
• La pertinence : l’action constitue une les actions entreprises améliorent
réponse aux problèmes identifiés ; durablement leurs conditions de vie et leur
• L’efficacité : les résultats atteints sont bien-être,
conformes aux objectifs retenus ; •P
 our les professionnels, dans l’objectif de
• L’efficience : les résultats sont à la mesure pouvoir apporter des réponses innovantes
de l’ensemble des moyens mobilisés ; à de nouveaux besoins sociaux repérés
• L’impact : les effets des actions conduites, et de développer les synergies entre
attendus ou inattendus, souhaités dispositifs complémentaires existants
ou non sont évalués. •P
 our les autorités de contrôle, pour
répondre à la recherche de maximisation
Aujourd’hui, à travers les études menées en de l’impact des fonds alloués. Les résultats
interne notamment dans le cadre du program- de cette étude pourront ainsi étayer les
me NOVATION SOCIALE, constat est fait de demandes de budgets et les propositions
l’absence manifeste de données permettant de réponses innovantes à de nouveaux
d’analyser le devenir des usagers qui quittent besoins d’usagers non pris en compte.

113
l’évaluation : faire Mieux avec moins en temps de crise

Dans le courant des années 80, en France, se Engagé depuis 2007 dans une démarche struc-
développe l’évaluation des politiques publi- turée d’amélioration de la qualité de ses ser-
ques, dont l’objectif principal est d’informer la vices, le groupe SOS, afin de toujours mieux
prise de décision. Ce type d’évaluation se carac- répondre aux besoins des usagers et de garan-
térise par son mode de questionnement et sa tir une transparence des modes de fonction-
démarche d’analyse de l’action publique. Dans nement de ses établissements, a aujourd’hui la
ce contexte, l’évaluation s’attache à expliciter volonté de s’inscrire dans une démarche plus
la mise en œuvre de l’action publique, sous ses large d’évaluation de l’impact des actions qu’il
différentes formes et les relations entre les ob- conduit.
jectifs, les moyens et les résultats observés de Le groupe de travail NOVATION SOCIALE « post
l’action. Il s’agit d’un outil de connaissance au sortie des dispositifs du groupe SOS » s’est
service de l’action qui nécessite l’élaboration donc constitué autour de cette mission prin-
d’outils spécifiques eu égard aux défis métho- cipale d’élaboration d’une méthode de suivi
dologiques observés. L’évaluation rétrospec- des usagers de manière rétrospective. Cette
tive constitue l’une des méthodes courantes méthode de suivi post sortie des usagers doit
d’évaluation de l’impact des actions en politi- permettre de mesurer l’impact de nos actions
que publique. dans l’objectif d’une amélioration des presta-
tions proposées et des synergies entre les dis-
positifs au niveau du Groupe.

Cette méthode, transversale, de suivi post-sorties des usagers, revêt un triple intérêt :
• Pour les usagers, afin de mesurer si les actions entreprises améliorent durablement leurs
conditions de vie et leur bien-être
• Pour les professionnels, dans l’objectif de pouvoir apporter des réponses innovantes à de
nouveaux besoins sociaux repérés
• Pour les autorités de contrôle : les résultats de cette étude pourront ainsi étayer les
demandes de budgets alloués et les propositions de nouvelles réponses à de nouveaux
besoins d’usagers non pris en compte

L’évaluation rétrospective
L’évaluation rétrospective, menée dans un cadre méthodologique et institutionnel formalisé, a pour
but de porter un jugement, empiriquement et normativement, sur la valeur d’une action, d’un pro-
jet, d’un programme, d’une politique. Ainsi, elle doit répondre aux critères subséquents :
• Vérifier la pertinence et la cohérence des objectifs de départ
• Apprécier la mise en œuvre des moyens ainsi que leur adéquation aux objectifs
• Mesurer l’efficacité de l’action, c’est-à-dire le degré d’atteinte des objectifs
• Examiner la durabilité des effets observés

114
L’évaluation rétrospective se décline sous trois formes, en fonction du moment de sa réalisation :

• L’évaluation à mi-parcours permet de suivre et de réorienter éventuellement l’action ;

• L’évaluation finale intervient au terme de l’action. Elle examine les résultats et observe les consé-
quences à court terme ;

• L’évaluation ex post : il s’agit de l’évaluation d’une action de développement une fois cette derniè-
re achevée. L’objectif est d’identifier les facteurs de succès et d’échec, d’apprécier la durabilité des
résultats et des impacts et de tirer des conclusions qui pourront faire l’objet d’une généralisation.

Evaluation Evaluation
Evaluation du processus de l’impact
des besoins •Q
 uel est le fonctionnement • L’action a-t-elle des
• Quelle est de l’établissement ? effets attendus sur les
la population •L
 es prestations prévues personnes accueillies au
concernée ? sont-elles effectives ? sein des établissements ?
• Dans quel cadre •E
 st ce que l’offre de service • Ces effets peuvent-ils
s’insère l’action ? concerne bien la population être attribués aux actions
concernée ? menées au sein des
•L
 es usagers sont-ils satisfaits ? dispositifs ?

Concernant les deux premières étapes, la culture de l’évaluation à l’œuvre au sein du


GROUPE SOS permet de répondre aux questionnements qu’elles impliquent par l’évalua-
tion interne et externe. L’évaluation de l’impact par une évaluation rétrospective est une
nouveauté qui s’inscrit dans un continuum et qui permettra ainsi d’alimenter l’évaluation
des besoins. Le choix de l’évaluation de type ex-post s’est réalisé au regard des objectifs de
mesures d’impact recherchés.

115
l’évaluation : faire Mieux avec moins en temps de crise

Le comité de pilotage :
Méthodologie d’étude
l’instance d’évaluation
Le cadre déontologique La composition du comité de pilotage associe-
L’évaluation rétrospective se réalise selon un ra des professionnels diversifiés du GROUPE
cadre déontologique défini par le Conseil Na- SOS sous la guidance d’un président, modéra-
tional de l’Evaluation. Il préconise : teur et facilitateur de la démarche d’évaluation
ex-post et de sa restitution.
• La mise en œuvre d’un dispositif type, à
savoir une instance chargée de piloter l’éva- Un membre du comité technique, un repré-
luation et un prestataire en charge de l’éva- sentant des usagers ainsi que des partenai-
luation ; res extérieurs constitueront également cette
instance. La participation d’un ou des repré-
• Un questionnement type, permettant aux
évaluateurs d’examiner la valeur d’une ac- sentants des usagers permettra la prise en
tion en se questionnant sur sa pertinence, sa compte de leur parole notamment quant à la
cohérence, son efficacité, son efficience, son question du droit à l’oubli une fois l’accueil et
impact et sa viabilité ; l’accompagnement achevés.
• Une méthodologie type, constituée de tech-
niques de collecte et d’analyse de l’informa- Le comité de pilotage se réunira trois à six fois
tion à la fois qualitatives et quantitatives. selon les étapes d’élaboration et de réalisation
de la démarche avec pour missions :
Le dispositif •L
 ’élaboration des termes de références
Les modalités de pilotage du dispositif d’éva- de l’évaluation ;
luation ex post doivent permettre d’organiser •L
 e choix des évaluateurs et
une « zone d’autonomie de l’évaluation entre experts externes ;
la science et l’action », préconisée par le CNE. •L
 e suivi et la validation des travaux
Ces instances seront tant des instances de vali- de/des évaluateurs ;
dation que d’élaboration.
•L
 ’examen, la discussion et l’entérinement
du rapport d’évaluation ex post

116
Le comité technique ou « scientifique » recherche de collaboration avec des écoles ou
Le comité technique est une instance chargée des universités afin de bénéficier de leur ex-
d’examiner toute question relative à la démar- pertise. La recherche d’un financement du pro-
che méthodologique et à son déploiement. Il jet d’évaluation ex post permettra le recours à
est garant de la qualité de l’évaluation par la des intervenants spécialisés donc à un niveau
mise en œuvre d’une méthodologie rigoureu- d’expertise de qualité.
se, en position de totale indépendance. Le profil de ces experts externes sera défini et
Afin de garantir la viabilité de cette évaluation, formalisé par le comité de pilotage. La nature
faire appel à un regard extérieur, indépendant et la composition de l’équipe d’experts, qui in-
et non impliqué au sein du GROUPE SOS s’avè- tégreront le comité technique, seront précisées
re primordial. Le recours à des experts exter- eu égard à des compétences analytiques, mé-
nes dans la construction de la méthodologie thodologiques et techniques dans le domaine
puis dans la réalisation de l’évaluation ex post de l’évaluation et du champ social.
fait partie intégrante du projet et nécessitera la

La définition du champ de l’évaluation La construction des outils

Le champ des actions Un travail préparatoire


activités qui doivent être évaluées. A titre de rassemblement et de traitement
d’exemple, le dispositif d’Appartements des informations récoltées constitue
de Coordination Thérapeutique évaluera la substance du travail d’évaluation
l’impact des ses actions au regard des ex post. La recherche documentaire
missions générales qui lui dont dévolues doit être présente dans cette phase
à savoir favoriser la démarche de soins, préparatoire. Le projet d’évaluation
l’insertion et l’autonomie et l’accès à un s’origine dans un questionnement
logement autonome et/ou adapté. pour lequel le travail préparatoire doit
indiquer les moyens pour y répondre.
La période de l’évaluation
activités qui doivent être les difficultés La construction d’un référentiel
méthodologiques devront être prises en représente une question majeure au
considération dans la détermination du cours de cette démarche d’évaluation ex
temps de l’évaluation ex post. Un laps de post. Il s’agit de déterminer aux regards
temps trop long entre la sortie de l’usager de quels critères les résultats obtenus
d’un établissement et sa sollicitation pour lors de l’enquête vont être comparés.
l’enquête peut s’avérer être un facteur
de déperdition. Le délai d’une année La conception des indicateurs
représente un temps suffisant tant pour constitue une des étapes déterminantes
s’inscrire dans une mesure de l’impact par son importance dans la construction
des actions (ni trop près ni trop loin de du questionnaire à destination des
la sortie du dispositif) que pour éviter le usagers sortis des dispositifs du
problème d’attrition. GROUPE SOS.

117
l’évaluation : faire Mieux avec moins en temps de crise

Un questionnaire type sera créé en fonction du


type d’établissement (ACT, UHD, MECS, CHU)
Indicateur : mesure d’un objectif
et de ses missions. Les indicateurs d’efficacité,
à atteindre, d’une ressource mobilisée,
déjà élaborés et appliqués au sein des associa-
d’un effet obtenu, d’un élément de
tions du GROUPE SOS, constitueront une réfé-
qualité ou d’une variable de contexte.
rence dans l’élaboration du questionnaire.

La réussite de l’évaluation repose en partie sur la qualité du questionnaire. Ainsi, une grande
attention doit être portée à la formulation et à l’ordre des questions.

Les enquêtes Une information sera transmise dès l’admis-


Les modalités de réalisation des enquêtes sion d’un nouveau bénéficiaire quant à cette
auprès des usagers sortis seront variables en démarche d’évaluation rétrospective dans une
fonction des moyens à disposition, du type d’in- visée pédagogique quant à son intérêt pour
formation recherché et de la taille de l’échan- l’amélioration de la qualité des prestations
tillonnage de population. Les instances de pilo- mais également pour la mise en exergue de
tage s’attacheront à choisir la modalité la plus besoins non couverts. La mise à l’ordre du jour
adéquate : par téléphone, par questionnaire de ce sujet lors des CVS, la présence d’anciens
postal ou par entretien. Ces différents moyens usagers et la restitution des résultats de l’en-
peuvent être associés. L’avis des représentants quête dans cette même instance concourront
des usagers sera essentiel dans la détermina- à cette sensibilisation.
tion du type d’enquête. Il pourra ainsi être re-
cueilli lors des CVS des établissements.

118
Les problèmes et limites Les modalités de recueil des données
de l’évaluation ex post et leur traitement

La validité interne Le recueil des données


• Le taux de participation effective Les évaluateurs procéderont à une
insuffisant pourra venir invalider centralisation des données en veillant
l’évaluation ; au respect des personnes quant
• Le problème d’attrition à savoir la à la question de l’enregistrement
perdition des usagers une fois sortis informatique.
des établissements ;
• Les effets long terme. L’évaluation Le traitement des données
ex post réalisée à trop court terme Les données recueillies feront l’objet
ne permettra pas de rendre compte d’un traitement statistique. La
d’effets souvent observés à long statistique apparaît en effet comme
terme. Il convient de trouver le temps une technique d’interprétation
t qui réduira au maximum le risque mathématique adaptée pour des
d’attrition et conjointement permettra « phénomènes pour lesquels une étude
une évaluation des effets à long terme. exhaustive de tous les facteurs est
impossible à cause de leur grand nombre
La validité externe et de leur complexité ». (Grand Robert)
• La généralisation des résultats
apparaît difficile du fait des biais La statistique descriptive correspond à
méthodologiques. une technique élémentaire qui permet
de synthétiser l’information contenue
Principe du respect des dans un ensemble de données. En
personnes. Extrait de la charte fonction de la quantité et de la qualité
de l’évaluation des données recueillies, il s’agira de
« Les participants au processus s’interroger sur la pertinence d’avoir
d’évaluation respectent les droits, recours à des techniques statistiques
l’intégrité et la sécurité des parties plus fines telles que l’analyse factorielle.
concernées. Ils s‘interdisent de révéler Le comité technique doit donc intégrer
l’origine nominative des informations en son sein un expert dans le domaine
ou opinions recueillies, sauf accord des statistique.
personnes concernées »

119
l’évaluation : faire Mieux avec moins en temps de crise

Le choix d’un dispositif tel que les Apparte-


Leprocessus de déploiement
ments de Coordination Thérapeutique comme
au sein du GROUPE SOS
dispositif pilote est apparu pertinent au grou-
La phase expérimentale pe de travail, du fait d’une file active moyenne
Une phase expérimentale est une étape préa- et d’une population, des adultes isolés avec
lable dans la mise en œuvre d’un dispositif des pathologies graves, qu’il est plus aisé de
d’évaluation rétrospective de type ex-post. retrouver.
Cette étape aura pour objectif premier d’expé-
rimenter le process et des éventuels biais dans Cette phase expérimentale servira de support
l’application. technique et pédagogique dans le travail de
déploiement à l’ensemble des associations du
GROUPE SOS.

Campagne
auprès des usagers
des ACT pour une
représentation au
sein du comite
de pilotage

Les étapes
de mise en œuvre
de l’évaluation ex post

Restitution dans
le cadre des CVS

120
Campagne
d’information auprès
des professionnels du
Phase groupe SOS en vue
de constituer le
expérimentale comité de pilotage

Dispositif pilote :
les ACT

Recherche d’experts
et d’évaluateurs
Prospection auprès
des écoles et
universités

Etape de
restitution
de la phase
expérimentale
Information et
sensibilisation restitution des
à la démarche résultats auprès
des cadres puis
des salariés du
GROUPE SOS.

Recherche de financements
pour la pérennité de l’action
Phase de et garantir le caractère
déploiement scientifique et objectif
de l’évaluation
rétrospective par
le recours à des experts
de l’évaluation

121
122
EN CONCLUSION
 lace à l’expérimentation
P p.124
 roupes de travail 2013 / 2014
G p.126

123
CONClusion

PLACE A L’EXPERIMENTATION

A travers le présent rapport, la première cam- tion. Dans ce but, nous vous invitons à nous
pagne du programme Novation Sociale a contacter pour porter à votre connaissance
rendu ses conclusions. En abordant l’ensem- les projets d’établissements complets, dans un
ble des champs de la lutte contre l’exclusion, langage qui est le nôtre.
le GROUPE SOS a prouvé que des solutions Partenaires publics : nous vous savons attentifs
existaient et méritaient davantage de visibilité, et demandeurs des observations d’opérateurs
et que d’autres restaient à inventer. Boussole de terrain tels que le GROUPE SOS, en capacité
économique à la main, visée terrain en ligne de faire remonter les signaux faibles et les be-
de mire, pluridisciplinarité pour moteur, notre soins évolutifs qui échappent trop souvent aux
organisation a fait la démonstration que l’in- radars de la décision publique. Les leviers ré-
novation pouvait être une réponse là où l’on glementaires et législatifs sont deux conditions
réclame sans cesse des moyens supplémen- à l’expérimentation de ces réponses. Nous
taires. vous ouvrons bien volontiers nos portes pour
Ces travaux ont pu tantôt prendre une tournu- les dessiner ensemble, et mettons là aussi à
re plaidoyer, car des organisations comme la votre disposition l’ensemble des données rela-
nôtre doivent pousser à l’émergence de valeurs tives à nos enquêtes « terrain ».
et de principes d’actions essentiels au devenir Restent les entreprises. Votre capacité d’indus-
de notre société. Mais ce rapport a avant tout trialisation est essentielle à l’émergence et au
vocation à préfigurer le déploiement de dispo- déploiement des propositions de NOVATION
sitifs innovants et opérationnels répondant à SOCIALE. Nous tendons là aussi une main vers
des besoins insatisfaits. Du reste, les travaux ceux qui, convaincus par ces projets, souhaite-
ici présentés ne prendront sens que lorsqu’ils raient nous accompagner dans le financement
auront été expérimentés. Ce rapport ne se pré- de leur expérimentation, ou de toute action
sente en aucun cas comme une finalité, mais visant à promouvoir leur efficacité ou leur im-
bien comme une étape de promotion vers le pact futur.
déploiement des solutions préconisées. Et puisque le besoin social est en mouvement
Nous sommes fiers de l’énergie, de la créativité perpétuel, le GROUPE SOS a d’ores et déjà mis
et de la passion déployées par les quelques au point une seconde campagne NOVATION
150 professionnels du GROUPE SOS associés SOCIALE, autour de 8 nouvelles thématiques
à ce programme. Pouvoirs publics, entrepri- jugées essentielles par le directoire en cette
ses, opérateurs du social, leurs travaux sont année 2013. Comme pour la première campa-
aujourd’hui les vôtres. Le chantier infini de ré- gne, certains de ces travaux s’appuient sur des
duction des inégalités est un chantier collectif, besoins bruts, identifiés sur le terrain. D’autres
et l’expérimentation, tout comme la réplication démarrent leurs réflexions à partir d’embryons
à grande échelle des réponses ici présentées, de réponses qu’il conviendra de développer.
ne se fera pas sans votre concours. Vous trouverez page 126 des éléments de ca-
Opérateurs du social : nous mettons ici à la drage sur ces 8 groupes de travail, ainsi que
disposition de chacun un catalogue de propo- les identités des binômes de salariés désignés
sitions dont nous encourageons l’appropria- pour les piloter.

124
Le projet d’ « ACT enfants malades » a reçu un accueil très favorable de l’ARS, et une
expérimentation de 4 places est envisagée à partir des ACT 93 du GROUPE SOS (Seine
Saint Denis). Celle-ci attend désormais une décision de la DGS. A l’heure actuelle, la
question des mineurs dans les ACT d’Ile de France se pose en effet uniquement en tant
qu’accompagnants, et les projets d’extension étaient jusqu’à présent centrés sur de
nouvelles pathologie chez l’adulte.

La méthodologie d’évaluation ex-post transversale espère pouvoir être déployée


prochainement au sein du GROUPE SOS, pour réunir toujours davantage de données
permettant de prouver l’impact de nos actions, et ainsi anticiper l’évolution des logiques de
financement sur nos secteurs.

Les Salles de Consommation à Moindre Risque, si elles bénéficient d’un environnement


politique favorable, ne sont pour l’heure qu’en phase expérimentale. Le design de la
réponse à industrialiser reste à concevoir, et nous espérons que notre contribution -
inspirée de nos valeurs et principes d’action - y concourra de manière pertinente.

La crèche LEA continue son essaimage auprès des crèches du GROUPE SOS, et espère
convaincre, à travers ce rapport notamment, au delà.

Le GROUPE SOS est maintenant pleinement engagé dans une logique de déploiement de
Centres Educatifs Fermés d’un nouveau genre. Les réflexions initiées par Novation Sociale
ont permis de lever certaines interrogations, et de dessiner un projet conforme aux visées
de tous.

Tous ces travaux continueront à évoluer et à être portés cette année, lors d’événements
ciblés et de rencontres thématiques et pédagogiques à destination des décideurs publics et
des associations. Tout cela dans un seul but : l’expérimentation.

125
CONClusion

groupes de travail novation sociale 2013 - 2014

PJJ/ASE : quels dispositifs post-sorties ? La Réduction Des Risques alcool


• Charles
 Sztulcman, • Pascal
 Fraichard, PSA
Insertion et Alternatives • Sandra
 Louis, PSA
• Patrick
 Tite, Notr’Asso
Les addictions aux jeux et aux casinos
Projet d’unités mobiles pour l’accueil des • Maryse
 Bellucci, PSA
enfants handicapés en crèche et halte • Dominique
 Salgas, PSA
garderie
• Marie-Hélène
 Cremonese, Crescendo Mobilité et accessibilité pour les personnes
• Sandrine
 Delpeut, Crescendo âgées et les personnes handicapées
• Anne
 Guérin, Habitat & Soins
Les Lieux de Vie et d’Accueil (LVA) • Florence
 Gilbert, Voiture & Co
• Philippe
 Caumartin,
Insertion et Alternatives/JCLT Les innovations dans la prise en charge
• Mathieu
 Mollon, JCLT de l’autisme
• Julia
 Pernet, DGA Handicap Groupe SOS
Les Lits d’accueil médicalisés (LAM) • Nathalie
 Goumidi, Hospitalor
• Laurence
 Potte Bonneville, Habitat & Soins
• Vincent
 Terol, Habitat & Soins

126
Rendez-vous au printemps 2014
pour découvrir les résultats
de ces travaux…

127
Conception graphique : www.presscode.fr/octobre 2013/imprimé sur du papier 100 % recyclé et avec des encres à base d’huiles végétales.

Contact :
novation-sociale@groupe-sos.org
102 C, rue Amelot - 75011 Paris
Tél. : 01 58 30 56 10

Novation Sociale bénéficie


d’un cofinancement
de l’Union européenne

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