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Province de Chefchaouen

Source: Direction Provinciale de l’Agriculture de Chefchaouen - Décembre 2005


Longtemps restée à l’écart des politiques de développement économique du pays, la région de Tanger –Tétouan a regagné
d’intérêt au début des années 1990, dans les interventions de l’Etat, en témoigne la création de l’Agence pour la promotion et le
développement économique et social des préfectures et provinces du nord.
La province de chefchaouen, entité du pays Jbala, occupe l’extrémité occidentale du Rif. Fut crée en 1975 et fait partie de la
région Tanger-Tétouan, région économique du nord ouest du royaume. Elle s’étend sur une superficie globale de 435 000 ha,
soit 4350 km_, et comprend 33 communes rurales et un seul centre urbain (ville de chefchaouen).
La province de chefchaouen est une zone de montagne abritant plus de 542.602 habitants dont 90% en milieu rural, avec une
densité de 101 habitants par km2 parmi les plus élevées à l’échelle nationale. Ces populations, parmi les plus démunis du pays
ne bénéficient guère que de peu de services socioéconomiques et d’un faible niveau d’accès aux infrastructures de base.
Pour subvenir à ses besoins prioritaires et urgents, cette population rurale occupe les zones forestières et péri forestières , où
elle cultive plus de 100 000 ha (SAU) et exploite environ 335 000 ha de forets et parcours souvent par des méthodes culturales
mal adaptées. De ce fait, elle exerce une forte pression sur les ressources naturelles, conduisant à la surexploitation, à l’érosion
des sols et à une déforestation en faveur d’une extension des cultures illicites.
La Province de Chefchaouen est caractérisée par une agriculture de montagne vivrière aux systèmes de production extensifs
dominés par les cultures céréalières sur plus de 45 % de la SAU, et ce en dépit d’un relief accidenté, de la concurrence de la cul-
ture du cannabis, suivi de l’arboriculture fruitière représentant plus de 30% de l’assolement, l’une des vocations principales de la
zone.
Etant donné le caractère sylvopastorale de la zone, l’élevage caprin rustique et adapté aux conditions de milieu, est le plus
dominant. Il constitue un complément à la céréaliculture avec pâturage en forêt. Le cheptel caprin compte plus de 262 000 têtes,
celui des ovins 74 000 têtes tandis que le cheptel des bovins n’en compte que 54 000, concentrés principalement sur la zone
côtiè- re de Bouhmed et Asjen.
Ces systèmes de production non durables engendrent des pratiques culturales favorisant la dégradation des sols et leur éro-
sion et conduisent à une occupation de l’espace très éloignée des vocations naturelles induisant un déséquilibre grave dans la
ges- tion des ressources naturelles.
De manière générale , les rendements moyens enregistrés pour les différentes spéculations restent faibles par rapport au
poten- tiel de la zone, notamment pour l’arboriculture.
Le diagnostic de la situation actuelle fait ressortir les principales contraintes suivantes :
- La faiblesse des revenus agricoles des populations rurales,
- L’isolement et l’insuffisance des infrastructures de base
- Des systèmes de production non durables, éloignés des vocations naturelles favorisant un déséquilibre dans l’utilisation
des sols .
- La prédominance de la micropropriété de moins de 5 ha, conjuguée au morcellement des terres, elle entrave la mise en
œuvre des aménagements et investissements à long terme
- Une organisation professionnelle très peu développée,
- Une pression démographique élevée et un éclatement de l’habitation, combinés à la faiblesse de la SAU, conduisent à une
surexploitation et une dégradation du domaine forestier,
- Un élevage, constitué pour l’essentiel de caprins, de type extensif, largement tributaire de parcours forestiers dégradés,
- Un enclavement prononcé qui ne favorise pas l’exploitation et la commercialisation des produits agricoles et forestiers;
- Une extension de la culture de cannabis, amenant l’épuisement des sols, la rareté des terrains potentiellement agricoles et
la perte du savoir faire agricole des jeunes.
Néanmoins, la zone dispose d’un certain nombre de potentialités qui sont encore inexploités à savoir :
- Des conditions édaphoclimatiques favorables au développement et à la diversification de l’arboriculture fruitière ;
- Une grande diversité biologique (plus de 2000 espèces végétales dont certains sont endémiques, faune importante
favorisant le développement d’activités d’écotourisme autour des sites d’intérêt biologique et écologique ;
- Une forte pluviométrie de la zone (900 mm par an) est un atout non encore exploité pour le développement agricole ;
- Le caractère sylvo pastoral constitue une opportunité pour la promotion de l’élevage caprin source d’amélioration des reve-
nus dans le cadre d’un aménagement de l’espace pastorale, d’une conduite rationnelle du cheptel et de l’introduction de nou-
velles espèces ;
- Existence d’un potentiel en matière de mobilisation de eaux de surface pour l’extension des superficies irrigables dans le
cadre de la PMH ;
- Emergence d’un dynamisme de la société civile oeuvrant dans le domaine du développement rural moyennant une
approche participative ;
L’analyse de ces potentialités et contraintes a permis de définir une stratégie de développement agricole et rurale spécifique
à la zone de CHEFCHAOUEN, s’articulant autour des axes d’interventions jugés prioritaires :

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- Le développement des vocations dominantes, notamment l’arboriculture fruitière et l’élevage caprin ;
- La gestion conservatoire des ressources naturelles ;
- L’amélioration des infrastructures ;
- La valorisation des produits de terroirs ;
- Le renforcement institutionnel ;
Dans le cadre de la politique du développement adopté par le Ministère d’Agriculture , la province de Chefchaouen a béné-
ficié d’un certain nombre de projets de développement sectoriel et/ou intégré à savoir :
- DERRO: Projet de développement rural du Rif occidental centré essentiellement sur l’arboriculture fruitière et l’élevage
- PDRL: Projet de Développement Rural intégré du Loukkos
- PROGRAMME FDA centré sur la promotion de la filière arboricole
- P.N.O: Plan National Oléicole orienté vers l’extension de la réhabilitation des Plantations oléicoles ainsi que la valo-
risation de la production
- GEF RIF: Programme de développement rural et gestion des ressources naturelles dans le Rif
Ces projets antérieurs ont permis d’atteindre un certain nombre d’acquis dans le cadre du développement agricole, entre
autres :
° Le développement de la filière arboricole par :
- L’augmentation des superficies arboricoles passant de 15.000 hectares durant les années 80 à 60.000 en 2005 hectares,
engendrant ainsi une forte demande en matière d’intensification des plantations fruitières
- L’initiation des agriculteurs aux nouveaux procédés technologiques de transformation des produits fruitiers par l’introduc-
tion de 9 unités pilotes de trituration des olives et la création d’une unité de séchage de figues en cours d’installation.
°L’aménagement hydro agricole, les actions entreprises ont permis l’extension des superficies irriguées et par conséquent la
diversification et l’intensification des cultures à haute valeur ajoutée. Ainsi, les superficies actuellement irriguées s’élèvent à 2
800 hectares sur une superficie totale irrigable de 9 140 hectares non encore aménagés.
°Le développement de l’élevage caprin:Pour l’émergence d’un système de l’élevage caprin laitier semi intensif concrétisé
par l’incitation des éleveurs à s’organiser en groupements professionnels, en l’occurrence l’ANOC, l’installation d’un centre
tech- nique d’élevage caprin orienté vers la formation des éleveurs, la diffusion de géniteurs améliorés, et la mise an place d’une
unité de production de fromage de chèvre « AJBANE Chefchaouen ».

°L’émergence de nombreuses organisations (coopérative, association,…) prédisposées à prendre en charge le déve-


loppement de leurs terroirs.

Malgré les acquis de ces programmes d’interventions antérieurs, leur impact reste limité en raison de la faible appropriation
de l’approche participative et partenariale dans la conception, la programmation et l’exécution des projets de développement.
Dans une optique de capitalisation et de pérennisation de ces acquis et des leçons tirés des expériences passées et en vue de
répondre aux besoins de plus en plus croissants en matière d’amélioration et de diversification des productions et de la gestion
durable des ressources naturelles, Le PROJET MEDA CHEFCHAOUEN : projet de développement participatif des zones fores-
tières et péri-forestières de la zone de Chefchaouen s’inscrit dans une nouvelle stratégie basée sur l’adoption de l’approche par-
ticipative et intégrée. En outre, ce programme répond aux spécificités territoriales de la zone dans la mesure où les actions pré-
vues privilégient les vocations dominantes de la province.
L’approche de ce projet reprend la démarche relative à la conservation et la protection des ressources naturelles, l’améliora-
tion des conditions de vie des populations (amélioration de la production agricole, infrastructures,…), et intègre les populations
bénéficiaires en tant que partenaire incontournable de toute intervention. Pour ce faire, il a fait recours à la méthode de
l’approche participative.
Les axes d’interventions se situent au niveau de :
- L’établissement d’un contact soutenu et permanent avec les populations,
- La réalisation d’actions pour la protection et la conservation des ressources naturelles,
- L’amélioration de la production agricole,
- L’amélioration de l’accès des populations aux infrastructures sociale et de base,
- La promotion d’activités économiques portées par des ‘’entrepreneurs’’ locaux,
A ce jour, le projet a réalisé des actions dans divers domaines :
- L’apport institutionnel du projet :
Dans sa démarche le projet a travaillé en étroite collaboration avec les populations pour l’élaboration des plans de dévelop-
pement de douars (200 PDD).
Pour les différentes interventions le projet a engagé la procédure de contractualisation avec les associations et groupements
locaux (plus de 200 conventions).
Le projet a appuyé la création de près de 80 groupements (associations, coopératives,…).

°La protection des ressources naturelles :

- de renouvellement d’espaces forestiers sur plus de 4 500 ha,


- de protection des forêts contre les incendies pour l’équivalent de 11 000 ha,

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- Régénération de la sapinière du parc de Talassemtane sur 250 ha,
°L’amélioration de la production agricole :
- Intensification des plantations fruitières par des travaux sur 3 000 ha, et la distribution près de 50 000 plants fruitiers,
- L’accompagnement de l’élevage caprin sur un programme de long terme, réalisé en partenariat avec l’ANOC,
- L’appui et l’assistance technique aux agriculteurs à travers des formations, des journées de sensibilisation, et de démons-
tration organisées avec plusieurs partenaires dont l’INRA,
- L’aménagement de périmètres de petite et moyenne hydraulique prévu sur près de 900 ha,
- La sécurisation foncière par l’encouragement à l’immatriculation des terrains privés,
- La stabilisation de berges, la protection des sols et le traitement de ravins,
- L’amélioration de la production agricole aboutira à des niveaux de production importants tant en quantité qu’en qualité. La
démarche de conquête de nouveaux marchés s’impose. Pour ce faire, le projet a introduit une réflexion et des actions dans le but
d’explorer des filières d’écoulement de produits végétaux et animaux, et notamment les filières relatives aux produits du terroir.

Les infrastructures :

Le projet a privilégié, avec les populations plusieurs types d’infrastructures :


- De base : les pistes notamment, le programme porte sur près de 150 km,
- Sociales : par la construction de salles de classes et de bâtiments de santé publique, ainsi que des centres féminins,
- Des points d’eau pour un programme prévoyant plus de 50 points d’eau à aménager,

Les activités génératrices de revenus:

Le projet dans son intervention basée sur la démarche participative a été à l’écoute des porteurs de projets dans divers
domaines.
A ce titre, il a encouragé des femmes et des hommes à s’organiser en groupements professionnels et à créer leur propre acti-
vité en production d’huile, apiculture, cuniculture,…
Il a assuré l’appui institutionnel pour la mise en place des structures groupements et autres, et a équipé ces groupements en
divers équipements et intrants.
Les chantiers ouverts misent sur l’homme, car sans développement humain aucune autre facette de développement ne serait
atteinte. Sans développement humain, les impacts négatifs sur le milieu naturel s’amplifieraient sans retenue.
Basé sur ce principe, le développement rural a fait beaucoup de progrès et de chemins dans la province. Les moyens et les
techniques se sont améliorés au fil des années et des expériences pour s’adapter à l’évolution de la société et aux impératifs de
la nature. Les dernières interventions, ou celles qui sont en cours ont engendré une dynamique de développement local tout en
augurant une prise en main par les populations de leur devenir par l’appropriation des différentes façons de faire et de l’initiati-
ve du développement rural, soutenu et suivi en cela par les services techniques provinciaux du Ministère de l’Agriculture et des
autres départements ministériels dans un consensus d’ouverture des perspectives d’un développement durable de la province .

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