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INTRODUCTION GENERALE

Il est important de souligner d’emblée que le cours de droit financier se


rapporte aux règles juridiques régissant les mécanismes de financement de l’activité
économique. Cependant, cette façon simpliste de définir le droit financier laisse
persister plusieurs zones d’ombres sur la démarcation existant entre cette discipline
juridique et de nombreuses autres qui comportent d’importantes règles juridiques sur
le financement des agents économiques. Il s’agit notamment du droit commercial, du
droit des sociétés et du droit des finances publiques.

Ainsi nous parait-il essentiel, à travers cette introduction, de circonscrire


les contours de l’expression « droit financier ». Que recouvre-t-elle ? Quel est le
degré de son autonomie par rapport aux branches traditionnelles du droit ? Quelles
sont ses sources formelles ?

I. De la définition du droit financier


Deux conceptions du droit financier semblent s’affronter : l’une de caractère
restrictif assimile le droit financier aux finances publiques, l’autre extensive et
actuelle présente le droit financier comme étant le droit du financement des
investissements et des activités économiques par les marchés financiers et les autres
institutions financières.

A. Le droit financier, synonyme de finances publiques ou droit budgétaire

Du milieu du XIXè siècle jusqu’à la fin de la deuxième décennie du


XXè siècle, le droit financier s’identifiait aux finances publiques ou autrement dit droit
budgétaire. Les auteurs qui, à cette époque, abordèrent le domaine des activités
financières de l’Etat et des autres collectivités publiques avaient des préoccupations
strictement financières ; ils étudiaient « les moyens par lesquels l’Etat se procure les
ressources nécessaires à la couverture des dépenses publiques et en répartit la charge
entre tous les citoyens ». Aussi la théorie financière classique fut-elle essentiellement
préoccupée par les règles juridiques d’ordre administratif et constitutionnel auxquelles
devaient se plier les diverses activités financières de l’Etat. Ces règles devaient
faciliter le contrôle du parlement sur l’activité du gouvernement. Cette théorie
correspondait à la conception philosophique de l’Etat libéral.1

B. Le droit financier, synonyme du droit des marchés financiers et du droit bancaire.

Selon cette conception, le droit financier est l’ensemble des règles se rapportant
aux opérations financières et commerciales réalisées par les agents économiques

1
BAKANDEJA Wa Mpungu, Cours de droit financier- Le droit du financement des investissements et des
activités économiques à l’ère de la globalisation financière des marchés,
ORSDE, Kinshasa,2003, p.7
2

(Entreprises, Etat, Ménages et Monde extérieur) à l’intérieur à l’intérieur et à


l’extérieur des frontières nationales.
Les opérations financières se rapportent aux flux financiers (mouvements
boursiers, marché de change, marché d’actions et d’obligations). Les opérations
commerciales portent sur le crédit, le financement des immobilisations, la trésorerie,…
C’est cette seconde conception que nous retenons dans le cadre de ce cours.

Le droit financier est donc aujourd’hui le droit régissant la finance


de marché et plus généralement, les activités liées à l’expansion extraordinaire de la
sphère financière du monde des affaires.2

On comprend dès lors que le droit financier est un droit à contenu


non limitatif comprenant outre le droit commercial :

1. Le droit des marchés financiers ou droit boursier qui est constitué de


l’ensemble des règles applicables aux activités des marchés financiers. Ces
règles peuvent régir les relations entre les membres d’un marché, ou entre
un membre et son client, ou encore entre un membre et le marché lui-même,
ou enfin ce membre et ses autorités de tutelle et de contrôle. Elles émanent
de différentes lois et règlements, ceux-ci pouvant être pris par les instances
de régulation du marché.

2. Le droit bancaire ou droit du crédit qui est un droit professionnel. C’est le


droit des banquiers. Le banquier est un commerçant qui spécule sur la
monnaie et le crédit.3 En effet, la bancarisation est l’un des phénomènes
caractéristique de la globalisation financière. Malgré l’essor exceptionnel
des marchés financiers, les banques jouent encore un rôle fondamental dans
le développement économique. Facilitant la circulation des richesses et
finançant l’activité commerciale et industrielle, elles sont au cœur de
l’économie.4

La renaissance actuelle du système bancaire congolais, après plusieurs


années de descente aux enfers, est ainsi une avancée à soutenir et à
consolider pour espérer voir notre pays se développer.

3. Le droit de change ou droit cambiaire qui étudie les règles juridiques se


rapportant à l’organisation et au fonctionnement du marché de change. Ce
dernier est un lieu où s’échangent les monnaies les unes contre les autres.
Dans les pays occidentaux, il s’agit d’un véritable marché planétaire,
fonctionnant avec les techniques de communication et de traitement de
l’informatisation les plus modernes. Ce marché est le royaume des
cambistes, des banques, des fonds d’investissements et des trésoriers des
entreprises multinationales qui, depuis des terminaux situés dans les salles

2
COQUELET (M-L), Droit financier, 1ère éd., Dalloz, Paris, 2008, Présentation de l’éditeur
3
DEKEUWER Défossez (F.), Droit bancaire, 7è édition, Dalloz, Paris, 2001, p.1
4
Couret (A.), Peltier (F.), Devèze (J.), Le droit bancaire, cité par Bakandeja Wa Mpungu, « L’avenir du droit
financier congolais », in Revue de la faculté de droit de l’UPC,N°2, Kinshasa, 2001, p.255
3

de marché, font des opérations souvent très sophistiquées d’arbitrage et de


spéculation.

4. Le droit de la coopération financière et économique internationale. Le


commerce international donne lieu à l’époque contemporaine à des
opérations de grande envergure nécessitant la mobilisation des sommes
d’argent considérables. Ces opérations impliquent le concours de plusieurs
sources de financement. Dans le cadre de la coopération économique et
financière internationale, les institutions de Bretton Woods (la Banque
Mondiale et le Fonds Monétaire International) contribuent activement à ce
mouvement.

II. De l’autonomie du droit financier

L’heure est à la diversification du droit. Chaque activité économique


tend à la reconnaissance de « son » propre droit, considérant les règles qui lui sont
applicables comme une branche autonome du droit. Ce phénomène aurait pour origine
la spécialisation de plus en plus poussée du droit et la complexité de la vie
économique, génératrice de règles nouvelles. Mais le mot est lancé : une règle de droit
n’est pas toujours (loin s’en faut !), le droit. Force est de constater que bien souvent,
moins qu’un droit spécifique, autonome dans son corpus, cette diversification est plus
le résultat d’un ensemble de réglementations qui ne possèdent qu’un lointain rapport
avec la science juridique.5

Qu’en est-il alors du droit financier ? S’agit-il d’une discipline juridique


autonomie ? A quelle branche du droit appartient-il ?

A. Le droit financier - branche du droit public

L’identification du droit financier aux finances publiques ou droit budgétaire


faite par les auteurs du XXè siècle justifie le rattachement du droit financier au droit
public.

Mais il s’agit là, comme démontré ci-avant, d’une conception très restrictive
qui ne traduit pas la réalité actuelle du financement des activités économiques et
des investissements.

B. Le droit financier – discipline mixte relevant à la fois du droit public et du droit


privé

Il faut rappeler que la distinction de deux branches du droit, public et


privé, correspondait à un âge juridique où les activités de l’Etat et celles des
particuliers étaient nettement séparées par leur but, leur domaine, leurs modalités. Dès
5
De Vauplane (H.) et Bornet (J-P), Droit des marchés financiers, Paris, Litec, 2001,p.1
4

lors, les règles juridiques applicables à ces deux catégories d’activités, pouvaient être
nettement différenciées. Même si aucun n’avait en lui-même une valeur absolue, la
coïncidence de plusieurs critères permettait de dégager une « impression d’ensemble »
et de ranger ainsi dans le droit public ou privé tel ou tel type de règle.

Suivant la deuxième conception présentée ci-avant, le droit financier serait


une discipline mixte se rattachant au droit public dans certains des aspects et au droit
privé dans la partie consacrée aux opérations commerciales (opérations de crédit).

Au regard de ses manifestations actuelles, on peut affirmer que le droit


financier constitue une catégorie juridique particulière qui justifierait son autonomie
par rapport aux branches classiques du droit pour expliquer et réguler des phénomènes
financiers nouveaux.

III. Sources du droit financier

Il s’agit de répondre à la question de savoir quels sont les modes


d’établissement des règles du droit financier. De façon générale, les sources
classiques du droit sont d’une part la loi et d’autre part la jurisprudence et la
doctrine ainsi que de la coutume et des usages professionnels pour ce qui est des
sources internes. Au plan international, il y a lieu de signaler l’existence de
plusieurs conventions et usages internationaux se rapportant notamment aux
transactions bancaires.

Nous allons donc partir de cette base tout en prenant soin de signaler
pour chaque source les spécificités inhérentes à la technicité et au dynamisme du
droit financier.

A. Textes légaux et réglementaires

Il y a lieu de signaler de prime abord qu’il n’existe pas de cadre


juridique proprement dit du marché financier pour la simple raison que ce marché
n’existe pas formellement dans notre pays. On trouve cependant dans l’arsenal
juridique congolais l’ordonnance-loi n° 72-004 du 14 janvier 1972 relative à la
protection de l’épargne et au contrôle des intermédiaires financiers (ancienne loi
bancaire) qui comporte quelques dispositions sur l’appel public à l’épargne
(Articles 80 à 86). Il y a également lieu de prendre en compte dans ce registre les
quelques dispositions éparses du droit positif congolais sur les valeurs mobilières :
l’arrêté royal du 20 novembre 1928 et le décret du 13 août 1954 relatif à
l’unification et au groupement des actions, titres ou parts bénéficiaires des SARL
notamment.

Ainsi, compte tenu de cette lacune du droit congolais en cette matière,


nous nous référerons principalement aux législations étrangères qui nous servent de
source d’inspiration, à savoir notamment la législation française et celles de
l’espace OHADA.
5

En ce qui concerne les banques et les autres établissements de crédit,


les textes de base en vigueur sont la loi n° 003 du 2 février 2002 relative à l’activité et au
contrôle des établissements de crédit (nouvelle loi bancaire) et la loi n° 005/2002 du 07
mai 2002 relative à la constitution, à l’organisation et au fonctionnement de la Banque
centrale du Congo.6 Ces textes sont complétés par des mesures d’application prises par
des organes et institutions auxquels le législateur a conféré certaines prérogatives telle que
la Banque Centrale du Congo.

B. La Jurisprudence

Son rôle est très limité en droit congolais. Cependant, on notera que ce
rôle est très important dans les pays européens non seulement pour interpréter les
textes, mais également pour établir en dehors de tout texte le régime juridique de
certaines opérations effectuées par les institutions financières.

C. La doctrine

La doctrine joue un rôle non négligeable en droit. Elle explique, critique


et éclaire de manière systématique et rationnelle les lois et règlements et en
propose les réformes appropriées. Bien qu’elle ne soit pas à proprement parler une
source de droit, parce que dépourvu de valeur obligatoire, elle est néanmoins une
autorité qui se fait accepter par les tribunaux et influe sur le législateur en raison
de la pertinence de son raisonnement.7

En cette matière, la doctrine congolaise est très peu fournie compte tenu
de la matière et de caractère embryonnaire du droit financier congolais. C’est la
raison pour laquelle, dans le cadre de ce cours, les lacunes de la doctrine congolaise
sont comblées par le recours aux publications étrangères (principalement
françaises) portant sur le droit financier et sur le droit du crédit et de la monnaie
(droit bancaire).

Quelques indications sur la doctrine congolaise et étrangère sont


données dans la bibliographie sommaire du présent manuel.

D. Les sources internationales

La tendance à l’élaboration des normes applicables sur les marchés


financiers par des autorités de marché est accentuée par le phénomène de
« globalisation » et « mondialisation » de ces marchés. Il n’est en effet plus possible
pour un régulateur d’ignorer ce que fait son voisin. En conséquence, les différentes
autorités normatives ont éprouvé le besoin de se regrouper dans les instances
internationales, selon leurs spécialités. Ainsi en est-il des marchés réglementés avec la

6
Voir Journal officiel de la RDC, 43ème année, N° spécial, mai 2002
7
Guyon (Y.), Droit des affaires, Tome I, Droit commercial général et sociétés, Economica, 10è éd., Paris, 1998,
p.23
6

Fédération Internationale des Bourses de Valeurs, ou bien des autorités de contrôle


avec l’Organisation Internationale des Commissions de Valeurs, ou encore des
instances prudentielles avec le Comité de Bâle. Chacune de ces instances élabore des
recommandations, à l’usage de leurs membres, qui dans les faits s’imposent à ceux-ci
par leur force morale.

A part ces recommandations, plusieurs conventions internationales existent


notamment en matière bancaire. Et les législateurs nationaux ont l’obligation de les
incorporer dans leur ordre juridique interne. On peut citer notamment le cas du
législateur français qui avait approuvé et incorporé la convention sur l’affacturage
international à travers la loi n°91-636 du 10 juillet 1991.

Enfin, il y a lieu de mentionner l’existence des pratiques internationales


unifiées dont les plus connues sont l’œuvre de la Chambre de commerce
internationale, en particulier les règles et usances relatives aux crédits documentaires.

IV. Intérêt et plan du cours

Le droit financier tend à prendre une place significative dans


l’enseignement universitaire. En effet, la financiarisation de l’économie a conduit de
plus en plus de juristes à s’intéresser aux questions financières d’autant que les textes
touchant à la matière se sont multipliés tant au plan européen, africain que national.

Le financement par les marchés financiers et les institutions financières


est un critère de modernité et de développement de l’économie. Les informations
données dans le cadre de ce cours sont utiles et appropriées pour un pays (la RDC) qui
a tant besoin de capitaux pour son redressement économique.

Enfin, les mutations auxquelles on assiste en ce début du 21ème siècle


dictées notamment par la crise financière internationale donnent à l’enseignement de
droit financier des dimensions nouvelles et justifient la nécessité pour les étudiants
congolais d’aujourd’hui et décideurs de demain de maîtriser les éléments essentiels à
la compréhension des relations économiques et financières entre agents économiques
aussi bien au plan national qu’au plan international.

C’est ainsi que le présent enseignement s’articulera autour des


deux parties suivantes :

- d’une part, les aspects internationaux du droit financier. Il y sera tour à


tour étudié les institutions internationales de financement (Chapitre I) et le(s)
marché(s) financier(s) (Chapitre II) ;
- et d’autre part, le droit financier congolais qui portera sur les règles
juridiques régissant la profession bancaire (Chapitre I), les comptes bancaires (
Chapitre II), les opérations de crédit (Chapitre III) et les opérations de change
(Chapitre IV).
7

Ière PARTIE

LES ASPECTS INTERNATIONAUX DU DROIT FINANCIER

Il s’agit ici de présenter le cadre juridique général des mécanismes


internationaux de financement des investissements et des activités économiques. Ces
mécanismes sont principalement l’apanage des institutions financières internationales
aussi bien à vocation universelle (FMI, Banque Mondiale) qu’à vocation régionale
(BAD, BID, BERD etc.) (Chapitre I).
Par ailleurs, compte tenu de l’inexistence formelle d’un marché
financier dans notre pays et du fait que nous serons obligé de nous référer aux droits
étrangers, il nous a paru logique d’aborder l’étude du cadre juridique des marches
financiers dans cette première partie du cours. (Chapitre II)

Chapitre I. LES INSTITUTIONS INTERNATIONALES DE


FINANCEMENT

En réaction à l’anarchie et à l’état de guerre ayant prévalu durant la


période de 1930-1940, la communauté internationale a résolu d’organiser à l’échelle
mondiale les relations monétaires internationales et de résoudre la problématique de
l’inégalité croissante entre les économies du monde.
D’où la création en 1944 des institutions de Bretton Woods : la
Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI) (Section 1) qui
représentent aujourd’hui avec l’organisation mondiale du commerce (OMC) le
triumvirat de la mondialisation.
Et puisque mondialisation rime presqu’automatiquement avec
régionalisation, il semble intéressant de préciser le rôle des institutions de financement
régionales parmi lesquelles on peut notamment citer la Banque Africaine de
Développement (BAD), la Banque européenne d’investissement (BEI), la Banque
européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et la Banque
interaméricaine de développement (BID) (Section 2)

Section 1. Les institutions de financement à vocation universelle

Il s’agit de la Banque Mondiale et du Fonds monétaire international


(FMI), institutions créées à Bretton Woods (Etats-Unis d’Amérique) en 1944.
Examinons brièvement les rôles respectifs de chacune de ces
institutions.

§ 1. La Banque Mondiale

La Banque Mondiale a été créée par les accords de Bretton Woods


(New Hampshire, USA) le 1er juillet 1944 impliquant 44 pays. Ses statuts sont entrés
8

en vigueur le 27/12/1945 mais ses activités ont démarré le 25 juin 1945. La Banque
Mondiale est une institution spécialisée des Nations Unies qui a reçu pour mission :
- d’accroître les investissements productifs dans les Etats membres en vue d’assurer
la reproduction de leur potentiel économique atteint par la guerre et de développer
leurs moyens de production ;
- d’encourager les investissements privés à l’étranger ;
- de développer les échanges commerciaux et de contribuer à l’équilibre des
balances de paiement.
C’est donc une Banque interétatique dont le capital est constitué
originairement par les pays membres du FMI créée au départ pour financer la
reconstruction de l’Europe au sortir de la deuxième guerre mondiale et repartir l’aide
Marshall. Elle s’est spécialisée dans le financement du développement.

A. Structures de la Banque Mondiale


1. Organe de la Banque Mondiale

Celle-ci est très souple et se réduit à un conseil des gouverneurs où sont


représentés tous les Etats membres et un conseil d’administration présidé par une
personne choisie en dehors des administrateurs et des gouverneurs (8).

Les gouverneurs de la Banque Mondiale sont habituellement les ministres


des finances ou les gouverneurs des banques centrales des pays membres.
Théoriquement, les gouverneurs choisissent le président de la Banque Mondiale mais,
en pratique, le président a toujours été un citoyen des Etats–Unis choisi par le
gouvernement des Etats–Unis, généralement par le ministre des finances (Treasure
Department). Tandis que le directeur général du FMI est traditionnellement un
Européen (9).

2. Les composantes de la Banque Mondiale

La Banque Mondiale n’est pas une banque au sens ordinaire du terme. Elle
se compose de deux organismes de développement distincts, la Banque Internationale
pour la Reconstruction et le Développement (BIRD) et l’Association Internationale de
Développement (IDA), et est sous le contrôle de ses 186 pays membres.

Jouant chacune un rôle différent, la BIRD et l’IDA (créée en 1960 sur


recommandation du Conseil économique et social à l’initiative des Etats–Unis)
collaborent à la réalisation de leur ambition commune consistant à assurer une
mondialisation à la fois viable et solidaire. La BIRD s’occupe des pays à revenu
intermédiaire et des pays pauvres solvables, tandis que l’IDA se consacre aux pays les
plus pauvres de la planète. Ensemble, elles accordent aux pays en développement des
prêts à faible intérêt et des crédits et dons ne portant pas intérêt pour les aider à

8
BAKANDEJA Wa MPUNGU, Droit du commerce international, Kinshasa, Afrique Edition, 2004, pp 42-43
9
Toussaint (E), La finance contre les peuples. La bourse ou la vie, Syllepse/CETIM/CADTM, Paris/Genève/
Liège, 2004, p. 256
9

atteindre les objectifs les plus divers, qui consistent notamment à investir dans
l’éducation, la santé, l’administration publique, l’infrastructure, le développement du
secteur financier et du secteur privé, l’agriculture ou la gestion de l’environnement et
des ressources naturelles (10).

3. les autres membres du groupe Banque Mondiale

Il s’agit de la société financière internationale (SFI), de l’Agence


Multilatérale de Garantie des investissements (MIGA) et du Centre international pour
le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI).

a. La SFI

La société financière internationale a été inaugurée le 25 juillet 1956.


Elle a pour mission de favoriser le développement économique par la
promotion de l’activité privée primitive. C’est pourquoi, on lui a reconnu le droit de
faire des prêts aux entreprises privées sans que celles-ci aient besoin de garantie de
leurs gouvernements.

Les statuts de la SFI ont été révisés en 1961 afin de l’autoriser à prendre des
participations (non majoritaires) dans le capital des entreprises. Ainsi elle peut
participer à des accords de prêts consentis par des Banque privées à des sociétés
relevant des Etats membres. Elle peut aussi prendre des participations dans des
sociétés d’économie mixte.

b. L’agence multilatérale de garantie des investissements

L’AMGI est d’une création récente. Elle a été lancée en Avril 1988 dans le
but de protéger les investissements dans les pays en développement.

Sa fonction est d’activer les investissements de l’économie privée dans les


pays en développement par des garanties contre les risques non commerciaux et par
des mesures de promotion.

Trois grands pays du monde occidental détiennent des parts importants dans
l’AMGI (USA, Japon, Allemagne). L’AMGI est plus qu’un simple mécanisme
d’assurance, car elle a aussi pour tâche de stabiliser et d’améliorer la situation des
investissements dans les pays en développement qui y adhérent.

c. Le centre international pour le règlement des différends relatifs aux


investissements (CIRDI)

Créé par la convention de Washington du 18 mars 1965, le CIRDI est une


organisation internationale qui offre des moyens de conciliation et d’arbitrage pour

10
Voir site officiel de la Banque Mondiale : www.worldbank.org
10

régler les différends relatifs aux investissements opposant des Etats contractants
(Article 25 de convention).

C’est en fait un code de règles qui s’applique à un tribunal ad hoc créé à


chaque fois par les parties.

Les organes de CIRDI sont :


- Le conseil administratif (Art. 4 à 8) qui comprend un représentant de chef Etat
contractant ;
- Un secrétariat (Art. 9 et 10) ;
- Des listes (Art. 12 à 16) : chaque partie est libre de nommer les arbitres
qu’elle souhaite mais le CIRDI met à leur disposition une liste d’arbitres.

Le CIRDI n’est pas gratuit (Art. 17) : les Etats membres de la Banque
mondiale supportent l’excédent.

§2. Le Fonds Monétaire International (FMI)

Le FMI a été crée en juillet 1944 pour assurer la coordination monétaire


internationale en créant l’harmonie entre les systèmes nationaux d’émission et de
gestion des monnaies qui, a priori, étaient sans lien entre eux alors que le commerce
international nécessitait des moyens internationaux de paiement importants. Ce n’est
qu’au fil des décennies que cette organisation s’est trouvée érigée en une autorité
internationale (mondiale) chargée de gérer, voir de régler les grandes crises financières
internationales.

Le rôle du FMI dans l’avènement d’un espace financier mondialisé reposait


sur deux fondements : la création d’une organisation intergouvernementale formée à
partir d’un capital destiné à permettre des interventions financières auprès des ses
membres et l’engagement unilatéral des Etats–Unis (pris le 10 décembre 1946) vis-à-
vis de ces pays de convertir le dollar en or. En contrepartie, les membres du FMI
prenaient plusieurs engagements essentiels : obligation de déclarer une parité officielle
de la monnaie nationale ; obligation de maintenir des parités stables mais ajustables
avec les autres monnaies ; interdiction des dévaluations compétitives ; obligation de
maintenir les transactions ordonnées sur l’or ; obligation de coopérer avec le FMI ;
obligation d’assurer la libre convertibilité pour les paiements courants.
Après le retrait des Etats-Unis de leur obligation de convertir le dollar en or
(le 15 août 1971) entraînant un amendement aux Statuts du FMI, seules les deux
dernières obligations de membres subsistèrent. Mais désormais, le FMI dispose de
deux moyens efficaces pour contrôler l’activité monétaire et financière des Etats :
l’examen systématique de leur politique monétaire et financière et la
conditionnalité. Il s’ensuit une pratique de diffusion de modèles de bonne
gouvernance et de bonne politique monétaire, accompagnée de programme
d’ajustement structurel.
Parallèlement, le FMI recherche la suppression du contrôle des changes
qu’il obtint pour les paiements courants en 1958 pour les pays membres de l’OCDE,
puis, peu à peu pour tous ses pays membres. Après la libéralisation des paiements
11

courants, ce fut la libération des mouvements de capitaux qui suivit, faisant que la
valeur d’une monnaie devenait désormais le résultat de la loi d’un marché monétaire
mondiale. Le système monétaire et financier international devient un « bien public
universel ».
L’objectif actuel du FMI est de développer le système monétaire et financier
international mis en place et de gérer les crises en coordonnant les actions des
différents intervenants (Etats, institutions internationales, secteur privé). Ce dernier
objectif, non prévu par les statuts, a été néanmoins cautionné par le G-8.
Pour remplir sa mission, le FMI dispose d’un pouvoir de surveillance
facilité par la transparence des informations que doivent lui fournir ses membres ; d’un
pouvoir d’octroyer des facilités financières aux membres qui en ressentent et
expriment le besoin, la difficulté majeure, à cet égard, étant d’augmenter les ressources
disponibles du FMI. (11)

A. Champ d’action et Mécanismes d’intervention du FMI

L’article premier des statuts du FMI énonce les objectifs fondamentaux


suivants :
 Promouvoir la coopération monétaire internationale ;
 Faciliter l’expansion et la croissance équilibrées du commerce
mondial ;
 Promouvoir la stabilité des changes ;
 Aider à établir un système multilatéral des paiements ;
 Mettre ses ressources (moyennant des garanties adéquates) à la
disposition des pays confrontés à des difficultés de balance des
paiements.

Pour atteindre ces objectifs, le FMI articule son action autour de 3


missions : la mission de surveillance, la mission d’assistance financière et la mission
d’assistance technique. (12)

1. La surveillance des économies

Afin de maintenir la stabilité et de prévenir les crises du système monétaire


international, le FMI procède à des revues de l’évolution économique et financière à
l’échelle nationale, régionale et mondiale, dans le cadre formel de sa mission de
surveillance. Le FMI prodigue des conseils à ses 186 membres, les encourage à
prendre des mesures visant à assurer leur stabilité économique, à réduire leur
vulnérabilité aux crises économiques et financières, et à accroître les niveaux de vie.
Le FMI présente à intervalles réguliers, une évaluation des perspectives économiques
dans les Perspectives de l’économie mondiale, un état des lieux des marchés
financiers dans le Rapport sur la stabilité financière dans le monde et publie une
série sur les perspectives économique régionales.

11
Issa-Sayegh (J.) et Lohoues-Oble (J.), OHADA : Harmonisation du droit des affaires, Bruylant, Bruxelles,
2002, pp 14-15
12
Pour plus de détails, consulter le site : http:/www.imf.org/external/np/exr/facts/glance.htm
12

2. L’assistance financière

Les financements du FMI donnent aux Etats membres l’appui qui leur
est nécessaire pour remédier à leurs problèmes de balance des paiements. Un
programme économique appuyé par le FMI est élaboré par les autorités nationales en
étroite coopération avec les services du FMI, et les concours financiers restent
subordonnés à la réalisation effective du programme.
Comme esquissé ci-avant, le FMI accorde dans ce cadre des facilités à
ses membres qui sont notamment la Facilité d’ajustement structurel (FAS), la
Facilité d’ajustement structurel renforcé (FASR) et la Facilité pour la réduction de
la pauvreté et la croissance (FRPC)

a. Facilité d’ajustement structurel (FAS) et Facilité d’ajustement structurel renforcé


(FASR).
Les FAS sont des facilités de crédits octroyées par le FMI, qui mettent
l’accent sur la croissance, la lutte contre la pauvreté, les reformes structurelles et un
financement extérieur adapté sur une période de trois ans. Les pays qui peuvent y avoir
accès doivent être très pauvres.
Les FASR, qui ont pris le relais, comportent des prêts d’un montant plus
élevés mais exigent des efforts importants dans le domaine structurel et font l’objet
d’une conditionnalité rigoureuse : un programme d’ajustement structurel a moyen
terme (trois ans). Pour pouvoir en bénéficier, un pays doit présenter un document-
cadre de politique économique (DCPE) définissant son programme d’ajustement
structurel.
Ces facilités d’ajustement ont été rebaptisées « Facilités pour la réduction de
la pauvreté et la croissance » en septembre 1999. (13)

b. Facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC).

Facilité de crédit du FMI avalisée en 1999, en remplacement de la FASR,


qui concerne 81 pays à faible revenu (dont le revenu par habitant en 2002 est inferieur
à 875 dollars).
La nouveauté par rapport à la FASR consiste en l’apparition de la notion de
lutte contre la pauvreté, dans une stratégie économique globale toujours axée sur la
croissance.
Les autorités nationales sont alors chargées de rédiger un vaste document de
stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP), sorte de programme d’ajustement
structurel avec une touche de social, en accord avec les institutions multilatérales. En
cas d’éligibilité, le pays peut emprunter, dans le cadre d’un accord de 3 ans, un
montant variable suivant ses difficultés de balance des transactions courantes et son
passé envers le FMI, en général dans la limite de 140% de sa quote-part au FMI. Le

13
LENAIN (P.), LE FMI, Repères, La Découverte, Paris, 1993, p. 99
13

taux annuel est de 0,5 %, sur une durée de 10 ans, avec une période de grâce de 5 ans
et demi (14).

c. Les droits de tirage spéciaux (DTS)

Le capital du FMI est composé de l’apport en devises fortes (et en


monnaies locales) des pays membres.
En fonction de cet apport, chaque membre se voit allouer des droits de
tirage spéciaux (DTS) qui sont en fait des actifs monétaires échangeables librement et
immédiatement contre des divises d’un tiers. Le fonctionnement d’utilisation de ces
DTS correspond à une politique dite de stabilisation à court terme de l’économie,
destiné à réduire le déficit budgétaire des pays et à limiter l’accroissement de la masse
monétaire. (15)

Bref, un droit de tirage spécial est un avoir de réserve internationale susceptible


d’être utilisé pour compléter les réserves de change des pays membres.

N.B : Pour épauler les pays face a la crise économique mondiale, le FMI a renforcé sa
capacité de prêt et a décidé une refonte complète des modalités d’octroi de ses
financements. Il fournit une assistance financière aux pays à faible revenu par ses
guichets de financement concessionnel. Le FMI a doublé les limites d’accès à ses
financements et accroît ses prêts aux pays les plus pauvres du monde, à des taux
d’intérêt nuls jusqu’en 2011.
Les dirigeants des pays réunis au sommet du G-20 le 2 Avril 2009 se sont
engagés à épauler la croissance dans les pays émergents et en développement, en
portant la capacité de prêts du FMI à 750 milliards USD.

3. L’assistance technique

Le FMI mène des actions d’assistance technique et de formation pour aider


les pays membres à renforcer leur capacité d’élaboration et de mise en œuvre effective
des politiques. L’assistance technique porte sur divers domaines, notamment la
politique et l’administration fiscale, la gestion des dépenses, les politiques monétaires
et de change, la suspension et la régulation du système bancaire et financier, les
cadres législatifs et les statistiques.

A. Ressources, gouvernance et organisation du FMI

1. Les Ressources du FMI

Les ressources du FMI proviennent des Etats membres, principalement du


versement des quotes-parts qui reflètent en gros le poids économique relatif de chaque
pays. Les dépenses annuelles de fonctionnement du FMI sont essentiellement
couvertes par la différence entre les intérêts perçus (sur l’encours des crédits) et les

14
Toussaint (E), op. cit, p. 598
15
Norel (P.) et Saint – Alary (E.), L’endettement du tiers- monde, Alternatives économiques, Syros, 1992, p. 83
14

intérêts versés (sur le montant de quotes-parts qui sert à financer les crédits accordés,
appelé « position de réserve » au FMI) mais les Etats membres viennent de convenir
d’un nouveau schéma de recettes basé sur diverses sources de revenus plus adaptées
aux différentes activités du FMI.

2. La structure de gouvernance du FMI


Le FMI comprend trois organes :
- le conseil des gouverneurs ;
- le conseil d’administration ;
- le directeur général.

a. Le Conseil des Gouverneurs

L’organe suprême de la structure de gouvernance est le conseil des


gouverneurs qui se compose d’un gouverneur par Etat, qui est le plus souvent soit le
ministre des Finances de cet Etat, soit le gouverneur de sa banque centrale. Les
gouverneurs se réunissent une fois par an, à l’occasion de l’Assemblée annuelle du
FMI et de la Banque mondiale.
Vingt-quatre gouverneurs siègent au comité monétaire et financier
international (CMFI) qui se réunit deux fois par an.
Les décisions du conseil des gouverneurs sont prises sous forme de
résolutions qui ont un caractère contraignant pour tous les membres. Les votes des
résolutions n’obéissent pas à la règle traditionnelle d’ « un Etat, une voix ». En
d’autres termes, le nombre de voix dont dispose chaque Etat est fonction du montant
de ses quotas et ces décisions sont prises soit à la majorité simple, soit à une majorité
qualifiée, soit à l’unanimité selon le cas. En effet, les décisions courantes du conseil
des gouverneurs requièrent une majorité simple des votes mais pour ce qui est des
décisions les plus importantes telles que la modification uniforme de la parité de
monnaie de tous les Etats membres, la révision générale des quotes-parts et la révision
des règles du FMI, il faut l’approbation d’au moins trois cinquièmes des membres et
85% du total des actions de vote.
Cela signifie que les Etats-Unis avec 16,41% de voix ont un droit de veto
sur tout changement de statut et de répartition des droits de vote, bref sur toute reforme
des institutions de Bretton Woods (16)

b. Le conseil d’administration

La gestion au quotidien du FMI est assurée par son conseil d’administration


composé de vingt-quatre administrateurs, dont le travail est orienté par le CMFI et
appuyé par les cadres du FMI.

16
Toussaint (E), op. cit., p. 258
15

Le conseil d’administration est investi des pouvoirs que lui délègue le


conseil des gouverneurs à l’exception de ceux qui sont réservés expressément au
conseil des gouverneurs.

Il peut être chargé de négocier les conditions d’admission de nouveaux


membres et de choisir le directeur du conseil du Fonds.

c. Le directeur général
Le directeur général dirige les services du FMI et préside le conseil
d’administration, assisté de trois directeurs généraux adjoints.

Il est élu pour une période de 5 ans renouvelable parmi les personnes qui ne
sont ni gouverneur, ni administrateur et ayant moins de 65 ans d’âge.

Section 2. Les institutions internationales de financement à vocation


Régionale.

Quatre régions seront passées en revue dans cette section, à savoir :


- la région Afrique avec la Banque africaine de développement (BAD) (§1) ;
- la région Europe avec la Banque de développement du conseil de l’Europe
(CEB), la Banque européenne d’investissement (BEI) et la Banque
européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) (§2) ;
- la région Amérique avec la Banque interaméricaine de développement (BID) ;
- ainsi que la région Asie avec la Banque asiatique de développement (BASD)
(§3).

§ 1. L’institution africaine de financement : La Banque Africaine de

Développement (BAD)17

A. Création et Composition

Fondée en 1944 dans le but de promouvoir le développement économique et


social en Afrique, la Banque africaine de développement est en réalité un groupe
comprenant les institutions suivantes :

 La Banque africaine de développement (BAD) ;


 Le Fonds africain de développement (FAD) ;
 Le Fonds spécial du Nigeria (FSN).
Elle a son siège à Abidjan en Côte d’ivoire. Son actionnariat est ainsi composé !
 53 pays africains (pays membres régionaux) ;
 24 pays non africains (pays membres non régionaux).

17
Pour plus de détails, consulter le site officiel de la BAD : www.afdb.org
16

L’organe décisionnel suprême de la BAD est le conseil des gouverneurs. Ce


sont toutefois les 18 directeurs exécutifs qui ont le plus grand nombre d’attributions.
12 de ces directeurs viennent d’Etats membres de la région, 6 d’Etats hors de la région.
Le Directoire exécutif se prononce sur les principales affaires, telles que les
stratégies sectorielles (eau, environnement, égalité, éducation, santé), l’octroi des crédits et
des garanties ; les programmes et les projets.

B. Principales missions

Les principales missions du groupe sont :


 L’octroi de crédits pour la promotion du développement
économique et social (FAD) ;
 L’accroissement technique pour la préparation et la réalisation de
programmes et de projets de développement (FAD) ;
 La promotion des investissements publics (FAD) et privés (BAD)
pour les projets de développement, ainsi que
 Le financement des projets d’infrastructure dans les pays à revenus
moyens (BAD).

Le groupe de la BAD est la plus importante institution publique de


financement en Afrique.
Il accorde chaque année des crédits à hauteur de deux milliards USD. La
BAD octroie des crédits à des conditions proches de celles du marché aux pays à
moyens revenus. En règle générale, ces fonds vont au secteur privé ou au
développement de grands projets d’infrastructures, aéroports par exemple.

Les deux fonds octroient par contre des crédits a des conditions très
avantageuses et de très longue durée aux pays qui ne peuvent contracter des prêts
ordinaires auprès de la BAD, l’objectif poursuivi par les fonds est tout d’abord de
lutter contre la pauvreté, puis de créer le cadre économique général favorable au
développement durable. Le Fonds Africain de Développement (FAD) a été alimenté
pour la première fois en 1972, après une crise de refinancement de la Banque, afin de
financer par des crédits très avantageux les missions de développement
communautaire (écoles, hôpitaux, distribution de l’eau et de l’électricité). Ce fonds est
réalimenté tous les trois ans.
L’institution a dû entreprendre de profondes réformes après avoir subi une grave crise
de gouvernance dans les années 90. D’après le plan stratégique adopté pour la période
2003-2007, le groupe se consacre à un nombre restreint de domaines prioritaires : la
distribution de l’eau, la formation et la santé ainsi que la réalisation d’infrastructures
dans les zones rurales. En outre, le groupe s’engage dans des domaines transversaux
tels que la gouvernance dans les pays partenaires, l’égalité de traitement de la femme
et de l’homme, la protection de l’environnement, le développement rural ainsi que la
lutte contre les maladies contagieuses.
17

§ 2. Les Institutions européennes de financement

Il s’agit notamment de :
 La Banque de développement du conseil de l’Europe (CEB) ;
 La Banque européenne d’investissement (BEI) ;
 La Banque européenne pour la reconstruction et le
développement (BERD).

A. La Banque de développement du conseil de l’Europe (CEB)18

Cette banque est la plus ancienne des institutions financières internationales


européennes et la seule dont la vocation soit exclusivement sociale.
La CEB est l’instrument financier de la politique de solidarité du conseil de
l’Europe.
Banque multilatérale de développement, la CEB est soumise à la haute
autorité du conseil de l’Europe et est financièrement autonome.
Au travers de prêts, la banque participe au financement de projets sociaux,
répond aux situations d’urgence sur le continent européen.
La Banque de développement du conseil de l’Europe intervient dans les
domaines suivants : renforcement de l’intégration sociale, institution européenne,
gestion de l’environnement et développement du capital humain.
Son siège social est à Paris (France).

B. La Banque européenne d’investissement (BEI)19

1. Création et composition

La Banque européenne d’investissement (BEI) est l’institution financière


des Etats membres de l’Union Européenne. Elle a pour principal but d’emprunter sur
les marchés financiers pour financer des projets au sein de l’union européenne.

Elle fut créée en 1958, avec le Traité de Rome. Elle siège à Luxembourg
mais dispose également de bureaux à Bruxelles, Paris, Rome, Helsinki, Athènes,
Lisbonne, Londres, Madrid, Varsovie, Istanbul, Bucarest, Tunis, Dakar, Rabat,
Nairobi, Fort de France, Sydney, Pretoria et au Caire.

Le groupe BEI est composé de la Banque européenne d’Investissement


(BEI) et du Fonds européen d’Investissement (FEI). La BEI est l’actionnaire
majoritaire du FEI en détenant 62% du capital.

Il fut créé lors du conseil européen de Lisbonne qui s’est déroulé du 23 au


24 mars 2000. La création de ce groupe a pour but de rassembler tous les moyens

18
Voir Site officiel : www.coebank.org
19
Pour plus de détails, voir : www. eib.org
18

d’investissement de l’Union européenne au sein d’une même institution et ainsi de


favoriser le capital risque pour le PME, ce que seul le FEI pouvait réaliser auparavant.

2. Rôle, organisation et mode de fonctionnement

Son rôle, son organisation et son mode de fonctionnement sont fixés par
ses statuts.
Son principal rôle est d’emprunter sur les marchés financiers de l’argent pour
l’investir dans les projets européens. Les prêts accordés sont donc totalement
indépendants de ceux de l’Union Européenne. En tant que Banque d’investissement,
elle ne fait que des prêts et aucun don. Toutes les sommes investies par la BEI doivent
lui être remboursées.
Les projets soutenus doivent contribuer au bon développement économique et social
des pays membres de l’Union Européenne. Ils doivent notamment permettre de hisser
les différents pays de l’Union Européenne au même niveau, c’est pour cela qu’elle
investit principalement dans les zones les plus pauvres ou moins bien structurées que
les autres zones de l’Union Européenne.
Elle peut également intervenir de son propre chef en dehors de l’union européenne,
mais l’argent investi est sur ses fonds propres. La commission européenne peut aussi
lui donner mandat pour intervenir à l’étranger, l’argent alors utilisé sera celui de
l’Union Européenne.
Environ 15% des ses investissements se font en dehors de l’Union Européenne.
Sa structure organique est composée :

 D’un Conseil des gouverneurs (composé de 27 ministres de l’économie


des Etats membres de l’Union européenne) qui est chargé de définir la
politique de la BEI,
 D’un conseil d’administration chargé d’appliquer la politique de la BEI
définie par le conseil des gouverneurs,
 D’un comité de direction qui assure au jour le jour le bon
fonctionnement de la BEI,
 D’un comité de vérification en charge de l’audit de la BEI.

C. La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD)20

Il s’agit d’une organisation internationale dont le siège est situé à Londres


qui est chargée de faciliter le passage à une économie de marché dans les pays
d’Europe centrale et orientale. Créée à Paris le 29 mai 1990 suite à une idée de
François Mitterrand, elle fut inaugurée le 15 avril 1991.
Elle émet des emprunts sur le marché international qui lui servent à financer
ou cofinancer des investissements (soit par des prêts, soit par des prises de
participation) favorisant la transition vers une économie de marché dans les pays
d’Europe centrale et orientale, dans les pays de l’ex-URSS et en Mongolie.

20
Il est possible d’avoir plus de détails en consultant le site officiel de la BERD : www.ebrd.org
19

Contrairement aux autres institutions financières internationales, le mandat


de la BERD se limite aux pays qui s’engagent à respecter et mettent en pratique les
principes de la démocratie pluraliste et de l’économie de marché, de favoriser la
transition de leurs économies vers des économies de marché, et d’y promouvoir
l’initiative privée et l’esprit d’entreprise.
Les activités de la banque sont donc extrêmement limitées en Biélorussie, en
Ouzbékistan et au Turkménistan dont les régimes autoritaires ne remplissent pas ces
critères.
En 2006, la BERD a investi 4,9 milliards d’euros dans 301 projets
différents ; elle a réalisé 2,4 milliards d’euros de bénéfices.

La BERD qui comptait 38 actionnaires, en comptait jusqu’en juillet 2007,


63.

§3. Les institutions de financement américain et asiatique

A. La Banque interaméricaine de développement (BID)

La Banque interaméricaine de développement (BID) a été fondée en 1959 et


elle compte 47 membres dont 26 proviennent de l’espace latino-américain et des
Caraïbes. La BID joue également un rôle pour la promotion de l’intégration régionale.

L’objectif suprême de la BID est de réduire la pauvreté en Amérique latine


et dans les Caraïbes et de promouvoir une connaissance durable respectueuse de
l’environnement.

La BID fait partie du groupe de la Banque interaméricaine de


développement qui comprend les organisations suivantes :

 La Banque interaméricaine de développement (BID) elle-même. Elle


octroie des prêts aux pays en développement de la région disposant
d’un revenu par habitant relativement élevé.
 Le Fonds pour les opérations spéciales octroie des prêts à faible taux
d’intérêt et de longue durée aux pays qui ne peuvent emprunter
directement à la BID.
 La Société interaméricaine d’investissement encourage les petites et
moyennes entreprises (PME) par le moyen de prêts et de
participations en capital.
 Le Fonds Multilatéral d’investissement (Multilatéral Investment
Fund – MIF) encourage les petites et très petites entreprises en
mettant des capitaux à leur disposition et renforce le cadre général du
secteur privé.

Dans le but d’atteindre les objectifs indiqués ci-avant, la Banque finance des
projets et des programmes dans les quatre secteurs suivants :
20

 Développement social (éducation, systèmes de microcrédits,


distribution de l’eau potable, agriculture, etc.),
 Modernisation de l’appareil gouvernemental et bonne gouvernance,
 Encouragement de la capacité concurrentielle,
 Intégration économique.

L’organe décisionnel suprême de la BID est le conseil des gouverneurs qui


prend les principales décisions, par exemple sur l’admission de nouveaux membres ou
sur les augmentations du capital. Il assure également la surveillance de la direction.
Ce sont les 14 directeurs exécutifs qui disposent de la plupart des
attributions et qui sont en permanence au siège de l’institution. Le Directoire exécutif
discute et décide de l’octroi des crédits, des stratégies nationales et sectorielles, des
taux d’intérêt, du budget et des questions financières.

B. La Banque asiatique de développement – BAsD (Asian Development Bank – AsDB)

La Banque asiatique de développement (BAsD) a été fondée en 1966. Elle


compte 67 membres dont 48 de la région asiatique. La Banque a contribué avec succès
à l’impressionnante croissance économique de l’Asie. Toutefois, les défis sont encore
nombreux : 70% de la population pauvre du monde vivent en Asie. La lutte contre la
pauvreté est donc l’objectif suprême de la BASD.

Le mandat de la BASD consiste à mobiliser des moyens financiers et du


savoir–faire au service du développement économique et social de l’Asie.

La BAsD a fait de la lutte contre la pauvreté son objectif stratégique


suprême en 1999, en accord avec les objectifs du Millénaire de l’ONU.
En détail, la Banque poursuit essentiellement trois buts principaux : la
promotion de la croissance économique durable, le soutien aux couches les plus
pauvres de la population et le développement social, ainsi que la bonne gouvernance.

L’octroi de crédit à des conditions proches de celles du marché, la fourniture


d’assistance techniques, le dialogue politique, les garanties et les investissements (de
quatre à six milliards USD chaque année) comptent parmi les plus importants
instruments dont dispose la BASD. Le Fonds asiatique de développement – FASD
(Asian Development Fund – ASDF) octroie des crédits à faible taux d’intérêt et des
subventions aux plus pauvres des Etats membres de la BAsD à raison de 1,5 milliards
USD environ chaque année.

Le Conseil des gouverneurs est l’organe décisionnel suprême de la


BASD ; et prend les décisions essentielles. Les 12 directeurs exécutifs détiennent la
plupart des attributions. 8 d’entre eux viennent des Etats membres de la région, quatre
d’Etats membres hors de la région. Le Directoire exécutif se réunit chaque semaine,
discute et décide de l’octroi des crédits, des documents de politique générale (policy
papers), des stratégies nationales et sectorielles, du budget et des questions financières.
21

Chapitre II : LE MARCHE FINANCIER

Les mutations auxquelles on assiste depuis plus d’un quart de siècle dans le
domaine économique mettent en exergue l’importance de plus en plus croissante des
transactions financières, spécialement celles portant sur les valeurs mobilières. En
effet, il ne se passe pas un jour sans que, sur des chaînes de télévision et radios
étrangères, ne soient données des nouvelles sur les bourses des valeurs étrangères.

Malheureusement, pour la plupart des congolais, ces informations relèvent


pratiquement de la science – fiction tant il est vrai qu’il n’existe pas encore de marché
financier organisé en RDC (21). Pourtant, le marché financier représente, grâce à son
rôle attractif des investissements tant nationaux qu’étrangers, un rouage essentiel dans
le financement d’une économie en difficulté comme celle de la RDC.

C’est ainsi que dans ce chapitre il s’agira de donner une présentation


générale du marché financier tel qu’organisé dans certains pays (France, pays de
l’UEMOA (22), pays de la CEMAC) (section 1). Il sera par ailleurs important avant de
s’appesantir sur l’organisation et le fonctionnement de ce marché (section 3), de
préciser la notion de valeurs mobilières (section 2), objet principal de négociation dans
ce marché par essence spéculatif.

Section 1. Présentation générale du marché financier

§1. Définition

Le marché financier peut être défini comme le marché des capitaux à long
terme représentés par les valeurs mobilières (actions et obligations) et leurs produits
dérivés. Ces valeurs mobilières et leurs produits dérivés sont qualifiés notamment par
le législateur français d’ « instruments financiers »23.

Le marché financier comprend un marché primaire, celui des émissions, et


un marché secondaire, celui de la revente, appelé communément « bourse de valeurs »

21
TSHIYOMBO Kalonji, La création d’un marché financier en RDC : un défi juridique et institutionnel de
taille, Mémoire de Licence, Faculté de droit, UPC, Kinshasa, 2000-2001, p.1
22
L’UEMOA signifie l’Union économique et monétaire ouest – africaine
Le CEMAC signifie la communauté économique et monétaire de l’Afrique Centrale.
23
Bernet – Rollande (L.), Principes de technique bancaire, Dunod, Paris, 1997, p. 275
22

A. Marché financier : marché de valeurs mobilières et des produits dérivés.

1. Marché financier comme marché des valeurs mobilières.

Le marché financier est tout d’abord un marché des valeurs mobilières.


Celles-ci sont des titres négociables et susceptibles d’être côtés en bourse, émis par les
collectivités publiques ou privées et conférant des droits identiques d’associé (actions)
ou de créancier (obligations)24

Les actions (ou pendant longtemps « valeurs à revenu variable ») confèrent


le droit de vote et une vocation à recevoir une partie des bénéfices, les dividendes. Les
obligations (ou jusqu’à récemment « valeurs à revenu fixe ») rapportent un intérêt.

Cette distinction, autrefois très tranchée, s’est progressivement estompée


avec l’apparition des titres sophistiqués que l’on peut classer en trois catégories : les
titres représentatifs de fonds propres, les titres représentatifs de fonds empruntés et les
titres intermédiaires entre les actions et les obligations25. Nous reviendrons sur ces
importantes notions dans la section 3 de ce chapitre.

B. Marché financier comme marché des produits dérivés

Le marché financier est également un lieu de négociation de créances


financières qui ne représentent pas des financements. Ces créances naissent d’une
construction contractuelle reconstituant un des risques du financement, sans mettre en
œuvre ledit financement.

Le negotium (objet de négociation) est donc un risque financier reconstitué


contractuellement. Le marché financier permet de s’échanger ces risques sans pour
autant détenir les actifs financiers générant de tels risques. On parlera alors de
produits dérivés26.

Un exemple de produit dérivé est l’option d’achat (call) : une banque émet
sur le marché une option d’achat sur, par exemple, le cours de l’action Monsanto au
prix de 100 et à 10 mois ; moyennant le versement d’une prime, un investisseur va
acheter cette option d’achat et ainsi détenir un droit d’achat sur l’action Monsanto au
prix de 100 et sur un terme de 10 mois. A cette échéance, soit l’action vaut plus que
100 et l’investisseur peut acheter une action moins chère qu’elle ne vaut. Dans le cas
inverse d’une action valant moins de 100 au terme des 10 mois, l’investisseur
abandonne son option et le banquier empoche la prime.

24
Legall (J.P.), Droit commercial, Dalloz, 13e éd. Paris, 1993, p. 218
25
Bernet – Rolande(L), op.cit, pp. 289-298
26
Bakandeja wa Mpungu, cours de droit financier, op. cit., p.26
23

Si ces produits ont à l’origine été créés pour répondre aux fluctuations (sorte
d’assurance offerte par un opérateur d’accord de courir le risque), ils en causent en
définitive davantage en provoquant des vagues spéculatives (l’émetteur et l’acheteur
de l’option vont ainsi spéculer sur l’action sous–jacente durant les 10 mois)27.

Il est par ailleurs fréquent aujourd’hui de voir un opérateur négocier un


produit dérivé sans même posséder l’actif réel qu’il est censé couvrir. Par exemple, un
spéculateur achète une option de vente (put) sur le CAC 40 (indice boursier regroupant
les 40 principales valeurs de la bourse de Paris). Il obtient par là, moyennant le
versement d’une prime, le droit de vendre l’indice CAC 40 au prix déterminé par
l’option (disons 100) à l’échéance du contrat (disons trois mois).

A l’échéance de trois mois, ce spéculateur espère voir l’indice baisser : si


c’est le cas (si l’indice baisse par exemple à 90), il n’aura alors plus qu’à acheter cet
indice à 90 et le revendre simultanément à 100. On comprend aisément que durant ces
trois mois, le spéculateur a tout intérêt à spéculer sur une baisse de l’indice CAC 40 (et
donc de la bourse). Or, cet intérêt engendre une innovation dans le comportement
spéculatif : le spéculateur n’agit plus après avoir pris connaissance de fondamentaux
tangibles (taux d’inflation, balance des paiements, déficit, etc.), mais détermine lui-
même initialement le différentiel sur lequel il va spéculer28.

Il existe une multitude de produits dérivés plus complexes les uns que les
autres. Certains sont négociés sur des marchés organisés et contrôlés, mais la plupart
des opérations se déroulent de gré à gré, c’est–à–dire en dehors de tout contrôle et dans
une totale opacité.

C. Marché financier : marché primaire – marché secondaire.

L’appellation de marché financier recouvre ensuite les deux notions


complémentaires de système de diffusion des émissions nouvelles (marché primaire) et
d’institution apte à assurer l’échange des titres déjà émis (marché secondaire ou bourse
des valeurs)29.

1. Le marché primaire ou marché des émissions.

Le marché primaire est en quelque sorte un marché du « neuf ». C’est


l’ensemble de transactions qui se nouent entre les émetteurs (sociétés ou
administrations), les intermédiaires (banques, maisons de titres) et les souscripteurs30.

27
Toussaint (E.), op. cit, p. 612
28
Idem, p. 115
29
CHOINEL (A.) et ROUYER (G.), Le marché financier : structures et acteurs, Ed. Revue Banque, Paris, 1990,
p. 44.
30
Legeais (D.), Droit commercial, 11e éd., Dalloz, Paris, 2001, p. 193
24

Le marché primaire est un marché fictif qui n’a pas d’existence réelle et
s’opère par l’intermédiaire des banques, alors que le marché secondaire s’effectue dans
le cadre physique d’une bourse de valeurs.

Dans ce marché, on est en présence de deux sortes d’acteurs : les


demandeurs de capitaux et les offreurs de capitaux.

a) Les demandeurs de capitaux à long terme

Les demandeurs peuvent être l’Etat, les collectivités locales ou les


entreprises.

L’Etat comme une entreprise doit faire face à des charges appelées dépenses
de fonctionnement (fournitures de bureau, traitement des fonctionnaires, etc.), mais
doit aussi assurer des dépenses d’équipements collectifs (routes, hôpitaux, écoles …),
appelées dépenses d’investissement. L’impôt doit, en principe, suffire à assurer les
dépenses de fonctionnement mais il ne peut couvrir les dépenses d’investissement et
l’Etat doit alors émettre les emprunts (fonds publics).

Comme les autres agents économiques, les entreprises doivent assurer des
charges financières par les recettes ou des crédits de trésorerie, mais elles doivent aussi
investir. Et pour financer ses investissements, une entreprise a diverses solutions dont
le recours au marché financier31

b) Les offreurs de capitaux à long terme

Les offreurs vont être nombreux et variés : particuliers, entreprises,


investisseurs institutionnels, banques et groupements collectifs de placement.

Les entreprises et les particuliers peuvent se procurer des valeurs mobilières.

Les investisseurs institutionnels ou les « zinzins » comme disent les


chroniqueurs financiers francophones branchés sont principalement les compagnies
d’assurance et les organismes de la sécurité sociale.

Les groupements collectifs de placement sont d’importants investisseurs sur


le marché financier. En effet, le particulier ne dispose pas le plus souvent d’une
épargne importante et, de ce fait, il hésite à courir le risque d’investir son épargne en
souscrivant des montants importants à ses yeux sur une ou plusieurs valeurs
mobilières. Il peut alors se tourner vers les groupements collectifs de placement :
sociétés d’investissement, fonds communs de placement ou clubs d’investissement32.

31
Bernet – Rollande, op. cit, p. 275
32
Idem, p. 276
25

2. Le marché secondaire ou bourse de valeurs

Les bourses sont des marchés où les biens à échanger sont seulement
représentés par des titres, des documents de propriété comme des actions, des
obligations, des connaissements etc.

C’est pour ce motif que les bourses sont considérées comme des marchés
abstraits par opposition aux marchés concrets où les marchandises sont elles-mêmes
exposées.
Il y a 2 sortes de bourses :

- les bourses de marchandises (bourses de commerce) où se traitent les


opérations sur marchandises telles que le café, le cacao, le pétrole, les matières
précieuses etc. (matière relèvent en principe du droit commercial général).

- les bourses de valeurs mobilières qui font l’objet de la présente étude dans ce
cours.

La bourse de valeurs est le lieu de rencontre de l’offre et de la demande de


valeurs mobilières qui ont déjà été émises sur le marché financier primaire.

La bourse de valeurs permet d’assurer la liquidité (c’est-à-dire la revente)


des titres souscrits par l’investisseur. On ne souscrit pas à une augmentation de capital
ou à un emprunt obligataire à la bourse car celle-ci n’est, en quelque sorte, que le
marché de la revente, le « marché de l’occasion » des valeurs mobilières ; on dit
encore « marché secondaire ».
Il y a lieu de noter de prime abord que le marché financier n’est pas à
confondre avec le marché monétaire. En effet, le marché financier concerne les titres
investis à long terme alors que le marché monétaire porte sur les créances à moins
d’un an ou deux.
Le marché monétaire est le marché grâce auquel les banques assurent
l’équilibre journalier de leurs recettes et de leurs dépenses. Elles y placent leurs
excédents et font appel à lui pour couvrir leurs déficits. Prêts et Emprunts sont à très
courte échéance. En somme, le marché monétaire fait circuler les surplus de trésorerie
et solde éventuellement les déficits nets de l’économie en fournissant l’appoint de
monnaie nécessaire (33).

§2. Fonctions économiques du marché financier peuvent être regroupées autour de


cinq thèmes.
Le marché financier est en effet :

 Un circuit de financement de l’économie nationale ;


 Un moyen d’organiser la liquidité de l’épargne investie à long terme ;
 Un instrument de mesure de la valeur des actifs ;

33
Marchal (J.), Monnaie et crédit, Ed. Cujas, Paris, 1964, p. 231
26

 Un outil concourant à la mutation des structures industrielles et


commerciales ;
 Un lieu de négociation du risque34.

A. Circuit de financement de l’économie nationale.


La fonction première du marché financier est de drainer une partie de
l’épargne en vue de contribuer au financement de l’économie nationale : collectant des
capitaux auprès des agents financiers qui disposent de capacités de financement, le
marché financier procure aux entreprises et aux administrations publiques des
ressources longues, il facilite la croissance des sociétés et confère à l’Etat des moyens
supplémentaires pour mener à bien sa politique dans les domaines économique et
social.

Le marché financier assure un accès public à l’épargne et garantit le


développement financier et donc économique des groupements dont les titres sont
admis en bourse35. Sa contribution, longtemps modeste au regard de celle du système
bancaire, ne saurait être tenue pour secondaire. En effet, le marché financier établit un
circuit quasiment direct entre l’épargnant qui désire placer ses capitaux et
l’investisseur qui a besoin de ces capitaux. L’émetteur d’actions ou d’obligations a
certes recours aux services d’intermédiaires financiers mais ceux–ci ne font que mettre
en rapport épargnants et investisseurs, sans s’interposer entre eux tel un écran comme
c’est le cas lorsqu’une banque reçoit des dépôts du public pour les redistribuer ensuite
sous forme de dépôts. Ainsi le marché financier est-il par excellence le circuit court
entre l’épargnant et l’investisseur36.

A. Moyen d’organiser la liquidité de l’épargne investie à long terme

Le marché financier, grâce aux mécanismes boursiers, permet d’obtenir ou


de restituer les capitaux et rend de ce fait l’investissement psychologiquement
possible. En effet, les placements sur le marché financier présentent par rapport à
d’autres types d’investissement notamment en actifs réels, l’avantage d’être, en
principe, immédiatement mobilisables. Le détenteur d’un titre coté en bourse a ipso
facto la possibilité de le vendre à un autre investisseur.

B. Instrument de mesure de la valeur des actifs

La bourse est un catalogue perpétuellement mis à jour de la valeur des


sociétés. La capitalisation boursière (Cours X nombre de titres) est le plus souvent la
meilleure évaluation des fonds propres (infiniment meilleure que des chiffres
comptables)37.

34
CHOINEL (A.) et ROUYER (G.), op. cit, p. 39
35
LEGALL (J.P.), op. cit, p.2
36
CHOINEL (A.) et Rouyer (G.), op. cit, p.40
37
Sioens (A.), Monnaie et finance, De Back Université, Bruxelles, 1993, p. 271
27

La cotation boursière constitue de ce fait une approche d’un accès facile et


reconnue par la communauté bancaire, le monde de l’industrie et l’administration
fiscale.

C. Outil concourant à la mutation des structures individuelles et


commerciales

En donnant à des sociétés la possibilité de régler, au moyen de leurs titres,


l’acquisition d’autres affaires, le marché financier facilite les regroupements
d’entreprises. C’est surtout par la possibilité que la bourse offre aux sociétés cotées de
battre leur propre monnaie qu’elle concourt activement au financement du haut du
bilan, c’est-à-dire lorsque l’achat de filiales, ou la simple prise de participation, au lieu
d’être payé en argent liquide, l’est par remise d’actions de la société acheteuse ou
absorbante38.

D. Lieu de négociation du risque

Le capital à risque désigne toutes les formes de fonds propres dont leurs
copropriétaires attendent un revenu aléatoire. Les actionnaires perçoivent un dividende
variable et résiduel après que tous les autres facteurs de production aient été
contractuellement rémunérés (salaires, intérêts de créances, loyers, prestations de
fournisseurs,…)39.

Couvrir une exposition au risque, spéculer, procéder à des arbitrages,


occupent aujourd’hui nombre d’opérateurs dans les salles des marchés des capitaux et
les variations les plus erratiques des cours accentuent l’importance de cette fonction.

Cependant, toutes ces opérations doivent se dérouler dans un environnement


juridique et institutionnel garantissant le mieux la protection de tous les intérêts en
présence.

Section 2. L’organisation du marché financier

Quel que soit le degré de libéralisme qui régit les nations industrialisées, les
Etats se refusent au « laisser faire » total en ce qui concerne le marché financier car il
faut protéger les épargnants et prévenir les excès de comportement40.

Ainsi allons-nous présenter dans cette action le cadre institutionnel et


juridique du marché financier français, d’une part (§1) et des pays de l’espace
OHADA, d’autre part (§2)

38
CHOINEL (A.) et Rouyer (G.), op. cit, p.42
39
Siaens (A.), op. cit, p. 269
40
CHOINEL (A.) et Rouyer (G.), op. cit, p.89
28

§1. Le cadre juridique et institutionnel du marché financier en France41

A. les structures et intervenants

1. Organisation générale

La bourse de Paris baptisée Euronext Paris SA fait partie d’Euronext qui


associe les Bourses d’Amsterdam, de Bruxelles et de Paris depuis le 22 septembre
2000.

La création d’Euronext permet aux investisseurs d’intervenir à partir d’un


point d’accès unique sur un ensemble élargi de valeurs et de produits dérivés (contrats
à terme et options sur taux d’intérêt, indices, actions et marchandises)

Euronext n’est pas seulement un marché ou un ensemble de marchés. C’est


aussi un groupe d’entreprises. Ce groupe, via ses trois filiales Euronext Amsterdam
N.V., Euronext Brussels S.A/N.V. et Euronext Paris S.A., organise et assure le
fonctionnement des marchés boursiers néerlandais, belges et français.

2. Les intermédiaires

Avant la loi du 2 juillet 1996, dite de « modernisation des activités


financières », trois familles d’intermédiaires financiers intervenaient dans les activités
de marché dénommées aujourd’hui services d’investissements :
 les établissements de crédit : seuls à intervenir sur le marché primaire des
émissions des titres, ils pouvaient négocier tous les instruments financiers
(titres de créance négociables, contrats à terme et optionnels, etc.) à
l’exception des valeurs mobilières ; de ce fait, ils ne pouvaient être membres
de la Bourse de Paris que par le biais d’une filiale ayant le statut de société
de bourse.
 Les sociétés de bourse qui avaient, en 1988, succédé aux agents de change :
dotées d’un statut spécifique, elles avaient le monopole de la négociation
des valeurs mobilières et avaient seules la droit d’intervenir sur le marché de
la Bourse ; elles pouvaient, concurremment avec les établissements de crédit
intervenir dans des autres instruments financiers ; elles n’avaient pas, en tant
que telles, accès au marché primaire des émissions de titres ;
 Les sociétés de gestion de portefeuilles, qui avaient pour activité unique la
gestion de portefeuilles individuels, sans en avoir l’exclusivité puisque cette
activité était également ouverte aux établissements de crédit et aux sociétés
de bourse.

Désormais, la loi ne distingue plus que deux types d’intermédiaires, qualifiés de


prestataires de services d’investissement (PSI) :

41
Sur l’ensemble de cette question, voir Bernet – Rollande (L.), Principes de technique bancaire, 23e éd., Dunod,
Paris, 2004, pp. 355-377
29

 Les établissements de crédits (banques, caisses d’épargne, etc.)


 Les entreprises d’investissement (ex- sociétés de bourse et ex-sociétés de
gestion de portefeuilles, dont les statuts spécifiques disparaissent).

Les uns et les autres peuvent exercer, sur les marchés, les activités de leur
choix : collecte et transmission d’ordres de clients, exécution des ordres, gestion de
portefeuille, prise ferme et placement, sous réserve d’avoir été agréés par l’autorité des
marchés financiers pour la gestion de portefeuille et le Comité des Etablissements de
Crédit et des Entreprises d’Investissement (CECEI) pour les autres activités.
Les intermédiaires agréés comme négociateurs, lorsqu’ils désirent intervenir
sur un marché réglementé, doivent adhérer au(x) marché(s) concerné(s).

En effet, la loi différencie deux types de marchés :


 Les marchés dits « réglementés »et officialisés comme tels parce qu’ils
répondent à un ensemble des conditions en matière de fonctionnement,
d’admission des valeurs et de diffusion ;
 Les marchés dits « de gré a gré » qui ne sont pas tenus de satisfaire à des
conditions minimums.
L’accès au marché est aujourd’hui ouvert à l’ensemble des intermédiaires
financiers installés en France, qu’ils soient Français ou étrangers. Mais grâce a
l’informatisation, l’accès au marché est également ouvert aux intermédiaires
situés à l’étranger et que l’on appelle des remote membres ou « membres a
distance ».

a. Les négociateurs

Ce sont ceux des établissements de crédit et des entreprises d’investissement


qui, ayant été agrées par les autorités compétentes, sont devenus membres du marché
pour y exécuter les ordres d’achat et de vente.

b. Les compensateurs

Ce sont les établissements qui se chargent des opérations de règlement-


livraison via Clearnet SA afin que les acheteurs et les vendeurs soient livrés et payés
dans les délais réglementaires une fois que les ordres ont été exécutés par les
négociateurs.
Les négociateurs peuvent choisir d’être également compensateur et prendre
eux-mêmes en charge l’ensemble de ces opérations ou limiter leur activité à
l’exécution des ordres et sous-traiter les opérations de règlement-livraison à un
compensateur.

c. Les collecteurs d’ordres

Lorsqu’ils ne sont pas membres d’Euronext, les intermédiaires financiers,


banques ou entreprises d’investissement, qui collectent les ordres auprès de leurs
clients se chargent de les acheminer vers un négociateur, évitant ainsi aux investisseurs
30

toute démarche supplémentaire. Les collecteurs d’ordres font l’objet d’un agrément
spécifique par l’AMF et sont habilités à ouvrir des comptes au nom de leurs clients.

d. Les transmetteurs d’ordres

Non habilités à ouvrir des comptes ni recevoir des titres ou des espèces, ce
sont des prestataires de services qui transmettent les ordres, le plus souvent par des
technologies avancées, à l’intermédiaire (négociateur ou collecteur d’ordres) teneur du
compte du client.

3. Les organisations de tutelle et de contrôle

La bourse est sous le contrôle de deux organismes :


- l’autorité des marchés financiers ;
- Euronext Paris SA.

a. L’Autorité des Marchés Financiers (AMF)

Créée par la loi n° 2003-706 de sécurité financière du 1er août 2003,


l’Autorité des marchés financiers est issue de la fusion de la commission des
opérations de bourse (COB), du conseil des marchés financiers (CMF) et du conseil de
discipline de la gestion financière (CDG).

Rôle

L’autorité des marchés financiers est un organisme public indépendant, doté


de la personnalité morale et disposant d’une autonomie financière, qui a pour mission
de veiller :
 à la protection de l’épargne investie dans les instruments financiers et
tout autre placement donnant lieu à appel public à l’épargne ;
 à l’information des investisseurs ;
 au bon fonctionnement des marchés d’instruments financiers.

Elle apporte son concours à la régulation de ces marchés aux échelons européen et
international.

Composition

L’Autorité des marchés financiers comprend :


- un collège de 16 membres ;
- une commission des sanctions de 12 membres ;
- des commissions spécialisées et des commissions consultatives.

Le ministre de l’Economie, des Finances et de l’industrie désigne le commissaire


du Gouvernement qui siège après de toutes les formations, sans voix délibérative.
Le président de l’Autorité des marchés financiers est nommé par décret du
président de la République pour un mandat de cinq ans non renouvelable.
31

L’Autorité des marchés financiers dispose de services dirigés par un secrétaire


général. Le personnel des services est composé d’agents contractuels de droit
public, de salariés de droit privé et d’agents publics, soit 320 personnes fin 2003.

Compétences

L’Autorité des marchés financiers exerce quatre types de responsabilités :


- réglementer,
- autoriser,
- surveiller,
- sanctionner.
Ses compétences portent sur :
 Les opérations et l’information financières : l’Autorité des marchés
financiers réglemente et contrôle l’ensemble des opérations
financières portant sur des sociétés cotées : introductions en bourse,
augmentations de capital, offres publiques, fusions… et veille au
bon déroulement des offres publiques boursières. Elle vérifie que
les sociétés publient, en temps et en heure, une information complète
et de qualité, délivrée de manière équitable à l’ensemble des acteurs.
 Les produits d’épargne collective : l’Autorité des marchés financiers
autorise la création de SICAV et de FCP. Elle vérifie notamment
l’information figurant dans le prospectus simplifié de chaque produit
qui doit être remis au client avant d’investir. S’agissant des produits
complexes (fonds à formule, etc.). l’Autorité veille à ce que les
spécificités des produits et leurs conséquences soient clairement
présentées aux épargnants.
 Les marchés et leurs infrastructures : l’Autorité des marchés
financiers définit les principes d’organisation et de fonctionnement
des entreprises de marchés (comme Euronext Paris) et des systèmes
de règlement-livraison (comme Euronext France). Elle approuve les
règles des chambres de compensation (comme Clearnet) et
détermine les conditions d’exercice de leurs adhérents. Elle surveille
les marchés et les transactions qui s’y déroulent.
 Les professionnels (établissements de crédit autorisés à fournir des
services d’investissement, entreprises d’investissement, sociétés de
gestion, conseillers en investissement financier, démarcheurs, etc.).
L’AMF détermine les règles de bonne conduite et les obligations que
doivent respecter les professionnels autorisés à fournir des services
d’investissement ou des conseils en investissement. Elle agrée les
sociétés de gestion lors de leur création, apprécie la compétence et
l’honorabilité des dirigeants ainsi que l’adaptation des moyens dont
elles disposent. Elle détermine également les conditions d’exercice
des sociétés de conservation ou d’administration des instruments
financiers. L’Autorité des marchés financiers regroupe ainsi les
compétences de la commission des opérations de bourse, du conseil
des marchés financiers et du conseil de discipline de la gestion
financière auxquelles s’ajoutent de nouvelles missions :
32

b. Euronext Paris SA

Euronext Paris SA :

 Etablit les règles du marché qui sont soumises à l’approbation du CMF.


Dans le cadre de l’unification des marchés, les règles établies par Euronext
Amsterdam, Euronext Brussels et Euronext Paris seront communes et
soumises a l’approbation des régulateurs de chacun des pays : STE, CBF,
CMF ;
 Prononce l’admission des valeurs à la cote ;
 Gère les systèmes informatiques de cotation ;
 Assure la publicité des négociations et la diffusion des cours ;
 Enregistre les négociations entre les membres du marché dans le cadre d’une
chambre de compensation, Clearnet SA, sa filiale a 100%, garantissant ainsi
le paiement des titres vendus et la livraison des titres achetés ;
 Offre aux émetteurs les services du marché pour la cotation de leurs titres et
la réalisation de leurs opérations financières.

B. LE FONCTIONNEMENT DU MARCHE

1. Les différents marchés

La Bourse de Paris réunit plusieurs marchés réglementés. Le premier


marché est destiné a accueillir les grandes valeurs. Le second marché réunit les
sociétés de taille moyenne et le nouveau marché s’adresse aux entreprises jeunes à fort
potentiel de croissance. Il s’ajoute le marché libre qui, lui n’est pas réglementé.

a. Le premier marché

Le premier marché est celui des grandes valeurs. Il regroupe les sociétés
françaises et étrangères les plus importantes, dont 25% au moins du capital est diffusé
dans le public. Leur capitalisation boursière (cours de Bourse multiplié par le nombre
de titres composant le capital de la société) doit être au minimum 750 millions d’euros.
Les exercices qui y sont inscrites sont tenus à une politique d’information
soutenue vis-à-vis des actionnaires.
Depuis le 22 septembre 2000, toutes les opérations y sont traitées au
comptant. Toutefois, certaines transactions peuvent y bénéficier du service de
règlement différé.

b. Le Second marché

Créé en 1983, il est réservé aux entreprises moyennes à fort potentiel de


croissance. Les entreprises cotées sur le second marché bénéficient d’une période
d’acclimatation de 3 ans avant d’être soumises aux mêmes obligations que celles du
premier marché.
33

Elles peuvent se limiter à placer seulement 10% de leur capital dans le public, mais
leur capitalisation boursière doit être d’au moins 12 millions d’euros.

c. Le nouveau marché

Créé en 1996, le nouveau marché est destiné à accueillir des entreprises de


création récente qui ont besoin de capitaux pour assurer leur développement.
Les sociétés cotées sur ce marché doivent avoir au moins 4,5millions de
fonds propres et 100 000 actions diffusées dans le public, dont au moins la moitié sous
forme d’augmentation de capital.
Investir sur le nouveau marché, c’est accepter un degré de risques élevé avec, en
contrepartie, la possibilité de profits importants.

d. Le marché libre

Ouvert en 1996, le marché libre permet à des entreprises, avec des


formalités réduites au plus strict minimum, d’entrer en Bourse par la petite porte.
L’inscription sur le marché libre peut même être demandée par un
actionnaire minoritaire sans l’accord de la société. Les entreprises qui s’y font inscrire
sont celles qui ne satisfont pas aux règles des marchés réglementés.

e. La réforme du marché à règlement mensuel

Le marché à règlement n’existe plus depuis le 22 septembre 2000. Depuis


cette date, toutes les valeurs cotées par Euronext Paris SA (premier marché, second
marché, Nouveau marché, Marché libre) sont négociées uniquement au comptant.
Le marché tout au comptant a débuté le lundi 25 septembre 2000. Les
actionnaires effectuant une opération boursière sont réglés ou livrés 3 jours après la
négociation, sans frais spécifiques.
En substitution au mécanisme du RM. Euronext Paris SA a crée le service e
règlement différé (SRD).

2. Les marchés dérivés

a. Le Marché d’options négociables de Paris (MONEP)

Créé en 1965, le MONEP a été considérablement étendu en juin 1987


notamment pour les particuliers. L’opération à options est une particularité du contrat
à terme. En effet, sur un tel marché, l’acheteur n’acquiert pas un titre, mais seulement
le droit d’acheter un produit donné, à un prix déterminé à l’avance, pendant une
période étant appelée échéance. Le marché des options permet donc soit la couverture
d’un portefeuille soit la spéculation.

Une option est donc une convention, entre deux parties, dans laquelle l’une
des parties donne à l’autre le droit, sans obligation, de lui vendre un produit, à un prix
fixé à l’avance, appelé prix d’exercice.
34

Un ordre d’achat s’appelle un « call », un ordre de vente un « put ». Celui


qui obtient le droit de décider du sort de l’opération est l’acheteur et doit payer ce
privilège. L’autre partie est le vendeur de l’option.

Exemple :

Dans l’optique de la hausse du cours d’un titre, un opérateur achète une


option d’achat (achat d’un call) le 10 mars pour 100 titres au cours de 600 F chacun,
avec un prix de l’option de 60 F, valable sur septembre.

 Il doit immédiatement régler 100 x 60 = 6 000 F au vendeur.


 Il aura le droit chaque jour et jusqu’à la liquidation de septembre d’acheter 100
titres au cours de 600 F chacun, et cela. Quel que soit le cours.

Si les titres cotent plus de : 600 + 60 = 660 F, l’opérateur sera gagnant ; par
l’exemple s’ils cotent 750 F, il gagnera : (750 – 660) x 100 = 9 000 F.
Dans tous les cas, son risque maximal sera de 60 x 100=6000 F.

b. Le Marché à terme international de France (MATIF)

Le marché à terme international de France (MATIF) a été lance en février


1986. Il s’agit d’un marché de contrats à terme sur les taux ou sur les indices. Il
intéresse principalement les investisseurs en obligations ou actions et peut leur
permettre de se couvrir du risque de perte en capital de leur portefeuille existant en cas
de baisse des taux ou des cours ou d’effectuer un placement relais en attente de
disponibilités à venir en cas de hausse des taux ou des cours.

Son objectif est de permettre principalement à des détenteurs de titres à


revenu fixe de garantie ce portefeuille contre une éventuelle hausse des taux à
l’émission, celle-ci entraînant automatiquement une dévaluation en capital, donc une
baisse des cours sur le marché secondaire des emprunts déjà émis.
Les détenteurs d’obligations à revenu variable peuvent quant à eux, par le biais de ce
marché, se garantir contre la baisse de rendement de leur portefeuille qu’entraînera une
baisse des taux a l’avenir.

Sur ce marché à terme sont négociés des contrats. Tous les contrats portent
sur un montant standardisé de capitaux.

On suppose que les capitaux objets du contrat sont placés soit sur un
emprunt d’Etat fictif, soit sur un bon du trésor à caractéristiques permanentes, soit sur
une option sur un emprunt fictif (le notionnel), soit sur tout autre support. Ces supports
des contrats sont cotés en pourcentage à terme sur des échéances mensuelles ou
trimestrielles.

Les contrats non dénoués à l’échéance se règlent par livraison de titres


existants. Pour chaque contrat, les autorités de tutelle du marché établissent la liste des
titres admis en livraison et les péréquations ou facteurs de concordance pour
35

déterminer le prix de livraison de ces titres par rapport au prix du contrat négociable à
l’échéance. Ce lien avec des produits réels a pour but d’éviter des spéculations
excessives et purement gratuites sur ces marchés.

§ 2. Le cadre juridique et institutionnel du marché financier en Afrique de


l’ouest42

Le système boursier de l’U.E.M.O.A. comprend plusieurs institutions


opérant un schéma original de système boursier régional. L’idée d’une bourse
régionale a été lancée le 14 novembre 1973 lors de la signature du traité de l’union
monétaire ouest africain « U.M.O.A. ». Il a cependant fallu attendre le 18 novembre
1996 pour que le conseil de l’union décide la constitution d’une bourse appuyée par un
dépositaire central/ banque de règlement, puis le 16 novembre 1998 pour que cette
dernière démarre effectivement son activité et se substitue à l’ancienne bourse des
valeurs d’Abidjan.

A. Le Conseil Régional de l’Epargne Publique et des Marchés Financier


(« Conseil Régional » ou « CREPMF »).

Le conseil régional a été créé par une convention du 3 juillet 1996 adoptée
par le conseil des ministres de l’UMOA, ses prorogatives ont été complétées par un
règlement du conseil des ministres de l’UMOA intitulé « règlement général relatif à
l’organisation, au fonctionnement et au contrôle du marché financier régional de
l’UMOA. » (Le règlement). Ce dernier dispose que le conseil régional organise l’appel
public à l’épargne, habilite et contrôle les structures de Marché et les intervenants
commerciaux, et enfin contrôle la régularité des opérations de bourse.

1. Délivrance d’agrément/visa

Le conseil régional délivre son agrément pour la création des institutions


boursières et l’activité des sociétés de gestion et d’intermédiation. Il délivre également
son visa (« contrôle a priori ») pour toute introduction en bourse d’une société
anonyme faisant appel public à l’épargne ou toute diffusion de titres non cotés dans la
zone UEMOA. En outre, tout projet d’offre public (offre publique d’achat, offre
publique de vente, offre publique d’échange et offre publique de retrait) doit faire
l’objet de son visa. Une fois que ce visa préalable est accordé, la bourse régionale doit
ensuite publier un avis d’ouverture de l’offre publique au sein de bulletin officiel de la
cote. Dans tous les cas, le défaut d’obtention du visa préalable du conseil régional
entraîne tant à l’égard du postulant que du public sollicité, la nullité de l’opération.

42
Sur l’ensemble de cette question, lire : Marthor (B.) et Thouvenot (S.), « Les acteurs des marchés financiers et
l’appel public à l’épargne dans la zone OHADA », in Revue de droit des affaires internationales, n°7, 2002, pp.
749 et Svts
36

2. Contrôle de l’information

Dans le cadre d’une offre publique, la société cible est tenue, dans les 15
jours de la notification qui lui est de l’offre en cours sur ses titres, de faire parvenir au
Conseil Régional, pour information, un rapport sur sa situation financière, la
répartition de son actionnariat, les « accords de défense »43 éventuellement conclus
avec d’autres partenaires et l’avis motivé de son conseil d’administration sur l’offre et
sa décision éventuelle d’actes autres que de gestion courante.

3. Contrôle de la régularité des opérations de bourse

Le Conseil Régional instruit les plaintes de toute personne intéressée


relatives aux fautes, omissions ou manœuvres préjudiciables aux droits des épargnants
ainsi qu’au fonctionnement du marché financier. Ainsi peut-il prendre des mesures
individuelles et disciplinaires afin de sanctionner certains comportements portant
atteinte aux épargnants.

Le Conseil Régional peut aussi arbitrer tout différend survenant à l’occasion


des relations professionnelles entre les intermédiaires financiers ou entre ces derniers
et les structures de gestion du marché.

B. La bourse Régionale des Valeurs d’Abidjan (« BRVM »)

1. Statut et organisation44

La BRVM est une société anonyme immatriculée au registre du commerce


et du crédit mobilier d’Abidjan, disposant d’un capital social d’environ trois milliards
(3.000.000.000) de FCFA détenu à 13,5% par les Etats membres de l’U.E.M.O.A. et
dont le reste du capital est détenu par chacune des SGI45, des chambres de commerces
nationales et certaines entreprises privées. En outre, aux termes des statuts de
l’organisation, la souscription du secteur privé régional au capital social de la BRVM
doit être au moins égal à 51%.

Il convient de noter que tout autre marché relatif aux valeurs mobilières ou
aux produits sur valeurs mobilières qui viendrait à être créé la zone U.E.M.O.A serait
placé sous l’autorité de la BRVM concessionnaire du service public de l’organisation
du marché boursier.

2. Marchés

La BRVM a institué un marché au comptant, entièrement électronique.

43
Ce terme doit être entendu comme visant les moyens offerts aux dirigeants afin de parer certaines offres
publiques par des mécanismes statutaires ou extra-statutaires tels que des pactes d’actionnaires.
44
Pour plus d’information, il est possible de consulter le site : www.brvm.org
45
En effet, chaque SGI est tenue de faire partie du capital social dès qu’elle a obtenu son agrément auprès du
Conseil Régional (Article 16 des Statuts de la BRVM).
37

La BRVM dispose de deux compartiments : un compartiment destiné aux


actions divisé lui-même en deux sous-compartiments ainsi qu’un compartiment destiné
aux obligations. La demande d’admission d’une valeur aux négociations, au premier
ou au second compartiment du compartiment d’actions, ainsi qu’au compartiment
obligataire pour les titres de créance doit être adressée à la Bourse Régionale par la
SGI chargée par l’émetteur de suivre la procédure d’admission. En cas de décision
favorable, l’émetteur dispose d’un délai de trois (3) mois à compter de la date de
décision pour introduire la valeur à la cote. A défaut de respect de ce délai, la demande
doit à nouveau être soumise à la Bourse Régionale pour approbation.

B. Le Dépositaire Central/ Banque de Règlement (« DC/BR »)

Le DC/BR est constitué sous la forme d’une société anonyme immatriculée


au registre du commerce et du crédit mobilier d’Abidjan dont le capital social s’élève à
environ un milliard cinq cents millions (1.500.000.000) de FCFA dont 13,5 %
appartiennent aux Etats membres de l’UEMOA et dont le reste est reparti comme pour
la BRVM entre les sociétés de gestion et d’intermédiation, les chambres de commerce
nationales et certaines personnes privées.

Le DC/BR garantit la conservation et la circulation des valeurs mobilières


ainsi que le règlement de l’ensemble des transactions. Il organise de ce fait, le
dénouement des opérations en bourse en répartissant pour chaque SGI, une
compensation valeur par valeur entre les titres achetés et les titres vendus. Il permet
aussi le règlement des soldes résultant des compensations et le paiement des intérêts et
dividendes relatifs à la détention des valeurs mobilières. A cet effet, le DC/BR ouvre
des comptes courants aux émetteurs et aux intermédiations habilités à détenir des
valeurs mobilières.

C. Les sociétés de gestion et d’intermédiation (« SGI »)

Les institutions boursières sont appuyées par des sociétés de gestion et


d’intermédiation agréées lors de leur création par le conseil régional. Les SGI
bénéficient d’une exclusivité de négociation des valeurs mobilières cotées et assurent
la conservation des titres ainsi que leur gestion sous mandat sous la forme de comptes
titre. Celles-ci gèrent aussi le fonds de protection des épargnants en se substituant en
cas d’impossibilité pour un des membres de satisfaire ses obligations envers son
client. Enfin de professionnaliser cette bourse, les SGI sont tenues de participer au
capital de la BVRM et de la DC/BR. En outre, afin de sécuriser le marché, chacune de
ces SGI doit avoir un capital social minimum de cent cinquante millions (150.000.000)
de FCFA.

Section 3. Les Valeurs Mobilières

Le financement des sociétés de capitaux (SARL en RDC et Sociétés


anonymes en droits français et OHADA) est assuré par des investigateurs qui
deviennent titulaires de valeurs constituant des titres négociables représentatifs de
38

créances sur la société. Il s’agit principalement de deux catégories de valeurs


mobilières, les actions et les obligations, aux côtés desquelles d’autres types de
valeurs mobilières dites composées peuvent également assurer le financement des
sociétés anonymes (46) (Sociétés par action à responsabilité limitée – SARL en droit
congolais).
Malheureusement, le droit congolais semble être lacunaire en matière de
valeurs mobilières en particulier et en matière des sociétés commerciales en général.
En effet, à l’analyse, il s’avère que nombre de questions concernant les sociétés
commerciales ne sont pas abondées tandis que d’autres sont traitées de façon sélective,
c’est – à – dire, uniquement pour une société ou certaines d’entre elles. Des questions
aussi importantes que le pouvoir de vote, portant, la protection des associés
minoritaires, l’émission des obligations, l’évaluation des apports en nature et en
industrie, la preuve de l’affectivité de la souscription du capital et de la libération des
apports, l’organisation des sociétés par actions à responsabilité limitée… pour ne
reprendre que celles – là sont totalement absentes de notre droit commercial ou
sélectivement régies47.

Le droit congolais est sans règles précises relatives aux obligations. Cette
lacune a été jusqu’ici sans conséquences concrètes ; car dans la pratique, les sociétés
par actions à responsabilité limitée, en abrégé SARL, lesquelles sont les seuls à être
juridiquement autorisées au Congo, à émettre des obligations, et lesquelles « SARL »
sont le modèle calqué sur la société anonyme, comme dans les systèmes juridiques
étrangers, ne recourent guère aux emprunts obligataires48.

C’est ainsi qu’il est utile et dans le cadre du droit comparé, de préciser ce
qui existe ailleurs, en matière des règles sur les valeurs mobilières, édictées et adaptées
dans d’autres systèmes juridiques dont ceux de la France et de l’OHADA.

§1. Généralités

Les valeurs mobilières sont des titres émis par des personnes morales, qui y
sont autorisées, et qui confèrent des droits identiques par catégorie et donnent accès
directement ou indirectement à une quotité du capital de la société émettrice, ou à un
droit de créance général sur son patrimoine49.

Ce sont des titres indivisibles à l’égard de la société émettrice (article 744 de


l’Acte uniforme OHADA sur les sociétés commerciales – AUSC) ; ainsi, lorsque les
titres émis par les sociétés anonymes appartiennent à des personnes en état
d’indivision, celles – ci ne peuvent pas exercer séparément leur droit à l’égard de la
société.

46
Martor (B) et Csrts, Le droit uniforme africain des affaires issu de l’OHADA, Paris, Ed. du jurisclasseur,
2004, p. 96
47
Buka Eka Ngoy, « L’évolution du droit commercial congolais », in Revue de la faculté de droit de l’UPC, n°2,
Kinshasa, 2001, pp. 291-292
48
Lukombe Nghenda, Le droit des entreprises publiques, né de la réforme du 7 juillet 2008, PFDUC, Kinshasa,
2009,p. 476
49
Ousmar Sambe et Mamadou Ibra Diallo, Le patricien - Guide des sociétés commerciales et du GIE (OHADA),
ECJ, Dakar, 2008, p.267
39

Les valeurs mobilières sont des biens fongibles, par conséquent, elles sont
interchangeables car appartenant à une même catégorie.

Les valeurs mobilières sont des titres négociables, c’est – à – dire


transmissibles selon les modes spéciaux du droit commercial avec la forme du titre.
Les titres nominatifs sont transmissibles par inscription dans les livres de la société par
virement de compte. Les titres au porteur se transmettent par simple tradition, c’est – à
– dire de la main à la main.

La distinction n’est plus très nette entre titres nominatifs et titres au porteur
depuis la dématérialisation des valeurs mobilières intervenue en France depuis le 3
novembre 1984 : toutes les valeurs mobilières émises en France et soumises à la
législation française, quelle que soit leur forme, nominative ou au porteur, qu’elles
soient cotées ou nom, ne peuvent plus être représentées matériellement par des
formules imprimées. Le titre – papier ayant disparu, les valeurs mobilières n’ayant
disparu, les valeurs mobilières n’ayant plus de support matériel, la notion de titre au
porteur aurait dû disparaître : qui peut en effet porter un titre qui n’existe plus ?

L’expression « titre au porteur » ayant perdu toute signification il vaudrait


mieux parler de titre anonyme puisque la société émettrice ne connaît pas l’identité des
titulaires de tels titres, l’inscription matérialisant leurs droits étant prise chez un
intermédiaire habilité choisi librement par eux50. Ces transferts entre les intermédiaires
s’opèrent par l’entremise des SICOVAM, sociétés interprofessionnelles pour la
compensation des valeurs mobilières.

Les valeurs mobilières peuvent même être cotées en bourse, autrement dit
sont négociables en bourse. Les actions en numéraire ne sont négociables qu’après
avoir été entièrement libérées.

Enfin, les valeurs mobilières sont des meubles par détermination de la loi51.
Depuis leur dématérialisation, les valeurs mobilières sont devenues des droits
mobiliers incorporels.

§2. Catégorisation de valeurs mobilières

Il existe dans les sociétés anonymes trois principales sortes de titres : actions,
obligations, parts de fondateur :
 Les actions représentent des droits d’associés ;
 Les obligations représentent des droits de créances ;
 Les parts de fondateurs, appelées aussi parts bénéficiaires52. Les
porteurs de parts de fondateurs, à la différence des actionnaires, n’ont
pas fait d’apports à la société, mais, pour les services qu’ils ont rendus
lors de sa constitution, ils se voient reconnaître un droit sur les

50
Merle (Ph.), Droit commercial – Sociétés commerciales,4è éd , Dalloz, Paris, 1994, pp. 252-255
51
Anoukaha (F.) et csrts, OHAHA – Sociétés commerciales et GIE, Ed. Bruylant, Bruxelles, 2002, pp. 456-457
52
Anoukaha (F.) et csrts, op.cit, p. 457
40

bénéfices53. Ces parts ont depuis longtemps mauvaise presse dans la


doctrine comme dans la pratique. Le législateur OHADA a été sensible
à ces critiques et, sans supprimer les parts de fondateurs, a interdit d’en
créer de nouvelles. Ainsi, les parts de fondateurs émises avant le 1er
janvier 1998 demeurent valables.
Bref, il existe principalement deux catégories de valeurs mobilières, les actions et les
obligations, aux côtés desquelles d’autres types de valeurs mobilières dites composées
peuvent également assurer le financement des sociétés anonymes.
A. Les actions

L’action est un titre qui représente une fraction du capital social et qui
confère à son titulaire la qualité d’associé. L’action a une valeur nominale qui
représente une quote-part du capital social54.

En France, l’article 22 de loi n°88-15 du 5 janvier 1988 laisse la latitude aux


statuts d’en fixer le montant alors que dans le système OHADA le législateur a fixé le
montant minimum de l’action à 10.000 Francs CFA (art. 750 de l’AUSC).

1. Les différentes catégories d’actions55

a. Actions en numéraire et Actions d’apport

L’action en numéraire est une part de capital social qui a été fournie en
espèces. L’action d’apport est attribuée aux apporteurs de biens en nature. Elle doit
intégralement être libérée dès son émission, ce qui n’est pas le cas de l’action en
numéraire qui peut n’être libérée lors de la souscription que d’un quart au moins de sa
valeur nominale.

b. Actions de capital et Actions de jouissance

A la dissolution de la société, chaque actionnaire devra recevoir remboursement de son


apport. Cette dette de remboursement peut être amortie avant la dissolution. La société
délivre alors aux actionnaires, à qui la valeur nominale de leurs actions est
remboursée, des actions de jouissance. Ces actions confèrent titulaires les mêmes
droits que l’action de capital à la seule réserve que le porteur n’a plus droit à l’intérêt
statutaire ni, en cas de dissolution, au remboursement du capital nominal, qui
précisément lui a été remboursé d’avance.

c. Actions ordinaires et Actions de priorité

Les actions d’une société confèrent en principe à ceux qui les reçoivent des
droits égaux. Par exception à cette règle, les actions de priorité procurent à leurs

53
Merle (Ph), op.cit, pp. 247-248
54
Legeais (D.), op.cit, p.195
55
Idem, pp. 196-197
41

titulaires des avantages spécifiques, augmentation du droit aux bénéfices annuels, droit
d’antériorité pour le remboursement, droit de vote double.

d. Les actions à dividende prioritaire sans droit de vote

En France, depuis la loi du 13 juillet 1978, il est permis de créer des actions
sans droit de vote dans les sociétés ayant réalisé des bénéfices distribuables au cours
des deux derniers exercices. Ces actions ne peuvent par représenter plus d’un quart du
capital social. Les actionnaires bénéficient d’une priorité pour la distribution d’un
premier dividende et pour le remboursement en cas de dissolution de la société. En
contrepartie de ces avantages, cette catégorie d’actionnaires est privée du droit de
participer aux assemblées générales et de voter.

Pour cette loi, le législateur français a pris en compte le fait que beaucoup
d’actionnaires ne sont pas intéressés par la vie sociale et ne recherchent que la
distribution de dividendes.

Il y a lieu de noter que certains titres sont des actions démembrées. Tel est
des certificats d’investissements. Ces titres résultent d’un fractionnement de l’action.
Le certificat d’investissement représente les droits financiers attachés à l’action. Les
certificats de droit de vote confèrent des droits non pécuniaires dans la société.

D’autres titres sont des valeurs qui donnent droit à l’acquisition d’actions ou
de certificats créés par une loi du 14 décembre 1985 (France) et dont la possibilité de
création est envisagée par l’article 744 de l’AUSC de l’OHADA.

2. Les droits attachés aux actions56

On peut opérer une classification de ces droits en distinguant les droits


politiques, des droits financiers et des droits patrimoniaux.

a. Les droits politiques

Il s’agit des prérogatives visant à associer l’actionnaire à la vie de la société. Elles sont
constituées essentiellement des droits extra – pécuniaires. On peut en énumérer
quatre :
 le droit de faire partie de la société qui est l’essence même de la
qualité d’actionnaire.
 Le droit à l’information qui peut s’exercer soit de manière
permanente (prendre connaissance et copie au siège social de
documents sociaux : états financiers de synthèse, inventaire,
56
Anoukaha (F) et csrts, op.cit, pp. 462-470
42

rapports des commissaires aux comptes ; procès – verbaux,


etc.), soit de manière occasionnelle (ex : droit de poser des
questions écrites au président du conseil d’administration, au
président directeur général ou à l’administrateur général sur tout
fait de nature à compromettre la continuité de l’exploitation.
C’est la procédure d’alerte prévue aux articles 158 et 526 de
l’AUSC).
 Le droit de participation et de vote aux assemblées
Le droit de participer aux assemblées est un droit fondamental pour
l’actionnaire. Il ne saurait en être privé sans être éjecté de la société.
La participation aux assemblées est en principe personnelle. Mais
l’actionnaire peut se faire représenter par un mandataire de son
choix (article 538 AUSC).
 Le droit préférentiel de souscription

Il s’agit du droit reconnu aux actionnaires, en cas d’augmentation


du capital de la société ; d’acquérir de nouvelles actions
proportionnellement au montant de leurs actions initiales.

b. Les droits patrimoniaux

Les actions sont des droits incorporels de nature mobilière qui peuvent être soit
transmis, soit nantis.

 Le droit de transmission des actions : la libre négociabilité des


actions.

La société anonyme étant une société de capitaux, dans laquelle la


personnalité de l’associé importe peu, les actions sont en principe librement
négociables. Lorsque la société est cotée en bourse, les actionnaires ne changent – ils
pas quotidiennement sans que son fonctionnement en soit affecté ? Si l’actionnaire ne
peut être exclu contre son gré de la société, il peut la quitter librement dès lors qu’il a
trouvé un acquéreur pour ses actions. Sur le plan formel, un simple virement de
compte suffit pour réaliser l’opération, sans qu’il soit nécessaire de recourir aux
formalités de la cession de créance. Cependant plusieurs exceptions sont apportées à
ce principe57.

La libre négociabilité des actions peut être en effet paralysée par des clauses
d’agrément prévues par les statuts. Il s’agit en fait de soumettre la transmission
d’actions à l’accord d’un organe de la société (conseil d’administration, conseil de
surveillance ou assemblée générale). Plusieurs conditions sont posées pour leur
validité :
 Dans une société qui en fait usage, toutes ses actions doivent être nominatives.
Autrement dit, une clause d’agrément ne saurait concerner une action au porteur
puisqu’elle peut être transmise par simple tradition ;

57
Merle (PH), op.cit, p.467
43

 Elles ne peuvent concerner que des tiers étrangers à la société. Autrement dit,
entre actionnaires, les actions sont librement négociables. Ce qui peut aboutir
parfois à un renversement de la majorité entre actionnaires ou groupe
d’actionnaires ;
 Elles ne jouent pas en cas de succession, de liquidation de communauté de
biens entre époux, de cession soit à un conjoint, soit à un ascendant ou à un
descendant. C’est que la famille est une en droit des sociétés. Mais il ne s’agit
ici que de la famille nucléaire et nom de la famille africaine large ;
 Elles doivent être accompagnées des clauses de préemption qui permettent à
tous les actionnaires, ou à certains d’entre eux, d’acquérir par priorité les
actions de la société mises en vente.

En effet, on ne saurait constituer l’actionnaire prisonnier de la société. S’il


ne peut vendre ses actions à une personne déterminée parce que la société a refusé de
donner agrément, il faut encore que celle – ci ou alors ses membres puissent se porter
acquéreur58.

 Le droit de nantissement des actions

L’action étant une valeur mobilière, elle est susceptible d’être donnée en
gage. Le principe en est posé, en droit OHADA, par l’article 64 de l’Acte Uniforme
portant organisation des sûretés. L’actionnaire peut ainsi tirer crédit de ses titres.

c. Les droits financiers

Il s’agit d’un ensemble de droits qui procurent directement au titulaire de


l’action une satisfaction pécuniaire. Le profit obtenu est à la mesure de
l’investissement réalisé à travers la souscription de l’action. Celle – ci confère en effet
à son titulaire le droit aux dividendes, le droit aux réserves et, le cas échéant, le droit
au boni de liquidation.

 Le droit aux dividendes

Le dividende est la part de bénéfices que la société distribue à chacun de ses


actionnaires. Le montant en est fixé par l’assemblée générale annuelle. Il s’agit de
payer à l’actionnaire sa quote - part de bénéfices réalisés par la société au cours d’un
exercice.

 Le droit aux réserves

En plus des réserves légales qu’elles sont obligées de constituer, les sociétés
anonymes peuvent constituer des réserves libres soit facultatives soit statutaires. Elles
constituent en fait des bénéfices accumulés. Les actionnaires ont donc vocation à les
partager en cas de dissolution de la société ou en cours de vie sociale, à l’exception
cependant des réserves légales et statutaires.

58
Anoukaha (F.), op.cit, p.467
44

 Le droit au boni de liquidation

Cette prérogative de l’actionnaire joue au moment de la liquidation de la


société. Lorsque les dettes sociales ont été honorées et les apports remboursés, la
somme qui reste dans la caisse de la société constitue le boni de liquidation. La
procédure de liquidation est alors clôturée avec la répartition entre les actionnaires, en
proportion de leur quote – part dans le capital social, de cette somme.59

B. Les obligations

L’émission d’obligations constitue une source de financement de plus en


plus courante pour les entreprises, qui s’est progressivement développée dans de
nombreux pays au cours du XXe siècle, notamment du fait du développement de
l’appel public à l’épargne. Le développement des marchés financiers en Afrique de
l’Ouest a d’ailleurs permis, récemment, l’émission d’obligations par des Etats
membres tels que le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Togo ou le Mali ou par des
entreprises africaines importantes telles que EDM, SAGA ou SONATEL, dont les
emprunts sont admis à la cote de la BRVM à Abidjan. 60

L’obligation est un titre négociable représentant une créance à l’encontre


de la société. Le titulaire d’obligation n’est donc pas un associé, c’est un prêteur. C’est
là la définition de l’obligation ordinaire ou classique. Or, la pratique connaît de plus en
plus des obligations qui cherchent à réaliser un compromis entre l’obligation et
l’action.

1. Les divers types d’obligations

On distingue les obligations de type classique et ses variétés d’une part et les
obligations composées d’autre part.

a. Les obligations de type classique et leurs variétés

 Le type classique pur

Sous sa forme la plus classique, l’obligation est un titre de créance qui


donne droit à un intérêt fixe et au remboursement du seul capital versé.
L’émission de ces obligations est subordonnée à un certain nombre de conditions qui
sont communes à tous les emprunts obligataires.

Quant à fond, les conditions suivantes doivent être réunies :


- Les obligations ne peuvent être émises que par les sociétés anonymes et les
groupements d’intérêt économique constitués de sociétés anonymes ;
- Ces sociétés doivent avoir deux années d’existence et avoir établi deux bilans
régulièrement approuvés par les actionnaires ;

59
Idem, p. 468
60
Martor (B.) et Csrt, op.cit, p. 103.
45

- Le capital de ces sociétés doit être entièrement libéré. En effet, si tel n’était pas le
cas, la société ayant besoin d’argent, devrait s’adresser en premier lieu à ses
actionnaires, ceux – là même qui se sont engagés à la financer.
Quant à la forme, la décision d’émettre les obligations est prise par l’assemblée
générale des actionnaires. S’agit-il de l’assemblée générale ordinaire ou de
l’assemblée générale extraordinaire ? La détermination de l’assemblée générale
dépendre de la nature des obligations à créer. S’il s’agit des obligations simples,
compétence est reconnue à l’assemblée ordinaire. S’il s’agit des obligations
composées telles que les obligations échangeables en actions, compétence doit être
reconnue à l’assemblée générale extraordinaire car leur réalisation entraînera
modification du capital social et partant des statuts.

 Les variétés des obligations de type

- Les obligations à lots et à primes

Les obligations sont dites à lots lorsque certaines d’entre elles, désignées par
voie de tirage au sort, seront remboursées avec des lots plus ou moins importants. De
telles obligations sont interdites par le législateur OHADA (art. 782 de l’AUSC) alors
qu’en droit français, leur émission est soumise à autorisation (art. 292 de la loi du 24
juillet 1996).
L’interdiction de ces obligations en droit OHADA, semble parfaitement
justifiée en raison de la rupture d’égalité entre obligataires qu’une telle pratique peut
engendrer61.

Les obligations à prime sont en revanche autorisées et constituent des


obligations que la société s’engage à rembourser à un montant supérieur à celui de la
souscription.

- Les obligations indexées

En l’absence de dispositions particulières dans l’Acte Uniforme (OHADA),


on peut imaginer qu’il serait envisageable de créer des obligations indexées.

En France, le législateur a limité les possibilités d’indexation par deux


ordonnances du 30 décembre 1958 (art. 79) et du 4 février 1959 (art. 14). Ainsi, dans
un emprunt obligataire, les indices d’indexation sont ceux se rapportant à l’activité de
la société.

b. Les obligations composées

Il s’agit notamment des obligations convertibles en actions, des obligations


remboursables en action, des obligations échangeables et des obligations à bon de
souscription d’action.

61
Martor (B.) et Csrt op.cit, p. 107.
46

 L’obligation convertible en action (OCA) permet à son titulaire de devenir


actionnaire à l’expiration d’une période donnée ou à tout moment à la demande
des obligataires.62

Le but est de permettre aux obligataires de bénéficier d’une hausse des


actions de la société, due à la prospérité des affaires sociales ou à la dévaluation
monétaire, tout en pouvant échapper à la baisse des actions en ne demandant pas la
conversion et en conservant leur qualité d’obligataires. 63

 L’obligation échangeable en action autorise la transformation d’une obligation


en action déjà créée.

Le moyen utilisé est le suivant : la société émet simultanément les


obligations et les actions qui serviront à l’échange. Ces actions sont souscrites par
« tiers souscripteur », qui doit être une banque ou une personne ayant des cautions
bancaires.
Le tiers souscripteur s’engage à l’effectuer l’échange à tout moment et à souscrire aux
augmentations de capital relatives aux actions qu’il détient. Une convention qui lie à la
société précise dans quelles conditions il est remboursé soit des obligations échangées
soit des actions n’ayant pas donné lieu à l’échange ; elle fixe aussi sa rémunération.64

 L’obligation avec bon de souscription d’action (OBSA)

L’OBSA associe à la souscription d’une obligation simple un droit de


souscription à une action. A l’échéance, l’obligataire peut donc devenir actionnaire en
payant le prix déterminé au moment de l’émission de l’obligation. 65 Il y a donc deux
produits financiers en un : le bon est émis avec l’obligation. Mais il peut être détaché
de celle – ci et être l’objet d’une cession distincte.

Ce bon accompagnant l’obligation n’est pas à confondre avec le bon


dit « sec » ou « autonome » émis par une société et conférant le droit de souscrire des
actions. Il n’est pas rattaché à une valeur mobilière.66

 L’obligation remboursable en action (ORA)

Cette obligation, au lieu d’être remboursée en numéraire, est remboursée


obligatoirement et exclusivement en action. Le titulaire est bien obligataire au départ,
mais à la fin de l’opération, il devient actionnaire. Le caractère obligatoire de la
mutation de l’obligataire en actionnaire, permet de faire la différence avec l’obligation
convertible dans laquelle le prêteur a à l’échéance, le choix entre le remboursement en
numéraire et la conversion en action.67

62
Legeais (D.), op.cit, p. 197
63
Anoukaha (F.), op.cit, p.475
64
Idem, p. 477.
65
Legeais, op.cit, p.197
66
Sur cette question, lire : Martor (B.) et Corts, op.cit, pp. 108-110.
67
ANOUKAHA (F.) et Corts, op.cit,p. 478
47

N.B. Il faut signaler qu’il existe des titres assimilables à une obligation mais qui s’en
distinguent à bien des égards. Tel est le cas des titres participatifs créés en France par
la loi du 3 janvier 1983. Les points majeurs qui les différencient de l’obligation
ordinaire sont :
- D’une part, la rémunération est composée d’une partie fixe et d’une
partie variable indexée sur l’activité et les résultats de la société.
- D’autre part, le remboursement se fait à la liquidation de la société après
que tous les autres créanciers ont été satisfaits.

2. Représentation des obligataires

a. Organisation de la masse

Le législateur organise la défense des intérêts des porteurs d’obligations. A


cette fin, les porteurs d’obligations d’une même émission sont groupés de plein droit
pour la défense de leurs intérêts communs en une masse qui jouit de la personnalité
civile.
La masse a des représentants désignés par l’assemblée générale des obligataires. Ils
ont pouvoir d’accomplir au nom de celle – ci tous les actes de gestion pour la défense
des intérêts communs des obligataires. Ils peuvent également agir en justice.

b. Pouvoirs de la masse

Les obligataires se réunissent en assemblée. S’agissant des règles de


convocation, de tenue des assemblées, des droits à l’information, leur situation est
comparable à celle des actionnaires.

L’assemblée générale délibère sur toutes mesures ayant pour objet d’assurer
la défense des obligataires et l’exécution du contrat d’emprunt ainsi que sur toute
proposition tendant à la modification du contrat et notamment sur tous les événements
majeurs relatifs à la vie de la société.68

68
Legeais (D.), op.cit, p. 197
48

II ème Partie

LE DROIT FINANCIER CONGOLAIS

Existe – t – il un droit financier congolais ? Quel en est le contenu ?

Telles sont les questions que l’on peut être tenté de se poser au regard de
l’inexistence formelle d’un marché financier.
La réponse positive semble s’imposer dans la mesure où il existe bel et bien en RDC
un corps de règles juridiques qui se rapportent aux mécanismes de fructification du
capital. Mais il s’agit d’un droit des initiés. Le caractère imparfait du droit financier
congolais découle d’une part de l’obsolescence des textes juridiques devant régir
l’activité financière et d’autre part de l’inexistence et/ou de l’imperfection des textes se
rapportant à la matière.69

Bien que ne disposant pas d’un marché financier formellement organisé, la


RDC n’ignore pas pour autant les principales opérations financières du monde
moderne. Il y a en effet lieu de noter que les opérations financières et monétaires se
réalisent par l’entremise des banques et des autres institutions financières.70

Concernant par exemple le recours par les personnes physiques ou morales à


l’épargne publique, l’ordonnance – loi n° 72/004 du 1972 relative à la protection de
l’épargne et au contrôle des intermédiaires financiers prévoit ce qui suit :

 Doit en informer par écrit la Banque Centrale au moins un mois à l’avance, la


date d’accusé de réception faisant foi, toute personne physique ou morale qui a
l’intention de faire un appel public à l’épargne, sur le territoire de la RDC, par
l’un des moyens décrits ci – après : expositions en vente, …, échange et
émission d’actions, de titres ou parts bénéficiaires, directement ou
indirectement représentatifs de droits ou de capitalisation, d’obligations ou
autres titres d’emprunt, de certificat ou part de fonds placement et d’autres
valeurs mobilières ou instruments financiers analogues, ainsi que tous
documents représentatifs de tels actifs (art. 80) ;
 Seules personnes physiques ou morales agréées à cet effet par la Banque
Centrale peuvent exercer les fonctions d’intermédiaires en valeurs mobilières
(art. 84).

69
Bakandeja Wa Mpungu, « L’avenir du droit financier Congolais », in Revue de la Faculté de droit de l’UPC,
n°2, Kinshasa, 2001, p. 259
70
Tshiyombo Kalonji, op. cit., p. 20.
49

Il faut noter par ailleurs que certaines des sociétés commerciales congolaises
principalement celles par actions à responsabilité limitée qui sont des filiales des
groupes multinationaux sont cotées dans les bourses occidentales.71

Il reste néanmoins vrai que le droit financier congolais se trouve dans état
embryonnaire et ses aspects les mieux étoffés sont incontestablement le droit bancaire
(loi n°003/2002 du 2 février 2002 relative à l’activité et au contrôle des établissements
de crédit) et le droit de change (décret – loi n°004 du 31 janvier 2001 relatif aux
opérations en monnaies nationale et étrangères)

C’est la raison pour laquelle, cette deuxième partie du manuel portera


essentiellement sur la législation bancaire et de change en vigueur en RDC en donnant
des précisions sur :
 Le cadre juridique général de la profession bancaire (Chapitre I) ;
 Les comptes en banque (Chapitre II) ;
 Les opérations de crédit (Chapitre III) ;
 Les opérations de change (Chapitre IV).

71
Idem, p. 22.
50

CHAPITRE I. LA PROFESSION BANCAIRE

La nécessité de contrôler l’activité bancaire explique l’existence de


structures professionnelles contraignantes et d’une réglementation importante.

Section 1. Les structures de l’activité bancaire

En sus des établissements de crédit et ceux de microfinance, il y a lieu de


mentionner la Banque Centrale du Congo en tant qu’organe de contrôle et de
coordination de la profession bancaire.

§1. Les établissements de crédit

A. Définition

L’article 1er al. 1 de la loi du 2 février 2002 relative à l’activité et au


contrôle des établissements de crédit (loi bancaire) définit ces derniers comme étant
des personnes morales qui effectuent à titre de profession habituelle des opérations de
banque.

Les opérations de banque comprennent :


 La réception et la collecte des fonds du public ;
 Les opérations de crédit ;
 Les opérations de paiement et la gestion des moyens de paiement.72

1. La réception et la collecte des fonds du public

Il s’agit de fonds qu’une personne recueille d’un tiers, notamment sous


forme de dépôts, avec le droit d’en disposer pour son propre compte, mais à charge
pour elle de les restituer.
72
Art. 1, al. 2 de loi du 2 février 2002
51

C’est l’activité classique de collecte de dépôts (à vue ou à terme) donnant


lieu à l’ouverture le plus souvent d’un compte bancaire.

Ne sont toutefois pas considérés comme fonds reçus du public :


 Les fonds reçus ou laissés en compte par les associés en nom ou les
commanditaires d’une société de personnes, les associés ou actionnaires
détenant au moins 5% du capital social, les administrateurs, les membres du
comité de gestion et du conseil de surveillance ou les gérants ainsi que les fonds
provenant des prêts participatifs ;
 Les fonds qu’une entreprise reçoit de ses salariés sous réserve que le montant
n’excède pas 10% de ses capitaux propres. Pour l’appréciation de ce seuil, il
n’est pas tenu compte des fonds reçus des salariés en vertu des dispositions
légales particulières73.

2. Les opérations de crédit

A la lumière de l’art. 7 de la loi n°003/2002, constitue une opération de


crédit, tout acte par lequel une personne agissant à titre onéreux met ou promet de
mettre des fonds à la disposition d’une autre personne ou prend, dans l’intérêt de celle-
ci, un engagement par signature tel qu’un aval, un cautionnement ou une garantie.

Sont assimilés à des opérations de crédit, le crédit – bail et, de manière


générale, toute opération de location assortie d’une option d’achat.

Les opérations de crédit ne sont donc pas à confondre avec la notion de prêt.
Les opérations de crédit présentent deux caractéristiques générales. D’une part, elles
sont lucratives pour le banquier ; elles ont donc un coût qui sera supporté par les
emprunteurs ; d’autre part, elles sont très nombreuses : « si tout prêt est une opération
de crédit, toute opération de crédit ne se ramène pas à un prêt. Les techniques
juridiques pour la réalisation des opérations des crédits sont nombreuses.74

3. La mise à disposition et la gestion des moyens de paiement

Sont considérés comme moyens de paiement, tous les instruments qui, quel
que soit le support ou le procédé technique utilisé, permettent à toute personne de
transférer des fonds75 : billets de banque, chèques, cartes de paiement, ordres de
virement bancaires, etc.

Il s’agit de permettre aux déposants d’utiliser les fonds qu’ils ont déposés en
banque (Monnaie scripturale).

B. Classification

73
Art. 6 de la loi du 2 février 2002
74
Bakandeja Wa Mpungu, Cours de droit financier, op.cit, p.146
75
Art.8 de la loi n°003/2002
52

L’article 2 de la loi sous examen distingue cinq catégories d’établissements de crédits


auxquelles s’appliquent de réglementations spécifiques. Il s’agit de :

 Banques ;
 Coopératives d’épargne et de crédit
 Les caisses d’épargne ;
 Les institutions financières spécialisées ;
 Les sociétés financières.

1. Les Banques

Les banques sont les seuls établissements de crédit habilités à la fois et


d’une façon générale, à recevoir du public des fonds à vue, à terme fixe ou avec
préavis et à effectuer toutes les opérations de banque.76
Elles peuvent aussi réaliser des opérations de microfinance.

2. Les coopératives d’épargne et de crédit (COOPEC)

Il s’agit de tout groupement de personnes, à capital variable, doté de la


personnalité morale et fondé sur les principes d’union, de solidarité et d’entraide
mutuelle et ayant principalement pour objet de collecter l’épargne de ses membres et
de leur consentir du crédit.77

3. Les caisses d’épargne

Le législateur ne définit pas une caisse d’épargne, il se limite simplement à


affirmer que « les caisses d’épargne peuvent, dans les limites des textes législatifs et
réglementaires qui les régissent, traiter les autres opérations de banque et recevoir du
public à vue, à terme fixe ou avec préavis ».78
Il s’agit en fait d’une cagoterie d’établissement de crédit s’occupant de
manière particulière de l’octroi de crédit aux petits épargnants à des conditions moins
onéreuses que celles de banques ;

Les caisses d’épargne et les coopératives d’épargne et de crédit effectuent


généralement des opérations de microfinance.

4. Les institutions financières spécialisées

76
Art.3, al 1 de la loi n°003/2002
77
Art. 1er de la loi N°002/2002 du 2 février 2002 portant dispositions applicables aux coopératives d’épargne et
de crédit
78
Art. 3, al 2 de la n°003/2002
53

Les institutions financières spécialisées sont des établissements de crédits


auxquels l’Etat a confié une mission d’intérêt public. Elles ne peuvent effectuer
d’autres opérations de banque que celles afférentes à leur mission, sauf à titre
accessoire.79

Il en est ainsi par exemple du crédit foncier de France, de la caisse de


garantie du logement social (France) et de la défunte Banque de crédit agricole (RDC).

5. Les sociétés financières

Il s’agit des établissements de crédit qui n’ont pas le droit de recevoir des
dépôts à vue ou à moins de d’un an de terme. Il peut s’agir, par exemple, d’organismes
de crédit à la consommation. Les maisons de titres, chargées de gérer les portefeuilles
de valeurs mobilières appartenant à des particuliers, entrent dans cette catégorie.
Les sociétés financières ne peuvent effectuer que les opérations de banque résultant
soit de la décision d’agrément qui les concerne, soit des dispositions légales et
réglementaires qui leur sont propres80.

A noter que l’article 4 de la loi sur les établissements de crédit n’est pas applicable :

 à la Banque Centrale ;
 au trésor ;
 aux sources des comptes chèques postaux,
sous réserve de communication à la banque
centrale de leurs états financiers.
Le législateur de 2002 a voulu être explicite en donnant une liste des
entreprises, organismes, personnes ne rentrant pas dans la définition légale des
établissements de crédit. Sont ainsi exclus, les entreprises d’assurances, les organismes
de retraite, les agents et/ou bureaux de change, les loteries et entreprises de collecte à
buts sociaux qui sont sujettes à autorisation préalable des autorités publiques, les
messageries financières, les autres intermédiaires financier.81 Les entreprises,
organismes et personnes ainsi visés réalisent en fait des opérations dites connexes qui
ne sont pas des opérations de banque, donc qui ne reste pas dans le domaine
strictement réservé des établissements de crédit.

§2. Les établissements de microfinance.82

La législation congolaise en rapport avec la microfinance est non seulement


récente mais aussi peu fournie. L’article 6 de la loi n°005/2002 du 7 mai 2002 relative
à l’organisation et au fonctionnement de la Banque du Congo confère à celle – ci, le
pouvoir de réglementer l’activité de microfinance.

79
Art. 3, al 5
80
Art. 3, al 4
81
Art 5 de la loi n°003/2002
82
Pour plus de détails sur cette question, lire : Muhanzi Mubembe, Le régime juridique des activités de
microfinance en droit congolais -cas de Procredit Bank, Mémoire de licence, faculté de droit, UPC, 2008-2009
54

Par ailleurs, les lois n°002/2002 et 003/2002 du 02 février 2002 relatives


aux coopératives d’épargne et crédit, et à l’activité et au contrôle des établissements de
crédit circonscrivent le contexte d’exercice et de réalisation des opérations de banque.
Aussi, l’instruction n°01 du 18 décembre 2005 du gouverneur de la Banque Centrale
du Congo fixe le cadre juridique des institutions de microfinance en attendant
l’élaboration et la promulgation d’une loi spécifique portant régime applicable à ces
dernières.

A. définition et historique

La microfinance se définit comme étant l’offre de services et produits


financiers (microépargne, microcrédit, microassurance) aux populations démunies
qui n’ont pas accès aux banques classiques dans les pays du sud, mais aussi
paradoxalement de plus en plus dans les pays développés. On distingue la
microfinance au sens strict qui est l’ensemble des activités de microépargne, de
microcrédit ou de microassurance de faibles montants (moins de 100 USD) et la
microfinance au sens large qui inclut les activités d’intermédiation microfinancière
portant sur des montants pouvant dépasser 100USD.83

Les origines du microcrédit sont vieilles comme nous l’avons déjà signalé.
Dans le passé, mais aussi de nos jours, le microcrédit est souvent lié à l’usure. Les
marchands, dans le sud comme dans le nord, qui accordent de petits crédits à ceux qui
ne peuvent joindre les deux bouts du mois, ont été les premiers à prêter de petites
sommes aux villageois qui n’avaient pas d’argent pour payer les médicaments ou
l’écolage des enfants.

Malgré les taux d’intérêts très élevés, souvent camouflés en remboursements


en nature au moment de la récolte, les usuriers avaient du succès et se sont enrichis,
car ils étaient proches des besoins des populations parmi lesquelles ils vivaient. Cette
proximité et cette intégration du prêteur dans le milieu culturel des emprunteurs sont
importantes, car cette connaissance réciproque était le moyen de la couverture du
risque. Peu à peu, ces prêteurs furent contestés à cause d’intérêts astronomiques qu’ils
demandaient.
Les églises et prêteurs prirent les initiatives d’organiser le petit crédit local.
Les caisses Desjardins au Canada et d’autres initiatives semblables dans d’autres pays
se sont créées. Dans le sud, les missionnaires ont eux aussi lancé des caisses d’épargne
et de crédit sur le modèle des mutuelles où le risque est partagé et les gens regroupés
dans un même village ou un même quartier.

Le premier objectif de toutes ces initiatives était de rassembler l’épargne des


populations ; et très souvent, le curé de la paroisse ou le sage de la communauté était le
trésorier. Cette épargne dans les caisses locales servait souvent à des dépenses de
consommation. Mais au fil de temps, l’épargne globale de ces caisses locales devenant
importante, on a créé de petites coopératives qui commencèrent à prêter pour
promouvoir des activités économiques et initiatives locales.

83
Y. Congo, Cours de microfinance, L1 FASE, UPC, 2005-2006, Inédit
55

Aujourd’hui, le concept de microcrédit, et plus largement celui de


microfinance, se sont développés au cours des décennies sur base d’expériences
réussies d’organisations non gouvernementales (ONG) à l’origine, en Asie et en
Amérique du sud, pour devenir une véritable industrie qui procure des crédits tant aux
personnes physiques que morales (micro entreprises).

Au Bangladesh, le professeur Muhammad Yunus, las de voir les femmes


incapables d’obtenir des banques locales, du crédit pour leur petit commerce, prêta aux
femmes de sa poche, de petites sommes qui furent remboursées rapidement à 100%.
De cette expérience est née le Grameen Bank, qui, aujourd’hui, prête à des millions de
pauvres qui remboursent leurs prêts, totalement et sans problème. Le Grameen Bank et
les initiatives semblables créées dans d’autres pays se développèrent de 1980 et 1995.
Elles sont devenues des banques reconnues par les Etats et les organisations
internationales.

Depuis toutes ces expériences pionnières jusqu’à sa forte médiatisation de


nos jours, le champ de la microfinance a fortement évolué. Il existe beaucoup
d’institutions de microfinance faisant appel à des statuts juridiques (fondations,
coopératives d’épargne et de crédit, organisations non gouvernementales, banques
sociétés anonymes, etc.) et qui ont un fonctionnement et des objectifs différents.

Les institutions de microfinance sont aujourd’hui largement tributaires d’un


discours néo-libéral prônant l’absolutisation du marché et l’adoption d’une démarche
commerciale. Pour des institutions telles que la Banque Mondiale ou les Nations
Unies, il faut en effet, parvenir à la construction des « marchés financiers intégrants »
afin de mettre en place des systèmes de microfinance pérennes et qui touchent un
grand nombre de populations pauvres.84

B. Catégories d’institutions de microfinance85

 Les entreprises de microcrédit de première catégorie ;


 Les entreprises de microcrédit de deuxième catégorie ;
 Les sociétés de microfinance.

Les entreprises de microcrédit de première catégorie sont celles qui


accordent à un client des microcrédits ne dépassant pas l’équivalent de 250 USD, par
cycle, sans nécessairement poursuivre un objectif lucratif, mais dans les conditions
garantissant leur rentabilité et leur pérennité.
Ces entreprises ont vocation à se transformer en entreprises de microcrédit de
deuxième catégorie ou en société de microfinance.

Les entreprises de microcrédit de deuxième catégorie sont celles qui


accordent des microcrédits à leurs clients dans un but lucratif. Elles ne peuvent
collecter l’épargne que si elles y sont autorisées, à titre accessoire, par la Banque
Centrale du Congo.
84
V. Briey, « Plein feu sur la microfinance en 2005 », in Regards économiques, n°28, mars 2005, p.2
85
Art 4 et 5 de l’instruction administrative n°01 du 18 décembre 2005
56

Les sociétés de microfinance sont celles qui collectent l’épargne du public et


lui octroient des microcrédits.

§3. Le contrôle public de la profession bancaire

Le contrôle public des activités des établissements de crédit est assuré par la
Banque Centrale, au regard des missions confiées à cette institution par le législateur.
En effet, la loi n°005/2002 du 07 mai 2002 relative à la constitution à l’organisation et
au fonctionnement de la Banque Centrale du Congo86, tout en confiant à cette dernière
une mission spécifique consistant dans le cadre de la mise en œuvre de la politique
monétaire, à assurer la stabilité du niveau général des prix, détermine à l’article 6 les
missions classiques des Banques Centrales. Celles – ci consistent à :
1. assurer la stabilité interne et externe de la monnaie nationale ;
2. détenir et gérer les réserves officielles de la République.
3. promouvoir le bon fonctionnement des systèmes de compensation et de
paiement ;
4. élaborer la réglementation et contrôler les établissements de crédit, les
institutions de la microfinance et les autres intermédiaires financiers ;
5. édicter les normes et réglementer concernant les opérations sur les divises
étrangères ;
6. participer à la négociation de tout accord international comportant des
modalités de paiement et en assurer l’exécution ;
7. promouvoir le développement des marchés monétaires et des capitaux.

De façon générale, les établissements de crédit sont soumis à une


réglementation professionnelle aussi précise qu’abondante, l’application de ladite
réglementation faisant l’objet d’un contrôle très strict.

A. La réglementation professionnelle

Une analyse approfondie des dispositions de la loi du 22 février 2002


permet de déceler trois types de préoccupation qui sous-tendent la réglementation
applicable aux établissements de crédit.

Tout d’abord, il y a les préoccupations d’ordre économique ou monétaire :


l’activité bancaire, et plus précisément celle de la distribution de crédit, est créatrice de
monnaie et peut avoir de ce fait des conséquences néfastes sur l’équilibre économique
et financier (inflation). Ainsi, les pouvoirs publics sont – ils amenés à limiter ces effets
par une politique monétaire qui se traduit d’ordinaire par des contraintes
réglementaires pesant sur les établissements de crédit.

Deuxièmement, les préoccupations d’ordre organisationnel : les


établissements de crédit doivent dans l’exercice de leur activité pouvoir disposer d’un
certain nombre d’outils leur permettant de mieux apprécier les risque. De tels
instruments ne peuvent être que collectifs, du fait de leur coût. Aussi les autorités
86
Loi n° 005/2002 du 7 mai 2002, JO, Numéro spécial, Kinshasa, Mai 2002
57

financières ont-elles un rôle organisationnel à jouer qui consiste dans la mise à la


disposition des établissements de crédit des moyens d’information nécessaires à leur
activité (fichiers notamment). La loi de 2 février 2002 oblige tout établissement à
adhérer à l’association professionnelle des établissements de crédits de la catégorie
dont elle relève.87

Troisième enfin, on retrouve les préoccupations d’ordre prudentiel :


l’activité bancaire ne peut se développer sans s’assurer de la sécurité des déposants.
C’est précisément l’objet de la réglementation prudentielle que de garantir la sécurité
des déposants.

A priori, ces trois objectifs de la réglementation professionnelle bancaire


paraissent distincts. Ils sont en fait complémentaires, voire indissociables, et
correspondent peu ou prou à la mission générale d’une banque centrale.
Il reste que pour le moment, les structures institutionnelles du système
bancaire se réduisent à la Banque centrale qui dispose d’un pouvoir réglementaire très
étendu dans le domaine bancaire.

1. Les Autorités bancaires ou Autorités monétaires

L’expression « autorité bancaire » est souvent employée pour désigner


l’ensemble des institutions disposant d’un pouvoir réglementaire ou concourant à
l’élaboration de la réglementation bancaire. La banque centrale assure la tutelle du
système bancaire. Il convient de rappeler que le pouvoir réglementaire en matière
monétaire appartient à la base au Gouvernement.

La doctrine congolaise parle d’autorité monétaire pour ne désigner qu’une


seule institution la Banque centrale. En réalité, celle-ci n’agit que par délégation. C’est
probablement par erreur de syntaxe, que l’expression est employée au féminin
singulier. Il eut été plus juste et légal de parler des autorités monétaires qui signifient
l’ensemble des organismes qui veillent au bon fonctionnement du système bancaire et
financier comprenant les ministères des finances, de l’économie, la Banque Centrale.

Notons que la pluralité et la convergence des objectifs de la réglementation


applicable à la profession bancaire a conduit, dans ce certains pays, à une pluralité et
une complémentarité des institutions disposant d’un pouvoir réglementaire en la
matière.

Précisons que le Ministère des Finances tient une place éminente dans
l’organisation bancaire, même si le pouvoir réglementaire dans ce domaine est
quasiment délégué à la Banque Centrale.

La Banque Centrale a pour mission fondamentale de veiller sur la monnaie


et le crédit. Elle assure le bon fonctionnement et la sécurité du système bancaire pour
la réglementation.

87
Art 86 de la loi n°003 du 2 février 2002
58

2. Le contenu de la réglementation

Il est difficile de donner à ce stade de l’évolution de notre droit du crédit le


contenu de la réglementation à laquelle sont assujettis les établissements de crédits. La
loi du 2 février 2002 précise à cet égard qu’à chacune de catégories légales doit
s’appliquer des réglementations spécifiques. C’est en fait la Banque centrale qui est
chargée de l’élaboration de ces réglementations.

De façon générale, les domaines visés par la réglementation ont trait :


 Aux conditions d’accès à l’activité bancaire (capital minimum)88 ;
 Aux caractéristiques des opérations effectuées par les établissements de
crédit ;
 A l’organisation du marché interbancaire de titres de créance négociables ;
 Au respect des normes des établissements de crédit ;
 Au respect des normes de gestion ;
 Aux instruments et règles de politique du crédit.

B. La surveillance de l’activité bancaire

Celle-ci est exercée par la Banque Centrale au moyen de certains


instruments et techniques prévus par le législateur.
1. La Banque centrale, organe de contrôle

Le pouvoir de contrôler le système bancaire et la distribution du crédit est


reconnu à la Banque centrale conformément à ses statuts et aux dispositions de
l’article 36 de la loi de 2002. Ce texte lui confie les pouvoir de :
 Délivrer l’agrément des établissements de crédits, de leurs dirigeants, et
commissaires aux comptes ainsi que les autorisations ou dérogations
individuelles, dans les limites fixées par les dispositions légales et
réglementaires applicables aux établissements de crédits ;
 Édicter la réglementation applicable aux établissements de crédit ;
 Veiller au respect par les établissements de dispositions légales et
réglementaires qui leur sont applicables ;
 Examiner les conditions d’exploitation des établissements de crédit ;
 Veiller à la qualité de la situation financière des établissements de crédit et
au respect des règles de bonne conduite de la profession ;
 Sanctionner les manquements aux dispositions légales et réglementaires
applicables aux établissements de crédit.

La combinaison des dispositions des articles 36, 37, 38 et 39 de la loi du 2


février 2002 permet de comprendre la finalité du contrôle de la Banque centrale qui est
avant tout préventive. Il s’agit en réalité de prévenir les conséquences d’une gestion
imprudente pouvant conduire à une défaillance au regard de l’activité de
l’établissement et qui peut causer préjudice à des tiers et surtout de s’assurer que le
fonctionnement d’un Etablissement de crédit et la politique de crédit et de collecte de

88
Articles 11 et 24 de la n°003 de février 2002
59

ressources suivie par les dirigeants ne font pas courir de risques excessifs. Dans cette
tâche, la Banque centrale procède souvent par des missions d’inspection réalisées par
ses agents (inspecteurs de banque). Il s’agit d’une surveillance de la qualité financière
des établissements de crédit en vue de déceler des situations qui pourraient remettre en
cause leur liquidité ou leur solvabilité.

2. L’exercice du contrôle

Le pouvoir de contrôle de l’activité bancaire s’exerce normalement par le


concours apporté au système bancaire et le contrôle de la circulation de la monnaie
d’une part, d’autre part par la mise en œuvre de la politique du crédit.

2.1. Le concours au système bancaire et le contrôle de la circulation monétaire.

Ce concours se réalise par un certain nombre de procédés ayant pour but de


fournir aux établissements de crédit les fonds dont ils ont besoin. Ces procédés ou
moyens constituent des instruments de régulation de la circulation monétaire dans la
mesure où la Banque centrale peut, par le dosage de ses concours, augmenter ou
réduire la masse monétaire.

Concrètement, le concours au système bancaire se fait par :

a. L’escompte

Par ce procédé, la Banque centrale assure le refinancement des


établissements de crédit.

De façon générale, l’escompte, qui concerne principalement les effets de


commerce (), en particulier les lettres de change, est une opération de crédit à court
terme par laquelle des effets sont transférés au banquier qui, en contrepartie, procède à
leur paiement immédiat, sous déduction des intérêts et commissions.

Il est important d’expliquer la notion d’escompte dans son application au


niveau de services que peut rendre la Banque centrale aux banques. Dans la pratique
bancaire, le mécanisme de l’escompte et de réescompte est très simple. Par
l’escompte ; la banque rend à son client le service de lui échanger une créance à court
terme (3 mois) contre les fonds immédiatement disponibles. La banque permet ainsi à
son client de mobiliser sa créance, c’est-à-dire de la transformer en argent avant
échéance. En contrepartie de ce service, la banque prélève une rémunération calculée
en pourcentage appelée taux d’escompte. Notons qu’au-delà d’un certain volume, la
banque ne peut accorder d’escompte ou de crédit que si elle peut elle – même se
refinancer, c’est-à-dire mobiliser les créances qu’elle a acquises du fait ses opérations
d’escompte et de crédit. La Banque centrale assure ce « refinancement » en
escomptant à son tour les créances du banquier.
60

Les applications du mécanisme d’escompte au niveau des services rendus


par la banque centrale se déroulent de la manière signature suivante :

1° La Banque centrale escompte des effets à court terme :

Il s’agit de :
 Effets de commerce dont les souscriptions sont notamment solvables, à trois
mois au plus tard et revêtues de trois signatures.
 Effets représentatifs de crédits accordés par les banques (papier financier)
 Certains effets émis par le Trésor (que la banque centrale escompte aux banques
mais jamais directement au profit du Trésor).

2°. La Banque centrale escompte des effets représentatifs de crédit à moyen terme
lorsque :
 Ces crédits ont été accordés avec l’accord préalable de réescompte ;
 Les opérations financées concernent le développement et la
modernisation de la production, le commerce extérieur ou la construction
immobilière, les effets ayant été escomptés par un organisme financier
intermédiaire.

b. Les avances sur titres

Les avances sur titres sont des prêts d’argent dont le remboursement est
garanti par le nantissement de valeurs mobilières au profit du créancier. Elles ont pour
but de faire face à des décalages temporaires ou périodiques de trésorerie. Il s’agit ici
de celles garanties par des effets publics ou par des titres émis par l’Etat ou les
entreprises et établissements publics. Elles sont soumises à des échéances (30 jours
par exemple) avec des taux différents.

Les avances sur titres présentent le double avantage de permettre à


l’emprunteur d’obtenir des fonds sans céder ses titres et au prêteur de se prémunir
contre l’insolvabilité éventuelle du client bénéficiaire. Les particuliers comme les
entreprises peuvent prétendre au bénéfice des avances sur titres. Il ne faut pas
confondre l’avance sur titre avec d’autres formes d’avance telles :
 L’avance de trésorerie qui est un prêt à court terme destiné à faire face à un
besoin ponctuel et certain de disponibilités, mobilisable et remboursable en une
fois pour le montant et à l’échéance déterminée par contrat ;
 L’avance de la Banque Centrale : expression utilisée pour les interventions au
profit du trésor public ;
 L’avance en compte qui correspond à une position débitrice jusqu’à un certain
montant et pendant un certain délai ;
 L’avance en devise consentie par les établissements de crédit au bénéfice des
entreprises résidentes.

c. Les interventions sur le marché monétaire


61

En vue d’agir sur le volume du crédit et de régulariser le marché monétaire,


la Banque centrale achète ou vend sur le marché des effets publics ou privés
admissibles à l’escompte. Cette intervention se fait notamment en achetant et en
vendant ferme, en prenant et en mettant en pension, en prêtant ou en empruntant des
créances et des titres négociables libellés en monnaies étrangères ou nationales ainsi
que des métaux précieux.89

L’achat d’effets se traduit par la mise en circulation de la monnaie


correspondante. La vente d’effets permet de prélever de la monnaie et donc de réduire
la circulation monétaire.

2.2 L’Encadrement du crédit

L’encadrement du crédit est une technique permettant à la Banque Centrale


d’atteindre les objectifs monétaires qui lui sont assignés. Les autorités monétaires
fixent le volume global des crédits que chaque établissement est autorisé à consentir.
De façon simple, on peut dire que l’encadrement du crédit se fait par le plafonnement
du volume de crédit à accorder sur le marché monétaire (113).
Selon les situations vécues, on distingue outre :

 Le plafond réglementé pour lequel les conditions d’octroi de


crédit par la banque sont déterminées par la Banque Centrale ;
 Le plafond libre, lequel est évalué par Banque en fonction du
volume de dépôt ;
 Le plafond spécial comprenant les autorisations individuelles
pour favoriser certains projets d’investissements des
entreprises.90

Section 2. La réglementation de l’activité bancaire

L’activité bancaire fait l’objet d’une réglementation qui lui est propre. En
effet, la défaillance d’une entreprise bancaire aurait, sur l’économie nationale, des
conséquences d’une grande gravite. Aussi leur gestion est-elle étroitement contrôlée,
afin d’assurer leur solvabilité et la sécurité des clients.

§.1. Les conditions d’accès à la profession bancaire

Le législateur du 2 février 2002 pose comme par le passé deux conditions


pour accéder à la profession bancaire : l’agrément et l’inscription sur la liste des
banques.91

89
Article 8 al. 1 de la loi n° 005/2002 du 7 mai 2002
90
Sur l’encadrement du crédit au zaïre, voir, BUHENDWA bua MUSHABA, la Banque Centrale et
l’économie zaïroise, Kinshasa, octobre 1996.
91
Article 5 de la loi n° 003/2002 du 2 février 2002 relative à l’activité et au contrôle des établissements de crédit.
62

A. L’agrément

Conformément aux dispositions de l’article 10 de la loi de 2002, nul ne peut


exercer à titre de profession habituelle une activité bancaire s’il n’a pas obtenu
préalablement l’agrément de la banque centrale. L’accès à la profession n’est donc pas
libre. L’entreprise souhaitant exercer le métier doit faire l’objet d’une autorisation
administrative.

Cette formalité est justifiée. En effet, il faut s’assurer que la personne qui
veut exercer la profession bancaire a les moyens de son ambition.
Ce contrôle est indispensable afin de protéger le public et plus généralement, d’assurer
la stabilité du système bancaire.

1. Conditions liées à l’établissement de crédit

Les articles 11 à 16 de la loi sur les activités des établissements de crédit


fixent les conditions requises pour l’obtention de l’agrément. Il est exigé des
établissements demandeurs de cet agrément d’être constitués sous la forme juridique
de société par action à responsabilité limitée (qui est l’équivalent des sociétés
anonymes en France et en Belgique), de justifier d’un capital minimum libéré,
déterminé par la Banque Centrale et répondre à un besoin économique local ou
général. (106). Cette dernière exigence nous semble injustifiée dans un pays où le
phénomène de bancarisation a perdu de sa valeur.

L’article 12 in fine de la loi du 2 février 2002 énonce que pour se prononcer


sur une demande d’agrément, la Banque centrale apprécie l’aptitude de l’établissement
de crédit à réaliser ses objectifs de développement dans les conditions que requièrent
le bon fonctionnement du système bancaire et la sécurité des déposants. Dans le
processus d’examen de cette demande d’agrément, la Banque centrale est habilitée à
recueillir tout renseignement jugé utile à l’instruction de la demande.92

S’agissant de l’agrément sollicité par un établissement de crédit, filiale d’un


établissement de crédit agrée dans un pays étranger, l’article 7 de la loi du 2 février
2002 précise que la Banque centrale procède par la consultation préalable des autorités
de supervision bancaire du pays d’origine en vue de s’assurer de la crédibilité de
l’établissement de crédit.

Comme on peut le constater, la nature des vérifications dans ce domaine


révèle le caractère discrétionnaire du pouvoir de la Banque centrale dans l’appréciation
des conditions d’ordre économique qu’elle est chargée d’effectuer avant d’agréer un
établissement de crédit.

2. Conditions liées aux gestionnaires

92
Article 11 de la loi du 2 février 2002.
63

Enfin, il faut préciser qu’outre ces conditions, les articles 10 et 15 de la loi


du 2 février 2002 rappellent les conditions traditionnelles liées à l’honorabilité, à la
compétence et à l’expérience professionnelle, exigées des gestionnaires des
établissements de crédit d’une part, et d’autre part, la nécessité d’écarter de la gestion
des établissements de crédit des personnes physiques peu recommandables pour avoir
été soit administrateurs ou gérants d’un établissement déclaré en faillite et non
réhabilité au Congo ou à l’étranger, soit auteurs des infractions ayant fait l’objet de
condamnations judiciaires pour violation de la loi bancaire ou de la réglementation de
change, faux monnayages, contrefaçon ou falsification de billets de banque, d’effets
publics, d’actions, d’obligations, de coupons d’intérêts, de contrefaçon ou falsification
de sceaux, timbres, poinçons et marques, faux et usage de faux en écriture, corruption
de fonctionnaire public ou concussion, vol, extorsion, détournement ou abus de
confiance, escroquerie ou recel, banqueroute, circulation fictive d’effet de commerce,
émission de chèque sans provision, blanchiment des capitaux.

B. Inscription sur la liste des Banques

Cette obligation qui n’est pas nouvelle apparaît nettement dans les
dispositions de l’article 17 de la loi de 2002 car il est fait obligation aux établissements
de crédit de faire figurer leur numéro d’inscription sur toute correspondance ou
publication.

La loi oblige la Banque centrale de dresser et tenir à jour la liste des


établissements de crédit agréés. Au 31 décembre de chaque année, la Banque centrale
classifie les établissements de crédit selon les catégories suivantes :

 Les établissements de crédit dont la totalité du capital est détenue


par des privés ;
 Les établissements de crédit dont le capital est mixte ;
 Les établissements de crédit dont la totalité du capital est détenue
par l’Etat.

Signalons enfin que l’établissement qui demande son agrément doit justifier
des moyens techniques devant lui permettre de réaliser l’activité envisagée. A cet
égard, il doit disposer d’un personnel ayant la compétence et l’expérience requises en
matière bancaire ou connexe.

§ 2. L’exercice de la profession bancaire

A. La limitation du domaine des établissements de crédit

La loi n°003/2002 du 02 février 2002 détermine le champ des activités


bancaires, ainsi que les opérations qui sont interdites aux banques.

1. Les activités bancaires


64

L’article 1er, al. 2 de la loi n°003/2002 énumère les transactions qui


caractérisent la profession bancaire : dépôts de fonds, gestion des moyens de paiement,
octroi de crédits. Sont également autorisées les opérations connexes énumérées par
l’article 9 : les opérations de change ; les opérations sur les métaux précieux ; le
placement, l’achat, la gestion, la garde et la vente de valeurs mobilières et tout produit
financier ; les prises de participation dans les limites fixées par la Banque centrale ; le
conseil et l’assistance en matière de gestion financière, l’ingénierie financière et d’une
manière générale tous les services destinés à faciliter la création et le développement
des entreprises, sous réserve des dispositions relatives à l’exercice illégal de certaines
professions ; les opérations de location simple de biens mobiliers ou immobiliers pour
les entreprises habilitées à effectuer des opérations de crédit-bail.

2. Les activités interdites aux banques (Etablissements de Crédit)

Les établissements de crédit ne peuvent accorder, dans les limites et


conditions définies par la Banque centrale, des crédits ou des garanties aux personnes
qui participent à leur direction, administration ou fonctionnement, ou de se porter
caution en leur faveur pour un montant global supérieur à 20% de leurs fonds propres.
Il en est de même en ce qui concerne les entreprises dans lesquelles les
personnes visées ci-dessus ou les établissements de crédit eux-mêmes détiennent un
intérêt quelconque. (Article 27)
Il est interdit aux établissements de crédit de se servir de fonds et valeurs dont ils
disposent pour exercer, directement ou indirectement, une influence intéressée sur
l’opinion publique.
Cette interdiction ne s’applique pas à une publicité commerciale régulière (Article 28).

B. Les « ratios »
Il s’agit des rapports entre certains éléments d’actif et de passif, que
permettent de mesurer les risques courus par les banques. Ils sont fixés par la banque
centrale, en application de l’article 25 de la loi du n° 003/2002 qui est ainsi
libellé : « dans les conditions définis par le Banque centrale, les Etablissements de
crédit sont tenus de respecter les normes de gestion destinées, notamment, à garantir
leur liquidité et leur solvabilité à l’égard des déposants et des tiers, ainsi que
l’équilibre de leur structure financière.
Ils sont tenus en particulier de respecter les rations de couverture et de
division des risques »

1. Le ratio de couverture, expressément visé par la loi, est aussi parfois appelé
coefficient de solvabilité.93C’est le rapport entre le montant des fonds propres des
banques et celui de leurs engagements. Selon l’article 7 de l’instruction n°14 de la
BCC du 29 juillet 2003 relative aux normes prudentielles de gestion, « Les banques
sont tenues, dans la gestion de leurs ressources, de respecter un rapport de 10%
minimum entre les fonds propres prudentiels et le total des risques bancaires… ».

93
Dekeuwer-Défossez (F), op. cit, p. 23
65

En 1987-1988, un comité d’experts, réuni à Bâle auprès de la Banque de règlements


internationaux, a proposé l’adoption d’un ratio de solvabilité de 8% pour les banques à
vocation internationale. C’est le ratio « Cooke » (du nom du président du comité).94

2. Le ratio de division des risques, lui aussi mentionné par la loi bancaire, est un
rapport entre le montant des fonds propres d’une banque et celui des engagements
envers un même client. Un autre ratio de division des risques concerne l’ensemble
des bénéficiaires d’engagements dépassant un certain pourcentage des fonds
propres de la banque. C’est ce qu’on appelle le contrôle des « grands
risques ».95L’article 9 de l’instruction précitée précis que « les banques doivent
justifier à tout moment que :
- le montant total des risques encourus sur un même bénéficiaire ou une même
signature n’excède pas 25% de leurs fonds propres prudentielles;
- le montant total des risques encourus sur les bénéficiaires dont les risques
dépassent pour chacun d’entre eux 15% des fonds propres prudentiels desdites
banques n’excède pas 800% de ces mêmes fonds propres. »

3. Le coefficient de liquidité, bien que non mentionné par la loi bancaire, est
d’utilisation ancienne. Il s’agit d’un rapport entre les avoirs liquides ou
mobilisables et les engagements à vue et à court terme. Son respect permet
d’éviter les risques que ferait courir aux déposants une excessive utilisation de
leurs dépôts à vue ou à court terme dans les opérations à moyen ou long terme.
En RDC, ce ratio est de 80% aussi bien en ce qui concerne le risque de
liquidité immédiate (Trésorerie minimum), celui de liquidité à court terme que
le risque de transformation sur le moyen et long terme (Articles 13 à 18 de
l’instruction précitée).

En France, il doit être à tout moment de 100%. Son calcul est plus
complexe qu’il n’y paraît, car il faut tenir compte de la liquidité et de l’exigibilité plus
ou moins grande des créances et des dettes, selon la proximité de leur échéance et la
probabilité de l’utilisation effective par le client des dépôts ou crédits dont il est
titulaire.96

4. Le coefficient de fonds propres et de ressources permanentes

En France, il a été créé par un règlement du comité de la réglementation


bancaire en date du 24 novembre 1986, afin d’éviter qu’à la suite du
« désencadrement » du crédit les banques n’utilisent de façon excessive leurs
ressources à court terme pour financier des emplois à moyen et long terme. Il s’agit du
rapport entre les fonds propres et les ressources à terme de plus de cinq ans, à la
clientèle ayant plus de cinq ans à courir, d’autre part.

Ce rapport ne doit pas être inférieur à 60%.97

94
Idem, p. 23
95
Ibidem
96
Idem, p.24.
97
Ibidem.
66

C. Les règles de comptabilité

Les établissements de crédit sont tenus avant toute décision d’affectation de


leur résultat net par l’Assemblée générale, d’inscrire chaque année à un compte de
réserve légale une somme au moins égale à 10 % du solde créditeur de leur compte de
résultat, sous déduction de la seule contribution (Impôt) cédulaire sur les revenus.

Cette obligation est suspendue lorsque le solde du compte de réserve légale


atteint le montant du capital libéré. (Art. 31 de la loi n°003/2002)

Aucun établissement de crédit ne peut annoncer ou mettre en paiement un


dividende tant que ses dépenses de premier établissement, telles que frais
d’organisation, commissions de placement d’actions, courtages, pertes subies et toutes
dépenses en capital qui n’auraient pas pour contrepartie l’acquisition d’un actif
réalisable, n’ont pas été amorties ou tant que son capital se réduit par des pertes. (Art.
32)

Les établissements de crédit sont tenus de soumettre a la Banque Centrale,


avant le 31 mars de chaque année, conformément à la loi n° 76/020 du juillet 1996
portant normalisation de la comptabilité au Zaïre et aux règles comptables en vigueur,
leurs tableaux de synthèse arrêtés au 31 décembre de l’année précédente.

Et ces documents doivent faire l’objet d’une publication au journal officiel


et dans un des principaux organes de la presse nationale. (Art. 33 et 35).

D. Les mesures de sauvetage en cas de difficulté

Plusieurs faillites d’établissement de crédit ont rendu nécessaire la mise en


place de moyens de protéger les clients afin d’éviter la mise en danger de l’ensemble
du système bancaire par la défaillance d’un seul.

1. Le soutien des actionnaires

Il pourra être requis par la Banque Centrale « lorsque la situation d’un


établissement de crédit l’exige » (art. 30, al. 1 de la loi n°003/2002). Mais il n’est
prévu aucune sanction à cette obligation.

2. Le système de protection de dépôts

La Banque centrale peut également faire appel à l’ensemble des


établissements de crédit en vue de déterminer avec ces derniers les mesures
nécessaires pour la protection des intérêts des déposants et des tiers, au bon
fonctionnement du système financier et à la préservation du renom de la place. (Art.
30, al. 2 de la loi n°003/2002).
67

A cet, effet, il est prévu la mise en place d’un ou de plusieurs systèmes de


protection de dépôts auxquels les Etablissements de crédit sont tenus d’adhérer et dont
l’organisation et les modalités de financement sont fixées par des réglementations.
(Art. 74 de la loi n°003/2002).
En France, il existe un Fonds de garantie des dépôts qui est mis en œuvre
sur demande de la commission bancaire dès que celle-ci constate qu’un établissement
n’est plus en mesure de faire face à ses obligations de remboursement. Il peut aussi
intervenir à titre préventif. Il est ensuite subrogé dans les recours dont les bénéficiaires
de l’indemnisation pouvaient bénéficier, et il peut agir en responsable pour obtenir
remboursement des fonds versés.
Cette indemnisation doit bénéficier aux déposants professionnels et privés. Les
investisseurs institutionnels et les autres établissements bancaires n’en bénéficient pas.
De plus, l’indemnisation peut être exclue à l’égard de certaines personnes, par exemple
en cas de détention de fonds d’origine illicite.

Le fonds de garantie gère aussi la garantie des cautionnements émis par les
98
banques.

Il sied également ici de signaler les mesures de sauvetage prévues aux


articles 40 a 48 de la loi n°003/2002 consistant tour à tour en la désignation d’un
Représentant Provisoire de la Banque Centrale (avec pour mission essentielle de
veiller à ce que les gestionnaires de l’Etablissement de crédit ne posent des actes de
nature à aggraver la situation générale de celui-ci) suivi ou non de celle d’un
Administrateur Provisoire ou Gérant Provisoire (qui a pour mission essentielle
d’assurer la bonne gestion de l’établissement de crédit ; d’élaborer un plan de
redressement ; de proposer éventuellement la liquidation de l’Etablissement de crédit).

Ainsi, on se rend compte le droit bancaire congolais, à la différence du droit


commercial général, poursuit un objectif d’abord économique s’efforçant de traiter et
même de prévenir les difficultés des entreprises bancaires. En effet, le droit
commercial général congolais (le droit des faillites) est encore dominé par deux traits :
son caractère répressif et l’intérêt porté au créancier victime de la défaillance du
débiteur qui manque (faillit) à ses engagements. Le failli a trahi la confiance de ses
créanciers (du latin fallere, tromper) et encourt de ce fait, sinon la mort comme dans
l’ancien droit romain, du moins la réprobation.99
Le droit bancaire congolais constitue donc en cette matière une évolution
notre droit des faillites vers le droit des entreprises en difficulté.

E. Les devoirs généraux du banquier

Dans son activité professionnelle et du fait de sa profession, le banquier est


amené à détenir des informations personnelles et confidentielles sur ses clients.
Il apparaît naturel de protéger le chef contre certaines indiscrétions ou
immixtions en exigeant du banquier, non seulement le respect des règles

98
Articles L.312-4 à L.312-18 du code monétaire et financier français
99
Sur l’ensemble de cette question, lire : Jeantur (M.) et Le Cancru (P.), Droit commercial : Instruments de
paiement et de crédit, Entreprises en difficulté, 6è éd., Dalloz, Paris, 2003, pp.1-7
68

déontologiques mais surtout certains devoirs tels que le secret bancaire et la non-
ingérence.

1. Déontologie et confiance réciproque

Les relations entre le client et sa banque sont fondées sur la confiance réciproque.
La Banque s’engage à respecter toutes les dispositions légales,
réglementaires ou autres définissant les règles de déontologie et de conduite
applicables à l’exercice de l’activité de banquier. Elle apporte ses meilleurs soins à
l’exécution des conventions conclues avec le client, des opérations traitées pour son
compte et des ordres donnés par lui.
Dans les limites de ses compétences et des activités qui sont les siennes, elle
peut assister de ses conseils le client qui le demande.
Le client de son côté veille à contribuer pleinement au bon déroulement de
ses relations avec la Banque, notamment en lui fournissant toutes informations utiles,
de façon à ce qu’elle puisse l’assister efficacement et exécuter correctement sa
mission.100
2. Le secret bancaire

Le secret bancaire est un secret professionnel. Celui-ci est soumis, au même


titre que celui du médecin ou de l’avocat, aux dispositions du code pénal.
Le secret bancaire est pour le banquier le devoir de se taire et pour le client
le droit à ce silence.
Notons que l’obligation au secret a un caractère relatif. Le secret bancaire
est fondé sur « l’intérêt privé » du client et, à, ce titre, peut être levé par ce dernier.
Cette protection d’un intérêt privé doit parfois céder ou trouver ses limites
lorsqu’un « intérêt supérieur » le commande.

Ainsi, le banquier ne peut se soustraire à la communication de


renseignements concernant le client lorsque cette communication lui est imposée par
une disposition légale, notamment lorsqu’elle est requise par une autorité judiciaire ou
administrative ou par un organisme de contrôle de l’activité bancaire.
A titre indicatif, le secret bancaire ne peut être opposé à la Banque centrale,
à l’OFIDA, à la direction générale des impôts. De même, dans le cadre de la
participation à l’administration de la justice, par exemple à titre de témoin, le banquier
est déchargé du devoir de secret bancaire.101

3. Le devoir de non-ingérence.102

En principe, il est admis que le banquier qui tient le compte enregistrant les
opérations du client ne doit pas se préoccuper de l’origine ou de la destination des
fonds, de la licéité et, a fortiori, de l’opportunité des opérations effectuées.

100
BIAC, Règlement général des opérations, p.2
101
Bakandeja Wa Mpungu, Cours de droit financier, op.cit, p.160
102
Idem, pp.160-161
69

En droit comparé, ce principe (de non-ingérence) qui est un corollaire du


secret des affaires est régulièrement affirmé par la jurisprudence : il est notamment
opposé aux entreprises victimes de détournement de la part des préposés qui
reprochent à la banque de ne pas avoir surveillé le fonctionnement du compte.103
Toujours en droit comparé européen, il est permis d’occulter le principe de
non-ingérences par l’imposition au banquier des devoirs antagonistes de vigilance et
d’information. Plusieurs textes imposent en effet au banquier de se préoccuper des
opérations effectuées par le client.
En droit français par exemple, l’article 65-23 du décret-loi du 30 octobre
1935 oblige le banquier, en cas d’émission de chèque sans provision, de mettre en
œuvre la procédure d’interdiction et informer la Banque de France.
En droit congolais, la loi n°04/016 du 19 juillet 2004 portant lutte contre le
blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme commande au banquier de se
renseigner sur les opérations importantes qui se présentent dans des conditions
inhabituelles de complexité ou ne paraissent pas avoir de justification économique ou
d’objet licite.
Cette loi impose ainsi à son article 28 une ingérence renforcée aux
établissements de crédit et autres institutions financières tenus de transmettre des
déclarations de soupçons à la cellule des renseignements financiers (CENAREF), au
Ministère public et à la Banque Centrale du Congo lorsqu’ils suspectent que, d’une
part, des fonds appartenant aux personnes ou entités reprises sur la liste des
organisations considérées comme terroristes ou celle des organisations suspectées de
tendance terroriste ou encore celle des entités impliquées notamment dans des
activités de trafic illicite d’armes, de stupéfiants, de proxénétisme et de blanchiment de
capitaux établies conformément aux résolutions des Nations Unies relatives à la
prévention et à la répression du financement des actes terroristes, ou, d’autre part, des
mouvements de fonds initiés par elles ou pour leur compte, sont liés au financement
du terrorisme ou destinés à être utilisés à cette fin. .

103
Ibidem
70

CHAPITRE II. LES COMPTES EN BANQUE104

Les comptes en banque sont d’abord des documents comptables. Chaque


opération fait l’objet d’une écriture comptable du banquier. Si elle est isolée, il la
constatera sur un « compte de passage». Pour les clients réguliers, toutes les
opérations sont reprises dans un même compte. Mais ce document comptable entraîne
des conséquences juridiques, tant sur le régime des créances et dettes qui sont
« portées en compte » que sur les rapports banquier - client.

Les comptes les plus simples sont les comptes de dépôt, dits aussi « compte
– chèques », qui constituent en quelque sorte, le droit commun des comptes bancaires.
Le compte courant présente une complexité juridique plus grande. Enfin, la pluralité
de comptes pour un même client et la multiplicité des titulaires d’un même compte
nécessitent une étude particulière.

Section 1. Le compte de dépôt

§1. Caractéristiques

Le compte de dépôt n’est ouvert qu’après un dépôt de fonds effectué par le


client.
Ce compte sert à enregistrer des encaissements et des paiements effectués par le
banquier pour le compte de son client souvent, mais pas toujours, il permet le
fonctionnement d’un carnet de chèques.

Le compte de dépôt est aussi un mécanisme de règlement puisque les


opérations successives se compensent pour dégager un solde qui résume la situation
des deux parties.

104
Dekeuwer-Défossez, op.cit, pp.47-55
71

En principe, les comptes de dépôt ne doivent pas être débiteurs pour le


client. Cette règle tend à s’estomper, exceptionnel, qui contribue à distinguer cette
catégorie des comptes courants.

§2. Le fonctionnement du compte

A. Tenue du compte
Le banquier tient le compte du client. Il exécute les ordres qu’il reçoit, après
avoir vérifié la validité de la signature qu’ils portent. Chaque opération est transcrite
sur le compte, dont elle devient un article.

1. Les écritures

La pratique bancaire connaît l’usage des dates de valeurs : toute écriture au


crédit du compte a pour date le lendemain du jour où elle a eu lieu ; toute écriture au
débit est datée de la veille. Pour certaines opérations, ce décalage est plus important :
ainsi, un chèque tiré sur une ville différente n’est généralement pas crédité avant une
semaine.

Les erreurs matérielles doivent être rectifiées, mais ne peuvent pas être
effacées : on passe une écriture en sens inverse dite contre-passation.

2. Le solde provisoire

Périodiquement, le banquier adresse au client un relevé des opérations


effectuées, dégageant un solde provisoire.
Conformément à l’usage bancaire, l’accord du client sur ce solde provisoire
peut résulter de son silence : les relevés de compte précisent généralement un délai
maximal au-delà duquel les réclamations ne seront plus admises.

3. L’effet de règlement du compte de dépôt

L’entrée d’une créance dans un compte produit, en principe, un effet


compensatoire. La créance disparaît donc et est réputée payée. Cependant, à la
différence du compte courant, il n’y a pas d’effet novatoire. Si la compensation n’a pas
pu jouer, il demeure donc possible de rechercher après coup certaines créances portées
en compte pour leur appliquer leur régime propre. Ainsi en cas de non-paiement d’une
échéance de prêt faute de solde suffisant, la date du début de la prescription de l’action
de la banque est celle de l’exigibilité de l’échéance, et non pas celle de la clôture du
compte.

B. Droits sur le crédit du compte

1. Droits du client
72

Le client a contre son banquier une échéance égale au solde provisoire du


compte, si celui-ci est créditeur.
Il peut tirer des chèques, retirer des espèces, ordonner des virements, etc.

2. Droit des créanciers du client

Les créanciers peuvent saisir le crédit du compte de dépôt. Le banquier saisi


est tenu de déclarer au saisissant le montant du solde du compte. Le mécanisme du
compte bancaire ne doit pas permettre de déroger aux caractères insaisissables de
certaines créances : salaires pour leur portion insaisissable, allocations familiales,
salaires et revenus du conjoint du débiteur.
La saisie entraîne désormais attribution du solde au saisissant, sous réserve de la
liquidation des opérations antérieures à la saisie : ainsi, un chèque émis avant la saisie
doit être paye malgré celle-ci.

C. Intérêts

En principe, le compte de dépôt ne devrait pas donner lieu à versement


d’intérêts, puisque la rémunération des dépôts à vue est interdite et que le compte ne
doit pas être débiteur pour le client.
Néanmoins, la pratique bancaire actuelle admet des « facilités » de fin de
mois permettant aux comptes d’être débiteurs pendant quelques jours. La convention
relative à l’ouverture du compte prévoit généralement les limites de ces découverts.
Elle précise aussi le régime des intérêts débiteurs, qui obéit aux règles générales en
matières.
§ 3. La clôture du compte

A. Causes de la clôture

Les comptes sont, en principe à durée indéterminée.


1. Chaque partie peut donc clôturer le compte à tout moment, le client en exigeant le
remboursement de son dépôt, le banquier en clôturant le compte d’un client
indésirable.
2. Etant un contrat à caractère personnel, le compte est clôturé par le décès, ou
l’incapacité du client.
3. En France, tout compte sur lequel aucune opération n’a été enregistrée depuis dix
ans est clôturé. Le solde est versé à la caisse des dépôts et consignations pour le
compte du client. Il est acquis à l’Etat à la fin de la prescription trentenaire.

B. Effet de la clôture

1. La clôture fait apparaître un solde créditeur ou débiteur qui est une créance de
droit commun. La capitalisation des intérêts cesse.
73

2. Le compte étant clôturé, les pouvoirs des mandataires n’ont plus d’objet et les
titulaires de procuration ne peuvent plus le faire fonctionner.
3. Le compte est arrêté par le titulaire ou ses héritiers. Il ne peut plus faire l’objet
de révision par la suite sauf en cas d’erreurs.

Section 2. Le Compte Courant

Le compte courant n’est réglementé par aucun texte. Il est ouvert par le
banquier à des clients commerçants pour les besoins de leur profession. Il est considéré
comme pouvant être créditeur indifféremment pour l’une ou l’autre partie, ce qui le
distingue du compte du dépôt.

§ 1 Définition du compte courant

A. La volonté des parties

La volonté des parties d’ « être en compte courant » est indispensable : à


défaut, il n y ’aurait qu’un compte de dépôt. Elle résulte, le plus souvent, de la
signature par le client d’un formulaire précisant cette qualité de « compte courant ».
Mais elle peut être tacite.

B. La généralité du compte courant

Le compte courant étant destiné à assurer le règlement des créances


réciproques des correspondants, toutes ces créances doivent y être portées.
Il n’est pas permis de laisser en dehors du compte des créances qui pourraient en
rééquilibrer la balance. Demeure cependant possible la remise d’une somme avec
affectation spéciale, par exemple à la provision d’un effet de commerce, ou
l’ouverture de comptes dits « spéciaux » (compte en devises, compte de garantie,
etc.).

C. La réciprocité et enchevêtrement des remises

Par remise, il faut entendre une créance du remettant contre celui qui reçoit,
et qui devient, dans le compte courant, un article de débit ou de crédit. Cette créance
peut consister en argent, marchandises ou effets de commerce.105
Les remises doivent être au moins pouvoir être le fait des deux parties (Réciprocité
des remises).
Aux dépôts du client succèdent les crédits de la banque. Il faut que les deux
parties, en l’occurrence le client et son banquier, se fassent réciproquement des
remises, c’est-à-dire que celles-ci figurent alternativement au débit et au crédit de
chacun d’eux afin qu’ils soient tour à tour créanciers et débiteurs l’un de l’autre.106
C’est ce qui explique que les comptes courants puissent être débiteurs. Le compte
courant mérite donc la qualification d’opération de crédit.

105
Bernet-Rollande (L.), op.cit, p.194
106
Ibidem
74

Les remises doivent également être enchevêtrées ou croisées, c'est-à-dire


provenir alternativement du client ou du banquier. La réciprocité des remises ne suffit
pas ; il faut encore que sa cadence prouve la répétition fréquente d’un mouvement de
créance à dette et vice –versa entre parties.
Pour un compte de chèques, toujours créditeur, le fait de verser des sommes d’argent
en compte et de les prélever ne constitue pas un compte courant.
Il en est de même dans l’avance de fonds pure et simple, compte toujours
débiteur dans lequel le client rembourse, en une ou plusieurs fois, l’unique avance qui
lui a été consentie par le banquier. 107

§2. L’indivisibilité du compte

A. Le principe

La créance qui est portée en compte disparaît, pour se fondre avec les autres,
et dégager le solde provisoire.
L’explication de ce mécanisme juridique peut être tirée de l’idée de
compensations successives de toutes les créances portées en compte. Mais l’effet
extinctif de l’entrée en compte se produit même lorsque la créance, s’ajoutant à un
solde provisoire également créditeur, n’a fait qu’accroitre le crédit de l’une des paries.
On dit aussi le compte courant a un effet novatoire.

B. Conséquences

1. La créance portée en compte cesse de produire intérêt conformément à sa nature


juridique propre.
Seuls sont dus les intérêts du compte courant.
2. Les sûretés qui garantissaient la créance disparaissent. Une convention
particulière peut les reporter sur le solde du compte, ou écarte du compte la
créance garantie.

3. La fusion des articles du compte interdit de remettre en cause les opérations


qui se sont déroulées pour leur appliquer le régime juridique qui leur est propre.
Par exemple, il est impossible d’extraire du compte une remise pour la faire
échapper à la saisie du solde provisoire. Les remises en compte courant échappent
aux inopposabilités ou aux nullités qui peuvent frapper des paiements effectues
pendant a la « période suspecte » précédant un jugement de redressement
judiciaire.

4. Lorsque la remise porte sur un effet de commerce, le banquier en porte


immédiatement le montant sur le compte du client, déduction faite, le cas
échéant, du montant de l’escompte. Si par la suite, l’effet n’est pas payé, il peut
procéder à la contre-passation de l’effet impayé : c'est-à-dire qu’il débitera le
compte du montant crédité à tort.
La contre-passation « équivaut au paiement », même si, s’ajoutant à un
solde débiteur, elle ne règle pas vraiment le banquier.
107
Ibidem
75

Elle est analysée comme l’exercice des « recours du change » que le


banquier-porteur exerce contre son client-tireur. Le banquier doit donc restituer l’effet
au remettant, afin que ce dernier puisse à son tour exercer ses recours contre son
débiteur.

D. Les effets du « solde provisoire »

Tant que le compte n’est pas clôturé, il n’existe pas de « solde ».


Néanmoins, la « position » créditrice ou débitrice du compte, souvent appelée à tort
« solde » produit des effets juridiques qui sont de plus en plus importants.

1. En cas de position créditrice pour le client

a) Le client peut tirer des chèques, ordonner des virements bancaires, etc.
b) pendant longtemps, la jurisprudence refusa de permettre la saisie du solde
provisoire par les créanciers du titulaire du compte courant, en raison de
l’indivisibilité de ce dernier.
Par un arrêt su 13 novembre 1973, la chambre commerciale de la cour de
cassation française a permis la saisie du solde provisoire créditeur d’un compte
courant.
La saisie portant sur le « solde » du compte, il est impossible d’extraire
certains articles du compte pour les faire échapper à cette saisie. Les seuls exceptions
sont la portion insaisissable de salaires, les allocations familiales et les salaires du
conjoint portés en compte (mais le règle s’applique peu aux comptes courants qui ne
sont généralement pas alimentes par des salaires).

2. En cas de position débitrice

Dans ce cas, le banquier ne peut pas poursuivre le paiement en justice : la


créance n’est pas exigible tant que le compte n’est pas clôturé.
Des intérêts sont dus au banquier, sur le solde provisoire : la cour de
cassation française exige qu’ils fassent l’objet d’une stipulation écrite, mentionnant le
taux effectif global. En pratique, les relevés de compte mentionnent le taux d’intérêt
applicable aux découverts.
Le calcul des intérêts est fait selon les variations quotidiennes du compte.

§3 La clôture du compte courant

A. Causes de la clôture

Le compte courant est, le plus souvent, à durée indéterminée.


1. Il peut donc être clôturé à tout moment par volonté unilatérale d’une partie.
Cependant, étant un instrument de crédit, sa clôture par le banquier est soumise
aux conditions posées par la loi.
2. Il est aussi clôturé par le décès du client, ou à la survenance d’une incapacité.
76

3. En France, le compte courant était traditionnellement clôturé par la survenance


de la « faillite » de son titulaire. Cette clôture automatique a été supprimée par
la loi du 25 janvier 1985. Le compte courant continue de fonctionner, pour les
besoins de l’entreprise, éventuellement sous la signature de l’administrateur.
Mais il faut néanmoins isoler le solde provisoire existant lors du jugement
ouvrant la procédure, qui ne peut plus être payé ni compensé et doit être déclaré
au représentant des créanciers. On peut exprimer cette situation en disant que la
« convention de compte courant » continue, alors que le « compte » lui-
même fait l’objet d’un arrêté destiné à isoler les créances et les dettes
postérieures au jugement d’ouverture, qui n’ont pas le même régime juridique
que les créances et dettes antérieures.

B : Effets de la clôture

La clôture du compte courant fait apparaître le solde. Aucune remise ne peut


plus avoir lieu sur un compte clôturé ; les compensations ultérieures entre le solde et
une autre créance peuvent être paralysées par la survenance d’une procédure collective
d’apurement du passif.
1. Le calcul du solde

 En principe, le solde définitif est identique à la « position » du compte au jour


de sa clôture. Néanmoins, les opérations antérieures peuvent se dénouer malgré
la clôture. Cette règle reçoit une application particulière lorsque des effets de
commerce, portés en comptes, sont retournés impayés. Ils peuvent être
contrepassés malgré la clôture du compte.
 Comme pour les comptes de dépôt, le solde fait l’objet d’un arrêté de compte
approuvé par le client après lequel la révision du compte n’est plus possible.

2. Le régime juridique de la créance du « solde »

Le solde d’un compte courant est une créance ordinaire. Sauf accord
contraire des parties, il produit intérêt au taux légal, et non plus au taux conventionnel
du compte courant.
La créance est liquide et exigible ; son recouvrement peut être poursuivi en
justice.

Section 3. La pluralité de Titulaires d’un même compte

§1 Les procurations

Les procurations sont des mandats de droit commun. Le seul titulaire du


compte est le mandant qui est seul responsable en cas de défaut de paiement d’un
chèque. C’est à lui qu’il appartiendra, le cas échéant, de « régulariser », ou c’est lui
qui subira l’interdiction d’émettre des chèques.
77

La procuration cesse de produire ses effets au décès du mandant. La cour de


cassation française estime que la procuration post mortem ne peut pas permettre de
déroger à l’ordre public successoral, et que la banque commet une faute en exécutant
l’ordre du mandataire sans l’accord des héritiers.

§2. Les comptes indivis

Ils sont rares. En principe, ils ne peuvent fonctionner que sous la signature
de tous les titulaires. En pratique, ceux-ci donnent mandat à l’un d’entre eux de faire
fonctionner le compte sous sa seule signature. Si le compte est débiteur, les
indivisaires ne sont pas solidairement tenus, sauf s’ils sont commerçants (cas d’un
compte ouvert à des associés de fait).

§ 3. Les comptes joints

A. Ouverture du compte joint

Ils sont devenus fréquents. La majorité des comptes non professionnels


ouverts par des personnes mariées sont des comptes joints au nom des deux époux.
Mais il est aussi possible d’ouvrir un compte joint entre concubins, ou entre associés
d’une société de fait.

B. Fonctionnement

Les titulaires du compte joint sont solidaires, aussi bien activement que
passivement. Le compte fonctionne sous la signature de chaque titulaire.
Le banquier peut poursuivre chaque co-titulaire pour l’intégralité du débit éventuel.

La solidarité engendrée par le compte joint ne joue cependant que dans les
relations entre banquier et titulaires du compte. Elle n’a aucune incidence sur le régime
des créances portées en compte. Ainsi, par exemple, les chèques tirés sur un compte
joint n’obligent-ils que leur signataire. De même, les revenus d’un époux portés sur un
compte joint demeurent à l’abri des créanciers de l’autre.

Si l’un d’eux décède, le ou les survivants peuvent continuer à faire


fonctionner le compte, qui n’est pas clôturé. Mais, à l’égard des cohéritiers et du Fisc,
la succession du de cujus comprend la part d’actif qui lui revenait dans le crédit du
compte joint au jour de son décès.

C. Révocation unilatérale

Chaque co-titulaire peut, à tout moment révoquer unilatéralement le compte


joint. Le banquier a cependant l’obligation d’avertir immédiatement le co-titulaire.

Section 4. La pluralité de comptes d’un même titulaire


78

Il arrive assez fréquemment qu’un même titulaire ait, auprès d’un seul
établissement bancaire, plusieurs comptes différents : par exemple, un compte de
dépôt et un compte-épargne, ou encore un compte courant commercial et un compte
personnel de dépôt.
Le principe d’indépendance des comptes s’oppose à la compensation entre
les soldes créditeurs de l’un et débiteur de l’autre.
Le banquier qui refuserait le paiement d’un chèque tiré sur un compte de
dépôt débiteur, malgré l’existence d’un compte-épargne créditeur, ne commettrait
donc pas de faute.

CHAPITRE III. LES OPERATIONS DE CREDIT

L’opération de crédit est caractérisée par la réunion de deux éléments, le


temps et la confiance. Pour qu’il y ait crédit, il faut d’une part, un décalage dans le
temps entre la remise d’un capital (ou de son équivalent) au bénéficiaire du crédit, et,
d’autre part, l’assurance fondée sur la personnalité du demandeur du crédit ou sur les
garanties qu’il peut apporter que la somme sera restituée à l’échéance.

Dans ce chapitre, nous passerons en revue tour à tour :


- Les classifications des opérations de crédit (section 1) ;
- Le crédit à court terme (section 2) ;
- Le crédit à moyen et long terme (section 3) ;
- Le crédit au commerce extérieur (section 4)

Section 1. Classifications des opérations de crédit

§1 Classification selon la durée d’un crédit

A. définitions
a) Le crédit à court terme ne dépasse pas un délai de remboursement de deux ans.
b) Le crédit à moyen terme dure de deux à sept ans.
c) Le crédit à long terme peut aller jusqu'à trente ans

B. Observations

1. A l’intérieur de ces catégories, chaque type de crédit obéit à des règles


propres concernant sa durée : par ex. l’escompte ne dépasse pas trois
mois.
79

2. Il arrive que certains crédits durent, en fait, plus longtemps que sa place
dans la classification ne le laisserait supposer. Ainsi, un découvert
bancaire est un crédit à court terme : or il peut durer plusieurs dizaines
d’années.

§ 2 Classification selon la destination du crédit

A. Crédits liés et non liés

 Les crédits sont liés quand ils ont pour but une opération déterminée, par
ex. : un financement d’achat à crédit.
 Les crédits ne sont pas liés lorsqu’ils servent aux besoins généraux de
leur bénéficiaire : par ex. : crédit d’exploitation, « prêt personnel ».
 Les crédits liés sont souvent assortis de sûretés réelles, portant sur le
bien acquis grâce à eux (gage sur véhicule automobile), les crédits non
liés peuvent être garanties par des sûretés personnelles (cautionnement).
Cependant les crédits liés peuvent aussi bien bénéficier de sûretés personnelles, et les
crédits non liés de sûretés réelles.

B. Le crédit des différents « postes » du bilan

Le crédit destiné au financement des immobilisations doit être à long ou


moyen terme. Le crédit destiné aux besoins de trésorerie est à court terme (escompte,
découverts bancaires…).

C. Les crédits spécifiques

Il existe des types d’opérations nécessitant un « montage » financier adapté :


par ex. : crédit à la consommation, ou financement de marchés, ou encore crédit au
commerce extérieur.

§ 3. Classification selon les techniques juridiques utilisées

A. Le prêt

C’est une technique courante, mais ce n’est pas la seule. Il est parfois
désigné sous sa véritable dénomination (prêts immobiliers, par ex.). Mais il est aussi
parfois désigné par des termes qui ne l’évoquent pas : avances, découverts…Il s’agit
d’un prêt de consommation : l’emprunteur doit donc rembourser l’équivalent de ce
qu’il a reçu.

Depuis que la cour de cassation française a décidé que les prêts consentis
par des établissements de crédit ne sont plus des contrats réels, la doctrine leur
reconnaît la qualification de contrats synallagmatiques : le banquier est obligé de
délivrer les fonds, et l’emprunteur de les restituer.

B. Les opérations de crédit fondé sur le transfert d’une créance


80

1. Schématiquement, le banquier avance immédiatement le montant de la créance


à terme qui lui est ensuite transférée par un moyen juridique quelconque
(cession de créance, délégation, subrogation…).
Le client de la banque peut donc profiter immédiatement d’une somme qui devait
lui être payée plus tard. Le remboursement s’effectue lorsque le débiteur paie sa
dette, non pas à son créancier, mais au banquier.

2. La cession de créance est généralement facilitée par l’utilisation d’un support


juridique tel qu’un effet de commerce, ou un « bordereau de cession de
créances professionnelles ».
Les crédits fondés sur la transmission d’une créance sont plus facilement
mobilisables.

C. Les crédits par signature

L’organisme bancaire ne procure pas les fonds, mais s’engager à rembourser


celui qui les avance au cas où le débiteur ne le ferait pas : c’est le mécanisme des
cautions bancaires, des avals, etc.
D. Les opérations complexes

Il arrive souvent que plusieurs mécanismes juridiques servent pour un même


crédit. Par exemple, un effet de commerce est escompté et son montant passé en
compte courant ; un même crédit fait l’objet d’un prêt consenti par une banque, et
d’une caution donnée par une autre.

Lorsqu’un crédit sert de soutien à un autre ­ par exemple, une cession de


créances par bordereau Dailly qui permet de garantir un découvert bancaire – on parle
de « crédits adossés ».
Les crédits « consortiaux » sont consentis par des « tours de table »
bancaires pour des opérations de grande importance. Ces « pools bancaires »
désignent un « chef de file », qui est leur mandataire et répond, à ce titre, de ses fautes
éventuelles, en particulier en cas de dépassement de pouvoirs.

Section 2. Le crédit à court terme (crédit de fonctionnement)108

Les crédits à court terme sont des concours bancaires destinés à faire face
aux tensions de trésorerie nées des décalages entre les dépenses et les recettes. Ils
peuvent être utilisés pour financer les actifs circulants (valeurs d’exploitation, crédits-
clients) et pour régler des dettes à court terme. Parmi les types de crédit à court terme,
on distingue :
 les crédits par caisse ;
 la mobilisation des créances commerciales ;
 les crédits par signature.

108
BAKANDEJA wa Mpungu, Cours de droit financier, op. cit, pp. 173-177
81

§1. Les crédits par caisse

Ils se réalisent le plus souvent par des autorisations données par la banque à
l’entreprise de prélever sur son compte des sommes supérieurs à celles qui y sont
déposées. Ce sont des prêts. Ceux-ci peuvent être accordés pour des périodes
extrêmement courtes, voire pour quelques heures (Crédit courrier). Bien souvent, ils
revêtent la forme de facilités de caisse consenties pour quelques jours et qui
permettent notamment à beaucoup d’entreprises d’assurer leurs échéances mensuelles
(Crédit calendrier) telles les paies ou les échéances d’effets de commerce. Leur
montant ne peut dépasser celui des encaissements qui doivent avoir lieu dans un avenir
très proche.
Grâce notamment à la technique du compte courant, les banques
apportent leur concours aux entreprises sous la forme de découverts en compte
pouvant se renouveler, le crédit étant dit revolving. L’avantage de cette dernière
formule tient au fait que l’entreprise n’utilisera l’ouverture de crédit qu’au fur et à
mesure de ses besoins. Ces aides en trésorerie ne sont véritablement acquises à
l’entreprise qu’autant qu’il y a eu confirmation du crédit : dans ce cas il y a en effet
véritablement ouverture de crédits.

La pratique bancaire connaît encore les crédits de campagne destinés aux


entreprises connaissant de forts besoins de trésorerie en raison de leur activité
saisonnière. Ils permettent des approvisionnements saisonniers, suivis de
transformation et de vente pendant toute l’année (fabrication de conserves…)
Elle connaît également les crédits-relais permettant à un client de faire face
à la période précédant une importante rentrée d’argent. Par exemple, ils permettent de
commencer les travaux d’un chantier, en attendant un nantissement du marché.

§2. Le crédit de mobilisation 109

Cette technique permet à l’entreprise d’obtenir, avant leur échéance, la


contrepartie monétaire de ses créances sur la clientèle.

La mobilisation des créances commerciales se fait par :

A. L’escompte

L’escompte est un procédé courant de mobilisation des crédits sur la


clientèle. L’escompte est l’opération par laquelle le possesseur d’un effet de commerce
cède par endossement (signature au dos du document) cet effet, avant son échéance, à
un banquier110.

Le succès de l’escompte repose sur la sécurité qu’il offre aux divers


partenaires. Le banquier met à la disposition de son client une somme correspondant
au montant d’un effet de commerce sans attendre l’échéance de ce dernier. Le

109
Couret (A), Peltier (F) et Deveze (J), Le Droit bancaire, Paris, PUF, 1998, p.95.
110
Caudamine (G) et Montier (J), Banque et marchés financiers, Paris, Economica, 1998, p.205.
82

banquier devient propriétaire de l’effet et peut à son tour le réescompter si bon lui
semble111.

Cette formule assure au banquier une très grande sécurité :


 Son client demeure en effet garant solidaire du paiement de l’effet remis et
ce en application des règles cambiaires ;
 L’endossement se fait toujours « sous réserve d’encaissement de la
créance ». Si à l’échéance la traite demeure impayée, le banquier débitera le
compte du client qui a procédé à l’endossement dans le cadre d’une
« contre-passation » en compte ;
 Une ligne d’escompte a été en général fixée qui fait que le banquier ne
prend pas de risque au-delà d’une certaine limite.

La formule est également appréciée par les clients du banquier en raison du


caractère prévisible des financements. L’escompte assure un financement adapté aux
opérations commerciales de ladite entreprise.
Là est aussi le défaut du système. L’escompte est par nature tourné vers le
passé alors qu’une entreprise a besoin de financer son développement.

B. L’affacturage

Appelée aussi factoring, cette technique est plus qu’un moyen de financer la
trésorerie d’une entreprise : c’est aussi une méthode de gestion.

La société de factoring, qui a la forme d’une société financière, paie


immédiatement le montant de toutes les factures de l’adhérent, et fait son affaire
ensuite de leur recouvrement. Elle n’a aucun recours contre son client en cas de non-
paiement. Souvent, la société d’affacturage rend des services annexes de gestion
(établissement des factures, comptabilité…). Elle permet donc à des entreprises petites
ou moyennes d’alléger leurs frais de gestion, et de bénéficier des conseils du
« factor ».

Le principe général repose sur la subrogation conventionnelle. Le factor est


subrogé dans les droits de l’entreprise qui s’oblige à lui remettre ses factures. En
échange, elle obtient le paiement de ses factures contre remise au factor d’une
quittance subrogative. L’opération est formalisée par deux conditions :
 la signature d’un contrat d’affacturage entre les parties fixant les
engagements réciproques,
 le paiement de la créance contre quittance subrogative. Le paiement est
matérialisé par un crédit en compte courant ouvert par l’entreprise chez le
factor.

Le contrat fixe les conditions de rémunération du factor et les conditions


d’acceptation des factures remises par l’entreprise. Amené à courir le risque

111
Couret (A), Peltier (F) et Deveze (J), op.cit., p.96
83

d’insolvabilité de certains clients de l’entreprise, le factor peut désigner à l’avance les


créances qu’il accepte de prendre en charge. En cas de défaillance des clients
débiteurs, le factor se charge seul du recouvrement de la créance.

Généralement, le factor demande un dépôt de garantie de la part de


l’entreprise ; la technique de l’affacturage présente des avantages certains pour
l’entreprise. Elle peut ainsi mobiliser la totalité de son poste « clients », quels que
soient le mode de règlement et le type de clientèle : entreprises commerciales,
publiques ou étrangères. En plus, l’entreprise n’a plus en charge la gestion de ses
comptes « clients ».

C. Les crédits par signature

Le crédit par signature est malgré ses apparences un véritable crédit. Deux
techniques sont employées dans ce cadre : le cautionnement et l’aval.

1°. Le cautionnement

Le cautionnement est l’engagement donné par une banque de payer pour


compte d’un débiteur si celui-ci s’avérait défaillant.

Les banques accordent des cautions au profit de leurs clients. Ils s’agit des
opérations pouvant être considérées comme du crédit à court terme ou de trésorerie
puisqu’elles se substituent en fait à des décaissements pour les entreprises
bénéficiaires.

2°. L’aval

C’est un engagement fourni par un tiers ou par un signataire de l’effet qui se


porte garant du paiement. L’avaliste est « tenu de la même manière que celui dont il
s’est porté garant » et l’aval doit indiquer pour le compte de qui il est donné.
A défaut de cette indication, il est réputé donné :
 Pour le compte du tireur s’il s’agit d’une lette de change ou d’un chèque ;
 Pour le compte du souscripteur s’il s’agit d’un billet à ordre.

L’aval peut être donné par acte séparé.

Section 3. Les opérations de crédit à moyen et long terme

Le moyen et le long terme se distinguent d’abord du court terme par le fait


qu’ils reposent sur des prêts formalisés alors que le court terme a tendance à privilégier
les ouvertures de crédit. Cette séparation des choses est toutefois relative.

§1. Le crédit-bail
84

Commun au moyen et au long terme en fonction de l’objet du financement,


le crédit-bail constitue une formule originale des banques dans le financement, formule
peu pratiquée en République Démocratique du Congo.

Le crédit-bail ou leasing permet à une personne d’obtenir et d’utiliser un


bien (mobilier ou immobilier) sans avoir à en payer immédiatement le prix. Il
s’apparente donc à une opération de crédit.

Le leasing est apparu aux U.S.A. dans les années 50 et en Europe à partir de
1960.

Il n’est pas réglementé expressément en droit congolais. On trouve


cependant quelques dispositions de notre droit positif qui en parlent sans pour autant
détailler son régime juridique. Il en est ainsi par exemple de l’article 7, al. 2 de la loi
n°003/2002 qui assimile les opérations de crédit-bail aux opérations de crédit.

Section 4. Le crédit au commerce extérieur

Les besoins de crédit sont encore plus grands dans le commerce extérieur
que dans le commerce interne, ne serait-ce que parce que les délais d’exécution des
divers contrats sont nécessairement plus longs.
S’y ajoute le problème de la sécurité des transactions car les cocontractants ne se
connaissent guère et savent que les recourt judiciaires seront difficiles à mettre en
œuvre en cas de litige.

Enfin, le souci de développer les exportations rend les pouvoirs publics


particulièrement sensibles à cette forme de crédit.
A ces besoins spécifiques répondent deux types de crédits originaux : le
crédit documentaire et les crédits à l’exportation.

§1. Le crédit documentaire

C’est une invention de la pratique commerciale internationale. Le crédit


documentaire permet au banquier de ne se dessaisir des fonds que contre remise de
« documents » représentant la marchandise : aussi la sécurité de l’importateur est-elle
garantie. Il n’est pas réglementé par des textes internes. Il obéit aux « règles et usances
uniformes aux crédits documentaires » établies par la chambre de commerce
internationale, et périodiquement modifiées.

A. Les « documents »

1. La facture

C’est le document de base, qui décrit la marchandise. Il engage la


responsabilité et la réputation du vendeur. Mais sa détention ne confère aucun droit
particulier sur cette marchandise.
85

2. Le connaissement

Le connaissement maritime est le document établi par le transporteur


maritime lors de l’embarquement de la marchandise. C’est à la fois un titre de
transport et une description des marchandises. Il présente la particularité de représenter
celle-ci, de telle sorte que celui qui détient le connaissement a la possession juridique
de la marchandise. En effet, le connaissement est un titre « à ordre » transmissible par
endossement. Un crédit bancaire peut donc être garanti par la transmission au banquier
de ce connaissement, qui lui confère un droit opposable à tous.

3. Les autres documents de transport

Il s’agit de lettres de voiture ferroviaire, ou récépissé de camionneur, etc.


Ces documents ne transfèrent pas la possession de la marchandise. Ils attestent
seulement son existence ainsi que son expédition.

4. Les documents d’assurance

Dans le cas de marchandises voyageant sous connaissement, les documents


d’assurance sont transmissibles comme le connaissement.

5. Les documents douaniers

Il s’agit de certificats d’origine, factures douanières…

6. Les documents établis par des tiers

On peut citer les certificats d’agréage, ou de pesage, ou encore les factures consulaires,
etc.

B. Les différentes catégories d’opérations documentaires

1. Les traites documentaires

Lorsque le vendeur a des relations commerciales suivies avec l’acheteur, il


peut se contenter de recourir à l’émission d’une traite documentaire. C’est une lettre de
change accompagnée des « documents » relatifs à la marchandise. Cette traite est
remise au banquier dans le cadre d’un escompte ou d’un simple mandat de
recouvrement.

Le banquier a mission de délivrer les documents à l’acheteur, soit contre


paiement de la traite, soit contre son acceptation. Ces procédés ne sont pas totalement
sûrs, car l’acheteur peut refuser la livraison. En cas de doute, il est préférable de
recourir à une autre technique : le crédit documentaire.

2. Le crédit documentaire proprement dit


86

À la différence des traites documentaires, qui sont émises par l’exportateur,


le crédit documentaire est un crédit d’importation.
À la demande du vendeur, l’acheteur sollicite sa banque de prendre l’engagement de
payer dès qu’elle recevra les documents. Généralement, la banque de l’acheteur se met
en rapport avec une banque correspondante dans le pays du vendeur, et ce dernier sera
parfaitement rassuré par l’engagement d’un établissement bancaire installé dans son
propre pays. Les Règles et usances uniformes relatives aux crédits documentaires
(RUU) publiées par la chambre de commerce internationale s’appliquent, par
convention expresse ou à titre d’usage, à la plupart des crédits documentaires.

En fait, le crédit documentaire se rattache à la catégorie des crédits par


signature. Le service rendu par la banque est de garantir que son client payera.

De nombreuses modalités de crédit documentaire existent.

a. Crédit révocable ou crédit irrévocable

Le crédit révocable est une promesse d’ouverture de crédit faite par le


banquier donneur d’ordre ou créditeur (on doit aussi banque apéritrice ou émettrice) à
son client. Mais elle ne constitue pas un engagement envers le vendeur.

Aussi préfère-t-on souvent le crédit irrévocable, dans lequel la banque


s’engage à payer le vendeur, dès lors que celui-ci justifie avoir exécuté ses obligations.

b. Le crédit confirmé ou notifié

Le crédit est dit « confirmé » lorsqu’une banque du pays du vendeur


s’engage aux cotés de la banque émettrice.
Un crédit simplement notifié est seulement transmis par la seconde banque qui ne
paiera pas en cas de défaillance de la banque apéritrice. Seuls les crédits irrévocables
peuvent être confirmés.

c. Crédits « à vue » ou « par acceptation »

Dans le cas de crédit « à vue », ou encore « documents contre paiement », la


banque paie sur remise des documents. Dans le cas de crédit « par acceptation » ou
encore « documents contre acceptation », elle se contente d’accepter une traite, que le
vendeur pourra négocier ensuite. L’acceptation, émanant d’une banque, confère une
sécurité suffisante à ce second procédé.

d. Crédits transférables ou non transférables

Demandé par l’exportateur, le crédit transférable sera utilisé par ses propres
fournisseurs. Il résout le problème résultant de ce que l’exportateur n’a pas les fonds
nécessaires pour payer les marchandises avant de les avoir revendues. La banque
apéritrice paye directement le fournisseur qui aurait hésité à faire crédit à l’exportateur
sans cette garantie.
87

e. « Clause rouge »

Elle permet aussi à l’exportateur d’obtenir le crédit nécessaire à ses propres


achats. Mais il s’agit cette fois de fournisseurs qui ne peuvent pas bénéficier eux-
mêmes du crédit documentaire pour diverses raisons (producteurs agricoles ou artisans
peu familiarisés avec le procédé, etc.). Le banquier accepte alors d’avancer une partie
du crédit avant d’avoir reçu les documents définitifs.

C. La mise en œuvre du crédit documentaire

1. La convention acheteur - vendeur

Elle définit les caractéristiques du crédit exigé par le vendeur. C’est une
condition essentielle du contrat de vente : si l’acheteur ne fournit pas un engagement
bancaire correspondant aux stipulations contractuelles, l’exportateur peut exiger la
résolution de la vente.
2. L’ouverture de crédit documentaire

Elle se déroule en deux temps.

a. L’accord entre importateur et banque apéritrice

Cet accord est la base du crédit documentaire. C’est lui qui définit l’étendue
des engagements de la banque (crédit révocable ou irrévocable, transférable ou non,
etc.).

b. La lettre de crédit documentaire

Elle est envoyée à l’exportateur par la banque donneur d’ordre. Elle définit
avec précision les conditions de réalisation du crédit et, en particulier, la nature des
documents dont la « levée » permettra le déblocage du crédit.

3. La réalisation du crédit documentaire

Elle comporte aussi deux étapes.

a. La vérification des documents

Le banquier a la charge délicate de vérifier que les documents présentés


correspondent à ceux qui ont été prévus dans l’accord initial. Il ne lui incombe pas, en
revanche, de s’assurer qu’ils sont exacts et que la marchandise y est fidèlement décrite.
De nombreuses difficultés pratiques trouvent leur source dans des différences entre les
documents prévus et ceux qui sont présentés.
Le banquier réalise parfois le crédit « sous réserves »

b. L’exécution des engagements du banquier


88

Selon les stipulations de l’ouverture de crédit, le banquier paiera la


marchandise ou se bornera à accepter la traite émise par le vendeur.

4. Les recours postérieurs à l’exécution de crédit

a. Rapports banque-client

Selon les termes de leur accord, le client approvisionne la banque avant le


paiement, ou la rembourse ensuite. Dans ce dernier cas, la banque conserve les
documents qui lui assurent un droit de gage sur les marchandises, jusqu’au paiement.
Une procédure particulière permet à la banque de revendre pour son compte la
marchandise.

b. Rapports banque-bénéficiaire du crédit

La banque n’a aucun recours contre l’exportateur, sauf dans le cas de


paiement « sous réserve ».
c. Rapports entre banques

Ils sont régis par leurs conventions. En principe, le risque est couvert par la
banque apéritrice, qui doit rembourser la banque confirmatrice.

§2. Le financement des exportations

Le problème particulier posé par le crédit à l’exportation est celui du risque


couru par l’exportateur. Pourtant, il s’agit d’un type d’opérations indispensable pour la
bonne tenue de l’économie nationale. Aussi ce domaine est-il marqué par la
souscription d’une assurance gérée par un organisme spécifique du secteur public, et
par l’existence de procédures de crédit favorisant les exportations.
89

CHAPITRE IV. LES OPÉRATIONS DE CHANGE

Toute personne morale ou physique qui établit des relations d’affaires


avec l’étranger, même de façon épisodique, est confrontée à la nécessité de réaliser des
opérations change parce qu’il existe des systèmes monétaires nationaux et que ces
systèmes monétaires nationaux ont à leur base des unités monétaires nationales. Les
banques ont reçu pour mission d’organiser les transferts entre les espaces monétaires
différents. En effet, les opérations de change sont considérées comme des opérations
connexes aux activités bancaires (Voir article 9 de la loi n° 003/2002 du 2 février
2002).

Section 1. Description et sortes des opérations de change

§1. Lignes descriptives essentielles des opérations de change

Bien qu’il soit malaisé de fournir une énumération des causes principales
des opérations de change, il paraît possible d’en tracer les lignes essentielles.
En effet, font des opérations de change :

A. A l’achat :
-Le touriste qui, se rendant à l’étranger, désire acquérir les moyens de paiement du
pays visité ;
-L’importateur qui se procure des devises pour régler à un vendeur étranger le prix de
son importation ;
- L’affréteur obligé d’acquérir des devises pour régler les frets des navires étrangers
utilisés ;
- Le capitaliste qui investit ou prête des fonds à une entreprise.

B. A la vente :
- Le touriste étranger qui vend ses propres devises contre la monnaie du pays où il
voyage ;
90

- L’exportateur qui reçoit de son acheteur étranger le paiement en devises de ses


marchandises et qui doit convertir cette somme en monnaie nationale ;
- L’armateur qui bénéficie des frets correspondant à des navires loués à l’étranger ;
- Les emprunteurs de capitaux étrangers qui investissent des capitaux en République
Démocratique du Congo.112

Cette description assez générale des principales causes des opérations de


change contraste à bien des égards avec les réalités de la RDC où le cambisme de rue
(informel) est très développé et la principale motivation des opérations de change
aussi bien dans le chef des entreprises que dans celui des personnes physiques est
incontestablement la protection contre l’instabilité devenue chronique de la monnaie
nationale. D’où la forte dollarisation de l’économie congolaise.

§2. Sortes d’opérations de change

Deux sortes d’opérations de change sont à distinguer ici : les opérations de


change au comptant (Opérations « SPOT ») et les opérations de change à terme
(Opérations « FORWARD »).

A. Les opérations de change au Comptant (Opérations « spot »)113

Les opérations de change au comptant consistent dans des achats ou des


ventes de devises étrangères dont le prix (taux de change ou cours) est fixé le jour de
la transaction et dont la livraison intervient au plus tard le deuxième jour suivant la
conclusion de cette transaction.

Une entreprise congolaise exportatrice ayant reçu un règlement en dollars


des Etats-Unis (USD) pourra céder ces dollars au comptant et percevoir
immédiatement leur contre-valeur en franc congolais (CDF), compte tenu du taux de
change établi sur le marché des changes au comptant, au moment de cette cession.

Inversement, une entreprise congolaise importatrice devant effectuer un


règlement en Euros acquerra le montant nécessaire sur le marché des changes.

Concrètement, les opérations de change s’effectuent par l’entremise des


banques, les entreprises n’ayant pas d’accès direct au marché des changes. En outre,
la plupart de ces opérations se traduisent par de simples déplacements de dépôts
bancaires et donc par des mouvements comptables dans les livres des banques qui
servent d’intermédiaires dans les opérations.
On parle alors de change scriptural, par opposition au change manuel, qui
implique l’acquisition de billets et de chèques de voyage. Les opérations de change
manuel représentent une part très faible des opérations de change ; elles ne concernent
les entreprises que de façon limitée (par exemple, lors de l’acquisition de billets remis
à un cadre en vue d’un déplacement à l’étranger) et intéressent surtout les particuliers.

112
Bakandeja Wa Mpungu, op. cit, pp.91-92
113
Cohen (Elie), Dictionnaire de gestion, Ed. La découverte, Paris, 1997, p.59
91

B. Les opérations de change à terme (Opérations « Forward »).114

Dans les opérations à terme, un vendeur et un acheteur de devises


s’entendent pour fixer aujourd’hui le taux de change sur base duquel s’effectueront,
dans le futur, la livraison (par un vendeur) et le règlement (par l’acheteur) d’un
certain montant en devises. Ainsi, une transaction à terme fixe à l’avance les clauses
de l’opération qui ne se déroulera concrètement qu’au terme convenu. L’intérêt
d’opérations de ce type consiste dans le fait que toute incertitude sur l’évolution
ultérieure des marchés des changes est neutralisée par l’accord immédiat des parties.

Ainsi, un exportateur français qui doit percevoir de la part d’un client


étranger un million de USD dans trois mois est confronté à une incertitude relative à
l’évolution du taux de change USD/Euro : si le dollar s’apprécie dans les trois mois,
l’exportateur enregistrera un gain c’est-à-dire une différence de change positive. Si le
dollar se déprécie au contraire, l’exportateur subira une perte (une différence de
change négative). Dans ce cas, la vente à terme de ces dollars lui aurait permis de « se
couvrir » contre ses risques de perte, mais en supprimant aussi ses chances de gain.
Ainsi, les opérations à terme ou opérations « forward » constituent un instrument
de protection efficace contre le risque de change des exportateurs.

Mais ces derniers n’ont la possibilité de couverture que s’ils trouvent en face
d’eux des contreparties. Il peut s’agir d’importateurs soucieux également de se couvrir
contre une évolution défavorable du change et qui sont intéressés par la réduction de
l’incertitude pesant sur le montant qu’ils auront à régler en monnaie nationale.

Les exportateurs et importateurs participent donc activement à la formation


d’une offre et d’une demande de devises à terme et, par conséquent, à la constitution
d’un marché à terme. L’animation de ce dernier est en outre assurée par des opérateurs
divers et, principalement, par les banques qui acceptent de se porter contrepartie de
leurs clients dans des opérations de ce type.
Compte tenu de son aptitude à réduire l’incertitude sur les opérations
futures, le change à terme apparaît au total comme un mécanisme puissant de gestion
du risque de change, même si des innovations financières récentes ont suscité des
produits de substitution (options de change, swaps ou troc de devises…) qui assurent
une fonction analogue par des voies différentes.

§3. La formation des taux de change

Les taux de change apparaissent d’abord comme les taux qui permettent
d’équilibrer les offres et demandes sur le marché de change. Ce dernier représente
l’organisation qui permet la confrontation des offres et des demandes des devises
étrangères contre la monnaie nationale.

Les taux de change ont été, jusqu’en 1973, déterminés dans le cadre d’un
système de parités fixes (Régime des parités fixes ou changes fixes). Chaque
monnaie donnait alors lieu à la proclamation d’une parité officielle, c’est-à-dire d’un
114
Idem, pp.59-60
92

taux de change reliant cette monnaie à deux étalons : le dollar d’une part, l’or d’autre
part. Dans ces conditions, les taux de change bilatéraux entre deux monnaies
quelconques pouvaient être établis de façon stable par la simple comparaison de leurs
parités respectives.

Depuis 1973, c’est un système de taux de change flottants (Régime des


changes flottants) qui régit l’économie mondiale. Dans ce cadre, les monnaies ne sont
plus définies officiellement par rapport à l’or, au dollar ou à un quelconque étalon ; la
notion de flottement signifie précisément que les taux de change sont déterminés au
jour le jour sur le marché des changes et oscillent au gré des évolutions qu’y subissent
l’offre et la demande de devises. Cependant, sur la toile de fond que définit le système
de flottement généralisé, certaines zones monétaires régionales tentent de restaurer,
entre les monnaient qui y circulent, une stabilité des taux de change comparable à celle
qui prévalait en changes fixes ; c’est notamment le cas pour la zone franc et pour le
système monétaire européen (SME).

L’existence d’un système de changes fixes ou de changes flottants définit le


régime de change qui prévaut à une période donnée, soit dans l’économie mondiale,
soit dans une zone délimitée.115

Section 2. La politique congolaise de change

La politique congolaise de change est marquée par l’évolution du système


monétaire international. On est parti d’un régime de contrôle des transactions dans
lequel les pouvoirs publics avaient un regard sur le marché de devises dans l’objectif
d’équilibrer la balance des paiements, à un régime de libéralisation des changes. Ce
qui a donné lieu à la création d’un marché de change national auquel participent les
principales banques établies en RDC.

§1. La réglementation des changes en vigueur en RDC

A. Bref aperçu historique

Historiquement le régime des échanges avec l’extérieur s’était inspiré de la


politique dite de « la porte ouverte » telle qu’elle avait été définie par les conventions
internationales qui régissaient le commerce dans l’ancien bassin du Congo-Zaïre. Aux
termes de ces conventions (Berlin 1885, Bruxelles 1890 et Saint-Germain en Laye
1919), il était interdit d’imposer un traitement différentiel aux marchandises
appartenant aux ressortissants des puissances signataires.
Ces instruments consacraient le principe de la liberté de la liberté de
commerce, celle-ci implique une libéralisation du régime des importations. Ainsi,
jusqu’à la fin de la 2è Guerre, il n’y a pas eu de contrôle des changes. Le contrôle des
changes a été juridiquement consacré par les décrets du 12 décembre 1952. Cette
réglementation restait néanmoins très libérale. Ainsi, en matière commerciale,
l’application de la politique de la porte ouverte demeurait la règle de conduite. Les
exportations étaient simplement soumises à une déclaration de change permettent à la
115
Ibidem
93

Banque Centrale de suivre plus facilement l’évolution des recettes en devises. Les
importations étaient soumises à une double autorisation de à savoir une licence
d’importation accordée par l’administration des affaires économiques et une
autorisation d’acquisition de change, émanant de la Banque Centrale.

L’objectif poursuivi en matière de change consistait pour les pouvoirs


publics à s’assurer la maîtrise des opérations financières avec l’étranger dans le but
d’équilibrer la balance des paiements. C’est dans cette optique que fut pris le décret-loi
du 3 octobre 1960 qui institua le système de contrôle des changes, ce système reposait
sur les « quotas » d’importation et les autorisations de change. Ce décret-loi cambiaire
a posé un principe de base en la matière. Celui de subordonner toute transaction en
devises à une autorisation administrative préalable.

Le cadre légal et réglementaire des années 1960 institue un régime de


contrôle des changes inspiré du système de Bretton Woods. Avec la mobilité des
capitaux observée au cours de la décennie 70 et l’abandon progressif du système de
Bretton Woods, le régime de contrôle devint inadapté, d’où, les tentatives de
libéralisation des changes expérimentées pendant deux ans de 1996 à fin 1998 avec la
publication par la Banque Centrale du Règlement n°1 du 27 décembre 1996 relatif au
change.

La libéralisation complète des changes est réalisée finalement par le décret-


loi n°004/2001 du 31 janvier 2001 relatif au régime des opérations en monnaies
nationale et étrangères ainsi que ses mesures d’application édictées par la Banque
centrale en date du 23 février 2003 en vertu de l’ordonnance-loi 67/272 du 23 juin
1967 relative au pouvoir réglementaire de la Banque centrale en matière de change.

B. Contenu de la réglementation

Au regard des difficultés de mise en œuvre du régime de contrôle strict des


changes réinstitué en RDC après la réforme monétaire de 1998 créant le franc
congolais, les pouvoirs publics prirent conscience de la nécessité de libéraliser le
régime des changes. Ce qui fut fait à travers le décret-loi cambiaire n° 004/2001 du 31
janvier 2001 dont les mesures d’application ont été prévues dans la réglementation de
change édictée par la BCC en date du 13 février 2003.

Nous essaierons ci-après de retracer les grandes lignes de ce cadre juridique des
opérations de change en vigueur dans notre pays.

1. De la détention des monnaies étrangères, des transactions et des prestations en


devises étrangères.
Tout en libéralisant la détention des monnaies étrangères en RDC, les textes
juridiques sous examen soumettent néanmoins la détention des devises étrangères à
l’entrée comme à la sortie du pays à quelques formalités lorsque le montant détenu
atteint une certaine hauteur :
- les entrées des devises doivent faire l’objet d’une déclaration lorsque le montant
détenu est supérieur à 10.000 USD ;
94

- les sorties des devises inférieures ou égales à 10.000 USD doivent aussi être
déclarées ;
- Au-delà de ce plafond de 10.000 USD, les sorties de devises doivent faire l’objet
d’un transfert bancaire.116

Les transactions ainsi que les prestations de service sur le territoire national
s’expriment et se dénouent en monnaie nationale.
Elles peuvent également s’exprimer et se dénouer en monnaies étrangères.

Le législateur établit cependant une exception pour les loyers des baux
d’immeubles à usage d’habitation, les frais scolaires et académiques ainsi ceux ayant
trait aux soins de santé, à la consommation d’eau et d’électricité qui doivent
impérativement être fixés et payés en monnaie nationale lorsqu’ils se rapportent aux
opérations concluent entre résidents.117

2. Des exportations et importations des biens et services ainsi que des mouvements
de capitaux.
Toute opération d’importation ou d’exportation des marchandises ou des services
requiert la souscription préalable auprès d’une banque agréée, d’un document de
change intitulé « DECLARATION ».

Il s’agit de :
- La déclaration modèle « EB » pour les exportations des biens et modèle « ES »
pour les exportations des services. Une déclaration modèle « EB » ou « ES »
dûment validée par une banque agréée vaut autorisation d’exporter et obligation de
rapatrier la totalité de la valeur de l’exportation réalisée au plus tard 30 jours
calendrier à compter de la date d’embarquement des marchandises ou de la
prestation de service. Elle a une validité de 3 mois renouvelable.118
- La déclaration modèle « IB » pour les importations des biens et modèle « IS »
pour les importations des services. Cette déclaration dûment validée par une
banque agréée vaut autorisation d’importer et/ou d’effectuer le paiement en faveur
du fournisseur étranger. Elle a une validité de 12 mois et peut être prorogée
d’office par la banque intervenante à la demande du client, pour une période ne
dépassant pas 6 mois.119
- Toute opération relative aux transferts des revenus, aux transferts courants et aux
mouvements des capitaux d’une valeur supérieure à 10.000 USD requiert la
souscription d’une déclaration modèle « RC » auprès d’une banque agréée.120

3. Des comptes libellés en devises étrangères et des comptes non-résidents en


monnaie nationale.

116
Art. 1er, al 2 et 3 de la réglementation de change du 13 février 2003
117
Art. 2, al 1-4
118
Art. 9, 18,19, 31 et 37
119
Idem + Art 26, al 1
120
Art. 41, al 1
95

Les banques agréées sont autorisées à ouvrir des comptes en monnaies


étrangères au profit des résidents (RME) et non-résidents (NRME) sans autorisation
préalable de la banque centrale du Congo.
La banque centrale s’interdit de racheter d’office les devises logées dans les comptes
RME et NRME.
Les banques agréées peuvent aussi dans les mêmes conditions ouvrir des
comptes en monnaie nationale au profit des non-résidents (NRMN).
Ces comptes peuvent être tenus à vue ou à terme, rémunérés, crédités ou
débités librement. Les virements entre comptes en devises ne requièrent pas la
souscription des déclarations.121

§3. Le marché de change de la République Démocratique du Congo

La réglementation de change du 13 février 2003 a le mérite d’instituer un


marché des changes dont le fonctionnement et l’organisation sont déterminées par une
convention signée en date entre la banque centrale du Congo et les intermédiaires
financiers agréés de la place de Kinshasa.

A. Organisation et fonctionnement du marché122

Le marché de change de la RDC est un marché au comptant et à terme, dont


les participants sont la banque centrale et les intermédiaires agréés et sur lequel sont
traitées :
- les opérations d’achat et de vente entre monnaie nationale et devises étrangères ;
- les opérations d’achat et de vente de devises étrangères contre d’autres devises
librement convertibles.

Il s’agit d’un marché non localisé. Les opérations y sont traitées par
téléphone, télex ou tout autre moyen de communication. Les intervenants peuvent
réaliser durant tous les jours ouvrables. Les transactions de change sont traitées de gré
à gré aux cours déterminés par le libre jeu de l’offre et de la demande.

S’agissant de la réalisation des transactions, il est exigé de chaque partie


d’indiquer verbalement, par écrit ou par voie électronique, la date de la transaction, la
monnaie vendue, le montant acheté, le montant vendu, le cours de change, la date de la
conclusion et la date d’échéance (pour les opérations de change à terme), la date
valeur, le correspondant et le lieu de paiement de la monnaie achetée et de la monnaie
vendue. Au cas où une opération a été conclue verbalement, elle doit être confirmée le
même jour par l’une et l’autre partie.

B. Modalités de calcul des cours de change publiés par la Banque Centrale.

121
Art. 52, al 1- 3
122
Art 1er à 9 de la convention
96

Conformément aux dispositions de l’article 17 alinéa 1, les cours de


référence publiés par la Banque Centrale sont déterminés après concertation entre
intervenants agréés. Ainsi, chaque journée ouvrable, il est exigé des participants de
recenser la valeur totale de leurs achats et de leurs ventes des devises en dollars
américains ; en euro, ainsi que la contre-valeur en francs congolais. Ceci permet aux
participants de calculer les cours effectifs d’achat et de vente des devises en cause.

En dehors des transactions conclues dans les monnaies susmentionnées, les


autres montants sont convertis en USD.
Les participants recenseront également :
- le cours d’achat le moins élevé et le plus élevé ;
- le cours de vente le moins élevé et le plus élevé.

Les données ainsi obtenues sont obligatoirement transmises à la Banque


Centrale du Congo/Direction des services étrangers en fin de journée à 17 heures au
plus tard.
Telles sont les grandes lignes sur les réalités du marché des changes
congolais. L’un de buts poursuivis consistait à mettre un terme à l’existence du
marché parallèle des devises dont l’importance s’est accrue au cours des deux
dernières décennies du siècle passé. Au regard des réalités vécues, on est loin de
l’objectif que s’étaient assignés les pouvoirs publics.
97

BIBLIOGRAPHIE GENERALE

I. Textes légaux et réglementaires

1. Ordonnance- loi n° 67/272 du 23 juin 1967, relative aux pouvoirs réglementaires


de la Banque Centrale du Congo en matière de réglementation du change, in JORDC,
N° spécial, 20 janvier 2009, pp.15-19
2. Décret- loi n°080 du 17 juin 1998 instituant une nouvelle unité monétaire en RDC,
in JORDC, N° spécial, 20 janvier 2009, p.11
3. Décret- loi n° 004 du 31 janvier 2001 relatif au régime des opérations en monnaies
nationale et étrangères en RDC, in JORDC, N° spécial, 20 janvier 2009, p.13
4. Loi n° 002/2002 du 02 février 2002 portant dispositions applicables aux
coopératives d’épargne et de crédit, in JORDC, N° spécial, mai 2002, pp. 4- 29
5. Loi N° 003/2002 du 02 février 2002 relative à l’activité et au contrôle des
établissements de crédit, in JORDC, N° spécial, mai 2002, pp. 30- 55
6. Loi N° 005/2002 du 07 mai 2002 relative à la constitution et au fonctionnement de
la Banque Centrale du Congo, in JORDC, N° spécial, mai 2002, pp. 56- 68
7. La réglementation de change de la RDC du 13 février 2003 édictée par la Banque
Centrale du Congo, in JORDC, N° spécial, 20 janvier 2009, pp.137-150
8. Instruction N° 4 de la BCC du 28 mars 2008 relative aux opérations du marché
monétaire, in JORDC, N° spécial, 20 janvier 2009, pp.201-203
9. Instruction N° 14 du 29 juillet 2003 relative aux normes prudentielles de gestion
des banques, in JORDC, N° spécial, 20 janvier 2009, pp.201-203

II. Ouvrages

1. Anoukaha (F.) et csrts, OHADA –Sociétés commerciales et GIE, Ed. Bruylant,


Bruxelles, 2002 ;
2. Bakandeja Wa Mpungu, Cours de droit financier – Le droit du financement des
investissements et des activités économiques à l’ère de la globalisation financière des
marchés, Ed. ORSDE, Kinshasa, 2003 ;
3. Bernet-Rollande (L.), Principes de technique bancaire, 23è éd., Dunod, Paris,
2004 ;
98

4. Choinel (A.) et Rouyer (G.), Le marché financier : Structures et Acteurs, Ed. Revue
Banque,Paris, 1990 ;
5. Coquelet (Marie-Laure) et csrts, Droit financier, 1ère édition, Dalloz, Paris, 2008 ;
6. Dekeuwer – Défossez (F.), Droit bancaire, 7è éd., Dalloz, Paris, 2001 ;
7. De Vauplane (H.) et Bornet (J-P), Droit des marchés financiers, Ed. Litec, Paris ,
2003 ;
8. De Vauplane (H.) et csrts, Droit bancaire et boursier, Ed. Revue Banque, Paris ,
2009 ;
9. Jeantur ( M.) et Le Cancru (D.), Droit commercial : Instruments de paiement et de
crédit, Entreprises en difficulté, 6è éd., Dalloz, Paris, 2003 ;
10. Legall (J.P.), Droit commercial : les groupements commerciaux, sociétés
commerciales, GIE, Banque et Bourse, 13è éd., Dalloz, Paris, 1993 ;
11. Legeais (D.), Droit commercial, 11è éd., Dalloz, Paris, 2001 ;
12. Martor (B.) et Csrts, Le droit uniforme issu de l’OHADA, Ed. Juris-classeur, Paris,
2004 ;
13. Merle (P.), Droit commercial : Sociétés commerciales, 4è éd., Dalloz, 1994 ;
14. Toussaint (E.), La finance contre les peuples. La bourse ou la vie, CADTM/
CETIM/ Syllepse, Liège/Genève/Paris, 2004.

III. Mémoires et Articles

1. Bakandeja Wa Mpungu, « L’avenir du droit financier congolais », in Revue de la


faculté de droit de l’UPC, n° 2, Kinshasa, 2001, pp.251-263 ;
2. Buka eka Ngoy, « L’évolution du droit commercial congolais », in Revue de la
faculté de droit de l’UPC, n° 2, Kinshasa, 2001, pp.287-293 ;
3. Martor (B.) et Thouvenot (S.), « Les acteurs des marchés financiers et l’appel public
à l’épargne dans la zone OHADA », in Revue de droit des affaires internationales, n°
7, 2002, p. 749 et s. ;
4. Muhanzi Mubembe, Le régime juridique des activités de microfinance en droit
congolais – Cas de Procredit Bank, Mémoire, L2 droit, UPC, 2008 – 2009 ;
5. Tshiyombo Kalonji, La création d’un marché financier en RDC : un défi juridique
et institutionnel de taille, Mémoire, L2 droit, UPC, 2000 - 2001
99

TABLE DES MATIERES

INTRODUCTION GENERALE .......................................................................................... 1


I. De la définition du droit financier ........................................................................................... 1
A. Le droit financier, synonyme de finances publiques ou droit budgétaire ...................... 1
B. Le droit financier, synonyme du droit des marchés financiers et du droit bancaire. .... 1
II. De l’autonomie du droit financier ......................................................................................... 3
A. Le droit financier - branche du droit public................................................................... 3
B. Le droit financier – discipline mixte relevant à la fois du droit public et du droit privé 3
III. Sources du droit financier .................................................................................................... 4
A. Textes légaux et réglementaires .................................................................................... 4
B. La Jurisprudence ............................................................................................................ 5
C. La doctrine ..................................................................................................................... 5
D. Les sources internationales............................................................................................ 5
IV. Intérêt et plan du cours ......................................................................................................... 6
Ière PARTIE ......................................................................................................................... 7
LES ASPECTS INTERNATIONAUX DU DROIT FINANCIER ...................................... 7
Chapitre I. LES INSTITUTIONS INTERNATIONALES DE FINANCEMENT .............. 7
Section 1. Les institutions de financement à vocation universelle ............................................. 7
§ 1. La Banque Mondiale .................................................................................................... 7
A. Structures de la Banque Mondiale ......................................................................................... 8
1. Organe de la Banque Mondiale ...................................................................................... 8
2. Les composantes de la Banque Mondiale ....................................................................... 8
3. les autres membres du groupe Banque Mondiale ........................................................... 9
a. La SFI .............................................................................................................................. 9
b. L’agence multilatérale de garantie des investissements ................................................. 9
c. Le centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements
(CIRDI) ............................................................................................................................... 9
§2. Le Fonds Monétaire International (FMI) .................................................................... 10
A. Champ d’action et Mécanismes d’intervention du FMI ............................................... 11
1. La surveillance des économies...................................................................................... 11
2. L’assistance financière ................................................................................................. 12
100

a. Facilité d’ajustement structurel (FAS) et Facilité d’ajustement structurel renforcé


(FASR). ............................................................................................................................. 12
b. Facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC). ............................ 12
c. Les droits de tirage spéciaux (DTS) .............................................................................. 13
3. L’assistance technique .................................................................................................. 13
A. Ressources, gouvernance et organisation du FMI ....................................................... 13
1. Les Ressources du FMI ................................................................................................. 13
2. La structure de gouvernance du FMI ........................................................................... 14
b. Le conseil d’administration .......................................................................................... 14
c. Le directeur général ...................................................................................................... 15
Section 2. Les institutions internationales de financement à vocation ..................................... 15
Régionale. ................................................................................................................................. 15
§ 1. L’institution africaine de financement : La Banque Africaine de.............................. 15
Développement (BAD) ..................................................................................................... 15
A. Création et Composition .............................................................................................. 15
§ 2. Les Institutions européennes de financement ........................................................... 17
A. La Banque de développement du conseil de l’Europe (CEB) ...................................... 17
B. La Banque européenne d’investissement (BEI)........................................................... 17
1. Création et composition ................................................................................................ 17
2. Rôle, organisation et mode de fonctionnement ............................................................. 18
C. La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) ............. 18
§3. Les institutions de financement américain et asiatique............................................... 19
A. La Banque interaméricaine de développement (BID) .................................................. 19
B. La Banque asiatique de développement – BAsD (Asian Development Bank – AsDB) 20
Chapitre II : LE MARCHE FINANCIER ............................................................................. 21
Section 1. Présentation générale du marché financier ...................................................... 21
§1. Définition .................................................................................................................... 21
A. Marché financier : marché de valeurs mobilières et des produits dérivés. ................. 22
1. Marché financier comme marché des valeurs mobilières. ........................................... 22
B. Marché financier comme marché des produits dérivés ................................................ 22
C. Marché financier : marché primaire – marché secondaire. ........................................ 23
1. Le marché primaire ou marché des émissions. ............................................................. 23
a) Les demandeurs de capitaux à long terme ................................................................... 24
b) Les offreurs de capitaux à long terme .......................................................................... 24
1. Le marché secondaire ou bourse de valeurs ................................................................. 25
§2. Fonctions économiques du marché financier peuvent être regroupées autour de
cinq thèmes. ...................................................................................................................... 25
A. Circuit de financement de l’économie nationale. ........................................................ 26
B Instrument de mesure de la valeur des actifs ................................................... 26
C. Outil concourant à la mutation des structures individuelles et commerciales………..26
E Lieu de négociation du risque ……………………………………………………………26
Section 2. L’organisation Du Marché Financier ………………………………………….…27
§ 1. Le cadre et institutionnel du marché financier en France......................................... 27
A. Structures et intervenants ............................................................................................. 27
1. Organisation générale .................................................................................................. 27
2. Les intermédiaires ........................................................................................................ 27
a. les négociateurs ........................................................................................................... 28
b. Les compensateurs ........................................................................................................ 28
c. Les collecteurs d’ordres ................................................................................................ 29
d. Les transmetteurs d’ordres ........................................................................................... 29
3. Les organisations de tutelle et de contrôle .................................................................. 29
101

a. L’Autorité des marchés Financiers (AMF) ................................................................... 29


b. Euronext Paris SA ......................................................................................................... 11
B.LE FONCTIONNEMENT DU MARCHE ...................................................................... 12
1. Les différents marchés . ................................................................................................ 12
a. Le premier marché. ....................................................................................................... 12
b. Le Second marché ......................................................................................................... 13
c. Le nouveau marché ....................................................................................................... 13
d. Le marché libre ............................................................................................................. 13
e. La réforme du marché a règlementation mensuel ........................................................ 13
2. Les marchés dérivés ...................................................................................................... 14
a. Le Marché d’options négociables de Paris (MONEP) ................................................. 14
b. Le Marché a terme international de France(MATIF) .................................................. 15
§2. Le cadre juridique et institutionnel du marché financier en Afrique de l’ouest……...34
A. Le Conseil Régional de l’Epargne et des Marchés Financiers (« CRCREPMF »)…..34
1. Délivrance d’agrément/visa ......................................................................................... 35
2. Contrôle de l’information…………………………………………………………………….35
3. Contrôle de la régularité des opérations de bourse .................................................... 35
B. La Bourse Régionale des valeurs Mobilières (« BRVM »)........................................... 36
1. Statut et organisation .................................................................................................... 36
2. Marchés ....................................................................................................................... 36
C. Le Dépositaire Central/Banque Réglement (« DC/BR ») ........................................... 36
D. Les sociétés de gestion et d’intermédiation (« SGI ») ................................................. 37
Section 3. Les Valeurs Mobilières .................................................................................... 37
§1.Généralités ................................................................................................................... 19
§2.Catégorisation de valeurs mobilières .......................................................................... 39
A : es actions .................................................................................................................... 39
1. Les différentes catégories d’actions ............................................................................. 40
a. Actions de numéraires et Actions d’apport................................................................... 40
b. Actions de capital et Action de jouissance. ................................................................... 40
c. Actions ordinaires et Actions priorité. .......................................................................... 40
d. Les actions a dividende prioritaire sans droit de vote .................................................. 40
2. Les droits attachés aux actions. .................................................................................... 41
a. Les droits politiques. ..................................................................................................... 41
b. Les droits patrimoniaux ................................................................................................ 42
c. Les droits financiers…………………………………………….……………………………..43
B. Les obligations ............................................................................................................... 43
1. Les divers types d’obligations ....................................................................................... 44
a. Les obligations de type classique et leurs variétés ........................................................ 44
b. Les obligations composées ........................................................................................... 45
2. Répresentation des obligataires .................................................................................... 47
a. Organisation de la masse............................................................................................... 47
b. Pouvoirs de la masse ..................................................................................................... 47
IIème. PARTIE Le droit financier congolais ..................................................................... 48
Chapitre I. La profession bancaire .................................................................................... 50
Section I. Les structures de l’activité bancaire ................................................................. 50
§1. Les établissements de crédit ....................................................................................... 50
A. Définition ...................................................................................................................... 50
2. Les opérations de crédit ................................................................................................. 51
3. La mise a disposition et la gestion des moyens de paiement ........................................ 51
B.Classification ................................................................................................................. 51
1. Les Banques .................................................................................................................. 52
102

2. Les coopératives d’epargne et de crédit (COOPEC) ..................................................... 52


3. Les caisses d’epargne .................................................................................................... 52
4. Les institutions financières spécialiées ......................................................................... 52
5 . LesSociétésfinancières ................................................................................................. 52
§2. Les établissements de microfinance ............................................................................ 53
A. Définition et historique ................................................................................................ 54
B. Catégories d’institutions de microfinance .................................................................... 55
§3. Le contrôle public de la profession bancaire .............................................................. 56
A. La réglementation professionnelle ............................................................................... 56
1. Les Autorités bancaires ou Autorités monétaires ........................................................ 57
2.Le contenu de la réglementation ................................................................................... 58
B. La surveillance de l’activité bancaire ......................................................................... 58
1. La Banque centrale, organe de contrôle……………………………………………...58
2. L’exercice du controle ................................................................................................. 59
a. L’escompte. ................................................................................................................... 59
b. Les avances sut titres. ................................................................................................... 60
c. Les interventions sur le marché monétaire ................................................................... 61
2.2 L’Encadrement du crédi ............................................................................................ 61
Section 2. La réglementation de l’activité bancaire .......................................................... 61
§1. Les conditions d’accès a la profession bancaire ........................................................ 61
A. L’agrément ................................................................................................................... 62
1. Conditions liées a l’établissements ............................................................................... 62
2. Conditions liées aux gestionaires .................................................................................. 63
B. Inscription sur la liste des Banques .............................................................................. 63
§2. L’exercice de la profession bancaire .......................................................................... 63
A. La limmitation du domaine des établissements de crédit ............................................ 63
1.Les activités bancaires ................................................................................................... 63
2.Les activités interdites aux banques (Etablissements de crédit) .................................... 63
B. Les « ratios » ................................................................................................................ 64
1. Le ratio de couverture………………………………………………………...……….64
2. Le ratio de division des risques ..................................................................................... 65
3. Le coefficient de liquidité ............................................................................................. 65
4. Le coefficient de fonds propres et de ressources permanentes ..................................... 65
C.Les devoirs généreaux du banquie………………………………………………………..…66
D. Les mesures de sauvetage en cas de difficulté ............................................................. 66
1. Lesoutien des actionnaires............................................................................................ 66
2. Le système deprotection de dépots ................................................................................ 66
E. Les devoirs généreaux du banquier .............................................................................. 67
1. Déontologie et confiance réciproque ............................................................................ 68
2. Le secret bancaire ......................................................................................................... 68
3. Le devoir de non-ingerence .......................................................................................... 69
Chapitre II. Les Comptes en Banque ................................................................................ 70
Section 1. Le compte de dépot .......................................................................................... 70
§1. Caractéristiques ............................................................................................................ 70
§2. Le fonctionnement du compte ...................................................................................... 70
A. Tenue du compte ........................................................................................................... 70
1. Les écritures .................................................................................................................. 70
2. Lae solde provisoire ..................................................................................................... 71
3. L'effet de règlement du compte de depot ..................................................................... 71
B.Droits sur le crédit du compte ...................................................................................... 71
1 .Droits du client ............................................................................................................ 71
103

2.Droits des créanciers du client ..................................................................................... 71


C. Interets .......................................................................................................................... 72
§3. La cloture du compte .................................................................................................. 72
A. Causes de la cloture ..................................................................................................... 72
B. Effets de la cloture ....................................................................................................... 72
Section 2.Le compte courant ........................................................................................... 72
§1.Définition du compte courant ..................................................................................... 73
A. La volonté des parties .................................................................................................. 73
B.La généralité du compte . .............................................................................................. 73
C.La réciprocité et enchevetrement des remises .............................................................. 73
§2. L’indivisibilité du compte ........................................................................................... 74
A.. Le pricipe .................................................................................................................... 74
B. Conséquences ............................................................................................................... 74
C. Les effets du « solde Ressources » ............................................................................. 74
1. En cas de position créditrice pour le client .................................................................. 75
2. En cas de position débitrice .......................................................................................... 75
§2. La cloture du compte courant ..................................................................................... 75
A. Causes de la cloture ...................................................................................................... 75
B. Effets de la cloture ........................................................................................................ 76
1. Le calcul du solde ......................................................................................................... 76
2. Le régime juridique de la créance du "solde" ............................................................... 76
Section 3.La pluralité de Titulaire d’un meme compte..................................................... 76
§ 1. Les procurations ........................................................................................................ 76
§2. Les comptes indivis ..................................................................................................... 76
§3. Les comptes joints ....................................................................................................... 17
A.Ouverture du comptenjoint ........................................................................................... 17
B. Fonctionnement ............................................................................................................ 18
C. Révocation unilatérale ................................................................................................. 77
Chapitre III. Les opérations de crédit ............................................................................... 78
Section I. Classifications des opérations de crédit ........................................................... 78
§1. Classification selon la durée d’un crédti .................................................................... 78
A. définitions .................................................................................................................... 78
B1. Observations ............................................................................................................... 78
§2.Classification selon la destination du crédit................................................................ 78
A. Crédit liés et non liés. ................................................................................................... 78
B. Le crédit des fifferents « postes» du bilan. ................................................................... 79
C. Les crédits spécifiques.................................................................................................. 79
§3. Classification selon les techniques juridiques utilliées. ............................................. 79
A. Le pret. ......................................................................................................................... 79
B Les opérations de crédit fondées sur le transfert d’une créance .................................. 79
C Les crédits par signature ............................................................................................... 80
D. Les opérations complexes ............................................................................................ 80
Section 2.Le crédit a court terme (crédit de fonctionnement)……………………………....80
§1. Les crédits par caisse. ................................................................................................. 80
§2 Le crédit de mobilisation ............................................................................................ 81
A. L’escompte…………………………………………………………….……………...81
B. L’affacturage……………………………………………………………….................82
C. Les crédits par signature…. ………………………………………………………..……83.
Section 3. Les opérations de crédit a moyen terme .......................................................... 83
§1. Le crédit-bail .............................................................................................................. 83
Section 4. Le crédit au commerce extérieur ..................................................................... 84
104

§1. Le crédit documentaire ............................................................................................... 84


A. Les « documents» ......................................................................................................... 84
B. Les différentes catégories d’origine documentaires .................................................... 85
a. Crédit révocable ou crédit irrévocable ......................................................................... 86
b. Le crédit confirmé ou notifié ......................................................................................... 86
c. Crédits « a vue » ou « par acceptation » ...................................................................... 86
d. Crédits transférables ou non transférables .................................................................. 86
e. « Clause rouge ». .......................................................................................................... 86
C. La mise en œuvre du crédit documentaire. .................................................................. 87
1. La convention acheteur-vendeur................................................................................... 87
2. L’ouverture de crédit documentaire. ............................................................................ 87
a. L’accord entre importateur et banque apéritrice. ........................................................ 87
b. La lettre de crédit documentaire ................................................................................... 87
3. La réalisation du crédit documentaire……………………….……………………………..87
a. La vérification des documents ....................................................................................... 87
b. L’exécution des engagements du banquier ................................................................... 87
4. Les recours postérieurs a l’exécution de crédit ............................................................. 87
a. Rapports banque-client ................................................................................................. 87
b. Rapports banque-bénéfice du crédit ............................................................................. 88
c. Rapports entre banque ................................................................................................... 88
§2. Le financement des exportations ................................................................................ 88
Chapitre IV. Les opérations de change ............................................................................. 89
Section 1. Description et sortes des opérations de change ............................................... 89
§1. Lignes descriptives essentielles des opérations de change ......................................... 89
A. A l’achat ....................................................................................................................... 89
B. A la vente ...................................................................................................................... 89
§2. Sortes d’opérations de change ..................................................................................... 89
A. Les opérations de change au Comptant (Opérations « spot» ....................................... 89
B.Les opérations de change a terme (Opérations « Forward» .......................................... 90
§3. La formation des taux de change ................................................................................. 91
Section 2. La politique congolaise de change ................................................................... 92
§1. La réglementation des changes en vigueur en RDC ................................................... 92
A. bref apercu historique ................................................................................................... 92
B . Contenu de la réglementation ..................................................................................... 93
§2. Le marché de change de la République Démocratique du Congo ............................. 95
A. Organisation et fonctionnement du marché ................................................................. 95
B. Modalités de calcul des cours de change publiés par la Banque Centrale ................... 95
Bibliographie……………………………..……………………………………………...97
I.Texte légaux et réglementaires ...................................................................................... 97
II. Ouvrages. ..................................................................................................................... 97
III. Mémoires et Articles. .................................................................................................. 98
Tables des Matières .......................................................................................................... 99

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