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Anthracologie

L’étude des charbons de bois  : initiation à la démarche

Définition

L’anthracologie est la science qui étudie les charbons de bois soit en milieu archéologie, soit en
milieu non anthropisé. Chaque plante ligneuse a une structure du bois spécifique qui ne se détruit
pas à la carbonisation ni enfouissements postérieurs. En contexte archéologique, ces charbons
indiquent les plantes utilisées par l’homme et également les boisements qui les entouraient.

Historique des recherches

20e siècle : Breuil, Dangeard, Fiche (France) -> intérêt ethnologique (culturel)

Les années 40 : Godwin, Tansley, Salisbury, Jane (Angleterre) -> intérêt paléoécologique

Les années 60-70 : Couvert, Santa, Vernet -> développement technologique, extension géographique

Comment identifier les charbons de bois

Le bois est un tissu conducteur et de soutien composé de différents éléments selon leur type :

- Angiospermes (fibres, vaisseaux)


- Gymnospermes (trachéides, parenchyme).

La présence et l’agencement de ces différents éléments est caractéristique de chaque plante


ligneuse. L’identification se réalise sur des fragments supérieurs à 0.5 mm (taille idéale : 4 mm)
coupés par simple fracture manuelle selon trois plans observés au microscope de réflexion (x100-
1000 fois).

Analyse des microcharbons Analyse des charbons macroscopique

Source : carottes sédimentaires Source : Fouilles

Taille : inférieure à 250 micron Taille : >2mm

Méthode : préparation des lames Méthode : manipulation directe


(traitement physico chimique)
Observation : microscopie à lumière
Observation : microscopie à lumière transmise
transmise
But : composition de la végétation,
But : fréquence des incendies, impacts activités humaines
humains dans le paysage (grandes
échelles géographiques)

Où les trouver

Ils sont résistants aux attaques chimiques et biologiques et sont bien représentés dans diverses
situations sédimentaires : sols, sédiments lacustres, alluvions, etc.
Récupération

Prélèvement direct, tamisage à sac, tamisage à l’eau, flottaison.

Questions

Quelle est l’histoire de la végétation d’une localité ? Quel bois a été utilisé par l’homme et pourquoi ?
(Interpréter le choix du combustible, qualité, disponibilité, utilisation du lignite ou de l’os par manque
de bois).

Séquence d’analyse 

Fouilles et récupération

Stratégie de prélèvement

Identification (qualitative et quantitative)

Interprétation du diagramme anthracologique

Stratégie d’échantillonnage

- Stratigraphique
- Suivant les différentes structures :
o Niveaux incendiés : bois de construction
o Niveaux domestiques : bois pour cuisiner
o Fours de cuisson (poterie)
o Ateliers de métallurgie
o Nécropoles à incinérations
- Spatial (charbons de bois dispersés)

Exemples d’études anthracologiques

1. Quelle a été la réponse de la végétation par rapport aux changements climatiques ?


2. Quel type de bois l’homme a-t-il utilisé et pourquoi ?
3. Peut-on identifier si un arbre est cultivé ? (Information écologique supplémentaire préservée
dans la structure du bois

1. Troubat (Hautes-Pyrénées, altitude 541m)

Différentes cultures se sont succédés du paléolithique supérieur au mésolithique. Présence


d’essences d’arbustes au départ, et à 12 000 de notre ère, apparition d’essences de bois. Lors de
l’interglaciaire, les essences ont évolué.

Un enregistrement détaillé de la composition floristique des boisements locaux pendant la transition


Pléistocène/Holocène
2. Sallèles-d’Aude (Pyrénées orientales)

Etude de 10 fours de céramique. Les bois proviennent de la région, malgré le fait qu’ils soient moins
bons.

L’homme a utilisé le bois disponible dans son entourage suivant l’évolution du couvert forestier
produit par l’impact anthropique.

3. La culture de l’olivier

La largeur de cerne, la surface des vaisseaux, le nombre de vaisseaux par groupe, la densité des
vaisseaux a été mesuré pour établir une formule. Ces mesures ont été appliquées à des spécimens
modernes de l’olivier provenant de divers habitats, sauvages et cultivés. Les cultivés irrigué, cultivés
sans irrigation, sauvages habitat humide, et sauvages habitat sec sont bien différenciés en 4
catégories. Ces critères morphologiques ont été comparés avec des spécimens archéologiques :

Lunel-Viel : oliviers cultivés (irrigués et non irrigués), quelques individus sauvages.

Ortolo : cultivés irrigués

Tarragona. : cultivés irrigués et non irrigués

Carpologie

L’étude des restes de semences  : initiation à la démarche

La carpologie permet de retracer l’histoire de l’alimentation végétale, des espèces consommées


(sauvages ou cultivées) et des préparations réalisées (les modes culinaires). Elle permet de suivre
l’évolution du phénomène agricole. Connaître les préparations médicales et bien d’autres choses
encore.

Conditions de préservation

1. Carbonisation

Les graines peuvent se carboniser de diverses manières : proximité d’un foyer, endroit de stockage
ou grainier (nettoyage par le feu), conflagration majeure, assèchement de céréales, four de
céramique.

Ils deviennent résistants à l’attaque bactérienne et mycologique et sont donc en condition optimale.

2. Dessication

Dans les zones arides, les processus de décomposition sont arrêtés, rarement dans les zones
tempérées (récipients clos).

3. Imbition (milieux saturés en eau)

Condition anaérobique permettant une préservation excellente. Tourbières, sédiments de lac, puits,
latrines.

4. Minéralisation

Remplacement de la manière organique par des substances inorganiques et résistantes trouvés dans
le milieu sédimentaire : carbonates de calcium, silice. Cela arrive dans les latrines
5. Préservation par oxydes de métaux

Toxique aux bactéries et champignons, permet la préservation.

6. Empreintes

Poterie, briques, matériaux de construction. Préserver les traces de graines, feuilles.

Récupération

Tamisage à l’eau et flottaison.

Historique des recherches

La carpologie prend son essor à la deuxième moitié du 20 e siècle. C’est grâce au sujet de recherche
suivant : « La naissance de l’agriculture au Proche-Orient et sa diffusion en Europe ». Les buts étaient
de retrouver les ancêtres sauvages des plantes cultivés et de retrouver leur ancêtre sauvage. Cela
représente 30 ans de fouilles sur 50 sites datant de 19.000 à 8500 cal BP au Proche-Orient, 35 sites
avec échantillonnage par flottaison.

Un assemblage de 8 plantes est à l’origine de la plus ancienne agriculture « founder crops » : 3


céréales (amidonnier, engrain, orge commune), 4 légumes (lentille cultivée, pois cultivé, pois chiche,
lentille bâtarde) et une plante (lin cultivé).

Entre la cueillette et l’agriculture, il y a peu de changement. Il y a d’abord une récolte sauvage, puis
une agriculture pré-domestique avec symbiose des champs sauvages et multiplications, et enfin la
domestication avec sélection des graines.

Reconnaître la domestication à partir de restes végétaux

Chez les céréales, la domestication a induit des changements morphologiques liés à la dispersion des
grains.

Origine et diffusion des plantes cultivés en Europe

Il existe deux chemins :

Vers le nord : courant rubané (orge, lin)

Vers le sud : courant méditerranéen (légumineuses).

Phytolithologie

Microfossiles micrométriques qui sont des concrétions minérales excrétés par les cellules végétales.
Les grains d’amidon (molécule de réserve pour les végétaux supérieurs) se retrouvent dans le tartre.

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