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Il existe trois règles à respecter quand on réalise une hépatectomie : adapter l’exérèse à la lésion et non au
chirurgien, éviter les complications techniques de l’hépatectomie – l’hémorragie, la fuite biliaire et la
nécrose au niveau du parenchyme restant, laisser suffisamment de parenchyme pour éviter l’insuffisance
hépatique postopératoire. Une chirurgie efficace et sûre ne peut être réalisée qu’avec une connaissance
parfaite de l’anatomie chirurgicale. Cette anatomie correspond à une anatomie fonctionnelle vasculaire
hépatique basée sur le concept de la division anatomique vasculaire du foie de Claude Couinaud, Thon
That Tung et Henri Bismuth qui fait éclater le foie en portions indépendantes pouvant être traitées
séparément sans compromettre le fonctionnement du reste du foie. Les hépatectomies typiques sont
celles qui sont réalisées le long des scissures anatomiques. Elles peuvent être majeures, élargies,
superélargies, limitées, segmentaires ou sous-segmentaires selon les segments du foie enlevés. Elles sont
également classées selon le mode de contrôle vasculaire : contrôle vasculaire premier, section
parenchymateuse première ou combinaison des deux. Le contrôle vasculaire peut être pédiculaire,
sélectif, suprahilaire, intrahépatique, ou par exclusion vasculaire. La conduite générale des hépatectomies
comprend en préopératoire une étude précise des lésions et de l’anatomie vasculaire réelle du foie. Cette
étude est réalisée par des examens morphologiques : échographie, scanner, résonance magnétique et
artériographie. Il peut être également nécessaire d’apprécier la réserve fonctionnelle postopératoire du
foie par une volumétrie et une appréciation fonctionnelle (clairance du vert d’indocyanine, scintigraphie).
L’anesthésie et la réanimation peropératoire sont codifiées. Plusieurs voies d’abord sont possibles :
laparotomie sous-costale droite, plus ou moins étendue, laparotomie médiane, incision en J de Makuuchi,
abord cœlioscopique. Le foie doit être libéré afin de faire une exploration complète (manuelle et par
échographie peropératoire). La section parenchymateuse est menée de façon à découvrir les pédicules
vasculobiliaires dans le foie et à les lier électivement. Les hépatectomies anatomiques permettent
d’effectuer l’exérèse d’un ou plusieurs segments sans compromettre la vascularisation (portale et
artérielle) et le drainage (veineux et biliaire) des segments du foie restants. En fin d’intervention, la bonne
ligature des vaisseaux et des voies biliaires est vérifiée au niveau de la tranche. Cet ensemble de règles de
conduite des hépatectomies doit permettre une sécurité et des complications minimales.
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40-761 ¶ Conduite générale des hépatectomies par laparotomie
■ Définition des hépatectomies Les hépatectomies qui enlèvent plus de segments qu’une
hépatectomie majeure sont appelées élargies (Fig. 2). Ce sont les
hépatectomies qui enlèvent cinq segments (hépatectomie droite
Classification selon l’anatomie élargie au segment 4 ou au segment 1, hépatectomie gauche
élargie aux segments 5 et 8) ainsi que l’hépatectomie gauche
Hépatectomies typiques et atypiques élargie au segment 1 (quatre segments). Si elles enlèvent six
Les hépatectomies se divisent en trois grands groupes. segments, elles sont dites superélargies : hépatectomie droite
Les hépatectomies anatomiques (ou typiques) définies par élargie aux segments 1 et 4 ou hépatectomie gauche élargie aux
l’exérèse d’une partie du parenchyme hépatique limitée par un segments 1, 5 et 8.
plan de scissure anatomique. Les scissures peuvent être sus- Les autres hépatectomies anatomiques (ou typiques) sont des
hépatiques, entre deux territoires veineux hépatiques, et hépatectomies limitées. Il n’y a pas d’hépatectomie mineure
contiennent les pédicules glissoniens. Elles peuvent être portes, (Fig. 3) :
entre deux secteurs portes, et contiennent alors les veines • exérèse de deux segments : lobectomie gauche, bisegmentec-
hépatiques. La scissure porte sagittale ou médiane contient la tomie 6 et 7 (sectoriectomie postérieure), 5 et 8 (sectoriecto-
veine hépatique médiane. C’est un plan séparant les éléments mie antérieure) ou 4 et 5 qui enlève le lit vésiculaire ;
vasculaires et biliaires des deux pédicules glissoniens principaux • exérèse d’un segment : segmentectomie qui est nommée
droit et gauche, c’est-à-dire le plan de séparation entre le foie d’après le segment enlevé ;
droit et gauche et de passage des hépatectomies droite et • exérèse sous-segmentaire. Les plus courantes sont la sous-
gauche. Ce plan passe par le milieu du lit vésiculaire, le bord segmentectomie 4 antérieure, correspondant au lobe carré et
gauche de la veine cave inférieure suprahépatique et le bord la sous-segmentectomie 8 qui peut être antérieure, moyenne
droit du hile. La scissure porte droite contient la veine hépati- ou postérieure en raison du volume important du seg-
que droite. Elle divise le foie droit en deux secteurs, antérieur ment 8 et de la distribution des pédicules sous-segmentaires
et postérieur. Difficilement repérable sur la surface du foie, ce qui a été décrite pour ce segment.
plan passe par une ligne parallèle au bord latéral du foie, le long
de l’insertion du ligament triangulaire et le bord droit du hile. Comparaison avec la dénomination anglo-saxonne
[3, 4]
La scissure porte gauche contient la veine hépatique gauche et (Fig. 4)
sépare le foie gauche en deux secteurs, antérieur et postérieur.
La terminologie anglo-saxonne (dérivée de Goldsmith et
Le secteur antérieur est constitué de la partie du lobe droit à
Woodburn) [5] prête à confusion et est source d’imprécision. Il
gauche de la veine hépatique médiane et de la partie antérieure
semble beaucoup plus simple d’unifier ces termes en fonction
et droite du lobe gauche. Cette scissure porte gauche est
de l’anatomie segmentaire de Couinaud [2]. Ainsi, right lobectomy
distincte de la fissure ombilicale où chemine la branche porte
et left lobectomy correspondent à une hépatectomie droite ou
gauche et qui est une partie de la scissure sus-hépatique gauche.
gauche. Il faut continuer à réserver les appellations de lobecto-
On parle donc d’hépatectomie (sous-entendu hémihépatecto-
mie droite et gauche à l’ablation des véritables lobes anatomi-
mie) droite ou gauche, de sectoriectomie et de segmentectomie.
ques du foie. La dénomination de lobectomie gauche, ablation
Les hépatectomies non anatomiques (ou atypiques) consistant
du lobe à gauche du ligament suspenseur, est préférable au
en l’exérèse d’une portion de parenchyme hépatique ne corres-
terme de left lateral sectoriectomy, du reste faux sur le plan
pondant pas à une partie anatomique du foie et par conséquent
anatomique puisque le vrai segment latéral gauche correspond
dont le plan de section ne passe pas par une scissure anatomique.
au seul segment 2. La trisegmentectomy (right et left dans la
Les tumorectomies qui enlèvent seulement la tumeur sans
dénomination de Starzl) [6] correspond à une hépatectomie
réséquer de parenchyme hépatique et qui ne sont pas à propre-
élargie ou superélargie. La segmentectomy est, en fait, une
ment parler des hépatectomies : ce sont des exérèses qui
sectoriectomie ou une bisegmentectomie et la subsegmentectomy
enlèvent un tissu tumoral qui a remplacé du parenchyme
correspond à une segmentectomie.
hépatique sans toucher au parenchyme fonctionnel hépatique.
Le terme d’hépatectomie réglée prête à confusion : il a été
réservé aux hépatectomies avec contrôle vasculaire premier et
Classification selon la technique chirurgicale
opposé aux hépatectomies avec contrôle intraparenchymateux Il existe plusieurs possibilités techniques de réalisation des
des pédicules. Les hépatectomies typiques ou anatomiques hépatectomies typiques.
peuvent donc être « réglées » ou non. Le contrôle vasculaire
avant toute section parenchymateuse est d’ailleurs actuellement Hépatectomie avec section vasculaire première
rarement complet, à l’inverse de la description technique (Fig. 5A)
originale de Lortat-Jacob et al. [1]. Il paraît plus juste de parler Les éléments vasculaires portaux et sus-hépatiques sont liés et
d’hépatectomie typique avec contrôle vasculaire premier, en sectionnés avant toute section parenchymateuse. Cette techni-
précisant « portal isolé » ou « portal et sus-hépatique » ou que a été décrite pour la première fois en 1952 par Lortat-Jacob
« portal, sus-hépatique et cave inférieur ». et al. [1] pour la réalisation d’une hépatectomie droite élargie au
lobe carré. L’hépatectomie débute avec la ligature et la section
Dénomination des hépatectomies [2] du pédicule portal droit (veine porte, artère et canal biliaire) au
Les hépatectomies anatomiques (ou typiques) peuvent être niveau du hile, se poursuit avec la ligature et la section de la
nommées en fonction du nombre de segments hépatiques veine hépatique droite et se termine avec la transsection
contigus qu’elles enlèvent. Toutefois, l’habitude a consacré trois parenchymateuse. La dissection dans son trajet extraparenchy-
termes : mateux de la veine hépatique droite est une manœuvre parfois
• l’hépatectomie droite qui enlève les segments 5, 6, 7 et 8, difficile. Elle comporte deux risques majeurs en cas de déchirure
c’est-à-dire l’hémifoie droit et qui est différente de la lobec- de la veine lors de la dissection : l’hémorragie et l’embolie
tomie droite ; gazeuse. Pour ces raisons, dans la technique originale de Lortat-
• l’hépatectomie gauche enlevant les segments 2, 3 et 4 qui Jacob et al., il était suggéré de faire précéder la dissection de la
correspond à l’hémifoie gauche ; veine hépatique par un contrôle de la veine cave inférieure
• la lobectomie gauche qui correspond à une dénomination supra- et infrahépatique.
morphologique : elle enlève le lobe gauche c’est-à-dire les Cette technique comporte deux avantages : le contrôle
segments 2 et 3. vasculaire premier permet de voir apparaître la limite de section
Ainsi, on appelle hépatectomie majeure toute hépatectomie entre territoire sain et ischémique et de réduire l’hémorragie lors
enlevant trois ou quatre segments, telle l’hépatectomie droite de la section parenchymateuse.
(quatre segments) et l’hépatectomie gauche (trois segments). Les Elle a cependant des inconvénients : d’une part le risque de
trisegmentectomies, en particulier la plus courante 4, 5 et 6 et traumatisme de la veine hépatique pouvant engager le pronostic
la trisegmentectomie centrale 4, 5, et 8 ou 1, 4 et 5 sont vital de façon brutale, et d’autre part, la possibilité de dévascu-
assimilées aux hépatectomies majeures (Fig. 1). lariser une partie de foie à conserver en cas de variation
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Conduite générale des hépatectomies par laparotomie ¶ 40-761
1 2 3 4 B
Figure 1. Hépatectomies majeures comportant l’exérèse d’au moins trois segments hépatiques.
A. 4 segments - hépatectomie droite (segments 5, 6, 7 et 8).
B. 3 segments. 1. Hépatectomie gauche (segments 2, 3 et 4) ; 2. trisegmentectomie 4, 5 et 6 ; 3. trisegmentectomie 4, 5 et 8 ; 4. trisegmentectomie 1,
4 et 5.
anatomique. Dans l’hépatectomie droite, la ligature du pédicule des éléments artériel et portal qui sont clampés mais non liés,
droit en situation extrahépatique fait courir un risque de sans toucher au canal biliaire. La veine hépatique droite peut
ligature de la convergence biliaire qui est en face de l’origine de être contrôlée si son abord extrahépatique est aisé, mais ceci
la branche porte droite. n’est pas indispensable. Elle n’est, en tous cas, pas liée. Puis le
parenchyme hépatique est sectionné selon le plan scissural et
Hépatectomie par section parenchymateuse les éléments du pédicule portal sont abordés par voie transpa-
première (Fig. 5B) renchymateuse, dans le foie, et liés à ce niveau, donc au-dessus
Le principe de cette technique décrite initialement par Tung des clamps. C’est à la fin de la section parenchymateuse que la
et Quang [7] est de débuter l’hépatectomie en incisant le veine hépatique est liée elle aussi à l’intérieur du foie.
parenchyme le long d’une projection scissurale. Les éléments Cette technique a l’avantage de faire précéder la section
glissoniens sont découverts et liés par une approche transparen- parenchymateuse par un contrôle vasculaire artérioportal
chymateuse. De même, la section de la veine hépatique est (comme dans la technique de Lortat-Jacob) et de lier les
effectuée à la fin de l’hépatectomie dans la tranche de section vaisseaux dans le parenchyme hépatique, à l’abri des anomalies
parenchymateuse. anatomiques (comme dans la technique de Tung).
Cette technique a deux avantages : elle permet une ablation
à la demande du parenchyme hépatique adaptée à la localisa-
tion de la lésion, et elle met à l’abri d’éventuelles variations
Classification selon les modalités
anatomiques pour les ligatures vasculaires dans la mesure où les de clampage vasculaire
vaisseaux sont abordés au-dessus du hile. Le contrôle vasculaire fait partie des premiers gestes des
Elle comporte aussi deux inconvénients : son caractère hépatectomies après l’exploration de la cavité abdominale et de
extrêmement hémorragique du fait de l’absence de contrôle l’échographie peropératoire (Tableau 1) [18, 19]. L’hémorragie
vasculaire, qui ne peut être limité que par une procédure très peropératoire est un facteur pronostique essentiel de la morbi-
rapide et/ou par le recours à un clampage du pédicule hépati- dité et de la mortalité après chirurgie hépatique. De nombreuses
que, soit durant la totalité de la procédure, soit de façon techniques d’occlusion vasculaire ont été mises au point pour la
intermittente. diminuer (Fig. 6). Quelques paramètres doivent être considérés
d’emblée lorsque l’on traite de l’interruption de la vascularisa-
Combinaison des deux méthodes (Fig. 5C) [8] tion hépatique :
Cette technique d’hépatectomie, décrite par Bismuth [8] , • les vaisseaux sur lesquels le (ou les) clampage(s) est (sont)
associe les deux techniques précédentes dont elle combine les appliqué(s) : pédicules glissoniens, veines hépatiques ou veine
avantages sans en avoir les inconvénients. Son principe est de cave ;
commencer par un temps de dissection hilaire pour le contrôle • le caractère sélectif ou non du clampage ;
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1 2 3 A
1 2 3 B
Figure 2.
A. Hépatectomies élargies comportant l’exérèse de 5 segments : droite élargie au segment 4 (1) ou au segment 1 (2). Ou 4 segments : gauche élargie au
segment 1 (3).
B. Hépatectomies superélargies comportant l’exérèse de 6 segments : droite élargie aux segments 4 et 1 (1), gauche élargie aux segments 8, 5 et 1 (2). Ou
5 segments : gauche élargie aux segments 8 et 5 (3).
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Figure 3.
A. Hépatectomie limitée comportant l’exérèse de deux segments hépatiques.
Lobectomie gauche (1), bisegmentectomie 6 et 7 (2), bisegmentectomie 5 et 8
(3), bisegmentectomie 4 et 5 ; en fait, souvent seule la partie antérieure du 4 est
enlevée (4).
B. Hépatectomie limitée comportant l’exérèse d’un segment hépatique. Seg-
mentectomie 5 (1), segmentectomie 6 (2), segmentectomie 4 (3).
C. Hépatectomie limitée comportant l’exérèse d’un sous-segment hépatique.
Sous-segmentectomie 4 antérieure (1), sous-segmentectomie 8 antérieure (2).
1 2 C
Le clampage du pédicule hépatique peut être appliqué de manière paradoxale, ces diminutions sont associées à une
façon continue ou intermittente. Dans le premier cas, le clamp augmentation de 10 % de la pression artérielle. Cela est
est appliqué du début à la fin de la transsection parenchyma- probablement lié à un réflexe péritonéal et à une activation du
teuse, alors que dans la méthode intermittente, des périodes de système nerveux sympathique. L’infiltration de la base du
clampage de 10 minutes (pour les foies cirrhotiques) et pédicule hépatique avec de la lidocaïne diminue cet effet et doit
15 minutes (pour les foies non cirrhotiques) sont entrecoupées être réalisée à chaque fois que le patient a une hypertension
par des périodes de déclampage de 5 minutes. Le caractère artérielle mal contrôlée [21].
intermittent du clampage se justifie par la volonté de protéger
le parenchyme hépatique des conséquences d’une ischémie et Durée maximale d’ischémie tolérée
d’une stase splanchnique prolongées. Pendant le déclampage,
Sur foie non cirrhotique, des clampages pédiculaires continus
l’hépatectomie s’interrompt généralement, et la tranche de
section est comprimée de façon à assurer l’hémostase. de plus de 1 heure ont été rapportés [9, 10]. Mais en pratique,
nous préférons éviter des clampages continus si nous estimons
Conséquences que la durée de la transsection parenchymateuse va être
Le clampage du pédicule hépatique entraîne une diminution supérieure à 30 minutes. La durée cumulée d’un clampage
du retour sanguin vers le cœur, avec comme conséquence une pédiculaire, réalisé de façon intermittente, peut aller jusqu’à
chute de 5 % de la pression dans l’artère pulmonaire, de 10 % plus de 300 minutes sur foie sain [11] et 200 minutes sur foie
de l’index cardiaque et de 40 % des résistances systémiques. De cirrhotique [12, 13].
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1
2 1 1
3 2 2
3 3
4
4
1
B C
A
Figure 5. Représentation schématique des différentes techniques d’hépatectomies au cours d’une hépatectomie droite.
A. Hépatectomie avec ligature vasculaire première (Lortat-Jacob et al. [1]). 1. Contrôle de la veine cave inférieure supra- et sous-hépatique ; 2. section
extraparenchymateuse de la veine sus-hépatique droite ; 3. section parenchymateuse ; 4. section extraparenchymateuse du pédicule droit.
B. Hépatectomie avec section parenchymateuse première (Tung et Quang [7]). 1. Section intraparenchymateuse de la veine sus-hépatique droite. 2. section
parenchymateuse ; 3. ligature intraparenchymateuse du pédicule droit.
C. Hépatectomie avec clampage pédiculaire sectoriel premier et ligature vasculaire retardée (Bismuth [8]). 1. Section intraparenchymateuse de la veine
sus-hépatique droite ; 2. section parenchymateuse ; 3. ligature intraparenchymateuse du pédicule droit ; 4. contrôle extraparenchymateux du pédicule droit.
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Tableau 1.
Les différents modes de clampage au cours des hépatectomies dans la littérature.
Type de clampage Durée maximale rapportée Points particuliers
Pédiculaire Foie sain Associer le clampage d’une éventuelle artère hépatique gauche
clampage continu : 60 min [9, 10]
EVF Foie sain : de 60 à 90 min [9] Indications fonction des caractéristiques tumorales
Foie cirrhotique : de 30 à 60 min(b) [14] Possibilité de CEC si mauvaise tolérance hémodynamique
Non utilisée par les auteurs dans les cirrhoses
EVF avec perfusion In situ : de 90 à 120 min [15] Indications fonction des caractéristiques tumorales
réfrigérée Ex situ in vivo : 3 à 5 heures [16] CEC obligatoire pour la chirurgie ex situ in vivo et ex vivo
Ex vivo : 9 heures d’anhépatie [17] Techniques contre-indiquées sur cirrhose
Indications à évaluer sur stéatose, hépatopathies chroniques
et foie de chimiothérapie
EVF : exclusion vasculaire du foie ; CEC : circulation extracorporelle. (a) À l’exception des clampages sectoriels pour l’exérèse d’un seul segment du secteur clampé. Dans ce cas
l’hépatectomie laisse en place un segment soumis à une période d’ischémie dont les limites de durée sont théoriquement les mêmes que celles du clampage pédiculaire.
(b)
L’expérience récemment rapportée utilisait une CEC.
2
a
1
4
3
5
b
e Figure 7. Clampage total du pédicule hépatique ou manœuvre de
c
d Pringle.
e
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Scanner abdominal
Il doit être d’excellente qualité, réalisé sans et avec injection
intraveineuse de produit de contraste (phases artérielle, veineuse
et tardive). Les coupes doivent être au minimum centimétri-
ques, étendues du dôme du foie à la pointe du segment 6. Le
scanner permet de matérialiser de façon visuelle les renseigne-
ments fournis par l’échographie et contribue aussi au bilan
d’extension locorégionale en cas de pathologie tumorale
maligne. À l’opposé de l’échographie, le scanner a l’avantage de
fournir des plans de coupe toujours identiques qui, avec
l’expérience, permettent une bonne estimation des possibilités
chirurgicales. Surtout, les programmes informatiques actuels
autorisent une étude volumétrique du foie ou de parties du foie,
dont l’importance est capitale lorsqu’un sacrifice parenchyma-
teux important est envisagé. L’étude volumétrique doit fournir
les volumes estimés respectifs de la lésion, du foie non tumoral
sacrifié par l’hépatectomie et du parenchyme restant après
Figure 11. Technique de la biopsie protégée pour le diagnostic de hépatectomie. Ces informations permettent le calcul de la
lésion hépatique non étiquetée.
proportion de foie fonctionnel qui sera réséqué et, combinées
A. Repérage de la lésion sous échographie.
avec d’autres tests, permettent une appréciation de la réserve
B. Ponction sous repérage échographique, à l’aide d’une grosse aiguille
fonctionnelle hépatique (cf. infra). La qualité des images a été
dont la progression s’arrête au niveau de la lésion.
grandement améliorée dernièrement par l’introduction du
C. Passage à l’intérieur de cette aiguille d’une aiguille de Menghini plus
scanner en mode spiralé qui fournit des images remarquables se
fine qui réalise la biopsie.
prêtant à la reconstruction de l’anatomie en trois dimen-
D. Retrait de la grosse aiguille en injectant de la colle.
sions [36, 37].
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Conduite générale des hépatectomies par laparotomie ¶ 40-761
On sait, depuis longtemps, que le foie a une capacité de repérer et à ponctionner, nous préférons utiliser la voie percu-
régénération. L’arrêt de la circulation sanguine dans une tanée. Nous utilisons la voie iléo-caeco-colique pour réaliser des
branche de la veine porte induit une hypertrophie controlaté- embolisations bilatérales et lorsqu’il existe des variations
rale du foie. Cette hypertrophie est obtenue en 3 à 4 semaines anatomiques.
si le foie est sain. L’arrêt de circulation doit être permanent. Il
faut obturer la branche porte. Cette technique d’embolisation
portale a été décrite initialement par Makuuchi et al. [44] qui ont ■ Évaluation du patient
ainsi observé un gain de volume de 14 % du parenchyme non Cette évaluation est celle de tout patient devant avoir une
embolisé, 3 à 4 semaines après embolisation portale droite. chirurgie abdominale majeure. Celle-ci ne peut être raisonna-
La technique d’embolisation portale peut être réalisée par blement envisagée que lorsque l’état général est conservé.
voie percutanée ou par dissection d’une veine iléale au cours Lorsque l’état général est altéré, il faut tenter de l’améliorer par
d’une courte laparotomie par une incision de Mac Burney ou une nutrition entérale ou parentérale continue. Il faut savoir
lors d’une laparotomie au cours d’une hépatectomie en deux remettre en question le moment de l’hépatectomie, au moins
. temps. dans un premier temps, et laisser à l’hyperalimentation la
La technique d’embolisation portale droite percutanée telle possibilité de corriger suffisamment le tableau clinique pour
que nous la réalisons a été rapportée en détail [4]. permettre au patient d’arriver dans des conditions optimales à
La procédure est conduite au bloc opératoire sous anesthésie la chirurgie hépatique [45].
générale. Une branche de division de la branche gauche de la L’évaluation cardiorespiratoire fait partie du bilan habituel de
veine porte est cathétérisée par voie transhépatique sous l’opéré du foie. L’appréciation de la fonction respiratoire est
contrôle échographique. Le tronc porte est cathétérisé, une importante du fait du retentissement de la paralysie diaphrag-
portographie est effectuée et la branche droite du tronc porte matique droite fréquente après une incision sous-costale droite
est cathétérisée. L’embolisation de la branche portale droite ou avec une traction prolongée sur le diaphragme. Il peut être
de ses branches de division est effectuée avec un mélange indiqué de favoriser la mécanique ventilatoire par quelques
d’Histoacryl® et de Lipiodol® ultrafluide. L’absence de reflux du semaines de kinésithérapie respiratoire. L’évaluation cardiologi-
matériel d’embolisation dans la branche gauche est vérifiée de que est également importante et a pour but d’apprécier les
même que la présence, après embolisation, d’un flux portal possibilités de tolérance cardiaque à une éventuelle exclusion
préférentiel vers la branche gauche. Nous utilisons aussi l’alcool vasculaire ou à un collapsus. Elle doit porter sur l’existence ou
à 99 % comme matériel d’embolisation qui va entraîner une non d’une insuffisance coronarienne car l’incidence d’un
thrombose immédiate par destruction de l’endothélium vascu- infarctus du myocarde est beaucoup plus grande. On doit
laire. Son utilisation présente l’inconvénient de ne pas permet- explorer également la fonction myocardique.
tre la visualisation de la diffusion du produit sous radioscopie. En cas d’ictère par cholestase extrahépatique, l’apport de
La branche à emboliser peut être occluse par un cathéter à vitamine K1 par injection quotidienne sous-cutanée de 20 mg
ballonnet, l’alcool étant injecté en aval du ballonnet pour éviter permet en 2 à 3 jours de corriger un déficit en facteurs de
le reflux de l’alcool en controlatéral. Une fois l’embolisation coagulations.
faite, le cathéter est retiré et son trajet transparenchymateux
occlus par une injection de colle biologique au retrait (Tissu- Anesthésie et réanimation peropératoire
col®). Un traitement anticoagulant est instauré et la fonction
hépatique surveillée par des tests biologiques de routine Anesthésie
pendant 5 jours. Une étude volumétrique hépatique est effec- Les précautions à prendre sont les mêmes que pour toute
tuée avant, puis 3 à 4 semaines après embolisation. La modifi- chirurgie abdominale majeure. Il s’agit d’une anesthésie géné-
cation volumétrique est observée dans plus de 90 % des cas. Elle rale de longue durée. L’installation du patient doit en tenir
peut être utilisée en cas de fibrose sous-jacente mais l’hypertro- compte. Malgré les progrès réalisés dans le contrôle de l’hémor-
phie compensatrice est plus lente à s’installer. ragie, la chirurgie hépatique garde un risque certain d’hémorra-
La technique d’embolisation par cathétérisme de la veine gie abondante. Cela suppose des voies d’abord qui permettent
iléo-caeco-colique se fait par extériorisation de la dernière anse d’infuser de grandes quantités de solutés en un temps bref. Il
iléale après avoir réalisé une incision de Mac Burney. Par faut avoir des appareils de transfusion rapide et des voies
transillumination, on recherche une zone d’arcade veineuse veineuses importantes. Il est aussi important de mettre en place
mésentérique proche de l’intestin, suffisamment grosse (2 à un cathéter artériel, habituellement dans l’artère radiale gauche.
3 mm de diamètre) et au niveau d’une bifurcation afin de Une sonde urinaire est positionnée dans la vessie, et la tempé-
profiter de l’élargissement qu’elle procure. Le péritoine de la rature est monitorée par une sonde thermique disposée dans
face antérieure du mésentère est ouvert sur 1 à 2 cm à ce l’ampoule rectale ou dans l’œsophage.
niveau. La veine est disséquée. La partie proximale est mise sur Le choix des drogues anesthésiques parmi un large éventail
fil. La partie distale est liée et mise en traction à l’aide d’une de possibilités est adapté au mieux à chaque patient par l’équipe
pince. En s’aidant de loupes, la veine est ouverte latéralement anesthésique en évitant les anesthésiques hépatotoxiques
et un cathéter associé à un guide métallique est glissé dans sa (halothane, méthoxyflurane).
lumière. L’avantage d’être proche de la veine iléo-caeco-colique
est que le trajet vers la veine mésentérique supérieure est droit. Transfusions
Le cathéter remonte directement dans celle-ci et peut être Elles comportent des risques incompressibles de transmission
poussé jusque dans la veine porte sous contrôle radioscopique. virale, d’allosensibilisation, et d’immunosuppression du patient,
Le guide métallique permet de remplacer la gaine souple par un ce qui explique que tout soit fait pour ne pas y avoir recours.
introducteur à valve qui facilite le passage du cathéter d’embo- Pour cela, quatre mesures spécifiques sont à la disposition du
lisation. La mise en place de l’introducteur nécessite une chirurgien : l’autotransfusion, et les trois mesures peropératoires
dilatation prudente de la veine, afin d’éviter de la déchirer. Une que sont l’hémodilution normovolémique, les clampages
fois que le guide métallique est en place, la poursuite de vasculaires et la récupération du sang aspiré dans le champ
l’embolisation se fait comme pour les manœuvres précédentes. opératoire.
Lorsque l’embolisation est réalisée, le cathéter et l’introducteur L’autotransfusion consiste à prélever du sang au patient dans
sont retirés. La veine est liée à l’aide du fil d’attente laissé en les semaines qui précèdent l’hépatectomie. Le sang prélevé est
place. Le péritoine mésentérique est refermé par deux ou trois géré et conservé par la banque du sang. Cette technique
points. L’anse intestinale est réintégrée dans la cavité abdomi- suppose un seuil d’hémoglobine minimal (que certains fixent à
nale. La paroi abdominale est refermée plan par plan. 11 g/dl) pour pouvoir être entreprise. Il faut aussi que lorsque
Compte tenu de ces avantages et inconvénients, lorsque nous le patient est vu en consultation, le chirurgien ou l’anesthésiste
avons à réaliser une embolisation portale unilatérale et totale pensent à proposer la procédure au patient et à provoquer la
d’une branche et si la branche portale controlatérale est facile à consultation pour prélèvement auprès du centre de transfusion
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40-761 ¶ Conduite générale des hépatectomies par laparotomie
Contrôle de la température
Il est maintenant bien établi que l’hypothermie doit être
combattue par tous les moyens du fait de ses effets délétères,
notamment sur la crase sanguine et les systèmes de défense Figure 12. Différentes incisions. 1. Cœliotomie sous-costale droite,
immunitaire [46]. Le réchauffement est assuré en routine par éventuellement étendue à gauche de la ligne médiane ; 2. cœliotomie
l’utilisation de couvertures (Warm Air®) et de matelas chauf- médiane sus-ombilicale ; 3. extension verticale avec sternotomie
fants, et éventuellement par le réchauffement des fluides et des partielle.
gaz administrés.
“ À retenir
repéré et sa position matérialisée au feutre. L’ensemble du
champ opératoire est alors recouvert d’un champ collant
isolant.
• Pour le risque d’insuffisance hépatocellulaire La table de l’instrumentiste est située en bas, à hauteur des
postopératoire, ce qui est important c’est le parenchyme genoux du patient. Le chirurgien s’installe à droite, le premier
hépatique qui reste, en qualité et en quantité. assistant en face de lui. Un deuxième, voire un troisième
assistant se disposent respectivement à gauche et à droite du
• On ne peut pas modifier la fonction hépatique.
chirurgien. L’instrumentiste est à gauche, au niveau de sa table.
L’ischémie hépatique doit être limitée au maximum en L’instrumentation nécessaire à une hépatectomie est celle de
raison de son effet sur la fonction hépatique. la chirurgie vasculaire comportant notamment des instruments
• On peut diminuer la quantité de parenchyme résiduel fins et des clamps vasculaires. Il faut disposer d’un clamp
par une diminution de la taille des hépatectomies aortique dont les mors sont gainés par un lacet de jersey pour
(segmentectomies ou hépatectomies atypiques) ou le clampage du pédicule, et de clamps de Satinsky de différentes
par une augmentation du volume du foie restant tailles pour le clampage de la veine cave inférieure, de la veine
(embolisation portale). porte ou des veines hépatiques. Pour les clampages sélectifs
hilaires nous utilisons des clamps de type « bulldog » et de
petits clamps de Heifetz destinés au clampage des branches
artérielles. Les pinces longues de De Bakey sont utiles pour les
■ Installation du malade et voies sections des gros pédicules et des lacs avec tourniquet sont
utiles également pour les clampages vasculaires. Les ligatures
d’abord vasculaires sont faites à la soie 4/0, au Vicryl® 3/0 ou 4/0, au fil
serti vasculaire monofilament non résorbable (Prolène®) et les
Installation ligatures biliaires sont faites au fil résorbable Vicryl® ou PDS®.
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Conduite générale des hépatectomies par laparotomie ¶ 40-761
suprahépatique. L’incision bi-sous-costale avec refend médian L’introduction de l’échographie peropératoire constitue une
procure un jour exceptionnel et permet de réaliser la quasi- des révolutions de la chirurgie hépatobiliaire moderne.
totalité des hépatectomies. Après section des premiers centimè- En apportant la possibilité de voir à l’intérieur de cet organe
tres du ligament suspenseur, les berges de l’incision sont plein, elle est devenue un outil indispensable. Cela peut
protégées par des champs en tissu doublés intérieurement de s’expliquer par la conjonction de plusieurs faits :
caoutchouc anglais qui sont cousus aux berges de l’incision par • la complexité de l’anatomie intrahépatique et la grande
du fil tressé non résorbable (Mersuture®). Pour la rétraction des fréquence des variations anatomiques ;
berges sous-costales nous utilisons des valves sous-costales • la pauvreté des repères anatomiques visibles à la surface du
(Fig. 13). La valve droite est reliée par un lacs épais à un piquet foie ;
de Toupet droit. La hauteur de ce piquet est capitale pour • la nécessité d’adapter au mieux l’hépatectomie à la lésion
l’exposition. De façon à ne pas risquer d’approfondir le champ, traitée.
l’extrémité supérieure du piquet droit se projette à la hauteur du
Bien qu’elle soit discutée en début d’intervention, son
thorax. La valve gauche est, elle aussi, reliée par un lacs à un
utilisation est continue durant celle-ci. L’apport de l’échogra-
piquet de Toupet gauche dont l’extrémité supérieure est posi-
phie peropératoire à la chirurgie hépatique est double : diagnos-
tionnée le plus haut possible par rapport au champ opératoire.
tique et thérapeutique.
Après mise en traction des valves, il est possible de compléter
la partie externe de l’incision droite jusqu’à la limite imposée L’apport diagnostique va de la reconnaissance de l’anatomie
par la proximité de l’accolement de l’angle colique droit. locale au repérage tumoral. Il est possible de repérer la tumeur
Quelques points séparés achèvent de fixer les champs de elle-même (ce qui peut être délicat sans échographie lorsque la
bordure. tumeur se développe sur cirrhose), de repérer d’éventuelles
Une thoraco-phréno-laparotomie est exceptionnellement tumeurs méconnues, et d’affirmer la nature de la tumeur par
utilisée lorsqu’il existe une très volumineuse tumeur du foie droit ponction-biopsie échoguidée avec examen histologique
ou de la partie haute du foie droit qui empêche la mobilisation extemporané.
de celui-ci et l’accès à la veine cave suprahépatique. L’apport thérapeutique est fondamental. Il est possible, grâce
La voie médiane est moins utilisée car elle donne moins aux informations fournies, de modifier la stratégie thérapeuti-
d’accès que la sous-costale droite pour les parties droites, en que envisagée, par exemple du fait de la découverte de nodules
particulier postérieures, du foie. Elle permet en revanche de tumoraux controlatéraux. La technique chirurgicale même peut
réaliser la plupart des interventions simples sur le foie gauche, devoir intégrer l’échographie, par exemple pour les exérèses
si elle remonte haut jusqu’à la xiphoïde. segmentaires menées avec clampage intraportal par ballonnet.
L’échographie est d’une aide indispensable lorsque l’anatomie
est remaniée par une hépatectomie précédente. Elle guide aussi
■ Exploration de la cavité la progression du chirurgien en permettant de situer la tranche
de section par rapport à la lésion.
abdominale
Lorsqu’une intervention est réalisée, le premier temps est Matériel
toujours une exploration soigneuse afin d’achever le bilan de la
maladie hépatique. En recherchant des lésions méconnues et en L’ensemble de l’équipement utilisé pour donner le maximum
analysant leur localisation, elle précise la résécabilité de la (ou d’informations et la meilleure qualité d’image doit être simple,
des) lésion(s) et peut, quelquefois, modifier l’attitude opératoire. pratique et de qualité. On peut le décomposer en trois éléments
Dès l’ouverture du péritoine, on recherche un épanchement distincts, relativement indépendants les uns des autres : l’appa-
péritonéal : ascite, épanchement hémorragique. Il faut en reil lui-même, la sonde, et les équipements annexes de ponc-
préciser le volume et la localisation et un prélèvement est réalisé tion, biopsie, etc.
pour analyse cytologique et bactériologique. En plus de l’ascite, L’appareil doit être en « temps réel » mode B pour avoir une
on recherche des signes d’hypertension portale, globale ou image permanente, mobile avec la respiration et les mouve-
segmentaire (veines de dérivation, varices et signes de conges- ments circulatoires, et se déplaçant avec les faibles mouvements
tion splanchnique) qui peuvent accompagner une cirrhose ou imprimés à la sonde. Le balayage linéaire est préférable au
une thrombose portale. balayage sectoriel : l’image n’est pas déformée et les structures
Il faut rechercher des ganglions suspects et des nodules de se trouvent dans l’axe direct de la sonde, ce qui est une
diffusion péritonéale. L’examen doit être complet : palpation du direction facile à reconnaître en peropératoire. L’appareil à
pédicule hépatique, de la région cœliaque, de la racine du utiliser n’est pas spécifique d’une utilisation peropératoire : il
mésentère, de l’ensemble du péritoine pariétal y compris des s’agit d’un appareil mobile, de faible encombrement, et
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40-761 ¶ Conduite générale des hépatectomies par laparotomie
a b
8
2
7
4 1
3
5 6
c d
Figure 14. Méthode d’exploration échographique du foie. 1 à 8 : Segments du foie selon la classification de Couinaud. a. Étude du pédicule glissonien droit
et de ses ramifications en déplaçant la sonde vers la droite ; b. étude des veines sus-hépatiques en plaçant la sonde à la surface du foie, sur sa face antérieure,
horizontalement, légèrement oblique vers le haut ; c. étude du pédicule glissonien gauche et de ses ramifications en plaçant la sonde sur la face antérieure
du foie vers la gauche et vers le bas ; d. étude du pédicule hépatique par voie transhépatique, verticalement ou horizontalement.
d’emploi simple ; réglage du gain et focalisation sont les deux rencontrées. Il existe une zone mal visible entre la surface de la
seuls éléments de réglage à exiger. L’utilisation d’un Doppler sonde et 0,5 à 1 cm de profondeur du parenchyme hépatique.
couplé est utile. Cette zone peut être explorée en plaçant la sonde à la face
La sonde est l’élément spécifique et son choix est donc inférieure du foie ou en interposant une poche à eau qui décolle
capital. Elle doit être parfaitement étanche, de forme adaptée (la la sonde de 2 à 3 cm. Il est souvent nécessaire de modifier le
sonde en T est la plus adaptée, car elle peut se placer parallèle- réglage de l’appareil afin d’obtenir une bonne image contrastée.
ment aux structures portales et peut facilement être glissée entre L’ensemble des images obtenues peut être enregistré.
le foie et le diaphragme) et de fréquence élevée (5 MHz) pour
obtenir une bonne visualisation. La sonde n’est pas stérilisée. Méthodologie d’exploration
Elle est glissée avec un peu de gel de contact à son extrémité
dans une gaine de plastique stérile. Il est bon d’utiliser toujours la même méthode d’exploration
Des préservatifs utilisés comme poches à eau pour l’explora- afin d’être sûr que celle-ci soit complète (Fig. 14).
tion de la partie superficielle du parenchyme et des aiguilles à Elle débute par la recherche des trois veines hépatiques
ponctions (aiguilles de Menghini automatiques [type Hépafix], d’abord au niveau de leur abouchement dans la veine cave, en
aiguilles de Chiba, aiguilles-gaines téflonées) doivent être plaçant la sonde à la surface antérieure du foie à distance de son
disponibles. bord antérieur, en obliquant le plan de coupe légèrement vers
le haut. En inclinant la sonde à droite ou à gauche de façon à
Comment réaliser une échographie placer le faisceau suivant leur grand axe, on peut suivre ces
veines dans le parenchyme hépatique jusqu’à leurs branches
peropératoire [40] ? d’origine, même lorsqu’elles mesurent 2 à 3 mm de diamètre.
La sonde, connectée à l’appareil et entourée de sa gaine Les trois veines hépatiques divisent le foie en quatre secteurs :
stérile est placée dans le champ opératoire. Il est plus facile, afin le secteur postérolatéral (segments 6 et 7), le secteur antéromé-
de conserver une autonomie suffisante de la sonde en fonction dial (segments 5 et 8), le secteur antérieur (segments 3 et 4) et
de la longueur du fil, de placer l’appareil d’échographie du côté le secteur latéral (segment 2). La veine hépatique médiane
de l’opérateur. La panseuse (non stérile) règle l’appareil, sur les donne la limite entre le foie droit et le foie gauche. Il peut
recommandations du chirurgien. exister une veine hépatique droite inférieure qui s’abouche dans
L’étude est réalisée en plaçant la sonde directement à la la veine cave au-dessous des trois veines hépatiques. Cette veine
surface du foie, sans nécessiter de gel, car l’humidité naturelle est importante à reconnaître car elle peut suffire à drainer les
des organes est suffisante. On exerce une pression douce pour segments 5 et 6, autorisant la conservation de ces deux seg-
obtenir un bon contact, mais elle ne doit pas être trop impor- ments lors d’une bisegmentectomie 7 et 8 avec sacrifice de la
tante pour éviter de collaber les structures vasculaires, en veine hépatique droite supérieure.
particulier les veines hépatiques. La sonde est déplacée douce- L’exploration se poursuit au niveau des pédicules glissoniens,
ment dans différentes directions en effectuant de petits mouve- par des coupes horizontales en plaçant la sonde à la surface
ments de rotation autour de son axe ; elle réalise un balayage antérieure du foie, légèrement plus bas que précédemment, près
en profondeur donnant le volume réel des différentes structures du bord antérieur. Elle débute à gauche, au niveau du récessus
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Conduite générale des hépatectomies par laparotomie ¶ 40-761
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40-761 ¶ Conduite générale des hépatectomies par laparotomie
contenue dans les tissus. Elle est entraînée par des vibrations fuite biliaire, ou d’évacuer les sérosités évitant ainsi leur
de haute fréquence et permet une séparation en fonction de collection dans la loge d’hépatectomie, nous paraissent deux
la teneur en eau des tissus. Le parenchyme hépatique (riche arguments en faveur du drainage.
en eau) est détruit, alors que les gaines glissoniennes, tissus
fibreux riches en fibres collagènes et élastiques, (pauvres en
eau) sont respectées et disséquées. Un aspirateur est associé, ■ Suites opératoires immédiates
entraînant l’évacuation des débris cellulaires et du sang. Alors
que le dissecteur ultrasonique est d’une grande efficacité pour L’opéré est conduit en salle de réveil puis en unité de soins
l’individualisation et la dissection des pédicules portaux, il intensifs pour une période minimale de 12 heures. Un bilan
faut prendre garde avec cet instrument à ne pas disséquer biologique comportant des tests hépatiques (transaminases,
trop au contact les veines hépatiques dont les parois sont bilirubine, gamma-GT, phosphatases alcalines), un bilan de
extrêmement fines et peuvent être ouvertes ; coagulation, un ionogramme sanguin et une numération
• le scalpel harmonique (Ultracision®) combine la dissection formule sanguine est effectué toutes les 12 heures au cours des
ultrasonique et une coagulation par dénaturation des protéines premières 24 à 48 heures.
liée à la chaleur qui entraîne une soudure des petits vaisseaux. La mise en route d’une prophylaxie thromboembolique
D’autres modes de dissection et de section parenchymateuse dépend du risque thrombotique et du retentissement prévu de
ont été rapportés (dissecteur à jet d’eau, TissuLink®, etc). l’hépatectomie sur la fonction hépatocellulaire. Habituellement,
La dissection du parenchyme hépatique est réalisée sur une un bilan d’hémostase est réalisé le soir de l’intervention et,
distance d’environ 1 à 2 cm de part et d’autre de la ligne de selon les résultats, un traitement par héparine de bas poids
section. Les pédicules les plus fins rencontrés en cours de moléculaire est débuté immédiatement ou remis au lendemain.
dissection sont coagulés électivement à la pince bipolaire En l’absence de risque infectieux spécifique (pathologie biliaire
irriguée (pour diminuer l’adhérence des extrémités de la pince avec antécédent d’angiocholite, etc.) il n’y a pas d’indication à
au niveau des tissus et éviter son encrassement) puis sectionnés une antibioprophylaxie systématique.
aux ciseaux fins. Les pédicules plus volumineux et notamment La sonde nasogastrique est enlevée le soir même ou le
les branches d’origine des veines hépatiques sont liés à la soie lendemain de l’intervention et la prévention de la douleur est
4/0. L’hémostase du côté de la pièce est assurée par des clips faite par l’administration de morphine à la seringue électrique,
métalliques. Nous n’utilisons pas de clips métalliques ou à la demande. Un bon contrôle de la douleur postopératoire
résorbables pour faire l’hémostase sur le parenchyme restant. permet la mobilisation précoce du patient.
Dans notre expérience, ces clips s’enlèvent trop facilement de la Une échographie abdominale au quatrième jour recherche la
tranche de section lors de ses manipulations. Pour les pédicules présence d’une collection périhépatique. Lorsqu’une telle
principaux cette ligature est réalisée soit par un surjet aller- collection est retrouvée, il est parfois possible de favoriser son
retour de Prolène® 5-0, soit par des pinces à suture mécanique évacuation par la mobilisation prudente sur place du drain. Il
(EndoGIA). Il est parfois nécessaire de contrôler un point de est cependant habituel d’observer un comblement par du
saignement sur la tranche par une ligature appuyée de soie liquide des zones d’hépatectomie, notamment après résection
4/0 ou de monofilament. Cette ligature doit toujours être segmentaire. De telles collections sont en règle ignorées si le
élective et les gros points transfixiants, source de nécrose patient est asymptomatique et le bilan biologique normal. Dans
secondaire, sont certainement à proscrire. le cas contraire elles sont ponctionnées par voie percutanée et
Lorsque la voie biliaire accessoire est accessible, on peut éventuellement drainées.
rechercher une fuite biliaire sur la tranche de section par une Les drains abdominaux sont mobilisés autour du quatrième
épreuve au bleu de méthylène. Le colorant est injecté dans les jour et retirés au sixième jour postopératoire. En cas d’ascite
voies biliaires soit par ponction directe sur une petite bourse de postopératoire, un des drains est conservé jusqu’au contrôle de
Vicryl® 4/0 de la paroi du fond de la vésicule biliaire, soit par cette ascite. Des prélèvements pour étude bactériologique sont
l’intermédiaire d’une canule transcystique. Le canal cholédoque effectués régulièrement une à deux fois par semaine sur le drain.
est comprimé par un tampon monté et 20 à 40 cm3 de bleu de Il est capital de vérifier le bon fonctionnement du drainage en
méthylène dilués dans du sérum physiologique sont injectés contrôlant le débit quotidien du drain et le poids du patient.
dans les voies biliaires intrahépatiques. D’éventuelles fuites sur L’examen clinique s’attache à rechercher l’installation d’une
la tranche sont ainsi facilement visualisées et obturées élective- ascite. En l’absence de drainage efficace, une ascite postopéra-
ment par des ligatures appuyées de monofilament (Prolène® toire doit être impérativement ponctionnée avant que n’appa-
6-0). Cette recherche n’est pas systématique. raisse un suintement sur l’incision abdominale traduisant un
Avec la technique décrite de transsection parenchymateuse, la début d’évacuation spontanée qui expose au double risque
tranche de section est habituellement sèche et l’hémostase est d’éviscération et d’infection d’ascite.
assurée par compression manuelle douce de la tranche par l’inter- .
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Toute référence à cet article doit porter la mention : Castaing D., Cotta F. Perdigao, Salloum C. Conduite générale des hépatectomies par laparotomie. EMC
(Elsevier Masson SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Appareil digestif, 40-761, 2011.
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7 iconographies supplémentaires
Iconographie supplémentaire 15
Principes de la chirurgie hépatique avec clampage portal par ballonnet (a, b). L'occlusion portale segmentaire obtenue par gonflage
du ballonnet (1) et le clampage artériel sélectif (2) permettent de délimiter la zone segmentaire à réséquer (en grisé).
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Iconographie supplémentaire 16
Principes de l'embolisation portale préopératoire à visée d'hypertrophie controlatérale compensatrice. a. Ponction de la branche
porte gauche sous contrôle échographique pour une embolisation droite. b. Cathétérisme du tronc porte et portographie. c.
® ®
Embolisation à l'aide d'un mélange d'Histoacryl et de Lipiodol des branches portes droites. d. Portographie de contrôle.
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Iconographie supplémentaire 17
e
Installation du malade. a. Installation de la salle d'opération. 1. Séparation zone opératoire/zone anesthésique ; 2. 3 aide ; 3.
e
opérateur ; 4. 2 aide ; 5. échographe ; 6. panseuse circulante ; 7. bistouri électrique et coagulateur à argon ; 8. intubation et
aspiration gastrique ; 9. matelas à eau ; 10. contrôle de température centrale ; 11. contrôle de pression artérielle sanglante ; 12.
er
contrôle de tension artérielle ; 13. 1 aide ; 14. dissecteur ultrasonique ; 15. sonde urinaire ; 16. instrumentiste ; 17. table
d'instruments ; 18. chauffe malade. b. limites du champ opératoire pour une hépatectomie majeure.
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Iconographie supplémentaire 18
Échographie peropératoire (a, b).
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Iconographie supplémentaire 19
Libération du foie. a. Libération du ligament triangulaire gauche. b. Libération du ligament triangulaire droit (flèche).
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Iconographie supplémentaire 20
Modalités de section du parenchyme hépatique. a. Kellyclasie. b. Dissecteur ultrasonique.
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Iconographie supplémentaire 21
Traitement de la tranche d'hépatectomie. a. Coagulation par plasma d'argon. b. Compresses hémostatiques. c. Colle biologique.
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