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Conduite générale des hépatectomies


par laparotomie
D. Castaing, F. Perdigao Cotta, C. Salloum

Il existe trois règles à respecter quand on réalise une hépatectomie : adapter l’exérèse à la lésion et non au
chirurgien, éviter les complications techniques de l’hépatectomie – l’hémorragie, la fuite biliaire et la
nécrose au niveau du parenchyme restant, laisser suffisamment de parenchyme pour éviter l’insuffisance
hépatique postopératoire. Une chirurgie efficace et sûre ne peut être réalisée qu’avec une connaissance
parfaite de l’anatomie chirurgicale. Cette anatomie correspond à une anatomie fonctionnelle vasculaire
hépatique basée sur le concept de la division anatomique vasculaire du foie de Claude Couinaud, Thon
That Tung et Henri Bismuth qui fait éclater le foie en portions indépendantes pouvant être traitées
séparément sans compromettre le fonctionnement du reste du foie. Les hépatectomies typiques sont
celles qui sont réalisées le long des scissures anatomiques. Elles peuvent être majeures, élargies,
superélargies, limitées, segmentaires ou sous-segmentaires selon les segments du foie enlevés. Elles sont
également classées selon le mode de contrôle vasculaire : contrôle vasculaire premier, section
parenchymateuse première ou combinaison des deux. Le contrôle vasculaire peut être pédiculaire,
sélectif, suprahilaire, intrahépatique, ou par exclusion vasculaire. La conduite générale des hépatectomies
comprend en préopératoire une étude précise des lésions et de l’anatomie vasculaire réelle du foie. Cette
étude est réalisée par des examens morphologiques : échographie, scanner, résonance magnétique et
artériographie. Il peut être également nécessaire d’apprécier la réserve fonctionnelle postopératoire du
foie par une volumétrie et une appréciation fonctionnelle (clairance du vert d’indocyanine, scintigraphie).
L’anesthésie et la réanimation peropératoire sont codifiées. Plusieurs voies d’abord sont possibles :
laparotomie sous-costale droite, plus ou moins étendue, laparotomie médiane, incision en J de Makuuchi,
abord cœlioscopique. Le foie doit être libéré afin de faire une exploration complète (manuelle et par
échographie peropératoire). La section parenchymateuse est menée de façon à découvrir les pédicules
vasculobiliaires dans le foie et à les lier électivement. Les hépatectomies anatomiques permettent
d’effectuer l’exérèse d’un ou plusieurs segments sans compromettre la vascularisation (portale et
artérielle) et le drainage (veineux et biliaire) des segments du foie restants. En fin d’intervention, la bonne
ligature des vaisseaux et des voies biliaires est vérifiée au niveau de la tranche. Cet ensemble de règles de
conduite des hépatectomies doit permettre une sécurité et des complications minimales.
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Mots clés : Hépatectomie ; Scissures anatomiques ; Segments ; Clampage

Plan ¶ Installation du malade et voies d’abord 14


Installation 14
¶ Définition des hépatectomies 2 Voies d’abord 14
Classification selon l’anatomie 2 ¶ Exploration de la cavité abdominale 15
Classification selon la technique chirurgicale 2 ¶ Échographie peropératoire 15
Classification selon les modalités de clampage vasculaire 3 Matériel 15
Conclusions 10 Comment réaliser une échographie peropératoire ? 16
¶ Examens préopératoires 10 Méthodologie d’exploration 16
Cas particulier du diagnostic lésionnel incertain : ¶ Libération du foie 17
ponction-biopsie tumorale protégée 10
Appréciation de l’anatomie chirurgicale et de l’extension ¶ Approche antérieure 17
des lésions 11 ¶ Section parenchymateuse 17
Étude de la réserve fonctionnelle hépatique 12 ¶ Drainage 18
Modification des conditions de réalisation de l’hépatectomie 12
¶ Suites opératoires immédiates 18
¶ Évaluation du patient 13
Anesthésie et réanimation peropératoire 13

Techniques chirurgicales - Appareil digestif 1

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40-761 ¶ Conduite générale des hépatectomies par laparotomie

■ Définition des hépatectomies Les hépatectomies qui enlèvent plus de segments qu’une
hépatectomie majeure sont appelées élargies (Fig. 2). Ce sont les
hépatectomies qui enlèvent cinq segments (hépatectomie droite
Classification selon l’anatomie élargie au segment 4 ou au segment 1, hépatectomie gauche
élargie aux segments 5 et 8) ainsi que l’hépatectomie gauche
Hépatectomies typiques et atypiques élargie au segment 1 (quatre segments). Si elles enlèvent six
Les hépatectomies se divisent en trois grands groupes. segments, elles sont dites superélargies : hépatectomie droite
Les hépatectomies anatomiques (ou typiques) définies par élargie aux segments 1 et 4 ou hépatectomie gauche élargie aux
l’exérèse d’une partie du parenchyme hépatique limitée par un segments 1, 5 et 8.
plan de scissure anatomique. Les scissures peuvent être sus- Les autres hépatectomies anatomiques (ou typiques) sont des
hépatiques, entre deux territoires veineux hépatiques, et hépatectomies limitées. Il n’y a pas d’hépatectomie mineure
contiennent les pédicules glissoniens. Elles peuvent être portes, (Fig. 3) :
entre deux secteurs portes, et contiennent alors les veines • exérèse de deux segments : lobectomie gauche, bisegmentec-
hépatiques. La scissure porte sagittale ou médiane contient la tomie 6 et 7 (sectoriectomie postérieure), 5 et 8 (sectoriecto-
veine hépatique médiane. C’est un plan séparant les éléments mie antérieure) ou 4 et 5 qui enlève le lit vésiculaire ;
vasculaires et biliaires des deux pédicules glissoniens principaux • exérèse d’un segment : segmentectomie qui est nommée
droit et gauche, c’est-à-dire le plan de séparation entre le foie d’après le segment enlevé ;
droit et gauche et de passage des hépatectomies droite et • exérèse sous-segmentaire. Les plus courantes sont la sous-
gauche. Ce plan passe par le milieu du lit vésiculaire, le bord segmentectomie 4 antérieure, correspondant au lobe carré et
gauche de la veine cave inférieure suprahépatique et le bord la sous-segmentectomie 8 qui peut être antérieure, moyenne
droit du hile. La scissure porte droite contient la veine hépati- ou postérieure en raison du volume important du seg-
que droite. Elle divise le foie droit en deux secteurs, antérieur ment 8 et de la distribution des pédicules sous-segmentaires
et postérieur. Difficilement repérable sur la surface du foie, ce qui a été décrite pour ce segment.
plan passe par une ligne parallèle au bord latéral du foie, le long
de l’insertion du ligament triangulaire et le bord droit du hile. Comparaison avec la dénomination anglo-saxonne
[3, 4]
La scissure porte gauche contient la veine hépatique gauche et (Fig. 4)
sépare le foie gauche en deux secteurs, antérieur et postérieur.
La terminologie anglo-saxonne (dérivée de Goldsmith et
Le secteur antérieur est constitué de la partie du lobe droit à
Woodburn) [5] prête à confusion et est source d’imprécision. Il
gauche de la veine hépatique médiane et de la partie antérieure
semble beaucoup plus simple d’unifier ces termes en fonction
et droite du lobe gauche. Cette scissure porte gauche est
de l’anatomie segmentaire de Couinaud [2]. Ainsi, right lobectomy
distincte de la fissure ombilicale où chemine la branche porte
et left lobectomy correspondent à une hépatectomie droite ou
gauche et qui est une partie de la scissure sus-hépatique gauche.
gauche. Il faut continuer à réserver les appellations de lobecto-
On parle donc d’hépatectomie (sous-entendu hémihépatecto-
mie droite et gauche à l’ablation des véritables lobes anatomi-
mie) droite ou gauche, de sectoriectomie et de segmentectomie.
ques du foie. La dénomination de lobectomie gauche, ablation
Les hépatectomies non anatomiques (ou atypiques) consistant
du lobe à gauche du ligament suspenseur, est préférable au
en l’exérèse d’une portion de parenchyme hépatique ne corres-
terme de left lateral sectoriectomy, du reste faux sur le plan
pondant pas à une partie anatomique du foie et par conséquent
anatomique puisque le vrai segment latéral gauche correspond
dont le plan de section ne passe pas par une scissure anatomique.
au seul segment 2. La trisegmentectomy (right et left dans la
Les tumorectomies qui enlèvent seulement la tumeur sans
dénomination de Starzl) [6] correspond à une hépatectomie
réséquer de parenchyme hépatique et qui ne sont pas à propre-
élargie ou superélargie. La segmentectomy est, en fait, une
ment parler des hépatectomies : ce sont des exérèses qui
sectoriectomie ou une bisegmentectomie et la subsegmentectomy
enlèvent un tissu tumoral qui a remplacé du parenchyme
correspond à une segmentectomie.
hépatique sans toucher au parenchyme fonctionnel hépatique.
Le terme d’hépatectomie réglée prête à confusion : il a été
réservé aux hépatectomies avec contrôle vasculaire premier et
Classification selon la technique chirurgicale
opposé aux hépatectomies avec contrôle intraparenchymateux Il existe plusieurs possibilités techniques de réalisation des
des pédicules. Les hépatectomies typiques ou anatomiques hépatectomies typiques.
peuvent donc être « réglées » ou non. Le contrôle vasculaire
avant toute section parenchymateuse est d’ailleurs actuellement Hépatectomie avec section vasculaire première
rarement complet, à l’inverse de la description technique (Fig. 5A)
originale de Lortat-Jacob et al. [1]. Il paraît plus juste de parler Les éléments vasculaires portaux et sus-hépatiques sont liés et
d’hépatectomie typique avec contrôle vasculaire premier, en sectionnés avant toute section parenchymateuse. Cette techni-
précisant « portal isolé » ou « portal et sus-hépatique » ou que a été décrite pour la première fois en 1952 par Lortat-Jacob
« portal, sus-hépatique et cave inférieur ». et al. [1] pour la réalisation d’une hépatectomie droite élargie au
lobe carré. L’hépatectomie débute avec la ligature et la section
Dénomination des hépatectomies [2] du pédicule portal droit (veine porte, artère et canal biliaire) au
Les hépatectomies anatomiques (ou typiques) peuvent être niveau du hile, se poursuit avec la ligature et la section de la
nommées en fonction du nombre de segments hépatiques veine hépatique droite et se termine avec la transsection
contigus qu’elles enlèvent. Toutefois, l’habitude a consacré trois parenchymateuse. La dissection dans son trajet extraparenchy-
termes : mateux de la veine hépatique droite est une manœuvre parfois
• l’hépatectomie droite qui enlève les segments 5, 6, 7 et 8, difficile. Elle comporte deux risques majeurs en cas de déchirure
c’est-à-dire l’hémifoie droit et qui est différente de la lobec- de la veine lors de la dissection : l’hémorragie et l’embolie
tomie droite ; gazeuse. Pour ces raisons, dans la technique originale de Lortat-
• l’hépatectomie gauche enlevant les segments 2, 3 et 4 qui Jacob et al., il était suggéré de faire précéder la dissection de la
correspond à l’hémifoie gauche ; veine hépatique par un contrôle de la veine cave inférieure
• la lobectomie gauche qui correspond à une dénomination supra- et infrahépatique.
morphologique : elle enlève le lobe gauche c’est-à-dire les Cette technique comporte deux avantages : le contrôle
segments 2 et 3. vasculaire premier permet de voir apparaître la limite de section
Ainsi, on appelle hépatectomie majeure toute hépatectomie entre territoire sain et ischémique et de réduire l’hémorragie lors
enlevant trois ou quatre segments, telle l’hépatectomie droite de la section parenchymateuse.
(quatre segments) et l’hépatectomie gauche (trois segments). Les Elle a cependant des inconvénients : d’une part le risque de
trisegmentectomies, en particulier la plus courante 4, 5 et 6 et traumatisme de la veine hépatique pouvant engager le pronostic
la trisegmentectomie centrale 4, 5, et 8 ou 1, 4 et 5 sont vital de façon brutale, et d’autre part, la possibilité de dévascu-
assimilées aux hépatectomies majeures (Fig. 1). lariser une partie de foie à conserver en cas de variation

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1 2 3 4 B
Figure 1. Hépatectomies majeures comportant l’exérèse d’au moins trois segments hépatiques.
A. 4 segments - hépatectomie droite (segments 5, 6, 7 et 8).
B. 3 segments. 1. Hépatectomie gauche (segments 2, 3 et 4) ; 2. trisegmentectomie 4, 5 et 6 ; 3. trisegmentectomie 4, 5 et 8 ; 4. trisegmentectomie 1,
4 et 5.

anatomique. Dans l’hépatectomie droite, la ligature du pédicule des éléments artériel et portal qui sont clampés mais non liés,
droit en situation extrahépatique fait courir un risque de sans toucher au canal biliaire. La veine hépatique droite peut
ligature de la convergence biliaire qui est en face de l’origine de être contrôlée si son abord extrahépatique est aisé, mais ceci
la branche porte droite. n’est pas indispensable. Elle n’est, en tous cas, pas liée. Puis le
parenchyme hépatique est sectionné selon le plan scissural et
Hépatectomie par section parenchymateuse les éléments du pédicule portal sont abordés par voie transpa-
première (Fig. 5B) renchymateuse, dans le foie, et liés à ce niveau, donc au-dessus
Le principe de cette technique décrite initialement par Tung des clamps. C’est à la fin de la section parenchymateuse que la
et Quang [7] est de débuter l’hépatectomie en incisant le veine hépatique est liée elle aussi à l’intérieur du foie.
parenchyme le long d’une projection scissurale. Les éléments Cette technique a l’avantage de faire précéder la section
glissoniens sont découverts et liés par une approche transparen- parenchymateuse par un contrôle vasculaire artérioportal
chymateuse. De même, la section de la veine hépatique est (comme dans la technique de Lortat-Jacob) et de lier les
effectuée à la fin de l’hépatectomie dans la tranche de section vaisseaux dans le parenchyme hépatique, à l’abri des anomalies
parenchymateuse. anatomiques (comme dans la technique de Tung).
Cette technique a deux avantages : elle permet une ablation
à la demande du parenchyme hépatique adaptée à la localisa-
tion de la lésion, et elle met à l’abri d’éventuelles variations
Classification selon les modalités
anatomiques pour les ligatures vasculaires dans la mesure où les de clampage vasculaire
vaisseaux sont abordés au-dessus du hile. Le contrôle vasculaire fait partie des premiers gestes des
Elle comporte aussi deux inconvénients : son caractère hépatectomies après l’exploration de la cavité abdominale et de
extrêmement hémorragique du fait de l’absence de contrôle l’échographie peropératoire (Tableau 1) [18, 19]. L’hémorragie
vasculaire, qui ne peut être limité que par une procédure très peropératoire est un facteur pronostique essentiel de la morbi-
rapide et/ou par le recours à un clampage du pédicule hépati- dité et de la mortalité après chirurgie hépatique. De nombreuses
que, soit durant la totalité de la procédure, soit de façon techniques d’occlusion vasculaire ont été mises au point pour la
intermittente. diminuer (Fig. 6). Quelques paramètres doivent être considérés
d’emblée lorsque l’on traite de l’interruption de la vascularisa-
Combinaison des deux méthodes (Fig. 5C) [8] tion hépatique :
Cette technique d’hépatectomie, décrite par Bismuth [8] , • les vaisseaux sur lesquels le (ou les) clampage(s) est (sont)
associe les deux techniques précédentes dont elle combine les appliqué(s) : pédicules glissoniens, veines hépatiques ou veine
avantages sans en avoir les inconvénients. Son principe est de cave ;
commencer par un temps de dissection hilaire pour le contrôle • le caractère sélectif ou non du clampage ;

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1 2 3 A

1 2 3 B
Figure 2.
A. Hépatectomies élargies comportant l’exérèse de 5 segments : droite élargie au segment 4 (1) ou au segment 1 (2). Ou 4 segments : gauche élargie au
segment 1 (3).
B. Hépatectomies superélargies comportant l’exérèse de 6 segments : droite élargie aux segments 4 et 1 (1), gauche élargie aux segments 8, 5 et 1 (2). Ou
5 segments : gauche élargie aux segments 8 et 5 (3).

• la durée du clampage et son caractère continu ou intermit-


tent ;
• la qualité du parenchyme hépatique sur lequel va porter
l’hépatectomie et la quantité de foie laissée en place après la
“ Points essentiels
résection ;
• les éventuelles mesures associées, que ce soit pour favoriser la • Le recours à un type de clampage ne doit pas être
tolérance du parenchyme à l’ischémie (refroidissement, systématique mais imposé par un certain nombre de
liquide de conservation) ou pour limiter les conséquences facteurs.
d’amont sur les vaisseaux (circulation extracorporelle ou • Dans la mesure où cela est techniquement possible, il
dérivation). faut éviter de soumettre le parenchyme hépatique qui va
Ainsi, une grande variété de choix dans la stratégie de être conservé à une ischémie : le clampage doit être le plus
contrôle vasculaire est mise à la disposition du chirurgien : sélectif possible.
• les clampages de l’apport veineux et artériel hépatique avec • Globalement, le foie tolère mieux l’hémorragie que
le clampage de la totalité du pédicule hépatique et les
l’ischémie.
clampages sélectifs qui ne portent que sur un pédicule
glissonien déterminé : hémifoie, secteur ou segment. En
fonction de la zone anatomique de leur application, on les
nomme hilaires, suprahilaires ou intraparenchymateux ;
• l’exclusion vasculaire du foie (EVF) où, associé au clampage vasculaire gainé ou par un lacs serré dans une tirette. Il nécessite
de l’apport veineux porte et artériel, on bloque le drainage l’ouverture du petit épiploon. L’absence de toute dissection à la
sanguin par les veines hépatiques. Cela peut se faire en partie basse du pédicule permet d’appliquer le clamp ou la
clampant ou non la veine cave inférieure rétrohépatique. tirette sur des tissus celluloadipeux qui protègent ainsi les parois
vasculaires et biliaires des lésions traumatiques d’un clampage
Clampage du pédicule hépatique direct. Dans le même esprit, lorsqu’on utilise un clamp il vaut
Il s’agit de la classique manœuvre de Pringle, proposée par cet mieux, si possible, l’appliquer de gauche à droite plutôt que de
auteur en 1908 pour contrôler les hémorragies d’origine droite à gauche de façon à ce que la pression maximale soit
artérioportale dans le cadre des traumatismes hépatiques [20]. appliquée sur l’artère et non sur la voie biliaire (Fig. 7). Il faut
penser, lors de l’utilisation du clampage pédiculaire, à recher-
Technique cher et à clamper une éventuelle artère hépatique gauche dans
Le clampage du pédicule hépatique est réalisé par la prise en le petit épiploon, qui pourrait être responsable d’une inefficacité
masse de la totalité de la triade pédiculaire par un clamp apparente du clampage pédiculaire.

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1 2 3 4 A

1 2 3 B
Figure 3.
A. Hépatectomie limitée comportant l’exérèse de deux segments hépatiques.
Lobectomie gauche (1), bisegmentectomie 6 et 7 (2), bisegmentectomie 5 et 8
(3), bisegmentectomie 4 et 5 ; en fait, souvent seule la partie antérieure du 4 est
enlevée (4).
B. Hépatectomie limitée comportant l’exérèse d’un segment hépatique. Seg-
mentectomie 5 (1), segmentectomie 6 (2), segmentectomie 4 (3).
C. Hépatectomie limitée comportant l’exérèse d’un sous-segment hépatique.
Sous-segmentectomie 4 antérieure (1), sous-segmentectomie 8 antérieure (2).

1 2 C

Le clampage du pédicule hépatique peut être appliqué de manière paradoxale, ces diminutions sont associées à une
façon continue ou intermittente. Dans le premier cas, le clamp augmentation de 10 % de la pression artérielle. Cela est
est appliqué du début à la fin de la transsection parenchyma- probablement lié à un réflexe péritonéal et à une activation du
teuse, alors que dans la méthode intermittente, des périodes de système nerveux sympathique. L’infiltration de la base du
clampage de 10 minutes (pour les foies cirrhotiques) et pédicule hépatique avec de la lidocaïne diminue cet effet et doit
15 minutes (pour les foies non cirrhotiques) sont entrecoupées être réalisée à chaque fois que le patient a une hypertension
par des périodes de déclampage de 5 minutes. Le caractère artérielle mal contrôlée [21].
intermittent du clampage se justifie par la volonté de protéger
le parenchyme hépatique des conséquences d’une ischémie et Durée maximale d’ischémie tolérée
d’une stase splanchnique prolongées. Pendant le déclampage,
Sur foie non cirrhotique, des clampages pédiculaires continus
l’hépatectomie s’interrompt généralement, et la tranche de
section est comprimée de façon à assurer l’hémostase. de plus de 1 heure ont été rapportés [9, 10]. Mais en pratique,
nous préférons éviter des clampages continus si nous estimons
Conséquences que la durée de la transsection parenchymateuse va être
Le clampage du pédicule hépatique entraîne une diminution supérieure à 30 minutes. La durée cumulée d’un clampage
du retour sanguin vers le cœur, avec comme conséquence une pédiculaire, réalisé de façon intermittente, peut aller jusqu’à
chute de 5 % de la pression dans l’artère pulmonaire, de 10 % plus de 300 minutes sur foie sain [11] et 200 minutes sur foie
de l’index cardiaque et de 40 % des résistances systémiques. De cirrhotique [12, 13].

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Clampage sélectif par abord hilaire


1 2 ou suprahilaire
Technique
Seuls les éléments veineux et artériels hépatiques de la partie
droite ou gauche ou d’un secteur ou d’un segment du foie sont
clampés. Le clampage limité à la vascularisation destinée au
parenchyme qui va être réséqué préserve le parenchyme restant
3 de toute ischémie.
Ce clampage peut se faire par un abord hilaire (à l’intérieur
de la gaine glissonienne pédiculaire) ou par un abord suprahi-
laire (dans le parenchyme hépatique, autour de la gaine
4 glissonienne pédiculaire).
Dans l’abord hilaire, les branches porte et artérielle corres-
pondantes sont disséquées dans le pédicule hépatique, au
niveau du hile lors de leur bifurcation extraparenchymateuse
5 6 (Fig. 8). La voie biliaire n’est pas disséquée.
Dans l’abord suprahilaire [22], la plaque hilaire est abaissée et
l’on pénètre superficiellement dans le parenchyme hépatique,
7 au-dessus et au-dessous du pédicule glissonien en restant à son
Figure 4. Correspondance entre les classifications anatomiques de contact. On peut ainsi faire le tour du pédicule droit ou de ses
Couinaud [3] et de Goldsmith et Woodburn [4]. 1. Hépatectomie droite branches sectorielles antérieure ou postérieure en remontant un
élargie (lobectomie droite) – right extensed lobectomy (right trisegmentec- peu dans le parenchyme hépatique [23]. Cet abord peut se faire
tomy) ; 2. lobectomie gauche (left lateral lobectomy) ; 3. bisegmentecto- également par une approche postérieure [24]. Le pédicule isolé
mie 7-6 sectoriectomie postérolatérale (posterior segmentectomy) ; 4. seg- est clampé en masse.
mentectomie (subsegmentectomy) ; 5. hépatectomie droite (right lobec- Le clampage entraîne une dévascularisation parenchymateuse
tomy) ; 6. hépatectomie gauche (left hepatectomy) ; 7. hépatectomie dont les limites sont généralement bien marquées à la surface
gauche élargie (left extensed lobectomy – left trisegmentectomy). du foie. Il faut alors savoir très discrètement décaler la tranche
de section en parenchyme dévascularisé.
Durée maximale d’ischémie tolérée
Indications Elle est indéfinie puisque l’on clampe du parenchyme hépa-
tique qui va être enlevé. Le parenchyme hépatique laissé reste
Le clampage du pédicule hépatique permet de réduire signi-
vascularisé durant toute l’intervention.
ficativement l’hémorragie d’origine artérielle et portale lors de
la section parenchymateuse, en particulier sur cirrhose ou Indications
hépatopathie chronique. Il peut être utilisé lorsque le clampage Ce type de clampage est utilisé lorsque les lésions sont
sélectif n’est pas possible techniquement du fait des caractéris- unilatérales, surtout s’il y a une indication d’hépatectomie
tiques de la lésion (localisation, rapports anatomiques, etc.). droite ou gauche. Il est possible de combiner un clampage droit
Actuellement, il est utilisé préférentiellement car la plupart des et un clampage gauche pour les lésions à cheval sur les deux
hépatectomies sont réalisées pour des métastases hépatiques de lobes. Un clampage suprahilaire d’une branche sectorielle se
cancer du côlon ou du rectum où le risque de récidive est révèle plus adapté pour les exérèses droites lorsqu’on réalise une
important. La possibilité d’avoir une indication d’une réhépa- sectoriectomie antérieure (bisegmentectomie 5-8) ou postérieure
tectomie (souvent difficile) doit être intégrée dans l’indication (bisegmentectomie 6-7). Il présente l’inconvénient de nécessiter
initiale et l’on cherche ainsi à limiter au maximum la dissection une dissection au niveau du pédicule hépatique et de rendre
pédiculaire. plus difficile une réintervention.
À noter que dans ce type de clampage il n’y a pas de contrôle Là encore, il n’y a pas de contrôle des veines hépatiques et
des veines hépatiques et, donc, persiste un risque d’hémorragie s’il existe un risque au niveau de celles-ci ou de la veine cave,
à ce niveau. il vaut mieux envisager une exclusion vasculaire.

1
2 1 1

3 2 2

3 3
4
4

1
B C
A
Figure 5. Représentation schématique des différentes techniques d’hépatectomies au cours d’une hépatectomie droite.
A. Hépatectomie avec ligature vasculaire première (Lortat-Jacob et al. [1]). 1. Contrôle de la veine cave inférieure supra- et sous-hépatique ; 2. section
extraparenchymateuse de la veine sus-hépatique droite ; 3. section parenchymateuse ; 4. section extraparenchymateuse du pédicule droit.
B. Hépatectomie avec section parenchymateuse première (Tung et Quang [7]). 1. Section intraparenchymateuse de la veine sus-hépatique droite. 2. section
parenchymateuse ; 3. ligature intraparenchymateuse du pédicule droit.
C. Hépatectomie avec clampage pédiculaire sectoriel premier et ligature vasculaire retardée (Bismuth [8]). 1. Section intraparenchymateuse de la veine
sus-hépatique droite ; 2. section parenchymateuse ; 3. ligature intraparenchymateuse du pédicule droit ; 4. contrôle extraparenchymateux du pédicule droit.

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Tableau 1.
Les différents modes de clampage au cours des hépatectomies dans la littérature.
Type de clampage Durée maximale rapportée Points particuliers
Pédiculaire Foie sain Associer le clampage d’une éventuelle artère hépatique gauche
clampage continu : 60 min [9, 10]

clampage intermittent : (20 min et 5 min de déclampage)


jusqu’à 300 min [11]
Foie cirrhotique
clampage continu : à éviter
clampage intermittent : (10 min et 5 min de déclampage)
jusqu’à 200 min [12, 13]

Sélectif Non limitée(a) Différents niveaux de mise en œuvre :


- hémihépatique : hilaire
- sectoriel : hilaire ou suprahilaire
- segmentaire : intraparenchymateux

EVF Foie sain : de 60 à 90 min [9] Indications fonction des caractéristiques tumorales
Foie cirrhotique : de 30 à 60 min(b) [14] Possibilité de CEC si mauvaise tolérance hémodynamique
Non utilisée par les auteurs dans les cirrhoses

EVF avec perfusion In situ : de 90 à 120 min [15] Indications fonction des caractéristiques tumorales
réfrigérée Ex situ in vivo : 3 à 5 heures [16] CEC obligatoire pour la chirurgie ex situ in vivo et ex vivo
Ex vivo : 9 heures d’anhépatie [17] Techniques contre-indiquées sur cirrhose
Indications à évaluer sur stéatose, hépatopathies chroniques
et foie de chimiothérapie
EVF : exclusion vasculaire du foie ; CEC : circulation extracorporelle. (a) À l’exception des clampages sectoriels pour l’exérèse d’un seul segment du secteur clampé. Dans ce cas
l’hépatectomie laisse en place un segment soumis à une période d’ischémie dont les limites de durée sont théoriquement les mêmes que celles du clampage pédiculaire.
(b)
L’expérience récemment rapportée utilisait une CEC.

2
a
1
4
3
5
b
e Figure 7. Clampage total du pédicule hépatique ou manœuvre de
c
d Pringle.
e

Figure 6. Différentes modalités de clampage de la circulation artério-


portale et cave. 1 à 8 : Segments du foie selon la classification de
Couinaud. a. Clampage intrahépatique ; b. clampage suprahilaire ;
c. clampage sélectif ; d. clampage pédiculaire ou manœuvre de Pringle ;
e. exclusion vasculaire totale.

Clampage intraparenchymateux par ballonnet


intraportal
Technique [25]
La branche porte correspondant au segment à réséquer est
repérée sous échographie. Elle est ponctionnée à l’aide d’une Figure 8. Clampage sélectif artériel et portal d’un hémifoie (ici, à
aiguille fine de type Chiba de 22 Gauge sous contrôle échogra- droite).
phique. L’aspiration directe de sang contrôle la bonne position
de l’aiguille. Un guide métallique souple est introduit par
l’intermédiaire de l’aiguille dans la lumière vasculaire. Une fois
que le guide est en place, l’aiguille est retirée et remplacée par introducteur, un ballonnet d’occlusion est positionné à l’extré-
un introducteur à valve (pour éviter le reflux sanguin). Par cet mité de celui-ci. Le péritoine pédiculaire antérieur du pédicule

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Figure 9. Disposition des clamps au cours d’une exclusion vasculaire du foie.


A. Exclusion vasculaire totale.
B. Exclusion vasculaire totale du foie sans clampage cave.
C. Exclusion vasculaire totale avec circulation veineuse extracorporelle porto-cavo-jugulaire en cas d’intolérance hémodynamique.

hépatique est ouvert et la branche de division (extraparenchy- Technique


mateuse) de l’artère hépatique destinée à la portion de foie où
La réalisation d’une exclusion vasculaire totale du foie ne doit
.
se trouve la lésion est mise sur lacs et clampée. La branche porte
pas être un geste imprévu, démarré en catastrophe au cours
est occluse par gonflage du ballonnet, qui est positionné
précisément, avec 1 ml de sérum physiologique. d’une hépatectomie : l’analyse des documents préopératoires
Le ballonnet est facilement repérable sous échographie car le doit permettre d’évoquer cette possibilité technique. Il faut que
sérum contient des microbulles d’air hyperéchogènes. Du bleu la préparation anesthésique en tienne compte (nécessité de mise
de méthylène est injecté dans le territoire à réséquer par un en place d’une sonde de Swann-Ganz avec, si possible mesure
orifice du cathéter disposé en aval du ballonnet, dans le de la SvO) [30], afin de bien évaluer le retentissement hémody-
territoire exclu. Les limites du territoire apparaissent bien à la namique lors du clampage. Il faut que les sites d’accès vasculai-
surface du foie et sont marquées au bistouri électrique sur la res (veine jugulaire, veine axillaire et veine fémorale) aient été
capsule de Glisson. La section est faite à la limite « du bleu et laissés dans le champ opératoire, au cas où il serait nécessaire
du rouge », c’est-à-dire en zone de dévascularisation. de mettre en route une circulation veineuse extracorporelle,
fémoro-porto-jugulaire ou fémoro-porto-axillaire si la tolérance
Durée maximale d’ischémie tolérée hémodynamique est mauvaise. Enfin, la libération même du
Elle n’est pas limitée. Seul le territoire enlevé a une ischémie foie, indispensable pour une exclusion complète, prend environ
porte et artérielle. Toutefois, souvent le clampage artériel 30 minutes et doit, donc, être préparée avant le début de
concerne un territoire plus important et il convient d’être l’hépatectomie (Fig. 9).
prudent s’il existe une cirrhose et une hypertension portale. Exclusion vasculaire totale avec clampage de la veine
cave. On passe un lacs autour du pédicule hépatique sans
Indications dissection préalable des différents éléments. Le foie doit être
Les techniques de clampage sélectif segmentaire intraportal mobilisé en totalité par une section du ligament falciforme et
par ballonnet ont été développées dans le cadre de la chirurgie des deux ligaments triangulaires droit et gauche. La section des
du carcinome hépatocellulaire chez le cirrhotique grâce aux ligaments coronaire et triangulaire droits conduit au bord droit
progrès de l’échographie peropératoire [26]. Dans notre expé- de la veine cave. Le péritoine en avant de la veine cave est
rience, le clampage sélectif intraportal par ballonnet a pu être ouvert et, par là, le plan de clivage latéral puis postérieur de la
utilisé dans plus de 90 % des cas où il était tenté. Il a permis veine cave inférieure rétrohépatique. Cette dissection est,
des résections hépatiques segmentaires ou sous-segmentaires généralement, facile, les adhérences avec la veine cave sont très
avec une bonne préservation du parenchyme hépatique lâches. En basculant le foie vers la droite et en soulevant le
restant [27]. segment 1 (lobe de Spiegel), il est possible d’aborder le bord
gauche de la veine cave rétrohépatique et d’ouvrir le péritoine
Exclusion vasculaire du foie à ce niveau. En basculant le foie vers la gauche, la face posté-
La technique initialement décrite par Heaney en 1966 [28] a rieure de la veine cave est disséquée, en prenant garde de ne pas
été popularisée par les travaux de Huguet et al. à partir de s’engager entre veine cave et lobe de Spiegel. Afin d’éviter une
1975 [29]. Elle peut se faire sans clampage cave, par un contrôle exclusion incomplète, il faut découvrir la veine surrénale droite
des trois veines hépatiques. Elle a comme avantages majeurs de au bord droit de la veine cave qui doit être soit prise dans le
minimiser le risque hémorragique, notamment par blessure cave clamp inférieur (si son abouchement est bas), soit liée et
ou de veine hépatique, et d’autre part de supprimer le risque sectionnée. La découverte de cette veine est facilitée par la
d’embolie gazeuse en cas d’effraction veineuse hépatique. mobilisation et la séparation première du pôle supérieur de la
L’exclusion vasculaire totale du foie avec clampage cave a surrénale du bord droit de la veine cave inférieure. Le tour de
comme inconvénient de nécessiter une occlusion vasculaire la veine cave inférieure suprahépatique est fait de gauche à
continue et ne permet donc pas de réaliser des clampages droite par une dissection prudente qui effondre le feutrage
intermittents. rétrocave.

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Conduite générale des hépatectomies par laparotomie ¶ 40-761

Il est nécessaire de tester la tolérance hémodynamique du Durée maximale d’ischémie tolérée


triple clampage. En effet, ce clampage entraîne une chute du Par définition, l’exclusion vasculaire du foie avec clampage de
débit cardiaque de 40 % à 50 % et une augmentation des la veine cave est réalisée de manière continue. En l’absence de
résistances vasculaires périphériques de 80 % pour maintenir clampage total de la veine cave, des clampages intermittents
une tension artérielle satisfaisante [30]. Ces modifications sont peuvent être réalisés.
très variables d’un patient à l’autre et dépendent du volume Sur foie non cirrhotique, des durées moyennes d’ischémie
sanguin circulant (nécessité de réaliser cette épreuve chez un d’environ 45 minutes pouvant dépasser 90 minutes [9] ont été
patient correctement rempli), de la fonction myocardique rapportées. Il est raisonnable d’éviter de dépasser 60 minutes.
(éliminer toute dépression intercurrente par arrêt des halogénés Elias et al. [33] ont associé un clampage pédiculaire intermittent
éventuellement utilisés), de la possibilité d’ouverture d’une à un clampage intermittent des veines hépatiques préservant le
circulation veineuse collatérale cavocave et de l’existence flux cave rétrohépatique et permettant des durées totales de
clampage intermittent pouvant aller jusqu’à 140 minutes.
d’anastomoses portocaves spontanées. Lors de l’épreuve de
Sur foie cirrhotique, l’utilisation de l’exclusion vasculaire est
clampage, les critères de tolérance se basent sur la chute de la
plus limitée en raison du risque d’ischémie prolongée sur foie
tension artérielle, du débit cardiaque et de la SvO 2 . Cette
pathologique et de thrombose portale qui peut être favorisé par
épreuve doit durer au moins 5 minutes sans remplissage la conjonction du bloc intrahépatique et des perturbations du
complémentaire ou amine vasopressive. On considère que les flux portal. Des durées moyennes d’exclusion vasculaire totale
conséquences ne sont pas tolérables si la tension artérielle chute de 30 minutes pouvant culminer à un peu plus de 1 heure ont
de plus de 30 % et le débit cardiaque de plus de 50 %. été rapportées [14] mais il nous paraît dangereux de soumettre
La mauvaise tolérance est rare (5 % à 10 % des patients) [31] un foie cirrhotique à une ischémie prolongée.
et doit, soit faire renoncer à la réalisation de l’exclusion
vasculaire, soit faire mettre en route une circulation extracorpo- Indications
relle veinoveineuse. En fait, à chaque fois qu’il existe un risque d’ouverture des
Circulation extracorporelle. Il s’agit de l’utilisation, durant la gros vaisseaux intrahépatiques et, en particulier, des veines
chirurgie hépatique, d’un appareil de circulation extracorporelle, hépatiques près de leur terminaison ou de la veine cave infé-
rieure, on doit discuter l’indication d’une exclusion vasculaire
sans héparine, utilisé en transplantation hépatique [32]. La mise
totale du foie.
en place de la canule cave inférieure se fait soit directement
L’exclusion vasculaire sans clampage cave peut être utilisée à
dans la veine cave sous-hépatique, l’étanchéité étant assurée par
chaque fois qu’il est possible de manière raisonnable de
une bourse, soit dans la veine fémorale droite par abord contrôler les veines hépatiques (ce qui exclut les lésions situées
chirurgical ou par ponction percutanée. Le corps de pompe est contre le carrefour cavo-sus-hépatique). Elle peut être sélective
soit une pompe centrifuge (Medtronic® Bio-Medicus® (ce qui a l’avantage d’éviter l’ischémie du foie controlatéral) et
BP-50 K852807) soit une pompe à galet non occlusive (RP06®). faite de manière intermittente avec les mêmes précautions que
La réinjection se fait soit dans la veine jugulaire interne gauche pour la manœuvre de Pringle.
soit dans la veine axillaire gauche (par abord chirurgical ou par
ponction percutanée). Il est intéressant de dériver aussi le sang Exclusion vasculaire du foie avec perfusion
splanchnique pour éviter une congestion veineuse mésentérique réfrigérée (Fig. 10)
par canulation de la veine mésentérique inférieure qui sera mise L’idée d’associer à l’exclusion vasculaire totale une perfusion
dans le circuit de circulation extracorporelle. de liquide réfrigéré à 4 °C, afin de favoriser la tolérance à
Clampage. Il s’effectue dans l’ordre suivant : pédicule hépati- l’ischémie, a été avancée au début des années 1970 par Fortner
que, veine cave inférieure sous-hépatique puis suprahépatique. et al. [34]. Le développement de la transplantation hépatique et
Le clampage cave sous-hépatique doit se faire au-dessus de des liquides de préservation d’organe a permis de réintroduire
l’abouchement des veines rénales. Dans quelques cas favorables ce concept dans les techniques d’hépatectomie. Dans des
(petit lobe de Spiegel, en particulier), il est possible de clamper circonstances exceptionnelles, lorsque des durées d’ischémie
longitudinalement la veine cave et de conserver ainsi un flux prolongées apparaissent nécessaires, ou lorsque des reconstruc-
cave. tions vasculaires sont imposées par la tumeur, il a été proposé
d’utiliser l’exclusion vasculaire du foie en combinaison avec une
Section parenchymateuse. Elle est faite selon les plans repérés à
perfusion hépatique de liquide réfrigéré de préservation
l’aide de l’échographie. Elle est menée de façon habituelle en d’organe [15]. L’exclusion vasculaire totale du foie est nécessaire
prenant le même soin pour l’hémostase élective par coagulation pour mettre en œuvre les techniques de chirurgie avec
ou ligature des vaisseaux rencontrés. Toutefois, seuls doivent perfusion.
être liés les vaisseaux de la partie de foie restant. Les pédicules Lorsque le foie est complètement exclu de la circulation, une
glissoniens hilaires et les veines hépatiques sont liés par un canule de perfusion est introduite latéralement dans la veine
surjet aller-retour de fil non résorbable. Souvent, on applique porte. Le foie est perfusé avec un liquide de conservation à 4 °C.
sur la tranche de section un film de colle biologique de fibrine L’effluent sort de la veine cave par un orifice latéral qui est
ou une éponge hémostatique (TachoSil ® ). Une coagulation refermé secondairement.
superficielle à l’aide d’un coagulateur à argon peut parfaire L’hépatectomie peut être faite hors du patient, sur un foie
l’hémostase des petits vaisseaux qui n’ont pas été contrôlés. explanté, réfrigéré comme cela est fait pour un greffon hépati-
Déclampage. Il doit être progressif, simultané dans l’ordre que. Cette technique de chirurgie ex situ-ex vivo a été décrite
inverse du serrage des clamps. L’augmentation du retour par Pichlmayr et al. [17], les principes sont ceux de la transplan-
veineux entraîne une augmentation des pressions de remplis- tation hépatique avec quelques variations. La veine cave
sage et du débit cardiaque, puis, assez rapidement, les paramè- suprahépatique est libérée du diaphragme de façon à permettre
le clampage, la section et l’anastomose. Les éléments du
tres hémodynamiques retournent aux valeurs de préclampage.
pédicule hépatique sont disséqués et la totalité du tissu cellulo-
Contrôle sélectif des veines hépatiques. Dans cette techni-
lymphatique pédiculaire est enlevée. Une circulation extra-
que, le pédicule hépatique et les veines hépatiques sont clampés corporelle veinoveineuse est systématiquement utilisée. La
sans interruption de la circulation de la veine cave. Le contrôle perfusion hypothermique par la solution de préservation est
des veines hépatiques nécessite leur dissection. Le clampage initiée in situ après la mise en place des clamps de l’exclusion
peut être réalisé sur tous les troncs veineux (équivalent à une vasculaire totale du foie. Le foie est explanté et la perfusion
exclusion vasculaire totale sans clampage cave) ou seulement hypothermique est continuée sur le plan de travail, et répétée
sur un tronc (exclusion vasculaire d’un hémifoie). Il peut exister toutes les heures jusqu’à ce que l’hépatectomie soit terminée.
une veine hépatique droite accessoire volumineuse qui peut être Cette technique, très lourde, est rarement utilisée actuellement.
conservée en fonction du type d’hépatectomie à réaliser et mise La technique de perfusion réfrigérée a été modifiée par
sur lacs. Hannoun et al. pour pouvoir réaliser des exérèses in situ et ex

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Figure 10. Principes de la chirurgie avec perfusion réfrigérée du foie.


A. Chirurgie in situ. Le foie est perfusé « en place ». Le liquide de préservation, injecté par voie portale ou artérielle, est évacué par une courte cavotomie sur
la veine cave sous-hépatique.
B. Chirurgie ex situ-in vivo. Le foie est extériorisé de la cavité abdominale à laquelle il reste attaché par le pédicule hépatique qui est totalement respecté et la
veine cave inférieure sous-hépatique. L’extériorisation est permise par la section soit de la veine cave inférieure suprahépatique (cas représenté), soit de toutes
les veines sus-hépatiques et spiegeliennes.
C. Chirurgie ex situ. Le foie est explanté de la cavité abdominale et l’hépatectomie est réalisée sur table (back-table).

situ in vivo [16]. Dans ce cas, seule la veine cave suprahépatique


est sectionnée de manière à rebattre le foie hors de la cavité
■ Examens préopératoires
abdominale sans sectionner les éléments du pédicule hépatique Une bonne évaluation préopératoire et la planification la plus
et la veine cave sous-hépatique. exacte possible de l’intervention sont des facteurs importants
Actuellement on utilise, le plus souvent, une exclusion pour réduire la morbidité et la mortalité de la chirurgie hépa-
vasculaire totale avec clampage cave et une perfusion in situ-in tique.
vivo. La technique ne comporte qu’une dissection minimale du Les examens préopératoires réalisés avant une hépatectomie
pédicule permettant l’introduction de la canule de perfusion ont en règle trois buts :
dans le tronc porte. Le clampage du pédicule se faisant • l’étude de l’anatomie chirurgicale pour le cas particulier
au-dessous par un clamp. Après établissement de l’exclusion considéré, c’est-à-dire l’appréciation des rapports exacts de la
vasculaire totale du foie, une perfusion réfrigérée à 4 °C est lésion avec les structures de voisinage ;
débutée. L’issue du liquide de perfusion se fait par un orifice • l’étude de la réserve fonctionnelle hépatique, c’est-à-dire de la
ouvert dans la veine cave rétrohépatique entre les deux clamps. faisabilité ou non de l’hépatectomie compte tenu de la nature
Après l’hépatectomie, le foie est rincé de la solution de préser- du parenchyme hépatique et du sacrifice parenchymateux
vation par une perfusion d’albumine avant reperfusion. envisagé ;
La nécessité de limiter les durées d’ischémie du parenchyme • l’étude, en cas de lésion tumorale maligne, de la dissémina-
que l’on va laisser rend parfois difficile la réalisation de tion tumorale à distance.
l’hépatectomie projetée sous exclusion vasculaire totale. C’est
dans ces cas que l’on utilise les exclusions vasculaires avec Cas particulier du diagnostic lésionnel
réfrigération car il est ainsi possible d’obtenir des durées
d’ischémie hypothermique prolongées.
incertain : ponction-biopsie tumorale
protégée
Conclusions De manière générale, nous n’avons jamais recours à la biopsie
Il existe maintenant de nombreux types d’hépatectomies qui tumorale si le diagnostic paraît évident d’après les arguments
peuvent être schématiquement subdivisés en fonction de cliniques, biologiques ou morphologiques. Le risque de ces
l’importance de la résection et en fonction de la technique biopsies est l’essaimage sur le trajet de ponction de cellules
chirurgicale utilisée. Le chirurgien doit savoir choisir entre tumorales si le nodule biopsié s’avère rétrospectivement malin.
toutes ces possibilités de façon à réaliser l’hépatectomie la plus Nous avons eu l’occasion d’observer cette complication drama-
appropriée à la lésion qu’il envisage de traiter et à la qualité du tique chez six patients adressés secondairement dans notre
parenchyme hépatique qui va rester. En gardant constamment centre. Dans les six cas, la tumeur initialement réséquable ne
à l’esprit le principe d’une chirurgie anatomique, le chirurgien l’était plus au moment du transfert du fait de l’essaimage
choisit au mieux entre hépatectomie majeure et limitée, et entre tumoral sur le trajet de ponction.
contrôle vasculaire ou section parenchymateuse première ou Toutefois, comme dans 105 cas publiés d’observations cepen-
exclusion vasculaire. dant très sélectionnées, il peut être nécessaire de disposer d’une

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Conduite générale des hépatectomies par laparotomie ¶ 40-761

Scanner abdominal
Il doit être d’excellente qualité, réalisé sans et avec injection
intraveineuse de produit de contraste (phases artérielle, veineuse
et tardive). Les coupes doivent être au minimum centimétri-
ques, étendues du dôme du foie à la pointe du segment 6. Le
scanner permet de matérialiser de façon visuelle les renseigne-
ments fournis par l’échographie et contribue aussi au bilan
d’extension locorégionale en cas de pathologie tumorale
maligne. À l’opposé de l’échographie, le scanner a l’avantage de
fournir des plans de coupe toujours identiques qui, avec
l’expérience, permettent une bonne estimation des possibilités
chirurgicales. Surtout, les programmes informatiques actuels
autorisent une étude volumétrique du foie ou de parties du foie,
dont l’importance est capitale lorsqu’un sacrifice parenchyma-
teux important est envisagé. L’étude volumétrique doit fournir
les volumes estimés respectifs de la lésion, du foie non tumoral
sacrifié par l’hépatectomie et du parenchyme restant après
Figure 11. Technique de la biopsie protégée pour le diagnostic de hépatectomie. Ces informations permettent le calcul de la
lésion hépatique non étiquetée.
proportion de foie fonctionnel qui sera réséqué et, combinées
A. Repérage de la lésion sous échographie.
avec d’autres tests, permettent une appréciation de la réserve
B. Ponction sous repérage échographique, à l’aide d’une grosse aiguille
fonctionnelle hépatique (cf. infra). La qualité des images a été
dont la progression s’arrête au niveau de la lésion.
grandement améliorée dernièrement par l’introduction du
C. Passage à l’intérieur de cette aiguille d’une aiguille de Menghini plus
scanner en mode spiralé qui fournit des images remarquables se
fine qui réalise la biopsie.
prêtant à la reconstruction de l’anatomie en trois dimen-
D. Retrait de la grosse aiguille en injectant de la colle.
sions [36, 37].

preuve histologique indispensable à la stratégie thérapeutique. Résonance magnétique nucléaire


Nous avons donc mis au point et décrit une technique de
Il est possible de faire des coupes sagittales et frontales par
biopsie tumorale échoguidée protégée [35]. La technique consiste
imagerie par résonance magnétique nucléaire (IRM). Une
à ponctionner avec deux aiguilles de diamètre concentrique
(Fig. 11). La plus grosse aiguille amenée à proximité de la cartographie en trois dimensions des vaisseaux et des voies
tumeur sert de tunnellisateur pour la seconde aiguille, de calibre biliaires est un apport important car elle ne nécessite pas
inférieur et qui, elle, va ponctionner la tumeur. Le prélèvement l’injection de produit de contraste. La disponibilité de coupes
est effectué avec l’aiguille la plus petite qui est retirée directe- frontales peut avoir un intérêt dans l’étude de tumeurs proches
ment. La grosse aiguille est retirée avec injection de colle de la veine cave inférieure rétrohépatique. La cholangio-IRM
biologique dans le trajet de ponction. La surveillance régulière fournit des images frontales des voies biliaires extrahépatiques
des patients pour qui un nodule tumoral avait été ponctionné d’excellente qualité. L’angio-IRM peut remplacer l’artériographie
selon cette méthode n’a jamais mis en évidence de greffe traditionnelle [38].
tumorale pariétale.
Artériographie digestive supérieure
Appréciation de l’anatomie chirurgicale Il s’agit d’une artériographie numérisée de face. L’examen
et de l’extension des lésions doit comporter une double injection du tronc cœliaque et de
l’artère mésentérique supérieure avec à chaque fois un temps de
Échographie abdominale
retour veineux. Ces injections peuvent au besoin être complé-
L’échographie préopératoire, dans les mains d’un opérateur tées d’une injection sélective dans l’artère hépatique, ou d’une
entraîné, permet une étude extrêmement précise de la situation injection sélective de l’artère splénique pour documenter de
locale. L’adjonction de techniques comme le Doppler, le façon plus détaillée le retour veineux portal en complément du
Doppler couleur et le power Doppler est importante pour retour mésentérique supérieur. L’injection intra-artérielle
l’identification des structures vasculaires. L’échographie localise systématique de papavérine provoque une dilatation artériolaire
la ou les lésion(s) par rapport aux pédicules glissoniens et aux et contribue à améliorer la définition des clichés par un retour
veines hépatiques. En effet, les vaisseaux sont assez faciles à portal massif et rapide. Les clichés de face suffisent en règle
repérer et à suivre à l’intérieur du parenchyme hépatique. Ceci générale et il est rare que l’on ait besoin d’une artériographie de
permet de situer les lésions au niveau des segments et oriente trois quarts ou de profil.
donc vers le type d’hépatectomie à réaliser. La séméiologie
L’artériographie permet de localiser la lésion dans le foie de
échographique (iso-, hyper-, ou hypoéchogène) de la lésion par
façon précise par rapport à la distribution artérielle hépatique.
rapport au parenchyme non tumoral peut contribuer à fournir
Elle est surtout utile pour établir la cartographie artérielle
une orientation diagnostique. En cas de pathologie tumorale
hépatique, c’est-à-dire préciser s’il existe des artères hépatiques
maligne, l’échographie précise l’extension locorégionale par :
• la recherche d’adénopathies pédiculaires ou cœliaques dont supplémentaires : artère hépatique gauche naissant de l’artère
les critères morphologiques (taille, aspect arrondi) peuvent gastrique gauche, ou artère hépatique droite naissant de l’artère
faire suspecter le caractère métastatique ; mésentérique supérieure. La connaissance de ces artères est
• un épanchement intrapéritonéal peut suggérer une ascite importante dans les techniques d’hépatectomies typiques réglées
carcinomateuse ; car leur repérage et leur contrôle précèdent l’exérèse. L’artério-
• la démonstration d’anomalies de la morphologie hépatique graphie permet de repérer d’éventuelles anomalies artérielles
(aspect bosselé de la surface du foie, lésions d’atrophohyper- intrahépatiques et la portographie obtenue par le temps de
trophie), par la découverte d’anomalies du flux portal (inver- retour veineux complète les informations fournies par
sion du flux, reperméabilisation d’une veine ombilicale), par l’échographie.
un aspect hyperéchogène du parenchyme hépatique, peut Actuellement, l’artériographie digestive supérieure n’est pas
suggérer l’existence d’une hépatopathie sous-jacente, cirrhose demandée systématiquement avant toute hépatectomie dans la
ou stéatose. mesure où de nombreuses informations, notamment sur la
Cette échographie est complétée par la réalisation d’une perméabilité et les flux du système porte sont fournies par
échographie hépatique peropératoire en début d’intervention. l’étude échodoppler.

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Tableau 2. Quantité de parenchyme restant


Estimation du degré de gravité d’une cirrhose (classification Child-Paul- après une exérèse large
Brousse) [39].
De manière grossière, la faisabilité d’une résection hépatique
Nombre de critères dépend de la formule suivante : la quantité de foie non tumoral
Albuminémie < 30 g/l 1 devant être retiré est divisée par la quantité totale de foie
Bilirubinémie > 30 mmol/l 1 fonctionnel ; le quotient est multiplié par le degré d’insuffisance
hépatocellulaire (coté de la façon suivante : patients Child-Paul-
Encéphalopathie (désorientation temporospatiale 1
et astérixis)
Brousse A : 1, Child-Paul-Brousse B : 2 et Child-Paul-Brousse C :
3). Le résultat doit être inférieur à 50 %. Ainsi, pour les patients
Ascite clinique 1
Child A, la quantité de parenchyme pouvant être sacrifiée est
(taux de prothrombine + taux de facteur II) / 2 1 inférieure à 50 % du parenchyme total non tumoral ; pour les
< 60 % et > 40 %
patients Child B, inférieure à 25 % et pour les patients Child C,
(taux de prothrombine + taux de facteur II) / 2 2 inférieure à 12,5 %. Le même calcul peut être fait pour une
< 40 % rétention du vert d’indocyanine de moins de 10 %, entre 10 %
Groupe A : aucun critère présent et 20 % et au-dessus de 20 %.
Groupe B : 1 ou 2 critères présents En fait, ce qui compte, ce n’est pas ce que l’on enlève, c’est
Groupe C : 3 critères ou plus présents le parenchyme fonctionnel qui reste. L’estimation des différents
Le degré de gravité est croissant du groupe A au groupe C volumes est réalisée au cours de l’examen tomodensitométrique
par un programme informatique spécifique. Il est possible de
demander au radiologue d’indiquer les volumes respectifs de la
tumeur, du foie non tumoral sacrifié par l’exérèse et du foie
Étude de la réserve fonctionnelle hépatique restant après l’hépatectomie. Ces mesures, combinées à une
estimation de la fonction hépatique, contribuent à une estima-
L’exploration de la fonction hépatique se fait par la mesure tion de plus en plus objective de la faisabilité de l’hépatectomie.
de la bilirubine glucuroconjuguée et non conjuguée, des Le développement récent de la transplantation hépatique à
facteurs de la coagulation : taux de prothrombine (TP), fibrino- partir de donneurs familiaux ainsi que l’expérience de trans-
gène ou facteur I, facteur II, facteur V (qui n’est pas dépendant plantation de foies partiels permettent d’apprécier le volume
de la vitamine K et n’est donc pas abaissé dans les ictères minimal de parenchyme hépatique compatible avec la survie
cholestatiques), les facteurs VII, X et l’albuminémie. Les aux alentours de 1 % du poids du patient [42]. Il s’agit d’une
transaminases aspartate aminotransférase (ASAT) et alanine extrapolation puisque ces chiffres ont été décrits sur des
aminotransférase (ALAT), les phosphatases alcalines et la greffons, en ischémie froide et avec un liquide de protection.
gamma-glutamyltranspeptidase (gammaGT) ne sont qu’un Sur un foie non cirrhotique, le risque d’insuffisance hépatique
indicateur de la souffrance hépatique. postopératoire est majeur si le ratio du volume du foie restant
par rapport au poids corporel est inférieur à 0,5 % [43].
Cirrhose sous-jacente
Modification des conditions de réalisation
La réserve fonctionnelle est estimée par la classification
de Child-Pugh (qui utilise bilirubinémie, albuminémie, de l’hépatectomie
ascite, encéphalopathie et TP), que nous avons modifiée En fait, chaque fois que le volume envisagé du foie restant et
(Tableau 2) [39, 40]. sa fonctionnalité paraissent insuffisants, il faut chercher à
En fait, lorsqu’il existe une cirrhose, certains éléments modifier ces paramètres avant de réaliser l’hépatectomie.
cliniques permettent d’emblée d’émettre des doutes quant à la
capacité du foie à supporter la charge d’une laparotomie et Obtenir une amélioration de la fonction
d’une hépatectomie, aussi minime soit-elle. Parmi ces éléments, hépatique
la survenue spontanée d’une ascite, d’une infection d’ascite, En dehors du traitement de l’ascite (qui est un facteur
d’un ictère ou celle d’une encéphalopathie constituent des d’aggravation), il n’y a pas de moyen d’améliorer en soi la
éléments de signification péjorative qui doivent rendre extrê- fonction hépatique. Toutefois, une aggravation de la fonction
mement prudent lorsque l’on envisage la possibilité d’une hépatique peut être temporaire, en fonction des facteurs
hépatectomie. L’existence d’une hypertension portale impor- intercurrents comme une infection, une hémorragie digestive,
tante peut faire craindre la survenue d’une rupture de varices un épisode de collapsus ou une prise de médicaments hépato-
œsophagiennes ou gastriques par majoration de l’hypertension toxiques comme une chimio-embolisation intra-artérielle
portale au décours de l’hépatectomie ou la survenue d’une hépatique. Le traitement de ces facteurs et un délai suffisant
thrombose portale après clampage prolongé. peuvent permettre d’espérer le retour à la fonction hépatique
Lorsque les patients sont classés Child A, nous précisons la qui existait avant l’épisode qui l’a aggravée.
gravité de la cirrhose par l’étude des capacités d’élimination du
vert d’indocyanine. Une injection de 0,5 mg/kg est réalisée dans Modification de la tumeur
une veine du bras et la cinétique d’élimination hépatique étudiée
Un carcinome hépatocellulaire peut être traité par une
par des prélèvements réalisés de façon séquentielle sur le bras
chimio-embolisation. Des métastases hépatiques peuvent être
controlatéral. Un pourcentage de rétention à 15 minutes supé-
traitées par chimiothérapie. La réduction de la taille tumorale
rieur à 10 % signe l’anormalité de la fonction hépatique. Cette
peut rendre réalisable une exérèse qui ne le semblait pas.
étude ne doit pas être réalisée chez les patients ictériques (car le
L’importance de l’exérèse peut être diminuée ou des contacts
principe de mesure se fait sur une colorimétrie plasmatique) ni
entre la tumeur et des structures vasculaires importantes
chez ceux ayant une fonction déjà très altérée (Child B et C) [41].
peuvent disparaître.
Parenchyme sous-jacent non cirrhotique Modification des volumes hépatiques
Tous les degrés d’atteinte parenchymateuse peuvent être Le risque d’insuffisance hépatocellulaire postopératoire est
observés : hépatite chronique, stéatose, péliose, en particulier accru lorsque l’hépatectomie envisagée nécessite un sacrifice
chez les patients qui ont eu de nombreuses cures de chimiothé- important de parenchyme fonctionnel non tumoral. Il semble
rapie dans le cadre des métastases hépatiques. Il n’est pas rare que cela soit le cas lorsque la portion de foie qui reste après une
dans ces cas, d’observer un pourcentage de rétention à hépatectomie représente moins de 30 % du foie total non
15 minutes du vert d’indocyanine compris entre 20 % et 30 %. tumoral si le parenchyme hépatique est sain ou 40 % si le
Une rétention élevée du vert d’indocyanine constitue une parenchyme hépatique est le siège d’une hépatopathie ou d’une
contre-indication à une exérèse hépatique large. cirrhose.

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Conduite générale des hépatectomies par laparotomie ¶ 40-761

On sait, depuis longtemps, que le foie a une capacité de repérer et à ponctionner, nous préférons utiliser la voie percu-
régénération. L’arrêt de la circulation sanguine dans une tanée. Nous utilisons la voie iléo-caeco-colique pour réaliser des
branche de la veine porte induit une hypertrophie controlaté- embolisations bilatérales et lorsqu’il existe des variations
rale du foie. Cette hypertrophie est obtenue en 3 à 4 semaines anatomiques.
si le foie est sain. L’arrêt de circulation doit être permanent. Il
faut obturer la branche porte. Cette technique d’embolisation
portale a été décrite initialement par Makuuchi et al. [44] qui ont ■ Évaluation du patient
ainsi observé un gain de volume de 14 % du parenchyme non Cette évaluation est celle de tout patient devant avoir une
embolisé, 3 à 4 semaines après embolisation portale droite. chirurgie abdominale majeure. Celle-ci ne peut être raisonna-
La technique d’embolisation portale peut être réalisée par blement envisagée que lorsque l’état général est conservé.
voie percutanée ou par dissection d’une veine iléale au cours Lorsque l’état général est altéré, il faut tenter de l’améliorer par
d’une courte laparotomie par une incision de Mac Burney ou une nutrition entérale ou parentérale continue. Il faut savoir
lors d’une laparotomie au cours d’une hépatectomie en deux remettre en question le moment de l’hépatectomie, au moins
. temps. dans un premier temps, et laisser à l’hyperalimentation la
La technique d’embolisation portale droite percutanée telle possibilité de corriger suffisamment le tableau clinique pour
que nous la réalisons a été rapportée en détail [4]. permettre au patient d’arriver dans des conditions optimales à
La procédure est conduite au bloc opératoire sous anesthésie la chirurgie hépatique [45].
générale. Une branche de division de la branche gauche de la L’évaluation cardiorespiratoire fait partie du bilan habituel de
veine porte est cathétérisée par voie transhépatique sous l’opéré du foie. L’appréciation de la fonction respiratoire est
contrôle échographique. Le tronc porte est cathétérisé, une importante du fait du retentissement de la paralysie diaphrag-
portographie est effectuée et la branche droite du tronc porte matique droite fréquente après une incision sous-costale droite
est cathétérisée. L’embolisation de la branche portale droite ou avec une traction prolongée sur le diaphragme. Il peut être
de ses branches de division est effectuée avec un mélange indiqué de favoriser la mécanique ventilatoire par quelques
d’Histoacryl® et de Lipiodol® ultrafluide. L’absence de reflux du semaines de kinésithérapie respiratoire. L’évaluation cardiologi-
matériel d’embolisation dans la branche gauche est vérifiée de que est également importante et a pour but d’apprécier les
même que la présence, après embolisation, d’un flux portal possibilités de tolérance cardiaque à une éventuelle exclusion
préférentiel vers la branche gauche. Nous utilisons aussi l’alcool vasculaire ou à un collapsus. Elle doit porter sur l’existence ou
à 99 % comme matériel d’embolisation qui va entraîner une non d’une insuffisance coronarienne car l’incidence d’un
thrombose immédiate par destruction de l’endothélium vascu- infarctus du myocarde est beaucoup plus grande. On doit
laire. Son utilisation présente l’inconvénient de ne pas permet- explorer également la fonction myocardique.
tre la visualisation de la diffusion du produit sous radioscopie. En cas d’ictère par cholestase extrahépatique, l’apport de
La branche à emboliser peut être occluse par un cathéter à vitamine K1 par injection quotidienne sous-cutanée de 20 mg
ballonnet, l’alcool étant injecté en aval du ballonnet pour éviter permet en 2 à 3 jours de corriger un déficit en facteurs de
le reflux de l’alcool en controlatéral. Une fois l’embolisation coagulations.
faite, le cathéter est retiré et son trajet transparenchymateux
occlus par une injection de colle biologique au retrait (Tissu- Anesthésie et réanimation peropératoire
col®). Un traitement anticoagulant est instauré et la fonction
hépatique surveillée par des tests biologiques de routine Anesthésie
pendant 5 jours. Une étude volumétrique hépatique est effec- Les précautions à prendre sont les mêmes que pour toute
tuée avant, puis 3 à 4 semaines après embolisation. La modifi- chirurgie abdominale majeure. Il s’agit d’une anesthésie géné-
cation volumétrique est observée dans plus de 90 % des cas. Elle rale de longue durée. L’installation du patient doit en tenir
peut être utilisée en cas de fibrose sous-jacente mais l’hypertro- compte. Malgré les progrès réalisés dans le contrôle de l’hémor-
phie compensatrice est plus lente à s’installer. ragie, la chirurgie hépatique garde un risque certain d’hémorra-
La technique d’embolisation par cathétérisme de la veine gie abondante. Cela suppose des voies d’abord qui permettent
iléo-caeco-colique se fait par extériorisation de la dernière anse d’infuser de grandes quantités de solutés en un temps bref. Il
iléale après avoir réalisé une incision de Mac Burney. Par faut avoir des appareils de transfusion rapide et des voies
transillumination, on recherche une zone d’arcade veineuse veineuses importantes. Il est aussi important de mettre en place
mésentérique proche de l’intestin, suffisamment grosse (2 à un cathéter artériel, habituellement dans l’artère radiale gauche.
3 mm de diamètre) et au niveau d’une bifurcation afin de Une sonde urinaire est positionnée dans la vessie, et la tempé-
profiter de l’élargissement qu’elle procure. Le péritoine de la rature est monitorée par une sonde thermique disposée dans
face antérieure du mésentère est ouvert sur 1 à 2 cm à ce l’ampoule rectale ou dans l’œsophage.
niveau. La veine est disséquée. La partie proximale est mise sur Le choix des drogues anesthésiques parmi un large éventail
fil. La partie distale est liée et mise en traction à l’aide d’une de possibilités est adapté au mieux à chaque patient par l’équipe
pince. En s’aidant de loupes, la veine est ouverte latéralement anesthésique en évitant les anesthésiques hépatotoxiques
et un cathéter associé à un guide métallique est glissé dans sa (halothane, méthoxyflurane).
lumière. L’avantage d’être proche de la veine iléo-caeco-colique
est que le trajet vers la veine mésentérique supérieure est droit. Transfusions
Le cathéter remonte directement dans celle-ci et peut être Elles comportent des risques incompressibles de transmission
poussé jusque dans la veine porte sous contrôle radioscopique. virale, d’allosensibilisation, et d’immunosuppression du patient,
Le guide métallique permet de remplacer la gaine souple par un ce qui explique que tout soit fait pour ne pas y avoir recours.
introducteur à valve qui facilite le passage du cathéter d’embo- Pour cela, quatre mesures spécifiques sont à la disposition du
lisation. La mise en place de l’introducteur nécessite une chirurgien : l’autotransfusion, et les trois mesures peropératoires
dilatation prudente de la veine, afin d’éviter de la déchirer. Une que sont l’hémodilution normovolémique, les clampages
fois que le guide métallique est en place, la poursuite de vasculaires et la récupération du sang aspiré dans le champ
l’embolisation se fait comme pour les manœuvres précédentes. opératoire.
Lorsque l’embolisation est réalisée, le cathéter et l’introducteur L’autotransfusion consiste à prélever du sang au patient dans
sont retirés. La veine est liée à l’aide du fil d’attente laissé en les semaines qui précèdent l’hépatectomie. Le sang prélevé est
place. Le péritoine mésentérique est refermé par deux ou trois géré et conservé par la banque du sang. Cette technique
points. L’anse intestinale est réintégrée dans la cavité abdomi- suppose un seuil d’hémoglobine minimal (que certains fixent à
nale. La paroi abdominale est refermée plan par plan. 11 g/dl) pour pouvoir être entreprise. Il faut aussi que lorsque
Compte tenu de ces avantages et inconvénients, lorsque nous le patient est vu en consultation, le chirurgien ou l’anesthésiste
avons à réaliser une embolisation portale unilatérale et totale pensent à proposer la procédure au patient et à provoquer la
d’une branche et si la branche portale controlatérale est facile à consultation pour prélèvement auprès du centre de transfusion

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40-761 ¶ Conduite générale des hépatectomies par laparotomie

local. Schématiquement, l’autotransfusion peut permettre de


prélever sur environ 3 semaines trois poches de 250 à 300 ml
de sang. L’existence d’une pathologie néoplasique ne semble
paradoxalement pas constituer une contre-indication à la
technique.
L’hémodilution normovolémique consiste à prélever en début
d’intervention une à deux poches qui sont compensées par un
soluté adéquat. Ici encore, la technique est limitée par l’héma-
tocrite en début d’intervention et des chiffres de 35 % semblent
requis pour pouvoir proposer l’hémodilution. Lorsque l’hémos- 3
tase est assurée en fin d’intervention, le sang prélevé est
éventuellement retourné au patient en fonction de
l’hématocrite.
Les récupérateurs de sang (Cell Saver®) par aspiration du sang
ayant coulé dans la cavité abdominale en cours d’hépatectomie 2
1
ne peuvent pas être utilisés en cas de pathologie maligne en
raison du risque de recirculation de cellules malignes s’il y a une
effraction tumorale.

Contrôle de la température
Il est maintenant bien établi que l’hypothermie doit être
combattue par tous les moyens du fait de ses effets délétères,
notamment sur la crase sanguine et les systèmes de défense Figure 12. Différentes incisions. 1. Cœliotomie sous-costale droite,
immunitaire [46]. Le réchauffement est assuré en routine par éventuellement étendue à gauche de la ligne médiane ; 2. cœliotomie
l’utilisation de couvertures (Warm Air®) et de matelas chauf- médiane sus-ombilicale ; 3. extension verticale avec sternotomie
fants, et éventuellement par le réchauffement des fluides et des partielle.
gaz administrés.

genoux de façon à laisser libre l’abord du triangle de Scarpa


droit pour une canulation fémorale droite. L’axe fémoral est

“ À retenir
repéré et sa position matérialisée au feutre. L’ensemble du
champ opératoire est alors recouvert d’un champ collant
isolant.
• Pour le risque d’insuffisance hépatocellulaire La table de l’instrumentiste est située en bas, à hauteur des
postopératoire, ce qui est important c’est le parenchyme genoux du patient. Le chirurgien s’installe à droite, le premier
hépatique qui reste, en qualité et en quantité. assistant en face de lui. Un deuxième, voire un troisième
assistant se disposent respectivement à gauche et à droite du
• On ne peut pas modifier la fonction hépatique.
chirurgien. L’instrumentiste est à gauche, au niveau de sa table.
L’ischémie hépatique doit être limitée au maximum en L’instrumentation nécessaire à une hépatectomie est celle de
raison de son effet sur la fonction hépatique. la chirurgie vasculaire comportant notamment des instruments
• On peut diminuer la quantité de parenchyme résiduel fins et des clamps vasculaires. Il faut disposer d’un clamp
par une diminution de la taille des hépatectomies aortique dont les mors sont gainés par un lacet de jersey pour
(segmentectomies ou hépatectomies atypiques) ou le clampage du pédicule, et de clamps de Satinsky de différentes
par une augmentation du volume du foie restant tailles pour le clampage de la veine cave inférieure, de la veine
(embolisation portale). porte ou des veines hépatiques. Pour les clampages sélectifs
hilaires nous utilisons des clamps de type « bulldog » et de
petits clamps de Heifetz destinés au clampage des branches
artérielles. Les pinces longues de De Bakey sont utiles pour les
■ Installation du malade et voies sections des gros pédicules et des lacs avec tourniquet sont
utiles également pour les clampages vasculaires. Les ligatures
d’abord vasculaires sont faites à la soie 4/0, au Vicryl® 3/0 ou 4/0, au fil
serti vasculaire monofilament non résorbable (Prolène®) et les
Installation ligatures biliaires sont faites au fil résorbable Vicryl® ou PDS®.

Le malade est installé en décubitus dorsal strict. Le bras droit


est disposé le long du corps où il est maintenu enroulé par une
Voies d’abord
alaise dont les extrémités passent sous le dos du malade et La voie d’abord la plus couramment utilisée est une incision
ressortent du côté gauche. La main droite est laissée apparente sous-costale droite tracée deux travers de doigt en dessous du
de façon à contrôler l’absence de tension excessive de l’alaise rebord costal (Fig. 12). Elle laisse ainsi suffisamment d’étoffe
qui pourrait entraîner un phénomène de garrot. Le bras gauche aponévrotique vers le haut pour permettre une fermeture
.
est laissé à 90° par rapport à l’axe du corps. rigoureuse, plan par plan, n’exposant pas à la survenue d’une
Le champ opératoire s’étend habituellement des mamelons à éventration sous-costale. La partie droite de l’incision s’étend
la symphyse pubienne et sur les deux flancs. bas vers les lombes réalisant l’incision classique en S allongé. Il
Lorsque la possibilité d’une circulation cavocave extracorpo- faut éviter à ce niveau de suivre l’axe des fibres musculaires du
relle est envisagée, le champ est étendu et s’approche alors de muscle grand oblique qui se dirigent vers l’aile iliaque et les
celui réalisé pour l’installation des transplantations hépatiques : couper en remontant vers le haut. Sur la ligne médiane,
la tête du patient est tournée vers la droite et fixée dans cette l’incision ne concerne habituellement que les tout premiers
position par une bande Elastoplast® de façon à dégager l’axe centimètres de la gaine du grand droit gauche, mais peut être
jugulaire gauche. Le bord antérieur du sterno-cleido-mastoïdien prolongée en fonction de l’anatomie locale. Un trait de refend
gauche est repéré au feutre marqueur. L’extrémité supérieure du médian supérieur est mené jusqu’à la xiphoïde qui est décou-
champ est marquée par la pointe de la mastoïde. De la même verte et peut éventuellement être réséquée. Cette incision peut
façon, l’axe axillaire gauche est repéré et laissé dans le champ être prolongée sur 5 cm en avant du sternum et être associée à
de façon à pouvoir être utilisé de seconde intention. L’extrémité une sternotomie partielle droite sur deux espaces (Hasegawa) ce
inférieure du champ opératoire est abaissée jusqu’au niveau des qui donne un excellent jour sur la veine cave inférieure

14 Techniques chirurgicales - Appareil digestif

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Conduite générale des hépatectomies par laparotomie ¶ 40-761

coupoles diaphragmatiques, du cul-de-sac de Douglas, des


organes génitaux chez la femme, de l’ensemble du cadre
colique, du grand épiploon et de l’ensemble du grêle qui est
déroulé dans sa totalité. Il est important de réaliser des biopsies
systématiques de toute lésion suspecte et d’en demander un
examen extemporané chaque fois qu’elle peut constituer une
contre-indication au geste d’exérèse hépatique.
L’appréciation des caractéristiques du foie fait aussi partie de
cette exploration :
• le volume : dans la cirrhose, le foie peut être hypertrophié ou
au contraire atrophique ;
• la forme : atrophie ou hypertrophie dans un segment ou un
lobe ;
• la couleur : normale (brun) ou pathologique : jaune (stéatose),
verdâtre (cholestase). La couleur d’un foie cirrhotique est
souvent modifiée, de façon polymorphe ; dans certains cas la
capsule est épaissie, blanchâtre ;
• la surface : normalement elle est lisse. Elle peut être granu-
leuse ou bosselée dans la cirrhose.
Figure 13. Exposition du champ opératoire par rétraction des berges
de l’incision par deux valves sous-costales.
■ Échographie peropératoire [40]

suprahépatique. L’incision bi-sous-costale avec refend médian L’introduction de l’échographie peropératoire constitue une
procure un jour exceptionnel et permet de réaliser la quasi- des révolutions de la chirurgie hépatobiliaire moderne.
totalité des hépatectomies. Après section des premiers centimè- En apportant la possibilité de voir à l’intérieur de cet organe
tres du ligament suspenseur, les berges de l’incision sont plein, elle est devenue un outil indispensable. Cela peut
protégées par des champs en tissu doublés intérieurement de s’expliquer par la conjonction de plusieurs faits :
caoutchouc anglais qui sont cousus aux berges de l’incision par • la complexité de l’anatomie intrahépatique et la grande
du fil tressé non résorbable (Mersuture®). Pour la rétraction des fréquence des variations anatomiques ;
berges sous-costales nous utilisons des valves sous-costales • la pauvreté des repères anatomiques visibles à la surface du
(Fig. 13). La valve droite est reliée par un lacs épais à un piquet foie ;
de Toupet droit. La hauteur de ce piquet est capitale pour • la nécessité d’adapter au mieux l’hépatectomie à la lésion
l’exposition. De façon à ne pas risquer d’approfondir le champ, traitée.
l’extrémité supérieure du piquet droit se projette à la hauteur du
Bien qu’elle soit discutée en début d’intervention, son
thorax. La valve gauche est, elle aussi, reliée par un lacs à un
utilisation est continue durant celle-ci. L’apport de l’échogra-
piquet de Toupet gauche dont l’extrémité supérieure est posi-
phie peropératoire à la chirurgie hépatique est double : diagnos-
tionnée le plus haut possible par rapport au champ opératoire.
tique et thérapeutique.
Après mise en traction des valves, il est possible de compléter
la partie externe de l’incision droite jusqu’à la limite imposée L’apport diagnostique va de la reconnaissance de l’anatomie
par la proximité de l’accolement de l’angle colique droit. locale au repérage tumoral. Il est possible de repérer la tumeur
Quelques points séparés achèvent de fixer les champs de elle-même (ce qui peut être délicat sans échographie lorsque la
bordure. tumeur se développe sur cirrhose), de repérer d’éventuelles
Une thoraco-phréno-laparotomie est exceptionnellement tumeurs méconnues, et d’affirmer la nature de la tumeur par
utilisée lorsqu’il existe une très volumineuse tumeur du foie droit ponction-biopsie échoguidée avec examen histologique
ou de la partie haute du foie droit qui empêche la mobilisation extemporané.
de celui-ci et l’accès à la veine cave suprahépatique. L’apport thérapeutique est fondamental. Il est possible, grâce
La voie médiane est moins utilisée car elle donne moins aux informations fournies, de modifier la stratégie thérapeuti-
d’accès que la sous-costale droite pour les parties droites, en que envisagée, par exemple du fait de la découverte de nodules
particulier postérieures, du foie. Elle permet en revanche de tumoraux controlatéraux. La technique chirurgicale même peut
réaliser la plupart des interventions simples sur le foie gauche, devoir intégrer l’échographie, par exemple pour les exérèses
si elle remonte haut jusqu’à la xiphoïde. segmentaires menées avec clampage intraportal par ballonnet.
L’échographie est d’une aide indispensable lorsque l’anatomie
est remaniée par une hépatectomie précédente. Elle guide aussi
■ Exploration de la cavité la progression du chirurgien en permettant de situer la tranche
de section par rapport à la lésion.
abdominale
Lorsqu’une intervention est réalisée, le premier temps est Matériel
toujours une exploration soigneuse afin d’achever le bilan de la
maladie hépatique. En recherchant des lésions méconnues et en L’ensemble de l’équipement utilisé pour donner le maximum
analysant leur localisation, elle précise la résécabilité de la (ou d’informations et la meilleure qualité d’image doit être simple,
des) lésion(s) et peut, quelquefois, modifier l’attitude opératoire. pratique et de qualité. On peut le décomposer en trois éléments
Dès l’ouverture du péritoine, on recherche un épanchement distincts, relativement indépendants les uns des autres : l’appa-
péritonéal : ascite, épanchement hémorragique. Il faut en reil lui-même, la sonde, et les équipements annexes de ponc-
préciser le volume et la localisation et un prélèvement est réalisé tion, biopsie, etc.
pour analyse cytologique et bactériologique. En plus de l’ascite, L’appareil doit être en « temps réel » mode B pour avoir une
on recherche des signes d’hypertension portale, globale ou image permanente, mobile avec la respiration et les mouve-
segmentaire (veines de dérivation, varices et signes de conges- ments circulatoires, et se déplaçant avec les faibles mouvements
tion splanchnique) qui peuvent accompagner une cirrhose ou imprimés à la sonde. Le balayage linéaire est préférable au
une thrombose portale. balayage sectoriel : l’image n’est pas déformée et les structures
Il faut rechercher des ganglions suspects et des nodules de se trouvent dans l’axe direct de la sonde, ce qui est une
diffusion péritonéale. L’examen doit être complet : palpation du direction facile à reconnaître en peropératoire. L’appareil à
pédicule hépatique, de la région cœliaque, de la racine du utiliser n’est pas spécifique d’une utilisation peropératoire : il
mésentère, de l’ensemble du péritoine pariétal y compris des s’agit d’un appareil mobile, de faible encombrement, et

Techniques chirurgicales - Appareil digestif 15

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a b

8
2

7
4 1
3
5 6

c d
Figure 14. Méthode d’exploration échographique du foie. 1 à 8 : Segments du foie selon la classification de Couinaud. a. Étude du pédicule glissonien droit
et de ses ramifications en déplaçant la sonde vers la droite ; b. étude des veines sus-hépatiques en plaçant la sonde à la surface du foie, sur sa face antérieure,
horizontalement, légèrement oblique vers le haut ; c. étude du pédicule glissonien gauche et de ses ramifications en plaçant la sonde sur la face antérieure
du foie vers la gauche et vers le bas ; d. étude du pédicule hépatique par voie transhépatique, verticalement ou horizontalement.

d’emploi simple ; réglage du gain et focalisation sont les deux rencontrées. Il existe une zone mal visible entre la surface de la
seuls éléments de réglage à exiger. L’utilisation d’un Doppler sonde et 0,5 à 1 cm de profondeur du parenchyme hépatique.
couplé est utile. Cette zone peut être explorée en plaçant la sonde à la face
La sonde est l’élément spécifique et son choix est donc inférieure du foie ou en interposant une poche à eau qui décolle
capital. Elle doit être parfaitement étanche, de forme adaptée (la la sonde de 2 à 3 cm. Il est souvent nécessaire de modifier le
sonde en T est la plus adaptée, car elle peut se placer parallèle- réglage de l’appareil afin d’obtenir une bonne image contrastée.
ment aux structures portales et peut facilement être glissée entre L’ensemble des images obtenues peut être enregistré.
le foie et le diaphragme) et de fréquence élevée (5 MHz) pour
obtenir une bonne visualisation. La sonde n’est pas stérilisée. Méthodologie d’exploration
Elle est glissée avec un peu de gel de contact à son extrémité
dans une gaine de plastique stérile. Il est bon d’utiliser toujours la même méthode d’exploration
Des préservatifs utilisés comme poches à eau pour l’explora- afin d’être sûr que celle-ci soit complète (Fig. 14).
tion de la partie superficielle du parenchyme et des aiguilles à Elle débute par la recherche des trois veines hépatiques
ponctions (aiguilles de Menghini automatiques [type Hépafix], d’abord au niveau de leur abouchement dans la veine cave, en
aiguilles de Chiba, aiguilles-gaines téflonées) doivent être plaçant la sonde à la surface antérieure du foie à distance de son
disponibles. bord antérieur, en obliquant le plan de coupe légèrement vers
le haut. En inclinant la sonde à droite ou à gauche de façon à
Comment réaliser une échographie placer le faisceau suivant leur grand axe, on peut suivre ces
veines dans le parenchyme hépatique jusqu’à leurs branches
peropératoire [40] ? d’origine, même lorsqu’elles mesurent 2 à 3 mm de diamètre.
La sonde, connectée à l’appareil et entourée de sa gaine Les trois veines hépatiques divisent le foie en quatre secteurs :
stérile est placée dans le champ opératoire. Il est plus facile, afin le secteur postérolatéral (segments 6 et 7), le secteur antéromé-
de conserver une autonomie suffisante de la sonde en fonction dial (segments 5 et 8), le secteur antérieur (segments 3 et 4) et
de la longueur du fil, de placer l’appareil d’échographie du côté le secteur latéral (segment 2). La veine hépatique médiane
de l’opérateur. La panseuse (non stérile) règle l’appareil, sur les donne la limite entre le foie droit et le foie gauche. Il peut
recommandations du chirurgien. exister une veine hépatique droite inférieure qui s’abouche dans
L’étude est réalisée en plaçant la sonde directement à la la veine cave au-dessous des trois veines hépatiques. Cette veine
surface du foie, sans nécessiter de gel, car l’humidité naturelle est importante à reconnaître car elle peut suffire à drainer les
des organes est suffisante. On exerce une pression douce pour segments 5 et 6, autorisant la conservation de ces deux seg-
obtenir un bon contact, mais elle ne doit pas être trop impor- ments lors d’une bisegmentectomie 7 et 8 avec sacrifice de la
tante pour éviter de collaber les structures vasculaires, en veine hépatique droite supérieure.
particulier les veines hépatiques. La sonde est déplacée douce- L’exploration se poursuit au niveau des pédicules glissoniens,
ment dans différentes directions en effectuant de petits mouve- par des coupes horizontales en plaçant la sonde à la surface
ments de rotation autour de son axe ; elle réalise un balayage antérieure du foie, légèrement plus bas que précédemment, près
en profondeur donnant le volume réel des différentes structures du bord antérieur. Elle débute à gauche, au niveau du récessus

16 Techniques chirurgicales - Appareil digestif

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Conduite générale des hépatectomies par laparotomie ¶ 40-761

de Rex qui se repère facilement grâce au ligament rond, et se


continue au niveau du hile, puis vers la droite en suivant les
deux branches antérieure et postérieure. On visualise à l’inté-
rieur des pédicules glissoniens les branches portales, les voies
“ Points essentiels
biliaires et les branches artérielles hépatiques. Ces trois éléments La luxation du foie droit nécessaire à la libération de la
sont entourés d’une enveloppe épaisse qui est une émanation partie médiale, latérocave, du ligament triangulaire, est
de la capsule de Glisson et qui se voit sous forme d’une ligne
facilitée par la section complète préalable des ligaments
hyperéchogène qui permet de différencier les pédicules glisso-
suspenseur et triangulaire gauche. Le lobe gauche ainsi
niens des veines hépatiques. Dans tous les cas, la direction et la
position à l’intérieur du foie de ces éléments fondamentaux libéré ne s’oppose plus à la luxation médiale du foie droit
pour la chirurgie hépatique peuvent être marquées à la surface, et se déplace ainsi vers l’hypocondre gauche.
sur la capsule de Glisson, au bistouri électrique. Pour faciliter la luxation complète du foie vers la gauche il
Le parenchyme est ensuite étudié en totalité, éventuellement faut veiller à maintenir le foie dans la cavité abdominale,
à l’aide d’une poche à eau. Le segment 1 est situé entre la veine sous la berge inférieure de l’incision bi-sous-costale. La
cave et le pédicule hépatique. Il comprend le lobe caudé dont rotation n’est alors plus bridée par l’incision, comme elle
la limite avec le segment 2 est très nettement visible à l’écho- l’est lorsque le foie est en partie extériorisé de l’abdomen.
graphie sous forme d’une ligne hyperéchogène correspondant à Il faut tenir compte des modifications hémodynamiques
l’insertion de la pars condensa du petit épiploon. La partie
entraînées par la luxation du foie, qui favorisent une
droite du segment 1 est plus difficile à délimiter. Elle est située
diminution du retour veineux au cœur et peuvent imposer
immédiatement en avant de la veine cave.
Cette exploration se termine par l’étude de la vésicule biliaire de remettre le foie en position initiale en cas de mauvaise
et du pédicule hépatique par voie transhépatique, soit transver- tolérance hémodynamique.
salement, soit longitudinalement, ou directement sur le pédicule
en utilisant une poche à eau.
première du foie dans une étude prospective contrôlée rando-
■ Libération du foie misée pour hépatectomies droites pour carcinomes hépatocellu-
laires de plus de 5 cm [48].
La libération du foie est nécessaire pour presque toutes les Durant cette approche, il peut être utile de passer un gros fil
.
hépatectomies et nécessite la connaissance et le respect des plans de Nylon® dans l’espace de Couinaud, en avant de la veine cave
de dissection. Lors de l’ouverture du péritoine le ligament rond est inférieure rétrohépatique. Il faut disséquer la face antérieure de
sectionné. Il sert de tracteur tout au long de l’hépatectomie. la veine cave, en haut, au niveau de la fossette située entre la
On débute cette libération par la section du ligament suspen- veine hépatique droite et le tronc commun. En bas, la face
seur d’avant en arrière. Il est sectionné au bistouri électrique à antérieure de la veine cave est également disséquée en remon-
environ 1 cm de son insertion hépatique en se dirigeant en tant en arrière du processus papillaire du lobe de Spiegel. Il peut
arrière vers la veine cave pour éviter de décapsuler le foie et pour être nécessaire de lier quelques veines spiegeliennes car elles
pouvoir le fixer, si cela est nécessaire, en fin d’intervention. En peuvent être assez rapprochées et volumineuses. À l’aide d’une
arrière, le ligament suspenseur s’élargit en une zone triangulaire pince de Kelly, on peut ensuite rejoindre les deux dissections et
facile à libérer et on arrive ainsi sur la face antérieure de la veine passer dans l’espace le gros fil de Nylon®. En le soulevant, on
cave que l’on met à jour en sectionnant aux ciseaux le tissu écarte le foie de la paroi antérieure de la veine cave et l’on
celluleux de la bifurcation ligamentaire. On reconnaît facilement marque le plan de la scissure principale. Cette technique est
le relief du tronc commun (veines hépatiques médiane et appelée hanging maneuver [3]. Elle a été décrite d’abord pour les
gauche) à gauche, de la veine hépatique droite, à droite et entre hépatectomies droites puis utilisée pour d’autres résections
les deux, la veine cave suprahépatique. L’incision péritonéale est anatomiques (hépatectomie gauche, hépatectomies élargies ou
prolongée en regard de la veine hépatique droite et sur le début superélargies) [49].
d’insertion du ligament triangulaire droit. L’inconvénient de cette technique est qu’elle se fait à l’aveugle
Lors de la libération du foie droit, après incision du feuillet et risque de blesser des veines spiegeliennes ou hépatiques acces-
inférieur du ligament coronaire, il est important de prendre soires en essayant de faire la tunnellisation rétrohépatique précave.
contact avec la surface du foie et de ne pas s’engager dans le L’équipe de Makuuchi a proposé de la réaliser sous contrôle
rétropéritoine. Le respect du plan est vite édicté par la survenue échographique pour pallier ce risque de blessure veineuse [19].
de multiples hémorragies d’origine veineuse lorsque la dissection,
trop postérieure, sectionne des veines rétropéritonéales qui
peuvent être le siège d’une hypertension portale. De même, après ■ Section parenchymateuse
incision du feuillet supérieur du ligament coronaire, le contact
doit être pris avec la surface du foie. On évite ainsi de pénétrer
.
Que le parenchyme non tumoral soit sain, cirrhotique ou
dans l’épaisseur du diaphragme, source d’hémorragie et de possible stéatosique, le même soin doit être apporté à la conduite de la
pneumothorax. Le décollement des ligaments coronaires ne doit transsection parenchymateuse.
pas se faire au doigt, surtout si le foie est pathologique. En effet, Les limites prévues de la résection sont marquées sur la
l’adhérence entre la capsule et le parenchyme hépatique est plus capsule de Glisson au bistouri électrique, et la capsule avec les
faible que celle entre la capsule et le diaphragme. Il existe ainsi un 2 à 3 mm de parenchyme sous-jacent sont incisés avec cet
risque réel, par un décollement à l’aveugle, de décollement sous- instrument. Une fois le plan de section défini, il faut en
capsulaire d’emblée massif et hémorragique. permanence veiller à poursuivre la transsection dans ce plan
afin d’obtenir une tranche plane, homogène et de vascularisa-
tion uniforme. Ce temps de transsection est long et l’on ne doit
■ Approche antérieure pas chercher à le raccourcir, car du soin apporté à la transsec-
tion dépendent l’importance de l’hémorragie peropératoire et la
Parfois, en raison de la taille de la tumeur ou des adhérences qualité des suites opératoires.
importantes entre le foie et le diaphragme, la libération du foie Pour réaliser la section parenchymateuse, plusieurs instru-
telle qu’elle vient d’être décrite ne peut pas être réalisée. Dans ments peuvent être utilisés :
ces cas, l’hépatectomie peut être conduite d’avant en arrière, • la Kellyclasie, qui consiste à écraser le parenchyme hépatique
sans aucune libération. Les attaches postérieures du foie sont par l’utilisation des pinces fines (Kelly) et à retrouver les
sectionnées en dernier, lorsque toute la tranche de section à été éléments vasculaires en particulier glissoniens qui sont un
faite [47]. Cette technique a donné de meilleures survies à long peu plus résistants ;
terme et a nécessité moins de transfusions sanguines peropéra- • le dissecteur ultrasonique (Cavitron®, Surgitron®, Dissectron®,
toires par rapport à la technique conventionnelle de libération etc.), dont l’action est basée sur la cavitation de l’eau

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40-761 ¶ Conduite générale des hépatectomies par laparotomie

contenue dans les tissus. Elle est entraînée par des vibrations fuite biliaire, ou d’évacuer les sérosités évitant ainsi leur
de haute fréquence et permet une séparation en fonction de collection dans la loge d’hépatectomie, nous paraissent deux
la teneur en eau des tissus. Le parenchyme hépatique (riche arguments en faveur du drainage.
en eau) est détruit, alors que les gaines glissoniennes, tissus
fibreux riches en fibres collagènes et élastiques, (pauvres en
eau) sont respectées et disséquées. Un aspirateur est associé, ■ Suites opératoires immédiates
entraînant l’évacuation des débris cellulaires et du sang. Alors
que le dissecteur ultrasonique est d’une grande efficacité pour L’opéré est conduit en salle de réveil puis en unité de soins
l’individualisation et la dissection des pédicules portaux, il intensifs pour une période minimale de 12 heures. Un bilan
faut prendre garde avec cet instrument à ne pas disséquer biologique comportant des tests hépatiques (transaminases,
trop au contact les veines hépatiques dont les parois sont bilirubine, gamma-GT, phosphatases alcalines), un bilan de
extrêmement fines et peuvent être ouvertes ; coagulation, un ionogramme sanguin et une numération
• le scalpel harmonique (Ultracision®) combine la dissection formule sanguine est effectué toutes les 12 heures au cours des
ultrasonique et une coagulation par dénaturation des protéines premières 24 à 48 heures.
liée à la chaleur qui entraîne une soudure des petits vaisseaux. La mise en route d’une prophylaxie thromboembolique
D’autres modes de dissection et de section parenchymateuse dépend du risque thrombotique et du retentissement prévu de
ont été rapportés (dissecteur à jet d’eau, TissuLink®, etc). l’hépatectomie sur la fonction hépatocellulaire. Habituellement,
La dissection du parenchyme hépatique est réalisée sur une un bilan d’hémostase est réalisé le soir de l’intervention et,
distance d’environ 1 à 2 cm de part et d’autre de la ligne de selon les résultats, un traitement par héparine de bas poids
section. Les pédicules les plus fins rencontrés en cours de moléculaire est débuté immédiatement ou remis au lendemain.
dissection sont coagulés électivement à la pince bipolaire En l’absence de risque infectieux spécifique (pathologie biliaire
irriguée (pour diminuer l’adhérence des extrémités de la pince avec antécédent d’angiocholite, etc.) il n’y a pas d’indication à
au niveau des tissus et éviter son encrassement) puis sectionnés une antibioprophylaxie systématique.
aux ciseaux fins. Les pédicules plus volumineux et notamment La sonde nasogastrique est enlevée le soir même ou le
les branches d’origine des veines hépatiques sont liés à la soie lendemain de l’intervention et la prévention de la douleur est
4/0. L’hémostase du côté de la pièce est assurée par des clips faite par l’administration de morphine à la seringue électrique,
métalliques. Nous n’utilisons pas de clips métalliques ou à la demande. Un bon contrôle de la douleur postopératoire
résorbables pour faire l’hémostase sur le parenchyme restant. permet la mobilisation précoce du patient.
Dans notre expérience, ces clips s’enlèvent trop facilement de la Une échographie abdominale au quatrième jour recherche la
tranche de section lors de ses manipulations. Pour les pédicules présence d’une collection périhépatique. Lorsqu’une telle
principaux cette ligature est réalisée soit par un surjet aller- collection est retrouvée, il est parfois possible de favoriser son
retour de Prolène® 5-0, soit par des pinces à suture mécanique évacuation par la mobilisation prudente sur place du drain. Il
(EndoGIA). Il est parfois nécessaire de contrôler un point de est cependant habituel d’observer un comblement par du
saignement sur la tranche par une ligature appuyée de soie liquide des zones d’hépatectomie, notamment après résection
4/0 ou de monofilament. Cette ligature doit toujours être segmentaire. De telles collections sont en règle ignorées si le
élective et les gros points transfixiants, source de nécrose patient est asymptomatique et le bilan biologique normal. Dans
secondaire, sont certainement à proscrire. le cas contraire elles sont ponctionnées par voie percutanée et
Lorsque la voie biliaire accessoire est accessible, on peut éventuellement drainées.
rechercher une fuite biliaire sur la tranche de section par une Les drains abdominaux sont mobilisés autour du quatrième
épreuve au bleu de méthylène. Le colorant est injecté dans les jour et retirés au sixième jour postopératoire. En cas d’ascite
voies biliaires soit par ponction directe sur une petite bourse de postopératoire, un des drains est conservé jusqu’au contrôle de
Vicryl® 4/0 de la paroi du fond de la vésicule biliaire, soit par cette ascite. Des prélèvements pour étude bactériologique sont
l’intermédiaire d’une canule transcystique. Le canal cholédoque effectués régulièrement une à deux fois par semaine sur le drain.
est comprimé par un tampon monté et 20 à 40 cm3 de bleu de Il est capital de vérifier le bon fonctionnement du drainage en
méthylène dilués dans du sérum physiologique sont injectés contrôlant le débit quotidien du drain et le poids du patient.
dans les voies biliaires intrahépatiques. D’éventuelles fuites sur L’examen clinique s’attache à rechercher l’installation d’une
la tranche sont ainsi facilement visualisées et obturées élective- ascite. En l’absence de drainage efficace, une ascite postopéra-
ment par des ligatures appuyées de monofilament (Prolène® toire doit être impérativement ponctionnée avant que n’appa-
6-0). Cette recherche n’est pas systématique. raisse un suintement sur l’incision abdominale traduisant un
Avec la technique décrite de transsection parenchymateuse, la début d’évacuation spontanée qui expose au double risque
tranche de section est habituellement sèche et l’hémostase est d’éviscération et d’infection d’ascite.
assurée par compression manuelle douce de la tranche par l’inter- .

médiaire de mèches à cavité (« mèches à prostate ») ou des champs


de tissu. Cette compression doit être maintenue pendant 10 à ■ Références
15 minutes. Les petits saignements résiduels sont arrêtés par des [1] Lortat-Jacob JL, Robert HG, Henry C. Un cas d’hépatectomie droite
points électifs de soie 4-0 ou de Prolène® 6-0. On utilise très réglée. Mem Acad Chir (Paris) 1952;78:244-51.
.
rarement des colles biologiques sur la tranche, sauf lors des [2] Couinaud C. Le foie. Études anatomiques et chirurgicales. Paris:
exclusions vasculaires, avant revascularisation. On ne peut envisa- Masson; 1957.
ger la fermeture pariétale que lorsqu’il n’y a plus de saignement. [3] Belghiti J, Guevara OA, Noun R, Saldinger PF, Kianmanesh R. Liver
hanging maneuver: a safe approach to right hepatectomy without liver
■ Drainage [4]
mobilization. J Am Coll Surg 2001;193:109-11.
Azoulay D, Raccuia JS, Castaing D, Bismuth H. Right portal vein
Le drainage peut être assuré par des drains siliconés embolization in preparation for major hepatic resection. J Am Coll Surg
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no 30 multiperforés non aspiratifs reliés à des poches déclives.
[5] Goldsmith NA, Woodburne RI. Surgical anatomy pertaining to liver
Un ou deux drains sont extériorisés par des contre-incisions
resection. Surg Gynecol Obstet 1957;195:310-8.
déclives situées, soit dans le prolongement du tracé de l’incision [6] Starzl TE, Bell RH, Beart RW, Putman CW. Hepatic trisegmentectomy
sous-costale droite, soit sur la berge inférieure de l’incision. La and other liver resections. Surg Gynecol Obstet 1975;141:429-37.
région suprahépatique est drainée par un drain disposé en inter- [7] Tung TT, Quang ND. L’hépatectomie réglée par ligature vasculaire
hépato-diaphragmatique. La région sous-hépatique est drainée intra-parenchymateuse. Presse Med 1965;73:3015-7.
par un drain dont l’extrémité se situe dans le hiatus de Wins- [8] Bismuth H. Les hépatectomies. EMC (Elsevier Masson SAS, Paris),
low. Parfois, seul le drain sous-hépatique est utilisé en cas de Techniques chirurgicales - Appareil digestif, 40-762, 1968.
résection d’un segment antérieur ou de lobectomie gauche. Il [9] Hannoun L, Borie D, Delva E, Jones D, Vaillant JC, Nordlinger B, et al.
est possible de ne pas drainer certaines hépatectomies (notam- Liver resection with normothermic ischemia exceeding one hour. A
ment mineures), mais les possibilités de drainer une éventuelle ten-year experience. Br J Surg 1993;80:1161-5.

18 Techniques chirurgicales - Appareil digestif

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D. Castaing, Professeur des Universités, praticien hospitalier, chef de service (denis.castaing@pbr.aphp.fr).


F. Perdigao Cotta, Chef de clinique associé.
C. Salloum, Chef de clinique associé.
Centre hépatobiliaire (CHB), Hôpital Paul Brousse, AP-HP, 12-14, avenue Paul-Vaillant-Couturier, 94804 Villejuif cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Castaing D., Cotta F. Perdigao, Salloum C. Conduite générale des hépatectomies par laparotomie. EMC
(Elsevier Masson SAS, Paris), Techniques chirurgicales - Appareil digestif, 40-761, 2011.

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Iconographie supplémentaire 15
Principes de la chirurgie hépatique avec clampage portal par ballonnet (a, b). L'occlusion portale segmentaire obtenue par gonflage
du ballonnet (1) et le clampage artériel sélectif (2) permettent de délimiter la zone segmentaire à réséquer (en grisé).
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Iconographie supplémentaire 16
Principes de l'embolisation portale préopératoire à visée d'hypertrophie controlatérale compensatrice. a. Ponction de la branche
porte gauche sous contrôle échographique pour une embolisation droite. b. Cathétérisme du tronc porte et portographie. c.
® ®
Embolisation à l'aide d'un mélange d'Histoacryl et de Lipiodol des branches portes droites. d. Portographie de contrôle.
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Iconographie supplémentaire 17
e
Installation du malade. a. Installation de la salle d'opération. 1. Séparation zone opératoire/zone anesthésique ; 2. 3 aide ; 3.
e
opérateur ; 4. 2 aide ; 5. échographe ; 6. panseuse circulante ; 7. bistouri électrique et coagulateur à argon ; 8. intubation et
aspiration gastrique ; 9. matelas à eau ; 10. contrôle de température centrale ; 11. contrôle de pression artérielle sanglante ; 12.
er
contrôle de tension artérielle ; 13. 1 aide ; 14. dissecteur ultrasonique ; 15. sonde urinaire ; 16. instrumentiste ; 17. table
d'instruments ; 18. chauffe malade. b. limites du champ opératoire pour une hépatectomie majeure.
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Iconographie supplémentaire 18
Échographie peropératoire (a, b).
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Iconographie supplémentaire 19
Libération du foie. a. Libération du ligament triangulaire gauche. b. Libération du ligament triangulaire droit (flèche).
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Iconographie supplémentaire 20
Modalités de section du parenchyme hépatique. a. Kellyclasie. b. Dissecteur ultrasonique.
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Iconographie supplémentaire 21
Traitement de la tranche d'hépatectomie. a. Coagulation par plasma d'argon. b. Compresses hémostatiques. c. Colle biologique.
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