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Bremond Claude. André Bazin. Qu'est-ce que le cinéma ? t. III : Cinéma et Sociologie. In: Communications, 1, 1961. pp. 211-
220;
https://www.persee.fr/doc/comm_0588-8018_1961_num_1_1_935
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vois bien que la mort du jeune gamin l'enfance, dans Jeux interdits, est
de dix ans, abattu tandis qu'il joue la encore et toujours le charme de
Marseillaise à l'harmonica, n'est si l'innocence, de la fraîcheur, de la sincérité,
émouvante qu'autant qu'elle ressemble opposées à nos souillures d'hommes et
à notre conception adulte de à la société pervertie des adultes ?
l'héroïsme » (p. 30). A ceux au contraire Ainsi Bazin reste empêtré dans la
qui ont eu le « courage » de « s'être mythologie qu'il dénonce, au moment
délibérément refusés à tout recours à la précis où il croit lui échapper.- Chassez
sympathie sentimentale, toute le mythe, il revient au galop ! Il ne
concession à l'anthropomorphisme » (p. 30), fait que lui superposer son mythe
Bazin ne marchande pas son propre, qui est de croire que l'artiste
admiration. C'est le cas des réalisateurs a le pouvoir de i briser les cadres
des trois films plus haut cités. Ils vont mythiques de notre sensibilité « sans
en quelque sorte à contre-mythe. Leur cruauté, sans pessimisme, mais par
mérite est de nous refuser l'oreiller une volonté de vérité dont il (René
du rêve : « René Clément est sans doute Clément) est en la matière le premier
le premier metteur en scène à nous exemple à l'écran ». (p. 21) Bazin
proposer de l'enfance une image qui ne pressent d'ailleurs si bien l'objection
se borne pas à se conformer à l'une des qu'il s'empresse de faire la part du
mythologies que les hommes devenus feu : « Si le film suppose une éthique,
grands projettent sur ses mystères. elle n'est qu'implicite et elle
Son propos n'est pas de moraliste et postulerait tout au plus que la moralité de
de pédagogue, mais de romancier » l'enfance est d'abord une amoralité »
(P- 20). (p. 21).
Voyons de plus près comment René Ce que montre en réalité l'analyse
Clément échappe à l'ornière de Bazin, c'est que Jeux interdits
commune : « Michel et Paulette ne sont renouvelle la mythologie de l'enfance,
point de bons ou de méchants enfants, en dégageant la notion d'innocence
leurs préoccupations, nullement de ses références aux définitions
absurdes, ne relèvent que de la psychologie, sociales du bien" et du mal, mais pour
à aucun degré de la morale. » (p. 20) la réinsérer dans une mythologie
Le mérite du film est de les laisser se encore plus ancienne, celle du paradis
comporter selon la logique de leurs terrestre, d'un état d'enfance de
jeux sans rien faire transparaître l'humanité qui n'a pas encore goûté au
d'une prétendue loi morale inscrite fruit de l'arbre de science. Jeux
dans le cœur de l'homme. C'est la interdits, Los Olvidados, Allemagne
mythologie sociale qui transforme en année zéro, ne sont pas des peintures
fait de nature le fait culturel des de l'enfance plus fidèles, moins esclaves
obligations morales. Les jeux des deux des mythes de l'adulte, que Emile
enfants sont-ils donc dépourvus de et les détectives ou les Chemins de la vie.
toute signification éthique ? Bazin Simplement, leur apparition et leur
l'affirme, puis enchaîne : « En dérobant succès prouvent que le mythe, tout en
toutes les croix qui leur tombent restant fidèle à sa fonction essentielle,
sous la main pour jouer au cimetière, fait peau neuve pour s'adapter à une
Michel et Paulette limitent totalement image nouvelle de l'enfance..
le rituel des adultes qui les entourent. Le mouvement par lequel Bazin
Je veux dire que ce rituel ne contient s'efforce ainsi tout d'abord d'arracher
au fond rien de plus que le. jeu des le film qui lui a plu aux prises de la
enfants, sinon le sérieux social qu'il mythologie commune, quitte à l'y
s'attribue. Mais de la confrontation restituer ensuite subrepticement, est
des deux, il ressort que le vrai sérieux peut-être encore plus frappant dans
est du côté des enfants, car leurs les pages consacrées à Los Olvidados. Ce
raisons de tenir à leur jeu sont, en film, par beaucoup de traits du
définitive, meilleures » (p. 20). Que scénario, rappelle-t-il les thèmes les plus
signifie cela, sinon que le charme de rebattus des films « mythologiques »
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sur l'enfance délinquante ? Qu'à cela c'est que le vrai problème n'est pas de
ne tienne : il ne s'agit, selon Bazin, savoir qu'il existe aussi du bonheur,
que du thème « explicite » qui « n'a mais jusqu'où peut aller la condition
que l'importance du sujet pour le humaine dans le malheur ; et c'est
peintre ; à travers ses conventions sonder la cruauté de la création »
(auxquelles il ne se prête du reste que (p. 26). Est-il besoin de souligner que
pour les détruire), l'artiste vise plus l'objection n'est nullement réfutée ?
loin une vérité transcendante à la Pourquoi le « vrai » problème ne serait-
morale et à la sociologie : une réalité il pas tout aussi bien celui du bonheur,
métaphysique, la cruauté de la de savoir jusqu'où peut aller la
condition humaine » (p. 24). condition humaine dans cette voie, de
Nous retrouvons aussitôt le jeu de sonder nos virtualités
mots sur l'ambiguïté de la notion d'épanouissement ? Quand Bazin nous, dit que
d'innocence, à la faveur duquel Bazin Terre sans pain et Los Olvidados sont
feint de croire que le film ne plaide « une exploration de l'homme en
pas pour la bonté originelle de l'enfant, société », ce n'est évidemment pas à la
rendu malheureux et pervers par une façon d'un film documentaire, mais en
société corrompue et corruptrice : tant qu'ils sont tenus, dans leur
« Ces enfants sont beaux, non parce outrance même, pour une allégorie
qu'ils font le bien ou le mal, mais symbolisant la condition de l'homme
parce qu'ils sont des enfants jusque en société. Quel est le degré de vérité
dans le crime et jusque dans la mort » de cette allégorie ? Il est difficile d'en
(p. 24). Mythe pour .mythe, cette décider. Mais quelque chose est sûr :
assertion sur la beauté originelle de si ces films contiennent une parcelle de
l'enfant ne vaut ni plus ni moins que vérité, cette vérité est celle d'un
la croyance en sa bonté. Cette fois mythe. Aux mythes selon lesquels la
encore, Bazin se donne beaucoup de vie en société est la condition du
mal pour montrer que le film est dénué bonheur des humains, Bunuel (ou Bazin)
d'implications éthiques (donc, selon opposent un mythe selon lequel la vie
lui, de références mythologiques), et en société est un enfer pour l'homme.
cette fois encore il ne cesse de s'y L'un est-il plus vrai que l'autre ? Est-il
référer à la faveur de notions de même licite de poser le problème de
rechange qui montrent combien plus leur vérité objective ? De transformer
mythique encore est la prétention d'y (comme aime à le faire Bazin) en
échapper. Venant de soutenir que « la « problèmes » métaphysiques ce qui
grandeur de ce film se saisit n'est à l'origine que la projection
immédiatement quand on a senti qu'il ne se collective d'un thème affectif, un désir
réfère jamais aux catégories morales » ou une crainte ?
(p. 24), il se dément aussitôt : « Si la Et si Bunuel n'est pas cruel, mais
pitié est exclue de son système simplement lucide, si son parti pris
esthétique, c'est qu'elle l'enveloppe de en faveur de l'horrible doit être
toute part... Los Olvidados est un film interprété comme une preuve
d'amour et qui requiert l'amour... d'impartialité supérieure (dans l'ordre
Paradoxalement, le sentiment majeur métaphysique naturellement), c'est
qui se dégage de Las hurdes et de Los cependant sous des influences culturelles
Olvidados est celui de l'immarcessible très définies — celles du surréalisme
dignité humaine... etc. » (p. 27). et de la tradition hispano-mexicaine
L'objection selon laquelle Bunuel, — qu'il accède à cette vision du monde :
par son choix du plus atroce, « Ce goût de l'horrible, ce sens de la
proposerait l'image mythique d'un monde cruauté, cette recherche des aspects
inexorablement livré à l'horreur et au extrêmes de l'être, c'est aussi
désespoir, ne laisse pas de l'héritage de Goya, de Zurbaran, de Ribera,
l'embarrasser : « La cruauté n'est pas de de tout un sens tragique de l'humain
Bunuel, il se borne à la révéler dans le que ces peintres ont précisément
monde. S'il choisit le plus atroce, manifesté dans l'expression de la plus
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rieuse est une opération contre-nature mythe, pour être, doit être perçu ; il
qui détruit ce qu'elle révèle » (p. 159). est toujours mythe pour quelqu'un.
Dans le cas présent, le mythe de
Effectivement, ce n'est pas Ariel, Chariot dont nous entretient Bazin
c'est Caliban, qui fait le mythe au doit être, ou le mythe de Chariot tel
cinéma. Les études que Bazin consacre qu'il est reçu par le public, ou le mythe
au mythe de Chariot (à propos de de Chariot tel qu'il est vécu par Charles
Monsieur Verdoux et de Limelight) Spencer Chaplin, ou le mythe de
apportent un autre témoignage des Chariot tel que l'imagine le critique
divagations où l'on risque de se perdre André Bazin. Dans le premier cas,
lorsqu'on détache le mythe de ses nous faisons de la sociologie, dans le
racines, de son terreau, qui est la second et le troisième, nous nous
participation affective spontanée des intéressons à la psychologie de deux
masses, pour en faire un thème de individus, ou à leurs idées sur la société
discussion entre fanatiques de ciné- et sur l'art.
clubs. A cette construction dialectique Or, bien que Bazin ne puisse nier
qui sort toute armée du cerveau de que le mythe de Chariot ait besoin,
Bazin, le sociologue — et la vérité pour exister et croître, de s'enraciner,
sans doute — préféreraient quelque d'une part dans l'existence de
monstre né du ventre des foules. l'individu qui l'invente, d'autre part dans les
Monsieur Verdoux n'a été très bien innombrables consciences qui s'en
accueilli ni en Amérique ni en France. nourrissent, ce n'est ni l'étude
Or Bazin, qui ne cesse par ailleurs de psychologique de Chaplin (et son évolution),
rappeler que la grandeur de Chaplin ni la sociologie du mythe de Chariot
est indissociable de sa popularité (et son évolution), ni les inter-relations
universelle, entreprend de le défendre de ces deux pôles, l'auteur et le public,
contre l'incompréhension du public et qui retiennent essentiellement son
— ce qui n'est pas moins grave selon attention : « Je n'ai pas l'intention
lui — de la critique. D'après Bazin d'en entreprendre aujourd'hui une
ce film, où l'absence de Chariot exégèse, qui impliquerait une somme
déconcerte et déçoit le spectateur, est décourageante de références allant de,
justement l'œuvre de Chaplin où la psychanalyse particulière de Charles
Chariot est le plus sublimement Spencer Chaplin à la symbolique
présent : « Au sens précis et mythologique universelle, en passant par la mythologie
du mot, Verdoux n'est qu'un avatar judaïque et diverses vues
de Chariot. Par là, Monsieur Verdoux hypothétiques sur la civilisation moderne...
est sans doute l'œuvre la plus etc. » (p. 92). Ce que Bazin nous
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Quel est alors le degré de vérité de il n'en reste pas moins que, faute d'une
ce mythe dont le critique dispose à sa méthode rigoureusement appropriée,
guise ? Tantôt Bazin en appelle au Bazin, croyant épurer le mythe, ne fait
génie inconscient de Chariot contre la que l'altérer en fonction de sa
platitude des thèses sociales du mythologie propre. C'est « son » Chariot
« citoyen Chaplin » : « Dans la mesure qu'il nous sert.
où c'est une thèse quelconque qui Le paradoxe vient ici de ce que ce
anime le personnage, elle prend la mythe, dont Bazin s'évertue à
place du mythe et tend à déplacer reconstruire la genèse, et dont Monsieur
celui-ci. L'ontologie du héros est Verdoux et Limelight lui paraîtront
détruite. Mais, Dieu merci, cette coup sur coup l'accomplissement
destruction ne se produit pas aussi définitif et indépassable, n'existerait pas
nécessairement qu'on pourrait le croire. sans l'adhésion initiale des masses
Le mythe résiste, gêné et contraint Bazin est le premier à s'en prévaloir :
par les idées de M. Chaplin, il trouve « On ne peut réellement parler de ce
dans le génie du même Chaplin le mythe en deçà d'une certaine
moyen de leur échapper et de compréhension et extension du personnage...
réapparaître ailleurs, peut-être même à En moins de quinze ans le petit homme
l'insu de l'auteur » (p. 109). Dans en frac ridicule, à la moustache- en
d'autres cas, c'est à l'inconscient du trapèze, à la badine et au chapeau
public (et de Chaplin) qu'il en appelle melon habitait la conscience de
contre le mauvais goût de ce même l'humanité. Jamais depuis que le monde
public (et de ce même Chaplin) : dans est monde un mythe n'avait reçu une
certains films de Chariot « le adhésion aussi universelle » (p. 92).
dénouement optimiste ne doit pas être pris Mais si le critique en appelle volontiers
au sérieux. Il est entraîné par un à l'autorité de la planète lorsqu'elle
réflexe dramatique étranger au mythe. adhère à ses goûts, il est tout aussi
La véritable fin, que le public prompt à la récuser lorsqu'elle cesse
reconstitue du reste inconsciemment... » d'être d'accord avec lui. En ce qui
(p. 104). De quel droit Bazin fait-il concerne Chariot, il apparaît bientôt
ainsi le départ entre ce qui appartient que l'entente du critique et du grand
ou n'appartient pas au mythe ? Dirait- public, à propos des films antérieurs
il que la résurrection et le triomphe de Chaplin, reposait sur un
final du Chaperon Rouge et de sa malentendu : il y a une « confusion toute
mère-grand ne sont entraînés que par naturelle pour le spectateur entre la
un réflexe dramatique étranger au densité comique et le mythe. Quand
mythe ? On voit bien que ce qui gêne on évoque Chariot, on ne sépare pas le
Bazin, c'est la puérilité de certains personnage des inventions comiques
aspects du mythe. Mais qu'est-ce que qui lui ont permis de conquérir le
cela prouve ? Simplement que le public... Tout se passe... dans
mythe de Chariot n'a pas eu à l'origine Monsieur Verdoux comme si cet épuisement
pour fonction de donner une fête à incontestable du génie comique était
son intelligence, mais de satisfaire aux la rançon (ou peut-être la cause ?)
besoins d'une sensibilité plus naïve d'un affinement du mythe » (p. 112).
que la sienne. A ce niveau, le mythe Ainsi le mythe de Chariot, épuré par
est à prendre comme il est, dans la Bazin, n'est-il pas essentiellement lié
forme où il nous est présenté. S'il est au génie comique de Chaplin : « Ce
en effet plus que probable que, en sont là deux valeurs esthétiques
dessous du contenu explicite du mythe, incomparables dans leur plénitude » (p. 112).
un courant de connivence souterraine Mieux encore, il y a entre elles un
relie l'inconscient du créateur à rapport de proportionalité inverse : où
l'inconscient du public, et si ce peut être croît l'importance du mythe, la veine
la tâche du mythologue de déchiffrer comique s'appauvrit ! Le rire, au lieu
les significations latentes camouflées d'être à sa façon un mode de
sous des dehors anodins ou rassurants, compréhension suffisant, au lieu de témoigner
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peut-être même aussi à une autre façon réalité transcendante, le Festival est
de maquiller les faits. Imbu de cette un ordre » (p. 7). Rentré à Paris,
conception mythique de l'art, du « il lui semble bien revenir de loin, et
moins de l'art cinématographique, avoir vécu longtemps dans un univers
Bazin était porté, non pas à ignorer d'ordre, de rigueur et d'obligation qui
l'enchevêtrement des facteurs évoque d'avantage le souvenir d'une
économiques, politiques, culturels, sociaux, retraite à la fois brillante et studieuse
géographiques etc., qui conditionnent dont le cinéma constituait l'unité
le cinéma et le font être ce qu'il est, spirituelle, que d'avoir été l'heureux élu de
mais à croire possible et souhaitable l'immense partouze dont il retrouvera
de les dépasser, pour permettre au avec ahurissement l'écho dans Ciné'
génie de se manifester, diamant étin- monde et dans Match » (p. 11). Le
celant, dans la pureté de son essence. comique de cette chute tient-il tout
Ainsi, dans son étude sur Limelight entier dans l'humour que Bazin croyait
en vient-il à parler de Chaplin comme y mettre ? On n'en jurerait pas. Du.
du Messie, du Dieu fait homme : « Le dévot qui rentre d'un pèlerinage aux
plus admirable n'est pas là : c'est que lieux saints sans avoir rien soupçonné
Limelight soit, à partir de ces des trafics qui se font sur le parvis du
références personnelles, l'œuvre si temple, c'est la foi qu'on admire,
brûlante et si pure que nous voyons, c'est non les talents d'observation
que la transcendance du message, gique.
loin d'être alourdie par son incarnation, C. B.
y puise au contraire le plus spirituel
de sa force. La grandeur de Limelight
se confond ici avec la grandeur même
du cinéma, elle est la manifestation la « Civilisation de V image », (Recherches
plus éclatante de son essence qui et débats du Centre catholique des
est : l'abstraction par l'incarnation » Intellectuels français), Paris, Arthème
(p. 131). Ce genre (très fréquent chez Fayard, cahier n° 33, déc. 1960,
lui) d'élévations mystiques, saphra- 204 p.
èéologie d'emprunt (ontologie,
transcendance, essence, dialectique, etc.), Le projet de ce recueil est
sa propension à éprouver devant délibérément modeste, puisqu'il ne s'agit,
l'écran un sentiment « métaphysique » pour chacun de ses collaborateurs,
de ceci ou de cela, se réfèrent à un que de prendre conscience du
besoin intéressant, mais suspect, de phénomène nouveau, propre à notre siècle,
trouver dans le cinéma une foi de que constitue l'extraordinaire
rechange. Dans ce désir d'échapper promotion de l'image dans notre vie
par le haut à ce qu'il croyait être le d'hommes modernes ; l'ouvrage est donc
prosaïsme des explications positives, sans prétention scientifique ou
Bazin méconnaissait que le cinéma est méthodologique, on n'y trouvera à aucun
un tout où tout se mêle toujours, moment une psychologie ou une
qu'il lui est pour ainsi dire essentiel sociologie de l'image, mais seulement les
d'être impur. réactions d'hommes qui essayent de
C'est peut-être dans l'article qui penser en humanistes sur un sujet à la
ouvre le recueil (Du festival considéré fois technique et « humain ». L'image
comme un ordre), que ce parti-pris de est abordée soit selon sa nature (cinéma,
cécité volontaire, à- force de pureté bandes dessinées, imagerie religieuse,
ascétique, révèle le mieux ses dangers. photographie, télévision), soit selon ses
Bazin y décrit avec humour l'existence rapports avec certaines disciplines
bénédictine du critique au festival de (histoire, ethnologie, théologie). Les
Cannes : « Si la règle en effet définit contributions sont inégales ; elles
l'ordre, conjointement à la vie apportent peu d'informations ; ce sont
contemplative et méditative, à la communion surtout des prises de position éthiques
spirituelle dans l'amour de la même ou spirituelles ; les textes qui person-
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