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b io nettoyag e
industrie pharmaceutique
L
e nettoyage est présent partout,
autant dans notre quotidien
personnel que professionnel.
Mais qu’entend-on réellement par
ce terme ? Quand le Larousse le
définit comme une « méthode pour
rendre un lieu net, propre », les
textes plus réglementaires en font
un établissement de la preuve, en
conformité avec les principes des
Bonnes pratiques de la fabrica-
tion pharmaceutique (BPF), que la
mise en œuvre ou l’utilisation de
tout processus, procédure, maté-
riel, matière première, article de
conditionnement ou produit, acti-
vité ou système permet réellement
d’atteindre le résultat escompté.
© Sanofi
Définition réglementaire
Plusieurs textes réglementaires,
guides, revues traitant du nettoyage
en industrie pharmaceutique et de la • FDA : Guide to inspection of vali- • ICH Q3B : Impurities in new drug
validation des procédés de nettoyage dation of cleaning process 1993 ; product ;
existent comme : • FDA : CDRH Guidance for steri- • ICH Q3C : Impurities, residual
• les BPF françaises et Lignes direc- lants & disinfectants, 1/3/00 ; solvents ;
trices particulières LDP 13 ; • ICH Q7A : GMP for active phar- • PICS/S : PI006 Recommanda-
• GMP Europe/Eudralex part I/part maceutical ingredients chap. 12/7 ; tions on validation master plan.
II et annex 15 ; • ICH Q : Impurities in new drug Une autre définition des BPF note
• FDA : CGMP 21 CFR part 211 ; substances ; que le nettoyage est réalisé en vue
Bione ttoyag e
n n n actif ? soluble dans l’eau ? des raisons évidentes de sécurité ordre ? Deux fois plus ? Cinq fois
h
cercle de sinner
Est-il fabriqué à partir de matières des personnes, de demander à qui- plus ? Est-ce réellement signifi-
h
premières chimiques, biologiques conque de nettoyer manuellement catif ? D’après l’annexe 15.36 des
h
ou les deux ? Une analyse du pro- du matériel avec un détergent dont BPF, les teneurs limites en conta-
cédé et de son utilisation est essen- le pH serait très basique ou très mination microbienne doivent
Action mécanique tielle avant l’établissement de toute acide. Dans ce dernier cas, le déter- être logiquement fixées en fonc-
h
Action chimique
Action thermique Temps d’action méthode. gent mis en œuvre sera neutre. tion des matériaux et des produits
Cette analyse permet d’orienter son utilisés. Les validations traitées
choix vers l’agent de nettoyage le • Quelle méthode ? à ce jour considèrent de manière
plus adapté ainsi que sur le choix Une fois l’agent choisi, il faut défi- générale dans ces conditions que
des autres paramètres – en effet le nir les conditions dans lesquelles la biocharge apportée par l’équi-
h
Schéma fondateur de la
théorie du nettoyage, le
cercle suppose que la
réduction de l’un des quatre
paramètres qui le composent
nettoyage est un ensemble de méca-
nismes physiques et chimiques
(cercle de Sinner).
h
implique l’accroissement Si on utilise de l’eau, sa qualité contact et une température d’utili- Une réponse simple revient à
d’un autre. doit être définie, justifiée et cor- sation. Si l’un de ces quatre aspects connaître tout d’abord la biocharge
respondre au besoin du produit ne peut pas être mis en œuvre, il apportée par la matière première
(eau PPI, osmosée…). Si l’eau n’est faut augmenter d’autant plus un ou via sa mesure dans un contenant
pas suffisante pour un nettoyage plusieurs des autres paramètres. stérile, puis mesurer la biocharge
efficace, les produits chimiques La combinaison de ces paramètres dans les équipements et compa-
simples (acide, soude) constituent est propre à chaque procédé et il rer les deux.
la deuxième voie. Enfin, si celle- n’existe aucune formule magique. Il est également possible de récu-
ci n’est pas non plus suffisante, le L’essentiel est de savoir comment pérer les premières eaux de rin-
choix se dirige vers le troisième vérifier son efficacité. çage et de mesurer leur biocharge.
axe : un produit chimique com- Les écouvillonnages peuvent égale-
posé appelé détergent. • Quelle spécification et comment ment être utilisés. Toutefois, il est
Ces derniers sont à éviter autant la mesurer ? difficile de mener une évaluation
que possible au vu des inconvé- Les indicateurs biologiques sont quantitative sur les endroits défi-
nients qu’ils peuvent entraîner exclus : à cette étape c’est une nis comme les plus critiques d’un
(recherche de traces, conditions détergence et non une désinfection équipement – soit sur une surface
de stockage, coût…). S’ils consti- qui doit être validée. Or, quelle spé- déterminée (équivalente à 25 cm²
tuent la seule solution, rappelons cification souhaite-t-on atteindre ? ou autre). Il ne peut alors s’agir
qu’ils peuvent présenter des com- Selon la matière première et sur- que d’une évaluation qualitative.
positions variables selon l’usage tout le produit, les spécifications
auquel ils se destinent. Ainsi un peuvent varier. Prenons pour • Quelle péremption ?
détergent alcalin (potasse…) est exemple un composant du produit Terminé ? Non, il reste une étape
privilégié lorsqu’il s’agit de reti- fini apportant une haute charge importante citée dans les textes :
rer des résidus organiques là où microbiologique. Lors de la valida- la validité du nettoyage, soit sa
un détergent acide (acide phos- tion du nettoyage, notre spécifica- péremption entre la fin de ce
phorique…) est préféré pour les tion peut donc être que la matière dernier et son utilisation. De la
résidus minéraux (réaction de Par- première apporte une biocharge même façon que la spécification,
ker). Alcalin ou acide, le pH a un plus importante que l’équipement. cette péremption doit être défi-
effet capital dans la conduite du Dans le cas contraire, la validation nie selon les besoins de produc-
procédé de nettoyage. Il n’est en est considérée non conforme. Plus tion de chacun : production quo-
revanche pas envisageable, pour importante d’accord, mais de quel tidienne ? hebdomadaire ? n n n
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n n n mensuelle voire annuelle ?
Quelle qu’elle soit, elle doit être
vérifiée et de façon documentée.
Pour ce faire, le meilleur moyen
est de souiller l’équipement avec
la matière première la plus char-
gée microbiologiquement par-
lant, réaliser le nettoyage au
terme de cette fabrication puis
attendre le temps nécessaire
entre deux productions et réa-
liser un nouveau lot après ce
temps défini. Après la mesure de
la biocharge de la seconde pro-
duction, il est également impor-
© Dortec
tant d’aller au terme du procédé
et de vérifier si la biocharge est
Il est important de cartographier l’ensemble des surfaces présentes dans les salles propres et de déterminer
suffisamment basse pour ne pas
lesquelles sont les plus critiques.
engendrer, au terme de la produc-
tion, une contamination micro- Les équipements de répartition leurs produits. Quatre normes font
biologique massive présentant et leur environnement références à la méthode de dilu-
un risque pour la qualité du pro- Une fois fabriqué dans l’équipe- tion-neutralisation, qui consiste
duit comme une substance active ment propre et tracé comme tel, à mettre en contact une suspen-
par exemple. il faut répartir le produit, de façon sion bactérienne et un désinfec-
aseptique dans certains cas. Pour tant pendant une durée fixée. L’ac-
• Revalidation cela, les équipements sont géné- tivité du désinfectant est ensuite
La validation « initiale » est ter- ralement situés dans des salles neutralisée avant de dénombrer les
minée mais il reste encore à véri- propres, avec des centrales de trai- germes restant. Si la neutralisation
fier que celle-ci ne se détériore tement d’air assurant la qualité par- n’est pas réalisable, le dénombre-
pas au cours du temps de façon à ticulaire nécessaire au procédé. ment est réalisé par filtration sur
s’assurer que de telles procédures Mais au terme d’une production, membrane.
sont efficaces lors de leur utilisa- il est là aussi nécessaire de net- • NF EN 1040 avril 2006
tion en condition de routine. Il est toyer les équipements et locaux. « Antiseptiques et désinfectants
conseillé en industrie de réaliser En effet, la désinfection des zones chimiques – Essai quantitatif de
a minima une revalidation annuelle à atmosphère contrôlée est particu- suspension pour l’évaluation de
avec, si le produit apporte une lièrement importante, comme l’in- l’activité bactéricide de base des
biocharge importante, la mesure dique l’annexe 1 des BPF (point antiseptiques et des désinfectants
périodique de cette dernière pour 37). Ces nettoyages (détergence et chimiques – Méthode d’essai et
analyser et surveiller sa tendance désinfection) sont principalement prescriptions (phase 1) » ;
au cours du temps. réalisés par le personnel de pro- • NF EN 1276 mars 2010
Dans ces cas précis, la désinfec- duction à l’aide de sprays pour « Antiseptiques et désinfectants
tion suivant le nettoyage (soit la les équipements et de solutions à – chimiques – Essai quantita-
réduction de la charge microbio- diluer pour les locaux. tif de suspension pour l’évalua-
logique) est généralement incluse, Les fournisseurs de produits tion de l’activité bactéricide des
une fois le produit fabriqué, sous désinfectants revendiquent des antiseptiques et des désinfec-
la forme d’une stérilisation précé- normes relatives à l’activité bac- tants chimiques utilisés dans le
dant la répartition. téricide, fongicide et sporicide de domaine de l’agro-alimentaire,
bione ttoyag e
Dans le cadre de la validation de l’efficacité des désinfectants,
la meilleure méthode consiste à se fonder, si possible, sur les
résultats des contrôles microbiologiques de routine de la salle
elle-même ou d’une salle équivalente.
« Antiseptiques et désinfectants
chimiques – Essai quantitatif de
nnn 316L.) ou le plastique (Tivar, l’équipement de production au surface non poreuse pour l’éva-
Delrin, acrylique). Lorsque le cas terme de la répartition. luation de l’activité bactéricide
se présente, le matériau le plus Une fois définie, si la validation est et/ou fongicide des désinfectants
proche du produit peut être consi- prospective, il faut penser à récu- chimiques utilisés dans le domaine
déré comme le plus critique. D’ail- pérer des échantillons de chaque de l’agro-alimentaire, dans l’in-
leurs, d’après les Bonnes pratiques surface choisie. Si la validation dustrie, dans les domaines domes-
de fabrication (2009) : « En géné- est rétrospective, il est évident tiques et en collectivité – Méthode
ral, seules les procédures de net- qu’il n’est pas envisageable d’in- d’essai sans action mécanique et
toyage applicables aux surfaces de troduire les germes en concentra- prescriptions (phase 2/étape 2) ».
l’équipement en contact avec les tions importantes dans les salles
produits doivent être validées. » propres. Il est alors préférable Les méthodes analytiques figu-
Mais rappelons que nous parlons dans ces conditions de contac- rant dans ces normes sont plus
ici du nettoyage réalisé à l’aide ter les fabricants pour obtenir des proches de la réalité que celles pré-
d’un détergent et/ou d’un désin- échantillons. cédemment citées : les germes sont
fectant dans les salles propres. Il déposés sur des surfaces qui sont
est donc possible de ne pas sélec- •Q
uels produits utiliser pour ensuite désinfectées sans action
tionner la matière constituant le quelles spécifications sur quels mécanique. Leurs spécifications
matériel en contact direct avec le germes ? pour l’activité bactéricide et fon-
produit. En effet, ce matériel est Beaucoup de détergents/désinfec- gicide sont :
généralement préalablement net- tants sont proposés dans le com- • pour la NF T 72-190 août 1988 :
toyé et autoclavé en dehors de la merce. Il est difficile de savoir à réduction de 105 bactéries, réduc-
salle propre. Il est donc retiré de l’avance quel produit est le plus tion de 104 champignons n n n
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