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Analyses en microbiologie

Produits non stériles


par Yves ROCHÉ
Docteur ès Sciences pharmaceutiques
Directeur qualité, CENEXI
et Philippe NIEL
Maître de conférences, Faculté des sciences pharmaceutiques, Université Paris V

1. Techniques classiques de la Pharmacopée européenne ............... P 3 352 - 2


1.1 Méthodes quantitatives .............................................................................. — 2
1.2 Recherche de germes spécifiés .................................................................. — 5
2. Techniques rapides de contrôle microbiologique ........................... — 5
2.1 Amélioration d’une technique classique ................................................... — 6
2.2 Techniques alternatives de détection rapide ............................................. — 6
2.3 Applications des principales techniques alternatives
dans l’industrie pharmaceutique................................................................ — 8
Références bibliographiques ......................................................................... — 9

a microbiologie est la science qui s’intéresse aux bactéries, levures,


L moisissures et virus : cette définition du dictionnaire livre le champ d’inves-
tigations auquel devrait s’appliquer le contrôle des produits non stériles. Il est
singulier, à ce jour, de constater que les principales normes ou monographies
en vigueur s’adressent principalement aux bactéries, levures et moisissures et
peu aux virus.
Pourtant, l’eau, par exemple, matière première de nombreuses formules ou
procédés de fabrication, agent de nettoyage, est un parfait vecteur de transport
de ce type de micro-organismes. Nous nous limiterons donc, dans cette étude,
à la quantification des trois premiers types de micro-organismes, laissant à la
virologie le soin de combler ce vide.
La présence de la flore mésophile doit être réglementairement, ou pour des
raisons économiques, recherchée et quantifiée sur de très nombreux produits
qui concernent les produits de santé : médicaments et leurs matières premiè-
res de départ ou de process, produits cosmétiques et leurs matières premières
de départ ou de process, produits diététiques, alicaments et enfin dispositifs
médicaux.
La démarche est, quels que soient les textes réglementaires suivis, la même
et nous allons décrire successivement les méthodes quantitatives utilisées, les
techniques de recherche de germes spécifiés, les solutions et milieux de culture
utilisés et enfin les agents neutralisants nécessaires lorsque le produit étudié
possède un pouvoir antimicrobien, puis nous aborderons les différentes tech-
niques rapides ainsi que les conservateurs.

Nota : le dossier « Analyses en microbiologie » se compose de quatre parties :


— Produits non stériles [P 3 352] ;
— Antibactériens [P 3 353] ;
— Produits stériles [P 3 354] ;
— Contrôles de l’environnement [P 3 355].

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© Techniques de l’Ingénieur P 3 352 − 1
ANALYSES EN MICROBIOLOGIE ___________________________________________________________________________________________________________

1. Techniques classiques La taille de l’échantillon (ou des échantillons) est variable selon
le produit à examiner et doit tenir compte du produit, du niveau de
de la Pharmacopée contamination présumé et peut être obtenue par mélange de n
récipients si nécessaire pour obtenir la quantité requise.
européenne Dans le cas de dispositifs, le nombre d’éléments prélevés devra
être représentatif du lot.
par Yves ROCHÉ
■ Préparation de l’échantillon
● Produits hydrosolubles

1.1 Méthodes quantitatives En général, une solution est préparée en diluant la quantité pré-
levée dans un diluant (solution tampon peptonée au chlorure de
Les essais décrits pour le contrôle microbiologique des produits sodium pH 7,0 par exemple ou tout autre diluant approprié). Le rap-
non stériles (dénommé aussi « dénombrement des germes port de dilution le plus fréquent est de 1/10 mais il peut être adapté
aérobies viables totaux » – Monographie 2.6.12 de la Pharmacopée aux caractéristiques du produit ou à une sensibilité requise diffé-
européenne) permettent le dénombrement des bactéries méso- rente.
philes, des moisissures et levures capables de se développer en Si le produit possède un pouvoir antimicrobien, un agent
aérobiose. neutralisant peut être ajouté au diluant en prenant soin d’ajuster
Ces essais servent avant tout à déterminer si un produit est ensuite le pH à 7 environ si nécessaire.
conforme aux exigences microbiologiques spécifiées de sa mono- ● Produits de nature non lipidique insolubles dans l’eau
graphie, à la Pharmacopée. La préparation est identique à la précédente hormis le fait qu’un
Cependant, pour la Pharmacopée européenne (chapitre 2.6.12), agent tensioactif peut être ajouté au diluant pour une meilleure
ces techniques peuvent également être mises en œuvre pour véri- mise en suspension. Le tensioactif le plus couramment utilisé est
fier l’efficacité de la conservation antimicrobienne (voir chapitre le polysorbate 80. De même que précédemment, si le produit
conservateurs) ainsi que dans le cadre de la surveillance du niveau possède un pouvoir antimicrobien, un agent neutralisant peut être
de qualité des matières premières ou de préparations pharmaceu- ajouté dans les mêmes conditions.
tiques. ● Produits de nature lipidique
Des précautions sont nécessaires pour la bonne exécution de ces La présence d’un agent tensioactif est ici nécessaire. Il est ajouté
contrôles : en quantité égale à la moitié de la masse du produit à examiner
— la manipulation doit éviter toute contamination accidentelle maximum, et mélangé en chauffant si nécessaire à une tempé-
du produit à examiner ; rature maximum de 40 oC. Le mélange ainsi obtenu est ensuite
— les micro-organismes éventuellement présents ne doivent amené à dilution au 1/10 avec le diluant déjà décrit à la même
pas être altérés par les précautions prises pour éviter la température.
contamination ; ● Dispositifs médicaux
— la neutraliser de l’activité antimicrobienne du produit,
lorsqu’elle est nécessaire, en validant l’activité et l’efficacité des Les dispositifs médicaux, comme par exemple les cuillères
agents neutralisants vis-à-vis des micro-organismes considérés. doseuses, les compte-gouttes, les trocards de transvasement...
sont immergés dans le diluant précédemment décrit, par exemple.
Les trois techniques les plus couramment utilisées sont la méthode
● Dispositifs transdermiques
de filtration sur membrane, la méthode de dénombrement sur
plaque et la méthode du nombre le plus probable. Cette dernière Après retrait du film protecteur, les dispositifs transdermiques
est généralement appliquée quand l’une des deux précédentes ne sont placés :
peut l’être du fait du produit lui-même (solide soluble ou non, corps — pour moitié de l’échantillon, dans une solution de tampon
gras...) ou du nombre de micro-organismes. peptonée au chlorure de sodium pH 7,0 pouvant contenir des
Les textes réglementaires précisent généralement que, quelle inactivateurs appropriés. Ils sont ensuite soumis à une agitation
que soit la technique utilisée, il est nécessaire de la valider. énergique pendant 30 min au moins (préparation A) ;
— pour l’autre moitié de l’échantillon, dans du milieu liquide D
et soumis également à une agitation énergique pendant 30 min
1.1.1 Échantillonnage et préparation (préparation B : recherche des entérobactéries et autres bactéries
de l’échantillon gram-négatives).

■ Échantillonnage
Le prélèvement doit être effectué par du personnel formé aux
1.1.2 Examen des échantillons : méthodes utilisées
techniques de prélèvements microbiologiques afin d’éliminer tout En règle générale, le contrôle microbiologique des produits non
risque de contamination accidentelle du produit. Le plan d’échan- stériles est réalisé soit par la méthode de filtration sur membrane,
tillonnage dépend de nombreux paramètres tels que taille du lot, soit par la méthode de dénombrement sur plaque. On utilisera la
caractéristiques du produit, niveau de contamination présumé du méthode du nombre le plus probable quand le dénombrement
produit, homogénéité de distribution des micro-organismes. microbien ne peut être réalisé par l’une des deux premières, du fait
Dans ce dernier cas, la Pharmacopée européenne (2.6.12) donne de la nature du produit ou du nombre de micro-organismes
un exemple de plan d’échantillonnage dit à trois niveaux : présumé.
« Cinq échantillons sont prélevés dans chaque lot et examinés
■ Méthode de filtration sur membrane
séparément : les trois niveaux sont définis comme suit :
(i) échantillons acceptables, c’est-à-dire contenant moins de m L’isolement des micro-organismes est réalisé par la filtration sur
unités formant colonie (UFC) par gramme ou par millilitre, m étant des membranes filtrantes de porosité nominale de 0,45 µm pour
la limite spécifiée ; lesquelles l’efficacité de rétention bactérienne a été montrée.
(ii) échantillons marginaux, c’est-à-dire contenant plus de m UFC Une attention toute particulière doit être apportée au matériau
mais moins de 10 m UFC par gramme ou par millilitre ; constituant la membrane. En effet, le produit à examiner ou l’un de
(iii)échantillons non conformes, c’est-à-dire contenant plus de ses constituants ne doit pas modifier l’efficacité de rétention
10 m UFC par gramme ou par millilitre. bactérienne.

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De nombreux solvants dans les produits pharmaceutiques par


exemple, tels que alcool benzylique, propylèneglycol, solutions Tableau 1 – Valeurs du nombre le plus probable
fortement alcooliques... doivent conduire au choix de membranes de bactéries (Pharmacopée européenne)
spécifiques. Ces dernières sont généralement constituées d’acétate
de cellulose. Trois tubes pour chaque niveau de dilution
Pour les solutions acqueuses, huileuses, faiblement alcooliques, Nombre de tubes Catégorie
les membranes en nitrate de cellulose sont couramment utilisées. positifs NPP (1) Limites
par de confiance
Le mode opératoire pour cette technique consiste à filtrer sur gramme à 95 %
deux filtres à membrane respectivement l’équivalent d’environ 1 g 0,1 g 0,01 g 0,001 g 1 2
de produit. Chaque membrane est ensuite rincée avec trois fois
100 ml du diluant utilisé pour la préparation de l’échantillon et 0 0 0 <3 – –
décrit précédemment, par exemple. 0 1 0 3 x <1 17
Une des deux membranes est déposée ensuite sur un milieu 1 0 0 3 x 1 21
gélosé approprié au développement des bactéries. La boîte de
milieu gélosé est incubée à 30-35 oC pendant 5 jours. La seconde 1 0 1 7 x 2 27
membrane est déposée sur un milieu gélosé permettant le déve- 1 1 0 7 x 2 28
loppement des moisissures et levures. L’incubation de cette boîte
est réalisée à 20-25 oC pendant 5 jours. Le nombre d’unités for- 1 2 0 11 x 4 35
mant colonie par gramme ou millilitre est alors calculé en utilisant 2 0 0 9 x 2 38
les plaques dont le nombre de colonies est inférieur à 100.
2 0 1 14 x 5 48
Pour les dispositifs transdermiques, la préparation A est filtrée
respectivement sur deux membranes stériles. La première est 2 1 0 15 x 5 50
transférée sur milieu gélosé B pour le dénombrement des germes 2 1 1 20 x 8 61
aérobies viables totaux, la seconde sur milieu gélosé C, pour le
dénombrement des moisissures et des levures. 2 2 0 21 x 8 63
3 0 0 23 x 7 129
■ Méthode de dénombrement sur plaques
3 0 1 38 x 10 180
Deux techniques sont possibles pour la réalisation de cette
méthode, soit par ensemencement en profondeur, soit par 3 1 0 43 x 20 210
étalement en surface. 3 1 1 75 x 20 280
● Par ensemencement en profondeur
3 2 0 93 x 30 390
L’échantillon (de l’ordre de 1 ml) est introduit dans une boîte de
Petri puis mélangé à un milieu gélosé liquéfié adapté soit à la 3 2 1 150 x 50 510
culture des bactéries soit à la culture des moisissures et des 3 2 2 210 x 80 640
levures à une température ne dépassant pas 45 oC.
3 3 0 240 x 100 1 400
La quantité de milieu employé sera adaptée à la taille de la boîte
de Petri utilisée. Le test est réalisé en double pour chaque milieu 3 3 1 460 x 200 2 400
et chaque dilution. Les boîtes sont incubées 5 jours dans les 3 3 2 1 100 x 300 4 800
conditions de température décrites précédemment pour les
bactéries d’une part et les levures-moisissures d’autre part. 3 3 3 > 1 100 – –
Le dénombrement s’effectue sur les boîtes présentant le plus (1) Catégorie 1 : résultats normaux obtenus dans 95 % des cas.
grand nombre de colonies inférieur à 300 (100 pour les levures et Catégorie 2 : résultats moins probables obtenus dans seulement 4 %
des cas. Il est déconseillé d’utiliser ces résultats pour les décisions
moisissures). La moyenne arithmétique des dénombrements
importantes. Les résultats encore moins probables que ceux de la
permet le calcul du nombre d’unités formant colonie par gramme catégorie 2 ne sont pas mentionnés et ne sont en aucun cas
ou par millilitre. acceptables.
● Par étalement en surface

L’échantillon de 0,1 ml au moins est étalé à la surface de boîtes


de Petri dans lesquelles auront été coulés puis solidifiés des Les tubes sont incubés à 30-35 oC pendant 5 jours.
milieux gélosés appropriés à la culture des bactéries ou des Pour chaque dilution, on notera le nombre de tubes présentant
moisissures et levures. une pousse microbienne. Pour la Pharmacopéé européenne, on se
Tout comme dans le cas de l’ensemencement en profondeur, reportera par exemple au tableau 1 (tableau 2.6.12.-1 de la Pharma-
deux boîtes de Petri par milieu et par dilution sont préparées. De copée – Valeurs du nombre le plus probable de bactéries) pour
même, les conditions d’incubation et les calculs seront effectués déterminer le nombre le plus probable de bactéries par gramme ou
comme précédemment. millilitre de produit à examiner.

■ Méthode du nombre le plus probable 1.1.3 Efficacité des milieux de culture


Comme nous l’avons déjà mentionné, cette méthode ne doit être et validité de la méthode du dénombrement
utilisée que lorsque l’emploi des deux autres est impossible du fait
d’une fidélité et d’une exactitude inférieure. De plus, les résultats L’efficacité des milieux de culture doit être montrée. Pour cela,
obtenus pour le dénombrement des moisissures sont peu fiables. des souches de référence sont utilisées pour préparer des sus-
La méthode repose sur une série d’au moins trois dilutions au pensions témoins contenant environ 100 unités formant colonie
1/10 successives du produit (décrit dans le paragraphe Préparation par millilitre. Ces suspensions des divers micro-organismes sont
de l’échantillon). On prélèvera ainsi trois fois 1 g ou 1 ml de chaque mises en œuvre comme témoins pour les méthodes de dénom-
dilution que l’on transférera dans trois tubes contenant chacun 9 à brement décrites en présence et en l’absence du produit à étudier.
10 ml d’un milieu liquide approprié additionné si nécessaire d’un Pour les deux premières méthodes décrites dans le para-
tensioactif ou d’un agent neutralisant. (0) graphe 1.1.2, le nombre de colonies obtenues ainsi ne doit pas dif-

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férer de plus d’un facteur 5 de la valeur calculée à partir de la


solution témoin pour chaque micro-organisme de référence. Tableau 2 – Qualité microbiologique
Pour la méthode du nombre le plus probable, la valeur calculée
des préparations pharmaceutiques
à partir de la solution témoin doit être comprise dans l’intervalle de
confiance de 95 % des résultats obtenus. Préparation Pharmaceutique Limite de contamination
La validité de la méthode est donnée par le contrôle de la stéri- Catégorie 1 Essai de stérilité
lité du milieu, du diluant, de l’efficacité des conditions d’asepsie en
appliquant la méthode avec la solution tampon peptonée au Catégorie 2
chlorure de sodium pH 7,0 stérile, par exemple, comme préparation Germes aérobies viables totaux Max. 10 2 micro-organismes
à examiner. On ne doit observer aucune croissance microbienne. (bactéries
aérobies + moisissures et
levures) par gramme (g) ou
1.1.4 Interprétation des résultats millilitre (ml) ou par dispositif
et limites de contamination transdermique (film protecteur
et couche support compris)
Le nombre de germes viables totaux correspond à la somme du Entérobactéries et certaines Dispositifs transdermiques :
nombre de bactéries et du nombre de moisissures et levures autres bactéries gram négatives Absence de bactéries, vérifiée
(supposés égaux aux nombres d’unités formant colonie). sur 1 dispositif
Il peut s’avérer que certains micro-organismes se développent Autres préparations : Max. 1
par g ou par ml
sur les deux milieux utilisés. Dans ce cas, la valeur obtenue peut
être corrigée. Pseudomonas aeruginosa Absence dans 1 g ou 1 ml ou
Dans le cas de la méthode du nombre le plus probable, la valeur 1 dispositif (film protecteur et
donnée représente le nombre de bactéries. couche support compris)
Des limites de contamination microbienne sont, en règle Staphylococcus aureus Absence dans 1 g ou 1 ml ou
générale, données soit en tant que limites prescrites dans les 1 dispositif (film protecteur et
monographies, soit en tant que recommandations. C’est le cas des couche support compris)
préparations pharmaceutiques, pour lesquelles le chapitre 5.1.4. est Catégorie 3 A
publié « à titre d’information » dans la Pharmacopée européenne
(voir tableau 2). (0) Germes aérobies viables totaux Max. 10 3 bactéries par g ou
par ml
Quatre catégories sont définies :
● Catégorie 1 : Préparations obligatoirement stériles aux termes Max. 102 moisissures et levures
de la monographie de la forme pharmaceutique correspondante et par g ou par ml
autres préparations étiquetées stériles. Escherichia coli Absence dans 1 g ou 1 ml
L’essai de stérilité est appliqué pour cette détermination.
Catégorie 3 B
● Catégorie 2 : Préparations pour application locale ou pour
administration dans les voies respiratoires à l’exception des prépa- Germes aérobies viables totaux Max. 10 4 bactéries par g ou
rations obligatoirement stériles, et dispositifs transdermiques. par ml
● Catégorie 3 :
Max. 102 moisissures et levures
A : Préparations pour administration par voie orale ou rectale. par g ou par ml
B : Préparations pour administration orale contenant des Entérobactéries et certaines Max. 10 2 bactéries par g ou
matières premières d’origine naturelle (animale, végétale ou autres bactéries gram-négatives par ml
minérale) lorsqu’un prétraitement antimicrobien est impossible et
que l’autorité compétente admet une contamination microbienne Salmonelles Absence dans 10 g ou 10 ml
des matières premières supérieure à 103 micro-organismes viables Escherichia coli Absence dans 1 g ou 1 ml
par gramme ou par millilitre. Sont exclus les médicaments à base
de plantes décrits dans la catégorie 4. Staphylococcus aureus Absence dans 1 g ou 1 ml
● Catégorie 4 :
Catégorie 4 A
Médicaments à base de plantes exclusivement composés d’une ou
plusieurs drogues végétales (entière, en fragments ou en poudre). Germes aérobies viables totaux Max. 10 7 bactéries par g ou
par ml
A : Médicaments à base de plantes dont l’emploi fait intervenir
de l’eau bouillante. Max. 105 moisissures et levures
par g ou par ml
B : Médicaments à base de plantes dont l’emploi ne fait pas
intervenir d’eau bouillante. Escherichia coli Max. 102 E. coli par g ou par ml
Les limites de contamination données en exemple doivent être Catégorie 4 B
interprétées comme suit : lorsque la valeur est de 102 micro-orga-
nismes, la valeur maximale acceptable est de 5 × 102 ; lorsqu’elle Germes aérobies viables totaux Max. 10 5 bactéries par g ou
est de 103 micro-organismes, la valeur maximale acceptable est de par ml
5 × 103, est ainsi de suite.
Max. 104 moisissures et levures
Dans le cas d’un plan d’échantillonnage à 3 niveaux après calcul par g ou par ml
du nombre de germes viables totaux pour chacun des échantillons,
le produit satisfait à l’essai si : Entérobactéries et certaines Max. 10 3 bactéries par g ou
autres bactéries gram-négatives par ml
— aucun des résultats individuels obtenus n’est supérieur d’un
facteur 10 ou plus à la limite prescrite ; Escherichia coli Absence dans 1 g ou 1 ml
— le nombre de résultats individuels se situant entre la limite
Salmonelles Absence dans 10 g ou 10 ml
prescrite et 10 fois cette limite est inférieur à 2.

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1.1.5 Solutions et milieux de culture recommandés


Tableau 3 – Évaluation du nombre probable de bactéries
La composition des solutions et des milieux de culture est
Résultat obtenu avec une quantité
parfois donnée à titre d’information ou de recommandation. Il est
de produit de Nombre probable
de la responsabilité de l’utilisateur de montrer que leurs propriétés
de bactéries par gramme
nutritives et sélectives sont satisfaisantes pour l’essai concerné. 0,1 g 0,01 g 0,001 g de produit
Cependant, le choix est primordial dans la mesure où l’on peut ou 0,1 ml ou 0,01 ml ou 0,001 ml
dans certains cas aboutir à des résultats sensiblement différents
pour une même méthode et des milieux différents. C’est pour cette + + + Plus de 103
raison que dans le domaine pharmaceutique, par exemple, un
+ + – Moins de 103 et plus de 102
travail d’harmonisation internationale a été conduit sur la base
d’une comparaison des méthodes, critères d’acceptation et + – – Moins de 102 et plus de 10
milieux, solutions tamponnées et agents neutralisants des mono- – – – Moins de 10
graphies des Pharmacopées européenne, américaine et japonaise.

1.1.6 Agents neutralisants ■ Escherichia Coli, Salmonelles, Pseudomonas aeruginosa,


Staphylococcus aureus
Nous avons vu qu’il peut parfois être nécessaire de neutraliser Les essais décrits pour ces micro-organismes sont en règle
un possible pouvoir antimicrobien en additionnant le diluant générale, pour les produits pharmaceutiques et cosmétiques, des
d’agents neutralisants. tests négatifs. Il ne doit pas être observé de colonies du type décrit
ou si croissance il y a, les tests biochimiques et sérologiques de
Ainsi, par exemple, le jaune d’œuf est utilisé pour neutraliser les
confirmation sont négatifs.
composés à fonction ammonium quaternaire, le thiosulfate de
sodium pour neutraliser les composés halogénés, le thioglycolate Chacun de ces micro-organismes est isolé par réalisation de
de sodium pour annuler les effets des composés organo-mercuriels sub-cultures sur des milieux gélosés spécifiques, à des tempé-
et un mélange de laurylsulfate de sodium, polysorbate 80, lécithine ratures d’incubation précises et pendant des périodes d’incubation
et jaune d’œuf pour neutraliser les composés phénoliques. allant de 18 à 72 heures.
La recherche de Pseudomonas aeruginosa et de Staphylococcus
Les teneurs en agents neutralisants peuvent être augmentées si
aureus sur les dispositifs transdermiques est réalisée sur une part
nécessaire mais, dans tous les cas, l’efficacité et la non-toxicité à
aliquote de la Préparation A, avec une étape de revivification et
l’égard des micro-organismes considérés doivent être prouvées.
repiquage sur milieux gélosés spécifiques à la mise en évidence de
chacun de ces germes.

1.2 Recherche de germes spécifiés ■ Propriétés nutritives et sélectives des milieux


et validité de l’essai
Dans certains cas, il est demandé de rechercher, en parallèle à la Tout comme pour les méthodes de dénombrement de la flore
flore mésophile, des germes spécifiés, soit témoins d’un niveau de mésophile, chaque lot de milieu déshydraté utilisé doit montrer son
contamination, soit dont la présence est indésirable. aptitude à permettre le développement des micro-organismes consi-
Lors de cette recherche, il est nécessaire de revivifier les dérés. Des souches de référence seront donc utilisées et dans ce cas,
micro-organismes dans la mesure où l’utilisation de milieux un résultat positif doit être obtenu pour chaque micro-organisme.
sélectifs employés n’autorise pas la mise en évidence de
■ Clostridies
micro-organismes ayant subi des lésions sublétales.
Deux types d’essais peuvent être aussi menés dans la recherche
Les milieux utilisés pour l’étape de revivification ou de culture, de ces micro-organismes : le premier est destiné aux produits pour
tout comme les températures d’incubation préconisées sont lesquels il est impératif d’exclure des clostridies pathogènes et
primordiales dans cette recherche. donc d’en vérifier l’absence, le second destiné aux produits pour
lesquels le nombre de ces germes détermine un niveau de qualité.
■ Entérobactéries et certaines
La mise en évidence de Clostridies se fait par incubation en
autres bactéries Gram-négatives
anaérobiose puis sub-cultures sur milieu spécifique additionné de
L’essai décrit dans la monographie de la Pharmacopée Gentamicine.
européenne, par exemple, permet la mise en évidence de bactéries La distinction entre Clostridies et certaines espèces de Bacillus
de la famille des Enterobacteriaceae mais aussi d’autres types de est possible grâce au test catalase qui sera positif pour les Bacillus
bactéries comme les Aeromonas et Pseudomonas. et négatif pour les Clostridies.
Deux essais peuvent être conduits : l’absence de croissance de Le dénombrement de Clostridium perfringens est conduit en
colonies de bactéries Gram-négatives sur plaque ou l’évaluation effectuant des dilutions au 1/100 et au 1/1 000 du produit et en
quantitative. évaluant le nombre le plus probable au moyen du tableau 1.
Dans les deux cas, les entérobactéries sont isolées à partir de
sub-cultures sur milieu gélosé sélectif.
Pour l’évaluation quantitative, des dilutions successives sont
réalisées avant sub-culture et le nombre probable de bactéries est
2. Techniques rapides
calculé sur la base de la plus petite quantité de produit ayant de contrôle microbiologique
donné un résultat positif et la plus grande quantité de produit
ayant donné un résultat négatif (tableau 3 tiré du tableau 2.6.13.-1). par Philippe NIEL
Pour l’examen de dispositifs transdermiques, une partie aliquote Les techniques de contrôle microbiologique mises en œuvre
de préparation B (décrite au paragraphe 1.1.1) est filtrée sur dans l’industrie pharmaceutique sont standardisées par les
membrane stérile qui est transférée dans un milieu enrichi. Après Pharmacopées. Elles ont souvent un temps de réponse relative-
incubation, ce dernier est étalé sur gélose spécifique pour cette ment long et sont difficilement automatisables. D’autres indus-
recherche. (0) tries, alimentaires [1], cosmétiques, ont déjà pu bénéficier de

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techniques alternatives. Sous réserve d’une validation, certaines de ■ Gélose contact


ces techniques semblent pouvoir être adaptées au domaine phar- L’emploi de ce type de gélose est courant pour les contrôles de
maceutique, soit pour des protocoles de la Pharmacopée euro- surface. L’ensemencement consiste simplement à appliquer la
péenne (contamination initiale, étude des eaux, essai d’efficacité gélose dont la surface arase la boîte de Petri sur la surface à
des conservateurs, dosage des antibiotiques, etc.), soit pour des analyser puis à mettre à incuber.
contrôles « in process » permettant le cas échéant de prendre des
mesures correctives à temps. ■ Système PETRIFILMND
Nous allons aborder sans prétendre être exhaustif les techniques Ce système permet le dénombrement de flore totale ou des
de détection et de dénombrement bactérien. Les techniques coliformes. Il se présente sous la forme d’un double film enduit de
d’identification ne seront pas abordées ici. Nous pouvons nutriments déshydratés. Le film inférieur quadrillé sert de support
distinguer deux groupes de techniques : celles correspondant à à un milieu de culture déshydraté et à un agent gélifié avec une
l’amélioration d’une méthode classique détectant une croissance et dépression permettant le dépôt de 1 ml d’inoculum. Le film
les techniques alternatives de détection rapide. supérieur souple et translucide est enduit d’un agent gélifiant et
d’un indicateur d’oxydoréduction (tétrazolium). Après incubation,
le comptage des colonies est facilité par la présence du
quadrillage.
2.1 Amélioration d’une technique classique
■ Système QUANTI-TRAY COLILERTND
Certaines étapes des techniques classiques de contrôle micro-
Le principe repose sur un modèle statistique identique à celui de
b i o l o g i q u e p e u v e n t b é n é fi c i e r d ’ a m é l i o r a t i o n s q u i vo n t
la technique classique de dilution séquentielle dans 15 tubes. Dans
grandement faciliter la mise en œuvre de ces protocoles, mais le
ce système, l’échantillon est fractionné automatiquement par
gain de temps ne touchera pas la phase de croissance des
l’appareil de scellement et ceci dispense des dilutions. La lecture se
micro-organismes et sera donc limité.
fait en consultant la table du MPN (nombre le plus probable).

■ Filtration sur une membrane hydrophobe (ISO-GRIDND)


2.1.1 Préparation des échantillons
Pour un échantillon filtrable, ce système, constitué d’une
Les échantillons solides pourront subir un broyage de type membrane filtrante carrée quadrillée hydrophobe, permet un
Stomacher (appareil à marteaux), éventuellement après avoir subi comptage aisé des colonies après incubation, ceci grâce au
une dilution automatisée dans du milieu de culture dans des quadrillage.
dilueurs de type Dilumat. Toutes ces opérations sont réalisées dans
un sac plastique stérile scellé jetable, ceci préservant la propreté
du système de broyage.
2.1.4 Systèmes de lecture
■ Analyseurs d’image
2.1.2 Milieux de culture et souches bactériennes Ces systèmes, outre leur rapidité et leur fiabilité, donnent des
résultats plus élevés que ceux réalisés classiquement. En effet, des
La préparation des milieux de culture peut être soit simplifiée petites colonies non visibles à l’œil sont comptabilisées par ces
par l’emploi de milieux déshydratés et d’un répartiteur automati- analyseurs. Ces appareils sont connectables à un système infor-
que de milieux, soit supprimée par l’achat de milieux prêts à matique permettant de stocker les données acquises.
l’emploi. Cette dernière solution, la plus simple et la plus onéreuse,
doit être entreprise avec un fabricant capable de fournir un certifi- ■ Milieux contenant des substances chromogènes
cat d’analyse garantissant la conformité de chaque lot de milieux. Ces milieux de « préidentification » mettent en évidence une
activité enzymatique dont la présence est spécifique d’une espèce
La fertilité des milieux de culture peut être validée par l’uti-
bactérienne. La libération d’un composé chromogène permet de
lisation d’inoculums bactériens précalibrés commerciaux. Ceci
repérer les colonies suspectes sur la boîte de Petri. Si ces milieux
dispense l’utilisateur du maintien en collection de ces souches et
connaissent un intérêt en microbiologie clinique et dans le contrôle
de la préparation des inoculums.
alimentaire, leur utilisation dans le domaine du contrôle pharma-
ceutique semble limitée, car ne dispensant pas d’une identification
classique.
2.1.3 Méthodes d’ensemencement

■ Ensemenceur SPIRAL
2.2 Techniques alternatives
Une microseringue étalon à débit variable et contrôlé commande de détection rapide
le dépôt de l’échantillon liquide à la surface de la gélose d’une
boîte de Petri en rotation. Le stylet distributeur de l’ensemenceur, Ces techniques alternatives de détection rapide vont causer un
monté sur un chariot mobile, se déplace simultanément du centre gain de temps en supprimant ou en raccourcissant la phase de
de la boîte vers sa périphérie ; l’échantillon est ainsi déposé en croissance bactérienne nécessaire dans les techniques classiques
forme de spirale d’Archimède dans la boîte de Petri. Le volume pour visualiser les micro-organismes.
distribué est parfaitement calibré et assure la répartition de
l’échantillon de façon logarithmiquement décroissante. Cette
variation du volume d’échantillon déposé permet d’obtenir une 2.2.1 Méthodes microscopiques
densité décroissante de colonies bactériennes développées le long et méthodes dérivées
de la spire.
Cette technique permet sans dilution le dénombrement de 10 à ■ Dénombrement en cellule de Petroff Hauser
106 Unités Formant Colonie (UFC) par ml analysé. Après incubation Cette technique rapide de dénombrement nécessite une bonne
classique (durée, température), le comptage peut s’effectuer soit expérience de l’expérimentateur. La profondeur de la cellule est de
par comparaison visuelle à un abaque fourni par le fabricant, soit 0,02 mm, ce qui facilite le comptage en diminuant le nombre de
par compteur laser (ceci nécessitant un milieu non opaque). mises au point microscopique (objectif 40).

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■ Méthode de Breed (coloration de Gram, bleu de méthylène) la cellule et son état physiologique la corrélation entre quantité
Le dénombrement de bactéries par l’examen microscopique d’ATP détectée et dénombrement reste très délicate.
dans un volume donné de prélèvement après coloration est long et Le dosage de l’ATP qui est présent dans toutes les cellules
le résultat dépend beaucoup de l’opérateur. vivantes (source d’énergie) et donc dans les bactéries, permet
l’estimation des populations microbiennes (en particulier des
■ Utilisation de fluorochrome germes vivants car la concentration en ATP diminue très vite après
● Microscopie à épifluorescence : cette coloration suivie d’un la mort cellulaire et devient non détectable). Dans la réaction, la
examen microscopique en UV permet la détection à faible gros- luciférine est décarboxylée en présence d’ATP, de Mg++ et de luci-
sissement. De nombreux colorants sont utilisés comme le jaune férase en oxyluciférine avec production de CO2 , pyrophosphate,
d’acridine, la fluorescéine ou l’orange d’acridine. Dans ces AMP et d’un photon à 562 nm.
conditions, le seuil de détection est de 105 germes par ml. On peut donc évaluer le nombre de micro-organismes à partir de
La concentration préalable sur membrane filtrante ou par la quantité d’ATP d’origine microbienne présente dans le produit.
centrifugation en gradient de densité permet d’atteindre un seuil de Cette quantité au sein d’un micro-organisme varie « peu » en fonc-
détection de 102 à 103 germes par ml. tion de la phase de croissance ; l’amplitude de la variation autour de
la moyenne atteint 1,5 fois cette moyenne. Cette quantité d’ATP
La technique DEFT (Direct Epifluorescence Filter Technique ) intracellulaire varie de 0,3 à 10 · 10–16 g/cellule. Il est donc possible
permet, après filtration, de dénombrer les bactéries et les levures. de déduire de la concentration en ATP un ordre de grandeur du
L’acridine orange pénètre dans les cellules et se fixe aux acides nombre de bactéries dans un milieu. Si la population est composite,
nucléiques (ADN et à ARN). La fixation sur l’ADN donne un on adopte comme concentration en ATP par cellule 5 · 10–16 g.
complexe fluorescent vert tandis que la fixation sur l’ARN conduit
à un complexe fluorescent rouge-orange. Si la bactérie est en La mesure de l’émission lumineuse peut se faire au moyen d’un :
pleine croissance ou en pleine activité métabolique, le rapport — fluorimètre (sensibilité de 1 µg ATP/ml) ;
ARN/ADN est élevé et la bactérie apparaît rouge-orangée. Si la — compteur à scintillations (sensibilité de 10–13 à 10–15 g ATP
bactérie est inactive ou morte, le rapport ARN/ADN est faible et la soit environ de 1 000 à 10 cellules).
bactérie apparaît verte. Cette particularité de coloration permet de
contrôler non seulement la qualité hygiénique liée au résultat du ■ Impédancemétrie
dénombrement mais aussi la quantité de bactéries non viables. Ce procédé consiste à mesurer des variations de conductivité
Cette technique rapide (30 min) a un seuil de détection de d’un milieu de culture. Ces variations sont dues à l’activité
103 bactéries par ml. métabolique des micro-organismes. La prolifération cellulaire va
entraîner une variation des caractéristiques électriques du milieu
Il existe des possibilités d’automatisation pour le comptage par de culture. L’impédance va diminuer. L’impédance est l’opposition
analyseur d’images. à conduire un courant alternatif à travers un milieu conducteur. On
● Cytométrie de flux : les micro-organismes, après extraction des la mesure en faisant passer un courant entre deux électrodes
prélèvements par des solutions tampons, sont marqués par un plongeant dans le milieu.
composé fluorescent et injectés en continu dans la cellule de mesure ● Théorie de l’impédancemétrie : l’impédancemétrie peut être
les uns après les autres par un flux coaxial. La lumière émise par cha- simplement définie comme la mesure de la résistance d’un maté-
que micro-organisme est analysée par un détecteur. Le seuil de riau conducteur au flux d’un courant alternatif.
détection est d’environ 100 cellules par ml ou g de produit.
Lorsque deux électrodes en métal sont immergées dans un
● Cytométrie à balayage laser sur membrane filtrante : l’échan-
liquide conducteur, le système se comporte comme une résistance
tillon est filtré sur une membrane qui retient les micro-organismes. et un condensateur en série.
Les cellules viables sont ensuite colorées in situ par un marqueur
fluorescent. La surface du filtre est balayée automatiquement par un En conséquence, l’impédance du système intègre l’addition de
faisceau laser, ce qui permet un dénombrement automatisé avec un deux facteurs : la résistance et la capacitance du milieu.
seuil de détection de 1 micro-organisme par volume filtré. Le métabolisme microbien conduit habituellement à une dimi-
nution de l’impédance du milieu et donc à une augmentation de la
conductivité du système.
2.2.2 Détection de métabolites
● Technique classique : les électrodes sont en contact avec le
■ Méthodes radiométriques milieu de culture dans lequel se développent les germes que l’on
veut étudier. Les milieux de culture en général, et plus spécialement
La croissance des micro-organismes peut être mise en évidence ceux développés pour l’impédancemétrie, se composent de
de deux façons. Le micro-organisme peut hydrolyser un substrat substrats peu chargés qui sont transformés par les voies méta-
radioactif en un métabolite dont on mesure la vitesse d’apparition. boliques normales en produits finaux hautement chargés. À titre
C’est le cas par exemple de 14CO2 dégagé à partir de 14C glucose. d’exemple, on peut citer la conversion du glucose (substrat non
Le micro-organisme peut aussi incorporer ce substrat marqué et ionisé) en deux molécules d’acide lactique en présence d’oxygène
l’on mesure la radioactivité accumulée dans les micro-organismes. qui conduit lui-même à la formation d’ions bicarbonates plus
conducteurs que l’ion lactate.
■ Variation du potentiel rédox
Un automate de mesure par impédancemétrie peut être
La croissance d’un micro-organisme aérobie strict ou anaérobie simplement considéré comme un instrument de mesure des
aérobie facultatif va entraîner la variation du potentiel rédox du changements de la conductivité du milieu de culture.
milieu. Cette variation peut être mise en évidence par le virage d’un
● Technique indirecte : la croissance de certains micro-
indicateur d’oxydoréduction ou par électrochimie. Ces deux techni-
ques utilisées dans le domaine agroalimentaire ne connaissent pas organismes, et particulièrement de certaines levures et moisissures,
encore de développement dans le domaine pharmaceutique. ne provoque pas de grand changement de conductivité. On
considère que cela est dû au fait qu’ils ne produisent pas de méta-
■ Bioluminescence bolites fortement ionisés mais plutôt non ionisés comme l’éthanol.
Le dosage de l’ATP (adénosine triphosphate) présent dans toutes Des levures peuvent absorber les ions d’une solution ce qui pro-
les cellules vivantes peut être effectué de manière simple et rapide voque une nette diminution de la conductivité du milieu de culture.
par la réaction de bioluminescence qui est le résultat de l’activation En utilisant la technique indirecte, on peut résoudre ces pro-
du système luciférine/luciférase. La quantité d’ATP contenue dans blèmes en suivant le métabolisme microbien via la production de
les cellules vivantes étant extrêmement variable selon la nature de dioxyde de carbone.

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Une solution d’hydroxyde de potassium est déposée entre les Le système informatique gère un maximum de quatre incu-
électrodes. bateurs, ce qui confère au système une capacité de 512 analyses
La cellule est hermétiquement bouchée de façon à ce que le CO2 simultanées jusqu’à huit températures d’incubation différentes.
produit dans le milieu par le métabolisme microbien soit piégé
dans la solution de potasse. ■ Rabit (Rapid Automated Bacterial Impedance Technique )
Le bilan de ces réactions est le remplacement progressif d’ions Le Rabit (fabriqué en Angleterre par Don Whitley Scientific et dis-
hydroxyle par des ions carbonate moins conducteurs. On observe tribué en France par AES Laboratoire) mesure uniquement le signal
alors une diminution de la conductivité. de conductance. Les cellules en polypropylène autoclavables et
donc réutilisables, ont un volume utile de 10 ml. Les deux
électrodes de mesure se situent au fond de la cellule. Pour détecter
les micro-organismes produisant peu de métabolites ionisés ou
2.3 Applications des principales pour utiliser des milieux ayant une conductance trop importante,
techniques alternatives on emploie la méthode indirecte développée sur cet appareil.
dans l’industrie pharmaceutique L’incubateur comporte un bloc d’aluminium chauffant qui
contient 32 cellules (température maximale à 55 oC).
2.3.1 Appareils utilisés Le système informatique peut être relié à 16 incubateurs et
permet donc de réaliser en même temps 512 analyses jusqu’à
2.3.1.1 Appareils d’impédancemétrie 16 températures différentes.

■ Constitution des systèmes


2.3.1.2 Cytométrie de flux (appareil ChemFlow)
Tous les systèmes sont constitués par l’association des éléments
suivants. Nous décrirons le système ChemFlow commercialisé par la
société Chemunex, qui aujourd’hui est dédié aux dénombrements
● Une cellule de mesure : elle possède plusieurs électrodes. Cette
microbiologiques industriels. D’autres appareils de mesure
cellule contient le milieu de culture ainsi que l’échantillon à analyser.
utilisant la cytométrie en flux existent sur le marché mais ne sont
Des membranes filtrantes peuvent être introduites dans la plupart
pas spécialement adaptés à ces types de comptage. Le système est
des cellules lorsque le volume de l’échantillon à analyser est trop
composé d’un cytomètre analyseur qui peut être équipé d’un
important.
automate de préparation et d’injection d’échantillon.
● Un incubateur : c’est à l’intérieur de l’incubateur que l’on place
les cellules de mesure pendant toute la durée de l’analyse. Contrôlé ■ Caractéristiques
par microprocesseur, il maintient les cellules à température
constante et assure la lecture des mesures électriques. ● Cellule de mesure : la cellule de mesure est une cellule à flux
laminaire en quartz où l’échantillon est injecté dans un canal avec un
● Un système informatique : c’est en général un système
liquide gainant qui évite le contact des micro-organismes de
multitâche qui enregistre et traite les données transmises par
l’échantillon avec les parois.
l’incubateur. Il interprète automatiquement les résultats obtenus.
Ces résultats peuvent être consultés à tout moment, pendant ou Lorsque l’échantillon arrive dans la cellule de mesure, la pression
après l’analyse. Plusieurs incubateurs peuvent être reliés à un du liquide de gaine assure le passage des micro-organismes un à
même système informatique. un devant le faisceau laser.
● Des milieux de culture : ils sont souvent spécialement formulés ● Système optique : un laser d’argon refroidi à l’air, de 15 mW,
pour être utilisés avec ces instruments. Les milieux employés pour réglé à 488 nm permet l’excitation. L’émission est mesurée à deux
la mesure du signal de conductance contiennent des éléments longueurs d’onde (vert à 520 nm et rouge supérieur à 560 nm) par
nutritifs peu ionisés. Les micro-organismes dégradent ces substrats deux photomultiplicateurs qui convertissent le signal lumineux en
en de nombreux produits finaux fortement chargés. Le signal de signal électrique. Le système ChemFlow, à la différence d’autres
capacitance permet d’utiliser des milieux qui, à cause de leur impor- systèmes ouverts, réalise la lecture à l’intérieur de la cellule de
tance ionique, ne peuvent pas être employés pour la mesure de la mesure, le laser traversant la cellule. Les colorants préconisés pour
conductance. Des milieux non sélectifs permettent d’effectuer des ce système sont des substrats dérivés de la fluorescéine.
tests de détection et/ou de numération de la flore totale. L’utilisation
de milieux plus sélectifs permet de rechercher et, dans certains cas, ● Traitement des données : l’utilisation de ces deux longueurs
de dénombrer des flores spécifiques (coliformes, levures et moisis- d’onde permet une discrimination des micro-organismes par
sures, etc.). rapport au bruit de fond, principalement par comparaison du signal
fluorescent de la particule à celui de la fluorescéine.
Les différences principales entre les appareils d’impédance-
métrie concernent le nombre et le type de signaux électriques Chaque particule détectée est classée sur une échelle relative
mesurés ainsi que le volume des cellules et leur nombre par unité d’intensité de fluorescence et l’ensemble des mesures comptabi-
d’incubation. lisé sous forme d’histogramme.

■ Bactometer ■ Résultats
Le Bactometer (fabriqué aux États-Unis, distribué par Bio- Le résultat est exprimé en nombre de micro-organismes par
Mérieux) mesure soit la conductance soit la capacitance. Ses cellu- unité de volume. L’automatisation du système permet de répondre
les de mesure se présentent sous forme de modules composés de aux besoins de routine. La coloration de l’échantillon, sa filtration
16 cuvettes en matière plastique à usage unique. si nécessaire et son injection dans l’analyseur sont effectuées à
Chaque cellule est indépendante et contient deux électrodes de raison de 20 à 50 échantillons/ h.
mesure. Les cuvettes ont un volume utile de 2 ml. Les modules de
16 cuvettes sont adaptés pour les grandes séries d’analyses. ■ Limite de détection
L’incubateur comporte deux étuves indépendantes contenant Cette technique permet dans le meilleur des cas de détecter entre
chacune deux ou quatre modules, soit 32 ou 64 cellules. La tempé- 50 et 100 levures-moisissures/ml et 500 bactéries/ml ou g en
rature de chaque étuve peut être maintenue entre 8 et 55 oC (effet détection directe. Pour une recherche qualitative (présence/absence),
Peltier). une étape d’enrichissement d’environ 24 h est nécessaire.

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2.3.1.3 Cytométrie à balayage laser (appareil Chemscan) les contrôles d’hygiène. Elle consiste à restituer le nombre de
photons après transformation logarithmique permettant de définir
Les éléments optiques et électroniques du système sont réunis des zones de propreté. Cette méthode d’expression n’a pas pour
dans un appareil compact commercialisé par la société Chemunex. objectif l’évaluation quantitative des micro-organismes.
■ Caractéristiques ■ Appareillage
Après filtration de l’échantillon et marquage des micro-orga- De nombreux appareils existent actuellement sur le marché et
nismes sur le filtre, celui-ci est introduit dans une chambre noire, une description exhaustive ne peut être faite dans ce document.
sur un support thermostaté. Certains sont particulièrement destinés aux contrôles d’hygiène
● Optique : la source d’excitation est un laser d’argon refroidi à des surfaces et ne peuvent être utilisés pour une évaluation
l’eau, réglé à 40 mW et 488 nm. Il effectue un balayage de la totalité quantitative ou semi-quantitative de la contamination microbienne
du filtre. Le balayage est induit par deux miroirs oscillants, dans un produit. Ces appareils sont en général portables et utili-
l’émission est détectée à deux (ou trois) longueurs d’onde et sables par des manipulateurs non spécialisés en techniques de
collectée par deux ou trois photomultiplicateurs. laboratoire. Une infrastructure de laboratoire n’est pas nécessaire
● Traitement des données : une série de critères de discri- pour leur mise en œuvre.
mination permet de différencier les éléments fluorescents à Les autres appareils, plus généralistes, sont des instruments de
dénombrer et à rejeter. Ce dispositif fait appel aux caractéristiques paillasse, qui peuvent recevoir différents types de réactifs et
optiques du marqueur, à la taille de la particule et à la forme du permettent des développements spécifiques pour le contrôle
signal. microbiologique des produits ou des eaux.
■ Résultats
Le résultat apparaît sous forme de représentation graphique du
2.3.2 Applications
filtre avec la position exacte et précise des événements détectés. Pour une étude détaillée des applications réalisées dans
Le dénombrement est donné en micro-organismes/ml ou g (par l’industrie pharmaceutique nous conseillons au lecteur de se
volume filtré). Un système de vérification des résultats par reporter aux travaux [2] [3] de la commission de la Société
observation microscopique directe de la membrane permet une française des sciences et techniques pharmaceutiques à Paris.
visualisation des événements détectés.
Nous pouvons citer :
■ Limites de détection ● Pour l’impédancemétrie

Cette technique permet, dans le meilleur des cas, de détecter un — l’essai de stérilité,
micro-organisme par membrane (volume filtré). — le titrage microbiologique des antibiotiques,
— le test d’efficacité des conservateurs,
— le test d’efficacité d’antiseptiques et désinfectants,
2.3.1.4 Bioluminescence
— le contrôle de la contamination microbienne dans des produits
■ Méthode de détection non obligatoirement stériles et recherche des micro-organismes
spécifiés,
L’émission lumineuse issue de la réaction de bioluminescence — l’analyse des eaux,
est détectée grâce à un luminomètre, constitué de différents — le contrôle des fermentations ;
éléments intégrés dans un appareil unique.
● Pour la cytométrie de flux
● Zone d’accueil du milieu réactionnel : il s’agit d’un tube de
— le contrôle « in process » d’une boucle d’eau purifiée,
réaction unitaire ou disposé sur un passeur d’échantillon, d’une
— le contrôle de la contamination microbienne dans des pro-
microplaque ou d’un système intégrant le prélèvement et la cuve
duits non obligatoirement stériles et recherche des micro-organis-
réactionnelle (écouvillons spéciaux utilisés en contrôle d’hygiène
mes spécifiés (suspension buvable) ;
des surfaces).
● Pour la cytométrie à balayage laser
● Système d’injection : il n’est pas nécessaire dans les réactions
à cinétique lente (contrôles d’hygiène). Pour les systèmes ultra- — le contrôle « in process » d’une boucle d’eau purifiée,
sensibles, il est constitué de un à quatre injecteurs destinés à — le contrôle de la contamination microbienne dans des pro-
distribuer les réactifs dans la chambre de mesure. Les volumes duits non obligatoirement stériles et recherche des micro-organis-
d’injection peuvent être fixes ou variables. mes spécifiés ;
● Système de détection : la lumière émise est reçue et amplifiée ● Pour la bioluminescence
par un photomultiplicateur ou une photodiode. La mesure est — les contrôles d’hygiène,
effectuée par intégration des photons émis dans un temps fixe ou — le contrôle de la contamination microbienne dans des produits
réglable selon les dispositifs. Dans certains cas, une détection non obligatoirement stériles et recherche des micro-organismes
unique du pic d’émission peut être réalisée mais elle accentue le spécifiés (suspension buvable).
risque d’interférences par saturation. Toutes ces applications ont nécessité d’importants travaux de
● Obtention et présentation des résultats : le signal électrique validation au sein des unités de recherche et développement d’où
obtenu par le photomultiplicateur ou la photodiode est numérisé et la nécessité de faire son choix de techniques et d’appareils en
restitué par le module informatique du système en nombre d’URL fonction de la capacité du fournisseur à contribuer aux dévelop-
(unités relatives de lumière). Une autre approche est utilisée dans pements des applications concernées.

Références bibliographiques

[1] CUQ (J.-L.). – Les méthodes modernes d’ana- [2] PETAT (E.) et col. – Les méthodes alternatives [3] PETAT (E.) et col. – Les méthodes alternatives
lyse rapide en microbiologie alimentaire. de contrôle microbiologique. Présentation de contrôle microbiologique II. Présentation
Agro-Alimentaire Information – (9), CDIUPA des principales techniques rapides. Rapport des travaux réalisés. Rapport d’une commis-
(1993). d’une commission SFSTP. STP Pharma sion SFSTP. STP Pharma Pratiques – (9 : 5-44)
Pratiques – (6 : 281-301) (1996). (1999).

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