Vous êtes sur la page 1sur 11

Pour citer cet article : Ghesquière L, et al. Peut-on prévenir la pré-éclampsie ? Presse Med. (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.

lpm.2016.02.007

Presse Med. 2016; //: ///

en ligne sur / on line on


www.em-consulte.com/revue/lpm
OBST ETRIQUE
www.sciencedirect.com

Revue de la littérature
Peut-on prévenir la pré-éclampsie ?

Louise Ghesquière 1, Elodie Clouqueur 1, Charles Garabedian 1, Vassili Tsatsaris 3,4,


Veronique Houfflin-Debarge 1,2

Disponible sur internet le : 1. CHRU de Lille, clinique d'obstétrique, maternité Jeanne-de-Flandre, pôle
femme–mère–nouveau-né, avenue Eugène-Avinée, 59037 Lille cedex, France
2. Université Lille 2–Nord de France, faculté de médecine Henri-Warembourg,
59000 Lille, France
3. AP–HP, hôpital Cochin, université Paris Descartes, service de maternité Port-Royal,
123, boulevard du Port-Royal, 75014 Paris, France
4. Fondation PremUP, 75014 Paris, France

Correspondance :
Louise Ghesquière, CHRU de Lille, clinique d'obstétrique, maternité Jeanne-de-
Flandre, pôle femme–mère–nouveau-né, avenue Eugène-Avinée, 59037 Lille cedex,
France.
louise.ghesquiere@etu.univ-lille2.fr

Résumé
La pré-éclampsie (PE) est une complication spécifique de la grossesse qui est une des premières
causes de morbi-mortalité fœto-maternelle dans le monde. Depuis peu, des algorithmes de calcul
du risque de PE permettent un dépistage précoce de la PE au premier trimestre de grossesse.
L'objectif d'un dépistage précoce serait de pouvoir introduire rapidement durant la grossesse un
traitement préventif efficace. L'objectif de notre article est d'étudier ces différents traitements
à travers les données de la littérature. L'aspirine a une efficacité certaine et permet de diminuer le
risque de PE de 10 à 24 %. Son efficacité est maximale quand la dose administrée est supérieure
à 75 mg et quand elle est introduite avant 16 semaines d'aménorrhée (SA). L'introduction précoce
de l'aspirine permet surtout de prévenir les PE sévères et avant terme. Les héparines de bas poids
moléculaire (HBPM) ainsi que la vitamine D apparaissent comme des traitements prometteurs de
la PE mais d'autres études doivent encore être menées. Le calcium administré à 1 g/j permet de
diminuer le risque de PE notamment chez les patientes carencées. Une faible dose de calcium
permettrait également de diminuer le risque de PE mais cela doit être confirmé. Les autres
mesures préventives (antioxydants, monoxyde d'azote, progestérone, repos, activité physique)
n'ont pas fait preuve de leur efficacité.

Summary
Can we prevent preeclampsia?

Preeclampsia (PE), a specific complication of pregnancy, is one of the most frequent causes of
maternal and fetal morbidity and mortality in the world. Recently, PE risk calculation algorithms
allowing early detection of PE in the first trimester of pregnancy have been described. The aim of

tome xx > n8x > xx 2016


1

http://dx.doi.org/10.1016/j.lpm.2016.02.007
© 2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

LPM-3024
Pour citer cet article : Ghesquière L, et al. Peut-on prévenir la pré-éclampsie ? Presse Med. (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.
lpm.2016.02.007

L. Ghesquière, E. Clouqueur, C. Garabedian, V. Tsatsaris, V. Houfflin-Debarge


Revue de la littérature

early detection would be to rapidly introduce an effective preventive treatment. The aim of our
work is to study the different preventive treatments through the literature. Aspirin has some
efficiency and reduces the risk of PE from 10 to 24%. It is most effective when the dose exceeds
75 mg and when introduced before 16 gestational age. Early introduction of aspirin mainly
prevents severe and preterm PE. Low molecular weight heparin (LMWH) and vitamin D appear to
be promising therapy for PE but further research is required. Calcium administered at 1 g/day
reduces the risk of PE especially to patients with low baseline calcium intake. A low dose of
calcium could also reduce the risk of PE but this must be confirmed. Other preventive measures
(antioxidants, nitric oxide, progesterone, rest, exercise) do not reduce the incidence of PE.

Introduction l'alpha-FP (fœto-protéine) et la protéine plasmatique placen-


La pré-éclampsie (PE) est une complication spécifique de la taire A (PAPP-A). Chez les patientes atteintes de PE, dès le
grossesse qui est une des premières causes de morbi-mortalité premier trimestre de grossesse, on note une diminution du PlGF
fœto-maternelle dans le monde [1]. Elle est définie par une et une augmentation du sFlt-1 et de l'endoglobine soluble [5].
pression artérielle supérieure ou égale à 140 mmHg en systo- Depuis peu, Nicolaides et al. ont décrit un algorithme de calcul
lique et/ou à 90 mmHg en diastolique associée à une protéi- reposant sur le dosage sérique de la PAPP-A et du PlGF, sur des
nurie supérieure ou égale à 0,3 g par 24 h apparaissant en cours mesures biophysiques (prise de la pression artérielle, doppler
de grossesse après 20 semaines d'aménorrhée (SA). Elle touche des artères utérines) et sur des renseignements cliniques (sur la
2 à 8 % des grossesses [2]. Elle survient dans 70 à 75 % des cas patiente, ses antécédents) permettant un calcul de risque de PE
lors d'une première grossesse mais elle peut récidiver lors d'une au premier trimestre de grossesse. Cet algorithme permettrait
grossesse ultérieure, notamment en cas de facteurs de risque de dépister 93 % des PE survenant avant 34 SA [6]. Ces formes
maternels ou de changement de partenaire par exemple. précoces sont les plus préoccupantes car elles représentent la
La PE est secondaire à un dysfonctionnement de la placentation principale source de morbidité et mortalité fœto-maternelle en
notamment par défaut d'invasion trophoblastique au niveau des cours de PE.
artères spiralées de l'utérus. Cela a pour conséquence une L'objectif d'un dépistage précoce serait de permettre un traite-
diminution du flux sanguin placentaire et des lésions d'ischémie ment préventif de la PE et de pouvoir l'introduire rapidement
placentaire. Ces lésions entraînent alors une libération de diver- dans la grossesse.
ses substances dans la circulation maternelle responsables L'OMS recommande chez les patientes à risque de PE l'aspirine
d'une altération de l'endothélium maternel avec pour consé- et le calcium en cours de grossesse [7]. D'autres traitements
quence les symptômes de la PE (hypertension artérielle, préventifs ne sont pas recommandés mais font l'objet de nom-
néphropathie glomérulaire. . .) [3]. Cette invasion trophoblas- breuses études comme les anticoagulants ou les antioxydants.
tique commence environ vers 8–10 SA et est complète vers L'objectif de notre article est d'étudier, à travers les données de
16–18 SA. Elle peut parfois se poursuivre jusque 22 SA [4]. la littérature, pour chaque traitement son efficacité pour éviter
La PE se développe donc infra-cliniquement dès le premier la survenue d'une PE ou réduire le risque de récidive.
trimestre de la grossesse pour une symptomatologie qui sur-
vient plus tardivement. Antiagrégants plaquettaires
Les facteurs de risque cliniques de la PE sont multiples. Les plus Lors de la PE, les lésions d'ischémie placentaire pourraient
fréquemment retrouvés sont : la nulliparité, un antécédent de entraîner une activation des plaquettes et du système de coa-
PE, l'hypertension artérielle chronique, l'âge maternel inférieur gulation. L'aspirine à faible dose a une action antiagrégante
à 20 ans ou supérieur à 35 ans, un indice de masse corporelle plaquettaire. Elle permet de plus d'inverser la balance entre la
(IMC) supérieur à 30, les grossesses multiples, les maladies prostacycline (prostaglandine vasodilatatrice et anticoagulante)
auto-immunes (diabète, lupus érythémateux. . .), l'insuffisance et le thromboxane (prostaglandine vasoconstrictrice et pro-coa-
rénale chronique, l'origine ethnique, les antécédents familiaux gulante) et inhibe l'effet vasoconstricteur du thromboxane [8].
de PE. . . Enfin, elle permettrait également l'amélioration de l'invasion
Des marqueurs biologiques ont été étudiés ces dernières années trophoblastique des artères spiralées de l'utérus. Une étude in
en vue d'un dépistage de la PE au premier trimestre de gros- vitro a montré que l'aspirine entraînerait une amélioration du
sesse. On retrouve notamment parmi ces marqueurs le placen- profil inflammatoire, une diminution de l'apoptose des cellules
tal growth factor (PlGF), le facteur soluble du fms-like tyrosine trophoblastiques et une augmentation du PlGF [9]. D'autre part,
kinase-1 (sFlt-1, facteur soluble du VEGF), l'endoglobine soluble, l'administration d'aspirine au premier trimestre de grossesse
2

tome xx > n8x > xx 2016


Pour citer cet article : Ghesquière L, et al. Peut-on prévenir la pré-éclampsie ? Presse Med. (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.
lpm.2016.02.007

Peut-on prévenir la pré-éclampsie ?


OBST ETRIQUE

Revue de la littérature
entraînerait une amélioration des index de pulsatilité des artè- effectifs sont réduits dans certains sous-groupes. On ne retrouve
res utérines [10]. pas d'effet bénéfique de l'aspirine chez les nullipares (RR = 0,90
Ces différents mécanismes physiopathologiques ont permis de [0,76–1.08]), comme l'avaient déjà montré d'autres études
poser l'hypothèse que les antiagrégants plaquettaires et notam- précédemment [16].
ment l'aspirine pouvaient avoir une efficacité en tant que trai- Récemment, en 2014, Henderson et al. ont publié une nouvelle
tement préventif de la PE. méta-analyse (15 études, 12 184 patientes) qui montre égale-
Initialement, plusieurs essais randomisés de faibles effectifs, ment une diminution du risque de PE de 24 % par l'administration
comme celui de Beaufils et al., ont permis de confirmer cette d'aspirine en cours de grossesse chez les patientes à risque de PE
hypothèse en retrouvant une diminution significative de la sur- (RR = 0,76 ; IC 95 % [0,62–0,95]) [20]. La réduction du risque de
venue de la PE chez les femmes enceintes à risque élevé traitées PE est plus importante quand la dose d'aspirine utilisée
par antiagrégant plaquettaire et notamment l'aspirine [11]. est > 75 mg/j (RR = 0,58 ; IC 95 % [0,36–0,95]) que quand elle
Puis ont suivi d'autres essais avec des résultats discordants mais est < 75 mg/j (RR = 0,85 ; IC 95 % [0,68–1,05]). Il n'y a pas de
les populations incluses, la dose d'aspirine administrée et l'âge différence significative dans cette étude concernant l'âge gesta-
gestationnel auquel l'aspirine était introduite étaient différents tionnel d'introduction de l'aspirine (< 20 SA ou > 20 SA).
(faible dose d'aspirine < 100 mg/j, prescription tardive au 2e Ces différentes méta-analyses ont permis de conclure que les
trimestre. . .) [12–16]. Des méta-analyses ont alors été publiées antiagrégants plaquettaires, et notamment l'aspirine, adminis-
(tableau I) [17–20]. trés à faible dose chez les patientes à risque de PE ont un effet
La méta-analyse de 2007 de la Cochrane par Duley et al. a recensé bénéfique modéré sur la prévention de la PE de 10 à 24 %. Il
59 études, soit 37 560 patientes [18]. Les patientes incluses dans apparaît à travers ces différentes études que la dose d'aspirine
ces études étaient des femmes enceintes à risque de développer à administrer pour réduire le risque de PE doit être > 75 mg
une PE et étaient randomisées en 2 groupes : un groupe recevant (75–150 mg) et que l'intérêt de l'aspirine soit plus important
un antiagrégant plaquettaire à faible dose (dipyridamole ou chez les patientes à haut risque de PE. L'intérêt chez les nulli-
aspirine) et un groupe ne recevant rien ou un placebo durant pares n'a pas été démontré. Il reste néanmoins difficile, au vue
la grossesse. Les auteurs mettent en évidence une réduction de l'hétérogénéité des critères d'inclusion de chaque étude, de
modérée mais significative du risque de PE de 17 % avec le définir avec précision quel groupe de patientes traiter et quelle
traitement par antiagrégant plaquettaire (RR = 0,83 ; IC 95 % dose d'aspirine administrer.
[0,77–0,89]). Ce bénéfice est moins important que ce qui était Les auteurs se sont également spécifiquement intéressés à l'âge
attendu suite aux premières études. On retrouve dans cette méta- gestationnel d'introduction de l'aspirine [21–25] (tableau III).
analyse une tendance à une réduction plus importante du risque En 2009, Bujold et al. ont cherché à déterminer à travers une méta-
de PE chez les patientes à haut risque (RR = 0,75 ; IC95 % [0,66– analyse de 9 études et 1317 patientes à quel âge gestationnel
0,85]) par rapport aux patientes à risque modéré (RR = 0,86 ; l'aspirine devait être administrée pour diminuer l'incidence de la
IC 95 % [0,79–0,95]). Concernant la dose d'aspirine à administrer, PE chez les femmes à risque, définies ici par des Dopplers utérins
une réduction significativement plus importante est observée pathologiques au premier trimestre de grossesse [21]. Ils mon-
pour des doses d'aspirine > 75 mg/j (RR = 0,64 ; IC 95 % trent que l'administration précoce d'aspirine est associée à une
[0,51–0,80]) par rapport à des doses < 75 mg (RR = 0,88 ; IC 95 meilleure réduction de la PE que si celle-ci est administrée tardi-
% [0,81–0,95]). Mais cette méta-analyse est limitée par une vement : RR = 0,48 (IC 95 % 0,33 à 0,68) si l'aspirine est admi-
grande hétérogénéité des critères d'inclusion. nistrée à 16 SA ou avant, RR = 0,55 (IC 95 % 0,17 à 1,76) si
C'est pourquoi, en 2007, Askie et al. ont publié une méta- l'aspirine est administrée de 17 à 19 SA et RR = 0,82 (IC 95 %
analyse à partir des données individuelles de 32 217 patientes 0,62 à 1,09) si l'aspirine est administrée à 20 SA ou après. Dans
incluses dans des essais concernant l'aspirine à faible dose cette méta-analyse, l'administration d'aspirine à 16 SA ou avant
contre placebo en cours de grossesse [19]. Ils ont montré, est surtout efficace sur la PE sévère avec une réduction de celle-ci
à travers cette méta-analyse, que l'administration d'aspirine de 90 % (RR = 0,10 ; IC 95 % [0,01–0,74]).
à faible dose chez les patientes à risque de PE diminuait le En 2010, Bujold confirme à travers une autre méta-analyse
risque de PE d'environ 10 % (RR = 0,90 ; IC 95 % [0,84–0,97]), incluant 27 études et 11 348 patientes à risque de PE (quel
notamment si la dose d'aspirine administrée était > 75 mg et si que soit le niveau de risque) que le traitement par faible dose
l'aspirine était introduite avant 20 SA. L'analyse en sous-groupes d'aspirine à 16 SA ou avant est associé à une réduction signi-
concernant les facteurs de risque individuels de PE n'a par contre ficative de la PE avec un RR = 0,47 (IC 95 % 0,35 à 0,65) mais
pas mis en évidence de réduction du risque de PE pour un sous- est aussi plus efficace sur la réduction de la PE sévère [22]. Une
groupe en particulier (diabète, maladie rénale chronique, HTA réduction de plus de 90 % des PE sévères est observée si
chronique. . .). La seule différence significative retrouvée l'aspirine est introduite précocement avant 16 SA (RR = 0,09
concerne les patientes 2e pares ou plus ayant un antécédent [IC 95 % 0,02 à 0,37]). L'aspirine débutée après 16 SA n'est
de PE ou un haut risque de PE (tableau II). Cependant, les pas associé à une réduction significative de la PE (RR = 0,81 ;
3

tome xx > n8x > xx 2016


Pour citer cet article : Ghesquière L, et al. Peut-on prévenir la pré-éclampsie ? Presse Med. (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.
lpm.2016.02.007

L. Ghesquière, E. Clouqueur, C. Garabedian, V. Tsatsaris, V. Houfflin-Debarge


Revue de la littérature

TABLEAU I
Caractéristiques et résultats des principales méta-analyses concernant l'administration d'aspirine en préventif chez les femmes à risque de
PE sur l'incidence de la PE

Étude Nombre Critères d'inclusion Dose aspirine Terme Réduction de la pré Nombre de
de patientes d'administration éclampsie (Risque relatif) patientes
inclues de l'aspirine à traiter

Duley et al., 30 563 Patientes à risque de PE :  75 mg Avant ou Réduction globale de 15 %


2001 [17] Haut risque : antécédent de et > 75 mg après 20SA (RR = 0,85 (0,78–0,98)
PE sévère, diabète, HTA (1264 patientes)
chronique, pathologie Patientes à haut risque :
rénale chronique, maladie RR = 0,83(0,72–0,95)
auto-immune Patientes à risque modéré :
Risque modéré : autres RR = 0,85 (0,77–0,94)
facteurs de risque de PE
> 75mg aspirine/j :
RR = 0,35 (0,24–0,52)
Askie et al., 32 217 Patientes avec des facteurs  75 mg < 20SA : Réduction globale de 10 % 114
2007 [19] de risque de PE : (12766 patientes) 9171 patientes (RR = 0,90 (0,84–0,97))
antécédent de PE, et > 75 mg > 20SA :
primiparité, grossesse (2369 patientes) 6263 patientes < 20 SA : RR = 0,87 (0,79–0,96)
multiple, maladie rénale > 20 SA : RR = 0,95 (0,85–1,06)
chronique, diabète,
pathologie auto-immune,  75 mg : RR = 0,92 (0,85–0,99)
HTA chronique > 75 mg : RR = 0,77 (0,61–0,97)
Duley et al., 37 760 Patientes à risque de  75 mg Avant ou Réduction globale de 17 % 72 (tous risques
2007 [18] développer une PE : et > 75 mg après 20 SA (RR = 0,83 (0,77–0,89)) confondus)
Haut risque : antécédent de 19 (risque élevé)
PE, diabète, HTA chronique, Patientes à haut risque : 119 (risque modéré)
pathologie rénale RR = 0,75 (0,66–0,85)
chronique, maladie auto- Patientes à risque modéré :
immune RR = 0,86 (0,79–0,85)
Risque modéré : Dopplers
des artères utérines  75 mg : RR = 0,88 (0,81–0,95)
pathologiques, grossesse > 75 mg : RR = 0,64 (0,51–0,80)
multiple, antécédents
familiaux de PE
Henderson 12 184 Patientes à risque de PE : 50 à 150 mg Réduction globale de 24 % Haut risque : 18
et al., Haut risque : antécédent de (RR = 0,76 (0,62–0,95)) Risque modéré : 23
2014 [20] PE, grossesse multiple, HTA Risque faible : 42
chronique, Diabète type < 75 mg : RR = 0,85 (0,68–1,05)
1 ou 2, maladie rénale > 75 mg : RR = 0,58 (0,36–0,95)
chronique, pathologie auto-
immunes
Risque modéré :
primiparité, obésité
(IMC > 30), antécédents
familiaux de PE,
âge > 35 ans, critères socio-
démographiques,
antécédents de RCIU, délai
de plus de 10 ans entre
2 grossesses
Bas risque : antécédent de
grossesse normale

PE : pré-éclampsie ; HTA : hypertension artérielle ; IMC : indice de masse corporelle ; RCIU : retard de croissance intra-utérin ; SA : semaine d'aménorrhée ; en gras : résultats
principaux.
4

tome xx > n8x > xx 2016


Pour citer cet article : Ghesquière L, et al. Peut-on prévenir la pré-éclampsie ? Presse Med. (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.
lpm.2016.02.007

Peut-on prévenir la pré-éclampsie ?


OBST ETRIQUE

Revue de la littérature
TABLEAU II
Analyse en sous-groupes de la prévention de la PE. Askie et al., 2007 [19]

Sous-groupes Catégorie Groupe antiagrégants Groupe témoin (n/N) Risque relatif (RR) Valeur p
plaquettaires (n/N)
Première grossesse Avec 195/1194 212/1176 0,90 (0,76–1,08) 0,71
avec ou sans facteurs Sans 287/7335 327/7288 0,87 (0,75–1,02)
de haut risque de PE1
Deuxième grossesse Avec 659/5375 720/5281 0,89 (0,81–0,99) 0,56
ou suivantes avec Sans 79/1545 79/1556 0,98 (0,73–1,33)
ou sans facteurs de
haut risque de PE
Deuxième grossesse Avec 449/3116 497/2991 0,86 (0,77–0,97) 0,25
ou suivantes avec ou Sans 289/3799 302/3849 0,96 (0,82–1,12)
sans antécédents d'HTA
gravidique ou de PE
ou d'éclampsie
Maladie rénale Oui 21/240 31/210 0,63 (0,38–1,06) 0,23
préexistante Non 814/11131 896/11072 0,90 (0,82–0,96)
Diabète préexistant Oui 60/439 82/466 0,76 (0,56–1,04) 0,26
Non 1053/12707 1138/12601 0,91 (0,84–0,99)
HTA préexistante Oui 293/1678 295/1625 0,97 (0,84–1,12) 0,28
Non 849/11641 958/11603 0,88 (0,81–0,96)
Antécédent de RCIU Oui 187/1635 160/1491 1,05 (0,86–1,28) 0,27
Non 308/3419 370/3498 0,85 (0,73–0,98)
Pas d'enfant 482/8529 539/8464 0,89 (0,79–0,99)

RCIU : retard de croissance intra-utérin.


1
Facteurs de haut risque de PE : grossesse en cours avec un des élément suivant au moins : maladie auto-immune, maladie rénale, HTA (hypertension artérielle) chronique, diabète,
anomalie du doppler des artères utérines, antécédents familiaux de pré-éclampsie ou d'éclampsie, grossesse multiple.

IC 95 % [0,63–1,03]), ni de la PE sévère (RR = 0,26 [IC 95 % Ils ont également cherché à déterminer, à travers une autre méta-
0,05 à 1,26]). analyse de 4 études et 392 patientes, si l'administration précoce
Cependant, cette méta-analyse est limitée par le fait que les d'aspirine < 16 SA prévenait plutôt la PE sévère ou modérée [24].
essais où l'aspirine a été introduite avant 16 SA sont pour la La PE sévère est définie par l'existence d'un des critères suivants :
plupart des petits essais avec des patientes à plus haut risque de pression artérielle systolique  160 mm HG, pression artérielle
PE. En effet, la prévalence de la PE dans le groupe témoin avant diastolique  110 mmHg, protéinurie sévère  5 g/24 h, anurie
16 SA est de 21 % contre 8 % dans le groupe témoin après ou oligurie < 500 mL/24 h, troubles neurologiques ou visuels,
16 SA. Cela constitue un potentiel biais. Les auteurs concluent œdème aigu pulmonaire, barre épigastrique ou douleur de
donc qu'une plus large étude randomisée doit être menée afin l'hypochondre droit, cytolyse hépatique, thrombopénie, hémo-
de valider ces résultats. lyse. Une réduction significative du risque de PE sévère a été
En 2012, Roberge et al. ont spécifiquement étudié à travers une observée (RR = 0,22 [0,08–0,57]) mais pas du risque de PE modé-
méta-analyse l'administration précoce avant 16 SA de l'aspirine rée (RR = 0,81 [0,33–1,96]).
sur la prévention de la PE précoce (avant terme) et tardive (à Une dernière méta-analyse de 2013 de Roberge et al. rassem-
terme) [23]. Cinq études de 1994 à 2011 ont été incluses, soit blant 42 études et 27 222 patientes confirme l'effet bénéfique
un total de 556 patientes. Les patientes inclues étaient des de l'administration précoce avant 16 SA de l'aspirine sur la
patientes à risque de PE. Ils ont retrouvé une réduction majeure prévention de la PE (RR = 0,47 [IC 95 % 0,36 à 0,62]) et notam-
du risque de PE précoce chez les patientes traitées par aspirine ment sur la PE sévère avec une réduction de 82 % (RR = 0,18
faible dose avant 16 SA par rapport aux patientes ne recevant [IC 95 % 0,08 à 0,41]) [25].
rien ou le placebo avec un RR = 0,11 (IC 95 % [0,04–0,33]). Par Cette méta-analyse présente également certaines limites : popu-
contre, ils ne retrouvent pas de différence significative sur la lation différente entre les deux groupes avec une prévalence de la
réduction du risque de PE tardives avec un RR = 0,98 (IC 95 % PE de 18 % dans le groupe témoin < 16 SA et de 8 % dans le
0,42 à 2,33). groupe témoin > 16 SA, effectifs différents (1479 patientes dans
5

tome xx > n8x > xx 2016


Pour citer cet article : Ghesquière L, et al. Peut-on prévenir la pré-éclampsie ? Presse Med. (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.
lpm.2016.02.007

L. Ghesquière, E. Clouqueur, C. Garabedian, V. Tsatsaris, V. Houfflin-Debarge


Revue de la littérature

TABLEAU III
Caractéristiques et résultats des principales méta-analyses concernant l'administration précoce de l'aspirine chez les femmes à risque de
PE

Étude Nombre de Critères d'inclusion Dose aspirine Terme Réduction de la Nombre de


patientes d'administration pré-éclampsie patientes
inclues de l'aspirine (risque relatif) à traiter

Bujold et al., 1317 Patientes avec doppler des 50 à 150 mg  16 SA Toutes PE confondues :
2009 [21] artères utérines 17–19 SA < 16SA : RR = 0,48 (0,33–0,68)
pathologiques au 1er > 20 SA 17–19 SA : RR = 0,55 (0,17–1,76)
trimestre de grossesse > 20 SA : RR = 0,82 (0,62–1,09)

PE sévère :
< 16 SA : RR = 0,10 (0,01–0,74)
Bujold et al., 11 348 Patientes à risque de PE 50 à 150 mg < 16 SA : 12 études Toutes PE confondues : 9
2010 [22] (basé sur l'histoire clinique, > 16 SA : 22 études < 16 SA (764 patientes) :
les antécédents, l'histoire RR = 0,47 (0,34–0,65)
familiale, le Doppler des >16 SA (10 584 patientes) :
artères utérines. . .) RR = 0,81 (0,63–1,03)
PE sévère : 7
< 16 SA (278 patientes) :
RR = 0,09 (0,02–0,37)
> 16 SA (668 patientes) :
RR = 0,26 (0,05–1,26)
Roberge et al., 27 222 Patientes à risque de PE < 80 mg < 16 SA : 14 études Toutes PE confondues :
2013 [23] (basé sur l'histoire clinique > 100 mg > 16 SA : 27 études < 16 SA (1479 patientes) :
et/ou l'échographie) RR = 0,47 (0,36–0,62)
> 16 SA (10 673 patientes) :
RR = 0,78 (0,61–0,99)

PE sévère :
< 16 SA (649 patientes) :
RR = 0,18 (0,08–0,41)
> 16 SA (1494 patientes) :
RR = 0,65 (0,40–1,07)

PE : pré-éclampsie ; SA : semaine d'aménorrhée.

le groupe < 16 SA et 10 673 dans le groupe > 16 SA), critères élevé de PE du fait d'un antécédent de PE sévère et/ou précoce.
d'inclusion hétérogènes. C'est donc une prévention secondaire de la PE. Elle est d'autant
Il semble donc primordial de définir plus précisément les popu- plus efficace chez ces patientes à risque élevé, si elle est
lations à risque devant bénéficier d'un traitement par aspirine introduite avant 16 SA, avec une efficacité supérieur sur la PE
précocement. précoce et sévère et si elle est prise le soir ou au moins 8 h après
En effet, les effets indésirables potentiels de l'aspirine justifient le réveil [28]. Elle n'a pas montré d'efficacité lors de son utilisa-
la prescription dans une population ciblée à risque. Même si tion chez les patientes présentant comme facteur de risque une
aucun risque fœtal n'a été constaté par l'administration d'aspi- pathologie chronique (HTA, diabète, pathologie rénale. . .).
rine (non tératogène, absence d'augmentation du risque d'avor- Cependant, les différentes méta-analyses sont à interpréter
tement spontané, ni de fermeture prématuré du canal artériel) avec précaution notamment du fait de différences de niveau
[26], une augmentation des hémorragies digestives graves et de risque dans les populations étudiées.
des hémorragies cérébrales non négligeable est observée chez Des études randomisées avec un nombre de patientes incluses
les sujets traités au long cours par aspirine à dose antiagrégant plus important doivent être menées afin de confirmer ces
plaquettaire (5,58 et 9,3 pour 1000 patientes par année) [27]. résultats et de mieux cibler les patientes à risque devant béné-
Le risque d'hématome rétroplacentaire et d'hémorragie de la ficier de l'aspirine en traitement préventif. Deux études rando-
délivrance sont quant à eux non augmentés [19,20]. misées sont actuellement en cours, l'étude ASPRE (Combined
En conclusion, ces différentes études montrent que l'aspirine en Multi-marker Screening and Randomised Patient Treatment
traitement préventif fonctionne chez les patientes à risque with ASpirin for Evidence-Based PREeclampsia Prevention) et
6

tome xx > n8x > xx 2016


Pour citer cet article : Ghesquière L, et al. Peut-on prévenir la pré-éclampsie ? Presse Med. (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.
lpm.2016.02.007

Peut-on prévenir la pré-éclampsie ?


OBST ETRIQUE

Revue de la littérature
Perastun (prévention de la PE et du retard de croissance intra- (toutes PE confondues) chez les patientes traitées par HBPM
utérin [RCIU] par aspirine à faible dose chez les primipares ayant avec un RR = 0,46 (IC 95 % 0,28–0,75), mais cette réduction est
des notchs utérins bilatéraux au 1er trimestre, CHRU de Tours, encore plus importante concernant le risque de PE sévère avec
F. Perrotin), avec pour but de mieux définir la population cible un RR = 0,16 (IC 95 % 0,07–0,36). Il recommande l'utilisation
à haut risque par un dépistage et d'étudier l'efficacité de des HBPM en prophylaxie durant la grossesse chez les femmes
l'administration précoce d'aspirine chez ces patientes. ayant un antécédent de PE sévère pour diminuer le risque de
récidive. Par contre, il ne recommande pas les HBPM chez les
Les anticoagulants : héparines de bas poids femmes avec antécédent de PE non sévère.
moléculaire (HBPM) Ces données préliminaires suggèrent que les HBPM apparaissent
Des lésions thrombotiques ont été observées dans le placenta comme un traitement préventif potentiel de la PE, notamment
des patientes atteintes de PE [29]. Elles participent à la phy- pour prévenir la PE sévère et ses complications. Cependant, les
siopathologie de la PE mais aussi à la survenue de complications études sont hétérogènes dans les critères d'inclusion (présence
telles que le retard de croissance intra-utérin ou l'hématome ou non de facteurs de risque biologiques constitutionnels de
rétroplacentaire. Le rôle antithrombotique des HBPM a alors été pathologies thrombotiques) et comportent un recrutement prin-
étudié en prophylaxie des pathologies vasculaires placentaires. cipalement monocentrique avec de petits effectifs. La méta-
Des études récentes, de 2009 à 2012, ont montré à travers des analyse de Rodger comporte également des biais potentiels.
essais randomisés que les HBPM pourrait prévenir la PE et ses Les HBPM, bien que sans effet nocif pour le fœtus, peuvent avoir
complications [30–33]. Trois d'entre elles sont néanmoins des des effets indésirables chez la mère : réaction locale cutanée,
études pilotes [30–32]. ostéopénie, fractures ostéoporotiques, thrombopénie induite
Dans l'étude randomisée de Rey en 2009, sur 116 patientes par l'héparine, complications lors de la pose de péridurale ou
à risque, la fréquence des pathologies vasculaires placentaires de rachianesthésie, risque de saignements peropératoires [36].
(PE sévère, poids fœtal < 5e percentile, naissance fœtal avant Ainsi, d'autres essais randomisés doivent encore être menés
34 SA, décès fœtal après 20 SA) était moins importante dans le pour confirmer ce rôle préventif des HBPM et définir plus pré-
groupe bénéficiant d'un traitement préventif par HBPM (RR cisément quelles patientes doivent en bénéficier.
à 0,15 [IC 95 % 0,03–0,70]) [30]. Sur les données, les HBPM ne sont pas recommandées en
En 2011, une étude sur 224 patientes ayant un antécédent de PE traitement préventif de la PE en France mais également aux
a montré une réduction de 68 % (RR = 0,32 [0,16–0,66]) pour le États-Unis et en Angleterre.
critère composite (pré-éclampsie, poids fœtal < 5èp, mort in Une nouvelle méta-analyse avec traitement des données indi-
utéro après 20 SA, hématome rétroplacentaire) lors de l'utilisa- viduelles est prévue par Rodger M.A. (AFFIRM) afin de mieux
tion d'HBPM en cours de grossesse [32]. cibler les indications des HBPM [37] et une étude française
Ces différentes études prospectives comportent néanmoins de randomisée (HEPEPE) est en cours afin de déterminer si les
faibles effectifs et sont des études pilotes. HBPM en association avec l'aspirine sont efficaces dans la pré-
Une étude de De Vries de 2011 de 139 patientes ayant un vention d'une récidive de PE.
antécédent de PE ou de RCIU et une thrombophilie acquise a
montré que les HBPM associées à l'aspirine permettait de Antioxydants (vitamines E et C)
réduire le risque de récurrence de PE précoce (avant 34 SA) Dans la PE, l'ischémie placentaire entraine un stress oxydatif
de 8,7 % par rapport à l'aspirine seule (p = 0,012) [33]. Mais avec une production de radicaux libres et libération de sub-
dans cette étude, les effectifs sont faibles et les patientes stances oxydantes provenant des lipides. Ces substances oxy-
étudiées ont toutes une thrombophilie acquise en plus de leur dantes libérées dans la circulation maternelle induisent des
antécédent de PE et ne représentent donc pas l'ensemble de la lésions endothéliales et sont impliqués dans les symptômes
population. maternels de la PE [5]. Parallèlement, la concentration plasma-
Une méta-analyse de la Cochrane Collaboration incluant 9 étu- tique de facteurs antioxydants est diminuée chez les patientes
des et 979 patientes a été publiée en 2013 [34]. Dans cette ayant une PE [38].
étude, une diminution de plus de 50 % du risque de PE est mise C'est pourquoi les antioxydants et notamment les vitamines C et
en évidence chez les patientes à risque avec l'utilisation des E ont été proposés comme traitements préventifs de la PE.
HBPM (RR = 0,43 [IC 95 % 0,25–0,65]). Mais si l'on ajuste sur les De 1942 à 2005, les essais concernant l'apport d'antioxydants
critères individuels, au vue de l'hétérogénéité de la population durant la grossesse chez les femmes à risque de PE retrouvaient
étudiée, on ne retrouve plus de différence significative une tendance à la réduction de la PE [39,40].
(RR = 0,47 ; IC 95 % [0,22–1,03]). En 2006, Rumbold et al. ont publiés un essai randomisé de
M.A. Rodger s'est intéressé également au rôle des HBPM dans 1877 patientes concernant l'apport de vitamines C et E versus
sa méta-analyse publiée en 2013 (6 études, 848 femmes) [35]. placebo chez des patientes primipares [41]. Ils ont montré que la
Il met en évidence une réduction significative du risque de PE consommation de vitamines C et E dès le premier trimestre ne
7

tome xx > n8x > xx 2016


Pour citer cet article : Ghesquière L, et al. Peut-on prévenir la pré-éclampsie ? Presse Med. (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.
lpm.2016.02.007

L. Ghesquière, E. Clouqueur, C. Garabedian, V. Tsatsaris, V. Houfflin-Debarge


Revue de la littérature

permettait pas de diminuer le risque de PE (RR = 1,20 [IC 95 % indésirables ne soient pas démontrés, leur gravité potentielle
0,82 à 1,75]). justifie de trouver la dose minimale efficace de calcium pour
Un autre essai randomisé multicentrique comportant réduire la PE.
2410 patientes publié la même année par Poston et al. retrouve En 2014, une étude portant sur 2234 femmes et 9 essais ran-
également que l'apport de vitamines C et E en cours de gros- domisés a cherché à déterminer si une faible dose de calcium,
sesse ne permet pas la prévention de la PE chez les patientes inférieure à 1 g/j, pouvait être efficace sur la prévention de la PE
à risque (RR = 0,97 ; IC 95 % [0,80 à 1,17]) [42]. [51]. Dans cette méta-analyse, une faible dose de calcium réduit
Récemment, une méta-analyse publiée en 2012 dans la le risque de PE (RR = 0,38 ; IC 95 % [0,28–0,52]).
Cochrane Database par Rumbold et al., incluant 6533 patientes Une faible dose de calcium pourrait donc réduire le risque de PE
à risque de PE sur des essais allant de 1994 à 2006, ne retrouve tout en limitant les effets nocifs du calcium. Cependant, cette
pas de différence significative sur la prévention de la PE dans le constatation doit d'abord être confirmée par un essai randomisé
groupe traité par vitamines C et E par rapport au groupe témoin de plus grande puissance avant de recommander une faible
(RR = 0,73 ; IC 95 % [0,51 à 1,06]) [43]. dose de calcium en traitement préventif de la PE.
Cette méta-analyse permet de conclure que ces antioxydants
seuls et utilisés selon les méthodologies évaluées par ces essais Autres mesures préventives
n'ont pas d'efficacité en cours de grossesse pour diminuer le Monoxyde d'azote (NO)
risque de PE. Le NO joue un rôle dans le fonctionnement de l'endothélium
vasculaire. Il permet une vasodilatation artérielle et empêche
Le calcium
l'agrégation plaquettaire. Une diminution de la production de
Le calcium a été proposé comme traitement préventif de la PE. NO aurait un rôle dans la physiopathologie de la PE. Chez les
En effet dans les pays où les apports sont riches en calcium, femmes pré-éclamptiques, il a été montré que le NO et ses
comme le Guatemala ou l'Éthiopie, le taux de PE et d'éclampsie précurseurs auraient une action favorable sur la TA [52]. C'est
est moins élevé [44]. Des études ont également montré l'asso- pourquoi le NO a été étudié en tant que traitement préventif de
ciation entre PE et hypocalcémie-hypocalciurie [45]. la PE.
Sur le plan physiopathologique, il a été montré que le fait d'avoir En 2007, une méta-analyse de la Cochrane Collaboration de
des apports faibles en calcium stimule la sécrétion d'hormones S. Meher a rassemblé 6 études et 310 femmes comparant le NO
parathyroïdiennes et de rénine ce qui entraîne une augmenta- ou ses précurseurs à un placebo [53]. Il n'a pas été mis en
tion du calcium intracellulaire au niveau des cellules musculaires évidence de diminution significative du risque de PE en cas
lisses et conduit à une vasoconstriction observée aussi au niveau d'apport de NO en cours de grossesse chez les patientes à risque
des artères utérines [46,47]. (RR = 0,83 ; IC 95 % [0,49–1,41]).
L'apport de calcium en cours de grossesse chez les femmes En 2011, Vadillo-Ortega et al. ont montré eux que la L-arginine
à risque de PE a alors été étudié. (précurseur du NO) associée à un antioxydant donnés de 14 à
En 2010, un article de la Cochrane portant sur 13 essais et 32 SA chez les femmes avec un antécédent de PE permettait de
15 730 femmes a montré que la supplémentation calcique réduire l'incidence de la PE (RR = 0,17 ; IC 95 % [0,12 à 0,21])
en cours de grossesse permettait de diminuer le risque d'hyper- [54]. Dans cette étude, les antioxydants seuls ne le permettaient
tension gravidique (RR = 0,65 ; IC 95 % [0,53–0,81]) et le risque pas (RR = 0,07, p = 0,052). L'effet de la L-arginine seule n'a, par
de PE (RR = 0,45 ; IC 95 % [0,31–0,65]) [48]. La dose de calcium contre, pas été étudié dans cette étude.
étudiée était supérieure ou égale à 1 g par jour avec une Plus récemment en 2015, une étude pilote randomisée menée
introduction avant 20 SA. Les effets bénéfiques les plus notables sur 300 patientes primipares à risque de PE (défini par l'exi-
du calcium en cours de grossesse étaient lorsque les apports stence de notch au niveau des artères utérines à 24 SA) a
calciques de base des patientes étaient faibles (RR = 0,36 ; retrouvé une diminution significative de l'incidence de la PE
IC 95 % [0,20–0,65], 10 678 patientes, 8 essais) et lorsque (p < 0,05) chez les patientes recevant du NO par voie vaginale
les patientes étaient à haut risque de PE (RR = 0,22 ; IC 95 % par rapport aux patientes recevant le placebo [55]. Cependant,
[0,12–0,42], 587 patientes, 5 essais). cette étude a été réalisée uniquement chez des patientes
L'apport de calcium d'au moins 1 g/j chez les femmes à risque primipares âgées de moins de 20 ans.
de PE, administré avant 20 SA, permettrait donc de diminuer le D'autres études menées en population générale à risque de PE
risque de PE. doivent donc être réalisées avant de confirmer ces résultats et
Se pose alors la question de la dose de calcium à administrer d'envisager les précurseurs du NO en traitement préventif de la PE.
pour avoir un effet bénéfique sans effet nocif. En effet, l'excès de
calcium ( 1,5 g/j) pourrait être nocif pour la santé : risque La progestérone
d'infarctus du myocarde, de déminéralisation osseuse postna- La progestérone a été étudiée comme traitement préventif de la
tale, de HELLP syndrome. . . [48–50]. Bien que ces effets PE car elle aurait un rôle dans l'adaptation vasculaire de la
8

tome xx > n8x > xx 2016


Pour citer cet article : Ghesquière L, et al. Peut-on prévenir la pré-éclampsie ? Presse Med. (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.
lpm.2016.02.007

Peut-on prévenir la pré-éclampsie ?


OBST ETRIQUE

Revue de la littérature
grossesse en favorisant la vasodilatation et en limitant la vaso- supplémentation en vitamine D, quel que soit l'âge gestationnel
constriction [56,57]. (4 études randomisées). Cette méta-analyse suggère donc que
En 2006, une méta-analyse de 4 études (1445 patientes la supplémentation en vitamine D diminuerait le risque de PE.
à risque) a montré qu'il n'y avait pas de différence significative Cette méta-analyse est insuffisante pour recommander une
sur l'incidence de la PE entre le groupe de patientes traitées par supplémentation en vitamine D en traitement préventif de la
progestérone (parentérale ou intravaginale) et le groupe pla- PE (études épidémiologiques, études randomisées de faible
cebo (RR = 1,25 ; IC 95 % [0,95–1,63]) [58]. effectif, patientes non à risque de PE. . .). Des essais contrôlés
La progestérone n'a donc pas d'intérêt en prévention de la PE. randomisés de forte puissance doivent être publiés avant de
Le repos confirmer les conclusions de cette étude.
En 2006, S. Meher a publié une méta-analyse portant sur 2 peti- Cependant, au vue des données actuelles de la littérature, il
tes études (106 patientes à risque modéré de PE) qui montre pourrait être intéressant de suggérer une première dose de
une réduction significative du risque de PE avec 4 à 6 h de repos vitamine D dès le premier trimestre en plus de la recommanda-
par jour (32 patientes, RR = 0,05 ; IC 95 % [0,00–0,83]) ou avec tion actuelle de donner 100 000 UI au 6e mois, notamment chez
30 minutes de repos par jour en décubitus latéral gauche associé les patientes à risque de PE ou encore chez les patientes obèses
à une supplémentation nutritionnelle (74 patientes, RR = 0,13 ; dont on sait que le dosage de la vitamine D est diminué [68].
IC 95 % [0,03–0,51]) [59]. Mais ces 2 études sont de mauvaise Au total, le NO, la progestérone, le repos, l'activité physique ne
qualité et comportent des effectifs trop faibles, avec de nom- sont pas recommandés actuellement en traitement préventif de
breux biais potentiels, pour recommander le repos quotidien la PE. La supplémentation en vitamine D semble avoir une
comme traitement préventif de la PE. efficacité sur la prévention de la PE mais d'autres études doivent
encore être menées.
L'activité physique
En population générale, l'activité physique permet une diminu-
tion du risque cardiovasculaire et une diminution du risque Que nous disent les recommandations
d'HTA chronique. Il est alors licite d'évaluer si l'activité physique actuelles ?
chez les patientes à risque peut diminuer l'incidence de la PE. En France, la prévention de la PE par de l'aspirine à faible dose
En 2006, S. Meher a rassemblé 2 études de bonne qualité mais (75–160 mg/j) est recommandée chez les patientes à haut
de faible effectif (45 patientes) qui comparent une activité risque de PE avant 20 SA. L'administration de calcium (1,5 g/
physique modérée en aérobie et une activité physique normale j) n'est recommandée qu'en cas de carence calcique avérée. Les
durant la grossesse [60]. Aucun effet de l'activité physique sur la autres traitements ne sont pas recommandés.
réduction de la PE n'a été mis en évidence (RR = 0,31 ; IC 95 % En Angleterre, les recommandations sont plus précises et pré-
[0,01–7,09]). conisent la prescription de 75 mg/j d'aspirine à partir de 12 SA et
La vitamine D jusqu'à la naissance pour les patientes à risque de PE. Les patien-
Dans la pré-éclampsie, le métabolisme de la vitamine D est tes à risque de PE sont définies comme celle ayant au moins un
altéré. La vitamine D, via la calcitriol, joue un rôle dans l'implan- facteur de haut risque de PE (antécédent de pathologie hyper-
tation et l'invasion placentaire [61,62]. Elle a également un rôle tensive à la grossesse précédente, maladie rénale chronique,
dans la réponse auto-immune lors de l'invasion trophoblastique pathologie auto-immune telle que le lupus ou le syndrome
[63,64]. Le dosage de la vitamine D chez les patientes présen- des anti phospholipides, diabète de types 1 ou 2, HTA chronique)
tant une PE est diminué [65]. La supplémentation en vitamine D ou au moins deux facteurs de risque modéré de PE (nulliparité,
a donc été étudiée en traitement préventif de la PE. âge  40 ans, intervalle de 10 ans ou plus entre deux grossesses,
En 2009, une étude norvégienne sur 23 423 primipares non IMC  35, antécédents familiaux de PE, grossesse multiple).
à risque de PE a montré une réduction de 27 % du risque de PE En Australie et Nouvelle Zélande, l'aspirine est recommandée
chez les patientes recevant 400 à 600 UI/j de vitamine D en à une dose > 75 mg et < 150 mg chez les femmes à risque
comparaison aux patientes non supplémentées [66]. modéré ou élevé de PE et doit être introduite avant 16 SA et
Une méta-analyse de E. Hyppönen publiée en 2013 a évalué jusque 37 SA. L'administration de calcium est recommandée à la
l'association entre une supplémentation en vitamine D et le dose de 1,5 g/j pour les femmes à haut risque de PE et ayant un
risque de PE à travers 3 études épidémiologiques sur de larges régime de base pauvre en calcium.
populations et 4 études randomisées [67]. Les patientes L'OMS elle recommande une faible dose d'aspirine (75 mg/j)
n'étaient pas à risque de PE. Il retrouve une diminution de introduite avant 20 SA pour prévenir la PE chez les femmes
19 % de la PE (RR = 0,81 ; IC 95 % [0,75–0,87]) lors d'une à haut risque de PE. Elle recommande également une supplé-
supplémentation en vitamine D au premier trimestre de la mentation en calcium à raison de 1,5–2,0 g/j dans les zones où
grossesse (2 études épidémiologiques) et une diminution de les apports alimentaires en calcium sont faibles, et surtout chez
34 % (RR = 0,66 ; IC 95 % [0,52–0,83]) lors d'une celles à haut risque de PE.
9

tome xx > n8x > xx 2016


Pour citer cet article : Ghesquière L, et al. Peut-on prévenir la pré-éclampsie ? Presse Med. (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.
lpm.2016.02.007

L. Ghesquière, E. Clouqueur, C. Garabedian, V. Tsatsaris, V. Houfflin-Debarge


Revue de la littérature

Conclusion à haut risque. Elle doit être prise le soir ou au moins 8 h après le
De nombreuses études ont été menées sur la prévention de la réveil [28]. L'administration précoce avant 16 SA semble être
PE. Il ressort de ces études que les antioxydants, le repos, plus efficace. Il paraît donc logique, comme les recommanda-
l'exercice physique, la progestérone, le NO ne doivent pas être tions anglaises le suggèrent, de débuter cette supplémentation
prescrits pour prévenir la PE. le plus tôt possible, dès que le diagnostic de grossesse intra-
Les HBPM et la vitamine D sont pour le moment non recom- utérine est formulé. Le plus difficile reste à définir précisément
mandées mais d'autres études doivent être menées car elles la population cible à qui l'administrer, l'efficacité de l'aspirine
pourraient avoir une efficacité. apparaissant différente en fonction du niveau de risque des
Le calcium est recommandé dans les populations à risque de PE patientes. Les résultats de l'étude ASPRE, menée dans une
dont les apports en calcium sont faibles. La dose actuelle population sélectionnée à haut risque de PE au premier trimes-
recommandée est de 1,5 g/j. tre de grossesse, sont donc attendus.
Les recommandations internationales actuelles et les dernières
publications s'accordent toutes pour recommander l'aspirine Déclaration de liens d'intérêts : les auteurs déclarent ne pas avoir de
à faible dose (> 75 mg et < 160 mg, 100 mg habituellement liens d'intérêts.
en France) en traitement préventif de la PE pour les femmes

Références
[1] Khan KS, Wojdyla D, Say L, Gülmezoglu AM, [12] Sibai BM, Caritis SN, Thom E, Klebanoff M, Low-dose aspirin for prevention of morbidity
Van Look PF. WHO analysis of causes of McNellis D, Rocco L, et al. Prevention of and mortality from preeclampsia: a systema-
maternal death: a systematic review. Lancet preeclampsia with low-dose aspirin in tic evidence review for the U.S. Preventive
2006;367:1066–74. healthy, nulliparous pregnant women. N Engl Services Task Force. Ann Intern Med
[2] World Health Organization International Col- J Med 1993;329:1213–8. 2014;160:695–703.
laborative Study of Hypertensive Disorders of [13] Goffinet F, Bréart G, Uzan S. ECPPA: rando- [21] Bujold E, Morency AM, Roberge S, Lacasse Y,
Pregnancy. Geographic variation in the inci- mised trial of low dose aspirin for the pre- Forest JC, Giguère Y. Acetylsalicylic acid for
dence of hypertension in pregnancy. Am J vention of maternal and fetal complications in the prevention of preeclampsia and intra-
Obstet Gynecol 1988;158:80–3. high risk pregnant women. Br J Obstet Gynae- uterine growth restriction in women with
[3] Redman CW. Current topic: pre-eclampsia col 1996;103:719–20. abnormal uterine artery Doppler: a systematic
and the placenta. Placenta 1991;12:301–8. [14] Caritis S, Sibai B, Hauth J, Lindheimer MD, review and meta-analysis. J Obstet Gynaecol
[4] Pijnenborg R, Dixon G, Robertson WB, Bro- Klebanoff M, Thom E, et al. Low-dose aspirin Can 2009;31:818–26.
sens I. Trophoblastic invasion of human to prevent preeclampsia in women at high [22] Bujold E, Roberge S, Lacasse Y, Bureau M,
deciduas from 8 to 18 weeks of pregnancy. risk. N Engl J Med 1998;338:701–5. Audibert F, Marcoux S, et al. Prevention of
Placenta 1980;1:3–19. [15] Rotchell YE, Cruickshank JK, Gay MP, Griffiths preeclampsia and intrauterine growth restric-
[5] Tsatsaris V, Fournier T, Winer N, Ann F. J, Stewart A, Farrell B, et al. Barbados Low tion with aspirin started in early pregnancy: a
Pathophysiology of preeclampsia. Anesth Dose Aspirin Study in Pregnancy (BLASP): a meta-analysis. Obstet Gynecol 2010;116:
Reanim 2010;29:e13–8. randomised trial for the prevention of pre- 402–14.
[6] Poon LC, Nicolaides KH. Early prediction of eclampsia and its complications. Br J Obstet [23] Roberge S, Villa P, Nicolaides K, Giguère Y,
preeclampsia. Obstet Gynecol Int 2014;2014: Gynaecol 1998;105:286–92. Vainio M, Bakthi A, et al. Early administration
297397. [16] Subtil D, Goeusse P, Puech F, Lequien P, of low-dose aspirin for the prevention of
[7] Organisation mondiale de la santé (OMS). Biausque S, Breart G, et al. Aspirin (100 mg) preterm and term preeclampsia: a systematic
Prévention et traitement de la pré-éclampsie used for prevention of pre-eclampsia in nul- review and meta-analysis. Fetal Diagn Ther
et de l'éclampsie; 2011. liparous women: the Essai Régional Aspirine 2012;31:141–6.
[8] Thorp JA, Walsh SW, Brath PC. Low-dose Mère-Enfant study (Part 1). BJOG 2003;110 [24] Roberge S, Giguère Y, Villa P, Nicolaides K,
aspirin inhibits thromboxane, but not prosta- (5):475–84. Vainio M, Forest JC, et al. Early administration
cyclin, production by human placental arteries. [17] Duley L, Henderson-Smart D, Knight M, King of low-dose aspirin for the prevention of
Am J Obstet Gynecol 1988;159:1381–4. J. Antiplatelet drugs for prevention of severe and mild preeclampsia: a systematic
[9] Da Silva Costa F, Panagodage S, Brennecke S, pre-eclampsia and its consequences: sys- review and meta-analysis. Am J Perinatol
Murthi P. Low-dose aspirin improves tropho- tematic review. BMJ 2001;322:329–33. 2012;29:551–6.
blastic function in early-onset pre-eclampsia. [18] Duley L, Henderson-Smart DJ, Meher S, King [25] Roberge S, Nicolaides KH, Demers S, Villa P,
In: 34th Annual Meeting of the Society for JF. Antiplatelet agents for preventing pre- Bujold E. Prevention of perinatal death and
Maternal-Fetal Medicine The Pregnancy Meet- eclampsia and its complications. Cochrane adverse perinatal outcome using low-dose
ing; 2014. Database Syst Rev 2007;18:CD004659. aspirin: a meta-analysis. Ultrasound Obstet
[10] Jamal A, Milani F, Al-Yasin A. Evaluation of [19] Askie LM, Duley L, Henderson-Smart DJ, Gynecol 2013;41:491–9.
the effect of metformin and aspirin on utero Stewart LA, PARIS Collaborative Group. Anti- [26] Bujold E, Roberge S, Nicolaides KH. Low-
placental circulation of pregnant women with platelet agents for prevention of pre-eclamp- dose aspirin for prevention of adverse out-
PCOS. Iran J Reprod Med 2012;10:265–70. sia: a meta-analysis of individual patient data. comes related to abnormal placentation. Pre-
[11] Beaufils M, Uzan S, Donsimoni R, Colau JC. Lancet 2007;369:1791–8. nat Diagn 2014;34:642–8.
Prevention of pre-eclampsia by early antipla- [20] Henderson JT, Whitlock EP, O'Connor E, [27] De Berardis G, Lucisano G, D'Ettorre A,
telet therapy. Lancet 1985;1:840–2. Senger CA, Thompson JH, Rowland MG. Pellegrini F, Lepore V, Tognoni G, et al.
10

tome xx > n8x > xx 2016


Pour citer cet article : Ghesquière L, et al. Peut-on prévenir la pré-éclampsie ? Presse Med. (2016), http://dx.doi.org/10.1016/j.
lpm.2016.02.007

Peut-on prévenir la pré-éclampsie ?


OBST ETRIQUE

Revue de la littérature
Association of aspirin use with major bleeding increased risk: a randomised trial. Lancet high risk population: randomised controlled
in patients with and without diabetes. JAMA 1999;354:810–6. trial. BMJ 2011;342:d2901.
2012;307:2286–94. [41] Rumbold AR, Crowther CA, Haslam RR, Dekker [55] Abdel Razik M, El-Berry S, Abosereah M,
[28] Ayala DE, Ucieda R, Hermida RC. Chron- GA, Robinson JS. Vitamins C and E and the risks Edris Y, Sharafeldeen A. Prophylactic treat-
otherapy with low dose aspirin for prevention of preeclampsia and perinatal complications. N ment for preeclampsia in highrisk teenage
of complications in pregnancy. Chronobiol Int Engl J Med 2006;354:1796–806. primigravidae with nitric oxide donors: a pilot-
2013;30:260–79. [42] Poston L, Briley AL, Seed PT, Kelly FJ, study. AJ Matern Fetal Neonatal Med
[29] Ferrazzi E, Bulfamante G, Mezzopane R, Shennan AH. Vitamin C and vitamin E in 2015;12:1–4.
Barbera A, Ghidini A, Pardi G. Uterine Doppler pregnant women at risk for pre-eclampsia [56] Szekeres-Bartho J, Faust Z, Varga P. The
velocimetry and placental hypoxic-ischemic (VIP trial): randomised placebo-controlled expression of a progesterone-induced immu-
lesion in pregnancies with fetal intrauterine trial. Vitamins in Pre-eclampsia (VIP) Trial nomodulatory protein in pregnancy lympho-
growth restriction. Placenta 1999;20:389–94. Consortium. Lancet 2006;367:1145–54. cytes. Am J Reprod Immunol 1995;34:342–8.
[30] Rey E, Garneau P, David M, Gauthier R, Leduc [43] Rumbold A, Duley L, Crowther CA, Haslam RR. [57] Liao QP, Buhimschi IA, Saade G, Chwalisz K,
L, Michon N, et al. Dalteparin for the preven- Antioxidants for preventing pre-eclampsia. Garfield RE. Regulation of vascular adaptation
tion of recurrence of placental-mediated Cochrane Database Syst Rev 2008;1:CD004227. during pregnancy and post-partum: effects of
complications of pregnancy in women without [44] Belizán JM, Villar J. The relationship between nitric oxide inhibition and steroid hormones.
thrombophilia: a pilot randomized controlled calcium intake and edema-, proteinuria-, and Hum Reprod 1996;11:2777–84.
trial. J Thromb Haemost 2009;7:58–64. hypertension-getosis: an hypothesis. Am J [58] Meher S, Duley L. Progesterone for prevent-
[31] Gris JC, Chauleur C, Faillie JL, Baer G, Marès Clin Nutr 1980;33:2202–10. ing pre-eclampsia and its complications.
P, Fabbro-Peray P, et al. Enoxaparin for the [45] Taufield PA, Ales KL, Resnick LM, Druzin ML, Cochrane Database Syst Rev 2006;4:
secondary prevention of placental vascular Gertner JM, Laragh JH. Hypocalciuria in pre- CD006175.
complications in women with abruptio pla- eclampsia. N Engl J Med 1987;316:715–8. [59] Meher S, Duley L. Rest during pregnancy for
centae. The pilot randomised controlled NOH- [46] Repke JT, Villar J. Pregnancy-induced hyper- preventing pre-eclampsia and its complica-
AP trial. Thromb Haemost 2010;104:771–9. tension and low birth weight: the role of tions in women with normal blood pressure.
[32] Gris JC, Chauleur C, Molinari N, Marès P, calcium. Am J Clin Nutr 1991;54:237S–41S. Cochrane Database Syst Rev 2006;2:CD005939.
Fabbro-Peray P, Quéré I, et al. Addition of [47] Belizán JM, Villar J, Gonzalez L, Campodonico [60] Meher S, Duley L. Exercise or other physical
enoxaparin to aspirin for the secondary pre- L, Bergel E. Calcium supplementation to activity for preventing pre-eclampsia and its
vention of placental vascular complications in prevent hypertensive disorders of pregnancy. complications. Cochrane Database Syst Rev
women with severe pre-eclampsia. The pilot N Engl J Med 1991;325:1399–405. 2006;2:CD005942.
randomised controlled NOH-PE trial. Thromb [48] Hofmeyr GJ, Lawrie TA, Atallah AN, Duley L. [61] Barrera D, Avila E, Hernández G, Méndez I,
Haemost 2011;106:1053–61. Calcium supplementation during pregnancy González L, Halhali A, et al. Calcitriol affects
[33] De Vries JI, van Pampus MG, Hague WM, for preventing hypertensive disorders and hCG gene transcription in cultured human
Bezemer PD, Joosten JH. Low-molecular- related problems. Cochrane Database Syst syncytiotrophoblasts. Reprod Biol Endocrinol
weight heparin added to aspirin in the preven- Rev 2010;6:CD001059. 2008;6:3.
tion of recurrent early-onset pre-eclampsia in [49] Li K, Kaaks R, Linseisen J, Rohrmann S. [62] Evans KN, Nguyen L, Chan J, Innes BA,
women with inheritable thrombophilia: the Assciations of dietary calcium intake and cal- Bulmer JN, Kilby MD, et al. Effects of 25-
FRUIT-RCT. J Thromb Haemost 2012;10:64–72. cium supplementation with myocardial hydroxyvitamin D3 and 1,25-dihydroxyvita-
[34] Dodd JM, McLeod A, Windrim RC, Kingdom J. infarction and stroke risk and overall cardio- min D3 on cytokine production by human
Antithrombotic therapy for improving maternal vascular mortality in the Heidelberg cohort of decidual cells. Biol Reprod 2006;75:816–22.
or infant health outcomes in women consid- the European Prospective Investigation into [63] Chan SY, Susarla R, Canovas D, Vasilopoulou
ered at risk of placental dysfunction. Cochrane Cancer and Nutrition study (EPIC-Heidelberg). E, Ohizua O, McCabe CJ, et al. Vitamin D
Database Syst Rev 2013;7:CD006780. Heart 2012;98:920–5. promotes human extravillous trophoblast
[35] Rodger MA, Carrier M, Le Gal G, Martinelli I, [50] Jarjou LM, Sawo Y, Goldberg GR, Laskey MA, invasion in vitro. Placenta 2015;36:403–9.
Perna A, Rey E, et al. Meta-analysis of low- Cole TJ, Prentice A. Unexpected long-term [64] Barrera D, Chirinos M, García-Becerra R.
molecular-weight heparin to prevent recur- effects of calcium supplementation in preg- Mechanism of regulation of synthesis and
rent placenta-mediated pregnancy complica- nancy on maternal bone outcomes in women secretion of human chorionic gonadotropin
tions. Blood 2014;123:822–8. with a low calcium intake: a follow-up study. (hCG) during pregnancy. Rev Invest Clin
[36] Greer IA. Anticoagulants in pregnancy. J Am J Clin Nutr 2013;98:723–30. 2008;60:124–32.
Thromb Thrombolysis 2006;21:57–65. [51] Hofmeyr GJ, Belizán JM, von Dadelszen P. [65] Robinson CJ, Alanis MC, Wagner CL, Hollis
[37] Rodger MA, Langlois NJ, de Vries JI, Rey E, Gris Low-dose calcium supplementation for pre- BW, Johnson DD. Plasma 25-hydroxyvitamin
JC, Martinelli I, et al. Low-molecular-weight venting pre-eclampsia: a systematic review D levels in early-onset severe preeclampsia.
heparin for prevention of placenta-mediated and commentary. BJOG 2014;121:951–7. Am J Obstet Gynecol 2010;203:366.e1–.e6.
pregnancy complications: protocol for a sys- [52] Rytlewski K, Olszanecki R, Korbut R, et al. [66] Haugen M, Brantsaeter AL, Trogstad L,
tematic review and individual patient data Effects of pro-longed oral supplementation Alexander J, et al. Vitamin D supplementation
meta-analysis (AFFIRM). Syst Rev 2014;3:69. with L-arginine on blood pressure and nitric and reduced risk of preeclampsia in nullipar-
[38] Hubel CA. Plasma vitamin E in preeclampsia. J oxide synthesis in preeclampsia. Eur J Clin ous women. Epidemiology 2009;20:720–6.
Obstet Gynecol 1997;177(2):484–5. Invest 2005;35:32–7. [67] Hyppönen E, Cavadino A, Williams D, Fraser
[39] People's League of Health. The nutrition of [53] Meher S, Duley L. Nitric oxide for preventing A, Vereczkey A, Fraser WD, et al. Vitamin D
expectant and nursing mothers in relation to pre-eclampsia and its complications. Cochrane and pre-eclampsia: original data, systematic
maternal and infant mortality and morbidity. J Database Syst Rev 2007;2:CD006490. review and meta-analysis. Ann Nutr Metab
Obstet Gynaecol 1946;53:498–509. [54] Vadillo-Ortega F, Perichart-Perera O, Espino 2013;63(4):331–40.
[40] Chappell LC, Seed PT, Briley AL, Kelly FJ, Lee S. Effect of supplementation during preg- [68] Arunabh S, et al. Body fat content and 25-
R, Hunt BJ, et al. Effect of antioxidants on the nancy with L-arginine and antioxidant vita- hydroxyvitamin D levels in healthy women. J
occurrence of pre-eclampsia in women at mins in medical food on pre-eclampsia in Clin Endocrinol Metab 2003;88:157–61.
11

tome xx > n8x > xx 2016

Vous aimerez peut-être aussi