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Chapitre 3

Instrumentation en exploration
fonctionnelle neurologique
L'EF neurologique
L’exploration fonctionnelle neurologique a pour but d’explorer le système nerveux
central et périphérique au travers de différents examens.
Le chapitre 3 (IEF neurologique) s'intéresse aux moyens d'explorations du système
nerveux central : EEG, Potentiel évoqué (PE), IRM, PET-CT (tomographie par émission de
positrons + TDM), etc.
Le chapitre 4 (IEF neuromusculaire) est consacré aux techniques d'aide à l'EF du système
neurologique périphérique et neuromusculaire : EMG, ENMG, PE, etc.

Parmi les maladies explorées pour le système nerveux central :


- Epilepsie,
- Confusion mental,
- Coma et troubles de la conscience en réanimation,
- Malaises et perte de connaissance,
- Maladies neuro-dégénératives (maladie d’Alzheimer et maladie de Parkinson, sclérose en
plaques, sclérose latérale amyotrophique (SLA - encore appelée maladie de Charcot),
chorée de Huntington…)
- Maladies neurologiques inflammatoires
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Système nerveux
Le système nerveux permet au corps de réagir aux modifications continues de son
environnement intérieur ou extérieur. Il contrôle et intègre également les diverses
activités du corps comme la circulation et la respiration. Structurellement, le système
nerveux est divisé en :
- système nerveux central (SNC) et
- système nerveux périphérique (SNP).

Système nerveux central


Le SNC comprend l'encéphale et la moelle épinière. Ses principaux rôles sont d'intégrer et
coordonner les signaux nerveux afférents(+) et efférents(++) et d'accomplir les plus hautes
fonctions mentales telles que la pensée et l'apprentissage.

(+)
Afferent : qui se dirige vers un organe.

(++)
Efferent : qui sort d'un organe.

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Système nerveux
Système nerveux périphérique

Le SNP comprend le système nerveux autonome et le système nerveux somatique.


Le système nerveux autonome ou système nerveux viscéral (aussi appelé système
nerveux végétatif) est la partie du système nerveux responsable des fonctions non
soumises au contrôle volontaire.
Le système nerveux somatique est la partie du système nerveux périphérique qui
commande les mouvements et la position du corps et permet de percevoir par la peau
diverses sensations (toucher, chaleur, douleur) et de découvrir par les autres organes des
sens le milieu environnant (vision, audition, olfaction).

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Système nerveux

Figure - Constitution du système nerveux.


5
Système nerveux

Figure - Constitution de l'encéphale.

6
Système nerveux

Figure - Neurones du SNP : Types de neurones impliqués dans les systèmes nerveux somatique et
viscéral, la localisation générale de leurs corps cellulaires en rapport avec le SNC, leurs récepteurs ou
leurs organes effecteurs.
7
Système nerveux

Figure - Innervation somatique et viscérale via les nerfs spinaux, splanchniques et crâniens. Le
système moteur somatique permet des mouvements volontaires et réflexes par la contraction des
muscles squelettiques, comme il s'en produit en touchant un fer à repasser chaud.
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Système nerveux

Figure - Organisation fondamentale du


système nerveux. Le système nerveux
périphérique consiste en nerfs et en
ganglions. Les nerfs périphériques sont
soit crâniens, soit spinaux. A l'exception
de la région cervicale, chaque nerf spinal
porte la même désignation, lettre-chiffre,
que la vertèbre située au-dessus de la
sortie de la colonne vertébrale. Dans la
région cervicale, chaque nerf spinal porte
la même désignation que la vertèbre
formant la limite inférieure de sortie de la
colonne vertébrale. Le nerf spinal C8
émerge entre les vertèbres C7 et T1. Les
renflements cervical et lombaire existent
en relation avec l'innervation des
membres.
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Système nerveux
Figure - Neurone moteur multipolaire présentant
plusieurs prolongements. Les influx se rendent au
corps cellulaire par plusieurs dendrites et l'axone
conduit les influx loin du corps cellulaire. Un neurone
influence d'autres neurones au niveau des synapses.
En encart : Détail de la structure d'une synapse axo-
dendritique. Les neurotransmetteurs diffusent à
travers la fente synaptique entre deux cellules et sont
en liaison avec les récepteurs.

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L'électroencéphalogramme (EEG)
Définition
Technique non-invasive d’enregistrement de l’activité électrique du
cerveau sur le scalp. L’EEG mesure les fluctuations de la tension
découlant du courant ionique dans les neurones du cerveau.
Dans un contexte clinique, l’EEG se rapporte à l'enregistrement de
l’activité électrique spontanée du cerveau sur une durée déterminée, en
utilisant plusieurs électrodes placées sur le cuire chevelu.
Les applications diagnostiques
se focalisent généralement
sur le contenu spectral de
l’EEG, c.à.d., le type des
oscillations neurales pouvant
être observées dans le signal
EEG.

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L'électroencéphalogramme (EEG)
Historique
• 1788 : GALVANI s’aperçoit que tous les organes vivants
engendrent de l’électricité
• 1875 : Richard Caton (1842–1926), un médecin de Liverpool,
présente sa découverte sur l’activité électrique des
hémisphères cérébraux de lapins et de singes au British
Medical Journal.
• 1924 : découverte de l’EEG : le médecin
et psychiatre allemand Hans Berger
(1873–1941) enregistre le premier EEG
humain.

Le premier EEG, enregistré par Hans Berger, publié en 1929.


L'électroencéphalogramme (EEG)
Historique
• 1945 : les moyens deviennent suffisants pour permettre
l’application clinique et l’ouverture des laboratoires d’EEG
• 1947 : L’American EEG Society est fondée et le premier
congrès international sur l’EEG est tenu
L'électroencéphalogramme (EEG)
Principe
•L ’EEG consiste à recueillir l ’activité bioélectrique cérébrale, au
moyen d ’électrodes.
• L ’activité bioélectrique cérébrale correspond à des différences
de potentiel électrique entre deux électrodes.
•Le nombre d ’électrodes varie de 8 à 21, parfois plus.
•Les signaux EEG sont de faible amplitude, ils doivent être
amplifiés de fa façon considérable grâce à des amplificateurs.
•Une fois amplifiés et filtrés, les signaux EEG sont convertis en un
signal numérique.
•L ’EEG numérisé permet ainsi :
– Une visualisation sur un écran et un couplage vidéo
– Un traitement a posteriori des signaux
– Un stockage et un archivage des données
– Une édition ultérieure sur papier
– Une transmission à distance, en temps réel ou différé
L'électroencéphalogramme (EEG)
Applications
L'examen EEG est indiqué dans :
- l'épilepsie,
- diagnostic de mort cérébrale (tracé nul) ;
- troubles de la conscience et de la vigilance (coma, confusion) ;
- troubles du sommeil ;
- les encéphalites nécrosantes ;
- la maladie de Creutzfeldt-
Jakob ;
- suivi de l'enfant prématuré ;
- lésions cérébrales (hémorragie
cérébrale…).
L'électroencéphalogramme (EEG)
Artefacts
Relatifs au patient :
Electroocculogramme (EOG); mouvements des yeux et
clignements), mouvement des électrodes sur le scalp (par
mouvement de la tête ou des câbles, respiration), ECG, EMG
(muscles faciaux), potentiels de la peau (transpiration, brèches
dans la peau), électrorétinogramme (ERG) etc.

Techniques :
Alimentation électrique (50 Hz), moniteurs,
fluctuations de l’impédance (dessèchement de la pâte,
augmentation de l’humidité, etc.), bruit électromagnétique
environnemental (élévateurs, IRM, etc.)
L'électroencéphalogramme (EEG)
Artefacts
L'électroencéphalogramme (EEG)

Types d’analyses
1. Analyse dans différents domaines fréquentiels et temporels :

1.1 Analyse temporelle : (meilleure information temporelle mais


pas d'informations sur les fréquences),

1.2 Analyse fréquentielle : (meilleure information fréquentielle,


mais aucune information temporelle) ou une combinaison des
deux (par exemple avec les ondelettes; informations temporelles
et fréquentielles partielles)
L'électroencéphalogramme (EEG)

Types d’analyses
Relatifs au patient :
Electroocculogramme (EOG); mouvements des yeux et
clignements), mouvement des électrodes sur le scalp (par
mouvement de la tête ou des câbles, respiration), ECG, EMG
(muscles faciaux), potentiels de la peau (transpiration, brèches
dans la peau), électrorétinogramme (ERG) etc.

Techniques :
Alimentation électrique (50 Hz), moniteurs,
fluctuations de l’impédance (dessèchement de la pâte,
augmentation de l’humidité, etc.), bruit électromagnétique
environnemental (élévateurs, IRM, etc.)
L'électroencéphalogramme (EEG)
Enregistrement

Figure 7.3 The cerebrum contains the frontal, parietal, temporal and occipital lobes.
(From Mcnaugh A. B., and Callander, R., Illustrated Physiology, 3rd ed. Copyright © 1975 by Churchill
Livingstone. Reprinted by permission of Churchill Livingstone.
L'électroencéphalogramme (EEG)
Na+
Enregistrement
++++ ++ + + + Outside cell Na+
Plasma membrane
---- -- --- ++++ ++ +++
Inside cell

K+ ---- -- ---
1 Resting phase
Na+ K+
4 Undershoot phase
---- -- ---

++++ ++ +++

Membrane potential
2 3
+50
K+
0 1 4
2 Depolarizing phase

(mV)
-50
Na+
-100
++++ ++ +++ t

---- -- ---

K+
3 Repolarizing phase

Graphe des quatre phases des canaux ioniques dépendants du potentiel


L'électroencéphalogramme (EEG)
Enregistrement

The action potential of the nerve axon in response to electric stimulus. The depolarization
process first occurs at the stimulation site. The action potential then travels downstream to the
recording site where a penetrating micropipet is used to pick up the intracellular potential
with respect to an indifferent reference potential.
L'électroencéphalogramme (EEG)
Capteurs
L'électroencéphalogramme (EEG)
Capteurs
L’électrode tampon :
•Elle a la forme d’un petit dôme de 2 cm² à la base, en argent chloruré,
recouvert d’un tampon de tissu imbibé d’eau saline.
•Elle est simplement placée sur le scalp après dégraissage du cuir chevelu et
application d’une pâte conductrice.
•Elle est maintenue par un casque de caoutchouc épousant le crâne du sujet
L'électroencéphalogramme (EEG)
Capteurs
L'électrode cupule :
•Elle a la forme d’un disque en argent de 5 mm de diamètre, dont la cupule
centrale permet l’application d’une pâte conductrice.
•Elle est collée sur le crâne par un carré de gaze imbibé de Collodion ou avec
un gel ou pâte conducteurs
L'électroencéphalogramme (EEG)
Capteurs
L’électrode aiguille (ou sous-cutanée) :
•Elle a la forme d’une aiguille hypodermique, argentée ou en acier
inoxydable.
•Elle est introduite juste sous la peau, parallèlement à la surface.
L'électroencéphalogramme (EEG)
Emplacement des capteurs
•L’emplacement est standardisé par une
nomenclature internationale appelée
«système 10/20».
•Chaque électrode porte un nom précis.
•Les chiffres pairs indiquent le côté droit,
les impairs le côté gauche.
•Le nombre d’électrodes varie de 8 à 21,
ce nombre peut être plus important
selon les indications.
•Une fois les électrodes placées, il faut
vérifier qu’elles sont équidistantes
d’avant en arrière et de droite à gauche.
•La symétrie doit être parfaite.
L'électroencéphalogramme (EEG)
Emplacement des capteurs
L'électroencéphalogramme (EEG)
Instrumentation
L'électroencéphalogramme (EEG)
Instrumentation
L'électroencéphalogramme (EEG)
Instrumentation
L'électroencéphalogramme (EEG)
Instrumentation
L'électroencéphalogramme (EEG)
Instrumentation

Dernières innovation : électrodes intelligentes


L'électroencéphalogramme (EEG)
Examen : Activité spontanée
L'analyse ici n’est pas associée à un stimulus et apparaît sans
contrôle cognitif (ex. : crises épileptiques).

• Dans les états cognitifs ou actifs, l'EEG spontané montre des intervalles de
fréquence d'activations amplifiées. Sur cette base, les bandes de fréquences
suivantes sont définies (ondes cérébrales) :
Delta (0-4 Hz) chez les petits enfants ou pendant le sommeil.
Theta (4-7 Hz) dans la petite enfance ou pendant l'endormissement, la
somnolence, la relaxation profonde comme la méditation.
Alpha (8-15 Hz) pendant la relaxation éveillée surtout avec yeux fermés. Aussi
avec les yeux ouverts dans un environnement avec très peu de stimuli ou
attention visuelle réduite du sujet.
Beta (16-31 Hz) : dominent notre état d'éveil de conscience normal lorsque
l'attention est dirigée vers des tâches cognitives et le monde extérieur
Gamma (> 32 Hz) : lors de l'activation mentale, se rapportant au traitement
simultané d'informations à partir de différentes zones du cerveau.
L'électroencéphalogramme (EEG)
Examen : Activité spontanée
Potentiel évoqué
Activité évoquée
L'activation évoquée est associée à un stimulus. Les stimuli sont le plus
souvent externes, mais peuvent également être internes (ex. : la
déglutition).
Potentiel évoqué (PE) (ERP : Event-Related Potential) : Il correspond à la
modification du potentiel électrique produite par le système nerveux en
réponse à une stimulation externe, notamment sensorielle (visuelle, auditive
ou tactile, etc.) mais aussi à un événement
interne, notamment une activité cognitive
(attention, préparation motrice, etc.)
Potentiel évoqué
Les potentiels évoqués sont utilisés en neurophysiologie humaine et animale
pour comprendre l'organisation fonctionnelle du système nerveux dans la
recherche en neurosciences et tester son intégrité dans le cadre d'examens
médicaux en neurologie.
Les éléments d'anomalies liés au PE dans la recherche clinique ont été
démontrés dans des conditions neurologiques telles que:

- démence
- maladie de Parkinson
- sclérose en plaques
- blessures à la tête
- AVC
- trouble obsessionnel-compulsif
L'EF neurologique par imagerie
L’imagerie actuelle du cerveau et de la moelle repose sur les deux grandes techniques
modernes de diagnostic : la scanographie (TDM) et l’imagerie par résonance magnétique
(IRM).
L'EF neurologique par imagerie consiste essentiellement en l'étude de l'encéphale, de
la moelle et ses racines nerveuses, de leurs enveloppes (comprenant les méninges, la
boîte crânienne et le rachis), et enfin des espaces liquidiens contenant le liquide
cérébrospinal (LCS) et le sang.
L'IRM est la meilleure technique pour l'étude de ces différentes structures, apportant
des renseignements de topographie, de morphologie et de nature, mais également
fonctionnels.
La TDM permet une très bonne étude de la corticale osseuse, notamment dans un
contexte traumatique ou néoplasique(+). Le protocole d'examen est adapté en fonction
des hypothèses diagnostiques, de la structure anatomique.

(+) Néoplasique : Qui concerne un néoplasme (tumeur cancéreuse).


L'EF neurologique par imagerie
Radiologie standard
Elle est aujourd'hui complètement remplacée par la TDM
notamment dans le contexte de traumatisme et dans
l'exploration des sinus ou des os de la voûte ou de la base du
crâne. Les radiographies standard, ne doivent plus être
demandées dans un contexte de traumatisme crânien ou
pour l'exploration d'une
sinusite. En effet, elles
méconnaissent beaucoup
de lésions du fait des
superpositions des différentes structures, alors que la
TDM permet de faire un bilan précis et détaillé.
L'EF neurologique par imagerie
TDM
Cet examen est devenu incontournable, notamment
dans le contexte de traumatisme crânien. Il permet
l'exploration des différentes structures osseuses avec une
grande précision, grâce notamment aux coupes fines
submillimétriques et des reconstructions de grande qualité
qu'il offre. Il permet également l'exploration du
parenchyme(+) cérébral en cas de contre-indication à la
réalisation d'une IRM ou lors d'un pré-examen avant l'IRM.
L'étude vasculaire est de très bonne qualité grâce à
l'angioscanner réalisé après injection intraveineuse de
produit de contraste iodé.
(+) Parenchyme : Tissu d'un organe qui assure son fonctionnement.
L'EF neurologique par imagerie
Indications de la TDM
Le scanner cérébral est d’une grande aide pour les médecins spécialistes car il permet
de confirmer le diagnostic, de déterminer la cause et de décider rapidement quelle sera la
prise en charge la plus adaptée, grâce à la qualité et à la précision de cet examen, qui est
un peu moins performant que l’IRM.
L'EF neurologique par imagerie
Indications de la TDM

Les indications sont multiples, les principales étant :


• Accident vasculaire cérébral ( AVC) ;
• Accident ischémique transitoire (AIT) ;
• Atteinte de la base du crâne et des nerfs crâniens ;
• Crise d’épilepsie ;
• Maux de tête aigus et chroniques ;
• Traumatisme crânien ;
• Suspicion de tumeur cérébrale ;
• Traumatisme orbitaire ;
• Toute attitude, mouvement ou altération faisant suspecter une atteinte du
système nerveux central.
La TDM permet d’explorer avec détail les structures du système nerveux central.
L’ensemble des images prises sont enregistrées et reconstituées en 2D ou 3D.
L'EF neurologique par imagerie
IRM

L'IRM représente l'examen


de référence en matière
d'exploration du système
nerveux central. Une IRM
cérébrale doit être guidée
dans son indication, dans sa
réalisation et son
interprétation par les
données de l’examen
clinique. Sous cet angle, on
peut dire qu’il n’existe pas
d’IRM « standard ».
L'EF neurologique par imagerie
Indications de l'IRM
Toutes les indications de la TDM cérébrale, auxquelles s'ajoutent :
 Nerfs crâniens

 Lésions du tronc cérébral

 Anomalies de la fosse postérieure

 Moelle épinière

 Migraines à répétition et vertiges


 Troubles de type hypophysaires (galactorrhée, troubles de la vue, dérèglements

hormonaux)
 Troubles auditifs

 Pathologies vasculaires

 Hypertension artérielle

 Malformations vasculaires

 Étude du polygone de Willis

 Exploration des veines cérébrales

 Athérome

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