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Section 4 : Mécanismes d’ajustement de la BOC.

 Deux approches théoriques pour expliquer les variations de la BOC :

- La première appelée «approche keynésienne» considère un


ajustement par le revenu : avec un taux de change constant, la variation
de la BOC s’explique par la variation du revenu national suite à un
changement au niveau de la demande globale.

- La deuxième appelée «approche des élasticités» considère un


ajustement par les prix : une variation du taux de change de la monnaie
nationale modifie le prix des importations et des exportations et se traduit
par une variation du solde la BOC. 1
A – Approche keynésienne du déséquilibre de la BOC :

 L’analyse se limite aux opérations de biens et services (le solde BRFT est
négligé) ce qui revient à confondre la BOC avec les exportations nettes de biens
et services (X – M = BBS).

 Cette approche se base sur une représentation keynésienne de l’économie. Le


niveau de production est déterminé par la demande pour les produits nationaux et
on suppose que les prix sont rigides.

 Elle permet de montrer que toute variation de la demande autonome engendre,


par le mécanisme du multiplicateur, une variation du revenu d’équilibre qui va, à
travers l’effet sur les importations, affecter le solde courant :
∆𝑫𝒆𝒎𝒂𝒏𝒅𝒆 𝒂𝒖𝒕𝒐𝒏𝒐𝒎𝒆 ⟶ ∆𝒀 ⟶ ∆𝑴 ⟶ ∆(𝑿 − 𝑴) 2
 On considère une économie représentée par les équations suivantes :

(1) 𝑪 = 𝒄 . (𝒀 − 𝑻) + 𝑪𝟎 où 𝐶 la consommation privée dépend du revenu


disponible (𝒀 − 𝑻) avec c la propension marginale à consommer (0 < 𝑐 < 1) et
𝐶0 une constante.

(2) 𝑮 = 𝑮 la consommation publique est une variable exogène.

(3) 𝑻 = 𝑻 le montant des taxes est une variable exogène.

(4) 𝑰 = 𝑰 l’investissement est une variable exogène.

(5) 𝑴 = 𝒎 . 𝒀 + 𝑴𝟎 où 𝑀 la demande d’importation est fonction du revenu avec


𝑚 la propension marginale à importer (0 < 𝑚 < 1) et 𝑀0 une constante.

(6) 𝑿 = 𝑿 les exportations dépendent seulement de la demande étrangère et


sont donc considérées comme exogènes. 3
 On suppose que c’est un petit pays dont la demande d’importation n’a
pas de répercussions sur le niveau d’activité dans les autres pays.
 Equilibre du marché : 𝑌 = 𝐶 + 𝐺 + 𝐼 + (𝑋 − 𝑀)
En remplaçant les variables d’après les équations (1) à (6) on obtient
l’expression du revenu d’équilibre Y en fonction des différentes variables
𝟏
exogènes (autonomes) : 𝒀= (𝑮 + 𝑰 + 𝑿 + 𝑪𝟎 − 𝑴𝟎 − 𝒄𝑻)
𝟏−𝒄−𝒎
𝟏
On note : 𝒌= appelé multiplicateur du commerce extérieur.
𝟏−𝒄−𝒎

La relation ci-dessus devient : 𝒀 = 𝒌 . (𝑮 + 𝑰 + 𝑿 + 𝑪𝟎 − 𝑴𝟎 − 𝒄𝑻)


Pour ce niveau de revenu d’équilibre, la BOC peut être en excédent ou en
déficit : 𝑋 − 𝑀 = 𝑌 − 𝐶 + 𝐺 + 𝐼 = 𝑌 − 𝐴
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 La variation de l’une des variables exogènes, toutes choses égales par
ailleurs, implique via le multiplicateur 𝒌, une variation du revenu d’équilibre.
𝒅𝑴
Une partie de l’accroissement du revenu est dépensée en importations 𝒎 =
𝒅𝒀
ce qui a un effet sur le solde de la BOC.

Par exemple : effet d’une augmentation des dépenses publiques ∆𝐺 toutes


choses égales par ailleurs.

∆𝐺 > 0 → ∆𝑌 = 𝑘. ∆𝐺 > 0 → ∆(𝑋 − 𝑀) = ∆𝑋 − ∆𝑀 = 0 − 𝑚. ∆𝑌

D’où : ∆(𝑋 − 𝑀) = −𝑚. 𝑘. ∆𝐺 < 0

Une augmentation des dépenses publiques induit une augmentation du


revenu et affecte négativement les exportations nettes (détérioration de la
BOC). 5
L’effet d’une variation de l’investissement est identique à celui des
dépenses publiques : ∆ 𝑿 − 𝑴 = − 𝒎. 𝒌. ∆𝑰

Dans le cas d’une augmentation des exportations ∆𝑋 on a :

𝑚
∆(𝑋 − 𝑀) = ∆𝑋 − ∆𝑀 = 1 − mk . ∆𝑋 = 1 − . ∆𝑋
1−𝑐+𝑚

𝟏−𝒄
D’où : ∆𝑩𝑶𝑪 = . ∆𝑿 > 𝐎
𝟏−𝒄+𝒎

Une augmentation des exportations donne une amélioration de la


BOC. Les importations augmentent suite à l’augmentation du revenu mais
d’un montant plus faible que la variation des exportations.

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Exercice 1 :
On considère un pays qui adopte un taux de change fixe et où les prix sont
stables. L’économie de ce pays se caractérise par les données suivantes
exprimées en unités monétaires locales (uml) :
𝐶 = 0,8 (𝑌 − 𝑇) + 150 ; 𝑀 = 0,3 . 𝑌 + 50 ; 𝐺 = 200 ; T = 100 ; 𝑋 = 200 ; I = 200
1) Exprimer le revenu d’équilibre Y en fonction des variables exogènes et
calculer sa valeur.
2) En déduire la valeur du solde extérieur 𝑋 − 𝑀 . Commenter.
3) Quel serait l’effet sur ce solde d’une augmentation de X de 222 uml ?
Déterminer la nouvelle valeur de ce solde. Commenter.
4) Déterminer l’effet sur le solde extérieur d’une baisse de 20% de G. Expliquer
le mécanisme d’ajustement dans ce cas. 7
B- Approche des élasticités.
C’est aussi une approche partielle qui se concentre sur la BBS.
Elle permet de montrer si la dépréciation de la monnaie nationale peut
être la solution en cas de déficit des échanges extérieurs.
Elle considère que la dépréciation va affecter les prix des importations et
des exportations (effets prix) et d’autre part avoir un effet indirect sur les
quantités exportées et importées à travers les élasticités - prix de la
demande nationale des importations et de la demande étrangère des
exportations (effets volume).
Elle montre que l’effet total de la dépréciation sur le solde courant va
dépendre de la valeur de ces élasticités.
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On note par :

𝑺 le taux de change à l’incertain de la MN (unités de MN pour 1 unité de ME).


𝑿 𝒆𝒕 𝑴 les valeurs en MN des exportations et des importations, respectivement.

𝒑𝑴𝑵
𝒙 𝒆𝒕 𝒑 𝑴𝑵
𝒎 les prix en MN des exportations et des importations, respectivement.

𝒑𝑴𝑬 𝑴𝑬
𝒙 𝒆𝒕 𝒑𝒎 les prix en ME des exportations et des importations, respectivement.

Avec : 𝒑𝑴𝑵
𝒙 = 𝐒 . 𝒑 𝑴𝑬
𝒙 et 𝒑𝑴𝑵
𝒎 = 𝐒 . 𝒑 𝑴𝑬
𝒎

𝑸𝒙 𝒆𝒕 𝑸𝒎 le volume des exportations et des importations, respectivement.

La BOC exprimée en MN peut s’écrire : 𝑩𝑶𝑪 = 𝐗 − 𝐌 = 𝒑𝑴𝑵


𝒙 . 𝑸 𝒙 − 𝒑 𝑴𝑵 . 𝑸
𝒎 𝒎

On détermine l’effet d’une augmentation du taux de change sur la valeur en MN


des exportations et des importations et par conséquent sur la BOC.
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∆(𝑿 − 𝑴) = ∆𝑿 − ∆𝑴 = ∆ 𝒑𝑴𝑵
𝒙 . 𝑸 𝒙 − ∆(𝒑 𝑴𝑵 . 𝑸 )
𝒎 𝒎

La variation en valeur des exportations et des importations résulte de deux


effets : un effet prix suite à la variation du taux de change et un effet
volume suite à un ajustement des quantités exportées et importées.

On suppose que :

- l’offre des importations de ce pays par les producteurs étrangers est


infiniment élastique au prix : pour le pays considéré cela signifie que 𝒑𝑴𝑬
𝒎

ne change pas.

- L’offre des exportations par ce pays est infiniment élastique au prix : Cela
signifie que 𝒑𝑴𝑵
𝒙 ne change pas. 10
𝑀𝑁 = S . 𝑝 𝑀𝐸 ⟹ une augmentation de S augmente les prix en MN des
𝑝𝑚 𝑚

importations du même taux que la variation du taux de change :

∆𝒑𝑴𝑵
𝒎 ∆𝑺 𝑀𝐸 ∆𝒑𝑴𝑬
𝒎
= car 𝑝𝑚 reste constant ( 𝑴𝑬 = 0)
𝒑𝑴𝑵
𝒎 𝑺 𝒑𝒎

𝑝𝑥𝑀𝑁 = S . 𝑝𝑥𝑀𝐸 ⟹ une augmentation de S avec 𝑝𝑥𝑀𝑁 constant implique que le prix
des exportations diminue en ME du même taux que la dépréciation de la MN :

∆𝒑𝑴𝑬 ∆𝑺 ∆𝒑𝑴𝑵
𝒙
= − car 𝑝𝑥𝑀𝑁 reste constant 𝒙
( 𝑴𝑵 = 0)
𝒑𝑴𝑬
𝒙 𝑺 𝒑𝒙

 Ainsi, la dépréciation de la MN va augmenter le prix des importations en MN et


diminuer le prix des exportations en ME. Ceci va augmenter le coût en MN des
importations alors que la valeur des exportations en MN ne change pas.
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 Cependant, la variation des prix va aussi donner un ajustement des quantités
exportées et importées déterminé par les élasticités - prix de la demande
étrangère des exportations et de la demande locale des importations,
notées respectivement, par 𝜺𝒙 𝑒𝑡 𝜺𝒎 avec :
∆𝑸𝒙 ∆𝑸𝒎
𝑸𝒙 𝑸𝒎
𝜺𝒙 = ∆𝒑𝑴𝑬 <𝟎 et 𝜺𝒎 = ∆𝒑𝑴𝑵 <𝟎
𝒙 𝒎
𝒑𝑴𝑬
𝒙 𝒑𝑴𝑵
𝒎

- La demande étrangère des exportations du pays augmente si les prix en ME


diminuent et inversement.
- La demande locale des importations diminue si les prix en MN augmentent et
inversement.

∆𝑸𝒙 ∆𝒑𝑴𝑬
𝒙 ∆𝑸𝒎 ∆𝒑𝑴𝑵
𝒎
= 𝜺𝒙 . >𝟎 et = 𝜺𝒎 . <𝟎
𝑸𝒙 𝒑𝑴𝑬
𝒙 𝑸𝒎 𝒑𝑴𝑵
𝒎 12
On en déduit que :
∆𝑸𝒙 ∆𝑺 ∆𝑸𝒎 ∆𝑺
= − 𝜺𝒙 . >𝟎 et = 𝜺𝒎 . <𝟎
𝑸𝒙 𝑺 𝑸𝒎 𝑺

La dépréciation de la MN induit un effet volume qui donne une


augmentation des quantités exportées et une diminution des quantités
importées.
Si on associe les effets prix et volume pour les exportations et les importations
∆𝑺 ∆𝑺
on obtient : ∆𝑿 = −𝜺𝒙 . . 𝐗 > 𝟎 et ∆𝑴 = 𝟏 + 𝜺𝒎 . .𝑴
𝑺 𝑺

Lorsque les 2 effets sont combinés, la valeur des exportations en MN augmente


alors que l’effet sur la valeur des importations est incertain et va dépendre de
l’élasticité 𝜀𝑚 : si elle est élevée (supérieure à 1 en valeur absolue) la valeur des
importations en MN diminue (∆𝑀 < 0) et inversement. 13
 Etant donné le solde initial (𝑋 − 𝑀), l’effet de la dépréciation dépend du
∆𝑆
taux de cette dépréciation et de la valeur des élasticités – prix 𝜺𝒙 𝑒𝑡 𝜺𝒎 :
𝑆

∆𝑆 ∆𝑆
∆(𝑋 − 𝑀) = −𝜀𝑥 . .X − 1 + 𝜀𝑚 . .𝑀
𝑆 𝑆

∆𝑺
D’où : ∆(𝑿 − 𝑴) = . −𝜺𝒙 . 𝐗 − 𝟏 + 𝜺𝒎 . 𝑴
𝑺

Si la BOC est initialement en équilibre (𝑋 = 𝑀) on donne la condition qui


garantit qu’une dépréciation de la MN va avoir un effet positif sur la BOC :
Pour avoir ∆(𝑋 − 𝑀) > 0 il faut que : −𝜀𝑥 . X − 1 + 𝜀𝑚 . 𝑀 > 0
Pour 𝑋 = 𝑀 , la condition peut s’écrire : −(𝜺𝒙 +𝜺𝒎 ) > 𝟏
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 Cette condition est appelée condition des élasticités critiques ou
condition Marshall – Lerner : la dépréciation a un effet favorable sur la
BOC si la somme en valeur absolue des élasticités – prix de la demande
étrangère des exportations et de la demande locale des importations est
supérieure à l’unité :
𝜺𝒙 + 𝜺𝒎 > 𝟏
 L’approche des élasticités critiques permet de discuter l’efficacité de la
politique de change pour ajuster un déséquilibre de la BOC. Une
dépréciation de la MN ne serait efficace dans le cas d’un déficit extérieur
que si les exportations et les importations sont assez sensibles aux
variations des prix.
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Elle permet aussi d’expliquer pourquoi les pays qui ont choisi la solution
de la dépréciation observent à court terme une détérioration de leur BOC.
En effet, cela est dû au fait que les effets prix sont immédiats alors que
les effets volume sont décalés dans le temps :
La dépréciation de la MN rend les importations immédiatement plus
chères pour une valeur des exportations qui ne change pas tout de suite
(effet prix). D’où une détérioration à court terme du solde extérieur.
Avec la dépréciation, les produits nationaux deviennent plus compétitifs en
terme de prix et vont, remplacer les produits étrangers aussi bien pour les
acheteurs étrangers (demande étrangère des exportations) que pour les
acheteurs nationaux (demande nationale des importations). 16
Cet effet volume va se réaliser avec un délai plus ou moins important selon
les pays et donner progressivement un effet positif sur la BOC si la
condition des élasticités critiques est vérifiée.

C’est le phénomène de « la courbe en J », expression utilisée pour


désigner cette dégradation de la BOC à court terme suivie d’une
amélioration à moyen terme.

À long terme, la dépréciation peut donner une augmentation des coûts de


production et donc une hausse des prix nationaux qui va annuler l’effet
favorable du taux de change sur la compétitivité prix des produits
nationaux.
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Exercice 2 :

On reprend les données de l’exercice précédent, et on suppose que pour


réduire son déficit extérieur initial, le pays décide de dévaluer sa monnaie
de 15 % (augmentation du taux de change à l’incertain de la MN).

Déterminer l’effet de cette dévaluation sur le solde extérieur sachant que


l’élasticité prix de la demande locale d’importation est égale à (-2) et que
l’élasticité prix de la demande étrangère pour les exportations de ce pays
est de (- 0,5).

(les élasticités prix de l’offre sont supposées infinies pour les exportations
et les importations). 18
On peut faire une synthèse des 2 approches et considérer
simultanément les 2 mécanismes d’ajustement : un ajustement par les prix
à travers la manipulation du taux de change et un ajustement par le revenu
suite à une variation de la demande des produits nationaux :
-Si la condition des élasticités est vérifiée, la dépréciation va donner une
augmentation des exportations nettes ∆(𝑋 − 𝑀) > 0.
-Cette augmentation initiale implique une demande plus importante pour
les produits nationaux qui va, à travers le multiplicateur, augmenter le
niveau du revenu d’équilibre et par conséquent les importations.
-Mais l’effet négatif de cette augmentation des importations sur le solde
courant sera inférieur à la variation positive due à la dépréciation d’où un
effet global positif. 19
Ajustement par les prix :

Dépréciation ⟹ ∆ 𝑋 − 𝑀 > 0 (augmentation initiale des exportations


nettes si condition des élasticités vérifiée).

Ajustement par le revenu :

∆ 𝑋−𝑀 >0⟹ une augmentation de la demande due à une


augmentation des exportations nettes qui peut être assimilée à l’effet
d’une augmentation exogène des exportations ⟹ ∆𝑌 = 𝑘 . ∆X

L’effet final (ajustement par les prix et le revenu) sur la BOC sera donc :

𝟏−𝒄
∆𝑩𝑶𝑪 = . ∆𝐗 > 𝐎
𝟏−𝒄+𝒎 20

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