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Chapitre 5 : l’Inflation

L’inflation se traduit par une hausse générale et durable du niveau général des prix. Mais
certains prix augmentent plus vite que d’autres, les rapports de prix des biens changent donc
: on assiste à une modification des prix relatifs.
Les prix des services augmentent plus vite que les prix des biens manufacturés, les services sont
donc relativement plus chers que les biens.
I. LES ORIGINES DE L’INFLATION
A. Le rôle de la monnaie et l’explication monétariste
Pour les auteurs néoclassiques et monétaristes (dont le chef de file est Milton Friedman, Prix
Nobel d’Economie), l’inflation résulte d’une émission de monnaie trop importante. La
justification de cette idée repose sur l’existence d’une relation économique, appelée « Théorie
Quantitative de la Monnaie » ou équation d’Irving Fisher. Cette dernière s’exprime ainsi :
M.v = P.Y ou M.v = P.T
Où M représente la masse monétaire en circulation (demande de monnaie)
v la vitesse de circulation de la monnaie
P le niveau général des prix,
Y le volume de production ou de transactions (T)
Cette équation souligne qu’une augmentation de la quantité de monnaie provoque de façon
mécanique une hausse du niveau général des prix. Elle justifie l’idée d’une dichotomie (sphère
réelle - sphère monétaire) dans la théorie néoclassique.
En d’autres termes, l’évolution de la masse monétaire doit être corrélée à l’évolution du
volume de la production (et pas l’inverse).

Soient les données suivantes : offre nominale de monnaie M = 400 ; indice général des prix
P = 1 ; produit réel Y = 2000 ; vitesse de circulation de la monnaie V = 5
MV = PY
400*5=1*2000
2000 =2000
a) Quelle relation peut-on établir entre ces variables ? Sous quel nom est-elle connue?
b) Quel est l'effet d’une hausse de la monnaie à 800?
Réponse :a) relation entre les variables : MV= PY 400*5 = 2000 * 1
800*5 = 2000*P
P = 800*5/2000=2
2000=2000
Le nom de la relation : Théorie Quantitative de la Monnaie
b) l'effet d’une hausse de la monnaie est une augmentation des prix (inflation)

B. L’inflation par l’offre et la demande


Les pressions qui s’exercent du côté de l’offre ou de la demande au sein de l’économie peuvent
aussi avoir des effets inflationnistes.
Du côté de l’offre, les chocs qui perturbent la production, tels que les catastrophes naturelles,
font augmenter les coûts de production, tels qu’une hausse des prix de l’énergie, peuvent faire
diminuer l’offre globale et entraîner une inflation «par les coûts», c’est-à-dire une hausse des
prix provoquée par une perturbation de l’offre. C’est ce qui s’est passé en 2008 à l’échelle
mondiale avec l’inflation des prix alimentaires et énergétiques : le renchérissement brutal des
produits alimentaires et de l’énergie s’est alors propagé d’un pays à l’autre par la voie du
commerce international.

Inversement, les chocs qui se produisent du côté de la demande par exemple, une baisse des
taux d’intérêt par la banque centrale ou augmentation des dépenses publiques par le
gouvernement, peuvent stimuler temporairement la demande globale et la croissance de
l’économie. Cependant, si cet accroissement de la demande dépasse la capacité de production
de l’économie, il en résulte des tensions sur les ressources disponibles qui entraînent une
inflation «par la demande».

C. L’inflation par les coûts


- Le coût du facteur travail
En raison de la pression syndicale, une hausse des salaires est répercutée sur le prix des
produits.
- Le coût des matières premières
Les prix des matières premières pèsent sur le niveau des coûts de production selon le degré de
dépendance des économies (pétrole). On parle d’inflation importée
- Le coût des Interventions publiques
L’Etat influence les coûts par le biais de la fiscalité.

II. LES CONSEQUENCES DE L’INFLATION


Si le revenu nominal des ménages, qu’ils reçoivent en monnaie courante, n’augmente pas aussi
vite que les prix, leur situation se dégrade, car ils ne peuvent plus acheter autant. Autrement dit,
leur pouvoir d’achat ou leurs revenus réels (c’est-à-dire ajustés en fonction de l’inflation)
diminue. Le revenu réel est une mesure approximative du niveau de vie. Lorsque les revenus
réels augmentent, le niveau de vie augmente aussi, et vice versa.
En réalité, les prix évoluent à des rythmes différents. Certains, tels que les prix des produits
qu’on trouve dans le commerce, changent tous les jours; d’autres, tels que les salaires fixés par
contrat, mettent plus de temps à s’adapter (les économistes parlent de la «viscosité» des
salaires). Dans une conjoncture inflationniste, les prix augmentent de façon irrégulière et
réduisent inévitablement le pouvoir d’achat de certains consommateurs, et cette érosion du
revenu réel est le principal coût de l’inflation.
Nous notons également d’autres conséquences de l’inflation :
-une inflation peut conduire lorsqu’elle est forte, à un ralentissement de la croissance
économique, du produit global, et à une détérioration de l’emploi.
-l’inflation perturbe la répartition macroéconomique des revenus. Tous les agents économiques
ne peuvent pas faire évoluer leurs revenus à la même vitesse que l’inflation. Celle-ci pénalise
les épargnants, les créanciers et les titulaires de revenus indexés.
- l’inflation contribue à rendre l’avenir plus incertain. En rendant incertaine l’évolution des
valeurs nominales des revenus et des prix, l’inflation complique les prévisions économiques.
- une inflation nationale plus forte qu’à l’étranger, réduit la compétitivité de l’économie et
conduit à procéder à des réajustements monétaires.
III. MESURE DE L’INFLATION
L'indice des prix à la consommation (IPC) est l'instrument de mesure de l'inflation. Il permet
d'estimer, entre deux périodes données, la variation du niveau général des prix des biens et
des services consommés par les ménages sur un territoire.
On peut également mesurer l’inflation en utilisant le déflateur du PIB.

A. Variable nominale, variable réelle, pouvoir d’achat et déflateur

 Variable nominale : C’est une variable exprimée en valeur, en prix courant, c’est-à-
dire non corrigée des effets de l’inflation (ou illusion inflationniste). En d’autres
termes, c’est la valeur des biens exprimée en prix de l’année en cours. Elle est opposée
à la variable réelle.
Exemple :
Nous supposons que l’économie tchadienne produit et consomme de l’huile raffinée et du
coton. Le tableau ci-dessous nous présente les données relatives aux années 2005 et 2009.

Année 2005 Année 2009

Prix d’un litre d’huile raffinée 650 Fcfa 810 Fcfa

Prix d’un kilogramme de coton 135 Fcfa 143 Fcfa

Nombre de litres d’huile raffinée 85 000 80 000

Nombre de kilogrammes de coton 25 000 35 000

PIB nominal en Fcfa : Il est égal à la somme des produits (les prix (Pt) multipliés par les
quantités (Qt)), autrement dit :

𝐏𝐈𝐁 𝐧𝐨𝐦𝐢𝐧𝐚𝐥 = ∑ 𝐏𝐭 × 𝐐𝐭

Avec P = prix, Q = quantité et t = année.

Ainsi, nous avons :


Pour l’an 2005 :
PIB nominal = 650 x 85 000 + 135 x 25 000

= 55 250 000+ 3 375 000 = 58 625 000


Pour l’an 2009 :
PIB nominal = 810 x 80 000 + 143 x 35 000

= 64 800 000 + 5 005 000 = 69 805 000

 Variable réelle : C’est une variable exprimée en prix constant, c’est-à-dire la quantité
de biens et services que la monnaie d’acheter. En d’autres termes, c’est la valeur des
biens exprimée en prix de l’année de base. Nous disons encore que cette valeur est
déflatée.

𝐏𝐈𝐁 𝐫é𝐞𝐥 = ∑ 𝐏𝐛𝐚𝐬𝐞 × 𝐐𝐭

PIB réel en Fcfa : Il s’obtient en faisant la somme des produits (prix base 2005 (P2005)
multipliés par les quantités (Qt).
Exemple :

Pour l’an 2005 :


PIB réel = 650 x 85 000 + 135 x 25 000

= 55 250 000+ 3 375 000 = 58 625 000


Pour l’an 2009 :
PIB réel = 650 x 80 000 + 135 x 35 000

= 4 725 000 + 52 000 000 = 56 725 000

 Déflateur
𝐏𝐈𝐁 𝐧𝐨𝐦𝐢𝐧𝐚𝐥
𝐃é𝐟𝐥𝐚𝐭𝐞𝐮𝐫 = × 𝟏𝟎𝟎
𝐏𝐈𝐁 𝐫é𝐞𝐥
Exemple :
Pour l’an 2005 :
58 625 000
Déflateur = × 100 = 100
58 625 000
Pour l’an 2009 :
69 805 000
Déflateur = × 100 = 123,06
56 725 000
D’où nous avons une hausse des prix de 23,06 % (123,06 – 100 = 23,06 %) entre 2005
et 2009, c’est-à-dire qu’il y a une inflation.

 Pouvoir d’achat : C’est la quantité de biens et services qu’une unité monétaire ou une
certaine somme d’argent ou un revenu permet potentiellement de se procurer. Le
pouvoir d’achat du revenu disponible dépend de l’évolution des prix : la hausse des prix
entraine une baisse du pouvoir d’achat, c’est-à-dire du revenu réel. Le pouvoir d’achat
varie en sens inverse de l’indice des prix.

B. Exemple de calcul de l’IPC


L’indice des prix à la consommation (IPC) : Il s’obtient en utilisant l’indice de Paasche
des prix et/ou l’indice de Laspeyres des prix.
- Indices de Paasche des prix :
Pour l’an 2005 :
∑ 𝐏𝐭 ×𝐐𝐭
IPC= ∑ 𝐏 × 100
𝐛𝐚𝐬𝐞 ×𝐐𝐭

- Indices de Laspeyres des prix :


Pour l’an 2005 :
∑𝐏 ×𝐐
IPC= ∑ 𝐏 𝟐𝟎𝟎𝟓× 𝐐𝟐𝟎𝟎𝟓 × 100
𝟐𝟎𝟎𝟓 𝟐𝟎𝟎𝟓

∑ 𝐏𝐭 ×𝐐𝐭
. IPC= ∑ 𝐏 × 100
𝐛𝐚𝐬𝐞 ×𝐐𝐭

- Indices de Laspeyres des prix :


Pour l’an 2005 :
∑𝐏 ×𝐐
IPC= ∑ 𝐏 𝟐𝟎𝟎𝟓× 𝐐𝟐𝟎𝟎𝟓 × 100
𝟐𝟎𝟎𝟓 𝟐𝟎𝟎𝟓

2009
∑𝐏 ×𝐐
IPC= ∑ 𝐏 𝟐𝟎𝟎𝟗× 𝐐𝟐𝟎𝟎𝟗 × 100
𝟐𝟎𝟎𝟓 𝟐𝟎𝟎𝟗

∑ 𝐏𝐭 ×𝐐𝐭
. IPC= ∑ 𝐏 × 100
𝐛𝐚𝐬𝐞 ×𝐐𝐭

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