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Macroéconomie 2 - Chapitre 4

Exercice sur le multiplicateur naïf


Corrigé
Considérons une petite économie ouverte dans laquelle les comportements sur le marché des
biens et services sont donnés par les équations
 suivantes
 :
– la consommation C : C = c0 + c1 × Y − T , avec Y le revenu domestique et T les impôts
domestiques
– l’investissement I : I = b0 + b1 × Y − b2 × i, avec i le taux d’intérêt domestique
– les importations M : M = d1 × Y − d2 × ǫ, avec ǫ le taux de change réel
– les exportations X : X = x1 × Y ∗ + x2 × ǫ, avec Y ∗ le revenu étranger
Toutes les autres notations désignent des paramètres constants strictement positifs. Les dépenses
publiques domestiques sont notées G.

1. Dans l’équation de la consommation, que représente c1 ?

c1 est la propension marginale à consommer, c’est-à-dire la variation de la consommation


associée à une variation marginale du revenu disponible. Par hypothèse, elle est strictement
comprise entre 0 et 1.

2. Par analogie, comment désigner d1 dans l’équation des importations ?

d1 est la propension marginale à importer, c’est-à-dire la variation des importations associée


à une variation marginale du revenu. Lorsque le revenu augmente, une partie de la consom-
mation et de l’investissement additionnels est dirigée vers des biens et services importés.
Par hypothèse, on la considèrera comprise entre 0 et 1.

3. Ecrivez l’équation de la demande agrégée de biens et services domestiques dans cette éco-
nomie ouverte.

La demande agrégée de biens et services domestiques, notée Z, est la somme de la consom-


mation, de l’investissement, des dépenses publiques et des exportations nettes. En utilisant
les expressions de ces comportements :
C G X ǫM
z }| I
 { z }| { z}|{ z }| { z }| {

Z = c0 + c1 Y − T + b0 + b1 Y − b2 i + G + x1 Y + x2 ǫ − ǫ (d1 Y − d2 ǫ)
= c0 + b0 − c1 T + G + x1 Y ∗ + (c1 + b1 − ǫd1 ) Y − b2 i + x2 ǫ + d2 ǫ2

4. Ecrivez l’équation du revenu d’équilibre sur le marché des biens et services de cette écono-
mie ouverte.

A l’équilibre sur le marché des biens et services, l’offre (Y ) est égale à la demande (Z) :
Y = Z ⇐⇒ Y = c0 + b0 − c1 T + G + x1 Y ∗ + (c1 + b1 − ǫd1 ) Y − b2 i + x2 ǫ + d2 ǫ2
⇐⇒ (1 − c1 − b1 + ǫd1 ) × Y = c0 + b0 − c1 T + G + x1 Y ∗ − b2 i + x2 ǫ + d2 ǫ2
c0 + b0 − c1 T + G + x1 Y ∗ − b2 i + x2 ǫ + d2 ǫ2
⇐⇒ Y =
1 − c1 − b1 + ǫd1
5. En utilisant l’équation précédente, déterminez l’évolution du revenu d’équilibre sur le mar-
ché des biens et services (∆Y ) suite à une augmentation des dépenses publiques domestiques
financée par emprunt (∆G > 0), toutes les autres variables étant considérées constantes
(∆T = ∆Y ∗ = ∆i = ∆ǫ = 0).

Lorsque, dans l’équation précédente, les dépenses publiques domestiques varient et que
toutes les autres variables et constantes sont inchangées, on peut obtenir la variation asso-
ciée du revenu d’équilibre en dérivant partiellement l’équation de ce revenu d’équilibre par
rapport aux dépenses publiques domestiques. On obtient donc :
1 ∆Y 1
∆Y = × ∆G ⇒ =
1 − c1 − b1 + ǫd1 ∆G 1 − (c1 + b1 − ǫd1 )

6. Commentez l’effet des différents paramètres sur le résultat précédent.

Ce résultat est le multiplicateur naïf des dépenses publiques.


Au numérateur, 1 est l’effet positif direct d’une hausse des dépenses publiques sur la de-
mande agrégée, et donc sur le revenu d’équilibre sur le marché des biens et services.
Au dénominateur, 1 − c1 − b1 est l’effet multiplicateur, supposé positif, déjà présent en éco-
nomie fermée : une hausse initiale de revenu se traduit par de nouvelles vagues de demande
et donc de production, via la hausse de la consommation (effet de la hausse du revenu,
paramètre c1 ) et de l’investissement (effet de la hausse du revenu anticipé, paramètre b1 ).
Au dénominateur, ǫd1 est le fait qu’une partie de la demande supplémentaire initiale (hausse
de G) et de la demande supplémentaire induite (hausses de C et I) s’adresse à des biens
étrangers, et ne se traduit donc pas par une augmentation de la production domestique de
biens et services. Cela réduit donc la valeur du multiplicateur naïf par rapport à l’économie
fermée. Plus la propension marginale à importer est élevée (plus le paramètre d1 est élevé),
plus la hausse de la demande sera satisfaite par des biens et services étrangers, et donc
moins le multiplicateur naïf sera élevé. De même, plus le taux de change réel est élevé (plus
la variable ǫ est élevée), plus le prix relatif des biens et services importés est élevé, et donc,
à volume d’importations donnés, plus le supplément de revenu devra être utilisé pour payer
les importations, et donc moins le multiplicateur naïf sera élevé.
On fera l’hypothèse que 1 − (c1 + b1 − ǫd1 ) ≥ 0.

7. Déterminez maintenant l’évolution des exportations nettes suite à une augmentation des
dépenses publiques domestiques financée par emprunt (∆G > 0), toutes les autres variables
étant considérées constantes (∆T = ∆Y ∗ = ∆i = ∆ǫ = 0).

Les exportations nettes, notées N X, sont définies comme la différence entre la valeur des
exportations et la valeur des importations :

N X = Y ∗ + x2 ǫ − ǫ (d1 Y − d2 ǫ)

Lorsque le revenu domestique varie et que toutes les autres variables et constantes sont
inchangées, on peut obtenir la variation associée des exportations nettes en dérivant par-
tiellement l’équation de ces exportations nettes par rapport au revenu domestique. On
obtient :
∆N X = −ǫd1 ∆Y
Compte-tenu du résultat obtenu à la question 4, on a donc :
1 ∆N X ǫd1
∆N X = −ǫd1 ∆Y = −ǫd1 × × ∆G ⇒ =−
1 − c1 − b1 + ǫd1 ∆G 1 − (c1 + b1 − ǫd1 )
Si 1 − (c1 + b1 − ǫd1 ) ≥ 0, alors ∆N X/∆G ≤ 0.

8. Commentez l’effet du paramètre d1 sur le résultat précédent.

Une hausse des dépenses publiques se traduit par une réduction des exportations nettes,
car les exportations sont constantes et les importations augmentent. Plus la propension à
importer est élevée (plus le paramètre d1 est élevé), plus la hausse de la demande se réper-
cute dans une hausse de la demande pour les biens et services étrangers, et donc plus la
baisse des exportations nettes est importante.

Conclusion - Le degré d’ouverture d’un pays, ici évalué par la propension marginale à im-
porter, influence l’efficacité d’une relance budgétaire sur le niveau d’activité d’équilibre sur le
marché des biens et services ; plus cette propension est élevée, plus il est compliqué de mobiliser
la politique budgétaire pour modifier la production d’équilibre sur le marché des biens et services.

Pour information, sur ce graphique sont représentées les évolutions du rapport importations
/ PIB du monde, des pays en développement et des pays développés entre 1980 et 2013 :

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