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Chapitre

4
Anatomie et écho-anatomie
Ph. Lemasle

PLAN DU CHAPITRE
Éléments d'embryologie veineuse permettant Éléments d'écho-anatomie de l'anastomose
d'appréhender l'anatomie veineuse de Giacomini. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35
superficielle. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Éléments d'écho-anatomie de la petite
Notion de compartiment saphène. . . . . . . . . . 28 veine saphène. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 38
Éléments d'écho-anatomie de la grande veine Approche écho-anatomique de la récidive
saphène. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 variqueuse. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43

Éléments d'embryologie veineuse


permettant d'appréhender
l'anatomie veineuse superficielle
Une des théories sur le développement embryologique des
veines est celle des nerfs angio-directeurs. Elle a été dévelop-
pée par Claude Gillot [1–3] pour qui, à de rares exceptions
près, l'embryogenèse des veines est dépendante et dirigée
par celle des nerfs.

Neuro-angiogenèse veineuse
Lors du développement embryologique, les plexus veineux
précèdent l'apparition des nerfs, mais restent dans un premier
temps indifférenciés. Après l'apparition des nerfs et à leur
contact, ces plexus veineux embryonnaires primitivement dis-
persés vont se concentrer, se différencier, puis involuer, ou au
contraire s'individualiser en veines identifiables. La dernière
étape sera la formation d'anastomoses entre ces plexus veineux,
qui modulera la disposition définitive du système veineux.
Les nerfs angio-directeurs qui interviennent dans le dévelop-
pement des veines superficielles des membres inférieurs sont
au nombre de trois et classés par rapport à l'axe du membre :
■ le plexus nerveux axial de l'embryon qui deviendra chez
l'adulte le nerf ischiatique à la cuisse, le nerf tibial dans la
région poplitée et le nerf sural à la jambe ;
■ en avant de cet axe, le plexus nerveux pré-axial de l'em-
bryon qui deviendra le nerf fémoral ; Fig.  4.1 Schématisation des plexus veineux embryonnaires.
■ en arrière, le plexus nerveux post-axial qui donnera le A : système axial ; P : système pré-axial ; P1, P2, P3 : perforantes.
Par souci de simplification, le système post-axial n'est pas figuré.
nerf cutané fémoral postérieur.
Source : C. Gillot.

Évolution schématique des plexus Dans le cadre de l'évolution la plus fréquente :


veineux ■ le plexus veineux axial embryonnaire se développe à
Au contact de ces trois plexus nerveux, trois plexus veineux la cuisse, réduit à quelques arcades veineuses, discon-
embryonnaires (fig. 4.1) vont se différencier ou involuer, tinues le long du nerf ischiatique qui communiquent à
pour donner l'anatomie veineuse modale de l'adulte. plusieurs niveaux avec la veine fémorale profonde (VFP).
La maladie veineuse chronique
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28   Partie I. Données fondamentales

Des variations évolutives sont possibles, expliquant les Historique de la notion de compartiment
malformations. À la jambe, ce plexus veineux donne la saphène
petite veine saphène (PVS) dans sa moitié inférieure, de
la malléole à la pointe du mollet ; En 1988, Francheschi [6] a sectorisé le système veineux. Il
■ le plexus veineux pré-axial donne la veine fémorale et la distinguait :
grande veine saphène (GVS) ; ■ les réseaux R1 situés sous l'aponévrose musculaire, cor-
■ le plexus veineux post-axial donne la partie supé- respondant aux veines profondes ;
rieure de la PVS, de la pointe du mollet à la jonction ■ les réseaux R2 correspondant aux axes saphènes ;
saphénopoplitée et son prolongement post-axial (PPA) ■ Les réseaux R3 et R4 aux tributaires superficielles situées
de cuisse. au-dessus du fascia superficialis.
Après la mise en place des plexus veineux, des anas- En 1995, Bailly [7] a été le premier à décrire explicite-
tomoses interplexiques se créent. Les veines issues de ces ment le signe échographique de l'œil au niveau de la GVS
anastomoses n'ont pas de nerf satellite, ce qui explique leur de cuisse. Il devenait alors très facile de l'identifier en coupe
variabilité anatomique. Les principales veines issues de ces transversale, étant situé entre les deux liserés échogènes qui
anastomoses sont la veine poplitée, la jonction saphénopo- correspondent aux structures fibreuses des fascias (fig. 4.2).
plitée (JSP) et la partie terminale, sous-cutanée de l'anasto- En 1996, nous avons proposé [8] une standardisation de la
mose de Giacomini. dénomination de la GVS, des vrais dédoublements saphènes
Pour mémoire, d'autres veines n'ont pas de nerf angio- et des saphènes accessoires sur ce même critère échogra-
directeur. Pour la veine fémorale profonde ou les veines phique, définitions reprises en 1997 par Caggiati [9].
fibulaires, l'élément angio-directeur est respectivement la Les travaux d'un consensus international d'experts, dans
diaphyse fémorale et la diaphyse fibulaire. le cadre de l'Union internationale de phlébologie (UIP) en
2001 et 2003, ont abouti aux définitions suivantes :
■ fascia saphène pour la lame fibreuse du tissu sous-cutané
De l'embryogenèse à l'anatomie (ou fascia superficialis) ;
Les travaux de Gillot sur l'embryogenèse permettent ainsi de ■ fascia musculaire pour l'aponévrose qui recouvre les
mieux comprendre l'anatomie veineuse. muscles et les structures profondes ;
L'anastomose de Giacomini, qui relie la PVS à la GVS, ■ compartiments saphènes pour l'espace compris entre
doit être considérée comme une entité fonctionnelle qui est ces deux fascias.
la somme d'une veine embryonnaire post-axiale dans ses
2/3 inférieurs et d'une anastomose interplexique dans son Que contiennent ces compartiments
1/3 supérieur.
Ces origines embryologiques différentes expliquent
saphènes ?
pourquoi cette veine est d'abord interfasciale puis Chaque compartiment contient un élément veineux, un
sous-cutanée. tronc saphène ou son prolongement :
Le prolongement post-axial (ou dorsal ou crânial) de la ■ la GVS ;
PVS, après avoir donné cette tributaire sous-cutanée, peut ■ la PVS ;
se prolonger vers le haut par un axe qui reste interfascial et
satellite du nerf cutané fémoral postérieur.
La PVS a pour origine embryologique une veine axiale
(nerf satellite = nerf sural) dans sa moitié inférieure, jusqu'à
la pointe du mollet et une veine post-axiale (nerf satellite =
branche du nerf cutané fémoral postérieur) dans sa moitié
supérieure.
L'absence de nerf satellite explique les variations anato-
miques fréquentes de la veine poplitée et de la JSP.
Les malformations tronculaires veineuses (tronc axiofé-
moral, veine sciatique persistante) sont secondaires à des phé-
nomènes de captation, glissement, fusion, non-involution,
survenus lors de l'embryogenèse.

Notion de compartiment saphène


L'hypoderme possède des lames conjonctives qui peuvent
être disposées soit au hasard, soit entrelacées pour for-
mer une lame fibreuse continue qui partage le tissu
sous-cutané en une couche superficielle et une couche Fig. 4.2 Coupe transversale à la face médiale de cuisse. Le compar-
profonde [4, 5]. timent saphénien est bien délimité : en superficie, par le fascia saphé-
Cette lame fibreuse dont le nom officiel est « couche nien (ou fascia superficialis ou lame fibreuse du tissu sous-cutané) ; en
membraneuse du tissu sous-cutané » est appelée habituelle- profondeur, par le fascia musculaire (ou aponévrose musculaire). La
ment fascia superficialis. lumière veineuse de la GVS forme l'iris.
Chapitre 4. Anatomie et écho-anatomie    29

■ la saphène accessoire antérieure de cuisse (SAAC) au 1/3 En résumé, si quel que soit le territoire considéré, le fascia
supérieur ; musculaire correspond toujours à une aponévrose muscu-
■ l'anastomose de Giacomini dans ses 2/3 inférieurs (ou laire (séparation entre le tissu sous-cutané et les structures
PPA). musculaires), la nature du fascia saphène varie selon le ter-
Cet élément veineux directeur est accompagné d'une ritoire considéré :
artère satellite inconstante, d'un nerf sensitif et des collec- ■ épaississement de la lame fibreuse du tissu sous-cutané
teurs lymphatiques superficiels. Précisons qu'il s'agit de la pour :
principale voie de drainage lymphatique du membre infé- – la totalité de la GVS,
rieur, d'où le risque potentiel d'agression lymphatique lors – le 1/3 supérieur de la SAA,
de la chirurgie des troncs ou jonctions saphènes. – la moitié inférieure de la PVS (exception faite de la
partie haute de la cheville) ;
■ véritable aponévrose musculaire pour les territoires :
Tous les compartiments saphènes sont-ils – 2/3 inférieurs de l'anastomose de Giacomini,
équivalents ? – moitié supérieure de la PVS.
Plus qu'une entité anatomique univoque, les com-
La notion de compartiment saphène est née au niveau de partiments saphènes correspondent plutôt à un concept
la GVS. Dans ce territoire, le fascia saphène correspond sur fonctionnel qui nomme, sans préjuger de leur nature his-
toute la longueur du membre, de la malléole à la racine de la tologique, fascia saphène, toutes les structures fibreuses
cuisse, à un épaississement de la lame fibreuse du tissu sous- situées au-dessus des troncs saphènes et de certaines de
cutané. Pour Claude Gillot, cet épaississement en regard des leur extension.
axes saphènes serait dû à une densification du tissu conjonc-
tif, en réaction aux variations de calibre du tronc saphène en
fonction des conditions hémodynamiques. Conséquences sémantiques
Au niveau de la partie terminale de la SAAC, au 1/3 supé- des compartiments saphènes [10, 11]
rieur de cuisse, le fascia saphène correspond également à la Cette notion de compartiment saphène implique de facto
lame fibreuse du tissu sous-cutané. une nouvelle caractérisation fonctionnelle de l'anatomie vei-
En revanche, au niveau du compartiment de la PVS, neuse ; le système veineux des membres inférieurs doit être
de la pointe du mollet au pli poplité, le fascia saphène décrit selon trois plans, limités par ces deux fascias muscu-
qui recouvre superficiellement la PVS n'est plus une lame laire et saphène (fig. 4.3) :
fibreuse du tissu sous-cutané, mais une véritable apo- ■ le système veineux profond, situé sous le fascia muscu-
névrose musculaire épaisse, solide, difficile à sectionner laire, et qui comprend les troncs collecteurs profonds et
chirurgicalement. Elle ne divise pas le tissu sous-cutané en les veines musculaires ;
deux couches, mais elle borde directement les corps char- ■ le système veineux intermédiaire, situé entre les deux
nus musculaires et sépare donc le tissu sous-cutané des fascias et qui comprend les réseaux saphènes : GVS,
structures profondes. PVS, partie terminale de la SAAC et les 2/3 inférieurs de
À ce niveau, le compartiment saphène correspond à un l'anastomose de Giacomini ;
véritable dédoublement de l'aponévrose musculaire. C'est
pourquoi à ce niveau, la PVS était décrite par les anatomistes
comme une veine sous-aponévrotique.
La PVS immédiatement au-dessus de la cheville, sur
une hauteur de 3 à 5 cm, est également recouverte par un
fascia saphène qui correspond à une véritable aponévrose
musculaire.
Inversement, entre la partie haute de la cheville et la
pointe du mollet, le fascia saphène est plus fin et correspond
à une véritable lame fibreuse sous-cutanée.
Comme pour la PVS au niveau du mollet, les 2/3 infé-
rieurs de l'anastomose de Giacomini sont situés juste au-
dessous d'une lame tendineuse épaisse qui n'est pas une
lame fibreuse du tissu sous-cutané mais le prolongement de
l'aponévrose poplitée.
Cette veine est également bordée en profondeur par
une autre aponévrose musculaire, de telle sorte que la par-
tie basse de l'anastomose de Giacomini est située dans un Fig. 4.3 Les trois compartiments du système veineux. Ils sont défi-
compartiment avec son corollaire échographique : le signe nis par : 1. la peau ; 2. le fascia saphénien ; 3. le fascia musculaire ;
4. le muscle. Dans le compartiment profond, sous le fascia musculaire,
de l'œil.
le système veineux profond : les veines collectrices (c) ; les veines muscu-
Elle franchit le fascia saphène à des niveaux variables, laires (d). Dans le compartiment saphénien, en situation interfasciale, le
habituellement au 1/3 supérieur de cuisse. Elle devient sus- système veineux intermédiaire (b) : GVS ; PVS ; SAAC (1/3 supérieur) ;
fasciale et rejoint le tronc de la GVS. Ce trajet correspond à anastomose de Giacomini (2/3 inférieurs). Dans le compartiment sous-
l'anastomose interplexique embryonnaire, entre les réseaux cutané, le système veineux superficiel (a) : collatérales par définition
pré- et post-axiaux. sus-fasciales. Source : d'après C. Caggiati.
30   Partie I. Données fondamentales

■ le système veineux superficiel, situé au-dessus du fas- – la valve préterminale est définie comme la première
cia saphène, qui comprend les saphènes accessoires (en valve située en amont du premier affluent majeur de la
dehors de la partie haute de la SAAC) et les tributaires. GVS (dans le sens physiologique du flux veineux).
Cette classification a le mérite d'être cohérente, car Dans la suite du texte, cette seconde acception sera la
elle réunit les deux troncs collecteurs (GVS et PVS) règle.
au sein du même système veineux intermédiaire et les Quelle que soit sa définition, la valve terminale de la JSF,
distingue des tributaires appartenant au réseau veineux lorsqu'elle est présente, peut-être située juste à l'abouche-
superficiel. ment saphénofémoral, donc en position ostiale ou un peu
Avec cette nouvelle caractérisation, la PVS dans sa moitié avant l'ostium saphénofémoral, donc en position pré- ou
supérieure n'est plus une veine « superficielle » mais sous- juxta-ostiale.
aponévrotique, elle est sur tout son trajet une veine du sys- Pour lever toute ambiguïté, il faut donc éviter le terme de
tème veineux intermédiaire. valve pré-ostiale pour définir la valve préterminale.
Toute veine située au-dessus du fascia saphène est une Ces valves terminales et préterminales sont fréquentes
tributaire ou une saphène accessoire et ne peut pas, par défi- mais inconstantes. Dans l'étude de Mühlberger, la valve
nition, être une grande ou une petite saphène. terminale n'est présente que dans 70 % des cas et la valve
Un dédoublement saphène implique que les deux troncs préterminale dans 85 % des cas.
soient situés dans le compartiment.

Notion de segment intervalvulaire


Éléments d'écho-anatomie et hémodynamique de la jonction
de la grande veine saphène saphénofémorale
Rappels anatomiques sur la jonction Voir aussi chapitre 5.
Les valves terminales et préterminales délimitent un
saphénofémorale segment intervalvulaire, qui par définition reçoit tous les
La jonction saphénofémorale (JSF) est d'une grande fixité affluents majeurs de la JSF.
anatomique [12]. Elle est située 4 cm en dehors de l'épine du Dans les conditions physiologiques (les deux valves sont
pubis et sous l'arcade fémorale. présentes et continentes), ce segment est un véritable sas
Elle rejoint typiquement le versant antéromédial de la hémodynamique qui permet le drainage d'une circulation
veine fémorale commune. gravitaire (afférences abdominales et génitales) et antigravi-
Elle reçoit un certain nombre d'afférences : taire (GVS et SAA) :
■ abdominales avec un trajet descendant : ■ lors de la systole musculaire (contraction ou compression
– la veine circonflexe iliaque superficielle ; des masses musculaires sous-jacentes de cuisse), l'ouver-
– la veine épigastrique superficielle : ture des deux valves permet le drainage de bas en haut du
■ génitales avec un trajet transversal : la pudendale latérale. flux de la GVS et de la SAAC dans la VFC (fig. 4.4a) ;
Ces tributaires rejoignent la JSF, soit de façon isolée et ■ lors de la diastole musculaire, la valve terminale empêche
dispersée, soit en formant un tronc commun qui rejoint la tout reflux d'origine fémorale et la valvule préterminale
GVS ou la SAAC [12]. contient le flux gravitaire des afférences génito-abdominales
Physiologiquement, ces veines ont un flux gravitaire et se (fig. 4.4b).
drainent dans la JSF de la GVS lors de la diastole musculaire. Notons qu'une valve absente et une valve incontinente
Les deux afférences abdominales, l'afférence génitale et auront la même traduction hémodynamique : la présence
la SAAC constituent pour Mühlberger [13] les affluents d'un reflux.
majeurs de la partie terminale de la GVS. Le statut hémodynamique de ces deux valves conditionne
Ils permettent de donner une définition fonctionnelle des l'expression de la pathologie variqueuse de cette région :
valves terminales et préterminales. ■ valves terminale et préterminale incontinentes → le
reflux terminal de la JSF alimente la varicose tronculaire
de la GVS (fig. 4.4c) ;
Rappel sémantique sur les valves ■ valve terminale continente et valve préterminale incon-
terminales et préterminales tinente → les afférences du segment intervalvulaire ali-
Il existe deux définitions de ces valves : mentent la varicose tronculaire de la GVS, à partir de la
■ une définition anatomique proposée par Hach [14] qui valvule préterminale de la JSF (fig. 4.4d) ;
nomme : ■ valve terminale incontinente et valve préterminale
– valve terminale, toute valve située entre 0,5 et 1,5 cm continente → le reflux issu de la veine fémorale va le plus
en amont de l'abouchement saphénofémoral ; souvent alimenter la SAAC (fig. 4.4e) ; mais cette der-
– valve préterminale, toute valve située entre 3 et 5 cm nière n'est pas la seule voie de sortie du reflux terminal,
en amont de la valve terminale ; celui-ci pouvant aussi intéresser :
■ une définition anatomo-fonctionnelle proposée en 2005 – l'anastomose de Giacomini lorsqu'elle s'abouche au
[15], dans laquelle : niveau du segment intervalvulaire,
– la valve terminale est située entre l'ostium saphénofé- – plus rarement, une afférence abdominale qui pourra
moral et le premier affluent majeur de la GVS situé en à son tour alimenter une varicose non saphène, habi-
amont ; tuellement antérolatérale de cuisse ;
Chapitre 4. Anatomie et écho-anatomie    31

A B C

D E
Fig. 4.4 Schématisation de l'hémodynamique physiologique de la JSF. a. En systole musculaire. b. en diastole musculaire. c. Lorsque VT
incontinente et VPT incontinente. d. Lorsque VT continente et VPT incontinente. e. Lorsque VT incontinente VPT continente. GS : grande saphène ;
SAA : saphène accessoire antérieure ; VCIS : veine circonflexe iliaque superficielle ; VEpi : veine épigastrique superficielle ; VFC : veine fémorale
commune ; VHE : veine honteuse externe ; VPT : valvule préterminale ; VT : valvule terminale.

■ valve terminale et valve préterminale continentes → il peut ■ crosse interartérielle :


quand même exister un reflux exclusif de la SAAC (lorsque – dans 75 % des cas [18], la bifurcation artérielle fémo-
sa dernière valve est absente ou incontinente), alimenté par rale se situe 3,5 à 8,5 cm sous l'arcade fémorale et donc
le drainage physiologique des afférences abdominales. au-dessous de la JSF,
Il s'agit stricto sensu d'un reflux de la JSF, puisque la SAAC – dans les 25 % restants, la bifurcation artérielle naît plus
est un de ses affluents, mais sans incontinence valvulaire de haut, parfois au-dessus de l'arcade fémorale et donc
cette jonction. au-dessus de la JSF. Cette dernière se situe alors dans
une pince artérielle formée par l'artère fémorale et
l'artère fémorale profonde ;
Remarque
■ rares doubles crosses : leur impact est variable selon la
Quelle que soit la voie de sortie du reflux terminal, le tronc thérapeutique envisagée ;
proximal de la GVS reste continent, protégé par la valvule ■ anneaux de la partie terminale du tronc : il s'agit d'un
préterminale. court dédoublement tronculaire en particulier de la par-
Pieri a été le premier, en 1993, à mettre en évidence le rôle pri-
tie terminale de la GVS. Cette disposition peut gêner la
mordial de la valve préterminale dans la genèse des varices tron-
culaires de ce territoire [16, 17]. montée des guides lors des procédures thérapeutiques.

En pratique, et par assimilation aux valves, le reflux est Sémiologie hémodynamique


dit terminal ou préterminal.
Il faut simplement assimiler le fait que si le reflux pré-
de la jonction saphénofémorale
terminal est synonyme d'une valve terminale continente et L'étude hémodynamique doit préciser le statut des deux
d'une valve préterminale incontinente, le reflux terminal dernières valves de la GVS [11].
implique uniquement une valve terminale incontinente, Les imageries de flux, Doppler ou non Doppler sont
sans préjuger du statut de la valve préterminale. indispensables pour une analyse hémodynamique fine de la
région.
Devant un reflux de la partie terminale de la GVS, Pieri
Sémiologie écho-anatomique [17] a retrouvé 38 % de reflux préterminaux, 60 % de reflux
de la jonction saphénofémorale terminaux (2 % de perforantes de cuisse). Chiffres tout à fait
Les explorations ultrasonores sont surtout utiles pour décrire concordants avec l'étude de Vin [19] qui a retrouvé 36,4 %
les quelques variations anatomiques de cette jonction : de reflux préterminaux et 63,6 % de reflux terminaux.
32   Partie I. Données fondamentales

Le reflux peut avoir des origines multiples et un reflux ■ le diamètre de la GVS mesuré 10 cm au-dessous du pli
jonctionnel, terminal ou préterminal peut être associé dans inguinal ;
la partie proximale de la GVS à : ■ la plus volumineuse varice du membre.
■ des varices d'origine périnéale ; Dans ce travail, le débit du reflux était également signifi-
■ un réseau dystrophique de la lame ganglionnaire ; cativement corrélé à la présence d'une insuffisance veineuse
■ une perforante du scarpa (perforante du moyen chronique (IVC) : score CEAP ≥ 3.
adducteur).
Manœuvres de déclenchement des reflux
Caractérisation qualitative du reflux Il existe plusieurs méthodes pour mettre en évidence les
■ Le reflux terminal se caractérise par la visualisation du reflux veineux. Celles-ci sont décrites dans le chapitre 5.
passage prolongé du sang de la veine fémorale commune Pour la JSF, deux techniques peuvent être utilisées : la
vers la GVS à travers l'ostium saphénofémoral (fig. 4.5a). manœuvre de Valsalva et les manœuvres de compression
Il s'agit de la condition nécessaire et suffisante pour défi- des masses musculaires ou veineuses sous-jacentes.
nir un tel reflux. La manœuvre de Valsalva génère une hyperpression qui
■ Lorsque le reflux est préterminal, il n'existe pas, par défi- chasse le sang de la cavité abdominopelvienne. Cette chasse
nition, de passage prolongé du sang à travers l'abouche- sanguine se fait potentiellement dans toutes les directions et
ment saphénofémoral. ne sera orientée que par la présence de valves continentes.
■ Le reflux tronculaire est alimenté par un des affluents Autrement dit, un reflux au niveau des membres inférieurs
majeurs de la JSF. déclenché par une manœuvre de Valsalva traduit obliga-
■ Le codage couleur facilite la détermination de l'origine toirement une communication incontinente directe entre
du reflux (fig. 4.5b). la cavité abdominopelvienne et le territoire où ce reflux est
enregistré. La principale limite de cette manœuvre est son
Caractérisation quantitative du reflux caractère patient-dépendant.
Les manœuvres de compression–décompression des
Le reflux se caractérise par un flux inverse au flux physio- masses musculaires ou des volumes veineux ou variqueux
logique avec une durée généralement admise supérieure ou sont à l'inverse médecin-dépendantes. Le reflux veineux
égale à 0,5 seconde. n'est que la traduction du déplacement du haut vers le
Mais l'appréciation de cette valeur seuil peut varier dans bas (sens gravitaire) d'une colonne sanguine de longueur
la littérature en fonction du segment veineux étudié (veines variable, mise initialement en mouvement antigravitaire par
profondes, superficielles, perforantes…) [11]. les manœuvres de compression. Autrement dit, le volume
La durée du reflux n'apparaît pas comme un critère refluant est dépendant, notamment, du volume mobilisé,
hémodynamique corrélé à la sévérité de l'affection veineuse éjecté par la compression. Il est aussi dépendant du diamètre
chronique [20, 21]. La durée n'est qu'un critère qualitatif de la veine examinée et des voies de drainage.
qui permet la définition d'un reflux à partir d'une valeur
seuil. Les meilleurs critères hémodynamiques prédictifs de
la sévérité des affections veineuses chroniques sont le pic de Comment interpréter les réponses
vitesse maximale et le débit du reflux. de ces deux manœuvres au niveau
Un mémoire réalisé dans le cadre du diplôme universi- de la jonction saphénofémorale ?
taire de phlébologie [22] a confirmé ces résultats et montré
que le pic de vitesse maximale et le débit étaient corrélés de Reflux terminal
manière significative avec : Il traduit une valve terminale absente ou incontinente.

A B
Fig. 4.5 Reflux. a. Terminal : passage de sang de la veine fémorale commune vers la grande veine saphène au travers de l'abouchement saphé-
nofémoral. b. Préterminal : pas de passage direct de la veine fémorale commune vers la GVS mais reflux tronculaire saphène alimenté, ici, par une
veine épigastrique superficielle.
Chapitre 4. Anatomie et écho-anatomie    33

La manœuvre de Valsalva sera positive (c'est-à-dire la jambe, le long du bord médial du tibia. La GVS jambière
génératrice d'un reflux terminal) si et seulement si le reflux n'est pas toujours une structure tubulaire continue. Certains
fémoral est alimenté par un reflux iliaque généré par l'hy- segments peuvent être hypoplasiques voire plus rarement
perpression abdominopelvienne. Cela implique que la valve agénésiques. Elle rejoint la cuisse en passant en arrière du
iliofémorale soit absente ou incontinente. condyle médial. Dans la moitié inférieure de la cuisse, le tra-
Mais il peut exister d'authentiques reflux terminaux avec jet habituel de la GVS se situe en arrière du muscle couturier.
une valve iliofémorale continente. Parvenue au niveau du triangle de Scarpa, elle contourne
La JSF peut être alimentée par une veine musculaire de obliquement d'arrière en avant, le bord libre, saillant du
cuisse dont le drainage physiologique dans la veine fémorale muscle moyen adducteur, 7 à 8 cm au-dessous de l'épine du
commune peut alimenter directement la GVS, si les valves pubis (fig. 4.7).
terminales et préterminales sont absentes ou incontinentes Il existe deux variations de trajet de la GVS pour parvenir
(fig. 4.6). Dans ce cas, la manœuvre de Valsalva sera néga- au triangle de Scarpa (fig. 4.8) :
tive car l'hyperpression abdominopelvienne n'intervient pas
dans la genèse du reflux terminal.
Les manœuvres de compression seront toujours posi-
tives quel que soit le statut anatomique et hémodynamique
de la valve iliofémorale.
Reflux préterminal
Il traduit une valve terminale continente et une valve préter-
minale absente ou incontinente.
La manœuvre de Valsalva sera positive si, et seulement
si, il existe une connexion directe, en particulier par l'inter-
médiaire des points de fuite [23, 24], entre les veines abdo-
minopelviennes et le segment intervalvulaire. Lorsque le
reflux préterminal ne correspond qu'au drainage gravitaire
physiologique des afférences abdominales, sans connexion
directe avec les veines abdominopelviennes, la manœuvre
de Valsalva est négative.
Les manœuvres de compression seront toujours posi-
tives avec ou sans communication pelvienne directe.
Au total, les manœuvres de compression sont plus sen-
sibles mais moins discriminantes sur l'origine du reflux. En
pratique, il faut associer les deux méthodes.

Rappel anatomique sur le tronc saphène


Le tronc saphène prolonge la veine marginale médiale,
passe en avant de la malléole et monte à la face médiale de
Fig. 4.7 Dispositif modal à la cuisse avec une GVS unique et deux
saphènes accessoires fémorales, une saphène antérieure et
une saphène postérieure. C : muscle couturier ; GS : grande veine
saphène ; MA : muscle moyen adducteur ; S.ant : saphène acces-
soire antérieure de cuisse ; S.post : saphène accessoire postérieure de
cuisse. Source : C. Gillot.

Fig. 4.6 Reflux terminal de la JSF alimenté par le drainage phy- Fig. 4.8 Différents trajets de la GVS dans la partie haute de la cuisse.
siologique d'une veine musculaire de la cuisse dans la veine A : GVS en position antérieure ; M : GVS en position modale ; ma : muscle
fémorale commune. moyen adducteur ; P : GVS en position postérieure. Source : C. Gillot.
34   Partie I. Données fondamentales

■ une variation postérieure où le tronc saphène longe en Dans la variété antérieure, la GVS est en position normale
arrière le moyen adducteur et le croise tardivement pour au 1/3 inférieur de cuisse puis se prolonge en plein canal par
rejoindre la JSF 4 à 5 cm au-dessous de l'épine du pubis. une veine qui se décale en avant (fig. 4.11) pour traverser le
Cette disposition ne pose pas de problème de reconnais- triangle de Scarpa en dehors du muscle moyen adducteur.
sance échographique car la variation de trajet est distale Elle est alors alignée avec les vaisseaux fémoraux [26]. Elle
et limitée ; correspond échographiquement à une GVS en position
■ une variation antérieure où, à partir du genou, la GVS modale jusqu'au 1/3 inférieur de cuisse et qui se termine par
se décale et monte en avant du muscle couturier puis une SAAC. Elle reste interfasciale sur tout son trajet. Dans
traverse axialement le triangle de scarpa en dehors du cette forme, il n'existe pas, habituellement, de tronc dans le
moyen adducteur. Cette disposition est intéressante à compartiment à la face médiale des 2/3 supérieurs de cuisse.
connaître car échographiquement, elle peut poser des Cette variation anatomique est liée à des phénomènes de
problèmes de reconnaissance avec la SAAC. captation–fusion lors de l'embryogenèse.
À l'étage jambier, le compartiment saphène existe mais
est parfois moins bien individualisé.
Sémiologie écho-anatomique du tronc À la jambe, en coupe transversale, la GVS est la veine
saphène qui est située au-dessus, mais au contact de l'aponévrose du
Avec la notion de compartiment saphène, développée
en début de chapitre, le diagnostic échographique est
très facile : la GVS est la seule veine de la face médiale du
membre inférieur située dans un compartiment saphène.
Elle fait partie du réseau veineux intermédiaire.
À la cuisse, la GVS est caractérisée échographiquement
par le signe de l'œil [9].
Toute veine située en dehors du compartiment, même
parallèle voire en regard de la GVS, est, par définition, une
saphène accessoire ou une tributaire superficielle. Il ne
s'agit pas d'un dédoublement de la saphène.
Pour pouvoir parler de dédoublement de la saphène, il
faut que les deux troncs soient situés dans le compartiment
saphène. Les troncs doubles sont rares, évalués à 8 % sur
350 cas dans une étude personnelle [10] et à 1 % sur 676 cas
pour Ricci [25].
Ces dédoublements sont le plus souvent limités dans
l'espace, un des axes quittant rapidement le compartiment
saphène.
Au tiers supérieur de cuisse, il existe un second tronc
situé dans un compartiment interfascial en dehors de la Fig. 4.10 Signe de l'alignement. La SAAC est située en regard des
vaisseaux fémoraux.
GVS : il s'agit de la saphène antérieure accessoire de cuisse
(SAAC).
Dans la forme anatomique modale, la GVS est située en
dedans des vaisseaux fémoraux (fig. 4.9), alors que la SAAC Veine FC
est alignée avec les vaisseaux fémoraux (fig. 4.10).
Saphène
accessoire
postérieure
de cuisse

Trajet
habituel GVS en
de la GVS position
antérieure

Fig. 4.9 Coupe échographique. La GVS proximale est située dans


le compartiment nettement en dedans des vaisseaux fémoraux. Fig. 4.11 Schéma d'une GVS en position antérieure à la cuisse.
Chapitre 4. Anatomie et écho-anatomie    35

muscle gastrocnémien médial, dans l'angle formé par cette ■ au 1/3 supérieur, elle correspond embryologiquement à
aponévrose et le bord médial du tibia [26]. une anastomose entre le plexus post-axial et le plexus pré-
Ce signe de l'angle permet une différenciation aisée axial et donc, à l'état adulte, entre le PPA et la GVS. Elle n'a
entre la GVS jambière et les tributaires. Lorsque le compar- pas à ce niveau de nerf satellite, ce qui explique sa variabi-
timent saphène est vide, il faut considérer que la GVS est lité anatomique et sa situation sous-cutanée. Cette partie
hypo- ou agénésique. Cette éventualité est plus fréquente terminale, sous-cutanée de l'anastomose de Giacomini
qu'à la cuisse. avait été décrite antérieurement par Cruveilhier (chirur-
gien militaire et anatomiste français) [28].
Notons que le prolongement post-axial, après le départ
Éléments d'écho-anatomie de cette anastomose sous-cutanée peut se prolonger vers le
de l'anastomose de Giacomini haut par un axe qui reste interfascial et qui correspond à la
partie terminale du PPA.
Première description anatomique L'anastomose de Giacomini est donc une entité fonc-
Elle a été décrite en 1873 par l'anatomiste italien, C. Giacomini tionnelle veineuse associant deux veines embryologique-
[27]. Dans cette description princeps, il s'agit d'une grande ment différentes, une veine interfasciale (satellite du nerf
anastomose entre la PVS et la partie haute de la GVS. cutané postérieur) et une veine sous-cutanée (anastomose
Elle a un trajet de bas en haut, d'abord rectiligne, médian interplexique).
puis au 1/3 supérieur de cuisse, elle s'infléchit en dedans, Cette double origine embryologique conditionne
devient sous-cutanée et rejoint la GVS proximale (fig. 4.12). l'aspect clinique et échographique de cette structure
En pratique, les communications intersaphènes qui pré- veineuse.
sentent les mêmes caractéristiques et rejoignent la GVS, quel
que soit le niveau, correspondent à des glissements lors de Sémiologie écho-anatomique
l'embryogenèse et peuvent être a priori considérées comme
une anastomose de Giacomini. de l'anastomose de Giacomini
Elle est le reflet de l'embryologie. Il faut repérer la PVS
proximale à la partie médiane du 1/3 supérieur de la face
Rappel embryologique postérieure du mollet : seule veine située dans le comparti-
D'après la théorie des nerfs angio-directeurs, l'anastomose ment saphène dans la vallée des muscles gastrocnémiens. La
de Giacomini présente deux origines embryologiques [3] PVS se prolonge vers le haut, au-dessus du pli du genou, par
(fig. 4.13) : une veine médiane, rectiligne, située dans un compartiment
■ dans les 2/3 inférieurs de cuisse, elle est le prolongement interfascial et qui correspond au PPA et donc à la partie
post-axial de la PVS. Elle s'est développée à ce niveau au basse de l'anastomose de Giacomini.
contact du nerf post-axial de l'embryon ; En continuant le balayage de cet axe vers le haut, au 1/3
supérieur de cuisse, une tributaire présente un trajet oblique
en haut et en dedans, traverse le fascia saphène, devient
sous-cutanée et rejoint presque perpendiculairement le
tronc proximal de la GVS, 8 à 12 cm au-dessous du pli
inguinal.

Fig.  4.13 Anastomose de Giacomini. Les 2/3 inférieurs de l'anas-


Fig. 4.12 Schématisation de l'anastomose de Giacomini. 1. tronc tomose de Giacomini, en violet, sont le prolongement post-axial de
de la PVS ; 2. jonction saphénopoplitée (inconstante) ; 3. partie inter- la PVS et ont eu comme nerf angio-directeur le plexus post-axial de
fasciale de l'anastomose de Giacomini (prolongement post-axial de la l'embryon. En jaune les nerfs : 1. nerf fémoral ; 2. nerf ischiatique ;
PVS) ; 4. partie sus-fasciale de l'anastomose de Giacomini ou veine 3. nerf cutané postérieur de la cuisse ; 4. nerf fibulaire. Le 1/3 supé-
de Cruveilhier (anastomose entre les systèmes post- et pré-axiaux) ; rieur, en vert (G), correspond à l'anastomose interplexique, entre les
5. partie terminale, interfasciale, inconstante du prolongement post- plexus post- et pré-axiaux. Ce segment n'a pas eu de nerf angiodi-
axial de la PVS ; 6. partie proximale de la GVS. recteur. PVS : petite veine saphène ; G : Giacomini. Source : C. Gillot.
36   Partie I. Données fondamentales

Sémiologie hémodynamique ■ en haut, au 1/3 supérieur de la face médiale de cuisse :


de l'anastomose de Giacomini – aux veines d'origine périnéale,
– à la partie haute de la GVS,
L'anastomose de Giacomini est un carrefour anatomique et – à la saphène accessoire postérieure de cuisse ;
hémodynamique. Elle est connectée (fig. 4.14) : ■ en bas avec la PVS.
Cette situation de carrefour en fait une veine stratégique
pour le transfert des reflux.
On peut schématiquement distinguer trois types de
transmissions des reflux qui peuvent être associés [29].

Transmission du reflux des veines d'origine


périnéale vers les territoires saphènes
L'anastomose de Giacomini peut servir de relais et trans-
mettre le reflux des veines d'origine périnéale :
■ vers le tronc de la GVS : la JSF peut être continente ou
incontinente (fig. 4.15a) ;
■ vers la saphène accessoire postérieure de cuisse : la vari-
cose peut être strictement non saphène (fig. 4.15b) ;
■ vers le tronc de la PVS via l'anastomose de Giacomini.
La JSP peut être anatomiquement absente ou pré-
sente et, dans ce dernier cas, refluante ou continente
(fig. 4.15c).

Transmission intersaphène des reflux


Fig.  4.14 Schématisation du carrefour anatomo-hémodyna- de haut en bas
mique réalisé par l'anastomose de Giacomini. 1. partie inter-
fasciale de l'anastomose de Giacomini ; 2. franchissement du fascia
Il existe un reflux terminal ou prétermial de la JSF. Il est
saphénien ; 3. partie sus-fasciale, sous-cutanée de l'anastomose de transmis au tronc de la PVS via l'anastomose de Giacomini
Giacomini ; 4. veines d'origine périnéale ; 5. saphène accessoire pos- (fig. 4.16). Par rapport à cette situation de base, de nom-
térieure de cuisse ; 6. tronc de la GVS. breuses variantes anatomo-hémodynamiques existent :

A B C
Fig. 4.15 Schématisation de la transmission du reflux des veines d'origine périnéale. a. Vers le tronc de la GVS : 1. jonction saphénofémo-
rale continente ; 2. veines d'origine périnéale incontinentes ; 3. transmission du reflux des veines d'origine périnéal au tronc saphène via l'anas-
tomose de Giacomini ; 4. tronc saphène de cuisse incontinent ; 5. veine intersaphène incontinente (GVS sous-jacente continente) ; 6. perforante
gastrocnémienne de drainage. b. Vers la saphène accessoire postérieure de cuisse : 1. jonction saphénofémorale continente ; 2. veines d'origine
périnéale incontinentes ; 3. anastomose de Giacomini qui transmet le reflux périnéal ; 4. saphène accessoire postérieure de cuisse incontinente ;
5. tronc de la GVS continent sur toute sa longueur ; 6. perforante tibiale postérieure de drainage ; 7. PVS continente. c. Vers le tronc de la PVS :
1. jonction saphénofémorale continente ; 2. veines d'origine périnéale incontinentes ; 3. transmission du reflux au tronc de la PVS via l'anastomose
de Giacomini ; 4. tronc de la GVS continent.
Chapitre 4. Anatomie et écho-anatomie    37

■ la GVS en amont de l'abouchement de l'anastomose de ■ la JSP peut être continente ou non. Lorsqu'elle est conti-
Giacomini peut être continente ou non ; nente, elle peut drainer la totalité du reflux. Le tronc
■ les veines d'origine périnéale peuvent participer ou non à saphène sous-jacent reste alors continent.
l'alimentation de la PVS ; Le traitement proposé devra prendre en compte
­l'ensemble de ces critères anatomiques et hémodyna-
miques.

Transmission intersaphénienne des reflux


de bas en haut
Plus rare et plus trompeuse est la transmission du reflux de
la JSP vers le territoire de la GVS par un flux ascendant via
l'anastomose de Giacomini.
Celle-ci peut alors se drainer soit dans :
■ la saphène accessoire postérieure de cuisse ; le tronc de la
GVS peut alors rester continent sur tout son trajet ou être
alimenté plus bas (fig. 4.17a) ;
■ la GVS (fig. 4.17b).
Ce cas de figure doit toujours être recherché quand :
■ la JSP est incontinente ;
■ le tronc de la PVS est continent ;
■ l'anastomose de Giacomini est dilatée dans sa partie sus-
fasciale : signe clinique d'orientation.
La fréquence de ces flux ascendants dans l'anastomose
de Giacomini n'est pas négligeable : 4,5 % de 1000 varicoses
consécutives de la GVS dans une étude personnelle [30].
Fig. 4.16 Schématisation de la transmission du reflux de la jonc- Dans ce travail, le reflux de la JSP alimentait via l'anasto-
tion saphénofémorale au tronc de la PVS. 1. jonction saphéno­ mose de Giacomini :
fémorale incontinente ; 2. anastomose de Giacomini (partie sus-fasciale) ■ la GVS (50 %) ;
incontinente ; 3. anastomose de Giacomini (partie interfasciale) inconti- ■ la saphène accessoire postérieure de cuisse (40 %) ;
nente ; 4. tronc de la PVS incontinent ; 5. tronc de la GVS sous-jacent à ■ la SAAC ou un réseau sous-cutané non systématisé (dans
l'abouchement de l'anastomose de Giacomini, continent.
les 10 % restant).

A B
Fig. 4.17 Schématisation de la transmission du reflux de la jonction saphénopoplitée. a. À la saphène accessoire postérieure de cuisse :
1. jonction saphénopoplitée incontinente ; 2. flux ascendant pathologique dans l'anastomose de Giacomini dans son trajet interfascial ; 3. fran-
chissement du fascia saphénien ; 4. flux ascendant pathologique dans l'anastomose de Giacomini dans son trajet sus-fascial ; 5. terminaison de
la GVS et jonction saphénofémorale continentes ; 6. saphène accessoire postérieure de cuisse incontinente ; 7. transfert du reflux vers le tronc
saphénien juxtagonal ; 8. collatérale variqueuse sous-gonale qui vicarie le reflux tronculaire. b. Au tronc de la GVS : 1. jonction saphénopoplitée
incontinente ; 2. tronc de la PVS continent ; 3. flux ascendant pathologique dans l'anastomose de Giacomini dans son trajet interfascial ; 4. fran-
chissement du fascia saphénien ; 5. flux ascendant pathologique dans l'anastomose de Giacomini dans son trajet sus-fascial ; 6. tronc de la GVS
incontinent à l'étage fémoral, qui alimente la varicose jambière ; 7. veine poplitée.
38   Partie I. Données fondamentales

Le carrefour veineux du creux poplité (ou supracondy-


lien) est issu des anastomoses formées entre les plexus vei-
neux axial, pré- et post-axial :
■ la JSP correspond à l'anastomose entre les plexus axial et
post-axial ;
■ la veine poplitée est issue de l'anastomose entre le plexus
veineux axial et pré-axial.
Ces anastomoses interplexiques (comme la partie sous-
cutanée de l'anastomose de Giacomini) n'ont pas de nerf
satellite, d'où une certaine variabilité anatomique.

PVS et compartiment saphène


Bien qu'elle soit sous-aponévrotique dans sa moitié supé-
rieure, la PVS est interfasciale sur tout son trajet et appartient
au système veineux intermédiaire. La nature histologique
du fascia saphène de ce compartiment est variable : lame
fibreuse du tissu sous-cutané dans la moitié inférieure,
Fig. 4.18 Aspect hémodynamique d'un flux ascendant patholo-
dédoublement aponévrotique dans la moitié supérieure.
gique dans l'anastomose de Giacomini. Flux ascendant bref lors
de la systole musculaire, suivi par la persistance d'un flux ascendant Rapports nerveux et vasculaires du tronc
prolongé lors de la diastole musculaire.
de la petite veine saphène
Ils sont intéressants à connaître, car ils peuvent être impli-
Comment analyser ces flux ascendants qués dans les risques thérapeutiques.
Deux nerfs sont importants pour bien comprendre les
pathologiques dans l'anastomose rapports nerveux de la PVS :
de Giacomini ? ■ le nerf cutané sural médial qui est une des collatérales du
Le flux physiologique dans l'anastomose de Giacomini est nerf tibial. Il naît au creux poplité. Il est accompagné d'un
dirigé de bas en haut, de la PVS vers la GVS. En orthosta- pédicule vasculaire, artériel et veineux. La veine naît du
tisme immobile, il n'existe pas de flux spontané dans cette tronc de la PVS, habituellement à la pointe du mollet, et se
veine. draine, le plus souvent, dans une veine gastrocnémienne
Lors de la compression des masses musculaires sous- médiale. Dans la moitié supérieure de la jambe, le nerf
jacentes (systole musculaire), il apparaît un flux ascendant cutané sural médial et son pédicule vasculaire sont situés
bref, sans reflux lors du relâchement musculaire (diastole sous le fascia musculaire. Ils ont un trajet médian, entre
musculaire). les muscles gastrocnémiens médial et latéral, en regard du
Lorsque l'anastomose de Giacomini est incontinente et tronc de la PVS. Le nerf et son pédicule vasculaire per-
transmet un flux gravitaire, il apparaît un reflux lors de la forent l'aponévrose musculaire, habituellement à la pointe
diastole. du mollet, pour rejoindre le compartiment saphène ;
À l'inverse, lorsque l'anastomose transmet vers le haut ■ le rameau communicant fibulaire qui est une des colla-
l'incontinence de la JSP, après le flux ascendant bref de la térales du nerf fibulaire commun. Il est situé en dedans
systole musculaire, il apparaît un flux ascendant prolongé du nerf cutané sural latéral, autre branche du nerf fibu-
lors de la diastole musculaire (fig.  4.18). Ce flux ascen- laire commun. Il chemine en regard du muscle gastro­
dant est d'autant plus important que la ré-entrée distale est cnémien latéral et rejoint, dans le compartiment, le nerf
plus efficace et que la compression intéresse les réservoirs cutané sural médial pour former le nerf sural qui est
variqueux. satellite de la PVS jusqu'à la malléole.
Dans la forme modale, la fusion de ces deux nerfs se situe
à la pointe du mollet, mais elle peut se faire plus haut ou plus
Éléments d'écho-anatomie bas, voire à la cheville.
de la petite veine saphène La pointe du mollet est une zone à risque car elle réalise
une zone de concentration où les différents éléments vascu-
Rappels embryologiques laires et nerveux ont des rapports étroits mais variables. Elle
Le plexus nerveux axial embryonnaire correspond, chez réalise une zone de convergence :
l'adulte, aux nerfs sciatique, tibial et sural. La PVS a une ■ nerveuse : réunion et perforation aponévrotique du nerf
double origine embryologique : cutané sural médial et du rameau communicant fibulaire
■ dans sa moitié inférieure, de la malléole latérale à la pour former le nerf sural ;
pointe du mollet, elle est une veine axiale : son nerf satel- ■ veineuse : des tributaires jambières, des communicantes
lite est le nerf sural ; intersaphènes et des perforantes gastrocnémiennes et
■ dans sa moitié supérieure, de la pointe du mollet au pli du soléaires ;
genou, elle est une veine post-axiale : son nerf satellite est ■ artérielle : traversée aponévrotique de l'artère du nerf
le nerf cutané postérieur de cuisse. sural.
Chapitre 4. Anatomie et écho-anatomie    39

Caractérisation écho-anatomique Toutes ces communications sont habituellement de petit


de la jonction saphénopoplitée calibre et aucune n'est prédominante.
Le point commun de ces trois modes de terminaison est
Du fait de son origine embryologique (connexion inter- que l'abord de la fosse poplitée n'est jamais justifié.
plexique sans nerf satellite), la terminaison de la PVS est
variable ; cependant, une démarche analytique permet
Il existe une jonction saphénopoplitée
d'aboutir à une classification simple et pragmatique [30],
dont le but est de définir et de permettre une thérapeutique Il s'agit de la configuration la plus fréquente. Il faut alors
adaptée. L'impact d'une telle classification est variable selon préciser :
la thérapeutique. ■ la hauteur d'implantation dans la veine poplitée ;
Il se pose alors la question de savoir s'il existe une jonc- ■ la face d'implantation dans la veine poplitée ;
tion saphénopoplitée (JSP). ■ les rapports anatomiques de cette jonction avec le tronc
commun des veines gastrocnémiennes.
Il n'existe pas de jonction saphénopoplitée
Trois modes de terminaison sont possibles : Hauteur d'implantation
■ variété courte (fig. 4.19a) : la PVS n'atteint pas le creux Pour aborder chirurgicalement la terminaison de la PVS,
poplité et se draine dans une perforante gastrocnémienne l'incision se fait habituellement, pour des raisons esthé-
ou dans une tributaire intersaphène sous-gonale ; tiques, dans le pli de flexion du genou. Cependant, si la
■ variété longue (fig.  4.19b) : la PVS franchit la fosse jonction se situe à plus de 5 cm au-dessus de ce pli, elle n'est
poplitée sans émettre de communication avec la veine plus accessible par une telle incision.
poplitée et se prolonge à plein canal le plus souvent par La hauteur d'implantation permet donc de distinguer
le PPA ou plus rarement par le prolongement axial (qui d'emblée les JSP accessibles par une incision au pli du genou,
peut rejoindre la veine fémorale ou la veine fémorale situation la plus fréquente et les JSP « hautes », inaccessibles
profonde) ; par une telle incision, qui sera alors effectuée au-dessus du
■ terminaison plexiforme (fig. 4.19c) : la PVS se draine pli du genou, en regard habituellement de la zone où la PVS
au-dessus du pli de flexion du genou, par l'intermédiaire s'infléchit et plonge en profondeur.
d'un réseau diffus, peu systématisé, pouvant communi- Au-delà de 10 cm, l'anneau du troisième adducteur est
quer avec les veines musculaires du 1/3 inférieur de la face franchi et la veine de drainage n'est plus la veine poplitée
postérieure de cuisse (arcades du semi-membraneux, du mais la veine fémorale.
semi-tendineux et du biceps) ou les veines fémorale ou Dans une étude personnelle de confrontation écho-
fémorale profonde. chirurgicale de la terminaison de la PVS [30], 96 % des JSP

A B C
Fig. 4.19 Absence de JSP. a. Variété courte : le tronc de la PVS n'atteint pas le creux poplité, il se draine avant, dans une perforante gastroc-
némienne médiale ou une branche intersaphène : 1. PVS ; 2. perforante gastrocnémienme médiale ; 3. communicante intersaphène ; 4. GVS ;
5. veine poplitée. b. Variété longue : le tronc de la PVS traverse le creux poplité sans émettre de communication avec la veine poplitée et se draine
ici dans le segment interfascial de l'anastomose de Giacomini. 1. PVS ; 2. perforante gastrocnémienme médiale ; 3. veine poplitée ; 4. segment
interfascial de l'anastomose de Giacomini ; 5. segment sus-fascial de l'anastomose de Giacomini ; 6. jonction saphénofémorale. c. Terminaison
plexiforme : la PVS se draine au-dessus du pli du genou, par l'intermédiaire d'un réseau diffus, peu systématisé associant veines musculaires,
communicantes avec les veines fémorale ou fémorale profonde, anastomose de Giacomini. Toutes ces communications sont habituellement de
petit calibre et aucune n'est prédominante : 1. PVS ; 2. perforante gastrocnémienme médiale ; 3. veines musculaires du long biceps ; 4. veines
musculaires des 1/2 tendineux ou 1/2 membraneux ; 5. anastomose de Giacomini ; 6. veine poplitée.
40   Partie I. Données fondamentales

identifiées se situaient entre 0 et 5 cm du pli du genou. Cette l'intermédiaire de leurs perforantes dans les phénomènes
relative fixité anatomique, retrouvée dans d'autres séries de ré-entrée et d'alimentation des varices ;
de patients variqueux [31], est discordante avec la grande ■ l'éventuelle existence d'un reflux primitif et isolé de ces
variété du niveau d'abouchement décrite dans les dissec- veines.
tions anatomiques. Les veines gastrocnémiennes latérales n'ont pas le même
Dans une méta-analyse, Creton [32] a comparé ce niveau impact hémodynamique car elles sont de petit calibre et
d'abouchement dans les groupes de patients variqueux et de rejoignent habituellement la veine poplitée de façon indé-
sujets sains et a mis en évidence une différence significative pendante, sans former de tronc commun. Le muscle gas-
du niveau d'abouchement dans les deux groupes. trocnémien latéral est également moins puissant.
Les JSP situées entre le pli du genou et 7 cm au-dessus
représentent 80 % des cas dans le groupe des patients vari- Pourquoi rechercher les terminaisons communes entre PVS
queux et 63 % dans le groupe des sujets sains (p < 0,05). et veines gastrocnémiennes médiales ?
Les JSP au-dessus de 7 cm représentent 14 % des cas dans Cette disposition anatomique est fréquente.
le groupe des patients variqueux et 30 % dans le groupe des Chez des patients variqueux, elle est évaluée entre 21 et 26 %
sujets sains (p < 0,05). des cas [32–34]. Ce pourcentage élevé peut être lié à un biais de
En d'autres termes, plus la JSP est haute, moins elle serait recrutement, car Gillot ne retrouve cette disposition que dans 5
refluante, ce qui expliquerait la sur-représentation des JSP à 10 % des cas lors des dissections anatomiques. Il est probable
entre 0 et 5 cm dans les populations de variqueux. que cette disposition anatomique favorise le reflux tronculaire
La hauteur d'implantation peut être un critère prédictif de la PVS et soit sur-représentée chez les variqueux.
de la présence d'une terminaison commune entre la PVS et Cette disposition pose un problème thérapeutique
le tronc commun des veines gastrocnémiennes [32]. non résolu lorsqu'un geste chirurgical ou endoveineux est
prévu : faut-il arrêter la procédure au ras des veines gastroc-
Face d'implantation némiennes ou de la veine poplitée ?
L'abouchement de la PVS peut intéresser toutes les faces Le risque est, dans le premier cas, l'évolution d'un moi-
de la veine poplitée : médiale, postérieure, latérale et même gnon incontinent laissé en place et, dans le second cas, de
antérieure. perturber le drainage physiologique des veines gastrocné-
Dans l'étude précédemment citée [30] de confrontations miennes et de générer une hyperpression d'amont.
écho-chirurgicales portant sur 67 PVS, nous avons retrouvé :
Comment caractériser échographiquement
55 % de face latérale, 15 % de face postérieure, 30 % de face
une terminaison commune entre la PVS et les veines
médiale.
gastrocnémiennes ?
La face d'implantation permet de prévoir le rapport ana-
Lorsque cette terminaison commune existe, il faut préciser
tomique entre la terminaison de la PVS et celle du nerf tibial.
s'il s'agit :
Au niveau des condyles fémoraux, le nerf fibulaire commun
■ d'un simple abouchement commun ;
est très latéral, alors que le nerf tibial est très proche de la
■ d'un véritable tronc commun qui peut être plus ou moins
PVS. La PVS, le nerf tibial et la veine poplitée sont quasi-
long.
ment alignés d'arrière en avant. Cette disposition implique
Le problème thérapeutique du niveau de la ligature se
que la PVS doit contourner le nerf tibial en dehors lorsque
pose d'autant plus que la terminaison commune est longue,
la JSP est latérale et en dedans lorsque la JSP est médiale.
dilatée et incontinente.
Lorsque la JSP est latérale ou surtout antérolatérale, la ter-
minaison de la PVS peut même contourner en dehors le nerf Critères prédictifs de la présence d'une terminaison commune
fibulaire commun. Du fait de la sensibilité au traumatisme entre PVS et veines gastrocnémiennes médiales
et de la situation très superficielle de ce nerf, cette dispo- Deux critères sont prédictifs de la présence d'une telle dis-
sition expose aux complications neurologiques lors de la position anatomique : la hauteur d'implantation et la face
dissection. Comme la hauteur, la face d'implantation est d'implantation.
également un critère prédictif de la présence d'une terminai-
son commune entre la PVS et le tronc commun des veines Hauteur d'implantation de la JSP dans la veine poplitée
gastrocnémiennes [30]. Dans cette étude de confrontation anatomo-hémodynamique
[30], nous avions distingué deux groupes de JSP en fonction
Existence ou non d'une terminaison commune de la hauteur d'implantation avec 3 cm comme valeur seuil :
entre la petite veine saphène et le tronc commun ■ groupe 1 : hauteur ≤ 3 cm ;
des veines gastrocnémiennes ■ groupe 2 : hauteur > 3 cm ;
Les veines gastrocnémiennes médiales sont habituellement Quatre-vingt-six pour cent des abouchements saphéno-
des veines de gros calibre qui confluent pour former un gastrocnémiens communs se trouvaient dans le groupe 1.
tronc commun avant de rejoindre la veine poplitée. Elles La relation entre la présence d'une terminaison commune
peuvent être impliquées dans la genèse de la pathologie vari- saphénogastrocnémienne et la hauteur d'implantation était
queuse pour plusieurs raisons : significative : p < 0,001.
■ leur éventuelle terminaison commune avec la PVS ;
■ leur situation au sein d'un des deux muscles les plus puis- Face d'implantation de la JSP dans la veine poplitée
sants de la pompe musculaire du mollet (le plus puissant Nous avons distingué deux groupes de JSP en fonction de la
étant le muscle soléaire). Elles peuvent intervenir par face d'implantation dans la veine poplitée :
Chapitre 4. Anatomie et écho-anatomie    41

■ le groupe 1 pour la face d'implantation médiale ; ■ Valve terminale continente et valve préterminale
■ le groupe 2 pour les autres faces d'implantation. incontinente : le tronc de la PVS est alimenté par un
Soixante et onze pour cent des terminaisons communes reflux préterminal de la JSP dont il faudra préciser l'ori-
appartenaient au groupe 1. La relation entre la présence gine. Il en existe schématiquement deux :
d'une terminaison commune saphénogastrocnémiennne et – l'anastomose de Giacomini (fig. 4.22), elle-même ali-
la face d'implantation médiale était significative : p < 0,001. mentée par :
La hauteur et la face d'implantation étaient bien deux cri- - les veines d'origine périnéale,
tères statistiquement indépendants. - un reflux terminal ou préterminal de la JSF,
Ces résultats pourraient s'expliquer, lors de l'embryo- - plus rarement, une perforante de cuisse ;
genèse, par une « captation » de la PVS par les veines gas- – le drainage physiologique des veines gastrocné-
trocnémiennes. Or l'anatomie de ces veines musculaires est miennes qui peut, lorsqu'il existe une terminaison
beaucoup plus stable, elles se drainent le plus souvent à la commune entre le tronc commun des veines gastro­
face médiale de la veine poplitée moyenne. cnémiennes et la terminaison de la PVS (fig. 4.23),
Autrement dit, ce ne sont pas les veines gastrocné- alimenter le tronc saphène si la valve préterminale est
miennes qui s'abouchent dans la terminaison de la PVS mais absente ou incontinente.
le contraire.

Caractérisation hémodynamique
de la jonction saphénopoplitée
Voir aussi chapitre 5.
Au niveau du creux poplité, les deux manœuvres les plus
efficaces pour provoquer une chasse veineuse sont :
■ les manœuvres de compression des masses musculaires
ou des varices de la jambe ;
■ la manœuvre de Parana, décrite par Franceschi.
Le statut hémodynamique est corrélé à l'anatomie.

Il n'existe pas de jonction saphénopoplitée


L'origine d'un reflux tronculaire est dépendante de la forme
anatomique :
■ dans le cadre d'une variété courte :
– une communication intersaphène,
– une perforante gastrocnémienne ; Fig.  4.20 Représentation schématique du segment intervalvu-
■ dans le cadre d'une variété longue : laire de la jonction saphénopoplitée. 1. veine poplitée ; 2. PVS ;
– l'anastomose de Giacomini, 3. collatérale ; 4. anastomose de Giacomini.
– la veine fémorale,
– la veine fémorale profonde ;
■ dans le cadre d'une terminaison plexiforme : chaque élé-
ment participant à cette terminaison plexiforme peut être
incontinent, sans élément dominant.

Il existe une jonction saphénopoplitée


Il est possible de faire un parallèle avec la JSF et de décrire
un segment intervalvulaire au niveau de la JSP [35]. Il existe
au niveau de la JSP une valve terminale et une valve préter-
minale qui délimitent un segment intervalvulaire (fig. 4.20).
Comme au niveau de la JSF, ces valves sont anatomiquement
inconstantes. Ce segment intervalvulaire est moins impor-
tant en termes de carrefour anatomique que celui de la JSF,
car sa principale tributaire est l'anastomose de Giacomini.
Il permet cependant de proposer un modèle qui permet de
comprendre l'hémodynamique locale.
■ Valves terminale et préterminale continentes : la JSP
est continente. S'il existe un reflux tronculaire, il faudra
rechercher une autre source de reflux : tributaire intersa-
phène, perforante. Fig. 4.21 JSP avec incontinence des valvules terminales et pré-
■ Valves terminale et préterminale incontinentes terminales. 1. veine poplitée ; 2. PVS ; 3. anastomose de Giacomini
(fig. 4.21) : le tronc de la PVS est alimenté par un reflux continente. VPT : valvule préterminale incontinente ; VT : valvule ter-
terminal de la JSP. minale incontinente.
42   Partie I. Données fondamentales

Fig. 4.24 JSP avec incontinence de la valvule terminale. 1. veine


poplitée ; 2. PVS ; 3. collatérale variqueuse ; 4. anastomose de
Giacomini continente. VPT : valvule préterminale continente ; VT : val-
vule terminale incontinente.
Fig. 4.22 JSP avec incontinence de la valvule terminale et valvule
préterminale continente. 1. veine poplitée ; 2. PVS ; 3. anastomose
de Giacomini incontinente. VPT : valvule préterminale continente ; VT :
valvule terminale incontinente.

Fig. 4.25 JSP avec valvule terminale incontinente provoquant un


reflux dans l'anastomose de Giacomini. 1. veine poplitée ; 2. PVS ;
3. anastomose de Giacomini avec flux ascendant pathologique. VPT :
valvule préterminale continente ; VT : valvule terminale incontinente.
Fig.  4.23 JSP avec continence des veines gastrocnémiennes et
de l'anastomose de Giacomini. 1. veine poplitée ; 2. PVS ; 3. veines
gastrocnémiennes continentes ; 4. anastomose de Giacomini conti- Variations ou anomalies veineuses
nente. VPT : valvule préterminale continente ; VT : valvule terminale du creux poplité
incontinente.
Elles sont fréquentes et ont en commun le risque potentiel
■ Valve terminale incontinente et valve préterminale conti- de compliquer le geste thérapeutique.
nente. Il existe deux voies de sortie du reflux terminal :
– une éventuelle tributaire du mollet qui se draine dans Dédoublements de la veine poplitée
le segment intervalvulaire qui devient alors inconti- Ils sont fréquents. La veine poplitée monotronculaire est le
nente (fig. 4.24) et alimente une varicose sous-cutanée résultat de la confluence des veines latérales (tibiales anté-
du mollet ; rieures) et des veines plutôt médiales (tibiales postérieures et
– l'anastomose de Giacomini (fig. 4.25) dans laquelle fibulaires). Cette disposition anatomique est en fait peu fré-
on enregistre alors un flux ascendant qui persiste lors quente, 10 à 15 % pour Gillot [2]. Si lors de l'embryogenèse,
de la décompression des masses musculaires et qui va le groupe des veines tibiales antérieures reste indépendant,
alimenter la GVS proximale ou la saphène accessoire éventuellement rejoint, partiellement ou complètement, par
postérieure de cuisse. des veines fibulaires, il existera une seconde racine latérale
Comme toujours, il faut chercher des reflux associés. de la veine poplitée qui peut être équivalente à la première,
Chapitre 4. Anatomie et écho-anatomie    43

voire prédominante. Les deux racines se rejoignent habi- Du creux poplité jusqu'à la pointe du mollet, il est situé
tuellement en regard de la partie inférieure des condyles en regard de la cloison intergastrocnémienne, dans la val-
fémoraux. Pour mémoire, les veines fibulaires sont un élé- lée formée par ces deux muscles. Après la pointe du mollet,
ment important du retour veineux de la jambe puisqu'elles les muscles gastrocnémiens sont remplacés par une lame
drainent les principales veines du soléaire, muscle le plus fibreuse qui les unit au tendon d'Achille.
puissant de la pompe musculaire du mollet. Le tronc de la PVS appartient au réseau veineux intermé-
Ces doubles racines compliquent l'exploration ultraso- diaire et se situe sur tout son trajet dans le compartiment
nore et la description de la fosse poplitée. interfascial ou compartiment saphène. Comme pour toute
En cas d'option chirurgicale, il faudra préciser au chirur- veine interfasciale, le signe de l'œil existe en coupe trans-
gien : versale. Une veine en dehors du compartiment saphène ne
■ la présence de cette double racine ; peut pas être une PVS. Inversement, s'il existe deux troncs
■ le niveau de réunion de ces deux racines par rapport à la dans le compartiment, il s'agit d'un dédoublement du tronc
JSP ; saphène. Ils sont fréquents, habituellement discontinus sous
■ quand la JSP est plus basse que cette réunion, dans quelle la forme de plusieurs connexions en échelle. Le reflux peut
racine et au niveau de quelle face d'implantation se fait intéresser un seul élément du dédoublement.
l'abouchement de la PVS. Ces critères simples permettent de distinguer :
Pour mémoire, il est important de reconnaître ces doubles ■ les tributaires, variqueuses ou non, de la face postérieure
racines dans la pathologie thrombotique. de jambe et du creux poplité qui par définition sont extra-
compartimentales et situées dans le tissu sous-cutané ;
Ectasie de la veine poplitée ■ la veine qui accompagne le nerf cutané sural médial :
Les ectasies de veine poplitée sont rares. Elles sont fusi- – elle naît du tronc saphène à la pointe du mollet. Elle
formes ou sacciformes. Elles peuvent être impliquées dans la perfore le fascia musculaire par le même orifice apo-
pathologie thrombo-embolique. névrotique que le nerf dont elle est satellite. Elle a
ensuite un trajet parallèle à la PVS, au niveau de la
Ectasie du tronc commun des veines cloison intergastrocnémienne mais situé sous le fascia
gastrocnémiennes musculaire. Elle se termine en haut habituellement
dans une veine gastrocnémienne médiale ou parfois
Ce tronc peut être plus volumineux que la veine poplitée, rejoint la terminaison de la PVS,
ce qui peut poser un problème de reconnaissance des struc- – un reflux tronculaire de la PVS distale peut être ali-
tures veineuses lors de la dissection chirurgicale, d'où l'inté- menté par cette veine du nerf cutané sural médial, alors
rêt de le mentionner. que la PVS est continente dans sa moitié supérieure,
– lorsqu'il existe une agénésie de la moitié supérieure de
Ectasie de la partie terminale de la petite veine
la PVS, la partie distale peut se drainer à plein canal
saphène dans la veine du nerf cutané sural médial.
Elle se situe habituellement juste en amont de l'abouchement
saphénopoplitée. Elle peut être très importante et beaucoup
plus volumineuse que la veine poplitée et poser également Approche écho-anatomique
un problème de reconnaissance avec la veine poplitée lors de la récidive variqueuse
de la dissection.
Définition de la récidive
Ectasie localisée du tronc de la petite veine La récidive variqueuse posait d'abord un problème de défi-
saphène nition et faute de définition précise, on trouvait dans la litté-
Il est banal de rencontrer de petites ectasies tronculaires au rature [36–38] des fréquences de 20 à 80 %.
niveau des jeux valvulaires, mais elles peuvent atteindre par- En 2000, une réunion de consensus, initiée par M. Perrin,
fois 2 à 3 fois le diamètre du tronc sus- ou sous-jacent. a proposé une définition de la récidive après chirurgie :
Cependant, leur description reste anecdotique, car elles REVAS pour REcurrent Varices After Surgery.
posent peu ou pas de problème thérapeutique. La récidive variqueuse post-chirurgicale a été définie
par les experts comme « la présence de veines variqueuses
Doubles jonctions saphénopoplitées au niveau d'un membre inférieur précédemment opéré
des varices, ayant bénéficié ou non d'un traitement
Elles sont rares heureusement, car elles réalisent un vrai
complémentaire ».
piège diagnostique.
Une mise à jour de la terminologie, faite en 2003, a intro-
Pour ne pas les méconnaître, il faut systématiquement
duit le terme PREVAIT acronyme de PREsence of Varices
suivre, jusqu'à leur voie de drainage, toutes les veines
After InTervention, qui correspond à la présence de varices
connectées à la PVS au niveau du creux poplité.
résiduelles ou récidivées après traitement. La notion de
traite­ment concerne aussi bien la chirurgie des varices que
Caractérisation écho-anatomique du tronc les ablations thermiques ou chimiques.
de la petite veine saphène Les récidives variqueuses vraies sont définies comme
Le tronc saphène suit un trajet constant, médian, à la face des veines devenues variqueuses après le traitement chirur-
postérieure du mollet, de la gouttière rétromalléolaire laté- gical et considérées comme normales lors du traitement
rale jusqu'au pli du genou (sauf dans la variété courte). initial.
44   Partie I. Données fondamentales

Cette évolution variqueuse secondaire peut être liée à : ■ une nouvelle cartographie postopératoire valide la pro-
■ une erreur technique : intervention incorrectement cédure thérapeutique annoncée et élimine une varicose
exécutée avec communications incontinentes laissées en résiduelle infraclinique.
place entre les réseaux veineux superficiel et profond (JSF
ou JSP, perforantes, veines d'origine périnéale…) ; Comment évaluer la récidive ?
■ l'évolutivité de la maladie : néogenèse ou néovascula- Pour évaluer une technique, il faut définir des critères et des
risation ou apparition d'une nouvelle communication outils.
incontinente entre le réseau veineux profond et le réseau
superficiel, éventuellement favorisée par une insuffisance Critères d'évaluation
veineuse profonde.
Les varices résiduelles sont des veines pathologiques Les critères d'évaluation des récidives découlent des
présentes lors de la première intervention et non traitées. définitions.
Elles correspondent à des récidives précoces soit : ■ La récidive variqueuse dans le cadre de PREVAIT est
■ par erreur tactique : intervention inadéquate quand une définie comme la présence de varices après traitement.
des composantes de la maladie variqueuse a été mécon- ■ Les varices sont définies comme des veines situées
nue et laissée en place. Il peut s'agir d'une faillite de au-dessus du fascia musculaire (interfasciale ou sous-­
l'explorateur (varice non identifiée en préopératoire) et/ cutanée), dilatées et tortueuses et/ou incontinentes.
ou du chirurgien (varice non retrouvée ou non traitée en Les critères primaires de l'évaluation d'une récidive
peropératoire) ; doivent donc vérifier l'absence de :
■ par choix tactique. Ici, le fait de laisser une des com- ■ tributaire variqueuse clinique ;
posantes de la maladie variqueuse en place est un choix ■ réseau veineux incontinent infraclinique, qu'il s'agisse :
motivé : – d'un tronc saphène refluant,
– conservation des jonctions quel que soit leur statut – d'un réseau dystrophique de la lame ganglionnaire,
hémodynamique : – de réseau dystrophique situé dans les compartiments
- procédure endoluminale (laser ou radiofréquence), saphènes…
- par analogie, éveinage sans crossectomie, Or la plupart des études, en particulier celles évaluant les
- méthode d'ablation sélective des varices sous anes- nouvelles procédures endoluminales, ont comme seul cri-
thésie locale (ASVAL) ; tère d'évaluation le reflux tronculaire saphène.
– conservation d'un tronc saphène incontinent : La présence de tributaires variqueuses avant et après pro-
- méthode ASVAL, cédure est rarement prise en compte.
- cure conservatrice hémodynamique de l'insuffisance On peut considérer des critères secondaires :
veineuse en ambulatoire (CHIVA) mais associée à ■ l'amélioration de la symptomatologie fonctionnelle et de
des ligatures–sections pour fractionner la colonne la qualité de la vie ;
hémodynamique et à des fermetures de shunts. ■ la guérison des troubles trophiques ;
Cette distinction entre récidives vraies et varices rési- ■ le retentissement et le coût social du traitement…
duelles et la reconnaissance des différents mécanismes nous
semblent très théorique : Outils d'évaluation
■ un choix tactique pour certains peut être considéré L'examen clinique est insuffisant. Par définition, il mécon-
comme une erreur stratégique pour d'autres. Ne pas naît toutes les lésions infracliniques mais refluantes : tronc
traiter une jonction incontinente était jugé auparavant saphène non palpable, néovascularisation, réseaux dystro-
comme une hérésie mais devient progressivement la phiques situés dans les compartiments saphènes.
norme ; L'écho-Doppler est l'examen de choix à condition de faire
■ comment dissocier l'évolutivité de la maladie du geste une cartographie anatomique et hémodynamique complète.
thérapeutique ? La phlébographie ou la varicographie n'ont plus leur
– la crossectomie, quelle que soit la qualité de sa réali- place dans cette indication.
sation, n'induit-elle pas une néovascularisation par L'apport du phlébo-scanner n'est pas évalué dans cette
libération de substances angiogéniques ? indication et cet examen doit être réservé à l'explora-
– il est démontré que les varices résiduelles du tion des récidives complexes non complètement explici-
membre inférieur favorisent le développement de la tées par l'écho-Doppler, aux malformations congénitales
néovascularisation, (Klippel-Trenaunay…).
– la ligature au ras de la veine poplitée, d'une terminai-
son commune entre la PVS et le tronc commun des Caractérisation échographique
veines gastrocnémiennes, ne peut-elle pas entraîner des récidives post-chirurgicales
une hyperpression d'amont et générer une inconti- Le principe général de l'exploration ultrasonore d'une vari-
nence d'une perforante gastrocnémienne ? cose qu'elle soit primaire ou récidivée reste identique. Il faut
Et surtout, vouloir distinguer récidive vraie et varices caractériser :
résiduelles n'est possible que si : ■ les points de fuite entre le réseau veineux profond et le
■ l'état préopératoire est connu, ce qui impose une carto- réseau veineux superficiel ;
graphie anatomique et hémodynamique précise ; ■ le trajet des varices ;
■ le compte rendu opératoire est complet et descriptif ; ■ les voies de drainage.
Chapitre 4. Anatomie et écho-anatomie    45

Il existe cependant deux spécificités liées au traitement. Il ■ la seconde est de tenter de caractériser cette communica-
faut préciser systématiquement : tion et d'expliquer le mécanisme causal.
■ la présence d'une communication résiduelle au niveau
des jonctions traitées ; Première étape
■ le statut anatomique et hémodynamique du tronc ■ Étude anatomique : rechercher et mesurer une commu-
saphène traité. nication entre la veine fémorale commune et le réseau
En dehors des stratégies thérapeutiques qui respectent variqueux récidivé.
délibérément les troncs saphènes, leur présence, parfois seg- ■ Étude hémodynamique : évaluer le statut hémodyna-
mentaire, après traitement, peut s'expliquer par : mique de cette communication.
■ un bilan ultrasonore erroné ou incomplet ; Cette classification anatomo-hémodynamique permet
■ une fausse route lors de la montée de la tige qui emprunte d'emblée de distinguer deux groupes de patients :
une tributaire et laisse le tronc saphène en place lors de ■ un groupe avec une communication large et inconti-
l'invagination ; nente. Une communication peut être considérée large
■ le manque de rigueur dans la terminologie utilisée dans lorsque le diamètre est égal ou supérieur à 4 mm. Ce
les comptes rendus opératoires : une tributaire (veine diamètre correspond à celui choisi par de Maeseneer.
sous-cutanée) pouvant être considérée à tort comme un Jones avait choisi 3 mm pour distinguer les grandes et les
tronc saphène (veine intermédiaire) ; petites communications. Dans ce groupe de patients, la
■ une reperméabilisation après ablation thermique ou reprise chirurgicale de la jonction peut être discutée ;
chimique. ■ un groupe sans communication large et incontinente.
Ce second groupe de patients où la reprise chirurgicale
Comment classer les récidives ? est d'emblée non indiquée, est hétérogène et rassemble :
En 1995, d'après une étude de 128 varicographies, – l'absence de communication,
Stonebridge proposait une classification des récidives après – la présence d'une petite communication, continente
chirurgie dans le territoire de la GVS, basée sur deux items : ou incontinente,
■ état de la jonction saphénofémorale ; – la présence d'une large communication continente.
■ présence d'un tronc saphène résiduel. Si une large communication incontinente est un cri-
En 1996, Perrin proposait une classification basée sur les tère indispensable, elle n'est pas pour autant synonyme de
mécanismes étiologiques et physiopathologiques à l'origine reprise chirurgicale. D'autres critères vont intervenir. Cela
des mauvais résultats. dépendra aussi de l'importance des varices sous-jacentes,
Les classifications nosologiques ont au moins deux inté- connectées à cette communication.
rêts. Elles permettent de : Il faudra tenir compte aussi du désir du patient, de son
■ comparer des groupes de malades clairement définis et âge, de son état général, de sa demande, de sa plainte fonc-
homogènes ; tionnelle, d'éventuels troubles trophiques, d'un lymphœ-
■ proposer une sanction thérapeutique adaptée en fonction dème associé, d'une obésité associée…
du groupe défini.
Dans cet esprit, nous avions proposé [26] une classifica- Seconde étape : caractériser le mécanisme
tion pragmatique, basée sur l'écho-Doppler, dont le premier de la récidive et en déduire la stratégie
but était de répondre à la question suivante : faut-il ou non thérapeutique
réaborder la JSF ou la JSP ? Différents aspects échographiques
Cette question était plus pertinente en 2000 qu'en 2014 des communications larges
puisque depuis la chirurgie a été progressivement rempla-
cée, surtout dans le cadre de la récidive variqueuse, par la On peut schématiquement distinguer :
sclérothérapie mousse écho-guidée. Lorsque la reprise de ■ une JSF en place ;
la jonction est envisagée, elle nécessite une dissection au ■ un moignon de JSF ;
sein d'un tissu cicatriciel, fibreux et adhérent qui est un ■ une large tributaire fémorale (≥ 4 mm).
acte difficile et potentiellement délétère pour les vaisseaux
lymphatiques. JSF en place
La question d'un réabord d'une jonction ne peut se Critères diagnostiques
poser que devant une communication large et incontinente On retrouve une anatomie normale de la jonction avec en
entre la veine profonde (fémorale ou poplitée) et le réseau particulier :
variqueux. ■ la présence de la valvule terminale, voire de la valvule
préterminale ;
■ la présence d'une ou plusieurs afférences inguino-
Caractérisation ultrasonore des récidives abdominales ou génitales ;
post-chirurgicales au niveau de la jonction ■ l'aspect tubulaire, régulier de la terminaison de la GVS.
saphénofémorale
Cette caractérisation peut être schématisée en deux étapes : Mécanisme
■ la première, la plus importante et la seule indispensable, Cet aspect correspond soit à :
consiste à reconnaître le groupe des communications ■ une faute technique : ligature de la GVS nettement en
larges et incontinentes ; amont de la JSF, sans dissection de la partie terminale et
46   Partie I. Données fondamentales

a fortiori de la veine fémorale comme l'atteste la présence l'effet de facteurs hémodynamiques et/ou angiogéniques.
des afférences de la jonction ; Cette communication est échographiquement :
■ un choix tactique : cas des éveinages sans « crossecto- ■ contournée, sans segment tubulaire ;
mie » qui laissent volontairement la jonction en place ■ sans valvule ostiale visualisée ;
afin de limiter les phénomènes de néovascularisation et ■ sans tributaire visualisée.
de conserver le segment intervalvulaire et sa fonction
de drainage des flux gravitaires des afférences inguino- Mécanisme
abdominales de la jonction. Dans la mesure où les ultrasons ne permettent pas de dis-
Lors des procédures endoluminales, on retrouve cet tinguer un moignon de JSF et le développement d'une tribu-
aspect de JSF en place. taire, il n'est pas possible de trancher entre faute technique
L'intérêt d'identifier une JSF en place est de prévoir une et évolution de la maladie.
dissection, si elle nécessaire, plus facile dans un tissu non Les JSP (ou JSP) sont une entité anatomique précise :
inflammatoire, non cicatriciel. elles correspondent à la partie terminale de la GVS (ou de la
PVS). Elles se caractérisent par une valvule terminale et une
Moignon de JSF valvule préterminale qui délimitent un segment interval-
Critères diagnostiques (fig. 4.26) vulaire et des tributaires afférentes et efférentes. Lorsqu'on
On retrouve une large communication en position anato- retrouve ces structures anatomiques complète après une
mique de la JSF, mais il existe des signes évidents de rema- chirurgie, il s'agit d'une jonction en place et il nous semble
niements : préférable sur le plan sémantique d'éviter les termes de néo-
■ la communication fémorale tubulaire qui correspond à la crosse ou néojonction.
partie terminale de la jonction laissée en place est généra-
lement courte ;
■ la connexion entre cette communication et la varicose Différents aspects échographiques de l'absence
sous-jacente est contournée, irrégulière et correspond au de communication large
siège d'une ancienne ligature ; La conduite thérapeutique dans ce groupe est univoque : la
■ la valvule terminale peut être présente, rarement la val- reprise chirurgicale inguinale n'est jamais indiquée. On peut
vule préterminale ; schématiquement distinguer :
■ des clips peuvent être visibles ; ■ l'absence de communication ;
■ généralement, une absence des afférences inguino- ■ une petite tributaire fémorale (< 4 mm) ;
abdominales ou génitales qui ont été liées. ■ un réseau dystrophique de la lame ganglionnaire.
Mécanisme Absence de communication
Cet aspect correspond à une faute technique : il s'agit tou- Critères diagnostiques
jours d'une dissection incomplète de la JSF et d'une ligature ■ Soit la face antérieure de la veine fémorale est parfaite-
du tronc saphène à distance de l'abouchement fémoral. Il ment régulière au niveau de la crossectomie, sans aucune
faut toujours vérifier le statut hémodynamique, car seules communication visible, continente ou incontinente.
les communications larges et incontinentes peuvent être une ■ Soit il existe un petit dôme au niveau de la face antérieure
indication à une reprise chirurgicale. de la veine fémorale au niveau de la crossectomie, sans
À la différence de la JSF en place, la reprise chirurgicale aucune communication visible, continente ou inconti-
d'un moignon sera plus difficile et plus délétère puisque la nente. Cet aspect peut se voir après une angioplastie de la
dissection se fera au sein d'un tissu cicatriciel et adhérent. veine fémorale par suture latérale lorsque l'implantation
de la JSF était large.
Large tributaire fémorale au niveau de la zone
de crossectomie
Mécanisme
Critères diagnostiques
Ces aspects sont des bons résultats de la chirurgie.
On retrouve une communication large (≥ 4 mm) au niveau
du site de la crossectomie précédente, mais l'aspect ne per-
met pas de conclure sur sa nature : moignon de JSF résiduel Petite tributaire fémorale
très remanié ou tributaire de la jonction développée sous Critères diagnostiques
Il existe une petite tributaire située au niveau de la face anté-
rieure dans la région de la crossectomie. Elle est contournée
et par définition de petit calibre (< 4 mm), le plus souvent de
1 à 3 mm (fig. 4.27).
Les sondes hautes fréquences de 10 ou 13 MHz et les
nouvelles imageries de flux permettent de mettre en évi-
dence des flux circulants dans des tributaires de l'ordre du
millimètre. Pour affirmer qu'il s'agit bien d'une communi-
Fig.  4.26 Montage échographique d'un moignon de jonction cation avec la veine fémorale, il faut toujours s'attacher à
saphénofémorale : valvule terminale visible ; zone de connexion visualiser le flux issu de la VFC et qui emprunte la tributaire.
très contournée correspondant à la zone de ligature ; aspect Sinon, il peut s'agir d'un simple réseau de la lame inguinale
tubulaire du tronc en amont. au contact de la veine fémorale.
Chapitre 4. Anatomie et écho-anatomie    47

« absence de communication large » et donc sans reprise


chirurgicale.
Ceci est juste un problème de définition, mais il existe
une autre vraie difficulté qui est technique : l'échographie
n'est pas toujours performante pour faire la distinction entre
récidive par un canal large et unique et récidive par multica-
naux fins et accolés.
Pour Van Rij, il n'apparaît pas de forte corrélation entre
l'aspect échographique et le nombre de vaisseaux observés
histologiquement : sur 49 membres étudiés, l'échographie
retrouve un canal unique et large (tortueux ou non) dans
19 cas (38 %), alors qu'en histologie, seules trois pièces (6 %)
ne correspondent pas à une récidive multicanalaire.
Fig. 4.27 Imagerie de flux e-flow. Petite communication fémorale Cette limite technique existe indubitablement mais l'ap-
incontinente.
port des nouvelles imageries ultrasonores de flux permet
d'en réduire l'incidence, sans que, faute d'étude, nous puis-
sions chiffrer cette amélioration.
Mécanisme
Les parois des vaisseaux néoformés sont fines et peuvent
Cet aspect peut correspondre :
ne pas être visualisées à l'échographie en mode B. Ainsi, un
■ à des tributaires laissées en place lors de la crossectomie ;
large chenal échographique peut correspondre en réalité à
■ au développement de réseaux préexistants associés à des
un réseau de petits vaisseaux.
réseaux néoformés.
Cependant, ces vaisseaux sont tortueux, contournés et
Réseau veineux dystrophique de la lame ganglionnaire inguinale de sens de circulation variable, ce qui permet par l'imagerie
Critères diagnostiques de flux couleur ou puissance directionnelle de les différen-
Nous désignons par ce terme, un réseau situé dans la lame cier. De plus, lorsque le sens de circulation est identique, les
ganglionnaire inguinale, dans la zone de crossectomie, tou- vitesses plus élevées au centre du vaisseau se traduisent par
jours très contourné, incontinent dont la taille varie habi- une désaturation plus importante. Ces différences d'inten-
tuellement de 2 à 4 mm, parfois 5 à 6 mm. sité et de contraste permettent ainsi de suspecter l'accole-
Il est intimement lié aux ganglions inguinaux et le fait ment de plusieurs vaisseaux.
le plus remarquable est les trajets transganglionnaires
constants de ces réseaux. Comment évaluer l'importance d'un reflux ?
La décision de la reprise chirurgicale d'une récidive jonc-
Mécanisme tionnelle est basée sur la taille de la communication fémo-
Dans la littérature, ce type de réseaux a toujours été associé à rale et l'importance du reflux.
la néogenèse ou la néovascularisation. Nous reviendrons sur Cependant, la quantification du reflux veineux (lors
la relation entre ce réseau dystrophique de la lame ganglion- d'une récidive ou non) pose un problème non résolu.
naire inguinale et la néovascularisation. Faute de consensus sur la quantification du reflux, les
experts de REVAS ont donc proposé la cotation suivante :
Limites de cette classification ■ R+ : un reflux dont la signification clinique est probable ;
Cette classification a des avantages : ■ R− : un reflux dont la signification clinique est peu
■ elle est simple, basée uniquement sur des critères probable ;
échographiques ; ■ R ? : quand il est difficile de trancher.
■ elle permet de proposer une attitude cohérente et repro- Si cette classification correspond à la pratique quoti-
ductible par rapport à la reprise ou non de la jonction dienne, elle présente la limite de sa reproductibilité inter- et
saphénofémorale. intraobservateurs.
Accessoirement, elle précise le mécanisme de la récidive. Les critères de quantification des reflux ont été abordés
Elle présente au moins deux limites : l'évaluation de la au paragraphe concernant la veine grande saphène.
taille de la communication fémorale et la question de l'éva- Rappelons les conclusions de plusieurs travaux [20–22] :
luation de l'importance d'un reflux. ■ la durée du reflux n'est pas un critère quantitatif : elle
n'est jamais corrélée à la sévérité clinique et ne doit pas
Évaluation de la taille de la communication fémorale être utilisée pour quantifier le reflux. Elle n'est qu'un
La difficulté est de deux ordres. critère qualitatif qui, à partir d'un certain seuil (0,5 à
Il existe souvent un court moignon ou un dôme de 1,0 seconde selon les études), permet une réponse binaire
crossectomie d'implantation large au niveau de la fémo- sur la présence ou non d'un reflux ;
rale sur lequel est connectée une tributaire de petit calibre. ■ le pic de vitesse et le débit moyen du reflux sont les
Comment classer une telle communication ? En fonction du meilleurs critères pour apprécier les conséquences phy-
diamètre du moignon ou celui de la tributaire ? siopathologiques du reflux.
Si on admet que la tributaire est sinon la cause, au moins Cependant, la principale limite de la quantification des
le relais de transmission du reflux vers la varicose sous- reflux est la reproductibilité inter- et intraobservateurs des
jacente, il est logique de classer cette récidive dans le groupe manœuvres de provocation non automatisées.
48   Partie I. Données fondamentales

Reflux non jonctionnels après chirurgie Jonction saphénopoplitée en place


de la jonction saphénofémorale Critères diagnostiques
Une fois réglé le problème de la reprise chirurgicale ou non On retrouve une anatomie normale de la jonction avec en
de la jonction, la recherche du reflux est la même que pour particulier :
une varicose primaire. Les reflux non jonctionnels peuvent ■ la présence d'une valvule terminale, voire préterminale ;
être les suivants : ■ la présence possible d'une jonction commune avec les
■ afférences inguino-abdominales alimentant directement veines gastrocnémiennes médiales ;
une SAAC, sans connexion significative avec la veine ■ l'anastomose de Giacomini connectée à cette jonction :
fémorale ; bon critère de non-dissection préalable ;
■ veines d'origine périnéale ; ■ l'aspect tubulaire, régulier de la terminaison de la petite
■ recrutement du réseau pariétal abdominal et de cuisse ; veine saphène.
■ perforantes du scarpa, de fesse, de cuisse, de la fosse
poplitée, pararotulienne, de jambe ; Mécanisme
■ une JSP incontinente alimentant soit : Comme pour la JSF, cet aspect correspond soit à :
– de haut en bas une varicose de jambe via le tronc de la ■ une faute technique ;
petite veine saphène, ■ un choix tactique lors d'un éveinage, d'une procédure
– de bas en haut une varicose de jambe via l'anastomose endoluminale ou d'une thérapeutique conservatrice.
de Giacomini. Cette JSP en place laisse prévoir une dissection, si elle
Les reflux non jonctionnels peuvent être associés entre nécessaire, plus facile, dans un tissu non cicatriciel.
eux ou avec un reflux jonctionnel.
Moignon de jonction saphénopoplitée
Cas particulier du cavernome Critères diagnostiques
Il est souvent mentionné comme source de récidive dans Il existe une large communication qui correspond à un reli-
les comptes rendus d'explorations ultrasonores. Pourtant, le quat de JSP, avec des signes de remaniements identiques à
cavernome n'est qu'un réseau dilaté et contourné, générale- ceux décrits pour la JSF.
ment en regard du site de la crossectomie. L'anastomose de Giacomini est habituellement
Sa présence ne préjuge pas du mécanisme de la récidive : déconnectée.
■ il peut être alimenté par une large communication fémo-
rale (JSF en place, moignon ou tributaire de la veine Mécanisme
fémorale) ; Il s'agit d'une faute technique avec une ligature du tronc
■ il peut également exister sans communication fémo- saphène réalisée à distance de l'abouchement dans la veine
rale significative et être alimenté par les afférences poplitée. Cet aspect est d'autant plus fréquent que la JSP est
inguino-abdominales, un réseau dystrophique de la lame haute et l'abouchement dans la veine poplitée est latéral,
ganglionnaire, les veines d'origine périnéale ou une per- antérolatéral, voire antérieur. Il faut toujours vérifier le sta-
forante de cuisse. tut hémodynamique d'un moignon résiduel ou d'une JSP en
Il semble donc que le cavernome soit plus la consé- place qui peuvent être continents et doivent alors être res-
quence que la cause de la récidive, et sa présence ne suf- pectés pour leur fonction de drainage.
fit pas à poser l'indication d'une reprise chirurgicale de la
veine fémorale. Large tributaire au niveau de la zone
de crossectomie (≥ 4 mm)
Caractérisation ultrasonore des récidives Critères diagnostiques
post-chirurgicales au niveau de la jonction Il s'agit d'une communication large au niveau du site de
saphénopoplitée crossectomie sans que l'aspect ne permette de faire la dis-
tinction entre moignon résiduel ou tributaire hypertrophiée.
Le principe général est le même. La première question est
de savoir s'il faut ou non reprendre chirurgicalement cette
jonction, et la réponse sera basée sur le même critère prin- Mécanisme
cipal : présence ou non d'une large communication popli- Il peut correspondre à une faute technique ou l'évolution de
tée incontinente. La caractérisation échographique des la maladie.
récidives de la JSP est donc calquée sur celle des récidives Quel que soit son mécanisme, une large communica-
de la JSF. tion poplitée, incontinente est la seule indication éventuelle
d'une reprise chirurgicale.
Différents aspects échographiques
des communications larges Différents aspects échographiques de l'absence
On distingue : de communication large
■ la JSP en place ; On distingue :
■ le moignon de JSP ; ■ l'absence de communication ;
■ une tributaire large de crosse (par cohérence avec la ■ une petite tributaire de JSP (< 4 mm) ;
GVS : ≥ 4 mm). ■ un réseau veineux dystrophique.
Chapitre 4. Anatomie et écho-anatomie    49

Absence de communication Perforante de la fosse poplitée


Critères diagnostiques La varicose alimentée pas une perforante de la fosse poplitée
La veine poplitée est régulière sans connexion visible et sans (PFP) n'est pas à proprement parler une modalité de récidive
réseau dystrophique en regard du site de crossectomie. du territoire de la PVS. Il s'agit d'une varicose spécifique qui
peut s'exprimer avant toute chirurgie régionale, alors que la
Mécanisme PVS est fine et continente.
Il s'agit d'un bon résultat de la chirurgie. Son origine embryologique est différente de celle de la
PVS.
Petite tributaire de jonction saphénopoplitée Son aspect échographique est univoque :
Critères diagnostiques ■ elle se situe toujours 2 à 3 cm au-dessus du pli du genou,
On retrouve une petite tributaire (par définition < 4 mm) à la face latérale de la veine poplitée ;
connectée à la veine poplitée. Il est parfois difficile d'affir- ■ son émergence est située en dehors de la PVS, en dedans
mer qu'il s'agit du site de crossectomie car, à la différence de l'insertion tendinomusculaire du long biceps ;
de la JSF qui est anatomiquement fixe, la JSP peut intéresser ■ elle est volontiers dystrophique, tortueuse.
toutes les faces de la veine poplitée et sa localisation exacte Sa traduction clinique est assez caractéristique :
est rarement précisée sur les cartographies préopératoires ■ elle alimente au pli du genou une varicose sous-cutanée
ou les comptes rendus opératoires. qui croise le mollet de haut en bas, et de dehors en dedans ;
■ elle peut rejoindre la PVS au 1/3 moyen de jambe et/ou
Mécanisme alimenter une varicose de la face médiale de jambe.
Comme au niveau inguinal, cet aspect peut correspondre à Échographiquement, il est facile de la reconnaître lorsque
des tributaires laissées en place lors de la crossectomie ou à la PVS est présente.
l'hypertrophie de tributaires préexistantes. Après ligature de la JSP, il est parfois difficile de distin-
guer une PFP d'un moignon de JSP remanié situé à la face
Réseau veineux dystrophique au niveau du site latérale de la veine poplitée.
de crossectomie
Critères diagnostiques
Cet aspect est moins bien défini que celui de la JSF. La néo- Varicose de la gaine du nerf sciatique
vascularisation au niveau poplité est moins étudiée dans la
littérature. Sur le plan échographique, on retrouve la des- Il s'agit d'une entité très particulière dont nous avons
cription d'un chevelu de petites veinules en regard du site décrit les aspects écho-anatomiques et hémodynamiques
de crossectomie. Histologiquement, certains auteurs font un en 2001. Son expression clinique est caractéristique et
parallèle entre la JSF et la JSP et décrivent une récidive par correspond au trajet du nerf sciatique et, le plus souvent,
de multiples canaux de petit calibre, tortueux et accolés. d'une de ses branches terminales, le nerf fibulaire com-
Dans notre pratique : mun :
■ nous n'avons pas rencontré de réseaux transgan- ■ à la cuisse, elle est profonde, non visible, non palpable ;
glionnaires comme ceux décrits au niveau de la lame ■ elle se superficialise à la partie supérieure du losange
ganglionnaire inguinale. Anatomiquement, les relais gan- poplité, tout en restant sous le fascia saphène ;
glionnaires poplités sont accessoires ; ■ elle s'extériorise un peu au-dessus ou en dessous du pli
■ ces petits réseaux peuvent être connectés et/ou alimen- du genou et alimente une varicose sous-cutanée des faces
tés par les veines musculaires en particulier du demi- postérolatérale et latérale de la jambe.
membraneux ou du long biceps. Sur le plan échographique :
■ à la cuisse, il s'agit d'un réseau contourné au contact
Mécanisme du nerf sciatique, médian, profond, situé nette-
Néovascularisation ou hypertrophie de veinules préexis- ment en  avant du prolongement crânial de la PVS.
tantes ? Le nerf sciatique est facilement reconnaissable en
Les deux mécanismes sont probablement associés, pour échographie ;
reprendre la conclusion de Stücker. ■ au niveau de l'angle supérieur de la fosse poplitée, la vari-
cose se superficialise et suit un trajet en bas et en dehors
Reflux non jonctionnels après chirurgie pour venir au pli du genou, juste sous le fascia saphène,
environ 3 cm en dehors de la PVS ;
de la jonction saphénopoplitée
■ elle franchit le fascia saphène au 1/3 supérieur du mollet
Tous les reflux non jonctionnels déjà décrits peuvent exister, pour alimenter une varicose sous-cutanée.
mais il y a des types de récidives spécifiques du territoire de Cette description de la varicose du nerf sciatique corres-
la PVS. pond à la forme modale avec une involution du plexus vei-
neux axial de l'embryon.
Récidive de haut en bas par l'anastomose Lorsque ce plexus axial persiste, la varicose du nerf
de Giacomini sciatique peut être considérée comme une malformation
Elle peut en particulier transmettre un reflux de haut en bas veineuse tronculaire, sous la forme d'un tronc axiofémoral
de la JSF ou des veines d'origine périnéale vers le territoire ou d'une veine sciatique persistante. Ces malformations ne
de la PVS. seront pas abordées ici.
50   Partie I. Données fondamentales

Caractérisation ultrasonore des récidives varicose », avec des réseaux dystrophiques dans la lame
au niveau des troncs saphènes ganglionnaire inguinale, une varicose dans la gaine du
nerf sciatique et des réseaux non systématisés du membre,
L'étude des troncs saphènes dans les territoires traités est extrasaphènes.
la seconde spécificité de l'exploration ultrasonore des réci-
dives. Plusieurs situations sont possibles.
Peut-on parler de néosaphène dans le cadre
d'une récidive ?
Tronc saphène en place
La veine saphène est une entité anatomique bien précise.
La présence, au moins de façon segmentaire, d'un tronc
Lorsque la veine située dans le compartiment est tubulaire
saphène après chirurgie peut s'expliquer par :
avec des tributaires et des valvules visibles, il ne s'agit pas
■ les fautes ou difficultés techniques :
d'une néosaphène mais d'une saphène résiduelle.
– erreur de territoire à cause d'une exploration pré­
Si le réseau situé dans le compartiment est tortueux,
opératoire (cartographie ou écho-marquage) erronée,
contourné, dystrophique, il s'agit d'un réseau dystrophique
incomplète ou absente,
dont l'origine n'est sûrement pas univoque, mais qui n'est
– rupture saphène lors de l'invagination. Dans une série
jamais une saphène à proprement parler.
personnelle, Creton retrouve un accrochage du strip-
Le terme néosaphène nous semble un terme générique,
per dans 26 % des cas. Dans 22 % des cas de montée
inadapté pour caractériser une récidive et insuffisant pour
du stripper de bas en haut, une contre-incision a été
choisir la stratégie thérapeutique.
nécessaire. Sur 1550 éveinages longs de la GVS par
invagination, il recense 28 % de doubles ruptures avec
le risque de laisser un segment saphène en place ; Réseau veineux profond
■ la chirurgie d'exérèse non adaptée aux données hémody- Comme pour une exploration de varicose primitive, le bilan
namiques : certains chirurgiens font systématiquement veineux profond sera systématique à trois niveaux :
un éveinage court de la GVS ou de la PVS, quel que soit le ■ la veine fémorale commune ;
statut hémodynamique du tronc sous-jacent, pour éviter ■ la veine poplitée ;
les complications neurologiques ; ■ les veines gastrocnémiennes, en particulier médiales.
■ les procédures endoluminales : l'occlusion tronculaire Si l'examen de ces trois sites met en évidence un reflux, il
des procédures endoluminales thermiques ou chimiques faudra de proche en proche, faire la cartographie des reflux et
peut être incomplète, segmentaire ou se reperméabiliser ; rechercher des séquelles anatomiques post-thrombotiques.
■ les choix stratégiques : la cure CHIVA et l'ASVAL vont L'insuffisance veineuse profonde est un facteur de risque
encore plus loin puisqu'elles préservent délibérément le important de récidive. Elle sera donc sur-représentée dans le
tronc saphène incontinent. sous-groupe des récidives variqueuses.
Ce tronc saphène en place est facilement identifiable :
■ par définition, il se situe toujours dans le compartiment Relation entre réseau dystrophique
saphène ;
■ il est tubulaire avec parfois des zones de remaniements
de la lame ganglionnaire inguinale
visibles (sclérothérapie, ligature…) ; et néovascularisation ?
■ il existe des tributaires dont certaines sont caractéris- La néovascularisation est souvent considérée comme la
tiques : abouchement de l'anastomose de Giacomini, principale cause de récidive après chirurgie de la GVS.
veine postéromédiale de jambe ; Cependant, sa nature et son mécanisme sont mal connus.
■ des valvules peuvent être visibles. L'hypothèse que nous développons ici est que le substrat
Il faut toujours préciser le statut hémodynamique de ce anatomique de cette néovascularisation serait principale-
tronc résiduel. ment le réseau veineux physiologique de la lame ganglion-
naire inguinale, susceptible de se développer sous l'action de
Réseau dystrophique dans les compartiments différents facteurs angiogéniques.
saphènes
Après chirurgie, le balayage échographique des comparti- Place de la néovascularisation dans la récidive
ments saphènes doit être systématique car même en l'ab- après chirurgie de la grande veine saphène
sence de tronc, il peut exister des réseaux dystrophiques, Jones estime la fréquence de ce mode de récidive à 52 %
contournés, tortueux, toujours incontinents, de calibres après 2 ans (échantillon de 133 membres) et de Maeseneer à
variables. Leur origine est probablement en rapport avec la 45 % après 56 mois (68 membres).
néovascularisation au sens large, c'est-à-dire associant des Ces deux auteurs sont d'accord sur le fait que la néovas-
vaisseaux néoformés et l'hypertrophie de vaisseaux préexis- cularisation est plus fréquente lorsqu'il existe une récidive
tants. Les caractères morphologiques de ce réseau rendent variqueuse clinique.
quasi impossibles tout cathétérisme ou toute phlébecto- Pour Jones, à 2 ans, la néovascularisation est de 68,5 % en
mie. Le traitement de choix est la sclérothérapie mousse présence de varices et de 39 % en leur absence.
écho-guidée. Pour de Maeseneer, à 4,5 ans, la néovascularisation est de
Il peut exister de tels réseaux dystrophiques intracompar- 79 % en présence de varices et de 27 % dans le cas contraire.
timentaux dans le cadre de varicose primitive. Ils peuvent La relation de causalité entre néovascularisation et réci-
être alors associés à un « aspect dystrophique global de la dive variqueuse est encore discutée :
Chapitre 4. Anatomie et écho-anatomie    51

■ pour certains, la néovascularisation serait la cause de la l'article de Van Rij (moulage en résine d'une néovasculari-
récidive ; sation, issue d'une pièce opératoire de récidive de la JSF), la
■ pour d'autres, la récidive variqueuse pourrait au contraire ressemblance des deux types de réseaux est évidente.
entretenir, aggraver ou favoriser la néovascularisation
par recrutement de proximité. Existe-t-il une définition histologique univoque
de la néovascularisation ?
Définition habituelle macroscopique Pour Glass, dans le cadre de la néovascularisation, il existe
et échographique de cette néovascularisation une disposition irrégulière des fibres collagènes et élas-
Échographiquement et macroscopiquement en peropéra- tiques, et une connexion des réseaux veineux avec les gan-
toire, la description de cette néovascularisation est assez glions lymphatiques.
univoque : vaisseaux tortueux, à parois fines, enchâssés En 1998, Nyamekeye avait proposé des critères histolo-
dans le tissu cicatriciel, intimement intriqués dans la lame giques, en particulier l'irrégularité d'épaisseur pariétale et
celluloganglionnaire. l'absence de nerfs dans la média. Mais aux dires même de
Cependant, de tels réseaux existent en dehors de toute l'auteur, ces éléments n'étaient que des critères d'orientation
agression chirurgicale ! et non de certitude de l'immaturité des vaisseaux.
Pour Van Rij, les vaisseaux néoformés sont limités par
Preuves anatomiques une simple couche endothéliale, bordée par une média
qui se résume à plusieurs couches de cellules musculaires
Au niveau du triangle du Scarpa, Gillot [1, 12] décrit, à par-
lisses, sans fibre élastique, sans nerf intramural et sans
tir de ses travaux de dissection, des veines ou veinules dans
adventice.
la lame lymphoganglionnaire inguinale qui s'anastomosent
Stücker a étudié 91 pièces opératoires issues du site de
entre elles pour former un réseau superficiel, sous-cutané.
récidive après chirurgie de la JSF, pratiquée en moyenne
Ces veinules peuvent former des troncs plus ou moins bien
12 ans auparavant. Il propose un certain nombre de critères
individualisés, communs à plusieurs ganglions. Ils ont fré-
histologiques qu'il considère comme spécifiques :
quemment un trajet transganglionnaire.
■ la présence de valvules est la preuve d'un vaisseau pré-
Ce réseau veineux ganglionnaire est connecté :
existant, car le développement d'une nouvelle valvule,
■ vers le haut :
après destruction, par exemple post-thrombotique, ou
– avec les afférences abdominogénitales de la jonction
expérimentalement sur un vaisseau néoformé, n'a jamais
saphénofémorale,
été mis en évidence en pratique clinique ou expérimenta-
– à la veine fémorale par l'intermédiaire de petites perfo-
lement chez l'animal ;
rantes qui traversent le fascia cribifomis ;
■ la structure complexe en trois couches de sa paroi est
■ vers le bas ;
un argument en faveur d'un vaisseau préexistant (cri-
– à des petites perforantes musculaires (muscles coutu-
tère constant dans la littérature). Lors d'un processus
rier, droit antérieur, moyen adducteur),
de néovascularisation, un des canaux peut devenir
– et surtout au tronc de la GVS (habituellement 10 à
prédominant avec régression des autres petits canaux
15 cm au-dessous de l'abouchement saphénofémoral)
et aboutir à une récidive monocanalaire. Mais dans ce
et de la SAA de cuisse.
cas, la structure pariétale en trois couches est rempla-
cée par une simple couche endothéliale, associée à une
Preuves échographiques fine paroi musculaire déstructurée ;
En 1999, nous avions proposé une description ultrasonore ■ la présence d'un nerf dans la couche musculaire est un
de ces réseaux de la lame lymphoganglionnaire inguinale. argument en faveur d'un vaisseau préexistant car sa pré-
Un des critères échographiques caractéristiques était leur sence n'a jamais été mise en évidence dans un vaisseau
trajet transganglionnaire. Dans cette étude, ils étaient impli- néoformé ;
qués comme principale source de reflux dans 6 % des cas ■ la présence de tissu cicatriciel environnant est la preuve
dans la genèse d'une varicose primitive de la partie termi- d'une chirurgie antérieure. Ce tissu cicatriciel postopéra-
nale de la GVS. Dans ce cadre pathologique, ces réseaux toire est détectable même après de nombreuses années.
étaient incontinents et plus ou moins dilatés. Il se caractérise histologiquement par une disposition
L'analyse de la vascularisation du ganglion faite par Kubik typique, parallèle aux faisceaux de collagènes et de la
permet de comprendre ces trajets transganglionnaires. fibrose ou sclérose. Si au niveau d'une JSF, il existe un
Il existe une continuité veineuse qui traverse le gan- tissu graisseux sans fibrose et des fibres collagènes dispo-
glion dans ses petit et grand axes en empruntant la veine sées au hasard, cela exclut une chirurgie antérieure et la
hilaire, puis les veines trabéculaires pour rejoindre les capil- présence d'un réseau multicanalaire dans un tel tissu doit
laires du sinus sous-capsulaire, qui communiquent ensuite être considérée comme le développement d'un réseau
avec les veines provenant du tissu adipeux environnant. préexistant ;
L'hypertrophie de ces réseaux sous l'influence de facteurs ■ la présence de canaux multiples est en faveur d'une néo-
hémodynamiques ou angiogéniques peut donc expliquer vascularisation. Pour ce critère, l'auteur est très prudent :
les aspects échographiques de veines transganglionnaires la découverte histologique de plusieurs canaux est en
(selon les deux axes du ganglion), dilatées et incontinentes. faveur d'une néovascularisation, alors que la présence
Enfin, lorsqu'on compare les images de dissection des d'un canal unique est plutôt en faveur d'un vaisseau
réseaux de la lame ganglionnaire de Gillot et le document de préexistant.
52   Partie I. Données fondamentales

Cependant, ce critère n'est pas spécifique car il existait rente avec les études de suivi après les procédures endo-
dans cette étude, des récidives monocanalaires qui étaient luminales thermiques qui ne mettent pas en évidence de
histologiquement des véritables néovascularisations par néovascularisation.
rapport au deuxième critère (structure pariétale en trois Elle est un des arguments des chirurgiens qui prônent
couches). l'éveinage sans crossectomie. L'autre argument est de pré-
Deux conclusions peuvent être extraites de cet article : server la fonction de drainage du segment intervalvulaire.
■ lorsqu'il existe une récidive multicanalaire dans un
tissu cicatriciel, associant des vaisseaux avec une struc-
ture pariétale complète et des vaisseaux avec une paroi Références
déstructurée, il est probable qu'une véritable néovascu- [1] Gillot C. Atlas anatomique des dispositifs veineux superficiels des
larisation est connectée à des vaisseaux préexistants ; membres inférieurs. Cabourg : Éditions phlébologiques françaises ;
■ lorsqu'il existe une récidive multicanalaire dans un tissu 1998.
adipeux non cicatriciel, il s'agit probablement d'une [2] Gillot C. Dispositifs veineux poplités : hypothèses et certitudes.
hypertrophie de vaisseaux préexistants. Phlébologie 1998 ; 51 : 65–74.
Cependant, l'auteur propose quand même de classer cette [3] Gillot C. Le prolongement post-axial de la petite veine saphène. Étude
forme de récidive comme néovascularisation au sens large, anatomique. Considérations fonctionnelles. Intérêt pathologique.
dans la mesure où cette évolution est due aux modifications Phlébologie 2000 ; 53(3) : 295–325.
hémodynamiques induites par la crossectomie ou l'éveinage. [4] Caggiati A. Nouveautés dans l'anatomie saphénienne. Rapports
des veines saphènes avec les fascias : le compartiment saphénien.
Si on accepte ces deux propositions, la néovascularisa-
Phlébologie 2003 ; 56(1) : 19–25.
tion devient un cadre nosologique cohérent et correspond à [5] Sebastiani F. Sviluppo prenatale della fascia superficialis di alcune
l'association de deux phénomènes intimement liés : regioni dell'ipoderma umano. Scritti Biologici 1935 ; 10 : 3–40.
■ le développement de vaisseaux préexistants, [6] Francheschi C. Théorie et pratique de la cure CHIVA. Éditions de
■ l'apparition de vaisseaux néoformés interconnectés avec l'Armancon ; 1988.
les premiers. [7] Bailly M. Cartographie CHIVA. In : Chirurgie vasculaire. Encycl Méd
Autrement dit, il existe un réseau veineux physiolo- Chir. Paris : Elsevier ; 1995. p. 1–4, 43-161-B.
gique de la lame ganglionnaire, prouvé anatomiquement [8] Lemasle P, Uhl JF, Lefebvre-Vilardebo M, Baud JM. Proposition d'une
et retrouvé échographiquement. Il est normalement fin (de définition échographique de la grande saphène et des saphènes acces-
l'ordre de 2 mm) et continent. Il peut devenir dystrophique, soires à l'étage crural. Phlébologie 1996 ; 49(3) : 279–86.
[9] Caggiati A, Ricci S. The great saphenous vein compartment.
c'est-à-dire dilaté et incontinent sous l'influence de fac-
Phlebology 1997 ; 12 : 106–11.
teurs angiogéniques : inflammation, hormones, procédure [10] Caggiati A, Bergman JJ, Gloviczki P, et al. Nomenclature of the veins
chirurgicale… of the lower limbs : an international interdisciplinary consensus state-
On peut faire un parallèle avec le réseau veineux périnéal ment. J Vasc Surg 2002 ; 36 : 2.
qui est présent chez tout individu mais ne s'exprime dans [11] Coleridge-Smith P, Labropoulos N, Partsch H, et al. Duplex ultra-
la maladie variqueuse que chez certains, sous l'influence sound investigation of the veins in chronic venous disease of the
de facteurs hormonaux (grossesse) ou hémodynamiques lower limbs – UIP Consensus. Document Part 1. Basic Principles. Eur
(insuffisance veineuse pelvienne). J Vasc Endovasc Surg 2006 ; 31 : 83–92.
Sous l'effet de ces mêmes facteurs angiogéniques ou [12] Gillot C. La crosse de la veine saphène interne. Bases anatomiques et
hémodynamiques, des connexions néoformées peuvent se techniques de la crossectomie. Phlébologie 1994 ; 47(2) : 117–33.
[13] Mühlberger D, Morandini L, Brenner E, et al. Venous valves and
créer entre ce réseau veineux préexistant de la lame gan-
major superficial tributary veins near the saphenofemoral junction.
glionnaire et une varicose sous-jacente. J Vasc Surg 2009 ; 49 : 1562–9.
L'échographie ne permet pas de distinguer réseaux pré- [14] Hach W, Gruss JD, Hach-Wunderle V, Jünger M. Venen Chirurgie.
existants et réseaux néoformés. Stuggart, New York : Schattlauer ; 2006.
Cette distinction est histologique. [15] Caggiati A, Bergman JJ, Gloviczki P, et al. Nomenclature of the veins
Cette explication physiopathogénique pourrait expliquer of the lower limbs : extensions, refinement and clinical application.
les aspects très précoces de néovascularisation décrits par de J Vasc Surg 2005 ; 41 : 719–24.
Maeseneer : 2,3 % à 2 mois et 14 % à 1 an. [16] Pieri A, Vannuzzi A, Benelli L, Duranti A. Varici della grande safena
per incontinenza della valvola pre-ostiale con ostio safeno-femorale
continente : dimostrazione diel reflussi pelivici con eccocolar doppler. In :
Corollaire pratique de cette approche
5e Cong. Nat. e 4e Cong. Intern. de la Societa Italiana di Flebollinfologia,
de la néovascularisation Sienna 27–30 sept ; 1993, abstracts book, 131.
La recherche d'un réseau dystrophique de la lame ganglion- [17] Pieri A, Vannuzzi A, Duranti A, et al. Rôle central de la valvule pré-
naire inguinale doit être systématique lors de tout bilan ostiale de la saphène interne dans la genèse des varices tronculaires
écho-Doppler d'une varicose, que celle-ci soit primitive ou des membres inférieurs. Phlébologie 1995 ; 48(2) : 227–37.
récidivée : [18] Cormier JM. Chirurgie du carrefour fémoral et de l'artère fémorale
profonde. Encycl Méd Chir (Elsevier, Paris). Techniques chirurgi-
■ d'une part, parce qu'il peut, lorsqu'il est incontinent, être
cales, chirurgie vasculaire, [43-029-C].
à l'origine de la varicose ; [19] Vin F, Lemasle P, Lefebvre-Vilardebo M, Uhl JF. Niveau de reflux de la
■ d'autre part, parce que sa présence pourrait être une grande veine saphène Indications thérapeutiques. Phlébologie 2004 ;
contre-indication à la crossectomie ou à une reprise 57 : 255–9.
chirurgicale du triangle de Scarpa. [20] Neglen P, Egger JF, Olivier J, Raju S. Hemodynamic and clinical
Cette agression chirurgicale pourrait activer des facteurs impact of ultrasound-derived venous reflux parameters. J Vasc Surg
angiogéniques et aggraver ce réseau. Cette notion est cohé- 2004 ; 40 : 303–10.
Chapitre 4. Anatomie et écho-anatomie    53

[21] Yamaki T, Nozaki M, Sasaki K. Quantitative assessment of superficial de la chirurgie d'exérèse. Résultats préliminaires. Phlébologie 1995 ;
venous insufficiency using duplex ultrasound and air plethysmogra- 48(3) : 321–7.
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[22] Costantini-Nohra C. Caractérisation hémodynamique des reflux poplitées incontinentes. Peut-on réduire le risque de récidive vari-
terminaux et pré-terminaux de la jonction saphéno-fémorale. queuse poplitée ? Phlébologie 1998 ; 51(4) : 457–63.
Corrélation avec la sévérité de l'affection veineuse chronique. Étude [32] Creton D, Kohler F. L'incontinence de la petite veine saphène est-elle
prospective. Mémoire pour le diplôme universitaire de Phlébologie ; en relation avec la hauteur de son abouchement dans la voie pro-
université Pierre et Marie Curie–Paris VI. fonde ? Phlébologie 2000 ; 53(1) : 7–12.
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