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LITTERATURE CREOLE REUNIONNAISE

L a littérature réunionnaise 1est la littérature régionale française que pratiquent les


personnes liées à l'île de La Réunion, département d'outre-mer dans le sud-ouest de l'océan Indien.
Elle s'est d'abord déployée grâce aux contes et à la poésie réunionnaise, florissante dès le milieu
du XVIIIe siècle, avant de s'investir dans le roman à compter du milieu du XIXe siècle et de la
parution en 18 4 4 d e s Marrons d e Louis Timagène Houat 2. En plein renouveau depuis la
départementalisation de La Réunion, elle s'exprime aussi bien en langue française qu'en créole
réunionnais.

EVARISTE DE PARNY

1753-1814

Né à l’île Bourbon (Réunion), le 6 février 1753. Il embrassa la carrière militaire avant de


se consacrer aux lettres ; poète érotique, la Guerre des Dieux l’a rendu célèbre. Il fut élu à
l'Académie le 20 avril 1803.

Avec ses Chansons madécasses, Evariste de Parny était précurseur de la poésie en prose dans la
littérature française. L’œuvre, achevée en 1787 par un poète de 34 ans, est un ensemble de douze
chansons prétendument traduites du malgache. Le texte serait donc un travail des nègres qui à
l’époque étaient au centre d’attention de l’Europe à cause de la politique du colonialisme.
Cependant l’analyse détaillé du point de vue dans l’ouvrage donne des fortes suggestions que ce ne
sont pas les nègres qui constituent le sujet réel des Chansons..., mais le colonialisme lui-même.

Membre de l'Académie française de1803 à 1814.

Aujourd'hui, un lycée de Saint Paul de La Réunion porte son nom.

> Pour aller plus loin :

http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/evariste-de-forges-de-parny

http://data.bnf.fr/12174838/evariste_de_parny/

1 Pour aller plus loin : https://fr.wikipedia.org/wiki/Litt%C3%A9rature_r%C3%A9unionnaise


2Louis Timagène Houat (1809-1890) est un écrivain et médecin français du siècle. Mulâtre originaire de l'île Bourbon, désormais
connue sous le nom de La Réunion, il est l'auteur du premier roman de la littérature réunionnaise, Les Marrons, qu'il publie
à Paris en 18441.

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LOUIS TIMAGENE HOUAT

1809-1890

Louis Timagène Houat (1809-1890) est un écrivain et médecin français du xixe siècle.
Mulâtre originaire de l'île Bourbon, désormais connue sous le nom de La Réunion, il est l'auteur du
premier roman de la littérature réunionnaise, Les Marrons, qu'il publie à Paris en 1841.

Quatre ans avant l’abolition de l’esclavage (1848), Louis-Timagène Houat (1809-1890 ?) publiait à
Paris Les Marrons à l’enseigne de la librairie Ebrard, installée dans le Passage des Panoramas.

Réputé premier roman de La Réunion, ce livre oublié durant un siècle et demi avait été rédigé dans
une intention précise : éclairer la population métropolitaine sur la condition des esclaves et les
traitements imposés aux populations marrons de l’Empire français, telles qu’elles apparaissaient
dans le Code noir.
Si L.-T. Houat, militant anti-esclavagiste, n’en a pas souffert lui-même directement, il eut
néanmoins maille à partir avec les autorités politiques : il n’était en effet qu’un jeune professeur de
musique lorsqu’il fut arrêté, le 13 décembre 1835, pour incitation à la révolte des esclaves lors de la
répression du « complot de Saint-André ». Il attendra son procès huit mois durant.

> Pour aller plus loin : http://blog.bnf.fr/gallica/index.php/2

009/08/25/lesclavage-selon-louis-timagene-houat-1844/

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LECONTE DELISLE

1818-1894

Caricature par Coll-Toc,


Les Hommes d’aujourd’hui, no 241

Leconte de Lisle est un poète français, né le 22 octobre 1818 à Saint-Paul sur l'île de la
Réunion (anciennement Île Bourbon) et mort le 17 juillet 1894 à Voisins.
Leconte de Lisle est le vrai nom de famille du poète. Il l’adopta comme nom de plume, sans
mentionner ses prénoms (Charles Marie René), et ce choix a été repris dans les éditions de ses
œuvres, dans sa correspondancen 3, ainsi que dans la plupart des ouvrages qui lui sont consacrés et
dans les anthologies. C’est ce nom qui est utilisé dans la suite de l’article. Son prénom usuel, utilisé
par ses proches, était « Charles ».
Leconte de Lisle passa son enfance à l'île de la Réunion et en Bretagne. En 1845, il se fixa à Paris.
Après quelques velléités d’action politique lors des événements de 1848, il y renonça et se consacra
entièrement à la poésie.
Son œuvre est dominée par trois recueils de poésie, Poèmes antiques (1852) , Poèmes barbares
(1862) et Poèmes tragiques (1884), ainsi que par ses traductions d’auteurs anciensn 4.
Il est considéré comme le chef de file du mouvement parnassien ou tout au moins comme le maître
des jeunes poètes de cette école, autant par l’autorité que lui a conférée son œuvre poétique propre
que par des préfaces dans lesquelles il a exprimé un certain nombre de principes auxquels se sont
ralliés les poètes d’une génération — entre la période romantique et le symbolisme — regroupés
sous le terme de parnassiens à partir de 1866.

E n 1886, neuf ans après une candidature infructueuse à l’Académie française, où il n'eut que les
voix de Victor Hugo et d'Auguste Barbier, Leconte de Lisle fut élu, succédant à Victor Hugo. Il y
fut reçu par Alexandre Dumas fils le 31 mars 1887.

Un lycée prestigieux de Saint-Denis de La Réunion, le lycée Leconte-de-Lisle.

> Pour aller plus loin :

http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/charles-leconte-de-lisle?
fauteuil=14&election=11-02-1886

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LEON DIERX

1838-1912

Marais Victor Léon Dierx, né à Saint-Denis de La Réunion le et mort à Paris, est un poète
parnassien et peintre français.

C'est un nom des plus connus de la poésies réunionnaise, et un poème par excellence : Les Filaos.
Pourtant, l'homme et le poète ne se laissent découvrir que très progressivement à travers un certain
nombre de contrastes qui caractérisent la vie autant que l'œuvre.
Léon Dierx est né le 13 mars 1838 à Saint-Denis de La Réunion, dans la belle maison créole de la
rue de Paris qui deviendra propriété de la famille Barre-Déramont où plu tard naîtra Raymond
Barre. Cette maison appartient aujourd'hui au département de La Réunion, elle se nomme
maintenant la Maison Déramond et se trouve au 15 rue de Paris.

Un musée porte son nom à La Réunion, Le Musée Léon Dierx, devant celui-ci se trouve le buste du
poète.

> Pour aller plus loin :


http://poesie.webnet.fr/lesgrandsclassiques/poemes/leon_dierx/leon_dierx.html
http://www.universalis.fr/encyclopedie/leon-dierx/

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LES FRERES

MARIUS & ARY LEBOND

Fin XIXe – Milieu XXe siècle

1877-1953 1880-1958

Marius-Ary Leblond est le nom de plume de deux écrivains, journalistes et critiques d'art
réunionnais, qui étaient cousins :
- Marius Leblond, nom de plume de Georges Athénas, né à Saint-Denis le 26 Février 1877 à Saint-
Denis (La Réunion) et mort à Paris ;
- Ary Leblond, nom de plume d’Alexandre Merlot, dit Aimé Merlo, né le 30 Juillet 1880 à Saint-
Pierre de La Réunion et mort à La Réunion.
Leur œuvre à deux mains est notamment récompensée par le Prix Goncourt en 1909 pour le roman
En France, qui narre le parcours de deux jeunes Créoles venus étudier à la Sorbonne. L'esprit
colonial marque leur écriture.
Ils occupèrent des postes publics, Georges comme secrétaire du maréchal Gallieni de 1914 à 1916,
Ary (Aimé) comme conservateur du musée de la France outre-mer, à Paris. On leur doit à ce titre la
création (le) du musée qui porte le nom de Léon Dierx à Saint-Denis d e La Réunion, le musée
Léon-Dierx.

> Pour aller plus loin :

https://www.leboucan.fr/images/confacademie/Marius-Ary%20Leblond.pdf

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DANIEL HONORE

1939

Daniel Honoré naît le 16 octobre 1939 à Saint-Benoît (à l’île de la Réunion), d’une mère
descendante d’esclaves, d’origine africaine et malgache, et d’un père venu de Chine (Canton), petit
commerçant. Honoré fait ses études secondaires à la Réunion et exerce, jusqu’à sa retraite en 1999,
la profession de professeur de lettres/anglais dans un collège à Saint-Benoît.

Militant créoliste, Daniel Honoré écrit surtout en kréol rénioné. Son roman Cemin Bracanot’, publié
en 1984, participe à la mise sur pied d’une écriture réunionnaise; publié en traduction française (par
l’auteur Jean-François Samlong) en 1999, Cemin Bracanot’ est mis en scène en 2003 par le Théâtre
Azur à la Réunion, et fait l’objet d’un projet de long métrage. Marcéline Doub-kèr, roman publié en
1988, est également mis en scène par le Théâtre Azur, en 1999. En plus de ses récits et romans,
Honoré est l’auteur de nombreux recueils de poésie et de courts récits (nouvelles, proverbes, contes)
et a publié, en 2002, un Dictionnaire d’expressions créoles qui fait référence.

Actuellement, en parallèle à l’écriture, Daniel Honoré anime des interventions culturelles dans des
collèges, lycées et à la radio pour la remise en circulation du fonds culturel réunionnais: les
croyances populaires, les žedmo (sortes de devinettes à la créole), les proverbes, les contes et
légendes, les expressions imagées…

> Pour aller plus loin :

http://ile-en-ile.org/honore/

http://www.ethnographiques.org/Honore_Daniel

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Axel GAUVIN

1944

Axel Gauvin est né le 3 août 1944 au Bois-de-Nèfles, sur la commune de Saint-Denis de la


Réunion. Après des études secondaires à Saint-Denis, il entreprend une formation universitaire
scientifique ; il est admis à l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud en 1967 puis revient à La
Réunion en 1968, après avoir obtenu une licence de Sciences Naturelles. De retour à Saint-Cloud, il
obtient l’Agrégation de Sciences Naturelles en 1972 et poursuit une carrière d’enseignant.
Sa mère, enseignante et directrice d’école, est issue d’une famille réunionnaise où les Belles Lettres
françaises, l’Art du bien dire ont toujours été à l’honneur – son grand-père maternel était lui-même
instituteur, directeur d’école et a assuré un temps la charge d’inspecteur primaire – tandis que son
père, planteur, est bien enraciné dans le terroir multiculturel réunionnais. Dans la famille d’Axel
Gauvin, ces deux cultures se conjuguent harmonieusement et s’enrichissent mutuellement. Le
métissage d’Axel Gauvin est également façonné par ses origines indiennes, malgaches et africaines.
Il serait très probablement un descendant d’affranchis.

Axel Gauvin, d’abord militant politique, se consacre ensuite à un engagement plus culturel.
Différentes personnes comme son frère, George Gauvin et Boris Gamaleya jouent un rôle
fondamental dans sa décision de s’engager dans le militantisme culturel. Dès lors, il publie quelques
poèmes dans un journal du Front de la jeunesse pour l’autonomie de La Réunion, intitulé Jeune
Réunion puis dans Le Nouveau Progressiste, ainsi que dans les revues militantes et
multigraphiées Bardzour et Fangok où paraissent, à côté d’articles théoriques, les poèmes,
chansons, nouvelles d’autres écrivains créolisants. Les objectifs de la revue Fangok sont clairement
exposés dans un éditorial aux allures de manifeste, publié dans le premier numéro. Il s’agit alors
pour les auteurs réunionnais de « retrouver [leur] histoire et de mieux la faire connaître » en
œuvrant, d’une part, pour le développement « de la littérature réunionnaise, qu’elle soit
d’expression créole ou française » et, d’autre part, pour la défense et la promotion du réunionnais,
« trop longtemps combattu, méprisé ».

Président de l'Office de la langue créole, association loi 1901, Axel Gauvin tente d'aider au
développement de l'utilisation et de l'usage du créole réunionnais dans la société réunionnaise, dans
le cadre du bilinguisme français/créole. Il essaie de valoriser les atouts du créole, une simplicité et
une souplesse qui en feraient un outil à haute valeur poétique, facile à employer et surtout dont
nombre de contenus propositionnels sont disponibles à l'illocutoire expressif. Cela passe par
l'élévation des sentiments linguistiques pour la prononciation du créole et la prise en compte des
compromis qu'impose le cadre bilingue à la transcription de cette prononciation1.
C'est sous son impulsion que des chartes bilingues sont signées pour la première fois par des
municipalités de l'île, lesquelles y sont invitées à élaborer une signalétique en créole. Dans cette

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perspective, Axel Gauvin élabore une graphie qui tente de tenir compte des variétés phonologiques
du créole et de sa lisibilité

> Pour aller plus loin :

http://ile-en-ile.org/gauvin/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Axel_Gauvin

DANIEL VAXELAIRE

1948

Daniel Vaxelaire naît en Lorraine, et arrive à La Réunion en 1971. Journaliste professionnel,


il entre tout de suite au seul organe d’information de l’île de l’époque, le Journal de l’Île de La
Réunion. Il se passionne pour La Réunion, mais, souffrant de ne pouvoir s’exprimer autant qu’il le
voudrait, il quitte le Journal de l’Île pour participer à la conception du Quotidien de La Réunion,
dont il est chef de service, chargé des informations locales à sa création en 1976.
L’année suivante, le Quotidien doit faire face à de graves difficultés financières, ce qui oblige le
journal à se séparer de la moitié de sa rédaction. Vaxelaire choisit de faire partie des «naufragés
volontaires»; il participe cependant aux actions de défense du journal puis, le titre étant sauvé, il
voyage dans la région (Madagascar, Rodrigues, Mayotte, Seychelles, Inde, Ceylan…).

C’est à Ceylan que le rattrape un télégramme qui va changer sa vie: un éditeur cherche un
journaliste disponible pour diriger les travaux d’une encyclopédie historique sur La Réunion. Rentré
par le premier avion, il s’embarque pour trois ans et demi d’une aventure exceptionnelle: avec une
équipe extrêmement réduite (trois personnes et demi pour la partie rédactionnelle), il s’agit
d’étudier la masse des archives locales, d’interviewer des témoins, pour produire 3572 pages, en
sept lourds volumes.

Le Mémorial de La Réunion terminé, Daniel Vaxelaire retourne dans la presse, devenant rédacteur
en chef de l’édition locale de Télé 7 Jours, dont il fait un magazine d’information. Par la suite, il est
sollicité pour diriger les travaux d’une Grande Encyclopédie du Maroc et s’installe pendant trois ans
à Rabat pour ce nouveau travail d’Hercule: douze volumes et 150 auteurs!

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Dans le même temps, il exploite la matière historique du Mémorial pour en tirer deux premiers
romans, qui sont édités à Paris: Chasseur de Noirs et L’Affranchi. Le succès rencontré l’incite à
poursuivre avec une dizaine de romans et essais historiques, dont plusieurs sont également
disponibles dans des éditions de poche et en traduction (en espagnol et portugais). L’auteur rédige
également des scénarios de bande dessinée, publiées chez Hachette Jeunesse et Humanoïdes
Associés (avec des dessins de Michel Faure).

> Pour aller plus loin :

http://ile-en-ile.org/vaxelaire/

JEAN-CLAUDE CARPANIN
MARIMOUTOU

1956

Jean-Claude Carpanin Marimoutou, souvent simplement appelé Carpanin Marimoutou,


est un poète et critique littéraire français né en 1956 à Saint-Denis, sur l'île de La Réunion.

À la faculté des lettres et des sciences humaines de l'université de La Réunion, rattaché au


laboratoire de recherche sur les langues, textes et Communication dans les espaces Créolophones et
francophones (LCF-UMR8143 du CNRS), est spécialiste des littératures indocéaniques. Éditeur
scientifique, membre du comité International des Études Créoles (CIEC), il collabore avec de
nombreuses universités et intervient, régulièrement lors de colloque nationaux et internationaux Il a
été l'étudiant de Robert Lafont à l'université de Montpellier où il soutient une thèse de doctorat sous
sa direction. Il a été dès la création des "éditions Grand Océan" créé par le "docteur Jean-François
Reverzy" le directeur littéraire jusqu'en 2000. Il devient alors directeur des éditions K'A créé par
son ami le peintre et poète "André Robèr". En 2009 il lui consacre un ouvrage "A R [archive]"
publié aux "éditions K'A". Traducteur il collabore avec Kristof Langromme à la traduction du
Médecin malgré lui, avec Lolita Tergemina à la traduction de la pièce d'Anton Tchekhov
"Malsoufran la & in domann pou marié"en créole réunionais ainsi que la pièce de Vincent Fontano
"Tanbour" en français. Il a avec Françoise Vergès mis en place la structure de feu la MCUR et
préparé avec l'équipe de la MCUR la candidature du maloya au patrimoine culturel immateriel de
l'humanité de l'Unesco.

> Pour aller plus loin : http://www.lcf-reunion.fr/equipe/statutaires/marimoutou-carpanin/

http://ile-en-ile.org/marimoutou/

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ANNEXES
Extrait 1 : Evariste de Parny, Chansons madécasses (Chanson I):

Les Chansons madécasses, étant composées d’une douzaine des œuvres quasiment indépendants
l’un de l’autre, présentent des différentes types de narration et points de vue. Avec un changement
de la situation, la forme s’y adapte, variant de la prière intime jusqu’au récit en troisième personne.

Quel est le roi de cette terre ? – Ampanani.

- Où est-il ?

- Dans la case royale.

- Conduis-moi devant lui.

- Viens-tu la main ouverte ?

- Oui, je viens en ami.

- Tu peux entrer. Salut au chef Ampanani. – Homme blanc, je te rends ton salut, et je te prépare un
bon accueil. Que cherches-tu ?

- Je viens visiter cette terre. – Tes pas sont libres. Mais l’ombre descend, l’heure du souper
approche. Esclaves, posez une natte sur la terre, et couvrez-la des larges feuilles du bananier.
Apportez du riz, du lait et des fruits mûris sur l’arbre. Avance, Nélahé ; que la plus belle de mes
filles serve cet étranger. Et vous, ses jeunes sœurs, égayez le souper par vos danses et vos chansons.

Extrait 2: Louis Timagène Houat

(p.37) : "Si l'on ne nous tue pas, après nous avoir exténués de coups, on nous tord les membres, on
nous lie, on nous sangle les deux pouces avec de la ficelle qu'on mouille, et l'on nous suspend ainsi
durant des heures et des heures à l'un des arbres de l'habitation..."

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Extrait 3 : Leconte Delisle

Le rêve du jaguar (Poèmes barbares)

Sous les noirs acajous, les lianes en fleur,


Dans l'air lourd, immobile et saturé de mouches,
Pendent, et, s'enroulant en bas parmi les souches,
Bercent le perroquet splendide et querelleur,
L'araignée au dos jaune et les singes farouches.
C'est là que le tueur de boeufs et de chevaux,
Le long des vieux troncs morts à l'écorce moussue,
Sinistre et fatigué, revient à pas égaux.
Il va, frottant ses reins musculeux qu'il bossue ;
Et, du mufle béant par la soif alourdi,
Un souffle rauque et bref, d'une brusque secousse,
Trouble les grands lézards, chauds des feux de midi,
Dont la fuite étincelle à travers l'herbe rousse.
En un creux du bois sombre interdit au soleil
Il s'affaisse, allongé sur quelque roche plate ;
D'un large coup de langue il se lustre la patte ;
Il cligne ses yeux d'or hébétés de sommeil ;
Et, dans l'illusion de ses forces inertes,
Faisant mouvoir sa queue et frissonner ses flancs,
Il rêve qu'au milieu des plantations vertes,
Il enfonce d'un bond ses ongles ruisselants
Dans la chair des taureaux effarés et beuglants.
Leconte de Lisle - Poèmes barbares

Extrait 4 : Léon Dierx- Les Filaos

LES FILAOS

A Théodore De Banville.

Là-bas, au flanc d' un mont couronné par la brume,


Entre deux noirs ravins roulant leurs frais échos,
Sous l' ondulation de l' air chaud qui s' allume
Monte un bois toujours vert de sombres filaos.
Pareil au bruit lointain de la mer sur les sables,
Là-bas, dressant d' un jet ses troncs roides et roux,
Cette étrange forêt aux douleurs ineffables
Pousse un gémissement lugubre, immense et doux.
Là-bas, bien loin d' ici, dans l' épaisseur de l' ombre,
Et tous pris d' un frisson extatique, à jamais,
Ces filaos songeurs croisent leurs nefs sans nombre,
Et dardent vers le ciel leurs flexibles sommets.
Le vent frémit sans cesse à travers leurs branchages,

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Et prolonge en glissant sur leurs cheveux froissés,
Pareil au bruit lointain de la mer sur les plages,
Un chant grave et houleux dans les taillis bercés.
Des profondeurs du bois, des rampes sur la plaine,
Du matin jusqu' au soir, sans relâche, on entend
Sous la ramure frêle une sonore haleine,
Qui naît, accourt, s' emplit, se déroule et s' étend
Sourde ou retentissante, et d' arcade en arcade
Va se perdre aux confins noyés de brouillards froids,
Comme le bruit lointain de la mer dans la rade
S' allonge sous les nuits pleines de longs effrois.
Et derrière les fûts pointant leurs grêles branches
Au rebord de la gorge où pendent les mouffias,
Par place, on aperçoit, semés de taches blanches,
Sous les nappes de feu qui pétillent en bas,
Les champs jaunes et verts descendus aux rivages,
Puis l' océan qui brille et monte vers le ciel.
Nulle rumeur humaine à ces hauteurs sauvages
N' arrive. Et ce soupir, ce murmure immortel,
Pareil au bruit lointain de la mer sur les côtes,
Épand seul le respect et l' horreur à la fois
Dans l' air religieux des solitudes hautes.
C' est ton âme qui souffre, ô forêt! C' est ta voix
Qui gémit sans repos dans ces mornes savanes.
Et dans l' effarement de ton propre secret,
Exhalant ton arome aux éthers diaphanes,
Sur l' homme, ou sur l' enfant vierge encor de regret,
Sur tous ses vils soucis, sur ses gaîtés naïves,
Tu fais chanter ton rêve, ô bois! Et sur son front,
Pareil au bruit lointain de la mer sur les rives,
Plane ton froissement solennel et profond.
Bien des jours sont passés et perdus dans l' abîme
Où tombent tour à tour désir, joie, et sanglot;
Bien des foyers éteints qu' aucun vent ne ranime,
Gisent ensevelis dans nos coeurs, sous le flot
Sans pitié ni reflux de la cendre fatale;
Depuis qu' au vol joyeux de mes espoirs j' errais,

Ô bois éolien! Sous ta voûte natale,


Seul, écoutant venir de tes obscurs retraits,
Pareille au bruit lointain de la mer sur les grèves,
Ta respiration onduleuse et sans fin.
Dans le sévère ennui de nos vanités brèves,
Fatidiques chanteurs au douloureux destin,
Vous épanchiez sur moi votre austère pensée;
Et tu versais en moi, fils craintif et pieux,
Ta grande âme, ô nature! éternelle offensée!
Là-bas, bien loin d' ici, dans l' azur, près des cieux,
Vous bruissez toujours au revers des ravines;
Et par delà les flots, du fond des jours brûlants,
Vous m' emplissez encor de vos plaintes divines,
Filaos chevelus, bercés de souffles lents!
Et plus haut que les cris des villes périssables,
J' entends votre soupir immense et continu,
Pareil au bruit lointain de la mer sur les sables,
Qui passe sur ma tête et meurt dans l' inconnu!

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Extrait 5 : Les frères Marius et Ary Lebond, En France (1909)

CONTEXTE : En France (1909), bien qu’il mette en scène des créoles réunionnais, installés pour
leurs études au Quartier Latin, reste davantage un roman de Paris (le Paris de l’exil) qu’un roman de
La Réunion. L’attribution du prix Goncourt aux Leblond en 1909 ne pouvait constituer à
proprement parler une surprise, car ils étaient, dirait-on aujourd’hui « dans les tuyaux » depuis cinq
ans. On les avait sélectionnés dès les débuts du prix : leur Sarabande rate le prix de 1904, leurs
Sortilèges celui de 1905. Ils n’obtiennent le prix qu’en 1909 avec « En France ». Ils obtiennent le
Goncourt pour un roman qui paradoxalement n’est pas présenté comme un roman. Dans une note de
la page 209 du tome II, on peut lire : « ce livre n’est que l’histoire de Clauve Mavel : le roman de
Claude se nouera immédiatement dans Les Jardins de Paris » En France a la subtilité d’inverser le
roman exotique : il ne décrit pas des Français exilés à l’autre bout du monde dans l’univers colonial,
mais tout au contraire la vie de créoles venus en France, ici par la nécessité de faire leurs études.
Roman en ligne www.litterature-reunionnaise.org

RESUME : Ce roman nous raconte avant tout le désenchantement d’un jeune créole et ses
difficultés d’adaptation dans le nouveau milieu où il est transplanté. Claude Mavel flotte au milieu
de ses compatriotes dévalorisés et pour la plupart en situation d’échec. Parti fiancé de La Réunion à
Eva Fanjane dont il était éperdument amoureux, il finira par rompre, sans qu’il en éprouve
beaucoup plus que de la contrariété. Roman de la désillusion, du désappointement, des tourments et
combats intérieurs auxquels Mavel s’efforce de lutter…Paris vaincra !!!

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Extrait 6 : Daniel Honoré- Légendes créoles (Tomes 1 et 2). Saint-Denis: UDIR, 1997 (page 1-
version créole et française.

Extrait 7 : Axel Gauvin – L'Aimé

Résumé :

La grande vieille case est barricadée contre les coups du vent. Dehors les mangues par milliers
déjà tapissent le sol.
Aimé débarque d'un taxi, comme enfanté par le cyclone. Il a connu l'enfer. Il est mourant.
Marguerite le guérira de ses blessures et de ses cauchemars.
La passion la plus forte et la plus pure elle va la connaître enfin près de cet homme de onze ans, le
fils de son fils.
Chaque page du roman d'Axel Gauvin révèle une inspiration nourrie par son île natale. Mais
l'auteur est beaucoup trop écrivain pour tomber dans l'exotisme. Son sujet, c'est l'amour l'amour
inépuisable comme un élément naturel, l'amour plus fort que la mort.

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Extrait 8 : Daniel Vaxelaire – Chasseur de noirs

« Je me nomme Guillaume Brancher, fils d’Alexandre Brancher, colon de l’île Bourbon, et de


Marie Mirel.
J’ai vingt-cinq ans et je sais que je vais mourir.
Il me reste deux à trois mois tout au plus, le temps qu’on réunisse les derniers témoins, et qu’on
fasse venir le grand juge de Port-Louis de l’île de France ; alors le conseil supérieur de Bourbon,
cette assemblée où tant de visages me sont familiers, où j’ai compté tant d’amis, pourra me
condamner.
Je serai fou d’espérer leur clémence. Ils voudront au contraire que mon châtiment soit exemplaire :
je suis traître à plus d’un titre.
Un jour peut-être, les hommes changeront. Les idées aussi. Et les règles coloniales qui régissent ce
siècle seront oubliées, voire méprisées. J’écris ce livre dans l’espoir d’être lu par un homme de
cette époque future.
Pour lui, je veux conter ma vie avec détachement, comme si j’avais déjà quitté mon enveloppe
charnelle. Et devant lui, je ne serai pas tenté de me justifier ; car ce qui est aujourd’hui
circonstance atténuante pourrait être circonstance aggravante dans un siècle…. »

Chasseur de Noirs, Daniel Vaxelaire. Orphie, coll. Autour du monde, 2000 (1982 pour
la première édition). 376 pages.

RESUME :

Auteur de plusieurs ouvrages sur l’île de la Réunion, Daniel Vaxelaire propose ici un récit
historique paru pour la première fois en 1982 qui a fait l’objet de nombreuses rééditions. Le
sujet : la traque des esclaves marrons, un épisode sanglant de l’île. Un homme, Guillaume
Brancher, revient sur sa vie et raconte depuis la cellule où il attend sa condamnation la
relation qu’il a eu avec les esclaves. Élevé dans une famille qui les respectait une ou deux
générations après la colonisation de l’île, il a grandi en jouant avec eux (malgré la différence
dans leurs éducations, l’un étant destiné à ordonner, l’autre à obéir). Puis l’esclavage s’est
intensifié et ce n’était plus un ou deux esclaves par famille, par plantation, mais des centaines
menées par la main de fer des contremaîtres. Plusieurs s’enfuient dans les montagnes, dans les
Hauts, créant de véritables villages organisés. Des chasses à l’homme sont organisées :
Guillaume Brancher y prend part. Mais arrive le jour où il est capturé par les marrons : là, il
découvre un autre monde, apprend à les connaître, à les aimer. Il ira jusqu’à les défendre par
la force, ce que les Blancs ne lui pardonneront pas…

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