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Résumé
L' Eudème est une œuvre de la jeunesse d'Aristote. Il a été écrit au moment où Platon vivait encore et reflète les croyances
orphiques qui sont à la base des conceptions religieuses de Platon. On y trouve soit la croyance que le corps est le tombeau de
l'âme et, par conséquent, que la mort est une naissance à la vie réelle, soit l'affirmation que la mort est un « retour » à la patrie
céleste. Un passage de la Rhétorique montre à quel point Aristote s'est éloigné des conceptions de sa jeunesse et séparé du
platonisme.
Méautis Georges. L'Orphisme dans l'« Eudème » d'Aristote. In: Revue des Études Anciennes. Tome 57, 1955, n°3-4. pp. 254-
266;
doi : https://doi.org/10.3406/rea.1955.3529
https://www.persee.fr/doc/rea_0035-2004_1955_num_57_3_3529
1. Les répétitions, dans ce passage, sont voulues et doivent être gardées dans la
traduction.
2. Le sens de σώζω est toujours favorable. C'est donc indiquer que c'est pour notre bien
que les. dieux nous enferment dans un corps.
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1. Voir Cabrol, Dictionnaire d'archéologie chrétienne, s. v. Natale, t. XII (1935), col. 891.
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1. Suppliantes, v. 214.
2. Kern, Orphicorum Fragmenta, p. 106.
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Ce sont là convictions que nous avons sucé avec le lait, qui sont
dans le sang, et nous ne nous rendons pas assez compte de ce
qu'elles avaient de révolutionnaire au moment où elles firent
leur apparition. Il suffit de songer à l'étonnement qu'éprouve
Achille à l'idée que quelque chose pourrait survivre au corps (IL,
XXIII, 103-104) ou à ses paroles désabusées (Od., XI, 488-491).
« J'aimerais mieux, comme serviteur, travailler chez un pauvre
fermier qui n'aurait pas grand'chose pour vivre, que régner sur
tous les morts qui ne sont plus. »
1. Allusion à l'épicurisme.
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1. Die Dialogen des Aristoteles (1863), p. 25. Cf. Hirzel, Der Dialog (1895), p. 286, et A.
Kail, De Aristotelis dialo gis qui inscribuntur de Philosophia et Eudemus (Diss. Philol. Vin-
dob., XI, 2, 1913).
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1. Nous avons là sans doute une réminiscence des paroles de V Antigone de Sophocle,
v. 426, sur les « lois non écrites ».
2. N'oublions pas que YEudème est un dialogue.
3. Ce sont les paroles mêmes d'Hérodote au sujet de Cléobis et Biton.
4. La conjecture de Bernays ανακαγχάζοντα « éclatant de rire » ne me paraît pas
heureuse.
5. Cf. le début de la parábase des Oiseaux (v. 685 ss.), dont Kern a su parfaitement
déceler l'origine orphique.
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1. Voir surtout République, 496 C-D, qui est une véritable « profession de foi », comme
j'ai cherché à le montrer dans un article : «Sur une phrase de Platon » (Revue de
Philologie, 1931, p. 97.