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Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.

et de Gestion 1

Plan du cours :
1ère Partie : L’entreprise
Chapitre Premier : Généralités sur l’entreprise
Vision de l’entreprise
Evolution de la notion de l’entreprise
But et objectif de l’entreprise
Politiques et stratégies de l’entreprise
l’environnement de l’entreprise
typologie des entreprises
Chapitre Deuxième : Information, pouvoir et décision dans l’entreprise
La décision dans l’entreprise
Pouvoir et autorité dans l’entreprise
L’information dans l’entreprise
Types de communication dans l’entreprise
Chapitre Troisième : La planification dans l’entreprise
stratégies et politique générale de l’entreprise
Stratégies d’ensemble et stratégies d’activité
Plan stratégique, financier et opérationnel
2ème Partie: La conjoncture économique
Chapitre Quatrième : La démarche conjoncturelle
Spécificité du champ conjoncturel
L’analyse de la conjoncture : une démarché scientifique
L’analyse de la conjoncture : une démarche itérative
Chapitre Cinquième : Les étapes de la démarche conjoncturelle
Observer
Diagnostiquer
Prévoir
Décider
Chapitre Sixième : Les activités des ménages
Le rôle des ménages dans l’économie
Les principaux déterminants de l’activité des ménages:
Revenues et épargne des ménages
Les ménages et leurs dépenses de consommation
Les ménages et leurs dépenses d’investissement
Chapitre Septième : Les activités des entreprises
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Le rôle des entreprises et leur importance dans l’économie globale


Principaux déterminants de l’investissement des entreprises
Comment mesurer la production
La création d’emploi symptôme de reprise de l’activité
Investissement et conjoncture
Les variations des stocks et la conjoncture
Les indicateurs et l’activité des entreprises

Bibliographie
1. DUPRIEZ et Cié, L’économie en mouvement. Outils d’analyse de la conjoncture, Ed. De
Boeck, Bruxelles, 2007.
2. LOWENTHAL, P., Analyse conjoncturelle, Vigie de l’économie, Ed. Dunod, Paris, 2007.

3. GREGORY N. et cie, Principes de l’économie, Ed. De boeck, Bruxelles, 2010.

4. MONTOUSSE, M., Théories économiques, Ed. Bréal, Paris, 2004.

5. ROUX, D., Analyse économique et gestion de l’entreprise, Ed. Dunod, Paris, 1989.

6. SIANS, Le prince et la conjoncture, Ed. Duculot, Paris, 1995.


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CHAPITRE PREMIER : DE L’ENTREPRISE EN GENERAL


Les entreprises sont considérées comme le moteur de la croissance économique. Au
fond, ce sont les entreprises qui produisent les biens et les services et par là, multiplient les
richesses. L’expérience a démontré que les économies les plus florissantes sont celles qui
disposent des entreprises dynamiques et compétitives. Pour saisir cette importance des entreprises
dans une économie donnée, il faut maîtriser les différentes faces de la réalité entreprise.

I.1. VISION DE L’ENTREPRISE

De nos jours une entreprise revêt trois facettes :

 L’entreprise est vue comme une cellule économique de production

 L’entreprise est vue comme organisation autonome

 L’entreprise est un système ouvert.

Ces trois facettes sont vécues concomitamment.

A. L’entreprise en tant que cellule économique de production

Produire signifie : fabriquer, rendre service, rendre disponible, les biens dans les
centres de consommation. Il s’agit ici de la conception économique ou classique de l’entreprise
c'est-à-dire de l’entreprise vue du point de vue microéconomique. Cette conception
microéconomique de l’entreprise a été développée par CYERT et MARCH. Elle est basée sur 5
hypothèses ou postulats ou axiomes :

- Pour cette conception l’entreprise n’a qu’un seul objectif, maximiser le profit. Pour
maximiser le profit, l’entreprise doit minimiser les dépenses ou charges et maximiser les recettes ;

- L’entreprise est conduite uniquement par la rationalité économique c'est-à-dire que


dans l’entreprise c’est le calcul qui règne sans aucun sentiment, calcul des coûts et calcul des
recettes ;

- L’entreprise ne s’occupe que de la production ;

- L’entreprise maîtrise son environnement c'est-à-dire il n’y a pas d’incertitude dans


le calcul de l’entreprise. Elle maitrise parfaitement son environnement ;

- L’entreprise ne s’occupe que de prix et de quantité. Toute la théorie économique a


pour équation : quelle quantité pour quel prix (l’entreprise est guidée par la loi de l’offre et de la
demande).

Au vu de cette conception de l’entreprise, DE ROSNAY, a inventorié 3 fonctions


économiques pour une entreprise :
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- La fonction de production et de la création de la valeur ajoutée

- La fonction de répartition de revenu

- La fonction d’investissement et de financement

 La fonction de production et de la création de la valeur ajoutée :

Au niveau des ménages, l’entreprise est d’une importance capitale car c’est elle qui
produit les biens et les services que les individus acquièrent pour satisfaire leurs besoins.

Au niveau de la société toute entière, l’entreprise crée la richesse c'est-à-dire,


l’entreprise crée la croissance économique c'est-à-dire dégage la valeur ajoutée ou le surplus
monétaire qui sera réinjecté dans le circuit économique pour accroître la capacité de production
d’une économique et à long terme, élever le niveau de vie de la population.

 La fonction de la répartition de revenu

Le revenu est entendu comme une rémunération, une rétribution. Or, pour produire
l’entreprise a fait appel à des facteurs de production lui livrés par d’autres agents économiques.
Ainsi, la valeur ajoutée en tant que surplus monétaire réalisé par l’entreprise doit rémunérer tous
les agents économiques ou facteurs de production ayant concouru à la production. En d’autres
termes, la valeur ajoutée sera répartit :

- Sous forme de salaire que l’entreprise verse à son personnel (revenu de ménage) ;

- Sous forme de dividende aux associés ou actionnaires (revenu de ménage et des autres
entreprises) ;

- Sous forme d’impôts et taxes versés à l’Etat ou aux autres institutions et pouvoir public ;

- Sous forme d’autofinancement de maintien pour l’entreprise (amortissements et provisions


constitués) ;

- Sous forme d’autofinancement de croissance pour l’entreprise (le bénéfice à conserver ou


non distribué) ;

- Sous formes de frais financiers et intérêts versés aux institutions financières ;

- Sous formes de cotisations ou charges sociales versées aux organismes publics sociaux
comme l’INSS, L’INPP…

 La fonction d’investissement et de financement

Au plan macroéconomique, investir c’est acquérir des nouveaux biens productifs ou


c’est accroître la capacité productive. Ainsi, lorsqu’une personne construit une maison à exploiter
comme hôtel, du point de vue macroéconomique, il y a investissement. Par contre, lorsqu’une
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personne achète une maison existante et l’exploite comme hôtel, du pont de vue
macroéconomique, il n’y a pas eu investissement parce que le stock de biens productifs n’a pas
augmenté, il y a eu simplement transfert d’un bien existant d’une personne à une autre.

Dans le cadre de ce cours, c’est seulement la conception microéconomique de


l’investissement qui nous préoccupe.

De ce point de vue, un investissement est toute affectation des capitaux à des activités
productives. Une acticité productive est celle qui permet de récupérer le capital investi, et de
dégager un surplus monétaire en termes de gain, boni ou bénéfice.

Par ailleurs, pour réaliser un investissement, il faut disposer d’un financement


conséquent.

Ce financement peut provenir de l’entreprise elle-même (l’autofinancement) ou des


propriétaires de l’entreprise (apport en capitaux propres). L’investissement peut être financé aussi
par emprunt en s’adressant au marché traditionnel de crédit ou au marché financier. Enfin,
l’investissement peut être financé par leasing ou crédit bail.

Il est vrai que l’entreprise est une cellule économique de production mais on ne peut
pas la ramener à cette unique dimension parce que les hommes y travaillent et y vivent.

B. L’entreprise comme organisation autonome

Dire qu’une entreprise est une organisation autonome signifie que l’entreprise est une
cellule sociale et une organisation organisée. En effet, l’expérience a démontré dans l’entreprise
qu’il n’y avait pas que le calcul et la rationalité économique qui dominaient. Le profit n’était pas le
seul objectif poursuivi, l’entreprise était plus que cela. En d’autres termes, l’entreprise en tant que
cellule sociale revient à dire qu’elle est « une communauté d’hommes et de femmes au travail, un
ensemble structuré des groupes et d’individus dont les interactions et les dynamiques
conditionnent le bon fonctionnement de l’entreprise ».

De ce qui précède, on peut dire que le fonctionnement de l’entreprise dépend de tous


les groupes sociaux participant à la vie de celle-ci. Il s’agit des actionnaires ou des propriétaires,
des cadres de maîtrise ou de direction, ainsi que l’ensemble du personnel.

Par son comportement, chaque catégorie participant à la vie de l’entreprise exerce une
influence sur les actions de celle ci. Pour atteindre ses objectifs, l’entreprise doit structurer ses
activités et coordonner l’activité des groupes sociaux qui la constituent car leurs buts personnels ne
sont pas nécessairement convergents avec ceux de l’entreprise.
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L’entreprise est aussi une organisation c'est-à-dire un ensemble d’individus reliés par
des réseaux d’information et participant à une activité commune (organisation au sens d’entité ou
institution).

En définitive nous pouvons retenir que l’organisation d’une entreprise à trois grandes
composantes à savoir :

 Tous les participants à la vie de l’entreprise doivent être motivés et leurs besoins
satisfaits pour qu’ils puissent agir dans le sens de la réalisation des objectifs de l’entreprise elle-
même ;

 Les objectifs poursuivis par les différents participants à la vie de l’entreprise


doivent être harmonisés ou pris en compte pour que les objectifs de l’entreprise soient réalisés ;

 Enfin, l’assignation de rôle à chaque participant pour l’amener à la réalisation des


objectifs de l’entreprise.

C. L’entreprise comme système ouvert

Un système définit comme : » un ensemble d’éléments liés entre eux et organisés en


fonction d’un but ». En d’autres termes, un système est un ensemble des règles interdépendant de
telle manière qu’une perturbation sur un des éléments arrête toute la machine.

L’entreprise est aussi un système car toutes ses composantes sont liées les unes aux
autres de telle manière que si une manque ou bloque, toute l’entreprise est paralysée. En définitive,
la notion de système tourne autour de 4 éléments à savoir : L’environnement, les variables ; la
structure et la régulation ou le pilotage.

a) L’environnement : C’est le milieu dans lequel l’entreprise évolue avec ses activités. Cet
environnement peut être physique ou immatériel.

b) Les variables du système : Il s’agit des éléments qui conditionnent le fonctionnement du


système. On distingue d’une part les variables d’entrée ou intrants et les variables de sorties ou
extrants. Les variables d’entrée sont celles qui viennent de l’environnement et affectent le système
(l’entreprise). C’est le cas notamment des matières premières, matières consommables, l’énergie,
l’inflation régnant sur le marché,… Par contre, les variables de sortie résultent de l’action du
système sur l’environnement, autrement dit ce sont les résultats de l’action du système. Par
exemple les actions promotionnelles de l’entreprise sur l’environnement, les effets des actions de
l’entreprise sur l’environnement (par exemple la pollution)

c) La structure du système : Chaque système fonctionne avec une structure qui indique comment
les parties du système sont reliées entre elles pour transformer les intrants en out – put.
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d) La régulation du système ou de pilotage du système : Consiste à résorber les perturbations qui


peuvent affecter le fonctionnement normal du système. Pour arriver à faire la régulation d’un
système, on peut recourir à 2 procédures : La procédure anticipative et la procédure rétroactive.

 Par la procédure anticipative, on essaie d’anticiper les perturbations de l’environnement sur


le système et on prend des dispositions pour contenir les perturbations au cas où elles se
produiraient.

 Par la procédure rétroactive, on se réfère au feed – back ou « son de retour » pour prendre
de dispositions qui permettent de contenir les perturbations précitées.

I.2. BUT ET OBJECTIFS DE L’ENTREPRISE

Dans le langage courant, le mot objectif est considéré comme synonyme de but.
Cependant, il y a une grande nuance entre les 2 notions quand bien même elles restent liées.

En effet, le but c’est la finalité de finalité c’est à dire la raison au delà de laquelle il n’y
a pas d’autres raisons pour telle ou telle action. Par contre, un objectif est un simple préalable pour
arriver au but, autrement dit un objectif est intermédiaire et il n’est pas final. S’agissant du but il
est unique pour toutes les entreprises : c’est la recherche de la rentabilité pour les capitaux investis
que certains appellent la recherche du profit.

Quant aux objectifs, ils sont nombreux et dépendent d’une entreprise à l’autre. Et pour
la même entreprise ; ils peuvent évoluer d’une période à l’autre. Au niveau de l’entreprise, les
objectifs sont assignés au niveau de département ou service, mais la réalisation de ses objectifs
doit permettre d’atteindre le but ultime de l’entreprise.

Exemple :

 Au niveau du service commercial et marketing, l’objectif peut être fixé en termes de


ventes à réaliser ;

 Le service du personnel peut avoir pour objectif, la réduction des absences de 50% ;

 Au niveau du service de production, l’objectif peut être : avoirs moins de déchets et


rebuts (produit raté).

I.3. POLITIQUE ET STRATEGIE DE L’ENTREPRISE

De nos jours, le monde est devenu très compétitif, les entreprises qui n’ont pas de
vision sont appelées à disparaître. Pour se maintenir, il faut se définir des lignes de conduite en se
fixant des stratégies ou des objectifs.

Le monde économique actuel, est un monde compétitif est très exigent pour les
entreprises. Pour demeurer compétitive, une entreprise doit garder une certaine longueur d’avance
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sur ses concurrents. Pour y arriver, l’entreprise doit avoir une vision c'est-à-dire elle doit définir à
l’avance son avenir c'est-à-dire ce qu’elle souhaite devenir. Cela n’est possible que dans le cadre
d’une gestion prévisionnelle. Cette gestion prévisionnelle consiste à définir les objectifs, à arrêter
la politique de leur réalisation grâce à une stratégie.

Comme nous l’avons dit précédemment, les objectifs sont de préalables à franchir pour
arriver au but. Ces objectifs sont nombreux. Il peut s’agir entre autre : De l’élargissement de la part
du marché ; de la réduction du taux d’absentéisme dans l’entreprise ; de la réduction du coût de
financement ; de la réduction du coût de production de l’entreprise ; etc.

Pour atteindre tous ces objectifs, il faut poser des actes, prendre des décisions. C’est ce
que l’on appelle la politique. En d’autre terme, la politique est l’ensemble de décisions et actions
menées pour atteindre les objectifs. Ces actions ne peuvent être menées de n’importe quelle
manière, il faut définir une démarche cohérente que l’on appelle stratégie. Autrement dit, la
stratégie de l’entreprise est l’ensemble des grandes orientations à moyen et long terme mis en
place pour conduire les actions de l’entreprise.

Certains auteurs pensent que stratégie et politique sont synonymes. Cependant, il y a


une nuance importante entre ces 2 notions quand bien même il est difficile d’établir une coupure
nette entre ces deux concepts. Malgré ce télescopage (confusion) entre politique et stratégie, il sied
de noter que la politique est une concrétisation à court terme de la stratégie qui elle, est à long et
moyen terme. Comme on peut s’en rendre compte, la définition des objectifs, de la politique et de
la stratégie relèvent de la responsabilité du sommet stratégique ou de la haute direction de
l’entreprise.

I.4. L’ENVIRONNEMENT DE L’ENTREPRISE

Chaque entreprise évolue dans un milieu, dans lequel certains éléments influencent
positivement ou négativement les activités de celle-ci. Ce milieu géographique et les variables
ambiantes qui y règnent constituent ce que l’on appelle l’environnement de l’entreprise. Cet
environnement est à la fois source des menaces et d’opportunités pour l’entreprise.

Les opportunités désignent les chances que cet environnement peut offrir à l’entreprise
pour développer ses activités. Exemple : dans une économie prospère où les affaires tournent parce
que la demande solvable existe, les entreprises ont beaucoup de chances ou d’occasions pour
développer leurs activités. Par contre, les menaces désignent les goulots d’étrangement ou les
obstacles ou les difficultés qui freinent le développement des activités de l’entreprise.
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Tout l’effort qui est attendu d’un gestionnaire d’entreprise est de saisir ces
opportunités et de prendre des mesures pour se protéger face aux menaces de l’environnement.
Pour ce faire, le gestionnaire doit identifier les variables de l’environnement.

1.4.1 Les variables de l’environnement

Les variables dans tout modèle économique désignent les éléments qui peuvent
changer ou évoluer dans le temps. Ces variables peuvent être endogènes c'est-à-dire les
phénomènes qu’on cherche à expliquer et elles peuvent être exogènes c'est-à-dire les phénomènes
qui expliquent les phénomènes observés. Par exemples, dans la loi de la demande, la variable
endogène ou à expliquer reste la quantité demandée ou achetée d’un bien. Par contre les variables
exogènes sont celles qui expliquent pourquoi on a demandé ou acheté telle quantité de tel ou tel
bien. Il s’agit notamment du prix de ce bien lui-même, des prix de bien de substitution à ce bien,
de la religion, du goût de consommateur, etc.

De manière générale, les variables exogènes sont non contrôlables à 100% par le
gestionnaire et on les regroupe généralement en deux catégories. Nous avons les variables
exogènes à influence nette et les variables exogènes d’environnement.

Les variables exogènes à influence nette sont celles que le gestionnaire peut
appréhender mais pas forcement les maîtriser (décider sur leur sort). Exemple : la Brasimba peut
expliquer la demande de la bière Simba mais ne peut pas décider sur ce que sera cette demande.

Par ailleurs, les variables exogènes d’environnement sont celles que le gestionnaire ne
sait pas appréhender ou expliquer et se présentent à lui comme des contraintes à respecter ou dont
il faut tenir compte.

Exemple : le taux d’inflation sur le marché ; l’évolution de l’activité économique globale

1.4.2 Les niveaux de l’environnement de l’entreprise

Les composantes de l’environnement n’agissent pas de la même manière sur les


activités de l’entreprise. C’est ainsi qu’il faut repérer les différents niveaux de l’environnement
pour comprendre comment chaque variable peut influencer les activités de l’entreprise. KOTLER
et DUBOIS, distinguent 4 niveaux de l’environnement à savoir : le secteur d’activité de
l’entreprise ; la concurrence ; le public et, le macro environnement

a) Le secteur d’activité de l’entreprise : C’est l’ensemble des entreprises exerçant une


même activité principale. Comme nous le verrons par la suite, colin CLARK dit qu’il y a 3
secteurs d’activités :

- le secteur primaire : (entreprise agricole, entreprise de production de pétrole et entreprise


de production minière ;
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- le secteur secondaire (les entreprises industrielles) ;

- le secteur tertiaire (entreprises commerciales ou de distribution, entreprises de prestation de


service et les administrations).

Chaque secteur d’activité connaît de problèmes particuliers que les autres secteurs ne
connaissent pas. Chaque secteur d’activité à ses propres contraintes dont il faut tenir compte.

b) La concurrence : C’est la compétition entre les entreprises ou les produits qui se


disputent un marché. Pour les entreprises qui opèrent déjà sur un marché, la concurrence peut se
faire de 3 façons ;

- La concurrence directe c'est-à-dire les produits de même nature ou les produits


similaires. Exemple : la concurrence entre SKOL ET PRIMUS ;

- La concurrence indirecte : celle qui émane des produits de substitution. Exemple : la


concurrence entre la viande de bœuf et les poissons chinchards (Mpiodi ou Thomson) ; la
concurrence entre la bière et l’alcool indigène ;

- La concurrence potentielle ou latente est celle qui menace les entreprises à la suite
de l’entrée possible de nouveaux venus sur le marché.

c) Le public : Le public d’une entreprise est constitué des personnes ou des institutions
auxquelles l’entreprise s’adresse avec son produit ou alors qui sont intéressés par les activités de
l’entreprise. Le public de l’entreprise est diversifié ou composite. Il peut comprendre :

- Le public indésirable par l’entreprise, il s’agit des personnes ou des institutions qui
présentent ou constituent une source de menace pour l’entreprise. L’entreprise est obligée de
s’intéresser à ce public malgré elle. Elle est obligée de tenir compte de ce public. Au fond ce
public fait pression sur l’entreprise et ses activités. Exemple :

- le public recherché par l’entreprise : il s’agit des personnes ou des institutions dont
l’entreprise a besoin pour se faire connaître ou faire connaître ses produits. Ce public a besoin de
l’entreprise, mais c’est l’entreprise qui a plus besoin de lui. Exemple : les mass médias ; chaîne de
télévision, chaîne de radio, les journaux, les agences en publicité,…

- le public mutuel est composé de personnes ou des institutions auxquelles


l’entreprise s’intéresse et vice versa. Exemple : les institutions financières, les placeurs des
capitaux, les associés ou les actionnaires de l’entreprise.

d) Le macro environnement : Il s’agit de l’environnement au niveau global ou sociétal.


Ce macro environnement a plusieurs facettes :
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- Le macro environnement juridico légal c'est-à-dire les lois, les mesures


réglementaires existantes qui régissent les activités économiques dans un milieu ;

- Le macro environnement socio – économique et culturel il s’agit des données


économiques sociales et culturelles qui affectent les activités de l’entreprise dans un
environnement. Il peut s’agir des habitudes d’achat ou de consommation de la population, du
pouvoir d’achat de la population (revenu réel), la religion qui règne dans un milieu, les coutumes
d’un milieu ;

- Le macro environnement politico – institutionnel, il s’agit des différentes


institutions politiques et publiques qui gèrent un pays ou espace géographique donné et
l’entreprise doit entretenir des bonnes relations avec ses institutions.

En outre, le climat politique général qui règne dans un milieu donné c'est-à-dire le climat social est
un facteur déterminant pour les activités de l’entreprise. Dans un milieu caractérisé par les conflits
politiques, la guerre civile ou les troubles sociaux, les entreprises ne peuvent pas bien fonctionner
et souvent sont exposées à de risques de pillage. Il revient alors aux institutions politiques de faire
régner la paix et la tranquillité dans le pays. Quant aux entreprises elles doivent donner les moyens
aux institutions politiques en payant les impôts et taxes et autres redevances exigés par ces
dernières.

NB : Au-delà du macro environnement national, les entreprises d’un pays sont aussi affectées par
l’environnement international. Dans cet environnement international on peut citer la concurrence
internationale, le défit technologique…

I.5 TYPOLOGIE D’ENTREPRISES

Dans toute économique il y a une diversité d’entreprises. Pour parler de toutes les
entreprises, on les regroupe par catégorie. Dans cette typologie ou catégorisation, plusieurs critères
servent de référence. Cependant la classification des entreprises la plus retenue actuellement est
celle fournie par DARBELET et MAX – PLAT. Elle est basée sur 3 catégories de critères : Les
critères juridiques, les critères économiques et les critères structurels.

I.5.1.Classification des entreprises selon les critères juridiques :

Au point de vue juridique, on valorise le critère forme juridique de l’entreprise. Ce


critère peut désigner le nombre des propriétaires de l’entreprise ou la qualité juridique du
propriétaire ou des propriétaires. Donc de ce point de vue on distingue 3 catégories d’entreprises :

 Les entreprises du secteur privé,


 les entreprises du secteur public et
 les entreprises du secteur social ou coopératif.
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A. Les entreprises du secteur privé


Ces entreprises se caractérisent par deux traits essentiels sont :
- Elles appartiennent à des particuliers ou à des personnes morales du droit privé.
Bref, ce sont les entreprises dans lesquels l’Etat ne participe pas au capital ;
- Leurs finalité première est la recherche de la rentabilité ou du bénéfice.

Les entreprises du secteur privé sont des deux grandes catégories à savoir : les
entreprises individuelles et les entreprises sociétaires :

Les entreprises individuelles :

Il s’agit d’une entreprise privée dont le 100% du capital appartient à un seul individu.
Il décide de tout sur son entreprise. Il est le seul pourvoyeur des capitaux, à la limite, il et difficile
de distinguer sa vie privée de celle de son entreprise.

L’expérience démontre que la plupart des entreprises individuelles n’ont pas fait long feu parce
que les possibilités financières d’une personne se révèlent toujours limités d’une part, d’autre part,
le système financier ou l’environnement financier ne sait pas faire crédit à ces entreprises à cause
des risques auxquelles elles sont exposées du fait de la responsabilité illimité du seul propriétaire.
Particulièrement en RDC, malheureusement c’est la forme d’entreprises la plus répandue par
manque d’esprit d’association et de partage de risque.
Société ou entreprise sociétaire :

Une entreprise est dite sociétaire lorsque le capital social est détenu par au moins deux
personnes qui sont propriétaires de cette entreprise.

Forme d’entreprise constituée par les apports et les prestations des associés
débouchant sur une personnalité juridique distincte et disposant d’un patrimoine propre.
Type:
 la société de personnes, Celle dans laquelle la personnalité des associées et
l’élément primordial. Exemple ; société familiale, la SNC.
 la société de capitaux, Celle dans laquelle l’accent est mis sur la réunion des
capitaux apportés par les associés. Exemple : la société anonyme.
 la société mixte, Celle qui combine les spécificités des 2 précédentes. Exemple :
la SPRL
En ce qui est du statut juridique des sociétés, Le droit commercial énonce, les
différentes spécificités juridiques des sociétés, notamment en ce qui concerne :
- La société en non collectif (SN)
- La société anonyme (SA)
- La société privée à responsabilité limitée (SPRL)
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- La société privée à responsabilité limitée unipersonnelle (SPRLU)


B. Les entreprises du secteur public
Généralités
Une partie de la production nationale est réalisée par les entreprises publiques
dans lesquelles la propriété des moyens de production est détenue par l’Etat ou par les
collectivités publiques.
Elles ont comme origines, absence d’initiative privée (la culture), absence de rentabilité (les
transports), recherche de ressources financières (la poste).
Finalité
L’entreprise publique trouve sa raison d’être dans la recherche de l’intérêt
générale, la rentabilité d’une exploitation n’est pas l’élément déterminant.
Caractères
- ressources financières pour les pouvoirs publics
- exploitation au service du consommateur
- déficit comblé par l’Etat
- productivité peu élevée (coût, motivation)
- modalités de recrutement (rémunération, politisation, limitation de la responsabilité)
- lenteur de décision et d’exécution
- modification aisée des prix
Formes
Elles résultent de la manière dont la gestion et le contrôle de l’exploitation sont
réalisés par les pouvoirs publics.
 L’entreprise étatisée (régie directe) l’Etat fournit le capital. Exploite lui-même et
exerce seul le contrôle (notamment par un ministre de tutelle). Exemple : la régie des postes
 la concession : L’Etat confie l’exploitation d’un service public à une entreprise pour
un temps déterminé et sous certaines conditions. Exemple : transports en commun.
 la société d’économie mixte : L’Etat s’associe au secteur privé afin d’exploiter et
gérer en commun. Exemple : la Miba
 l’établissement public : Crée pour remplir des tâches d’utilité publique, il jouit
d’une autonomie de gestion mais reste sous contrôle des pouvoirs publics. Exemple : L’OND.
 la société commerciale de droit public : Elle s’occupe de tout ce qui est d’intérêt
public et est souvent constituée sous forme de société coopérative. Exemple : la distribution d’eau.
La majorité de la population a la possibilité de se prendre en charge et par conséquent
leurs entreprises publiques peuvent être privatisées, l’environnement socio – économiques du tiers
monde ne s’apprête pas encore à la privatisation, car l’on considère qu’il y a des secteurs
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stratégiques ou de services universels auxquels la majorité de la population du tiers monde n’aurait


pas accès si les entreprises publiques étaient privatisées.
Dans le cas de la RDC, nous avons 3 catégories d’entreprises publiques :
- Les sociétés d’Etat ou les entreprises para – étatiques, il s’agit au fond des anciennes
entreprises privées qui ont été nationalisées par l’Etat pour servir l’intérêt général. Exemple : la
GECAMINES, La SONAS ;
- Les EPIC (Etablissement Publics à Caractère Commercial et Industriel). Il s’agit des
entreprises créées par l’Etat lui-même pour exercer les activités commerciales et industrielles dans
le but de l’intérêt général. Exemple : CITY TRAIN
- les entreprises d’économie mixte ou les entreprises mixtes sont des entreprises dans
lesquelles le pouvoir public est associé à des particuliers. Exemple : la MIBA.
C. Les entreprises du secteur coopératif ou de secteur social :
Selon SIBILLE, H, "une entreprise coopérative est une organisation économique dont
les adhérents ou membres détiennent collectivement la propriété, participent à la gestion de façon
démocratique et se répartissent les excédants au prorata non pas de leurs apports en capital mais de
leur utilisation des services de la société ou de leur participation à ses activités".
Ces entreprises sont une sorte de mutuelle, c’est pour cela qu’elles forment l’économie
sociale d’un pays. Leur finalité n’est pas la recherche de profit, mais si elle réalise les profits, ces
profits sont utilisés pour servir les besoins des membres. Les domaines où opèrent les entreprises
coopératives, c’est le domaine de l’artisanat, l’agriculture, la petite industrie. Le secteur coopératif
est composé des coopératives agricoles ainsi que des coopératives d’épargne et de crédit.
I.5.2 Classifications des entreprises selon les critères économiques

D’après ces critères, les entreprises sont classifiées soit selon leur dimension soit selon
la nature de leurs activités.

A. Classification économique des entreprises selon la taille

La taille d’une entreprise c’est sa dimension ou sa grandeur. De ce point de vue on


distingue :

- les petites entreprises ;

- les moyennes entreprises ;

- les grandes entreprises

Cette distinction des entreprises répond à une finalité économique qui consiste pour les
pouvoirs publics à orienter son encadrement et son aide à l’égard des entreprises. De manière
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générale, les petites entreprises sont encore fragiles et ont plus besoin du pouvoir public que les
autres.

En définitive, retenons que la taille d’une entreprise ne se mesure pas de la même


manière dans tous les pays. En France, pour mesurer la taille d’une entreprise on tient compte de
l’effectif du personnel et de l’équipement industriel. Aux Etats – unis seul le chiffre d’affaire
annuel est pris en compte pour mesurer la taille de l’entreprise. Dans notre pays, la taille de
l’entreprise est mesurée par le capital social de l’entreprise. En principe chaque année, il y a un
arrêté interministériel qui fixe les tranches du capital pour les petites, les moyennes et les grandes
entreprises.

B. Classification économique des entreprises selon la nature de l’activité

Ici, on valorise la notion des secteurs d’activité ou des branches d’activités. En parlant
du secteur d’activité on se réfère à Colin CLARK. Pour lui, un secteur d’activité est un domaine
d’activité ayant un élément commun de référence pour toutes les entreprises qui y évoluent. Ainsi,
d’après ce critère, il distingue les entreprises primaires, secondaires et tertiaires :

Les entreprises primaires exploitent en commun l’élément naturel et elles comprennent


3 sous catégories :

 les entreprises agricoles d’élevage et de pêche. Exemple : les fermes, les


plantations ;

 les entreprises d’extraction des produits pétroliers ou des hydrocarbures. Exemple :


la SOCIR, GOLF OIL, EXXON,… ;

 les entreprises de production minière. Exemple : MIBA, GECAMINES, BOSS


MINING.

Quant aux entreprises secondaires, elles désignent des entreprises de transformation


ou des entreprises industrielles. Exemple : les boulangeries, brasseries, savonneries, les huileries.

Les entreprises tertiaires ne produisent rien issu de la transformation, n’exploitent


aucun élément naturel mais rendent soit des services ou commercialisent les produits fabriquées ou
produits par les autres. Les entreprises tertiaires sont des 3 ordres :

 les entreprises de prestation de services marchands. Exemple : CAA, HEWA


BORA, VANTRASKA, BUREAUT, OVE ;

 les administrations ou entreprises de prestation de services non marchands.


Exemple : les divisions provinciales, les ONG.
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 16

 Les entreprises de distribution. Exemple : Les maisons d’habillement telles que,


Kapimo, Nzangula, et les entreprises comme Hyperpsaro etc.

Cette classification des entreprises d’après leur nature d’activité permet de dégager la
contribution de chaque catégorie d’entreprise à la création de la valeur ajoutée dans l’entreprise. A
ce titre, il est démontré que les entreprises industrielles sont les plus grandes créatrices de la valeur
ajoutée, raison pour laquelle lorsqu’un pays veut se développer, il doit d’abord s’industrialiser. Sur
le plan fiscal et douanier, les entreprises industrielles retiennent l’attention du pouvoir public au
plus haut point.

NB : nous venons de voir qu’une entreprise peut être de telle ou telle forme. Cette position de
l’entreprise dans l’économie, la prédispose à s’adapter facilement ou difficilement aux variations
conjoncturelles.

I.5.3Classification selon les limites structurelles

Chaque entreprise fonctionne avec une structure qui indique ses différentes
subdivisions et les relations qu’elles entretiennent. De ce point de vue on distingue :

 Les entreprises à structure divisionnaire où les opérations de l’entreprise sont


regroupées par leur degré d’homogénéité ;

 Les entreprises à structure fonctionnelle où les subdivisions coïncident avec les


opérations majeures de l’entreprise ;

 Les entreprises à structure matricielle qui combinent les deux structures


précédentes.
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 17

CHAPITRE II. INFORMATION, POUVOIR ET DECISION DANS


L’ENTREPRISE
Décider c’est opérer un choix, on peut décider de produire telle quantité, on peut
décider de faire une action publicitaire ou promotionnelle, on peut décider d’engager des nouvelles
unités, on peut décider de supprimer un produit, etc.

Comme on peut le remarquer, l’entreprise ne fonctionne qu’à la suite de choix opérés


ou des décisions prises. Par ailleurs, une entreprise étant une organisation, il ne revient pas à tout
le monde de décider. En termes clairs, il n’y a que les dirigeants ou les responsables qui décident.

Intimement, la notion de décision est liée à celle du pouvoir. Enfin, les décisions prises
ou les options levées ont de conséquences sur la vie présente et future de l’entreprise. Raison pour
laquelle les décisions ne doivent pas se prendre au hasard, ni sur base des émotions, mais au
contraire sur base des informations pertinentes et vérifiées. Voilà pourquoi certains auteurs disent
que l’information c’est la matrice ou la matière première de la décision. D’autres auteurs disent :
celui qui a l’information a le pouvoir et c’est celui qu’à le pouvoir qui décide.

II.1.LA DECISION DANS L’ENTREPRISE

A. Définition de la décision

Selon DARBERT et al. une décision est un « processus conduisant à un choix portant
sur la mise en œuvre des ressources ou la détermination d’objectifs compte tenu d’un ou de
plusieurs critères dévaluation de solution ».

B. Types de décisions

Dans l’entreprise, il y a une multitude de décisions à prendre mais toutes ces décisions
peuvent se regrouper selon tel ou tel critère.

B.1.Types de décisions selon l’objet sur lequel porte la décision

D’après ce critère il y a 3 types de décision à savoir :

 Les décisions stratégiques ou grandes décisions ;

 Les décisions tactiques ou administratives ou moyennes ;

 Les décisions opérationnelles ou petites

 Une décision est dite stratégique lorsqu’elle porte sur les relations de l’entreprise
avec son environnement et cette décision est essentielle c'est-à-dire touche même à l’existence de
l’entreprise ou même à l’essentiel de son activité. Cette décision vise à permettre à l’entreprise de
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s’adapter à son environnement pour ne pas disparaître. Exemple : la réalisation d’un nouvel
investissement productif ou encore le lancement d’un nouveau produit sur le marché ;

 La décision est dite tactique ou administrative lorsqu’elle porte sur l’affectation des
ressources de l’entreprise. Ces ressources peuvent être matérielles, humaines ou financières.
Exemple : comment affecter le personnel productif entre les différents aterlis de l’entreprise ou
encore comment motiver le personnel de l’entreprise

 Une décision est dite opérationnelle ou de gestion courante lorsqu’elle ne fait


qu’appliquer une mesure pour exécuter une tâche quotidienne.

En termes de volume ou quantité les décisions opérationnelles sont les plus


nombreuses, elles sont suivies des décisions administratives et on termine par les décisions
stratégiques qui sont les moins nombreuses. Cependant cette distinction entre les décisions est
d’ordre pédagogique, car en réalité ces 3 types de décisions sont hiérarchisées et pas
indépendantes.

En d’autres termes, au niveau stratégique la décision consiste en une orientation. Au


niveau tactique, la décision consiste à convertir l’orientation reçue en une directive ou instruction
précise à exécuter. Enfin, au niveau opérationnel, la décision consiste en l’exécution ou en
l’application sur terrain de ces directives ou instructions reçues.

B.2.Type de décisions selon l’échéance

En matière de décision, une échéance désigne le temps pendant lequel la décision prise
aura des effets. De ce point de vue, on distingue 3 types de décisions à savoir : les décisions à
court terme, les décisions à moyen terme et les décisions à long terme.

 Les décisions à court terme sont celles qui produisent des effets dans l’immédiat et
sur un temps plus au moins court. Exemple : la décision d’élaborer le budget de trésorerie, ou
d’élaborer un planning de production ou d’acheter la matière première ou de réapprovisionner le
stock. Retenons que les décisions à court terme coïncident avec les décisions opérationnelles et ces
décisions à court terme sont très réversible c'est-à-dire on peut le modifier souvent par la mesure
correctives parce qu’elles ne touchent pas à l’existence de l’entreprise ou de l’activité ;

 Les décisions à moyen terme produisent les effets pendant un temps supérieur à un
an et de telles décisions doivent être revues rarement parce que leur révision a des conséquences
lourdes pour l’entreprise. Exemple : la décision de créer une nouvelle unité des productions.
Notons cependant dans la pratique que le moyen terme et les longs termes sont confondus ;
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 19

 Les décisions à long terme sont celles qui touchent même à l’existence de
l’entreprise et à ses principes fondamentaux ou à sa politique générale. De telles décisions doivent
être exceptionnelles et rares dans la vie de l’entreprise.

B.3.Selon le champ couvert par la décision et l’échéance envisagée

Le champ couvert par une décision dans l’entreprise désigne les personnes ou les
subdivisions concernées par la décision ou l’entreprise elle-même dans son entièreté. D’après ces
critères combinés, on distingue 3 types de décisions :

 Les décisions de planification qui concernent l’entreprise dans son entièreté et qui
sont souvent à long terme. Exemple : la décision de fusion ou d’absorption, la décision de
l’implantation de l’entreprise dans un lieu donné, etc.

 Les décisions de pilotage de l’entreprise portent généralement sur une subdivision


de l’entreprise ou un sous système de l’entreprise. La décision de pilotage de l’entreprise vise à
permettre à l’entreprise ou au sous système de s’adapter aux fluctuations économiques de
l’environnement, de surveiller l’évolution de la conjoncture ou alors de le contrôler c'est-à-dire de
maîtriser l’environnement. Exemple : le lancement d’une compagnie promotionnelle pour le
produit lancé ;

 Les décisions de régulation sont celles qui permettent à l’entreprise de fonctionner


normalement au jour les jours. Exemple : les décisions relatives à la gestion de la trésorerie, les
décisions à l’accélération de la facturation et les décisions à la gestion de stock.

C. La démarche du décideur ou le processus décisionnel

Ce qui précède démontre suffisamment combien les décisions sont capitales dans la vie
de l’entreprise. C’est pourquoi prendre une décision est une démarche ou un processus qui doit se
faire par étape afin d’éviter la précipitation.

La théorie existante nous apprend que le processus décisionnel se fait en 2 grandes


étapes :

 La définition d’un avenir souhaitée par l’entreprise

 La prise de décision elle-même

C.1.Définition du futur ou de l’avenir souhaité par l’entreprise

C’est à l’entreprise de choisir ce qu’elle veut devenir. Ce choix ne se fait pas au


hasard, il doit tenir compte de l’histoire ou de l’expérience vécue par l’entreprise. Il doit tenir
compte de la culture et de l’identité de l’entreprise, de la position de l’entreprise sur le marché,…
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En d’autres termes, définir le futur de l’entreprise c’est à la fois fixer des objectifs et
adopter une démarche stratégique.

 Les objectifs peuvent être généraux à long et à moyen terme. Ils peuvent être
également opérationnels. Parmi les objectifs généraux on peut citer les objectifs financiers.
Exemples : la quantité à long terme des capitaux ou le verrouillage du capital

 Les objectifs organisationnels et techniques. Exemple : la maîtrise de la technologie


de pointe et la flexibilité offensive ou défensive de l’entreprise

 Les objectifs sociaux et philanthropiques. Exemple : arriver à mieux servir les


consommateurs et contribuer à l’assainissement de l’environnement

 Les objectifs d’aspirations individuelles pour les propriétaires de l’entreprise.


Exemple l’autonomie financière de l’entreprise.

La détermination des objectifs généraux passent par leur opérationnalisation c'est-à-


dire leur conversion en objectifs opérationnels quantifiés et réalisables à court terme. Mais notons
simplement que le futur souhait ne peut pas être sans une stratégie appropriée.

C.2.Les décisions elles mêmes

On ne peut prendre des décisions qu’en restant dans la logique des orientations
stratégiques. Mais ces orientations stratégiques se réalisent grâce aux plans d’action et de budgets .

II.2. POUVOIR ET AUTORITE DANS L’ENTREPRISE

A. Le pouvoir

D’après MAX WEBER, le pouvoir d’un individu ou d’un organe est sa capacité à
imposer sa volonté ou à forcer l’obéissance des autres ou à faire prévaloir son opinion ou son
point de vue au sein d’une organisation ou d’une entreprise. A la notion du pouvoir, il faut attacher
celle de la compétence ou de l’attribution. En d’autres termes, le pouvoir est un ensemble de
compétences dévolues par les textes qui régissent une organisation ou une entreprise ou une
institution à un individu ou à un organe de cette entreprise ou cette organisation ou cette
institution. Ces compétences peuvent être territoriales, matérielles ou personnelles.

 Compétences territoriales : on voit l’espace géographique ;

 Compétences matérielles : les différentes matières sur lesquelles on peut décider ;

 Compétences personnelles : les individus ou les personnes sur lesquelles ont peut
décider
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Autrement dit, le pouvoir ne tient pas à la personne de l’individu qui l’exerce et il


n’implique pas nécessairement l’adhésion des autres membres à la décision. Il s’exerce plutôt par
contrainte c'est-à-dire par menace des sanctions ou sanctions elles mêmes, ce qui signifie que le
pouvoir est d’ordre juridique. Cependant dans les organisations, dans les entreprises ou dans les
institutions, l’expérience démontre que le pouvoir seul ne suffit pas pour faire marcher l’entreprise,
l’organisation ou l’institution.

Pour être plus complet, le détenteur du pouvoir doit l’accoupler de l’autorité. Cette
dernière est une aptitude ou capacité personnelle d’un dirigeant ou d’un homme à faire respecter
les ordres qu’il donne par les autres membres. L’autorité suppose l’adhésion ou la conviction des
autres membres, c’est pourquoi elle ne s’exerce pas en recourant aux contraintes (les menaces des
sanctions ou les sanctions elles mêmes). En définitive, l’autorité est d’ordre psycho – sociologique
c'est-à-dire que ceux qui exécutent les ordres, les exécutent parce qu’ils les considèrent comme
légitimes et c’est pour cela qu’ils s’y soumettent volontairement. Cependant il faut retenir qu’il y a
3 types d’autorité qui peuvent s’exercer cumulativement. Il s’agit de : l’autorité traditionnelle,
l’autorité légale ou rationnelle légale et l’autorité charismatique.

L’autorité traditionnelle repose sur la force de la tradition ou de coutumes ou des


usages précédents. Ici une personne se fait obéir soit parce qu’elle est plus ancienne dans
l’entreprise que les autres, plus âgée que les autres, dans le passé c’est elle qui avait eut raison.

S’agissant de l’autorité légale ou rationnelle légale elle reposes sur les règles écrites
ou établies et lesquelles règles prévoient les sanctions lorsque les ordres ne sont pas respectés.

Enfin, l’autorité charismatique repose sur les qualités exceptionnelles de la personne.


Ici les ordres donnés sont respectés non pas par peur de la sanction, mais tout simplement par leur
force argumentaire ou de mobilisation.

B. La répartition du pouvoir dans l’entreprise

Nous venons de voir précédemment que le pouvoir ne peut mieux s’exercer que s’il est
accouplé de l’autorité. L’autorité d’un décideur ne s’acquiert pas en quelques jours, elle dépend
essentiellement de la nature des relations que les décideurs entretiennent avec leurs subalternes et
surtout du style de commandement du dirigeant. Mais commander c’est exercer le pouvoir et on ne
peut mieux apprécier l’exercice du pouvoir qu’en observant la manière dont celui-ci est réparti
dans l’entreprise. De ce point de vue, il y a 2 modes d’exercice du pouvoir : la centralisation du
pouvoir et la décentralisation du pouvoir.
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B.1.La centralisation du pouvoir

B.1.1.Principes de la centralisation du pouvoir

La centralisation du pouvoir consiste à remettre tout le pouvoir entre les mains d’une
seule personne ou de quelques personnes qui décident sur l’entreprise ou l’organisation ou
l’institution. Il s’agit généralement du sommet qui décide sur tout dans l’entreprise ou dans
l’organisation.

B.1.2.Avantages et inconvénients de la centralisation du pouvoir

L’avantage de la centralisation c’est d’assurer l’unité de commandement c'est-à-dire la


centralisation est un puissant moyen de coordination et de cohérence des activités de l’entreprise.
La centralisation n’a pas que des avantages, elle présente notamment des inconvénients. Entre
autres inconvénients, la centralisation déresponsabilise le personnel, étouffe l’esprit d’initiative du
personnel et en conséquence affecte en définitive les performances de celui-ci. La centralisation
ne permet pas de contrôle ou de maîtriser efficacement les différentes phases du processus de
décision étant donné que le décideur peut être d’accord qu’avec lui-même.

Face à ses inconvénients qui sont multiples, la centralisation est le plus en plus
abandonnée dans la gestion des entreprises, des organismes et des institutions ou profit de la
décentralisation.

B.2.La décentralisation

B.2.1.Principe

La décentralisation du pouvoir est la répartition du pouvoir décisionnel entre plusieurs


personnes ou organes de différents niveaux de responsabilité dans l’entreprise, dans les
organisations. Cependant il est important de noter que la décentralisation du pouvoir n’est pas à
confondre avec la délégation du pouvoir. Dans la décentralisation, les subalternes ont reçu en
transfert un pouvoir décisionnel et ils en assument la responsabilité c'est-à-dire lorsqu’ils décident,
en cas de problème, ils sont seuls à répondre de leurs actes c'est-à-dire le supérieur hiérarchique
qui a transféré le pouvoir n’est pas tenu pour responsable. Par contre, il y a délégation de pouvoir
lorsque le supérieur hiérarchique ou le décideur transfert seulement au subalterne c'est-à-dire c’est
au décideur de répondre des actes posés par les personnes qui ont bénéficié de la délégation du
pouvoir des conséquences des actes posées.

En d’autres termes, dans la délégation du pouvoir, le décideur confi une mission à un


subalterne et lui donne les moyens de réaliser cette mission tout en gardant pour lui même la
responsabilité.
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B2.2.Avantages et inconvénients

Dans le monde occidental actuel, la décentralisation est devenue le principe de gestion


des entreprises alors que la centralisation est considérée comme une exception. C’est grâce à ses
avantages que la décentralisation s’est imposée :

 La décentralisation assure l’efficacité et la motivation du personnel parce que les


travailleurs se sentent responsabiliser, valoriser, et mis devant leur responsabilité raison pour
laquelle ils cherchent à donner le meilleur d’eux mêmes pour mériter la confiance leur faite par la
hiérarchie ;

 La décentralisation permet de prendre des décisions performantes dans la mesure où


les décideurs sont plus nombreux à traiter de la question que de la centralisation ;

 La décentralisation favorise l’esprit d’initiative et de la créativité parce qu’elle fait


participer ou associe si pas tout le personnel mais la majorité de celui-ci. Malgré les avantages
énormes, la décentralisation présente aussi des inconvénients nombreux ;

 Elle exige beaucoup d’effort pour coordonner et assurer la cohérence entre les
différents centres de décision dans l’entreprise ;

 La décentralisation met en mal le principe de l’unité de commandement qui


pourtant est nécessaire.

B.2.3.Degré de décentralisation dans l’entreprise

Dans la pratique de gestion, il n’existe pas d’entreprise totalement centralisée ou


totalement décentralisée. On recourt toujours à une solution intermédiaire c'est-à-dire le degré de
la décentralisation ou de la centralisation dans une entreprise dépend des caractéristiques propres
et de besoins réels de chaque entreprise. En d’autre terme, il n’y a pas un degré idéal ni de
centralisation, ni de décentralisation. C’est ainsi que : la décentralisation peut porter uniquement
sur une certaine personne ou certain service, la décentralisation peut porter uniquement sur
quelque type de décision et la décentralisation peut porter sur certaines phases du processus
décisionnel.

B.2.4.Formes de la décentralisation

La décentralisation peut se faire de plusieurs manière : elle peut être verticale ou


horizontale, elle peut être globale ou sélective et elle peut être de phase.

Une décentralisation est verticale lorsqu’elle se fait dans la ligne hiérarchique c'est-à-
dire de haut en bas c’est de supérieur hiérarchique ou subalterne.
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Elle est horizontale lorsqu’elle se fait par service, fonction ou subdivision de


l’entreprise. Elle est globale lorsqu’elle porte sur toutes les décisions possibles, mais elle est
sélective lorsqu’elle ne porte que sur certaines décisions.

La décentralisation est dite exhaustive lorsqu’elle porte sur tout le processus


décisionnel et elle est de phase lorsqu’elle ne porte que sur l’une ou l’autre phase du processus
décisionnel.

B.2.5.Les modalités pratiques actuelles de la décentralisation dans les entreprises

Entre la théorie et la pratique, il y a souvent un écart. Ainsi, dans la pratique de la


gestion des entreprises, de nos jours, la décentralisation s’applique de 4 façons : la direction par
objectif, la direction participative par objectif, la cogestion et l’autogestion.

La DPO a été développé par les entreprises américaines dans les années 1960. Par cette
modalité, la décentralisation exige que l’on ne confie pas au subalterne une tâche mais qu’on lui
assigne un objectif dans le cadre du travail qui lui est confié c'est-à-dire que le travailleur soit
évalué en fonction des résultats attendus de lui. Et ces résultats attendus ne sont rien d’autre que
les objectifs assignés à chaque travailleur par la haute direction. Ici le travailleur n’est pas associé
à la définition de ses objectifs mais il peut cependant discuter avec la hiérarchie pour exiger les
moyens nécessaires qui lui permettront de les atteindre. Cette modalité de décentralisation
améliore l’efficacité de chaque travailleur.

La DPPO est intervenue dans les années 70 toujours aux USA, la plus grande
différence avec la DPO, ce que lors de la définition des objectifs à assigner aux travailleurs ces
dernières sont présentes, ils sont associés à la négociation. Cela améliore le climat social entre la
hiérarchie et les travailleurs parce que ces derniers ne considèrent plus les objectifs leur assignés
comme une corvée (souffrance) mais plutôt comme un résultat de leur propre engagement.
Cependant, il faut noter que la négociation avec les travailleurs ne porte pas sur tous les objectifs
stratégiques. On ne peut pas discuter sur les objectifs stratégiques car c’est le fondement même de
l’entreprise mais on peut plutôt discuter, négocier sur les objectifs tactiques et opérationnels.

S’agissant de la cogestion, elle a vu jour en Allemagne dans les années 1950. Il s’agit
de la décentralisation participation indirecte. Cette dernière signifie que tous les travailleurs ne
sont pas directement associés à la prise de décision où à la gestion, mais il y a un organe
représentatif de travailleurs qui est associé à la gestion courante. En République Démocratique du
Congo, cela se matérialise dans les entreprises publiques par la nomination au conseil
d’administration ou comité de gestion d’un représentant du personnel. Ce représentant du
personnel est informé et consulté par ces organes précités avant la prise de décision et il jouit
également d’un pouvoir d’intervention dans les décisions à prendre.
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L’autogestion s’est développée simultanément en France et dans l’ex Yougoslavie.


L’autogestion c’est une décentralisation dans laquelle les salariés ou les travailleurs détiennent le
pouvoir de décision et le pouvoir de contrôle dans l’entreprise. L’autogestion ne se confond pas
avec la cogestion. L’autogestion repose sur la décentralisation totale c'est-à-dire la gestion de
l’entreprise est assurée par l’ensemble du personnel soit directement, soit indirectement par le
canal de leur représentant élu. Rappelons que dans la gestion de l’entreprise, il y a un pouvoir qui
s’exerce. Lequel pouvoir s’accompagne toujours de l’autorité. Ce pouvoir a besoin d’une matrice
pour bien s’exercer, c'est-à-dire pour bien décider. Cette matrice c’est l’information.

II.3.INFORMATION DANS L’ENTREPRISE

A. Définition

Une information est un signe ou un renseignement. Mais sur le plan de la gestion des
entreprises, il n’y a d’information que si ce renseignement peut conduire à la prise de décision. En
d’autres termes, une information ou un renseignement apporte une connaissance sur un objet ou un
évènement dans la gestion de l’entreprise, mais pour un gestionnaire, il n’y a véritablement
d’information que si le renseignement est significatif c'est-à-dire utile pour une action.

B. Le rôle de l’information dans une entreprise

L’information n’a des valeurs qu’en raison de l’usage qui en est fait et l’usage qu’on
fait de l’information dépend de son contenu. CHOBRON ET ROBERT estiment qu’à partir de
l’usage qu’on fait de l’information, cette dernière joue 4 rôles dans l’entreprise :

1. L’information est un support de processus de gestion c’est qu’en gestion des


entreprises l’information est considérée comme la matière première de la décision. Le processus
de gestion lui-même est entendu comme un ensemble d’activités et des décisions combinées pour
arriver aux résultats souhaités par l’entreprise. Ce qui précède signifie que le processus de gestion
est lui-même création de l’information et de part le flux qu’il entraîne. Dans une entreprise, il y a
plusieurs processus de gestion entre autre le processus d’approvisionnement, processus de
production,… cependant, il faut noter que le rôle de l’information ne se limite pas à la prise de
décision et à la réalisation de processus de gestion. Mais elle est en outre un instrument de la
cohésion fonctionnelle de l’entreprise et l’information permet également enfin à l’entreprise
d’avoir une intelligence globale de sa situation et surtout de s’adapter à l’évolution de son
environnement ;

2. l’info est un instrument de communication dans l’entreprise, le mot information est


intimement lié à celui de la communication à telle enseigne que certaine personne le prenne pour
synonyme. Il n’en est pas question. La communication est un mode de transmission de
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l’information. Or, toute la vie de l’entreprise exige la circulation ou la communication de


l’information entre les différents services et les différentes personnes qui évoluent dans
l’entreprise. Pour permettre à l’entreprise de bien fonctionner, les différentes composantes de
celle-ci doivent communiquer en se transmettant des informations utiles et pertinentes ;

3. l’info est un support de la connaissance individuelle, toute entreprise est avant tout
composée des hommes et ce sont ses hommes qui organisent les autres ressources de l’entreprise à
savoir les ressources matérielles et les ressources financières. Autrement dit, le cerveau de
l’entreprise est composé de son personnel. Chaque membre du personnel a une formation ou
instruction reçue, mais compte tenu de l’évolution des choses, chacun devrait améliorer sa
connaissance personnelle grâce aux informations reçues dans l’entreprise ;

4. l’information est un instrument de la liaison de l’entreprise avec son environnement.


En effet, l’environnement de l’entreprise est évolutif et dans cette évolution, il apporte des
nouvelles contraintes ou menaces, grâce à l’information l’entreprise peut jouer sur son
environnement ou même s’adapter. Il y a un mouvement aller retour, sur le plan informationnel
entre l’entreprise et son environnement. En d’autres termes, l’entreprise transmet des infos à son
environnement par plusieurs canaux notamment les messages publicitaires, l’emballage du produit
lui-même et les actions promotionnelles.

L’entreprise peut également transmettre des infos aux autres entreprises. Il s’agit par
exemple des entreprises fournisseurs, entreprises clients… Enfin l’entreprise doit communiquer
avec son environnement interne c'est-à-dire son propre personnel pour assurer la cohésion solide,
et la motivation du personnel.

C. Système d’information et qualité d’information

Il n’est plus nécessaire de démontrer l’importance de l’information dans une


entreprise. Voilà pourquoi chaque entreprise organise son système d’information. Ce système
d’information consiste à collecter, à classer et à condenser un volume important des données qu’il
faut traiter pour lever l’information nécessaire. Autrement dit le système d’information de
l’entreprise rempli 4 fonctions :

 le système doit recueillir toutes les données susceptibles d’intéresser la vie de


l’entreprise,

 le système d’information doit mémoriser ou stocker le plus longtemps possible les


données recueillies. A nos jours la situation est facilitée par l’outil informatique ;

 le système informatique doit traiter les données recueillies. Cette transformation


signifie trier, classer les données en données utiles et données inutiles ;
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 le système d’information doit assurer la restitution et la circulation de l’info c'est-à-


dire à partir des données utiles on arrive à dégager les renseignements ou les informations utiles.
Une fois les informations obtenues on doit les envoyés aux utilisateurs ou destinateurs.

Mais, comme nous l’avons dit précédemment, les informations recueillies doivent
répondre aux besoins de la prise de décision et les informations qui doivent servir à la prise de
décision doivent réunir certaines qualités et la théorie existante retient 5 qualités cumulatives que
doit réunir une information pour servir de base à la décision : la pertinence, la fiabilité, la rapidité,
la confidentialité et la valeur de l’information.

Une information est pertinente si elle constitue un facteur de choix ou elle améliore la
qualité des décisions ou pose un nouveau problème ou conduit à des nouvelles opportunités.

La fiabilité de l’info signifie que cette information est conforme à la réalité. Ceci
permet à l’entreprise de ne pas partir sur de fausses bases ou de simple rumeur.

La rapidité de l’information signifie sa fraîcheur. En matière de gestion des


entreprises, il faut avoir de l’information au moment opportun c’est à dire ni trop tôt, ni trop tard.
Trop tôt parce qu’on ne sait qu’en faire, trop tard parce qu’elle sera inutile. Et les spécialistes
disent que l’information est une donnée périssable comme le poisson frais.

La confidentialité de l’info désigne le caractère secret de l’information. Dans


l’entreprise, toutes les infos ne peuvent pas être mises à la disposition de tout le monde même pas
aux membres du personnel. Il y a des informations très sensibles qui ne doivent arriver qu’au
destinataire. De telles informations doivent êtres tenues secrètes. Exemple : formule de la
fabrication de la bière.

La valeur de l’information c’est son contenu. En effet, le contenu d’une information


c’est la qualité de renseignement que l’info fournit pour la prise de décisions.

D. Types de communication

Pour gérer l’entreprise correctement, il faut faire circuler l’information c'est-à-dire


communiqué. Il y a plusieurs types de communication qui se déroulent dans l’entreprise. Nous
allons les regrouper en 4 catégories ou sur base de 4 critères : le critère structure d’organisation, le
critère degré d’institutionnalisation de la communication, mode de transmission des informations
et critère destinataire de la communication.

D.1.Type de communication selon la structure d’organisation de l’entreprise

D’après ce critère nous avons 2 types de communication : les communications


hiérarchiques et les communications fonctionnelles.
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Les communications hiérarchiques reposent sur le pouvoir décisionnel. Elles peuvent


être descendantes ou ascendantes. Elles sont descendantes lorsqu’elles partent du supérieur
hiérarchique au subalterne. De telles communications se font sous forme d’ordre, directive ou
instruction. Les communications hiérarchiques peuvent être aussi ascendante c'est-à-dire vont du
subalterne au supérieur hiérarchique elles se font sous forme d’un rapport adressé à la hiérarchie.

Par contre les communications fonctionnelles ne comportent en elles aucune idée de


pouvoir ou de décision. Il s’agit d’un simple point de vue d’un expert, d’un technocrate adressé au
responsable opérationnel ou stratégique de l’entreprise. Ça se fait sous forme d’un conseil donné.

D.2.Types de communication selon le degré d’institutionnalisation de la communication

Institutionnaliser c’est officialisé ou c’est mettre en place de manière officielle un


mécanisme. Ainsi, d’après ce critère, nous avons 2 types de communication : les communications
formelles et les communications informelles.

Une communication est dite formelle lorsqu’elle est faite par une personne ou un
organe chargé officiellement de cette tâche. Exemple : il n’y a que le directeur financier qui peut
faire le rapport financier à l’ADG de l’entreprise, un tel rapport est une communication formelle.

Par contre une communication est dite informelle lorsqu’elle émane d’une personne ou
d’un organe non habilité pour le faire. Mais entant que responsable on ne doit pas se fier
uniquement aux communications formelles. Ces dernières sont souvent en retard à cause de la
lourdeur administrative. Mais, en se référant aux communications informelles, on doit rester
prudent, c’est-à-dire que les communications informelles peuvent être des signes ou des signaux
mais pas des renseignements pour la prise de décision car de telles communications posent souvent
le problème de leur exactitude et de leur vérification.

D.3. Types de communication selon le mode de transmission des informations

D’après ce critère on distingue 2 types de communications : les communications


verticales et les communications transversales.

Les communications verticales sont au fond des communications hiérarchiques qui


peuvent être ascendantes ou descendantes. Ces communications ascendantes se démarquent de
communications hiérarchiques ou obligatoires car elles peuvent être également facultatives ou
subjective. Des telles décisions dans l’entreprise se font généralement par la boite à suggestion ou
bureau de réclamation.

Par contre, les communications transversales ne sont pas hiérarchiques ni


fonctionnelles, elles sont plutôt de nature collaboratives entre les différents services. Exemple : les
communications entre les services de production et les services d’approvisionnement.
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D.4.Types de communication selon le destinataire

Comme nous avons dit précédemment qu’une information sert de base à la prise de
décision. Et par conséquent, chaque info doit être envoyée au destinataire. D’après ce critère nous
avons 3 types de communication :

- les communications inter personnelles c’est dire communication entre 2 personnes


au de l’entreprise, il peut s’agir de communication hiérarchique, fonctionnelles ou même
transversales ;

- les communications des masses c'est-à-dire sous forme des communiques de la


direction à l’ensemble du personnel ;

- les communications institutionnelles ; qui sont des communications de la direction à


l’ensemble du personnels mais par le canal des syndicats de travailleurs.
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Chapitre Troisième : La Planification dans l’entreprise


L’environnement de l’entreprise est dynamique. Cette évolution apporte des nouvelles
menaces et des nouvelles opportunités. Pour tirer profit des ces nouvelles opportunités ou de se
protéger contre les nouvelles menaces venant de l’évolution de l’environnement, la gestion de
l’entreprise doit être anticipative ou planificatrice ou prévisionnelle. Qui dit planifier dit fixer les
objectifs, définir la stratégie et arrêter la politique.

III.1. stratégie et politique générale de l’entreprise

CHANDLER définit la stratégie de l’entreprise comme la détermination de buts et


objectifs à long terme d’une entreprise et le choix des actions et de l’allocation des ressources
nécessaires pour atteindre ses objectifs. Pour élaborer sa stratégie, l’entreprise doit procéder à une
analyse approfondie : des évolutions de son environnement concurrentiel afin d’en détecter les
menaces et les opportunités et l’entreprise doit examiner ses propres forces et faiblesses internes.

A. les caractéristiques de la stratégie de l’entreprise

Entant que ligne de conduite des actions de l’entreprise, pour réussir, la stratégie doit
répondre à certaines caractéristiques :

 nous disons que la stratégie est un prolongement de dirigeants de l’entreprise c'est-


à-dire que cette stratégie traduit la vision, les ambitions des dirigeants des entreprises ;

 la stratégie de l’entreprise est un produit de la communauté des hommes c'est-à-dire


que même si ce sont les dirigeants qui ont le pouvoir de définir la stratégie, mais la mise en œuvre
de cette stratégie requiert l’adhésion et la collaboration de tout le personnel de l’entreprise. Voilà
pourquoi les dirigeants devront associer les travailleurs ou tous les autres membres de l’entreprise
à l’élaboration de la stratégie de l’entreprise, car l’expérience démontre que lorsqu’on participe à
l’élaboration d’un projet, on est motivé à se battre pour sa réalisation ;

 la stratégie est un bâton d’aveugle ; un aveugle qui se promène seul a toujours un


bâton ou une canne entre ses mains. Le bâton lui permet d’identifier les bons endroits où il peut
poser ses pieds pour rester sur la bonne voie et continuer sa marche vers la destination choisie.
Cependant, sur ce chemin il y a des obstacles qui peuvent même le pousser en dehors de son
chemin. Mais l’aveugle ne peut détecter ses obstacles, les éviter et rester sur sa direction que grâce
à ce bâton. Au niveau de l’entreprise, ce bâton s’appelle stratégie. Autrement dit, c’est grâce à sa
stratégie que l’entreprise peut contourner les obstacles rencontrés et poursuives son chemin
jusqu’à la réalisation des objectifs. Mais, la stratégie de l’entreprise a une doublure opérationnelle
que l’on appelle politique générale de l’entreprise. Cette dernière, définit la vocation et les
missions de l’entreprise. Telles que les conçoivent les dirigeants. Autrement dit, la politique
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générale de l’entreprise formule de manière implicite ou explicite les valeurs et les choix
fondamentaux du développement de l’entreprise.

En définitive, la politique générale de l’entreprise s’accompagne toujours de la


détermination d’objectifs économiques et sociaux de l’entreprise. Ces objectifs peuvent être :
devenir un leader sur le marché, atteindre tel ou tel niveau de croissance ou de rentabilité,
maintenir ou développer l’emploi, améliorer les compétences de son personnel.

Face à ces objectifs, la politique générale de l’entreprise devient enfin une opération de
choix à opérer concernant :

 les produits ou les services que l’entreprise peut exploiter face aux exigences de
l’environnement ;

 les marchés et les clients ;

 l’allocation des ressources financières, humaines et matérielles ;

 le type de structures de fonctionnement à mettre en place ;

 les relations à développer avec ses partenaires extérieurs (fournisseurs, client,


pouvoir public, masse média, etc.).

Au vue de ce qui précède, il y a une difficulté réelle à établir une différence nette entre
politique générale de l’entreprise et stratégie de l’entreprise et beaucoup d’autres préfèrent les
utiliser comme synonymes l’une de l’autre. Toutefois, nous retiendrons que la stratégie est d’ordre
abstrait alors la politique est plus au moins pragmatique ou opérationnelle.

B. la démarche stratégique

La stratégie comme orientation ou voie à suivre se fait par étape. Elie COHEN a
identifié 4 phases dans la démarche stratégique à savoir : l’analyse stratégique, les décisions
stratégiques, les manœuvres stratégiques et le contrôle stratégique.

1) l’analyse stratégique ou le diagnostic stratégique est une phase de préparation de la


démarche stratégique. En effet, avant de définir ou d’arrêter une stratégie donnée, l’entreprise
devait d’abord sonder son environnement d’une part, et d’autre part, s’étudier elle-même. Sonder
l’environnement c’est identifier les opportunités et les menaces. Autrement dit, dans cette étude de
l’environnement, on va s’intéresser aux dynamiques concurrentielles, à la position concurrentielle
de l’entreprise, on va étudier les facteurs clés de succès ou d’échec, les domaines de l’activité
stratégique, les portefeuilles de l’entreprise…. Par contre, s’étudier soi même, c’est critiquer sa
culture d’entreprise, son organisation de l’entreprise, le volume de ses ressources….. ;
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2) la deuxième phase de la démarche stratégique est la phase de prise de décision


stratégique ou de la planification stratégique. Cette phase consiste à élaborer les différents projets
de stratégie sur base du diagnostic stratégique effectué et en suite évaluer ou comparer les
différents projets pour ne retenir que celui qui semble être le mieux adapté face aux exigences de
l’environnement ;

3) après avoir choisi une stratégie, on doit la mettre en œuvre c'est-à-dire l’utiliser ou
l’appliquer et cela se matérialise au travers de la politique générale. Il est vrai que la stratégie de
l’entreprise doit être maintenue pendant le plus longtemps possible. Cependant, la stratégie n’est
pas faite pour le plaisir d’être faite, elle est faite pour permettre la réalisation des objectifs. Voilà
pourquoi de temps à autre elle doit être contrôlée ou évaluée ;

4) la 4ième et dernière phase de la démarche stratégique est le contrôle ou l’évaluation


de la stratégie. Cette phase consiste à vérifier si la stratégie mise en place peut permettre ou non
d’arriver aux objectifs. Ce contrôle peut se faire de 3 manières :

- le contrôle a priori qui se réalise avant la mise en œuvre de la stratégie. Il consiste à


se rassurer que l’on part sur les bonnes bases ;

- le contrôle concomitant ou contrôle de parcours ou de chemin c'est-à-dire le


contrôle ponctuel que l’on peut effectuer pendant la mise en ouvre de stratégie ;

- le contrôle a posteriori c’est à dire après la mise en œuvre complète de la stratégie,


on vient faire un constat selon lequel la stratégie a été efficace ou non.

C. les modèles d’analyse stratégique

La réflexion stratégique dans les entreprises s’est développée après la deuxième guerre
mondiale c’est à dire dans les années 1950. En effet, la stratégie au départ était utilisée dans
l’armée, il s’agissait de manœuvre montée par chaque armée pour attaquer et détruire son ennemi.

Ramenée aux niveaux des entreprises, la stratégie sert à identifier et à contourner les
obstacles de l’environnement sur la vie de l’entreprise. Ces obstacles ou même les opportunités
sont des variables qui agissent. Pour bien les cerner, on définit toujours un modèle explicatif de la
manière dont ces variables interagissent. C’est dans cette même philosophie, qu’on a défini des
modèles d’analyse stratégiques. CHARPENTIER Pierre a identifié 3 groupes de modèles
d’analyse stratégiques :

 le modèle LCAG

 le modèle MOFF (M=menace, O= opportunité, F= force, F= faiblesse)

 les modèles opérationnels.


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C.1. le modèle LCAG

Ce modèle est le produit des recherches de 4 professeurs de l’université de


HARVARD. Ce modèle postule que pour bien élaborer la stratégie il faut faire une analyse interne
et externe. L’analyse externe porte sur l’environnement (identification des menaces et opportunités
dans l’environnement face à l’entreprise). Quant à l’analyse interne elle doit identifier les points
forts et les points faibles de l’entreprise. Les forces ou les points forts de l’entreprise, ainsi que les
faibles de l’entreprise doivent être mis en balance face aux opportunités et menaces pour opérer le
choix stratégique.

C.2. le modèle MOFF

Ce modèle est né en prolongement – correction du modèle LCAG. Cependant, l’apport


du modèle MOFF c’est de dire qu’un phénomène peut avoir plusieurs dimensions au travers le
temps. A court terme il peut être menace, mais à LT devenir une opportunité. L’inverse est aussi
envisageable.

Le mérite de ce modèle MOFF est d’avoir introduit le facteur temps qui permet de ne
plus considérer un phénomène comme figé c’est à dire demeurant toujours comme menace ou
opportunité, mais rester à l’observation pour voir si un phénomène peut changer de nature c'est-à-
dire passer de menace à l’opportunité ou vice versa, c’(est une gymnastique très difficile.

C.3. les modèles opérationnels

A partir des années 1970, les cabinets de management ce sont rendu compte que
l’environnement de l’entreprise évolue à un rythme très accentué, ce qui a fait que les stratégies
mises en place par les entreprises soient de plus en plus dépassées. Autrement dit, à partir de ces
années, 3 grandes orientations se sont développées dans l’analyse stratégique de l’entreprise ; les
modèles d’analyse du portefeuille d’activité, le modèle de Michael POTER et le modèle
d’intentions stratégiques.

C.3.1. le modèle d’analyse du portefeuille d’activité

Le mot portefeuille a plusieurs significations. Lorsqu’il est utilisé sans autres


qualificatifs, automatiquement il s’agit ou portefeuille financier. C’est à dire l’ensemble des actifs
financiers ou des titres financiers détenus par un individu ou une entreprise.

S’agissant du portefeuille commercial ou d’activité. Il désigne l’ensemble des activités


exploitées par l’entreprise. En effet, des nos jours dans le cadre de leur exploitation les entreprises
développent 2 ou plusieurs activités professionnelles. Exemple : VANTRASKA est dans les
hôtels, dans les transports en communs, dans le commerce général, etc. Ainsi, ce modèle d’analyse
stratégique recommande aux entreprises de ne choisir que le domaine d’activité dans lequel elles
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ont un avantage compétitif supérieur vis-à-vis de la concurrence. Autrement dit, les activités
canard boiteux doivent être abandonnées.

C.3.2. le modèle de Michael POTER

Ce modèle a été développé dans les années 1980. Pour ce modèle, la stratégie doit être
montée pour gérer l’environnement concurrentiel. En effet, il faut identifier les facteurs ou
éléments qui ravivent l’intensité concurrentielle d’un secteur, il s’agit notamment de l’arrivée de
nouveaux produits sur le marché, la rivalité entre les entreprises, le développement de la
substitution entre les produits.

Compte tenu, de ce qui précède le modèle de Michael POTER au lieu de raisonner en


termes de portefeuille d’activité, raisonne en termes de secteur d’activité. Ainsi donc, la stratégie
d’entreprise consiste à identifier les ressources et les compétences capables de donner à
l’entreprise un avantage concurrentiel exploitable vis-à-vis des autres entreprises de même secteur.

C.3.3. le modèle d’intentions stratégiques.

Tous les autres modèles cherchent à s’adapter à l’environnement mais celui-ci


voudrait plutôt que l’entreprise définisse ce qu’elle veut réaliser et par la suite rentrer à
l’environnement pour le forcer à lui obéir.

D. formulation de la stratégie de l’entreprise

Nous avons affirmé précédemment que l’entreprise est un tout, mais composé des sous
ensembles. La formulation des stratégies de l’entreprise doit tenir compte de cette réalité. Ainsi, en
tant que tout, elle élabore une stratégie d’ensemble et par chaque sous système, on définit une
stratégie d’activité.

III.2. STRATEGIE D’ENSEMBLE ET STRATEGIE D’ACTIVITE.

Rappelons qu’il y a un télescopage ou une compénétration entre stratégie et politique.


Implicitement, en parlant de la stratégie, on sous entend la politique.

III.2.1. politique ou stratégie d’ensemble

Une politique ou stratégie d’ensemble est une stratégie de conduite des activités de
l’entreprise prise comme un tout. A ce niveau CHANDLER a identifié 5 grandes catégories de
stratégie d’ensemble : la spécialisation, l’intégration verticale, la diversification,
l’internationalisation et la stratégie inter entreprise.

A. la spécialisation

Se spécialiser dans un domaine, c’est se consacrer à celui – ci pour le connaître et le


maîtriser à fond. Devenir spécialiste d’un domaine, c’est maîtriser tout le contour de celui-ci. Au
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niveau de l’entreprise, celle-ci peut se spécialiser en se consacrant soit à un seul domaine


d’activité, soit dans la fabrication d’un seul produit. Cette spécialisation peut être restrictive ou
extensive.

La spécialisation par produit est dite restrictive lorsqu’elle ne porte que sur un
créneau. C’est ce qu’on appelle la stratégie de riche (chasse gardée). Et cette stratégie est
recommandée aux PME afin d’éviter de se faire écraser par les grandes.

La spécialisation par produit est extensive lorsque l’entreprise n’opère pas par
créneau mais voudrait servir tout le marché.

Quelle que soit la forme de la spécialisation adoptée, il faut retenir que l’avantage
qu’offre la spécialisation est que grâce à elle on jouit d’une avance concurrentielle ou compétitive
par rapport aux autres entreprises.

B. l’intégration verticale

La vie de l’entreprise comporte un amont et un aval. L’amont de l’entreprise est


constitué de tous les intervenants ou de toutes les activités qui sont au départ de l’activité
productive de l’entreprise c'est-à-dire ce sont des préalables que l’entreprise doit franchir pour
arriver à produire. De manière globale il s’agit des entreprises qui fournissent touts entrants à
l’entreprise.

L’intégration peut se faire de 2 façons ; l’intégration verticale et l’intégration


horizontale que l’on appelle diversification. S’agissant de l’intégration verticale, elle consiste pour
l’entreprise à internaliser les activités jadis dans son amont. C’est le cas généralement lorsque
l’entreprise commence à produire elle-même ses matières premières.

Exemple : une sucrerie qui devient productrice de la canne à sucre ou une industrie
textile qui devient également productrice de coton. Le cas d’une entreprise de fabrication de pneu
pour le véhicule qui plante l’hévéa pour fabriquer les pneus.

Bref, l’intégration verticale en amont consiste à devenir fournisseur de soi – même.


Dans des cas très rares, l’intégration verticale peut se faire aussi en aval c'est-à-dire devenir son
propre client. Exemple : une cimenterie qui devient en même temps entreprise de construction.
L’intégration verticale présente des avantages mais aussi des inconvénients. A titre d’exemple,
grâce à l’intégration verticale, l’entreprise réalise des économies sur le plan financier. Mais comme
inconvénients à titre illustratif, nous pouvons dire que la spécialisation diminue la flexibilité de
l’entreprise, elle fragilise l’entreprise.
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C. la diversification ou l’intégration horizontale

Ici l’entreprise élargie son portefeuille d’activité. Cela peut se faire de plusieurs
manières : augmenter le nombre d’activité à exercer et élargir la gamme de produit de l’entreprise.

La diversification présente aussi les avantages et des inconvénients. Comme


inconvénients, il y a risque de rester superficiel et par conséquent, de ne pas tirer avantage.
Comme avantage, la diversification permet à l’entreprise de se développer ou de s’assurer une
croissance.

C. l’internationalisation

Elle consiste pour une entreprise à aller exercer ses activités à l’étranger sur plusieurs
marchés. De nos jours la plupart des entreprises européennes et américaines sont
internationalisées, c'est-à-dire ont des activités de production dans plusieurs pays européens,
asiatiques, africains et américains. L’internationalisation présente aussi des avantages et des
inconvénients. Comme avantage elle permet aux entreprises de bénéficier des avancées
technologiques des autres pays. Comme inconvénient, les entreprises moins compétitives risquent
de disparaître devant la force de la concurrence internationale.

D. la stratégie inter entreprise

Dans le monde actuel, très peu d’entreprise choisissent de se développer seule c'est-à-
dire en comptant sur leur propres efforts. Mais pour la plupart d’entre elles, les entreprises
développement de collaboration entre elles afin de s’assurer une croissance externe importante.
Cette croissance externe peut se faire de plusieurs manières sur le plan juridique, il peut s’agir de
la fusion absorption ou de la fusion tout court. Mais sur le plan purement économique, les
modalités de la stratégie inter entreprise sont au nombre de 5 :

- la sous-traitance : il y a sous-traitance lorsqu’une entreprise peut faire fabriquer ou


exister un produit ou une composante de produit par une autre entreprise avec laquelle elle
collabore. Exemple : IBM produit des ordinateurs tout en faisant sous traiter la fabrication de
logiciels de programmation auprès d’une entreprise de l’inde.

- La co-traitance : ici un produit est fabrique par 2 ou plusieurs entreprises qui


apportent chacune quelques composantes ;

- L’accord de licence : une entreprise fabrique des produits mais sur base de la
technologie d’une autre entreprise et cela sur base d’une licence c'est-à-dire autorisation du
propriétaire de la technologie.
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- La franchise : il y a franchise lorsqu’une entreprise fabrique un produit mais confie


la distribution à une autre parce que cette dernière à une image de marque connue, elle a un savoir
faire technologique éprouvée.

- Les accords de coopérations entre entreprises : il ya accord des coopérations entre 2


ou plusieurs entreprises lorsqu’elles se conviennent soit de faire de recherche ensemble, soit de
fabriquer ensemble, soit de faire des achats ensemble tout en perdant une bonne partie de leur
autonomie. Les accords de coopération entre les entreprises peuvent se faire sous 2 formes soit
sous forme de groupement d’intérêt économique « GIE » soit sous forme de joint – venture.

III.3.2. politique ou stratégie d’activité

Pour chaque activité de l’entreprise, il faut une stratégie appropriée. En effet, il peut
arriver qu’une entreprise décide de se retirer d’une activité ou de s’y maintenir ou même de
développer davantage une activité.

Une entreprise peut se retirer d’une activité donnée soit totalement, soit partiellement
lorsqu’elle ne dispose plus d’une avantage concurrentielle significatif.

En revanche, une entreprise peut maintenir ou stabiliser une activité qui présente un
avantage concurrentielle. L’entreprise maintient cette activité compétitive parce qu’elle a des
implications sérieuses avec l’ensemble de ses activités.

En fin, une entreprise développe davantage une activité parce qu’elle lui procure un
avantage concurrentiel très significatif. Si l’on décide de maintenir une entreprise ou de la
développer, il faut alors trouver la stratégie de base ou générique ou d’activité approprié. A ce
sujet, Michael POTER indique 3 grandes stratégies d’activités :

 la stratégie de la domination par le coût. Par cette stratégie, l’entreprise cherche à


minimiser ses coûts pour pouvoir jouir d’un avantage concurrentiel par rapport à ses concurrents ;

 la stratégie de la différenciation du produit. Par cette stratégie, l’entreprise améliore


et valorise la qualité de ses produits pour créer la différence avec les concurrentes ;

 la stratégie de la focalisation ou de la concentration ; ici l’entreprise concentre tous


ses effets et toutes ses énergies sur une seule activité qui lui est la plus rentable.

III.3. PLAN STRATEGIQUE, FINANCIER ET OPERATIONNEL

Après avoir fixé la stratégie on doit élaborer un plan. Ce plan est un ensemble
d’actions et de leur programmation. Il y a la programmation à long terme que l’on appelle plan
stratégique. Ce plan stratégique vise à améliorer le plan de l’entreprise et surtout d’accroître la
pression concurrentielle sur les voisins et les horizons temporels conséquents. Pour être appliqué,
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le plan stratégique doit être converti en plan opérationnel c'est-à-dire à court terme et généralement
par année.

La réalisation de tous les plans arrêtés a des implications financières c'est-à-dire il faut
chercher le financement et il faut diminuer les dépenses. La programmation des dépenses et
recettes se fait au travers du plan financier. Ce dernier représente au fond la symbiose des
implications financières des tous les services, départements ou fonctions de l’entreprise. Et le plan
financier lui-même se réalise au travers de différentes activités de l’entreprise. Il peut s’agir du
budget de vente pour les recettes, d’investissement, …. Et de trésorerie qui articule le solde et les
mouvements entre les dépenses et les recettes.
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Deuxième partie : La conjoncture


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Chapitre Quatrième : LA DEMARACHE CONJONCTURELLE


1.la conjoncture, un champ spécifique

La conjoncture interpelle la théorie économique dans ses fondements, dans sa


méthode et dans son objet. Le vocabulaire lui-même est un terrain parsemé d’embûches et, ici plus
qu’ailleurs, il faut commencer par rappeler le sens des termes utilisés avec l’espoir qu’ils
permettront une meilleure compréhension des faits dont ils veulent rendre compte.
Dans son acception la plus générale, la conjoncture économique désigne « la
conjonction des rapports économiques tels qu’ils peuvent être saisie à un moment quelconque
notamment pour définir la situation globale de l’économie ».
Cette première approche met en évidence l’interdépendance générale qui sous tend
l’analyse conjoncturelle. Celle-ci saisit l’économie dans son ensemble et non des phénomènes
localisés qui pourraient d’ailleurs se compenser. Aussi, du point de vue de cette analyse, les faits
significatifs sont –ils ceux qui se diffusent à travers toute l’activité économique de préférence aux
phénomènes isolés.
Mais très souvent, le terme désigne aussi la science des enchaînements successifs,
à travers l’alternance des différentes phases, cette acception plus précise renvoie au mouvement
économique, objet privilégié de la démarche conjoncturelle. Il ne s’agir pas d’un glissement du
vocabulaire, mais bien plus fondamentalement - et c’est le propre du langage - d’un élargissement
du concept à la réalité totale qu’il englobe : le mouvement constitue en réalité le mode d’existence
des faits économiques et l’économie est mouvement. Dans ce sens, la conjoncture s’attache à
l’analyse la récurrence des situations envisagées.
Celle-ci implique un retour d’événements analogues selon une même séquence.
Ainsi, dans les fluctuations de courte période qui sont une des manifestations du mouvement
économique, les phases d’expansion et de contraction ont un caractère cumulatif qui entraîne le
mouvement jusqu’à son point de retournement
Une précision de terminologie est cependant nécessaire. La littérature confond
facilement les vocables « cycles « et « fluctuation » cette confusion paraît malheureuse. Au sens
littéral, la notion de cycle implique un mouvement périodique d’amplitude constante : ce n’est
manifestement pas le cas des mouvements observés. Même, et peut-être surtout, lorsqu’elle est
comprise dans le sens de cycle économique, cette notion doit être écartée en ce qui nous concerne.
En effet, elle implique un processus spécifique doté d’un certain degré
d’autonomie à l’égard des normes générales de la cohérence économique. La conjoncture
s’intéressant à l’ensemble de l’économie s’oppose donc au cycle qui n’apporte qu’une explication
partielle c’est pourquoi nous préférons utiliser l’expression de fluctuations économiques
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Le mouvement immédiat qui s’observe dans les fluctuations de courte période


constitue le fait d’observation par excellence : ces fluctuations correspondent à la réalité première
dont doit répondre l’analyse de la conjoncture. La modification des rapports de déséquilibre
entraîne directement des réactions dans un sens déterminé et crée des situations décisives pour
l’avenir immédiat. Il y a donc bien sens et utilité à concentrer l’analyse sur les fluctuations de
courte période.
Si les situations concrète et instantanées peuvent trouver une explication dans les
rapports de déséquilibre au sein de l’interdépendance, elles n’acquirent leur signification totale est
même leur intelligibilité qu’en référence à un mouvement plus long dans lequel elles s’inscrivent.
Leur signification, parce que c’est à travers des décisions immédiates que s’opèrent les
ajustements fondamentaux correspondant aux exigences de longue période. Leur intelligibilité,
parce que des mouvements apparemment erratiques ne sont que l’expression des modalités
particulières de l’insertion des fluctuations de courte période dans les différentes phases des
mouvements longs.
L’oubli de cette référence amputerait sérieusement l’analyse de la conjoncture et
serait à l’origine de graves erreurs d’interprétation, même et surtout dans l’analyse des fluctuations
de courte période.
D’ores et déjà, il apparaît que la succession des différentes phases peut s’organiser
selon des rythmes différents. Viennent d’être mentionnés les fluctuations de courte période et les
mouvements plus longs qui tous deux relèvent de l’analyse de la conjoncture. Les différentes
modalités du mouvement économique seront précisées au chapitre suivant.
2.l’analyse de la conjoncture, une démarche scientifique
Les préoccupations de l’épistémologie contemporaine ont modifié
considérablement les idées reçues au sujet de la démarche scientifique
D’une façon générale, jusqu’à la fin des années 1960, on avait tendance à
considérer la science comme un domaine autonome aux méthodes de travail bien établies. Elle part
des faits qu’elle observe et systématise. La systématisation permet d’élaborer des théories
logiques, cohérentes et véritables par un retour au réel. Cette démarche se veut reproductible de
sorte que tout esprit soucieux de vérification doit pouvoir la contrôler en en reconstituant les
différentes phases.
La référence générale peut être celle que suggère Ernest Nagel qui propose des
distinguer trois éléments constitutifs d’une théorie scientifique :
- le système forme rassemblant les axiomes des la théorie qui en composent l’ossature
logique,
- le modèle qui propose une interprétation à la structure axiomatique et
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- les règles de correspondance qui relient le modèle à la réalité, c’est-à-dire au monde de


l’observation empirique.
Préoccupée de s’imposer en tant que science, l’économie a tenu à conformer son
projet au modèle accrédité : elle observe des faits économiques en vue d’établir des relations
entre eux et d’en dégager des lois générales. A un second niveau, elle atteint des propositions plus
générales encore, appelées théories. Les lois et les théories économiques sont des représentations
du réel. Leur ensemble constitue un système dont il importe de vérifier la cohérence interne,
suivant une méthode déductive répondant aux critères de la logique.
A la différence de ce qui est attendu des autres disciplines scientifiques, chez les
économistes, la confrontation au réel a soulevé de nombreux problèmes sur lesquels nous aurons
l’occasion de revenir. Finalement, l’ambition des économistes était de se conformer au modèle
hypothético-déductif, comme le plus représentatif de la démarche scientifique. Ce modèle part
d’une ou de plusieurs lois considérées comme universelles, mais soumises à un ensemble de
conditions initiales ou limites, à partir desquelles il est possible d’énoncer une proposition relative
à un événement.
Remarquons au passage que la logique déductive est un calcul abstrait et que la
vérité logique du raisonnement déductif ne dépend en rien de la vérité factuelle des prémisses.
Dans le cas de l’économie, intimement mêlée aux faits qu’elle entend expliquer au pouvoir, cela
peut conduire à des situations étonnantes tellement étonnantes en fait que l’économie fut l’objet de
nombreuses remises en cause. Les une concernent la méthodologie et stigmatisent l’écart entre la
théorie et la réalité.
D’autres critiques concernaient plus fondamentalement l’objet même de
l’économie, telles que qui reprochait à la théorie économique de ne concerne qu’un aspect du
domaine social ou celle, plus proche de nous.
Les faiblesses et carences dénoncées par ces critiques ne justifient cependant pas un
abandon de l’analyse économique. Elles traduisent en réalité, au-delà d’une spécificité comme
science humaine et sociale, un malaise profond qui est propre à l’ensemble du monde même de
démarche scientifique que nous pourrons trouver des éléments de réponse aux interrogations des
économistes
Une analyse critique appliquée à la pratique de la science et non à l’image qu’on
s’en fait, à permis de resituer les méthodes scientifiques parmi les processus par lesquels les
hommes essaient de construire leur monde. C’est ainsi que ce qu’auparavant on tenait pour lacunes
ou faiblesses conduit à préciser les règles particulaires du discours scientifique de chaque
discipline et plus globalement à redéfinir la démarche scientifique elle-même.
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Le statut scientifique de l’économie et de l’analyse de la conjoncture a tout


spécialement bénéficié de cette démythification. Les obstacles rencontrés dans la recherche d’un
prétendu idéal scientifique ont souvent permis, lorsqu’ils ont été dépassés, un enrichissement
considérable de l’analyse économique. C’est le cas notamment de l’implication de la science dans
les décisions concrètes, de la sélection des faits étudiés et de la non-reproductibilité des
expériences ou de la non-répétitivité des situations. Il est intéressant de reprendre chacun de ces
points pour indiquer dans quelle mesure l’analyse de la conjoncture en particulier a pu surmonter
les difficultés et de ce fait, bénéficier d’enrichissement important
Il y a, au départ, cette prétention à atteindre ce que les anglo-saxons désignent du
nom de « positive économie », la science pure de l’économie. Cette « science pure » certains la
voudraient indépendante de toute détermination extérieure. Isolée de ses conditionnement,
notamment psychologiques et socio- culturels, la science tendrait à se constitue selon les seuls
paramètres de la rationalité scientifique. L’ambition en a été clairement formulée depuis que
Lionel Robbins a explicitement rejeté hors du champ de la science économique les problèmes de la
détermination des fins de l’acte économiques
Un demi-siècle plus tard, le monde des économistes en arrive à reconnaître que
certaines normes moralo-sociale affectent profondément le fonctionnement d’un marché. C’est
ainsi qu’à l’expérience, ce scientisme rigoureux et rigoriste paraît difficilement conciliable avec les
nécessités concrètes de la confrontation de la théorie au réel. On reconnaît aujourd’hui qu’entre
l’ordre des faits et celui de la décision, il n’y a pas de cloisonnement étanche, mais au contraire
une détermination réciproque. Ce qui est vrai de toute science l’est sans conteste aussi pour la
science économique.
A l’argument fondé sur l’implication des jugements de valeur dans le discours
économique, avancée par R. Heilbronner, s’en ajoute un autre plus déterminant fondé sur l’objet
du savoir, est effectivement le résultat partiel des stratégies choisies. C’est dans l’analyse de la
conjoncture économique que cette interaction entre le savoir et non objet va trouver son terrain
privilégie.
Une deuxième difficulté inhérente à toute démarche scientifique mais également
susceptible de déboucher sur un enrichissement tient aux critères de sélection des fait pris en
compte. La réalité étant beaucoup trop complexes, la science économique commence par
sélectionner les faits observés. Comme dans toute autre science, c’est un élément humain qui
décide ce qui est intéressant à étudier. Les travaux de Karl Popper l’on montré à suffisance : il n’y
a pas de faits bruts et tous sont porteurs d’une théorie d’où la nécessité de formuler des hypothèses
de raisonnement pour neutraliser les faits qui ont été écartés.
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 44

La première hypothèse retenue par la théorie économique est celle de la rationalité


des agents économiques. Sans innover au regard de la méthode scientifique, cette hypothèse se
contente de délimiter le problème en se référent à un paradigme implicite, et ceci quel que soit le
degré limitatif de la définition de cette rationalité. Ceci permet de dominer le problème retenu,
mais conduit aussi à éliminer un certain nombre de variables.
Sont ainsi qualifié de rationalité les comportements visant à la recherche de
l’optimum économique qui, lui-même, est ramené a certains hédonismes véhiculés par la société
ambiante et dont l’expression à quelque peu varié avec le temps ; les comportements qui s’en
écartent sont également écartés du champ de l’analyse économique. Quelle est la légitimité d’une
telle simplification ? Dans l’agir humain, peut-on dissocier ce qui est rationnel de ce qui est
qualifié d’irrationnel ? Dans l’agir social, peut-on apprécier la rationalité d’un comportement hors
de son contexte, c’est-à-dire sans tenir compte d’une hiérarchie des valeurs déterminée par les
structures sociales en place ?
L’économie vit en symbiose avec la société : elle peut difficilement être réduite au
quantitatif, au matériel, à cette forme de rationalité limitée appelée « homo économicus », ce «
fantôme commode » qui risque de devenir encombrant au point de cacher l’homme qui prend les
décisions dans leurs complexité.
Parce que science humaine, l’économie peut difficilement se laisser enferme à
l’intérieur des barrières délimitant qui lui serait spécifique et qui isolerait l’agir humain de son
contexte. « La science économique devrait au contraire avoir pour seule ambition d’être la plus
polymorphe possible, de traduire la réalité dans sa complexité »1. Il s’agit de reculer les frontières
de l’interdépendances : interdépendance entre les différents niveaux d’organisation qui
s’engendrent successivement et se régulent mutuellement ; interdépendance entre le tout et les
parties qui ne peuvent se maintenir et se reproduire indépendamment les uns des autres ;
interdépendance entre un objet et son environnement hors duquel son développement ne peut se
comprendre ; interdépendance entre un système économique et ses environnements socioculturels
ou naturels dont la logique imprègne son fonctionnement et dont la pérennité commande sa
reproduction dans le temps.
Particulièrement quand elle appréhende les mouvements longs, l’analyse de la
conjoncture est amenée à prendre en compte en spectre beaucoup plus large de réalité, c’est au
sein de ceux-ci que les relations entre les faits économiques et l’organisation sociale sont le plus
fondamentalement remises en cause et que sont définies de nouvelles formes d’organisation.
Négliger de les introduire dans la démarche conjoncturelle serait amputé l’analyse d’une de ses
composantes majeures.

1
A. MINC. L’après crise est commencé, paris, Gallimard, 1982
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Ce refus d’une simplification réductionniste ne doit cependant pas conduire à


l’attitude inverse qui serait une sorte de cosmologie générale déterminant l’évolution des structures
socio-économiques. Jusqu’à un certain point, une notion élargie de l’interdépendance enrichit
l’analyse, formalisée à l’extrême, elle risque de tomber dans le déterminisme. L’exemple de la
sociologie est significatif. En mettant en évidence le processus et les divers mécanismes de
changement tels que la destruction et la création de divers mécanismes de changement tels que la
destruction et la création de formes d’organisation, la sélection des outils performants, la diffusion
de nouveaux rapports à la technique, les comportements grégaires des groupes dans la
conservation comme dans la nouveauté, les rapprochements entre biologie et économie peuvent
féconder une pensée économique qui aurait tendance à se cantonner à l’analyse des conditions
d’équilibre partiel des états stationnaires. On peut aussi admettre que la perception biologique
confère plus d’importance que ne le fait habituellement l’économie à la relation de l’agent
économique à son milieu. En ce sens, elle rejoint la notion d’interdépendance.
Mais dans ce qu’elle a d’englobant et finalement d’impérialiste, une telle démarche
ne peut fonder l’analyse économique. Alexis jacquemin en a souligne la faiblesse majeure. « Les
conceptions de la société qui sont véhiculées par la démarche sociologique ne sont guère
acceptables. Les mécanismes sélectif y sont décrits comme des processus adaptatifs plus ou
moins continus assurant l’émergence d’un type idéal ; ces mécanismes sont à leur tour interprétés
comme étant le support d’un déterminismes fondamental ». L’excès d’élargissement comporte un
réel danger.
Enfin, sep pose le problème de la reproductibilité et celui, connexe, de la
vérification. Une démarche scientifique complète implique la confrontation du modèle existant
avec les conditions de la pratique. Il s’agit d’un problème méthodologique majeur dont on peut
dire qu’il se trouve au cœur de l’œuvre de Kart Popper selon lui, c’est le critère d’infirmabilité qui
distingue la science de la non science : la science est ce corps de proposition relatives au monde
réel qui peuvent en principe être infirmées par des observations empiriques.
Pour être qualifiées de scientifique, une théorie devrait préciser à l’avance les
conditions observables qui seraient susceptibles de l’infirme. Ce principe s’inscrit parmi d’autres
règles méthodologiques qui interdisent le recours à des hypothèses auxiliaires, de convention,
visant à prémunir les théories avancées contre toute infirmation possible. Leur application à la
science économique mériterait de plus amples développements.
Le problème de la confrontation des théories au réel est loin d’être simples et il
n’est pas étonnant qu’il ait suscité tantôt des oppositions violentes. Tantôt des adhésions de
principe, rarement traduites dans les comportements. Certes, peu d’économistes aujourd’hui
souscriraient à l’apriorisme radical de l’école autrichienne moderne qui, avec Ludwig von Mises
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affirmait : « ce qui confère à l’économie son statut particulier et unique dans le domaine de la
connaissance pure et de l’utilisation pratique de la connaissance , est le fait que ses théorèmes
particuliers ne se prêtent à aucune vérification ni infirmation sur le terrain de l’expérience :
l’étalon ultime pour apprécier si un théorème est correct ou non est la seule raison sans aide de
l’expérience ». Mais ce problème n’est pas résolu pour autant.
D’une façon très générale, l’économie n’a pu souscrire à la troisième exigence du
prototype scientifique proposé par E. Nagel : la confrontation du modèle à la réalité fait largement
défaut, cette absence de correspondance pourrait en grande partie être le résultat du
réductionnisme de la théorie économique qui, pour les besoins de la cause, isole l’acte qualifié
d’économie de son contexte sociologique.
De toute façon, en économie, la procédure de vérification est quasi inexistante :
chaque expérience devient unique et ne peut être répétée à souhait. Il ne faut donc pas s’attendre à
une répétition des faits du passé et c’est surtout à travers la prévision d’événements futurs qu’une
telle vérification peut se concevoir utilement, avec tous les risques d’erreurs que comporte un tel
exercice. En outre tel une logique de dissuasion, le rôle d’une prévision économique est aussi
d’être démentie : on prévoit la crise pour qu’elle ne se produise pas, modifiant le sens d’une
procédure de vérification. La tâche essentielle est peut être de distinguer les propositions
normatives et positives et de clarifier les conditions nécessaires pour soumettre les propositions
positives au test de l’expérience. Dans ce domaine, un long chemin reste encore à parcourir.
Dans ses deux principaux champs d’investigation que sont l’étude des fluctuations
de courte période et celle des mouvements longs, l’analyse de la conjoncture est directement
confrontées à ce problème. Les mouvements annoncés n’ont jamais la valeur répétitive que
pourrait avoir le passage d’une comète dans le système solaire. La théorie des fluctuations
économiques se réfère simplement à la venue d’une situation comparable à une situation antérieure
sur des points strictement définis. De son côté, la théorie des mouvements longs se concentre sur
les modifications de structures en réponse aux contraintes héritées des situations antérieures :
celles-ci sont toujours renouvelées et les possibilités de réaction extrêmement variées. Le
mouvement long est créateur de formes d’organisation et la création ne se répète jamais.
3. l’analyse de la conjoncture, une démarche itérative
Le champ de l’analyse et son statut scientifique étant précise, il reste à s’interroger sur
la méthode concrète de la démarche conjoncturelle. Elle s’organise en trois étapes majeures :
observation, analyse et retour au réel.
Au départ, elle se nourrit de l’observation de faits : elle est analyse de l’information
économique. Cette dernière doit rendre compte du présent entre le passé qu’elle interprète et le
futur qu’elle aide à prévoir. Aussi, le lien avec la réalité socio-économique y est-il impératif. On le
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trouve à l’origine de la démarche ; il intervient constamment au cours de l’analyse au terme de


laquelle doit s’opérer un ultime retour au réel, qui d’ailleurs en constitue la finalité même. En
1891, J. Neville Keynes notait déjà que l’économie devrait « commencer par l’observation et finir
par l’observation ».
Les mouvements économiques sont des faits et des événements, leur observation est
le passage obligé de toute analyse. On n’en construit pas une analyse de la conjoncture sur des
concepts mais sur des faits. Il y a donc un empirisme de départ qui doit être explicité.
Le contexte de l’analyse de l’information économique est un contexte de
l’immédiat et la qualité de l’analyse augmentera dans la mesure où le passé, le présent et le futur
seront proche, c’est-à-dire dans la mesure où seront courts les délais d’analyse, y compris la
publication des résultats. C’est la raison pour laquelle le conjoncturiste est mêlé aux contraintes de
l’actualité et doit agir non seulement avec perspicacité mais aussi avec rapidité. Cette particularité
détermine certaines caractéristiques concrètes de la démarche conjoncturelle. Sont ainsi concernés
le choix des outils et des compétences, les techniques employées, les méthodes utilisées et la
séquence des opérations. Pour raccourcir les délais d’analyse, on donnera la préférence aux
indicateurs précoces et aux méthodes d’interprétation rapide ; on insistera sur la capacité du
système et de l’observateur à diagnostiquer un mouvement atypique.
Pour que l’étape de l’observation soit un cœur de la démarche conjoncturelle, il faut
garantir une intrication des faits et des références théoriques. L’analyse macro- économique fournit
en l’espèce les indispensables interactions entre les acteurs ou les variables économiques qui
permettent d’observer les faits pertinents. Inversement, si le cadre systémique de la macro-
économie se prête à une observation englobante des faits, il reste soumis à de possibles remises en
cause de ses relations théoriques.
D’empirique, la démarche devient analytique et synthétique. Analytique, parce
qu’au-delà de l’observation, il faut tenter d’expliquer les faits en référence aux concepts théoriques
existants, généralement puisés dans l’arsenal macroéconomiques. Synthétique, parce que les
événements observés sont des phénomènes macroéconomiques concernés par une interdépendance
générale. C’est cette caractéristique de la démarche qui conduit au concept de « diagnostic » qui
interprète en fonction d’une théorie conjoncturelle sans cesse renvoyée au réel.
Ce retour au réel appelle un développement spécifique des méthodes
d’interprétation d’analyse des données, qui permettent de tirer le meilleur parti des outils
statistiques et informatique et de répondre au mieux à l’objectif d’une analyse de l’information
économique. A terme, la création de systèmes experts adéquats pourrait rencontrer plusieurs
exigences de méthodes, parmi celles-ci :
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- la mise en œuvre d’un système continu d’analyse qui s’autoalimente des analyses
successives. Un tel système nécessiterait dans l’absolu un outil statistique et informatique
particulièrement fiable et la mise en œuvre de ressources financières et humaines importantes. La
question est de savoir si le bénéfice escompté justifie les ressources dépensées, compte tenu de
l’inertie du mouvement économique qui rend redondantes deux analyses très rapprochées dans le
temps ;
- La mise sur pied d’un système d’analyse d’urgence qui permet d’adapter une
analyse récente à la lumière d’un fait particulièrement significatif. Cette option requiert une bonne
flexibilité de la méthode et la disponibilité quasi permanente des ressources nécessaires à
l’analyse. Cette approche est actuellement rendue possible par l’existence de modèles
économétriques que l’on fait « tourner » dès lors qu’un élément exogène intervient (par exemple
une dévaluation) afin d’adapter les résultats obtenus antérieurement et de les intégré presque
simultanément dans la nouvelle analyse.
Enfin, la démarche conjoncturelle trouve sa pleine justification dans sa capacité
opérationnelle.
L’analyse de la conjoncture a la particularité d’être impliquée dans la réalité des
faits non seulement par sa méthode mais également par sa finalité : la collecte des données.
L’interprétation de la situation économique n’ont d’utilité que si elles conduisent, soit à élaborer
des prévisions, soit à apporter une aide à une décision à l’égard de la situation économique. C’est
l’ultime retour au réel.
Cette aide à la décision peut se réaliser sur deux plans, macroéconomique pour les
pouvoirs publics, microéconomiques pour les entreprises. La politique conjoncturelle s’intéresse à
l’opportunité et à l’impact de politiques économiques. L’analyse de conjoncture précise comment
une mesure économique, jugée par ailleurs efficace, peut accroître son efficacité ou au contraire la
réduire selon le moment où elle est prise ; les mesures sont ainsi appelée « pro cycliques » ou au
contraire « contra cycliques » selon qu’elles sont prises dans la direction du mouvement où à
l’encontre de celui-ci. La gestion conjoncturelle s’intéresse à l’action du décideur privé. On peut
la définir comme un outil systématique permettant de prendre en compte dans le processus de
décision, l’information fournie par l’analyse conjoncturelle. L’informatique économique et une
meilleure connaissance de l’environnement économique de l’entreprise sont aujourd’hui
considérées comme une ressource essentielle pour la gestion celle-ci
Cette double finalité de la démarche conjoncturelle organise le retour au réel de la
démarche, en mettant à l’épreuve la théorie économique et la théorie de la gestion des entreprises.
Véritable lieu d’échange entre les espaces conceptuels, tant micro que macroéconomiques, et le
champ de la réalité, la démarche conjoncturelle trouve ici sa spécificité propre.
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Schéma 1.1. La démarche conjoncturelle : séquence des opérations

Environnement socio-économique

Information - systèmes d’analyse - politique conjoncturelle


économique - gestion conjoncturelle

Observation Diagnostic Prévision Action

Références théoriques

- l’observation des faits au travers d’indicateurs est le premier stade de l’analyse


puisqu’elle permet de sélectionner et de traiter l’information disponible et significative sur le
mouvement économique ;
- le diagnostic est l’interprétation des faits observés : c’est le résultat d’un processus
complexe où la rigueur de la démarche et l’expérience de l’analyse sont des atouts indispensables ;
- la prévision des faits est la conséquence du diagnostic puisqu’elle le prolonge dans
le futur proche :
- l’action sur les faits est le prolongement logique de ce qui précède et, par le retour
au réel quelle opère, rencontre la finalité de l’analyse de la conjoncture.
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Chapitre Cinquième : Les étapes de la démarche conjoncturelle


Introduction
Appréhender la conjoncture a toujours été un problème difficile, tant pour le
responsable politique que pour le dirigeant d’entreprise. C’est au moment où elle se produit qu’il
importe de connaître l’évolution conjoncturelle et si possible d’en prévoir le déroulement futur.
L’analyse de la conjoncture se compose de trois étapes :
- la lecture ou l’observation des faits ;
- la compréhension ou le diagnostic ;
- la vision prospective ou la prévision
La base indispensable à toute analyse de conjoncture est l’information économique.
Il est essentiel de pouvoir disposer de données cohérentes et d’un outil statistique fiable pour
analyser l’environnement économique.
Cette démarche empirique soulève un problème d’ordre méthodologique. En effet,
le fait brut tel qu’observer dans l’environnement n’est pas facilement utilisable, ni forcément
intéressant. La pratique de l’analyse conjoncturelle a mené à l’élaboration d’une boîte à outils
(indicateurs,…) qui permet de rassembler les faits en des séries significatives. Il s’agit alors
d’appliquer une méthodologie précise, utilisant notamment les apports de la statistique.
L’information économique est, au cours du temps, devenue l’objet d’un véritable
marché. De nombreuses institutions et sociétés sont spécialisées dans la collecte, le traitement et la
mise à disposition de données économiques internationales. Les avancées en informatique ont
permis cet essor. L’offre s’est donc organisée pour répondre à une demande de plus en plus ciblée
de données actualisées.
Les faits supposés connus, il faut alors les lires. La lecture d’un indicateur ne
consiste pas simplement à suivre du doigt les mouvements de hausse et de baisse des séries
chronologiques. Les évolutions ne se comprennent que dans leurs enchaînements réciproques.
C’est le problème de l’interdépendance qui est évoqué. Les interactions sont constantes mais les
relations immédiates ne permettent pas toujours de rendre compte de leur complexité. Le
diagnostic de synthèse propose un instrument plus adéquat pour approcher une réalité mouvante et
complexe.
Comprendre ce qui se passe constitue un objectif important. L’intérêt opérationnel
de l’analyse de conjoncture réside cependant dans sa capacité à dépasser le présent. Les prévisions
conjoncturelles n’ont toutefois pas une valeur prédictive, en ce sens qu’elles annonceraient ce qui
va se passer. Il s’agit plutôt de prolonger dans le futur immédiat un diagnostic fondé sur l’analyse
des faits actuels.
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Le retour au réel, à savoir la prise de décision, s’effectue en dernière étape de cette


démarche itérative. Il n’est possible qu’après avoir cerné l’environnement économique considéré
dans toute sa complexité. La prise de décision pourra alors s’effectuer soit au niveau
macroéconomique, soit au niveau microéconomique.

5.1 Observer
L’analyse de la conjoncture nécessite, rappelons- le, l’adoption d’une démarche
itérative comportant diverses étapes, à savoir l’observation des faits, leur analyse, leurs prévisions
et, en tant que retour au réel, la prise de décision.

L’observation des faits est le passage obligé de toute analyse conjoncturelle. En effet,
les mouvements économiques se constituent non pas à partir de théories et de concepts mais bien à
partir d’un ensemble de faits et d’évènements. Ces derniers sont appréhendés grâce à l’information
économique. Celle-ci rend compte du présent, qui se situe entre le passé qu’elle interprète et le
futur qu’elle aide à prévoir.

L’observation de la réalité conjoncturelle intègre les progrès technologiques,


notamment informatiques (rapidité d’accès aux données, facilité de transmission des données…).
L’outil statistique est également d’une aide précieuse pour le traitement de l’information.

La qualité des observations empiriques pèsera bien évidemment sur la qualité de


l’analyse. Il faut noter que le passé, le présent et le futur se trouvent réunis dans un espace
temporel souvent réduit. Il s’agit donc de saisir l’information avec rapidité dans la mesure où bien
souvent les détails d’analyse sont très courts. Il est donc essentiel d’une part de déterminer au
préalable les différents indicateurs nécessaires à l’évaluation de la réalité étudiée et d’autre part de
bien en saisir les mécanismes de comportement.

5.1.1 Définition de l’indicateur

Les indicateurs conjoncturels sont des séries chronologiques considérées comme


représentatives de la conjoncture ou supposées capables de décrire le mouvement conjoncturel
dans un ou plusieurs secteurs d’activité économique, voire dans l’ensemble de ceux-ci. Il s’agit de
la matière première de l’analyse.

La majeure partie des indicateurs sont des indicateurs partiels (en opposition aux
indicateurs synthétiques), c'est-à-dire qu’ils ne rendent compte que de certains aspects de la réalité
économique.

Il est important de distinguer entre les indicateurs composés d’une série individuelle et
les indicateurs composites, formés au départ de plusieurs séries. La pondération des différentes
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séries est dans ce dernier cas liée à leur importance relative dans l’économie ou à leur conformité à
un indice conjoncturel global.

Parmi les indicateurs compostes, on trouve des indices de prix ou des indices de
production industrielle, tous secteurs confondus.

5.1.2 Typologie

Chaque série chronologique possède son propre rythme et s’écarte ainsi, d’une manière
ou d’une autre du mouvement général de la conjoncture (mouvement de référence). Ainsi, les
indicateurs peuvent être caractérisés selon quatre concepts : la conformité, la cyclicité, la précocité
et la volatilité.

La conformité : La relation existant entre un indicateur et le mouvement de référence


ne peut s’établir et se discuter qu’une fois qu’on est assuré que l’indicateur est comparable et
conforme au mouvement de référence. La conformité de l’indicateur s’établit en référence à la
récurrence de son mouvement ; certains indicateurs ne s’inscrivent pas dans des fluctuations
conjoncturelles de courte période et décrivent plutôt des mouvements de moyenne, voire de longue
période.

Par exemple, la production industrielle et le taux d’intérêt nominaux sont des


indicateurs conformes ; par contre, en phase faible du mouvement long, l’emploi et le chômage
sont non-conformes.

La conformité des indicateurs est particulièrement importante lorsqu’on les compare à


des fins d’analyse conjoncturelle. Cette dernière nécessite en effet de choisir un horizon de temps
qui correspond à la nature de chaque indicateur.

La cyclicité : une fois le caractère conforme de l’indicateur au mouvement de référence


correctement établi, on peut déterminer les autres caractères de cet indicateur. S’il évolue dans le
même sens que le mouvement de référence (il existe une relation positive entre l’indicateur et le
mouvement économique généra), il s’agit d’un indicateur pro cyclique. Dans le cas contraire, on
parle d’un indicateur contra cyclique.

Par exemple, des indicateurs de production, d’emploi et de prix sont pro cycliques ;
des indicateurs de chômage et de stocks vendeurs sont contra cycliques.

Le caractère cyclique ou contra cyclique d’un indicateur ne constitue néanmoins


qu’une approche superficielle qui doit être nuancée par d’autre critères, tels la précocité ou la
volatilité.
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La précocité : un indicateur peut être,

- Précurseur où en avance (« leading indicator ») par rapport au mouvement de référence.


Pour être significative, l’avance doit être récurrente et d’environ trois mois. L’intérêt principal de
ce type d’indicateurs réside dans son caractère prévisionnel. Par exemple, les cours de Bourse et
les carnets de commande à l’industrie sont des indicateurs précurseurs.

- Coïncident ou descriptif lorsque les points de retournement correspondent, du moins


approximativement, aux retournements de cycle. Par exemple, les ventes au détail, le produit
national brut ou la production industrielle sont des indicateurs coïncidents. Les deux derniers
servent d’ailleurs eux-mêmes de mouvement de référence pour l’analyse

- Retardé (« lagging indicator ») par rapport au mouvement de référence. Le retard relatif de


ce type d’indicateurs est dû au fait que son évolution résulte de divers ajustements. Par exemple,
les mouvements de stocks sont des indicateurs retardés.

L’amplitude : elle traduit l’oscillation plus ou moins forte du mouvement de


l’indicateur par rapport au mouvement de référence. On peut ainsi observer les indicateurs qui,
dans le cadre temporel, connaissent des fluctuations très amples ou au contraire très réduites.

L’amplitude d’un indicateur est un atout majeur dans la rapidité à diagnostiquer un


mouvement de retournement conjoncturel.

Notons que l’amplitude ne tient pas toujours à des composantes accidentelles non
prévisibles, mais concerne davantage des fluctuations conjoncturelles de courte période. Ainsi,
certains taux d’intérêt peuvent enregistrer des variations multiples successives qui, en dépit d’une
signification à très court terme, ne présentent pas d’intérêt pour l’analyse conjoncturelle.

Par exemple, les indicateurs de prix aux stades primaires, les taux d’intérêt à court terme
et les ventes des biens durables sont des indicateurs dont les mouvements sont amples ; les
mouvements des recettes, dépenses et investissements publics le sont moins.

5.1.3 Le traitement des données

Il est dangereux d’utiliser des données statistiques à l’état brut car elles ne rendent pas
uniquement compte de la seule réalité économique ou conjoncturelle. On doit donc s’assurer
d’effectuer un certain nombre de traitement afin d’éliminer les composantes non conjoncturelles.

Traditionnellement, les séries conjoncturelles peuvent être décomposées en quatre


composantes, à savoir :

- la tendance générale (le trend), englobant des phénomènes de croissance et de décroissance


Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 54

- la variation conjoncturelle (le cycle) à caractère rythmique, que l’on veut mettre en
évidence ;

- le mouvement saisonnier, à caractère périodique, qui correspond à des variations


s’effectuant régulièrement au cours de la semaine, du mois de l’année ;

- les fluctuations accidentelles, mouvements imprévisibles liées à toutes sortes


d’évènements, qui présentent en général une allure aléatoire.

Des traitements statistiques permettent d’ôter les composantes saisonnières et


accidentelles afin de mieux percevoir les éléments propres aux fluctuations de courte période et
aux mouvements longs dans lesquelles elles s’inscrivent. Toutefois, il n’existe pas de règle fixe
pour le traitement de séries conjoncturelles ; chaque indicateur a sa propre personnalité, en
fonction des composantes qui le constituent. Cette personnalité peut varier dans le temps, ce qui
rend des méthodes efficaces dans le passé tout à fait inadaptées pour l’analyse présente.

La composante saisonnière devra être éliminée des séries chronologiques soumises à


des variations spécifiques à certains moments de l’année. Afin d’éliminer cette composante
saisonnière, on exprimera la série en question en variations, c'est-à-dire l’on se réfère à la valeur
observée au cours de la période précédente. Ainsi, on parle par exemple de variation à 12 mois
d’écart lorsque l’on compare la valeur d’un indicateur à sa valeur observée 12 mois plut tôt.

Dans ce cas, on se base sur une hypothèse peu restrictive qui possède une signification
économique, à savoir que les fluctuations de la série en cours d’année ne peuvent pas modifier la
conjoncture annuelle.

Les variations sont exprimées en pourcents.

Comme on l’a souligné précédemment, des traitements statistiques plus spécifiques


permettent d’éliminer cette composante saisonnière. 2

La composante accidentelle est repérée par l’observation des séries brutes et des
graphiques qui en découlent.

Cette composante est le résultat d’erreurs statistiques ou encore d’éléments fortuits qui
suscitent un comportement inattendu de l’indicateur (va- leurs trop élevées ou beaucoup plus
basses).

2
Les méthodes utilisées le plus souvent sont les rapports à la moyenne mobile et la dessaisonalisation par régression.
Soulignons qu’il est préférable d’utiliser la régression pour éliminer la composante saisonnière, plutôt que d’utiliser
des séries préalablement désaisonnalisées par les instituts qui les publient. Ces deniers utilisent les techniques de
lissage qui présentent certains inconvénients.
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 55

Ce sont les techniques de lissage 3 qui permettent de « raboter » les séries présentant ce
type de spécificité, c'est-à-dire l’on lisse les valeurs extrêmes.

Il faut toutefois être prudent de l’utilisation des techniques de lissage. En effet, un


lissage trop fort pourrait non seulement éliminer la composante accidentelle mais aussi des
éléments du cycle et notamment les points de retournement conjoncturel.

Quant à la composante tendancielle, deux écoles s’opposent. Certains pensent que la


tendance doit être éliminée des séries brutes, en utilisant la technique des moyennes mobiles sur
longue période.

D’autres, par contre, considèrent la tendance (ou « trend ») comme une référence vis-à-
vis de laquelle s’inscrivent les mouvements de courte période. En effet, rappelons que la
conjoncture (les fluctuations de courte période) s’inscrit dans un mouvement de plus long terme
qui modifie les contours des fluctuations conjoncturelles.

Si l’on admet que la tendance générale est un mouvement lisse, il apparaît alors
approprié de la représenter par l’une ou l’autre fonction appropriée du temps (polynôme d’un
degré plus ou moins élevé, fonction exponentielle, fonction logistique) et on peut alors utiliser le
modèle de la régression classique pour isoler le trend.

5.1.4 Calcul du taux de variation

Une grandeur économique ne possède pas de niveau naturel d’équilibre ; ce n’est


qu’en prenant les taux de variation que nous pouvons dire si les résultats économiques sont bons,
modérés ou mauvais.

Le type de variation de plus simple est l’augmentation exprime en pourcentage du


chiffre de la période en cours par rapport à la période précédente. On prend donc comme base ou
point de référence du taux de variation le taux de la période précédente.

On peut prendre comme base de la comparaison :

- la période précédente : dans le cas de données mensuelles, la variation à un moins


d’écart ne donnera qu’une idée très relative de l’évolution de la variable et est très influencée par
les variations saisonnières

- la même période de l’année précédente : dans le cas de données mensuelles, la


variation à 12 mois d’écart permet d’éliminer la composante saisonnière mais la série reste
influencée par un possible composant accidentel. Il s’agit de la méthode classique pour éliminer la
composante saisonnière.
3
Le lissage se réalise par l’utilisation des moyennes mobiles, simples, à plus inégaux ou exponentielles. D’autres
méthodes pour éliminer la composante accidentelle sont l’opérateur de retard ou la régression.
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 56

Dans ce cas comme dans le précédent, on ne peut comparer une donnée dont la valeur est
anormalement basse (ou élevée) par rapport à la tendance générale et qui risque d’exagérer la
réalité de la variation enregistrée. On parle dans ce cas d’effet – écho ou effet –miroir.

- Le début de l’année civile : il est plus utile dans certains cas de calculer la variation
cumulée d’une variable au cours de la période écoulée d’une année. Cette comparaison établie de
un à douze mois d’écart est particulièrement appropriée pour des variables que l’on juge en
référence à un objectif de gestion ou de politique économique.

- Une période choisie : la base de la comparaison peut être une période de creux ou
de sommet conjoncturel, un évènement politique… dans ce cas, il faut opérer sur une série
désaisonnalise pour éviter l’arbitraire du choix d’une période de l’année.

5. Les indicateurs synthétiques

A coté des indicateurs partiels, qui rendent compte d’un aspect spécifique de la réalité
économique, on trouve les indicateurs synthétiques.

Ces derniers « répondent à l’image du baromètre : une mesure de la réalité présente


dont l’évolution serait prémonitoire d’une réalité à venir. L’indicateur synthétique répond aussi au
besoin pratique d’un instrument simple, maniable directement par son utilisateur sans qu’il faille
de compétences particulières ».

6. Les indicateurs décisionnels

Ces indicateurs n’ont pas pour unique but de rendre compte de la situation
économique, ils se veulent également un outil de décision ou d’action sur cette situation.

A priori, n’importe quel indicateur peut s’avérer décisionnel. Pour cela, il suffit de lui
assigner des valeurs limites qui une fois atteintes ou dépassées, entraînent l’une ou l’autre
décision. Par exemple, en dehors des périodes de « saut d’index », les variations de l’indice des
prix à la consommation entraînent l’adaptation des salaires selon une modalité propre au système
d’indexation en vigueur.

L’indicateur décisionnel permet en outre de réduire au maximum le délai entre


l’observation des faits et la prise de décision. On comprend que ce type d’indicateurs soit surtout
utilisé dans le domaine monétaire, afin d’éviter les effets indésirables ou de tirer parti le plus
possible d’une situation économique donnée.
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 57

7. Les modèles macroéconomiques

Un modèle consiste en une représentation simplifiée des interrelations formant une


réalité délimitée (par exemple, une économie nationale). Il traduit en un système d’équations les
caractéristiques de l’ensemble étudié, notamment :

- les comportements (comment réagissent les investissements suite à une hausse des taux
d’intérêt ?)

- les relations techniques (quels sont les facteurs nécessaires à la production et en quelles
quantités ?)

- les caractéristiques institutionnelles (quelle est la fiscalité prévalant dans l’économie ?)

- les conditions de cohérence ou d’équilibre (le montant épargné par les ménages, augmenté
du montant consommé, doit donner leur revenu disponible)

L’économétrie est le volet des mathématiques dont relève l’élaboration et l’utilisation


des modèles. Le choix des hypothèses et postulats, ainsi que l’interprétation des modèles relèvent
par contre de la science économique.

On appelle « donnée exogène » toute variable dont la valeur est déterminée en dehors
du modèle. A l’inverse, on appelle « donnée endogène » toute variable dont la valeur dépend du
modèle.

La principale critique que l’on oppose à l’utilisation d’un modèle en science


économique est son caractère réducteur. En effet, la globalisation empêche de manière générale de
pouvoir considérer tous les aspects d’une même réalité. Un modèle comportant trop de variables
devient en effet totalement inexploitable.

Il s’ensuit que les modèles sont rarement neutres étant donné qu’ils nécessitent de faire
un choix parmi les variables à y intégrer. Ces choix, le plus objectif possible, n’en reste pas mois
empreint de la subjectivité du décideur.

Malgré cette critique, le modèle macroéconomique reste utile dans le sens qu’il permet
de baliser la réalité économique. Les orientations en matière de politique économique se basent, du
moins en partie, sur des prévisions élaborées suite à l’utilisation d’un modèle, qui assure un cadre
de réflexion cohérente.

8. Les enquêtes de tendance

Les enquêtes de tendance ont été développées pour remédier à certaines lacunes de
l’information statistique habituelle en ce qui concerne l’existence ou la disponibilité des
renseignements récents. Au lieu de s’appuyer sur des données chiffrées, elles se fondent sur des
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 58

jugements, des appréciations ou des intensions recueillies soit auprès de chefs d’entreprises, soit
auprès des ménages.

9. L’information conjoncturelle

9.1 Les étapes de l’information conjoncturelle

L’incertitude croissante dans le domaine économique a suscité le développement de


l’information économique, tant par l’amélioration de sa production que par une demande de plus
en plus précise de données économiques par les décideurs.

En effet, une bonne connaissance de l’environnement économique est à l’heure actuelle un


élément essentiel à la gestion d’une entreprise ; si l’intérêt était déjà explicite auparavant pour la
planification et la stratégie de firmes de grandes dimensions et souvent multinationales, l’intérêt
s’étend aujourd’hui à tous les domaines de la gestion, à savoir la gestion financière, la gestion
budgétaire, la planification des activités, la politique de change…

Pour répondre à cette demande croissante d’information économique, diverses sociétés


spécialisées sont apparues sur le marché. Parallèlement, de nombreuses entreprises ont mis sur
pied leur propre département d’études et statistiques qui leur fournissent une information
spécifique à leurs activités, directement utilisable.

Il va sans dire que ce développement des banques des données économiques va de pair
avec le développement de l’outil informatique qui en facilite l’accès (Internet…) ou le traitement
(logiciels statistiques…).

On distingue deux catégories d’informations économiques :

- l’information bibliographique (journaux, revues, évènements…)

- l’information conjoncturelle (données chiffrées micro ou macroéconomiques, séries,


chronologiques…)

L’analyse de l’information conjoncturelle renvoie à 3 types d’outils, à savoir les outils


de manutention, d’interprétation et d’utilisation. Ces outils recouvrent eux-mêmes les diverses
fonctions en relation aux banques de données (producteur, serveur, interprète, utilisateur…).

La manutention de l’information reprend les outils de collecte, de transfert, de


stockage et de présentation de l’information. La collecte de l’information rassemble la matière
première de l’utilisateur, information quantitative (séries chronologiques…), macroéconomique,
sectorielle ou interne à l’entreprise.
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 59

Le transfert et le stockage de l’information s’opère selon des techniques de diffusion et


de communication ; la présentation de l’information sous forme de tableaux, de graphiques ou de
commentaires permet d’atteindre une meilleure lisibilité de celle-ci.

L’interprétation de l’information décrit la meilleure manière d’utiliser l’outil, compte


tenu des objectifs. On disposera à l’avenir d’une masse croissante d’informations. Le problème
n’est donc plus d’augmenter cette masse de données, mais de prendre garde de ne pas s’y noyer !

Ceci concerne :

- Le classement, nécessaire à toute recherche ordonnée de l’information

- La sélection, qui s’opère en regard de l’objectif souhaité selon la connaissance précise du


sujet ou l’expérience de l’utilisateur ;

- Le traitement, qui vise à ôter de l’information tout élément perturbateur sans en altérer la
signification

- L’analyse, qui s’opère selon une démarche correspondant aux objectifs de l’analyse
conjoncturelle, à savoir la confrontation à la réalité, l’illustration de la théorie, la mise en
cohérence et l’élaboration du diagnostic

- La prévision, qui offre un atout supplémentaire à l’interprétation

L’utilisation de l’information caractérise le « retour à la réalité » et la mise en œuvre


des résultats de l’analyse.

Ainsi, l’utilisateur dispose d’un outil qui traduit la finalité de l’information. C’est le
large champ de l’aide à la décision, tant publique que privée.

Les réseaux de l’information conjoncturelle sont censés répondre à l’ensemble de ces


besoins en fournissant les outils adéquats.

9.2. Les sources d’informations conjoncturelles

Les sources d’informations conjoncturelles peuvent être présentes au niveau


international ou au niveau national.

Au niveau international, on retrouve les différentes institutions publiques


internationales telles l’Union Européenne (différentes publications sur les Etats membres et
banque de données Eurostat), l’Organisation de Coopération et de Développement Economique
(OCDE).
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 60

D’autres organismes internationaux, comme le fonds Monétaire International (FMI) ou


la banque des Règlements Internationaux (BRI) élabore également des rapports économiques de
première importance.

Des organisations professionnelles qui disposent d’une information tout à fait


privilégiée sur le secteur

Des organismes publics (Institut National de la statistique et des Etudes Economiques,


le ministère de l’Economie et des Finances, etc.

5.2 Diagnostiquer

Le diagnostic de conjoncture représente la synthèse de l’observation des différents


indicateurs. Il s’agit d’un exercice pour le moins périlleux, qui doit tenir compte des interactions
existant entre tous les indicateurs. De plus, le diagnostic est un cliché de l’économie à un moment
donné et, dès lors, est souvent très vite dépassé compte tenu de la mouvance de l’environnement.

Un diagnostic est toutefois utile, voire nécessaire, pour détecter les déséquilibres
fonctionnels potentiels (tensions au niveau des facteurs de production ou des prix, écarts par
rapport à certaines normes théoriques…) ou des liaisons de cause à effet entre déterminants et
indicateurs.

Un diagnostic de conjoncture doit donc rendre compte de la situation globale de


l’économie sur une période donnée. On réalise généralement un diagnostic de l’année écoulée, ce
qui permettra d’élaborer des prévisions de l’évolution attendue au cours des années suivantes.

D’une manière générale, on peut présenter un diagnostic selon le schéma suivant :

5.2.1 Introduire le diagnostic

Situer l’analyse dans son contexte temporel, spatial, politique et institutionnel


(proximité d’élections…).

5.2.2 Suggérer le diagnostic

Définir les hypothèses qui sous - tendent le diagnostic et son environnement. Il s’agit
dont de :

- Situer l’économie du point de vue des mouvements longs, ce qui permet de rendre compte
des caractéristiques structurelles dans lesquelles s’inscrivent les évolutions conjoncturelles
- situer l’économie par rapport au contexte international ; non seulement d’un point de vue
global (prix des matières premières, volumes des échanges mondiaux, croissance
mondiale…) mais aussi du point de vue de la diversité (montrer l’évolution des pays
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 61

leaders au niveau mondial et européen, à savoir, entre autres, les Etats-Unis, le Japon ou
l’Allemagne)

- situer l’économie d’un point de vue général à l’aide d’indicateurs synthétiques, ce qui
introduit le diagnostic en tant que tel et l’analyse des indicateurs partiels

5.2.3 Etablir le diagnostic

Une fois que l’économie est replacée dans son contexte, on en analyse les différentes
composantes.

Une structure parmi d’autres vise à passer en revue les différentes composantes de la
demande, à savoir la consommation privée des ménages, les investissements des entreprises et les
stocks, la consommation publique et les investissements publics et le commerce extérieur
(importation et exportations).

L’analyse de chacun de ces points nécessite de passer en revue les indicateurs partiels
et les déterminants. C’est à ce niveau qu’apparaissent le plus nettement les interrelations et
interactions entre les différents acteurs de l’économie.

Face aux composantes de la demande, on trouve les composantes de l’offre. Analyser


ces dernières revient à analyser la production industrielle ainsi que les données relatives à l’emploi
et au chômage.

Une fois analysée la face réelle de l’économie, il convient de montrer comment le


contexte financier réagit. Par la fiabilité de leurs indicateurs (masse monétaire, taux d’intérêt…),
les contextes financiers et monétaire permettent une confirmation du diagnostic de base, tout en
l’améliorant de manière progressive. On passe alors en revue des éléments d’offre monétaire
(objectifs de politique monétaire, conditions de crédit), des éléments de demande monétaire
(fréquence de circulation, utilisation des crédits), des indices de tension (taux d’intérêt) et de
répercussion des conditions financières internationales sur la situation intérieure.

L’analyse des prix ne peut être contournée car ils constituent les meilleurs indices de
tensions sur les marchés des facteurs de production et des biens de consommation. On élargit
l’analyse des prix aux taux d’intérêt (pour le marché financier) et aux cours de change (sur le
marché des devises).

5.2.4 Conclure le diagnostic

L’analyse suggérée ci – avant permet de déterminer l’évolution d’agrégats


macroéconomiques comme le produit national brut. Il faut évidemment prendre garde à la
multiplicité des indicateurs traités et faire appel à une bonne dose de logique et d’intuition pour
conclure de manière correcte l’analyse effectuée.
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 62

Le diagnostic de synthèse définitif est obtenu une fois que tous les indicateurs partiels
ont été analysés et que la cohérence entre les indicateurs réels et financiers a été établie. Aucun
apport supplémentaire ne doit pouvoir remettre en cause ni le développement ni les conclusions du
diagnostic.

5.2.5 Prolonger le diagnostic

Il est loisible de prolonger le diagnostic de synthèse par l’élaboration de prévisions à


court, moyen ou long terme.

On peut également prolonger l’analyse par des applications de gestion ou de politique


conjoncturelle.

5.3 Prévoir

Un économiste est un expert qui saura demain pourquoi ce qu’il a prédit hier ne s’est
pas produit aujourd’hui.

5.3.1 Rôle conjoncturel de la prévision

L’observation des faits et l’élaboration d’un diagnostic permettent de cerner


l’environnement économique et de décrire de manière précise une évolution à la lumière du passé
récent (analyse des séries chronologiques). Cette analyse peut également mener à l’élaboration de
prévisions conjoncturelles qui, à leur tour, forment une information supplémentaire et aident à la
décision.

Ainsi, les prévisions visent à améliorer l’information disponible en réduisant le


caractère incertain à l’avenir ; elles tirent donc leur utilité de leur contribution à une information
potentielle disponible, davantage que d’une qualité intrinsèque d’exactitude. De plus, tout comme
l’analyse d’un indicateur partiel ne permet pas une analyse complète et nécessite des éléments
complémentaires, une prévision n’a pas de poids si elle ne représente qu’un aspect futur, « toutes
choses étant égales par ailleurs ».

1. Les méthodes de prévision

Les techniques de prévision recouvrent des méthodes de natures fort différentes ; la


diversité des approches peut être envisagée en regard de plusieurs aspects :

- le domaine de la prévision : une grandeur macroéconomique, une donnée d’entreprise, un


évènement…

- l’élaboration de la prévision : par intuition, par extrapolation, par modélisation,


individuellement ou en équipe…
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 63

- la forme de la prévision : une chiffre, une « fourchette », une probabilité, une indication de
tendance…

- la finalité de la prévision : une décision, une information pour décision éventuelle,


l’évaluation d’un risque…

2.1 Les méthodes quantitatives de prévision

Toute prévision conjoncturelle a recours aux valeurs passées de la variable étudiée. La


démarche quantitative prévoit l’avenir en se basant exclusivement sur le comportement des faits du
passé. Pour les méthodes de cette démarche, le souci d’une rigueur scientifique extrême
commande d’éliminer tout caractère subjectif dans l’élaboration des prévisions.

Parmi les différentes démarches quantitatives, on distingue la simple extrapolation à


court terme, la modélisation et le recours aux modèles économiques prévisionnels.

2.2 Les méthodes qualitatives de prévision

Les méthodes quantitatives, et notamment les modèles, ont été développées dans les
années 50 et 60, alors que le développement économique se situait dans un environnement assez
stable. Leur utilisation fut néanmoins remise en cause à partir des années 70, du fait du caractère
de plus en plus incertain de l’évolution globale des économies.

Les méthodes qualitatives de prévisions viennent donc compléter l’arsenal des


prévisionnistes et tempérer le caractère déterministe des méthodes quantitatives. On distingue trois
types de méthodes qualitatives : les méthodes intuitives, les méthodes de simulation et les
méthodes normatives.

Les méthodes intuitives : Les méthodes intuitives, bien que critiquables du point de
vue de la rigueur scientifique, permettent d’intégrer dans la prévision des informations non
quantifiables.

On peut, dans le cadre de cette méthode, rassembler différentes personnes responsables


d’une décision et développer un consensus sur la valeur prévue d’une variable. Ainsi, on englobe
les opinions à l’information quantifiable, une interprétation subjective des évènements à
l’objectivité des faits.

Selon le type de prévision recherchée à l’attitude des personnes face aux faits, cette
méthode peut s’avérer plus ou moins adaptée.

Aussi, le développement de cette méthode exige de la part des personnes participantes


la capacité de spécifier leur jugement sur l’avenir en attribuant aux prévisions une probabilité
subjective. Il convient alors de décanter le problème en un maximum de question pour assigner à
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 64

chacune d’elle une probabilité indépendante et décrire les conséquences de la réalisation de chacun
de ces éléments.

Les méthodes de simulation : Contrairement aux méthodes précédentes, les


méthodes de simulation tendent à réduire la portée subjective des prévisions en faisant appel à
certains outils.

Nous en citerons deux exemples : la méthode des scénarios et la méthode de lecture


graphique.

La méthode de scénarios développe une série d’hypothèses alternatives dont chacune


est construite avec un souci de cohérence élevé. De ces hypothèses se déduisent alors les
prévisions correspondantes et il reste à l’utilisateur à choisir le scénario auquel il attribue la
probabilité la plus élevée. Cette méthode est particulièrement utile en analyse conjoncturelle car
elle permet de tenir compte d’effets perturbateurs éventuels ou d’une alternative de politique
économique. Elle permet également de reporter l’interprétation subjective des faits sur l’utilisateur
final qui agira en fonction de ses intérêts propres. C’est donc une méthode qui présente la
souplesse désirée à l’égard d’un ensemble différencié d’utilisateurs.

La lecture graphique procède de quelques points clés : elle permet la comparaison


simultanée d’un ensemble de comportements et d’évolutions, de sorte qu’elle peut faire la
synthèse d’une situation à priori complexe ; elle permet également de confirmer ou d’infirmer une
hypothèse de prévision par la vision de synthèse qui est la sienne. Enfin, la lecture graphique
permet la construction de prévisions par analogie avec la configuration passée, permettant ainsi le
recours à une expérience ou à des développements similaires dans le passé.

Cette méthode permet, de plus, et notamment pour les mouvements de moyenne et


longue période, de faire une lecture sur un horizon de temps variable et de dégager ainsi des
interdépendances et des comportements qui ne révèlent ni les modèles sur longue période, ni des
analyses graphiques sur courte période.

2.3 Les méthodes normatives

Les méthodes intuitives et de simulation présentées précédemment consistent à


prolonger la situation économique présente dans le futur, sans référence explicite aux objectifs
déclarés ou désirés des différents acteurs.

Les méthodes normatives tentent quant à elles d’intégrer ces objectifs dans les
prévisions, dans la mesure où ils peuvent influencer et modifier la réalité économique. Ces
méthodes tiennent compte d’éventuelles interventions des pouvoirs publics et de l’impact de
celles-ci sur les prévisions.
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 65

3. La mise en cohérence des indicateurs

L’élaboration de prévisions est généralement le fruit de l’application d’un large


éventail d’outils (résultats économétriques, statistiques, graphiques…).

Une particularité est commune à certaines méthodes qui s’enrichissent de l’apport de


chacun de ces outils : à chaque stade de son élaboration, la prévision est soumise à un contrôle de
cohérence avec l’ensemble des éléments de l’analyse ; le résultat positif ou négatif de ce contrôle
autorise le passage ou non à un stade ultérieur de la démarche.

5.4 Décider

Mal informés, les habitants d’une ville, d’un pays sont des sujets turbulents ; bien
informés, ils deviennent des citoyens. Alfred Sauvy

5.4.1 La politique conjoncturelle

Le processus de décision de politique économique

La décision des pouvoirs publics s’apparente à un processus complexe dont la


dimension économique ne constitue qu’un élément. Considérée sous l’angle de la politique
économique, la décision publique se décompose en plusieurs étapes. 4

Une première étape consiste à réunir toute l’information sur la situation économique.
Ceci revient à disposer d’un outil statistique performant, d’une capacité d’analyse et de prévision,
c'est-à-dire de disposer d’outils conjoncturels adéquats. Aucun des éléments nécessaires à cette
étape ne va de soi. Les données statistiques peuvent se révéler incomplètes, peu fiables ou même
fausses. Compte tenu du délai nécessaire à leur collecte, on travaille sur base des données
« prévues pour le passé proche » et ces prévisions peuvent également être sujettes à critiques.
Enfin, comme il a déjà été rappelé, le traitement de l’information recèle de nombreuses pièces dans
lesquels on tombe, le plus souvent involontairement, parfois volontairement lorsque cette première
étape est utilisée pour orienter un processus de décision.

Dans une deuxième étape, il faut mesurer les écarts entre les valeurs effectives et les
valeurs désirées pour chacun des objectifs que l’on se sera fixé.

Une troisième étape définit les différents axes d’intervention. L’éventail des solutions
possibles suppose leur évaluation implicite par un procédé ou un autre ; à cet égard, les modèles de
simulation décrits au chapitre précédent facilitent le travail, sans pour autant apporter de solution
définitive sur la question. Il faut en effet garder à l’esprit que l’on travaille sur base de données en

4
D’après J. TINBERGEN, techniques modernes de la politique économique, Paris, 1961.
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 66

partie prévisionnelle, que les paramètres des modèles à des structures stables et qu’on peut
préjuger des comportements des agents.

La quatrième étape consiste à poser le choix des modes d’intervention. Ce choix fait à
nouveau intervenir des préférences individuelles et collectives ; le coût d’opportunité des
différentes mesures possibles dépendant largement de la conviction qu’ont les décideurs de
l’efficacité de ces mesures.

Enfin, la cinquième étape voit la mise en œuvre des décisions. Cela suppose des
structures adaptées qui sont en mesure de répondre rapidement aux décisions prises. Cette étape
n’est pas exempte de difficulté, au point que les détails des interventions peuvent parfois mettre en
doute la pertinence de politiques elles mêmes.

Spécificité de la politique conjoncturelle

L’objectif de croissance présenté comme élément permanent de la politique


économique s’illustre parfaitement lorsque cette politique est confrontée à l’état de la conjoncture.
L’écart entre croissance effective et croissance désirée fait apparaître l’opportunité qu’il y a à
conduire une politique économique adaptée au moment de cycle, tant dans une perspective longue
que courte. La politique conjoncturelle s’inscrit dès lors comme une évaluation des objectifs
économiques à l’épreuve du déroulement des mouvements économiques.

Mais la politique conjoncturelle ne se définit pas seulement en termes de ses objectifs


de croissance ; elle se fonde également sur l’efficacité relative – parfois cyclique – des instruments
de la politique économique. Les mesures de politique économique gagnent ou perdent en efficacité
selon qu’elles sont prises dans l’un ou l’autre contexte conjoncturel. En cela, la décision publique
devient la finalité et le prolongement naturel de l’analyse de la conjoncture.

5.4.2 La gestion conjoncturelle

Le processus menant à l’élaboration du diagnostic conjoncturel peut, on l’a évoqué, se


prolonger par des applications de gestion conjoncturelle. Cette dernière, contrairement à la
politique conjoncturelle, s’intéresse plus spécifiquement à l’action des décideurs privés. Il s’agit
d’un outil systématique permettant de prendre en compte, dans le processus de décision,
l’information fournie par l’analyse conjoncturelle.

L’incertitude croissante liée à l’évolution de l’environnement économique et financier


nécessite une amélioration constante de l’outil permettant de l’appréhender ; l’analyse de la
conjoncture peut constituer cet outil car elle permet de se rapprocher de l’unité de décision
microéconomique.
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 67

La démarche de la gestion conjoncturelle nécessite donc à priori une bonne


connaissance de l’environnement macroéconomique, via le diagnostic conjoncturel. Néanmoins, il
est tout aussi important pour les décideurs de connaître également l’environnement sectoriel dans
lequel leur entreprise évolue. En effet, les secteurs possèdent des spécificités qui doivent être
appréhendées de manière correcte si l’on désir « maîtriser » son environnement ou du moins
maîtriser les conséquences d’une modification de cet environnement sur les résultats de
l’entreprise.

En ce qui concerne son propre comportement, l’entreprise doit analyser sa


« sensibilité », il s’agit de la manière dont l’entreprise est affectée par les fluctuations
conjoncturelles.

La sensibilité permet de déterminer dans quelle mesure une entreprise, compte tenu de
ses activités, du marché sur lequel elle évolue, des pays dans lesquels elle est présente, sera
touchée par des modifications d’ordre conjoncturel.5

La sensibilité conjoncturelle de l’entreprise se mesure en mettant en relation des


indicateurs de l’entreprise avec des indicateurs jugés pertinents de l’environnement conjoncturel
(référents conjoncturels). Par exemple, une entreprise produisant des machines pour l’industrie
peut calculer sa sensibilité en comparant son chiffre d’affaires aux investissements des entreprises.
Pour cela on fait appel aux tests techniques qui permettent de révéler s’il existe ou non un lien
pertinent et interprétable entre les séries choisies.

Selon les indicateurs d’entreprise utilisés, on peut mettre en avant une sensibilité des
recettes ou une sensibilité des couts (si les couts totaux sont constitués en majeure partie de cout
de main d’œuvre ou de matière première par exemple)

Ainsi, on appelle « indicateur de sensibilité conjoncturelle » « toute série


chronologique jugée pertinente de la relation entre la production ou le profit de la firme et la
conjoncture. Les indicateurs de sensibilité se subdivisent en indicateurs de sensibilité d’entreprise,
qui désignent les points d’impacts, et en indicateurs conjoncturels, qui désignent les sources de
l’impact »6

L’analyse permet de déceler une sensibilité de l’entreprise (forme la plus englobante),


une sensibilité du produit (qui repose sur la facette « ventes » de l’entreprise) ou une sensibilité de
fonction (qui répond des structures, des formes d’organisation, voire de la personnalité des
décideurs).

5
Le concept de la sensibilité des entreprises est approfondi dans l’ouvrage de Ch. OST, l’entreprise dans la
conjoncture, De Boeck, Bruxelles, 1994, chap. 4 et 5.
6
Ch. OST, op cit, p.53
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 68

Le problème de l’horizon de temps considéré se pose également. Ainsi on peut mettre


l’hypothèse de l’existence d’une sensibilité de phase, de cycle ou de tendance.

Si l’horizon de temps considéré est court, isolant les phases d’un cycle, on obtient une
sensibilité de phase dont la dimension conjoncturelle est pour ainsi dire absente.

Si l’horizon de temps considéré est long, on obtient une sensibilité de cycle si les
données sont estimées au travers de plusieurs cycles.

Cette estimation peut faire apparaître plusieurs tendances (orientation positive ou


négative de plusieurs cycles successifs). Si la tendance est déterministe, l’estimation de la relation
peut distinguer entre les composantes cyclique et tendancielle des données et faire également
apparaître une sensibilité de tendance. Si la tendance est stochastique, la distinction entre
sensibilité de cycle et sensibilité de tendance devient sans fondement.

Une entreprise peut présenter une sensibilité positive ou négative à la conjoncture. De


manière évidente, on trouve plus d’entreprises présentant une sensibilité positive (procyclique) que
négative (contra cycliques), étant donné que le cycle est lui-même le résultat de l’activité des
entreprises.

La sensibilité peut être précoce ou en retard par rapport à la conjoncture. Une


entreprise exportatrice est en général précoce car elle réagit dès les premiers influx de la demande
extérieure.

La sensibilité peut être élevée ou faible. Les entreprises du secteur du bâtiment


présentent une sensibilité élevée à la conjoncture.

Le diagnostic conjoncturel de l’entreprise va, d’une part, mesurer l’impact de la


conjoncture sur l’entreprise en analysant diverses données historiques (analyse de la sensibilité) et,
d’autre part, confronter la sensibilité aux prévisions conjoncturelles (analyse du profit
conjoncturel).

Le diagnostic conjoncturel de l’entreprise se réalise en quatre étapes :

1. Mesure du degré de sensibilité : le degré de sensibilité représente l’intensité de l’impact


de la conjoncture sur l’entreprise ;

2. évaluation de la nature de la sensibilité : connaître la nature de la sensibilité permet de


conduire une véritable politique conjoncturelle d’entreprise. On distingue la sensibilité des
recettes, la sensibilité des coûts et la sensibilité du profit ;

3. recherche des déterminants de la sensibilité : les déterminants de la sensibilité sont


associés aux différentes natures de la sensibilité.
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 69

On distingue :

- les déterminants de produit : ils influencent la sensibilité des recettes (avec un effet
quantités dominant) ;

- les déterminants de marché : ils influencent la sensibilité des recettes (avec un effet prix
dominant) ;

- les déterminants des coûts : ils influencent la sensibilité des coûts et des facteurs

4. Analyse du profit conjoncturel : ce sont les perspectives conjoncturelles qui, combinées à


la sensibilité de l’entreprise, déterminent le profit conjoncturel.

Une fois que l’entreprise a élaborée son propre diagnostic conjoncturel, elle peut
l’exploiter en élaborant une véritable stratégie conjoncturelle.
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 70

Chapitre six : Les activités des ménages


1 Contexte général : le rôle des ménages et leur importance dans l’économie globale

Le rôle important des ménages dans l’économie

Ce rôle tient d’abord à la place considérable que la consommation des ménages occupe
dans le produit brut. Dans toutes les économies, elle constitue la composante principale de la
demande globale.

A lui seul, ce poids important justifierait déjà l’intérêt accordé à l’étude de la


consommation, et c’est en réalité toute la théorie de la consommation et de l’épargne qui est en
cause de par son contenu conjoncturel évident.

Quelles fonctions les ménages exercent ils dans le circuit économique général ?

Tout d’abord, ils participent au processus de la production en fournissant du travail ;


ensuite ils contribuent au processus d’investissement, d’une part par leur épargne, d’autre part par
l’investissement résidentiel ; et enfin ils satisfont leurs besoins par l’achat de biens et de services
nationaux ou importés. La première fonction relève de la répartition et de la disposition de
ressources ; les autres vont déterminer l’affectation de ces ressources en dépenses de toutes
natures.

Pour couvrir l’ensemble des ressources des ménages, il faut s’intéresser aussi bien aux
actifs financiers et réels, qui se prêtent facilement à une évaluation quantitative, qu’au « canal
humain » et aux potentialités de chaque individu, compte tenu de son âge, son éducation, de son
expérience.

Cependant, dans l’analyse du comportement des ménages, la grandeur macro –


économique significative est le revenu disponible par le lieu évident qu’il entretient avec les
dépenses. Ce revenu disponible des ménages est obtenu en additionnant les revenus du travail
(pour les salariés comme pour les entrepreneurs individuels) et les revenus de la propriété,
auxquels il faut rajouter les transferts nets (indemnités de toutes natures diminuées des impôts
directs). Les revenus du travail renvoient immédiatement aux notions d’emploi et de chômage, que
nous décrivons en détail plus loin.

L’affectation de ces ressources (après impôt) peut se faire en consommation,


investissement ou épargne selon la répartition macro – économique traditionnelle. Les dépenses de
consommation se traduisent par la consommation privée 7 en biens durables et non durables ;

7
Tout comme le revenu, les dépenses de consommation peuvent être exprimées en termes réels en divisant les
dépenses courantes par un indice de prix.
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 71

l’investissement par l’acquisition et la construction de logements ; l’épargne8 ; par une grandeur


financière qui regroupe tant l’acquisition d’actifs financiers que la thésaurisation.

2. Les principaux déterminants de l’activité des ménages distingués par la théorie


économique

De quoi dépendent les décisions de consommation, d’épargne et d’investissement des


ménages ?

Montant absolu du revenu : Une variation du montant absolu du revenu disponible


induit une variation de la consommation ; c’est ce qu’on appelle la « propension marginale à
consommer » qui évalue cette relation. La variation de la consommation induit à son tour une
variation de la demande globale et de la production. Celle-ci modifie les rémunérations des
facteurs et donc à nouveau le revenu disponible : c’est l’effet « multiplicateur » de la
consommation.

Montant relatif du revenu : Les effets sur la consommation d’une variation à la


hausse et à la baisse du revenu absolue sont dissymétriques : on observe en effet une rigidité à la
baisse de la consommation (par l’effet dit « cliquer »). Dans certains cas, le niveau relatif du
revenu, c'est-à-dire la position dans l’échelle des revenus, provoque une certaine émulation et
détermine la consommation (effet de « démonstration »).

Revenu permanent : Cette notion fait dépendre la consommation de perspectives à


long terme et des revenus attendus au cours d’une vie. La consommation courante est davantage
liée à ce revenu permanent et donc relativement stable en courte période ; les variations de revenu
disponible se traduisent alors en modifications de l’épargne. Le revenu permanent affecte
davantage la consommation que le revenu « transitoire ».

Consommation retardée : La consommation passée crée des habitudes qui déterminent


à leur tour la consommation présente. Les décisions de consommation sont prises comme des
ajustements successifs à l’égard de ces habitudes de consommation.

Attentes rationnelles : Hypothèse de comportement selon laquelle les consommateurs


forment leurs attentes comme s’ils avaient une parfaite connaissance du fonctionnement de
l’économie. Ceci implique que l’information passée est moins significative pour les
consommateurs que leur perception de la manière dont l’offre répondra à une variation de la
demande.

8
L’impossibilité de cerner cette épargne implique qu’elle soit calculée comme solde macroéconomique du revenu
disponible et de la consommation ; en pratique l’épargne macroéconomique inclut donc l’investissement des ménages.
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 72

Etat de richesse : Les encaisses (c'est-à-dire les actifs liquides et les actifs moins
facilement mobilisables) traduisent un état de richesse des particuliers. Une variation des encaisses
réelles de consommateurs implique une variation de dépenses.

Crédit à la consommation : Il compense l’insuffisance du revenu immédiatement


disponible et permet de maintenir la consommation proche du niveau souhaité (par l’acheteur,
mais tout autant par le vendeur). Il varie en fonction du revenu permanent attendu, du taux
d’intérêt qui lui est appliqué et des mesures visant à l’encourager ou à le freiner.

Taux d’intérêt : Une variation des taux d’intérêt modifie le coût de financement des
biens achetés à tempérament ou à l’aide des crédits financiers, ainsi que celui de l’investissement
résidentiel. Les intérêts reçus sont d’autre part une source de revenus du capital et peuvent ainsi
influencer les dépenses.

Illusion monétaire : Au niveau agrégé, les données de consommation sont évaluées en


termes réels (ou déflatées). Les consommateurs cependant peuvent être sujets à l’illusion
monétaire et modifier leurs dépenses à la suite d’une variation des prix. (Voir la distinction entre
revenu réel et revenu nominal).

Emploi et chômage : La stabilité d’emploi influence la consommation via le revenu


permanent. La répartition sociale entre actifs et non actifs et la façon dont leurs rémunérat ions sont
assurées ou non influence les taux d’épargne et de consommation.

3. Revenus et épargne des ménages

 Revenu brut VS net, permanent VS transitoire

Pour repérer les évolutions conjoncturelles propres aux revenus des ménages, divers
indicateurs partiels sont disponibles, selon que l’on se concentre sur l’origine des revenus, leur
caractère brut ou net/disponible, leur caractère permanent ou transitoire, leur caractère nominal ou
réel ou encore l’alternative offerte par le crédit à la consommation.

Considérons d’abord les indicateurs des revenus du travail. Les indicateurs


« classiques » sont les salaires conventionnels, les salaires horaires dans l’industrie et le nombre
d’heures travaillées.

Globalement, une phase ascendante de la conjoncture entraîne un gonflement des


revenus du travail, dû à l’évolution favorable de la production et de l’emploi. Cette évolution
favorable se répercute dans un accroissement de la masse salariale, mais également dans des gains
de productivité unitaires. A leur tour, ces gains de productivité se répercutent dans des hausses de
salaires selon le principe de l’imputation.
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 73

L’orientation des indicateurs de revenus de propriété (à savoir dividendes,


rémunérations en intérêt) reste, elle aussi, à la hausse en phase descendante : tant les dividendes –
gonflés par les améliorations de bénéfices que les rémunérations en intérêt contribuent à cet
accroissement. D’autres facteurs, de nature plus institutionnelle, peuvent accentuer ou freiner ce
phénomène (éléments fiscaux, échéances boursières…).

En phase descendante, on assistera au contraire à une diminution de ces revenus ou à


une réduction de leur rythme d’accroissement.

On peut également s’intéresser aux revenus dans leur caractère permanent ou


transitoire : Il est parfois utile de pouvoir distinguer le caractère permanent ou durable de certaines
ressources du caractère transitoire ou exceptionnel d’autres sources de revenu. Parmi les
composantes du revenu permanent, on peut compter les rémunérations fixées par un contrat de
travail ou les revenus réguliers du capital. Des éléments plus volatils de revenu, comme les gains
provenant de prestations inhabituelles de travail ou d’une participation à un jeu de hasard, sont
considérés comme faisant partie du revenu transitoire.

En phase ascendante, le revenu transitoire augmente : la réduction du travail partiel et


du chômage pour raisons économiques, ainsi que la prestation d’heures supplémentaires en sont la
cause. Le revenu des salariés est ainsi pro cyclique, avec une variation particulièrement sensible de
la partie transitoire de ce revenu. Le revenu des indépendants présente un comportement analogue,
sous l’effet une hausse combinée des quantités et des prix (particulièrement dans le secteur des
services). Cependant, ces revenus ont tendance à réagir en avance sur ceux des salariés,
l’expansion de la demande de services et de produits finis se répercutant plus rapidement dans les
ressources des indépendants.

En phase de dépression, la partie transitoire du revenu se stabilise à un niveau très


faible.

 Revenu nominal VS réel

En considérant le caractère nominal ou réel des revenus, on se rend compte que


l’influence des prix ne doit pas être négligée dans les mouvements de revenus. Si la croissance
nominale des revenus se justifie par des gains de productivité accrus – c'est-à-dire si la phase
ascendante se développe en quantités plutôt qu’en prix, du moins dans la phase initiale – il n’y a
aucune raison pour que les consommateurs soient sujets à l’illusion monétaire. Les gains de
productivité expliquent alors la hausse réelle des revenus.

Par contre, si cette croissance est de nature inflationniste, ou si l’ajustement des


quantités est suivi d’un ajustement en prix, les consommateurs peuvent croire en une hausse de
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 74

leur revenu, alors qu’en termes réels il n’en est rien. Ce phénomène peut contribuer à la surchauffe
et induire le retournement attendu en phase de tension. Il est donc important de déceler la nature de
l’expansion et son éventuel caractère inflationniste.

Le revenu disponible des ménages est comprimé aussi bien dans sa partie
« permanente » (emploi, revenus du travail) que dans sa partie « transitoire » (boni), ce qui conduit
à un fléchissement parallèle de la consommation.

 crédit à la consommation

Le crédit à la consommation offre une ressource alternative aux sources du revenu déjà
citées. Particulièrement présent dans la consommation de biens durables sous la forme de vente à
tempérament, de prêt personnel ou de comptes débiteurs auprès du système bancaire, il peut
accentuer un mouvement ascendant en fournissant les liquidités nécessaires.

En phase d’expansion, le crédit à la consommation est peu onéreux et constitue un


complément de ressources permettant d’engager des dépenses supplémentaires.

En phase de haute conjoncture, par contre, le crédit devient plus onéreux et tend à
freiner les dépenses excédentaires.

 Revenu et marché du travail

Les décisions de dépenses et d’investissement des ménages dont nous avons discuté
plus haute dépendent de leur niveau de revenu, notamment des revenus de leur travail. Ceux-ci
sont évidemment liés au fait que les ménages ont un emploi ou pas. L’étude des activités des
ménages passe donc obligatoirement par l’analyse de la situation de l’emploi et du chômage.

La nature pro cyclique de l’emploi tient aux liens privilégiés qui l’unissent à l’activité
et au processus de production. Une situation d’expansion peut générer des créations d’emplois,
réduisant d’autant le chômage, tandis qu’une situation de récession génère du chômage par
destruction progressive de l’emploi.

Pourtant, on ne peut simplement analyser l’emploi en simple corollaire de la


production : l’enchaînement des phénomènes est plus complexe et doit être décrit en termes des
relations cumulatives qui, à terme, créeront des emplois nouveaux ou en détruiront.

En effet, trois types de réactions peuvent être envisagés au cours d’une phase
d’expansion :

- l’augmentation du degré d’utilisation des capacités de production existantes, se traduisant


par une utilisation plus intensive des facteurs de production, c'est-à-dire de l’équipement et
du personnel. Cette dernière réaction entraîne une réduction du chômage partiel pour
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 75

raisons économiques, indicateur très sensible de la conjoncture d’un secteur ou d’une


région ;

- la création d’entreprises nouvelles, se traduisant en une création nette d’emplois ;

- l’accroissement des capacités de production, n’intervenant qu’à la suite des réactions


précédentes et conduisant également à l’embauche de personnel supplémentaire.

Ces trois types de réactions apparaissent au fur et à mesure que se précise la phase
ascendante de l’activité, elles se cumulent lorsque la phase est bien engagée, mais le plein impact
sur l’emploi se fait réellement sentir que dans le deuxième stade d’une phase d’expansion, lorsque
les indicateurs soit suffisamment nombreux et positivement orientés pour inciter les décideurs
économiques à l’embauche.

4. Les ménages et leurs dépenses de consommation

 Indicateurs de consommation

Aux variations des ressources décrites plus haut correspondent des variations dans les
dépenses de consommation. Mais celles-ci sont loin d’être uniformes et il importe de bien faire la
distinction entre les différents types de dépenses.

Ainsi, il est possible, en suivant approximativement les catégories de dépenses de la


comptabilité nationale, d’identifier certaines catégories de dépenses des ménages correspondant à
des comportements conjoncturels spécifiques :

- les dépenses de consommation proprement dites (les achats des biens non durables,
essentiellement les produits alimentaires, les achats des biens durables, les achats de services),
- l’investissement des ménages comprend une affectation l’achat des biens
immobiliers ou la construction de logements neufs ;
- le solde ou capacité de financement des ménages comprend une affectation
financière ainsi que d’autres formes d’affectation (y compris la thésaurisation).

En effet, contrairement aux biens durables, la consommation courante de biens non


durables est peu sensible aux modifications à court terme des revenus. Perçue par l’intermédiaire
des ventes au détail, la consommation de ce type de bien est utile pour rendre compte du
comportement général des ménages et du niveau de développement d’un mouvement, mais elle ne
présente pas la sensibilité aux moments de dépression qu’on reconnaît à la consommation des
biens durables.

Les biens non durables et les services font partie de ce qu’on nomme parfois la
consommation permanente et présentent de ce fait une plus grande stabilité. Pourtant, par son
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 76

ampleur, la consommation permanente est révélatrice d’une reprise ou d’une expansion, car elle
fournit le moteur et le soutien indispensable à une phase de hausse.

Les ventes des biens durables (ventes de voitures, ventes de matériel audio –visuel…)
sont influencées par l’amélioration du revenu transitoire. La durée de vie de ce type de biens, très
imprécise, permet une certaine souplesse dans le choix de la période d’acquisition, la décision
d’achat pouvant être postposée jusqu’au moment où l’environnement conjoncturel semble plus
favorable. Néanmoins, il faut se garder d’interpréter trop hâtivement une reprise de la demande de
biens durables comme un signe tangible de la reprise conjoncturelle.

Une phase ascendante entraîne une variation des dépenses en biens durables, mais
l’inverse n’est pas vrai. Ces biens peuvent en effet répondre à un indicateur purement accidentel –
comme le « salon de l’Auto pour les véhicules – ou encore à une nécessité urgente de
renouvellement qui ne peut pas être différée davantage.

5. Les ménages et leurs dépenses d’investissement

 Indicateurs d’investissement résidentiel

De quoi dépendent les décisions d’investissement des ménages ?

Plus encore que les décisions concernant tout autre bien durable, les décisions d’investir en biens
immobiliers, c'est-à-dire de construire ou d’acquérir un logement, sont guidées par les perspectives
futures et plus particulièrement par les anticipations de revenu permanent.

Les autres déterminants de l’investissement résidentiel sont les suivantes :

- la situation de l’emploi et son degré d’incertitude,

- l’évolution relative du coût de construction et des prix de vente immobiliers ;

- la contrainte de financement c'est-à-dire le taux hypothécaire réel et l’amortissement


du capital.

Suivre ces déterminants permet d’interpréter la demande de logements à caractère


privé car ils prennent en compte les possibilités financières du demandeur et le coût absolu ou
relatif des logements disponibles.

Les indicateurs utilisés pour repérer les évolutions de l’investissement résidentiel sont
des autorisations de bâtir et les mises en chantier (ou nouveaux logements commencés).

Il faut remarquer ici l’antécédence de l’indicateur « autorisations de bâtir’ sur


l’indicateur « mises en chantier » due au délai temporel de l’activité alors que le second est
toujours orienté à la hausse.
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 77

6. Synthèse des fluctuations conjoncturelles des activités des ménages

Au-delà du comportement spécifique à chaque type de consommation (en biens


durables ou non durables), les variations des dépenses et des revenus sont intimement impliquées
dans le déroulement des fluctuations conjoncturelles.

Initié par la demande extérieure ou par une impulsion interne, le mouvement


d’expansion peut se heurter à une double contrainte. Celle-ci peut d’abord être réelle, l’achat de
biens durables ne pouvant se développer au-delà d’une limite physique donnée (chaque ménage
n’achètera qu’un véhicule et quelques articles ménagers sur la durée d’un mouvement). Cette
contrainte réelle peut être renforcée par un engorgement des marchés et par une hausse des prix
qui décourage d’autres achats.

L’autre contrainte est financière. Tout d’abord, le rythme d’accroissement des revenus
est ralentit en phase de tension. Ensuite, les disponibilités financières disparaissent ou deviennent
très coûteuses : les taux – comme les prix – sont élevés et découragent tout nouveau financement
de la consommation.

En phase descendante, on verra une diminution du revenu (ou une réduction de son
rythme d’accroissement), une diminution ou un ajournement des dépenses et une reconstitution
des encaisses et de l’épargne. On assiste alors à une substitution des actifs financiers aux actifs
matériels, situation inverse de la phase ascendante ; les actifs financiers se reconstituent en termes
réels puisque la baisse des prix traduit en effet – richesse (un pouvoir d’achat plus élevé) pour les
consommateurs qui ont conservé un même revenu nominal.

A l’exception des dettes à long terme, la diminution du recours au financement et la


reconstitution des actifs financiers doivent pouvoir rétablir le patrimoine des ménages en phase de
dépression à ce qu’il était durant la phase analogue précédente. Encore faut-il que les phases soient
clairement perçues et les plans de remboursement correctement évalués. Un contexte inflationniste
peut en effet pousser à l’endettement et empêcher que ne s’exerce la fonction stabilisatrice des
fluctuations.

En phase de dépression, tant les ressources que les dépenses évoluent à un rythme
ralenti, et la partie transitoire du revenu se stabilise à un niveau très faible. Dès lors, les ménages
ont tendance à retarder leur consommation de biens durables.

Lorsque les ménages perçoivent une amélioration de leur situation, c'est-à-dire de


meilleures perspectives d’emploi et de revenus futurs, la partie transitoire d’abord, puis la partie
permanente de leur revenu s’oriente positivement et influence leurs plans de dépenses. La
consommation en bien durables est facilitée par un financement aisé (une partie pourra être
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 78

autofinancée par l’épargne accumulée en phase de récession et de dépression, dans la mesure où la


consommation aura régressé davantage que le revenu). Pour le solde, les ménages trouveront un
financement extérieur (prêt personnel, vente à tempérament…) qui leur sera accordé à des taux
avantageux.
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 79

Chapitre Septième : Les activités des entreprises


1. Contexte général : le rôle des entreprises et leur importance dans l’économie globale

Les entreprises, en tant qu’unités de production, occupent une place prépondérante


dans le circuit économique. Leur contribution au produit national brut n’est plus à démontrer :
elles procurent l’emploi et les salaires aux ménages, la production à consommer ou à exporter,
elles importent les biens d’équipements nécessaires à leur fonctionnement, bref elles investissent,
produisent, embauchent.

Dans la théorie conjoncturelle, les entreprises occupent une place particulière en jouant
un rôle primordial en matière d’information (coûts, prix, production, variations de stocks…) et de
champ d’expérience. Les entreprises contribuent également à l’élaboration des indicateurs
conjoncturels via les enquêtes de tendance organisées auprès d’un échantillon de firmes, ce qui
permet d’évaluer l’évolution des certains aspects de la réalité macroéconomique (carnets de
commandes, degré d’utilisation des capacités de production…).

1.1 L’investissement, une fonction centrale

Le développement et le dynamisme des entreprises sont analysés à la lumière des


investissements qui, comme principe de renouvellement des capacités de production, remplissent
une fonction primordiale dans la vie des entreprises.

L’investissement des entreprises est, à l’instar de la consommation des ménages, un


type de décision de dépense du secteur privé. La finalité des biens d’investissement n’est toutefois
pas la consommation. Les entreprises les acquièrent en vue de produire à l’avenir plus des biens de
consommation, c'est-à-dire de créer de la richesse.

Sur le plan conjoncturel, les investissements présentent une forte sensibilité aux
mouvements ; les fluctuations en matière de biens de production sont donc nettement plus
accusées qu’en matière de bien de consommation. On admet en effet que la sensibilité au cycle
diffère selon le stade d’élaboration des produits.

Les investissements au sens large se composent de deux éléments :

- la formation brute de capital fixe (FBCF) ;

- les variations des stocks

Les investissements des entreprises privées, auxquels nous nous limiterons dans ce
chapitre, représentent la part prépondérante de la FBCF.
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 80

Ces investissements privés se subdivisent en construction non résidentielle (usines,


entrepôts, bureaux… et en achats d’équipements productifs, stocks de capital physique qui va
permettre d’accroître la production.

On ne considère que les investissements matériels ; sont dès lors exclus les capitaux
circulants et les capitaux immatériels tels les brevets ou licences.

les variations de stocks sont assimilées à des investissements. Elles constituent des choix
quant à l’avenir et déterminent, à l’instar de la FBCF, le niveau de production futur. Notons que
les formes de stockage ou de déstockage sont étroitement liées aux investissements puisqu’elles
peuvent en atténuer les fluctuations ou les amplifier.

1.2 Les principaux déterminants de l’investissement des entreprises distingués par la théorie
économique

Usure et obsolescence de l’équipement : Le maintien des capacités de production


implique la reconstitution quasi – continue du stock d’équipements existant, par des
investissements de remplacement.

Demande : La satisfaction de la demande de biens et services implique une capacité de


production et un stock d’équipement donnés. Une variation de la demande de produits finis induit
une variation plus que proportionnelle de la demande de biens d’équipements. C’est le principe de
l’accélération de la demande dérivée.

Contrainte financière : La décision d’investir suppose que l’efficacité marginale de


l’investissement soit supérieure au coût marginal des fonds utilisés.

Taux d’intérêt : Le taux d’intérêt permet d’établir la rentabilité marginale du capital


investi : comme coût des capitaux empruntés ou comme rendement de l’utilisation alternative des
capitaux propres.

Coût du capital : C’est essentiellement un coût d’opportunité : le revenu auquel


l’entreprise renonce en choisissant l’investissement plutôt que le placement financier.

Prix : Les prix de vente et les prix des facteurs alternatifs au capital (coût du travail)
influencent la rentabilité de l’investissement. Le taux de change interne aux entreprises (rapport
des prix d’output et des prix d’input) peut exprimer cette rentabilité. Les anticipations des niveaux
futurs des prix sont aussi déterminantes.

Niveau des stocks vendeurs : Des stocks vendeurs (outputs) très garnis constituent
une contrainte à l’investissement. Une variation du niveau des stocks vendeurs induit une variation
de l’investissement pour un rapport stocks/ventes constant.
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 81

1.3 Comment mesurer la production des entreprises ?

La finalité de l’investissement privé est, nous l’avons dit, de produire des biens et
services, et le niveau général de l’activité d’un pays peut être déterminé en fonction du niveau de
sa production. Il est en effet courant d’analyser l’activité au travers d’indicateurs de production,
dont les plus fréquents sont le produit national et la production industrielle.

Le produit national est la mesure de ce qui a été produit pendant une période donnée
par l’ensemble de l’économie. Il constitue une des approches possibles de la mesure
macroéconomique de la richesse d’une économie. Il regroupe la valeur des biens et services de
consommation, à usage privé et collectif, des biens d’équipements productifs des entreprises et des
investissements du secteur public.

Le produit national brut (PNB) est le plus global des concepts d’activité économique.
Néanmoins, le PNB recouvre davantage que l’activité au sens strict ou le résultat du processus de
production. Cet aspect plus limité est représenté par les indices de production industrielle,
indicatifs de l’évolution d’un secteur industriel particulier mais pouvant également être regroupés
en indices généraux de l’activité.

Plus proches de la réalité conjoncturelle, les indices de production industrielle sont


généralement préférés à l’observation du PNB. La production industrielle recouvre un nombre
élevé de séries représentant toutes les branches industrielles majeures. Pour permettre une analyse
plus fine, il est possible de subdiviser les séries composant l’indice général. Deux présentations
sont alors possibles, selon que l’on considère :

- la production industrielle par secteur d’activité recouvrant les industries


manufacturières, les industries extractives et énergétiques.

- La production industrielle par stade d’élaboration recouvrant les matières premières et


intermédiaires, les biens de consommation (durables et non durables) et les biens d’investissement.

Pour compléter l’image conjoncturelle fournie par la production industrielle, il est


d’usage de faire appel à des indicateurs partiels recouvrant un aspect précis de l’activité des
entreprises :

- le degré d’utilisation des capacités de production

- les carnets de commandes

- les goulets de production ou les contraintes à l’expansion de l’activité

 La création d’emploi, symptôme de reprise de l’activité


Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 82

Nous l’avons vu, les entreprises investissent pour produire et créer de la richesse.
Elles créent aussi de l’emploi.

En fonction du positionnement de l’économie dans telle ou telle phase du cycle, les


indicateurs économiques prennent plus ou moins d’importance.

L’emploi constitue à ce niveau une information de premier rang, car les chiffres
d’emploi ont des composants précurseurs de l’activité (notamment la durée du travail), des
composants coïncident (comme la création d’emplois), une composante retardée (le taux de
chômage) et un indicateur précurseur d’inflation, à savoir l’évolution du taux de salaire horaire.

2 Investissements et conjoncture

2.1 Caractère retardé des investissements

Comme déjà mentionné plus haut, la formation brute de capital fixe se compose, dans
son ensemble, de trois parties : les investissements des ménages, les investissements publics, les
investissements des entreprises privées.

On doit tenir compte du caractère retardé des investissements. Indépendamment du


délai technique à leur réalisation, le retard conjoncturel est fonction de la manière dont les
conditions d’investissement sont réunies, mais également de la manière dont elles sont perçues par
les investisseurs.

L’entreprise doit pouvoir anticiper correctement les évolutions de la demande pour


orienter ses perspectives d’investissement.

2.2 La finalité des investissements

Au cours de la phase de récession, les capacités de production deviennent


excédentaires, ce qui réduit les perspectives d’investissement. On peut également assister à un
repli majeur de ces derniers, qui se traduit par la disparition d’unités de production
(désinvestissement).

Durant la phase de dépression, le degré d’utilisation des capacités de production sera


faible mais stable et ne suscitera dès lors aucun projet d’investissement.

Au contraire, durant la phase d’expansion, les capacités de production existantes seront


utilisées au maximum et assistera à la création de capacités nouvelles pour répondre à la demande
croissante. C’est au cours de cette phase que l’on rencontre les investissements d’extension.

En phase de tension prendront place les rationalisations défensives, visant à un


maintien des parts de marché ; on recherche alors à produire plus avec moins de moyens de
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 83

production – économies d’énergie, de main d’œuvre, substitution de produits et notamment du


capital au travail.

Il apparaît que les investissements de remplacement ou de maintien, visant le


renouvellement des outils de production obsolètes sont peu sensibles aux fluctuations
conjoncturelles. Même si les nouveaux outils permettent de gains de productivité (progrès
technique), il ne s’agissait pas là du fondement essentiel à la décision d’investir.

Les investissements de maintien comprennent une part de rationalisation et une part


d’extension, mais ne sont assimilables ni à l’un, ni à l’autre type. Et même si les nouveaux outils
apportent des gains de productivité ou de rentabilité, ce n’en est pas là l’objectif essentiel.

Notons par ailleurs qu’en incorporant le progrès technique, tous les investissements
entraînent un accroissement de la productivité, sans compter que certain ont pour objectifs
spécifique de rationaliser le processus de production.

L’absence des investissements de production dans une haute conjoncture trop


rapidement terminée et les désinvestissements de la récession risquent de freiner les progrès de la
productivité. L’effet n’intervient pas directement et opère plutôt d’une séquence conjoncturelle à
l’autre par un affaiblissement de l’efficacité globale de l’économie et, des lors, de sa compétitivité.

Les innovations technologiques sont les investissements porteurs des progrès de


productivité. Le passage de la phase faible à la phase forte d’un mouvement long implique
l’apparition massive de telles innovations qui portent tant sur les méthodes de production que sur
les produits.

2.3 Les variations de stock

Traditionnellement, on distingue trois types de stocks dans une entreprise :

- les stocks acheteurs

- les stocks en cours de fabrication

- les stocks vendeurs

Les stocks acheteurs ou stocks d’inputs représentent l’ensemble des inputs situés en
amont du processus de production et servant de réserve pour l’entreprise ; il s’agit d’une marge de
manœuvre pour sa gestion.

Ces stocks sont déterminés par les perspectives de production, mais aussi de prix
(notion des stocks spéculatifs). Ils sont sensibles à des impacts non conjoncturels, tels les
conditions climatiques.
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 84

On retrouve dans les stocks acheteurs les matières premières, les matières conservables
(énergie...) ou tout autre produit semi – fini qui entrera dans le processus de fabrication.

Les stocks vendeurs ou stocks d’outputs représentent quant à eux l’ensemble des
outputs situés en aval du processus de production. Ce sont les stocks – clients qui permettent de
satisfaire la demande et de répondre à des fluctuations imprévues sur le marché. Il s’agit d’une
seconde marge de manœuvre pour l’entreprise.

Ils sont beaucoup plus significatifs de la situation de la demande que les stocks
acheteurs vu qu’ils subissent le premier choc de toute variation de la demande. Ils gonflent lorsque
la demande se contacte et diminuent lorsqu’elle se redresse. Les stocks vendeurs sont qualifiés de
contra cycliques.

Enfin, les produits en cours de fabrication regroupent les produits qui ne relèvent ni
des stocks acheteurs ni des stocks vendeurs. Ils sont la conséquence du processus de fabrication
lui-même et traduisent la réalité technique du délai de production. Ils n’apportent dès lors guère
plus d’informations économiques que l’analyse comparée des stocks acheteurs et vendeurs.

2.4 Investissement et contrainte de financement

Un des déterminants principaux des investissements privés (des entreprises) est la


contrainte de financement. Il est en effet rare qu’une entreprise finance la totalité d’un
investissement productif en puisant dans ses fonds propres. Elle a alors recours au marché
financier.

Le prix de l’argent emprunté à long terme est alors déterminant dans la décision
d’investir.

C’est ainsi qu’en début de phase de reprise conjoncturelle, lorsque les indicateurs de
relance apparaissent (évolution des stocks vendeurs, gonflement des carnets de commandes,
augmentation du degré d’utilisation des capacités de production…), le niveau bas des taux
d’intérêt constitue une condition nécessaire de soutien à la relance ; ceci en dehors de toute
préoccupation de politique monétaire et de lutte contre l’inflation.

3 Les autres indicateurs de l’activité des entreprises

3.1 La production industrielle

En période de récession et de dépression, la surproduction, du fait de l’absence de


demande, entraînerait une chute avec des retombées sur l’ensemble de l’appareil productif (main
d’œuvre…). Pour éviter cela, les entreprises disposent, on l’a vu, d’une marge de manœuvre que
sont les stocks vendeurs.
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 85

Dès lors, une hausse de la production industrielle, couplée à une augmentation moins
forte) ou mieux, une baisse des stocks vendeurs permet de préjuger d’une reprise de l’économie.

3.2 Les carnets de commandes

Les carnets de commandes dans l’industrie sont un bon indicateur de la situation


économique globale et de la santé des entreprises en particulier.

En effet, si des carnets de commandes bien fournis se rencontrent au début de phase de


retournement à la baisse, les restrictions de la demande en période de récession se répercuteront en
premier lieu sur cet indicateur.

En fait, lors d’un retournement à la baisse, l’ajustement des carnets à commandes


précédera toute adaptation des capacités de production. En effet, en fin de phase d’expansion, les
carnets de commandes sont abondamment fournis, ce qui signifie un allongement des files
d’attente ou des délais de livraison. Il s’agit d’une adaptation spontanée due aux délais techniques
de réalisation des investissements et aux fluctuations non désirées des stocks vendeurs qui se sont
réduits au rythme de l’expansion.

L’état des commandes et le délai de réalisation de celles-ci expliquent le caractère


retardé des investissements.

Ainsi, le gonflement en (phase ascendante) ou la baisse (en phase descendante) des


carnets de commandes permettront d’émettre des hypothèses quant à l’évolution de la demande,
donc aux investissements (ou désinvestissements) à réaliser.

3.3 Les faillites d’entreprises

A nouveau, on voit que l’évolution des entreprises est, plus que tout autre, un
indicateur de la santé économique d’un pays ou d’une région.

Ainsi, l’analyse du nombre de faillites d’entreprises, recoupé avec des éléments de la


demande (consommation domestique et situation économique des principaux partenaires
commerciaux), permet d’élaborer des hypothèses solides quant au climat conjoncturel et à ses
perspectives.

Cette phrase résume les éléments contribuant à déterminer la santé des entreprises
nationales.

Ainsi, on voit que l’évolution de la demande, tant intérieure qu’extérieure, est un


facteur important du diagnostic.
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 86

4 Synthèse des fluctuations conjoncturelles des activités des entreprises

Les indicateurs de l’activité des entreprises réagissent de manière différenciée tout au


long du cycle conjoncturel.

Au tout début d’une phase d’expansion, l’augmentation caractéristique de la demande


s’observe dans l’augmentation des carnets de commandes aux entreprises.

Pour répondre à cette demande croissante, les entreprises vont en premier lieu dans
leurs stocks vendeurs qui seront donc orientés à la baisse, ceci pour permettre un ajustement
immédiat de l’offre (les stocks vendeurs sont contra cycliques). Dans un même temps, on observe
l’augmentation du degré d’utilisation des capacités de production. Il s’agit d’employer la main
d’œuvre à temps plein – voire faire appel aux heures supplémentaires -, faire « tourner les
machines »…

On note également l’augmentation des stocks acheteurs, c'est-à-dire des stocks de


matières nécessaires à la production.

Ce comportement des entreprises entraîne au fur et à mesure que le mouvement


d’expansion se développe un impact sur l’activité générale qui se caractérise par une augmentation
de la production industrielle.

La demande qui continue à croître va bientôt se trouver face à des capacités de


production saturées, ce qui va nécessiter des nouveaux investissements dans le chef des entreprises
(on parle des investissements d’expansion), ce qui explique le caractère retardé de ces derniers.

Arriver en phase de tension signifie en quelque sorte la saturation de la demande finale


sous l’effet de la hausse des prix. Les carnets de commandes ne se remplissent plus (ils
« stagnent » à un niveau élevé, il peut exister des files d’attentes et des délais de livraisons plus
longs dans certains cas ; dans d’autres, les ajustements plus rapides par des stocks vont permettre
d’éviter ces allongements de délais). Bref, les indicateurs atteignent des niveaux assez élevés,
signe avant – coureur d’un retournement de situation.

En début de phase de tension, on assiste à des investissements de rationalisation


offensive, alors qu’en fin de phase de tension, il s’agit d’investissement de rationalisation
défensive, visant déjà à réduire les coûts.

Le retournement à la baisse et la phase de récession sont témoin d’une dégradation de


la demande qui entraîne dès lors, à l’inverse de ce qui se passe durant la phase d’expansion, une
tendance à la baisse de l’ensemble des indicateurs tant d’outputs que d’inputs (sauf des stocks
vendeurs qui se gonflent vu qu’ils ne trouvent plus acquéreur). On peut assister à des
Cours de Conjoncture et Entreprise, L1 gestion, faculté des sciences Eco.et de Gestion 87

désinvestissements dans les entreprises qui veulent limiter au maximum leurs coûts fixes de mieux
faire face à la crise qui s’annonce.

En phase de dépression, les indicateurs d’activité des entreprises atteignent leur niveau
le plus bas. Les seuls investissements auxquels ont peut assister sont les investissements de
maintien de capacités. Les entreprises attendent un rebond de demande qui permettra de débuter
une nouvelle phase d’expansion.

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