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Jeux de faire semblant des enfants

amazighs de l’Anti-Atlas marocain

Volume 1

CULTURES LUDIQUES
SAHARIENNES ET NORD-AFRICAINES

Jean-Pierre Rossie
Khalija Jariaa
Boubaker Daoumani
Argyris Fassoulas

Préface de Luisa Magalhães

Centre for Philosophical and Humanistic Studies


Aux enfants qui ont volontairement participé à la recherche

à Ilyas, Anas et Besma, les enfants de Khalija


à Younes et Ilyas, les enfants de Boubaker
à Tania, Ben, Ruben et Pia, les enfants de Jean-Pierre
à Linde, Camille, Ilona, Thilda, Oona et Alvin,
les petits-enfants de Jean-Pierre
à Matthys et Gilles, les arrière-petits-enfants de Jean-Pierre

2
Catholic University of Portugal
Faculty of Philosophy and Social Sciences

CULTURES LUDIQUES
SAHARIENNES ET NORD-AFRICAINES

Jeux de faire semblant des enfants


amazighs de l’Anti-Atlas marocain
Volume 1

Jean-Pierre Rossie
Khalija Jariaa
Boubaker Daoumani
Argyris Fassoulas

Préface de Luisa Magalhães

CEFH
Centre for Philosophical and Humanistic Studies

Braga
2021

3
Photo couverture :

Jeu de ménage, Douar Ouaraben (Tiznit), Maroc, 2009, photo Khalija Jariaa

Volume 1 : p. 1 – 536
Volume 2 : p. 537 – 750

Avec 638 photos couleurs et deux cartes

© 2021 Jean-Pierre Rossie

A l’exception d’une utilisation pédagogique ou non-commerciale, toute


reproduction ou utilisation, intégrale ou partielle, par quelque procédé que
ce soit, faite sans le consentement écrit de Jean-Pierre Rossie est illicite

Centre for Philosophical and Humanistic Studies


Faculty of Philosophy and Social Sciences, Braga, Portugal
Catholic University of Portugal
Internet: https://www.ucp.pt/faculty-philosophy-and-social-sciences

Jean-Pierre Rossie
E-mail: sanatoyplay@gmail.com

Les livres de la collection


Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines sont disponibles sur

Academia.edu : https://ucp.academia.edu/JeanPierreRossie

Scribd : https://www.scribd.com/user/63524386/Jean-Pierre-Rossie

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Sommaire

Volume 1

Résumé 8

Préface de Luisa Magalhães 10

Notice du rédacteur 15

La collection : Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines 16

Notice sur les auteurs 19

Introduction 22
Carte du Maroc 28
Carte de l’Anti-Atlas 29
Description des aires de recherches 30
Remerciements 42

Jeux de faire semblant et création de jouets des enfants de l’Anti-Atlas 43

1 Poupées d’enfants et jeux de poupées 44


1.1 Résumé des informations publiées en 2005 44
1.2 Informations supplémentaires 48

2 L’animal dans les jeux et jouets 204


2.1 Résumé des informations publiées en 2005 204
2.2 Informations supplémentaires 205

3 La vie domestique dans les jeux et jouets 227


3.1 Résumé des informations publiées en 2008 227
3.2 Informations supplémentaires 230

5
4 Les activités techniques dans les jeux et jouets 341
4.1 Résumé des informations publiées en 2013 341
4.2 Informations supplémentaires 345

Conclusion 376

1 Synthèse 377

2 L’environnement physique des jeux et jouets 380


2.1 L’espace, les jeux et les jouets 381
2.2 Le temps, les jeux et les jouets 386
2.3 Jouer dans et avec la nature 389

3 La matérialité des jouets 392


3.1 Les matériaux naturels 392
3.2 Les matériaux de récupération 394
3.3 La non-durabilité ou la durabilité des jouets 396

4 Les aspects socioculturels des activités ludiques 398


4.1 Jeux, jouets et socialisation 398
4.2 Jeux, jouets et relations entre enfants 401
4.2.1 Les groupes de jeu de filles ou de garçons 402
4.2.2 Remarques sur les groupes de jeu de l’Anti-Atlas 413
4.2.3 Jeux solitaires 415
4.3 Jeux, jouets, filles et garçons 417
4.3.1 Les groupes de jeu mixtes de filles et de garçons 417
4.3.2 L’influence du genre sur la culture ludique locale 421
4.4 Jeux, jouets, relations entre enfants et adultes 424
4.5 Jeux, jouets, fêtes et rituels 426

5 La créativité des enfants 431

6 Jeux, jouets, communication et apprentissage 439


6.1 Jeux, jouets et communication 439
6.2 Jeux, jouets et apprentissage 445

7 La continuité et l’évolution des jeux et jouets 452

6
8 La recherche ethnographique du jeu et jouet 460

9 La recherche interdisciplinaire du jeu et jouet 474

10 Perspectives 481

Table des transcriptions 482

Table des illustrations 483

Bibliographie 518

Index des auteurs 532

Index géographique et ethnique 535

Volume 2 – Annexes 539

1 La fabrication des jouets en argile dans la région de l’Anti-Atlas 540


par Argyris Fassoulas

2 Jeu de garçons de l’Anti-Atlas ‘les gendarmes et contrebandiers’ : 649


une approche des sciences de la communication

3 Vidéos sur les jeux et jouets de l’Anti-Atlas 668

4 Musées et associations ayant reçu des jouets d’enfants


de l’Anti-Atlas 715

5 Informations sur le jeu des filles de l’Anti-Atlas en rapport


avec l’allaitement et les soins donnés aux bébés 717

6 Information sur la situation multilingue des familles amazighes 719

7 Informations supplémentaires sur des régions hors de l’Anti-Atlas 721

7
Résumé

Les deux volumes de ce livre sur les Jeux de faire semblant des enfants
amazighs de l’Anti-Atlas marocain offrent un aperçu des jeux, de la
fabrication et de l’utilisation des jouets à la fin du 20e et au début du 21e
siècle. Ils présentent non seulement un patrimoine culturel, mais le situent en
même temps dans la vie de ces enfants et dans le contexte socioculturel de
leur famille et de leur quartier.
Après une introduction décrivant les régions de recherche présentées sur
deux cartes, la grande section du volume 1 analyse consécutivement les
‘Poupées d’enfants et jeux de poupées’, ‘Le monde animal dans les jeux et
les jouets’, ‘La vie domestique dans le jeux et les jouets’ et les ‘Activités
techniques dans les jeux et les jouets’. De cette façon, il est fait référence
aux livres de la collection Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines
publiés entre 2005 et 2013 sur Academia.edu et Scribd. Chaque section
commence par un aperçu des informations déjà publiées dans les livres de la
collection. Toutes les informations supplémentaires sur l’Anti-Atlas suivent
chaque aperçu. Mes deux assistants de recherche locaux, Boubaker
Daoumani et spécialement Khalija Jariaa, ont recueilli la plupart de ces
informations supplémentaires. Grâce à l’édition en ligne, il a été possible
d'intégrer dans ce livre la richesse des photographies en couleurs qui
témoignent des jouets et des activités ludiques des filles et des garçons
amazighs.
Les données sur les activités de jeu, de fabrication et d’utilisation de
jouets ne se limitent pas à la vie traditionnelle. Le lecteur sera
continuellement confronté à l’évolution des jeux et jouets des enfants des
villages et des villes, influencés par la télévision, l’industrie du jouet et du
divertissement, les touristes de passage, ainsi que les émigrants de l’Anti-
Atlas vivant en Europe qui visitent occasionnellement leurs familles.
La conclusion développée couvre les thèmes suivants : l’environnement
physique du jeu et des jouets, la matérialité des jouets, les aspects
socioculturels du jeu et des jouets, la créativité des enfants, le jeu, les jouets,
la communication et l’apprentissage, la continuité et l’évolution du jeu et des
jouets, la recherche ethnographique sur les jeux et jouets, et la recherche
interdisciplinaire sur le jeu et le jouet.

8
Le volume 2 de ce livre contient dans l’annexe 1 une analyse détaillée de
l’archéologue Argyris Fassoulas sur la fabrication de jouets en argile dans la
région de l’Anti-Atlas. Il ne s’agit pas seulement d’une approche descriptive
mais aussi d’une approche théorique. L’annexe 2 propose une approche des
sciences de la communication d’un jeu de gendarmes et de passeurs dans un
village de l’Anti-Atlas et qui démontre l’utilité d’une collaboration
interdisciplinaire. Ce document est suivi par les annexes 3 à 6 qui proposent
des informations sur des vidéos concernant le jeu dans l’Anti-Atlas, sur les
musées qui ont reçu des jouets de l’Anti-Atlas, sur le jeu de l’allaitement des
filles de l’Anti-Atlas et sur la situation multilingue dans les familles
amazighes. Finalement, l’annexe 7 offre des informations supplémentaires
sur les jeux et les jouets dans des régions d’Afrique du Nord en dehors de
l’Anti-Atlas.

9
Préface de Luisa Magalhães

L’honorable lecteur excusera ma préface rédigée en première personne sur


ce livre de la collection Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines
car sa rédaction est à la fois un honneur et un privilège. C’est un honneur
parce que cela représente la confiance et la responsabilité personnelle que
Jean-Pierre Rossie m’a confié, et j’espère vraiment m’y conformer. C’est un
privilège parce que tous les chercheurs n’ont pas été confrontés à un tel défi
ou n’ont pas enduré une tâche d’une telle complexité et d’une telle portée
scientifique. Ce volume sur les jeux et jouets des enfants de l’Anti-Atlas
consiste en une mise à jour approfondie des informations publiées au
préalable dans différents contextes. Il est complété par des informations
récentes soigneusement organisé pour faciliter la lecture et l’accès aux
éléments photographiques qui sont ancrés au texte, comme preuves.
Le domaine de recherche couvre un territoire rural marocain spécifique.
Dans cette région du monde, la vie change profondément, en partie en
fonction des mises à niveau successives apportées par l’accès à la télévision
et aux nouveaux médias, ainsi que par l’accès aux structures commerciales
modernes. Les activités ludiques se mondialisent lentement en ce qui
concerne la motivation et les inspirations. Jean-Pierre Rossie exprime son
souci de l’évolution du jeu et des jouets tout au long de ce volume, dans
lequel il rassemble des informations écrites et visuelles concernant la culture
ludique enfantine dans l’Anti-Atlas. Son objectif remarquable est de
collecter et d’organiser tout type de matériel lié au jeu, aux jouets et aux
contextes socioculturels ludiques, afin que tous ceux qui s’intéressent au
domaine puissent profiter de ces données, en les utilisant de manière
pragmatique dans des contextes scientifiques. Telle a été la raison de
l’intégration, dans le volume 2, du texte de l’archéologue Argyris Fassoulas.
En tant qu’auteur, Jean-Pierre possède l’habileté de comprendre les
difficultés de ses lecteurs et est, par conséquent, un maître dans
l’accompagnement des doutes, des curiosités et du raisonnement de son
récepteur. Il présente ses données avec une clarté exceptionnelle et partage
ses expériences avec générosité et attention. Il ne s’approprie jamais le crédit
des images ou des récits qu’il obtient de ses assistants – il préfère les mettre
en lumière, en expliquant la paternité et en guidant les perspectives

10
photographiques tout au long du parcours. Cela souligne la qualité des
relations extraordinaires qu’il a entretenues au cours de sa vie de chercheur
et d’anthropologue socioculturel.
En présentant ce livre, je voudrais d’abord souligner les traits de
personnalité qui accordent à Jean-Pierre une place parmi les brillants
ethnographes, sa quête créative, humble et persistante de l’exactitude
scientifique qui se révèle à chaque page. En exprimant sa passion pour la
mise en réseau et le partage des connaissances, en développant des relations
durables, en améliorant la vie en jouant et en encadrant ses amis dans l’Anti-
Atlas, il donne un exemple puissant de la manière dont de bonnes relations
de travail peuvent être entretenues, avec des informations intelligentes et
claires sur des vies humaines, en particulier la vie des enfants, leurs activités
ludiques et leurs rêves.
En 2014, j’ai eu la chance d’assister à des interactions intéressantes sur
place, à Tiznit et Sidi Ifni, confirmant ainsi les impressions que j’avais
recueillies en lisant Toys, Play, Culture and Society en 2005, peu après le IV
Congrès ITRA à Alicante, où nous nous sommes rencontrés pour la première
fois. Cela a été la confirmation de ma perspicacité concernant qui je
reconnaissais comme quelqu’un avec des normes culturelles et humanitaires
élevées, mais aussi quelqu’un avec des besoins simples et un contact amical.
Je peux, tout comme vous, le lecteur, reconnaître dans ce livre le travail
d’une vie, exprimant avant tout l’étonnement devant la créativité et la
résilience des enfants, ainsi que l’amour du rire innocent et du simple plaisir
et du jeu.
Au-delà de l’expérience de lecture et du défi visuel d’apprécier des
centaines de photographies d’enfants joyeux et enjoués, ce livre offre au
lecteur un ensemble mixte d’émotions et un ensemble combiné de données à
la fois engageantes et absorbantes. Notre attention est attirée sur les enfants
et leurs activités ludiques, leur bonheur et leur joie, ainsi que sur les
conditions culturelles qui dépeignent toute une région et les habitudes de la
population. Il s’agit donc d’une ethnographie développée sur place dans le
but spécifique de promouvoir au Maroc un intérêt pour la culture des enfants
en général et comme élément clé de la compréhension du peuple amazigh
vivant dans l’Anti-Atlas.

11
Après avoir vécu une introduction approfondie, imprégnée par la
générosité de l’auteur pour nommer ses collaborateurs et avoir reconnu ses
efforts pour s’exprimer et sa recherche de la précision, le lecteur entame un
parcours d’apprentissage très exigeant. Le sujet d’apprentissage est le jeu de
faire semblant, les acteurs, le monde matériel, le monde des vivants et
finalement l’humanité, ses techniques de survie et conditions domestiques.
La section intitulée ‘Jeux de faire semblant et création de jouets des
enfants de l’Anti-Atlas’ comprend quatre sous-sections dans lesquelles tous
les travaux précédents sont recadrés avec des informations supplémentaires
sur les quatre thèmes – poupées d’enfants et jeux de poupées, l’animal, la vie
domestique et les activités techniques dans le jeu et les jouets.
La description intéressante des jeux de mariage qui incluent d’autres
événements familiers et domestiques, fournit des perspectives importantes
sur la structure sociale et les pratiques sociales dans la vie privée. En outre,
le reflet de la richesse et des familles riches est documenté visuellement et
décrit de manière appréciable.
Des photographies magnifiquement agencées fournissent un aperçu visuel
développé avec la description textuelle de divers contextes de jeu et avec
une mention détaillée des conditions économiques et des codes
vestimentaires. En outre, il existe des références sensibles sur les questions
du genre, telles que le placement des poupées dans certaines positions
hiérarchiques, ainsi que certains blocs de discours qui sont transcrits et
commentés.
Toute la section est profondément engagée dans la recherche d’une
signification sociologique liée à l’interaction interpersonnelle dans les
événements de la vie quotidienne. Cette interaction se manifeste dans la
création d’objets de jeu qui reflètent la vision que les enfants ont de la vie
domestique. D’où la pertinence du point de vue de l’auteur sur la recherche
sur le jeu et le jeu en anthropologie socioculturelle. En reconnaissant la
valeur documentaire des jouets utilisés et créés par les enfants eux-mêmes,
Jean-Pierre comprend et partage les domaines intimes et privés de la vie
sociale adulte exprimant des valeurs culturelles qui se transmettent entre
générations de joueurs. La description est complète et veille à ne pas omettre
de détails sur les joueurs et les objets de jeu. Les poupées, par exemple, sont
expliquées au lecteur, pour effacer tout doute possible sur les matériaux
impliqués, leurs formats et leurs relations avec d’autres matériaux issus du
monde industrialisé. Les rôles joués par ces poupées dépendent de la vision

12
qu’ont les enfants de leur environnement, de leurs familles, de leurs voisins,
de leurs visiteurs. Il devient donc possible de comprendre l’histoire sociale
de ces groupes d’enfants comme intégrée dans un sens plus profond de
communauté et dans une organisation spécifique de la vie collective. Les
rituels, les festivités et les routines générales sont décrits non seulement dans
les contextes de jeu, mais dans le vaste éventail d’objets de jeu décrits et
analysés avec soin. La présence d’animaux dans ces routines de la vie
quotidienne est également reconnue et le livre contient une section consacrée
aux animaux d’argile fabriqués par les enfants de l’Anti-Atlas marocain.
Néanmoins, c’est la vie domestique qui mérite une attention particulière
de la part du lecteur. La possibilité d’observer la décoration de la maison,
l’organisation des repas, les soins et l’enseignement aux plus jeunes enfants,
les soins aux tâches ménagères et la présentation de la maison est décrite
avec une attention particulière. Le lecteur s’implique dans les conditions de
la vie et découvre le patrimoine, ainsi que les préoccupations sociales qui
surgissent avec les contextes de jeu. Par conséquent, le dernier chapitre est
construit dans le but attentionné d’introduire les éléments techniques qui
sont progressivement insérés le long des scènes et des activités ludiques. De
tels éléments techniques deviennent pertinents car ils introduisent l’influence
inévitable des visiteurs européens dans la région de l’Anti-Atlas, qu’ils
soient touristes ou immigrés, ou simplement des locaux qui ont voyagé à
l’étranger et apportent leurs nouvelles idées.
Il est intéressant de noter que l’approche introduite par la thèse d’Argyris
Fassoulas s’appuie sur l’observation de Jean-Pierre sur les activités ludiques
et la création de jouets par les enfants locaux, sans laquelle elle manquerait
certainement de précision. Fassoulas crée une approche théorique qui
devient productive pour expliquer les origines possibles de la fabrication de
jouets en argile et introduit certains détails techniques qui ont été déduits à la
fois de ses lectures et de ses idées sur les descriptions proposées dans le
livre.
De plus, le texte de Fassoulas reste un texte complémentaire qui favorise
la compréhension de certaines questions pratiques liées à la fabrication de
jouets en argile par les enfants de l’Anti-Atlas. Son insertion en annexe à ce
livre sert au même niveau de finalité que les contributions de Khalija Jariaa
et Boubaker Daoumani : elle crée l’entourage pour un hommage approfondi
à la vraie raison d’écrire et de publier tout le documentaire sur ces enfants,
leurs jouets, leurs compétences, leur vie.

13
La voix des enfants se fait entendre et leur vie domestique, leurs luttes et
leur immense créativité dépassent toutes les frontières, assumant ainsi leur
rôle de témoins de leur propre développement dans l’histoire de l’humanité.
La partie ‘Conclusion’ est extrêmement détaillée, et elle échappe à la
plupart des caractéristiques du format habituel des textes concluants. À la
suite du défi textuel et visuel fourni par les quatre chapitres du livre, les neuf
sections de la conclusion offrent tout un éventail de perspectives engagées
qui sont établies sous plusieurs sujets scientifiques et techniques. La clé de la
compréhension de cette partie du livre réside dans l’effort interdisciplinaire
qui est finalement accompli, à travers les approches anthropologiques,
sociologiques, éducatives et communicatives que Jean-Pierre maîtrise
habilement.
Dans l’ensemble, entre la qualité du travail de ses assistants, Khalija
Jariaa et Boubaker Daoumani, l’exactitude et l’habileté théorique de son
collaborateur, Argyris Fassoulas, et la fascinante créativité des enfants de
l’Anti-Atlas, leurs activités ludiques et leurs jouets, le lecteur est invité
reconnaître une passion à vie et un dévouement total aux conditions de
l’ethnographie socioculturelle et de l’anthropologie du jeu.
C’est l’accomplissement majeur de la vie et de l’œuvre de Jean-Pierre
Rossie, dont j’ai l’honneur de témoigner. Que le lecteur trouve également
dans ce livre un véritable héritage culturel. Et que Jean-Pierre continue son
travail d’inspiration envers nous tous, ceux qui suivent ses travaux, les
chercheurs dans les domaines interdisciplinaires, les conservateurs de
musées du monde entier et les enfants créatifs ludiques partout où ils
trouvent des raisons de continuer à jouer.

Merci, toujours, Jean-Pierre.

Luísa Magalhães
Professeur adjoint en Sciences de la Communication
Universidade Católica Portuguesa, Braga

14
Notice du rédacteur

Le livre Jeux de faire semblant des enfants amazighs de l’Anti-Atlas


marocain a été mis en ligne en février 2021. Il est divisé en deux volumes à
la suite du grand nombre de photos en couleur.
Au début du deuxième volume se trouve la contribution d’Argyris
Fassoulas sur La fabrication des jouets en argile dans la région de l’Anti-
Atlas qui fait partie de sa thèse de doctorat défendue en décembre 2018.
Pendant la période de rédaction de ce livre, des parties de plus en plus
grandes ont été publiés sur Internet pour deux raisons. D’abord, parce que,
vu mon âge, je voulais déjà faire honneur à la participation de Khalija Jariaa
et de Boubaker Daoumani à cette recherche sur le patrimoine ludique des
enfants de l’Anti-Atlas, une région où ils ont grandi et vivent encore.
Deuxièmement, parce que référence était faite à ce livre dans le chapitre
“Communication in Moroccan children’s toys and play” (Rossie, 2018) dans
Luisa Magalhães and Jeffry Goldstein (eds), Toys and Communication.

15
Collection :
Cultures Ludiques
Sahariennes et Nord-Africaines

Engagé depuis 1975 d'abord dans la recherche sur les jeux et jouets, puis
dans des essais de pédagogie interculturelle basée sur le ludique, j'ai eu l'idée
de créer une collection nommée Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-
Africaines. Des cultures ludiques qui devraient, à juste titre, faire partie
intégrante du patrimoine culturel de l'humanité, tout comme les chefs
d'œuvres de l'art et de l'architecture.
Une première tentative pour créer une collection pareille pour
l'International Council for Children’s Play fut soutenue par André Michelet,
directeur du Centre d'Etudes Roland Houdon à Saran, France, et résulta dans
la publication par ce Centre de mon livre Jeux et jouets sahariens et nord-
africains : poupées - jeux de poupées en 1993. Comme le Centre d'Etudes
Roland Houdon a arrêté ses activités de publication peu de temps après, cette
tentative s'est terminée prématurément.
En 1999 le Nordic Center for Research on Toys and Educational Media a
publié sur son site web la première version en français et en anglais de
Poupées d’enfants et jeux de poupées. La version finale de ce livre ainsi que
du volume L’animal dans les jeux et jouets furent publiées par le Stockholm
International Toy Research Center en 2005 sur le CD inclus dans Toys, Play,
Culture and Society. An anthropological approach with reference to North
Africa and the Sahara. Ces livres publiés en 2005 sont maintenant aussi
disponible sur Internet en français et en anglais.
Deux autres volumes édités par le même centre sont disponibles sur
Internet en français et en anglais : Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-
Africaines. La vie domestique dans les jeux et jouets (2008) et Cultures
Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. Bibliographie commentée des
jeux et jouets (2011).
Comme le Stockholm International Toy Research Centre, a cessé de
fonctionner en 2011, le livre Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-
Africaines. Activités techniques dans les jeux et jouets a été publié en 2013
par le Centre for Philosophical and Humanistic Studies de la Faculté de

16
Philosophie de l’Université Catholique du Portugal. Le même centre publie
aussi ce nouveau livre sur les Jeux de faire semblant des enfants amazighs
de l’Anti-Atlas marocain.
Afin de rendre disponible l'information sur les jeux et jouets sahariens et
nord-africains aussi bien à ceux lisant le français qu'à ceux lisant l'anglais,
ainsi que pour stimuler l'échange d'informations et la fécondation réciproque
des idées et des actions entre le monde anglophone et francophone, trop
souvent séparés par des clivages linguistiques, les ouvrages sont publiés en
français et en anglais.
Pour promouvoir une large distribution des informations sur les jeux et
jouets sahariens et nord-africains, les volumes de la collection Cultures
Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines et de la collection Saharan and
North African Toy and Play Cultures sont librement disponible sur :

• Academia.edu : https://ucp.academia.edu/JeanPierreRossie
• Scribd : https://www.scribd.com/user/63524386/Jean-Pierre-Rossie

Les volumes de la collection :


Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines

• Poupées d’enfants et jeux de poupées, 2005, 344 p., 163 ill.


• L’animal dans les jeux et jouets, 2005, 229 p., 107 ill.
• La vie domestique dans les jeux et jouets, 2008, 449 p., 410 ill.
• Les activités techniques dans les jeux et jouets, 2013, 364 p., 350 ill.
• Jeux de faire semblant des enfants amazighs de l’Anti-Atlas marocain,
2021, 750 p., 638 ill.
• Bibliographie commentée des jeux et jouets, 2021, 84 p.

Catalogues de Jouets des Enfants Sahariens – Nord-Africains – Amazighs

• Don au Centro per la Cultura Ludica de Turin, 2015, 93 p., 272 ill.
• Don au Musée du Jouet de Moirans-en-Montagne : première partie,
poupées et animaux-jouets, 2015, 72 p., 127 ill.
• Don au Musée du Jouet de Moirans-en-Montagne : deuxième partie,
jouets liés à la vie domestique, 2015, 72 p., 109 ill.

17
• Don au Musée du Jouet de Moirans-en-Montagne : troisième partie,
jouets liés aux activités techniques et aux jeux d’adresse, 2016, 57 p., 76
ill.
• Don à d’autres musées et associations, 2016, 91 p., 133 ill.

Les volumes de la collection :


Saharan and North African Toy and Play Cultures

• Children’s dolls and doll play, 2005, 328 p., 163 ill.
• The animal world in play, games and toys, 2005, 219 p., 107 ill.
• Domestic life in play, games and toys, 2008, 438 p., 410 ill.
• Technical activities in play, games and toys, 2013, 360 p., 350 ill.
• Make believe play among Amazigh children of the Moroccan Anti-
Atlas, 2021, 739 p., 638 ill.
• Commented bibliography on play, games and toys, 2021, 81 p.

Saharan – North African – Amazigh Children’s Toy Catalogs

• Donation to Centro per la Cultura Ludica in Turin, 2015, 93 p., 272 ill.
• Donation to Musée du Jouet de Moirans-en-Montagne, first part: dolls
and toy animals, 2015, 72 p., 127 ill.
• Donation to Musée du Jouet de Moirans-en-Montagne, second part: toys
related to domestic life, 2015, 72 p., 109 ill.
• Donation to Musée du Jouet de Moirans-en-Montagne, third part : toys
related to technical activities and games of skill, 2016, 57 p., 76 ill.
• Donation to other museums and associations, 2016, 91 p., 133 ill.

18
Notice sur les auteurs

Jean-Pierre Rossie est né en 1940 à Gent (Gand), Belgique. Après des


études d'assistant social, puis d'africaniste à l'Université d'Etat de Gand, il
obtint en 1973 le diplôme de docteur en histoire et philologie africaine à la
même université. Sa thèse en néerlandais portait sur le thème “Enfance et
Société. Le processus de socialisation en Afrique centrale patrilinéaire”.
Suite à un séjour de recherches auprès des semi-nomades Ghrib du Sahara
tunisien, il se consacra, depuis 1975, aux recherches sur les jeux et jouets
sahariens et nord-africains.
En 1967, il fut proclamé lauréat de la Belgische Stichting Roeping/
Fondation Belge de la Vocation. Entre 1968 et 1978 il travailla auprès du
Nationaal Fonds voor Wetenschappelijk Onderzoek / Fonds National Belge
pour la Recherche Scientifique, Bruxelles, qui a subventionné ses recherches
et publications jusqu'en 1992.
Entre 1980 et 1990, il était attaché comme assistant social et
anthropologue socioculturel aux services sociaux pour les immigrés,
spécialement les immigrés turcs et nord-africains, de la ville de Gand.
Un premier séjour de recherche au Maroc en février 1992, depuis lors
suivi de séjours annuels dans ce pays, ont permis à l'auteur de compléter, de
vérifier et d'actualiser les données sur les jeux et jouets marocains.
En 1993 il fut un des membres fondateurs de l'International Toy Research
Association (ITRA), de 1997 à 2001 il fut un membre du Nordic Center for
Research on Toys and Educational Media (NCFL), et depuis sa création en
mars 2002 jusqu’à sa fermeture en 2011 il a fait partie du Stockholm
International Toy Research Centre (SITREC).
Le 29 octobre 2004 la Lennart Ivarsson Scholarship Foundation lui a
attribué le BRIO Prize 2004.
En juillet 2005 il est devenu un chercheur associé du Musée du Jouet à
Moirans-en-Montagne, France (http://www.musee-du-jouet.com). Cette
même année il a fait don à ce musée de sa collection d’environ 650 jouets le
plus souvent crées par des enfants marocains. En 2014 il a offert à ce même
musée tous les documents écrits et visuels qu’il a rassemblés sur les cultures
ludiques sahariennes, nord-africaines et amazighes (berbères).

19
En avril 2007 il a été nommé ‘Member of the Advisory Board of the
UNESCO/Felissimo Social Design Network’.
De juillet 2008 à juillet 2014 il était un membre du bureau exécutif de
l’International Toy Research Association (ITRA).
En octobre 2013 il est devenu un chercheur associé du Centre for
Philosophical and Humanistic Studies, Faculty of Philosophy and Social
Sciences, Catholic University of Portugal, Braga. Ce centre est l’éditeur de
ce livre et du livre précédent de la collection Cultures Ludiques Sahariennes
et Nord-Africaines.
Depuis fin 2018 il fait partie de Play, Education, Toys, and Languages
(PETaL EMJMD). Erasmus Mundus Master's Programme for the Education
of 21st Century Early Childhood Teachers, director Prof. Elena Gómez
Parra, University of Córdoba, Córdoba, Spain – https://web.em-petal.eu
En octobre 2019 il a été intégré comme chercheur associé dans le projet
Locus Ludi. The Cultural Fabric of Play and Games in Classical Antiquity,
European Research Council Advanced Grant 2017-2022, dirigé par Prof. Dr.
Véronique Dasen, Université de Fribourg, Fribourg, Suisse –
https://locusludi.ch

Khalija Jariaa, née en 1974 à Ikenwèn situé au km 29 sur la route de Tiznit


à Tafraoute, est une femme de la province de Tiznit qui est devenue, ces
dernières dix années, particulièrement importante pour les recherches sur la
culture ludique des enfants de l’Anti-Atlas. Elle s’est développée depuis
2002 d'être une femme de ménage pour devenir d’abord une informatrice et
puis une assistante de recherche ethnographique. Vers 2007, Khalija est
devenue une observatrice qualifiée et depuis des années elle le fait
indépendamment, réalisant des photos et parfois des vidéos brèves. Dès lors,
Khalija Jariaa a largement contribué à contacter, observer, et photographier
les enfants, leurs jeux et création de jouets. Puis elle a transmis les
informations recueillies à Jean-Pierre Rossie lors de séances de travail et de
discussion à Sidi Ifni et depuis 2016 à Douar Ouaraben (Tiznit).

Boubaker Daoumani est né en 1973 au village Tengerfa situé à 30 km de


Sidi Ifni en direction de Guelmim. Cependant il a passé toute son enfance
dans la ville de Sidi Ifni, capitale du Sahara espagnol jusqu’en 1969. Après
des études secondaires dans cette ville, il a terminé la formation
d’enseignant d’école primaire puis est devenu en 1996 instituteur dans une

20
école de montagne de la région de Tiznit. Depuis 1998 il enseigne dans les
premières années de l’école primaire du village de montagne Lahfart à
environ 12 km de Sidi Ifni. Avec l’aide de ses élèves il a collectionné de
nombreux jouets et les informations y concernant. En 2012 il a obtenu le
diplôme des ‘Etudes Amazighes. Parcours Didactique’ de l’Université Ibn
Zohr, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines à Agadir. Son mémoire
de licence rédigé en tachelhit marocain analyse les jeux et jouets
traditionnels dans la région d'Aït Ikhelf/Aït Baamran. Boubaker Daoumani
joue un rôle important en aidant, si nécessaire, à expliquer les informations
recueillies par Khadija Jariaa et à traduire entre le tachelhit, l’arabe marocain
et le français. Il m’a invité à quelques reprises chez les élèves de l’école
primaire de Lahfart et leurs familles. Il m’a également transféré toute une
série de jouets qu’il avait reçus de ses élèves pour former le début de la
collection de jouets créée par les filles et les garçons amazighs de l’Anti-
Atlas.

Argyris Fassoulas est né en 1985 à Larissa (Grèce). Après des études en


histoire et archéologie à l’Université d’Aristote de Thessalonique, il a fait la
maitrise à l’Institut de Paléontologie Humaine au Muséum National
d'Histoire Naturelle, puis à l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne. En
janvier 2018 il obtint le diplôme de docteur en archéologie à l’Université
Paris I Panthéon-Sorbonne. Ses recherches portent sur les figurines
néolithiques de Thessalie (Grèce du Nord), en particulier sur la
reconstitution de leurs modes de fabrication, ainsi que sur les questions
d'organisation et de connotations symboliques de la production de
représentations miniaturisées. Dans le cadre de sa thèse, il a effectué en
octobre-novembre 2013 et en février 2016 deux enquêtes ethnographiques
dans l’Anti-Atlas au sud-ouest du Maroc. Il s’agit de la région de Tiznit et
plus particulièrement les villages d’Ikenwèn, d’Imjâd et de Douar Ouaraben.
Ces enquêtes se sont focalisées sur l’étude de la production des
représentations miniaturisées, principalement les jouets. L’analyse détaillée
des procédés techniques par lesquels les enfants amazighs fabriquent leurs
jouets en argile ont permis de compléter les enquêtes initiées par Jean-Pierre
Rossie et d’élargir nos perspectives par rapport au rôle que la fabrication
matérielle des jouets peut avoir dans les activités ludiques et la culture de
l’enfance.

21
Introduction

22
Ce livre est le sixième volume d'une série de publications sur les cultures
ludiques des enfants sahariens et nord-africains. Cependant, le livre Cultures
Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. Jeux de faire semblants des
enfants amazighs de l’Anti-Atlas marocain ne suit pas la structure habituelle
des livres précédents. Il s’agit de rendre disponible des informations et des
photos sur les jeux et jouets des enfants de cette région. Ces données
représentent un supplément remarquable aux informations sur la culture
ludique des enfants de l’Anti-Atlas inclus dans les livres précédents publiés
en 2005, 2008 et 2013.
J’ai décidé de publier ce livre, qui n’était pas prévu au début, avant le
dernier volume sur les jeux d’adresse parce qu’il s’agit encore de jeux de
faire semblant mais aussi parce que je voulais faire droit au rôle particulier
joué par Khalija Jariaa et Boubaker Daoumani dans les recherches sur le
terrain menée dans les provinces de Sidi Ifni et de Tiznit.
Comme ce livre est publié sous le nom de quatre auteurs il est nécessaire
de spécifier leur rôle respectif. Jean-Pierre Rossie est le responsable des
données mentionnées, du texte et de la mise en page des photos, ainsi que
des analyses et des interprétations ; il est le responsable scientifique et
rédactionnel de ce livre. Suite à cette situation il faut préciser que lorsque la
première personne au singulier est utilisée cela réfère à Jean-Pierre Rossie
comme rédacteur du livre.
Khalija Jariaa est devenue ces dix dernières années, particulièrement
importante pour les recherches sur la culture ludique des enfants de l’Anti-
Atlas. Khalija a appris sur le tas à parler suffisamment bien le français pour
pouvoir expliquer ses observations. L’analyse détaillée des photos que
Khalija a faites a été dans ce contexte d’une grande utilité. Boubaker
Daoumani qui a aidé à traduire les commentaires de Khalija si nécessaire, a
aussi été la personne de contact avec les élèves de l’école primaire de
Lahfart où il enseigne. En 2002 il a été le co-auteur des quatre vidéos sur des
jeux de poupées et de construction de jouets réalisées à Sidi Ifni et Lagzira.
La plupart des données écrites et visuelles dans ce livre proviennent de
Khalija Jariaa et quelques-unes de Boubaker Daoumani, ce qui sera
explicitement mentionné le cas échéant. Jean-Pierre Rossie a recueilli les
autres informations, analysé les jouets photographiés et/ou collectés par
Khalija et Boubaker et écrit les rapports sur leurs observations et recherches.

23
Argyris Fassoulas est responsable des données recueillies sur la création
de jouets en argile par les enfants de l’Anti-Atlas qui se trouve au début du
deuxième volume. Ces informations techniques sont complétées par des
observations sur l’aspect social de la production des jouets argileux.
La structure de ce livre est basée sur la séquence des thèmes des livres
dans la collection Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. Dès
lors le lecteur trouvera en ce qui concerne l’Anti-Atlas, d’abord les
informations sur les poupées d’enfants et jeux de poupées, puis celles sur
l’animal dans les jeux et jouets, sur la vie domestique dans les jeux et jouets
et finalement sur les activités techniques dans les jeux et jouets.
Dans Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. La vie
domestique dans les jeux et jouets (2008) ainsi que dans Cultures Ludiques
Sahariennes et Nord-Africaines. Les activités techniques dans les jeux et
jouets (2013) se trouvent beaucoup d’informations et de photos en relation
avec les jouets et les jeux des enfants de l’Anti-Atlas. Dans le volume
Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. L’animal dans les jeux et
jouets (2005) il n’y a que trois informations et une photo concernant la
région de l’Anti-Atlas mais dans le volume Cultures Ludiques Sahariennes
et Nord-Africaines. Poupées d’enfants et jeux de poupées (2005) il y en a
assez bien. Pour ne pas alourdir le texte de ce livre et ne pas publier à
nouveau beaucoup de photos, je donne au début de chaque section un
résumé des informations disponibles dans les livres mentionnés ci-dessus en
prenant soin de noter les pages et les numéros des photos en question.
Comme les livres de la collection Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-
Africaines sont gratuitement disponibles sur Internet, le lecteur pourra les
consulter facilement. Dans ce résumé l’ordre géographique des jouets et des
jeux de l’Anti-Atlas utilisé dans les livres précédents est retenu.
La période sur laquelle s'étend l'analyse s'étale depuis 1980 jusqu'à 2017.
Le présent utilisé à travers le texte se réfère donc à l'époque d'où proviennent
les données et non pas nécessairement à celle d'aujourd'hui.
D'une manière générale on peut dire que les jeux et les jouets décrits
appartiennent à des enfants vivant dans des communautés qui, bien
qu'influencés par la vie moderne et globalisée, se réfèrent encore à la
tradition. Cette référence à la tradition se manifeste surtout dans le domaine
enfantin et féminin ainsi que dans la sphère de la socialisation et de la
transmission des normes et valeurs.

24
Les jeux et jouets dans ce livre appartiennent aux cultures ludiques du
monde amazigh car tous les enfants dont les jeux et jouets sont mentionnés
dans les partties ‘informations supplémentaires’ parlent le tachelhit.
Cependant il faut souligner que la culture ludique des enfants amazighs de
l’Anti-Atlas se rapproche fortement de celle d’autres enfants marocains, bien
que sous une forme adaptée au milieu naturel, culturel et social local.
Les informations rassemblées se réfèrent à des enfants entre trois et
quinze ans. Cependant, Khalija Jariaa a récolté quelques informations sur les
bébés et bambins de l'Anti-Atlas.
Il est important de mentionner que les activités de jeu et de fabrication de
jouets décrites sont presque toujours des activités dirigées par les enfants
eux-mêmes et cela sans une participation des adultes. Si, à l'occasion, un des
auteurs de ce livre a demandé aux enfants de montrer un jeu ou de faire un
jouet, l'implication de l'adulte se limite à demander la permission, à observer
et à prendre des photos.
Concernant les contacts avec les enfants, les règles de l’éthique de la
recherche scientifique proposées par le Conseil Européen de la Recherche
Scientifique ont été suivies. Ainsi l’autorisation paternelle ou maternelle a
été demandée lors de la collecte de données ou des prises de photos avec des
enfants. Il aurait d’ailleurs été difficile de faire autrement car le travail de
terrain se fait dans des familles ou dans l’espace public. Une exception à
cette règle existe néanmoins. Il s’agit des observations et des photos
d’enfants faites occasionnellement d’une certaine distance dans des rues ou
espaces publics de centres urbains marocains. Dans ce cas ni les enfants ni
les adultes se trouvant sur les lieux ont montré des réactions négatives.
Dans la mesure où mes expériences le démontrent, les enfants marocains
aiment bien qu’on s’intéresse à leurs jeux et jouets. Ils se sentent respectés et
appréciés quand on les approche comme des informateurs valables et des
créateurs d'objets possédant des connaissances et des compétences
précieuses. Après tout, ce sont eux qui savent et l'ethnographe est celui qui a
besoin d'apprendre.
Un aspect spécifique dans mes publications est l’utilisation des vrais
prénoms des enfants ainsi que des noms réels des endroits où ils habitent.
Cette manière de faire est basée sur le choix de plusieurs enfants qui ont
accepté de participer à ma recherche. Lorsque j’ai demandé à ces enfants
s’ils préféraient que leurs vrais prénoms soient utilisés ils ont toujours dit oui
et les quelques adultes consultés sur ce point n’y ont trouvé aucun problème.

25
Le 3 Octobre 2016, Meryem de Bir Gandouz a visité sa tante Khalija
Jariaa à Douar Ouaraben. Meryem est la fille qui en 2007-2008, à l'âge de
sept ou huit ans et lorsqu'elle vivait d'abord à Tan-Tan et un peu plus tard à
Bir Gandouz, a montré à sa tante certains jeux et jouets. En rencontrant
Meryem de nouveau dans la maison de Khalija maintenant qu’elle est une
adolescente de seize ans, j'ai utilisé l’occasion pour lui poser quelques
questions sur la façon dont elle a vécu notre intérêt pour ses jeux et jouets.
Quand je lui ai demandé si comme jeune fille elle avait apprécié que ses
activités de jeu ont été enregistrées, elle a répondu avoir été enthousiaste. A
ma question comment maintenant elle réagissait au fait que son vrai prénom
et le nom réel de l'endroit où elle vivait sont mentionnés dans mes livres, elle
a répondu fermement qu'elle serait offensée si un faux nom aurait été utilisé.
Un point de vue, qu’elle affirme en disant qu'elle et personne d'autre a donné
ces informations et offert certains de ses jouets et dès lors elle aime
beaucoup voir que son vrai prénom est mentionné.
Un argument supplémentaire rendant l’utilisation de vrais prénoms
acceptable se trouve dans le fait que des sujets très sensibles sont rarement
intégrés dans les jeux des enfants.
Pour une analyse de certains aspects de la méthode de recherche, je
renvoie le lecteur au chapitre 8 de la Conclusion : La recherche
ethnographique du jeu et jouet (p. 460-473).

Deux sources de données sont à la base de ce livre :


• Des recherches de terrain sur les jeux et jouets dans l’Anti-Atlas qui ont
débuté en 2002 et auxquelles Boubaker Daoumani et surtout Khalija
Jariaa ont contribué substantiellement.
• Un petit nombre de documents écrits ou visuels traitant des jeux et jouets
de cette région et qui sont mentionnés dans la bibliographie.

Beaucoup d’informations détaillées proviennent directement des enfants.


Parfois ces informations sont basées sur la mémoire d’adolescents, d’adultes
ou de personnes âgées.

Le but principal de cette étude est quadruple :


• Rassembler des données écrites et visuelles sur la culture ludique des
enfants de l’Anti-Atlas, une culture ludique qui change à grande vitesse
surtout dans les zones urbaines.

26
• Rendre les données sur les jeux et jouets, et sur les contextes
socioculturels concernés, disponibles à ceux qui s’intéressent à la culture
de l’enfance d’un point de vue scientifique ou pragmatique.
• Créer une documentation bibliographique, visuelle et muséographique sur
les jeux et les jouets des enfants de l’Anti-Atlas.
• Promouvoir l’intérêt pour la culture de l’enfance au Maroc, en particulier
la culture ludique.

La décision prise en 2002 de m’installer dans une région marocaine est liée
au souhait de retourner à une micro-étude détaillée. Que j’aie choisi Sidi Ifni
se rapporte à sa situation socioculturelle mais surtout à la collaboration qui
s’est établie avec Boubaker Daoumani et Khalija Jariaa. En plus, je ne
pourrais nier le fait que le bon climat dans cette région ait joué un rôle. Le
lecteur intéressé trouvera une notice autobiographique mettant en relation
mes recherches et quelques aspects de ma vie personnelle dans un appendice
de mon livre Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. Poupées
d'enfants et jeux de poupées (2005a, p. 331-336).
En 2002 et en collaboration avec Boubaker Daoumani, j’ai pu réaliser
quatre vidéos sur le jeu de faire semblant et de construction de quelques
enfants de Sidi Ifni et de la région avoisinante de Lagzira. J’ai utilisé une
première analyse de trois vidéos montrant le jeu de faire semblant avec des
poupées quand Artin Göncü m’a invité pour faire un exposé lors du
symposium “Studying Children’s Play, Development and Education in
Bicultural Contexts” au College of Education, University of Illinois at
Chicago, le 18 avril 2002. Puis j’ai fait une version plus développée de cet
exposé (Rossie, 2003) et commencé à écrire le protocole des vidéos. Dans
ces protocoles le langage utilisé par les enfants parlant le tachelhit ou l’arabe
est traduit en étroite collaboration avec Boubaker Daoumani (Rossie and
Daoumani, 2003/2007). Ces protocoles se trouvent dans le volume 2, annexe
3 (p. 668-714. Certainement les vidéos concernant les activités ludiques et la
fabrication de jouets des enfants de la région de Sidi Ifni ajoutent une
dimension nouvelle aux informations déjà collectées.
Finalement, je crois qu’il est nécessaire de cadrer ces microanalyses dans
un contexte socioculturel plus large, aussi bien que de rendre une discussion
générale plus précise par une analyse d’exemples concrets.

27
En réponse à la signification péjorative du terme Berbère, lié au mot
‘barbare’, les mouvements nord-africains concernés mettent en avant le
terme Amazigh. Par cela ils réfèrent à la culture et la langue des populations
autochtones sahariennes et nord-africaines qui vivaient dans ces régions
avant la venue des Arabes et qui continuent à parler leur propre langue. Dans
ce livre j’utilise donc ce terme Amazigh. En revanche, je continue d’utiliser
le terme Arabo-Berbères pour les descendants de ces populations ayant
perdu leur langue d’origine et parlent l’arabe.

Les termes géographiques et ethniques mentionnés dans le texte peuvent


être localisés sur deux cartes, une carte du Maroc et une carte de la partie
sud-ouest de l’Anti-Atlas (p. 29).

28
Pour une vue satellite ou carte routière de l’Anti-Atlas voir Google Maps :
https://www.google.fr/maps/@29.2131061,-9.3445983,290548m/data=!3m1!1e3

29
Approximativement, l'Anti-Atlas s'étend depuis Sidi Ifni et Mirleft sur la
côte atlantique vers le nord-est en direction d'Errachidia et en passant entre
Ouarzazate et Zagora. La partie méridionale de l'Anti-Atlas atteint le Sahara
par exemple près de Zagora, et vers le nord elle est liée au Haut Atlas par le
mont Siroua. Le terrain de recherche dans l’Anti-Atlas va de la côte
atlantique entre Agadir et Sidi Ifni en passant par les montagnes, culminant à
environ 1000 m, jusqu’à la ville de Tafraoute. Elle s’étend sur les provinces
d’Agadir, d’Inezgane-Aït Melloul, de Tiznit, de Sidi Ifni et de Guelmim. Il
s’agit d’une région aride et rocheuse mais là où l'eau est disponible des
villages et des villes existent comme dans la région d’Ifrane de l’Anti-Atlas
(fig. 1).

Mes recherches au sud du Maroc, qui ont débuté en février 2002, ont permis
d'obtenir des données sur les jeux et jouets des enfants de certaines
communautés amazighes et arabo-berbères vivant dans des villages ou des
villes de la région sud-ouest de l’Anti-Atlas. Une région qui se situe entre
Tiznit au nord et Guelmim au sud et entre Sidi Ifni à l’ouest et Tafraoute à
l’est. Ces informations proviennent de familles rurales et de couches sociales
populaires et moyennes.

30
Il s’agit des villes de Tiznit et Sidi Ifni, chacune chef-lieu d’une province
du même nom, ainsi que des villages Aït Jerrar, Amasin, Douar Ouaraben,
Ikenwèn, Timgrad et Terloulou (province de Tiznit) ; Aït Simour, Lagzira,
Lahfart, Imou Argan (Imi ou Argan), Sidi Bou Nakhla, Bifourna et
Idoubahman-Imjâd (province de Sidi Ifni) ; Igîsel et Ifrane de l’Anti-Atlas
(province de Guelmim) ; Loqlia (province d’Inezgane-Aït Melloul) et Sidi
Abou (province d’Agadir).
Tiznit est une ville du sud marocain sur la route reliant Agadir à Guelmim
et Tan-Tan. Cette ville se situe au pied de l’Anti-Atlas à 100 km d’Agadir en
direction du Sahara et à 18 km de l’Océan Atlantique. Elle est en pleine
expansion et un pôle d’attraction démographique et économique pour la
région. Par exemple un nouveau quartier se construit à partir de 2009 aux
abords de Tiznit en face du village Douar Ouaraben (fig. 2).

Depuis quelques années Tiznit et Aglou, la plage de Tiznit, sont mis en


avant comme endroits touristiques d’intérêt sur la route d’aventure vers le
sud du Maroc. Les gens y parlent aussi bien le tachelhit, une des trois
langues amazighes officielles du Maroc, que l'arabe marocain.

31
Aït Jerrar, Amasin, Douar Ouaraben, Ikenwèn, Timgrad et Terloulou sont
les six villages de la province de Tiznit où des recherches sur la culture
ludique des enfants ont été faites, plus particulièrement à Douar Ouaraben et
Ikenwèn.
Aït Jerrar est un village d’environ 200 maisons où les habitants parlent le
tachelhit, le tamazight local, ou le darija, l’arabe marocain. Il se trouve à
environ 15 km de Tiznit et le long de la route de Tiznit à Guelmim.
Le village Amasin se trouve en prenant la route de Tiznit vers Tafraoute, à
l’endroit de la bifurcation vers Anezi qui débute à Tighmi.
L'ancien village de Douar Ouaraben, où Khalija Jariaa vit depuis son
mariage en 2005, est situé à 18 km de l’Océan Atlantique, juste en dehors de
Tiznit et se compose d'environ 500 maisons et 2500 personnes (fig. 3). Il est
situé près du début de la route asphaltée à Sidi Ifni. Douar Ouaraben est
devenu de plus en plus un village urbanisé et en 2010 il a été intégré à la
ville de Tiznit sous le nom de quartier ‘Hay Idreq’.

32
En 2013 Douar Ouaraben était séparé de Tiznit par un trait de terre
d'environ 400 mètres de long (fig. 4). Ce terrain est construit avec des
maisons depuis 2014.

Douar Ouaraben dispose d'une grande école primaire et des jeunes femmes
gèrent quatre rawd el atfâl ou ‘écoles maternelles’. Dans ces écoles
maternelles privées, gérées par deux ou trois jeunes femmes, il y a environ
40 enfants entre un et cinq ans. Les écoles maternelles fonctionnent du lundi
au vendredi, de 8h30 à 12h et de 14h30 à 17h30. Pendant l'heure du déjeuner
les enfants rentrent normalement à la maison. Les enfants plus âgés
reçoivent une formation en arabe, tachelhit, français, arithmétique et le
Coran, mais il y a aussi un peu de temps pour jouer et manger entre les
leçons. Ces écoles maternelles sont cofinancées par la ville de Tiznit. En
plus, les parents doivent en 2016 payer par élève une contribution de 75
dirhams (7 €) par mois.
Douar Ouaraben subit l'influence de la croissance rapide de la, selon les
normes marocaines, bien riche ville de Tiznit. Presque toutes les maisons y
ont une télévision et environ la moitié des ménages ont aussi une antenne
parabolique. Bien que la mer ne soit pas si loin les enfants n'ont pas la
possibilité d'y aller sauf pour des occasions exceptionnelles.

33
Certaines familles ont des membres qui ont migré vers l'Europe et qui
rendent visite à leur famille plus ou moins chaque année. Ce faisant, ils
apportent également des jouets vendus dans des pays européens. Le
comportement et la tenue vestimentaire des enfants de ces émigrants
influence certainement les enfants et les jeunes locaux. Les touristes ne
visitent pas Douar Ouaraben mais depuis 2011 il arrive que quelques
camping-cars passent la nuit près du village lorsqu’ils roulent vers Sidi Ifni.
En 2015 la piste reliant Douar Ouaraben à Tiznit a été partiellement
goudronnée mais en 2020 elle était goudronnée en entier ainsi que la piste
vers la route allant à Sidi Ifni.
Le petit village Ikenwèn, où Khalija Jariaa est née en 1974, est situé à 29
km de Tiznit sur la route vers Tafraoute (fig. 5). Il fait partie du village Id
Boulhana qui appartient au village Id Baha. Id Baha avec plusieurs autres
villages constituent la commune rurale Tighmi. Ces villages sont situés sur
les versants inférieurs des montagnes de l'Anti-Atlas.

En 2015, Ikenwèn comptait environ 20 maisons habitées et environ 200


personnes y vivent d’activités agricoles et de l'élevage. Tous les ménages ont
un âne et une vache. Quelques habitants sont à la retraite et certaines
personnes bénéficient du soutien de leurs enfants vivant au Maroc ou en
Europe. Il y a une école primaire de six classes et depuis 2013 également
deux ‘écoles maternelles’. Ikenwèn est certainement plus traditionnel que

34
Douar Ouaraben à la périphérie de Tiznit, mais toutes les maisons y ont une
ou plusieurs télévisions avec éventuellement deux et jusqu'à quatre antennes
paraboliques. Le nombre de télévisions et d’antennes paraboliques dans
chaque maison s'explique par le nombre de ménages vivant dans une
maison. Khalija raconte qu’en 1980 lorsqu’elle avait environ 5 ans, il n’y
avait dans le village qu’une télévision et que tout le monde venait la regarder
dans la cour de maison. Cette télévision avait été amenée par un ancien
habitant du village travaillant en France.
Tiznit et Tafraoute étant des lieux touristiques, des touristes conduisant un
camping-car ou une voiture de location passent par la route goudronnée qui
relie ces deux villes. Parfois, des touristes s'arrêtent à Ikenwèn et même y
passent la nuit dans leur camping-car. Les enfants viennent les voir et
reçoivent régulièrement des bonbons, stylos, ballons, peluches, vêtements
d’occasion ou autre chose. Des adultes vivant dans d'importantes villes
marocaines comme Agadir, Marrakech et Casablanca ou en Europe mais qui
ont grandi à Ikenwèn, ainsi que leurs enfants, influencent les adultes et les
enfants d’Ikenwèn lors de leurs visites au village d'origine. Depuis 2016 une
quinzaine de maisons sont construites à Ikenwèn par des descendants de
personnes qui y ont vécu ou y habitent encore.
Timgrad se trouve à 35 km de Tiznit sur la route d’Assaka à Anezi, non
loin d’Ikenwèn. La partie ancienne de Timgrad compte environ 140
personnes dans 50 maisons. Comme cela se voit sur la photo prise en avril
2015, la construction de nouvelles maisons est en pleine expansion dans le
nouveau Timgrad (fig. 6).

35
Terloulou est un grand village à 26 km de Tafraoute en direction de la
haute montagne. On y trouve plus ou moins 1000 maisons (fig. 7).

Sidi Ifni, depuis 2010 la capitale de la province du même nom, est une petite
ville côtière dans le sud du Maroc à 180 km d'Agadir (fig. 8). Les gens y
parlent aussi bien le tachelhit, une des trois langues amazighes officielles du
Maroc, que l'arabe marocain. Le tourisme y est d’une certaine importance
avec des touristes européens venant surtout en hiver et des touristes locaux
ou des marocains vivants en Europe venant en été.

36
Dans la province de Sidi Ifni les enfants et adultes de sept villages ont
fourni des informations sur les jeux et jouets. Il s’agit de Bifourna, Aït
Simour, Lagzira, Lahfart, Imou Argan (Imi ou Argan), Sidi Bou Nakhla et
Idoubahman-Imjâd.
Le grand village Bifourna se trouve à environ 30 km de Sidi Ifni en
direction de l’intérieur du pays. Vers 2014 il y avait dans ce village environ
500 maisons habitées et 2000 habitants.
Aït Simour est situé à 35 km de Sidi Ifni sur la route de cette ville à
Guelmim. Ce petit village comprend environ 30 fermes dispersées.
Lagzira est un endroit à environ 10 km avant Sidi Ifni en venant de Tiznit.
Près de la route se trouve une ferme où j’ai pu réaliser en 2002 et avec l’aide
de Boubaker Daoumani une vidéo sur le jeu de mariage et de construction de
maisons d’une fille et de son frère (volume 2, annexe 3, p. 696). Il s’agissait
de deux élèves de la classe de Boubaker Daoumani de l’école primaire de
Lahfart, habitant cette ferme isolée qui en 2014 lorsque la photo suivante a
été prise, n’a que très peu changée sauf qu’elle est reliée au réseau de
l’électricité depuis quelques années (fig. 9).

37
Lahfart est un petit village de montagne (fig. 10) où, depuis 1998,
Boubaker Daoumani enseigne dans les premières années de l’école primaire
qui dessert aussi quelques petits villages de montagne avoisinants. La photo
montre le centre du village et Boubaker avec ces élèves en 2005. A Lahfart
habitent en 2014 environ 200 personnes et il y 40 maisons occupées. On y
accède après environ 20 minutes de marche sur une piste grimpante qui
débute au km 8 de la route asphaltée de Sidi Ifni vers Tiznit.
L’école primaire de Lahfart et celles des villages de cette région comptent
de moins en moins d’enfants à cause de la désertion des campagnes par les
jeunes et moins jeunes.

10

Imou Argan (Imi ou Argan, c’est-à-dire l’entrée de la région d’argan) est un


petit village avec une école primaire, situé à flanc de montagne, à environ 15
km de Sidi Ifni et à environ 2 km de Lahfart, le long de la piste qui mène à
d’autres villages de cette région (fig. 11, p. 39).

38
11

Le grand village Bifourna se trouve à environ 30 km de Sidi Ifni en


direction de l’intérieur du pays. Dans ce village il y a environ 300 maisons
habitées et 2000 habitants.

12

Idoubahman-Imjâd est un village assez grand situé à 24 km d'Ifrane de


l’Anti-Atlas en direction de Tafraoute. La figure 12 montre l’endroit où la
recherche a été faite. Dans ce village on trouve environ 200 maisons, deux
écoles primaires et quatre écoles ‘maternelles’.

39
Le village Sidi Bou Nakhla est situé non loin du centre rural Sbouya près
de la route de Sidi Ifni à Guelmim avant d’arriver à Mesti. Ce petit village
est composé d’environ 15 grandes fermes et quelques petites maisons.
Deux autres villages où des recherches ont été faites font partie de la
province de Guelmim : Igîsel et Ifrane de l’Anti-Atlas.
Igîsel (Iguissel) est un village situé au pied de l’Anti-Atlas à environ 3 km
de la source d'eau chaude Abaynou et à 20 km de Guelmim par la route en
direction de Sidi Ifni. La partie centrale d’Igîsel comporte environ 100
maisons.
Ifrane de l’Anti-Atlas est situé à environ 25 km de Bouizakarne qui se
trouve sur la route de Tiznit à Guelmim. Ifrane de l’Anti-Atlas compte
environ 15.000 habitants. Il s’agit d’un important centre rural avec une école
secondaire, une assez grande palmeraie et des oliviers. Le quartier Souk Ou
Fellah est la partie la plus ancienne d’Ifrane de l’Anti-Atlas (fig. 13).

13

40
Quelques informations proviennent de la commune rurale Loqlia
(province d’Inezgane-Aït Melloul) et du village Sidi Abou (province
d’Agadir). Loqlia est situé le long de la route d’Agadir à Tafraoute en
direction de l’Anti-Atlas, à environ 20 km d’Agadir et environ 15 km de
l’Océan Atlantique. Sidi Abou se trouve au km 25 de la route de Tiznit à
Agadir puis en prenant la direction du centre rural Massa. Il est situé non
loin du Parc National de Sous Massa.
Dans tous ces villages les habitants parlent le tachelhit mais à Douar
Ouaraben et à Aït Jerrar certains parlent seulement l’arabe marocain. La
population vit surtout de l'agriculture, souvent encore suivant des méthodes
séculaires, de la production des oliviers, arganiers, pommiers et autres arbres
fruitiers, de l'élevage du grand ou petit bétail. Un bétail qui est souvent gardé
par des filles ou des garçons. En ville l'artisanat, le commerce, le transport et
le fonctionnariat créent des ressources supplémentaires renforçant ainsi une
plus ou moins forte désertion des campagnes. Si en 1960 la population rurale
marocaine formait encore 71 % de la population totale du Maroc, cette
population rurale n’en fait actuellement qu’environ 40 %.
La modernisation ne passe pas à côté des villes et des villages de l’Anti-
Atlas. Après l'engouement pour les paraboles et le téléphone portable, le
Smartphone a conquis le monde rural, surtout les jeunes. En ville et dans des
grands villages comme Mirleft et Mesti, des magasins ou cafés offrent la
possibilité d'utiliser des ordinateurs et de communiquer par Internet.
La transcription des mots vernaculaires et des références géographiques et
ethniques est basée sur les sources que je crois être les plus sûres ou les plus
acceptées et qui m’étaient disponibles. La diversité des langages et des
sources rend à peu près impossible une uniformisation complète. Les
informations linguistiques sont données pour en garder trace mais pas
comme des données tout à fait correctes. De cette manière des spécialistes de
l’amazigh et de l’arabe pourront vérifier la terminologie locale mentionnée.
Pour la transcription des lettres arabes des signes conventionnels sont
utilisés, comme mentionné à la table des transcriptions. Les mots arabes
écrits en italique ont été transcrits de cette manière. Les mots amazighs notés
au Maroc ont souvent été transcrits en premier lieu en caractères arabes. Ces
mots amazighs sont aussi écrits en italique.
Les mesures sont en centimètres : B = base, H = hauteur, LO = longueur,
LA = largeur, E = épaisseur, D = diamètre, + = maximum, - = minimum.

41
Remerciements
Avant de proposer au lecteur ce patrimoine ludique des enfants de l’Anti-
Atlas, il reste à remercier tous ceux qui d'une manière ou d'une autre ont
permis de mener ce livre à son terme et plus spécialement :

 Les enfants marocains de Aït Jerrar, Aït Simour, Amasin, Bifourna, Douar
Ouaraben, Idoubahman-Imjâd, Ifrane de l’Anti-Atlas (quartier Souk Ou
Fellah), Igîsel, Ikenwèn, Imou Argan (Imi ou Argan), Lagzira, Lahfart,
Sidi Abou, Sidi Bou Nakhla, Sidi Ifni, Terloulou, Timgrad et Tiznit ainsi
que leurs familles.
 D'autres informatrices et informateurs de l’Anti-Atlas qui ont contribué à
rassembler les données sur les jeux et jouets de cette région.
 Jean-Luc Le Tuhaut pour son aide à améliorer le texte en français, ses
commentaires utiles et son amitié.
 Gareth Whittaker pour ses commentaires utiles et son amitié.
• Luisa Magalhães pour avoir accepté d’écrire la préface de ce livre et sa
contribution dans l’analyse de l’influence de la télévision sur les jeux des
enfants de Douar Ouaraben et Ikenwèn.
 Mon fils Ruben Rossie pour son aide dans l'utilisation de l'ordinateur.
 Mon frère Joseph Rossie pour son soutien moral et financier.

42
Jeux de faire semblant
et création de jouets
des enfants amazighs de l’Anti-Atlas

43
1 Poupées d’enfants et jeux de poupées
Le jeu de poupées favori des filles de l’Anti-Atlas est depuis toujours la mise
en scène de la fête de mariage et des cérémonies de mariage. D'ailleurs le
mot ‘poupée’ devient tislit en tachelhit et arousa en arabe, c'est-à-dire ‘jeune
mariée’. Ces filles jouent souvent le jour de l'arrivée des vêtements et des
autres cadeaux à la maison de la jeune mariée, le jour où la jeune mariée
quitte sa maison pour être conduite à la maison de son époux et la cérémonie
de l’application du henné sur les mains et les pieds. Pendant ces jeux les
filles chantent et dansent comme lors d'un vrai mariage et organisent une
dînette. Pour ces jeux de faire semblant les filles créent elles-mêmes des
poupées avec du matériel naturel et de récupération ou bien elles habillent
des poupées en plastique. Elles font aussi beaucoup d’ustensiles, de soi-
disant cadeaux, de fleurs et d’autres accessoires. Les poupées représentent la
jeune mariée, des membres de la famille et des professionnels liés au
mariage, mais rarement le jeune marié. D’autres thèmes mis en avant dans
ces jeux de poupées sont la femme enceinte, la mère à bébé, la relation
mère-enfant, la femme sans enfants, la grand-mère, la femme de ménage,
des thèmes liés aux professions féminines ou masculines, à l’émigration et
au tourisme ou qui sont inspirés par des programmes de la télévision. Ce
sont surtout les filles qui font des poupées mais il arrive que des garçons en
créent aussi. Les poupées des garçons représentent le plus souvent des
figures masculines qu’ils utilisent dans leurs jeux de faire semblant. Les
informations sur les poupées et jeux de poupées mentionnées, s’étendent sur
une période qui va de 1998 à 2011.

1.1 Résumé des informations publiées en 2005

Le livre Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. Poupées


d’enfants et jeux de poupées (Rossie, 2005a) contient des informations
recueillies dans l’Anti-Atlas marocain auprès d’enfants et de familles
habitant à Imou Argan (Imi ou Argan), Lahfart, Lagzira et Sidi Ifni.
Quelques aspects de ces poupées et jeux de poupées sont mentionnés ci-
dessous mais une description plus détaillée et des photos se trouvent dans les
pages du livre mentionnés ci-dessus.

44
IMOU ARGAN (IMI OU ARGAN)

Du village Imou Argan (Imi ou Argan), située à environ 10 km de Sidi Ifni,


proviennent onze poupées faites en 1998 par des filles amazighes de dix à
quatorze ans et deux poupées faites par un garçon amazigh de douze ans et
un autre de treize ans. De ces onze poupées dix représentent la tislit ou la
jeune mariée et une l’isli ou le jeune marié. Ces garçons tout comme les
filles jouent avec ces poupées à mettre en scène la tamgra ou la fête de
mariage dans des maisonnettes délimitées par des pierres. Toutes les
poupées ont une armature en forme de croix et leur hauteur varie entre 7,5 et
20 cm. Sauf une poupée homme, elles ont des traits de visage dessinés sur le
roseau avec un stylo noir, bleu ou rouge. Pour les cheveux les enfants ont
utilisé des poils de chèvre et une fois un peu de cheveux de fille ou bien des
fils de coton et de laine. Dans la plupart des cas, les vêtements sont faits de
chiffons mais par deux fois il s’agit d’un emballage de bonbon ou d’un
morceau de sac en plastique rouge (Rossie, 2005a, p. 177-180, fig. 127-138).

LAHFART

En février 2002, Boubaker Daoumani a collectionné plusieurs poupées


créées par les élèves amazighs de la petite école primaire du village de
montagne Lahfart caché dans les pentes côtières de l’Anti-Atlas. Pour arriver
à ce village on doit monter une piste pendant une vingtaine de minutes, une
piste qui débute de la route de Tiznit à Sidi Ifni et à environ 9 km avant cette
dernière ville. Plusieurs filles d’environ dix ans ont créé douze tislit ou
jeunes mariées d’une hauteur entre 10 et 25 cm. Dix poupées sont faites avec
une armature de roseau en forme de croix, une autre avec un rouleau de
carton et la dernière poupée est découpée dans un morceau de polystyrène.
Le visage de ces poupées est dessiné avec des stylos noir, bleu et rouge. La
plupart de ces poupées ont une coiffure de fils de laine ou de cheveux de
filles mais une fois il s’agit de bandelettes de plastique noir. Pour vêtir leurs
poupées ces filles ont utilisé du tissu à motifs brillants, un genre de tissu
normalement utilisé pour les survêtements de femmes portés pendant les
jours de fêtes (Rossie, 2005a, p. 182 -188, fig. 141-148).

45
Deux poupées réalisées en 2002 à Lahfart par une fille de quatorze ans
sont exceptionnelles car elles sont modelées en argile, portent dans le dos un
bébé lui aussi en argile et représentent une mère à bébé. Les traits de visage
ont été légèrement incrustés dans l’argile et des lignes fines suggèrent les
cheveux terminant en chignon. La poupée-mère est entourée d’un vêtement
multicolore. Le bébé est une copie miniaturisée de la poupée-mère (Rossie,
2005a, p. 189, fig. 149).

LAGZIRA

Une vidéo réalisée en 2002 devant une ferme à Lagzira, un lieu au km 9


avant Sidi Ifni à côté de la route vers Tiznit, montre le jeu de poupée
représentant la fête de mariage et le jeu de construction de maisonnette de
Halima, une fille de six ans, et de Fadil, son frère de neuf ans (protocole
vidéo, volume 2, annexe 3, p. 696). Le genre de poupées utilisé par ces
enfants amazighs est unique pour autant que j’aie pu le vérifier au Maroc
bien que les sources bibliographiques y fassent référence une ou deux fois.
La jeune-mariée aussi bien que le jeune-marié, les membres de la famille et
les visiteurs sont représentés par des coquilles d’escargot. Le jeu de mariage
commence par promener en voiture la mariée, le marié et quelques membres
de la famille en utilisant une boîte de sardines. Après une longue promenade
à travers le terrain de jeu en face de la maison, la procession arrive au village
avec ses maisonnettes. Dès que Halima arrive avec sa voiture de mariage
près d’une des maisonnettes elle commence à mettre les poupées dans la
position correcte avec l’ouverture de la coquille représentant la tête en haut
(Rossie, 2005a, p. 191-193, fig. 152-154).

SIDI IFNI

En 2002, je suis entré en contact avec une famille arabophone de classe


populaire devant leur maison située sur la Barandilla, l'escalier monumental
qui descend vers de la plage de Sidi Ifni. Il y a été possible de filmer Fatiha
et Yasin, une fille de six ans et son cousin de quatre ans qui jouent souvent
ensemble (protocole vidéo, volume 2, annexe 3, p. 668). Lors de la prise de
vue la première chose que Fatiha a faite, a été de créer une poupée avec une
louche en bois comme armature verticale, une louche reliant d’une certaine
manière cette poupée à belghenja, la grande poupée faite par des femmes

46
pour implorer la pluie en période de sècheresse. Après avoir dessiné les traits
de visage sur le côté creux de la louche, Fatiha a mis un vêtement à sa
poupée. Plus tard elle a fabriqué plusieurs autres poupées avec une armature
en forme de croix mais avec un bâtonnet comme pièce verticale. Parfois
Yasin commençait à faire une poupée mais cela plutôt sous la pression de sa
cousine. Fatiha utilise aussi deux poupées du genre Barbie (Rossie, 2005a, p.
194-195).
Un autre exemple de jeu de poupée, filmé aussi en 2002 sur le toit plat
servant de terrasse de l’hôtel-restaurant Suerte Loca à Sidi Ifni, montre deux
filles d’une famille de classe moyenne (protocole vidéo (volume 2, annexe 3,
p. 683). Le troisième joueur est Malika, une fille de neuf ans d’une famille
de classe populaire vivant tout près. Malika parle l’arabe marocain
lorsqu’elle joue avec Jalila âgée de neuf ans et sa sœur Awatif âgée de sept
ans mais à la maison elle parle le tachelhit. Ces filles jouent avec de
véritables poupées Barbie. Elles utilisent aussi une poupée-bébé et plusieurs
peluches anthropomorphes et zoomorphes ainsi que des figurines
miniaturisées, tous des jouets appartenant aux deux sœurs. Le jeu de poupée
met en scène plusieurs thèmes le plus souvent liés à la relation mère-enfants,
un rôle maternel joué par Malika. Jalila et Awatif jouent à aider la ‘mère’ ou
s’engagent dans des rôles complémentaires comme téléphoner avec des
portables-jouets, faire des courses ou conduire les ‘enfants’ à l’école, des
rôles que Malika joue aussi (Rossie, 2005a, p.195-196).
En 1998 lors de ma première visite à Sidi Ifni, Malika de Suerte Loca, une
femme de vingt-trois ans, m’a raconté qu’on pouvait trouver à Sidi Ifni la
poupée faite par la fille elle-même jusqu’au début des années 1980 mais que
depuis lors les filles jouent avec des poupées en plastique importées. Comme
d’autres informations recueillies à Sidi Ifni confirmaient que la poupée faite
par les filles avait disparu de cette ville, j’ai été surpris de voir en 2002 que
Fatiha a fabriqué la poupée traditionnelle avec une armature en forme de
croix comme mentionné en haut de cette page.

47
1.2 Informations supplémentaires

Les informations sur les poupées d’enfants et les jeux de poupées dans
l’Anti-Atlas, en supplément des données publiées en 2005, ont été recueillies
auprès de familles amazighes de la province de Tiznit vivant dans les
villages Douar Ouaraben, Ikenwèn et Timgrad ; dans la province de Sidi Ifni
chez des familles amazighes vivant dans les villages Lahfart et Idoubahman-
Imjâd ainsi que dans la ville de Sidi Ifni ; et dans la province de Guelmim
chez des familles amazighes vivant dans les villages Ifrane de l’Anti-Atlas et
Igîsel. Toutes ces informations proviennent de Khalija Jariaa sauf celles
recueillies à Lahfart et à Igîsel.

DOUAR OUARABEN

Depuis son mariage en 2006, Khalija Jariaa habite le village Douar


Ouaraben qui est devenu un quartier de Tiznit il y a quelques années. Elle y
a développé de bonnes relations avec les enfants ce qui lui permet
d’observer leurs jeux, de faire des photos et d’en parler avec eux. Tous les
joueurs en question sont des enfants amazighs parlant le tachelhit. Il s’agit
d’un groupe de jeu composé d’un nombre changeant d’enfants habitant cette
rue ainsi qu’une rue parallèle, pavées en 2014 (fig. 14).

14

Sâdiya et Latifa, deux sœurs qui habitent en face de la maison de Khalija


Jariaa, font presque toujours partie de ce groupe de jeu, mais la plupart du

48
temps c’est Sâdiya qui est l’instigatrice des jeux de faire semblant et la
cheffe du groupe. Comme cette rue est au début de la piste vers le petit
village Igrer je l’ai nommé ‘groupe de jeu de la piste d’Igrer’.

15

La photo ci-dessus montre une reconstruction schématique de la fête de


mariage comme imaginée en février 2007 par un groupe de jeu de quelques
filles entre six et onze ans du village Douar Ouaraben (fig. 15). Pour leur jeu
elles avaient confectionné plusieurs poupées. A gauche de la bougie se
trouve la jeune mariée portant un vêtement blanc, un grand foulard blanc, un
foulard rouge à fleurs et des bijoux traditionnels (H = 28 cm, largeur bras =
10 cm) et à droite il y a le jeune marié portant un simple survêtement et un
turban blanc (H = 25 cm, largeur bras = 9 cm). A gauche de la jeune mariée
on voit sa mère habillée de vêtements multicolores, d’un survêtement
transparent brillant et d’un foulard noir et blanc (H = 24 cm, largeur bras =
17 cm). Tout à fait à gauche se trouve une femme de village riche habillée
de vêtements multicolores, d’un foulard rouge, de colliers, de boucles
d’oreilles et d’une parure de front de type traditionnel, et qui apporte des
cadeaux traditionnels (H = 31 cm, largeur bras = 15 cm). Un peu en arrière
de la femme riche se trouve la spécialiste de l’application du henné portant
un sous-vêtement multicolore, un survêtement et un foulard brillant
transparent et un foulard noir (H = 24 cm, largeur bras = 8 cm). A droite du
jeune marié se trouve la nguefa, la femme organisant les cérémonies de
mariage, habillée avec un sous-vêtement multicolore, un survêtement
transparent et un foulard (H = 26 cm, largeur bras = 13 cm). Ces six poupées

49
ont été faites de manière traditionnelle avec une armature de roseaux liés en
forme de croix ou dans le cas de la poupée-femme riche avec une planchette.
Elles ne portent pas de traits de visage. En arrière de la maîtresse de
cérémonie on voit la cuisinière en polystyrène avec un vêtement et un
foulard noir et des traits de visage dessinés (H = 23 cm, largeur bras = 16
cm). A l’extrême droite une touriste est représentée, la poupée en plastique
du genre Barbie habillée par une fille selon la mode moderne et avec une
coiffure blonde (H = 33 cm). Un panier rempli de cadeaux représentant des
produits de la société de consommation est posé à ses pieds. Cette touriste
était accompagnée par une autre poupée en plastique plus petite, représentant
sa fille, mais qui manque sur la photo.
Quelques filles du groupe de jeu de la piste d’Igrer, ont utilisé un couple
de poupées, remarquable pour plusieurs raisons (fig. 16). La poupée homme
représente un chanteur amazigh très connu originaire de ce village mais
vivant en France. Il était venu au village pour y faire mariage avec une jeune
amazighe un vendredi et samedi de juillet 2006. Déjà le dimanche plusieurs
copines rejouent cette fête observée à distance.

16

50
Une fois le jeu de la fête de mariage terminé, les filles mettent en scène la
nuit de noce en couchant le couple de poupées sur le lit nuptial pour lequel
elles ont fait deux coussins (fig. 17), et cela en rigolant et en chantant. Après
quelque temps, qui ne dure que le temps nécessaire à fabriquer la poupée
enceinte (fig. 18), les filles jouent au petit déjeuner pendant lequel la poupée
jeune mariée doit vomir. Les filles s’exclament qu’elle est enceinte et à ce
moment la poupée enceinte entre en jeu. Toute cette activité ludique
s’organise dans une grande maisonnette délimitée par des pierres dans un
terrain à construire à côté de la maison de Sâdiya.
Les filles ont collaboré pour faire les poupées et les autres objets. Sâdiya
de sept ans a créé la poupée-homme (H = 28 cm) et deux boîtes (fig. 16, p.
50). Fatim Zohra de neuf ans a fait la poupée-jeune mariée (fig. 17, H = 33
cm), Fatiha de huit ans la même poupée en poupée enceinte (fig. 18) et
Latifa de six ans la tête de la poupée-jeune mariée (fig. 19, p. 52).
La poupée représentant le chanteur est un bon exemple de la manière dont
la technique traditionnelle pour faire des poupées en roseau est utilisée par la
fille pour donner nouvelle vie à une poupée de l’industrie du jouet dont
seulement la tête subsiste.

17 18

51
La poupée-jeune mariée,
avec son armature de roseau
en forme de croix et son
survêtement à motifs brillants,
est habituelle mais sa tête est
exceptionnelle (fig. 19) car
faite avec un petit citron sec
provenant des citronniers
qu’on trouve le long de
certaines rues à Tiznit. Pour
que ce petit fruit devienne noir
il faut le cacher dans l’ombre,
par exemple sous l’escalier 19
d’une maison.
Certainement moins souvent que le thème de la fête de mariage, le thème
de la mère et ses enfants inspire aussi les jeux de poupées. Pour pareil jeu de
faire semblant Sâdiya a réalisé la poupée-mère enceinte ainsi que la poupée-
garçon qui se trouve à droite de la poupée-mère (fig. 20).

20

52
La poupée-mère enceinte et la poupée-garçon ont une armature de roseau
en forme de croix. Sâdiya a mis un petit coussin sous les vêtements de la
maman pour créer l’impression d’un ventre ballonné. Le survêtement
brillant à décor floral est transparent et le foulard est fait de la même étoffe
(fig. 20, p. 52, H = 22 cm, largeur bras = 16 cm). Les traits de visage de la
mère et du garçon ne sont pas indiqués. Le garçon porte un survêtement noir
et une ceinture rouge (fig. 20, p. 52, H = 14 cm, largeur bras = 7 cm).

21

Utiliser des têtes de poupées provenant de poupées en plastique d’occasion


n’est pas quelque chose d’exceptionnel comme le montre la poupée-femme
faite en septembre 2006 par Sâdiya de 7 ans (fig. 21). Les deux autres
exemples provenant de Douar Ouaraben sont la poupée qui représente le
chanteur amazigh (fig. 16, p. 50) et celle représentant une poupée-femme
riche (fig. 31, p. 59).

53
Fin 2009 deux sœurs, Sâdiya qui maintenant a onze ans et Latifa de dix
ans, jouent dans la maison de Khalija Jariaa en s’occupant de ses deux
enfants, Ilyas de deux ans et Anas de sept mois (fig. 22).

22

Les poupées de la figure 23 (p. 55) représentent une mère enceinte (H = 47


cm, largeur bras = 13 cm) et ses quatre filles (de gauche à droite : H = 30 cm
et largeur bras = 10 cm, H = 15 cm et largeur bras = 11,5 cm, H = 16,5 cm et
largeur bras = 13,5 cm, H = 29 cm, largeur bras = 14,5 cm). Il y a aussi une
poupée-bébé dans le ventre de la mère : un morceau de roseau entouré d’un
chiffon (H = 11 cm). Les deux sœurs ont aussi prévu quelques vêtements de
rechange pour la poupée-mère.

54
23

Sâdiya a mis un coussin sous le


vêtement de la poupée-mère pour la 24
rendre enceinte. En-dessous du
coussin on peut voir le morceau de
roseau du bébé. Le bas du roseau de la
poupée-mère est découpé en deux
lamelles pour représenter les jambes
(fig. 24).
Sâdiya organise le jeu autour du
thème d’une mère enceinte ayant déjà
plusieurs enfants mais dont le mari ne
travaille pas. Dans ce jeu observé par
Khalija, le ‘mari’ dit à sa ‘femme’ :

55
“pourquoi il y a toujours un bébé ? Moi je ne travaille pas. Je suis malade et
dois faire des dialyses”. Sa femme répond : “c’est Allah qui me donne les
enfants” et “si tu ne peux pas prendre soin des enfants, il y a mon frère riche
qui habite en France et qui donne des vêtements et autres choses”. Selon
Sâdiya leur jeu de poupées est inspiré par une famille réelle dans leur
voisinage dont elles entendent les discussions.
Quand les filles jouent avec une poupée-bébé elles construisent parfois un
parc à bébé en miniature comme l’a fait la même Sâdiya lorsqu’elle avait
juste huit ans en août 2007. Ce parc à bébé est fait avec des morceaux de
cactus rectangulaires fixés sur quatre roseaux. Trois petits morceaux de
cactus fixés avec des cure-dents servent de parasol (fig. 25 et 26, p. 57).

25

56
26

D’autres poupées à armature de roseau en forme de croix représentent


suivant les jeux dans lesquels elles sont utilisées : une femme âgée, une
paysanne et un paysan, une famille riche et une femme riche, une couturière
et une femme médecin.
Une poupée avec un survêtement bleu à motifs brillants représentant une
femme âgée (fig. 27, H = 21 cm, largeur bras = 17 cm) a été faite par Fatiha,
la fille qui a créé en juin 2006 une poupée enceinte (fig. 18, p. 51).

27

57
28

Le groupe de jeu de la piste d’Igrer a aussi joué des scènes de la vie des
paysannes et des paysans. Dans la même période de 2006, Sâdiya (7 ans) a
créé une poupée-paysanne et Fatiha (8 ans) une poupée-paysan, les deux
poupées à droite de la figure 28. Ces poupées sont du modèle traditionnel
avec une armature de roseau en forme de croix. La poupée-paysanne est
vêtue d’un survêtement blanc transparent et d’un foulard vert (H = 24 cm,
largeur bras = 13 cm). La poupée-paysan, représentée par une poupée plus
petite est vêtue d’un seul chiffon noir (H = 19 cm, largeur bras = 11 cm).
Pendant les vacances scolaires d’aout 2007, Sâdiya a réutilisé la poupée-
paysanne qu’elle a faite en
2006 (fig. 28) et qui 29
maintenant est devenue une
poupée-couturière (fig. 29).
Comme il s’agit de la
même poupée cela offre un
exemple de la conservation
et réutilisation d’une poupée
faite par une fille de village.
Pour ce jeu de couturière
Sâdiya a fait une série de
quatre vêtements de femme
et quatre vêtements pour
homme ainsi qu’un sac à
bandoulière (fig. 30, p. 59).

58
30

31

59
Le thème des gens riches fait partie des jeux de faire semblant des filles
de Douar Ouaraben pendant l’année 2006, mais il s’agit d’un thème de jeu
qui revient assez régulièrement pas seulement chez les enfants de la rue où
habite Khalija Jariaa mais aussi dans les jeux de faire semblant des autres
filles de l’Anti-Atlas. Cependant, les deux exemples proviennent du groupe
de jeu de la piste d’Igrer composé de filles qui sont des voisines de Khalija.
Dans le premier exemple ces filles ont défini la poupée couchée sur un lit à
coussin, comme une femme riche à cause de sa coiffure moderne et de son
collier en ‘or’ (fig. 31, p. 59, H = 26 cm, largeur bras = 13,5 cm, lit : LO =
23 cm). Cette poupée-femme riche possède deux survêtements
supplémentaires. Un de ces survêtements fait partie des vêtements créés pour
le jeu de la poupée-couturière de la figure 31 (p. 59). Pour créer cette
poupée Sâdiya de sept ans a utilisé en juillet 2006 une armature de roseau en
forme de croix mais l’a surmonté d’une tête de poupée provenant de
l’industrie du jouet.
Cette manière de donner nouvelle vie à une poupée de l’industrie du jouet
dont seulement la tête et les cheveux subsistent, s’est déjà vue avec la
poupée-chanteur amazigh à la figure 16 (p. 50) et la poupée de la figure 21
(p. 53).
Le deuxième exemple concernant une famille riche met en scène un
couple de poupées et une poupée-fillette réalisés avec une armature de
roseaux en forme de croix (fig. 32, p. 61). La décoration du père et de la
mère souligne le statut de riche des parents. Ces poupées ont été créées en
2007 par Sâdiya (8 ans) qui a aussi réalisé plusieurs poupées montrées dans
les pages précédentes. La poupée-mère avec son survêtement bleu foncé
porte une coiffe en papier d’argent et des rubans décoratifs. Ses
cheveux sont en fils de laine (H = 33 cm, largeur bras 30 cm). La poupée-
père est vêtue d’un morceau de tissu bleu clair et, comme la mère, elle est
décorée de papier d’argent, de rubans décoratifs et de cheveux en fils de
laine (H = 36 cm, largeur bras = 16 cm). La poupée-fille est habillée avec un
tissu bleu à motifs floraux (fig. 32, p. 61, H = 15 cm, largeur bras = 10 cm).
Sâdiya utilise aussi une voiture de sport comme symbole de la richesse de
cette famille de poupées (fig. 32, p. 61).
Dans ces jeux de faire semblant mettant en scène des personnes riches et
pauvres, les filles jouent des relations entre ces catégories de personnes
comme dans la vie réelle, par exemple la femme pauvre est une servante
dans la maison de la famille riche.

60
32

L’expérience d’une visite au docteur dans l’hôpital s’est transformée en jeu


de poupées à Douar Ouaraben. En mai 2006, deux sœurs ont créé trois
poupées pour ce jeu (fig. 33, p. 62). Latifa (6 ans) a fait les deux poupées qui
sont debout et représentent des femmes adultes, en utilisant une armature de
roseau en forme de croix. La poupée-mère sans traits de visage est habillée
d’une robe et d’un survêtement transparent à motifs floraux. Elle est coiffée
d’un foulard rougeâtre enrobant le haut du roseau (à gauche de la figure 33,
p. 62, H = 25 cm, largeur bras = 16 cm). L’autre poupée-femme, elle aussi
sans traits de visage, représente la docteure (à droite de la figure 33, p. 62).
Elle porte une robe multicolore et un survêtement transparent jaune (H = 18
cm, largeur bras = 11 cm). La poupée-fille couchée dans un lit de
polystyrène (LO = 25 cm) est remarquable par sa structure composée du
corps d’un robot en plastique surmonté d’une tête de poupée en plastique,
tous les deux récupérés de poupées de l’industrie du jouet. Cette fille malade
est créée par Sâdiya (7 ans). Elle est habillée d’une robe multicolore et une
longue veste mauve (au milieu de la figure 33, p. 62, H = 21 cm). Comme
les cheveux manquaient, Sâdiya a introduit de longs fils de coton dans la tête
puis les a tressés.
La docteure est en train d’ausculter la fille avec le long ruban multicolore
et la situation médicale est soulignée par la seringue et le morceau de
pansement qui se trouvent à côté du lit.

61
33

Deux mois plus tôt, en mars 2006, une autre situation médicale a été mise en
scène à Douar Ouaraben dans un jeu de faire semblant : ‘les enfants à
prothèses’. Le groupe de jeu de la piste d’Igrer comporte cette fois quatre
filles : Sâdiya (7 ans), sa sœur Latifa (6 ans) et deux voisines Selma (8 ans)
et Doua (4 ans). Il y a aussi deux garçons qui font partie de ce groupe de jeu
: Smaïl (5 ans), le frère de Sâdiya et Latifa, et leur voisin Ahmed (8 ans).
Ces deux garçons jouent le rôle de docteur.

62
Les enfants handicapés pour lesquels des prothèses devraient être mise en
place sont deux grandes poupées en plastique provenant de la récupération
de jouets. A la plus grande poupée, il manque les deux jambes qui ont été
remplacées par deux bâtons. Elle est habillée d’une longue blouse jaune et
d’un pantalon de la même étoffe (à gauche de la figure 34, H = 40 cm).
L’autre poupée a reçu un bâton pour remplacer le bras et la jambe qui
manquent. Cette poupée est vêtue d’une blouse rouge et d’un survêtement
jaune cintré par une ceinture décorative (à droite de la figure 34, H = 38 cm).
Un grand foulard blanc coiffe sa tête dans laquelle un œil est défectueux.

34

63
Les six poupées en plastique suivantes, faites en août 2007 à Douar
Ouaraben, représentent des filles et adolescentes handicapées. Ces poupées
dont des bras ou des jambes manquent, sont utilisées par un groupe de jeu de
trois filles et un garçon. Il s’agit de nouveau de Sâdiya (9 ans), sa sœur
Latifa (8 ans) et leur voisine Fatim Zohra (10 ans). Ces filles jouent aussi
avec une poupée complète qu’elles appellent la ‘patronne’. Cette poupée est
habillée par Sâdiya qui a introduit un par un des fils blancs dans la tête pour
refaire les cheveux manquant (fig. 35, H = 30 cm).

35

64
Les filles de ce groupe de jeu de la piste d’Igrer restreint utilisent des
poupées endommagées qu’elles ont trouvés à l’endroit où les adultes jettent
les ordures et ce dont ils n’ont plus besoin. A gauche de la figure 36 se
trouve la poupée-fille avec un bras, appelée ‘la grande’. Elle est habillée
d’une robe grise et d’une blouse bleue décorée d’une fleur et de deux
anneaux. La tête de cette poupée provient d’une autre poupée (H = 37 cm).
La poupée-fille sans bras au milieu de la figure 36 a reçu le nom de la
‘belle’. Elle est vêtue d’une robe blanche, d’une blouse rose et d’un tablier
crocheté, cintré par un ruban brun (H = 31 cm). A droite de la figure 36 se
trouve la poupée-fille aux ‘épaules cassées’. Elle est habillée avec une robe
et une blouse brune et coiffée d’un grand foulard. Une ligne dessinée au khôl
entoure ses yeux. Les filles du groupe de jeu disent qu’elles veulent rendre
cette poupée plus belle car elle a perdu ses cheveux à cause d’une maladie.
Un poignet est décoré de deux bracelets rouges (H = 34 cm).

36

65
La petite poupée-fillette avec un seul bras, à gauche de la figure 37, porte
une robe bleue et brune ainsi qu’une blouse noire. Elle est coiffée de long
cheveux jaunes (H = 18 cm). Une autre poupée-fillette avec un bras et le
bras manquant remplacé par un morceau de roseau se trouve au milieu de la
figure 37. Cette petite poupée est habillée d’une robe et d’une blouse grise et
d’un foulard blanc à décoration géométrique (H = 14,5 cm). A la grande
poupée-fille à droite de la figure 37, il manque un bras. Elle est vêtue d’une
robe blanche et d’une blouse à rayures rouges et noires. Les cheveux qui
manquent sont remplacés par des fils roux introduits un par un dans la tête
(H = 26 cm). Les filles de ce groupe de jeu ont cousu tous ces vêtements.

37

^q

66
38

Le jeu de ces filles est lié à une institution établie en 2007 à Tiznit et qui
s’appelle el khayriya. C’est un home privé pour personnes en détresse
soutenu par la charité privée. Ce home accueille des handicapés, des
adolescentes enceintes, des enfants de la rue, des personnes sans-abris, des
femmes abusées, etc.
La photo prise devant la facade de la maison de Khalija Jariaa, montre
Sâdiya qui tient la ‘patronne’ en main et arrange les enfants handicapés dans
leur lit, le couvercle d’une glacière, pendant que sa voisine Zohra la regarde
(fig. 38). Latifa, la sœur de Sâdiya, aidée par leur frère Smaïl sont en train
d’arranger les ustensiles dans la cuisine du home.
Un exemple frappant de l’intégration de certains aspects négatifs du
monde des adultes dans le jeu de poupées, se trouve ici. Sâdiya, qui a pris la
‘patronne’ du home et la ‘belle’ dans ses mains, fait dire la patronne à la
belle, qui voulais faire un tour en ville, que cela n’est pas possible car elle
risque de se faire abuser par des hommes.

67
Environ deux années plus tard en mars 2009, les mêmes filles, jointes par
d’autres grandes et petites filles et formant ainsi le groupe de jeu de la piste
d’Igrer élargi, jouent une fois de plus le thème du home el khayriya. Pour ce
jeu elles utilisent entre autres des poupées en plastique et d’autres jouets que
Sâdiya garde dans sa maison avec l’accord de sa mère.
Tout se passe dans les terrains de jeux proches des maisons où les filles en
question habitent (fig. 39). Si on fait abstraction du mur à un étage à gauche
de la photo ainsi que de la dernière maison au milieu de la photo, une photo
prise en mai 2015, la situation est identique à celle de 2009. Trois des cinq
terrains de jeux régulièrement utilisés par les enfants de cet endroit s’y
trouvent. De haut en bas de la photo on voit un petit espace sur le côté de la
maison aux murs gris non cimentés où habitent Sâdiya, Latifa et Smaïl, un
espace plus grand derrière leur maison et un large espace vacant vers le bas
de la photo. La rue qui sert de terrain de jeu à filles s’arrêtait en 2009 après
la maison aux murs non cimentés et la maison de Khalija Jariaa avec la
façade peinte. Le petit oued, une rivière souvent à sec, passe juste derrière le
tas de débris blancs visible à droite de la photo.

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Les deux autres terrains de jeux se trouvent dans la rue qui n’était pas encore
pavée et où à gauche il n’y avait pas la dernière maison (fig. 40). Il s’agit de
l’espace devant la maison de Khalija Jariaa dont la façade n’était pas encore
peinte en couleur saumon et avec un terrain à construire de l’autre côté de la
rue (fig. 41). Le village Igrer se trouve devant les collines.

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Le jeu de faire semblant décrit ci-après a débuté un dimanche de mars
2009 dans le village Douar Ouaraben dans les terrains de jeu tout proche de
la maison de Khalija Jariaa mentionnés ci-dessus. Ainsi elle a pu bien
observer ce jeu et prendre beaucoup de photos.
Selon les deux leaders du jeu, Sâdiya de dix ans et sa sœur Latifa de neuf
ans, le thème du jeu est inspiré par les nouvelles de la chaîne de télévision
marocaine 2M au sujet d'une jeune fille de onze ans d'une école de
Casablanca qui a été violée et mise enceinte par un voisin de vingt ans allant
à la même école. Dans un désespoir total et à l’insu de tous, la fille enceinte
de trois mois est allée à une el khayriya, un home privé pour enfants et
adultes en détresse supportée par la bienfaisance privée. Elle a demandé d’y
rester jusqu'à ce que son bébé soit né, en proposant de céder le bébé en
adoption mais en refusant de déclarer le nom du père. Au moment où ce fait
a été divulgué aux nouvelles télévisées, la directrice du home avait déjà
contacté les autorités, le cas était passé devant le tribunal et le père était
connu et condamné. En outre, le mariage entre la fille et le jeune homme
avait été conclu et les deux poursuivaient leurs études. Le bébé était né à
l'hôpital et restait avec sa mère adolescente dans le home pendant quelques
temps déjà.
La diffusion télévisée de cette histoire dramatique et vraie a eu lieu un
samedi pendant les vacances scolaire au début de mars 2009 et pendant les
nouvelles de 13 heures. Ces nouvelles ont été vues par la plupart des gens du
village et plus tard sa diffusion a été confirmée à Sidi Ifni.
Après que Sâdiya et Latifa ont regardé cette histoire, elles ont commencé
le lendemain matin un jeu de faire semblant qui a duré au moins deux jours.
Ce jeu a été réparti sur quatre périodes plus ou moins fixes : de neuf heures à
treize heures, de quatorze heures à quinze heures et demie, de seize heures à
dix-huit heures et de vingt heures à vingt-deux heures. Ces périodes de jeu
sont interrompues pour aller manger à la maison.
Le dimanche matin, Sâdiya frappe à la porte de la maison de Khalija
Jariaa pour lui dire qu'elles vont jouer l'histoire de la jeune fille enceinte
vivant dans le home comme montrée dans les nouvelles télévisées. Lorsque
Sâdiya lui demande si elle a vu cette histoire, Khalija répond qu'elle n’a pas
vu les nouvelles du samedi.

70
Sâdiya, Latifa et Smaïl sont deux filles et un fils d'une famille vivant dans
une maison en face de la maison de Khalija Jariaa. Depuis environ deux ans,
Sâdiya qui aime beaucoup jouer, prévient Khalija lorsque son groupe de jeu
va s’engager dans une activité ludique importante.
Un autre exemple est leur jeu de début novembre 2009 concernant des
touristes français qui visitent le Maroc et qui fut aussi inspiré par un
programme de télévision (p. 121).
Ces filles sont habituées à la présence de Khalija qui amène un travail
d'aiguille ou s’occupe à côté d’eux pour pouvoir les observer et les écouter
sans perturber leur jeu et création de jouets. Ces filles acceptent également
de se laisser photographier discrètement. Ensuite, Khalija Jariaa peut les
interroger en détail sur leur jeu et leurs jouets, car elles connaissent son
intérêt pour ces activités ludiques. En plus, Khalija leurs a expliqué pourquoi
elle les observe et qu'elle transmet les informations et les photos à monsieur
Jean, le nom que Jean-Pierre Rossie porte localement, et qu’elles ont
rencontré à plusieurs reprises. La bonne relation avec les filles ainsi qu’avec
leurs familles est renforcée par des dons occasionnels de vêtements et de
chocolat belge. Eventuellement un peu d'argent est donnée aux familles qui
en ont le plus besoin.
Une fois que Sâdiya a averti Khalija, elle commence vers neuf heures à
nettoyer la maisonnette. Entre temps Latifa va frapper à la porte de la
maison de leurs compagnons de jeu qui habitent la même rue.
Latifa rassemble les autres joueurs du groupe de jeu. Ces filles sont Fatim
Zohra de dix ans, Habiba de neuf ans et Atika de huit ans. Cette fois, le
groupe de jeu est complété par Ijou de onze ans, Fatiha de treize ans,
Khadija et Nejma tous les deux de quatorze ans, et une autre Khadija de
quinze ans. Certaines filles plus jeunes participent aussi au jeu : Fadma de
cinq ans, Malek de six ans, et Iman, Yasmin et Fadma tous les trois de sept
ans. Deux garçons y participent également : Smaïl âgé de huit ans, le frère
de Sâdiya et Latifa, ainsi qu’Ahmed âgé de six ans. Tous ces enfants parlent
le tachelhit.
La photo de la figure 42 (p. 72), prise le lundi vers dix-sept heures,
montre la maisonnette avec la cuisine accolée au mur de la maison de
Sâdiya, Latifa et Smaïl. Les joueurs se trouvent dans le salon avec la
télévision, la chambre à coucher se trouve derrière les enfants et la chambre
des visiteurs est située à l’avant de la cuisine et du salon.

71
42

Le jeu commence quand Latifa arrive avec deux filles pendant que Sâdiya
est en train de nettoyer cette grande maisonnette qui se trouve dans le peu
d’ombre qui existe déjà à cet endroit vers onze heures. Comme tout n’est pas
encore nettoyé, Sâdiya demande à Latifa d’organiser le jardin et à Habiba
d’apporter des pierres.
Latifa arrange le jardin du home juste derrière les herbes que l’on voit
contre le mur de la maison sur la photo ci-dessus. Elle y a déjà mis quelques
plantes (fig. 43). Elle a enlève les pierres puis elle finit la construction d’un
petit mur pour protéger son jardin (fig. 44, p. 73).

43

72
44

Selon Latifa, cette protection semble bien nécessaire. Comme Habiba a


amené des moutons, de la peau de mouton déposée près des plantes (fig. 45),
cela fait dire Latifa à Habiba : “fait attention à tes moutons qu’ils ne
viennent pas manger mes plantes”.

45

73
Fatim Zohra va préparer le couscous pour le déjeuner des gens du home.
Elle utilisera les légumes et les herbes qu’elle a étalées sur deux plateaux :
un plateau bleu avec de gauche à droite des tomates, des poivrons et des
carottes et un plateau blanc avec le couscous, le grand morceau de marbre
blanc, d’autres légumes et des herbes (fig. 46). Le petit bonhomme rose que
la Latifa a introduit dans une ouverture du plateau bleu, représente une
tèswit, une abeille qui vient butiner sur les herbes. Latifa explique à Fatim
Zohra qu’il s’agit d’une abeille venant d’une ruche d’un apiculteur habitant
assez près et qu’elle doit faire attention de ne pas se faire piquer en prenant
le plateau.

46

Dans la matinée du dimanche, les grandes filles ont organisé l’el khayriya.
Vers treize heures, elles vont à leurs domiciles respectifs pour déjeuner mais
avant de se quitter elles se sont mis d’accord pour revenir le plus rapidement
possible afin de commencer le vrai jeu. Cependant, ces filles ne reviennent
que vers quatorze heures et demie car elles ont attendu jusqu'à ce que
l'ombre couvre entièrement l’aire de jeux à côté de la maison de Sâdiya. Là,
elles préparent les poupées et les ustensiles à utiliser dans leur jeu de faire
semblant.
Vers quinze heures, les petites filles qui regardent le jeu des grandes filles
demandent si elles peuvent s’y joindre. La réponse est positive et on leur
demande de rechercher des objets qui peuvent servir comme ustensiles-
jouets, des chiffons comme robes de poupées, etc. Pour les habitants du
home et sous la direction de Sâdiya et Latifa, quelques petites filles font de

74
la pâtisserie en sable mouillé. Vers quinze heures et demie les joueurs
rentrent à la maison pour boire du thé et manger du pain.
Vers seize heures, les quatre filles qui ont commencé le jeu, arrivent en
premier et Sâdiya dit qu'elle va créer la fille enceinte dont on a parlé dans les
nouvelles télévisées. Fatim Zohra répond : “d’accord, tu fais la fille enceinte
et moi je ferais deux bébés”. Une fois que Fatim Zohra a créé les bébés elle
les cache dans une petite boîte en carton pour que les autres joueurs ne
sachent pas si c’est un garçon ou une fille. Les deux autres filles créent les
gens du home. Maintenant les petites filles reviennent et donnent à Latifa et
Habiba quelques chiffons pour habiller les poupées. Mais elles refusent
beaucoup de chiffons. Parfois, les petites filles insistent en disant que tel ou
tel chiffon ferait une belle robe. Une fois que les poupées sont habillées, les
poupées représentant des personnes vivant dans l’el khayriya sont mises en
place.
Sâdiya met en scène la poupée enceinte en criant et en pleurant comme
elle en a été témoin lorsque sa mère et d'autres femmes ont donné naissance
ou comme on le voit à la télévision. Sâdiya dit à Fatim Zohra d’apporter les
poupées représentant les nouveau-nés, mais Fatim Zohra dit “non, tu dois
aller à l'hôpital”.
Sâdiya tenant la poupée enceinte et étant supporté sous les bras par
Habiba et Ijou, se dirige vers l'hôpital en compagnie de Fatim Zohra. Sâdiya
cache deux toutes petites poupées nues sous ses vêtements comme si elle est
la fille enceinte qui porte les bébés dans son ventre. Ce cortège est suivi par
Latifa et les autres grandes filles qui amènent vers l’hôpital les poupées
représentant les habitants du home. L’hôpital est une maisonnette délimitée
avec des pierres plus grandes et située à environ quinze mètres de la place où
se trouve le home. Cette maisonnette a été érigée par quelques garçons avant
2007 et a été régulièrement utilisée comme hôpital par ce groupe de jeu. Cet
espace non construit est encore utilisé aujourd'hui comme aire de jeux par
les jeunes enfants de cet endroit.
Sâdiya, jouant le rôle de la fille enceinte, s’assit sur un siège et donne
naissance à des jumeaux, ikenwèn en tachelhit. Sâdiya présente cette
naissance en laissant sortir d’abord le bébé garçon et puis le bébé fille. Fatim
Zohra, jouant le rôle d’une docteure, coupe les cordons ombilicaux, lave les
bébés et les met un vêtement. Elle entoure le corps du garçon avec un tissu
comme cela se fait pour un vrai bébé. Sur sa tête elle met un bonnet, le
bouchon d’une bouteille d’essence ou de produit de peinture. Sur la fille

75
bébé Fatim Zohra met une robe cousue par Sâdiya. Elle lui met aussi un
foulard mais cela ne se voit pas sur la photo suivante.
Sur la photo de la figure 47, Sâdiya montre les jumeaux pour que Khalija
Jariaa en fasse la photo. Une série de toutes petites poupées sans vêtements
et dont font partie ces deux poupées, ont été achetées par Sâdiya et ses
copines au marché de Tiznit lors de la fête de l’Achoura, pour un dirham par
pièce (0,1 €).

47

Après leur naissance ces jumeaux reçoivent un prénom. Pour cela, les filles
jouent une situation liée à un programme de la station radio privée
marocaine MFM, appelé eftah kelbi, c’est-à-dire ‘ouvre ton cœur’. Dans ce
programme diffusé du lundi au vendredi à partir de 21 h, deux spécialistes
du droit musulman, le Dr. Imad et la Dr. Hedda, écoutent les auditeurs,
donnent des informations et offrent des conseils.

76
Comme il s’agit d’un programme très populaire, il arrive qu’une femme
qui va donner naissance, téléphone au programme de radio pour dire qu’elle
va donner à son bébé le prénom du docteur, si c’est un garçon, ou le prénom
de la docteure, si c’est une fille. Dans leur jeu, les filles s’en inspirent au
moment où elles donnent un prénom aux nouveau-nés. Comme il s’agit de
jumeaux, le nom Imad est donné au garçon et le nom Hedda à la fille.
Quittant l'hôpital, Sâdiya tient la poupée représentant la très jeune maman
dans ses mains tandis que Fatim Zohra, devenue la directrice du home, cache
les deux poupées-bébés dans la boîte de carton. Accompagnés des poupées
représentant les pensionnaires du home et tenues en main par d’autres
grandes filles, tous les grands et petits enfants retournent lentement vers la
maisonnette qui représente le home el khayriya. C’est la fin de l’évènement
de la naissance des jumeaux. Une fois arrivé à l’endroit du home, il est
temps d’aller à la maison pour diner car il est environ dix-huit heures.
Pendant que Sâdiya et Smaïl sont allé manger, Latifa reste pour garder les
jouets qui se trouvent devant la façade de sa maison. Entretemps, elle
invente une histoire avec la tête d’une poupée devenue une grande fille
gravement handicapée qui n’a qu’une tête et un torse. Latifa crée ce torse
avec le fond d’une bouteille de limonade dans laquelle elle fixe la tête.
Latifa commence à jouer qu’elle est la mère de cette grande fille
handicapée (fig. 48, p. 78). Elle propose à sa fille un des médicaments
qu’elle doit prendre, des médicaments étalés sur l’armoire, le couvercle bleu
d’une glacière. Mais la fille dit que ce n’est pas le bon médicament. Sa mère
lui répond “montre-moi le médicament que tu dois prendre avant que revient
khalti”, c’est-à-dire ta tante paternelle.
Vers dix-neuf heures, quand khalti Sâdiya et son frère Smaïl ont fini de
manger, ils reviennent auprès de Latifa. Bien vite Sâdiya va promener sa
nièce handicapée. Sur la figure 49 (p. 78) on voit qu’elle a déjà ouvert la
porte, un sac de plastique noir rempli de morceaux de tissu. Sa nièce se
trouve maintenant dans le couloir, représenté par la moitié d’une brique à
construire les maisons.

77
48

49

78
Comme la fille handicapée a besoin d’une chaise roulante pour se
déplacer, Sâdiya dit : “Smaïl vient avec la chaise roulante”. Smaïl répond :
“où est la chaise roulante” ? “Dans le garage”, lui explique Sâdiya (fig. 50).
Tout cela se passe pendant que Latifa, qui se trouve contre la façade, est en
train de regarder ce que sa sœur et son frère font.

50

Smaïl s’affaire pour chercher la chaise roulante, le bac jaune devant la


façade, enlève tout ce qui se trouve dedans et l’amène chez Sâdiya (fig. 51,
p. 80). Une fois que la chaise roulante est prête, la tante Sâdiya va se
promener avec sa nièce en faisant le tour de la maison devant laquelle elle
est assise.

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51

52

80
Au moment où cette histoire de la fille handicapée de Latifa se termine,
Sâdiya demande à Smaïl de faire une photo de khalti portant sa nièce
handicapée dans ses bras pour l’envoyer à el hukuk el insân, le bureau des
Droits de l’Homme au Maroc (fig. 52, p. 80). Smaïl prend la photo avec son
appareil photo numérique : une boîte de sardines avec un trou comme
objectif, un morceau de carton comme obturateur et le bouton-poussoir d’un
flacon de parfum comme déclencheur. La connaissance de l’existence de ce
bureau des Droits de l’Homme au Maroc et son rôle dans par exemple la
situation des gens handicapés, est basée sur la communication à travers des
programmes de télévision. Que cette information infiltre le monde des
enfants et est intégrée dans le jeu de faire semblant de filles de dix ans et
moins est une preuve de l’importance de l’influence de facteurs extérieurs à
la vie familiale et villageoise. Ces facteurs extérieurs jouent un rôle de plus
en plus important dans l’évolution du jeu de faire semblant et de la vie des
enfants dont parle ce livre.
Avant d’aller manger, Latifa demande à sa sœur et son frère de tout
amener dans la maisonnette de l’el khayriya qui se trouve sur le côté de leur
maison.
Maintenant Latifa entre dans sa maison pour manger en disant à sa sœur
et son frère qu’elle reviendra le plus vite possible et avant que les autres
participantes au groupe de jeu reviennent à leur tour. Après un diner bien
bref, Latifa retourne à la place de l’el khayriya où se trouvent Sâdiya et
Smaïl.
Après le coucher du soleil et vers vingt heures, les autres filles ainsi que
quelques garçons reviennent chez les trois joueurs déjà présents dans la
grande maisonnette. Sous la lumière du poteau électrique, se trouvant à la fin
de la façade de la maison de Khalija Jariaa (fig. 53, p. 82), les filles
préparent la scéance de jeu du lendemain. Elles changent les vêtements des
poupées faites avec une armature de roseau, ceux des poupées en plastique et
celui du nounours.
Il est environ vingt-deux heures. Toutes les poupées et les autres jouets
sont rangés dans quelques cartons que Sâdiya et Latifa garderont dans leur
maison. Ainsi s’achève cette journée de jeu et tous ces enfants retournent à
la maison pour y passer la nuit.

81
Le lundi matin ce jeu de l’el khayriya continue. Sâdiya, Latifa et Smaïl
ont sorti les jouets des boîtes en carton dans lesquels ils ont été cachés la nuit
du dimanche au lundi et les ont rangés sur le trottoir de la maison de Khalija
Jariaa où Sâdiya est en train d’arranger la radio cassette (fig. 53).

53

Sur la photo suivante prise au même endroit (fig. 54, p. 83), on voit de
gauche à droite les ustensiles pour la cuisine, le bac jaune servant de camion
pour transporter les poupées représentant des enfants ou des adultes, puis la
boîte en carton avec des vêtement de poupées. Quelques pensionnaires du
home se trouvent sur le couvercle bleu – la poupée en plastique, la poupée à
armature de roseau et le nounours. A droite de ceux-ci on voit des sprays
pour soins de beauté et des sprays à médicament, un plateau à œufs et là-
dessus la radio cassette.

82
54

La figure 55 montre les


animaux du home : la poule 55
(les plumes introduites dans
le flacon) qui couve ces
poussins (des petites pierres
mise en dessous du flacon)
et le chien qui garde l’étable,
étalés sur une page de
journal. En bas de cette
photo où se trouvent les
flacons de champoing, se
situe la douche.

83
Toujours dans le contexte du jeu de l’el khayriya, une autre histoire vraie
est intégrée par Latifa et Sâdiya. Il s’agit d’un évènement qui est survenu
environ deux années plus tôt. Accompagné par Jouma, une amie de Khalija
Jariaa qui réapparait dans le jeu des ‘femmes-touristes de France’ (p. 127),
un couple de marocains sans enfant vivant France est venu chez Khalija
demander si elle connaissait un petit garçon ou une petite fille d’une famille
très pauvre qui accepterai l’adoption de leur enfant par ce couple. Khalija a
dit qu’elle ne pouvait pas aider dans pareille situation. Cependant elle leur a
conseillé de s’adresser à l’el khayriya de Tiznit. Le couple a pris contact
avec ce home et a adopté un bébé garçon qui après la formalité nécessaire
est allé vivre en France avec ces parents adoptifs. Cette situation, bien
connue par Sâdiya et Latifa, joue un rôle dans le développement du jeu de
faire semblant suivant.
Latifa, jouant le rôle de la mère adoptive d’une fille et d’un garçon sans
lien de parenté, préfère les marier ensemble au lieu qu’un mariage se
contracte avec des jeunes qu’elle ne connaît pas.

56

84
Dans la ‘maison’ de maman Latifa, établie sur le trottoir de la maison de
Khalija Jariaa, les jeunes mariés sont installé sur un sofa (fig. 56, p. 84). A
gauche on y voit une poupée faite avec une armature de roseau en forme de
croix habillée de manière traditionnelle et représentant la tislit ou jeune
mariée que Latifa appelle Kelthoum. Cette Kelthoum est assise à côté de
l’isli, le nounours jeune marié, à qui Latifa donne le nom de Moustafa. La
jeune mariée a le visage caché parce que la cérémonie de mariage n’a pas
encore eu lieu. Latifa qui a habillé le jeune marié, lui a mis une protection
contre le mauvais œil, la boule de verre qui pend à son cou, une protection
magique qui normalement est attaché en haut du bras sous les vêtements.
Une jeune voisine qui vit à Bruxelles a, lors d’un séjour à Douar
Ouaraben, donné à Sâdiya la poupée en plastique qui se trouve à droite du
jeune marié. Sâdiya qui a vêtu cette poupée, la nomme Oumayma et la
présente comme sa fille handicapée qui boite. Sâdiya a appliqué du vernis
rouge aux doigts de cette poupée et lui a mis des ‘bottines’.
Sâdiya demande à Latifa si sa fille Oumayma peut faire une photo avec
les jeunes mariés. Latifa répond à Sâdiya : “cela n’est pas un problème, s’il
n’y pas d’autres gens qui regardent, cela ne fait rien”. A ce moment Khalija
Jariaa, qui observe leur jeu, est accaparée par Sâdiya et Latifa et mise dans le
rôle de la ‘photographe de la fête de mariage’. Une incorporation dans leur
jeu qui est de courte durée mais se reproduit vers la fin du jeu.
Comme elles ont fait lors de la fête de la jeune mère et de la naissance des
jumeaux du dimanche après-midi (p. 75), les filles jouent maintenant la fête
de mariage de Kelthoum et Mustapha dans la maison de Latifa. Les invités
viennent donner des cadeaux, on leur offre un diner, Kelthoum est mise sur
l’amaria, le trône sur laquelle la tislit est installée. Ce trône est ici une
grande boîte de carton, l’emballage d’un kilo de thé, transpercée vers le bas,
à l’avant et à l’arrière, par un morceau de roseau. Quatre garçons – Ahmed,
Smaïl, Lahoucein et Rachid – portent le trône sur lequel se trouve la poupée
jeune mariée, et le promènent autour du terrain de jeu pendant que les filles
font des youyous et chantent de tout cœur.
Quand la fin de cette fête de mariage s’approche, Khalija Jariaa qui
observe encore les filles, est de nouveau incorporée dans leur jeu comme
cela est déjà arrivé un peu plus tôt. A la fin de la fête, Latifa et Sâdiya
demandent à la ‘photographe de la fête de mariage’ de leur donner deux
copies des photos qu’elle a prises lors du mariage. Pour s’acquitter de sa
tache Khalija découpe dans des journaux et des vieux livres d’école des

85
images de personnes et les donne à Latifa. Latifa lui demande combien elle
doit payer pour ces photos et paye avec l’argent d’imitation utilisé dans ce
jeu. C’est la fin de l’activité ludique du lundi matin car le moment est venu
pour les enfants d’aller prendre le déjeuner.
Quand vers quatorze heures, les filles et quelques garçons reviennent au
terrain de jeu devant la maison de Khalija Jariaa, une nouvelle phase du jeu
de l’el khayriya se développe.
Atika, une fille de huit ans, est allé chercher dans les alentours des
branchettes d’herbes sèches et des morceaux de roseau et les donne à Sâdiya
qui joue la fabricante de charbon de bois. Sâdiya a construit avec du sable
mouillé un four pour faire du charbon de bois (fig. 57). Elle y a déjà mis des
branchettes puis des morceaux de bois au-dessus (fig. 58, p. 87). Une fois
que, soi-disant, le charbon à brulé, le commerçant Smaïl vient chez la
fabricante du charbon. Le magasin de ce commerçant est situé en haut de la
photo à côté du bac jaune mais hors de vue.

57

86
58

La fabricante dit au commerçant “voici le charbon de bois divisé en kilos et


cela coute dix dirham (1 €) pour un kilo”. Lui il réplique “c’est très cher”
mais elle répond “c’est du bois de l’arbre argan qui est plus cher parce qu’il
brûle longtemps, en plus tu dois payer tout de suite car je ne te connais pas”.
“D’accord” dit le commerçant et comme il a amené un camion, le bac jaune,
il met huit kilos de charbon dans son camion, paye avec des billets
d’imitation et retourne à son magasin.
Sâdiya, la fabricante du charbon de bois a aussi préparé des paquets d’un
demi-kilo pour huit dirhams (0,8 €) par paquet et des paquets plus petits
pour 2,5 dirhams (0,25 €). Sâdiya explique que le paquet d’un demi-kilo
coûte cher parce que les clients l’achètent souvent au crédit. Les filles du
groupe de jeu viennent acheter du charbon chez la fabricante du charbon de
bois ou chez le commerçant et cela pour préparer des repas pour les
pensionnaires de l’el khayriya.
Oumayma, la poupée-fille qui se trouve sur la photo à côté des jeunes
mariés (fig. 56, p. 84), est tombée malade. Sa tante Sâdiya l’amène à
l’hôpital chez le docteur. Sâdiya lui dit : “ma nièce est malade et je ne sais
pas pourquoi”. Le docteur Smaïl examine Oumayma et dit : “cette fille a le
cœur fatigué, elle doit bien manger et bien dormir ; je vais la donner une
piqure et un sirop”. Il cherche une piqure puis l’insert dans le bras
d’Oumayma (fig. 59-60, p. 88). Lorsque le docteur Smaïl donne la piqure,
Sâdiya imite les pleurs d’Oumayma.

87
59

60

88
61

62

89
Le docteur fait encore boire du sirop à la fille malade (fig. 61, p. 89). Puis
il écrit une prescription et la donne à sa tante (fig. 62, p. 89). Sâdiya va
chercher les médicaments à la pharmacie qui se trouve dans l’oued tout près.
Dans cette rivière sèche elle recherche des emballages et des pots de
médicaments. Une fois qu’elle en a trouvé, elle revient vite chez Oumayma
et lui administre les médicaments prescrits. Finalement elle vérifie si sa
nièce Oumayma va mieux et elle est très contente que c’est le cas (fig. 63).
Cette épisode termine le jeu de faire semblant de l’el khayriya qui a
débuté le dimanche matin et se poursuit jusqu’au lundi après-midi.

63

Ce même lundi de mars 2009, après le thé et le casse-croute de seize heures,


les enfants participant au groupe de jeu précédent reviennent jouer devant la
maison de Khalija Jariaa. C’est alors qu’un nouveau thème de jeu se
développe, basé sur la proximité du petit village Igrer, situé de l’autre côté

90
de l’oued, la rivière saisonnière, à environ quinze minutes de marche de
Douar Ouaraben.
Derrière de la maison de Latifa, quelques filles commencent à construire
le village de Douar Ouaraben sous la conduite de Latifa et Fatim Zohra. Une
fois les six maisons du village délimitées avec des pierres, Latifa nettoie la
grande maison avec une vieille brosse (fig. 64). A gauche de cette photo,
Smaïl jouant à nouveau le docteur et portant un stéthoscope a construit
l’hôpital. Cet hôpital se voit plus en détail à la figure 65 (p. 92).

64

Une fois que l’hôpital est construit et que les médicaments, représentés par
des emballages, sont mis en place, Smaïl change de rôle. Comme il a
entendu que sa sœur Sâdiya va construire le village Igrer devant le trottoir de
la maison de Khalija Jariaa avec des murs de sable humide, il préfère faire
cela disant que l’hôpital est déjà en ordre et qu’il va le fermer pour quelque
temps.

91
65

Pendant qu’un groupe de fille avec Latifa et Fatim Zohra s’occupent à faire
le village de Douar Ouaraben derrière la maison de Latifa, un autre groupe
de filles et Smaïl créent le petit village Igrer devant le trottoir de la maison
de Khalija Jariaa. Sâdiya est la cheffe qui indique aux autres où faire des
maisonnettes, d’amener de l’eau, du sable et des pierres.
Pour ériger pareils murs de maisonnettes, il faut d’abord mettre une
épaisse couche de sable humide sur le sol et fixer dans ces ‘fondations’ des
pierres un peu grand en faisant attention de laisser de l’espace entre les
pierres. Puis on recouvre ces pierres de sable humide. Si on ne met pas de
pierres le mur ne tiendra pas.
Les petites filles de quatre ou cinq ans ne connaissent pas encore
comment bien mélanger le sable et l’eau, de faire des fondations ou d’ériger
des murs alignés avec des angles droits. Cependant, Sâdiya ne leur apprend
pas comment faire et ne va pas les aider mais c’est aux petits enfants
d’observer comment elle le fait et d’améliorer leur technique en essayant et
en essayant encore.
Sâdiya prépare du sable humide pour pouvoir agrandir la maison et son
frère Smaïl assemble du sable fin avec une pelle-jouet (fig. 66, p. 93).

92
66

Quand Smaïl trouve que cela suffit, il broie à côté de son sable plusieurs
morceaux de ciment que des maçons ont délaissés, des morceaux de ciment
comme ceux qui se trouvent contre le trottoir en face de lui. Smaïl a jeté un
peu d’eau sur le ciment broyé pour en faire une pâte. Puis il demande Atika
de lui donner du sable fin pour saupoudrer la pâte de ciment afin de
l’assécher (fig. 67).

67

93
68

Sur la figure 68 on voit Atika en train de donner du sable fin dans la main de
Smaïl. Smaïl demande à Atika si elle veut aussi lui apporter de l’eau dans la
boîte en plastique. Pendant qu’Atika déverse le sable, Smaïl prend quelques
morceaux de ciment pour les broyer (fig. 69).

69

94
70

Atika n’a pas seulement apporté de l’eau dans la boîte en plastique mais
aussi dans une bouteille d’un litre. Elle donne de l’eau à Smaïl puis elle veut
travailler elle-même une maisonnette et commence à mélanger le sable
qu’elle a ramassé avec un peu d’eau (fig. 70).
Latifa de huit ans, une fille du village Igrer qui est venue avec son père
aux petits magasins de Douar Ouaraben, se joint au groupe de jeu et six
autres filles d’Igrer en font de même. Cela n’a rien de spécial car chaque
après-midi et surtout le samedi et le dimanche, des filles et des garçons
d’Igrer à partir de l’âge d’environ six ans viennent jouer avec les enfants de
Douar Ouaraben.
Les enfants de Douar Ouaraben, qui occupent les terrains de jeu autour de
la maison de Sâdiya, Latifa et Smaïl, habitent la rue qui se termine à leur
maison et se prolonge dans la direction de Tiznit sur environ 100 mètres,
ainsi que dans une rue parallèle. Ces enfants connaissent bien les enfants du
village Igrer car ils se côtoient régulièrement et fréquentent la même école
primaire de Douar Ouaraben.

95
En montrant des maisonnettes sur le trottoir (fig. 71), Latifa d’Igrer
demande à Sâdiya : “où est ma maison, celle-ci ou celle-là ?”. Sâdiya lui
répond en montrant une maisonnette puis une autre maisonnette : “ce n’est
pas celle-ci mais celle-là”. Latifa cherche une grande pierre pour servir de
heurtoir pour la porte de sa maison. Smaïl, le frère de Sâdiya, dit à Latifa
qu’il a trouvé dans l’oued cinq belles pierres et qu’elle peut en prendre une.
Latifa dessine la porte de sa maison, une fine ligne blanche faite avec de la
poudre de plâtre, puis elle prend une des cinq pierres rondes de Smaïl et la
met sur le trottoir (fig. 70, p. 95). Maintenant, Latifa prévient les joueurs que
si quelqu’un veut entrer dans sa maison, il ou elle doit frapper à la porte
sinon elle n’ouvrira pas.
Comme dix-huit heures s’approche cet épisode du jeu se termine. Sâdiya
et Smaïl rassemblent les poupées et les autres jouets et les amènent à leur
maison. Les autres joueuses et joueurs de Douar Ouaraben, ainsi que celles
et ceux d’Igrer rentrent chez eux pour dîner. Plus tard, les enfants du village
Igrer ne reviennent pas jouer à Douar Ouaraben car bientôt il fera nuit.

71

96
72
Avant d’amener toutes les
poupées à sa maison, Sâdiya a
encore construit un hammam de
village (fig. 71-72) dans lequel
elle et quelques autres filles
viennent mettre leurs poupées
pour leur donner un bain de
vapeur. Des branchettes sont
placées sur le sol mais le feu n’y
est pas mis. Les flacons de
champoing vide et la boîte de
savon que l’on voit à la figure 55
(p. 83), sont utilisés pour laver les
poupées. La brosse en plastique sert pour arranger les cheveux.
En revenant après le diner Sâdiya propose de jouer l’anniversaire d’un
garçonnet d’un an – le nounours – dont la mère est assis à sa droite. Selon
Latifa, la sœur de Sâdiya, la poupée en plastique est devenue une petite fille
de deux ans et la sœur du garçonnet d’un an. Cette scène se joue dans une
‘maison’ du soi-disant village Igrer (fig. 73).

73

97
74

La petite sœur demande


par la bouche de Latifa
“qu’est-ce que tu as fait ya
mama” et maman, joué par
Sâdiya, répond “j’ai fait un
gâteau d’anniversaire pour
ton petit frère” (fig. 74). Le
gâteau a été réalisé par
Sâdiya en mettant de la terre
argileuse dans le fond d’une
boîte ronde de fromage. Il est
décoré par quelques feuilles
d’une plante et par une fleur.
Un chat de rue dont Smaïl prend soin, est transformé en cheval et Sâdiya
met le nounours-petit garçon sur son dos pour faire quelques pas (fig. 75).
Arrivant à l’endroit où se trouve la mère avec le gâteau, celle-ci dit “viens
manger ce gâteau d’anniversaire”. Smaïl, Latifa, Sâdiya et les personnages
représentés par des poupées, dégustent alors ce bon gâteau.

75

98
76

Dans le ‘village Igrer’ Latifa a établi une pâtisserie avec deux gâteaux et des
délicatesses. Un morceau d’un plateau en plastique noir représente le grand
frigo et le bord de ce plateau est devenu le comptoir. A côté de la pâtisserie,
Sâdiya organise le restaurant et elle y a mis une grande ‘pizza’ faite avec une
grande fleur qui sert comme décor de vêtement de femme (fig. 76). Les filles
et leurs poupées qui représentent les gens de Douar Ouaraben viennent en
visite à Igrer. Ils mangent au restaurant et vont choisir un dessert dans la
pâtisserie. Devant les deux établissements Rachida et Smaïl ont construit un
ferran, le four à pain.
Que Smaïl de six ans fait souvent parti de ce groupe de jeu des filles et
s’intègre facilement dans leurs jeux, s’explique par le fait que ces deux
sœurs, Sâdiya et Latifa en font partie et ont un rôle de leader dans ce groupe.
Une autre raison qui fait que Smaïl recherche la compagnie des filles est
qu’il est encore petit et que lorsqu’il va jouer avec les garçons ils le frappent
régulièrement. Des lors, il a dit à Khalija Jariaa qui le questionnait sur ce
point : “c’est mieux que je joue avec les filles parce qu’il n’y a pas la guerre
chez les filles”. Quelques années plus tard Smaïl s’est intégré dans le groupe
de jeu des garçons.

99
77

Un peu plus tard à l’endroit du ‘village Douar Ouaraben’, Smaïl construit sa


propre maison (fig. 77). Il explique que les filles font des maisons avec des
petits murs et que lui il veut construire une maison avec des murs bien haut
comme le font les hommes. Le ciment est remplacé par du sable mouillé et
les tuyaux mènent à des lampes imaginaires (fig. 78).

78

100
79

La grande maison dans ‘Douar Ouaraben’ (fig. 79) est occupée par des filles
de Douar Ouaraben mais aussi par deux grandes filles d’Igrer, celle avec le
foulard brun et la grande fille à sa gauche. Ces filles attendent leurs frères
qu’on remarque tout à fait à droite de la figure 80 ci-dessous. Quand ces
frères seront allés au magasin, elles retourneront avec eux à Igrer.

80

101
Fatiha, la fille de treize ans, habillée en jaune et assise sur une brique (fig.
ainsi que Khadija de quatorze ans, la fille au foulard blanc qui se trouve en
face de Fatiha, commencent à découper avec des ciseaux des morceaux
d’étoffe. Après le coucher du soleil, les filles qui regardent, utiliseront ces
tissus pour faire des vêtements de poupées. Smaïl est occupé à récupérer des
fils qui serviront à coudre ces habits de poupées (fig. 80, p. 101).
Quand vers vingt-et-une heure il fait déjà bien noir, ces deux grandes
filles continuent à créer des vêtements pour les poupées. Cependant, Sâdiya
met en scène une histoire de Pharaon qu’elle et les autres enfants ont vue
récemment à la télévision.

81

Khadija veut mettre une coiffe tête au nounours qui se trouve sur ses genoux
et sert de Pharaon (fig. 81), mais Sâdiya lui dit : “non ce n’est pas bien, moi
je veux changer le foulard”. Sâdiya se met à chercher dans les cartons un
morceau de tissu qui pourrait donner au nounours un aspect de Pharaon plus
adéquat (fig. 82, p. 103).

102
82

Une fois que le Pharaon est prêt, il faut lui donner une femme et une fille. A
la figure suivante ils sont tous les trois mis ensemble en attendant que leur
trône soit arrangé (fig. 83), puis Sâdiya les mets en place (fig. 84-85, p. 104).
Sâdiya a pris un bracelet de sa mère et l’a mis comme couronne sur la tête de
la femme du Pharaon (fig. 84, p. 104), cependant elle le retourne vite à sa
place parce qu’elle craint que sa mère aille le remarquer.

83

103
84

85

104
Comme il devient trop tard, le jeu de faire semblant du Pharaon ne se
développe pas. Sâdiya, Latifa et Smaïl rangent toutes les poupées et autres
jouets dans des boîtes de carton et dans un grand sac et elles vont les mettre
à l’abri dans leur maison (fig. 86).

86

Le mardi et les jours suivants de cette période de vacance, le groupe de jeu


de la piste d’Igrer continu ses activités ludiques, mais les séquences de jeu
de ces filles n’ont pas été observées durant ces jours.

105
En ce début du XXIe siècle deux aspects de la vie sociale influencent
sûrement les enfants de l’Anti-Atlas. Il s’agit du retour annuel ou régulier
des marocains émigrés en Europe et de la visite des touristes européens au
Maroc. En ce qui concerne le retour au pays des membres de leur famille
vivant en Europe l’influence sur les filles et garçons se renforce d’année en
année entre autres par les cadeaux de jouets (poupées, nounours, armes) et
de moyens de locomotion (bicyclettes, trottinettes d’enfants). Pour autant
que cela soit indiqué par les poupées en plastique qui sont vêtues, décorées
et parfois coiffées par les filles de Douar Ouaraben, ces filles s’inspirent de
modes qui s’éloignent de l’habillement local. Un bon exemple est la poupée
faite par Sâdiya de sept ans représentant une fille d’origine marocaine vivant
en France venu en visite à Douar Ouaraben en juillet 2006 (fig. 87).

87

106
Début décembre 2006 et toujours à Douar Ouaraben, Habiba et Sâdiya,
deux filles de huit ans, jouent au jeu des touristes à la plage d’Aglou. Cette
plage est située au bord de l’Océan Atlantique à 18 km de Tiznit mais
seulement à environ une heure de marche ou une demi-heure de bicyclette
de Douar Ouaraben. Cette plage est parfois visitée par des enfants de Douar
Ouaraben avec ou sans leurs parents mais surtout quand il fait chaud.
La poupée-touriste habillée par Sâdiya est déjà couchée sur un fauteuil de
plage fait avec des morceaux de plâtre. Entretemps Habiba, assise à gauche
de la photo, arrange l’autre poupée-touriste (fig. 88). Smaïl de cinq ans, le
frère de Sâdiya, veut jouer avec eux mais les filles lui disent qu’il ne connait
pas la manière de jouer avec les poupées et qu’il devrait faire un petit
magasin à côté.

88

Les poupées utilisées pour ce jeu à la plage viennent d’Espagne. Elles ont
été amenées par un voisin travaillant dans ce pays et qui les a offertes à
quelques filles de Douar Ouaraben.
Une fois que les deux poupées sont prêtes, elles sont mises en place dans
le soleil. La touriste à droite est enveloppée dans une grande serviette parce
qu’elle a pris froid à la suite du bain d’eau de mer que Sâdiya lui a fait
prendre dans un bassin. Selon Habiba sa poupée-touriste, qui porte une
casquette pour protéger le visage contre le soleil, garde dans son sac de

107
l’argent, son portable ainsi que les clefs de la voiture et de la maison (fig.
89).

89

Un peu plus tard, le moment est venu pour prendre un bon bain de soleil, ce
que, selon les propos de Habiba et Sâdiya, les touristes aiment beaucoup
mais pas les femmes marocaines (fig. 90).

90

108
Par après, les touristes veulent retourner à la maison. Habiba téléphone
soi-disant à Sâdiya pour qu’elle vienne avec une voiture, le bac d’un
camion-jouet, afin de les ramener chez eux (fig. 91).

91

Une semaine plus tard, donc vers mi-décembre 2006, Sâdiya (8 ans) et
Habiba (8 ans), les deux filles du jeu de la plage précédent, sont jointes par
Latifa (7 ans), la sœur de Sâdiya, ainsi que par Fatim Zohra (9 ans) et
Meryem (10 ans), deux copines qui habitent tout près. Smaïl (5 ans) peut
participer en jouant de nouveau le rôle de commerçant.
Ce dimanche après-midi, le jeu commence avec Sâdiya, Latifa, Fatim
Zohra, Meryem et Smaïl ayant arrangé individuellement leur magasin contre
la façade de la maison de Khalija Jariaa. Sur la figure 92 (p. 110) se trouvent
Smaïl (à gauche) et Sâdiya (à droite). Le magasin au milieu est celui de
Habiba. A droite du magasin de Sâdiya mais hors de la photo, se trouve le
magasin de Meryem, puis celui de Fatim Zohra et finalement celui de Latifa.

109
92

En premier lieu, Meryem propose un thème de jeu exceptionnel, celui de la


danseuse du ventre. C’est elle qui a fait les vêtements de danse montrés à la
figure 95 (p. 103) et réparé le manteau bleu de cette poupée, une pièce
d’origine accompagnant la poupée venant d’Espagne (fig. 93, p. 111).
Meryem fait exécuter à la poupée portant le manteau, une scène de danse
du ventre comme elle a vu à la télévision dans des films égyptiens. Meryem
raconte à Sâdiya qu’une des figures de danse que la danseuse montre aux
spectateurs est le grand écart. Sur les deux photos suivantes (fig. 93-94, p.
111), Sâdiya montre h’chouma, de la honte, à cause des explications de
Meryem sur cette scène, mais en même temps elle en rigole fortement. Que
les filles se rendent compte du contexte érotique de ces scènes est démontré
par le fait que Sâdiya demande à Meryem de parler doucement, car il ne faut
pas que des adultes se rendent compte à quoi elles jouent. Si leurs parents ou
d’autres adultes entendent leurs propos, cela provoquerait certainement une
réprimande ou même une punition parce que la morale stipule que les filles
de cet âge ne doivent pas s’intéresser à pareilles choses.

110
93

94

111
Après cet exploit, le manteau de la danseuse est enlevé et Meryem et
Sâdiya font danser la poupée en la tenant chacune par un bras. Le fil bleu
autour de la taille et les fils bleu sur le haut des deux jambes copient les
rubans à paillettes des danseuses du ventre égyptiennes (fig. 95).
Contrairement aux poupées traditionnelles faites par les filles, ce type de
poupées aux membres mobiles et pliables permet d’exécuter des
mouvements spécifiques et de représenter des postures inhabituelles qui sont
impossible à faire avec des poupées aux membres immobiles.

95

Le jeu sur ce premier thème de la danse du ventre se termine parce qu’il y a


un grand garçon qui vient observer ce que font les filles. Sâdiya propose
alors un nouveau thème de jeu. Elle choisit de donner aux mêmes poupées le
rôle de taroumit, de femmes européennes. Ainsi, elles deviennent des
touristes françaises qui après avoir visité une grande ferme iront à la plage
d’Aglou près de Tiznit.

112
Cette grande ferme est construite par Fatim Zohra le long du trottoir de la
maison de Khalija Jariaa. Fatim Zohra utilise du sable sec pour dessiner les
murs de la maison de ferme qui comporte plusieurs pièces. Dans la cuisine,
Habiba prépare un diner fictif. A côte de sa maisonnette se trouvant en face
de la maisonnette de Fatim Zohra, Latifa construit une nouvelle maisonnette
avec des pierres délimitant les murs. Une fois que les ‘touristes’ ont fait des
photos avec une boîte de parfum devenu appareil de photo numérique, elles
veulent partir à la plage d’Aglou.
Avant que les femmes françaises s’installent à la plage, elles vont acheter
ce dont elles ont besoin dans un magasin tout près. Elles viennent demander
au commerçant ce qu’il vend et celui-ci répond “du parfum, des boissons,
des biscuits, du thé, du sucre et beaucoup d’autre choses” (fig. 96). Cette
scène intègre Smaïl pour un moment dans le jeu des filles.

96

113
Maintenant, les deux touristes se promènent sur la plage le long de l’eau.
Sâdiya tient la main de la poupée à gauche et Meryem fait marcher la
poupée à droite, une poupée habillée par Sâdiya (fig. 97).

97

Mais un accident arrive. Sâdiya explique : “une des deux touristes est
tombée parce qu’il y a beaucoup de pierres sur la plage et sa copine l’amène
vers un café pour boire un jus d’orange et récupérer”. Dès lors, la poupée
blessée, tenue en main par Meryem, est portée par la poupée au manteau
bleu, tenue en main par Sâdiya (fig. 98, p. 115).

114
98

Sâdiya et Meryem amènent la poupée-touriste blessée, portée par la poupée-


copine, chez le docteur à l’hôpital. Smaïl joue le rôle de docteur et ainsi il
participe à nouveau au jeu de faire semblant de ces filles.

99

115
Le docteur a ausculté la touriste avec un ruban, a nettoyé ses plaies avec
des herbes et lui a donné une piqure pour son mal de dos. Il a aussi conseillé
que sa copine reste près d’elle pour la soutenir lorsqu’elle se déplace (fig.
99, p. 115).

100

Latifa déclare que la tête de poupée en bas de la photo représente un garçon


handicapé dans sa chaise roulante (fig. 100). Il s’agit d’un garçon connu par
ces filles et qui habite dans une maison proche. Comme dans la vie
quotidienne de ce garçon, la poupée qui le représente, s’affaire à quémander
entre autres auprès des touristes. C’est pour cela que cette poupée
handicapée est mise aux pieds des deux touristes françaises pendant qu’elles
se reposent à la plage (fig. 101, p. 117).

116
101

Dans le troisième et dernier thème de jeu de ce dimanche après-midi, les


poupées changent encore une fois de nationalité car elles deviennent
tamghart el maghrib, c’est-à-dire une femme marocaine.
Sâdiya dit à Fatim Zohra “si nous allons faire des exercices à la ‘salle’, il
faut manger peu, surtout des légumes et des fruits et ne pas manger de la
viande. Il faut faire comme les femmes d’Asie qui sont belles et pas
grosses”. Avec femmes d’Asie, utilisé par les enfants locaux en opposition
avec femmes d’Afrique, d’Amérique ou d’Europe, Sâdiya fait spécialement
références aux actrices qui jouent dans les films de l’Inde, des films qui
passent déjà à la télévision en 2006 et aujourd’hui encore quotidiennement.
Le plat préparé par Habiba et qui se trouve aux pieds des poupées est
préparé suivant les prescriptions de Sâdiya (fig. 102, p. 118).

117
Maintenant un changement important s’effectue lorsque les deux poupées,
qui jusqu’alors font références à des personnes autre que les filles qui jouent
avec, deviennent des marocaines et que Meryem s’identifie avec la poupée à
gauche portant le manteau bleu et Sâdiya avec la poupée à droite (fig. 102).

102

Après le diner et avant d’aller à la salle de musculation, comme les jeunes


appellent cet endroit d’entrainement, le moment est venu de se reposer en
gouttant le dessert de fruits (fig. 103, p. 119).

118
103

Dès que la poupée devenue Sâdiya et la poupée devenue Meryem entrent


dans la salle, Meryem devient la directrice de la salle. A la figure 104 (p.
120) la directrice montre à Sâdiya comment faire différents exercices.
Sur la dernière photo prise par Khalija Jariaa ce dimanche après-midi de
mi-décembre 2006, c’est le tour à Sâdiya de proposer à Meryem quels
exercices sont utiles et comment les exécuter. Entretemps, la fille Meryem
essaie de faire exécuter ces exercices par la poupée Meryem (fig. 105, p.
120).

119
104

105

120
En août 2007 Khalija Jariaa a photographié devant la maison des voisins
trois filles, de gauche à droite Latifa (9 ans), Habiba (9 ans) et Atika (8 ans),
avec leur trésor de jouets venant de Belgique, d’Espagne, de France et
d’Italie (fig. 106). Il s’agit d’une série de poupées en plastique parfois
habillées par les filles, de quelques animaux-jouets et d’ustensiles pour le jeu
de dînette. La grande poupée vêtue tout en brun a déjà servi pour le jeu el
khayriya en 2007 (fig. 36, p. 65) et réapparait dans le jeu suivant des
françaises en visite au Maroc de novembre 2007 (fig. 112, p. 127). La figure
106 montre près de la porte un nounours habillé et décoré comme une
poupée, une nouveauté à Douar Ouaraben et dans toute la région.

106

Au début du mois de novembre 2007 pendant les vacances scolaires de deux


semaines, Khalija Jariaa a observé et photographié tout près de sa maison un
autre jeu sur le thème des touristes en visite au Maroc. Comme pour les
autres jeux à Douar Ouaraben, il s’agit du même groupe de jeu de la piste
d’Igrer. Selon ces filles elles jouent taroumit n fransa, les femmes de France.
L'inspiration pour ce jeu vient de la télévision marocaine : des nouvelles et
d’une série documentaire sur le tourisme au Maroc. Des informations
complémentaires proviennent des publicités télévisées, des discussions entre

121
adultes et adolescents qu’elles ont entendues. Il y a aussi un apport basé sur
le vécu d’une femme marocaine qui travaille pour une française résidant au
Maroc.
Un jour, les filles commencent à jouer vers neuf heures du matin jusqu'à
environ midi. Dans l'après-midi elles continuent leur jeu d'environ quinze
heures jusqu'à dix-neuf heures. Le matin et l'après-midi les filles jouent à
l'arrière de la maison de Sâdiya et de Latifa car il y a de l'ombre. La figure
107 montre une maisonnette délimitée avec des pierres et adossée au mur
ainsi que Fatim Zohra qui tient en main une poupée maman et une poupée
fille. Une autre fille, qui s’appelle Atika et est en visite à Douar Ouaraben
mais vie à Casablanca, se trouve sur la photo à côté de Fatim Zohra. Atika et
sa sœur Meryem, qui manque sur cette photo, manipulent parfois une poupée
mais ne participent pas dans le jeu de faire semblant.

107

122
Cette fois les joueurs du groupe de jeu de la piste d’Igrer sont : Sâdiya de
neuf ans, sa sœur Latifa de huit ans, ainsi que leurs voisines Fatim Zohra de
dix ans, Habiba de neuf ans et Atika de sept ans (fig. 108). Les garçons qui
jouent à proximité n’interviennent pas dans le jeu des filles. Un garçon joue
avec un lance-pierres et l'autre pousse une voiture à deux roues.

108

Pour ce jeu de rôles les filles ont arrangé une maisonnette avec plusieurs
chambres. En bas et au côté gauche de la figure 108 se trouve la salle à
manger. Selon les filles cela est aussi la salle de télévision mais aucun objet
ne représente le téléviseur. A droite de la salle à manger se trouve la
chambre à coucher avec un lit, le couvercle d'une glacière de plage trouvée
dans une poubelle. La chambre en haut de la salle à manger est utilisée
comme cuisine et la chambre à côté est une deuxième chambre à coucher.
En relation avec ce que les filles ont vu à la télévision, leur maisonnette
représente un appartement pour touristes français dans la ville de Zagora en
bordure du Sahara marocain non loin des dunes de sable de Merzouga.

123
Dans la salle à manger se trouve une autre maisonnette construite dans un
couvercle en carton pris d’un emballage de tomates (fig. 109). Cette
maisonnette contient à l'avant du côté gauche la cuisine avec un évier fait
avec du papier d'aluminium. A droite de la cuisine il y a une ‘petite fontaine
d'eau de rose’ de la région de Zagora comme cela s’est vu sur amouddou,
‘voyager’ en tachelhit, un programme de longue date et primé de la
télévision marocaine décrivant une région marocaine spécifique dans chaque
épisode d'environ 40 minutes. Le programme prête attention à l’histoire, aux
particularités géographiques, aux habitants, à la situation actuelle et aux
possibilités touristiques de la région en question.
Dans cette maison miniaturisée il y a trois chambres à coucher. Entre les
deux chambres à coucher se trouve la salle à manger avec salon munis d’un
canapé et de deux tables basses modelés avec de la terre argileuse. Smaïl, le
frère de six ans de Sâdiya et Latifa, a fait cette maisonnette et l’a donnée à
ses deux sœurs mais il ne joue pas avec eux pour le moment.

109

124
Sâdiya, avec l'aide de sa sœur Latifa, a habillé toutes les poupées et
parfois elle leur a donné des cheveux. Ces poupées en plastique se trouvent
parmi les ordures jetées dans l'oued, la rivière qui est souvent à sec et passe à
environ cent mètres de la maison où les filles jouent.
Sâdiya distribue les poupées entre ses camarades de jeu qui les donnent de
retour quand elles arrêtent de jouer. Sâdiya est le leader du groupe de jeu et
c’est elle qui a proposé le thème du jeu.
Sur la figure 109 (p. 124) Sâdiya est en train d’arranger quelques poupées.
Ces poupées représentent les touristes français : une mère et sa fillette
couchées ensemble à côté de la maisonnette de Smaïl. Les deux autres
poupées représentent la voisine de la mère portant une blouse orange et une
femme marocaine avec une blouse à rayures rouges et noires. La marocaine
est une connaissance des françaises et les a accompagnées à leur
appartement à Zagora. Aux pieds de la poupée-mère et de la poupée-femme
marocaine se trouve un savon parfumé décoré d’une fleur placée sur une
petite table, ainsi qu’une bouteille de sirop et un tube de dentifrice. Devant la
table une bouteille de parfum a été mise. Sur le cube jaune, servant de table,
est posé un bouquet de fleurs comme se donnent les amoureux. Dans la
petite boîte en plastique à droite de la table jaune il y a quelques bouchons et
autres objets que les filles utiliseront. Dans la rue imaginaire en face de
l'appartement se trouve un camion Coca-Cola fait par un garçon. Les deux
fillettes marocaines à gauche et à droite de Sâdiya vivent à Casablanca et
sont venus avec leurs parents visiter la famille à Douar Ouaraben.
La figure 110 (p. 126 en haut) montre le lit dans le coin de la chambre à
coucher. Dans la pièce à côté de la salle à manger les filles ont organisé une
cuisine avec tous les ustensiles dont elles ont besoin pour faire la dînette
ainsi qu’un bol en plastique rempli de farine près du pied de Sâdiya.
Latifa, Habiba et Atika vont jouer dans une maisonnette à gauche de la
maisonnette où elles jouaient. Elles font comme elles allaient manger chez
les voisins, une chose qui se fait couramment pendant les fêtes. Sâdiya et
Fatim Zohra continuent à jouer là où elles jouent.
La figure 111 (p. 126 en bas) montre Fatim Zohra en train de manipuler la
poupée-fille et elle dit : “Maman, je veux dormir”. Sâdiya tenant la poupée-
mère répond : “bon, tu sais où est le lit”. Fatim Zohra demande au nom de la
fille : “maman tu viens dormir avec moi ?” Et Sâdiya répond : “Je change
mes vêtements, je mets un pyjama et je viens dormir avec toi”.

125
110

111

126
Un peu plus tard le thème de jeu change. En bas du côté droit de la figure
112, apparait une poupée représentant la femme de ménage marocaine
travaillant pour les touristes françaises et que Sâdiya appelle Jouma. Cette
poupée apparaît déjà dans deux autres situations (fig. 36, p. 65 et 106, p.
121). Jouma, est dans la vie réelle une femme de ménage d'environ trente
ans et une amie de Khalija Jariaa. Sâdiya joue le rôle de Jouma et Fatim
Zohra le rôle de Véronique, une française du même âge qui séjourne
régulièrement au Maroc. Véronique est représentée par la poupée en robe
orange. La poupée Jouma porte un foulard car, selon Sâdiya, ses cheveux ne
doivent pas tomber dans la nourriture pendant qu’elle prépare à manger. Cet
épisode est basé sur ce que Sâdiya a entendu dire Jouma à Khalija
concernant Véronique qui lui a demandé de porter un foulard lorsqu’elle fait
le ménage. C’est cet évènement qui est reproduit dans ce jeu.

112

127
Après que Sâdiya a raconté cette histoire à Fatim Zohra, Véronique,
manipulée par Fatim Zohra, prend son téléphone portable, un téléphone
mobile en plastique fabriqué en Chine. Véronique appelle Jouma, manipulée
par Sâdiya, qui prend aussi son téléphone mobile, un tube de dentifrice vide.
Véronique dit à Jouma de préparer le dîner à la maison dans la médina où
elle vit et elle ajoute qu'elle viendra chercher la nourriture vers huit heures
du soir. Après quelques instants, Fatim Zohra prend Véronique et la met
dans une des deux voitures représentées par des morceaux d'un train en
plastique. Puis, Sâdiya prend Jouma et la met dans l’autre voiture
imaginaire.
A cinq heures et demie de l'après-midi, le jeu se termine parce que la mère
de Sâdiya l’appelle à dîner plus tôt que la normale car ils iront à pied jusqu’à
un jardin de Tiznit.
Pendant la même période de congé scolaire de novembre 2007 mais dans
le village Ikenwèn, les filles de dix ans et plus regardaient régulièrement sur
la chaîne de télévision marocaine 2M un programme appelé dar ou dekor,
‘maison et décoration’, diffusé le dimanche soir vers huit heures pendant une
demi-heure environ mais souvent interrompu par de la publicité. Dans ce
programme, les filles trouvent des idées sur la façon d'organiser et de
décorer leurs maisonnettes selon les nouvelles normes marocaines.
Latifa de dix ans et sa sœur Sâdiya de onze ans, deux filles qui font partie
du groupe de jeu de la piste d’Igrer, ont trouvé quelques poupées délaissées
dans la rivière passant près de leur maison à Douar Ouaraben. Les deux
filles ont fait toute une série de vêtements pour ces poupées provenant de
l’industrie du jouet. En juillet 2009, elles se sont amusées à vêtir leurs
poupées pour que Khalija Jariaa puisse les photographier (fig. 113-122, p.
129-131). En analysant ces poupées et ce qu’elles représentent, il est clair
qu’il ne s’agit pas de poupées utilisées pour des jeux de faire semblant mais
pour expérimenter la création de vêtements qui s’inspirent de la mode
occidentale. Une mode que les filles observent aussi bien à la télévision que
chez les femmes et les filles touristes qui viennent dans leur région. Latifa et
Sâdiya ont confirmé par après cette interprétation de la raison d’être de ces
poupées habillée selon la mode européenne.
En décembre de cette année ces sœurs ont réalisé deux autres vêtements
pour les poupées-touristes en visite au Maroc, en les habillant en robe de
soirée moulante et en minijupe (fig. 123, p. 131, H = 32 cm, 29 cm).

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123

131
Parfois des poupées traditionnelles avec une armature de deux morceaux
de roseau ou de branchettes, reçoivent une tête tout à fait spéciale. Cela est
le cas pour la poupée-jeune mariée créée pour un jeu de fête de mariage (fig.
19, p. 52) et pour la poupée suivante. Ces poupées ont une tête faite avec une
petite orange ou un petit citron provenant d’arbres qu’on trouve sur le bord
de certaines routes de Tiznit.
En 2009, Aïcha, une fille de neuf ans vivant à Douar Ouaraben, a fait la
poupée de la figure 124 (H = 21 cm, largeur bras = 12,5 cm). Le survêtement
est cintré sous les bras avec un petit ruban servant de ceinture, ce qui indique
qu’il s’agit d’une poupée-femme. Pareilles têtes de poupées sont souvent
coiffées d’un foulard.

124

D’autres exemples de poupées avec une tête faite d’une petite orange ou
d’un petit citron se trouvent dans le texte sur les poupées provenant du
village Ikenwèn (p. 159-160).

132
La télévision inspire aux filles de Douar Ouaraben la création d’autres
types de poupées. Par exemple la poupée faite en décembre 2009 par Fatim
Zohra, alors âgée de douze ans, représentant la femme de l’Inde comme les
filles la voient dans des films de l’Inde. Cette poupée, construite sur une
armature de roseau en forme de croix, a une tête particulière car modelée
avec une figue (vue par devant : fig. 125, vue par derrière : fig. 126, H = 12
cm, largeur bras = 8,5 cm).

125 126

Bien qu’il n’y pas d’exemples de poupées à cheveux de poils de chèvre faite
par des filles de Douar Ouaraben, il est utile de mentionner la manière de le
faire car il y a des exemples provenant de filles d’autres villages.
En janvier 2011, Khalija Jariaa a vu comment des filles de Douar
Ouaraben prennent des poils d’une chèvre pour réaliser des cheveux de
poupée. Une fille appelle la chèvre en l’offrant quelque chose à manger.
Quand la chèvre mange, une autre fille coupe un peu de poils sur son dos.
Ces filles disent que les poils de chèvre sont meilleurs comme cheveux de
poupée car ils sont plus durs que les cheveux de fille, et que “ces cheveux

133
faits de poils de chèvre sont comme si on avait passé le séchoir sur les
cheveux d’une fille”.
Une poupée réalisée par un garçon de Douar Ouaraben, offre un exemple
intéressant de la manière dont les enfants de l’Anti-Atlas utilisent à des fins
ludiques tout objet qui leur tombent sous la main (fig. 127).

127

Fin 2007, en mettant en scène une famille riche employant un chauffeur,


Smaïl de six ans joue avec ses sœurs Sâdiya et Latifa et quelques autres
filles. Quelques filles occupent une grande maisonnette car ils font partie de
la maison des riches et les autres filles occupant une petite maisonnette
appartiennent à la famille pauvre. Smaïl réalise le chauffeur de la famille
riche avec un objet insolite. Il s’agit d’un tube de médicaments dans lequel il
a fait des trous comme traits de visage. Ce chauffeur sans bras porte un
papillon car, selon Smaïl, sa fonction de chauffeur de riches nécessite un
habillement hors du commun (fig. 127, H = 14 cm, D = 3 cm). Le chauffeur
transporte les gens riches à Agadir pour aller à la banque, au supermarché
Marjane ou chez McDonald. Quand un pauvre demande au chauffeur de la
famille riche de transporter sa femme à l’hôpital car il n’a pas l’argent pour
le taxi, le chauffeur lui répond “ce n’est pas ma faute, tu dois demander au
directeur”.

134
Le même Smaïl, qui habite la maison en face de celle où habite Khalija
Jariaa à Douar Ouaraben, s’est fait au mois de mai 2011, quand il avait onze
ans, une poupée-homme avec une grande betterave (fig. 128). Cela n’est pas
une poupée rare car garçons et filles font souvent pareilles poupées faites
avec des légumes pour la fin de l’année. Les enfants utilisent surtout des
navets, potirons, carottes, et oignons dont les feuilles deviennent
normalement des cheveux de poupée.

128

135
IKENWEN

Un autre village amazigh d’où Khalija Jariaa a amené beaucoup


d’informations est Ikenwèn, le village où elle est née, a passé toute son
enfance et où des membres de sa famille habitent encore. Khalija entretient
un contact assez régulier avec les enfants de ce village avec qui elle parle
tachelhit. Il s’agit surtout d’un groupe d’environ quinze filles que nous
avons appelé le ‘groupe de jeu du borj’ car leurs terrains de jeu sont situés
autour de la maison fortifiée du village avec sa tour à plusieurs étages
appelée borj id Bella (fig. 458, p. 330). Les filles, qui participent toujours ou
souvent à ce groupe de jeu et dont l’âge approximatif se réfère à fin 2005,
sont : Naïma1 (12 ans), Fadma (9 ans), Aïcha (8 ans), Fatiha (8 ans), Fatima
(8 ans), Halima (8 ans), Khadija (8 ans), Zeïna (8 ans), Khalij (7 ans),
Malika (6 ans), Rachida1 (6 ans), Rachida2 (4 ans), Latifa (4 ans), Hafida (3
ans) et Naïma2 (3 ans). Khalij est souvent le leader du groupe car elle
connait bien faire les jouets, elle est inventif en ce qui concerne les jeux et il
est rare qu’elle n’est pas la première sur le terrain de jeu parce qu’elle aime
tellement jouer et créer des poupées et autres jouets.

129

136
Comme à Douar Ouaraben, le jeu de poupées qui met en scène la fête de
mariage est populaire chez les filles d’Ikenwèn. Pour pareil jeu Naïma, une
fille de douze ans, a créé en septembre 2005 plusieurs poupées. Ce jour-là
c'est au tour de Naïma pour organiser la fête de mariage de sa tislit ou
poupée-jeune mariée et demain ce sera le tour d’une autre fille.
Naïma a fait six poupées qui seront au centre du jeu. A droite de la figure
129 (p. 136) se trouve la jeune mariée, au milieu il y a sa mère et à gauche
une fille d'honneur. Ces poupées ont une armature de deux morceaux de
roseau liés en forme de croix avec en haut du roseau vertical des yeux et des
sourcils noirs indiqués avec du goudron. La tête est serrée dans un foulard
blanc et noir et deux petits galets forment les seins. Les deux poupées
suivantes réalisées par Naïma sont la sœur de la poupée-jeune mariée et son
bébé (fig. 130). Ces poupées ressemblent bien aux trois premières poupées.
La dernière poupée habillée en noir est la femme qui fait le ménage et
prépare la nourriture, et son apparence la différencie clairement des cinq
autres poupées (fig. 131). Toutes ces poupées portent une large ceinture,
sauf le bébé qui a les jambes lacées par un ruban.

130 131

137
Naïma joue avec beaucoup d'autres filles du groupe de jeu du borj sur
l'espace vide autour du borj à Ikenwèn. Quand il n’y a pas d’école, elles
commencent dans la matinée jusqu'au déjeuner d’environ 13 h. Puis elles
reviennent jouer vers 15h jusqu'à environ 20 h. Le jour que Naïma a fait les
poupées ci-dessus, les filles ont construit une grande maisonnette
comportant quatre pièces délimitées par des pierres qu'elles ont lavées avec
l'eau du puits. C'est la maison de la jeune mariée. Un groupe d'environ
quinze garçons entre cinq et onze ans a délimité la maison du jeune marié ou
isli, une maison bien plus grande que celle des filles. Quand les garçons se
vantent que leur maison du jeune marié est plus grande que celle de la jeune
mariée faite par les filles, les filles se défendent en disant que leur maison est
beaucoup plus propre et mieux arrangée.
Le moment venu, les autres filles avec leurs poupées se joignent à Naïma
avec ses poupées pour la préparation de la fête de mariage et à la fête elle-
même. Le soir les filles emportent leurs poupées et jouets dans des cartons
car les garçons risquent de faire des dégâts aux jouets des filles.
Ce jeu de la fête de mariage montre comment des garçons participent
parfois au jeu de faire semblant de leurs sœurs et voisines. Cette
participation des garçons au jeu de poupées des filles a été confirmée par
Mohamed Jariaa, un jeune homme de vingt-sept ans et le frère de Khalija
Jariaa, qui m’en a parlé en avril 2007. Mohamed raconte qu’à l’âge de neuf
ans, c'est-à-dire vers la fin des
années 1980, il créait une
poupée jeune marié et une
poupée jeune mariée qu’il
installait dans une amaria où
trônent temporairement les
jeunes mariés lors de la fête de
mariage (fig. 132). Cependant,
ces deux poupées ne
ressemblent nullement aux
poupées des filles car leur
armature est faite d’une
planche verticale avec des bras
en fil de fer plastifié. Le jeune
marié, assis à gauche du trône
132
porte un survêtement blanc, a

138
des cheveux de laine brune et des traits de visage dessinés au stylo bleu. Il
porte une cravate ainsi qu’une couronne faite avec un récipient en plastique
(H = 22 cm, largeur bras = 11 cm). La jeune mariée, assise à droite du trône
porte un survêtement multicolore, un foulard blanc et un baudrier de papier
d’emballage doré (H = 20 cm, largeur bras = 11 cm). Le trône des jeunes
mariés est fait avec une armature de fil de fer entourée de peau de mouton
avec de la fibre de palmier sur le sol (H = 27 cm, LA = 23 cm).
Vers la fin de 2002 Khalija Jariaa a commencé à s’occuper du ménage de
Jean-Pierre Rossie lorsqu’il habitait à Sidi Ifni et lentement elle s’est
intéressée à ses recherches sur les jeux et jouets. Il a débuté par questionner
Khalija sur les jeux et jouets de son enfance et en mai 2006 elle lui a refait
quelques poupées sur le modèle des poupées de son enfance. Ce sont un isli
et une tislit, représentant un couple de jeunes mariés (fig. 133). Il s’agit de
deux armatures de roseau en forme de croix vêtues d’un chiffon multicolore
pour le jeune marié et blanc pour la jeune mariée. La jeune mariée, à gauche
de la photo, est coiffé d’un grand foulard foncé et porte un collier
traditionnel et une ceinture. Le jeune marié, à droite de la photo, porte un
turban blanc et un foulard, le long fil noir, autour du cou.

133

139
Les filles d’Ikenwèn et d’ailleurs aiment décorer de bouquets de fleurs
artificielles leurs maisonnettes utilisées pour le jeu de la fête de mariage ou
pour la dînette. Le bouquet de fleurs, fait en 2005 par Halima de huit ans, en
offre un bel exemple (fig. 134). Les tiges sont des fils de fer entourés de
morceaux découpés dans un sac en plastique plus ou moins transparent. Vers
le bas les tiges sont entourées avec du plastique noir provenant d’un sac pour
faire les courses. Les pétales des fleurs sont découpés dans des couvertures
de cahiers d'écolier. La tige est introduite en bas des pétales puis entourée
avec le même plastique transparent.

134

Un aspect des rites de mariages que les filles d’Ikenwèn intègrent dans leur
jeu, est celui de l’application de dessins avec le henné sur les mains et les
pieds de la jeune mariée. Avant d’appliquer ces dessins sur leur poupée ou
leurs mains, les filles s’exercent à faire ces dessins sur des feuilles d’une

140
plante grasse en utilisant un stylo bleu ou noir et même avec des restes de
peinture. Khalija Jariaa a refait un exemple en 2007 (fig. 135).

135

Un second thème de jeu de poupées que les filles d’Ikenwèn aiment mettre
en scène est celui de la femme enceinte et du bébé ou bambin. De nouveau
en septembre 2005, Khalija Jariaa m’a apporté de ce village un premier
exemple de poupée enceinte avec un bébé dans ces bras (fig. 136, p. 142).
Ce bébé émerge à peine du vêtement de sa mère. Les deux poupées faites
avec une armature de deux morceaux de roseaux liés en forme de croix et
enveloppées du même sous-vêtement et survêtement. Fadma de neuf ans a
mis une large ceinture à la poupée-mère, faite avec l’étoffe qui a servi
comme sous-vêtement. Les deux poupées n’ont pas de traits de visage. La
poupée-bébé est portée par devant et fixée dans la ceinture de la poupée-
mère dont les cheveux ont été découpés de la barbe d’un bouc.

141
Cela se fait pendant la sieste de la mère et du père dans leur ferme. Il
s’agit d’une besogne risquée car si la fille est découverte, elle risque d’être
battu. Pour éviter que cela se remarque, les filles coupent seulement des
cheveux à l’arrière de la longue barbe du bouc.

136

Un second exemple de poupée-mère à bébé, créé à Ikenwèn en août 2007


par Zeïna, une fille de dix ans, montre une poupée-mère portant son bébé par
devant. L’armature de la mère est faite en roseau mais celle du bébé en tige
de maïs. La poupée-maman sans traits de visage est habillée en blouse bleue,
jupe jaune et foulard multicolore et un large voile noir transparent

142
l’enveloppe (fig. 137, H = 30 cm, largeur bras = 10 cm). Le bébé porte un
survêtement blanc et un foulard rouge. Contrairement à la maman ce bébé
porte des traits de visage cousus sur la tige de maïs (H = 21 cm, largeur bras
= 11 cm).

137

Deux types de berceau-jouet proviennent d’Ikenwèn. Un berceau à trépied a


été refait en juillet 2006 par une femme de trente ans selon le modèle de son
enfance (fig. 138, p. 144, H = 37 cm). A la structure de trois branchettes, qui
supporte un large voile pour protéger le bébé, pend un berceau de chiffon
(fig. 139, p. 144). Le bébé est modelé avec un autre chiffon (LO = 9 cm). Le
petit sac rouge qui est attaché au bébé contient une protection magique. Cet
ensemble est complété par un collier suspendu près du bébé pour qu’il
puisse s’amuser en le frappant (fig. 140, p. 144).

143
138 139

140

144
141

Halima, la fille de dix ans du village Ikenwèn, a créé un autre genre de


berceau avec bébé en août 2007 (fig. 141, LO = 37 cm). Ce berceau-jouet est
une copie du berceau suspendu traditionnel appelé azgougel. La structure
ovale est construite avec un morceau de rameau de dattes qui lorsqu’il est
encore vert se plie facilement. Des fils de laine créent le support pour le
bébé. Le bébé est formé avec une planche sur laquelle les traits de visage
sont dessinés avec du goudron naturel (H = 22 cm). Le foulard noir indique
qu’il s’agit d’une fille. Un ruban jaune, qu’on ne voit pas sur la photo,
enveloppe la tête pour garder le cerveau en bonne forme comme cela est
coutume. Halima a mis un capuchon blanc-rouge au bébé pour le protéger du
froid. Comme la coutume l’impose les bras et les jambes du bébé sont lacés,
ici avec un fil de laine brun. Sur la poitrine de ce soi-disant bébé se trouve
une copie du moyen de protection appelé takoummiz. Une cuillère et un
objet rouge en plastique complètent ce berceau-jouet.

145
Toujours en septembre 2005 à Ikenwèn, Fadma, qui a fait la poupée de la
figure 136 (p. 142), a créé une poupée enceinte et son bébé avec biberon
modelés en terre argileuse puis séchés hors du soleil et dans un endroit
venteux. Le bras de la femme enceinte et les jambes du bébé se sont brisés
lors du transport de ces jouets (fig. 142-143).
.
142

143

Pendant trois jours de congé fin février 2009, Khalija Jariaa a observé à
Ikenwèn le groupe de jeu du borj comprenant cette fois un groupe d’environ
quinze filles entre cinq et onze ans et un groupe de dix garçons entre quatre
et neuf ans. Ces garçons étant les frères, les cousins ou les voisins des filles.
Tous profitent du temps de pluie pour créer des jouets en terre argileuse.
Dans un terrain près du borj une flaque d’eau a lentement infiltré la terre
argileuse. Ainsi elle est devenue bonne pour être travaillée. Avec un bâton
les enfants enlèvent des morceaux d’argile et ensemble ils arrivent à faire
une butte d’argile. Au milieu et en haut de la butte ils fixent un bâton. Les
filles assises d’un côté de la butte d’argile et les garçons assis de l’autre côté
se préparent à modeler des jouets. Une discussion s’engage entre les garçons
et les filles sur le type de jouets que chaque groupe va fabriquer. Les garçons
veulent imposer aux filles qu’elles créent seulement des jouets liés au
ménage et réserver pour eux la création de jouets liés au monde animal.

146
D’abord les filles refusent cela et disent que chaque enfant peut créer les
jouets qu’il sait faire. Mais bien vite les grandes filles acceptent cette
division de travail pour faire la paix et aussi parce qu’elles trouvent bien que
les garçons viendront acheter les ustensiles-jouets des filles et que les filles
achèteront les animaux-jouets des garçons. Les petites filles et les petits
garçons doivent apporter de l’eau mais cela ne se fait pas sans quelques
larmes car eux aussi ils veulent modeler des jouets.
Avant de modeler un jouet il faut préparer l’argile. Il est nécessaire
d’enlever les petites pierres et de bien pétrir l’argile crue. Parfois une fille ou
un garçon plus jeune prépare de l’argile pour quelqu’un plus âgé. Le
modelage d’un jouet se fait à la main en aspergeant de temps en temps
l’argile avec de l’eau. Les filles et les garçons arrangent leurs jouets
séparément sur un grand morceau de plastique. Le soir même et la nuit
suivante les jouets en argile sont mis à sécher dans un endroit ou le vent
souffle. En tout cas il ne faut pas les sécher au soleil sinon ils se briseraient.
Les filles ont modelé le bébé, l’enfant, la femme, l’homme et les ustensiles
et les garçons les animaux domestiques et sauvages. Ces animaux-jouets et
ustensiles-jouets sont décrits dans les sections respectives de ce livre.
Le jeu s’organise autour de dix maisonnettes comportant plusieurs
chambres et une cuisine, délimitées par des pierres. Chaque grand garçon est
marié à une grande fille et ensemble ils habitent une maisonnette. Les petits
enfants deviennent l’enfant de l’un ou l’autre couple. Les grands enfants
distribuent les jouets entre les différentes maisonnettes. Les ustensiles sont
placés dans la cuisine et les animaux dans la basse-cour.
Les filles ont modelé entre autres un berceau à bébé à qui on a donné une
sucette d’imitation (fig. 144). Il y a aussi un bambin dans une voiture à
quatre roues, utilisée pour aider le petit à apprendre à marcher (fig. 145).

144 145

147
146

Quatre figurines représentant des femmes et des hommes font partie des
jouets en argile modelés par ces filles (fig. 146). Afin de créer des bras une
branchette est introduite à travers la partie en haut du tronc des poupées.
Normalement ces figurines sont vêtues de chiffons comme c’est le cas des
deux filles et d’un garçon, modelés en terre argileuse par trois filles
d’Ikenwèn en 2007. Selon la fille qui les a modelés, il s’agit de deux sœurs :
les poupées avec un sous-vêtement, un survêtement, un foulard et une
ceinture (fig. 147, à gauche : H = 10 cm, largeur bras = 6,5 cm, à droite : H =
9 cm, largeur bras = 5,5 cm). La poupée au milieu, habillée d’un seul
vêtement, représente leur frère (H = 5,5 cm, largeur bras = 5,5 cm). La
branchette courbée dans la poupée à gauche de la photo indique qu’elle a
une difformité des bras. Contrairement aux traits de visages des deux sœurs
qui sont bien dessinés leur frère manque des traits de visage.

147

148
En août 2006 à Ikenwèn, Khadija de neuf ans a réalisé une poupée-
maman et poupée-fille avec une armature de roseau liés en forme de croix et
sans traits de visage (fig. 148). La maman est vêtue d’un survêtement
multicolore, et d’un grand foulard noir (H = 30 cm, largeur bras = 9 cm). La
fille porte un survêtement rose cintré par une large ceinture jaune (H = 20
cm, largeur bras = 9 cm).

148

Une poupée-grand-mère et parfois


aussi une poupée grand-père sont 149
faites par des filles d’Ikenwèn. Le
couple de grands-parents qu’Aïcha,
une fille de dix ans, a fait en 2006,
possède une armature d'un morceau
de roseau auquel est ligaturé en
croix un petit morceau de bois pour
figurer les bras (fig. 149). La
grand-mère porte un survêtement
blanc, un foulard blanc et comme
baudrier un lacet rouge. Ses très

149
longs cheveux sont faits avec un morceau de la barbe d’un bouc (H = 10 cm,
largeur bras = 5 cm). Le grand père, construit avec la même armature, porte
aussi un survêtement blanc et un turban blanc. Le lacet rouge sert de
baudrier d’où pend une épée (H = 11 cm, largeur bras = 5,5 cm).
Parmi les poupées que Khalija Jariaa a recréées en 2007 se trouvent deux
poupées qui représentent sa jedda ou grand-mère paternelle, une grand-mère
dont elle se sentait très proche et qui portait encore les tatouages
traditionnels. Ces poupées avec armature de roseau sont une copie des
poupées que Khalija a faite vers l’âge de dix ans, c’est-à-dire vers 1985.
La poupée de la figure 150 (H = 34 cm) montre bien ces tatouages sur le
front et le menton. Elle porte aussi le collier et le bandeau au front typique
des femmes de cette période. Les très longs cheveux sont tressés avec des
fils de laine et le tout est coiffé avec un large foulard blanc. Le survêtement
blanc est ceinturé avec une large ceinture jaune.

150

150
151 152

L’autre poupée-grand-mère paternelle que Khalija Jariaa a fait en août 2007,


la montre en portant izri, un fagot de bois pour cuire le pain (fig. 151-152, H
= 37 cm, largeur bras = 19 cm). A hauteur de la tête, le roseau est entouré
d’étoffe blanche sur lequel les traits de visage sont dessinés. Sur le front elle
porte un bandeau. Comme la poupée précédente les cheveux sont de
nouveau très longs et tressés. Un bouquet de fleurs artificielles embellit cette
poupée.
Khalija Jariaa a refait en août 2006, lorsqu’elle avait trente et un ans, deux
poupées comme elle les faisait à l’âge d’environ 9 ans. Il s’agit de poupées-
femmes habillées pour la danse ahwash. Cette danse amazighe se pratique
surtout en été, aussi bien par les femmes que les hommes mais séparément.
La première poupée représente une vieille femme parée pour la danse.
C’est une spécialiste de cette danse qui dirige la performance. Cette poupée
est faite avec une armature de roseau en forme de croix. Un morceau de
mousse est attaché en dessous des ‘bras’ pour donner de l’ampleur au ventre.
Les traits de visage sont burinés au fer rouge. La poupée est habillée d’un
survêtement transparent à motifs floral et de deux foulards transparents de
couleur bleu et rouge. Pour faire les cheveux de cette poupée Khalija a
découpé un peu de ses cheveux, comme font les filles qui cependant,
essaient aussi de les récupérer après que leur mère les a coupés. Les bijoux

151
que portent ces deux poupées sont une copie des bijoux traditionnels (fig.
153 à gauche, H = 27 cm, largeur bras = 14 cm).

153

La seconde poupée de plus petite taille représente une adolescente, parée


pour la danse (fig. 153 à droite, H = 17 cm, largeur bras = 10 cm). Elle
consiste d’un morceau de roseau, avec des traits de visage burinés au fer
rouge, et d’un bâtonnet qui y est ligaturé en forme de croix. Cette poupée est
habillée de vêtements bleu et blanc et d’un grand foulard blanc. Elle porte
comme cheveux un peu des cheveux de Khalija. Autour du cou pend une
copie du tifilous traditionnel fait avec trois fruits servant à embellir et noircir
les cheveux. La bandoulière est faite avec un fil élastique noir.
Khalija raconte que le groupe de jeu comportait environ six copines de
plus ou moins neuf ans. Chaque fille créait quelques danseuses dont une qui
représentait la cheffe de l’ahwash et qu’elle mettait au milieu de cercle. A
tour de rôle les filles se mettaient à jouer avec leur poupée une performance
d’ahwash et chantaient des versets appropriés auquel les autres filles

152
répondaient en chœur. Quand toutes les filles avaient démontré leur savoir-
faire, elles choisissaient celle qui avait présenté la meilleure performance.
En 2006, trois filles d’Ikenwèn ont construit trois poupées-femmes de
ménage et une poupée-femme de maison, toutes d’allure simple. Khalij de
huit ans a fait la poupée-femme de maison en pendant sur les bras de
l’armature de roseau un morceau de vêtement de femme multicolore à motif
brillant (fig. 154, H = 17 cm, largeur bras = 8 cm). Rachida de sept ans a
utilisé une planchette comme corps et un morceau de roseau pour les bras,
ainsi qu’un chiffon blanc comme habit ceinturé par un fil blanc. Autour de la
tête elle a noué un grand chiffon rouge pour créer une poupée-femme de
ménage (fig. 155, H = 20 cm, largeur bras = 7,5 cm).

154 155

Les deux poupées de la figure 156 (p. 154) faites par Fatiha de neuf ans
représentent à droite une femme de ménage et sa fille à gauche. Leur
armature est un roseau vertical auquel un petit roseau est lié en forme de
croix. La femme de ménage et sa fille sont sommairement habillées de la
même manière, avec deux chiffons bleu servant de robe et de foulard. Des
poils de chèvre leur donnent quelques cheveux (fille : H = 13 cm, largeur
bras = 8 cm ; femme de ménage, H = 22 cm, largeur bras = 11 cm).
Seulement la poupée-fille porte des traits de visage en goudron naturel.

153
156

Trois années plus tard en


décembre 2009, quatre filles du 157
groupe de jeu du borj entre six et
neuf ans ont créé une autre série
de cinq poupées à armature de
roseau en forme de croix.
Comme il s’agit de poupées-
femmes elles portent toutes une
ceinture. Naïma, une fille de six
ans a donné à sa poupée des
traits de visage plutôt fantaisistes
(fig. 157, H = 10 cm, largeur bras
= 6 cm) mais les autres poupées
n’en ont pas.

154
158 159

Hafida de sept ans et Zeïna de neuf ans ont fait leur poupée de la même
manière mais l’ont coiffée d’un long foulard (fig. 158, H = 20 cm, largeur
bras = 13 cm ; fig. 159, H = 17 cm, largeur bras = 13 cm).
Rachida, une fille de huit ans, a aussi créé deux poupées-femmes. La
figure 160 montre ces deux poupées (côté gauche : H = 16 cm, largeur bras
= 10 cm ; côté droit : H = 11 cm, largeur bras = 7 cm). La petite poupée est
vêtue d’un morceau de sac en plastique noir.

160

155
Latifa de huit ans, faisant partie du 161
précédent groupe de jeu, a créé une poupée-
femme plus élaborée (fig. 161, H = 15 cm,
largeur bras = 5,5 cm). Les bras sont
enveloppés d’étoffe rouge, le sous-vêtement
vert se voit en dessous des bras et la jupe
blanc-mauve, tenu en place par un fil blanc
servant de ceinture, contourne le bas de la
poupée. Cette poupée est particulière à cause
du soin donné à la tête qui est enveloppé d’un
chiffon blanc sur lequel une bouche rouge est
fortement marquée. Deux points représentent
le nez et quatre traits marquent les yeux et les
sourcils. Un long foulard de la même étoffe
que le sous-vêtement coiffe la tête.
Un thème de jeu assez rare est celui de l’atelier de tissage mis en scène en
octobre 2007 par un groupe de jeu de cinq filles membres du groupe de jeu
du borj. Les photos du métier à tisser et des poupées ont été faites hors de
l’espace jeu.

162

156
Le métier à tisser vertical en miniature construit par des filles, est
composé de quatre branchettes liées avec du fil de fer en forme de carreau.
Des fils de laine rose sont attachés à des clous pour former les fils de chaine.
Ces fils contournent aussi les deux roseaux servant de baguette d’envergure
(fig. 162, p. 156, H = 29 cm, LO = 27 cm). Un petit pot en plastique rempli
de laine accompagne ce métier à tisser.
Cinq poupées dont quatre en armature de roseau et une poupée en
plastique, habitent l’atelier de tissage. La poupée en plastique avec une tête
provenant d’une autre poupée, représente la patronne. Elle est vêtue d’une
robe, d’une blouse et d’une veste en tissus gris faite par Fatima de dix ans
selon la mode moderne (fig. 163, H = 32 cm).

163

157
164

Deux poupées-tisserandes, faites par Fatima et d’autres filles du groupe de


jeu, travaillent au métier de tissage. Elles se trouvent à gauche et à droite de
la figure 164. Celle à gauche est vêtue d’une robe multicolore, une
bandoulière et ceinture bleu-brune et un foulard jaune (H = 20 cm, largeur
bras = 14 cm). La petite poupée à côté d’elle représente sa fillette. Elle est
habillée d’une robe multicolore, un foulard (qui manque dans la photo) et
une ceinture jaune (H = 10 cm, largeur bras = 8,5 cm). La deuxième poupée-
tisserande se trouvant à droite de la photo est vêtue d’une robe multicolore,
de deux sous-vêtements en morceau de sac en plastique, d’une bandoulière
et d’une ceinture bleu-brune. Son foulard jaune noué autour de la tête est
décoré d’une fleur sèche (H = 31 cm, largeur bras = 16 cm).
Ces quatre poupées sont faites de manière traditionnelle avec une
armature de roseau en forme de croix. Elles portent une large ceinture ce qui
les désigne comme des femmes et des filles. Cependant, une de ces poupées,
la troisième à droite, a été clairement indiquée comme représentant le fils de
la tisserande à l’extrême droite. Cette poupée porte une robe blanchâtre et
une ceinture jaune (H = 14 cm, largeur bras = 8 cm).
Un autre type de poupée traditionnelle avec armature de roseau en forme
de croix se particularise par une tête formée avec une petite orange et parfois
un petit citron, provenant d’arbres cultivés par un fermier d’Ikenwèn. Il
s’agit de petites oranges ou petits citrons qui sont tombés par terre. Cette
manière de donner une tête à une poupée se fait aussi à Douar Ouaraben (fig.
124, p. 132).

158
En décembre 2009 au village Ikenwèn, Malika, une fille d’environ dix
ans, a créé les armatures de quelques poupées à tête d’orange en mettant un
petit fruit en haut du roseau vertical. Tant que la petite orange reste fraiche
on peut y introduire des cheveux de chèvre ou provenant de poupées en
plastique usées, pour représenter soit la coiffure d’une jeune femme soit
celle d’une veille femme. Cependant, cela doit se faire avant que le petit fruit
soit devenu noir. Puis, Malika a donné ces armatures à d’autres filles du
groupe de jeu du borj pour qu’elles les habillent.

165

166 167

159
Ces poupées ne représentent pas des personnages imaginaires mais des
personnages réels vivant dans l’entourage des filles. La poupée à vêtements
de chiffons à gauche de la figure 165 est la jeune mariée (p. 159, H = 20 cm,
largeur bras = 12 cm) et la poupée-jeune marié avec habit en papier
aluminium se trouve à gauche de la figure 167 (p. 159, H = 21 cm, largeur
bras = 13 cm). Les filles spécifient que la jeune mariée a deux sœurs,
représentées par la poupée à droite de la figure 165 (p. 159, H = 19 cm,
largeur bras = 12,5) et celle de la figure 166 (p. 159, H = 21 cm, largeur bras
= 12,5 cm), ainsi qu’un frère habillé en papier aluminium, la poupée à droite
de la figure 167 (p. 159, H = 14 cm, largeur bras = 10 cm). Une petite
poupée au milieu de la figure 165 est indiquée comme étant un enfant (p.
159, H = 15 cm, largeur bras 12,5 cm).
Ces filles intègrent dans leurs jeux de poupées d’autres situations réelles
comme le fait que le père de la jeune mariée est décédé, que le mari d’une
des sœurs de la jeune mariée travaille à Casablanca, que celui d’une autre
sœur est un vendeur de légumes et que celui de la troisième sœur reste au
village pour surveiller la maison car il est boiteux. Leurs thèmes de jeux de
poupées font référence à la vie quotidienne, aux activités ménagères, parfois
aux échanges et disputes qui se passent entre des jeunes mariées et leurs
belles-mères, et bien d’autres aspects du monde des adultes.
Vers le même moment, Hafida de sept ans a créé une poupée avec une
tête d’une petite orange entourée d’un foulard orange et habillée en noir (fig.
168, H = 12 cm, largeur bras = 7,5 cm). Hafida est la fille qui a aussi fait la
poupée de la figure 158 (p. 155). Toutes ces poupées-filles et poupées-
femmes portent une ceinture comme aspect distinctif.

168

160
A Ikenwèn les filles ont joué avec un couple de poupées créées sur une
armature en os et auquel les filles ont donné les noms de Baba Achour et
Mama Achour. Il s’agit d’un jeu qui ressemble à un rituel ludique. Les
informations sur ce jeu particulier se trouvent aux pages 426-427 et 730-732.
Vers 2005 un changement dans l’habillement des poupées traditionnelles
en armature de roseau s’est produit à Ikenwèn. Les premiers exemples
montrés ici ont été créés en décembre 2006 par des filles de six à dix ans et
font partie d’une série de dix poupées similaires. Ces poupées sont des
élèves servant à mettre en scène une classe d’école primaire. Cette ‘école’
était délimitée par des pierres et la fille jouant la ‘maîtresse’ avait dix ans. Le
survêtement et le tablier sont fait avec du papier d'emballage brillan t (fig.
169, H = entre 11 cm et 16 cm, largeur bras = entre 5 cm et 12 cm).

169

En août 2007, Saïd, un garçon de huit ans et quelques copains ont eux aussi
utilisé du papier d’emballage brillant pour vêtir leurs poupées en costume de
fête (fig. 170, p. 162, mesures de la poupée au milieu : H = 32 cm, largeur
bras = 17 cm). Les petits paquets aux pieds des poupées sont les cadeaux à
amener à la fête. Ces poupées sont plutôt exceptionnelles car faites par des
garçons mais représentant trois femmes et une fille, ce qui est indiqué par
leur ceinture. La poupée à gauche de la photo est un garçon. Bien que des
filles d’Ikenwèn aient déjà fait pour leurs poupées des vêtements avec du
papier d’emballage brillant, ces filles se sont moquées de Saïd et ses copains
disant que les garçons utilisent du papier d’emballage parce qu’ils ne savent
pas faire des vrais habits de femme avec des morceaux de tissu.

161
170

En janvier 2007, des filles d’Ikenwèn on introduit une autre modernisation


dans la création de poupées : la poupée en armature de tube de pommade ou
en flacon de déodorant. Celle en armature de tube de pommade et une
branchette traversant le tube comme bras, porte un sac rempli de cadeaux sur
la tête et d’autres cadeaux, des pierres entourées de chiffons, se trouvent à
ses pieds (fig. 171, p. 163). Un tissu jaune à fleurs lui sert de survêtement et
de foulard, et une ceinture blanche sert la taille. Cette poupée représente la
tislit. Sur sa tête se trouve un foulard rouge rempli de henné et les deux tiges
vertes s’utilisent dans l’imitation des rites liés au mariage.
Nora, une fille de huit ans, a créé avec un flacon de déodorant une
poupée-servante. En haut du flacon elle a introduit deux morceaux de roseau
pour faire des bras sur lesquels pendent les vêtements de la poupée-servante
(fig. 172, p. 163, H = 15 cm, largeur bras = 9,5 cm). La servante est vêtue
d’un vieux chiffon comme survêtement, d’un foulard, et d’une large
ceinture. Les lignes rouges en haut du flacon créent des traits de visage.

162
171 172

Pendant les vacances d’août 2007, Khalij (8 ans) 173


a créé un policier du rond-point d’une manière
assez nouvelle. Elle a plié une armature avec du
fil électricité plastifié et cousue le survêtement et
l’épaulette jaune. Le képi du policier de la
circulation est une boîte de carton (fig. 173, H =
33 cm, largeur bras = 22 cm).
En 2006, le thème de femmes européennes
allant à la plage comme font les touristes, était
encore récent dans le jeu de faire semblant des
filles du village Ikenwèn. C’est alors qu’un
groupe de jeu composé de filles et de quelques
garçons s’est amusé à mettre en scène ce thème.
Les filles ont habillé une poupée en plastique
svelte et l’on mise sur une chaise longue de
plage. Cette poupée est habillée d’une minijupe et d’un grand collier (H = 26
cm). Les cheveux sont des fils de laine introduits dans la tête. La chaise
longue est construite avec du fil électrique plastifié et des fils de laine (LO =
24 cm, LA = 9 cm). Un parasol de plage (D = 19 cm) est fait avec le même
matériel que la chaise longue et complète la scène typique d’une touriste à la
plage (fig. 174, p. 164).

163
174

175 176

164
Les mêmes filles ont habillé une poupée en plastique du même genre,
avec une autre robe longue mais sans manches (fig. 175, p. 164, H = 31 cm).
Ses cheveux d’origine sont montés en chignon. Ces deux poupées-touristes
ne portent pas de foulard.
Un des garçons a fait le policier surveillant la plage pour lequel il utilise
une armature de roseau en forme de croix habillée de papier emballage et un
képi en carton. Pour que la poupée-policier puisse se tenir tout droit, le
garçon l’a fixée dans une boîte de carton (fig. 176, p. 164, H = 27 cm,
largeur bras = 15 cm). Ce garçon aidé par ses copains, a aussi fabriqué du
matériel de plage : une cabane roulante, deux tentes et un parasol. La
cabane-restaurant est une boite de carton percée par deux branchettes servant
d’essieux sur lesquels des tranches de pomme de terre forment les roues (fig.
177, H = 10 cm, LO = 16). Les deux tentes de plage en miniature, en forme
carré ou triangulaire, sont composées de cure-dents avec des joints de petites
tranches de pomme de terre ou de carotte (fig. 178, H = 7 cm). Le parasol de
plage n’est rien d’autre qu’une tranche de pomme de terre supportée par
deux cure-dents qui sont fixés dans deux ronds de carotte (fig. 179, H = 7
cm).

177

178

179

165
Pendant trois jours de congé scolaire en février 2007, Khalija Jariaa est
retournée à Ikenwèn accompagnée de Sâdiya, Latifa et Smaïl de Douar
Ouaraben. Le dimanche matin Aïcha, une fille d’Ikenwèn de neuf ans,
propose de jouer l’accident survenu quelques jours auparavant sur la route
de Tiznit à Tafraoute à l’endroit de la maison des parents de Khalija. Le
grand taxi transportait les membres d’une famille : trois femmes dont une
enceinte, un homme et un petit garçon. La poupée avec les cheveux tirés
vers l’arrière (à gauche de la photo) représente une femme de cette famille
vivant en Europe. Personne n’était blessé, seulement la femme enceinte, la
poupée au milieu, sent qu’elle doit enfanter (fig. 180).

180

Les filles jouent des scènes que les adultes se racontent et que les enfants ont
écoutées. La figure 181(p. 167) montre le bébé qui vient de sortir du ventre
de sa mère, mais selon les filles il reste bloqué. C’est alors que la femme
vivant en Europe prend son portable et téléphone à l’hôpital. Comme les
filles ont entendu dire les adultes, l’ambulance doit venir immédiatement car
s’il n’y de l’aide n’arrive pas vite, la mère et le bébé vont mourir.

166
181

Une fois arrivé à l’hôpital la docteure en chef, Sâdiya, décide qu’il faut faire
d’urgence el ftikh, c’est-à-dire une césarienne (fig. 182, 183, p. 168).

182

167
183

Puis le docteur Smaïl peut l’aider à ouvrir le ventre de la patiente (fig. 184).

184

168
Lorsque le bébé est sorti, le docteur Smaïl s’occupe à refermer l’endroit
de la césarienne, el place l ftikh, et la docteure en chef Sâdiya coupe le fil.
Finalement, tout le monde se félicite que l’opération c’est bien passée en
disant “grâce à Allah, personne n’est mort” (fig. 185).

185

186

169
Le même dimanche, dans l’après-midi après le thé et le casse-croûte,
Smaïl a proposé à ses sœurs et trois filles d’Ikenwèn, le jeu d’un magasin
Marjane spécialisé dans les poupées et autres jouets. Dans la maison des
parents de Khalija, le commerçant Smaïl arrange les poupées et les autres
jouets dans le magasin Marjane qu’il vient de créer à Agadir (fig. 186, p.
169).

187

La figure 187 montre Smaïl qui veut qu’une vendeuse de son magasin, la
poupée à l’extrême droite, l’aide à mettre de l’ordre dans les jouets car
bientôt le magasin va ouvrir (fig. 188, p. 171).
Les clientes arrivent déjà pour choisir, qui une poupée qui un autre jouet.
Une fois qu’elles se sont décidées, elles viennent payer le commerçant avec
de l’argent de fortune. Sâdiya veut acheter un morceau d’une poupée et
Halima tient en main une voiture (fig. 189, p. 171).

170
188

189

171
TIMGRAD

En août 2006, Khalija Jariaa visitait une amie au village amazigh Timgrad
qui se trouve non loin d’Ikenwèn et où on parle aussi le tachelhit. De là elle
a ramené six poupées bien élaborées. Les deux premières poupées, créées
par une fille de neuf ans, forment un couple dont la femme est enceinte (fig.
190). L’armature de la poupée-femme est faite d’une planche et d’un
morceau de roseau servant de bras. Les traits de visage sont dessinés avec du
goudron naturel. Sous le survêtement un petit coussin a été placé pour imiter
le ventre enceint et un grand foulard cousu au-dessus de la tête tombe autour
du corps (H = 28 cm, largeur bras = 13 cm). La poupée-homme représente le
mari. Elle est faite avec une armature de roseau en forme de croix. Les traits
de visage sont burinés et noircis avec du goudron naturel. Le survêtement
vert est cousu sur les côtés et la tête est coiffée d’un turban blanc (H = 34
cm, largeur bras = 19 cm). Ce couple est couché sur un matelas et leur tête
repose sur un rouleau cousu par la même fille.

190

172
Une autre fille de huit ans, jouant régulièrement avec sa nièce de neuf ans,
a construit deux poupées qui font de nouveau un ensemble : une poupée-
vieille femme spécialiste des herbes médicinales et une poupée-femme
stérile qui vient la consulter. La poupée représentant la vieille femme a une
armature de roseau, un survêtement multicolore et de longues tresses de
laine teintes au henné, mais les traits de visage manquent. Trois petits
foulards – un chiffon rouge, un chiffon bleu et une bandelette de sac en
plastique noir – sont noués autour de sa tête, et un grand foulard clair
enveloppe cette poupée de la tête aux genoux (fig. 191, H = 28 cm, largeur
bras = 16 cm). La poupée, qui met en scène une femme stérile, est faite avec
une armature de roseau en forme de croix. Ses traits de visage sont burinés et
noircis au fer rouge. Au-dessus du survêtement multicolore la fille a drapé
un grand foulard noir transparent qui enveloppe la tête et tout le corps. La
tête de cette poupée est entourée de trois petits foulards qui sont les mêmes
que les petits foulards de la poupée précédente (fig. 192, H = 31 cm, largeur
bras = 18 cm).

191 192

173
Deux autres poupées proviennent de la même famille mais elles ont été
réalisées par une femme de trente ans pour que sa nièce de quatre ans puisse
jouer avec la fille de neuf ans, celle qui a créé les poupées qui forment un
couple (fig. 190, p. 172). Cette femme a bien voulu refaire ces deux poupées
pour les offrir à Khalija Jariaa. Une poupée-femme de ménage avec une
armature de roseau en forme de croix est vêtue d’une blouse blanche à
manches jaunes, d’une jupe noire et d’un foulard rouge-jaune. Les traits de
visage sont burinés au fer rouge et noircis avec du goudron naturel (fig. 193,
H = 27 cm, largeur bras = 13 cm). La fille de quatre ans avait aussi demandé
à sa tante de de lui faire une poupée qui ressemble à sa grand-mère. Cette
poupée a été faite avec la même armature que la poupée-femme de ménage
et les traits de visage sont aussi burinés et noircis. Elle est vêtue d’une jupe
noire et d’un foulard noir transparent. Les longues tresses en fils de laine
sont teintes au henné. La copie d’une fibule amazighe est fixée sur le
survêtement et sur le front se trouve une copie du bijou tawenja (fig. 194, H
= 29 cm, largeur bras = 18 cm).

193 194

174
Dans la province de Sidi Ifni, des informations supplémentaires sur les
poupées et jeux de poupées ont été recueillies dans les villages amazighs
Lahfart et Idoubahman-Imjâd ainsi que dans la ville de Sidi Ifni.

LAHFART

Boubaker Daoumani, qui depuis 1998 enseigne aux premières années de


l’école primaire du village Lahfart, a collectionné à partir de l’année 2000
différents types de poupées créés par des filles mais parfois par des garçons,
surtout lorsqu’il s’agit de poupées en argile ou de noix d’argan. Dans ce petit
village amazigh le tachelhit est la langue quotidienne.
Comme à Ikenwèn (p. 146-148), les enfants de Lahfart aiment modeler
des jouets en argile, comme le démontrent les poupées en argile collectées
en 2001, 2002 et 2005. La plupart des données de base sur ces jouets
manquent mais ils ont été faits par des garçons et des filles entre six et neuf
ans qui étaient des élèves de Boubaker Daoumani de 2000 à 2002 et en
2005.
En 2001, cinq poupées ont été modelées en terre argileuse, dont les trois
premières sont rudimentaires et les deux suivantes plus élaborées. Il s’agit
d’un bébé mis dans un siège à bébé (fig. 195) et d’une figurine de sexe
indéfini (fig. 196), la troisième ayant pour bras et jambes des branchettes
poussée dans l’argile (fig. 197).

195 196 197

175
Les deux figurines plus élaborées aussi modelées en 2001 par des élèves
de Boubaker Daoumani, sont l’homme à casquette (fig. 198) et le vieillard
avec sa moustache et ses cheveux de laine cardée (fig. 199).

198 199

La même année, un autre élève de l’école primaire de Lahfart a créé l’unique


jouet en argile, dont je me rappelle, qui met en scène un jeu d’adresse : la
lutte amicale entre deux garçons (fig. 200).

200

176
En 2002, un autre enfant d’une classe de Boubaker, a fait deux poupées-
hommes en argile qui cette fois sont habillées de chiffons, ce qui se fait
normalement (fig. 201). Une poupée en argile modelée en 2005 et
partiellement habillée provient de Hafid, un élève de sept ans de la même
école. Il s’agit de la représentation d’un homme avec son âne (fig. 202).

201 202

En 2005, Ali, un élève de Boubaker âgé de neuf ans, a modelé une poupée
femme assise devant son moulin à bras (fig. 203). Il s’agit certainement d’un
jouet plutôt rare fait par un garçon.

203

177
En 2008, Mina, une ancienne élève de Boubaker Daoumani âgée de quinze
ans, a bien voulue refaire quelques
jouets en argile comme elle le 204
faisait dans son enfance. L’homme
en argile de la figure 204 a été cuit
dans un four à pain (H = 15 cm,
largeur bras = 6 cm). Le pantalon
et la veste de cet homme sont
suggérés par des lignes fines
tracées dans l’argile. Ces traits de
visage sont tracés de la même
manière. Mina a expliqué que ces
figurines en argile sont parfois
habillées avec des vêtements, mais
surtout quand elles représentent
des femmes. Les filles créent la
plupart des figurines-femmes pour
leurs jeux de fête de mariage ou
d’autres fêtes et pour jouer à la
dînette et à des occupations
ménagères. Les garçons font des
figurines-hommes pour les utiliser
dans des jeux en relation avec les
activités masculines. Ces figurines d'argile peuvent être séchées à l'ombre ou
cuit dans le four à pain d’une mère après la cuisson du pain.
Un genre de figurines très spécial utilise comme corps de la poupée ou de
l’animal une noix d’argan, le fruit ovale de 3 cm de long de l’arbre arganier
et similaire à l’olive. En mai 2005, Hafid, un garçon de sept ans du village
Lahfart, a fait de cette manière cinq figures humaines et deux chevaux. Il a
utilisé deux noix d’argan pour faire une figure humaine et une noix pour
faire un animal. Afin de donner des membres à ces figurines, il a introduit
sous la peau fraiche et verte de la noix d’argan des épines ou des branchettes
fines. Une fois que la peau sèche et se rétrécit, les épines ou branchettes
deviennent fixées (fig. 205-206, p. 179, figure humaine : H+ = 7 cm,
cheval : H+ = 4 cm).

178
205

206

179
Une armature faite avec deux branchettes nouées en forme de croix (fig.
207) et une poupée faite avec une seule branchette verticale (fig. 208) ont été
collectionnées en 2001 par Boubaker Daoumani auprès de ses élèves de
première et seconde année d’école primaire. La poupée de la figure 208 est
des plus élémentaires mais elle est néanmoins intéressante car son
habillement démontre que déjà en 2001 les filles de Lahfart utilisaient des
morceaux de sacs en plastique noir au lieu de chiffons pour vêtir leurs
poupées. A noter est aussi que l’unique vêtement de cette poupée est
maintenu par deux épines.

207 208

Ces filles d’environ six ans ont en 2001 aussi fait des poupées en armature
de roseau en forme de croix plus élaborées. L’élaboration du visage de ces
deux poupées présente deux manières de faire très différent. Les traits de
visage de la poupée de la figure 209 (p. 181) sont suivant une méthode
courante, incrustés dans le roseau. Les traits de visage de la poupée de la
figure 210 (p. 181) sont par contre dessinés sur le chiffon blanc qui est cousu
autour du roseau. Cette poupée est aussi remarquable par ses deux jambes
séparées, deux crayons que la fille a fixés dans l’ouverture en bas du roseau.

180
209 210

211

181
En 2002, une autre élève des premières années de l’école primaire de
Lahfart a créé trois poupées semblables (fig. 211, p. 181). L’armature de ces
poupées est composée d’un roseau vertical et d’un roseau latéral servant de
bras. Les traits des visages sont incrustés dans le roseau et noircis. Le
survêtement est un grand morceau d’étoffe à décor floral, qui couvre les
poupées de la tête aux pieds. Un fil serré en-dessous des bras sert de
ceinture.
En mai 2005, Boubaker Daoumani m’a invité dans sa classe où j’ai pu
photographier des jouets modelés en argile (p. 177). J’ai aussi photographié
un garçon et ses figures humaines et animales faites avec des noix d’argan
(p. 179), ainsi que trois fillettes tenant en main des poupées (fig. 212).

212

Une des poupées que nous montre la fille à droite est 213
semblable à celle de la figure 208 (p. 180). L’autre
poupée porte comme vêtement un morceau de sac en
plastique multicolore maintenu par un fil servant de
ceinture. La poupée de la fille au milieu de la photo, a
une armature de roseau avec des traits de visages taillés.
La fille à gauche tient une poupée en armature de
roseau mais les traits de visage sont dessinés en noir et
en rouge sur le roseau. Elle porte de longs cheveux de
la fille elle-même et un chapeau découpé dans un sac en
plastique (fig. 213). Lors du découpage, la fille a utilisé
le nom du supermarché comme décoration.

182
214

Pour faire plaisir à sa petite sœur,


une adolescente de dix-huit ans a fait
en 2006 une poupée-femme mariée.
Qu’il s’agisse d’une femme mariée se
voit au bijou traditionnel tawounja
ajusté sur un foulard noir, qui orne le
front de la poupée juste au-dessus des
traits de visage dessinés sur le roseau.
L’armature de roseau en forme de
croix est vers le bas découpé en deux
lamelles pour indiquer les jambes.
L’habillement est bien ajusté et une
large bande rose crée une belle
ceinture (fig. 214, H = 23 cm).
En février 2007, Boubaker Daoumani m’a amené plusieurs poupées faites
par des filles de Lahfart, des poupées de grandeur habituelle et des poupées
toutes petites. Il s’agit de mères portant un bébé sur le dos, de pères et
d’autres enfants du couple. Les deux poupées-mères avec leur bébé de taille
habituelle ont été faites par Hafida, une fille de sept ans.

215 216

183
Les armatures de roseau en forme de croix des mères et des bébés sont
vêtues de chiffons serrés par une ceinture. Les mères et les bébés portent
aussi un foulard sur la tête. Les traits de visage sont légèrement incisés et
noircis au stylo (fig. 215-216, p. 183, mères : H = 19/17 cm, bébés : H =
11/9 cm). Pour faire les cheveux de la poupée-mère de la figure 215 (p. 183)
Hafida a utilisé des laines noires.
Le même mois, Boubaker m’a montré pour la première fois des poupées
en armature de roseau de taille réduite créé par Fatima, une fille de sept ans.
Il s’agit d’un ensemble de quatre poupées : la mère à bébé, le père et au
milieu leur fils (fig. 217, H- = 4 cm, H+ = 11 cm). Les traits de visages sont
légèrement burinés et teints au stylo. Leurs vêtements sont faits avec des
morceaux de sac en plastique multicolore. Le père et le garçon portent un
baudrier fait de fils de laine noir et blanc. Des fils de laine noir sont utilisés
pour les cheveux fixés dans le roseau avec une petite pierre.
Deux mois plus tard en avril 2007, j’ai reçu une série de petites poupées à
armature de roseau mais avec les jambes découpées en forme de lamelles.
Les poupées de la figure 218 montrent une mère à bébé et sa fille. La mère
porte au-dessus d’un chiffon rouge un emballage de bonbons comme
survêtement, serré par une ceinture de fils de laine. Le survêtement de la fille
provient d’un sac en plastique multicolore et pour marquer qu’il s’agit d’une
fille, elle porte une ceinture sous les bras. Les traits de visage sont du même
genre que les poupées précédentes mais la mère a reçu des poils de chèvre
comme cheveux (mère : H = 11 cm, largeur bras = 3,5 cm ; bébé : H = 4 cm,
largeur bras = 3 cm ; fille : H = 5,5 cm, largeur bras = 3 cm).

217 218

184
Les deux dernières séries de ces poupées en miniature, faites par une fille
de six ans, représentent un couple dont la mère porte un bébé (fig. 219-220,
mères : H = 8 cm, largeur bras = 4 cm, bébés : H = 3,5 cm, largeur bras = 2
cm, pères : H = 9 cm, largeur bras = 4 cm). Ces poupées maintenant vêtues
de chiffons sont pour le reste semblable aux poupées montrées ci-dessus.

219 220

221

185
Deux poupées-femmes assez rares, collectionnées à Lahfart en novembre
2009, ont été créées par une fille de huit qui les a vêtues d’un survêtement de
fête (fig. 221, p. 185, poupée à droite : H = 23 cm, largeur bras = 6,5 cm ;
poupée à gauche : H = 22 cm, largeur bras = 6 cm). Ces poupées ont la
particularité d’avoir 3 lamelles découpées dans le bas du roseau, des
lamelles légèrement mises en position oblique pour que la poupée puisse
rester debout. C’était une manière de faire que je voyais pour la première
fois. Cependant, Khalija Jariaa a dit qu’elle a fait cela étant jeune fille dans
les années 1980 et qu’aujourd’hui cela se fait encore à Ikenwèn. Pour arriver
à cette position oblique des lamelles, les filles utilisent un roseau vert car le
bois est alors souple. Une fois que trois lamelles sont découpées, le bouchon
d’une bouteille est fixé entre elles pour qu’en séchant les lamelles gardent
une position oblique (fig. 222). Les traits de visage des deux poupées sont
dessinés au noir et au rouge et leur tête est couverte d’un foulard noir et
orange ou un foulard multicolore.

222 223

Une dernière poupée de roseau, provenant de Lahfart et faite elle aussi en


novembre 2009, a été réalisée par une fille de neuf ans. Cette poupée n’a pas
de jambes découpées mais des petites pierres sont utilisées pour former des
seins (fig. 223, H = 15 cm, largeur bras = 5,5 cm).

186
La poupée svelte importée, provenant de l’industrie du jouet et utilisée en
2001 par une fille de Lahfart, démontre que l’infiltration de pareilles
poupées dans des villages plus ou moins reculés se faisait déjà avant l’année
2000. Cependant, il ne fait pas de doute que cela était un évènement rare à
Lahfart. La robe de fête de cette poupée est créée avec du papier aluminium
(fig. 224).
Une poupée d’occasion en plastique d’un tout autre genre a été
sommairement habillée par une petite fille de Lahfart en 2006 (fig. 225, H =
17 cm).

224

225

187
IDOUBAHMAN-IMJÂD

Idoubahman-Imjâd est un village amazigh formé de deux parties : le village


Idoubahman et le quartier Imjâd. Ce grand village se trouve à 24 km d'Ifrane
dans l’Anti-Atlas en direction de Tafraoute. En 2006 il faisait partie de la
province de Tiznit mais lors de la création de la province de Sidi Ifni en
2009 il a été intégré dans cette province. C’est dans le quartier Imjâd que
Khalija Jariaa a fait en août 2006 des observations et collectionné quelques
poupées. Ces sept poupées ont été créées par deux filles, Fatima de dix ans
et Aïcha de onze ans et parlant le tachelhit. Elles ont utilisé pour toutes ces
poupées, sauf la poupée-fille, une armature faite d’une planche, une manière
de faire qui n’est pas courante dans l’Anti-Atlas. Les traits de visage sont
dessinés sur la planche avec du goudron naturel. La figure 226 montre à
droite une jeune mariée ou tislit (H = 28 cm) et à gauche un jeune marié ou
isli (H = 24 cm) lors de la cérémonie de mariage. Les deux poupées portent
des insignes traditionnels.

226

188
Le jeune marié porte un cimeterre de fer blanc et un grand turban couvre
sa tête. Le visage de la jeune mariée est caché suivant la tradition par un
morceau de tissu rouge et dans son foulard elle porte une touffe d’herbes
appelée lehbak, symbolisant la fidélité. Pour donner du ventre à cette
poupée, Fatima a mis sous les vêtements un morceau de mousse.
Fatima joue le rôle d’une mère assez riche qui sent qu’elle n’a plus
longtemps à vivre, qui a trouvé un mari pour sa fille et qui espère encore
assister à leur mariage. Puis, Fatima met en scène ce mariage avec les deux
poupées qu’elle a créées. Une fête de mariage auquel vient assister avec cinq
autres poupées sa voisine Aïcha.
Le premier couple de poupées fait par Aïcha, est une épouse et son mari.
L’armature de ces poupées est faite d’une planche et d’un morceau de roseau
lié en forme de croix, à la planche avec un ruban (fig. 227, épouse : H = 28
cm, largeur bras = 13 cm, mari : H = 29 cm, largeur bras = 11 cm).

227 228

Don torino

La poupée-épouse porte au-dessus d’un survêtement multicolore un grand


foulard blanc. Sous ce grand foulard blanc se trouvent en haut de la tête deux
petits foulards de couleur rouge et noir. La poupée-mari est vêtue d’un
survêtement blanc à décor rouge et jaune et d’un turban blanc. Les traits de
visage élaborés sont dessinés avec du goudron naturel. Pour le jeu de faire
semblant la fille à cousu un matelas et un rouleau sur lequel l’épouse et le
mari seront couchés (fig. 228).

189
Deux autres poupées créées par Aïcha sont une poupée-mère parée pour la
fête et sa fille. L’armature de la poupée-mère est de nouveau faite avec une
planche et un morceau de roseau, Le sous-vêtements est un tissu multicolore
et le survêtement un tissu noir. Cette poupée est enveloppée dans un grand
foulard blanc et ses traits de visage sont dessinés avec du goudron naturel.
Les cheveux sont faits avec quelques morceaux de sac en plastique noir. La
fille a très bien reproduit les bijoux traditionnels : trois grands colliers de
perles et un bijou frontal en petit disques ainsi que deux fibules amazighs
découpées dans du papier aluminium. La poupée-fille est l’unique poupée
des sept poupées provenant d’Imjâd, qui a une armature de roseau en forme
de croix. Le survêtement mis au-dessus des bras et le foulard sont faits avec
la même étoffe blanche. Les traits de visage sont légèrement burinés et
noircis (fig. 229, mère : H = 31 cm, largeur bras = 24 cm ; fille : H = 20 cm,
largeur bras = 14 cm).

229

190
230

La dernière poupée de cette série de


poupées provenant d’Imjâd représente la
jedda ou grand-mère paternelle. Elle a
été réalisée comme les autres poupées
représentant des adultes mais son
survêtement est un tissu noir transparent
à décor en blanc. Un foulard multicolore
couvre la tête. Les traits de visage ont été
dessinés au goudron naturel (fig. 230, H
= 23 cm).
Comme à Ikenwèn, les filles d’Imjâd ont joué avec un couple de poupées
créées sur une armature en os et auquel elles ont donné les noms de Baba
Achour et Mama Achour. Il s’agit d’un jeu qui ressemble à un rituel ludique.
Les informations sur ce jeu se trouvent aux pages 426-427 et 730-732.

SIDI IFNI

Sidi Ifni est une petite ville ou on parle souvent l’arabe marocain mais aussi
le tachelhit et parfois le français à cause du tourisme, mais les joueurs en
question parlent tous le tachelhit.
En mars 2009 en haut du quartier Boulalem de Sidi Ifni, Khalija Jariaa a
vu une fille de cinq ans jouant à la maman avec une poupée bébé en
plastique achetée lors de la fête annuelle de cette ville en début juillet (fig.
231). Entre autres, la fille lui change les couches sur un trottoir près de sa
maison (fig. 232, p. 192).

231

191
232

IFRANE DE L’ANTI-ATLAS

Ifrane de l’Anti-Atlas est un grand centre rural amazigh dans la province de


Guelmim, situé le long de la route de Tiznit à Guelmim et à environ 25 km
de Bouizakarne. Les habitants y parlent le tachelhit.
En octobre 2006, lors d’une de ses visites chez sa famille, Khalija Jariaa a
collectionné dans le vieux quartier Souk ou Fellah d’abord cinq poupées
faites par deux jeunes filles, puis deux poupées faites par une adolescente.
Deux sœurs ont réalisé une série de cinq poupées pour leur jeu de la fête
de mariage. La sœur de dix ans a créé une poupée représentant la tislit ou
jeune mariée. Cette poupée-jeune mariée est exceptionnelle car il s’agit de la
représentation d’une jeune mariée noire, une poupée que Khalija Jariaa a vue
très rarement à Ikenwèn ou à Souk ou Fellah.

192
La fille a noirci le haut du roseau avec le charbon de bois puis l’a vernissé
avec un produit naturel. Les traits de visage ont été dessinés avec du vernis
d’ongles. L’armature de roseau en forme de croix est habillée avec un
survêtement jaune clair, de petits foulards noir, jaune et rouge et d’un grand
foulard de la même étoffe que le survêtement. Les tresses sont des
bandelettes de plastique noir que la fille a décoré vers le bas avec deux
morceaux de tissu rouge. Un long collier pend au cou de la poupée (fig. 233,
H = 34 cm, largeur bras = 11 cm).
Le jeune marié ou isli, créé par la sœur de neuf ans, a été fait avec la
même armature que la poupée-jeune mariée. Il porte un survêtement blanc à
broderie et manches longues cousus par cette fille, ainsi qu’un grand turban
blanc. Les traits de visage sont burinés au fer rouge (fig. 233, H = 27 cm,
largeur bras = 22 cm).

233

193
La sœur de dix ans a réalisé une autre poupée qui dans ce jeu représente la
mère de la jeune mariée. L’armature en roseau est couverte d’un
survêtement jaune clair, d’un foulard noir et rouge. Les cheveux sont des
morceaux de sac de plastique noir et les traits de visage sont burinés au fer
rouge (fig. 234, H = 36 cm, largeur bras = 15 cm). Cette mère est
accompagnée de sa fille, une poupée plus petite faite par la fille de neuf ans
avec une armature de roseau. Elle a donné à sa poupée un survêtement
multicolore, un foulard noir et un foulard vert. Les traits de visage sont aussi
burinés au fer rouge et un collier pour enfant pend au cou (fig. 234, H = 23
cm, largeur bras = 9 cm).

234

194
La cinquième poupée de cette série de poupées pour jeu de fête de
mariage est la mère du jeune marié créée par la sœur de dix ans. L’armature
de cette poupée est la même que celle des quatre poupées précédentes. Cette
mère est habillée avec un survêtement brun et trois petits foulards en noir,
vert et rouge, le tout couvert par un large foulard blanc. Une fois de plus les
traits de visage ont été burinés au fer rouge et les tresses sont des bandelettes
de tissu noir (fig. 235, H = 31 cm, largeur bras = 17 cm).

235

Une adolescente de dix-huit ans habitant Souk ou Fellah a donné à Khalija


Jariaa deux poupées qu’elle a refaites selon la manière qu’elle créait des
poupées à l’âge d’environ cinq ans. L’armature de ces deux poupées consiste
d’une planche et d’un bâtonnet. La première poupée, une poupée-femme, est
vêtue d’un tissu blanc qui sert aussi à faire le grand foulard. Cette poupée

195
porte des tresses de chiffon noir mais n’a pas de traits de visage (fig. 236, H
= 24 cm, largeur bras = 16 cm). La deuxième poupée, représentant une
adolescente, est vêtue d’un pantalon, d’une veste et d’un chapeau en tissu
noir à décor floral. Cette poupée porte un long sac à l’épaule, un sac fait
avec le même tissu que les vêtements. Les traits de visage ont été dessinés
sur la planche avec un stylo bleu (fig. 237, H = 22 cm, largeur bras = 10
cm).

236 237

Deux mois plus tard en octobre 2006, Khalija a photographié dans le même
quartier Souk ou Fellah, Meryem, une fillette de deux ans et demi avec une
poupée de cactus entre ses mains. Il s’agit certainement d’une des poupées
les plus simples que nous ayons vus au Maroc. Un morceau de cactus percé
par une branchette en guise de bras et sans habillement ni décoration. Cette
poupée n’a pas été donnée à Meryem, c’est elle qui l’a créée (fig. 238, p.
197).

196
238

IGÎSEL

Le village amazigh Igîsel se trouve dans la province de Guelmim, à 20 km


de la ville du même nom et non loin de la route qui la relie à Sidi Ifni. Les
habitants y parlent le tachelhit. En septembre 2005, Boubaker Daoumani
m’a proposé d’y aller visiter une de ses tantes et ses enfants. C’est à cette
occasion que j’ai eu la possibilité de rencontrer les trois filles entre cinq et
neuf ans de la figure 239 (p. 198) et qui ont bien voulu me montrer les
poupées qu’elles avaient construites. Ces poupées à armature de roseau en
forme de croix ont des cheveux faits avec de la laine de mouton.

197
239

240

198
La fille à gauche de la figure 239 (p. 198) a amené huit poupées, les cinq
poupées de la figure 240 (p. 198) et les trois poupées de la figure 241. Ces
huit poupées ont les traits de visage dessinés sur le roseau. Les trois poupées
de grande taille de la figure 240 portent un survêtement coupé d’un même
morceau de tissu multicolore. La poupée à gauche et celle à droite de cette
photo mesurent 24 cm de haut, celle du milieu mesure 23 cm de haut. Les
deux poupées de petite taille mesurent 10 cm de haut.
Cette fille a habillé deux poupées de la figure 241avec un survêtement
noir. La plus grande poupée se trouvant à gauche mesure 33 cm de haut,
celle à droite mesure 30 cm de haut. La poupée portant un survêtement
rouge mesure 19 cm de haut. Bien que ces huit poupées créées par la même
fille se ressemblent, elles sont diverses par la taille, les traits de visage, les
cheveux, et l’habillement.

241

La fille de cinq ans au milieu de la figure 239 (p. 198), a fait trois poupées
qui, au vu de leurs habits, représentent des hommes (fig. 242, p. 200, H+ =
18 cm, H- = 16 cm). Deux poupées portent un semblant de turban. A
première vue les traits de visage manquent mais si on regarde de plus près,
des traits de visages très effacés se remarquent. Il est possible que ces
morceaux de roseaux proviennent de poupées faites par des filles plus âgées
et que cette petite fille a réutilisés.

199
242

La fille à droite de la figure 239 (p. 198) a créé deux poupées-femme et une
poupée-homme (fig. 243). Il s’agit d’une mère, la grande poupée (H = 30
cm), de sa fille, la petite poupée à gauche de la photo (H = 18 cm), et de son
fils, la poupée homme au survêtement rouge (H = 21 cm). Comme pour les
poupées de la figure 242, faite par la fille de cinq ans, on voit en haut du
roseau vertical de très vagues indices de traits de visage. Cependant, n’ayant
pas vérifié cela sur place, il n’est pas possible d’en être certain ni de savoir
quel était l’utilisation antérieure de ces morceaux de roseau.

243
243

200
Le même jour de septembre 2005, je me trouvais dans la maison de cette
famille à Igîsel en compagnie de Boubaker Daoumani assis à côté de la fille
(fig. 244). Il s’agit de Zohra, une fille de quatre ans qui s’exerce à habiller sa
poupée en plastique, une poupée du type très svelte (fig. 244). La dernière
photo concernant les poupées d’Igîsel montre comment cette fille présente
de manière bien amusée sa poupée totalement habillée (fig. 245, p. 202).

244

201
245

246

AIT SIMOUR

Aït Simour est un village qui se trouve sur la route de


Sidi Ifni à Guelmim, à environ 15 km avant Guelmim.
Khalija Jariaa a reçu lors d’une de ses visites en 2002
une poupée-femme à armature de roseau. Le
survêtement est un tissu bleu qui enveloppe entièrement
la poupée. Les traits de visage sont incrustés et coloriés
(fig. 246, H = 25 cm). Une jeune femme créait pareilles
poupées habillées comme les femmes Aït Baamrane et
les offrait aux filles des voisins.

202
AIT JERRAR

Lors d’une de ses visites au village Aït Jerrar, Khalija Jariaa a obtenu en
septembre 2005 une poupée-homme à armature de roseau ayant les traits de
visage incrustés et coloriés. Cette poupée, qui représente un participant à la
danse traditionnelle ahidous, est habillée avec un survêtement blanc cintré
par une large ceinture. Au-dessus se trouve un large manteau à capuchon fait
avec un morceau de sac en plastique noir. Un joli foulard multicolore mis
autour du turban blanc coiffe la tête et un petit sac noir pend au cou (fig.
247).

247

203
2 L’animal dans les jeux et jouets
Les animaux-jouets provenant de l’Anti-Atlas ont servi à des jeux de faire
semblant de garçons amazighs et parfois de filles amazighes. Ces garçons et
ces filles les utilisent pour des jeux qui mettent en scène des situations et
activités typiques des hommes ou des femmes suivant le sexe des joueurs.
Parfois ces jeux se réfèrent à la vie des animaux domestiques ou sauvages.
Les animaux-jouets créés entre 2001 et 2009 par des enfants de l’Anti-
Atlas représentent l’âne, le mulet, le cheval, le dromadaire, l’éléphant, le
rhinocéros, le sanglier, le chien, le chat, le lapin, le rat, la poule et le poisson.
La plupart des animaux en miniature ont été modelés en terre argileuse mais
parfois un enfant a utilisé la noix d’argan ou du matériel de récupération
pour faire son animal. Parfois il s’agit de jouer avec des animaux-jouets de
l’industrie du jouet mais aussi avec de vrais animaux comme le chien, le
chat, l’âne, le bousier, la tortue ou la cigogne.

2.1 Résumé des informations publiées en 2005

Les informations sur les jeux et jouets de l’Anti-Atlas dans le livre Cultures
Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. L’animal dans les jeux et jouets
(Rossie, 2005b) sont très limitées. Il s’agit d’animaux-jouets modelés en
argile des enfants du village Imou Argan (Imi ou Argan) et d’animaux-jouets
provenant de l’industrie du jouet utilisés dans la ville de Sidi Ifni.

IMOU ARGAN (IMI OU ARGAN)

En 1998 des élèves amazighs de l'école du village Imou Argan (Imi ou


Argan) près de Sidi Ifni ont déclaré qu’ils jouent avec l'argile quand il pleut
et alors un des jouets modelés est le chat (Rossie, 2005b, p. 119).

SIDI IFNI

Les animaux-jouets vus à Sidi Ifni proviennent de l’industrie du jouet. Il


s’agit d’une fille jouant avec un chien et une licorne en plastique en 1998,
d’une fillette tenant un Donald Duck en peluche et d’un garçonnet avec un
nounours en 2002 (Rossie, 2005b, p. 140, fig. 95 et p. 144).

204
2.2 Informations supplémentaires

Les informations sur le monde animal dans les jeux des enfants de l’Anti-
Atlas, en supplément à celles publiées en 2005, proviennent de garçons et de
filles amazighs et d’une adolescente et d’un adolescent amazigh qui tous
parlent le tachelhit. Ces constructeurs d’animaux-jouets vivent dans la
province de Tiznit : dans les villages Ikenwèn et Terloulou ; dans la province
de Sidi Ifni : dans les villages Lahfart et Idoubahman-Imjâd ainsi que la ville
d’Ifni ; dans la province de Guelmim : dans le village Ifrane de l’Anti-Atlas
et Igîsel. Toutes ces informations proviennent de Khalija Jariaa sauf celles
recueillies à Lahfart et à Igîsel.

IKENWEN

A Ikenwèn les enfants aiment jouer avec de la terre argileuse et à modeler


entre autres des animaux-jouets. En septembre 2005, Khalija Jariaa m’a
amené de son village d’origine cinq animaux modelés en terre argileuse par
Lahoucein1, un garçon de neuf ans (fig. 248, H+ = 8 cm, LO+ = 12 cm). Il
s’agit d’un éléphant (a), d’une sardine (b), d’un scorpion (c), d’un âne (d) et
d’un sanglier (e).

248
d
a

c
e

205
249
En 2007, Khalija Jariaa a amené un petit chat en argile
cuit fait par son frère Mohamed Jariaa quand il avait
environ dix ans (fig. 249, H = 7 cm, LO = 6,5 cm).
Fin février 2009 pendant trois jours de congé scolaire,
un groupe d’environ dix garçons, entre quatre et dix ans,
ont été observés à Ikenwèn par Khalija Jariaa. Il s’agit d’un groupe de jeu
avec qui Khalija a établi une excellente relation. Ce groupe de garçons a
reçu le nom ‘groupe de jeu du borj’ car deux de leurs terrains de jeu sont
situés autour de la maison fortifiée du village avec sa tour à plusieurs étages
appelée borj id Bella. Ce groupe de jeu du borj comporte : Saïd1de huit ans,
Saïd2 de sept ans, Saïd3 de sept ans, Saïd4 de cinq ans, Smaïl de six ans,
Larbi de huit ans, Lahoucein2 de neuf ans, Nejim de neuf ans, Lahcen de
neuf ans, Hassan de dix ans, Abdeslam de quatre ans – qui veut toujours
faire comme les grand garçons – et parfois quelques autres petits garçons.
Saïd1 (8 ans) est le leader de ce groupe de jeu et lorsque le groupe
commence un jeu ou va créer des jouets, il en informe Khalija lorsqu’elle
séjourne à Ikenwèn pendant les vacances scolaires.
En période de pluie et dans un petit terrain vague près de la mosquée, une
flaque d’eau a lentement infiltré la terre argileuse. Ainsi elle est devenue
bonne pour être travaillée. A côté
des figures humaines et des 250
ustensiles-jouets, des garçons ont
aussi modelé des animaux avec de
la terre argileuse. Il s’agit de deux
mulets, d’une vache avec son
veau et d’un éléphant. Tous ses
animaux, qui ont été séchés hors
du soleil, ont un aspect plutôt
massif.
Un mulet (fig. 250) modelé par
Smaïl (6 ans) porte un garçon qui
ressemble aux figures humaines
montrées à la figure 146 (p. 148).
La hauteur totale du mulet avec le
garçon est 10 cm et la longueur
du mulet 10,5 cm.

206
251

A droite de la figure 251 se voit un autre mulet et à gauche une vache


comme l’a indiqué Larbi, le garçon de huit ans qui les a faits. Pour son jeu
avec ces animaux il a également modelé un abreuvoir. La même vache dont
on peut apercevoir la grande mamelle entre ses pattes, est accompagnée par
son petit veau dans la figure 252.

252

Le dernier animal modelé à Ikenwèn


253
début février 2009 et présenté ici, est fait
par Saïd2, un garçon de sept ans. Il a dit
qu’il s’agit d’un éléphant (fig. 253, H = 4
cm, LO = 13 cm).

207
Une matière naturelle provenant du
254
monde végétal, la noix d’argan, est
utilisée pour faire des petits jouets. En
décembre 2005 à Ikenwèn, Saïd2 (4 ans)
a créé un cheval avec une noix d’argan
en introduisant sous la peau verte quatre
branchettes servant de pattes et une
branchette plus longue dont la partie
inclinée représente la tête du cheval (fig. 254, H = 2,5 cm, LO = 6 cm).
Combiner du matériel naturel et du matériel de récupération ne pose
aucun problème aux enfants de l’Anti-Atlas, comme dans ce cas de la poule
faite par Saïd1 de huit ans en février 2007 à Ikenwèn. C’est une poule dont
le corps est fait d’un sac en plastique partiellement remplie avec du papier
coloré récupéré des ordures. Pour former la tête il a aminci le ‘cou’ en
l’entourant avec un ruban blanc. Une fois le corps réalisé, le garçon y a
introduit quatre morceaux de roseau servant de pattes et quelques plumes de
poule pour faire la queue et les ailes (fig. 255, H = 24 cm, LO = 27 cm).

255

208
TERLOULOU

En mars 2006 au village Terloulou situé à 26 km de Tafraoute, Khalija


Jariaa a photographié trois autres animaux en miniature faits avec une noix
d’argan et des morceaux de roseau. Mohamed, un garçon d’environ huit ans
qui les a réalisés, disait qu’il s’agit d’un cheval ou d’un mulet. Sur la figure
256 on voit aussi deux noix d’argan fraichement cueillies.

256

En mai 2006, lors d’une autre visite à ce même village, Khalija Jariaa a
trouvé entre les mains de Nouheila, une petite fille de deux ans, un animal
fantastique provenant de l’industrie du jouet et apporté par son père qui
travaille en Espagne (fig. 257).

257

209
LAHFART

Le village de montagne Lahfart est l’endroit d’où proviennent la plupart des


jouets modelés en terre argileuse représentant des animaux. Ces jouets
représentent le dromadaire, le cheval, l’âne, la vache, le mouton, la chèvre,
le chien, le lapin, la poule, le sanglier, l’oiseau, la tortue, le poisson,
l’éléphant et le rhinocéros. Ces animaux domestiques ou sauvages ont été
modelés par des élèves de Boubaker Daoumani de la première et deuxième
année de l’école primaire entre 2001 et 2005 ainsi que par Mina, une
ancienne élève, en 2007 et 2008.
En 2001, Boubaker avait commencé à garder des jouets créés par ses
élèves dans une pièce de son école. De cette année proviennent les animaux
suivants en argile cuite, un cheval (fig. 258) et un dromadaire (fig. 259),
ainsi que d’autres animaux en argile crue, deux moutons (fig. 260-261), un
éléphant (fig. 262, p. 211), un rhinocéros (fig. 263, p. 211) et deux tortues
(fig. 264, p. 211).

258 259

260 261

210
262 263

264

Ces animaux de 2001, comme ceux de 2002 et 2005 décrits plus en détail
dans les pages suivantes, ont été faits par des garçons de Lahfart. Je n’ai pas
pris les mesures des animaux-jouets de 2001 mais elles sont semblables à
celles des autres animaux modelés par ces garçons en 2002 et 2005.
Lorsque Boubaker Daoumani m’a amené fin 2002 une deuxième série
d’animaux modelés au début de cette année par des garçons de l’école
primaire à Lahfart, il a été possible de noter l’âge des joueurs. Cependant,
des informations sur les jeux de faire semblant pendant lesquels ces animaux
en terre argileuse ont été utilisés, manquent parce que les garçons les ont
amenés en classe pour les offrir à leur instituteur qui voulait en garder trace.
Ces animaux-jouets, dont des photos se trouvent aux figures 265-272 (p.
212-213), représentent deux chevaux, deux dromadaires, une vache, deux
chèvres, une tortue, un oiseau et un poisson.
Un garçon de douze ans a finement modelé deux chevaux avec un corps
assez massif et une forte tête projetée en avant. Les oreilles pointues, la
bouche, la crinière et la queue sont bien indiquées (fig. 265, p. 212, cheval à
gauche : H = 5 cm, LO = 6 cm, LA = 2,5 cm ; cheval à droite : H = 2,5 cm,
LO = 3 cm, LA = 1,5 cm).

211
265

Un dromadaire, modelé par un garçon de treize ans, montre un profil élaboré


avec une tête aplatie de forme triangulaire, un fanon, un large cou, une bosse
prononcée et une longue queue se terminant en pointe, le tout supporté par
quatre jambes courtes et massives. La pointe de la queue s’est brisée lors des
déplacements de ce jouet (fig. 266, H = 9,5 cm, LO = 13 cm, LA = 6,5 cm).
Un autre garçon a modelé un dromadaire d’une allure divergente. La
différence se remarquant surtout dans le cou très long et la tête et les oreilles
arrondies. Les jambes, similaires à celles du dromadaire précédent, sont
légèrement inclinées vers l'avant (fig. 267).

266 267

268 269

Deux autres mammifères créés en terre argileuse par des garçons de l’école
primaire de Lahfart sont des chèvres. Tout comme les deux chevaux et les
deux dromadaires, ces chèvres offrent deux formes différentes, une modelée
en longueur (fig. 268, à gauche de la photo) et l’autre en hauteur (à droite de

212
la photo). Un autre élève a amené à l’école une petite vache (fig. 269, p.
212).
Cette série d’animaux-jouets en terre argileuse de 270
2002 est complétée par une tortue, un oiseau et un
poisson. Un garçon de onze ans a réalisé la tortue
(fig. 270, H = 2,5 cm, LO = 13 cm, LA = 8,5 cm).
Six boudins de terre argileuse ont été attachés au
corps ovale : un pour former la tête, un autre pour
faire la queue et quatre pour les pattes. Dans la petite
tête quatre trous représentent les yeux, la narine et la bouche. Des lignes
tirées sur le dos de la tortue imitent les motifs de l’écaille.
Le poisson et l’oiseau en terre argileuse ont été modelés par le même
élève de quinze ans. Le poisson à corps massif mais mince intègre la tête qui
est délimitée par des petits traits tracés des deux côtés et dont les yeux sont
indiqués par des trous. Une petite nageoire anale et une large nageoire
caudale complètent ce poisson-jouet (fig. 271, H = 5 cm, LO = 11 cm, LA+
= 2 cm).
L’oiseau assis est formé d’un long corps arrondi prolongé en avant par la
tête à bec pointu et à l’arrière par une grande queue triangulaire. Les yeux
sont indiqués par deux trous et la bouche par un trait (fig. 272, H = 5 cm, LO
= 9 cm, LA+ = 4 cm).

271 272

En mai 2005 j’ai accompagné Boubaker Daoumani au village Lahfart et à


cette occasion ses élèves de deux premières années de l’école primaire ont
amené leurs jouets à l’école, entre autres des animaux modelés avec de la
terre argileuse puis séchés hors du soleil.
Alors, Hafid de sept ans, qui a modelé un âne et l’homme qui
l’accompagne montrés à la figure 273 (p. 214), a aussi créé un dromadaire à
corps et jambes massifs surmontés d’une petite tête et qu’il a chargé de
branchettes (fig. 274, p. 214).

213
273

274

Un autre Hafid du même âge et de la


même école, a modelé un cheval en
miniature dont la crinière est faite en
introduisant des morceaux de paille
dans la nuque du cheval (fig. 275).
Ce Hafid est le garçon qui a aussi fait
avec des noix d’argan des figures
humaines et deux chevaux (fig. 205-
206, p. 179).

275

214
Saïd, un élève de sept ans, a apporté à ce moment trois chèvres en terre
argileuse montrant une forme différente surtout en ce qui concerne le
modelage de la tête, des cornes et de la queue (fig. 276-277, LO- = 6,5 cm,
LO+ = 10,5 cm).

276

277

215
Un autre garçon de sept ans, qui s’appelle aussi Saïd, a amené des
animaux en terre argileuse faits d’une manière différente. Contrairement, à
tous les autres animaux-jouets en terre argileuse provenant du village
Lahfart qui sont tridimensionnels, la poule et le poisson de la figure 278 sont
bidimensionnels avec leur corps aplati. La chèvre, en haut et à droite de la
photo, présente un aspect tridimensionnel pas trop développé.

278

En 2006, une fille de Lahfart d’environ douze ans


a modelé en terre argileuse le mouton dont le
corps massif est supporté par quatre pattes courtes
(figure 279, H = 10 cm, LO = 10 cm).
Cet exemple d’un mouton modelé par une
grande fille de Lahfart, mais plus encore la série
d’animaux en argile que Mina, une ancienne élève
de Boubaker Daoumani, a recréée en 2007-2008 et
qui sont décrits dans les pages suivantes,
démontrent que les filles de Lahfart ne modèlent
pas seulement des figures humaines et des 279
ustensiles mais aussi des animaux.

216
Mina, une adolescente de dix-sept ans en 2007 habitant le village Lahfart,
a recrée en 2007 et 2008 des animaux en terre argileuse de bonne qualité
comme elle les faisait vers l’âge de douze ans. Tous ces animaux ont été
cuits dans un four à pain. Sauf les quatre premiers animaux, les autres
animaux ont été vernissés au lait de cactus, une pratique plutôt rare vu le peu
de figures humaines, d’animaux et d’ustensiles qui présentent cette
particularité. Ces jouets représentent le cheval, le dromadaire, le chien, le
lapin, la poule, le sanglier, la tortue et l’escargot. Tous ces animaux sont
bien réussis et quelques-uns ont été coloriés, comme c’est le cas du cheval
(fig. 280 côté gauche, H = 8,5 cm, LO = 11 cm) et de la vache (fig. 280 côté
droit, H = 9 cm, LO = 9 cm). Ces deux animaux-jouets ont certaines parties
du corps rehaussées par l’application d’une couleur blanche. Même si Mina
avait cinq années de plus lorsqu’elle a refait ces animaux-jouets, il est
probable qu’elle possédait déjà cette habilité de modelage en argile
lorsqu’elle avait l’âge d’environ douze ans.

280

Le chien de la figure 281 (H = 5 cm, LO = 10,5 cm) ainsi que la poule de la


figure 282 (H = 8 cm, LO = 9,5 cm) ont, après le modelage été cuit dans un
four mais sans être vernissés, ce qui est aussi le cas pour le cheval et la
vache précédentes.
282
281

217
Les animaux suivants modelés par Mina ont été enduits avec ce que les
filles appellent l’hlib n tikiwt, c’est-à-dire le lait de cactus, le jus d’une plante
du nom scientifique d’Euphorbia virosa. Puis elle les a cuit dans un four à
pain.
Selon Khalija Jariaa, il arrive que des filles assez grandes enduisent des
jouets modelés en terre argileuse avec le jus de cette plante pour leur donner
un aspect brillant. Pour appliquer ce jus, elles utilisent un pinceau fabriqué
avec une mèche de chèvre qui est attachée à un morceau de roseau avec un
fil. S’il n’y a pas ou peu de vent, l’application du jus peut se faire avant la
cuisson. Puis, une fois que cette couche de jus a eu le temps de sécher, les
objets sont mis dans le four. Mais quand il y a du vent, le jouet modelé est
d’abord cuit et ce n’est que lorsqu’il sort du four et est encore chaud que le
jus est appliqué. La raison pour procéder ainsi est que lorsque le vent
souffle, de la poussière et d’autres détritus peuvent se coller sur les objets
qui sont enduits avec ce jus avant la cuisson. Si cela est le cas, la brillance
des jouets sera altérée.
Mina a donné un aspect brillant aux dix animaux-jouets (fig. 283-292, p.
218-220) qu’elle a modelée, en appliquant le lait de cactus avant la cuisson.
Un bel exemple de cette brillance et de ce que j’aimerais appeler le sens
esthétique de Mina, se voit dans un dromadaire (fig. 283, H = 8,5 cm, LO =
7 cm) et un cheval à selle (fig. 284, H = 7 cm, LO = 9 cm).

283 284

Les deux animaux en miniature suivants, portent en plus de leur vernissage


des traces de l’application d’une couleur, une pratique aussi rare que
l’application du lait de cactus. Il s’agit d’un cheval à cavalier (fig. 285, p.
219, H = 11 cm, LO = 10 cm) et d’un petit chien (fig. 286, p. 219, H = 6,5
cm, LO = 7 cm). Un deuxième petit chien ne porte pas de traces de couleur

218
(fig. 287, H = 5,5 cm, LO = 7 cm). Comment des filles et des garçons
mettent des couleurs sur leurs jouets en terre argileuse ainsi que la manière
de créer ces couleurs, est expliqué par Argyris Fassoulas dans le volume 2,
Annexe 1 (p. 581-596).

285

286 287

Un animal très rarement vue comme jouet est le


sanglier dont Mina à modelée une copie
miniaturisée (fig. 288, H = 3 cm, LO = 7 cm).
Elle a aussi créé deux lapins (fig. 289) : un
grand lapin (H = 10,5 cm, LO = 13 cm) et un
288
petit lapin dont une oreille est cassée (H = 6,5
cm, LO = 7,5 cm).

289

219
Les trois derniers animaux-jouets, cuits au four et vernissé avec le lait de
cactus, que Mina a réalisé à Lahfart sont une poule (fig. 290, H = 5,5 cm, LO
= 7,5 cm), une tortue (fig. 291, H = 4 cm, LO = 8,5 cm) et un escargot (fig.
292, H = 3 cm, LO = 7,5 cm).

290 291 292

Hafid, le garçon de sept ans qui a fait des figures humaines avec des noix
d’argan et les a amenés à sa classe dans l’école primaire de Lahfart en mai
2005 (fig. 205, p. 179), a aussi créé deux chevaux en utilisant une noix
d’argan et des branchettes (fig. 293, H+ = 4 cm). La manière dont sont faits
ces jouets est décrite à la page 178. Pareils chevaux ou mulets construits
avec une noix d’argan ont aussi été faits par un garçon d’Ikenwèn en
décembre 2005 (fig. 254, p. 2008) et un garçon de Terloulou en mars 2006
(fig. 256, p. 209).

293

220
SIDI IFNI

En décembre 2007 dans la ville


de Sidi Ifni, Mohamed, un
garçon amazigh de onze ans, a
construit avec du matériel de
récupération un animal-jouet
qu’il nomme t’obba, c’est-à-dire
le rat. L’armature de ce rat est
faite avec un morceau de bois
entouré de chiffons pour le corps
ainsi que pour les quatre pattes.
Pour faire la tête il a réutilisé la
tête d’un animal en peluche (fig.
294
294, H = 12 cm, LO = 21 cm).

IFRANE DE L’ANTI-ATLAS

En novembre 2006 à Ifrane de l’Anti-Atlas dans la province de Guelmim,


une fille de six ans a réalisé un mulet à charrette. Le mulet est construit avec
un morceau d’une planche de bois de menuisier et quatre longs clous
introduits dans la planche servent de pattes. Ce mulet porte le sac double
traditionnel fait d’un chiffon. La charrette est une boîte de sardines avec
quatre bouchons en plastique fixés sur deux essieux de fortune formant les
roues. La charrette est attachée au mulet avec un fil de fer (fig. 295, mulet :
H = 7 cm, LO = 18 cm, LO totale = 45 cm).

295

221
IGÎSEL

Lorsqu’en septembre 2005, j’ai accompagné Boubaker Daoumani à Igîsel,


un village non loin de Guelmim, Sarah, une fille de neuf ans, avait modelé
quelques animaux en terre argileuse. Comme l’a fait un garçon de Lahfart
(fig. 278, p. 207), Sarah a créé des animaux plutôt bidimensionnels : un
dromadaire, deux bêtes de somme et une poule (fig. 296). Cette Sarah est
aussi la fille qui a modelé plusieurs ustensiles-jouets (Rossie, 2008a, p. 216,
fig. 251).

296

Toujours en septembre 2005,


Moustapha Daoumani, un
garçon de quatorze ans du
village Igîsel, m’a montré
comment il fabriquait des jouets
quelques années plus tôt
(Rossie, 2013a, p. 107, 113, 216
et 256). Un de ces jouets était un
cheval hybride composé d’un
297
limon vert comme corps et de
cinq morceaux de roseau pour les pattes et le cou (fig. 297). Ce cou porte
une tête fait avec un bouchon en plastique. La queue est un morceau de
plastique rectangulaire et sur le dos du cheval se trouve un bouchon en
plastique provenant d’une boîte de jus et fixé avec un clou.

222
Les enfants de l’Anti-Atlas ne jouent pas seulement avec des animaux-
jouets créés par eux-mêmes ou provenant de l’industrie du jouet mais ils font
dès leur plus jeune âge l’expérience d’animaux vivants comme le montre la
photo suivante prise à Ifrane de l’Anti-Atlas en décembre 2008 (fig. 298).

298

En août 2006 dans le village Idoubahman-Imjâd trois petits enfants


s’amusent avec un chat pendant qu’ils jouent par terre (fig. 299).

299

223
En mars 2007 dans le cadre d’un jeu de poupées, Sâdiya (8 ans) et Smaïl
(6 ans), deux enfants habitant la maison en face de celle où habite Khalija
Jariaa à Douar Ouaraben, utilisent un chat comme cheval et un nounours
comme cavalier (fig. 300).

300

Deux autres exemples de


l’utilisation d’animaux
pour des jeux ont été
photographiés par Khalija
Jariaa dans son village
natal Ikenwèn. En janvier
2007, il s’agissait d’une
cigogne que des garçons 301
essaient de soigner et à
laquelle, en même temps, ils donnent le rôle de vache dans leur jeu de la
ferme (fig. 301). En février 2015, ce sont par contre quelques tortues qui
servent une fois de plus comme vaches dans le jeu de cinq filles d’environ
six à neuf ans et qu’elles sont en train de nourrir (fig. 302, p. 225).

224
302

Voir des enfants jouer avec un chien est assez courant comme dans le cas de
ces trois garçons du quartier Boulalem de Sidi Ifni en février 2007 (fig. 303).

303

225
En janvier 2012, au village Sidi Abou situé à une trentaine de kilomètres
de Tiznit, Khalija Jariaa a filmé deux courtes vidéos avec des enfants qui
s’amusent avec des animaux. Pour visionner ces vidéos voir YouTube:
channel “Sanatoyplay Rossie JP”.
La première vidéo montre une fille de six ans et un garçon de trois ans en
train de jouer avec un âne. Sur la deuxième vidéo on voit une fille de cinq
ans jouant avec un bousier mis dans un petit bac en plastique et qui
représente une vache dans une voiture pickup. Cette fille a expliqué qu’elle
va chercher d’autres bousiers car il est mieux d’avoir plusieurs vaches afin
d’avoir beaucoup de lait pour faire du beurre car ainsi on en a suffisamment
à la maison et il ne faut pas aller l’acheter. Sa sœur de deux ans et demi avec
le pull rouge dit qu’elle veut aussi chercher une ‘vache’.

226
3 La vie domestique dans les jeux et jouets
Les jeux et les jouets des filles et des garçons de l’Anti-Atlas liés à la vie
domestique se réfèrent à de nombreux thèmes. Ces thèmes sont l'habitation
(le campement, les maisonnettes et les autres constructions), le jeu de dînette
et les ustensiles-jouets, les occupations ménagères (chercher du bois,
chercher de l'eau, moudre le blé, faire le pain, fabriquer de l’huile, laver le
linge, le filage, le tissage et se faire belle), les activités de subsistance (la
chasse et la pêche, l'élevage, le jardinage, le travail des champs et le
commerce), la musique et la danse ainsi que les rituels et les fêtes.
Pour ces jeux de faire semblant les enfants de ces régions créent un grand
nombre de jouets avec du matériel naturel ou de récupération. Jusqu’à
récemment les garçons et les filles de l’Anti-Atlas jouaient rarement avec
des jouets faits par des adultes, des artisans ou l’industrie du jouet.
De nouveau le sexe de l’enfant joue un grand rôle dans le choix des
aspects de la vie domestique qui sont mise en scène, imitant de cette manière
la division du monde domestique en sphère féminine et sphère masculine.
Les informations sur les jeux et jouets liés à la vie domestique dans
l’Anti-Atlas s’étendent sur une période qui va de 1998 à 2017.

3.1 Résumé des informations publiées en 2008

Le livre Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. La vie


domestique dans les jeux et jouets (Rossie, 2008a) contient des informations
recueillies dans l’Anti-Atlas marocain auprès d’enfants et de familles
habitant à Douar Ouaraben, Idoubahman-Imjâd, Ifrane de l’Anti-Atlas,
Igîsel, Ikenwèn, Lagzira, Lahfart, Sidi Ifni, Terloulou et Tiznit. Quelques
aspects de ces jeux et jouets liés à la vie domestique sont mentionnés ci-
dessous mais une description plus détaillée et des photos se trouvent dans les
pages du livre mentionnés ci-dessus.

227
DOUAR OUARABEN

Beaucoup d’informations et de jouets ont été collectionnés à Douar


Ouaraben, un village dans la périphérie de Tiznit, qui en 2010 a été intégré à
la ville de Tiznit sous le nom de quartier ‘Hay Idreq’. Il s’agit de jeux avec
tente en miniature (Rossie, 2008a, p. 70-75, fig. 25-31) ou avec des
maisonnettes (Rossie, 2008a, p. 93-99, 124, fig. 55-65, 103) servant pour des
jeux de mariage, de ménage et de dînette. Pour ces jeux une grande variété
d’ustensiles sont modelés en terre argileuse (Rossie, 2008a, p. 184-185, fig.
199-200). D’autres jeux et jouets s’inspirent des occupations féminines et
masculines (Rossie, 2008a, p. 226, 256-257, fig. 266, 304-306). Bon nombre
de jeux et de jouets réfèrent à des fêtes, coutumes ou rituels (Rossie, 2008a,
p. 313-316, 330-333, fig. 381-382, 394-397).

IKENWEN

Un autre endroit dans la province de Tiznit d’où proviennent beaucoup


d’informations et de jouets est Ikenwèn, le village natal de Khalija Jariaa. Il
s’agit de jeux avec tente en miniature (Rossie, 2008a, p. 74-75, fig. 32) ou
avec des maisonnettes (Rossie, 2008a, p. 138-142, fig. 129-135) servant
pour des jeux de garçons et de filles. Pour des jeux de faire semblant une
grande variété d’ustensiles est modelée en terre argileuse ou en pâte d’argan
surtout par les filles (Rossie, 2008a, p. 186-188, fig. 202-204). D’autres jeux
et jouets s’inspirent des occupations féminines (Rossie, 2008a, p. 218, 223-
225, 231, 235-236, fig. 252-253, 262-265, 274, 279) et masculines (Rossie,
2008a, p. 258-262, fig. 307-312). Pour des jeux en relation avec la musique
les garçons créent des tambours et des sifflets (Rossie, 2008a, p. 292, 298,
fig. 351, 360-361). L’utilisation de hochets est aussi mentionnée (Rossie,
2008a, p. 359-360, fig. 406). Pour la fête de l’Achoura un lance-eau était
traditionnellement faite avec un morceau de roseau (Rossie, 2008a, p. 321,
fig. 386).

TERLOULOU

Des filles de Terloulou, un grand village près de Tafraoute, utilisent un


métier à tisser en miniature ainsi qu’une copie miniaturisée de l’ustensile
pour faire du petit lait (Rossie, 2008a, p. 185, fig. 201).

228
TIZNIT

Un garçon de cette ville a trouvé un moyen d'obtenir un peu d'argent en


fabriquant une tente-jouet que les filles achetaient pour quelques dirhams
(Rossie, 2008a, p. 76, fig. 33). A Tiznit des adolescents organisent chaque
année la grande parade nocturne qui se déroule pendant la semaine suivant la
fête de l’Achoura (Rossie, 2008a, p. 325-330, fig. 388-393).

LAHFART

En 2001, Boubaker Daoumani a reçu cinq fours à pain, trois moulins pour
fabriquer l’huile d’argan, une petite paire de sandales et quatre araires créés
par des élèves de la petite école primaire du village de montagne Lahfart,
caché dans les pentes côtières de l’Anti-Atlas (Rossie, 2008a, p. 219, 236 et
249, fig. 255, 280 et 296). Quelques années plus tard, un garçon y a fait un
violon avec du matériel de récupération (Rossie, 2008a, p. 304, fig. 370).

LAGZIRA

Une vidéo réalisée en 2002 devant une ferme à Lagzira, un lieu au km 9


avant Sidi Ifni à côté de la route vers Tiznit, montre une fille jouant avec un
four à pain à côté d’une maisonnette (Rossie, 2008a, p. 219, fig. 254).

IDOUBAHMAN-IMJAD

Un garçon de cinq ans vivant au village Idoubahman-Imjâd a réalisé une


paire de lunettes avec du fil de fer blanc et un grand frère y a construit une
balance-jouet pour son frère de cinq ans (Rossie, 2008a, p. 239 et 263, fig.
284-285 et 313). Dans ce village des enfants jouaient à la dînette, frappaient
le tambourin et imitent le rituel pour obtenir de la pluie (Rossie, 2008a, p.
189, 288 et 317, fig. 205, 346 et 383).

SIDI IFNI

Trois frères de la petite ville côtière Sidi Ifni, construisaient une copie du
grand four à pain dans le jardin de leur maison et deux garçons y jouaient
avec une charrue-jouet (Rossie, 2008a, p. 221-222 et 250, fig. 258-261 et

229
297-298). Quelques garçons du quartier Boulalem jouent au commerçant,
tailleur, pâtissier, patron de restaurant, constructeur de maison et musicien
(Rossie, 2008a, p. 264-273, 293-294 et 305, fig. 314-328, 352-354 et 371).
Filles et garçons s’amusent pleinement pendant la fête de l’Achoura
(Rossie, 2008a, p. 319, 322-325).

IFRANE DE L’ANTI-ATLAS

Dans le quartier Souk ou Fella de ce centre urbain des enfants construisent


des maisonnettes et y font la dînette (Rossie, 2008a, p. 99-104, fig. 66-74).
On y joue des jeux de faire semblant en relation avec la ferme et le rituel
pour obtenir de la pluie (Rossie, 2008a, p. 211et 316-318, fig. 243 et 383).

IGISEL

Parmi les jouets faits par une fille du village Igîsel près de Guelmim dans le
Pré-Sahara, on trouve des ustensiles, un réchaud, deux fours à pain et un
four pour faire de l’huile argan (Rossie, 2008a, p. 227, fig. 268). Deux
garçons y ont construit une guitare et deux adolescents d’environ seize ans
ont créé un tambour et un tambour double (Rossie, 2008a, p. 295 et 305, fig.
355 et 372).

3.2 Informations supplémentaires

Cette partie du livre contient les informations supplémentaires sur les jeux et
jouets liés à la vie domestique des enfants de l’Anti-Atlas recueillies depuis
2007. Ces informations ont été recueillies auprès de familles amazighes de
la province de Tiznit vivant dans les villages Amasin, Douar Ouaraben,
Ikenwèn, Terloulou et la ville de Tiznit ; dans la province de Sidi Ifni chez
des familles amazighes vivant dans le village Lahfart ainsi que dans la ville
de Sidi Ifni ; dans la province d’Inezgane-Aït Melloul chez une famille
amazighe du village Loqlia ; dans la province d’Agadir dans une famille
amazighe du village Sidi Abou. Toutes ces informations proviennent de
Khalija Jariaa sauf celles recueillies à Lahfart. Dans le texte ci-dessous elles
sont organisées suivant le thème de jeu puis suivant l’ordre chronologique.

230
DOUAR OUARABEN

Toutes les observations et photos sont en relation avec le groupe de jeu de la


piste d’Igrer composé d’une vingtaine de filles et le groupe de jeu de la piste
d’Igrer composé d’une vingtaine de garçons.
Le terrain à construire dans la ruelle où habitent plusieurs joueurs de ces
deux groupes de jeu de la piste d’Igrer est un de leurs endroits de jeu préféré
car il y a souvent de l’ombre et pas de trafic, et les grands enfants n’y
viennent pas les déranger. En février 2007, dans un angle de ce terrain vide
Sâdiya de huit ans et sa voisine Atika de six ans créent une maisonnette.
Sâdiya qui mène le jeu, trace avec un petit roseau les murs de la maisonnette
dans le sable mouillé par une averse (fig. 304). Près de l’angle se trouve un
abri où deux ‘vaches’ et des ‘poules’ sont gardées (deux sacs en plastique
noir), ainsi que des herbes et un roseau. Sur le bord en bas du mur se trouve
la cuisine ainsi qu’un bidon qui représente la toilette.
Tracer le plan d’une maisonnette dans la terre est chose rare. D’ailleurs
cette photo montre l’unique exemple dont nous disposons.

304

231
Après le déjeuner les deux filles
recommencent à jouer dans leur
maisonnette. Elles préparent un
bon plat de couscous. Comme
couscous, les filles utilisent des
tous petits morceaux de faïence
filtrés avec une boite de sardines
trouée. Des morceaux de peaux
d’oranges deviennent des carottes
et les feuilles d’un arbuste servent
à imiter des herbes (fig. 305). Une
fois que le plat est prêt, elles
invitent Smaïl, le frère cadet de
Sâdiya, à partager leur couscous
(fig. 306). 305

306

232
Deux mois plus tard en avril 2007, cinq filles ont décidé de jouer à la
tamgra comme on appelle en Tachelhit la fête de mariage. Sâdiya (8 ans) est
une fois de plus le meneur de jeu. Elle délimite la maisonnette avec d’assez
grandes pierres et demande aux autres filles d’aider à la collecte de jouets
(fig. 307). Latifa (7 ans) et Fatiha (9 ans), les deux sœurs de Sâdiya ainsi
qu’Atika (6 ans) et Habiba (7 ans), deux voisines, s’occupent d’amener des
objets le plus souvent en plastique qui serviront de jouets. Elles s’occupent
aussi à vêtir quelques poupées à armature de roseau et des poupées sveltes
en plastique. Fatiha, la fille la plus grande, tient en main une de ces poupées
sveltes. Dans le grand sac blanc se trouvent des poupées et d’autres jouets
que Sâdiya ramène à sa maison après chaque jeu.

307

233
En août 2009, une quinzaine de filles du groupe de jeu de la piste d’Igrer
s’amusent pendant trois jours à un jeu de faire semblant qui met en scène la
vie des femmes adultes. Cela a lieu dans le même terrain de construction
d’environ 9 h à 13 h et de 15 h à 19 h. Les filles se sont divisées en trois
groupes et chaque groupe arrange une maisonnette contre un des trois murs
qui entourent ce terrain (fig. 308). Le nom tachelhit que ces filles donnent à
leur maisonnette est tighmi ce qui signifie maison. Le mot en arabe écrit sur
deux murs signifie ‘à vendre’. Cependant, ce n’est pas le propriétaire du
terrain qui a écrit cela mais un des enfants parce que dans les jeux qu’ils
jouent à cet endroit ils incluent parfois la vente de ce terrain.

308

Le premier jour Khalija Jariaa a photographié trois filles jouant dans une
maisonnette établie contre le mur à droite. Elle n’a pas pris en photo les
filles des deux autres groupes car certaines filles se cachaient le visage non
pas en signe de refus mais de chouma, d’embarras ou de honte.
Ces filles intègrent dans leur jeu trois garçons, le plus jeune est Ilyas (2
ans) le fils de Khalija Jariaa (fig. 309, p. 235), le deuxième petit garçon est
Younes (4 ans) et le troisième garçon est de nouveau Smaïl (8 ans). Ils
participent au jeu mais s’occupent de tâches spécifiques comme arranger les
pierres de la maisonnette, nettoyer la maisonnette, amener des objets pour
meubler la maison et la cuisine ou apporter du sable et de l’eau pour faire
des plats et des gâteaux.

234
309

Une vue plus détaillée de la même scène montre Khadija (12 ans) qui dit à
Ilyas de faire un petit tas de sable (fig. 310).

310

235
Smaïl doit remplir la boîte avec du sable pour le donner à sa sœur Sâdiya
habillée en blanc (11 ans). Elle utilisera le sable après l’avoir filtré avec une
boîte de sardines trouée. Ce sable fin servira à créer des plats et des gâteaux.
La fille à droite est Latifa (10 ans), la sœur de Sâdiya et Smaïl. Ces deux
sœurs sont en train d’arranger la cuisine (fig. 311).

311

Pendant que les filles s’absentent pour prendre le déjeuner, Khalija a pris des
photos des quatre pièces de cette grande maisonnette.
La figure 312 (p. 237) montre de bas en haut d’abord la pièce de la toilette
et de la douche, puis la salle à manger et finalement la cuisine. En bas et à
gauche de cette photo se trouve une grande pierre sur laquelle Atika (9 ans)
et Habiba (10 ans) ont mis quelques morceaux de terre argileuse pris du petit
tas de terre argileuse à côté du gobelet vert déposé dans la pièce de la
toilette. Elles mélangent cette terre argileuse avec un peu d’eau pour en faire
une pâte puis poussent l’ustensile bleu, qui se trouve au sol, dans la pâte
pour imiter des morceaux de chocolat noir. Il s’agit d’une imitation du
chocolat noir belge que les enfants du groupe de jeu d’Igrer reçoivent en
cadeau de monsieur Jean quand il arrive de Belgique à Douar Ouaraben.

236
312

La salle à manger comprend deux tables et un réchaud fait avec de grandes


pierres (fig. 313, p. 238). Sur la table à gauche se trouve une tuile sur
laquelle une bouteille de ‘limonade’ est posée. La table au milieu est garnie
de plats et de gâteaux. A côté, sur le sol, se trouve un plateau avec une carafe
et des verres représentés par des bouchons. A droite de la pièce une fille a
arrangé un réchaud avec une grande pierre sur lequel un plat de couscous est
préparé. Dans un coin se trouve la télévision, une vieille radio cassette noire
récupérée de l’oued.

237
313

Une photo de la table au milieu de cette chambre (fig. 314, p. 239) montre
de haut en bas et de gauche à droite un plat de couscous, une pizza, un vase
modelé en terre argileuse avec une fleur des champs et une baguette de pain
en terre argileuse saupoudrée avec un morceau de plâtre râpé en poudre
blanche. La rangée d’objets à droite de la table comporte trois plats. En haut
se trouve un petit tajine en terre argileuse, puis un plat aux olives et un
gâteau. Ce gâteau est décoré avec des morceaux de plâtre auxquels les filles
donnent une couleur jaune. A cette fin elles prennent beaucoup de pétales de
fleurs des champs de couleur jaune (fig. 315, p. 239) et les font sécher dans
le soleil. Puis elles prennent une grande poignée de pétales sèches et en
frottant ces pétales sur une boîte de sardines trouée, la poudre jaune tombe
sur et autour des morceaux de plâtre déposés sur le gâteau. Sur le sol on voit
encore un autre gâteau aux olives préparé dans une boîte de fromage ronde
ainsi que le plateau avec la carafe et les verres.

238
314

315

239
316

La cuisine mise en ordre par Sâdiya et Latifa contient tout un ensemble


d’objets de récupération en plastique et en métal, rarement en carton, ainsi
que des petites et grandes pierres (fig. 316).
Un deuxième groupe de jeu de six filles construit une autre maisonnette
dans le coin du mur où se trouve la maisonnette décrite ci-dessus et contre le
mur perpendiculaire. Fatim Zohra (12 ans), Naïma (10 ans), Rachida (9 ans),
Zeïna (8 ans), Aïcha (6 ans), Nora (4 ans) sont les filles de ce groupe. La
cuisine de cette maisonnette est établie dans le coin (fig. 317).

317

240
Une fois que la cuisine est faite, les filles de ce groupe de jeu créent des
poupées à armature de roseau et habillent des poupées en plastique trouvées
dans l’oued. Lorsque ces poupées manquent de bras et/ou de jambes elles
sont réparées. Plus tard, elles joueront le rôle de jeune mariée, de mère, de
grand-mère, de tante, de femme enceinte, de femme qui s’occupe des
animaux, fait le ménage, cherche l’eau, applique le henné, s’occupe du
maquillage, etc. Ces rôles ne sont pas seulement liés au jeu de la fête de
mariage car les filles jouent aussi la femme enceinte, la naissance d’un bébé,
la fête du septième jour après la naissance et d’autres situations de la vie des
femmes adultes. Le plus souvent il n’y a pas de poupées-hommes sauf
parfois une poupée-jeune marié. Si des hommes sont représentés, ces
poupées ne jouent pas un grand rôle dans les jeux des filles.
Près du mur en face de la maisonnette ci-dessus, un autre groupe composé
de Fatima (11 ans), Zeïneb (9 ans), Sâdiya (10 ans) et Ijou (5 ans) délimite
une troisième maisonnette à deux pièces. C’est la maison de la jeune-mariée.
La maisonnette de la figure 318 est prête pour accueillir les invités à la fête
de mariage.

318

241
La photo détaillée ci-dessous (fig. 319) montre toute une série de gâteaux
le plus souvent décorés avec de la poudre provenant du râpage de morceaux
de plâtre. Plusieurs de ces gâteaux sont embellis d’une coquille d’escargot et
une fois de quatre coquilles. En bas à droite de cette photo on voit la boîte de
sardines trouée qui sert à râper les pétales de fleurs des champs ou les
morceaux de plâtre.

319

A côté de cette pièce se trouvent encore deux fours, un four à pain à gauche
et un four pour cuire des gâteaux à droite (fig. 320).

320

242
Bien que les trois groupes de jeux aient chacun des tâches spécifiques, les
filles collaborent à l’élaboration de thèmes de jeux communs : le jeu des
fiançailles, le jeu de la fête de mariage, le jeu de la grossesse et du bébé, le
jeu de dînette, du ménage et de la pâtisserie. Elles jouent à la bergère et au
coiffeur de dames.
Le deuxième jour commence avec la mise en ordre des maisonnettes par
les trois groupes de jeux composés par les mêmes filles. De gauche à droite
il s’agit de Fatim Zohra, Latifa, Habiba, Atika et Sâdiya qui est en train de
nettoyer leur maison (fig. 321). Il y a aussi Ilyas et Smaïl, les deux garçons
qui étaient déjà là le premier jour ainsi que Hamza (5 ans).
Atika prend Ilyas pour qu’il ne dérange pas Fatim Zohra et Latifa. Smaïl
veut aller jouer avec le pneu mais Habiba dit “non, c’est le fauteuil de la
maison”. Smaïl n’est pas d’accord et répond “le pneu est à moi, je ne te le
donne pas”. Il prend le pneu, le jette un peu plus loin par terre et commence
à sauter dessus, vite rejoint par Hamza.

321

243
Fatim Zohra et Latifa arrangent la cuisine de la maison qui occupe
l’espace devant le mur latéral car les filles qui jouent dans cette maisonnette
sont devenues des femmes riches. Ces femmes riches sont parties au
hammam, le bain à vapeur, avec des filles, des adolescentes et des femmes
adultes représentées par les poupées qu’elles ont faites le premier jour (p.
241) et qu’elles vont faire belles à cet endroit.
Quand la cuisine est mise en ordre (fig. 322), Fatim Zohra et Latifa vont
aider Sâdiya dans leur propre maison.

322

La figure 323 (p. 245) offre une vue globale de la maisonnette contre le mur
latéral dont fait partie la cuisine montrée sur la photo ci-dessus. Devant cette
maisonnette se trouvent tous les objets qui ont été enlevés lors de la mise en
ordre de la cuisine. La salle à manger avec trois sièges (les grandes pierres),
la télévision (le cadre noir d’une radio) et le grand tapis (le morceau de
carton), ainsi que la pièce avec la toilette et la douche sont bien équipées
(fig. 324, p. 245).

244
323

324

245
Les filles de la troisième maisonnette, construite contre le mur gauche du
terrain de jeu, jouent des rôles liés au travail de femmes vivant dans une
ferme. Elles s’occupent des animaux : poulet, lapin, mouton, chèvre, vache,
âne. Elles vont chercher de l’eau et cueillent des herbes. C’est près de leur
maison que se trouvent le four à pain et le four pour cuire des gâteaux (fig.
325). De l’autre côté du tas de pierres est situé le hammam. Ce bain chaud a
été construit par Khadija avec trois bâtons de brosse noués en haut comme
pour faire un trépied. Cette structure d’environ un mètre de haut est couverte
d’un grand plastique. A côte de ce trépied se trouve un puits, une petite
cavité dans le sol dans lequel un peu d’eau est versée.

325

Pendant l’après-midi du deuxième jour les filles mettent en scène les mêmes
thèmes de jeu (p. 243) mais aussi la fête de l’Indépendance, un thème
influencé par l’école.

246
Vers neuf heures du troisième jour quelques filles appartenant aux trois
groupes de jeu préparent les affaires pour le jeu de cette journée. Cela est
nécessaire car le soir avant de quitter le terrain de jeu, les filles préfèrent
déranger plus ou moins l’état de leur maisonnette pour remettre tout en ordre
le lendemain. Fatim Zohra cherche dans le tas des objets que les filles ont
apportés, ce qui peut être utile, par exemple un sac en plastique dans lequel
elle souffle pour vérifier qu’il n’y a pas de trous et qui servira à garder le
sable fin représentant la farine. Elle cherche aussi des morceaux de textile
qui deviendront des robes de poupées (fig. 326).

326

247
Pendant que Fatim Zohra et Atika s’occupent à remettre en ordre la
cuisine et les murs de la maisonnette du mur latéral, les filles qui sont là
disent qu’elles ont besoin d’un magasin. Quand Smaïl propose de créer ce
magasin elles sont d’accord (fig. 327). Dès lors, il créé un magasin dans
lequel les filles pourront acheter du ‘poisson’ et du ‘poulet’ ainsi que
plusieurs produits contenus dans des ‘cartons’, des boîtes de carton trouvées
dans les alentours.

327

Au même moment Sâdiya construit un 328


feu ouvert avec quelques grandes pierres
dans lequel elle va allumer un feu avec
des morceaux de carton et des
branchettes (fig. 328).

248
Comme on peut le voir à la figure 329, ce feu ouvert n’est pas construit
dans le terrain à construire mais près de la façade d’une maison de l’autre
côté de la ruelle où se trouve le terrain de jeu. Pendant que Khadija et Fatim
Zohra, qui maintenant prend soin du petit Ilyas, regardent ce que fait Sâdiya,
Habiba regarde les autres joueurs.

329

249
Sâdiya a besoin de plus de matière à brûler et elle retourne au terrain de
jeu pour y trouver, avec l’aide de Smaïl et de Khadija, ce dont elle a besoin
(fig. 330). Habiba a pris du feu avec une branchette dans le tas d’ordures qui
brule et court amener le feu au four. Elle est tout de suite suivie par Sâdiya.
Smaïl est encore à la recherche de branchettes (fig. 331).

330

331

250
332

Enfin le feu commence à prendre (fig. 332) mais pas avant que Khadija ne
vienne y ajouter quelques branchettes (fig. 333).

333

251
334

Sous le regard critique de Habiba, Sâdiya ramène vers le feu quelques


braises (fig. 334). Il faut que le plateau devienne très chaud avant qu’elle
puisse cuire les légumes remplacés par des feuilles d’arbuste (fig. 335).

335

252
Comme le feu commence à couver, Khadija vient aider Sâdiya en
soufflant sur les braises (fig. 336).

336

Après quelque temps les filles arrêtent d’utiliser leur feu ouvert et alors
Smaïl le prend en main et utilise un couvercle pour attiser le feu (fig. 337, p.
254). Une fois que le feu brule à nouveau, il prend la partie ronde d'une
grande louche en métal pour cuire des morceaux de citrouille (fig. 338, p.
254).

253
337

338

254
Les observations et prises de photos par Khalija Jariaa se sont arrêtées
vers midi de ce troisième jour. Les filles cependant ont continué de jouer
toute la journée.
En février 2017, à une distance d’environ 200 m des dernières maisons de
Douar Ouaraben et de l’autre côté de l’oued, j’ai trouvé une maisonnette et
un feu ouvert près d’une rangée de quatre petits arbres qui, si besoin est,
donnent un peu d’ombre aux filles qui y jouent (fig. 339). Le groupe de jeu
en question compte plus ou moins dix filles entre quatre et treize ans. Elles
ont utilisé ce feu ouvert et la maisonnette toute proche pendant les vacances
d’hiver début janvier 2017, entr’autre pour le jeu de faire semblant de la fête
de mariage. La maisonnette mesure environ deux mètres carrés (fig. 340, p.
256).

339

255
340

Les deux photos ci-dessus et les deux autres photos ci-dessous démontrent
que les filles de ce groupe de jeu aiment jouer hors du contrôle direct de
leurs mères et autres adultes. Une autre raison pour y construire leurs
maisonnettes est l’abondance de pierres dans ce terrain vide.
A environ 50 m de la maisonnette près du feu ouvert et à la même
distance des maisons de Douar Ouaraben les filles ont délimité avec des
pierres une autre maisonnette d’environ quatre mètres carrés (fig. 341, p.
257).

256
341

342

257
Le tas de pierres plus ou moins aligné à l’avant plan de la figure 342 (p.
257), était une maisonnette de garçons mais à la fin des vacances scolaires
d’hiver ils ont détruit les murs. Les filles en revanche ont gardé intact leur
grande maisonnette pour y jouer à nouveau plus tard, mais les hasards du
temps ont quelque peu dérangé les murs de leur maisonnette.
Les informations suivantes sur les maisonnettes construites par des
garçons de Douar Ouaraben entre 2009 et 2017 contredisent partiellement ce
qui en a été dit dans le livre Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-
Africaines. La vie domestique dans les jeux et jouets.

Comme pour la tente-jouet, les maisonnettes sont surtout l'œuvre des


filles. Cependant, des informations récentes provenant de l'Anti-Atlas
démontrent que des garçons font le même genre de maisonnettes que les
filles. Ils les emploient pour jouer aux occupations masculines comme le
travail de la pâtisserie, du restaurant, du tailleur et de la construction de
routes. (Rossie, 2008a, p. 54).

Au moins à Douar Ouaraben, des garçons en âge de l’école primaire créent


plus souvent des maisonnettes que ce que j’ai cru être le cas en 2008. En
plus, ils le font parfois pour d’autres raisons que celles mentionnées dans ce
livre (Rossie, 2008a, p. 138-160, 265-272).

343

258
Vers la fin d’un après-midi en juillet 2009, Aïsam, un garçon de neuf ans,
joue seul dans le lot à construire en face de la maison de Khalija Jariaa. Il
raconte à Khalija qu’il y construit sa maison d’homme seul (fig. 343, p.
258). Sur la photo on le voit en train de délimiter la chambre à coucher. La
pièce entre cette chambre à coucher et le mur est la pièce de télévision, une
télévision représentée par le couvercle bleu d’un bac à légumes mis sur un
morceau d’emballage en polystyrène. Dans le coin à gauche de la maison, la
cuisine est déjà arrangée et bien équipée. Selon Aïsam la porte d’entrée de sa
maison sera placée entre la cuisine et le mur. La grande pièce rectangulaire
deviendra la salle à manger et le salon.
Fin décembre 2009, deux copains, Hamza de cinq ans et Smaïl de six ans,
veulent construire une maisonnette avec des morceaux de carrelage. Ils
commencent à creuser des petites tranchées (fig. 344) mais comme le sol est
assez dure Hamza va chercher de l’eau (fig. 345, p. 260) pour la verser dans
ces tranchées afin d’adoucir la terre.

344

259
345

346

260
Une fois qu’ils ont pu approfondir les tranchées, ils mettent les morceaux
de carrelage trouvés tout près dans la fente et le fixent avec du sable mouillé
(fig. 346, p. 260). La figure suivante montre Smaïl qui creuse une fente pour
ériger une autre face de leur bâtisse (fig. 347).

347

Le mois de juillet 2009, Rachid, un garçon de neuf ans, joue seul à


construire sa copie du borj de Tafraoute, un vieux bâtiment avec une tour en
pisé. A gauche du borj il a créé un puits alimenté par une ‘source’ et à droite
se trouve le réservoir pour l’eau de pluie (fig. 348, p. 262). Les murs sont
faits de pierres couvertes de terre argileuse. Pour construire le toit plat
Rachid a d’abord mis des morceaux de roseau qu’il a couvert de sable
humide puis d’un peu de ciment trouvé près d’une maison en construction. Il
a aussi prévu un tuyau pour l’évacuation de l’eau. Maintenant le bâtiment
doit sécher et pendant ce temps Rachid va chez lui pour manger.

261
348

348

L’autre façade du borj montre la porte d’entrée (fig. 349). Vers 16 h Rachid
revient à son borj avec quelques amis pour y jouer aux travaux de la ferme.

349

262
350

Mohamed et Aïsam sont deux amis d’onze ans habitant l’un en face de
l’autre dans la même rue que Khalija Jariaa. Un jour de décembre 2009 ils
ont déjà délimité les murs de leur maisonnette avec du sable mélangé à des
petites pierres et l’ont équipée partiellement avant que Khalija ait pu prendre
la photo (fig. 350). Les garçons expliquent que l’entrée de leur maison se
trouve à droite de la maisonnette et donne sur un long couloir. A la fin du
couloir ils ont prévu une petite pièce donnant accès à la cuisine. Dans la
cuisine il y a une grande pierre représentant la table et une série d’objets
récupérés servant de matériel de cuisine. Dans la grande chambre à côté de
la cuisine deux morceaux d’un journal sont devenus des fauteuils et un
papier d’emballage représente le tapis. La dernière chambre avec la porte
près de l’entrée de la maison, n’a pas encore reçu un emploi spécifique. Au
moment où la photo a été faite Mohamed, se trouvant à gauche de la photo,
et Aïsam à sa droite, cherchaient encore quelques objets pour meubler leur
maisonnette.
En janvier 2016, des garçons du
groupe de jeu de la piste d’Igrer se
sont mis à modeler des jouets en
argile. Pour créer un endroit où ranger
ces jouets, ils ont délimité avec des
pierres une grande maisonnette près de
l’oued où ils trouvent la terre argileuse
(fig. 351).
351

263
A Douar Ouaraben, les filles et les garçons des deux premiers groupes de
jeu de la piste d’Igrer, dont quelques jeux sont décrits dans les pages
précédentes, ne s’adonnent plus à des jeux d’enfants, car vers 2016 ils ont
déjà au moins dix-sept ans. A partir de 2016, il s’agit d’une nouvelle
génération de filles ou de garçons qui prennent la relève et sont devenus les
nouveaux groupes de jeu de la piste d’Igrer.
Pendant le congé scolaire de janvier 2016, six garçons construisent une
série de maisonnettes (fig. 352). Ces garçons sont Smaïl (12 ans), Lahoucein
(9 ans), Brahim (9 ans), Omar (9 ans), Lahoucein (8 ans) et Hassan (6 ans).

352

264
Une fois que ces garçons ont terminé de faire les maisonnettes, ils
proposent leur achat à des sœurs et voisines. Une belle maison est proposée
aux filles pour 26 millioun. Comme font les adultes en parlant de grandes
sommes d’argent, les enfants utilisent l’ancien franc au lieu du dirham et 100
francs est égal à un dirham. Les filles discutent ce prix car elles le trouvent
vraiment exagéré. Les arguments qu’elles avancent réfèrent à l’éloignement
de la ville, le manque d’arbres et d’ombre, l’absence de l’écoulement des
eaux et de l’électricité. En réponse aux arguments des filles, les garçons
opposent qu’il s’agit d’une villa de riche, que l’endroit est calme, qu’il n’y a
pas de voitures et donc pas de bruit ni de dérangement. Finalement, quatre
filles – Doha (10 ans), Fatma (7 ans), Latifa (7 ans) et Naïma (6 ans) –
acceptent de payer la moitié du prix demandé soit 13 millioun. Les filles
payent avec des emballages de bonbons. Deux emballages de bonbons valent
un millioun d’anciens francs, c’est-à-dire dix mille dirhams (1000 €). Pour
payer la somme de 13 millioun ces quatre filles donnent aux garçons 26
emballages de bonbons.
L’endroit du jeu montré à la figure 352 (p. 264), encore utilisé par des
enfants du groupe de jeu de la piste d’Igrer début 2016, devient en
septembre 2016 un terrain de construction de maisons où les canalisations de
drainage ont déjà été creusées (fig. 353).

353

265
Six mois plus tard en février 2017, l’urbanisation de ce terrain se poursuit
avec la création des rues et la construction du poste d’électricité (fig. 354).

354

Fin janvier 2017, je me suis promené avec Ilyas (dix ans) et Anas (huit ans),
les deux fils de Khalija Jariaa, de l’autre côté de l’oued qui passe derrière
leur maison. Spontanément, Ilyas commence à rechercher quelques
coquilles. Ces coquilles proviennent d’escargots qui se trouvent assez
nombreux sur ce terrain (fig. 355). Pendant qu’Anas joue un peu au ballon
avec moi, Ilyas délimite avec des pierres une maisonnette d’environ 1 m sur
60 cm (fig. 356, p. 267).

355

266
356

En questionnant Ilyas, il affirme avoir fait pareilles maisonnettes depuis


environ deux ans tout comme ses copains et qu’ils ont l’habitude d’utiliser
des coquilles comme personnages.
Normalement il y a plusieurs garçons qui jouent ensemble. Ils doivent
d’abord décider par un petit jeu de main qui pourra construire la
maisonnette. Tous les garçons avancent très vite et en même temps font avec
la main le signe de la pierre, le poing fermé, du papier, la main ouverte avec
les doigts étendus, ou du ciseau avec l’index et le majeur entrouvert. Les
garçons rythment leurs gestes avec l’expression chantée waraq hjar mikaz –
papier pierre ciseau – autant de fois qu’il y a de joueurs. La dernière fois
qu’ils font les gestes décide qui devient le constructeur de la maisonnette.

267
Pour gagner il faut que quelqu’un qui a fait le signe du ciseau touche une
main qui a fait le signe de la pierre. C’est lui qui indiquera aussi ceux qui
doivent chercher les pierres et ceux qui doivent chercher les coquilles.
Quand Ilyas a mis les coquilles en place, il explique ce qui se passe dans
sa maison avec une cour intérieure (fig. 357). En bas de la photo, côté
gauche, se trouvent la mère et une autre femme qui travaillent dans la
cuisine. De l’autre côté plusieurs membres de la famille sont assis dans la
pièce de télévision. Du côté de la cuisine on voit en direction de la porte,
d’abord la chambre avec les grands garçons, puis une petite pièce
représentant la toilette. Du côté gauche de la porte se trouve la chambre des
petits garçons et à droite celle des filles. Les quatre coquilles se trouvant
dans la cour près de la chambre des filles représentent selon Ilyas des
joueurs de football.

357

268
Quand j’ai montré à Khalija Jariaa les photos d’une maisonnette, habité
par des personnages représentés par des coquilles d’escargots, que son fils
aîné a faite, elle m’a immédiatement dit qu’à Ikenwèn elle et ses copines
utilisaient régulièrement des coquilles trouvées sur place. En se servant de
coquilles comme des personnes, les filles jouaient à la fête de mariage, à la
dînette, au ménage et à d’autres occupations des femmes. Elles mettaient
aussi en scène la danse des hommes ahwash. Pour cette danse plusieurs
grandes coquilles blanches représentant les danseurs sont mises en demi-
cercle sur le sol. A une petite distance un autre cercle est formé avec des
coquilles plus petites. Il s’agit des spectatrices de la danse des hommes. Des
toutes petites coquilles déposées entre les spectatrices et les danseurs
représentent les enfants qui peuvent assister au spectacle mais sous le
contrôle des mères. Les garçons participent en manipulant chacun une, deux
ou trois coquilles et en chantant des chants de circonstance.

358

269
Les garçons utilisent ces coquilles d’escargots entr’autre pour les mettre
dans une maisonnette comme l’a fait Ilyas. Un autre jeu pour lequel ils
utilisent ces coquilles est celui de la vente de sardines. En remplissant une
boîte de sardines ou une boîte en carton avec des coquilles, un groupe de
garçons va proposer aux filles d’acheter un ou deux kilos de sardines. Les
filles payent leurs achats avec des emballages de bonbons dans lesquels elles
ont mis une petite pierre.
Après avoir noté les explications de Khalija, je lui ai demandé comment il
se fait que nous n’avons jamais parlé de l’utilisation dans son enfance de
coquilles d’escargots par les enfants d’Ikenwèn. Elle m’a répondu qu’elle
pensait que cela ne m’intéressait pas car on parlait surtout de poupées et en
plus qu’elle n’avait pas vu cette photo d’une fille de Lagzira avec sa
maisonnette remplie de coquilles servant de personnages (fig. 358, p. 269).
Elle a aussi souligné que les enfants d’Ikenwèn utilisent encore aujourd’hui
les coquilles comme jouets.
Comme indiqué lors du jeu pendant lequel des filles de Douar Ouaraben
ont fait des gâteaux, les mêmes coquilles d’escargots sont utilisées pour
décorer des gâteaux (fig. 319, p. 242).
Dans le livre Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. Poupées
d’enfants et jeux de poupées, j’ai mentionné l’unique exemple que j’avais
observé d’une fille de Lagzira, situé à environ 8 km avant Sidi Ifni en venant
de Tiznit, qui avait utilisé des coquilles comme poupées (Rossie, 2005a, p.
191-193). Dans ce contexte j’avais écrit :

Le genre de poupées utilisé par ces enfants parlant amazigh est unique
pour autant que j’aie pu le vérifier au Maroc bien que les sources
bibliographiques y fassent référence une ou deux fois. La jeune-mariée
aussi bien que le jeune-marié, les membres de la famille et les visiteurs
sont représentés par des coquilles d’escargot. Quand il s’agit de la jeune
mariée ou du jeune marié la coquille est enveloppée dans un morceau de
gaze blanche.

Les informations concernant l’utilisation de coquilles d’escargots par des


filles et des garçons amazighs de l’Anti-Atlas invalident clairement cette
déclaration.

270
Créer un four à pain est un jeu de filles lié au jeu de maisonnette et de
dînette mais il peut aussi se limiter à la construction de fours à pain. Ainsi
pendant les vacances d’hiver de décembre 2009, six filles du groupe de jeu
de la piste d’Igrer ont décidé de construire deux fours avec du sable humide.
Les filles sont de gauche à droite : Atika (10 ans), Touda (10 ans), Fatiha (12
ans), Nora (11 ans), Habiba (11 ans) et Sâdiya (11 ans) (fig. 359). Touda
n’habite pas Douar Ouaraben mais elle est en visite chez la famille de
Fatiha. Une fois qu’elles ont construit le takat, le grand four pour cuire vingt
ou plus de pains, Sâdiya va chercher de l’eau pour humidifier la terre du
four. Ce grand four est entouré d’un cercle à ne pas franchir.

359

Les filles qui se trouvent derrière le grand four construisent maintenant le


taferrant, un four semblable mais plus petit (fig. 360, p. 372).

271
360

361

272
La photo ci-dessus montre Atika qui creuse l’ouverture du four (fig. 361,
p. 272).

362

Ilyas, le fils de trois ans de Khadija Jariaa, veut apporter du sable aux filles
qui construisent le petit four (fig. 362). Pour faire cela il remplit un pot de
yaourt avec du sable, tasse le sable avec sa main retourne le pot rempli de
sable sur une planchette puis enlève le pot. Quand il a répété trois fois ces
gestes, il s’en va chez les filles qui se trouvent derrière le grand four. Mais
en cours de route la planchette s’échappe de sa main et un cône de sable se
brise. Néanmoins, le petit garçon réussit à amener les deux autres cônes de
sable aux filles.
Bien vite Ilyas veut aussi construire son petit four. Il amène plus de sable
et fait une petite butte. Comme il pleurniche, Sâdiya vient regarder. Ilyas lui
dit qu’il veut faire un four comme les filles. Alors Sâdiya trace une ligne où
Ilyas doit creuser l’ouverture. Quand il dit encore que son four n’est pas
aussi joli que les deux autres fours, Sâdiya rend la surface du four plus lisse
en passant sa main au-dessus de la butte (fig. 363, p. 274).

273
363

Rquia est une fillette âgée de deux ans et demi. Elle habite dans un hameau à
environ 15 minutes de marche de Douar Ouaraben et le long de la piste qui
mène au village Igrer. Quand sa mère ou son père vient faire des courses
dans les petits magasins de Douar Ouaraben, ils amènent Rquia avec eux et
alors elle joue avec l’une ou l’autre fille du groupe de jeu de la piste d’Igrer.
Un soir de septembre 2015, Alors que Khalija Jariaa rencontre Rquia et sa
mère sur la piste, la petite fille s’éloigne un peu et commence à jouer dans le
sable pendant que les deux femmes se parlent. Quand Khalija demande à
Rquia qu’est-ce qu’elle fait avec ce sable, Rquia lui répond que ce n’est pas
du sable mais du Danone et du Coca (fig. 364, p. 275). Cet évènement
démontre que cette fille de deux ans et demi non seulement s’adonne à un
jeu de faire semblant mais possède déjà assez d’indépendance et d’initiative
pour jouer seul à une certaine distance de sa mère.

274
364

Un mois plus tard, fin octobre 2015, la petite Rquia se trouve près de l’oued
qui coule le long du hameau Idreq et le village Douar Ouaraben. C’est sur
les bords de cet oued que les enfants vont chercher la terre argileuse pour
modeler des jouets (fig. 365). Une activité qui se fait normalement en
période de pluie.

365

275
Pour obtenir une pâte modelable les enfants doivent donner tout un
traitement à la terre argileuse. Avec une pierre il faut frapper les morceaux
de terre argileuse collectés pour les réduire en petit morceaux. Pour rendre
fine cette terre argileuse, il faut continue à la frapper. Il faut aussi enlever les
petites pierres et autres menus objets. Puis l’enfant prend un peu d’eau dans
l’oued et l’étale sur la terre argileuse fine et propre. De cette manière
l’enfant obtient une pâte de terre argileuse de bonne qualité avec lequel le
modelage de jouets devient possible.
La figure 366 montre Rquia qui s’efforce de récolter des morceaux de
terre argileuse. Puis elle les frappe avec une pierre pour obtenir une terre
argileuse plus ou moins fine, la nettoie et en fait une pâte. Finalement elle
arrive à modeler une table, un tajine et d’autres jouets de forme assez fruste.

366

En avril 2007, cinq garçons entre six et dix ans du groupe de jeu de la piste
d’Igrer à Douar Ouaraben imitent le système d’irrigation pour les jardins
d’une ferme ou d’une ville. Quatre garçons commencent chacun de leur côté
à creuser un trou qu’ils relient par un petit canal (fig. 367, p. 277).

276
367

Ils creusent leur trou jusqu’à une profondeur d’environ 15 cm, puis ils y
mettent un morceau de plastic pour que l’eau ne s’infiltre pas dans la terre.
Le garçon le plus âgé couvre son puits avec un morceau de carrelage (fig.
368, p. 278). En avant de son puits, il construit avec de grandes pierres une
tour d’eau. Cependant, un adolescent a détruit cette tour d’eau pendant que
les garçons ont pris le déjeuner à la maison. Cette destruction se voit en haut
de la figure 368 (p. 278). Le garçon jouant le rôle du fellah ou fermier et qui
s’occupe du puits qui se trouve à l’opposé du puits couvert par un morceau
de carrelage, a simulé un jardin à irriguer avec quelques feuilles vertes (fig.
369, p. 278).

277
368

369

278
Le cinquième garçon s’occupe de ravitailler ce système d’irrigation de
fortune avec des camions citernes, quatre grandes bouteilles qu’il remplit
d’eau puisée dans l’oued maintenant que l’eau y coule pendant une période
de pluie (fig. 370).

370

Nous avons très peu d’exemples de jeu où filles et garçons jouent vraiment
ensemble et échangent des jouets au lieu de jouer en parallèle. C’est ce qui
s’est produit à Douar Ouaraben en octobre 2007 avec quatre filles et quatre
garçons. Sur la photo (fig. 371, p. 280) on voit de gauche à droite les filles
Sâdiya (9 ans), Fatim Zohra (10 ans) et Rachida (7 ans) ainsi que les garçons
Smaïl (7 ans), Rachid (10 ans) et Mohamed (8 ans). La fille Atika (8 ans) et
le garçon Ahmed (9 ans) manquent sur cette photo.

279
Au début du jeu les garçons ont arrangé une maisonnette contre le mur
arrière de la dernière maison dans la rue où ils habitent tous. Puis ces
garçons et ces filles se sont mis d’accord pour créer leur village. Comme un
village sans mosquée n’est pas possible, Rachid est allé chercher une
mosquée qu’il avait déjà construite avec des boites de carton.

371

La figure 372 (p. 281) montre plus en détail la maisonnette des garçons avec
la copie d’une grille de sable. Selon les garçons cela indique qu’il s’agit de
la maison des constructeurs de maisons. La fille tient en main un camion-
citerne qui apporte de l’eau potable aux villages. C’est elle qui a construit
cet engin avec du matériel de récupération.
A quelques mètres de la maisonnette des garçons, la mosquée de carton
est implantée au milieu du village des enfants. Selon Rachid il s’est inspiré
de la nouvelle mosquée construite au début du nouveau quartier de Tiznit.
Une mosquée que les enfants peuvent voir depuis leurs maisons (fig. 2, p.
31).

280
372

373

281
Un des joueurs a suggéré qu’il faut faire attention à ce que les tapis dans
leur mosquée ne soient pas endommagés par les rats. La solution est vite
trouvée en utilisant un vieux piège à rats. Afin de dissimuler le piège Rachid
est en train de le couvrir de sable fin avec la pelle en miniature qu’il s’est
fabriquée (fig. 373, p. 281).
La photo suivante laisse voir le même garçon utilisant le camion-citerne et
Rachida qui est en train d’arranger la coupole du minaret, une coupole faite
avec du papier rose (fig. 374).

374

L’observation par Khalija Jariaa de ce jeu particulier (à cause du groupe de


jeu mixte), se termine lorsque la scène suivante est jouée. Dans cette scène
les enfants changent l’origine de leur mosquée car maintenant elle devient la
vieille mosquée en pisé de Tiznit, une mosquée désaffectée que les touristes
peuvent visiter.

282
Les touristes en question sont représentés par trois poupées en plastique
habillées par les filles (fig. 375). Il s’agit de poupées que les filles ont déjà
utilisées pour d’autres jeux (fig. 109, p. 124).

375

Les deux jeux suivants sont regroupés ici parce qu’ils offrent un bon
exemple de jeux ou des filles et des garçons participent à la même activité
ludique, mais jouent en parallèle avec chacun leur propre thème de jeu au
lieu de vraiment jouer ensemble. Il est à nouveau question d’enfants des
deux groupes de jeu de la piste d’Igrer à Douar Ouaraben, le groupe de jeu
des garçons et le groupe de jeu des filles.

283
376

Le premier exemple a eu lieu en décembre 2009 avec dix filles et sept


garçons. Le jeu commence avec la récupération d’objets trouvés dans l’oued
qui passe derrière le village (fig. 376). Puis les filles mettent ces trésors sur
le seuil de la porte de la maison d’une des filles (fig. 377).

377

284
378

Entre-temps, des garçons s’occupent à un travail d’hommes en construisant


des maisonnettes avec des murs délimités par des pierres (fig. 378). Quand
ce travail d’hommes est terminé des filles viennent discuter l’achat d’une
maison comme cela est décrit plus haut (p. 265).

379

285
Les filles s’adonnent maintenant à deux de leurs jeux de faire semblant
favoris, la fête de mariage et le jeu de ménage. Quatre garçons par contre
décident de créer un puits. Ils couvrent le trou qu’ils ont creusé avec un
plastique pour éviter que l’eau disparaisse (fig. 379, p. 285) Une fois que ce
puits est prêt les garçons le couvrent avec du carrelage, des pierres et un
morceau de rebut (fig. 380). Les autres garçons construisent un four avec du
sable mouillé (fig. 381).

380

381

286
Le second exemple de jeu parallèle entre filles et garçons se passe une nuit
de septembre 2015 dans la rue où ils habitent. Pendant les vacances d’été les
enfants jouent presque tous les jours jusqu’à minuit mais cela peut arriver
aussi les jours où il n’y a pas d’école. Cela a été le cas lorsque Khalija Jariaa
a fait une photo et une vidéo brève depuis la terrasse de sa maison vers 20h.
Les filles s’amusent au jeu de ménage avec des poupées en plastique
qu’elles ont vêtues (fig. 382).

382

Les garçons jouent à cache-cache ou roulent avec un car : deux garçons se


mettent dans un long élastique avec un par devant et un autre à l’arrière. Les
filles veulent que le car les transporte avec leurs poupées pour aller à Agadir
ou à un village dans les alentours. Mais la vidéo montre que les garçons
s’amusent à se bagarrer au lieu de transporter les filles dans leur car, même
après qu’une fille soit venue leur dire de s’appliquer au jeu :
(https://www.youtube.com/watch?v=v5nHpEdxsEc&feature=em-upload_owner1,22m).

287
383

Le jour après la Journée Internationale de la Femme de 2017, quatre filles


organisent en mars de cette année leur propre fête dans un de leurs terrains
de jeu situés entre deux blocs de maisons là où se trouve une vieille charrette
(fig. 383). Ce thème de jeu est clairement influéncé par l’école.
Les filles sont de gauche à droite Fadma (10 ans), Fatim (11 ans), Rquia
(10 ans), Aïcha (10 ans). Hamid (4 ans), le frère de Fadma, aide les filles en
cherchant des fleurs, des herbes, du carton, une boîte de sardines, etc. Fadma
et Aïcha ont préparé sur un plateau, l’emballage en plastique transparent
d’une radio, sur lequel elles posent plusieurs produit pour manger. Ce
plateau avec de la nourriture servira dans la partie de leur jeu où elles imitent
la charité des femmes qui portent à manger à des femmes à l’hopital dont la
famille habite loin. Les fillles discutent entre elles, de savoir si cela ne sera
que pour des femmes enceintes seulement ou pour toutes les femmes
malades. Les herbes et les feuilles qui représentent les produits comestibles
ont été apportées par le petit Hamid (fig. 384).

384
288
385

Fadma est en train de couper quelques herbes sur un plateau avec son
couteau, le couvercle d’une boîte de sardines (fig. 385). Le bâton rond à côté
du couteau servira à rouler la ‘pâte’ pour faire une pizza.

386

289
Rquia, la fille à droite de la figure 386 (p. 289), prépare un grand morceau
de nougat, le morceau de faience avec différentes couleurs qui se trouve sur
la charrette. Maintenant le plateau est prêt pour être apporté à l’hopital. Une
tâche qui incombe à Fatim, la plus âgée (fig. 387).

387

388

290
Dans la cuisine se préparent des petits gâteaux et d’autres desserts pour
amener à l’hôpital. Il y a aussi des œufs cuits et un tajine, les grandes feuilles
vertes à droite du carton (fig. 388, p. 290).
Une fois la fête de l’Achoura de décembre 2009 terminée, une quinzaine
de garçons entre sept et douze ans du groupe de jeu de la piste d’Igrer
organisent après le coucher du soleil leur propre Imachar ou parade comme
ils ont vu faire les jeunes hommes à Tiznit pendant des années (Rossie,
2008a, p. 325-329, fig. 388-392). Sur une armature faite avec une vieille
bicyclette sans roues, une superstructure construite avec de vêtements usés
est mis en place pour suggérer la forme d’un chameau. Le garçon avec un
masque en carton et tenant un long roseau en main pour frapper les
spectateurs, joue le rôle d’un afqir, un vieux en tachelhit (fig. 389).

389

Quand le chameau est mis debout par les deux garçons qui vont le promener
dans le village, le squelette du crâne d'un âne trouvé dans l’oued est attaché
à la structure du chameau (fig. 390, p. 292).
Des jeunes musiciens jouant du tambour, du tambourin, de la flûte de
roseau ou de tuyau d’électricité et des castagnettes faits par eux-mêmes avec
quatre fonds de grandes boîtes métalliques (fig. 391, p. 292).

291
390

391

292
392

Pendant la promenade, le groupe avec le chameau essaie de faire peur aux


petits et faire rire les grands. Le garçon portant la partie antérieure du
chameau fait des rugissements forts mais celui qui guide le chameau frappe
sa tête pour qu’il arrête ses rugissements (fig. 392).
En octobre 2015 j’ai eu l’occasion avec l’aide de Khalija Jariaa de
questionner Noureddine, un garçon de 15 ans habitant le hameau Idreq près
de Douar Ouaraben, sur l’Imachar des grands garçons. Noureddine est le
chef d’un groupe d’environ dix garçons, le plus jeune ayant huit ans. Avec
son groupe il participe à la fête d’Imachar de Tiznit et cela à côté de groupes
de jeunes de Douar Ouaraben, d’autres villages des environs et de Tiznit
ville. En lui demandant des informations sur l’organisation des groupes
d’Imachar, Noureddine a répondu que c’est le chef du groupe qui décide
finalement qui fait quoi mais que les membres du groupe peuvent proposer
ce qui sera construit ou quels masques seront créés. Cependant c’est le chef
qui accepte ou refuse. Le chef du groupe est aussi celui qui doit faire preuve
d’inventivité et d’initiative. Il est le responsable et il doit montrer comment
faire et si nécessaire aider les autres membres de son groupe.

293
IKENWEN

Comme à Douar Ouaraben (fig. 372-375, p. 281-283), Khalija Jariaa a


observé et photographié en mai et juin 2007 un village d’enfants à Ikenwèn.
Dans ces villages d’enfants, filles et garçons s’amusent souvent avec des
activités ludiques qui sont typiques de leur sexe. Il arrive que filles et
garçons jouent ensemble mais alors il s’agit souvent de jeux parallèles.
Rarement filles et garçons collaborent vraiment ensemble dans un jeu.
Le village d’enfants de mai 2007 s’étend sur un large espace et comporte
quelques grandes maisonnettes et des maisonnettes plus petites (fig. 393).

393

294
La grande maisonnette d’environ quinze pièces à l’avant de la figure 393
(p. 294) est utilisée par deux filles qui ont équipé plus amplement la cuisine,
entre autres avec deux bouteilles en plastique remplies de sable (fig. 394).

394

Sur la figure ci-dessus on voit à droite et en retrait une maisonnette


composée de cinq pièces. Il s’agit d’une maisonnette occupée par des
garçons car on y voit les deux roues d’une voiture-jouet et deux bâtons pour
pousser (fig. 395, p. 296). Une photo détaillée de la même maisonnette
montre la voiture en entier (fig. 396, p. 296). Pareilles voitures à deux roues
sont construites par des garçons d’Ikenwèn comme on peut lire dans
Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. Les activités techniques
dans les jeux et jouets (Rossie, 2013a, p. 148-152).

295
395

396

296
Le village des enfants d’Ikenwèn de juin 2007 se trouve derrière les
maisons tout près de l’aire à battre le blé. Sur la figure 397, prise en
direction du village, on voit à gauche de l’arbre les maisonnettes des filles et
à droite de l’arbre les maisonnettes des garçons qui sont moins remplies
d’ustensiles-jouets. Le groupe de jeu des filles compte environ quinze filles
et celui des garçons environ dix garçons.

397

La figure 398 (p. 298) a été prise de l’autre côté de l’arbre et en direction du
goudron. Maintenant la grande maisonnette des filles se trouve en bas de
l’arbre et celles des garçons en haut de l’arbre. La partie de la maisonnette
des garçons la plus à droite de l’arbre comporte une vieille étagère de cuisine
en plastique bleu. Cette partie représente le magasin du village où les filles

297
viennent acheter ce dont elles ont besoin pour leur jeu de ménage et de
dînette. Cela est un bon exemple de jeu parallèle dans lequel filles et garçons
jouent ensemble mais en élaborant respectivement des thèmes du monde des
femmes ou du monde des hommes.
Cette maisonnette des filles est très élaborée. Elle comporte le living avec
la télévision représentée par une grande bouteille en plastique (1), deux
cuisines (2-3), une pièce pour laver le linge (4), la douche (5), la toilette (6),
deux salles à manger avec tables et sièges (7-8), l’escalier pour monter à la
terrasse (9) et la terrasse (10).

398

7
1
2 8
4
9
5
10
3
6

Les figures 399 et 400 (p. 299) montrent plus en détail les cuisines 2 et 3.

298
399

400

299
401

La maisonnette des garçons de l’autre côté de l’arbre (fig. 398, p. 298)


représente la chambre à coucher (fig. 401) et les autres pièces montrent une
cuisine, une chambre à coucher, un living et une salle de bain (fig. 402).

402

300
Sur cet arbre les garçons ont déposé leurs provisions (fig. 403).

403

301
Un autre jour de cette période de jeu, les mêmes garçons construisent à
côte de la grande maisonnette des filles, une boucherie. Ils y exercent le
métier de boucher pour que les filles fassent semblant d’y acheter la viande
de poules, de bœuf ou de chèvre dont elles ont besoin pour préparer à
manger. Cette boucherie s’étend sur un espace assez grand car les trois
figures suivantes doivent se voir comme un ensemble montrant ces parties
de droite à gauche (fig. 404-406, p. 302-303).

404

302
405

406

303
La figure 407 montre la place où les clientes de la boucherie peuvent
mettre leur âne pendant qu’elles font leurs achats.

407

Zakaria, un garçon de dix ans en 2009, aime créer des jouets entr’autre une
petite maison en bois faite avec des planches récupérées sur une vieille
armoire. Pour le plancher de la maison il a utilisé une tablette d’écriture usée
employée à l’école et il a découpé l’ouverture de la porte avec une lame de
scie trouvée dans le matériel de son père. La porte en bois qui était attachée
avec deux vis est cassée. La maison est peinte en vert, rouge et bleu, avec
indication des fenêtres (fig. 408, p. 305, H = 18 cm, LO = 25 cm, LA = 18
cm). Selon lui il s’agit d’une maison à toit en pente d’une région
montagneuse d’Europe où il y a toujours de la neige comme cela se voit à la
télévision. Devant la maison se trouve une petite voiture découpée dans un
morceau de bois dont les roues sont simulées par des petit vis (H = 2 cm, LO
= 6 cm, LA = 1,5 cm). Zakaria a encore construit une deuxième maison
semblable à celle montrée sur la figure ci-dessous.

304
408

Zakaria raconte qu’il joue de temps en temps avec ces petites maisons et
qu’entre-temps il les garde sur le toit plat de sa maison. Il affirme aussi qu’il
préfère jouer seul parce que souvent les autres enfants cassent les jouets
qu’il a fabriqués. En janvier 2011, Zakaria utilisera à nouveau ces deux
maisons dans un jeu pour lequel il construit un bateau-amphibie (p. 358).
Pendant les trois jours de congé scolaire de fin février 2009, Khalija Jariaa
a observé à Ikenwèn un groupe d’environ quinze filles de 5 à 11 ans et
d’environ dix garçons de 4 à 9 ans qui profitent du temps de pluie pour
modeler des jouets en argile. Dans un terrain vague près du borj une flaque
d’eau a lentement infiltré la terre argileuse. Ainsi cette terre argileuse est
devenue bonne pour être travaillée. Comme expliqué plus en détail pour le
même jeu mais lorsque les filles créent des figurines en terre argileuse (p.
146-147), une discussion entre filles et garçons commence dans laquelle les
garçons veulent forcer les filles à fabriquer des jouets liés au ménage et à se
réserver la création de jouets liés au monde animal. Finalement les grandes
filles acceptent cette division de travail pour faire la paix mais aussi parce
qu’elles trouvent qu’il est bien que les garçons viennent acheter les

305
ustensiles-jouets des filles et que les filles achètent les animaux-jouets des
garçons.
Avant de modeler un jouet il faut préparer l’argile. Il est nécessaire
d’enlever les petites pierres puis bien pétrir la terre argileuse. Parfois une
fille ou un garçon plus jeune prépare l’argile pour quelqu’un(e) plus âgé(e).
Le modelage d’un jouet se fait à la main en aspergeant de temps en temps
l’argile. Les petites filles et les petits garçons doivent apporter de l’eau mais
cela ne se fait pas sans quelques larmes car les petits veulent aussi modeler
des jouets. Les filles et les garçons placent séparément leurs jouets sur un
grand morceau de plastique. Le soir même et la nuit suivante ces jouets sont
mis à sécher dans un endroit où souffle le vent. En tout cas il ne faut pas les
sécher dans le soleil sinon ils se briseront.
Les filles ont modelé entre autres le tajine, la marmite, le couscoussier, la
bouilloire, la théière, le bol, l’assiette, le pain, le seau, la louche, la table, le
moulin à bras pour extraire l’huile d’argan et l’ustensile pour faire le petit
lait. Les figures 409 à 421 (p. 306-308) montrent la plupart des ustensiles en
argile modelés par des filles :

• Un moulin à bras pour faire de l’huile d’argan (fig. 409).


• Trois théières (fig. 410) : une fille de trois ans a modelé la théière à
gauche (H = 4 cm, LO+ = 4,5 cm). Pour faire le bec elle a recommencé
plusieurs fois en observant comment des grandes filles le font.

409 410

• Une table à quatre pieds (H = 3 cm, D = 8 cm) avec un grand récipient (H


= 2 cm, D = 3,5 cm) et une autre table à quatre pieds (H = 3,5 cm, D = 9
cm) avec un récipient (H = 1,5 cm, D = 2,5 cm) et quatre bols (H = 1,3
cm, D = 1,5 cm) (fig. 411, p. 307).

306
• Une couscoussière (fig. 412).

411 412

• Un ustensile pour faire le petit lait, sans et avec son couvercle (fig. 413-
414).

413 414

• Un tajine à couvercle (H = 3,5 cm, D = 4,5 cm) et trois bols (fig. 415).
• Un récipient et une marmite avec une louche (fig. 416).

415 416

307
• Une bouilloire sur un réchaud et une table avec quatre bols et une théière
(fig. 417).
• Un tajine à couvercle sur un réchaud (fig. 418).

417 418

• Un tajine à couvercle, deux bols et un pain (fig. 419).


• Deux marmites à couvercle et un récipient (fig. 420).

419 420

• Une marmite à anses avec son couvercle (H = 5 cm, LO = 6 cm) et un bol


(fig. 421).
421

308
Les garçons ont modelé l’âne, le mulet, le mouton, la chèvre, la vache, le
veau, le dromadaire, l’écureuil, la tortue, le sanglier. La création de ces
animaux-jouets en terre argileuse est décrite dans la partie l’animal dans les
jeux et jouets de ce livre (p. 205-207).
Le jeu dans lequel ces ustensiles sont utilisés s’organise autour de dix
maisonnettes, avec plusieurs chambres et une cuisine, délimitées par des
pierres. Chaque garçon est marié à une fille et ces couples habitent une
maisonnette. Les petites filles qui restent en plus deviennent l’enfant de l’un
ou l’autre couple. Les grandes filles distribuent les jouets entre les
différentes maisonnettes. Les ustensiles sont placés dans la cuisine, les
animaux dans la basse-cour.
Hassan, le garçon de 7 ans de la figure 422, a fabriqué un camion-jouet
avec lequel il vient acheter des ustensiles et des animaux en argile auprès des
enfants. Comme dans la vie réelle les ‘femmes’ vendent quelques poteries et
autres objets au ‘commerçant de passage’ qui paye avec des emballages de
bonbons servant de billets.

422

309
423

Quand les filles d’Ikenwèn trouvent un ustensile cassé elles l’utilisent


parfois après qu’elles l’ont réparé. Pour cela elles utilisent de l’argile
humidifiée comme matériel de collage comme cela se voit sur les photos des
figures 423 et 424 prises par Khalija Jariaa en octobre 2010.

424

310
Pour décorer leurs maisonnettes les filles créent aussi des pots de fleurs
comme celui fait en 2005 par une fille de sept ans avec de la laine et des
emballages de bonbons (fig. 425) ou encore ce bouquet de roses de
différentes couleurs fait avec des sachets en plastique par une autre fille
d’Ikenwèn en 2006 (fig. 426).

425 426

Certaines fleurs servent à produire des produits de beauté comme la fleur de


coquelicot. La couleur obtenue par le traitement des fleurs de coquelicot se
nomme à Ikenwèn iklèn n flilu, la couleur de coquelicot. Les filles
l’appliquent sur leurs ongles et mains pour les décorer comme le font les
femmes avec du henné. Début 2009, Khalija Jariaa a montré comment
produire du jus avec ces fleurs, une pratique qui se faisait pendant son
enfance et se fait encore aujourd’hui.

311
Premièrement on doit vider l'intérieur d’un belziz, c’est-à-dire le premier
stade de la formation de la noix d’argan et avant que le noyau ne se
développe (fig. 427). Puis il faut bien remplir le trou de pétales de
coquelicots (fig. 428). Après quelque temps on obtient du jus (fig. 429) que
les filles utilisent pour se décorer les mains (fig. 430).

427 428

429 430

Quand les filles ou les garçons d’Ikenwèn ont besoin de bonbons pour leurs
jeux, ces bonbons sont faits en enveloppant des petites pierres dans des
emballages de bonbons (fig. 431-432, p. 313). Les bonbons et cadeaux sur la
figure 431 ont été faits en 2006 et les bonbons de la figure 432 en 2008.

312
431 432

La figure 433 montre une imitation de l’instrument de percussion en métal


typique des Gnaoua (musiciens noirs), réalisé par Saïd, un garçon de huit ans
du village Ikenwèn en juillet 2006. Pour faire cette paire de crécelles-jouets
il a utilisé quatre fonds de cannettes et des morceaux de fils dans lesquels les
doigts sont introduits (D = 6 cm).

433

Dans le chapitre ‘Les relations entre enfants et adultes’ de Cultures Ludiques


Sahariennes et Nord-Africaines. La vie domestique dans les jeux et jouets
(Rossie, 2008a, p. 359-360) se trouve la description des hochets utilisés à
Ikenwèn. La figure 406 de ce livre montre le hochet fait avec le récipient
rond en plastique transparent qui était rempli avec l’eau de la source
Zamzam de la Grande Mosquée de la Mecque (Gruber, 2020, p. 4).

313
434

Il y a environ soixante ans le hochet se fabriquait avec une peau de lapin. En


2007, une femme d’environ quarante ans a fabriqué un hochet de ce type
ancien (fig. 434). Les mères d’Ikenwèn préfèrent le hochet local fait avec la
peau de lapin, de mouton ou de chèvre aux hochets fabriqués en Chine parce
que ces hochets importés se cassent trop vite.
Début 2007 des femmes d’Ikenwèn ont utilisé une grande poupée
belghenja faite avec une grande louche en bois dans un rituel pour obtenir de
la pluie lors d’une période de sécheresse (fig. 435, 436, p. 315).

435

314
436

437 438

315
Les filles imitent ce rituel et pour leur poupée belghenja elles utilisent une
petite louche en bois. Khalija Jariaa a collectionné quelques poupées de ce
type faite par des filles d’environ 10 ans. Comme la belghenja des femmes,
les poupées belghenja des filles portent un long foulard. Souvent une
décoration d’origine végétale ou animale est ajoutée à ces poupées (fig. 437-
438, p. 315, fig. 439).

439

316
A ce moment, Halima, une fille de dix ans du même groupe de jeu, a créé
sa poupée belghenja avec une lampe usée entourée de papier d’aluminium
(fig. 440). Les bras, de forme inhabituellement souple, sont modelés avec du
papier aluminium. Pour former la tête, Halima a mis un citron sec à
l’intérieur du papier aluminium. La conception et la création de cette poupée
est encore plus remarquable quand on sait ce que Halima racontait à ses
copines sur sa poupée belghenja. Un jour quand elle regardait Tom et Jerry à
la télévision, il y a eu une panne d’électricité et donc elle n’a pu voir la suite
du film d’animation, ce qu’elle a beaucoup regretté. Et donc, comme les
femmes font une poupée belghenja avec une louche en bois pour obtenir de
l’eau, elle a fait cette poupée belghenja avec une lampe pour qu’il y ait
toujours de l’électricité quand elle regarde la télévision. Selon Khalija Jariaa
qui a observé ce jeu et entendu cette conversation, les filles croient que grâce
à l'intervention de cette poupée belghenja modelée sur une lampe, un
symbole fort de l’électricité, Allah voudra bien exaucer leur vœu concernant
l’électricité.

440

317
Début 2008, la poupée belghenja de la figure 441 a été faite par un garçon
d’environ onze ans. Il a utilisé une louche en bois, y a attaché un bâtonnet en
forme de croix et a enveloppé le haut de cette structure de papier aluminium.
Ce garçon, qui aimait jouer avec les filles des voisins, a crocheté lui-même
la robe de cette poupée qui mesure 34 cm. Un long voile est tenu en place
avec un foulard blanc.

441

318
En janvier 2008 et en relation avec la mascarade Imachar des adolescents
et jeunes hommes à Tiznit, les garçons du village Ikenwèn se créent des
masques comme le font leurs aînés. Comme structure de base ils utilisent
souvent des boites de carton. Déjà à l’âge de cinq ans un petit garçon se fait
son propre masque et y a collé en guise de cheveux et de barbe de la laine de
mouton (fig. 442, H = 29 cm).

442

Un autre masque en carton montre un visage expressif dessiné par un garçon


de huit ans (fig. 443, p. 320, H = 34 cm).
Un copain du même âge s’est inspiré des formes caractéristiques de
l’éléphant pour créer un masque fantaisiste pour lequel il a utilisé la poignée
d’un bidon comme trompe (fig. 444, p. 320, H = 35 cm).

319
443

444

320
La figure suivante montre comment des filles d’Ikenwèn se fabriquaient
vers la fin des années 1900 une copie de la grande balance pour leur jeu de
magasin (fig. 445).

445

446

321
Les coquilles d’escargots ont plusieurs fonctions ludiques dans les jeux des
enfants de l’Anti-Atlas. Entr’autre elles servent de poupées, de pions dans
des jeux de stratégie, ainsi que pour créer des bijoux de filles. Ce collier, une
copie du collier amazigh traditionnel appelé tifillout, fut fait en 1982 par
Khalija Jariaa lorsqu’elle avait huit ans. Le petit sac rouge contient des
herbes servant de protection contre le mauvais œil (fig. 446, p. 321, LO = 21
cm). Le fait que Khalija Jariaa ait gardé ce collier d’enfance démontre
l’importance de ce bijoux-jouet dans l’imaginaire des filles de l’Anti-Atlas.

AMASIN

447

322
En juin 2007 lors de sa visite au village Amasin, Khalija Jariaa a
photographié deux garçons d’environ neuf ans jouant sur des instruments de
musique traditionnels utilisés par les musiciens amazighs pour accompagner
la danse Ahwach (fig. 447, p. 322). Cette danse était exécutée lors de la fête
de mariage du grand frère du garçon jouant sur le lotar, une guitare locale.
L’autre garçon joue sur la derbouka, le tambour. L’intérêt de cette photo se
trouve dans le fait qu’elle démontre que des garçons de cet âge s’exercent à
jouer et à chanter comme des musiciens professionnels.

TERLOULOU

Au village Terloulou un garçon de 8 ans a construit en mars 2015 un puits


avec de la boue et des branchettes (fig. 448). Un puits qui servira pour le jeu
de fellah ou paysan que ce garçon joue avec ses copains.

448
1
323
Le même mois une fille de dix ans s’est fait une copie de la piscine qu’elle
a vue dans un hôtel de Tafraoute avec son grand-père vivant en France
lorsque celui-ci était de retour au pays. Pour simuler l’eau de cette piscine,
construite au même endroit que le puits de la figure précédente, la fille a
utilisée du papier d’argent provenant de l’emballage d’un cadeau de mariage
(fig. 449).

449

324
LAHFART

En février 2011 quelques filles entre six et huit ans de la classe de Boubaker
Daoumani à l’école primaire du village Lahfart ont modelé avec de la terre
argileuse les ustensiles jouets de la figure 450. De haut en bas et de gauche à
droite, il s’agit d’un plat avec louche, un moulin à bras pour moudre du blé
ou du henné, une table basse sur laquelle se trouvent un plat à manche avec
louche, un petit bol et deux grands bols, un moulin à bras pour faire la pâte
de noix d’argan et une casserole à deux manches avec couvercle.

450

325
Parfois, les filles de Lahfart et d’autres villages de l’Anti-Atlas, comme
Douar Ouaraben et Ikenwèn, donnaient et donnent encore à leur ustensiles-
jouets cuits une couche de glaçure. La série suivante de pareils ustensiles a
été faite par Mina, une fille de 17 ans en 2008, selon le procédé qu’elle
utilisait environ huit ans plus tôt (fig. 451-455, p. 326-328). Pour cette
opération technique les filles utilisent le ‘lait’ (le jus) d’une plante qu’ils
associent aux cactus mais qui en réalité est l’euphorbe. Cette technique est
expliquée ci-dessous (p. 328-330) mais plus en détail dans la première
annexe rédigée par Argyris Fassoulas (pas encore disponible).
La figure 451 montre de gauche à droite une paire de pantoufles pour
femme à décor floral, d’une soupière à décor floral, la louche de la casserole
ainsi que la casserole à décor géométrique.

451

Mina a aussi modelé, cuit et enduit de jus d’euphorbe une théière dont l’anse
est brisée (fig. 452, p. 320, H = 6,5 cm, D = 5,5 cm), un vase (fig. 453 à
gauche, p. 327, H = 6 cm, D = 4,5cm) et une roche décorative (fig. 453 à
droite, p. 327, H = 7 cm).

326
452 453

De la même manière elle a créé une cruche (fig. 454 à gauche, H = 6 cm, D
= 4,5cm) et un pot à anche et bec (fig. 454 à droite, H = 4,5 cm, LO = 7,5
cm).

454

La dernière série d’ustensiles-jouets faite par Mina de cette manière se


trouve à la figure 455 (p. 328). De gauche à droite on y voit un plat
rectangulaire (H = 1,2 cm, LO = 5,5 cm, LA = 4 cm), un pot à anse et bec
avec sept perles incrustées (H = 3,5 cm, LO = 7 cm), un récipient à
couvercle (H = 3,5 cm, D = 4 cm) et une cruche à anse (H = 7 cm, LO = 8
cm).

327
455

Les filles utilisent le halib ou lait de l’euphorbe, une plante appelée tikiwt en
tachelhit, pour donner à leurs jouets en argile une couche de glaçure (fig.
456, 457, p. 329). Khalija Jariaa a fait cela à Ikenwèn quand elle avait
environ huit ans vers 1988 mais les filles de son village natal le font encore
aujourd’hui.

456

328
457

Khalija Jariaa m’a décrit en 2010 cette technique de la manière suivante.


Une fois que le pain est cuit, la fille peut éventuellement utiliser le four de sa
mère. Du vieux cimetière, la fille récupère une grande pierre plate parmi
celles qui se trouvent en haut et en bas des tombeaux. Elle en choisit une qui
n’est pas trop lourde pour pouvoir être transportée. Sur cette pierre plate elle
pose les jouets qu’elle a modelés avec de l’argile trouvée en bas du borj id
Bella, la grande maison en pisé avec sa tour. Cette vaste maison avec son
borj ou tour porte le nom de la famille Bella qui y habite (fig. 458, p. 330).
La fille va chercher le jus blanc du cactus dans l‘asif i iqsdar, l’oued près
d’Ikenwèn. Avec une pioche elle découpe une partie qui se trouve sur le
bord de la plante. Elle fait une incision au milieu du morceau coupé et le jus
blanc coule dans une grande boîte de conserve presque jusqu’à ras bord. La
fille doit faire attention à ce que le jus n’entre pas en contact avec la peau ou
les yeux car ce jus brûle la peau et gonfle l’œil. Elle retourne avec le jus au
four où ces ustensiles sont en train de cuire. Une fois les ustensiles cuits elle
en sort un du four en le prenant avec deux doigts qui sont protégés par un
morceau de carton et le met dans le jus blanc avant de le poser sur une autre
grande pierre. Puis elle le prend de l’autre bout et met la partie pas encore

329
glacée dans le jus. Elle fait ainsi jusqu’à ce que toutes les pièces soient
glacées. Les poteries glacées doivent sécher toute la nuit et alors elles sont
bien brillantes.

458

Mina, l’adolescente qui a créé les ustensiles-jouets à glaçure (p. 326-330) a


aussi montré comment elle utilisait des restes de dentifrice pour décorer des
ustensiles-jouets en argile. La figure 459 comporte de haut en bas un mortier
à heurtoir (H = 4 cm), une soupière à couvercle et louche (H = 6,5 cm) et
deux petits récipients à louche (H = 1,5 cm).

459

330
SIDI IFNI

Le 7 décembre 2007 dans le quartier Boulalem, un groupe de jeu composé


de Nouheila avec le foulard vert (9 ans), et deux sœurs habitant la maison à
côté, Fatima vêtue d’un deux pièce gris (9 ans) et Naïma vêtue d’un deux
pièce rouge-bleu (7 ans) mettent en scène la préparation du dîner de l’aïd,
une fête religieuse. Quand les mères et les autres femmes adultes préparent
le dîner pour l’aïd, les filles qui ne doivent pas aider à cette besogne aiment
préparer leur propre dîner de fête. Il s’agit du même groupe de jeu jouant
régulièrement en face de la maison où habitaient les auteurs. Nouheila est en
train de mettre les plats et les dessert en ordre pendant que Fatima filtre du
sable pour imiter la farine utilisée pour faire des gâteaux (fig. 460).

460

331
461

Puis Fatima cherche un supplément de sable (fig. 461) pendant que sa sœur
Naima pousse un bouchon dans le sable de mer utilisé pour la construction
d’une maison afin de simuler des gâteaux ronds (fig. 462).

462

462

332
463

Nouheila a préparé un gâteau carré avec du sable de mer et est en train d’y
mettre de la soi-disant crème à pâtisserie (fig. 463). Puis elle et Naïma
regardent Fatima qui arrange les gâteaux (fig. 464).

464

333
465

Ali, le frère de douze ans de Nouheila entre dans le jeu des filles et prend la
brosse pour nettoyer l’endroit où le simulacre du dîner de l’aïd aura lieu et
cela sous le regard de son copain qui joue au ballon (fig. 465-466).

466

334
Quinze mois plus tard en mars 2009, les mêmes filles, Nouheila (10 ans),
Fatima (10 ans) et Naïma (8 ans), ont créé leur boulangerie et pâtisserie sur
le bord du trottoir devant la maison ou habitaient les auteurs. Les petits
morceaux blancs sont du plâtre représentant de la farine (fig. 467).

467

Lahoucein, un voisin de sept ans, aide Nouheila en versant de l’eau sur le


plâtre servant de farine (fig. 468, p. 336). Une fois que la farine est prête
Fatima utilise une boite de sardine pour donner la forme de pizza au sable
mouillé (fig. 469, p. 336).

335
468

469

336
470

Un peu plus tard Lahoucein a ouvert une épicerie contre le mur pendant que
Fatima y prépare des pizzas dans son restaurant (fig. 470-471).

471

337
En février 2011, le même groupe de jeu des filles du quartier Boulalem
jouent à la dînette. Les bouchons dans ce tajine-jouet représentent des
morceaux de qofta iselmân, c’est-à-dire du poisson haché mélangé avec des
herbes (fig. 472).

472

LOQLIA

473

338
En janvier 2008 dans le village Loqlia, Khalija Jariaa a vu Rachida, une
fille de huit ans, en train de construire une maisonnette dans une boite de
carton. Selon la fille, elle crée un rawd’ el at’fal, une salle préscolaire pour
les petits enfants (fig. 473, p. 338). La figure suivante montre à gauche un
petit enfant qui ne marche pas encore, couché sur un sofa (fig. 474). Cette
fille a aussi fait une poupée à armature de roseau qui représente la maîtresse.

474

339
SIDI ABOU

En janvier 2012, Khalija Jariaa a fait avec un appareil photo digital une
vidéo de 49 secondes d’une fille de cinq ans vêtue d’un pull bleu et de sa
sœur de deux ans et demi vêtue d’un pull rouge. Les deux sœurs jouent avec
une petite tente. Devant la tente se trouve une poupée à armature de roseau,
un grand paquet de thé représentant une télévision et une grande voiture à
six roues créée avec un long roseau. Sur le côté droit de la tente se trouvent
les vêtements de la poupée et un vaporisateur contre les insectes qui
représente un extincteur de feu comme on peut en trouver dans plusieurs
maisons. La fille de cinq ans tient un roseau coiffé d’une bouteille en
plastique qu’elle pointe vers le ciel en disant en tachelhit A Rabbi fqèh
amen, qu’Allah nous donne de l’eau.

340
4 Les activités techniques dans les jeux et jouets
Les thèmes qui surgissent dans les jeux et jouets liés aux activités techniques
des enfants de l’Anti-Atlas sont très variés mais peuvent se divisent en trois
groupes. Il s’agit de la chasse et du combat, du transport et des moyens de
communication.
Les jouets utilisés pour ces jeux de faire semblant sont fait avec beaucoup
de matériel naturel ou de récupération. Comme déjà mentionné, les garçons
et les filles de l’Anti-Atlas jouaient rarement avec des jouets faits par des
adultes, des artisans ou l’industrie du jouet.
Les jeux et jouets liés aux activités techniques sont plutôt l’apanage des
garçons sans que cela exclus que des filles s’y adonnent. Une situation qui
est basée sur la division des communautés locales en sphère féminine et
sphère masculine.
Les informations sur les jeux et jouets liés aux activités techniques dans
l’Anti-Atlas s’étendent sur une période qui va de 2002 à 2017, mais une
information réfère à l’année 1980.

4.1 Résumé des informations publiées en 2013

Le livre Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. Les activités


techniques dans les jeux et jouets (Rossie, 2013), contient des informations
recueillies dans l’Anti-Atlas marocain auprès des enfants et des familles
habitant à Bifourna, Douar Ouaraben, Idoubahman-Imjâd, Ifrane de l’Anti-
Atlas, Igîsel, Ikenwèn, Lagzira, Lahfart, Sidi Ifni et Terloulou. Dans le livre
mentionné ci-dessus, se trouve la description élaborée de ces jeux et jouets
liés aux activités techniques. Ci-dessous se trouve d’abord une liste
succincte de ces données suivie par les informations supplémentaires.

341
DOUAR OUARABEN

Beaucoup d’informations et de jouets ont été collectionnés à Douar


Ouaraben, un village dans la périphérie de Tiznit qui en 2010 a été intégré
dans la ville de Tiznit sous le nom de quartier ‘Hay Idreq’. Il s’agit de jouets
pour jeux de combat : armes à feu (Rossie, 2013a, p. 99, fig. 61 ; p. 100, fig.
63) et des jeux de policier (Rossie, 2013a, p. 85-86, fig. 40-41). Il y a aussi
toute la gamme de jouets pour jeux liés au transport : la bicyclette (Rossie,
2013a, p. 121, fig. 93), le tricycle (Rossie, 2013a, p. 123-124, fig. 95-97) , la
voiture (Rossie, 2013a, p. 145-147, fig. 137-142), le car (Rossie, 2013a, p.
176-177, fig. 194-196), le tracteur et le bulldozer (Rossie, 2013a, p. 206-
208, fig. 236-240), le train (Rossie, 2013a, p. 220-222, fig. 256-258), le
bateau (Rossie, 2013a, p. 225-226, fig. 261-262), l’avion (Rossie, 2013a, p.
235-237, fig. 274-278) et l’hélicoptère (Rossie, 2013a, p. 239-240, fig. 283),
ainsi que les jouets pour des jeux liés à la communication : l’écriture et
l’école (Rossie, 2013a, p. 244-248, fig. 286-290) et les téléphones (p. 249).

IKENWEN

Les enfants et quelques adultes d’Ikenwèn, le village natal de Khalija Jariaa


situé à 29 km de Tiznit, ont offerts gracieusement grand nombre de
renseignements sur leurs jeux et jouets. Il s’agit de jouets pour jeux de
chasse : frondes (Rossie, 2013a, p. 57-58, fig. 4-5), lance-pierres (Rossie,
2013a, p. 60-61, fig. 7-9), arcs et arbalètes (Rossie, 2013a, p. 67, fig.15) et
de jouets pour jeux de combat : armes à feu et bombes. (Rossie, 2013a, p.
91, fig. 51). Il y a aussi toute la gamme de jouets pour jeux liés au transport :
la charrette, le fauteuil roulant, la planche à roulettes, la bicyclette, la
trottinette et le tricycle, la moto, la voiture, le camion, le tracteur et le
bulldozer, le train, le bateau, l’avion et l’hélicoptère (Rossie, 2013a, p. 147-
153, fig. 142-152), ainsi que les jouets pour jeux liés à la communication :
mesurer le temps, l’écriture, les téléphones, les radios et appareils
d’enregistrement, les appareils photos, le cinéma et la télévision et les jouets
électroniques (Rossie, 2013a, p. 252 et 260, fig. 298 et 309).

342
TERLOULOU

Un garçon de Terloulou, un grand village près de Tafraoute, utilise un bolide


en plastique et une fille une voiture à Bunnies. (Rossie, 2013a, p. 174, fig.
191-192). Mais des garçons se créent aussi un camion-citerne et un
bulldozer avec du matériel de récupération (Rossie, 2013a, p. 200 et 212, fig.
228 et 245).

LAHFART

Dans ce village de montagne près de Sidi Ifni, les élèves de la petite école
primaire se font des voitures à deux roues et à quatre roues et un abribus
(Rossie, 2013a, p. 166-169 et 178, fig. 174-183 et 198). Une fille de la
même école a fait elle aussi une voiture à quatre roues (Rossie, 2013a, p.
169, fig. 180). Aussi bien des filles que des garçons plient des bateaux en
papier et créent des téléphones portables (Rossie, 2013a, p. 224 et 252, fig.
260 et 297)

LAGZIRA

Une vidéo réalisée en 2002 devant une ferme à Lagzira, un lieu au km 9


avant Sidi Ifni à côté de la route vers Tiznit, montre une sœur et son frère
jouant avec des voitures de mariage faites de boites de sardines (Rossie,
2013a, p. 137).

BIFOURNA

Dans ce village situé à environ30 km de Sidi Ifni quelques jeux et jouets ont
été trouvé. Deux garçons y jouent avec des soi-disant patins à roulettes, une
voiture 4x4 et une veille voiture à télécommande (Rossie, 2013a, p. 117,
156-157 et 158, fig. 87, 158-160 et 161).

IDOUBAHMAN-IMJAD

Au village Idoubahman-Imjâd des garçons ont joué avec des bicyclettes-


jouets et une voiture (Rossie, 2013a, p. 119-120 et 159-160, fig. 90-91 et
162-164).

343
SIDI IFNI

A Sidi Ifni des enfants jouaient avec des jouets pour jeux de combat : armes
à feu (Rossie, 2013a, p. 81-82, fig. 33-34 ; p. 98-99, fig. 59-60 ; p. 101, fig.
64-65), des jouets pour jeux liés au transport : la planche à roulettes, la
trottinette, la voiture, le camion, le bulldozer, le train, le bateau, l’avion et
l’hélicoptère (Rossie, 2013a, p. 110-112, fig. 74-79 ; p. 122 ; p. 161-165, fig.
166-172 ; p. 213-215 ; fig. 246-249 ; p. 218-220, fig. 252-255 ; p. 230-231,
fig. 268-269 ; p. 232), ainsi que des jouets pour jeux liés à la
communication : mesurer le temps, les appareils d’enregistrement et les
jouets électroniques (Rossie, 2013a, p. 242, fig. 284 ; p. 253-254, fig. 301 ;
p. 261, fig. 311).

IFRANE DE L’ANTI-ATLAS

Dans ce grand centre urbain une fille joue avec une charrette tirée par un
mulet faits avec du matériel de récupération (Rossie, 2013a, p. 106, fig. 69).

IGISEL

Dans ce petit village près de Guelmim des garçons se font des jouets
représentant un fusil de Fantasia, un fusil, un fauteuil roulant, une planche à
roulettes, des voitures à deux roues, un camion-citerne, une moissonneuse et
un appareil photo (Rossie, 2013a, p. 82, fig. 35 ; p. 92, fig. 52 ; p. 107, fig.
71-72 ; p. 113-116, fig. 80-86 ; p. 143-144, fig. 134-136 ; p. 201, fig. 229-
230 ; p. 216, fig. 250 et p. 258, fig. 306).

344
4.2 Informations supplémentaires

Les informations supplémentaires sur les jeux et jouets liés aux activités
techniques des enfants de l’Anti-Atlas notés depuis 2012 se retrouvent dans
cette partie du livre. Ces informations ont été recueillies auprès de familles
amazighes de la province de Tiznit vivant dans les villages Douar Ouaraben
et Ikenwèn ainsi que dans la province de Sidi Ifni chez des familles
amazighes vivant dans le village Lahfart et la ville de Sidi Ifni. Toutes ces
informations proviennent de Khalija Jariaa sauf celles recueillies à Lahfart.
Dans le texte ci-dessous elles sont organisées suivant le thème de jeu puis
suivant l’ordre chronologique.

DOUAR OUARABEN

En décembre 2009 vers onze heures du matin, Ahmed (11 ans), Brahim (8
ans) et Rashid (8 ans), trois garçons appartenant au groupe de jeu de la piste
d’Igrer, jouent la guerre de Filistîn-Israîl (la guerre israélo-palestinienne).
Ahmed et Brahim sont des frères et Rashid est un voisin. Ce jeu et le jeu
suivant de la guerre de Filistîn-Israîl (2015) ont été inspirés par le
programme d'information de la chaîne de télévision marocaine 2M.

475

345
Khalija Jariaa, qui a réalisé les photographies suivantes, a également
réalisé deux courtes vidéos de cet événement, disponibles sur YouTube :
https://www.youtube.com/watch?v=KQG_-kcWTpY et
https://www.youtube.com/watch?v=u5bLVvZ6Z0Q
La figure 475 (p. 345) montre Ahmed de onze ans, jouant le rôle d'un
soldat israélien, s'enfuit avec un autre soldat tenant une arme à la main. Les
garçons de huit ans Brahim et Rashid, qui manque sur la photo, représentent
des combattants palestiniens. Ahmed joue le rôle de leader surtout en
attaquant les filles dans leurs maisonnettes. En bas de cette figure, on voit un
‘village palestinien’. Selon les garçons, la ligne noire courte faite avec un
sac en plastique est une zone de bombes et la grosse pierre à sa droite
représente la frontière entre le territoire palestinien et israélien. Une
deuxième photographie offre une vue plus large de l'aire de jeu avec la
pierre de la frontière maintenant au milieu et en bas une autre zone de
bombes indiquées par des sacs en plastique noir (fig. 476).

476

346
La première vidéo brève commence avec un combattant palestinien
(Rashid) qui court après le soldat israélien (Ahmed). Le deuxième
combattant palestinien (Brahim) est gravement blessé et tombe mort tout
comme le soldat israélien qui a également été tué. Le combattant palestinien
survivant marche un peu en rond. Puis Rashid dit à Brahim : “il suffit d’être
mort, lève-toi nous allons attaquer Ahmed”. Quand Ahmed voit qu’ils
l’attaquent, il se lève et s’enfuit pour que Brahim et Rashid ne puissent pas
le faire prisonnier. A la fin de cette vidéo, Ahmed dit aux deux Palestiniens :
“vous êtes fatigué parce que vous ne pouviez pas me prendre”.
Un peu plus tard, Ahmed, en tant que soldat israélien, se dirige vers le
village palestinien. Ce ‘village’ est constitué des maisonnettes de Sâdiya (11
ans), Fatima (11 ans), Ijou (7 ans) et Habiba (8 ans). Ces filles sont les
voisines des garçons. Dans leurs maisonnettes, elles jouent au ménage et
arrangent une table avec des ustensiles-jouets modelés en argile. Ahmed
vient déranger les maisonnettes des filles et leur tire dessus en disant “vous
vivez dans un village palestinien”. Les filles entrent dans le jeu et font
comme si elles étaient blessées. Les deux combattants palestiniens
s’approchent et frappent Ahmed. Les filles se joignent à prendre Ahmed
prisonnier et ensemble ils l’amènent à l’endroit où il doit rester sur le sable
d’une construction de maison. Ahmed se défend mais ne réussit pas à se
libérer. Les garçons et les filles poussent Ahmed sur le sable et le frappent.
Les filles le frappent plus fort en disant : “tu as détruit nos maisons”.
Cependant, Ahmed rit et répond : “Je suis content d’avoir détruit vos
maisons”. La mère de Sâdiya l'appelle pour le déjeuner et cela met fin à
l’activité ludique.
Vers 14 h 30, ces enfants recommencent à jouer mais avec un groupe plus
important de neuf garçons. Ahmed et Brahim ont invité d'autres garçons à
jouer avec eux. Cinq garçons représentent les combattants palestiniens :
Hamid (9 ans), Zakaria (8 ans), Smaïl (7 ans), Mohamed (6 ans) et un autre
garçon. Quatre garçons sont les soldats israéliens : Ahmed (11 ans), Brahim
(8 ans), Rachid (8 ans) et Hassan (7 ans). Ahmed et Brahim ont également
demandé aux quatre filles, qui jouaient au ménage dans leurs maisonnettes,
de se joindre au jeu et les filles ont accepté. Les filles sont pour la plupart
cachées par la fumée du feu mais à 54 secondes dans la vidéo on peut voir
Sâdiya vêtu de blanc apparaissant à la droite du feu.

347
Le jeu de la guerre Filistîn-Israîl reprend avec la recherche d'un briquet
pour allumer un feu. Ahmed demande à un garçon s'il peut aller prendre un
briquet dans sa maison mais ce garçon répond non parce que sa mère ne veut
pas qu'il joue à l'extérieur en ce moment. Ensuite, Khalija Jariaa leur donne
un briquet. Un feu est fait avec du bois trouvé dans l'oued, bois qui a été
transporté des montagnes quand il y avait de fortes pluies quelques mois
plus tôt.
Quand les enfants recommencent à jouer, Khalija tourne la deuxième
courte vidéo depuis le toit plat de sa maison bien proche. Les cris entendus
au début de la vidéo sont faits par Ilyas, le fils de Khalija. Les garçons qui
entendent le bruit du vent disent que c'est le bruit de la guerre. Les filles
crient à l'aide aux combattants palestiniens. Sâdiya crie pour son frère Smaïl
qui, avec les autres combattants palestiniens, court à la rescousse des filles.
Sâdiya et Ijou se trouvent derrière des buissons à la gauche du feu où elles se
cachent pour les soldats israéliens se trouvent à une distance d'environ trois
mètres. Sâdiya jette une pierre vers Rachid et lui dit “tu es mort”. Il tombe
comme un homme mort et quitte le jeu en allant aux maisonnettes d'où il
regarde la scène de guerre.
Fatima et Habiba sont assis dans leur maisonnette. Ahmed, en tant que
soldat israélien, les attaques et les deux filles courent vers les deux autres
filles qui se cachent derrière des buissons. Ahmed tire sur Fatima et dit “tu
es mort”. Fatima n'est pas d'accord et dit “non, c'est Habiba”. Habiba répond
“non c’est toi qui es mort”. Quand Ahmed confirme qu'il a tiré sur Fatima,
elle est d'accord. Elle se laisse tomber par terre et rejoint les maisonnettes.
Le jeu se termine parce que les filles veulent jouer à nouveau dans leurs
maisonnettes. Les garçons vont jouer au football.
Pendant ce jeu, les combattants palestiniens lancent des pierres sur les
soldats israéliens qui tirent avec des armes fabriquées par Ahmed. Il a fait
quatre fusils (fig. 477-478, p. 349). Il utilise celui avec une épaule et donne
les autres armes aux trois garçons qui jouent avec lui comme des soldats
israéliens.
Les combattants palestiniens n'ont pas d'armes car selon les joueurs “ils
n'ont pas l'argent pour les acheter”. Les garçons, jouant le rôle de combattant
palestinien, utilisent une fronde faite avec un morceau de tube à air d'une
bicyclette ou un lanceur de pierre fait avec une branche fourchue et un
morceau de caoutchouc, mais il arrive aussi qu'ils jettent les pierres.

348
477

478

A peu près six années plus tard en août 2015, quatre garçons vivant au même
endroit que les joueurs précédents jouent eux aussi à la guerre de Filistîn-
Israîl. Cette fois-ci leur terrain de jeu est beaucoup plus restreint car limité
au terrain de construction en face de la maison de Khalija Jariaa.

479

349
En bas de la figure 479 (p. 349), Anas (5 ans) et Mohamed (12 ans)
tiennent un long bâton qui selon eux représente un tèzzit, un cimeterre en
tachelhit. Au milieu et à droite de la photo, Yasin (8 ans) porte aussi un petit
bouclier. Ilyas (7 ans) est en train de chercher un bâton. Yasin et son grand
frère Mohamed, les deux garçons à droite de la photo suivante (fig. 480),
disent qu’ils sont des Filistin et Ilyas et Anas, les deux enfants de Khalija
Jariaa, disent qu’ils sont des Israîl. Assis sur le tas, Ilyas prend un sac blanc
en plastique pour le mettre au-dessus de sa tête et simuler de cette manière le
haut du costume de Spiderman qui de cette manière devient invulnérable.
Les programmes de Spiderman sont bien connus des enfants marocains car
ils sont diffusés sur plusieurs chaines de télévision.

480

350
En janvier 2017, le même Ilyas, alors âgé de neuf ans, montre sur la
terrasse de sa maison, la manière dont il joue avec une série de véhicules-
jouets provenant de l’industrie du jouet qu’il a reçu de touristes de passage
(fig. 481). Anas, le frère cadet d’Ilyas, attend pour participer à ce jeu.

481

351
En octobre 2006 à Douar Ouaraben, Khadija, une jeune fille de dix ans
tenant en main une cassette audio transformée en ‘caméra vidéo’, joue le
rôle d’une marocaine vivant depuis quelques temps à Paris (fig. 482).

482

En jouant les manières un peu chiquées d’une jeune femme émigrée à Paris,
Khadija, assise sur le tas de pierres, explique à sa sœur Fatim Zohra, en train
de plier un foulard noir, à sa voisine Fatiha, et à Smaïl, le frère de Fatiha,
comment on vit à Paris où l’on porte des vêtements propres et à la mode.
Une manière de vivre comme racontée par une marocaine émigrée en visite
à Douar Ouaraben. Fatiha répond à Khadija qu’il y a bien des jolis
vêtements là-bas mais que les gens y ont vite la peau d’une grand-mère ou
d’un grand-père parce qu’il leur manque le beau temps et le soleil du Maroc.
En plus il leur manque les bonnes odeurs du village et de la cuisine
marocaine (fig. 483, p. 353).

352
483

484

353
La figure 484 (p. 353) montre Fatiha en train de regarder la ‘caméra
vidéo’. Khadija, la soi-disant émigrée, dit que les filles marocaines ne
connaissent pas le fonctionnement d’une caméra vidéo mais Fatiha répond
qu’elle connait cela et demande de prendre en main la caméra vidéo. Khadija
refuse, pose la caméra vidéo sur ses genoux et dit à Fatiha de la regarder
ainsi car si elle la prend en main, elle risque de la laisser tomber.

IKENWEN

En décembre 2006 tout près de la rivière sèche, sept garçons s’amusent à un


jeu de contrebande entre le Maroc et la Mauritanie. Ahmed (11 ans) portant
une casserole comme casque, représente un douanier (fig. 485). Lui et un
autre garçon plus jeune, sont des douaniers postés à la frontière entre le
Maroc et la Mauritanie.

485

354
Leurs copains sont devenus des contrebandiers voulant passer la frontière
avec des camions imaginaires transportant du fil d’acier pour la construction
et cela sans payer de droits de douane. Mais à la frontière la marchandise est
contrôlée par les douaniers (fig. 486).

486

Pour arranger l’affaire les contrebandiers offrent à un des douaniers un billet


de 200 dirhams comme bakchich, un billet découpé dans un dépliant
publicitaire (fig. 487, p. 356).

355
487

Sur cette photo on remarque dans le coin supérieur droit la frontière tirée
dans le sable et en haut de cette ligne un tas de pierre indiquant l’entrée du
poste frontalier.

488

356
Les deux douaniers disent que cela n’est pas assez d’argent mais les
contrebandiers promettent de donner bien plus en retournant avec leur
camion chargé de produits de la Mauritanie. Deux garçons d’environ sept
ans jouent le rôle de soldats qui cherchent des bombes pour déminer la
région frontalière (fig. 488, p. 356).
Pendant les vacances scolaires du Nouvel An début 2011, Smaïl et Saïd
deux garçons d’environ dix ans, ont créé deux chars pour un jeu de guerre.
Pour son char, Smaïl a utilisé un tube de médicament (fig. 489-490, H = 8
cm, LO = 11 cm, LA = 8 cm). Pour l’autre char, Saïd a utilisé un morceau de
bois de menuiserie (fig. 491-492, H = 9 cm, LO = 17,5 cm, LA = 9 cm).

489 490

491 492

357
Zakaria (10 ans), le garçon qui avait construit en 2008 deux maisons en
bois (fig. 408, p. 305,) a réutilisé ces maisons en janvier 2011 pour un
nouveau jeu. Il a pris la moitié d’un bassin en plastique et remplace le bord
manquant par un bord en sable. Puis, il couvre la moitié du bassin et le bord
de sable avec un plastique qu’il remplit d’eau. Ainsi il crée une rivière près
de la quelle il dispose ses deux maisons.

493

Maintenant, Zakaria construit un bateau-amphibie avec du bois léger


provenant de la plante asphodèle et une superstructure composée de deux
larges feuilles de roseau. Comme essieux il utilise des fils d’électricité et les
roues sont des plastiques ronds pris à l’intérieur de bouchons de bouteilles
de limonade (fig. 493, H = 8 cm, LO = 14 cm, LA = 7 cm).

358
En décembre 2006, un jouet tout à fait nouveau est le parapluie que Saïd
(7 ans) s’est créé pour la première fois. Il s’agit du garçon qu’on a déjà vu
faire des moyens de transport dans le livre précédent Cultures Ludiques
Sahariennes et Nord-Africaines. Les activités techniques dans les jeux et
jouets (2013a, p. 147, fig. 142 ; p. 155 : fig. 156 ; p. 195, fig. 222 ; p. 206,
fig. 236 ; p. 227, fig. 264 ; p. 233, fig. 271). Dès lors on peut aisément le
qualifier de spécialiste dans la fabrication de jouets à Ikenwèn.
Pour réaliser la toile de son parapluie Saïd a utilisé le papier d’emballage
d’un cadeau de mariage qu’il a trouvé dans les rebuts après une fête de
mariage à Ikenwèn (fig. 494).

494

359
Dans l'image ci-dessus, Saïd pousse une baleine sous son parapluie. Le
pôle central est un bâton de roseau. Dans la figure 495, Saïd tient des palmes
qui serviront de baleines. Pour les ramollir, il posera le paquet sur le sol et le
frappera avec une pierre.

495

Lors d'une douche de pluie, Saïd se promène avec son invention devant les
autres enfants (fig. 496, p. 361). Puis il pose pour le photographe (fig. 497,
p. 362). Plus tard, d'autres enfants de son village se sont inspirés de ce type
de parapluie pour les construire eux-mêmes.

360
496

361
497

362
LAHFART

En avril 2002 un garçon de la classe de Boubaker Daoumani dans l’école


primaire de Lahfart, lui a donné cette voiture faite, comme beaucoup
d’autres, d’une boîte de sardines avec des roues de bouchons en plastique
mais conduite par un chauffeur créé de manière remarquable (fig. 498).

498

En décembre 2005, un autre élève de Boubaker Daoumani dans l’école


primaire de Lahfart a créé une voiture à quatre sièges découpés dans un
morceau de polystyrène et l’a donnée des roues, un guidon et une roue de
secours de bouchons en plastique (fig. 499-501, p. 364-365). Cette voiture
est amplement décorée au stylo bleu et rouge. Sur le fond de la voiture son
constructeur, Moustapha Arouche, a écrit son nom (fig. 502, p. 359). Ce
garçon de sept ans est originaire de Tifghit, un village situé dans les environs
de Lahfart et faisant partie de la même commune rurale Tioughza. Il logeait
à Lahfart parce qu’il n’y avait pas d’école dans son village.

363
499

500

364
501 502

SIDI IFNI

En décembre 2007 devant la maison où séjournent les auteurs à Sidi Ifni,


Brahim (11 ans), Mohamed (9 ans avec le numéro 20 au dos) et Lahoucein
(7 ans) ont construit la maison de riches contre le mur. Le rôle du jeune
Lahoucein était d’amener les pierres. En bas de la maisonnette se trouve un
bidon qui représente le puits d’eau dans les maisons car dans ce temps-là
l’eau de robinet manquait parfois. La figure 503 montre Brahim et Mohamed
en train de construire la piscine pour nager. L’escalier pour aller à la piscine
privée se trouve entre le coin du trottoir et le mur de la piscine.

503

365
Pendant que des filles de voisins regardent en espérant pouvoir jouer avec,
un ‘homme riche’ parcoure avec sa voiture, une bicyclette, la route partant
de sa maison. Une route que Brahim et Mohamed ont tracée. A la demande
des filles pour jouer avec, le monsieur riche (Brahim) à répondu « pas pour
le moment c’est la route de ma maison ». Puis le riche démarre et essaye
avec le vélo de parcourir le chemin (fig. 504, 505, p. 367).

504

Quand la roue de la bicyclette sort de la piste (fig. 506, p. 367), les filles
disent au chauffeur “tu ne connais pas bien pour rouler avec la voiture”. Le
chauffeur leur répond “Moi je connais bien pour rouler et je travaille et j’ai
tout ce qu’il faut”. Mais les filles lui répondent : “oui tu as tout mais tu ne
roules pas bien”.

366
505

506

367
Un peu plus tard, deux garçons s’efforcent à aplatir le sol de la piscine
avec leur rouleau de broyage, une boîte de sardines remplie de sable (fig.
507). Puis ils vont continuer à aplatir la surface de la route (fig. 508) et bien
vite Mohamed s’attèle aussi à cette tache (fig. 509, p. 369).

507

508

368
509

En décembre 2007, Lahoucein, un garçon de dix ans du même quartier de


Sidi Ifni, construit d’abord une voiture pour son petit frère Hassan de 3 ans
qui est en train de la tirer (fig. 510). Puis il construit un camion pour le
transport de pierres.

510

369
511

Cette voiture rudimentaire est faite avec une boite de sardines et deux roues
à l’arrière (fig. 511). Le camion est construit avec une autre boite de sardines
et deux roues à l’avant qui sont des couvercles de pot de confiture. Sur la
figure 512, Lahoucein montre à son petit frère comment pousser le camion.

512

515

370
513

Pendant qu’Hassan essaie de conduire sa voiture sur le bord du trottoir,


Lahoucein s’amuse avec le camion (fig. 513). Un peu plus tard Hassan
s’efforce de faire passer sa voiture entre les pierres et le trottoir (fig. 514)
pour aller la remplir de sable (fig. 515, p. 372).

514

371
515

Boubaker Daoumani m’a raconté en 2017 un exemple de la fabrication d’un


camion par un jeune garçon avec l’aide d’un adolescent. En 1980 vers l’âge
de sept ans, Boubaker voulait construire un camion comme celui qu’il avait
vu entre les mains d’un voisin de dix-sept ans. Ils se trouvaient à Sidi Ifni
dans la rue tout près de leurs maisons à l’endroit où se rassemblaient des
jeunes. Omar, qui habitait en face de la maison de Boubaker, avait remarqué
que son jeune voisin aimerait avoir le même camion que lui. Alors Omar a
proposé à Boubaker qu’il amène le matériel nécessaire pour qu’ensemble ils
fassent ce camion. Omar a expliqué à Boubaker ce qu’il doit amener : du
roseau, des petites planches de bois et des clous que les menuiser jettent. En
plus, il doit chercher dans les rebuts des boîtes rondes en fer blanc pour
petits poids ou olives et de vieilles sandales en plastique qui étaient assez
difficile à trouver. Rassembler tout cela a pris à Boubaker un ou deux jours.
Une fois tout le matériel était disponible, Omar a commencé à construire le
camion de rêve du jeune Boubaker. Selon Boubaker, son rôle était celui d’un
aide apprenti : amener ce qui manque, tenir en place les pièces qui devaient
être assemblées, redresser les clous tordus, chauffer à la maison le couteau
pour couper les roues dans les vieilles sandales. Omar se comportait en
maitre artisan. Il revenait à Boubaker d’apprendre comment faire par

372
l’observation et en suivant les conseils d’Omar sur le matériel adéquat,
comment utiliser certains outils ou ce qui remplace les outils, par exemple
une grande pierre au lieu d’un marteau. C’est surtout en travaillant ensemble
et en observant ce qu’Omar faisait, que le processus d’apprentissage se
déroulait. Par après Boubaker pouvait faire lui-même un camion et de mieux
en mieux. Boubaker est aujourd’hui encore conscient d’avoir appris bien de
choses grâce à l’aide d’Omar. Selon Boubaker il s’agit cependant d’un
exemple assez rare. Pour apprendre à fabriquer des jouets les enfants sont
surtout obligé d’observer des enfants un peu plus âgés ou qui savent mieux
faire, puis d’essayer et de réessayer. Il arrive rarement qu’un adolescent ou
un adulte de la famille ou du voisinage apprend à un enfant de faire un jouet
de manière directe.
Depuis la jeunesse de Boubaker Daoumani bien de choses ont changé en
ce qui concerne les jouets des enfants de l’Anti-Atlas car de plus en plus des
jouets provenant de l’industrie du jouet sont importé dans la région et cela
assez souvent par des marocains vivant en Europe. Un bon exemple est la
voiture amenée en juillet 2011 à Sidi Ifni et donné à un neveu par son oncle
qui travaille en Espagne (fig. 516).

516

373
En 2010 à la plage de Sidi Ifni, un adolescent montre comment il a fait un
objet décoratif en tressant des feuilles de palmier (fig. 517).

517

Avec cette technique les enfants font des jouets représentant des attrape-
mouches, des fleurs, des sacs, des lance-pierres et des berceaux. Un garçon
d’Ikenwèn a construit de cette manière une télévision en 2011.
Lors des périodes de fête mais surtout pendant la fête de la ville de Sidi
Ifni de fin juin à début juillet, des jeunes et moins jeunes enfants se
réjouissent sur le manège (fig. 518-519, p. 375).

374
518

519

375
CONCLUSION

376
Cette partie du livre débute avec une synthèse des données sur la culture
ludique des enfants amazighs de l’Anti-Atlas marocain. Elle est suivie par
une conclusion développée car il s’agit du dernier livre de la collection
Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines sur les jeux de faire
semblant. En plus, il s’agit de vérifier et éventuellement corriger la
conclusion dans Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. La vie
domestique dans les jeux et jouets (Rossie, 2008a).
Dans cette conclusion, toujours en relation avec les données sur les
enfants amazighs de l’Anti-Atlas, j’analyse successivement : l’espace et le
temps dans les jeux et jouets ; jouer dans et avec la nature ; la matérialité des
jeux et jouets ; jeux, jouets et socialisation ; jeux, jouets et les relations entre
enfants ; jeux, jouets, filles et garçons ; jeux, jouets et les relations entre
enfants et adultes ; jeux, jouets, fêtes et rituels ; la créativité des enfants ; la
communication et l’apprentissage par les jeux et jouets ; la continuité et
l’évolution des jeux et jouets ; ainsi que la recherche ethnographique et
interdisciplinaire sur les jeux et jouets.

1 Synthèse
Ce livre offre au lecteur une étude des jeux de faire semblant et des jouets
des enfants amazighs de l’Anti-Atlas marocain en reprenant les thèmes des
quatre livres précédents de la collection Cultures Ludiques Sahariennes et
Nord-Africaines : Poupées d’enfants et jeux de poupées (Rossie, 2005a),
L’animal dans les jeux et jouets (Rossie, 2005b), La vie domestique dans les
jeux et jouets ((Rossie, 2008a) et Les activités techniques dans les jeux et
jouets ((Rossie, 2013a).
Ainsi sont présentées quatre parties descriptives : Poupées d’enfants et
jeux de poupées, L’animal dans les jeux et jouets, La vie domestique dans
les jeux et jouets, et Les activités techniques dans les jeux et jouets. Chaque
partie offre d’abord un résumé des informations publiées en 2005, 2008 ou
2013. Dans la partie Informations supplémentaires se trouve l’analyse des
données recueillies plus ou moins récemment.
La période sur laquelle s'étend l'analyse des jeux et jouets dans l’Anti-
Atlas s'étale de 1980 à 2017. La collection du Musée de l’Homme,
maintenant au Musée du Quai Branly à Paris, ne possédait, autant que je
sache, pas de jouets de l’Anti-Atlas.

377
Les enfants parlant le tachelhit vivant dans la région de l’Anti-Atlas nous
ont permis d’obtenir une connaissance assez détaillée de leurs jeux de faire
semblant et des jouets qu’ils créent et utilisent pour ces jeux. Ces enfants ne
se limitent nullement à une imitation des comportements, activités et
situations en relation avec les enfants, adolescents ou adultes de leur famille,
du voisinage ou de leur communauté, et même de ceux qu’ils voient à la
télévision ou sur des vidéos. A ce sujet j’ai écrit en 2008 :

Bien sûr, il n'est nullement question d'une imitation pure et simple. Il


s’agit d'une appropriation et d'une interprétation des comportements,
relations, obligations, divertissements et croyances des adultes que ces
enfants connaissent plus ou moins. Leur créativité ne se limite donc pas à
ce qui fait partie du quotidien mais s'inspire parfois de l'exceptionnel.
(Rossie, 2008a, p. 343).

Comme dans les autres livres de la collection Cultures Ludiques


Sahariennes et Nord-Africaines, les jeux des enfants de l’Anti-Atlas sont très
souvent des jeux collectifs de plein air dans lesquels des enfants, appartenant
à la même famille ou qui sont des voisins, jouent d’abord dans des groupes
de jeux mixtes jusqu’à l’âge d’environ sept ans, puis dans des groupes de
jeux de garçons ou de filles. Plutôt rarement, il s’agit de groupes de jeux
mixtes d’enfants de huit ans ou plus mais dans ces cas il est souvent question
de jeux parallèles dans lesquels les filles jouent des rôles féminins et les
garçons des rôles masculins.
Sûrement, les enfants de l’Anti-Atlas veulent en premier lieu s’amuser
mais en même temps ils s’informent sur la réalité physique et humaine qui
les entoure. Ils se socialisent de leur propre initiative, s'exercent aux modes
de communication non-verbale et verbale, aux relations sociales, aux tâches
domestiques et économiques, aux coutumes et croyances. Parfois filles et
garçons apprennent par leur jeu et par la création et la manipulation de jouets
des compétences qui leur seront utile comme adolescent et adulte.
Cependant, l’inspiration pour leurs jeux de faire semblant est aujourd’hui
moins que dans le passé lié à la vie locale mais de plus en plus aux
informations des médias et aux comportements des touristes.
Les jouets faits par les enfants de l’Anti-Atlas sont aujourd’hui encore
majoritaires mais l’évolution vers des jouets provenant de l’industrie du
jouet vient lentement mais sûrement au premier plan. L’influence de

378
l’industrie du jouet, surtout celle de Chine, et des jouets importés par les
marocains de retour au pays ou par les touristes européens est grandissante
et provoque une diminution des jouets créés par les enfants eux-mêmes.
L’apport de jouets faits par des adultes de la famille et du voisinage ou par
des artisanes et des artisans est très limité.
Tous ces jouets fabriqués par les enfants ou d’autres sont presque toujours
une copie plus ou moins fidèle de l’objet réel. Par conséquent, j’ai rencontré
entre les mains d’enfants de milieux populaires vivant dans l’Anti-Atlas
presque pas de jouets liés à des mondes irréels.
Pour fabriquer leurs jouets, ces garçons ou filles amazighs utilisent une
variété remarquable de matériel végétal, minéral et animal et de plus en plus
des objets de récupération. Dans la très grande majorité des cas, ces
matériaux sont d’origine locale ou domestique. L’apport de matériaux
extérieur au milieu local est négligeable.
L'influence de l'industrie du jouet se fait énormément sentir à cause de
l’importation massive de jouets en plastique peu chers provenant de l'Asie.
Cependant cette influence ne date pas d'aujourd'hui puisque F. Castells
mentionne en 1915 la vente de jouets de fabrication européenne pour la fête
de l'°Ashûra à Rabat. De surcroit, A.-M. Goichon confirme en 1927 que les
filles mozabites utilisent des petits ménages d'importation européenne.
L’étude des jeux et jouets des enfants de l’Anti-Atlas ne donne qu'une
image incomplète de leurs activités ludiques et ne permet donc pas de faire
tout à fait droit à ce patrimoine. Cela est dû au manque de données dans la
bibliographie concernée sur l’Anti-Atlas et aux limites de l’enquête de
terrain. Dès lors, les jeux et jouets mentionnés n'excluent nullement
l'existence d'autres types de jeux ou de jouets. Je ne peux donc qu'espérer
que d'autres complèteront, et si nécessaire corrigeront, les données
rassemblées dans ce livre.
Même si le jeu et non pas le jouet est primordial, nous ne sommes pas
toujours arrivés à intégrer l'étude du jouet dans l’analyse du jeu pour lequel
il est fait.
Bien que l'idée semble prévaloir que les enfants amazighs de ces régions
n'ont que peu ou très peu de jouets, je crois que le lecteur a pu constater que
les données contredisent ou du moins rendent relatif cette affirmation.
Naturellement, il ne faudrait pas prendre comme critère le nombre de jouets
que les enfants possèdent dans des sociétés de consommation (Heljakka,
2013, p. 277).

379
2 L’environnement physique des jeux et jouets
L’environnement physique dans lequel les enfants de l’Anti-Atlas évoluent
n’est nullement uniforme. On y trouve des plaines côtières, des collines, des
montagnes de hauteur réduite, des hautes montagnes et des vallées qui
entrecoupent ces montagnes. Chaque région à ses particularités physiques et
offre aux enfants qui jouent et qui créent des jouets d’autres possibilités et
leur impose d’autres limites. Dans ce milieu rural avec des villages petits et
grands se trouvent aussi quelques centres plus ou moins urbanisés et un
nombre restreint de petites et moyennes villes.
Les enfants des communautés sédentaires de l’Anti-Atlas, impliquent dans
leurs jeux de faire semblant et dans les jouets et autres objets qu’ils créent et
utilisent, les données et les expériences qu'ils vivent dans ces environne-
ments diversifiés. La culture ludique se développe donc sous l'influence
directe de l'environnement. Aussi bien l’environnement physique que
l’environnement humain particulier à l'habitat dans lesquels les enfants
grandissent.
Dans les livres précédents de la collection Cultures Ludiques Sahariennes
et Nord-Africaines, la relation entre l’environnement physique et les jeux et
jouets des enfants n’est analysée que de manière très sporadique. Dans la
présente conclusion, j’essaierai de le faire d’une manière plus détaillée en
discutant trois thèmes : l’espace, le temps, et le jeu dans et avec la nature.
En ce qui concerne la négligence de l’influence de l’environnement
physique dans l’étude des jeux et jouets on peut lire dans l’introduction de
l’ASA conférence “Indigenous Childhoods and the Environment”, du 3 au 6
septembre 2019 à l’University of East Anglia, Norwich, UK, ce qui suit
traduit en français (https://nomadit.co.uk/conference/asa2019/p/8009,
consulté le 28.9.2019).

Ce panel discute de la compréhension des enfants autochtones et de leur


engagement vis-à-vis de l’environnement dans lequel ils grandissent, aux
côtés des habitants humains et non humains. Les relations des peuples
autochtones avec l'environnement sont devenues un domaine d'étude de
plus en plus visible, du fait d'un intérêt pour les enchevêtrements humain-
non humain et les méthodes de connaissance autochtones, et des
transformations majeures que subissent les communautés. Cependant, les

380
perspectives et les expériences des enfants ont été largement absentes de
ces discussions. Pendant notre enfance, nous sommes socialisés pour
devenir des membres culturellement compétents de nos communautés et
pour naviguer dans l'environnement physique dans lequel nous
grandissons. Et en tant qu'enfants, nous sommes les plus touchés par les
changements de cet environnement.

2.1 L’espace, les jeux et les jouets

Normalement, les bébés et les nourrissons sont confinés dans le ménage des
gens qui s’occupent d’eux. Cependant, cela ne se limite pas au ménage de
leurs géniteurs, mais peut comprendre quelques autres ménages comme celui
des voisins, des grands-parents ou d’autres membres de la famille vivant à
proximité. Pendant ces premières années de leur vie, le terrain de jeu des
tout-petits se limite largement aux espaces privés. À partir d’environ trois
ans, les enfants observent et explorent de plus en plus l’environnement des
espaces publics à l’extérieur mais à proximité de leur domicile. Néanmoins
la liberté de mouvement des bambins est encore assez limitée à cause de la
surveillance des adultes et celle des grands enfants, plus souvent les filles
que les garçons. Une fois que les enfants ont l’âge d’aller à l’école primaire
leur environnement spatial s’élargit fortement parce qu’ils parcourent la
distance de leur maison à l’école mais surtout à cause de la plus grande
liberté de mouvement qu’ils acquièrent. A partir de cet âge les enfants du
milieu rural iront explorer un périmètre autour de leur habitat qui s’élargit
avec l’âge, les possibilités et l’audace.
L’analyse de la dimension spatiale du jeu et de la création de jouets par
des groupes de jeu manque dans les livres de la collection Cultures Ludiques
Sahariennes et Nord-Africaines et dans la littérature concernée en général.
Grace à la recherche ethnographique d’Argyris Fassoulas sur ‘La fabrication
des jouets en argile dans la région de l’Anti-Atlas’ (Annexe 1) ce déficit a
été en grande partie comblé dans ce livre. En plus les publications suivantes
ont été fort utiles : Lester, S. & Maudsley, M., Play, naturally. A review of
children’s natural play (2006); Dounias, E. & Aumeeruddy-Thomas, Y.,
Children’s ethnobiological knowledge (2017); Ter Minassian, H., Rufat, S.,
& Borzakian, M., ‘Le jeu dans tous ses espaces’ (2017).

381
Quand des enfants de l’Anti-Atlas sont à la recherche d’endroits
appropriés pour jouer et pour fabriquer des jouets ils ne se limitent
nullement à des lieux trouvés spontanément mais au contraire ils les
recherchent consciemment et délibérément. En plus, il ne s’agit pas
uniquement d’espaces liés à la vie quotidienne mais aussi à des endroits en
dehors du quotidien. Un exemple, parmi bien d’autres lieux pour jouer et
trouver le nécessaire pour les activités ludiques, se réfère à la création de
jouets en argile par les filles du village Ikenwèn. Ce lieu se situe à côté du
borj ou la grande maison en pisé avec sa tour (fig. 458, p. 330) mais
comprend aussi les alentours proche ou lointain comme la rivière saisonnière
qui se trouve à environ 200 mètres.

La géographie liée à la confection et à la préparation des jouets en argile


est composée, comme une mosaïque improbable, par des espaces
périphériques, infréquentés et écartés… Ainsi, l’espace domestique
semble être un espace interdit, décidément absent de l’univers techno-
ludique, un espace qui n’est visité que de manière opportuniste, en tout
cas très peu pendant ce long processus de fabrication. L’espace rituel est
également exclu, excepté le cas de l’approvisionnement des grosses dalles
[provenant du cimetière] pour construire le taghouni [le four]… L’enfant
mène donc, en tant que joueur, en tant que fabricant des jouets, une vie en
marge. Son activité se déroule dans un domaine de la sphère publique qui
lui devient propre, et qui s’érige progressivement, par cette activité
enfantine même, en une vraie ‘. (Fassoulas, volume 2, annexe 1, p. 614-
616).

En grandissant les bambins des villages jouent de plus en plus dans des
terrains inoccupés près des maisons ou plus éloigné. Ainsi les endroits pour
jouer se déplacent de l’espace privé aux espaces publics. En ce qui concerne
l'aspect spatial des jeux de poupées, il est évident que, dans la plupart des
cas, ces jeux de poupées se déroulent à l'extérieur et non pas dans les
maisons ou dans une chambre d'enfant qui d'ailleurs n'existe pas dans les
habitations des communautés dont parle ce livre.
Dans les villes ou villages urbanisés les rues pavées ou non pavées des
quartiers populaires ont la même fonction que les espaces libres dans les
villages, tout comme le sont les trottoirs (p. 82, 85, 88, 92, 96, 113, 191,
331-334, 335-336, 365-368, 371) et certains lots à construire ou des petits

382
terrains vides entre les maisons (p. 51, 68-69, 86, 206, 231, 234-250, 249-
259, 288, 349-350). Ce sont des terrains de jeu en plein air plus ou moins
sous contrôle des mères et grandes filles. Cependant les terrains de jeu à la
périphérie des villages ou du quartier et les terrains vagues sont peu ou pas
contrôlés par des adultes (p. 68, 256-257, 265-268, 271-274, 276-279, 294-
301, 302-304, 305, 339-340, 345-346, 348-349, 352-353, 354-356).
Régulièrement il s’agit d’endroits hors de vue des parents et autres
adultes. Ceci est particulièrement le cas pour les garçons en âge d'aller à
l'école primaire et les adolescents mais moins pour les filles de ces âges bien
que des exceptions existent comme le cimetière d’Ikenwèn mentionné ci-
dessus (p. 329, 382) ou le terrain pour jeu de dînette des grandes filles de
Douar Ouaraben (p. 255-258). Le village des enfants à Ikenwèn, dans lequel
des filles et des garçons jouent ensemble mais dans des maisonnettes
séparées et avec des rôles spécifiques à leur sexe, offre un autre exemple (p.
294-301, 302-304). Les abords de l’oued passant par Douar Ouaraben est un
terrain de jeu éloigné des maisons où filles et garçons vont jouer de temps en
temps (p. 284). Pour la production des jouets en argile à Ikenwèn, Argyris
Fassoulas conclut que “Les filles et les garçons davantage, errent dans un
grand territoire incluant différents coins du village et de ses alentours” et que
cela “embrasse un territoire de dimensions impressionnantes” (volume 2,
annexe 1, p. 614).
L’oued, la rivière qui se gorge d'eau provenant des montagnes à la suite
d’une période de pluie, est un lieu important pour l’espace ludique des
enfants de village. Il amène de l’eau et de la terre argileuse ainsi qu'un grand
nombre d’objets d’origine naturelle ou de récupération que les joueurs
utilisent de manières diverses. Des filles et des garçons de Douar Ouaraben
et d’Ikenwèn ont mentionné les objets qu’ils ont pris dans le lit de l’oued. Il
s’agit de morceaux de bois (p. 348), de pierres polies (p. 96), de poupées en
plastique parfois en bon état mais souvent endommagées (p. 125, 128, 241),
d’ustensiles de toute sorte (p. 284), d’emballages de médicaments pour le
‘médecin’ (p. 90), une vieille radio cassette servant de télévision (p. 237), le
squelette de la tête d’un âne qui sera attaché à la structure du dromadaire
promenée lors de la mascarade d’Imachar (p. 291-292).
Parfois les terrains de jeu n’ont pas de frontières mais pour les jeux de
faire semblant filles et garçons aiment délimiter le plan de maisonnettes et
d’autres espaces de jeu. Ces espaces de jeu peuvent être de petite taille mais

383
il arrive qu’ils soient spacieux comme dans le cas des villages d’enfants (p.
280-283, 294-301).
Les maisonnettes sans toit et les autres espaces de jeux à ciel ouvert des
filles sont souvent délimités par des pierres (p. 51, 75, 91-92, 100-101, 113,
122-126, 138, 147, 161, 233, 234-248, 256-257, 258, 263-264, 285, 294-
296, 297-303). Rarement elles élèvent des petits murs de sable sec (p. 72,
113) ou de sable humide (p. 83, 91-99, 271-274) ou dessinent le plan par des
traces tirées dans le sol (p. 231). Des maisonnettes crées avec du carton sont
exceptionnel (p. 123-124, 338-339) et le couvercle d’une glacière a été
utilisé comme chambre à coucher (p. 67, 123, 126).
Les maisonnettes sans toit et les autres espaces de jeux à ciel ouvert des
garçons sont délimités par des pierres (p. 100, 259-261, 263, 264, 267-268,
281, 285, 294-296, 297, 302-304, 365). A Sidi Ifni quelques garçons ont
utilisé du sable sec pour délimiter une piscine de maison de riche et une
route qui la relie à l’extérieur (p. 365-369). Une maisonnette couverte d’un
toit a été construite par un garçon de Douar Ouaraben mais il s’agit d’une
copie d’un borj ou habitation fortifiée avec une tour (p. 261-262) et à
Ikenwèn un garçon a créé une maison à toit en pente en bois avec des
planches de menuiserie récupérées (p. 304-305).
Les garçons délimitent moins souvent des maisonnettes que les filles,
notamment parce que le foyer et le ménage appartiennent à la sphère
féminine et sont donc spécialement représentés dans les jeux de filles.
On peut certainement dire que les enfants de l’Anti-Atlas possèdent des
terrains de jeu variés et que la plupart de ces terrains de jeu se trouvent près
ou non loin des habitations. Sauf quelques exceptions pour les grandes filles,
ce ne sont que les grands garçons qui s’aventurent loin de leurs maisons.
A travers leurs activités ludiques et de création de jouets en plein air, les
enfants de l’Anti-Atlas développent une relation concrète, suivie et créative
avec leur environnent. Le développement de cette relation se réalise plutôt
dans des groupes de jeu et par l’interaction de deux ou plusieurs joueurs que
dans un rapport solitaire. En s’engageant dans des ‘jeux spontanés’ ils
apprennent à explorer, à connaître, à maîtriser et à utiliser l’environnement
physique local. Dans le contexte d’un document sur “Comparer des jeux et
jouets de l’Antiquité gréco-romaine avec des jeux et jouets traditionnels du
monde rural nord-africain” (Rossie, 2020d) un helléniste m’a demandé ce
que je voulais dire par ‘jeux spontanés’ (Vespa M., mail du 27.9.2019).
L’expression ‘jeux spontanés’ doit être spécifiée et je la définirai, dans le

384
contexte de mes recherches, comme des jeux et des créations de jouets
initiés et organisés par les enfants eux-mêmes sans intervention d’adultes
mais parfois sous la tutelle d’un enfant plus âgé qui peut être en même temps
le leader du groupe de jeu. L’activité ludique elle-même peut donc être
spontanée mais cela ne veut pas dire que chaque enfant qui participe a choisi
personnellement de jouer quoi, quand, où et avec qui.
Un autre aspect est celui de la mobilité des grands enfants et des
adolescents ou adolescentes dans leur environnement local. On peut qualifier
leur mobilité comme assez indépendant des adultes et pour les adolescents
même comme largement indépendant. En plus, les enfants à partir de l’âge
de l’école primaire ne racontent pas toujours ou pas exactement à leurs
parents où ils vont aller explorer et jouer. La liberté de mouvement des
enfants s’exprime au niveau personnel (courir, sauter etc.), au niveau de
l’environnement (aller où ils veulent) ainsi que dans la liberté de choix de ce
qu’ils veulent faire et avec qui (Lester & Maudsley, 2006, p. 104). Il y a
quelques dizaines d’années l’âge pour pouvoir sortir sans supervision des
parents était approximativement huit ans mais, suite à une insécurité récente
plus grande perçue par les parents, la supervision des adultes sur les enfants
est devenue plus stricte (p. 426).
Nul doute que l’environnement physique dans lequel les enfants de l’Anti-
Atlas grandissent offre un grand potentiel pour leur développement et leur
procure comme dans le cas de la construction de jouets en argile “une
parfaite connaissance du territoire” (Fassoulas, Annexe 1, p. 613).
Cependant, cet environnement comprend également des limitations, des
insuffisances et des risques.
Ici et là, il a déjà été question de la différence entre filles et garçons
concernant l’utilisation de l’espace ludique. Ce thème sera discuté plus en
détail dans le chapitre ‘Jeux, jouets, filles et garçons (p. 417) et je parlerai du
changement des espaces ludiques dans l’Anti-Atlas ces dernières vingt
années dans la section ‘La continuité et l’évolution des jeux et jouets’ (p.
452).

385
2.2 Le temps, les jeux et les jouets

Il est, pour ainsi dire, la première fois dans les volumes de la collection
Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines que l’analyse de l’aspect
temporel a été réalisée en tant que facteur pertinent dans l’organisation des
activités ludiques et dans la construction de jouets par les enfants de l’Anti-
Atlas.
Certains jeux de faire semblant et de création de jouets se font pendant
toute l’année et sont peu influencés par les conditions météorologiques, sauf
en cas d’une forte pluie, d’un vent puissant ou d’une tempête qui rendent le
jeu en plein air impossible. En dehors de ces conditions, des jeux tels que
jouer à la poupée, à la dînette et au ménage, délimiter des maisonnettes,
mettre en scène des situations de la vie quotidienne et construire des jouets
avec du matériel naturel et de récupération peuvent se faire pendant la
journée ou le soir dans les moments libres qui sont donnés aux enfants ou
qu’ils arrivent à se procurer.
D’autres jeux ou la création de certains jouets sont en revanche liés à
certaines périodes de l’année et à des conditions météorologiques
spécifiques. Cependant, cela n’exclut pas qu’occasionnellement un jeu et la
création d’un jouet spécifiques pour la période en question se fasse à
d’autres moments.
L’exemple le plus frappant du lien entre une condition météorologique
annuelle et la création de jouets est celui entre la période de pluies et la
préparation de la terre argileuse, le modelage, le séchage et la cuisson de
figurines et d’autres objets en miniature (p. 146, 206, 275, 305).
Un autre avantage de la période de pluies que les enfants apprécient est
lorsque l’oued se remplie d’eau venant des montagnes et que le courant
d’eau amène des jouets endommagés ou parfois en bon état ainsi que des
matériaux utiles pour leurs jeux ou la construction de jouets (p. 90, 96, 125,
237, 241, 284, 291, 348).
Une période liée au calendrier musulman très importante dans la culture
ludique de l’Anti-Atlas ainsi que dans d’autres régions marocaines est la fête
de l’Achoura (p. 291, 426-429). Achoura tombe le dixième jour du premier
mois de l’année musulmane mais la période festive peut déjà commencer au
tout début de l’année. C’est un temps pendant lequel les enfants s’amusent à
asperger les autres et parfois les adultes avec de l’eau, à jouer sur des

386
tambours, des tambourins et des flutes, à chanter des chansons pour
l’Achoura ou des chansons à la mode et dans une moindre mesure à allumer
des feux et à faire un semblant de feu d’artifice avec une éponge en laine
d'acier dont une extrémité est chauffée au rouge. Un aspect particulier de la
fête de l’Achoura est le don des adultes de jouets, de vêtements neufs et de
friandises aux enfants. Un don qui était rare le reste de l’année sauf
éventuellement lors de la fête de l’Aïd el Kebir (du sacrifice) et de la
célébration du Mouloud (la naissance du Prophète). Contrairement à la
tradition, le jour d’anniversaire d’un enfant ou d’un adulte est aujourd’hui de
plus en plus fêté dans les familles de l’Anti-Atlas.
En dehors des informations sur l’Achoura mentionnées dans ce livre, le
lecteur trouvera plus d’informations sur la relation entre fêtes et activités
ludiques des enfants dans deux livres de la collection Cultures Ludiques
Sahariennes et Nord-Africaines (Rossie, 2005a, p. 125, 163, 200-203 et
2008a, p. 318-340).
Les vacances scolaires sont de grandes périodes de jeux et de création de
jouets. Filles et garçons de l’Anti-Atlas y trouvent le temps et les moyens
pour élaborer des jeux collectifs qui peuvent s’étendre sur plusieurs jours (p.
50, 58, 60, 70, 121, 128, 163, 166, 191, 206, 234, 255, 258, 259, 261, 264,
266, 271, 287, 305, 313, 349, 357, 374). Les congés scolaires ont lieu en
automne (8 jours, fin octobre-début novembre), en hiver (8 jours vers fin
janvier), au printemps (deux semaines début avril), et en été (juillet-août).
Comme l’explique Argyris Fassoulas, la création de jouets en argile par
les filles du village Ikenwèn a normalement “lieu en l’espace d’une semaine.
Pendant cette période, les filles produisent massivement leurs jouets,
particulièrement des ustensiles, des meubles et différents dispositifs”
(volume 2, annexe 1, p. 614). Chaque jour comporte des tâches semblables
et spécifiques : chercher et préparer l’argile, modeler les jouets, les sécher,
les transférer dans un grand four inutilisé, les cuire, et éventuellement les
décorer (volume 2, annexe 1).
Pendant les périodes où les enfants doivent aller à l'école le seul jour libre
est le dimanche. Cela est donc un bon jour pour jouer et créer de jouets (p.
50, 70, 74, 82, 85, 109, 117).

387
L’organisation quotidienne de l’activité ludique offre aussi quelques
informations supplémentaires. Quand une journée entière est disponible, un
dimanche ou un jour de congé, les enfants commencent à jouer après le
petit-déjeuner et peuvent s’arrêter, après le coucher du soleil (p. 81, 102,
291), ou après le dîner et continuer jusqu’à 21h ou 22h (76, 97, 102).
Pendant les vacances d’été le jeu peut durer jusqu’à minuit (p. 287). Lors de
ces jeux de longue durée, qui parfois s’étalent sur plusieurs jours, deux
nécessités viennent interrompre le cours de cette activité : les repas et les
tâches domestiques des adolescentes et des adolescents ainsi que des enfants
en âge d’école primaire. Le déjeuner et le dîner sont régulièrement
mentionnés par les joueurs comme la raison pour interrompre ou mettre fin à
un jeu (p. 74, 86, 96, 128, 138, 232, 236, 277, 347). En ce qui concerne les
tâches domestiques pour lesquels des parents appellent leurs grands enfants,
il est surtout question de prendre soins d’un bébé ou d’un enfant en bas âge,
d’aider au ménage ou à un travail, de faire des courses etc. Il est vrai que les
grandes filles sont plus sollicitées que les grands garçons mais l’exemple ci-
dessus des filles d’Ikenwèn créant des jouets en argile prouve que les
demandes des parents ne les empêchent pas de s’investir dans des activités
ludiques de longue durée. En plus, “Les enfants « glissent » leur jeu dans les
tâches quotidiennes qu’ils sont appelés à remplir : prendre soin des petits
frères et sœurs, ramasser des combustibles, aider la mère etc.” (Fassoulas,
volume 2, annexe 1, p. 615).
Les enfants ont largement la possibilité de décider quand ils commencent
et terminent leur jeu, avec quoi ils jouent et où ils aiment le faire, bien qu’il
faille se rendre compte que ces choix sont plus limités pour les petits enfants
et les filles que pour les grands garçons. Cependant, même pour les grands
garçons il s’agit d’une liberté relative car il y a toujours des limites à cette
autonomie de décision à cause des intempéries et l’autorité des adultes.
L’introduction rapide des smartphones dans l’Anti-Atlas depuis environ
2010 auprès des adolescents et adolescentes commence à changer l’espace
de jeu et le temps pour jouer. L’endroit où le smartphone s’utilise entre
autres pour jouer des jeux digitaux est souvent la maison, cela peut se faire
n’importe quand et est surtout une occupation solitaire, sauf quand un petit
groupe d'amis ou d’amies utilise ensemble le smartphone de l'un d'eux.

388
2.3 Jouer dans et avec la nature

Jouer dans et avec la nature est une réalité permanente pour les enfants qui
grandissent dans les villages des montagnes et des vallées de l’Anti-Atlas
mais cela devient plutôt rare dans les villes de cette région. Le contact direct
et personnel des enfants amazighs avec la nature se réalise, entre autres, à
travers l’utilisation des éléments naturels, le libre accès aux espaces naturels
et l’utilisation des matériaux que la nature leur offre. Les enfants apprennent
entre autres à prendre en considération l’influence des saisons et de la
météorologie sur les endroits où jouer et les moments de jeu. L’exploration
de l'environnement naturel se développe avec l’âge des enfants mais devient
généralement plus étendue pour les adolescents que pour les adolescentes.
Dans ce chapitre il est question du jeu et les quatre éléments, le jeu et le
monde végétal ainsi que le jeu et le monde animal. Les quatre éléments
naturels jouent un rôle important dans les activités ludiques des enfants de
l’Anti-Atlas mais leur importance est plus grande en ce qui concerne l’eau et
la terre que l’air et le feu.
Très souvent l’eau est réelle dans le jeu des enfants mais parfois elle est
simulée comme dans le cas d’une fille de dix ans qui a imité la surface de
l’eau avec du papier d’argent lorsqu’elle crée sa copie de la piscine d’un
hôtel (fig. 449, p. 324).
Dans les jeux de faire semblant une des tâches des petits enfants est
d’amener de l’eau aux joueurs plus âgés et de cette manière s’intégrer dans
le groupe de jeu de leurs aînés. Les exemples de cette situation montrent des
enfants d’environ trois à sept ans qui sont sollicités pour apporter de l’eau
(p. 147, 234, 306). Dans d’autres cas se sont des filles ou des garçons plus
grands qui vont chercher de l’eau (p. 94-95, 246, 259, 271).
L’eau amenée au terrain de jeu sert à humidifier du sable utilisé pour
construire les murs de maisonnettes (p. 91-92, 95) ou des fours (p. 86, 271,
286) et pour produire une pâte consistante afin de modeler des pâtisseries (p.
75). Un exemple de construction d’une maisonnette montre comment un
garçon de cinq ans cherche de l’eau pour que son copain de six ans puisse le
verser sur le sol afin d’adoucir la terre avant d’y enfoncer des morceaux de
carrelage (p. 259). Une fille verse un peu d’eau sur des morceaux de plâtre
représentant de la farine et prépare de la pâte pour faire des ‘pizzas’ (p. 335-
336). Lorsque des enfants jouent à ériger un puits d’eau (p. 246, 261) ou un

389
système d’irrigation en miniature (p. 276-279, 286) ils y versent
fréquemment de l’eau et un garçon a construit une rivière simulée où coule
de l’eau (p. 358).
Ci-dessus il a été question de sable mélangé à de l’eau mais le sable fin
sec sert aussi à plusieurs choses : saupoudrer des pâtes de sable ou des
morceaux de ciment trop humide afin de les assécher (p. 93), dessiner sur le
sol les murs d’une maisonnette (p. 113), faire des plats et des gâteaux (p.
236), représenter la farine (p. 247, 331) ou du Danone et du Coca (p. 274).
La terre argileuse et parfois l’argile sont des matériaux précieux pour
modeler des poupées (p. 146-148, 175-178, 206, 214, 219, 222), des
animaux (p. 147, 176-177, 205-207, 210-220, 222, 309), des ustensiles (p.
177, 306-309, 325-330), du mobilier (p. 124, 305-309, 325), des gâteaux (p.
98) et la baguette de pain (p. 238).
Les éléments naturels air et feu sont moins utilisés par les enfants de
l’Anti-Atlas. Du moins c’est ce qui ressort des données de ce livre. L’air ou
plutôt le vent est utilisé pour sécher les jouets en terre argileuse (p. 147,
306). Courir dans le vent avec un moulinet fait soi-même ou par un homme
âgé, ce que j’ai vu à Midelt au pied du Haut Atlas et à Kénitra une ville
côtière au Maroc central (Rossie, 2008a, p. 333-338), n’a pas été mentionné
pour des enfants de l’Anti-Atlas. Faire du feu n’est que rarement mentionné
pour les filles (p. 248-253, 255) et pour les garçons (p. 253, 348), mais il me
semble que cela pourrait être plutôt dû aux observations des chercheurs
qu’aux enfants.
Les enfants des villages et villes de l'Anti-Atlas de l'intérieur n'ont qu'un
accès exceptionnel à la mer, mais il en va presque de même pour ceux de la
côte de Sidi Ifni à Tiznit. Peut-être que cette situation explique pourquoi il
n’y a que deux mentions dans ce livre sur la plage et la mer comme terrain
de jeu. Une première mention concerne l’accès rare à la mer des enfants de
Douar Ouaraben (p. 33) et la deuxième se passe dans les années 1980 à la
ville côtière Sidi Ifni où un groupe de trois ou quatre adolescents aiment
aller à la mer pour s’y amuser en mêlant l’utile à l’agréable. Selon leurs
souvenirs, la mer était leur endroit préféré pour plusieurs raisons. Pour y
jouer et nager, pour attraper dans les rochers à marée basse des grands
crabes et des poulpes qu’ils amènent à la maison pour être préparés. Sur la
plage ils cherchent des bouteilles de vin vides et les vendent au prix d’un
pain par bouteille. Ils utilisent l’argent récolté pour acheter à manger, du
chewing-gum, des biscuits et des bonbons.

390
Pour leurs jeux les enfants amazighs trouvent dans le monde végétal bien
de choses qui leur sont utiles. Il s’agit d’arbres qui donnent de l’ombre au
terrain de jeu (p. 255), d’un arbre qu’on intègre dans le village des enfants
(p. 297-301), de feuilles d’un arbuste qui remplacent les herbes ou les
légumes à mettre dans un plat (p. 232, 252), d’herbes servant de protection
contre le mauvais œil (p. 322), d’herbes et de feuilles qui représentent des
produits comestibles (p. 288), de feuilles vertes pour un jardin simulé (p.
277) et de morceaux de peaux d’oranges qui imitent les herbes dans un plat
de couscous (p. 232). Les filles utilisent des fleurs, des herbes et des plantes
pour créer des couleurs qu’elles appliquent parfois aux objets modelés en
terre argileuse. Argyris Fassoulas offre une analyse détaillée de ces fleurs,
herbes et plantes et des techniques spécifiques pour produire des couleurs (p.
581-596) et pour appliquer du ‘lait de cactus’ (Euphorbia virosa) sur
certains jouets en argile (p. 597-599). Les filles produisent aussi une poudre
avec des pétales jaunes pour saupoudrer leur soi-disant gâteau (p. 238-239)
et un jus noirâtre avec des coquelicots pour se décorer les mains (p. 311-
312). Une fleur ou un décor d’origine végétale est utilisé par les filles pour
décorer une poupée (p. 158, 315), un gâteau (p. 98) et un vase en terre
argileuse (p. 238). Les enfants tressent des feuilles de palmier pour en faire
différents jouets et objets décoratifs (p. 374).
Les enfants dont parle ce livre s’intéressent aussi au monde animal pour
leurs activités ludiques. Ainsi ils utilisent certains animaux vivants comme le
chat, le chien, l’âne, la cigogne, la tortue et le bousier (p. 226). Ils
recherchent aussi des coquilles d’escargots pour servir de poupées (p. 266-
270), de décor de gâteaux (p. 242), de collier (p. 321-322) et de sardines à
vendre (p. 270). Des plumes de poules représentent des poules (p. 83, 208) et
des peaux de mouton des moutons (p. 73). Le squelette du crâne d'un âne est
utilisé par des grands garçons pour créer un chameau lors de la mascarade
d’Imachar (p. 291-292).
Les matériaux d'origine minérale, végétale et animale que les enfants
trouvent dans leur environnement physique et qu’ils utilisent pour créer des
jouets, pourraient être analysés ici. Cependant, il me semble préférable
d’analyser tous les matériaux utilisés à cette fin dans la section suivante ‘La
matérialité des jeux et jouets’.

391
3 La matérialité des jouets
Dans le livre Childhood by Design: Toys and the Material Culture of
Childhood, 1700-Present, Lynette Townsend a défini ‘children’s material
culture’, une définition que je souscris.

‘La culture matérielle des enfants’, à savoir ‘des objets qui ont été
fabriqués, adaptés ou créés par les enfants’ ou même ‘des objets du
monde adulte ou des objets produits commercialement’ qui ‘ont été
appropriés, adoptés ou adaptés par des enfants pour leurs propres
moyens’. Par contre, ‘la culture matérielle de l'enfance’ fait référence aux
‘objets conçus par des adultes’ et aux ‘objets qui ont été assignés ou
imposés aux enfants par des adultes’ (p. 236-7). (Yagou, 2019, p. 1 ;
traduit de l’anglais).

Cette section commence par l’étude des matériaux naturels que les enfants
amazighs utilisent dans leurs créations de jouets. Puis il sera question des
matériaux de récupération. Le dernier thème concerne la non-durabilité et la
durabilité de ces jouets.

3.1 Les matériaux naturels

Comme mentionné dans ‘Jouer dans et avec la nature’, les enfants de l’Anti-
Atlas utilisent pour leurs jeux une grande diversité de matériel naturel
d’origine minérale, végétale et animale (p. 389-391). Ci-dessous il est
uniquement question de la construction de jouets avec du matériel naturel.
Si l’on donne aux maisonnettes à ciel ouvert le statut de jouet, on peut dire
que les pierres sont un matériel d’origine minérale très souvent utilisé pour
délimiter leur plan. Filles et garçons utilisent la terre argileuse et parfois
l’argile pour créer des poupées (p. 390), des animaux (p. 390), des ustensiles
(p. 390), du mobilier (p. 390) et des gâteaux (p. 98). Dans le volume 2
(annexe 1) Argyris Fassoulas donne une description très détaillée de la
préparation de l’argile, du modelage des jouets et des instruments pour leur
cuisson et décoration (p. 554-578).

392
Le matériel d’origine végétale est de loin le matériel naturel le plus mis à
profit par les filles et les garçons lors de la création de jouets. Le rôle des
arbres, arbustes, herbes, feuilles, fleurs, peau d’orange et de l’Euphorbia
virosa a déjà été mentionné (p. 391). Le roseau est presque toujours utilisé
pour construire l’armature en forme de croix des poupées traditionnelles
mais parfois il est remplacé par des branchettes (p. 132, 180). Une fois
l’armature de poupée est faite avec une tige de maïs (p. 142-143). Un petit
citron non comestible sert de tête de poupée (p. 52, 132, 158-160) et un
limon de corps de cheval (p. 222). Une tête de poupée est faite avec une
figue (p. 133). Une petite fille a créé sa première poupée avec un morceau de
cactus (p. 197) et une autre fille a construit un parc à bébé avec des
morceaux de cactus (p. 56-57). Un garçon a découpé une poupée-homme
dans une grande betterave (p. 135). A côté des nombreuses poupées à
armature de roseau, les enfants utilisent parfois le roseau seulement pour
faire des bras de poupées, un parc à bébé (p. 57), des pattes d’animaux (p.
208, 209, 222), le toit d’un borj (p. 261) et l’armature d’un parapluie (p.
360). Des branchettes sont aussi utilisées pour donner des bras et des jambes
à des poupées (p. 148, 162-163, 175, 180, 197), comme des pattes
d’animaux (p. 208, 220), comme combustible (p. 86, 97, 248-251), pour
construire un berceau (p. 144-145), un métier à tisser (p. 156-157), une
cabane de plage (p. 165) et un puits (p. 323).
Dans l’Anti-Atlas, la région de l’arganier, les enfants créent des jouets
avec la noix d’argan (178-179, 208, 209, 220). Avec des morceaux de
pommes de terre et de carottes des garçons construisent du mobilier de plage
(p. 165). D’autres garçons utilisent du bois d’asphodèle pour un bateau-
amphibie (p. 358) ou des feuilles de palmier pour réaliser des objets
décoratifs (p. 374).
Le matériel d’origine animale servant à créer des jouets est déjà
mentionné (p. 391) mais il faut y ajouter la peau de lapin pour faire un
hochet (p. 314), la laine de mouton pour donner des cheveux à un masque (p.
319), les poils de chèvre pour créer une coiffure de poupée (p. 133-134, 153,
184) et, pour la même raison, les cheveux coupés de la barbe d’un bouc (p.
141-142, 149-150).

393
3.2 Les matériaux de récupération

Les enfants amazighs de l’Anti-Atlas sont des maîtres dans la réutilisation


des objets jetés par les adultes et qu'ils recherchent activement ou trouvent
par hasard dans leur environnement local. Il est donc évident qu'ils utilisent
tous ces matériaux en entier ou en partie pour leurs jeux et leur création de
jouets. Il s’agit de matériaux d'origine locale ou bien importés mais toujours
prélevés pour servir dans des activités ludiques. Il convient de mentionner
que ces enfants combinent souvent du matériel de récupération avec du
matériel naturel pour créer leurs jouets.
Sans chercher à donner une liste exhaustive des matériaux de
récupération, ces objets jetés peuvent se grouper dans les catégories
suivantes.

• Les matériaux en fibre : chiffons (p. 54, 58, 74-75, 139, 143, 148, 153,
156, 160, 162, 173, 180, 181-191, 195-196, 198-202, 209, 221, 315), fils
de laine (p. 49, 60, 138-139, 145, 150, 156-157, 163-164, 184, 197-198,
311).
• Les matériaux en papier : papier d'emballage (p. 139, 161, 263, 359-362),
emballage de bonbons (p. 184, 265, 270, 309, 311-312), papier d’argent et
d'aluminium (p. 60, 124, 160, 187, 190, 317-318, 324), carton (75, 77, 81-
82, 85, 102, 105, 124, 138, 163, 165, 240, 244-246, 248, 280-283, 288-
290, 291, 319-320, 329, 338-339).
• Les matériaux en bois : planche (p. 50, 145, 153, 172, 188-191, 195-196,
221, 273, 304, 372), morceau de bois (p. 149, 221, 304, 357), louche (p.
314-316), cure-dents (p. 56-57, 165), charbon de bois (p. 86-87, 193).
• Les matériaux en plâtre (p. 96, 107, 238-242, 335).
• Les matériaux métalliques : fil de fer (p. 138-139, 140, 156-157, 221, 222,
366), boîte de sardines (p. 81, 221, 232, 236, 238, 242, 264, 270, 288-289,
363, 368-369), boîte de conserve (p. 329), clou (p. 156-157, 221, 222,
372), vaporisateur (p. 340), pièce de bicyclette (p. 291, 348).
• Les matériaux plastiques : bouchon (p. 75, 125, 186, 221, 222, 237, 332,
338, 358, 363-365, 370), bouteille (p. 77, 95, 125, 237, 279, 295, 298-300,
336, 340, 390), flacon (p. 81, 83, 97, 162), tube (p. 125, 128, 162, 357),
tuyau (p. 100, 291), sac en plastique (p. 140, 155, 158, 173, 182, 184, 190,
203, 208, 247, 346, 350).

394
• Les matériaux en caoutchouc : tube à air ou morceau de caoutchouc (p.
348), pneu (p. 243).
• Les matériaux en polystyrène (p. 49-50, 61, 259, 363-365).
• Les autres matériaux : bougie (p. 49), dentifrice (p. 330), crayon (p. 180),
stylo (p. 138-139, 141, 184, 196, 363), perles (p. 190, 327), verre (p. 85),
couvercle de glacière (p. 67, 77, 82, 123, 258), radio cassette (p. 82, 237).

Il n'y a aucun doute que la variété et le nombre de ces objets de récupération


ont augmenté au long du vingtième siècle, surtout avec l'apport des objets en
plastique. Cependant, leur utilisation n'est pas de date récente car l'emploi de
boîtes de conserves pour la confection de jouets, entre autres des hochets, est
déjà attesté au Maroc en 1933 (Rossie, 2008a, p. 285).
Les poupées en plastique produites par l’industrie du jouet nécessitent une
mention séparée. Les filles reçoivent ces poupées, soit neuves soit
d'occasion, en cadeau de personnes qui les amènent de l’étranger ou
d’adultes marocains qui achètent localement de poupées importées. Parfois
les enfants trouvent des poupées en plastique dans l’oued ou dans les
déchets. Contrairement aux poupées traditionnelles des enfants amazighs, les
poupées en plastiques ont des bras et des jambes mobiles. Dans la liste ci-
dessous, certaines poupées en plastique reviennent dans plusieurs jeux.

• Poupée en plastique style ‘jeune fille’ (p. 84-85, 90, 97-98, 104, 124, 127,
157, 166-171).
• Poupée en plastique svelte (p. 49, 58, 100-114, 116, 121, 122-125, 163-
164, 166-171, 187, 201-202, 233).
• Petite poupée en plastique achetée au marché de Tiznit (p. 76).
• Poupée en plastique endommagée (p. 62-66, 241).
• Tête de poupée en plastique utilisée pour réaliser une nouvelle poupée (p.
53, 60, 61-62, 65, 157).

Un autre jouet produit industriellement, plus récent dans l’Anti-Atlas que la


poupée en plastique, est le nounours (p. 81-82, 85, 97-98, 102-104, 121,
171). Dans ce livre le nounours est mentionné au plus tôt pour l’année 2007
(p. 121). Cependant, en 2002 j’ai vu dans la ville de Sidi Ifni un garçon de
trois ans qui marchait avec son nounours dans une rue du quartier où
j’habitais (Rossie, 2005b, p. 144). Comme dans le cas des poupées en
plastique, le même nounours est employé pour plusieurs jeux.

395
3.3 La non-durabilité ou la durabilité des jouets

Dans l'Anti-Atlas et dans toute la région de l'Afrique du Nord et du Sahara,


le thème de la non-durabilité par rapport à la durabilité des jouets indique
une différence fondamentale entre les jouets traditionnels et les jouets
industriels (Rossie, 2005b, p. 160-161).

De nombreux jouets traditionnels sont éphémères. Mais ce n'est pas une


chose négative, estime Sudarshan Khanna. “Cela sert un but. Un jouet
moderne en plastique est fixé et relégué à une existence statique. Mais
lorsqu'un jouet est éphémère de par sa conception, il vous offre la
possibilité de le réparer, de le reconstruire et de le personnaliser, en lui
créant une identité”, souligne-t-il, trouvant dommage que (pareils) jouets
ne soient plus vus dans les villes (de l’Inde), bien que dans les villages,
vous rencontrez de tels jouets saisonniers. (Vijay, 2018 ; traduit de
l’anglais).

Les jouets faits par les enfants de l’Anti-Atlas sont éphémères et rarement
utilisé dans un nouveau jeu. Une des raisons pour cette situation est que la
fabrication d'un nouveau jouet fait partie des plaisirs de l'activité ludique.
La non-durabilité des jouets traditionnels contraste avec la durabilité des
jouets importés, le plus souvent des jouets en plastique. Ces jouets, amenés
par des marocains d’origine de retour au pays ou par des touristes et
rarement acheté sur place, reçoivent un certain prestige des enfants du fait
qu’ils sont des cadeaux, qu’ils viennent d’ailleurs et qu’ils aient une valeur
monétaire. Ces jouets en plastique, en particulier les poupées, changent
l’habitude d’utiliser de nouveaux jouets pour les jeux. Mais les poupées
importées ne sont pas employées telles quelles. Au contraire, elles sont
fréquemment utilisées après une réinterprétation, par exemple lorsqu’une
poupée svelte du type Barbie devient la patronne marocaine d’un home privé
pour personnes en détresse (p. 64). De plus, les filles choisissent, par volonté
ou par nécessité car les vêtements originaux manquent, d’habiller leurs
poupées en plastique (p. 49, 63-66, 75-76, 102-103, 106, 112, 121, 127, 128-
131, 157, 164, 166-170, 201-202).

396
La preuve de la durabilité beaucoup plus grande des poupées en plastique
est prouvée par leur utilisation répétée dans différents jeux et par l’absence
dans ce livre d’un exemple de poupée à armature de roseau réutilisée pour
un autre jeu. Trois poupées en plastique réutilisées quatre fois sont visibles
sur la figure 56 (p. 84), 63 (p. 90), 73-74 (p. 97-98) et 84 (p. 104) ; sur la
figure 90 (p. 108), 93 (p. 111), 96 et 101 (p. 113-117) et 102-105 (p. 118-
120) ; et sur la figure 90 (p. 108), 95 (p. 112), 97-101 (p. 114-117) et 102-
105 (p. 118-120). Trois autres poupées en plastique réapparaissent dans trois
jeux à la figure 36 (p. 60), 106 (p. 121) et 112 (p. 122) ; à la figure 35 (p.
64), 107 (p. 122) et 112 (p. 127) ; et à la figure 109 (p. 124), 112 (p. 127) et
375 (p. 283). Enfin, deux poupées en plastique sont utilisées pour deux jeux
différents comme le montrent les figures 37 (p. 66) et 109 (p. 124) ainsi que
les figures 87 (p. 106) et 174 (p. 164). Parfois, une fille mentionne qu’elle
ramène des poupées en plastique à la maison, entre autres, pour les protéger
des garçons (p. 81, 105, 138, 233). Le même nounours en peluche est utilisé
dans quatre jeux et il apparaît sur les figures 56 (p. 84), 63 (p. 90), 73 (p.
97), 83 et 85 (p. 103-104).
Les techniques de préparation de la terre argileuse ou de l'argile, de
modelage, de cuisson et de finition des figurines et autres objets miniaturisés
ainsi que la construction de fours sont des exemples remarquables de la
technologie traditionnelle transmise d’une génération d’enfants de l’Anti-
Atlas à la génération suivante. Cette technologie des enfants, étant plutôt la
prérogative des filles, est analysée en détail par Argyris Fassoulas (volume
2, annexe 1).
Parfois, la technique traditionnelle de créer une poupée à armature de
roseau est utilisée par des filles pour donner un nouveau souffle à une
poupée en plastique endommagée ou dont il ne reste que la tête. Les
compétences techniques des garçons sont plus évidentes dans la construction
d’armes-jouets et de véhicules-jouets, compétences souvent transférées de
garçons plus âgés aux garçons plus jeunes.

397
4 Les aspects socioculturels des jeux et jouets
Cette section sur les aspects socioculturels des jeux et jouets dans l'Anti-
Atlas doit être considérée comme un complément à l'analyse de ces aspects
dans le livre Cultures ludiques saharienne et nord-africaine. La vie
domestique dans les jeux et jouets (Rossie, 2008a, p. 340-361). Il s'agira ici
principalement de proposer des exemples des enfants de l'Anti-Atlas qui
confirment souvent les données précédentes mais les mettent parfois en
perspective voire les contredisent.
Le premier chapitre de cette section aborde quelques aspects de la
socialisation des enfants. Les chapitres suivants sur la culture ludique des
enfants traitent des relations entre enfants, de la différentiation sexuelle, de
la relation entre enfants et adultes et des fêtes et rituels.

4.1 Jeux, jouets et socialisation

Les jeux et les jouets créés par les enfants de l’Anti-Atlas sont fortement
influencés par la situation économique, culturelle et sociale de leur milieu
familial et de la communauté dont leur famille fait partie. Cependant, depuis
la fin du 20e siècle et surtout le début du 21e siècle l’environnement
socioculturel subit des changements qui se reflètent dans les activités
ludiques de ces enfants. Néanmoins, cette tradition est toujours fortement
présente et de nombreux jeux et jouets mentionnés dans ce livre en offrent
les preuves.
Comme dans les volumes précédents de la collection Cultures Ludiques
Sahariennes et Nord-Africaines, les jeux et jouets des enfants de l’Anti-Atlas
illustrent la vie des adultes et éventuellement celle des enfants par rapport
aux adultes. Il n'y a pas d’exceptions dans ce livre-ci puisque je n'ai pas
trouvé des jeux mettant en scène des enfants ou des adolescents dans des
rôles indépendants. On peut donc affirmer que dans cette région les activités
ludiques des enfants offrent un miroir du monde adulte, le plus souvent vu
par les enfants sous un angle positif et mettant en scène des personnages
idéalisés et des activités valorisées. Dans son article sur le contexte
historique et contemporain du jeu des filles avec des poupées et des maisons
de poupées, Anna Chernaya écrit que “jouer avec des poupées et des
maisons de poupées reflète des images et des sens socialement importants de

398
la vie adulte idéalisée” (2014, p. 208, traduit de l’anglais). Dès lors, ce point
de vue des enfants de l’Anti-Atlas se trouve confirmé pour plusieurs sociétés
dans d’autre pays.
Dans la conclusion de La vie domestique dans les jeux et jouets (Rossie,
2008a, p. 353) je pouvais écrire qu’il est difficile de présenter des exemples
où l’activité ludique des enfants sahariens et nord-africains n’est pas liée aux
réalités familiales et ne présente pas une image positive du monde adulte.
Bien que ce soit encore souvent le cas, certains jeux pour filles et garçons
montrent des situations hors du milieu familial, des activités adultes
contraires aux normes locales ou des thèmes de jeu qui proposent certains
aspects négatifs de la vie adulte. Dans les jeux des enfants de l’Anti-Atlas, le
non-conformisme envers les modèles du monde adulte d’antan semble
progresser surtout dans un habitat urbanisé comme Douar Ouaraben où le
changement de valeurs et de comportements vers de nouveaux intérêts et de
nouveaux modes de vie peut être observé plus facilement que dans les
villages reculés. Dans pareils villages, un jeu de filles avec une ou deux
minces poupées en plastique n’a été observé que dans le village Lahfart (p.
187) et Ikenwèn (p. 164, 166-171).
Quelques exemples de cette non-conformité ou des aspects négatifs de la
vie adulte sont mentionnés d'abord dans les jeux de filles puis dans les jeux
de garçons.

• La mise en scène de poupées en plastique svelte dans des rôles clairement


en dehors des traditions : des poupées-jeunes femmes locales qui font de
l'exercice dans la salle de musculation (p. 118-120) et qui doivent suivre
un régime pour éviter d’être grosse (p. 118), des poupées habillées à
l’occidentale représentant des jeunes femmes d’origine marocaine vivant
en Europe (p. 106) ou des touristes (p. 128-131), des poupées-touristes à
la plage (p. 107-109, 114-117, 163-165), des poupées-touristes visitant le
Maroc (p. 121-128). Toutes ces poupées élancées en plastique ne portent
pas de foulard contrairement aux poupées traditionnelles crées par les
filles.
• Des filles de Douar Ouaraben présentent dans leurs jeux de poupée la
situation des enfants handicapés à Tiznit (p. 63-67), d’une fille gravement
handicapée dont la mère s'apprête à demander de l'aide au Bureau des
Droits de l’Homme au Maroc (p. 81), ainsi que d’un garçon handicapé
mendiant auprès de touristes (p. 116).

399
• Toujours à Douar Ouaraben, les filles discutent dans leur jeu de poupée
d’un risque d’abus sexuel pour une adolescente (p. 67), et le viol d’une
fille à Casablanca (70-77).
• Dans le même village urbanisé qui est devenu un quartier de Tiznit, un jeu
exceptionnel donne à une svelte poupée en plastique le rôle d’une
danseuse du ventre (p. 110-112).
• Un jeu de garçons à Douar Ouaraben propose des situations en dehors de
l’environnement familial ou villageois, le jeu de la guerre Filistîn-Israîl (p.
345-350), et à Ikenwèn les garçons jouent aux douaniers et contrebandiers
(p. 354-357) ou construisent des chars pour un jeu de la guerre (p. 357).

Tous ces jeux mentionnés ci-dessus s'inspirent d'émissions de télévision et


plus particulièrement du journal télévisé ou d'un documentaire.
Un autre sujet traité dans les activités ludiques des enfants amazighs est la
stratification sociale, en particulier l’opposition entre les familles riches (p.
49-50, 56, 60-61, 134, 244, 365-366) et les familles pauvres (p. 55-56, 60-
61, 67, 84, 134) ou paysannes (p. 57-58).
Certains jeux récents nous permettent de découvrir le point de vue des
enfants amazighs sur des nouvelles situations qui ne concernent pas ou peu
les communautés rurales. Des situations liées à la mondialisation et à des
aspects du monde adulte qui, il y a encore une vingtaine d’année, restaient
hors du champ d’observation des enfants amazighs. Des jeux comme ceux
mentionnés ci-dessus et dans la section ‘La continuité et l’évolution des jeux
et jouets’ qui préparent ces enfants aux aspects positifs ainsi que négatifs de
leur future vie d’adulte.
Cependant, voir les enfants amazighs comme figés dans une attitude
passive envers les modèles adultes est une erreur. Les enfants et les
adolescents de l’Anti-Atlas n'imitent pas ou ne copient pas aveuglément ce
que leur société leur propose, comme le font les sociétés d'autres régions
marocaines ou d'autres pays, mais ils l'adaptent et le modifient selon leurs
points de vue, leurs besoins et leurs espoirs.
De plus, ces enfants et ces jeunes jouent pour le bien-être que cela leur
procure. J’utilise le terme bien-être pour exprimer qu’il ne s’agit pas
seulement de s’amuser mais aussi de s’approprier l’environnement physique
et humain et de se confronter aux matériaux et aux techniques.

400
4.2 Jeux, jouets et relations entre enfants

Les groupes de jeu déjà mentionnés dans les chapitres précédents et ceux qui
seront désormais mentionnés ont été formés spontanément par des enfants
amazighs. En outre, et le plus souvent, ils ont été observés au cours
d’activités de jeu et de création de jouets.
Le lecteur remarquera que la plupart des exemples proviennent de deux
endroits situés dans la région de Tiznit, le village urbanisé Douar Ouaraben
où nous avons nommé les groupes de jeu des filles et les groupes de jeu des
garçons le groupe de jeu de la piste d’Igrer (p. 49) et le village Ikenwèn où
nous avons nommé les groupes de jeu des filles et les groupes de jeu des
garçons le groupe de jeu du borj (p. 136). Le plus grand nombre
d’observations et de photos de groupes de jeu d’enfants amazighs ont été fait
par Khalija Jariaa à Douar Ouaraben. C’est tout à fait logique puisqu’elle
habite depuis son mariage en 2005 dans ce village où son premier enfant est
né en 2008. Le deuxième endroit d’où proviennent la plupart des données est
le petit village Ikenwèn. Comme il s’agit du village natal de Khalija Jariaa et
où elle a vécu pendant sa jeunesse, elle le visite régulièrement et y entretient
des relations étroites avec les filles et les garçons. D’autres informations sur
des groupes de jeu dans des villages de l’Anti-Atlas sont sommaires et
proviennent de visites occasionnelles. Ce qui est mentionné concernant le
quartier Boulalem de Sidi Ifni vient de la période entre 2003 et 2013 lorsque
Khalija Jariaa a vécu dans ce lieu ou est venue y séjourner, d’abord seule
puis avec un ou deux de ses enfants en bas âge, lorsque Jean-Pierre Rossie
venait vivre dans la maison de Boubaker Daoumani à Sidi Ifni. Depuis 2014,
Jean-Pierre Rossie vit dans la maison de Khalija Jariaa à Douar Ouaraben
lors de ses périodes de recherche dans l’Anti-Atlas.
Le fait qu'il y ait beaucoup plus d'informations écrites et visuelles sur les
activités de jeu des filles que des garçons est compréhensible si l'on prend en
compte le sexe de Khalija Jariaa, qui étant une femme adulte est plus proche
des filles et plus rapidement invitées par elles à regarder leurs jeux et leurs
créations de jouets.

401
4.2.1 Les groupes de jeu de filles ou de garçons

Dans la liste des différents groupes de jeu des enfants de Douar Ouaraben,
d’Ikenwèn et de Sidi Ifni, mentionnés ci-dessous, j’ai essayé de surmonter
les généralités sur les relations entre enfants dans les groupes de jeu, comme
dans la phrase “un groupe de jeu d'une quinzaine d'enfants dont les filles
plus âgées s'occupent d'une ou plusieurs petites filles”. Pour y arriver j’ai
noté les détails de chaque groupe de jeu et l’activité ludique en question.
Certaines activités ludiques décrites dans le premier volume n’ont pas été
mentionnées dans cette liste et les listes suivantes parce que les détails
concernant le nombre de joueurs et leur âge manquent.

Les groupes de jeu des filles à Douar Ouaraben

Ces groupes de jeu des filles de Douar Ouaraben comportent entre 2 et 15


filles et leur âge varie entre 3 et 15 ans. Les 19 activités ludiques de ces
groupes de jeu sont proposées en nombre croissant de joueuses et de l'année
où l'activité a eu lieu.

1. Deux filles (6-7 ans), Sâdiya (7 ans) et sa sœur Latifa (6 ans) jouent une
visite chez le docteur à l’hôpital (p. 61-62, 2006).
2. Deux filles (7-8 ans), Fatiha (8 ans) et sa sœur Sâdiya (7 ans) ont fait
deux poupées représentant une paysanne et un paysan (p. 58, 2006).
3. Deux filles (8 ans), Sâdiya (8 ans) et sa voisine Habiba (8 ans), jouent
au jeu des touristes à la plage d’Aglou. Smaïl (5 ans), le frère de Sâdiya,
veut jouer avec eux mais les filles lui disent qu’il ne sait pas jouer avec
les poupées et qu’il doit faire un petit magasin à côté d’eux (p. 107-110,
2006).
4. Deux filles (6-8 ans), Sâdiya (8 ans) et sa voisine Atika (6 ans)
organisent une maisonnette et préparent un soi-disant couscous. Quand il
est prêt elles invitent Smaïl (6 ans), le frère de Sâdiya, à le déguster (p.
232-233, 2007). Sâdiya qui mène le jeu, trace avec un petit roseau les
murs de la maisonnette (p. 231).
5. Deux filles (9-10 ans), Sâdiya (10 ans) et sa sœur Latifa (9 ans). Latifa
invente une histoire d’une poupée devenue une grande fille gravement
handicapée. Smaïl (8 ans) peut jouer de nouveau avec ses deux sœurs (p.
77-81, 2009).

402
6. Deux filles (10-11 ans), Sâdiya (11 ans) et sa sœur Latifa (10 ans), ont
trouvé quelques poupées délaissées dans la rivière qu’elles habillent à la
mode européenne (p. 128-131, 2009).
7. Deux filles (10-11 ans), Sâdiya (11 ans) et sa sœur Latifa (10 ans)
gardent deux petits garçons de deux ans et sept mois pendant qu’elles
créent quelques poupées. Sâdiya organise le jeu autour du thème d’une
mère enceinte (p. 54-55, 2009).
8. Trois filles (8-10 ans), Khadija (10 ans) met en scène devant sa sœur
Fatim Zohra (9 ans) et sa voisine Fatiha (8 ans) une marocaine vivant
depuis quelques temps à Paris. Smaïl (5 ans), le frère de Fatiha, peut
participer à ce jeu (p. 352-353, 2006).
9. Trois filles (8-10 ans), Sâdiya (9 ans), sa sœur Latifa (8 ans) et leur
voisine Fatim Zohra (10 ans). Elles jouent au home pour enfants
handicapés et autres personnes en détresse (p. 62-67, 2007). Sâdiya tient
la ‘patronne’ en main et arrange les enfants handicapés dans leur lit,
tandis que Latifa et son frère Smaïl arrangent les ustensiles de la cuisine
(p. 67).
10. Quatre filles (4-8 ans), Sâdiya (7 ans), sa sœur Latifa (6 ans) et deux
voisines Selma (8 ans) et Doua (4 ans) jouent une visite au docteur. Les
docteurs sont Smaïl, le frère des deux sœurs (5 ans) et un voisin (8 ans)
(p. 62, 2006).
11. Quatre filles (7-10 ans), les voisines Fatim Zohra (10 ans), Sâdiya (9
ans), Atika (8 ans) et Rachida (7 ans) organisent un village d’enfants
avec une mosquée en carton, ensemble avec un groupe de jeu de quatre
garçons (p. 279-283, 2007).
12. Quatre filles (10-11 ans), Fatim (11 ans), Fadma (10 ans), Rquia (10
ans) et Aïcha (10 ans) jouent à la Journée Internationale de la Femme.
Hamid (4 ans), le frère de Fadma, aide les filles en cherchant des fleurs,
des herbes, et des objets de récupération (p. 288-290, 2017).
13. Quatre filles (9-14 ans), Khadija (14 ans), Fatiha (13 ans), Sâdiya (10
ans) et sa sœur Latifa (9 ans) se joignent pour créer un Pharaon, sa
femme et sa fille, pour un jeu proposé par Sâdiya et inspiré par un
programme de télévision. Smaïl (8 ans), le frère de Sâdiya et Latifa,
essaye de se rendre utile (p. 102-105, 2009). Sâdiya de 10 ans est la
cheffe du jeu (p. 102) bien que deux filles soient plus âgées qu’elle.

403
14. Cinq filles (7-10 ans), Sâdiya (8 ans), sa sœur Latifa (7 ans), ainsi que
trois voisines Meryem (10 ans), Fatim Zohra (9 ans) et Habiba (8 ans),
utilisent des poupées en plastiques sveltes) (p. 109-120, 2006). Sâdiya
propose de donner aux mêmes poupées le rôle de taroumit, de femmes
européennes (p. 112). Smaïl (5 ans), le frère des deux sœurs peut
participer en jouant le rôle de commerçant (p. 113).
15. Cinq filles (7-10 ans), Sâdiya (9 ans), sa sœur Latifa (8 ans) et trois
voisines Fatim Zohra (10 ans), Habiba (9 ans) et Atika (7 ans)
développent un jeu sur le thème ‘les femmes de France’ (p. 121-128,
2007). Sâdiya est le leader du groupe de jeu, elle a proposé le thème du
jeu et distribue les poupées. (p. 125).
16. Cinq filles (6-9 ans), trois sœurs Fatiha (9 ans), Sâdiya (8 ans) et Latifa
(7 ans), jouent ensemble avec deux voisines Habiba (7 ans) et Atika (6
ans) à la fête de mariage. Sâdiya de 8 ans est une fois de plus la cheffe
de jeu bien qu’une joueuse soit plus âgée qu’elle (p. 233, 2007).
17. Six filles (10-12 ans), Fatiha (12 ans), Nora (11 ans), Habiba (11 ans),
Sâdiya (11 ans), Atika (10 ans) et Touda (10 ans), construisent deux
fours avec du sable humide. Ilyas (3 ans) apporte du sable aux filles (p.
271-273, 2009).
18. Treize filles (4-12 ans) divisées en trois groupes qui s’amusent pendant
trois jours à mettre en scène la vie des femmes adultes (p. 234, 2009). Le
premier groupe comprend trois filles (10-12 ans) : Khadija (12 ans),
Sâdiya (11 ans) et sa sœur Latifa (10 ans) (p. 233). Le second groupe est
composé de six filles (4-12 ans) : Fatim Zohra (12 ans), Naïma (10 ans),
Rachida (9 ans), Zeïna (8 ans), Aïcha (6 ans), Nora (4 ans) (p. 240). Le
troisième groupe compte quatre filles (5-11 ans) : Fatima (11 ans),
Sâdiya (10 ans), Zeïneb (9 ans), et Ijou (5 ans) (p. 241). Quatre garçons
sont admis dans ces groupes de jeu des filles : Smaïl (8 ans), Hamza (5
ans), Younes (4 ans) et Ilyas (2 ans). Ils doivent amener ce dont les
grandes filles ont besoin (p. 234).
19. Quinze filles (5-15 ans) : Khadija (15 ans), Nejma (14 ans), Khadija (14
ans), Fatiha (13 ans), Ijou (11 ans), Sâdiya (10 ans), sa sœur Latifa (9
ans), Fatim Zohra (10 ans), Habiba 9 ans, Atika (8 ans), Fadma (7 ans),
Iman (7 ans), Yasmin (7 ans), Malek (6 ans) et Fadma (5 ans). Deux
garçons participent également au jeu : Ahmed (6 ans) et Smaïl (8 ans) le
frère de Sâdiya et Latifa. Le jeu est inspiré par un drame de viol d’une
fille à Casablanca suivi de la naissance de jumeau à l’hôpital annoncé à

404
la télévision (p. 70-77, 2009). Sâdiya de dix ans demande à Latifa
d’organiser le jardin et à Habiba d’apporter des pierres (p. 72).

Remarques sur les groupes de joueuses de Douar Ouaraben

• Les joueuses sont des filles qui vivent ensemble dans un endroit limité. Ce
sont des voisines proches ou dans le cas du groupe de 13 et de 15 filles un
peu plus éloignées. Les sept groupes de deux filles se composent 5 fois de
2 sœurs (1, 2, 5, 6, 7) et 2 fois de 2 voisines (3, 4). Les deux groupes de
trois filles sont composés de 2 sœurs et une voisine proche (8, 9). Les
quatre groupes de quatre filles comptent 2 fois 2 sœurs et 2 voisines (10,
13) et 2 fois 4 voisines (11, 12). Les trois groupes de cinq filles
comprennent 2 fois de 2 sœurs et 3 voisines (14, 15) et 1 fois de 3 sœurs et
2 voisines (16). Le groupe de six filles est composé de 6 voisines (17). Le
groupe de 13 filles est composé de voisines (18) et le groupe de 15 filles
de 15 voisines dont 2 sœurs (19).
• Lorsque dans l’échantillon la différence d’âge entre les joueuses est
limitée à deux ans, il y six groupes de jeu de pairs qui se composent de 2
sœurs (1, 2, 5, 6, 7) ou 2 voisines (3). Si la différence d’âge est portée à
trois ans, le nombre de groupe de pairs passe à huit, avec deux groupes
supplémentaires composés de deux fois 2 sœurs et 1 voisine (8, 9). La
différence d’âge augmente lorsque le groupe de jeu comporte plus de
filles. La plus grande différence d’âge entre les joueuses est de 11 (19),
suivie de 9 (18).
• Certains groupes de jeu des filles ont à leur charge une fille de quatre ans
(10, 18) ou de cinq ans (18, 19), mais dans notre échantillon, il s’agit
principalement de garçons de 7 mois à 5 ans (7, 8, 10, 12, 14, 17, 18). Ce
sont les frères de l’une ou l’autre fille du groupe de jeu. Ces petits garçons
ainsi que les petites filles se voient confier des tâches pour aider les
grandes filles ou jouent des rôles secondaires. La plupart du temps c’est
Smaïl (4, 5, 8, 10,14), le frère des deux sœurs Sâdiya et Latifa.
Exceptionnellement, Smaïl continue de participer aux jeux des filles après
l’âge de cinq ans et jusqu’à l’âge de huit ans (4, 5, 8, 13, 18, 19). La
raison que Smaïl invoque pour continuer à jouer avec les filles est
mentionnée à la page 91. Dans les deux autres cas de garçons de plus de
cinq ans jouant avec un groupe de filles, il s’agit d’un voisin de six ans
(19) et huit ans (10).

405
• Plusieurs activités ludiques au cours desquelles les filles jouent entre elles
sans avoir à s’occuper de petits enfants ont été réalisées lorsqu’elles
jouent à deux, trois, quatre ou cinq (1, 2, 3, 4, 5, 6, 9, 11, 15, 16).
• Si nous voyons le groupe de jeu de la piste d’Igrer à Douar Ouaraben
comme un groupe de jeu composé d’un nombre changeant de filles vivant
dans une rue ainsi que dans une rue parallèle, c’est Sâdiya qui est
régulièrement l’instigatrice des jeux de faire semblant et la cheffe des
joueuses (p. 49). Dans les 19 activités ludiques des filles, mentionnées ci-
dessus, Sâdiya joue le rôle de cheffe huit fois (4, 7, 9, 13, 14, 15, 16, 19).
Outre ce qui est mentionné dans la liste des activités ludiques des filles de
Douar Ouaraben, il y a deux autres exemples où Sâdiya joue ce rôle. Le
jeu du ‘village Douar Ouaraben’ et du ‘village Igrer’ (p. 90-95) pour
lequel un premier groupe de filles a construit le ‘village Douar Ouaraben’
sous la conduite de Latifa et Fatim Zohra (p. 91). Un deuxième groupe de
filles a construit le ‘village Igrer’ sous la conduite de Sâdiya (p. 91). Puis,
Sâdiya propose à sa sœur Latifa et son frère Smaïl de jouer le jour de
l’anniversaire d’un petit garçon représenté par un ours en peluche (p. 97-
98).

Les groupes de jeu des garçons à Douar Ouaraben

Les groupes de jeu des garçons de Douar Ouaraben sont composés de 2 à 15


garçons âgés de 5 et 12 ans. Il y a 10 activités ludiques pour lesquelles
suffisamment de détails ont été répertoriés.

20. Deux garçons (5-6 ans), Smaïl (6 ans) et Hamza (5 ans), deux voisins
proches, construisent une maisonnette avec des morceaux de carrelage
(p. 259-261, 2009).
21. Deux garçons (11 ans), Mohamed (11 ans) et son ami Aïsam (11 ans)
habitent l’un en face de l’autre. Ils délimitent les murs de leur
maisonnette (p. 263, 2009).
22. Trois garçons (8-11 ans), Ahmed (11 ans), son frère Brahim (8 ans) et
leur voisin Rashid (8 ans), jouent à la guerre de Filistîn-Israîl (p. 345-
347, 2009). L’aîné Ahmed est le chef du groupe surtout en attaquant les
filles dans leurs maisonnettes. Dans l’après-midi du même jour un
groupe de jeu élargi reprend le même thème de combat (27).

406
23. Quatre garçons (7-10 ans), les voisins Rachid (10 ans), Ahmed (9 ans),
Mohamed (8 ans), Smaïl (7 ans), organisent un village d’enfants avec
une mosquée en carton en collaboration avec un groupe de quatre filles
(11) (p. 280-282, 2007).
24. Quatre garçons (5-12 ans), Mohamed (12 ans), Yasin (8 ans), Ilyas (7
ans) et son frère Anas (5 ans) jouent au combat entre Filistîn et Israîl (p.
349-350, 2015).
25. Cinq garçons (6-10 ans), habitant le même endroit, imitent le système
d’irrigation pour les jardins d’une ferme ou d’une ville (p. 277-279,
2007).
26. Six garçons (6-12 ans), Smaïl (12 ans), Lahoucein (9 ans), Brahim (9
ans), Omar (9 ans), Lahoucein (8 ans) et Hassan (6 ans), construisent
une série de maisonnettes. Une fois que ces voisins ont terminé les
maisonnettes, ils proposent l’achat des maisonnettes à leurs sœurs et
voisines. (p. 264-265, 2016).
27. Neuf garçons (7-12 ans), Ahmed (11 ans), Hamid (9 ans), Zakaria (8
ans), Brahim (8 ans), Rachid (8 ans), Hassan (7 ans), Smaïl (7 ans),
Mohamed (6 ans) et un autre garçon, tous des voisins, recommencent à
jouer la guerre Filistîn-Israîl (p. 347-349, 2009).
28. Quinze garçons (7-12 ans), vivant à proximité les uns des autres,
organisent après le coucher du soleil leur Imachar ou parade comme ils
voient faire les jeunes hommes à Tiznit (p. 291-293, 2009).
29. Ilyas (10 ans) et plusieurs de ses copains jouent à la maisonnette avec
des coquilles comme personnages. Au début du jeu ils doivent décider
qui pourra construire la maisonnette en faisant ‘papier pierre ciseau’
autant de fois qu’il y a de joueurs. Celui qui gagne devient le chef du
jeu, il a le droit de construire la maisonnette et d’indiquer ceux qui
doivent chercher des pierres et des coquilles (p. 267-268, 2017).

Remarques sur les groupes de joueurs de Douar Ouaraben

• Comme pour les joueuses à Douar Ouaraben, les joueurs de ce village


habitent l’un près de l’autre. J’ai trouvé deux exemples de deux frères qui
jouent ensemble (22, 24). Deux fois le groupe de jeu consiste de pairs :
deux garçons de 5 et 6 ans (20) et deux garçons du même âge (21). La
plus grande différence d’âge entre les joueurs est de 8 (24).

407
• L’échantillon ne comprend pas de groupe de joueurs qui aurait la garde
d’un garçon ou d’une fille de moins de cinq ans. Les garçons de cinq ans
qui jouent avec des voisins ne dépendent des joueurs plus âgés mais sont
des camarades de jeu (20, 24).
• Dans cette liste de groupes de jeu des garçons de Douar Ouaraben, il y a
deux références au rôle de chef de jeu (22, 29).
• Une mention spéciale est introduite ici pour indiquer le rôle de
Noureddine, un adolescent de quinze ans du hameau Idreq près du village
Douar Ouaraben, qui est le chef d’un groupe de garçons dont le plus jeune
a huit ans et qui participe dans la mascarade Imachar de Tiznit. Son rôle
de leader est décrit à la page 293.

Les groupes de jeu des filles à Ikenwèn

Les groupes de jeu des filles d’Ikenwèn comptent 3 à 15 filles entre 3 et 12


ans. Tous ces groupes de jeu sont composés d’un nombre variable de filles
dont l’âge peut être similaire ou différent. Des données suffisantes n’existent
que pour 7 activités ludiques.

30. Trois filles (7-9 ans), Fatiha (9 ans), Khalij (8 ans) et Rachida (7 ans)
ont construit trois poupées-femmes de ménage et une poupée-femme de
maison (p. 153-154, 2006).
31. Quatre filles (6-9 ans), Zeïna (9 ans), Rachida (8 ans), Hafida (7 ans) et
Naïma (6 ans) ont créé une série de cinq poupées (p. 146-147, 2009).
32. Cinq filles du groupe de jeu du borj, dirigées par Fatima (10 ans), ont
créé un atelier de tissage miniature avec un métier à tisser, cinq poupées
en armature de roseau et une poupée en plastique comme patronne (p.
156-158, 2007).
33. Quinze filles (3-12 ans), Naïma1 (12 ans), Fadma (9 ans), Aïcha (8 ans),
Fatiha (8 ans), Fatima (8 ans), Halima (8 ans), Khadija (8 ans), Zeïna (8
ans), Khalij (7 ans), Malika (6 ans), Rachida1 (6 ans), Rachida2 (4 ans),
Latifa (4 ans), Hafida (3 ans) et Naïma2 (3 ans), forment le groupe de
jeu du borj élargi, Khalij (7 ans) est souvent le leader du groupe car elle
connait bien faire les jouets, elle est inventif en ce qui concerne les jeux
et il est rare qu’elle n’est pas la première sur le terrain de jeu. Ce jour-là
c'est au tour de Naïma (12 ans) d’organiser la fête de mariage de sa
poupée-jeune mariée et demain ce sera le tour d’une autre fille. Pour ce

408
jeu de la fête de mariage les filles ont construit une grande maison de la
jeune mariée (p. 136-138, 2005).
34. Quinze filles (4-13 ans). Le même groupe de jeu des filles a créé un
village d’enfants en face du village réel et à cette fin elles ont arrangé
une grande maisonnette. Les filles s’adonnent à mettre en scène la vie
des femmes adultes (p. 297-300, 2007). Un groupe de garçons participe
à côté des filles à ce village d’enfants.
35. Quinze filles (5-11 ans), avec plus ou moins les mêmes filles du groupe
de jeu du borj (33, 34), créent avec de la terre argileuse des figurines (p.
146-148, 2009) et des ustensiles (p. 306-308, 2009). Un groupe de
garçons s’occupe parallèlement aux filles à modeler des animaux-jouets
en terre argileuse.

Remarques sur les groupes de joueuses d’Ikenwèn

• Dans un petit village comme Ikenwèn le groupe de jeu des quinze filles
comprend la plupart des filles qui vivent dans des maisons plus ou moins
dispersées. Ces filles se connaissent et probablement il y a des sœurs et
des nièces parmi ces joueuses mais cela n’a pas été indiqué (33).
• Dans le groupe de quinze filles 6 ont 8 ans et 2 ont respectivement 6 ans,
4 ans et 3 ans. Il leur est donc possible de former des groupes de pairs
pour jouer, bien que cela ne puisse pas se spécifier. Quand le groupe de
jeu en entier joue ensemble, la différence d’âge est de 9 (33).
• Les joueuses d’Ikenwèn, comme celles de Douar Ouaraben, ont parfois
des filles de 3 à 4 ans à leur charge (33).
• Les activités ludiques avec 3 à 5 filles montrent que ces filles peuvent
aussi s’amuser sans avoir à s’occuper de petites filles ou petits garçons
(30, 31, 32).
• Deux exemples dans lesquels une fille joue le rôle de cheffe lors d’un jeu
sont la création d’un atelier de tissage miniature (32) par Fatima (10 ans)
et l’organisation d’un mariage de poupée (33) par Naïma (12 ans). En ce
qui concerne l'ensemble du groupe de jeu du borj, il convient de noter que
Khalij, une fillette de 7 ans, est souvent le leader du groupe et non pas
l'une de ses amies plus âgées (33).

409
Les groupes de jeu des garçons à Ikenwèn

Les groupes de jeu des garçons d’Ikenwèn sont composés de 7 à 15 garçons


âgés de 4 à 11 ans. Les activités ludiques qui peuvent se répertorier ici se
limitent à quatre.

36. Sept garçons (7-11 ans) jouent à la contrebande entre le Maroc et la


Mauritanie. Ahmed (11 ans) et un autre garçon plus jeune sont des
douaniers. Leurs copains sont des contrebandiers voulant passer la
frontière avec des camions imaginaires sans payer les droits de douane.
Deux garçons d’environ 7 ans jouent le rôle de soldats qui cherchent des
bombes pour déminer la région frontalière (p. 354-357, 2006).
37. Dix garçons (5-10 ans) participent au village d’enfants organisé par le
groupe de filles (35). La partie des garçons du village d’enfants
comporte un ‘magasin’ où les filles viennent acheter ce dont elles ont
besoin pour leur jeu de ménage et de dînette (p. 297-298, 2007). Un
autre jour, les mêmes garçons délimitent à côté de la maisonnette des
filles une ‘boucherie’ où elles font semblant d’acheter de la viande (p.
302-304, 2007).
38. Onze garçons (4-10 ans), Hassan (10 ans), Lahcen (9 ans), Nejim (9
ans), Lahoucein2 (9 ans), Larbi (8 ans), Saïd1 (8 ans), Saïd2 (7 ans),
Saïd3 (7 ans), Smaïl (6 ans), Saïd4 (5 ans), Abdeslam (4 ans) – qui veut
toujours faire comme les grand garçons – et parfois quelques autres
petits garçons, forment le groupe de jeu du borj des garçons (p. 206).
Saïd1 (8 ans) est le leader de ce groupe de jeu. Parallèlement aux filles
d’Ikenwèn (36), ils s’occupent à modeler des animaux-jouets (p. 206-
207, 2009).
39. Quinze garçons (5-11 ans) participent au jeu de la fête de mariage des
filles (34) en délimitant la maisonnette du jeune marié, une maison bien
plus grande que celle des filles (p. 138, 2005).

Remarques sur les groupes de joueurs d’Ikenwèn

• Dans ce petit village Ikenwèn, tous les garçons qui participent aux
activités ludiques des groupes de jeu des garçons ou des groupes de jeu
des filles sont des frères, des cousins ou des voisins. La plus grande
différence d’âge entre les joueurs est de 6 (40).

410
• La description de l’activité ludique d’un groupe de garçons mentionne
qu’Abdeslam, un garçon de 4 ans, ainsi que quelques autres petits garçons
font partie du groupe de jeu (38). Il est donc probable que certains grands
garçons devraient prendre soins de ces petits. Cependant, avoir seulement
quatre ans, comme le petit Abdeslam ne signifie pas toujours qu’on est
trop dépendant pour faire comme les grands ou au moins vouloir le faire.
• Dans un groupe de jeu de garçons de 4 à 10 ans, Saïd1 de 8 ans est le
leader (39).

Les groupes de jeu des filles à Sidi Ifni

Dans le quartier Boulalem de Sidi Ifni, les mêmes 3 filles, respectivement 7


à 9 ans en 2007, 8 à 10 ans en 2009 et 10 à 12 ans en 2011, forment les 3
groupes de jeu énumérés ci-dessous. Les informations utiles sont limitées à 3
activités ludiques.

40. Trois filles (7-9 ans), Nouheila (9 ans) et deux sœurs habitant la maison
à côté, Fatima (9 ans) et Naïma (7 ans), mettent en scène la préparation
du dîner d’un Aïd, une fête religieuse. Nouheila est en train de mettre les
plats pendant que Fatima filtre du sable pour imiter la farine. Ali (12
ans), le frère de Nouheila, entre dans le jeu des filles et prend une brosse
pour nettoyer l’endroit où aura lieu le dîner simulé de l'Aïd (p. 331-334,
2007).
41. Trois filles (8-10 ans). Quinze mois plus tard, les mêmes filles,
Nouheila (10 ans), Fatima (10 ans) et Naïma (8 ans), créent une
boulangerie et pâtisserie. Lahoucein (7 ans), un voisin, aide Nouheila en
versant de l’eau sur la poudre de plâtre servant de farine pour faire une
pizza (p. 335-337, 2009).
42. Trois filles (10-12 ans). Les mêmes filles, Nouheila (12 ans), Fatima
(12 ans) et Naïma (10 ans), jouent ensemble à la dînette (p. 338, 2011).

Remarques sur les groupes de joueuses de Sidi Ifni

• Le groupe de jeu de trois filles, dont deux sœurs et une voisine, ont mis en
scène trois activités ludiques similaires en 2007, 2009 et 2011. Il s’agit
donc d’un groupe de jeu qui reste inchangées pendant plusieurs années.

411
En 2007 un frère (12 ans) de Nouheila et en 2009 un voisin (7 ans) se sont
infiltrés dans le jeu des filles en leur offrant une petite aide.
• Lors de leurs trois jeux, les trois filles en question n’ont pas la garde d’un
petit enfant.
• Pour ce groupe de jeu et leurs trois activités ludiques une cheffe n’a pas
été mentionnée.

Les groupes de jeu des garçons à Sidi Ifni

Les deux groupes de jeu des garçons du quartier Boulalem de Sidi Ifni sont
composés de deux frères de 3 et 8 ans ou de trois voisins de 7 à 11 ans. Les
activités ludiques qui peuvent se répertorier ici se limitent à 2 exemples.

43. Deux frères (3-10 ans). Lahoucein (10 ans) a construit une voiture de
boîte de sardines pour son petit frère Hassan (3 ans) qui s’amuse à la
tirer. Puis Lahoucein construit un camion pour le transport de pierres et
montre à son petit frère comment le pousser (p. 369-370, 2007).

44. Trois garçons (7-11 ans) jouent au même endroit. Brahim (11 ans),
Mohamed (9 ans) et Lahoucein (7 ans) ont construit une maison
d’homme riche. Le rôle de Lahoucein est d’amener des pierres. Trois
voisines veulent jouer avec les garçons mais Brahim, l’homme riche,
leur dit qu’elles doivent attendre (p. 365-369, 2007).

Remarques sur les groupes de joueurs de Sidi Ifni

• Dans cet aperçu des groupes de jeu de l'Anti-Atlas, il y a pour la première


fois l'exemple d'un frère aîné qui fabrique des jouets pour son petit frère (3
ans) (44).

• Brahim (11 ans), l’aîné qui joue l’homme riche, dirige le jeu et le plus
jeune des garçons (7 ans) a le rôle d’aide et doit amener des pierres (45).

412
Groupe de jeu de filles à Ifrane de l’Anti-Atlas

45. Deux sœurs (9-10 ans) jouent à la fête de mariage. La sœur de dix ans a
créé une poupée représentant la jeune mariée et sa sœur de neuf ans une
poupée-jeune marié (p. 192-195, 2006).

4.2.2 Remarques sur les groupes de jeu de l’Anti-Atlas

Les échantillons de 29 activités ludiques des groupes de jeu de filles


amazighes ainsi que les 16 activités ludiques des groupes de jeu de garçons
amazighs ne sont pas représentatifs des enfants de l’Anti-Atlas, mais comme
elles ont été observées et photographiées à différents endroits et sur une
période de 2005 à 2017, ils donnent une idée fiable des groupes de jeu pour
enfants amazighs dans cette région.

La parenté et le voisinage entre les joueurs ont beaucoup d’importance


pour la formation des groupes de jeu. La relation étroite entre les membres
de ces groupes est un facteur puissant dans la transmission de la culture
ludique, de la langue amazighe, des croyances, des coutumes et du savoir-
faire de la communauté locale, mais aussi de nouvelles tendances qui
s'infiltrent du fait des médias, du retour au pays des émigrants marocains et
des touristes. Comme on peut s'y attendre dans les villages et les quartiers
populaires des petites villes, les groupes de jeu sont très stables sur plusieurs
années. Ces groupes de jeu forment de petites communautés d’enfants dont
les relations interpersonnelles solides qui se sont développées au cours de
l'enfance persistent à l'adolescence et l'âge adulte.

La tutelle que les enfants plus âgés, en particulier les filles, exercent
régulièrement dans des groupes de jeux mixtes sur des enfants de moins de
six ans, joue un rôle fondamental dans la transmission intergénérationnelle,
entre autres, de l'héritage des jeux, de la manière de fabriquer des jouets,
comment les activités ludiques se déroulent et les joueurs doivent se
comporter. Dix exemples de grandes filles qui s’occupent de fillettes et de
garçonnets se trouvent dans la liste des groupes de jeu de l’Anti-Atlas (p.
403, n° 7, 8, 10, 12 ; p. 404, n° 14, 17, 18 ; p. 408, n° 33 ; p. 409, n° 34, 35).
Lorsque des filles plus âgées s'occupent d'enfants de 2 à 5 ans, elles les

413
intègrent souvent dans un groupe de jeu. Ces petites filles ou petits garçons
ne sont pas laissés inoccupés mais se voient confier certaines tâches qui
contribuent au déroulement du jeu ou de la création de jouets. Des tâches
comme amener de l’eau, du sable et des pierres, apporter du matériel naturel
ou de récupération, préparer la terre argileuse pour modeler des jouets,
nettoyer une maisonnette, jouer le rôle de petit enfant ou de commerçant,
etc. Dans trois groupes de jeu de garçons se trouvent des garçons de 4 à 5
ans (p. 410, n° 37, 38, 39). Dans le cas d’un garçon de 4 ans il est douteux
qu’il est sous la garde d’un grand garçon car il est spécifié que ce garçonnet
veut toujours faire comme les grands (p. 410, n° 38). L’unique exemple dans
ce livre est celui d’un frère de 10 ans qui s’occupe de son petit frère de 3 ans
et lui construit une voiture et un camion pour l’amuser (p. 412, n° 43).

Les pairs forment des groupes de jeux. Parce que les enfants de l’Anti-
Atlas sont tous membres du même groupe social – l’une des définitions de
‘pair’ – ce terme dans l’expression ‘un groupe de jeu de pairs’ est utilisé ici
uniquement dans le sens d’enfants du même âge ou avec une différence
n'excédant pas deux ans. Dès l'âge de six ans, les enfants se libèrent de la
surveillance des filles plus âgées et parfois des garçons plus âgés et
s'organisent en groupes de jeux de pairs, souvent mais certainement pas
exclusivement du même sexe. Depuis lors, le rôle des pairs s'accroît et le
soutien mutuel entre les joueurs devient un facteur important dans
l'apprentissage des jeux et la fabrication de jouets (p. 402, n° 1, 2, 3, 4, 5 ; p.
403, n° 6, 7, 8, 9, 12 ; p. 407, n° 17 ; p. 406, n° 20, 21 ; p. 408, n° 30 ; p.
411, n° 40, 41, 42).

Les groupes de jeux sont parfois dirigés par un leader. Cependant, il


s’agit plutôt d’une cheffe ou d’un chef de l’activité ludique en question que
d’un leader permanent des membres du groupe de jeu. Les informations sur
les activités ludiques concernant le rôle de la cheffe ou du chef montrent
qu'être l'aîné n'est pas un facteur déterminant comme dans les cas où une
fille ou un garçon plus jeune joue ce rôle. Certains cas indiquent que d'autres
aspects prédisposent un enfant autre que l'aîné à assumer le rôle de leader,
des facteurs tels que l'invitation des autres à jouer, l'inventivité dans la
proposition de thèmes de jeux et l'habileté à créer des poupées et d'autres
jouets (p. 403, n° 13 ; p. 404, n° 14, 15, 16, 19 ; p. 408, n° 33 ; p. 410 n° 38).
Dans le cadre des jeux de modelage d’argile, Argyris Fassoulas écrit :

414
Chaque groupe possède sa structure hiérarchique propre, les filles
dominantes prenant plus d’initiatives et gérant le partage des tâches. Il
s’agit des filles plus âgées et d’habitude plus compétentes à la fabrication
des jouets en argile, entourées par une nébuleuse de filles moins âgées
aspirant néanmoins à participer, à apprendre et à devenir membres du
groupe. Ces dernières se chargent des tâches souvent ‘auxiliaires’
(ramener de l’eau, ramasser des combustibles, etc.) cherchant surtout à
être à la disposition des filles âgées (volume 2, annexe 1, p. 617).

Coopérer et discuter dans des groupes de jeu pour filles ou pour garçons.
Pendant les activités ludiques des groupes de jeu, la coopération et l’entraide
entre les joueuses ou les joueurs sont toujours de mise et cette attitude se
retrouve dans les 45 activités ludiques (p. 397-408). En ce qui concerne le
modelage de jouets en argile Argyris Fassoulas confirme cette coopération
entre filles du village Ikenwèn : “lorsque la fabrication des jouets en argile
démarre, plusieurs sous-groupes peuvent émerger témoignant d’une vraie
coopération” (p. 516). Je n’ai pas trouvé dans ce livre d’exemples de
discussions ou de conflits entre joueuses ou entre joueurs. Toutes les
discussions et tous les conflits qui ont été observés lors des activités ludiques
des enfants de l'Anti-Atlas sont apparus entre filles et garçons.

4.2.3 Jeux solitaires

Tous ces groupes de jeu ne doivent pas faire oublier qu’il y a parfois des
enfants qui jouent seuls par volonté, par nécessité ou par hasard, même
lorsque des camarades de jeu sont presque toujours disponibles. Cependant,
créer un jouet seul est plus courant que jouer seul, bien qu'il soit courant
d’être aidé par un autre enfant lors de la construction d'un jouet.
Les exemples mentionnés ci-dessous sont présentés selon les lieux où ils
ont été observés puis selon le sexe et l'âge des enfants. Ils proviennent de
trois filles âgées de deux ans à cinq ans et de six garçons âgés de six à dix
ans. La raison pour laquelle ils jouent seul est connue de trois garçons (2, 4,
7). Qu’il n'y ait aucun exemple de filles de plus de cinq ans jouant seul peut
être lié au fait que les filles plus âgées ont régulièrement l’obligation de
s’occuper de petits enfants.

415
1. Douar Ouaraben : Rquia, une fille de 2 ans, joue seul dans le sable à
une certaine distance de sa mère sur la piste du hameau Igrer à Douar
Ouaraben (p. 275-276, 2015).
2. Douar Ouaraben : Smaïl, un garçon de 6 ans, bâtit seul sa maison
après qu’il a joué avec les filles. Il explique que les filles font des
maisonnettes avec des petits murs et qu’il veut construire lui-même une
maison avec de hauts murs comme le font les hommes (p. 100, 2009).
3. Douar Ouaraben : Ilyas, un garçon de 9 ans, joue seul sur la terrasse
de sa maison avec une série de véhicules-jouets en plastique. Anas, le
frère cadet d’Ilyas, attend pour jouer (p. 351, 2017).
4. Douar Ouaraben : Aïsam, un garçon de 9 ans, joue seul dans un lot à
construire. Il explique qu’il construit sa maison d’homme célibataire (p.
258-259, 2009).
5. Douar Ouaraben : Rachid, un garçon de 9 ans, joue seul à construire
sa copie du borj de Tafraoute, un vieux bâtiment avec une tour en pisé (p.
261, 2009).
6. Ikenwèn : Saïd, un garçon de 8 ans, a créé une poule dont le corps est
fait d’un sac en plastique partiellement remplie avec du papier coloré
récupéré des ordures (p. 208, 2007).
7. Ikenwèn : Zakaria, un garçon de 10 ans, s’amuse seul en construisant
deux maisons à toit en pente avec des planchettes. Devant une des
maisons se trouve une petite voiture découpée dans un morceau de bois.
Zakaria affirme qu’il joue de temps en temps avec ces petites maisons et
qu’il préfère jouer seul parce que souvent les autres enfants cassent les
jouets qu’il a fabriqués (p. 304-305, 2009).
8. Sidi Ifni : Nouheila, une fille de 5 ans, joue seul à la maman avec une
poupée bébé en plastique achetée à la fête de la ville (p. 191-192, 2009).
9. Ifrane de l’Anti-Atlas : Meryem, une fillette de deux ans, se trouve
toute seul avec une poupée qu’elle a créée entre ses mains, un morceau
de cactus percé par une branchette en guise de bras et sans habillement ni
décoration (p. 196-197, 2006).

416
4.3 Jeux, jouets, filles et garçons

Ce chapitre commence par une analyse des activités ludiques dans lesquelles
un groupe de filles joue avec un groupe de garçons. Cet aperçu est suivi
d'une discussion sur l’influence du genre sur la culture locale du jeu et du
jouet.

4.3.1 Les groupes de jeu mixtes de filles et de garçons

Dans les exemples suivants, il s’agit d’activités ludiques dans lesquelles un


groupe de filles et un groupe de garçons jouent ensemble. Les trois premiers
exemples sont des jeux mixtes où filles et garçons collaborent sur le même
thème et échangent des jouets, suivis de huit exemples de jeux mixtes dans
lesquels filles et garçons développent des thèmes et des rôles parallèles. Si
une discussion, une opposition ou un conflit surgit entre filles et garçons,
cela est mentionné à la fin de du jeu. Les groupes de jeu de filles qui
s’occupent d’un ou de plusieurs garçons ont été mentionnés dans le chapitre
‘Jeux, jouets et relations entre enfants’ (p. 405, 409).

1. Douar Ouaraben : un groupe de jeu de quatre filles (p. 403, n° 11) et un


groupe de jeu de quatre garçons (p. 407, n° 23) ont convenu de créer leur
village avec une mosquée en carton réalisées par l'un des garçons. Les
garçons ont délimité une maisonnette et y ont mis une grille de sable, ce
qui indique une maison de constructeurs. Une fille tient le camion-citerne
qu'elle a construit. Filles et garçons mettent en scène les thèmes du jeu
ensemble et échangent leurs jouets (p. 280-283, 2007).
2. Douar Ouaraben : trois groupes de filles s’amusent pendant trois jours à
mettre en scène la vie des femmes adultes (p. 404, n° 18). Quatre garçons
jouent avec ces filles (p. 234-254, 2009). Le deuxième jour, une
discussion a éclaté entre le garçon Smaïl (8 ans) et la fille Habiba (10
ans). Smaïl veut aller jouer avec un vieux pneu de voiture qui est près des
maisonnettes mais Habiba dit “non ! c’est le fauteuil de la maison”.
Smaïl répond “le pneu est à moi, je ne te le donne pas”. Il prend le pneu,
le lance un peu plus loin et commence à sauter dessus (p. 243). Les
garçons participent au jeu des filles mais un conflit survient entre une

417
fille et un garçon qui quitte le jeu et amène un autre garçon à faire de
même.
3. Ikenwèn : un groupe de quelques filles et de quelques garçons s'amusent
en jouant les femmes européennes à la plage. Pour ce jeu, le groupe de
filles a habillé deux poupées en plastique, dont l'une est placée sur un
transat sous un parapluie, et un policier rond-point, tandis que
l'équipement de plage et un policier de surveillance ont été construits par
le groupe de garçons (p. 163-165, 2006). Dans ce jeu filles et garçons
coopèrent. Cependant, en ce qui concerne la création de jouets filles et
garçons s’attèlent à des tâches différentes mais complémentaires.

Les huit exemples suivants, quatre provenant de Douar Ouaraben, trois


d’Ikenwèn et un de Sidi Ifni, décrivent des groupes de jeu de filles jouant
avec des groupes de jeu de garçons mais selon des thèmes et des rôles
parallèles. Ils ont été regroupés par village puis par année.

4. Douar Ouaraben : un groupe de dix filles et un groupe de sept garçons


ont commencé leur partie en ramassant des articles de récupération dans
la rivière saisonnière. Puis ces garçons imitent le travail des hommes en
construisant des ‘maisons’. Une fois le plan en pierre des maisons défini,
les filles viennent discuter avec les garçons de l'achat de ces maisons.
Ensuite, les filles jouent à la fête de mariage et au ménage. Quatre
garçons décident de créer un puits miniature et trois garçons choisissent
de faire un four à pain avec du sable humide (p. 285-286, 2009). Ce jeu
commence comme une activité conjointe, puis se transforme en un jeu
parallèle et se termine par des jeux séparés.
5. Douar Ouaraben : trois garçons jouent la guerre de Filistîn-Israîl (p.
406, n° 22). Ahmed et un autre garçon, jouant le rôle d’un soldat
israélien, tirent sur quatre filles qui jouent dans leurs maisonnettes.
Ahmed est fait prisonnier par les deux combattants palestiniens. Les
filles le frappent en disant : “tu as détruit nos maisons” à quoi Ahmed
répond en riant : “je suis content d'avoir détruit vos maisons”. Dans
l’après-midi, trois garçons recommencent à jouer mais avec un groupe
plus large de neuf garçons (p. 407, n° 27). Ils ont demandé aux quatre
filles qui ont accepté cette offre de rejoindre leur jeu. Les filles sont à
nouveau attaquées et crient à l'aide pour les combattants palestiniens.
Ahmed tire sur Fatima et dit “tu es mort”. Fatima refuse et dit “non c'est

418
Habiba”. Habiba répond “non c’est toi qui es mort” mais quand Ahmed
confirme qu'il a tiré sur Fatima, elle accepte, elle tombe par terre et
retourne dans les maisonnettes. Le jeu se termine parce que les filles
vont jouer dans leurs maisonnettes et les garçons commencent à jouer au
football. (p. 346-348, 2009). Il s’agit donc d’un groupe de garçons et
d’un groupe de filles qui jouent d’abord séparément, puis jouent
ensemble dans des rôles parallèles et finissent par jouer à nouveau
séparément.
6. Douar Ouaraben : devant la porte d’une maison un groupe de filles
s’amuse la nuit avec des poupées en plastique qu’elles ont habillées. Des
amis jouent à cache-cache puis conduisent un ‘bus’ représenté par deux
garçons qui se tiennent par devant et à l'arrière d'une longue bande
élastique. Les filles demandent au chauffeur du bus de les transporter
avec leurs poupées pour se rendre à Agadir ou à un village voisin. Mais
les garçons continuent de se bagarrer au lieu de transporter les filles.
Une des filles plus âgées va se disputer avec les garçons pour les
impliquer dans le jeu que les filles leur proposent. Cependant, bien que
les garçons fassent semblant de dire oui, ils refusent de participer à ce
jeu parallèle et continuent leur propre jeu (p. 287, 2015). La tentative des
filles de démarrer un jeu parallèle avec un rôle féminin pour elles-
mêmes et un rôle masculin pour les garçons a échoué.
7. Douar Ouaraben : un groupe de jeu de six garçons construit une série
de ‘maisons’ (p. 407, n° 26). Lorsque les garçons terminent leur travail,
ils proposent à leurs sœurs et voisines d’acheter ces maisons. Les filles
se battent sur le prix parce qu’elles le trouvent trop exagéré. Les
arguments qu’elles avancent réfèrent à l’éloignement de la ville, le
manque d’arbres et d’ombre, l’absence de l’électricité et l’écoulement
des eaux usées. Les garçons s'opposent aux affirmations des filles, disant
que ce sont des villas pour les riches, que l'endroit est calme, qu'il n'y a
pas de voitures et donc pas de bruit ni de nuisance. Enfin, quatre filles
acceptent de payer la moitié du prix demandé et elles paient avec des
emballages de bonbons (p. 265, 2016). Dans ce jeu parallèle, filles et
garçons se disputent de façon amusante en mettant en avant de vrais
arguments.
8. Ikenwèn : après que Naïma a créé plusieurs poupées, un groupe de
quinze filles a construit une grande maisonnette délimitée par des
pierres, ‘la maison de la jeune mariée’ (p. 408, n° 33). Pendant ce temps,

419
un groupe d'une quinzaine de garçons a construit ‘la maison du jeune
marié’. Lorsque les filles commencent à jouer à la fête de mariage, les
garçons se vantent que la maison de leur jeune marié est beaucoup plus
grande que celle de la jeune mariée. Les filles ripostent en disant que la
maison de la jeune mariée est beaucoup plus propre et mieux organisée.
Le soir, les filles emportent leurs poupées et leurs jouets avec elles dans
des boîtes en carton car elles craignent que les garçons n’endommagent
leurs jouets. (p. 105, 138, 2005) Ce jeu parallèle met en évidence la
coopération entre groupe de filles et un groupe de garçons mais en
même temps une opposition et un acte de prévention des dommages
éventuels aux jouets des filles par les garçons.
9. Ikenwèn : un groupe de quinze filles (p. 409, n° 34) et un groupe de dix
garçons (p. 410, n° 37) ont développé un village d’enfants assez éloigné
des maisons parentales et très proche de l’aire de battage du blé. La
figure 397 (p. 297) montre la maisonnette des filles à gauche d'un arbre
et la maisonnette des garçons à droite de cet arbre. Une partie de la
maisonnette des garçons est un ‘magasin’ où les filles viennent acheter
ce dont elles ont besoin pour leur jeu de dînette et de faire le ménage (p.
297-298, 2007). Quelques jours plus tard, les garçons construisent une
‘boucherie’ à côté de la grande maisonnette des filles, où ils font
semblant d’être boucher. Les filles viennent dans cette boucherie filles
pour acheter de la viande pour cuisiner le dîner. (p. 302-304, 2007). Jeu
parallèle qui s’étend sur plusieurs jours dans le village d’enfants et
pendant lequel filles et garçons coopèrent mais en développant
respectivement des thèmes issus du monde des femmes ou des thèmes
issus du monde des hommes.
10. Ikenwèn : un groupe de quinze filles (p. 409, n° 35) et de onze garçons
(p. 410, n° 38) ont l’intention de modeler des jouets en argile. Très
rapidement, une discussion a éclaté concernant le type de jouets que
chaque groupe fabriquera. Les garçons veulent imposer aux filles
qu'elles ne créent que des jouets liés au jeu de poupées, à la dinette et
faire le ménage en se réservant la fabrication de jouets liés au monde
animal. Les filles plus âgées refusent d'abord, déclarant que chaque
enfant peut créer les jouets qu'il peut faire. Les filles plus âgées refusent
d'abord, déclarant que chaque enfant peut créer les jouets qu'il peut
fabriquer. Mais bientôt les grandes filles acceptent cette division du
travail pour faire la paix et aussi parce qu'elles constatent que les

420
garçons pourront acheter les jouets des filles et que les filles pourront
acheter les jouets des garçons. Par la suite, un conflit survient lorsque
des filles plus âgées ordonnent aux jeunes enfants d’apporter de l’eau,
une demande que les petits essaient de fuir parce qu’ils veulent modeler
de l’argile et auquel ils ne s’inclinent qu’en grommelant et en pleurant
(p. 146-147 et 306, 2009). Au début de ce jeu parallèle, les garçons
entrent en conflit avec les filles et tentent de dicter leur volonté. Les
filles parviennent à mettre fin à cette dispute paisiblement. Lorsque les
filles plus âgées commandent des tâches secondaires aux jeunes enfants
ils essaient de s'y opposer, mais en vain.
11. Sidi Ifni : trois garçons ont construit une maison pour un homme riche
(p. 412, n°44). Quand trois voisines demandent de jouer avec, le garçon
qui joue le rôle de riche le refuse. Une fois que les garçons ont fait la
‘route’, le riche y roule avec sa ‘voiture’, un vélo (p. 366). Lorsqu’une
roue de la ‘voiture’ déborde de la route, les filles se querellent avec
l’homme riche en disant “tu ne sais pas bien rouler avec la voiture”. Le
chauffeur répond “moi je roule bien et je travaille et j’ai tout ce dont j’ai
besoin”. Mais les filles lui répondent : “oui tu as tout mais tu ne roules
pas bien” (p. 366-367, 2007).

4.3.2 L’influence du genre sur la culture ludique locale

Une autre façon d'approcher la différence entre filles et garçons dans la


culture ludique de l'Anti-Atlas est d'analyser la création et l'utilisation des
poupées et autres jouets ainsi que les thèmes des jeux en fonction du sexe
des enfants.
Les poupées que les filles ont créées ou qui proviennent de l’industrie du
jouet, représentent le plus souvent des personnages féminins comme la jeune
mariée, la mère, la grand-mère, la fille, la fille handicapée, la sœur, la nièce,
la tante, la femme enceinte, la femme âgée, la femme de ménage, la
cuisinière, la bergère, la couturière, la danseuse, la maîtresse de cérémonie,
la spécialiste du henné, la maquilleuse, la coiffeuse, la femme médecin, la
femme pauvre, la femme riche, la femme qui donne la charité, la divorcée, la
paysanne, la commerçante, la touriste, l’enseignante du préscolaire et du
primaire, etc. Le nombre de poupées de filles représentant des personnages
masculins, hommes ou garçons, est limité. Ces poupées hommes font
régulièrement partie d’un couple de jeunes mariés ou d’un couple de mari et

421
femme. Parfois ils représentent un petit garçon, un père, un grand-père, un
frère, un paysan, un homme riche, un chanteur ou même un pharaon. De
plus, lorsque des personnages masculins sont intégrés dans un jeu de filles,
ils ne jouent qu’exceptionnellement un rôle important. Les thèmes des jeux
de filles réfèrent aux personnages mentionnés ci-dessus mais rarement aux
personnages et situations liés aux activités techniques, à l’exception de la
participation à une ‘guerre de Filistîn-Israîl’, la construction d’un camion-
citerne et l’utilisation d’une ‘caméra vidéo’. Les filles utilisent
principalement des jouets liés à la vie domestique tels que le berceau, le
parc, le lit, le fauteuil, le tajine, la marmite, le couscoussier, la bouilloire, la
théière, le bol, l’assiette, le seau, la louche, la table, le moulin à main,
l’ustensile pour faire le petit lait et le métier à tisser.
Les garçons ne créent pas souvent de poupées, mais lorsqu’ils le font, ces
poupées représentent presque toujours des personnages masculins tels qu’un
père, un frère, un mari, un chauffeur ou un policier. En dehors de quelques
situations de la vie domestique comme jouer le rôle d’un paysan, boucher,
commerçant, musicien ou médecin, les garçons préfèrent mettre en scène des
situations liés aux activités techniques : le combat, la création d’un système
d’irrigation, la construction de moyens de transport, de routes et d’appareils
de communication
Cette différence entre les jeux et jouets des filles et des garçons de l’Anti-
Atlas confirme ce qui est écrit sur ce thème dans les conclusions des livres
précédents de la collection Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-
Africaines (2005-2013).

Les jeux de dînette et les jeux liés aux occupations ménagères sont des
jeux de filles auxquels des petits garçons peuvent participer. Quelques
exemples des régions montagneuses du Maroc montrent qu’il y a des
endroits où les garçons aiment modeler des ustensiles-jouets et des
moulins à bras. Les jeux liés aux activités de subsistance masculines font
tout naturellement partie des activités ludiques des garçons, bien
qu'occasionnellement des filles puissent s'y mettre. Les jeux en relation
avec les habitations, la musique, la danse, les rituels et les fêtes
appartiennent aussi bien aux filles qu'aux garçons. Mes données sur les
jeux et jouets des enfants marocains semblent cependant indiquer que les
filles accaparent plus facilement le domaine ludique des garçons que les
garçons celui des filles. (Rossie, 2008a, p. 343).

422
Cette confirmation s'applique également aux autres thèmes de l'influence du
sexe des enfants sur la culture ludique en Afrique du Nord et au Sahara.
Cependant, certaines propositions ne peuvent être confirmées ou réfutées
faute d'informations sur l'Anti-Atlas. Par exemple, l'hypothèse selon laquelle
les filles adoptent plus facilement les jeux et jouets des garçons que les
garçons le font avec les jeux et jouets des filles.
Dans The Anthropology of Learning in Childhood certaines déclarations
générales sont faites concernant le rôle du genre dans le jeu et la
socialisation qui correspondent à la situation des enfants dans l’Anti-Atlas
(Lancy, Bock & Gaskins, 2010, traduit en français) :

• Le temps passé à jouer diminue avec l'âge tandis que le temps passé à
travailler augmente pour les filles et les garçons.
• Les filles travaillent plus à tous les âges que les garçons.
• Les garçons ont tendance à être moins supervisés que les filles au
travail et au jeu (p. 137).
• Si le sexe est clairement un principe organisateur central de la vie des
enfants depuis la naissance, c'est au milieu de l'enfance (de 6 à 10 ans)
que les distinctions entre garçons et filles deviennent plus prononcées.
A ce stade, les enfants ont tendance à se séparer selon le sexe et à
passer plus de temps avec des membres de leur propre sexe et groupe
d'âge… Pourtant, un tel schéma n'est pas universel (p. 292).
• Une des généralisations les plus sûres à faire dans les études sur le
sexe des enfants est que les filles font la transition du jeu au travail
plus jeune que les garçons et apportent une contribution économique
au ménage à un âge plus précoce, que ce soit en entreprenant un
travail économique elles-mêmes ou permettre à d'autres de le faire en
fournissant des services de garde d’enfant (p. 293).

Certains aspects de l’influence du genre sur la culture ludique ont déjà été
traité dans le chapitre précédent ‘Jeux, jouets et relation entre enfants’ (p.
401) et d’autres aspects le seront dans les chapitres suivants.
Une analyse comparative intéressante des activités ludiques et des jouets
des filles et des garçons parmi les pasteurs peuls du nord-ouest du Bénin
peut être trouvée dans l'article d'Emilia Licitra “Play and Learning in Benin”
(2015, p. 9-21).

423
Une situation pas abordée dans les livres de la collection Cultures
Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines, est la discussion et le conflit entre
filles et garçons pendant leurs jeux en commun (p. 417, n° 2 ; p. 418, n° 5 ;
p. 419, n° 6, 7 ; p. 419, n° 8 ; p. 421, n° 11). Il est incontestable que des
discussions ont lieu régulièrement et ne sont donc pas exceptionnelles, bien
que la coopération soit la règle dans les groupes de jeu. Parfois la discussion
tourne au conflit mais dans tous les cas observés les litiges ont été réglés
pacifiquement même si parfois en mettant fin au jeu commun.

4.4 Jeux, jouets, relations entre enfants et adultes

Les données sur la relation entre les adultes et les enfants amazighs dans le
contexte des jeux et des jouets sont limitées, entre autres parce que les
observations se sont concentrées sur les activités ludiques des groupes de jeu
dans l'Anti-Atlas. En ce qui concerne le sujet de ce chapitre, les lecteurs
trouveront des informations supplémentaires dans La vie domestique dans
les jeux et jouets (Rossie, 2008a, p. 359-366) et Toys, Play, Culture and
Society (Rossie, 2005/2013, p. 117-132).
Afin de ne pas se répéter, il est fait référence ci-dessous à un certain
nombre de données concernant l'influence des adultes sur les jeux et jouets
des enfants déjà évoquées dans les pages précédentes.

• L'évolution du contrôle des adultes sur les enfants est clairement illustrée
par la transition de l'espace privé, dans lequel les enfants évoluent jusqu'à
environ trois ans, vers les espaces publics de plus en plus grands
fréquentés par les jeunes enfants, ceux du primaire et les adolescents (p.
382-383).
• L’influence du monde adulte sur les thèmes des jeux de faire semblant est
omniprésente. Les poupées et jouets liés aux animaux, à la vie domestique
et aux activités techniques sont toujours utilisés pour les jeux
d'interprétation de la vie féminine et masculine. Les jeux et jouets des
enfants de l’Anti-Atlas illustrent la vie des adultes et parfois celle des
enfants par rapport aux adultes (p. 398).
• Les adultes ont une vision différente des enfants de six ans et plus, selon
qu'ils sont des filles ou des garçons. Leur comportement est plus restrictif
et plus exigeant pour les filles que pour les garçons (p. 388, 413-414,

424
424). Les garçons ont moins à aider dans le ménage et dans de
nombreuses familles, ils pouvaient, quand ils ont environ dix ans, quitter
la maison pendant plusieurs heures ou même toute une journée pendant
les vacances scolaires.
• Le point de vue des enfants plus âgés et des adolescents sur le monde
adulte est devenu moins conforme à la tradition, voire négatif, comme en
témoignent certains jeux du début du 21e siècle. Les programmes
télévisés ont une grande influence sur cette évolution (p. 399-400). Par
conséquent, il convient de noter que les jeux de poupées s'éloignent d'une
vision idéalisée du monde adulte.
• Une analyse du rôle des parents dans le contexte de la création de jouets
en argile se trouve dans le document d’Argyris Fassoulas (volume 2,
annexe 1, p. 620-621).

Le jeu est un espace réservé aux enfants même si les adultes peuvent
perturber ou arrêter leurs activités ludiques. Une activité dans laquelle les
adultes interviennent rarement ou indirectement et dans laquelle ils sont
indifférents ou plus correctement pas concernés. Cependant, les mères, les
femmes et les filles plus âgées de la famille ont une grande influence sur les
bébés et les tout-petits, entre autres, à travers les petits jeux qu'ils organisent
pour eux.
Selon les données contenues dans ce livre, les adultes ne fabriquent des
jouets pour leurs enfants que dans des cas exceptionnels. Un jouet qui tombe
sous cette exception est le hochet pour bébé qu'une mère ou une autre
femme construisait traditionnellement (p. 313-314, Rossie, 2008a, p. 359-
360). Ces dernières années, le hochet fait maison est souvent remplacé par le
hochet en plastique.
Une observation indique que lorsque les mères du milieu populaire se
trouvent avec leurs petits enfants sur la plage de Sidi Ifni, elles aident parfois
à faire des formes ou des constructions dans le sable mais sans utiliser de
jouets pour la plage. La même chose peut être vue à la plage d’Aglou près de
Tiznit. Des mères font des figurines, des femmes, des hommes et des
animaux dans le sable et construisent éventuellement une ferme.
Sâdiya, une fille de dix ans de Douar Ouaraben, a déclaré en 2009 que le
soir elle ramenait les jouets utilisés par son groupe de jeu chez elle avec le
consentement de sa mère (p. 68) mais il semble que ce n’était pas la
coutume.

425
Habituellement, le père est encore plus absent dans le jeu des jeunes
enfants. Cependant, Boubaker Daoumani a remarqué que parfois un homme
vient aider à fabriquer ou réparer un jouet où à expliquer une règle de jeu
lorsqu’un enfant le lui demande, par exemple lorsqu’il s’agit de jouer au
football. Parfois, un adulte regarde un jeu pour se divertir ou pour
encourager son enfant.
Utiliser un outil d’un père ou d’un autre homme pour faire un jouet n’a été
mentionné qu’une seule fois par Zakaria du village Ikenwèn, un garçon de
dix ans en 2009 (p. 304).
Dans l’Anti-Atlas le cadeau de jouets aux enfants est depuis longtemps lié
à la célébration de l’Achoura, mais depuis la fin du siècle dernier, l’offre de
jouets en cadeau aux enfants amazighs s’est propagée sous l’influence des
médias et des émigrés ou touristes qui viennent en vacances dans la région
(p. 106-107, 209, 389, 426, 457). Célébrer l’anniversaire d’un enfant n’est
plus exceptionnel et est même devenu le thème d’un jeu (p. 97-98).
Boubaker Daoumani et ses amis ont attiré l'attention sur des situations
récentes qui influent négativement sur la liberté de circulation des
adolescents. Ces dernières années, un sentiment d'insécurité s'est développé
dans les villes de l'Anti-Atlas, comme Sidi Ifni et Tiznit, mais qui se répand
dans les villages. Cette insécurité repose sur des faits réels mais aussi sur des
rumeurs de vol, de viol et de meurtre d'enfants. Cela crée une crainte chez
les parents pour la sécurité des garçons plus âgés qui pourraient s'éloigner de
leur domicile. Cela conduit les parents et les adultes en général à contrôler
plus strictement les jeunes et à limiter leur liberté de mouvement. En
conséquence, on ne peut plus dire aujourd'hui que les adolescents peuvent
aller où ils veulent comme par le passé.

4.5 Jeux, jouets, fêtes et rituels

Dans l'Anti-Atlas, la période la plus importante de l'année dans la vie des


enfants est sans aucun doute celle de l'Achoura qui dure dix jours au tout
début de l'année musulmane. Quelques détails de cette période festive sont
déjà mentionnés aux pages 386-387. En ce qui concerne les jeux d'enfants
amazighs liés à l'Achoura, nous pouvons discerner certaines références à des
rituels anciens tels qu’asperger d’eau, utiliser le feu et chanter des chansons
typiques d’Achoura (Rossie, 2008a, p. 319-325 ; 2008b/c). Des filles de

426
l’Anti-Atlas ont créé à Imjâd en 2007 et à Ikenwèn vers 1984 lorsque
Khalija Jariaa était une fille de dix ans, un couple de poupées appelées Baba
Achour et Mama Achour. Ces poupées ont la particularité d’être réalisées
avec un os provenant d’un tibia de mouton. Cet os est habillé de chiffons et
décoré. Ce jeu comprend également les funérailles de ces poupées qui ont
lieu vers la fin de la période de l’Achoura. Le jeu de Baba Achour et Mama
Achour et leur enterrement, déjà décrit en 1921 (Rossie, 2005a, p. 201-202),
se joue selon Khalija Jariaa encore aujourd’hui dans quelques villages de
l’Anti-Atlas. Toutes les informations indiquent cette activité avec une
résonance rituelle comme un jeu de filles bien que vers la fin les garçons
aient un rôle à jouer en déterrant les poupées (volume 2, p. 732).
Dans l’article “Poupées sur métapode de ruminant. Quand des exemples
africains contribuent à l’interprétation de vestiges archéologiques d’autres
continents” Pierre de Maret et Isabelle Sidéra proposent l’analyse suivante
qui s’applique à Baba Achour et Mama Achour.

Le second modèle, moins élémentaire, est garni. À l’os brut sont ajoutés
des éléments en matière périssable (bras en bois, cire modelée, ficelle,
oripeaux, cuir, cheveux, graines), mais aussi des éléments de matière dure
(onguents faits d’un mélange de graisse, et parure, tels colliers, ceintures,
boucles d’oreille de perles, anneaux). Les renvois au corps humain sont
explicites et externes. Ils appartiennent toujours ou presque à l’univers
féminin. (2015, p. 15).

Cylindrique, allongé, divisé en deux sur toute sa longueur par un léger


sillon qui en accentue la symétrie, surmonté par une articulation
sphérique lorsqu’il est posé verticalement sur son extrémité proximale
évasée, cet os réunit de nombreux éléments qui évoquent le corps humain.
Il apparaît ainsi naturellement anthropomorphe de par son aspect général
et aisément qualifié pour devenir figurine ou poupée. (2015, p. 18).

L’Achoura est aussi une période où les adultes donnent des cadeaux aux
enfants. Non seulement des jouets, mais aussi des vêtements neufs, des
friandises, des pièces d’argent. Le cadeau traditionnel pour les garçons était
un tambour en poterie et pour les filles un tambourin (Rossie, 2008a, p. 286-
290). Offrir des cadeaux était rare pendant le reste de l’année sauf pendant la
fête de l’Aïd el Kebir (du sacrifice), de la célébration du Mouloud (la

427
naissance du Prophète) et depuis environ le début du 21e siècle parfois pour
l’anniversaire. En 2009, cette fête d’anniversaire s’inscrit même dans le jeu
d’une fille de Douar Ouaraben (p. 97-98).
Juste après les dix jours d'Achoura, une autre fête organisée par des jeunes
hommes a lieu à Tiznit. Il s'agit d'Imachar, un défilé nocturne où pendant
une semaine se promènent des personnages masqués, des musiciens, de
grands animaux construits et portés par de jeunes hommes (Rossie, 2008a, p.
325-329). Traditionnellement, cet événement mettait en scène des rites
agraires mais depuis des années il évolue de plus en plus vers le
divertissement folklorique. Certains garçons se préparent en jouant à
Imachar comme ce groupe de garçons de Douar Ouaraben, qui s’inspire
directement de la parade des jeunes hommes (p. 291-293), et quelques
garçons à Ikenwèn qui ont réalisé trois masques (p. 319-320).
Certaines célébrations laïques semblent trouver leur expression dans les
jeux des enfants : la fête de l'indépendance en 2009, dont les détails
manquent (p. 246), et la fête de la Journée Internationale de la Femme en
2017 (p. 288-290). Dans les deux cas, c'est un jeu de filles stimulé par
l'intérêt que l'école porte à ces fêtes. J'ai déjà vu en 1996 à Goulmima dans
le Pré-Sahara, un événement avec des enfants amazighs pour la fête du trône
mais organisé par l'école (Rossie, 2008a, p. 291). Le jeu de la Journée
Internationale de la Femme a été développé de manière indépendante par un
groupe de quatre filles de dix ou onze ans de Douar Ouaraben. Ce jeu illustre
la charité des femmes apportant de la nourriture aux femmes hospitalisées
dont les familles vivent loin.
L'un des jeux préférés des filles étant la fête de mariage, elles s'amusent
régulièrement à copier certains rites ou coutumes liés au mariage, par
exemple en plaçant du henné sur les mains et les pieds, en utilisant des
symboles de fertilité (p. 140-141, 162) et en fabriquant du henné et des
produits de beauté (p. 311-312).
Un rituel pour obtenir la pluie (Rossie, 2005a, p. 203-208 ; 2008a, p. 313-
318), pratiqué à Ikenwèn en 2007, a été imité par des filles de ce village qui
ont créé des poupées appelées belghenja tout comme la grande poupée à
louche utilisée par les femmes (p. 314-318).
Dans “Magdalenian Children: Projectile Points, Portable Art and
Playthings”, Michelle C. Langley écrit “Certes, les enfants chasseurs-
cueilleurs ethnographiques sont connus pour jouer aux cérémonies tout
comme ils jouent à la maison et à la chasse, ce qui n'est pas du tout

428
surprenant étant donné que la cérémonie est un autre élément essentiel de
leur existence.” (2017, p. 13, traduit en français). Dans “Is It Ritual? Or Is It
Children?” Michelle C. Langley et Mirani Litster écrivent “Avant tout, le jeu
lui-même, tel qu’il est pratiqué par les adultes et les enfants, peut être
considéré comme ayant une composante rituelle sociale” (2018, p. 617,
traduit en français). Ces deux déclarations sont certainement appropriées
pour les jeux des enfants de l’Anti-Atlas quand le rituel et le ludique
coexistent.
Cependant, il convient de noter que la distinction entre le rituel et le jeu
d’enfant s'estompe parfois comme dans le cas du jeu de poupée simulant
l'enterrement ou imitant d’implorer la pluie et pour les jeux liés à la fête de
l’Achoura ou de l’Imachar. Cette ambivalence est aussi mise en avant par
Pierre de Maret et Isabelle Sidéra en écrivant sur les poupées en os de
l’Afrique “Ces exemples africains illustrent également à quel point les
frontières entre jeux et pratiques rituelles peuvent être floues et mouvantes.”
(2015, p. 18).
Une occasion où des filles amazighes montrent leur intérêt pour la magie
est quand elles introduisent une protection traditionnelle contre le mauvais
œil dans la création de leurs poupées. Quatre exemples de Douar Ouaraben
et d’Ikenwèn montrent cette protection mise sur un jeune marié (p. 84-85),
sur deux poupées-bébés (p. 144, 145) ou liée à un collier de coquilles
d’escargots (p. 321).
Une seule observation faite à Douar Ouaraben en 2007, signale
l'intégration d'une mosquée dans un jeu. Huit filles et garçons âgés de sept à
dix ans ont décidé qu'il n'était pas possible de construire leur village
d’enfants sans mosquée car un village sans mosquée est impensable. C'est
alors qu'un garçon de dix ans est allé chercher la mosquée en carton qu'il
avait construite auparavant. La suite du jeu montre que les enfants sont
intéressés par les aspects matériels de la mosquée, comme empêcher les
tapis d'être mangés par les rats et la finition du dôme du minaret. Vers la fin
du jeu, ils changent l'origine de leur mosquée dans la mosquée désaffectée
de Tiznit que les touristes peuvent visiter, une visite touristique qu'ils
mettent en scène (p. 282-283).

429
Dans “Le religieux à l’épreuve de l’enfance et des enfants : quels défis
pour l’anthropologie ?” Marie Campigotto, Élodie Razy, Charles-Édouard
de Suremain et Véronique Pache Huber (2012) constatent :

Cependant, aucune approche spécifiquement anthropologique n’a jusqu’à


présent exploré les spécificités des mondes religieux enfantins construits
entre pairs, indépendamment des cadres (adultes) institués, à la croisée de
différentes sources de transmission ou de référents culturels et cultuels
multiples. (p. 5).

Si la question de la croyance et du rapport entre réalité et imaginaire est


essentielle, il est une autre question, qui est du reste intimement liée à la
première, à laquelle les recherches sur les enfants permettent d’apporter
des éléments de réponse : la frontière entre jeu et rite, entre ordres ou
registres de réalité ou d’imaginaire différents (p. 6).

Certes, plus de recherches liées aux thèmes du réel et de l'imaginaire doivent


être faites en relation avec les jeux et jouets des enfants amazighs et leurs
groupes de jeux. Dans ce chapitre et dans certaines pages des livres de la
collection Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines, des
informations peuvent être trouvées sur le domaine des rituels, des croyances
et de la manipulation par les enfants des objets et symboles religieux et
magiques. Des informations qui peuvent être utile pour répondre à ces
questions.

430
5 La créativité des enfants
L'un des concepts de base du terme ‘créativité’ est l'acte de fabriquer, de
former, de produire ou de faire exister, par exemple un jouet ou un jeu.
J'ajouterais l'idée de faire quelque chose d'inhabituel, de nouveau et même
d'esthétique. Cependant, du point de vue des enfants, de telles classifications
n'ont pas de sens car ce qui les intéresse avant tout, c'est de se livrer au
plaisir de jouer et de créer. L’une des définitions de la créativité fait
référence à la créativité pratique : “C'est celle qui correspond à la résolution
de problème pratique, mais avec un plus, la résolution créative de problème
pratique.” (Créativité, Wikipédia).
Une remarque de Gilles Brougère lors de la 1ª Biennale del Giocco e del
Giocattolo. La Creativita de Turin en Italie (1 novembre 1988), est ici à sa
place. A cette occasion, il a dit qu’être créatif ne signifie pas s’engager dans
l’irréel ou l’imaginaire car la créativité peut se greffer sur la vie quotidienne
de telle manière qu’un enfant peut être créatif sans être original car des
milliers d’enfants ont trouvé les mêmes solutions.
La description des activités ludiques des enfants amazighs ne donne pas
une vue d'ensemble de la créativité, de l'inventivité et de l'individualité de
ces enfants à l'exception du chapitre sur les jeux solitaires (p. 415-416). Pour
combler cette lacune, j'ai à nouveau analysé la partie descriptive du premier
volume. Ce que j'ai mentionné ci-dessous me semble correspondre à la
notion de créativité pratique ainsi qu'à la situation de faire quelque chose de
personnel et indépendant de l'ingérence des adultes. Bien que l'influence de
la société globale de consommation et du numérique se soit davantage
répandue dans cette région depuis 2008, je peux encore réécrire cette
déclaration.

Même si j’aime dire que les jouets n’ont de sens que dans le cadre d’une
activité ludique, je parlerai surtout de l’esprit inventif de l’enfant dans la
construction de jouets. Une des raisons est la plus grande facilité à
détecter cette créativité dans les jouets que dans les jeux. (Rossie, 2008, p.
379).

431
L'aperçu de la créativité, de l'inventivité et de l'individualité des enfants
amazighs de l'Anti-Atlas lors de la création et de l'utilisation des jouets suit
les quatre divisions de la partie descriptive du premier volume : Poupées
d’enfants et jeux de poupées, L’animal dans les jeux et jouets, La vie
domestique dans les jeux et jouets et Les activités techniques dans les jeux et
jouets. Dans chaque partie, nous trouverons d'abord les jouets des filles puis
les jouets des garçons, mais ce qu’on pourrait qualifier de ‘traditionnel’ ou
de ‘moderne’ est mélangé.
Bien que ces exemples de créativité des enfants se réfèrent le plus souvent
aux jouets fabriqués par les enfants, il ne faut pas en conclure que ces
enfants ne peuvent pas être créatifs dans leurs jeux de faire semblant. C’est
juste un manque d'information. Les protocoles détaillés des quatre vidéos sur
le jeu de certains enfants de Sidi Ifni et de sa région, tournés en 2002 offrent
quelques exemples (volume 2, annexe 3).
Ce qui est proposé ci-dessous n’est qu'un choix personnel qui, je l'espère,
montre sans équivoque cette créativité et cette inventivité.

Poupées d’enfants et jeux de poupées

• Un couple de jeunes mariés se compose d’une mariée dont la tête est faite
d’un petit citron sec noirci (fille 9 ans, Douar Ouaraben, 2006, p. 50-52).
Des têtes de poupées similaires pour lesquelles les filles utilisent un petit
citron ou une petite orange non comestible ont également été observées
dans certains autres jeux (fille de 9 ans, Douar Ouaraben, 2009, p. 132 ;
Ikenwèn, 2009, p. 158-160, 2007, p. 317).
• Le deuxième personnage du couple de jeunes mariés ci-dessus est le marié
qui sur une armature en roseau porte une tête de poupée en plastique, la
seule pièce récupérée d’une poupée de l’industrie du jouet (fille de sept
ans, Douar Ouaraben, 2006, p. 51). Les deux autres exemples provenant
du même village et de la même année 2006 sont une poupée-femme (fille
de 7 ans, p. 53) et une poupée-femme riche (fille de 7 ans, p. 59-60).
• Une poupée-mère portant son bébé sur le dos a reçu, de façon risquée, des
cheveux coupés de la longue barbe d’un bouc et ce à l’insu de ses parents
(fille de 9 ans, Ikenwèn, 2005, p. 141-142).
• Une poupée unique dans ce livre est la poupée-fille allongée dans un lit en
polystyrène composé d’un corps de robot en plastique surmonté de la tête

432
d’une poupée en plastique, tous les deux récupérés des déchets (fille de 7
ans, Douar Ouaraben, 2006, p. 62).
• Depuis plusieurs années, les filles ont trouvé l'astuce pour réhabiliter une
poupée en plastique dont la tête est manquante en utilisant une tête de
poupée trouvée dans une poubelle ou dans l'oued (Douar Ouaraben, 2007,
fille d’environ 9 ans, p. 65 ; fille de 10 ans, Ikenwèn, 2007, p. 157).
• Aussi bien le thème de jeu que la création de poupées handicapées
indiquent une approche ludique nouvelle des filles de Douar Ouaraben qui
utilisent des poupées en plastique endommagées comme enfants
handicapés dans leur groupe de jeu. Parfois, des prothèses d’imitation sont
utilisées (filles entre 6 et 8 ans, 2006, p. 63, 66 et filles entre 8 et 10 ans,
2007, p. 64-66).
• Deux exemples de Douar Ouaraben montrent comment l’imagination
d’une fille joue un rôle insolite dans un jeu de poupée. Dans les deux cas,
une tête de poupée récupérée est transformée en un garçon ou une fille
gravement handicapée (fille de 7 ans, 2006, p. 116 et fille de 9 ans, 2009,
p. 77-80).
• Depuis une décennie ou deux, des filles ont parfois remarqué le
comportement des femmes touristes ou d’adolescentes d’origine
marocaine vivant en Europe. Ces comportements non traditionnels dans
l’Anti-Atlas, incitent les filles amazighes à les représenter dans leurs jeux
de poupées (Douar Ouaraben, 2006-2009, p. 49, 106-109, 110-116, 121-
131, 283 ; Ikenwèn, 2006-2007, p. 163-165, 166-169).
• Dans la partie des poupées d’enfants et jeux de poupées, on peut aussi
attirer l’attention sur l’utilisation créative de matières devenues plus ou
moins récemment disponibles entre les mains des filles de l’Anti-Atlas. Il
s’agit de papier d’emballage brillant (Ikenwèn, 2006, p. 161), de papier
d’aluminium ou d’argent (Douar Ouaraben, 2007, p. 60-61, 124 ;
Ikenwèn, 2009, p. 156-160), de polystyrène (Douar Ouaraben, 2006, p.
61-62, 108 ; 2007, p. 50, de boîtes en carton (Douar Ouaraben, 2009, p.
75, 77, 81, 82, 85, 102-105, 124 ; Ikenwèn, 2007, p. 163), des flacons ou
tubes de produits de beauté et soins corporels (Douar Ouaraben, 2009, p.
82-83, 97 ; Ikenwèn, 2007, p. 162), des emballages de médicaments
(Douar Ouaraben, 2009, p. 90), des cure-dents (Douar Ouaraben, 2007, p.
56-57 ; Ikenwèn, 2007, p. 165).

433
• Dans cette section sont aussi décrit des garçons qui ont utilisé de manière
inventive du papier d’emballage brillant (Ikenwèn, 2007, p. 161, 164), des
boites de carton (Douar Ouaraben, 2007, p. 124 ; Ikenwèn, 2007, p. 164-
165), des emballages de médicaments (Douar Ouaraben, 2009, p. 91), et
un de tube de médicament (Douar Ouaraben, 2007, p. 134).

L’animal dans les jeux et jouets

• Les jeux et jouets dans la grande section ‘Poupées d’enfants et jeux de


poupées sont presque toujours l’affaire de filles, mais dans la section
restreinte ‘L’animal dans les jeux et jouets’ ce sont plus souvent les
garçons.
• A Ikenwèn un garçon de 8 ans a inventé une poule hybride en fixant des
plumes de poule et des morceaux de roseau dans un sac en plastique
transparent (2007, p. 208).
• Le cheval modelé en argile par un garçon de 7 ans vivant à Lahfart a été
individualisé par lui en utilisant des morceaux de paille pour donner à son
cheval une crinière remarquable (2005, p. 214).
• Le seul rat jouet dans ce livre a été fabriqué de manière particulière par un
garçon de 11 ans de Sidi Ifni en réutilisant la tête d’un animal (canard ?)
en peluche (2007, p. 221).
• A Igîsel un cheval hybride avec un corps de limon vert a été construit par
un garçon d’environ 10 ans (2005, p. 222).
• Une fille de 6 ans d’Ifrane de l’Anti-Atlas a réussi à créer une mule tirant
une charrette. Le mulet est spécial car les pattes de l’animal sont quatre
clous enfoncés dans une planchette (2006, p. 221).
• Il existe des exemples de garçons et de filles qui utilisent des animaux
vivants de manière ludique : une sœur de 8 ans et son frère de 6 ans
utilisent un chat comme cheval monté par un ours en peluche (Douar
Ouaraben, 2007, p. 224) ; des filles entre 6 et 9 ans utilisent des tortues
comme des vaches qui doivent être nourries (Ikenwèn, 2015, p. 218) ;
quelques jeunes garçons emploient une cigogne, qu’ils soignent, comme
vache pour leur jeu de ferme (Ikenwèn, 2007 p. 225) ; et une fillette de 5
ans transforme un bousier en vache et va chercher d’autres bousiers pour
avoir plus de vaches (Sidi Abou, 2012, p. 226).

434
La vie domestique dans les jeux et jouets

• La plus jeune fille mentionnée dans ce livre montre qu'à l'âge de deux ans
et demi non seulement elle joue à un jeu de faire semblant mais qu'elle a
déjà suffisamment d'indépendance et d'initiative pour jouer seule à
distance de sa mère (2015, p. 274-276).
• Un groupe de jeu d’une quinzaine de filles a représenté dans une de ses
maisonnettes la télévision, une vieille radio cassette récupérée de l’oued
(Douar Ouaraben, 2009, p. 237).
• Une poupée belghenja très spéciale a été créée par une fille de 10 ans en
contournant une vielle lampe avec du papier d’aluminium et en lui
donnant des bras exceptionnellement flexibles. L’explication de la
création de cette poupée est aussi remarquable que la poupée elle-même
(Ikenwèn, 2007, p. 317).
• Une fille de 8 ans a organisé une classe du préscolaire dans une boîte en
carton et l’a meublée avec des blocs Lego (Loqlia, 2008, p. 339)
• Un garçon de 9 ans utilise un bac de polystyrène et le couvercle d’un bac
à légumes pour fabriquer la télévision de sa maison d’homme seul (Douar
Ouaraben, 2009, p. 258-259).
• Un autre garçon de 9 ans érige une copie personnelle et très rare d’une
maison fortifiée avec un puits, le borj de Tafraoute (Douar Ouaraben,
2009, p. 261-262).
• Deux garçons de 5 et 6 ans utilisent des morceaux de carrelage de manière
unique pour construire les murs de leur maisonnette (Douar Ouaraben,
2009, p. 259-261).
• Des garçons âgés de 7 à 12 ans s’amusent à organiser une imitation du
défilé Imachar des jeunes hommes de Tiznit. Pour cela, ils se déguisent et
font un grand chameau avec le crâne d’un âne. D’autres garçons
deviennent les musiciens qui accompagnent ce groupe (Douar Ouaraben,
2009, p. 291-293).
• Trois garçons entre 5 et 8 ans créent des masques en carton pour leur fête
d’Imachar à Ikenwen (2008, p. 319-320).
• Un garçon de 10 ans construit une petite maison à pente en bois et joue
seul avec sa création (Ikenwèn, 2009, p. 305).
• Une poupée belghenja a été exceptionnellement faite par un garçon
d’environ 11 ans avec une louche de bois, du papier aluminium et une
robe crochetée par le garçon (Ikenwèn, 2008, p. 318).

435
• Parfois les enfants amazighs utilisent pour leurs jeux liés à la vie
domestique du papier d’emballage brillant, du papier d’aluminium ou
d’argent et des boîtes de carton. Dans la partie descriptive est mentionné
pour les filles : du papier d’aluminium (Ikenwèn, 2007, p. 318 ; Terloulou,
2015, p. 324) et des boîtes de carton (Douar Ouaraben, 2009, p. 245 ;
Loqlia, 2008, p. 338-339). Pour les garçons est mentionnée le papier
d’aluminium (Ikenwèn, 2008, p. 318) et les boîtes de carton (Douar
Ouaraben, 2007, p. 280-283 et 2009, p. 291 ; Ikenwèn, 2008, p. 319-320).

Les activités techniques dans les jeux et jouets

• Les derniers exemples de créativité, d’inventivité et d’individualité dans la


création de jouets par des enfants amazighs de l'Anti-Atlas proviennent de
quatre garçons.
• Deux garçons d’environ 10 ans construisent deux chars pour un jeu de
guerre. En tant que canon, ils utilisent des tubes de médicaments
(Ikenwèn, 2011, p. 357).
• Un garçon de 10 ans a créé un bateau-amphibie pour l’un de ses jeux,
qu’il navigue sur une petite rivière réalisée avec un bassin en plastique
(Ikenwèn, 2011, p. 358).
• Un garçon de 7 ans a réussi de construire un jouet tout à fait nouveau avec
du roseau et du papier d’emballage brillant. Il s’agit d’un parapluie
(Ikenwèn, 2006, p. 359-362).
• Une voiture à quatre places, très rarement rencontrée lors des recherches,
a été découpée dans une boîte de polystyrène par un garçon de 7 ans qui
l’a amplement décorée d’un stylo bleu et rouge (Lahfart, 2005, p. 364-
365).
• Un garçon d’environ 7 ans fait rouler sa voiture, une boîte de sardines, par
un conducteur inhabituel (Lahfart, 2002, p. 363).

L'inventivité des filles et des garçons amazighs de Douar Ouaraben,


Ikenwèn, Lahfart et Igîsel, lors de la création de jouets en argile est
largement discutée dans ce livre. On peut se référer aux pages suivantes :
124, 146-148, 175-172, 205-207, 210-220, 236, 238, 306-309, 325-330, et à
l’étude d’Argyris Fassoulas dans le volume 2 (annexe 1, p. 607-608).

436
Cet aperçu n’inclut pas la créativité des enfants de l’Anti-Atlas
directement inspirée de la télévision depuis environ 2005. Les références à
l’influence de la télévision dans les jeux des filles et des garçons de l’Anti-
Atlas seront mentionnées dans la section ‘La continuité et l’évolution des
jeux et jouets’ (p. 454-455).
Le lecteur a pu voir dans la description de plusieurs jeux, l’intérêt pour les
détails et l’attention aux détails de la part des enfants. Ce traitement du détail
se retrouve dans les descriptions des activités ludiques et doit être prise en
compte lors de l’analyse de la créativité. La façon dont les enfants d’Anti-
Atlas gèrent les détails lorsqu'ils fabriquent des jouets se trouve dans “Jeux,
jouets et apprentissage” (p. 450).
Le fait que la plupart des exemples mentionnés proviennent de filles
amazighes ne peut pas être interprété comme la preuve d’une créativité plus
faible des garçons amazighs car cette différence s’explique par le plus grand
nombre de jeux de filles décrits dans ce livre.
La créativité des enfants dans la fabrication de jouets se manifeste autant
par la simplicité - par exemple lorsqu’un morceau de cactus percé par une
branchette en guise de bras devient une poupée (p. 196-197) – que par la
complexité, une complexité que l’on retrouve régulièrement dans les jouets
fabriqués par des enfants.
En termes d’utilisation du matériel que les enfants de l’Anti-Atlas peuvent
se procurer, leur inventivité s’exprime de différentes manières : en utilisant
du nouveau matériel pour donner forme à un concept traditionnel, comme
lorsque une poupée en plastique ou un flacon de produite de soins sont
transformés en fille handicapée (p. 85, 162) et une poupée en plastique en
patronne d’un atelier de tissage (p. 157) ; en utilisant du matériel traditionnel
pour donner forme à un nouveau concept, comme lorsque les enfants
utilisent des feuilles de palmier pour construire un téléviseur (p. 374) ou de
l’argile pour façonner un téléphone portable (Rossie, 2013, p. 246-247) ; en
transférant un nouveau sens à des jouets anciens en les utilisant dans un
nouveau contexte, comme quand une poupée belghenja devrait protéger
contre les pannes d’électricité (p. 317), ou qu’une boîte de sardines devient
un appareil photo numérique (p. 81), une voiture ou un camion (p. 363, 368-
369, 370-371).
Certaines filles et garçons sortent de l’ordinaire en raison de leur
individualité et de leur initiative personnelle. Les enfants peuvent
développer certaines tendances et jouer certains rôles qui les distinguent des

437
autres enfants. Il est donc important de reconnaître non seulement les
différences entre les groupes de jeu mais aussi entre les joueurs. Ce sont
avant tout les leaders des groupes de jeux et les enfants qui sont reconnus
comme spécialistes de créer des jouets ou d’organiser des jeux mais aussi
ceux qui préfèrent jouer seul. Cependant, Je pense que cette créativité
individuelle et solitaire n’est qu’une des formes possibles de créativité. Il
faut donc élargir la créativité en tant que phénomène individuel pour y
inclure la créativité collective qui se manifeste dans des groupes de jeux où
plusieurs enfants travaillent ensemble pour résoudre des problèmes et créer
des jouets. Un excellent exemple de cette créativité collective se trouve dans
l’utilisation de l’argile pour fabriquer des figurines et autres jouets.
Des informations supplémentaires sur le thème de la créativité des enfants
nord-africains et sahariens se trouvent dans Toys, Play, Culture and Society
(Rossie, 2005/2013, p. 93-103) et La vie domestique dans les jeux et jouets
(Rossie, 2008a, p. 375-382).

438
6 Jeux, jouets, communication et apprentissage
Cette section sur les concepts entrelacés de communication et
d'apprentissage en relation avec les activités ludiques des enfants amazighs
dans l'Anti-Atlas et leur création de jouets résume le chapitre
“Communication in Moroccan Children’s Toys and Play” publié dans le
livre Toys and Communication de Luisa Magalhães et Jeffrey Goldstein
(2018). Certains sujets ont déjà été abordés dans trois chapitres de cet e-
book: “Jeux, jouets et relations entre enfants” (p. 401), “Jeux, jouets, filles et
garçons” (p. 417) et “Jeux, jouets, relations entre enfants et adultes” (p. 424).
Dans les sections “La continuité et évolution des jeux et jouets” (p. 452) et
“La recherche ethnographique du jeu et jouet” (p. 460), d'autres thèmes
peuvent réapparaître.

6.1 Jeux, jouets et communication

Les cultures du jeu et du jouet font partie des systèmes de communication


qui transmettent des visions du monde et des façons d'organiser la vie au
sein et entre les générations. La communication dans le jeu et la fabrication
de jouets ou l’utilisation de jouets s’étend à la transmission non verbale et
verbale de valeurs, croyances, attitudes, comportements, connaissances,
compétences, techniques, sensibilités et émotions. Cependant, non seulement
la communication est en jeu, mais aussi la nécessité de se lier à ce processus
en cours. La communication non verbale est sans aucun doute primordiale,
tant sur les aspects temporels, c’est-à-dire dès le début de la vie de l’enfant,
que sur l’importance quantitative et qualitative de ce qui est communiqué.
Dans le chapitre “L'immersion ludique dans la société”, Argyris Fassoulas
écrit :

La fabrication des jouets et le jeu lui-même représentent, donc, des


processus englobant un savoir-faire dont la transmission ne se limite en
aucun cas, comme on l’a vu, à l’acquisition de connaissances techniques.
Elle s’accompagne de la transmission de significations et valeurs
culturelles et des statuts et rôles sociaux. Ce savoir-faire se transmet
plutôt par observation, imitation et imprégnation. Les normes de la
société sont distillées dans les enfants par le biais du jeu. L’apprentissage

439
des tâches, aussi bien que l’apprentissage de la répartition des tâches
selon l’âge et le sexe, est un processus complexe. À travers les rôles
d’adultes que les enfants plus âgés mettent en scène dans des jeux de faire
semblant, des jeunes enfants s’instruisent sur les occupations féminines et
masculines, le mariage, les fêtes, les rituels (volume 2, annexe 1, p. 627).

En tant que chercheurs de terrain, nous considérons les enfants amazighs


comme des acteurs sociaux et culturels au sein de leurs communautés et
dans leur relation avec l'ethnographe. Ils ne sont pas considérés comme des
groupes isolés mais comme faisant partie de leur communauté. Il faut tenir
compte de leurs relations avec d’autres enfants, adolescents et adultes, et du
rôle des enfants dans le développement de la culture et de la société. De
plus, la vie de ces enfants est liée à des environnements physiques, matériels,
psychologiques, culturels et sociaux spécifiques mais changeants.
Les communautés de l’Anti-Atlas conservent en grande partie leurs
méthodes traditionnelles, mais il existe un impact croissant de la technologie
moderne sur leur mode de vie et leurs points de vue du monde interne et
externe. Dans le jeu de faire semblant des enfants de l'Anti-Atlas de la fin du
20e et du début du 21e siècle, le lien entre jeu, fabrication de jouets et réalité
est très fort et il fait référence à la réalité locale, extérieure et médiatisée.
Cependant, ces réalités sont pour ainsi dire presque toujours basées sur des
éléments tangibles ou immatériels du monde adulte.
Faire des recherches sur la vie quotidienne des enfants, dont la culture du
jeu et du jouet est une partie importante, est un moyen utile pour comprendre
leur point de vue, reconnaître leur libre arbitre et témoigner que leur culture
du jeu et du jouet est précieuse. Dans les jeux, les processus de transmission
entre enfants, et éventuellement entre adultes et enfants, sont fondamentaux
et, dans les deux types de transmission, les enfants jouent un rôle actif.
Dans les écrits sur la communication, les thèmes de la transmission
horizontale et verticale sont abordés. J’ai déjà utilisé ces deux termes, mais il
y a quelques années, j’ai arrêté de le faire. En parcourant les informations
sur les jeux et jouets des enfants marocains, j’ai pris conscience qu’il est
impossible de décider de ce qui qualifie comme transmission verticale ou
transmission entre un adulte et un enfant, ou bien comme transmission
horizontale, c’est-à-dire une transmission entre enfants. Est-ce que dans une
relation entre un adulte de vingt ans et un enfant de quinze ans, apprendre à
fabriquer un jouet est une transmission verticale ? Ou est une transmission

440
entre une fille de onze ans et un garçon de trois ans (p. 273) une
transmission horizontale ? S’il s’agit de différence d’âge, cela est douteux
car dans le premier cas, il y a une différence de cinq ans et, dans le second
cas, une différence de huit ans. Dans ce livre, il n’y a pas d’exemple concret
de transmission entre un adulte et un enfant. De plus, le processus de
transmission fait partie du processus plus large de communication. Par
conséquent, j’ai décidé d’utiliser les termes ‘communication entre enfants’ et
‘communication entre enfants et adultes’.
Après ces quelques paragraphes introductifs, suit une discussion sur la
‘communication entre enfants’, la ‘communication selon le genre’ et la
‘communication entre les enfants et le monde adulte’.
La communication entre enfants, à travers les activités de jeu et de
fabrication de jouets, est fondamentale dans le développement des enfants de
l’Anti-Atlas. Le rôle important dans ce processus n’appartient pas aux
adultes mais aux enfants. Cette communication se produit entre les enfants
plus âgés et plus jeunes ainsi qu’entre pairs. Des groupes de jeu stables,
principalement basés sur les relations familiales et voisines, sont très utiles.
D’autant plus qu’en général les adultes de l’Anti-Atlas n’interfèrent pas dans
le jeu des enfants, sauf s’ils en sont trop dérangés, ont besoin d’aide ou
lorsque la situation devient sérieusement incontrôlable. Les aires de jeux
dans les villages et les quartiers populaires des villes sont de véritables
laboratoires d’interaction et d'apprentissage. C'est là que les tout-petits, une
fois libérés du contrôle direct de leur mère, se mêlent quotidiennement aux
enfants de leur âge, aux enfants plus âgés et parfois aux adolescents.
Les enfants plus âgés ont certainement un rôle à jouer dans la
communication de la culture locale et de l’organisation sociale, en particulier
la culture du jeu et les règles de comportement entre enfants. À partir de
l’âge de six ans environ, les groupes de pairs de même sexe viennent
davantage au premier plan, même si la différence d’âge entre ses membres
peut s'étendre sur plusieurs années.
Dans leurs jeux, les enfants transfèrent toutes sortes de contenus qui font
référence à l'environnement naturel et humain dans lequel ils grandissent.
Lors de la fabrication de jouets, les enfants échangent non seulement des
informations sur les matériaux naturels et de récupération appropriés, mais
également sur les compétences nécessaires pour les créer. De nombreux
exemples de fabrication de jouets sont disponibles dans ce livre et les livres
de la collection Cultures Ludiques Sahariens et Nord-Africains. Ces livres

441
montrent également comment les enfants intègrent dans leurs jeux différents
aspects du monde adulte. De nombreux rôles de mères, de pères, de grands-
parents, d’autres membres de la famille, de voisins, d’enseignants, de
travailleurs, de responsables, etc. sont interprétés dans les jeux des enfants,
et de cette manière beaucoup d’informations socioculturelles sont transmises
entre pairs et entre enfants plus âgés et plus jeunes. Grâce à ces relations
ludiques, les enfants apprennent beaucoup sur les symboles et leurs
significations, les valeurs, les attitudes et les croyances qui prévalent dans
leur communauté. Dans les jeux de poupées, les filles échangent des
informations et des sentiments liés à la féminité, au sexe, au mariage, à la
grossesse, à l'accouchement, à la maternité, à la vie domestique et aux
funérailles. Garçons et filles intègrent et transmettent dans leurs jeux, des
éléments des rituels et des festivités.
Il est courant de distinguer les groupes de jeux de pairs des groupes de
jeux d'enfants plus âgés et plus jeunes, mais étiqueter les groupes de jeux
selon cette distinction est risquée, en particulier lorsque les joueurs sont
jeunes et que leur âge varie ou lorsque des filles plus âgées supervisent de
jeunes enfants.
Les relations ludiques entre enfants sont pour la plupart amicales et
positives. Pourtant, chacun des trois exemples de jeux de poupées
enregistrés à Sidi Ifni ou près de Sidi Ifni en 2002 montre que les
interactions ludiques des enfants ne sont pas toujours harmonieuses,
coopératives et sans conflit, et qu’une confrontation et des points de vue ou
des plans de jeu contradictoires se produisent. Dans une vidéo, un garçon d’à
peine quatre ans refuse l’ordre répété de sa nièce aînée de préparer le dîner
des poupées, en criant “vas-y ! Je suis un homme, pas une femme !” (volume
2, annexe 3, p. 673). Ces événements, cependant, semblent être rapidement
résolus grâce à des stratégies de désengagement, d’abandon et de réprimande
subtile. En tout cas, je n’ai pas trouvé d’exemples d’agressions verbales ou
physiques ou de joueur quittant le jeu en colère. La façon dont les joueurs
gèrent l’opposition et le conflit peut être liée à la façon dont les membres de
la famille évitent la confrontation. Les vidéos, dont les protocoles sont
décrits dans le volume 2 (annexe 3) et certains jeux dans ce volume montrent
l’influence de l’âge et de l’expérience dans le processus de transmission,
bien que l’âge et l’expérience n’apportent pas toujours de l’ascendant (p.
408, 414).

442
Le mode de transmission verbal est important, en particulier dans les jeux
de faire semblant où les monologues et les dialogues sont fréquents.
Pourtant, la communication non verbale entre les enfants semble plus
globale et prédominante dans leurs jeux. Dans ce volume, la description de
certaines activités ludiques mentionne des monologues et des dialogues
mais, comme nous n’avons fait aucun enregistrement audio pendant les
observations, seules des copies écrites des expressions verbales existent. On
trouvera plus de communication orale des enfants dans les protocoles de
trois vidéos réalisées début 2002 à Sidi Ifni et sa région (volume 2, annexe
3). Une situation linguistique particulière existe dans l'Anti-Atlas où la
langue maternelle des enfants amazighs, le tachelhit, coexiste ou est
remplacée par l'arabe marocain dans le système éducatif à partir de l'école
primaire (volume 2, annexe 6, p. 719 et Heugh, 2017).
En rapport avec les différences entre les sexes à l’intérieur et à l’extérieur
de leur communauté, les enfants sont informés par une communication
indirecte et directe. Mais en ce qui concerne les rôles, les devoirs et les
prérogatives des hommes ou des femmes, la communication indirecte
prévaut dans le jeu de faire semblant. Par ailleurs, il y a une différence dans
les thèmes de jeu des filles et des garçons, non seulement au niveau du genre
mais aussi de la tradition par rapport à la modernité.
Dans les jeux, la séparation selon le sexe devient prédominante dans les
groupes de jeu de l’Anti-Atlas à partir de l’âge de six ou sept ans. À cet âge,
les filles et les garçons créent le plus souvent des groupes de jeu auxquels
l’autre sexe ne peut pas participer. Dans ces groupes de jeux sexués, les
enfants font l’expérience de modèles de rôle et développent leur identité en
compagnie de joueurs de même sexe. Bien que les situations des enfants
pendant la fabrication de jouets et les jeux diffèrent selon leur sexe, il faut se
méfier des déclarations généralisées car il y a des indications que parfois le
clivage entre les sexes peut être surmonté. En 2006, une fille de Sidi Ifni
d’environ huit ans a réussi à infiltrer un groupe de jeu de quatre garçons
d'une dizaine d'années en proposant de nettoyer leur restaurant (Rossie,
2008, p. 150-151). Bien que la transmission entre enfants soit sexuée, on
peut trouver des garçons et des filles amazighs plus âgés jouant ensemble (p.
417-421).

443
Dans leurs activités ludiques, les enfants communiquent non seulement
des aspects positifs du monde des adultes, mais ils intègrent de temps en
temps dans leur jeu, ce qui pose des problèmes. Le chapitre “Jeu, jouets et
socialisation” mentionne de telles situations de jeu (p. 398).
Les familles et les communautés transmettent la culture locale et
l’organisation sociale aux nouvelles générations, et les jeux et jouets sont un
excellent moyen d’y réussir. Les enfants mettent en scène et adaptent leurs
activités ludiques pour comprendre ce qui se passe dans le monde qui les
entoure. Il sera difficile de trouver des éléments tangibles et intangibles du
monde adulte non représentés dans les jeux des enfants. Les jeux dans
lesquels les enfants recréent les actions des parents et des membres de la
famille leur offrent un terrain favorable pour comprendre la réalité et
promouvoir leur intégration. Un exemple de 2009 fait référence au jeu de
poupées dans un petit village, où les filles ont inclus dans leur jeu des
situations très spécifiques. Les poupées ne représentent pas des personnages
imaginaires mais de vraies personnes de l’entourage des filles. Par exemple,
le père de la mariée était décédé, le mari de sa sœur travaillait à Casablanca,
le mari d’une autre sœur était vendeur de légumes et celui d’une troisième
sœur, boiteux, restait au village pour surveiller la maison. Les thèmes mis en
scène se réfèrent à la vie quotidienne, aux activités ménagères, au
commerce, aux différends entre épouses et belles-mères, et à d’autres
aspects du monde adulte (p. 160).
La fête de l’Achoura, qui dure dix jours au début de l’année musulmane,
est une période spécifique mais pas unique pendant laquelle les adultes
marocains offrent des jouets, des vêtements, des bonbons et des pièces de
monnaie aux enfants. Une autre période où les enfants reçoivent des cadeaux
est le Moussem, la fête annuelle avec sa foire et ses festivités, ou le
Mouloud, le jour anniversaire du Prophète Mahomet. Un adulte peut
également acheter un jouet ou un autre cadeau lors de la visite d’un marché
de village ou de ville. Jusqu’à récemment, les anniversaires des enfants de
l’Anti-Atlas passent souvent inaperçus parmi les familles populaires.
Le processus de socialisation des enfants amazighs dans l’Anti-Atlas se
déroule en grande partie à travers leurs activités, non pas comme une
imitation passive mais comme une appropriation active. William Corsaro a
nommé cela reproduction interprétative deux mots que Margaretha Vlahos
analyse comme suit :

444
Le terme ‘interprétatif’ englobe les aspects novateurs et créatifs de la
participation des enfants à la société. Les enfants produisent et
participent à leurs propres et uniques cultures de pairs en s’appropriant
de manière créative les informations du monde adulte pour répondre à
leurs propres préoccupations.
Le terme ‘reproduction’ exprime l’idée que les enfants ne se contentent
pas d’intérioriser la société et la culture, mais contribuent également
activement à la production et au changement culturel. Le terme implique
également que les enfants sont, par leur participation même à la société,
contraints par la structure sociale existante et par la reproduction sociale
(2014, slide: Breaking down the terms, traduit de l’anglais).

Néanmoins, il faut garder à l’esprit que cette appropriation active, cette


reproduction interprétative ou cette socialisation par le jeu et les jouets est
surtout une conséquence fortuite de la relation entre enfants et adultes ou
entre enfants, car les enfants concernés ne jouent ni pour devenir
socialement adaptés ni pour former leurs compétences. Ils jouent pour le
bien-être et le plaisir que cela leur procure.

6.2 Jeux, jouets et apprentissage

L’apprentissage par les enfants est un ancien sujet de discussion où le point


de vue adulte était en jeu. L’apprentissage était rarement analysé dans le
cadre des activités ludiques et de fabrication de jouets des enfants. Activités
ludiques dans lesquelles les enfants recherchent non seulement le plaisir,
mais le vivent également comme une préoccupation consciencieuse.
Récemment, la notion d’action des enfants et des enfants en tant qu’acteurs
est venue au premier plan. De plus, on constate que pour étudier
l’apprentissage des enfants, la recherche doit être entreprise dans le cadre de
leurs activités autodirigées au sein de leurs occupations et de leur
environnement quotidien. Où l'auto-motivation et l'action autonome sont
fondamentales, sauf parfois dans les situations où l'influence voire la
domination des enfants plus âgés sur les petits se fait sentir. Dans ce
contexte, l'apprentissage doit être interprété dans un sens large, à savoir
l'observation, l'interprétation, l'imitation et la participation. La description

445
dans ce livre des jeux et jouets des enfants amazighs en offre plusieurs
exemples.
Dans son analyse ethnoarchéologique de la fabrication de jouets en argile
par des enfants de l’Anti-Atlas, Argyris Fassoulas insiste sur une autre
caractéristique de leur jeu : celle de leur quête de ‘bien jouer’, puis de
‘mieux jouer’. Il ajoute au sujet du ‘sérieux de leur implication’ :

Il suffit parfois d’observer le regard des enfants en train de fabriquer


leurs jouets, pour apercevoir le sérieux de leur implication.
Cette dimension « sérieuse » du jeu est d’autant plus évidente lors de la
fabrication des jouets. Les enfants planifient leur travail et mettent en
œuvre de vrais projets « constructifs ». Ils partagent les tâches, ils
négocient ce partage, ils se disputent, ils élaborent des astuces afin
d’obtenir des objectifs bien précis. Dans le travail ils se montrent
concentrés, absorbés par la confection de leur objet ludique. Il y a
certainement du plaisir dans toutes ces activités. Mais, ce plaisir n’a rien
de divertissant. Il nous semble qu’il se rapproche plutôt du plaisir de
l’artisan ou, mieux, d’un plaisir généré par l’aspiration de la réussite, à
savoir la perspective du résultat désiré (volume 2, annexe 1, p. 625).

Il ne fait aucun doute sur le sérieux des enfants lors de la création de jouets.
Du moins quand on prend en compte les efforts des filles pour intégrer dans
leurs poupées des symboles spécifiques liés à la signification que ces
poupées devraient avoir en représentant des adultes particuliers. La même
chose se produit lorsque les garçons indiquent dans les véhicules d’adultes
qu’ils fabriquent, certains détails qu'ils souhaitent reproduire.
L'apprentissage informel basé sur le jeu repose sur la démonstration,
l'observation, l'expérimentation et la participation plutôt que sur
l'enseignement verbal. Sâdiya, la dirigeante du groupe de jeu âgée de dix
ans, illustre cela par la façon dont elle traite les petites filles. Les filles de
quatre ou cinq ans ne savent pas encore comment bien mélanger le sable et
l'eau, comment faire des fondations ou ériger des murs alignés à angle droit.
Sâdiya leur ordonne principalement d'apporter de l'eau, du sable et des
pierres, et elle leur dit où construire de petites maisons. Cependant, elle
n'explique pas aux filles comment exécuter leurs tâches et ne leur propose
aucune aide si elles ne réussissent pas. Les enfants eux-mêmes doivent

446
observer comment Sâdiya le fait et améliorer leur technique en essayant
encore et encore (p. 92).
Khalija Jariaa se souvient qu’à l'âge de huit ans elle voulait apprendre à
fabriquer des couleurs naturelles et à décorer des jouets en argile de Zohra,
une voisine de onze ans. Ce n'est que lorsque Khalija a commencé à aider
Zohra que Zohra a commencé à lui donner des instructions spécifiques. Par
exemple, lorsque les fleurs que Khalija avait cueillies pour faire une couleur
n'étaient pas adéquates, Zohra lui montrait quelles fleurs devraient être
utilisées (volume 2, annexe 1, p. 622).
Boubaker Daoumani a raconté le troisième exemple sur la façon dont, à
l’âge de sept ans, il pouvait entrer dans une relation d’apprentissage avec
Omar, son voisin de dix-sept ans. Pour démarrer ce processus
d’apprentissage, Omar a exigé que Boubaker rassemble tous les matériaux
nécessaires à la construction d’un camion. Ensuite, c’était à Boubaker
d’apprendre à le faire en observant et en suivant les conseils d’Omar sur les
bons matériaux et comment utiliser les outils ou le remplacement d’outils.
C'est surtout en travaillant ensemble et en regardant ce que faisait Omar que
le processus d’apprentissage s’est déroulé (p. 372-373).
Je mentionne enfin la vidéo montrant un fabricant de jouets de 10 ans
(volume 2, annexe 3, p. 703). Dans cette vidéo, un frère de six ans veut faire
comme son frère aîné. Le frère aîné limite ses interventions de temps à autre
à inciter ‘l’apprenti’ à bien observer. Pourtant, l’initiative et la responsabilité
d’apprendre à fabriquer des jouets sont uniquement entre les mains du jeune
frère.
Un tel mode d’apprentissage ne fait pas exception comme j’ai observé ici
et là cette pratique où, dans des situations ludiques, les jeunes enfants
doivent apprendre à faire par eux-mêmes. Ils ont donc un rôle actif au lieu
d'être les destinataires passifs d’un enseignement. Les enfants sont en grande
partie responsables de leur divertissement, de la fabrication de leurs jouets et
de la transmission de la culture du jeu. Grâce à leur participation à des
groupes de jeux, les enfants de l’Anti-Atlas apprennent non seulement à
jouer et à créer des jouets, mais ils apprennent en même temps beaucoup sur
les symboles, les attitudes, les valeurs et les croyances qui prévalent dans
leur famille et leur communauté.

447
Dans les villages et les quartiers populaires des villes, les enfants plus
âgés jouent un rôle indispensable dans l’apprentissage. Les relations
familiales et de voisinage proches entre les joueurs plus âgés et plus jeunes,
basées sur la familiarité, la confiance, les émotions positives et le sentiment
de sécurité, favorisent certainement une atmosphère d’apprentissage.
Chez les tout-petits, les pairs n’ont qu’un petit rôle dans l’apprentissage
par le jeu, mais à partir de l'âge de l'école primaire, une fille ou un garçon du
même âge qu’un autre joueur peut servir d’exemple parce qu’il sait mieux le
faire ou est plus créatif.
Les processus d’apprentissage de ces enfants sont ancrés dans le monde
réel, en particulier le monde des adultes, ceux de l’Anti-Atlas, du Maroc et
d’Europe. Je ne me souviens pas d’activités ludiques dans lesquelles des
filles ou des garçons mettent en scène des événements se déroulant dans un
monde imaginaire. Le fait que certains enfants manifestent déjà à l’âge de
dix ans, un intérêt pour ce qui se passe en dehors de leur communauté, est
attesté par un jeu de faire semblant avec une poupée en plastique
représentant une jeune fille gravement handicapée. À la fin de ce jeu, une
‘photo’ prise avec un appareil photo fait soi-même est envoyée au ‘Conseil
national des droits de l’homme’ au Maroc (p. 81). D'autres exemples sont
offerts par des jeux de faire semblant sur les touristes, la fréquentation d'une
salle de sport, la guerre Filistîn-Israîl et la contrebande à la frontière
mauritanienne. Ces exemples et d'autres montrent que les jeunes adolescents
mettent en scène non seulement des aspects positifs du monde adulte, mais
également des événements problématiques (p. 399-400).
Comme expliqué dans le chapitre précédent et dans les deux chapitres
‘Groupes de jeux de filles ou de garçons’ (p. 402-415) et ‘L’influence du
genre sur la culture ludique locale’ (p. 421-424), le jeu et la fabrication ou
l’utilisation de jouets des enfants d’Atlas sont après la petite enfance
principalement partagés entre les filles et les garçons. Comme les groupes de
jeu et la communication liée au jeu sont largement sexués, il ne peut en être
autrement pour les processus d’apprentissage et les contenus
d’apprentissage. L'ensemble du premier volume offre de nombreux
exemples de la manière dont les thèmes de jeu et les relations entre joueurs
suivent cette division.
L’apprentissage par le jeu le mieux analysé est sans aucun doute celui des
filles amazighes. Entre autres, elles apprennent à créer et à utiliser des
poupées, à tamiser, à pétrir, à râper, à broyer, à s'occuper du ménage, à

448
construire et à utiliser des maisonnettes, un four et éventuellement un métier
à tisser. Grâce aux recherches d’Argyris Fassoulas, nous apprenons en détail
la fabrication de jouets en argile dans la région de l’Anti-Atlas, surtout par
les filles (volume 2, annexe 1). Les garçons apprennent à s'occuper des
animaux, à concevoir un système d'irrigation, à construire une maison
fortifiée, des moyens de transport, des armes, et éventuellement des masques
et des gros animaux pour la promenade Imachar.
Tout comme Argyris Fassoulas a étudié la fabrication de jouets en argile
par les enfants amazighs de l’Anti-Atlas, Romain Simenel, Yildiz
Aumeeruddy-Thomas, Morgane Salzard et Lahoucine Amzil ont analysé les
activités d’enfants amazighs avec des abeilles solitaires dans la même région
du sud-ouest du Maroc. Dans leur article, “From the solitary bee to the social
bee. The inventiveness of children in the acquisition of beekeeping skills
(southwestern Morocco)”, il est souligné que les garçons et les filles :

sont des contributeurs significatifs dans l’acquisition et l’apprentissage de


leurs compétences apicoles ... Apprendre à regarder en silence, à
développer une compréhension personnelle de la relation que l’apiculteur
entretient avec le monde des abeilles et des gestes et actions impliqués
dans la première étape de ce processus d’apprentissage. (2017, p. 3, 7,
traduit de l’anglais).

Un aspect régulièrement négligé est l’apprentissage esthétique de l’enfant


amazigh à travers des activités ludiques. Cependant, ces jeux sont utiles en
termes de codes esthétiques, de normes, d’expériences et de performances
spécifiques à l’environnement de l’enfant ou à d’autres mondes. Certains
jeux et jouets ont une influence directe sur la formation de l’esthétique
corporelle, picturale, plastique, musicale et architecturale de l’enfant. Des
exemples de l’Anti-Atlas se trouvent dans La vie domestique dans les jeux et
les jouets (Rossie, 2008, p. 95, 304-305, 328-329). J’ai indiqué plusieurs
pages du présent livre qui peuvent montrer au lecteur à quoi je pense en
parlant de cet apprentissage esthétique (p. 49-52, 76, 102-104, 127, 128-131,
133, 136, 140-141, 145, 158-159, 172-174, 176-178, 179, 182-187, 188-191,
193-195, 202-203, 205-208, 210-220, 221, 239, 242, 261-262, 269, 271-274,
282, 291-293, 306-309, 311-312, 315-318, 320, 322-323, 325-330, 339, 358,
363-364, 374).

449
Un aspect spécifique du processus d’apprentissage des filles et des
garçons est l’intérêt et le souci du détail dans la création et l’utilisation de
jouets et autres matériaux de jeu, ainsi que dans l’élaboration et la mise en
scène de thèmes de jeu. Le lecteur peut remarquer cette recherche de détails
sur de nombreuses pages, en particulier là où on parle des poupées et les
jeux de poupées. Ici, je me réfère à deux exemples pour un groupe de jeu de
filles, deux autres pour un groupe de jeu de garçons et un pour un groupe de
jeu mixte. L’objectif d’une élaboration détaillée à la fois de l’activité de jeu
et des jouets fabriqués par les filles lors de la création de jouets en argile est
très manifeste (p. 306-309) comme dans leur jeu domestique impliquant trois
maisonnettes (p. 236-246). Dans le cas des garçons, j'aime proposer de
regarder le jeu des contrebandiers (p. 355-356) et le jeu lié à la promenade
Imachar (p. 291-293). La mise en scène par un groupe de jeu mixte de leur
village d’enfants avec une mosquée en carton est remarquable par sa
précision (p. 280-283).
En regardent les jeux de enfants de l’Anti-Atlas, il est étonnant de voir à
quel point ils ont observé de manière détaillée les activités masculines ou
féminines, et comment ils incarnent et interprètent des faits et des sentiments
liés à leurs parents et voisins, mais parfois aussi à leurs compatriotes et aux
touristes étrangers.
Un sujet sur lequel j'ai écrit une seule fois dans “Toy design and safety”,
un chapitre de Toys, Play, Culture and Society, est celui de l’apprentissage
des risques lors de la fabrication de jouets (Rossie, 2005/2013, p. 38-42).
Plus tard, mon intérêt a été stimulé par la lecture d’un blog du Anthropology
of Children and Youth Interest Group (Eisenhauer & Beeler, 2018).
Les enfants de l’Anti-Atlas aiment l’excitation dans le jeu, et prendre des
risques, affronter le danger et surmonter la peur en fait partie. Les parents et
autres adultes, ainsi que les enfants eux-mêmes, trouvent si évident que des
enfants fabriquent des jouets avec toutes sortes de matériaux que des
blessures mineures sont considérées comme insignifiantes. Dans le chapitre
mentionné ci-dessus, quelques exemples de blessures subies par des enfants
sont discutés (Rossie, 2005/2013, p. 39-40). On peut aussi avancer que les
enfants de familles rurales connaissent bien leur environnement matériel et
que les parents laissent leurs enfants manipuler ce que les parents
occidentaux considéreraient comme des choses dangereuses.

450
Dans son étude, the Quality of Life and Child Development, José Juan
Amar Amar (1996 : 17) écrit ceci sur les enfants colombiens issus de
familles défavorisées :

La sécurité ressentie par ces enfants est ressortie très fortement dans
notre étude. Cela suggère qu’ils connaissent et font confiance à leur
environnement naturel et ne le voient pas comme un environnement
menaçant ou dangereux - cela a même enrichi leur vie quotidienne ... De
même, nous pouvons conclure que les enfants semblent capables de gérer
en toute confiance un environnement que les étrangers perçoivent comme
caractérisé par des limites et des risques.

Les activités ludiques et de fabrication de jouets des enfants de l’Anti-Atlas


sont régulièrement liées au risque et au danger. Ces enfants conviennent
avec leurs parents et d’autres adultes que prendre des risques dans la vie est
ordinaire et nécessaire. Néanmoins, les garçons plus âgés semblent prendre
plus de risques que les filles plus âgées et plus souvent lors de jeux d’adresse
que lors de jeux de faire semblant.

451
7 La continuité et l’évolution des jeux et jouets
Dans les zones rurales, comme l'Anti-Atlas, la continuité à travers les
générations et les siècles reste un aspect fondamental de la culture ludique
des enfants amazighs qui est restée dans le domaine de la tradition jusqu'à la
seconde moitié du XXe siècle. La continuité des thèmes ludiques, des jeux,
de la création et l’utilisation des jouets et de l’organisation des groupes de
jeu y reste importante. Cependant, considérer les jeux et jouets de ces
enfants comme dominés uniquement par la tradition est une erreur.
L'évolution a toujours existé, mais elle s'est clairement accélérée depuis la
Seconde Guerre mondiale. Il faut donc donner sa place à la continuité
comme à l'évolution.
Une enfance traditionnelle non perturbée par les influences locales et
étrangères est inexistante et l'importance des institutions coutumières qui
soutiennent le développement des enfants, comme la famille élargie,
s'estompe. Néanmoins, le rôle des groupes de jeux des pairs et des groupes
de jeux des enfants plus âgés et plus jeunes reste fondamental.
Bien que la forme et le contenu des activités ludiques des enfants
changent, plusieurs caractéristiques de la tradition sont toujours présentes.
Ce sont des caractéristiques telles que d’être principalement des activités de
plein air, des activités collectives, des activités indépendantes sans
l’intervention d'adultes, des activités qui ne dépendent que faiblement de
ressources externes, et des activités ludiques liées à la vie réelle. À quelques
exceptions près, les jouets et le matériel de jeu restent d'origine locale et sont
fabriqués ou trouvés par les enfants eux-mêmes. Cependant le nombre de
jouets achetés par des adultes de la famille, ou apportés par des touristes et
des membres de la famille vivant en Europe augmente.
Les jeux de poupées et autres jeux de faire semblant sont presque toujours
un événement collectif réunissant des enfants d’une même famille ou d’un
même quartier. Dans leurs jeux, les enfants de cette région anticipent la vie
qu'ils auront à l’âge adulte. C'est le cas des informations les plus anciennes
comme les plus récentes sur l’Anti-Atlas. Dans ce contexte mais pour un
autre continent, Brian Sutton-Smith a écrit : “Le jeu schématise la vie, il fait
allusion à la vie, il n’imite pas la vie au sens très strict... c'est une dialectique
qui reflète et rit de la réalité mais jamais lui échappe.” (1986, p. 141, traduit
de l’anglais). Ce qui a changé depuis la publication de Poupées d’enfants et

452
jeux de poupées (Rossie, 2005a) est la représentation par les poupées
féminines et masculines de personnages adultes du milieu familier, dans une
situation localement enviable et positive auquel l'enfant devrait s'identifier,
vers un statut plus ambigu et parfois négatif.
Lorsque les enfants fabriquent des jouets, le changement se produit
souvent de deux manières : en utilisant du matériel et des techniques locaux
pour créer des jouets inspirés de nouveaux objets, par exemple le téléphone
mobile en argile. Ou ils utilisent de nouveaux matériaux et de nouvelles
techniques pour créer des jouets faisant référence à des thèmes locaux, par
exemple un morceau de polystyrène pour donner une tête à une poupée
traditionnelle et des papiers d’emballages brillants pour habiller des poupées
locales).
De plus, l’évolution qui s’opère dans la création de jouets par les enfants
de cette région rurale n’est pas toujours un changement total mais plutôt un
changement partiel. Un changement partiel au cours duquel une partie du
jeu et des jouets sont modernisés et une autre partie reste liée à la culture
ludique traditionnelle. Plusieurs jeux des enfants amazighs présentent cette
situation. Un jeu marquant est celui de Douar Ouaraben en 2009 dans lequel
on voit côte à côte d’une poupée à armature de roseau, une poupée en
plastique et un ours en peluche (p. 84). et où on trouve, comme
maisonnettes, des espaces délimités par du sable mouillé, des boîtes en
carton et des boîtes en plastique (p. 82-83). Un exemple des filles d’Ikenwèn
est celui de l’atelier de tissage de 2007 où la patronne est une poupée en
plastique et les tisseuses et leurs enfants sont des poupées à armature de
roseau (p. 157-158). Le village construit par les enfants d’Ikenwen en 2007,
délimitant avec des pierres une série de maisonnettes, est largement meublé
avec des objets en plastique (p. 297-301). En 2009, des garçons de Douar
Ouaraben ont mélangé instruments de musique et déguisements traditionnels
avec des objets similaires en plastique, carton et textile (p. 291-293). Ce
changement partiel me semble être une voie courante dans l’évolution des
jeux et jouets de ces enfants.
Aujourd’hui, la tradition et la modernisation sont encore des facteurs
importants dans la culture ludique. Une liste, même incomplète, de thèmes
de jeux développés par des filles ou des garçons, subdivisés en ‘jeux
traditionnels’, ‘jeux modernes’ ou jeux ‘traditionnels et modernes
ensembles’, peut donner une idée plus concrète de l’équilibre entre tradition
et modernisation au début du 21e siècle.

453
Il n’est pas commode de définir la ‘modernité’ mais la définition
mentionnée dans l’article “Vecino Archaeology and the Politics of Play”
semble adéquate dans ce contexte :

En tant que concept théorique, la modernité est associée à un certain


ensemble d'attitudes envers le monde qui s'inscrivent dans de nouveaux
modes de production industrielle et de consommation de masse, de
nouvelles formes de médias et de mobilité, et de nouveaux idéaux
politiques (supposément plus) démocratiques, qui la distinguent. du
victorianisme de la fin du 19e siècle (Eiselt et al., s.d., p. 1, traduit de
l’anglais).

• Les exemples de thèmes de jeu inspirés de la culture ludique


traditionnelle, mis en scène par des filles amazighes sont : la fête de
mariage (p. 49, 50, 137-141, 172, 188-189, 192-195), le rôle de la mère
(p. 52, 54-56, 137, 142-143, 149), la femme enceinte (p. 51-52, 54-55,
141, 146, 172), la femme stérile (p. 173), le village Douar Ouaraben et
Igrer (p. 90-97), les figurines et ustensiles en argile (p. 146-147, 175-178,
205-207, 209-220), la dînette et le ménage (p. 232, 235-254, 271-274).
• Les exemples de thèmes de jeu inspirés de la culture ludique
traditionnelle et en même temps de la culture ludique moderne, mis en
scène par des filles amazighes sont : aller chez le docteur ou à l’hôpital (p.
61-62, 75-77, 87-90, 91), le home pour enfants handicapés ou en détresse
(p. 67-68, 70-77, 82-84), l’atelier de tissage (p. 156-158), la fête
d’anniversaire (p. 97-98), les femmes touristes françaises (p. 49-50, 71,
84, 107-109,112-116, 123-127, 163-165).
• Les exemples de thèmes de jeu inspirés de la culture ludique moderne,
mis en scène par des filles amazighes sont : le home pour enfants
handicapés ou en détresse (p. 67-68), aller à l’hôpital (p. 167-169), une
famille riche va à Agadir (p. 134), la salle de musculation (p. 117-120),
l’accident de la route (p. 166), le supermarché à Agadir (p. 169-171), les
femmes-touristes françaises (p. 107-109, 112-116, 127-128), les
adolescentes d’origine marocaine vivant en France (p. 106).
Une mention à part est donnée ici aux thèmes des jeux de filles inspirés
par la télévision : les poupées habillées selon la mode moderne (p. 49,
117, 128-131), le viol d’une fille de Casablanca (p. 70-75), le bureau des

454
Droits de l’Homme au Maroc (p. 81), le Pharaon (p. 102-105), la danseuse
du ventre (p. 110-112).
• Les exemples de thèmes de jeu inspirés de la culture ludique
traditionnelle, mis en scène par des garçons amazighs sont : la maison
d’homme (p. 100), les figurines en noix d’argan (p. 178-179, 208, 209,
220), les animaux en argile (p. 205-207, 210-220) et le système
d’irrigation (p. 277-279).
• Les exemples de thèmes de jeu inspirés de la culture ludique
traditionnelle et en même temps de la culture ludique moderne, mis en
scène par des garçons amazighes sont : la contrebande (p. 354-357), la
guerre Filistîn-Israîl (p. 345-350), la construction du parapluie (p. 359-
362) et la maison de riche avec piscine (p. 365-369).
• Les exemples de thèmes de jeu inspirés de la culture ludique moderne,
mis en scène par des garçons amazighs sont : la famille riche avec
chauffeur (p. 134), la maison au toit en pente (p. 304-305) et le bateau-
amphibie (p. 358).
Les thèmes des jeux de garçons inspirés par la télévision sont la maison
au toit en pente (p. 304-305), la guerre Filistîn-Israîl (p. 345-350) et le
bateau-amphibie (p. 358).

Même si les thèmes des jeux liés à la tradition gardent une importance
indéniable, je dirais en regardant les jeux où se mêlent tradition et modernité
ainsi que les jeux inspirés de la modernité et des programmes télévisés, que
l’équilibre entre tradition et modernité s’incline depuis le début du 21e siècle
vers la domination des médias et de l’industrie du jouet et du divertissement.
Les poupées en plastique, utilisées par les filles amazighes pour les thèmes
de la culture ludique traditionnelle et la culture ludique moderne
représentent, contrairement aux poupées traditionnelles, des personnages
extérieurs au milieu local des filles. Il s’agit de touristes femmes françaises,
la salle de musculation, l’accident de la circulation, le supermarché
d’Agadir, les poupées habillées à la mode moderne, le pharaon et la
danseuse du ventre. Ces poupées sont le plus souvent mises en scène par des
filles de Douar Ouaraben, moins souvent par des filles d’Ikenwèn.
Ces dernières quinze années, l’évolution est devenue plus rapide et
intrusif. Après la télévision et les antennes paraboliques, les jeux
électroniques et les téléphones portables, le smartphone a conquis le monde
rural. Cependant, des magasins continuent d’offrir la possibilité d'utiliser des

455
ordinateurs et Internet pour les enfants et les adultes dans les quartiers
populaires des villes et dans les grands villages. D’autres influences jouent
un rôle plus ou moins important dans la culture ludique des deux dernières
générations d’enfants vivant dans l’Anti-Atlas. Des influences telle que la
désertion de la campagne vers la ville, l'urbanisation, la scolarisation, le
retour à la famille par les marocains vivant en Europe, le tourisme,
l’industrie du jouet et du divertissement, et la société de consommation.
Lorsque des villages proches d’une ville ou d’un grand village
s’urbanisent, certains terrains de jeux deviennent occupés par des maisons et
des routes et ne sont dont plus disponibles aux enfants. Tant qu’il s’agit de
chantiers, ces espaces peuvent encore servir de terrains d’aventure. Mais une
fois que les maisons sont habitées par des familles, qui viennent souvent
d'autres régions et ne connaissent donc pas les enfants du village, ces aires
de jeux servant d’espaces libres avant deviennent des espaces indisponibles.
Un bon exemple est le village Douar Ouaraben qui a été transformé d’un
village de fermes au quartier ‘Hay Idreq’ de la ville de Tiznit entre 2005 et
2015.
Concernant les changements urbains, Mohamed Lazhar écrit dans son
article “Le Maghreb urbain. Paysage culturel entre la tradition et la
modernité” :

Les facteurs externes ainsi qu’internes ; les acteurs internationaux comme


nationaux, ont une grande influence sur les changements urbains. Sur le
plan social, des interactions peuvent se noter entre l’introduction de
nouveaux modèles technologiques, les bouleversements du milieu et les
réalités sociales.
“La diffusion ‘sauvage’ des technologies, produits et modèles qui
s’imposent sur les marchés prend de vitesse l’organisation sociale. Elle
détruit les savoir-faire, les matériaux et modes de vie hérités et précipite
les dégradations des relations locales et culturelles à la nature et à
l’espace.” (p. 262, avec une citation de Nadir Boumaza).

Depuis la fin du 20e siècle il n’est plus possible de dire que dans les zones
rurales, l'enseignement scolaire moderne ne fonctionnait pas de manière
largement adéquate. Au cours des vingt dernières années, la scolarisation est
devenue une réalité quotidienne pour la grande majorité des enfants de
l’Anti-Atlas, filles et garçons.

456
A première vue l’école marocaine ne semble pas être un véritable facteur
de changement pour la culture ludique de ces enfants. En tout cas je n’ai pas
remarqué d’influence directe de l’école sur les jeux et jouets des enfants
amazighs et le thème de l’école n’apparait qu’exceptionnellement dans leurs
jeux de faire semblant (p. 161 ; Rossie, 2013, p. 244-248). D’autre part,
l’école influence directement le temps de jeu des écoliers. Un temps de jeu
qui se concentre sur les dimanches et les périodes de vacances. Cependant,
la possibilité de nouer des amitiés avec les enfants dans la classe en dehors
de l’environnement familial et du quartier ouvre de nouvelles possibilités
pour organiser des groupes de jeux.
L’arabisation des enfants amazighs est stimulée par l’école primaire car
l’arabe est la langue d’enseignement au Maroc. Cette situation linguistique
rend moins probable un apprentissage approfondi de la langue tachelhit et du
patrimoine culturel local, en particulier les jeux de langage (Rossie, 2011).
Les marocains qui ont grandi dans l’Anti-Atlas mais ont émigré en Europe
et ceux qui sont parti pour les grandes villes marocaines comme Agadir,
Marrakech et Casablanca, ainsi que leurs enfants, influencent les adultes et
les enfants de leurs lieux d’origine. Cela se remarque clairement dans les
jouets appartenant à certains enfants de l’Anti-Atlas. Parmi les jouets que
ces adultes, lorsqu’ils rendent visite à leur famille, donnent aux enfants, on
trouve des poupées de type Barbie, des peluches, des pistolets à eau à haut
débit, des tricycles, des scooters, des voitures et des camions, des jouets
électroniques et parfois des figurines d’action fantastiques. Le mode de vie
des jeunes femmes marocaines vivant en Europe se reflète également dans
les jeux de faire semblant des filles du village entre autres dans les poupées
habillées à la mode occidentale.
Des touristes français visitent parfois le monde rural marocain et leur
comportement devient une source d’inspiration pour des jeux de faire
semblant. Deux photos montrent des scènes que les filles du village
interprètent dans leur jeu de faire semblant mais ne s’imaginent jamais faire
en réalité : prendre un bain de soleil (p. 108) et enfiler un bikini (p. 114,
131).
L’influence de l’industrie du jouet devient de plus en plus forte. Ceci est
facile à observer lors des grandes fêtes et les foires annuelles organisées
dans les villages et villes de l’Anti-Atlas. Dans les familles populaires des
zones rurales, on achète des jouets moins chers et des jouets d’occasion.
L’importation massive de jouets en plastique fabriqués en Chine perturbe la

457
tradition de créer des jouets. En plus, cela remplace la créativité des enfants
par une attitude de voir les jouets comme un cadeau des adultes, un cadeau
qui était rare dans les communautés rurales.
Alors que l’évolution vers une société de consommation se développe
lentement mais régulièrement dans l’Anti-Atlas, les enfants dont les parents
ne peuvent pas se permettre d’acheter des jouets de bonne qualité se
sentiront non seulement frustrés, mais en même temps, ils deviendront
moins motivés pour créer leurs propres jouets. Cette situation a parfois
abouti à l’chat de jouets de mauvaise qualité ou même de jouets qui sont
dangereux car le contrôle régulier des règlementations en matière de sécurité
des jouets fait défaut dans ces régions.
Cette évolution décrite dans les paragraphes précédents est due à des
influences internes et externes mais il est difficile voire impossible de définir
leur rôle réciproque. Classer une influence comme interne ou externe reste
arbitraire. Par exemple, l’influence de l’école marocaine et de la télévision
peut être qualifiée d’influence interne bien que l’origine de cette école et de
la télévision et leur développement soient liées aux réalités européennes.
Plusieurs jeux mentionnés dans la liste ci-dessus, démontrent que les
enfants amazighs ne sont pas limités à la tradition mais intègrent facilement
dans leurs activités ludiques de nouveaux thèmes et objets liés au
changement local, national ou mondial. Cependant, je pense que l’uniformité
des jouets industriels remplace la diversité des jouets créés par ces enfants et
que les objets produits en masse supplantent les jouets locaux. Ce
développement ne se limite pas à la culture matérielle mais avec les objets
infiltrent également de nouvelles idées ainsi que des valeurs et attitudes
basées sur des modes de vie et des enfances d’ailleurs. Néanmoins, dans le
contexte des jeux les changements ne semblent pas créer pour ces enfants de
conflits entre culture ludique traditionnelle et moderne.
Pourtant, les auteurs de l’article “Vecino Archaeology and the Politics of
Play”, soulignent que :

L’introduction ou la substitution de jouets et de jeux commerciaux là où il


n’en existait pas auparavant a donc une forte influence sur l’engagement
de l’enfant dans le monde extérieur et peut avoir des implications
importantes pour l’émergence des identités de l’enfance, qui se
poursuivent au fur et à mesure qu’ils deviennent adultes. (Eiselt et al., p.
2, traduit de l’anglais).

458
En 2020, une discussion en cours entre les mères de Douar Ouaraben sur
l’évolution du jeu de leurs enfants et son influence sur leur santé montre que
ces mères sont bien conscientes des changements récents. Les mères disent
que c’est bien pour les enfants de jouer dehors et d’utiliser ce que
l’environnement offre pour fabriquer des jouets (terre argileuse, branchettes,
chiffons, matériaux récupérés). Elles soulignent que dans un passé récent, les
enfants des villages jouaient à l’extérieur dans toutes les conditions
météorologiques et avec tout ce qu’ils trouvaient et leur était utile. De cette
façon, ils étaient forts et mieux protégés contre les maladies causées par les
conditions météorologiques changeantes, les maladies comme le rhume et la
bronchite ainsi que contre les infections. Maintenant que les villages
deviennent des petites villes, les enfants sont souvent à l’école et la
télévision règne dans les foyers, les enfants tombes malades beaucoup plus
vite car ils ne sont plus exposés aux conditions de la vie à l’extérieur et
deviennent faibles et vulnérables comme les fleurs dans la maison.
Toutefois, un exemple démontre que l’évolution peut de nouveau être
orientée vers la tradition. Khalija Jariaa a vu en 2010 une vielle femme du
village Ikenwèn dire aux filles : “pourquoi vous ne jouez plus comme
Khalija et vos mères jouaient étant enfant ? Vous n’allez qu’à l’école et ne
regardez que la télévision avec des films mexicains et des films
d’animation”. Les filles ont répondu qu’elles ne savaient pas la place où on
jouait avant, ni comment les filles jouaient alors. Par la suite et lors d’un
séjour de Khalija Jariaa à Ikenwèn en novembre 2010, ces filles lui ont
demandé comment elle jouait pendant son enfance et Khalija leur a montré
où et comment elle jouait. Depuis, les filles d’Ikenwèn aiment aussi jouer
comme il y a environ quarante ans.
Une discussion générale sur le thème de l’évolution de l’enfance et des
cultures ludiques nord-africaines et sahariennes se trouve dans le livre Toys,
Play, Culture and Society (Rossie, 2005/2013, p. 149-182).

459
8 La recherche ethnographique des jeux et jouets
Mes recherches ethnographiques sur le terrain auprès des enfants ghrib du
Sahara tunisien ont eu lieu en 1975 et 1977. Le thème de cette recherche
était la socialisation et ce en relation avec ma thèse de doctorat en
néerlandais L’enfant et la Société. Le processus de socialisation en Afrique
Centrale patrilinéaire (1973) et reposait sur une analyse de la bibliographie.
Au cours de la première période de travail de terrain chez les enfants Ghrib
au printemps 1975, j’ai réalisé l’utilité d’étudier d’abord les jeux et jouets,
entre autres, pour favoriser le contact avec les jeunes et leurs groupes de
jeux. Ma vie professionnelle a fait qu’après l’analyse de la bibliographie
concernée et de la collection de jouets d’Afrique du Nord et du Sahara du
Musée de l’Homme à Paris, de nouvelles recherches ethnographiques sur le
terrain n’ont été possibles qu’à partir de 1992. Mes recherches au Maroc ont
commencé à Marrakech, puis se sont poursuivies dans la région de Kénitra,
de Khemisset et de Midelt, et parfois dans d’autres régions pour trouver des
informations sur la culture ludique des enfants marocains.
En 2002, j’ai déménagé à Sidi Ifni, ville côtière de l’Anti-Atlas, car je
ressentais de plus en plus le besoin de revenir à des recherches
ethnographiques détaillées comme avec les enfants ghrib. Grace à l’aide de
Boubaker Daoumani et Khalija Jariaa, deux amazighs parlant le tachelhit et
qui sont nés et vivent dans l’Anti-Atlas, c’est devenu une réalité. Le livre
Jeux de faire semblant des enfants amazighs de l’Anti-Atlas marocain est le
fruit de cette remarquable collaboration. Sans l’intérêt croissant de Khalija
Jariaa pour les jeux et jouets de sa propre enfance et ceux des autres enfants
de l’Anti-Atlas, et sans les innombrables photos qu’elle a produites, il serait
impossible de mettre au premier plan les expériences ludiques des enfants de
cette région. De cette façon, le point de vu de leurs groupes de jeu est
favorisé. Parfois, des souvenirs des activités de jeu et de création de jouets
des adultes et des personnes âgées ont été utilisés. Pour les livres précédents
de la collection Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines, des
informations ont été trouvées dans la littérature ainsi que dans la collection
de jouets du Musée de l’Homme, actuellement au Musée du Quai Branly à
Paris. Au contraire, ces deux sources d’informations font totalement ou
presque défaut pour l’étude de la culture ludique des enfants amazighs de
l’Anti-Atlas.

460
Il ne me semble pas nécessaire de donner une définition ou une analyse
des concepts de ‘jeu’ et de ‘jouet’ car d’autres l’ont déjà fait en détail
(Brougère, 2003 ; Göncü & Vadeboncoeur, 2016 ; Martin, 2016 ; Silva,
1996). En revanche, il convient de mentionner les caractéristiques des
groupes de jeu et des jeux de faire semblant décrits dans ce livre. Il s’agit de
jeux d’enfants de trois à six ans qui font partie de groupes de jeu mixtes dans
lesquels des filles plus âgées jouent et gardent en même temps des bambins.
A partir de sept ans environ, les activités ludiques se déroulent très souvent
dans des groupes de jeu de filles ou de garçons (p. 402-414). Ces groupes de
jeu peuvent être dirigés par un leader de groupe (p. 414-415) et certains
joueurs préfèrent parfois jouer seuls (p. 415-416). Les thèmes des jeux se
réfèrent toujours à la réalité et au monde des adultes. Au moins, je ne
pourrais pas citer d’exemple pour prouver le contraire. En outre, les filles
mettent en scène des évènements liés à la vie des femmes et les garçons ceux
liés à la vie des hommes. C’est le cas à la fois bien pour les thèmes de jeu
inspirés de la culture ludique traditionnelle, de la culture ludique
traditionnelle et en même temps de la culture ludique moderne et de la
culture ludique moderne. Les poupées traditionnelles à armature de roseau
représentent presque toujours des personnages du milieu social des joueuses
dans des rôles positifs, mais les poupées de l’industrie du jouet en plastique
représentent, toujours ou presque, des personnages du monde extérieur dans
des rôles ambivalent ou localement discutables. Une autre constante est que
les terrains de jeux se trouvent à l’extérieur des maisons.
Dans l’article “Expanding the definitional criteria for imaginative play:
Contributions of sociocultural perspectives” Artin Göncü et Jennifer A.
Vadeboncoeur proposent à :

élargir quatre critères existants pour le jeu imaginatif au vu des progrès


récents des perspectives socioculturelles sur l'étude du développement
humain. Le jeu imaginatif est généralement défini comme étant
intrinsèquement motivé, ouvert, recherche de plaisir et évasion de la
réalité. (2017, p. 422, traduit de l’anglais).

En ce qui concerne les jeux de faire semblant des enfants amazighs de


l’Anti-Atlas, les trois premiers critères sont justifiés. Cependant, le
quatrième critère évasion de la réalité me paraît discutable aux vues du lien
entre les jeux de ces enfants et la réalité, tant pour les jeux traditionnels que

461
pour les jeux récents dans lesquels figurent des touristes français ou des
combattants du Moyen Orient.
Dans sa discussion du livre Childhood by Design: Toys and the Material
Culture of Childhood, 1700-Present, Artemis Yagou mentionne la définition
de Lynette Townsend de la ‘culture matérielle des enfants’ et de la ‘culture
matérielle de l’enfance’. La culture matérielle des enfants comprend les
jouets et autres objets de jeu que les enfants ont fabriqués personnellement
ou les jouets et autres objets provenant du monde adulte mais que les enfants
ont accaparés et adaptés pour servir dans leurs activités ludiques. Cette
description de la ‘culture matérielle des enfants’ s’accorde parfaitement avec
les jouets des enfants amazighs de l’Anti-Atlas. Car ce sont aussi bien de
jouets créés par des enfants que des jouets fabriqués industriellement mais
que ces enfants ont adaptés à leurs besoins. Cependant on ne trouvera dans
ces pages ce que Lynette Townsend appelle la ‘culture matérielle de
l’enfance’, issue du monde adulte et offerte ou imposée aux enfants. Du
moins si on ne tient pas compte de quelques exemples comme le hochet (p.
313-314, Rossie, 2008a, p. 359-360).
Un autre aspect qui distingue les jouets créés par les enfants des jouets
fabriqués par des adultes est qu’ils sont non-durables dans le cas des enfants
et dans le cas des adultes durables (p. 396-397).
les problèmes et les limites de la recherche et de l’information, ainsi que
le but de cette recherche et de la publication des résultats.
Les pages suivantes aborderont la méthode de recherche, les enfants
amazighs comme sujets de recherche, le rôle des deux assistants de
recherche locaux et de l’ethnographe, les limites de la recherche et de
l’information, le but de la recherche et de la publication des résultats, ainsi
que l’éthique de la relation avec les enfants amazighs et leurs familles.

La méthode utilisée est la recherche ethnographique de terrain basée sur


une approche participative avec observation, échanges informels, prise de
photos, utilisation d’informateurs adolescents et adultes, obtention d’objets
de la culture matérielle des enfants, notamment des jouets. Cette méthode
permet de se rapprocher des enfants amazighs de l'Anti-Atlas, dont les
activités ludiques et la création de jouets sont le thème de l'étude. Ce travail
de terrain rigoureux ne dépend pas d'une théorie préméditée bien qu’il a été
influencé par plusieurs approches théoriques. Cette recherche est

462
fondamentalement empirique et qualitative sans prétention d’une
représentativité globale ou statistiquement vérifiée.
Mon approche du contact avec les enfants n’était pas du tout de s’intégrer
dans leurs groupes de jeu, le but étant de décrire les expériences réelles des
enfants lors de leurs activités ludiques et de création et d’utilisation de jouets
sans intervention extérieure. J’étais convaincu qu’il était inacceptable
d’infiltrer les groupes de jeu et c’est une des demandes sur lesquelles j’ai
fortement insisté auprès des deux assistants de recherche qui m’ont
accompagné tout au long de ce projet. L’important était d’observer
l’expérience de jeu des filles et des garçons dans leur environnement naturel
et leurs terrains de jeux habituels.
Un aspect important est que cette recherche ethnographique s’est
poursuivie sur le long terme, de 2002 à 2020. Voir les mêmes enfants et
leurs familles pendant plusieurs années améliore considérablement la
familiarité et la confiance, ce qui favorise la participation à des activités
ludiques, la qualité des données, leur étude détaillée et l’obtention
ultérieures d’informations complémentaires. Cela a également permis de
mettre les jeux et jouets dans l’Anti-Atlas en relation avec leur contexte
écologique et socioculturel. Cette contextualisation a été facilitée par
l’homogénéité naturelle, matérielle, rurale, linguistique et humaine de
l’Anti-Atlas où la différenciation se limite principalement à l’opposition
entre village et ville. De plus, la recherche se concentre sur le début du 21 e
siècle dans les villages de Douar Ouaraben et Ikenwèn et les villes de Sidi
Ifni et Tiznit. Je parlerai donc d’une micro-analyse de la culture ludique des
enfants amazighs de l’Anti-Atlas qui, grâce à mes précédentes publications
sur les jeux et jouets des enfants nord-africains et sahariens, peut être
comparée à un espace culturel plus vaste.
Bien que nous n’ayons pas toujours réussi à le faire, l’idéal était de décrire
les jouets et autres objets comme des instruments de jeu et de mentionner
leur fonction dans le jeu.
Un aspect fondamental de cette étude est l’intérêt permanent pour la
continuité ainsi que l’évolution des jeux et jouets dans l’Anti-Atlas. Même
s’il ne s’agit que d’une période de vingt ans, des changements importants ont
eu lieu dans les jeux et les jouets des enfants amazighs et donc une attitude
nostalgique doit être évitée.

463
Sans vraiment faire de l’anthropologie visuelle, nous avons utilisé une
photographie extensive qui a été rendue possible par la relation rapprochée
entre les enfants et Khalija Jariaa. C’est elle qui a pris les photos en action
de jeu ainsi que les quelques vidéos de courte durée d’enfants en train de
jouer. J’ai photographié les jouets mis hors de situation ludique, à
l’exception des quelques photos de scènes jeu à Igîsel et Sidi Ifni. Dans le
volume 1, dont il est question ici, se trouvent 519 photos pour illustrer le
texte. Cependant, la fonction de ces photos est plus importante car non
seulement elles ont fortement servi à analyser et à décrire les activités
ludiques mais en même temps elles prouvent la réalité des jeux et des jouets
mentionnés.
Fin 2002 et en collaboration avec Boubaker Daoumani, j’ai pu réaliser
quatre vidéos sur le jeu de faire semblant et de construction de quelques
enfants de Sidi Ifni et des environs. Les protocoles très détaillés de ces
vidéos ont certainement ajouté une nouvelle dimension à l’analyse des jeux
et jouets (Rossie and Daoumani, 2003/2007, volume 2, annexe 3). Voulant
faire plus de vidéos, j’ai acheté quelques années plus tard un appareil vidéo
qui après une panne a malheureusement disparu dans le circuit de réparation.
Depuis 2010, Khalija Jariaa fait parfois des courtes vidéos avec son mobile
(volume 2, annexe 3, p. 714).

Les enfants amazighs de l’Anti-Atlas sont les sujets de la recherche. Ce


sont des enfants de trois à quinze ans, rarement plus jeunes ou plus âgés. Le
groupe d’âge qui compte le plus de joueurs féminins et masculins est celui
des enfants du primaire, c’est-à-dire de six à douze ans, les filles étant plus
nombreuses que les garçons.
Tous les enfants, qui ont accepté de participer à notre étude de leurs jeux
et jouets, et les membres de leurs familles, parlent le tachelhit, une langue
amazighe de l’Anti-Atlas et des régions voisines. Une fois que ces enfants
entrent à l’école primaire, l’arabe marocain devient plus important car la
langue d’enseignement est l’arabe.
Alice Sophie Sarcinelli souligne : “pour révéler les voix des enfants, les
chercheurs visent avant tout à augmenter leur capacité d’agir (empower)”
(2015, p. 6). J’ai l’impression que la capacité d’agir de ces enfants, dont
nous avons tenté d’étudier la culture ludique, se situe dans une situation
particulière car c’est un domaine spécifique aux enfants et sur lequel
l’influence directe des adultes est minime. La capacité d’agir des filles et des

464
garçons dans ce domaine est très importante car ils ont une grande
autonomie. Autonomie parfois réduite par des enfants qui jouent un rôle de
leadership et peuvent donc commander d’autres enfants. Cette capacité des
groupes de jeux, ou éventuellement des enfants individuels, à décider
librement quoi jouer et à fabriquer ou utiliser quels jouets, contribue
grandement à mettre en avant le point de vue des enfants. Cette position
forte des groupes de jeux garantit leur libre participation à des recherches
dont la raison et le but sont compris par les joueurs féminins et masculins en
âge de fréquenter l’école primaire. Cela prouve que les enfants sont les
maîtres de leurs jeux et jouets et que ce sont eux qui acceptent ou refusent de
les partager. A Douar Ouaraben et à Ikenwèn, il arrive même qu’une
organisatrice ou un organisateur d’une activité ludique vienne avertir Khalija
Jariaa qu’un jeu va avoir lieu prochainement.
Dans nos recherches, les enfants sont envisagés comme des acteurs au
sein de leurs propres communautés et dans leurs relations avec les assistants
de recherche et l’ethnographe. Ils ne sont pas considérés comme un groupe
isolé mais comme faisant partie de leur famille et communauté.
Les filles et les garçons qui ont participé à la recherche sont
principalement ceux qui se laissaient observer en jouant et se laissaient
photographier. Ils sont devenus des informateurs lorsqu’ils offraient des
explications sur leur jeu et leurs jouets. Parfois ils collaboraient plus
fortement en invitant à observer un jeu ou la création de jouets et lorsqu’ils
proposaient des jouets pour constituer une collection.
De plus, leur vie et leur culture ludique sont intégrées dans des
environnements physiques, matériels, émotionnels, culturels et sociaux
spécifiques mais changeants.
Lorsque les enfants des villages jouent, ils se conforment le plus souvent
aux règles culturelles, sociales et morales de leurs familles, mais parfois ils
s’opposent et modifient les règles imposées par les adultes. Cela se voit dans
le jeu de poupées des filles de l’Anti-Atlas lorsqu’elles habillent des poupées
industrielles à la mode européenne, mettent en scène la danse du ventre, une
visite à la salle de sport et à la plage. Les filles ont aussi fait ressortir une
perspective négative de la société adulte quand elles ont incorporé le thème
du viol d’une jeune adolescente ainsi que la situation des filles handicapées
dans leur jeu de faire semblant (p. 63-68, 70-81, 116-117).

465
Le rôle des assistants de recherche amazighs est très important. De 1992
à 2002 je me suis débrouillé avec l’aide de personnes de contact et de
traducteurs, souvent enseignants, là où je vivais temporairement ou lors de
mes déplacements dans le nord, le centre et le sud du Maroc. En 2001, année
où je ne suis pas retourné au Maroc, j’ai décidé d’essayer de faire une micro-
recherche sur les jeux et jouets des enfants dans la région de Sidi Ifni. Une
micro-recherche comme je l’avais faite avec les enfants Ghrib du Sahara
tunisien de 1975 à 1977. Quand je suis arrivé dans cette ville, j’ai téléphoné
à Bari Saïd, l’instituteur que j'avais rencontré lors d'un bref voyage à Sidi
Ifni quelques années plus tôt. Il m'a invité à lui rendre visite dans le village
où il enseignait.
C'est alors qu’un autre enseignant, Boubaker Daoumani, m'a approché et
a exprimé son intérêt pour mes recherches. Un contact qui est à la base du
projet de recherche sur les jeux et jouets amazighs et d’une amitié durable. Il
m’a invité à quelques reprises chez les élèves de l’école primaire de Lahfart
et leurs familles. Il m’a également transféré toute une série de jouets qu’il
avait reçus de ses élèves pour former le début de la collection de jouets créée
par les filles et les garçons amazighs de l’Anti-Atlas. Comme évoqué plus
haut (p. 464) une première collaboration avec Boubaker a eu lieu lorsque
nous avons produit fin 2002 quatre longues vidéos sur le jeu des filles et des
garçons dans la ville et aux alentours de Sidi Ifni. Environ un an plus tard,
j’ai emménagé dans la maison de Boubaker où il vivait seul. Bientôt je lui ai
proposé de financer la construction d’un premier étage au-dessus du rez-de-
chaussée de sa maison. Cet appartement est devenu nécessaire lorsque j’ai
embauché Khalija Jariaa comme femme de ménage et qui étant femme
pourrait être très utile pour mes recherches.
Khalija Jariaa, née à Ikenwèn sur la route de Tiznit à Tafraoute, vivait à
Tiznit quand elle a accepté de s’occuper de mon ménage à Sidi Ifni. Ni elle,
ni moi ne pouvions imaginer quel rôle jouerait ce choix dans l’étude et la
prise de photos des jeux et jouets des enfants amazighs. Ma connaissance de
l’arabe marocain limitée à la vie quotidienne, a rendu difficile avec Khalija
la communication sur la culture ludique. Ce problème a été résolu grâce à la
bonne connaissance du français et la disponibilité de Boubaker qui comme
Khalija ont le tachelhit comme langue maternelle. Après que Khalija ait
appris à parler assez bien le français, j’ai commencé à lui poser des
questions sur les jeux et jouets de sa jeunesse. C'est alors que l’intérêt de
Khalija pour les jeux d’enfants amazighs et la création de jouets a

466
commencé à se développer et elle m’a montré comment elle fabriquait des
poupées lorsqu’elle était enfant. Des poupées qu'elle a offertes pour la
collection de jouets de l’Anti-Atlas. Ainsi Khalija est devenue d’abord
informatrice puis assistante de recherche ethnographique. Pendant des
années et jusqu’à maintenant, elle travaille de manière autonome, prenant
des photos et parfois de courtes vidéos. Dans le village de la périphérie de
Tiznit où Khalija vit depuis son mariage en 2005, les filles et les garçons
sont très habitués à sa présence dans leurs aires de jeux. S’occupant de
quelques travaux d’aiguille, elle peut les observer et faire discrètement des
photographies en évitant de perturber leurs activités spontanées. Ces
données recueillies par Khalija m’ont été transmises lors de séances de
travail et de discussion à Sidi Ifni en présence de Boubaker. Lorsque le fils
aîné de Khalija a dû partir pour l’école primaire en 2013, sa mère ne pouvait
plus me rejoindre à Sidi Ifni et nous avons donc décidé que j’allais vivre
dans la maison de Khalija à Douar Ouaraben (Tiznit) pendant mes séjours au
Maroc.
Connaissant la situation dans l’Anti-Atlas, le choix de deux collaborateurs
locaux parlant le tachelhit et connaissant l’environnement rural a apporté
plusieurs avantages. Tout d’abord, la langue car tous les enfants parlent le
tachelhit. Deuxièmement, la distance entre Boubaker ou Khalija et les
enfants de l’Anti-Atlas est bien moindre qu’avec cet étranger l’ethnographe.
Troisièmement, la possibilité de pouvoir me présenter aux enfants et à leurs
familles comme un ami de mes deux assistants amazighs. Dernièrement,
pouvoir utiliser leurs réseaux familiaux et les contacts avec leurs amis a
sûrement facilité l’enquête.

Le rôle de l’ethnographe, Jean-Pierre Rossie, bien que limité en ce qui


concerne la collecte de données sur les jeux et jouets des enfants amazighs
de l’Anti-Atlas, est essentiel en termes de choix de la région géographique,
le financement du budget de recherche, l’encadrement des deux assistants,
l’analyse et la description des informations et la rédaction de ce livre dont il
est seul responsable. Le fait que cette recherche ait été financée par mes
propres ressources et les subventions de mon frère Joseph Rossie, garantit
que toutes les décisions ont été prises de manière autonome et sans
l’influence d’autorités locales, nationales ou extérieures.

467
Mon intérêt pour la culture matérielle des enfants, bien que quelque peu
étrange, surtout lorsqu’il est exprimé par un homme âgé, me paraît être une
approche adéquate et prudente. D'après mon expérience, les enfants
marocains aiment cet intérêt pour leurs jouets et leurs jeux, un intérêt qui
vient d’une personne facilement assimilée à un grand-père. Ils se sentent
respectés et valorisés lorsqu’ils sont considérés comme des informateurs et
de précieux producteurs d’objets et de connaissances. Après tout, ce sont eux
qui savent et l’ethnographe est celui qui a besoin d’apprendre. L’observation
des activités ludiques, de la fabrication et de l’utilisation de jouets et d’autres
matériels de jeu par les enfants fournissent non seulement des informations
sur le matériel, les techniques et les symboles, mais aussi sur les rôles, les
relations entre les joueurs ainsi que les thèmes et les situations mis en scène.
Dans le contexte de la discussion sur l’enfant acteur (Delalande, 2014), il
ne fait aucun doute que les jeunes participants aux activités ludiques sont
largement des acteurs autonomes avec des rôles et une autorité différenciée
dans des groupes de jeu, des groupes de jeu qui échappant en grande partie à
l'influence et au contrôle des adultes.
Le travail de l’équipe de trois membres qui a décrit et analysé les
informations recueillies auprès des enfants et rarement des adolescents de
plus de 15 ans ou des adultes doit être pleinement apprécié. Pour ce travail à
grande échelle, les photos ont été d’une grande aide. La conclusion du
premier volume a été rédigée par l’ethnographe seul, mais l’étude “La
fabrication des jouets en argile dans la région de l’Anti-Atlas” est sous la
responsabilité d’Argyris Fassoulas (volume 2, annexe 1).
Bien sûr, je voudrais savoir en détail ce que les enfants et les adultes
amazighs pensent de moi. Mais c’est une affaire périlleuse car les règles de
politesse et de respect créent une situation délicate rendant improbable une
réponse correcte. Cela est d'autant plus vrai pour les enfants que la
différence d'âge et de statut est plus grande. En outre, il faut tenir compte du
fait que l’enfant est ou non du même sexe que l’ethnographe et que les
compétences verbales des jeunes enfants sont limitées. Néanmoins, la
réponse la plus claire se trouve dans la réaction d’un enfant et d’un groupe
de jeu qui accepte ou refuse d’être observé ou de communiquer.

468
Les limites de la recherche et de l’information doivent être clarifiées. Au
moins trois limites peuvent être mentionnées. Nos recherches sur les jeux et
jouets des enfants amazighs dans l’Anti-Atlas ne couvrent pas toute cette
région montagneuse et se concentrent sur deux villages, Douar Ouaraben et
Ikenwèn et deux villes Sidi Ifni et Tiznit. Tous ces endroits sont situés dans
la partie côtière de l’Anti-Atlas. Les autres lieux d’où proviennent nos
informations et jouets sont le résultat de visites occasionnelles
principalement de Khalija Jariaa, à l’exception de Lahfart et d’Igîsel où
l’intervention de Boubaker Daoumani est à la base. Il s’agit donc d’une
étude incomplète. Ce livre offre un échantillon et les résultats mentionnés ne
peuvent pas être projetés pour s’appliquer à tous les enfants amazighs de
l’Anti-Atlas.
Il n’y a guère d’autres recherches anciennes et actuelles, ni de sources
bibliographiques ou muséographiques sur la culture ludique des enfants de
l’Anti-Atlas menées par des chercheurs étrangers ou locaux. Une exception
notable est celle de Simenel, R., Aumeeruddy-Thomas, Y., Salzard, M. &
Amzil, L. (p. 449) et d’Argyris Fassoulas (volume 2, annexe 1). Il y a aussi
les jouets collectés par notre équipe de recherche et déposés dans plusieurs
musées et maisons de jeunesse en Europe et au Maroc (volume 2, annexe 4,
p. 715). Cette situation n’est cependant pas en particulier parce que l’étude
de l’enfant et de l’enfance en Afrique du Nord et au Sahara fait vraiment
défaut, notamment en ce qui concerne les zones rurales.
Sur le terrain, il devient de plus en plus difficile de trouver les jeux et
jouets liés à la tradition ludique des enfants amazighs à la suite des
changements induits par l’influence de la télévision et d’autres médias
récents et par l’importation massive de jouets en plastique provenant de
l’industrie du jouet, des émigrants de retour au pays et des touristes.
Compte tenu de ces limites, ce que nous avons voulu faire en rassemblant
systématiquement et de manière critique toutes les données disponibles, c'est
de développer une étude qui puisse stimuler et servir de base à des études de
terrain ou comparatives. Car si certains aspects des jouets et certains
comportements dans les jeux sont spécifiques à une aire socioculturelle,
voire à une communauté, une famille ou même un enfant, d’autres aspects et
comportements semblent en effet universels.

469
Le but de la recherche et de la publication des résultats est multiple.
• Mener un travail de terrain spécifique pour étudier les jeux des enfants
amazighs ainsi que la création et l’utilisation de leurs jouets.
• Rassembler des données écrites et visuelles sur la culture ludique de ces
enfants, une culture ludique qui évolue rapidement dans les zones
urbaines et même dans des villages éloignés.
• Rendre les données sur les jeux et jouets, et les contextes socioculturels
pertinents, accessibles à ceux qui s’intéressent à la culture de l’enfance
d’un point de vue scientifique ou pragmatique.
• Créer une documentation écrite, visuelle et muséographique sur les jeux et
les jouets des enfants de l’Anti-Atlas, et ainsi sauvegarder un patrimoine
qui est en train de se perdre. De plus, une base de données a été créée avec
toutes les données écrites et visuelles sur les jeux et jouets d’enfants
d’Afrique du Nord et du Sahara que j’ai pu rassembler depuis 1975. Cette
base de données contient également les textes publiés dont beaucoup sont
difficiles à trouver surtout pour des chercheurs africains (Rossie, 2021).
Le seul problème sera de trouver un centre de recherche qui voudra
prendre soin de cette base de données et la mettre gratuitement à
disposition des personnes intéressées. Si un centre serait intéressé à le
faire, contactez-moi via sanatoyplay@gmail.com.
• Promouvoir l’intérêt pour la culture des enfants amazighs en Afrique du
Nord et au Sahara et en particulier dans l’Anti-Atlas marocain.
• Faire entendre la voix des enfants autochtones d’une région amazighe
pour les rendre visible et contrebalancer un peu toutes les recherches sur
les jeux et jouets de l’enfant dans le monde “WEIRD”, ou le monde
“White-Educated-Industrialized-Rich-[from]-Democratic-[countries]”

L'acronyme accrocheur et ironique, «WEIRD», a été récemment évoqué


pour contester les affirmations d’une nature humaine universelle.
Inventée en 2010 (Henrich, Heine & Norenzayan 2010), la phrase met
habilement en évidence une situation bizarre et contraire à l’éthique : la
recherche menée auprès de 5% de la population mondiale - les Euro-
Américains de la classe moyenne - est couramment et sans critique
utilisée pour faire des généralisations sur les 95 autres % de la
population mondiale. (Gottlieb, 2018, p. 14, traduit de l’anglais).

470
• Stimuler la prise en compte de la culture ludique des enfants amazighs
dans le débat occidental sur les enfants, les groupes de jeu et les cultures
ludiques.
• Utiliser ce matériel pour des ateliers créatifs et interculturels pour les
enfants, les familles et les enseignants en formation et dans le cadre de
l’éducation globale.

L’éthique de la recherche ethnographique est devenue un sujet important


contrairement à la situation quand j’étudiais l’histoire et la linguistique de
l’Afrique subsaharienne pendant la seconde moitié des années 1960. Mon
premier contact avec l’éthique de la recherche a été la lecture des règles
éthiques fixées par le Conseil Européen de la Recherche Scientifique,
notamment en ce qui concerne l’autorisation paternelle ou maternelle lors
des contacts avec des enfants. Mais dans le Sahara tunisien et plus tard au
Maroc, il était difficile voire impossible d’obtenir une autorisation écrite en
milieu populaire. L’autorisation d’un adulte responsable d’un enfant et de
l’enfant lui-même s’exprimait principalement indirectement en acceptant ou
en refusant par exemple une prise de photo. Néanmoins nous pouvons
attester qu’un refus était exceptionnel. Les séances d’observation des jeux
par Khalija n’ont pas posé de problème en raison de sa familiarité avec les
joueurs et leurs familles et la manière discrète de ses observations afin de ne
pas déranger les enfants. D’ailleurs la réponse des enfants est très directe, ils
acceptent le contact ou ils se retirent. Par conséquent, sans être accepté et
avoir la confiance des enfants, leurs familles et les autres membres du
village ou d’un quartier, l’observation participative est impossible. Sûr et
certain que la participation de Khalija Jariaa et de Boubaker Daoumani à la
recherche a facilité le contact avec les enfants et leurs familles.
En demandant à des enfants ce qu’ils préféraient, ils voulaient toujours
être correctement nommés avec leur prénom et les adultes consultés ont
trouvé que cela ne posait aucun problème. Dès lors, j’ai décidé de ne pas
suivre la coutume scientifique d'utiliser des pseudonymes pour les noms des
enfants ou de modifier les noms des lieux où ils vivent. (p. 25-26).
Collectionner des jouets d’enfants – ce que j’ai commencé à faire
délibérément en étant dans l’Anti-Atlas et pour faire don de jouets marocains
à des musées – peut être problématique, surtout lorsque le jouet est unique,
plus ou moins difficile ou cher à fabriquer, ou appartient à un petit enfant qui
y est attaché mais dont le père ou la mère veut l’offrir à l’ethnographe. Dans

471
le dernier cas, j'ai refusé diplomatiquement le cadeau. Dans d’autres cas et
quand il s’agissait d’un jouet assez rare, on demandait à l'enfant s’il était
possible de refaire le jouet et il lui appartenait de décider de donner le jouet
observé ou la copie.
J'achète très rarement des jouets et ceci pour plusieurs raisons : ils n’ont
aucune valeur monétaire pour les enfants ou les adultes et en étant un invité
ou ami de la famille on ne peut pas payer pour un cadeau car cela pourrait
être ressenti comme une insulte. De plus, la fabrication de jouets se fait
souvent dans un groupe de jeu, alors comment pourrait-on décider qui
rémunérer ou comment distribuer le paiement. Au Maroc, j’ai intégré cette
collecte de jouets et en même temps l‘hospitalité reçue dans un échange de
cadeaux et contre-cadeaux. Lors de mon séjour en famille, ma participation à
cet échange a consisté à partager les dépenses pour les vêtements des
enfants, les chaussures ou les frais de scolarité, les nécessités ménagères, les
médicaments ou la nourriture supplémentaire. Si une fête, en particulier la
fête de l‘Achoura, avait lieu où était sur le point d'avoir lieu bientôt, un
cadeau monétaire dans ce contexte était toujours apprécié. Lorsque j’ai eu la
chance d’approcher des élèves d'une classe d’école primaire, la
compensation habituelle est rapidement devenue une participation financière
aux frais de la fête de fin d’année scolaire. Plus tard dans l’Anti-Atlas, les
groupes de jeux de filles aimaient utiliser mon cadeau en espèces pour
acheter de la nourriture et de la limonade pour un maaruf, une réunion
traditionnelle organisée par des adultes lors d’occasions spéciales. Je
n'achetais un jouet que lorsqu’exceptionnellement il fallait acheter du
matériel dans un marché ou un magasin pour le fabriquer.
Un dernier point à discuter est celui de la rémunération des assistants de
recherche. Avec Boubaker il était convenu depuis le financement de la
construction du premier étage de sa maison et en raison de son travail
d’instituteur qu’il n’y aurait pas de rémunération mensuelle mais que je
pouvais l’aider financièrement si nécessaire. En revanche, Khalija Jariaa a
reçu un salaire mensuel depuis son embauche. Un salaire qu’elle perçoit
toute l’année même pendant les périodes où je ne suis pas au Maroc.
Aujourd’hui, cette modique somme est à voir comme un geste de soutien
amical envers elle et ses enfants.

472
Les articles de plusieurs auteurs m’ont été utiles lors de la rédaction des
différents aspects de la recherche ethnographique et de l’éthique de cette
recherche : Blommaert (2015), Dounias et al. (2017), Gottlieb (2018), Green
et al. (2012), Razy et al. (2012), Remorini & Rende (2014) et Sarcinelli
(2015).

473
9 Recherche interdisciplinaire des jeux et jouets
Mon premier effort pour atteindre en tant qu’ethnographe une autre
discipline scientifique a été lorsque j’ai contacté en 1974-1976 le professeur
Irenäus Eibl-Eibesfeldt du domaine de l’éthologie humaine. En lui rendant
visite à Percha bei Starnberg près de Munich en Allemagne, il m’a proposé
d’utiliser une caméra pour enregistrer des scènes spontanées. A mon retour
du Sahara tunisien, je suis retourné chez Irenäus Eibl-Eibesfeldt. Bien que
les quelques films soient intéressants, ils n’étaient pas assez bons sur le plan
qualitatif pour être intégrés dans les archives cinématographiques
d’éthologie humaine. Ce faisant, mon essai de faire pareils films sur les
enfants Ghrib a pris fin.

J’ai établi une autre collaboration scientifique en 2003 avec l’'un des
fondateurs de la sémiotique sociale, Theo van Leeuwen, et cela après avoir
lu le livre Reading Images. The Grammar of Visual Design, écrit par
Gunther Kress et Theo van Leeuwen (1996). Sous son influence, j’ai publié
en 2005 un chapitre “Analyse socio-sémiotique” dans le livre Cultures
Ludiques Sahariennes et Nord-Africaines. L’animal dans les jeux et les
jouets (p. 147-160). Theo van Leeuwen a également écrit l’avant-propos de
ce livre. Cependant, mon approche descriptive m’a empêché de faire partie
de cette recherche de sémiotique sociale. Ou comme l’a exprimé Theo van
Leeuwen :

En fait, vous n’utilisez la terminologie sémiotique que par intermittence,


et de manière que je n’ai aucun problème avec, mais vous semblez avoir
une certaine hésitation à généraliser, et la sémiotique vise bien sûr à un
cadre théorique général dans lequel faire des interprétations (le morceau
sur la représentation schématisée [d’animaux jouets] est un exemple
d’introduction d’une certaine généralisation). S’il n’y avait aucune
mention de la sémiotique, ce serait quand même un assez bon chapitre,
récapitulant des aspects du livre et commentant la façon dont le sens est
fait dans des cas individuels, sans généraliser les processus de création de
sens. C’est peut-être ainsi que cela devrait être. Certaines personnes sont
des généralisateurs, d’autres fournissent les détails. Les deux importants
(courriel de Theo van Leeuwen à l'auteur, 29.1.2002, traduit de l’anglais).

474
Cette approche descriptive est un aspect durable dans mes recherches sur
les jeux et jouets des enfants sahariens et nord-africains depuis le début
jusqu'à aujourd'hui.
Les deux collaborations interdisciplinaires suivantes avec des chercheurs
des sciences de la communication et de l’archéologie classique ont été plus
fructueuses et se poursuivent encore.

Mon premier contact avec Luisa Magalhães, professeur de sciences de la


communication à la Faculté de philosophie de l’Université Catholique du
Portugal à Braga, a eu lieu lors de la conférence 2008 de l’International Toy
Research Association (ITRA) à Nauplie, en Grèce. Depuis, des rencontres
régulières à Braga mais aussi à Gand (Belgique) et à Tiznit (Maroc) ont
permis le développement d’une relation professionnelle et amicale. Sur le
plan professionnel, j’ai participé à des activités à Braga, à l’intérieur et à
l’extérieur de l’université organisées par Luisa. Il existe également une
assistance mutuelle pour l’amélioration d’articles et d’autres textes. De plus,
en tant que co-auteurs, nous avons publié l’article “Children as toymakers
and toy users: Television relevance in Moroccan rural child play”
(Magalhães & Rossie, 2014). Un article pour lequel Luisa a proposé une
analyse basée sur la science de la communication de mes informations sur
les enfants marocains. Un document plus développé de cet article se trouve
dans le volume 2, annexe 2 (p. 649-667).

La collaboration avec les archéologues a débuté en octobre 2013 lorsque


Haris Procopiou, professeur à l’Université Paris I, Panthéon-Sorbonne,
Institut d’Art et d’Archéologie, m’a demandé si je pouvais assister son
doctorant Argyris Fassoulas dans ses recherches sur l’Anti-Atlas marocain.
J’ai accepté avec plaisir cette proposition car je la considérais comme une
occasion de partager les informations sur les jeux et jouets des enfants
d’Afrique du Nord et du Sahara avec l’archéologie de l’enfance et du jeu.
Argyris a mené ses recherches sur la création de jouets en argile par les
enfants ruraux pendant plusieurs semaines en 2013 et 2016. Les résultats du
travail de terrain ont été intégrés dans son sa thèse “De la fabrication à la
fonction des figurines néolithiques de la Thessalie” (Paris: 2017). La partie
ethnographique de la thèse d’Argyris est publiée sous le titre “La fabrication
des jouets en argile dans la région de l’Anti-Atlas” dans le deuxième volume

475
de ce livre (annexe 1). Récemment, un article commun a été publié dans la
revue Ethnoarchaeology sous le titre “Children, Play, and Learning Tasks:
From North African Clay Toys to Neolithic Figurines (Fassoulas, Rossie &
Procopiou, 2020). En 2014, Haris Procopiou m'a invité à parler à ses élèves
de “Recherche sur les jeux et jouets des enfants nord-africains et sahariens :
aspects matériels, techniques, méthodologiques et éthiques” (Paris,
25.10.2014).

En 2016, une autre collaboration a démarré avec Véronique Dasen,


professeur d'archéologie classique à l’Université de Fribourg (Suisse),
lorsqu’elle m’a invité pour faire une conférence au colloque “Regards
croisés sur le jeu à travers les âges et les civilisations” à l'Université de
Caen-Normandie (13-14.10.2017) ainsi que lors du colloque “Jeu et
Apprentissage” dans son université (26-27.10.2017). Les présentations
PowerPoint sont disponibles sur https://www.academia.edu/34870178 et
https://www.academia.edu/34977361. Ces événements ont eu lieu dans le
cadre du European Research Council’s Advanced Grant 2017-2022, The
Cultural Fabric of Play and Games in Classical Antiquity
(https://locusludi.ch). Ma collaboration avec Véronique Dasen et le projet
Locus Ludi s'est développée au point que je suis devenu un chercheur
associé au sein du Réseau international d’experts de Locus Ludi. Vingt-six
jouets marocains de la collection que j'ai fait don au musée du Jouet de
Moirans-en-Montagne ont été utilisés comme objets comparatifs dans
l’exposition LUDIQUE - Jouer dans l’Antiquité, qui s’est déroulée du 20
juin au 1er décembre 2019, à LUGDUNUM - Musée & Théâtres romains à
Lyon (France). Pour mettre ces jouets en contexte, j'ai écrit un bref article,
inclus dans le catalogue de l'exposition (Rossie, 2019c). La même année, le
26 octobre, j’ai donné dans ce musée une conférence sur “Cultures ludiques
amazighes et nord-africaines et de l’antiquité gréco-romaine. Recherche
interdisciplinaire sur des millénaires” (présentation PowerPoint :
https://www.academia.edu/41158576).
Pour un programme d'études doctorales du projet ERC Locus Ludi, qui
s’est déroulé du 23 au 25 octobre 2019 à l’Université de Fribourg, j‘ai
développé une nouvelle direction dans mes recherches, à savoir la
comparaison entre les jeux et jouets des enfants ruraux d’Afrique du Nord et
les jeux et jouets des enfants de l’Antiquité grecque et romaine. Le
document Word et PowerPoint “Comparer des jeux et jouets de l’antiquité

476
gréco-romaine avec des jeux et jouets traditionnels du monde rural nord-
africain” réalisé dans ce contexte, est disponible en français et en anglais
(Rossie, 2020a / 2020b). Dans l’introduction du document Word, j’aborde la
question suivante : “Est-il possible et utile de comparer les cultures ludiques
tangibles et immatérielles de l’antiquité gréco-romaine et du monde rural
nord-africain et saharien, et de trouver des similitudes entre les activités
ludiques de ces deux mondes, séparés par tant de siècles et différenciés par
des environnements naturels et humains, des croyances, des coutumes et des
organisations sociales ?” En écrivant ce document, j’ai pensé que cela
pourrait être possible, ce qui dès lors est confirmé par les différences et les
similitudes des jeux et des jouets dans leur contexte matériel et socioculturel.
Au cours de mon analyse, j'ai remarqué des affinités prouvées à la fois par
des textes et des images. Une autre question est celle-ci : peut-on parfois
parler de continuité ? Je pense que cela est possible car, à cette époque, il
existait une relation entre la civilisation gréco-romaine et amazighe.
Cependant, prouver une telle continuité ou influence directe est difficile et
ne peut probablement pas aller au-delà du niveau de l’hypothèse car les
preuves semblent faire défaut. L’intérêt de la comparaison est de voir
comment chaque société a transformé ce patrimoine au fil du temps en
fonction des changements religieux et sociétaux.
Le document “Comparer des jeux et jouets de l’antiquité gréco-romaine
avec des jeux et jouets traditionnels du monde rural nord-africain” analyse
dans une première partie les principales différences entre les jeux et jouets
de ces deux civilisations. Les similitudes sont analysées dans la deuxième
partie. Mais les thèmes de la poupée et du jeu de poupée sont traités à la fin
de ce résumé.
Les différences comportent quelques aspects, entre autres le point de vue
des adultes sur le jeu et les jouets dans le cas de l’antiquité gréco-romaine
versus le point de vue des enfants nord-africains, ainsi que la situation des
enfants gréco-romains qui appartenaient souvent à l’élite alors que les
enfants nord-africains appartiennent à la classe populaire. Les autres
différences mentionnées sont que dans l’antiquité, la frontière entre le jeu et
la divination est presque impossible à tracer, contrairement au fait que j’ai
trouvé chez les enfants d’Afrique du Nord aucun lien entre le jeu et la
divination. De plus, ces enfants n’utilisent pas de dés pour leurs jeux.
Comme dernière différence est citée que la culture ludique antique
appartient en grande partie au patrimoine immatériel, notamment en ce qui

477
concerne les enfants. En revanche aussi bien l’aspect tangible qu’intangible
sont d’une grande importance dans la culture du jeu des enfants d’Afrique
du Nord.
Les similitudes entre les jeux et jouets des enfants de l’antiquité gréco-
romaine et ceux d’Afrique du Nord sont bien plus importantes que les
différences. Ces similitudes concernent les maisonnettes, les jouets pour jeu
de dînette, les figurines d'animaux, les métiers à tisser miniature, les hochets,
les instruments de musique, les chariots, les cerceaux, les jeux avec cinq
pierres, les osselets ou les coquillages en cercle, les toupies, les billes, les
jeux de balle utilisant des bâtons courbes, les balançoires à siège, les
balançoires, les exercices acrobatiques et les jeux de tableau. Plusieurs jeux
et jouets appartenant aux deux domaines socioculturels représentent le
comportement et l’activité des femmes et des hommes adultes liés à la vie
domestique, professionnelle, rituelle ou festive et à la vie des animaux.
Cette approche interdisciplinaire entre recherche ethnographique et
recherche archéologique a été proposée le 25 octobre 2019, pour la première
fois à l’Université de Fribourg dans le cadre du projet Locus Ludi et a reçu
un avis favorable des archéologues présents. Certains archéologues de
l’Antiquité classique ont déjà exprimé le point de vue que cette comparaison
offre des moyens nouveaux et stimulants d’analyser et d’interpréter certains
objets et images archéologiques. Véronique Dasen a ajouté que : “Les
comparaisons avec les jeux auxquels vous avez affaire sont tellement utiles
pour comprendre le passé, pas pour conclure que c’est la même chose. Mais
il est bon de réfléchir aux parallèles anthropologiques”.
En raison de l’importance des poupées et des jeux de poupées dans ce
livre et des informations sur l’Antiquité classique, je donne ci-après un
résumé de la comparaison des poupées et jeux de poupées entre l’antiquité
gréco-romaine et l’Afrique du Nord rurale (Rossie, 2020a, p. 6-7, 11-13).
Une autre raison de mentionner séparément les poupées vient du fait que
Véronique Dasen a obtenu un projet de recherche sur les “poupées articulées
grecques et romaines” (2020-2024), financé par le Fonds National Suisse de
la Recherche Scientifique, projet auquel elle m’a invité.
Les différences incluent le fait que dans l’antiquité grecque, les objets
appelés poupées sont pour la plupart des ex-voto anthropomorphes et
souvent absents des scènes ordinaires de jeux d’enfants. Alors que les
figures féminines et parfois masculines des enfants nord-africains sont des
poupées utilisées pour les activités ludiques. Les figurines grecques antiques

478
sont des jouets non laïques, et elles servent à éduquer la fillette ou la jeune
fille. Les poupées nord-africaines sont principalement des jouets séculiers.
Les poupées grecques et romaines ont des bras articulés qui permettaient
sans doute de l’habiller facilement avec des vêtements. Cependant, je n’en ai
pas rencontré avec des membres mobiles parmi les poupées nord-africaines
fabriquées par des enfants. Pour habiller ces poupées à armature en forme de
croix, la fille pend des chiffons sur le roseau vertical servant de bras.
Sous le thème des similitudes, on constate que les poupées grecques et
romaines représentent des adolescentes et des femmes, et les poupées nord-
africaines représentent les mêmes figures. En grec, le terme pour la poupée
est numphê: la future mariée ou la mariée qui n’a pas encore accouchée. Il en
va de même pour la poupée nord-africaine appelée tislit en langue amazighe
ou arusa en langue arabe. Les deux termes font référence à la mariée
pendant la période des cérémonies de mariage. Dans l’antiquité grecque,
certaines figurines font explicitement référence aux rites nuptiaux. L’un des
jeux très en faveur des filles nord-africaines est le jeu de faire semblant
représentant les cérémonies et les fêtes de mariage. Dans l’Antiquité, les
Grecs et les Romains dessinaient déjà des chambres ou des cuisines de
poupées pour leurs enfants. Les chercheurs trouvent également des
ustensiles en argile simples pour le dîner de cette époque. Les filles nord-
africaines, et éventuellement les garçons, créent d’innombrables ustensiles et
meubles jouets avec de l’argile et des matériaux de récupération.

Dans son chapitre “Learning in and from the past”, Patricia L. Crown écrit
sur la relation entre l'archéologie et l'anthropologie :

Dans l’étude de l’enfance, l’archéologie offre une grande profondeur


temporelle et le seul aperçu de la vie des enfants dans des contextes
précoloniaux. À son tour, l’anthropologie fournit à l’archéologie les
données interculturelles, les descriptions ethnographiques et les
perspectives théoriques qui nous aident à interpréter notre enfance
examinée dans le passé. (Lancy et al., 2010, p. 397, traduit de l’anglais).

479
Et Michelle C. Langley souligne :

Si les études susmentionnées ont rehaussé le profil des enfants dans la


recherche archéologique paléolithique, elles ont tendance à considérer
l’enfant paléolithique en termes de “ce qu’il sera par la suite plutôt que
de ce qu’il est actuellement” (Goodwin 1997, 1). En d’autres termes, les
chercheurs se sont concentrés sur les preuves que les enfants apprennent
à devenir des adultes efficaces plutôt que sur leurs activités enfantines –
en particulier le jeu. (2017, p. 4, traduit de l’anglais).

L’intention de ce livre sur les jeux et jouets des enfants amazighs dans
l’Anti-Atlas est d’offrir une description détaillée et une discussion
approfondie de ces jeux d’enfants, de la création de jouets et de l’utilisation
des jouets. En même temps, il se réfère au rôle possible de ces activités dans
la croissance et l’apprentissage des enfants à devenir des adultes.

480
10 Perspectives
Les premières pages de ce livre ont été écrites en 2016, et il s’est agrandi
jusqu’à un livre en deux volumes sur une petite région d'Afrique du Nord et
du Sahara mais avec 638 photographies et quatre co-auteurs. De cette façon,
et nous l'espérons aussi à cause de ses mérites, il se démarque parmi les
autres livres de la collection Cultures Ludiques Sahariennes et Nord-
Africaines.
Après la publication d'une mise à jour de la Bibliographie commentée sur
les jeux et les jouets (Rossie, 2011), la rédaction du septième et dernier
volume de cette collection, à savoir Jeux d’adresse, devrait démarrer bientôt.
Deux autres projets sont prévus. L'un sur l’achèvement de la banque de
données numériques sur les cultures ludique sahariennes, nord-africaines et
amazighes (berbères), une fois la publication du septième volume réalisé.
L’autre en ce qui concerne la poursuite de la collaboration avec le
“Département de Sociologie, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines,
Université Cadi Ayyad de Marrakech (Maroc)”, et le prof. Naima Elmadani,
présidente du “Centre Euro-Africain des Etudes et des Enquêtes de Terrain”.
Ma conférence à cette faculté a eu lieu le 20 novembre 2019 sur le thème
“Jeux et jouets des enfants du monde rural nord-africain. Approche
écologique, socioculturelle et historique”. Cet événement a été mis en valeur
par un don au Centre et une exposition d'une cinquantaine de jouets créés
par des enfants de l'Anti-Atlas. Malheureusement, début 2020, cette
collaboration s'est interrompue en raison de la pandémie de coronavirus.

481
Table des transcriptions

Certaines lettres arabes sont indiquées par des signes conventionnels :

th =

j =

h' =

kh =

dh =

sh =

ç =

d' =

t' =

z' =

º =

gh =

q =

^ = indique une voyelle longue

482
Table des illustrations

Volume 1

1. Paysage rocheux avec dans le fond Ifrane de l’Anti-Atlas, p. 30, 2011,


photo Jean-Pierre Rossie.
2. Vue d’un nouveau quartier de Tiznit avec dans le fond du côté gauche
le village Douar Ouaraben, p. 31, 2009, photo Jean-Pierre Rossie.
3. Vue de Douar Ouaraben vers la piste venant de Tiznit et passant par le
grand terrain à construire, p. 32, 2009, photo Jean-Pierre Rossie.
4. Le village Douar Ouaraben, p. 33, 2013, photo Jean-Pierre Rossie.
5. Vue du village Ikenwèn avec le goudron qui le divise, p. 34, 2007,
photo Khalija Jariaa.
6. La partie nouvelle du village Timgrad, p. 35, 2015, photo Khalija
Jariaa.
7. Le village Terloulou, p. 36, 2015, photo Khalija Jariaa.
8. Sidi Ifni vue depuis le quartier Boulalem, le terrain vide étant
l’ancienne piste d’atterrissage de l’aéroport, p. 36, 2006, photo Jean-
Pierre Rossie.
9. La ferme de Lagzira, p. 37, 2014, photo Boubaker Daoumani.
10. Le village de Lahfart avec en avant plan Boubaker Daoumani et ses
élèves, p. 38, 2005, photo Jean-Pierre Rossie.
11. Le village Imou Argan (Imi ou Argan), p. 39, 2014, photo Boubaker
Daoumani.
12. Le village Imjâd, p. 39, 2014, photo Khalija Jariaa.
13. Le quartier Souk ou Fella à Ifrane de l’Anti-Atlas, p. 40, 2011, photo
Jean-Pierre Rossie.
14. Groupe de jeu dans la rue où habite Khalija Jariaa à Douar Ouaraben,
p. 48, 2014, photo Khalija Jariaa.
15. Poupées pour jeu de fête de mariage, p. 49, Douar Ouaraben, 2007,
photo Jean-Pierre Rossie.
16. Poupées pour le jeu de la fête de mariage d’un chanteur amazigh et sa
fiancée, p. 50, Douar Ouaraben, 2006, photo Jean-Pierre Rossie.
17. Le couple précédent couché sur des coussins, p. 51, Douar Ouaraben,
2006, photo Jean-Pierre Rossie.

483
18. La poupée-épouse du chanteur amazigh étant enceinte, p. 51, Douar
Ouaraben, 2006, photo Jean-Pierre Rossie.
19. La tête de la poupée-jeune mariée, p. 52, Douar Ouaraben, 2006,
photo Jean-Pierre Rossie.
20. Poupée-mère enceinte et son fils, p. 52, Douar Ouaraben, 2006, photo
Jean-Pierre Rossie.
21. Tête de poupée en plastique utilisée pour faire une poupée, p. 53,
Douar Ouaraben, 2006, photo Jean-Pierre Rossie.
22. Sâdiya et Latifa avec les deux garçons de Khalija, p. 54, Douar
Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
23. Poupée-mère enceinte et ses quatre poupées-filles, p. 55, Douar
Ouaraben, 2009, photo Jean-Pierre Rossie.
24. Poupée-mère précédente avec le bas du roseau découpé en deux
lamelles, p. 55, Douar Ouaraben, 2009, photo Jean-Pierre Rossie.
25. Parc à bébé en miniature fait par une fille, p. 56, Douar Ouaraben,
2009, photo Jean-Pierre Rossie.
26. Le parc à bébé en miniature précédent, p. 57, Douar Ouaraben, 2009,
photo Jean-Pierre Rossie.
27. Poupée-femme âgée, p. 57, Douar Ouaraben, 2006, photo Jean-Pierre
Rossie.
28. Deux-poupées paysannes et une poupée-paysan, p. 58, Douar
Ouaraben, 2006, photo Jean-Pierre Rossie.
29. Poupée-couturière, p. 58, Douar Ouaraben, 2006, photo Jean-Pierre
Rossie.
30. Les habits et le sac de la poupée couturière, p. 59, Douar Ouaraben,
2006, photo Jean-Pierre Rossie.
31. Poupée-femme riche, p. 59, Douar Ouaraben, 2006, photo Jean-Pierre
Rossie.
32. Famille riche composé de trois poupées, p. 61, Douar Ouaraben, 2007,
photo Jean-Pierre Rossie.
33. Trois poupées lors d’une visite à l’hôpital, p. 62, Douar Ouaraben,
2006, photo Jean-Pierre Rossie.
34. Deux poupées à prothèses, p. 63, Douar Ouaraben, 2006, photo Jean-
Pierre Rossie.
35. La poupée-patronne du home pour personnes en détresse, p. 64, Douar
Ouaraben, 2007, photo Jean-Pierre Rossie.

484
36. Première série de trois poupées handicapées, p. 65, Douar Ouaraben,
2007, photo Jean-Pierre Rossie.
37. Deuxième série de trois poupées handicapées, p. 66, Douar Ouaraben,
2007, photo Jean-Pierre Rossie.
38. Jeu du home pour personnes en détresse, p. 67, Douar Ouaraben,
2007, photo Khalija Jariaa.
39. Terrain vague comme terrain de jeu du groupe de jeu de la piste
d’Igrer, p. 68, Douar Ouaraben, 2015, photo Jean-Pierre Rossie.
40. Rue comme terrain de jeu du groupe de jeu de la piste d’Igrer, Douar
Ouaraben, p. 69, 2015, photo Jean-Pierre Rossie.
41. Terrain à construire comme terrain de jeu du groupe de jeu de la piste
d’Igrer, p. 69, Douar Ouaraben, 2015, photo Jean-Pierre Rossie.
42. Le groupe de jeu de la piste d’Igrer élargie dans une maisonnette, p.
72, Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
43. Le jardin du home pour personnes en détresse, p. 72, Douar Ouaraben,
2009, photo Khalija Jariaa.
44. Construire le mur du jardin du home, p. 73, Douar Ouaraben, 2009,
photo Khalija Jariaa.
45. Des ‘moutons’ dans jardin du home, p. 73, Douar Ouaraben, 2009,
photo Khalija Jariaa.
46. La préparation du couscous pour les gens du home, p. 74, Douar
Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
47. Sâdiya montrant les jumeaux qui sont nés dans je jeu du home pour
personnes en détresse, p. 76, Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija
Jariaa.
48. L’épisode de la grande fille handicapée, p. 78, Douar Ouaraben, 2009,
photo Khalija Jariaa.
49. La tante et la grande fille handicapée, p. 78, Douar Ouaraben, 2009,
photo Khalija Jariaa.
50. La tante demande la chaise roulante de la grande fille handicapée, p.
79, Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
51. Son jeune frère amène la chaise roulante, p. 80, Douar Ouaraben,
2009, photo Khalija Jariaa.
52. Photo faite de la tante portant la grande fille handicapée pour
l’envoyer à l’office des Droits de l’Homme au Maroc, p. 80, Douar
Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.

485
53. Mise en place des poupées et autres jouets pour une nouvelle journée
de jeux, p. 82, Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
54. Tout est mis en place pour continuer le jeu du home pour personnes en
détresse, p. 83, Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
55. Les animaux du home, p. 83, Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija
Jariaa.
56. L’épisode de l’adoption de deux enfants du home de Tiznit et de leur
fête de mariage, p. 84, Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
57. Faire du charbon de bois, p. 86, Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija
Jariaa.
58. Détail de la fabrication du charbon de bois, p. 87, Douar Ouaraben,
2009, photo Khalija Jariaa.
59. L’épisode de la poupée malade, p. 88, Douar Ouaraben, 2009, photo
Khalija Jariaa.
60. Le docteur donne une piqure à la poupée malade, p. 88, Douar
Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
61. Le docteur fait boire du sirop à la poupée malade, p. 89, Douar
Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
62. Le docteur écrit la prescription, p. 89, Douar Ouaraben, 2009, photo
Khalija Jariaa.
63. La poupée malade est guérie ce qui marque la fin du jeu de faire
semblant du home des personnes en détresse, p. 90, Douar Ouaraben,
2009, photo Khalija Jariaa.
64. Jeu du village de Douar Ouaraben et d’Igrer : des maisons et un
hôpital pour Douar Ouaraben, p. 91, Douar Ouaraben, 2009, photo
Khalija Jariaa.
65. Détail de l’hôpital de la figure 64, p. 92, Douar Ouaraben, 2009, photo
Khalija Jariaa.
66. Construction de maisonnettes pour le village Igrer, p. 93, Douar
Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
67. Préparation de sable pour construire des maisonnettes, p. 93, Douar
Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
68. Une fillette donne de l’eau pour préparer le sable, p. 94, Douar
Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
69. Récupérer des morceaux de ciment pour le mélanger au sable, p. 94,
Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.

486
70. La fillette commence à faire sa propre maisonnette, p. 95, Douar
Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
71. Trois maisonnettes du village Igrer, p. 96, Douar Ouaraben, 2009,
photo Khalija Jariaa.
72. Un hammâm en miniature, p. 97, Douar Ouaraben, 2009, photo
Khalija Jariaa.
73. Le jeu de l’anniversaire dans une maisonnette du village Igrer, p. 97,
Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
74. Le gâteau de l’anniversaire, p. 98, Douar Ouaraben, 2009, photo
Khalija Jariaa.
75. Le nounours-petit garçon monte un chat comme son cheval, p. 98,
Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
76. La pâtisserie et le restaurant du village Igrer, p. 99, Douar Ouaraben,
2009, photo Khalija Jariaa.
77. Construire une maison d’homme, p. 100, Douar Ouaraben, 2009,
photo Khalija Jariaa.
78. La maison d’homme, p. 100, Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija
Jariaa.
79. La grande maisonnette du village Douar Ouaraben, p. 101, Douar
Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
80. Deux grandes filles d’Igrer et des filles de Douar Ouaraben ensemble
dans la grande maisonnette, p. 101, Douar Ouaraben, 2009, photo
Khalija Jariaa.
81. Création de vêtements pour les poupées, p. 102, Douar Ouaraben,
2009, photo Khalija Jariaa.
82. Préparation de l’épisode du Pharaon, p. 103, Douar Ouaraben, 2009,
photo Khalija Jariaa.
83. En attente que le trône du Pharaon soit prêt, p. 103, Douar Ouaraben,
2009, photo Khalija Jariaa.
84. La femme du Pharaon est mise sur le trône, p. 104, Douar Ouaraben,
2009, photo Khalija Jariaa.
85. Le Pharaon, sa femme et sa fille sur le trône, p. 104, Douar Ouaraben,
2009, photo Khalija Jariaa.
86. Les poupées et leurs vêtements sont rangés dans une boîte de carton,
p. 105, Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
87. Poupée représentant une fille d’origine marocaine vivant en France, p.
106, Douar Ouaraben, 2006, photo Jean-Pierre Rossie.

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88. Poupées-touristes habillées pour un jeu de la plage, p. 107, Douar
Ouaraben, 2006, photo Khalija Jariaa.
89. Poupées-touristes installées à la plage, p. 108, Douar Ouaraben, 2006,
photo Khalija Jariaa.
90. Poupées-touristes prenant un bain de soleil à la plage, p. 108, Douar
Ouaraben, 2006, photo Khalija Jariaa.
91. La voiture ramenant les poupées-touristes à la maison, p. 109, Douar
Ouaraben, 2006, photo Khalija Jariaa.
92. Les magasins de fortune, p. 110, Douar Ouaraben, 2006, photo
Khalija Jariaa.
93. Le jeu de la danse du ventre, p. 111, Douar Ouaraben, 2006, photo
Khalija Jariaa.
94. Expression de honte et d’hilarité en rapport avec le jeu de la danse du
ventre, p. 111, Douar Ouaraben, 2006, photo Khalija Jariaa.
95. La danseuse du ventre, p. 112, Douar Ouaraben, 2006, photo Khalija
Jariaa.
96. Le magasin de la plage, p. 113, Douar Ouaraben, 2006, photo Khalija
Jariaa.
97. Le jeu des touristes européennes à la plage, p. 114, Douar Ouaraben,
2006, photo Khalija Jariaa.
98. Poupée-touriste blessée portée par son amie, p. 115, Douar Ouaraben,
2006, photo Khalija Jariaa.
99. Poupée-touriste amenée chez le docteur par son amie, p. 115, Douar
Ouaraben, 2006, photo Khalija Jariaa.
100. Le retour à la plage des poupées-touristes, p. 116, Douar Ouaraben,
2006, photo Khalija Jariaa.
101. Les poupées-touristes se reposent à la plage, p. 117, Douar Ouaraben,
2006, photo Khalija Jariaa.
102. Les deux poupées-touristes deviennent des marocaines, p. 118, Douar
Ouaraben, 2006, photo Khalija Jariaa.
103. Le repos et le dessert de fruits des marocaines avant d’aller à la salle
de musculation, p. 119, Douar Ouaraben, 2006, photo Khalija Jariaa.
104. La visite des poupées à la salle de musculation, p. 120, Douar
Ouaraben, 2006, photo Khalija Jariaa.
105. Exercices à la salle de musculation, p. 120, Douar Ouaraben, 2006,
photo Khalija Jariaa.

488
106. Filles avec leur trésor de jouets amenés d’Europe, p. 121, Douar
Ouaraben, 2007, photo Khalija Jariaa.
107. Jeu des femmes-touristes de France, p. 122, Douar Ouaraben, 2007,
photo Khalija Jariaa.
108. La maisonnette pour le jeu précédent, p. 123, Douar Ouaraben, 2007,
photo Khalija Jariaa.
109. La petite maisonnette faite par un garçon et offerte à ses sœurs, p. 124,
Douar Ouaraben, 2007, photo Khalija Jariaa.
110. Le lit et la cuisine de la maisonnette, p. 126, Douar Ouaraben, 2007,
photo Khalija Jariaa.
111. Les poupées-touristes sont mises au lit, p. 126, Douar Ouaraben, 2007,
photo Khalija Jariaa.
112. Episode de la femme de ménage marocaine et les touristes françaises,
p. 127, Douar Ouaraben, 2007, photo Khalija Jariaa.
113. Poupée vêtue en robe de soirée, p. 129, Douar Ouaraben, 2009, photo
Khalija Jariaa.
114. Poupée vêtue en robe de soirée, p. 129, Douar Ouaraben, 2009, photo
Khalija Jariaa.
115. Poupée vêtue en robe de soirée, p. 129, Douar Ouaraben, 2009, photo
Khalija Jariaa.
116. Poupée vêtue en robe de soirée, p. 129, Douar Ouaraben, 2009, photo
Khalija Jariaa.
117. Poupée vêtue en robe de soirée, p. 130, Douar Ouaraben, 2009, photo
Khalija Jariaa.
118. Poupée vêtue en robe, p. 130, Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija
Jariaa.
119. Poupée vêtue en robe, p. 130, Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija
Jariaa.
120. Poupée vêtue en minijupe, p. 130, Douar Ouaraben, 2009, photo
Khalija Jariaa.
121. Poupée vêtue en robe, p. 131, Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija
Jariaa.
122. Poupée vêtue en bikini, p. 131, Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija
Jariaa.
123. Deux poupées vêtues en robe de soirée et en minijupe, p. 131, Douar
Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.

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124. Poupée à tête d’un petit citron ou d’une petite orange, p. 132, Douar
Ouaraben, 2009, photo Jean-Pierre Rossie.
125. Poupée à tête de figue, vue par devant, p. 133, Douar Ouaraben, 2009,
photo Jean-Pierre Rossie.
126. Poupée à tête de figue, vue par derrière, p. 133, Douar Ouaraben,
2009, photo Jean-Pierre Rossie.
127. Poupée-chauffeur faite avec un tube de médicament par un garçon, p.
134, Douar Ouaraben, 2007, photo Jean-Pierre Rossie.
128. Un garçon montre la poupée qu’il a faite avec une betterave, p. 135,
Douar Ouaraben, 2011, photo Khalija Jariaa.
129. Trois poupées représentant la jeune mariée, sa mère et une fille
d’honneur, p. 136, Ikenwèn, 2005, photo Jean-Pierre Rossie.
130. Poupée-mère et son bébé, p. 137, Ikenwèn, 2005, photo Jean-Pierre
Rossie.
131. Poupée-femme de ménage, p. 137, Ikenwèn, 2005, photo Jean-Pierre
Rossie.
132. Le trône avec le couple de jeunes mariés, p. 138, Ikenwèn, 2007,
photo Jean-Pierre Rossie.
133. Poupées-jeune mariée et jeune marié, p. 139, Ikenwèn, 2006, photo
Jean-Pierre Rossie.
134. Bouquet de fleurs artificielles, p. 140, Ikenwèn, 2005, photo Jean-
Pierre Rossie.
135. Essai de dessins au henné sur plante grasse, p. 141, Ikenwèn, 2007,
photo Jean-Pierre Rossie.
136. Poupée-mère enceinte avec bébé, p. 142, Ikenwèn, 2005, photo Jean-
Pierre Rossie.
137. Poupée-mère et son bébé, p. 134, Ikenwèn, 2007, photo Jean-Pierre
Rossie.
138. Berceau à bébé couvert par une voile, p. 144, Ikenwèn, 2006, photo
Jean-Pierre Rossie.
139. Berceau à bébé visible, p. 144, Ikenwèn, 2006, photo Jean-Pierre
Rossie.
140. Détail du berceau à bébé, p. 144, Ikenwèn, 2006, photo Jean-Pierre
Rossie.
141. Berceau avec un grand bébé, p. 145, Ikenwèn, 2007, photo Jean-Pierre
Rossie.

490
142. Poupée-femme enceinte en terre argileuse, p. 146, Ikenwèn, 2005,
photo Jean-Pierre Rossie.
143. Poupée-bébé avec biberon en terre argileuse, p. 146, Ikenwèn, 2005,
photo Jean-Pierre Rossie.
144. Berceau à bébé en terre argileuse, p. 147, Ikenwèn, 2009, photo Jean-
Pierre Rossie.
145. Bambin dans une voiture en terre argileuse, p. 147, Ikenwèn, 2009,
photo Jean-Pierre Rossie.
146. Quatre figurines en terre argileuse représentant des femmes et des
hommes, p. 148, Ikenwèn, 2009, photo Jean-Pierre Rossie.
147. Trois figurines en terre argileuse représentant deux filles et un garçon,
p. 148, Ikenwèn, 2009, photo Jean-Pierre Rossie.
148. Poupée-maman et poupée-fille, p. 149, Ikenwèn, 2006, photo Jean-
Pierre Rossie.
149. Poupée grand-mère et poupée grand-père, p. 149, Ikenwèn, 2006,
photo Jean-Pierre Rossie.
150. Poupée grand-mère avec tatouages, p. 150, Ikenwèn, 2007, photo
Jean-Pierre Rossie.
151. Poupée grand-mère portant un fagot, vue par devant, p. 151, Ikenwèn,
2007, photo Jean-Pierre Rossie.
152. Poupée grand-mère portant un fagot, vue par derrière, p. 151,
Ikenwèn, 2007, photo Jean-Pierre Rossie.
153. Deux poupées habillées pour la danse ahwash, p. 152, Ikenwèn, 2006,
photo Jean-Pierre Rossie.
154. Poupée-femme de maison, p. 153, Ikenwèn, 2006, photo Jean-Pierre
Rossie.
155. Poupée-femme de ménage, p. 153, Ikenwèn, 2006, photo Jean-Pierre
Rossie.
156. Poupée-femme de ménage et sa fille, p. 154, Ikenwèn, 2006, photo
Jean-Pierre Rossie.
157. Poupée-femme aux traits de visage, p. 154, Ikenwèn, 2009, photo
Jean-Pierre Rossie.
158. Poupée-femme sans traits de visage, p. 155, Ikenwèn, 2009, photo
Jean-Pierre Rossie.
159. Poupée-femme au visage caché, p. 155, Ikenwèn, 2009, photo Jean-
Pierre Rossie.

491
160. Deux poupées-femmes vêtues d’un chiffon ou d’un morceau de sac en
plastique, p. 155, Ikenwèn, 2009, photo Jean-Pierre Rossie.
161. Poupée au visage dessiné sur chiffon blanc, p. 156, Ikenwèn, 2009,
photo Jean-Pierre Rossie.
162. Métier à tisser en miniature, p. 156, Ikenwèn, 2007, photo Jean-Pierre
Rossie.
163. La patronne de l’atelier de tissage, p. 157, Ikenwèn, 2009, photo Jean-
Pierre Rossie.
164. Deux poupées-tisserandes avec deux enfants, p. 158, Ikenwèn, 2009,
photo Jean-Pierre Rossie.
165. Trois poupées à tête de petit orange, p. 159, Ikenwèn, 2009, photo
Jean-Pierre Rossie.
166. Une poupée à tête de petit orange, p. 159, Ikenwèn, 2009, photo Jean-
Pierre Rossie.
167. Deux poupées à tête de petit orange habillées avec du papier
aluminium, p. 159, Ikenwèn, 2009, photo Jean-Pierre Rossie.
168. Une poupée à tête de petit orange habillée en noir, p. 160, Ikenwèn,
2009, photo Jean-Pierre Rossie.
169. Cinq poupées habillées avec du papier d’emballage brillant par des
filles, p. 161, Ikenwèn, 2006, photo Jean-Pierre Rossie.
170. Cinq poupées habillées avec du papier d’emballage brillant par des
garçons, p. 162, Ikenwèn, 2007, photo Jean-Pierre Rossie.
171. Poupée faite avec une armature de tube de pommade, p. 163, Ikenwèn,
2007, photo Jean-Pierre Rossie.
172. Poupée faite avec une armature de flacon de déodorant, p. 163,
Ikenwèn, 2007, photo Jean-Pierre Rossie.
173. Poupée-policier faite avec une armature du fil électrique plastifié, p.
163, Ikenwèn, 2007, photo Jean-Pierre Rossie.
174. Poupée allongée sur chaise longue et parasol de plage, p. 164,
Ikenwèn, 2006, photo Jean-Pierre Rossie.
175. Poupée-touriste portant un chemisier et un long pantalon, p. 164,
Ikenwèn, 2006, photo Jean-Pierre Rossie.
176. Poupée-policier de la plage, p. 164, Ikenwèn, 2006, photo Jean-Pierre
Rossie.
177. Une cabane-restaurant de la plage, p. 165, Ikenwèn, 2006, photo Jean-
Pierre Rossie.

492
178. Deux tentes de plages, p. 165, Ikenwèn, 2006, photo Jean-Pierre
Rossie.
179. Un parasol de plage, p. 165, Ikenwèn, 2006, photo Jean-Pierre Rossie.
180. Un accident de voiture avec trois poupées, p. 166, Ikenwèn, 2007,
photo Khalija Jariaa.
181. La poupée enceinte accidentée doit enfanter, p. 167, Ikenwèn, 2007,
photo Khalija Jariaa.
182. La poupée enceinte accidentée doit subir une césarienne, p. 1677,
Ikenwèn, 2007, photo Khalija Jariaa.
183. Une docteure exécute l’opération, p. 168, Ikenwèn, 2007, photo
Khalija Jariaa.
184. Un docteur aide dans l’opération, p. 168, Ikenwèn, 2007, photo
Khalija Jariaa.
185. Le bébé est couché à côté de sa mère, p. 169, Ikenwèn, 2007, photo
Khalija Jariaa.
186. Le commerçant arrange son supermarché, p. 169, Ikenwèn, 2007,
photo Khalija Jariaa.
187. Le commerçant refuse l’aide de sa sœur, p. 170, Ikenwèn, 2007, photo
Khalija Jariaa.
188. Mise en ordre des objets dans le supermarché, p. 171, Ikenwèn, 2007,
photo Khalija Jariaa.
189. Deux clientes viennent acheter dans le supermarché, p. 171, Ikenwèn,
2007, photo Khalija Jariaa.
190. Deux poupées, le mari et sa femme enceinte, p. 172, Timgrad, 2006,
photo Jean-Pierre Rossie.
191. Poupée-vielle femme, p. 173, Timgrad, 2006, photo Jean-Pierre
Rossie.
192. Poupée-femme stérile, p. 173, Timgrad, 2006, photo Jean-Pierre
Rossie.
193. Poupée-femme de ménage, p. 174, Timgrad, 2006, photo Jean-Pierre
Rossie.
194. Poupée-grand-mère, p. 174, Timgrad, 2006, photo Jean-Pierre Rossie.
195. Bébé sur siège à bébé en terre argileuse, p. 175, Lahfart, 2001, photo
Jean-Pierre Rossie.
196. Figurine de sexe indéfini en terre argileuse, p. 175, Lahfart, 2001,
photo Jean-Pierre Rossie.

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197. Figurine en terre argileuse avec bras et jambes de branchettes, p. 175,
Lahfart, 2001, photo Jean-Pierre Rossie.
198. Homme à casquette en terre argileuse, p. 176, Lahfart, 2001, photo
Jean-Pierre Rossie.
199. Vieillard à moustache en terre argileuse, p. 176, Lahfart, 2001, photo
Jean-Pierre Rossie.
200. Lutte amicale de deux garçons en terre argileuse, p. 176, Lahfart,
2001, photo Jean-Pierre Rossie.
201. Deux poupées-hommes en terre argileuse, p. 177, Lahfart, 2002, photo
Jean-Pierre Rossie.
202. Homme avec âne en terre argileuse, p. 177, Lahfart, 2005, photo Jean-
Pierre Rossie.
203. Femme devant un moulin à bras en terre argileuse, p. 177, Lahfart,
2005, photo Jean-Pierre Rossie.
204. Homme en terre argileuse cuite, p. 178, Lahfart, 2008, photo Jean-
Pierre Rossie.
205. Garçon et ses figurines faites avec des noix d’argan et des branchettes,
p. 179, Lahfart, 2005, photo Jean-Pierre Rossie.
206. Figurines faites avec des noix d’argan et des branchettes, p. 179,
Lahfart, 2005, photo Jean-Pierre Rossie.
207. Armature de poupée faite avec deux morceaux de branchette, p. 180,
Lahfart, 2001, photo Jean-Pierre Rossie.
208. Poupée faite d’une branchette et habillée d’un morceau de sac en
plastique noir, p. 180, Lahfart, 2001, photo Jean-Pierre Rossie.
209. Armature de poupée aux traits de visage incrustés, p. 181
210. Armature de poupée aux traits de visage dessinés sur un chiffon blanc,
p. 181, Lahfart, 2001, photo Jean-Pierre Rossie.
211. Trois poupées similaires, p. 181, Lahfart, 2002, photo Jean-Pierre
Rossie.
212. Trois filles avec leurs poupées, p. 182, Lahfart, 2005, photo Jean-
Pierre Rossie.
213. Poupée au chapeau ‘Carrefour’, p. 182, Lahfart, 2005, photo Jean-
Pierre Rossie.
214. Poupée offerte à une petite sœur, p. 183, Lahfart, 2005, photo Jean-
Pierre Rossie.
215. Poupée-mère portant bébé, p. 183, Lahfart, 2007, photo Jean-Pierre
Rossie.

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216. Poupée-mère portant bébé, p. 183, Lahfart, 2007, photo Jean-Pierre
Rossie.
217. Poupée-mère portant bébé avec le père et leur fille, p. 184, Lahfart,
2007, photo Jean-Pierre Rossie.
218. Poupée-mère portant bébé avec sa fille, p. 184, Lahfart, 2007, photo
Jean-Pierre Rossie.
219. Poupée-mère portant bébé avec le père, p. 185, Lahfart, 2007, photo
Jean-Pierre Rossie.
220. Poupée-mère portant bébé avec le père, p. 185, Lahfart, 2007, photo
Jean-Pierre Rossie.
221. Deux poupées-femmes à lamelles découpées dans le bas du roseau, p.
185, Lahfart, 2009, photo Jean-Pierre Rossie.
222. Poupée-femme montrant les trois lamelles découpées dans le bas du
roseau, p. 186, Lahfart, 2009, photo Jean-Pierre Rossie.
223. Poupée-femme sans lamelles découpées, p. 186, Lahfart, 2009, photo
Jean-Pierre Rossie.
224. Poupée svelte avec robe en papier aluminium, p. 187, Lahfart, 2001,
photo Jean-Pierre Rossie.
225. Poupée d’occasion en plastique, p. 187, Lahfart, 2006, photo Jean-
Pierre Rossie.
226. Deux poupées, le jeune marié et la jeune mariée, p. 188, Idoubahman-
Imjâd, 2006, photo Jean-Pierre Rossie.
227. Deux poupées, l’épouse et son mari, p. 189, Idoubahman-Imjâd, 2006,
photo Jean-Pierre Rossie.
228. L’épouse et son mari couchés sur un matelas, p. 189, Idoubahman-
Imjâd, 2006, photo Jean-Pierre Rossie.
229. Poupée-mère parée pour la fête et sa fille, p. 190, Idoubahman-Imjâd,
2006, photo Jean-Pierre Rossie.
230. Poupée-grand-mère, p. 191, Idoubahman-Imjâd, 2006, photo Jean-
Pierre Rossie.
231. Fillette jouant à la maman avec une poupée bébé en plastique, p. 191,
Sidi Ifni, 2009, photo Khalija Jariaa.
232. Fillette changeant les couches de sa poupée bébé en plastique, p. 192,
Sidi Ifni, 2009, photo Khalija Jariaa.
233. Deux poupées, la jeune mariée et le jeune marié, p. 193, Ifrane de
l’Anti-Atlas, 2006, photo Jean-Pierre Rossie.

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234. Deux poupées, la mère de la jeune mariée et sa fille, p. 194, Ifrane de
l’Anti-Atlas, 2006, photo Jean-Pierre Rossie.
235. La poupée-mère du jeune marié, p. 195, Ifrane de l’Anti-Atlas, 2006,
photo Jean-Pierre Rossie.
236. Poupée-femme vêtue en blanc, p. 196, Ifrane de l’Anti-Atlas, 2006,
photo Jean-Pierre Rossie.
237. Poupée-adolescente portant un grand sac, p. 196, Ifrane de l’Anti-
Atlas, 2006, photo Jean-Pierre Rossie.
238. Fillette de deux ans avec sa poupée qu’elle a faite avec un morceau de
cactus, p. 197, Ifrane de l’Anti-Atlas, 2006, photo Khalija Jariaa.
239. Trois filles avec leurs poupées, p. 198, Igîsel, 2005, photo Jean-Pierre
Rossie.
240. Cinq poupées-femmes, p. 198, Igîsel, 2005, photo Jean-Pierre Rossie.
241. Trois poupées-femmes, p. 199, Igîsel, 2005, photo Jean-Pierre Rossie.
242. Trois poupées-hommes, p. 200, Igîsel, 2005, photo Jean-Pierre Rossie.
243. Deux poupées-femmes et une poupée-homme, p. 200, Igîsel, 2005,
photo Jean-Pierre Rossie.
244. Fille avec sa poupée svelte et Boubaker Daoumani, p. 201, Igîsel,
2005, photo Jean-Pierre Rossie.
245. Fille montrant fièrement sa poupée svelte qu’elle a habillée, p. 202,
Igîsel, 2005, photo Jean-Pierre Rossie.
246. Poupée vêtue en femme Aït Baamrane, p. 202, Aït Simour, 2002,
photo Jean-Pierre Rossie.
247. Poupée-danseur pour l’ahidous, p. 203, Aït Jerrar, 2005, photo Jean-
Pierre Rossie.
248. Animaux-jouets modelés en terre argileuse, p. 205, Ikenwèn, 2005,
photo Jean-Pierre Rossie.
249. Chat en argile cuite, p. 206, Ikenwèn, 1990, photo Jean-Pierre Rossie.
250. Mulet portant un garçon, p. 206, Ikenwèn, 2009, photo Jean-Pierre
Rossie.
251. Vache, mulet et abreuvoir en terre argileuse, p. 207, Ikenwèn, 2009,
photo Jean-Pierre Rossie.
252. Vache et veau en terre argileuse, p. 207, Ikenwèn, 2009, photo Jean-
Pierre Rossie.
253. Eléphant en terre argileuse, p. 207, Ikenwèn, 2009, photo Jean-Pierre
Rossie.

496
254. Cheval en noix d’argan et branchettes, p. 208, Ikenwèn, 2005, photo
Jean-Pierre Rossie.
255. Poule en matériel naturel et de récupération, p. 208, Ikenwèn, 2007,
photo Khalija Jariaa.
256. Chevaux faits avec des noix d’argan, p. 209, Terloulou, 2006, photo
Khalija Jariaa.
257. Animal fantastique en plastique, p. 209, Terloulou, 2006, photo
Khalija Jariaa.
258. Cheval en argile cuite, p. 210, Lahfart, 2001, photo Jean-Pierre
Rossie.
259. Dromadaire en argile cuite, p. 210, Lahfart, 2001, photo Jean-Pierre
Rossie.
260. Mouton en argile crue, p. 210, Lahfart, 2001, photo Jean-Pierre
Rossie.
261. Mouton en argile crue, p. 210, Lahfart, 2001, photo Jean-Pierre
Rossie.
262. Eléphant en argile crue, p. 211, Lahfart, 2001, photo Jean-Pierre
Rossie.
263. Rhinocéros en argile crue, p. 211, Lahfart, 2001, photo Jean-Pierre
Rossie.
264. Deux tortues en argile crue, p. 211, Lahfart, 2001, photo Jean-Pierre
Rossie.
265. Deux chevaux en argile, p. 212, Lahfart, 2002, photo Jean-Pierre
Rossie.
266. Dromadaire en argile, p. 212, Lahfart, 2002, photo Jean-Pierre Rossie.
267. Dromadaire en argile, p. 212, Lahfart, 2002, photo Jean-Pierre Rossie.
268. Deux chèvres en argile, p. 212, Lahfart, 2002, photo Jean-Pierre
Rossie.
269. Vache en argile, p. 212, Lahfart, 2002, photo Jean-Pierre Rossie.
270. Tortue en argile, p. 213, Lahfart, 2002, photo Jean-Pierre Rossie.
271. Poisson en argile, p. 213, Lahfart, 2002, photo Jean-Pierre Rossie.
272. Oiseau en argile, p. 213, Lahfart, 2002, photo Jean-Pierre Rossie.
273. Garçon avec animaux en argile, p. 214, Lahfart, 2002, photo Jean-
Pierre Rossie.
274. Dromadaire en argile, p. 214, Lahfart, 2002, photo Jean-Pierre Rossie.
275. Cheval en argile, p. 214, Lahfart, 2002, photo Jean-Pierre Rossie.

497
276. Garçon avec trois chèvres en argile, p. 215, Lahfart, 2002, photo Jean-
Pierre Rossie.
277. Les trois chèvres en argile de la figure précédente, p. 215, Lahfart,
2002, photo Jean-Pierre Rossie.
278. Poule, poisson et chèvre en terre argileuse, p. 216, Lahfart, 2002,
photo Jean-Pierre Rossie.
279. Mouton en terre argileuse, p. 216, Lahfart, 2006, photo Jean-Pierre
Rossie.
280. Cheval et vache en argile cuite, p. 217, Lahfart, 2007-2008, photo
Jean-Pierre Rossie.
281. Chien en argile cuite, p. 217, Lahfart, 2007-2008, photo Jean-Pierre
Rossie.
282. Poule en argile cuite, p. 217, Lahfart, 2007-2008, photo Jean-Pierre
Rossie.
283. Dromadaire en argile cuite, p. 218, Lahfart, 2007-2008, photo Jean-
Pierre Rossie.
284. Cheval à selle en argile cuite, p. 218, Lahfart, 2007-2008, photo Jean-
Pierre Rossie.
285. Cheval à cavalier en argile cuite, p. 219, Lahfart, 2007-2008, photo
Jean-Pierre Rossie.
286. Chien colorié en argile cuite, p. 219, Lahfart, 2007-2008, photo Jean-
Pierre Rossie.
287. Chien en argile cuite, p. 219, Lahfart, 2007-2008, photo Jean-Pierre
Rossie.
288. Sanglier en argile cuite, p. 219, Lahfart, 2007-2008, photo Jean-Pierre
Rossie.
289. Deux lapins en argile cuite, p. 219, Lahfart, 2007-2008, photo Jean-
Pierre Rossie.
290. Poule en argile cuite, p. 220, Lahfart, 2007-2008, photo Jean-Pierre
Rossie.
291. Tortue en argile cuite, p. 220, Lahfart, 2007-2008, photo Jean-Pierre
Rossie.
292. Escargot en argile cuite, p. 220, Lahfart, 2007-2008, photo Jean-Pierre
Rossie.
293. Deux chevaux faits avec une noix d’argan, p. 220, Lahfart, 2005,
photo Jean-Pierre Rossie.

498
294. Rat en matériel de récupération, p. 221, Sidi Ifni, 2007, photo Jean-
Pierre Rossie.
295. Mulet à charrette en matériel de récupération, p. 221, Ifrane de l’Anti-
Atlas, 2006, photo Jean-Pierre Rossie.
296. Quatre animaux en terre argileuse de forme bidimensionnelle, p. 222,
Igîsel, 2005, photo Jean-Pierre Rossie.
297. Cheval en matériel naturel et de récupération, p. 222, Igîsel, 2005,
photo Jean-Pierre Rossie.
298. Ane transportant un petit enfant, p. 223, Ifrane de l’Anti-Atlas, 2008,
photo Jean-Pierre Rossie.
299. Enfants jouant avec un chat, p. 223, Idoubahman-Imjâd, 2006, photo
Khalija Jariaa.
300. Chat utilisé comme cheval avec nounours comme cavalier, p. 224,
2007, Douar Ouaraben, photo Khalija Jariaa.
301. Cigogne utilisée comme vache dans un jeu de la ferme des garçons, p.
224, Ikenwèn, 2007, photo Khalija Jariaa.
302. Tortues utilisées comme vaches dans un jeu de faire semblant de
filles, p. 225, Ikenwèn, 2015, photo Khalija Jariaa.
303. Garçons en train de jouer avec un chien, p. 225, Sidi Ifni, 2007, photo
Jean-Pierre Rossie.
304. Tracer le plan d’une maisonnette dans la terre, p. 231, Douar
Ouaraben, 2007, photo Khalija Jariaa.
305. Un bon plat de couscous, p. 232, Douar Ouaraben, 2007, photo
Khalija Jariaa.
306. Manger le bon plat de couscous, p. 232, Douar Ouaraben, 2007, photo
Khalija Jariaa.
307. Jeu de la fête de mariage dans une maisonnette, p. 233, Douar
Ouaraben, 2007, photo Khalija Jariaa.
308. Terrain utilisé pour le jeu de faire semblant de la vie des femmes
adultes, p. 234, Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
309. Trois petits garçons intégrés dans le jeu précédent, p. 235, Douar
Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
310. Vue détaillée de la scène de jeu précédente, p. 235, Douar Ouaraben,
2009, photo Khalija Jariaa.
311. Suite de ce jeu de faire semblant de la vie des femmes adultes, p. 236,
Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.

499
312. Toilette, douche, salle à manger et cuisine de la maisonnette utilisée
pour le jeu de faire semblant de la vie des femmes adultes, p. 237,
Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
313. La salle à manger de la maisonnette précédente, p. 238, Douar
Ouaraben, 2007, photo Khalija Jariaa.
314. Détail de la salle à manger précédente, p. 239, Douar Ouaraben, 2009,
photo Khalija Jariaa.
315. Fleurs des champs utilisées pour faire de la couleur jaune, p. 239
Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
316. La cuisine, p. 240, Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
317. Cuisine de la deuxième maisonnette construite au même endroit, p.
240, Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
318. La troisième maisonnette construite au même endroit, p. 241, Douar
Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
319. La table à gâteaux de la maisonnette précédente, p. 242, Douar
Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
320. Deux fours de la maisonnette de la figure 318, p. 242, Douar
Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
321. La mise en ordre des maisonnettes par les trois groupes de jeux, p.
243, Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
322. Détail d’une cuisine, p. 244, Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija
Jariaa.
323. Vue globale d’une des maisonnettes, p. 245, Douar Ouaraben, 2009,
photo Khalija Jariaa.
324. Détail de la maisonnette précédente, p. 245, Douar Ouaraben, 2009,
photo Khalija Jariaa.
325. Les deux fours de la maisonnette de la figure 323, p. 246, Douar
Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
326. Fille cherchant de chiffons pour habiller des poupées, p. 247, Douar
Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
327. Un garçon fait un magasin pour les filles, p. 248, Douar Ouaraben,
2009, photo Khalija Jariaa.
328. Feu ouvert, p. 239, Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
329. L’endroit où se trouve le feu ouvert, p. 249, Douar Ouaraben, 2009,
photo Khalija Jariaa.
330. Des joueurs cherchent de la matière à bruler dans le feu ouvert, p. 250,
Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.

500
331. Des joueurs amènent de la matière à bruler au feu ouvert, p. 250,
Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
332. Une fille s’occupe du feu ouvert, p. 251, Douar Ouaraben, 2009,
photo Khalija Jariaa.
333. Une autre fille met des branchettes dans le four ouvert, p. 251, Douar
Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
334. La fille de la figure 332 continue de s’occuper du feu ouvert, p. 252,
Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
335. Cuire des légumes remplacés par des feuilles d’arbuste, p. 252, Douar
Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
336. Continuer à faire bruler le feu ouvert, p. 253, Douar Ouaraben, 2009,
photo Khalija Jariaa.
337. Un garçon commence à utiliser le feu ouvert, p. 254, Douar Ouaraben,
2009, photo Khalija Jariaa.
338. Ce garçon fait cuire des morceaux de citrouille sur le feu ouvert, p.
254, Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
339. Maisonnette avec un feu ouvert construites assez loin des maisons, p.
255, Douar Ouaraben, 2017, photo Khalija Jariaa.
340. Maisonnette construite assez loin des maisons, p. 256, Douar
Ouaraben, 2017, photo Jean-Pierre Rossie.
341. Maisonnette construite assez loin des maisons, p. 257, Douar
Ouaraben, 2017, photo Jean-Pierre Rossie.
342. Maisonnettes construites assez loin des maisons, p. 257, Douar
Ouaraben, 2017, photo Jean-Pierre Rossie.
343. Garçon construisant sa maisonnette, p. 258, Douar Ouaraben, 2008,
photo Khalija Jariaa.
344. Deux garçons construisent une maisonnette, p. 259, Douar Ouaraben,
2009, photo Khalija Jariaa.
345. Un des deux garçons cherche de l’eau pour adoucir la terre, p. 260,
Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
346. Morceaux de carrelages mise en place comme murs de la maisonnette
de la figure 344, p. 260, Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
347. Creuser une tranchée pour mettre des morceaux de carrelages, p. 261,
Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
348. Construire une copie du borj de Tafraoute, p. 262, Douar Ouaraben,
2009, photo Khalija Jariaa.

501
349. La façade du borj avec la porte d’entrée, p. 262, Douar Ouaraben,
2009, photo Khalija Jariaa.
350. Deux grands garçons construisent une maisonnette, p. 263, Douar
Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
351. La maisonnette des garçons, p. 263, Douar Ouaraben, 2016, photo
Khalija Jariaa.
352. Des garçons construisent des maisonnettes, p. 264, Douar Ouaraben,
2016, photo Khalija Jariaa.
353. Un terrain de jeu cédant la place à un terrain de construction, p. 265,
Douar Ouaraben, 2016, photo Jean-Pierre Rossie.
354. Début de l’urbanisation de ce terrain, p. 266, Douar Ouaraben, 2017,
photo Jean-Pierre Rossie.
355. Un escargot du terrain pierreux sur la main d’un garçon, p. 266, Douar
Ouaraben, 2017, photo Jean-Pierre Rossie.
356. Garçon avec sa maisonnette et des personnages représentés par des
coquilles d’escargots, p. 267, Douar Ouaraben, 2017, photo Jean-
Pierre Rossie.
357. Détail de la maisonnette précédente, p. 268, Douar Ouaraben, 2017,
photo Jean-Pierre Rossie.
358. Fille avec sa maisonnette et des personnages représentés par des
coquilles d’escargots, p. 269, Lagzira, 2002, photo Jean-Pierre Rossie.
359. Des filles créant un four à pain, p. 271, Douar Ouaraben, 2009, photo
Khalija Jariaa.
360. Des filles créant un grand four à pain, p. 272, Douar Ouaraben, 2009,
photo Khalija Jariaa.
361. Des filles créant un petit four à pain, p. 272, Douar Ouaraben, 2009,
photo Khalija Jariaa.
362. Un garçon de trois ans veut apporter du sable aux filles, p. 273, Douar
Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
363. Le même petit garçon essaye de faire un petit four, p. 274, Douar
Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
364. Une fillette de deux ans et demi jouant avec du sable, p. 275, Douar
Ouaraben, 2015, photo Khalija Jariaa.
365. L’oued qui coule le long du village, p. 275, Douar Ouaraben, 2015,
photo Khalija Jariaa.
366. Une fillette cherchant des morceaux de terre argileuse dans cet oued,
p. 276, Douar Ouaraben, 2015, photo Khalija Jariaa.

502
367. Un groupe de garçons imitent le système d’irrigation des jardins, p.
277, Douar Ouaraben, 2007, photo Khalija Jariaa.
368. Le premier puits détruit par un adolescent, p. 278, Douar Ouaraben,
2015, photo Khalija Jariaa.
369. Un garçon commence à creuser un deuxième puits, p. 278, Douar
Ouaraben, 2015, photo Khalija Jariaa.
370. Un autre garçon s’occupe de ravitailler ce système d’irrigation de
fortune avec des soi-disant camions citernes, p. 279, Douar Ouaraben,
2015, photo Khalija Jariaa.
371. Jeu mixte du village des enfants, p. 280, Douar Ouaraben, 2007, photo
Khalija Jariaa.
372. Détail d’une maisonnette du village des enfants, p. 281, Douar
Ouaraben, 2007, photo Khalija Jariaa.
373. Un vieux piège à rats est mis près de la mosquée pour protéger les
‘tapis’, p. 281, Douar Ouaraben, 2007, photo Khalija Jariaa.
374. Un garçon utilise un ‘camion-citerne’ et une fille arrange la coupole
du minaret, p. 282, Douar Ouaraben, 2007, photo Khalija Jariaa.
375. Une poupée touriste visite cette mosquée qui est devenu la vieille
mosquée en pisé désaffectée de Tiznit, p. 283, Douar Ouaraben, 2007,
photo Khalija Jariaa.
376. Filles et de garçons jouant en parallèle en cherchant des objets de
récupération, p. 284, Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
377. Le trésor de ‘jouets’ ramené par ces filles et ces garçons, p. 284,
Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
378. Des garçons s’occupent à un travail d’hommes en construisant des
maisonnettes, p. 285, Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
379. Les mêmes garçons creusent un puits, p. 285, Douar Ouaraben, 2009,
photo Khalija Jariaa.
380. Ces garçons couvrent leur puits de morceaux de carrelages, p. 286,
Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
381. D’autres garçons construisent un four avec du sable mouillé, p. 286,
Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
382. Des filles jouent au jeu de ménage pendant que des garçons jouent à
cache-cache, p. 287, Douar Ouaraben, 2015, photo Khalija Jariaa.
383. Quatre filles jouent à la Journée Internationale de la Femme, p. 288,
Douar Ouaraben, 2017, photo Khalija Jariaa.

503
384. La ‘nourriture’ à apporter aux femmes hospitalisées, p. 288, Douar
Ouaraben, 2017, photo Khalija Jariaa.
385. Une fille prépare une ‘pizza’, p. 289, Douar Ouaraben, 2017, photo
Khalija Jariaa.
386. Une autre fille prépare un grand morceau de ‘nougat’, p. 289, Douar
Ouaraben, 2017, photo Khalija Jariaa.
387. Le plateau avec tous les plats est porté à l’hôpital, p. 290, Douar
Ouaraben, 2017, photo Khalija Jariaa.
388. Les gâteaux, desserts, œufs cuits et tajine d’imitation sont amenés à
l’hôpital, p. 290, Douar Ouaraben, 2017, photo Khalija Jariaa.
389. Mascarade d’Imachar des garçons, p. 291, Douar Ouaraben, 2009,
photo Khalija Jariaa.
390. Le dromadaire crée par les garçons, p. 292, Douar Ouaraben, 2009,
photo Khalija Jariaa.
391. Des garçons deviennent les musiciens de la mascarade, p. 292, Douar
Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
392. Le groupe de garçons avec le dromadaire essaie de faire peur aux
petits et faire rire les grands, p. 293, Douar Ouaraben, 2009, photo
Khalija Jariaa.
393. Le village d’enfants, p. 294, Ikenwèn, 2007, photo Khalija Jariaa.
394. La grande maisonnette du village d’enfants, p. 295, Ikenwèn, 2007,
photo Khalija Jariaa.
395. Maisonnette à cinq pièces, p. 296, Ikenwèn, 2007, photo Khalija
Jariaa.
396. La maisonnette précédente avec une voiture à deux roues, p. 296,
Ikenwèn, 2007, photo Khalija Jariaa.
397. L’emplacement du village des enfants, p. 297, Ikenwèn, 2007, photo
Khalija Jariaa.
398. La grande maisonnette des filles dans le village d’enfants, p. 298,
Ikenwèn, 2007, photo Khalija Jariaa.
399. Détail de la cuisine de la maisonnette précédente, p. 299, Ikenwèn,
2007, photo Khalija Jariaa.
400. Détail de la deuxième cuisine de la maisonnette précédente, p. 299,
Ikenwèn, 2007, photo Khalija Jariaa.
401. La chambre à coucher de la maisonnette construite par les garçons, p.
300, Ikenwèn, 2007, photo Khalija Jariaa.

504
402. Les quatre autres pièces de cette maisonnette des garçons, p. 300,
Ikenwèn, 2007, photo Khalija Jariaa.
403. Les provisions déposées sur l’arbre par les garçons, p. 301, Ikenwèn,
2007, photo Khalija Jariaa.
404. La boucherie construite par des garçons dans le village d’enfants, p.
302, Ikenwèn, 2007, photo Khalija Jariaa.
405. Les différentes parties de la boucherie précédente, p. 303, Ikenwèn,
2007, photo Khalija Jariaa.
406. Encore une pièce de cette boucherie, p. 303, Ikenwèn, 2007, photo
Khalija Jariaa.
407. La place où les clientes de la boucherie peuvent mettre leur ‘âne’
pendant qu’elles font leurs achats, p. 304, Ikenwèn, 2007, photo
Khalija Jariaa.
408. La maison en bois construite par un garçon, p. 305, Ikenwèn, 2009,
photo Jean-Pierre Rossie.
409. Un moulin à bras pour faire de l’huile d’argan en terre argileuse, p.
306, Ikenwèn, 2009, photo Jean-Pierre Rossie.
410. Trois théières en terre argileuse, p. 306, Ikenwèn, 2009, photo Jean-
Pierre Rossie.
411. Table à quatre pieds avec un grand récipient table à quatre pieds en
terre argileuse, p. 307, Ikenwèn, 2009, photo Jean-Pierre Rossie.
412. Couscoussière en terre argileuse, p. 307, Ikenwèn, 2009, photo Jean-
Pierre Rossie.
413. Ustensile pour faire le petit lait sans couvercle en terre argileuse, p.
307, Ikenwèn, 2009, photo Jean-Pierre Rossie.
414. Ustensile pour faire le petit lait avec couvercle en terre argileuse, p.
307, Ikenwèn, 2009, photo Jean-Pierre Rossie.
415. Tajine à couvercle et trois bols en terre argileuse, p. 307, Ikenwèn,
2009, photo Jean-Pierre Rossie.
416. Récipient et marmite avec louche en terre argileuse, p. 307, Ikenwèn,
2009, photo Jean-Pierre Rossie.
417. Bouilloire sur un réchaud et une table avec quatre bols et une théière
en terre argileuse, p. 308, Ikenwèn, 2009, photo Jean-Pierre Rossie.
418. Tajine à couvercle sur un réchaud en terre argileuse, p. 300, Ikenwèn,
2009, photo Jean-Pierre Rossie.
419. Tajine à couvercle, deux bols et un pain en terre argileuse, p. 308,
Ikenwèn, 2009, photo Jean-Pierre Rossie.

505
420. Deux marmites à couvercle et un récipient en terre argileuse, p. 308,
Ikenwèn, 2009, photo Jean-Pierre Rossie.
421. Marmite à anses avec son couvercle et un bol en terre argileuse, p.
308, Ikenwèn, 2009, photo Jean-Pierre Rossie.
422. Le vendeur d’ustensiles et d’animaux en terre argileuse, p. 309,
Ikenwèn, 2009, photo Khalija Jariaa.
423. Réparation d’un tajine cassé en deux, p. 310, Ikenwèn, 2010, photo
Jean-Pierre Rossie.
424. Détail du tajine réparé, p. 310, Ikenwèn, 2017, photo Jean-Pierre
Rossie.
425. Pot de fleurs en emballage de bonbons, p. 311, Ikenwèn, 2005, photo
Jean-Pierre Rossie.
426. Bouquet de roses fait avec des sachets en plastisque, p. 311, Ikenwèn,
2009, photo Jean-Pierre Rossie.
427. Produits de beauté fait avec des fleurs de coquelicot, p. 312, Ikenwèn,
2009, photo Jean-Pierre Rossie.
428. Remplir le trou fait dans une noix d’argan avec des pétales de
coquelicots, p. 312, Ikenwèn, 2009, photo Jean-Pierre Rossie.
429. Après quelque temps on obtient du jus que les filles utilisent pour se
décorer les mains, p. 312, Ikenwèn, 2009, photo Jean-Pierre Rossie.
430. Un exemple de décoration de la main avec ce jus, p. 312, Ikenwèn,
2009, photo Jean-Pierre Rossie.
431. Une poupée avec des bonbons faits en enveloppant des petites pierres
dans des emballages de bonbons, p. 313, Ikenwèn, 2006, photo Jean-
Pierre Rossie.
432. Une autre série de bonbons faits en enveloppant des petites pierres
dans des emballages de bonbons, p. 313, Ikenwèn, 2008, photo Jean-
Pierre Rossie.
433. Imitation de l’instrument de percussion en métal typique des Gnaoua
(musiciens noirs), p. 313, Ikenwèn, 2006, photo Jean-Pierre Rossie.
434. Hochet en peau de lapin, p. 314, Ikenwèn, 2007, photo Jean-Pierre
Rossie.
435. La grande poupée belghenja faite avec une grande louche en bois, p.
314, Ikenwèn, 2007, photo de Jean-Pierre Rossie.
436. Détail de cette grande poupée belghenja, p. 315, Ikenwèn, 2007, photo
Khalija Jariaa.

506
437. Poupée belghenja des filles, p. 315, Ikenwèn, 2007, photo Jean-Pierre
Rossie.
438. Poupée belghenja des filles, p. 315, Ikenwèn, 2007, photo Jean-Pierre
Rossie.
439. Poupée belghenja des filles, p. 316, Ikenwèn, 2007, photo Jean-Pierre
Rossie.
440. Poupée belghenja des filles, p. 317, Ikenwèn, 2007, photo Jean-Pierre
Rossie.
441. Fille portant sa poupée belghenja, p. 318, Ikenwèn, 2008, photo
Khalija Jariaa.
442. Masque vieillard d’un garçon pour la mascarade Imachar, p. 319,
Ikenwèn, 2008, photo Jean-Pierre Rossie.
443. Masque d’homme d’un garçon pour la mascarade Imachar, p. 320,
Ikenwèn, 2008, photo Jean-Pierre Rossie.
444. Masque éléphant d’un garçon pour la mascarade Imachar, p. 320,
Ikenwèn, 2008, photo Jean-Pierre Rossie.
445. Grande balance pour le jeu de magasin, p. 321, Ikenwèn, 2007, photo
Jean-Pierre Rossie.
446. Copie du collier amazigh traditionnel fait avec des coquilles
d’escargots, p. 321, Ikenwèn, 2007, photo Jean-Pierre Rossie.
447. Deux garçons jouant sur des instruments de musique traditionnels, p.
322, Amasin, 2007, photo Khalija Jariaa.
448. Un puits construit avec de la boue et des branchettes, p. 323,
Terloulou, 2015, photo Khalija Jariaa.
449. Copie de la piscine d’un hôtel, p. 324, Terloulou, 2015, photo Khalija
Jariaa.
450. Une série d’ustensiles modelées avec de la terre argileuse, p. 325,
Lahfart, 2011, photo Jean-Pierre Rossie.
451. Des ustensiles en terre argileuse décorés avec une couche de glaçure,
p. 326, Lahfart, 2008, photo Jean-Pierre Rossie.
452. Théière en terre argileuse décorée avec une couche de glaçure, p. 327,
Lahfart, 2008, photo Jean-Pierre Rossie.
453. Un vase et une roche décorative en terre argileuse décorés avec une
couche de glaçure, p. 327, Lahfart, 2008, photo Jean-Pierre Rossie.
454. Une cruche et un pot à anche et bec en terre argileuse décorés avec
une couche de glaçure, p. 327, Lahfart, 2008, photo Jean-Pierre
Rossie.

507
455. Une série d’ustensiles en terre argileuse décorée avec une couche de
glaçure, p. 328, Lahfart, 2008, photo Jean-Pierre Rossie.
456. La plante euphorbe dont le jus est utilisé pour créer une couche de
glaçure sur les jouets modelés en argile, p. 328, Sidi Ifni, 2011, photo
Roos Van Wassenhove.
457. Le jus de la plante euphorbe, p. 329, Sidi Ifni, 2011, photo Jean-Pierre
Rossie.
458. Le borj id Bella, la grande maison à tour, p. 330, Ikenwèn, 2017,
photo Khalija Jariaa.
459. Série d’ustensiles en terre argileuse décorée avec du dentifrice, p. 330,
Lahfart, 2008, photo Jean-Pierre Rossie.
460. Le jeu du dîner de fête, p. 331, Sidi Ifni, 2007, photo Khalija Jariaa.
461. Une fille cherche du sable fin servant de farine, p. 332, Sidi Ifni, 2007,
photo Khalija Jariaa.
462. Faire des gâteaux ronds avec du sable de mer, p. 332, Sidi Ifni, 2007,
photo Khalija Jariaa.
463. Préparer un gâteau carré avec du sable de mer, p. 333, Sidi Ifni, 2007,
photo Khalija Jariaa.
464. Une fille arrange les gâteaux sur le trottoir, p. 333, Sidi Ifni, 2007,
photo Khalija Jariaa.
465. Un frère vient nettoyer l’endroit où les filles jouent au dîner de la fête,
p. 334, Sidi Ifni, 2007, photo Khalija Jariaa.
466. Ce frère ramasse les saletés, p. 334, Sidi Ifni, 2007, photo Khalija
Jariaa.
467. Les filles préparent de la farine, des morceaux de plâtre, p. 335, Sidi
Ifni, 2007, photo Khalija Jariaa.
468. Un jeune frère les aide en versant de l’eau sur la ‘farine’, p. 336, Sidi
Ifni, 2007, photo Khalija Jariaa.
469. Une fille utilise une boîte de sardines pour donner la forme de pizza
au sable mouillé, p. 336, Sidi Ifni, 2007, photo Khalija Jariaa.
470. Le jeune frère ouvre une épicerie à la demande des filles, p. 337, Sidi
Ifni, 2007, photo Khalija Jariaa.
471. Une fille prépare des pizzas dans son restaurant, p. 337, Sidi Ifni,
2007, photo Khalija Jariaa.
472. Le tajine avec des bouchons représentant du poisson haché, p. 338,
Sidi Ifni, 2011, photo Khalija Jariaa.

508
473. Une maisonnette construite dans une boîte de carton, p. 338, Loqlia,
2008, photo Khalija Jariaa.
474. Un ‘petit enfant’ couché sur le sofa de Lego dans la maisonnette
précédente, p. 339, Loqlia, 2008, photo Khalija Jariaa.
475. La guerre de Filistîn-Israîl, p. 345, Douar Ouaraben, 2009, photo
Khalija Jariaa.
476. La guerre de Filistîn-Israîl et l’attaque des maisonnettes, p. 346,
Douar Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
477. Trois fusils faits pour la guerre de Filistîn-Israîl, p. 349, Douar
Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
478. Un autre fusil fait pour la guerre de Filistîn-Israîl, p. 349, Douar
Ouaraben, 2009, photo Khalija Jariaa.
479. La guerre de Filistîn-Israîl, p. 349, Douar Ouaraben, 2015, photo
Khalija Jariaa.
480. La guerre de Filistîn-Israîl et Spiderman, p. 350, Douar Ouaraben,
2015, photo Khalija Jariaa.
481. Garçon jouant avec ses véhicules-jouets importés, p. 351, Douar
Ouaraben, 2017, photo Jean-Pierre Rossie.
482. Jeu de la cassette audio transformée en ‘caméra vidéo’, p. 352, Douar
Ouaraben, 2006, photo Khalija Jariaa.
483. Discussion entre la ‘parisienne’ et la marocaine sur la manière de
vivre à Paris et au Maroc, p. 353, Douar Ouaraben, 2006, photo
Khalija Jariaa.
484. Discussion entre la ‘parisienne’ et la marocaine sur l’utilisation de la
‘caméra vidéo’, p. 353, Douar Ouaraben, 2006, photo Khalija Jariaa.
485. Jeu de la contrebande, p. 354, Ikenwèn, 2006, photo Khalija Jariaa.
486. Contrôle de la marchandise par les douaniers, p. 355, Ikenwèn, 2006,
photo Khalija Jariaa.
487. Offre d’un bakchich par les contrebandiers, p. 356, Ikenwèn, 2006,
photo Khalija Jariaa.
488. Recherche de bombes dans la région frontalière, p. 356, Ikenwèn,
2006, photo Khalija Jariaa.
489. Construction d’un char, p. 357, Ikenwèn, 2011, photo Jean-Pierre
Rossie.
490. Construction d’un char, p. 357, Ikenwèn, 2011, photo Jean-Pierre
Rossie.

509
491. Construction d’un char, p. 357, Ikenwèn, 2011, photo Jean-Pierre
Rossie.
492. Construction d’un char, p. 357, Ikenwèn, 2011, photo Jean-Pierre
Rossie.
493. Construction d’un bateau-amphibie, p. 358, Ikenwèn, 2008, photo
Khalija Jariaa.
494. Création d’un parapluie, p. 359, Ikenwèn, 2006, photo Khalija Jariaa.
495. Création d’un parapluie, p. 360, Ikenwèn, 2006, photo Khalija Jariaa.
496. Création d’un parapluie, p. 361, Ikenwèn, 2006, photo Khalija Jariaa.
497. Pose du créateur de parapluie devant la photographe, p. 362, Ikenwèn,
2006, photo Khalija Jariaa.
498. Voiture et chauffeur, p. 363, Lahfart, 2002, photo Jean-Pierre Rossie.
499. Voiture à quatre sièges découpés dans du polystyrène, p. 364, Lahfart,
2005, photo Jean-Pierre Rossie.
500. Voiture à quatre sièges découpés dans du polystyrène, p. 364, Lahfart,
2005, photo Jean-Pierre Rossie.
501. Voiture à quatre sièges découpés dans du polystyrène, p. 365, Lahfart,
2005, photo Jean-Pierre Rossie.
502. Nom du constructeur de la voiture à quatre sièges découpés dans du
polystyrène, p. 365, Lahfart, 2005, photo Jean-Pierre Rossie.
503. La maison du riche et sa piscine à nager, p. 365, Sidi Ifni, 2007, photo
Khalija Jariaa.
504. La maison du riche et sa piscine à nager, p. 366, Sidi Ifni, 2007, photo
Khalija Jariaa.
505. La maison du riche et sa piscine à nager, p. 367, Sidi Ifni, 2007, photo
Khalija Jariaa.
506. La maison du riche et sa piscine à nager, p. 367, Sidi Ifni, 2007, photo
Khalija Jariaa.
507. La maison du riche et sa piscine à nager, p. 368, Sidi Ifni, 2007, photo
Khalija Jariaa.
508. Jeu de la construction de la route et d’y rouler, p. 368, Sidi Ifni, 2007,
photo Khalija Jariaa.
509. Jeu de la construction de la route et d’y rouler, p. 369, Sidi Ifni, 2007,
photo Khalija Jariaa.
510. Frère aîné jouant avec petit garçon de trois ans et leurs véhicules, p.
369, Sidi Ifni, 2007, photo Khalija Jariaa.

510
511. Frère aîné jouant avec petit garçon de trois ans et leurs véhicules, p.
370, Sidi Ifni, 2007, photo Khalija Jariaa.
512. Frère aîné jouant avec petit garçon de trois ans et leurs véhicules, p.
370, Sidi Ifni, 2007, photo Khalija Jariaa.
513. Frère aîné jouant avec petit garçon de trois ans et leurs véhicules, p.
371, Sidi Ifni, 2007, photo Khalija Jariaa.
514. Frère aîné jouant avec petit garçon de trois ans et leurs véhicules, p.
371, Sidi Ifni, 2007, photo Khalija Jariaa.
515. Frère aîné jouant avec petit garçon de trois ans et leurs véhicules, p.
372, Sidi Ifni, 2007, photo Khalija Jariaa.
516. Voiture de l’industrie du jouet importée, p. 373, Sidi Ifni, 2011, photo
Khalija Jariaa.
517. Objet décoratif tressé avec des feuilles de palmier, p. 374, Sidi Ifni,
2010, photo Roos Van Wassenhove.
518. Des enfants se réjouissent sur le manège lors de la fête de Sidi Ifni, p.
375, Sidi Ifni, 2011, photo Khalija Jariaa.
519. Des enfants se réjouissent sur le manège lors de la fête de Sidi Ifni, p.
375, Sidi Ifni, 2011, photo Khalija Jariaa.

Volume 2

Table des illustrations de l’annexe 1

520. Fours domestiques, p. 550, Ikenwèn, 2013, photo Argyris Fassoulas.


521. Terre blanche (avza), p. 555, Ikenwèn, 2015, photo Argyris Fassoulas.
522. Fille malaxant la terre argileuse déjà humide à côté d’un oued, p. 557,
Douar Ouaraben, 2015, photo Khalija Jariaa.
523. La terre argileuse déjà humide à côté d’un oued, p. 557, Douar
Ouaraben, 2015, photo Khalija Jariaa.
524. Ramassage de la terre argileuse, p. 558, Douar Ouaraben, 2013, photo
Argyris Fassoulas.
525. Séparation des éléments grossiers par gravitation, p. 559, Douar
Ouaraben, 2013, photo Argyris Fassoulas.
526. Tri manuel des éléments indésirables, p. 560, Douar Ouaraben, 2013,
photo Argyris Fassoulas.

511
527. Broyage de la terre argileuse, p. 560, Douar Ouaraben, 2013, photo
Argyris Fassoulas.
528. Pétrissage de la terre argileuse, p. 561, Douar Ouaraben, 2013, photo
Argyris Fassoulas.
529. Pétrissage de la terre argileuse, p. 561, Douar Ouaraben, 2013, photo
Argyris Fassoulas.
530. La terre dite couscous de fourmi, p. 563, Douar Ouaraben, 2013,
photo Argyris Fassoulas.
531. La terre dite couscous de fourmi, p. 563, Douar Ouaraben, 2013,
photo Argyris Fassoulas.
532. La terre dite cassée, p. 563, Douar Ouaraben, 2013, photo Argyris
Fassoulas.
533. La terre dite cassée, p. 563, Douar Ouaraben, 2013, photo Argyris
Fassoulas.
534. Modelage du tronc central d’une poupée, p. 565, Douar Ouaraben,
2016, photo Argyris Fassoulas.
535. Application des seins sur une poupée, p. 566, Douar Ouaraben, 2016,
photo Argyris Fassoulas.
536. Préfaçonnage de la jambe d’une poupée, p. 566, Douar Ouaraben,
2016, photo Argyris Fassoulas.
537. Assemblage de la jambe à l’aide d’un tenon, p. 567, Douar Ouaraben,
2016, photo Argyris Fassoulas.
538. Application du ventre sur une poupée, p. 567, Douar Ouaraben, 2016,
photo Argyris Fassoulas.
539. Assemblage de la tête à l’aide d’un tenon, p. 568, Douar Ouaraben,
2016, photo Argyris Fassoulas.
540. Assemblage du bras d’une poupée, p. 568, Douar Ouaraben, 2016,
photo Argyris Fassoulas.
541. Indication des détails à l’aide d’une branchette, p. 569, Douar
Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
542. Préparation de la chevelure (feuille de roseau), p. 569, Douar
Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
543. Traitement de la feuille de roseau, p. 570, Douar Ouaraben, 2016,
photo Argyris Fassoulas.
544. Jonction de la chevelure sur une poupée, p. 570, Douar Ouaraben,
2016, photo Argyris Fassoulas.

512
545. Poupée féminine en argile, p. 571, Douar Ouaraben, 2016, photo
Argyris Fassoulas.
546. Modelage sur âme d’un pilon de mortier, p. 572, Douar Ouaraben,
2013, photo Argyris Fassoulas.
547. Modelage sur âme d’un pilon de mortier, p. 572, Douar Ouaraben,
2013, photo Argyris Fassoulas.
548. Modelage sur âme d’un pilon de mortier, p. 572, Douar Ouaraben,
2013, photo Argyris Fassoulas.
549. Modelage sur âme d’un pilon de mortier, p. 572, Douar Ouaraben,
2013, photo Argyris Fassoulas.
550. Façonnage par moulage d’un four domestique, p. 574, Douar
Ouaraben, 2013, photo Argyris Fassoulas.
551. Une branchette utilisée comme outil devient une manche, p. 575,
2016, photo Argyris Fassoulas.
552. Une branchette utilisée comme outil devient une manche, p. 575,
2016, photo Argyris Fassoulas.
553. Modelage sur âme d’une pelle du four, p. 577, Douar Ouaraben, 2016,
photo Argyris Fassoulas.
554. Modelage sur âme d’une pelle du four, p. 577, Douar Ouaraben, 2016,
photo Argyris Fassoulas.
555. Modelage sur âme d’une pelle du four, p. 578, Douar Ouaraben, 2016,
photo Argyris Fassoulas.
556. Modelage sur âme d’une pelle du four, p. 578, Douar Ouaraben, 2016,
photo Argyris Fassoulas.
557. Modelage sur âme d’une pelle du four, p. 578, Douar Ouaraben, 2016,
photo Argyris Fassoulas.
558. Modelage sur âme d’une pelle du four, p. 578, Douar Ouaraben, 2016,
photo Argyris Fassoulas.
559. Réparation d’un ustensile à l’aide d’une dilution argileuse faite par le
« couscous de fourmi », p. 580, Douar Ouaraben, 2013, photo Argyris
Fassoulas.
560. Réparation d’un ustensile à l’aide d’une dilution argileuse faite par le
« couscous de fourmi », p. 580, Douar Ouaraben, 2013, photo Argyris
Fassoulas.
561. Réparation d’un ustensile à l’aide d’une dilution argileuse faite par le
« couscous de fourmi », p. 580, Douar Ouaraben, 2013, photo Argyris
Fassoulas.

513
562. Réparation d’un ustensile à l’aide d’une dilution argileuse faite par le
« couscous de fourmi », p. 580, Douar Ouaraben, 2013, photo Argyris
Fassoulas.
563. Décoration en noir, p. 583, Douar Ouaraben, région de Tiznit, 2016,
photo Argyris Fassoulas.
564. Décoration en noir, p. 583, Douar Ouaraben, région de Tiznit, 2016,
photo Argyris Fassoulas.
565. Poudre noire du charbon, p. 584, Douar Ouaraben, région de Tiznit,
2013, photo Argyris Fassoulas.
566. Four décoré en noir, p. 585, Douar Ouaraben, 2016, photo Argyris
Fassoulas.
567. Petites fleurs blanches tzzeladar, p. 586, Douar Ouaraben, 2016, photo
Argyris Fassoulas.
568. Fabrication d’une râpe improvisée à deux pièces, p. 587, Douar
Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
569. Fabrication d’une râpe improvisée à deux pièces, p. 587, Douar
Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
570. Fabrication d’une râpe improvisée à deux pièces, p. 587, Douar
Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
571. Fabrication d’une râpe improvisée à deux pièces, p. 588, Douar
Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
572. La plante ifzi, p. 588, Douar Ouaraben, 2016, photo Argyris
Fassoulas.
573. Râpage des feuilles d’ifzi, p. 589, Douar Ouaraben, 2016, photo
Argyris Fassoulas.
574. Râpage des feuilles d’ifzi, p. 589, Douar Ouaraben, 2016, photo
Argyris Fassoulas.
575. Préparation de la poudre verte par des herbes sèches, p. 590, Douar
Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
576. Préparation de la poudre verte par des herbes sèches, p. 590, Douar
Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
577. Préparation de la poudre verte par des herbes sèches, p. 590, Douar
Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
578. Préparation de la poudre verte par des herbes sèches, p. 590, Douar
Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
579. Décoration d’un ustensile-jouet avec la poudre verte, p. 590, Douar
Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.

514
580. Décoration d’un ustensile-jouet avec la poudre verte, p. 590, Douar
Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
581. La couleur jaune obtenue de fleurs jaunes, p. 592, Douar Ouaraben,
2016, photo Argyris Fassoulas.
582. La couleur jaune obtenue de fleurs jaunes, p. 592, Douar Ouaraben,
2016, photo Argyris Fassoulas.
583. Décoration en jaune, p. 592, Douar Ouaraben, 2016, photo Argyris
Fassoulas.
584. Décoration en jaune, p. 592, Douar Ouaraben, 2016, photo Argyris
Fassoulas.
585. Réalisation des motifs avec la hampe d’une fleur (gris sur jaune), p.
594, Douar Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
586. Réalisation des motifs avec la hampe d’une fleur (noir sur vert), p.
594, Douar Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
587. Réalisation des motifs avec la hampe d’une fleur (noir sur vert), p.
594, Douar Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
588. Réalisation des motifs avec la hampe d’une fleur (noir sur vert), p.
594, Douar Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
589. Réalisation des motifs avec la hampe d’une fleur (noir sur vert), p.
594, Douar Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
590. Décor incisé, p. 596, Douar Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
591. La plante Euphorbia virosa (tikiwt), p. 598, Douar Ouaraben, 2016,
photo Argyris Fassoulas.
592. La plante Euphorbia virosa (tikiwt), p. 598, Douar Ouaraben, 2016,
photo Argyris Fassoulas.
593. Application du « lait » d’euphorbe, p. 598, Douar Ouaraben, 2016,
photo Argyris Fassoulas.
594. Application du « lait » d’euphorbe, p. 598, Douar Ouaraben, 2016,
photo Argyris Fassoulas.
595. Séchage de jouet en argile dans un endroit ombragé, p. 601, Douar
Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
596. Fermeture du four domestique utilisé pour cuire des jouets en argile,
p. 604, Ikenwèn, 2016, photo Argyris Fassoulas.
597. Fermeture du four domestique utilisé pour cuire des jouets en argile,
p. 604, Ikenwèn, 2016, photo Argyris Fassoulas.
598. Fermeture du four domestique utilisé pour cuire des jouets en argile,
p. 604, Ikenwèn, 2016, photo Argyris Fassoulas.

515
599. Fermeture du four domestique utilisé pour cuire des jouets en argile,
p. 604, Ikenwèn, 2016, photo Argyris Fassoulas.
600. Construction et utilisation du four taghouni fait par les filles, p. 606,
Douar Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
601. Construction et utilisation du four taghouni fait par les filles, p. 606,
Douar Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
602. Construction et utilisation du four taghouni fait par les filles, p. 606,
Douar Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
603. Construction et utilisation du four taghouni fait par les filles, p. 606,
Douar Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
604. Construction et utilisation du four taghouni fait par les filles, p. 606,
Douar Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
605. Construction et utilisation du four taghouni fait par les filles, p. 606,
Douar Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
606. Construction et utilisation du four taghouni fait par les filles, p. 606,
Douar Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
607. Construction et utilisation du four taghouni fait par les filles, p. 607,
Douar Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
608. Construction et utilisation du four taghouni fait par les filles, p. 607,
Douar Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
609. Construction et utilisation du four taghouni fait par les filles, p. 607,
Douar Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
610. Construction et utilisation du four taghouni fait par les filles, p. 607,
Douar Ouaraben, 2016, photo Argyris Fassoulas.
611. Fermeture du taghouni, p. 608, Douar Ouaraben, 2016, photo Argyris
Fassoulas.
612. Fermeture du taghouni, p. 608, Douar Ouaraben, 2016, photo Argyris
Fassoulas.
613. Fermeture du taghouni, p. 608, Douar Ouaraben, 2016, photo Argyris
Fassoulas.

Table des illustrations de l’annexe 7

614. Couple de jeunes mariés, p. 722, Douar (Tan-Tan), 2007, photo Jean-
Pierre Rossie.

516
615. Poupée-danseuse, p. 723, Douar (Tan-Tan), 2007, photo Jean-Pierre
Rossie.
616. Poupée-spectatrice, p. 723, Douar (Tan-Tan), 2007, photo Jean-Pierre
Rossie.
617. Poupée-jeune mariée assise dans une selle de dromadaire, p. 724, Tan-
Tan, 2007, photo Khalija Jariaa.
618. Selle de dromadaire-jouet, p. 725, Tan-Tan, 2007, photo Khalija Jariaa.
619. Poupée en plastique habillée en jeune mariée sahraouie, p. 725, Tan-
Tan, 2004, photo Jean-Pierre Rossie.
620. Une fille explique à sa petite sœur son expérience à l’hôpital à l’aide de
nounours, p. 726, Tan-Tan, 2006, photo Khalija Jariaa.
621. Nounours médecin et nounours patient, p. 726, Tan-Tan, 2006, photo
Khalija Jariaa.
622. Le nounours malade à l’hôpital, p. 726, Tan-Tan, 2006, photo Khalija
Jariaa.
623. Jeune femme sahraouie créant sa poupée d’enfance, p. 727, Bir
Gandouz Jdid, 2008, photo Jean-Pierre Rossie.
624. Un couple sahraoui et leur fils comme poupées, p. 728, Bir Gandouz
Jdid, 2008, photo Jean-Pierre Rossie.
625. Deux poupées sahraouies représentant la jeune mariée et le jeune
marié, p. 729, Bir Gandouz Jdid, 2008, photo Jean-Pierre Rossie.
626. Tente-jouet avec la poupée-jeune mariée, p. 730, Bir Gandouz Jdid,
2008, photo Jean-Pierre Rossie.
627. Poupées Baba Achour et Mama Achour, p. 731, Chemaia, 2008, photo
Khalija Jariaa.
628. Poupées Baba Achour et Mama Achour, p. 731, Imjâd, 2007, photo
Khalija Jariaa.
629. Poupées Baba Achour et Mama Achour, p. 732, Ikenwèn, 2008, photo
Khalija Jariaa.
630. Garçonnet modelant de l’argile dans l’atelier d’un potier, p. 734, Safi,
2007, photo Nicole Piret.
631. Deux chèvres créées par un garçon de neuf ans, p. 735, Aourir, 2005,
photo Khalija Jariaa.
632. Un dindon créé par un garçon de neuf ans, p. 735, Aourir, 2005, photo
Khalija Jariaa.
633. Une mère sahraouie refait la structure de la tente-jouet de son enfance,
p. 736, Bir Gandouz Jdid, 2008, photo Jean-Pierre Rossie.

517
634. Puis elle couvre cette structure de tissu, p. 737, Bir Gandouz Jdid,
2008, photo Jean-Pierre Rossie.
635. La tente-jouet sahraouie avec la poupée-jeune mariée, p. 737, Bir
Gandouz Jdid, 2008, photo Jean-Pierre Rossie.
636. La fille sahraouie découpe une boîte de conserves pour en faire une
casserole, p. 738, Bir Gandouz Jdid, 2008, photo Jean-Pierre Rossie.
637. La casserole-jouet est mise sur un réchaud fait avec 3 pierres, p. 738,
Bir Gandouz Jdid, 2008, photo Jean-Pierre Rossie.
638. Modèle de sceau pour un puits-jouet, p. 739, Bir Gandouz Jdid, 2008,
photo Jean-Pierre Rossie.

Bibliographie

Les publications de Rossie Jean-Pierre mentionnées ci-dessous sont


disponibles sur les sites web :
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• Scribd : https://www.scribd.com/user/63524386/Jean-Pierre-Rossie

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Présentation PowerPoint avec 65 diapositives. Présentée lors de la fête

526
d’Achoura au Musée du Quai Branly, Paris, le 19 janvier 2008 – Les
commentaires pour ces diapositives se trouvent dans la publication
suivante.
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agraires séculaires et divertissement folklorique d’aujourd’hui. Notes
jointes à la présentation PowerPoint pour la fête d’Achoura au Musée du
Quai Branly, Paris, le 19 janvier 2008, 9 p. – A utiliser avec la
présentation PowerPoint précédente.
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531
Index des auteurs

Les références de l’index sont repérées avec la fonction recherche.

Adam
Amado
Amzil
Aumeeruddy-Thomas

Baker
Barron
Beeler
Ben Thabet
Blommaert
Borzakian
Brookshawn
Brougère

Campigotto
Camps
Castells
Chernaya
Chick
Corsaro

Daoumani
Dasen
Delalande
De Maret
de Suremain
Dounias

Eiselt
Eisenhauer

532
Fassoulas
Fleury
Friedmann

Garcia- Sánchez
Gélard
Goichon
Goldstein
Göncü
Gottlieb
Green
Gruber

Indigenous Childhoods and the Environment

Jariaa

Khanna
Kress

Lakhsassi
La nuit des masques
Langley
Laoust
Lazhar
Leichter-Saxby
Lester
Litster

Magalhães
Maggi
Manson
Maudsley
Muchnikov

533
Pache Huber
Pasquier
Playwork Partnerships
Pocklington
Portmann
Procopiou

Ravishankar
Razy
Renonciat
Rossie
Russell
Rufat

Said
Salzard
Sidéra
Simenel
Skukauskaite
Sundram

Ter Minassian

Vadeboncoeur
van Leeuwen
Vijay
Vlahos

Wolf

Yagou

534
Index géographique et ethnique

Les références de l’index sont repérées avec la fonction recherche.

Aït Jerrar
Aït Khebbach
Aït Simour
Amasin
Amazigh
Anti-Atlas
Aourir
Arabophone

Berbère, voir Amazigh


Bifourna
Bir Gandouz Jdid

Chemaia

Douar (Tan-Tan)
Douar Ouaraben

Goulmima
Guelmim

Idoubahman-Imjâd
Ifrane de l’Anti-Atlas
Igîsel
Ikenwèn
Imou Argan

Jbala

Lagzira
Lahfart

535
Loqlia

Mauritanie

Rif

Safi
Sahraoui
Sidi Abou
Sidi Bou Nakhla
Sidi Ifni

Tachelhit
Tan-Tan
Taroudannt
Temsamane
Terloulou
Tétouan
Timgrad
Tiznit
Tunisie

536

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