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Isabelle Beaumier

Les représentations sociales des parents d'accueil


concernant leur rôle
auprès des enfants et leur famille

Mémoire présenté
à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval
dans le cadre du programme de maîtrise en service social
pour l'obtention du grade de Maître en service social (M. Serv. Soc.)

ECOLE DE SERVICE SOCIAL


FACULTÉ DES SCIENCES SOCIALES
UNIVERSITÉ LAVAL
QUÉBEC

2011

Isabelle Beaumier, 2011


RESUME

Au Québec, la Loi sur la protection de la jeunesse tend à favoriser le lien entre


l'enfant et son parent d'origine dans le but ultime de les réunir à nouveau lorsque la
situation le permet. En date du 31 mars 2010, 11 181 enfants âgés de zéro à 17 ans
étaient placés dans différents milieux substituts au Québec, dont 59 % (6 583) en
familles d'accueil (Association des centres jeunesse du Québec, 2010). Le Québec
compte près de 5 000 ressources de type familial, soit des familles d'accueil
(Fédération des familles d'accueil du Québec, 2010). Elles doivent jouer un rôle aux
multiples facettes dont celui de favoriser les contacts avec la famille d'origine
(Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2002 : 16). Toutefois, il apparaît que
l'implication des parents d'accueil dans le maintien des contacts entre l'enfant et sa
famille d'origine est parfois problématique (Corser et Furnell, 1992; Hess, 1988;
Sanchiricio et Jablonka, 2000).

Ce mémoire s'intéresse aux représentations sociales du rôle de parent d'accueil


véhiculées dans le milieu des familles d'accueil. Dans cette démarche de type
exploratoire et de méthodologie qualitative, la collecte de données s'est effectuée
auprès de dix parents d'accueil (de familles d'accueil régulières ayant un minimum de
deux ans d'expérience). Le cadre théorique des représentations sociales soutient cette
recherche et deux techniques de collecte de données ont été utilisées : la technique
d'association libre et l'entrevue à questions ouvertes de type semi-structuré.

Les résultats suggèrent que les parents d'accueil sont centrés sur l'enfant dans
l'exercice de leur rôle et qu'ils s'attribuent un rôle de parent « normal » auprès de
celui-ci. Par ailleurs, selon les parents d'accueil, le rôle principal des parents d'origine
consiste à régler leur situation personnelle afin que l'enfant retourne dans son milieu
familial. Enfin, la collaboration entre les parents d'accueil et les parents d'origine est
parfois mitigée. Certaines expériences vécues par les parents d'accueil, ainsi que la
perception qu'ils en ont, s'avèrent déterminantes dans leur parcours. Ces résultats
sont discutés en lien avec la littérature pertinente et des pistes d'intervention et de
recherche sont proposées.
AVANT-PROPOS

Je ne sais pas s'il est réellement possible de trouver les mots qui pourront
exprimer avec exactitude toute la reconnaissance et la gratitude que je porte à l'égard
de plusieurs personnes qui m'entourent... moi qui suis si bien entourée par des
personnes exceptionnelles! Le mot merci reviendra sans cesse puisque je ne lui ai pas
trouvé de meilleur synonyme.

Mes premiers remerciements vont d'emblée aux parents d'accueil qui ont bien
voulu donner de leur précieux temps pour partager avec moi leur vécu et leurs
expériences; ils sont la base, le cœur et la richesse de ce mémoire. Merci, vous m'avez
beaucoup appris!

Le hasard (heureux hasard) a fait que, dans mon cheminement scolaire, j'ai
connu une personne aux qualités humaines exceptionnelles. Cette personne a accepté
dès le début de participer à mon projet de maîtrise, est devenue une collègue de travail
hors du commun et m'a tellement appris. Merci Marie-Claude pour ta compréhension
et cette si belle présence jour après jour! Tu as été une personne déterminante dans
mon cheminement scolaire et professionnel. Tu as fait en sorte de me rendre le monde
de la recherche convivial et accessible! À cette belle aventure, Claudine a bien voulu,
avec grande générosité, se joindre et m'accompagner alors que le parcours était
amorcé. Merci Claudine pour ta grande disponibilité, ta motivation, ton soutien et tous
les encouragements!

À vous mes amies, merci de faire partie de ma vie et d'en partager les moments
heureux comme ceux plus difficiles! Vous êtes toutes, chacune à votre façon, des
personnes exceptionnelles! Merci, Annie-Claude, Chantale, Élianne (Wakime),
Elizabeth, Isabelle et Mireille, mon « club select »! Savoir que je peux compter sur
chacune d'entre vous, peu importe le moment, ça n'a pas de prix.

Un merci tout particulier va à mes filleules, nièces et neveux pour leurs


sourires, leur intelligence et leurs yeux brillants. Ils ont plus d'une fois mis du soleil et
de la bonne humeur dans mes journées. Merci Jessica, Shaun, Samuel, Rosie, Emilie,
Kelly, Justine et Olivia! Je vous aime tant! Vous représentez ce qu'il y a de plus beau
dans la vie!
Un merci tout spécial et du fond du cœur va à ma grande sœur pour tous les
beaux moments passés ensemble et cette grande amitié que nous partageons! Merci à
mon grand frère qui, depuis que je suis toute petite, a pris le temps de me montrer, de
m'expliquer... tu es un pédagogue exceptionnel et tu as fait preuve à plus d'une reprise
d'une grande patience envers moi! Julie et Martin, vous êtes pour moi, et ce, depuis
toujours, des modèles exceptionnels de personnes droites, honnêtes et humaines. Nous
sommes à la fois si différents, mais aussi tellement complémentaires... je vous aime!

Éric, merci de m'avoir si bien accompagnée tout au long de cette grande


aventure! Merci d'être celui que tu es avec ton sens de l'humour et ta grande générosité.
Merci de m'avoir encouragée à tous moments et d'avoir toujours cette si grande
confiance en moi! Merci d'apprécier autant mes qualités que mes défauts! Je t'aime!

J'ai souhaité garder le mot de la fin pour mes parents, des personnes
exceptionnelles qui ont su, chacun à leur façon, me guider dans les diverses étapes de
ma vie. Merci d'être ceux que vous êtes, merci d'avoir été et d'être si présents pour
moi. Vos encouragements et votre soutien auront été d'un réconfort incroyable tout au
long de mes études! Maman, merci de cette présence constante et de cet amour
inconditionnel que tu portes à mon égard. Papa, tu ne pourras plus dire que ta petite
dernière est encore à l'école, mais tu peux maintenant être fier puisque tes enfants ont
tous fait des études dans le domaine qui les intéressait. Après avoir conclu cette belle
aventure qu'est la maîtrise, je crois bien que je vais aller faire un petit tour au Lac des
Pins! Ceux qui me connaissent bien savent toute l'importance qu'a cet endroit pour
moi... yahoo!!!
TABLES DES MATIÈRES

INTRODUCTION 1
CHAPITRE 1-PROBLÉMATIQUE 5
1.1. Objet d'étude 5
1.2. État des connaissances 9
1.2.1. Rôle du parent d'accueil 9
1.2.2. Relations entre le parent d'accueil et le parent d'origine 13
1.2.3. Formation et soutien des parents d'accueil 15
1.2.4. Fréquence des contacts entre l'enfant et le parent d'origine et la durée
du placement 16
1.3. Limites méthodologiques des études actuelles 18
1.4. Pertinence de l'étude 19
CHAPITRE 2 - CADRE THÉORIQUE DE LA RECHERCHE : LES REPRÉSENTATIONS
SOCIALES 21
2.1. Origine, définition et caractéristiques des représentations sociales 21
2.2. Fonctions des représentations sociales 23
2.3. Processus d'élaboration des représentations sociales 24
2.4. Contenu des représentations sociales 24
2.5. Pertinence du cadre théorique des représentations sociales dans l'analyse du
rôle des parents d'accueil auprès de l'enfant et du parent d'origine 26
2.6. Analyse des représentations sociales dans le cadre de cette recherche 27
CHAPITRE 3 - MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 29
3.1. Stratégie de recherche 29
3.2. Population à l'étude et échantillon de la recherche 30
3.3. Caractéristiques de l'échantillon de la recherche 32
3.4. Méthode et instrument de collecte de données 33
3.4.1. Méthode de collecte de données 33
3.4.2. Instrument de collecte de données 35
3.4.3. Thèmes abordés lors de l'entrevue 35
3.5. Analyse des données de recherche 36
3.6. Considérations éthiques de la recherche 37
CHAPITRE 4 - RÉSULTATS DESCRIPTIFS DE LA RECHERCHE 39
4.1. Champ : représentations sociales du rôle des parents d'accueil selon la
technique de l'association libre 39
4.1.1. Représentations sociales du rôle des parents d'accueil : la technique
d'association libre 40
4.1.2. Niveau d'importance du rôle et attitude des parents d'accueil 43
4.2. Champ : représentations du rôle de parent d'accueil selon l'analyse
thématique du discours des répondants 45
4.2.1. Motifs évoqués pour devenir famille d'accueil 45
4.2.2. Conception du rôle de parent d'accueil 50
4.2.3. Rôle du parent d'origine lors du placement 55
4.3. Information : le fonctionnement des familles d'accueil 58
4.3.1. Exercice des rôles entre les parents d'accueil et les parents d'origine 59
4.3.2. Types de contacts 61
4.3.3. Déroulement des contacts avec les parents d'origine 64
4.4. Attitude : les réactions à la suite des contacts 69
4.4.1. Réactions du parent d'accueil à la suite des contacts avec les parents
d'origine 70
4.4.2. Réactions de l'enfant à la suite des contacts avec les parents d'origine 71
4.4.3. Réactions du parent d'origine à la suite des contacts avec l'enfant et/ou le
parent d'accueil 74
4.5. Synthèse du chapitre : les points saillants 76
CHAPITRE 5 - ANALYSE ET DISCUSSION DES RÉSULTATS 79
5.1. Représentations des rôles du parent d'accueil et du parent d'origine : centrées sur
l'enfant 80
5.1.1. Rôle du parent d'accueil : un parent « normal » centré sur l'enfant 80
5.1.2. Rôle du parent d'origine : régler la situation à l'origine du placement de
l'enfant 83
5.1.3. Exercice des rôles entre les parents d'accueil et les parents d'origine : une
collaboration mitigée 85
5.2. Vécu des familles d'accueil : des expériences déterminantes, différents contacts et
des réactions significatives 88
5.2.1. Devenir famille d'accueil : la primauté de l'expérience de vie 88
5.2.2. Contacts : leur déroulement et leurs impacts 89
5.2.3. Réactions déterminantes 92
5.3. Définition du rôle des parents d'accueil et attentes des établissements : le rôle
attendu et la réalité 95
5.3.1. Rôle du parent d'accueil : la comparaison entre les représentations des
participants et les définitions formelles 95
5.3.2. Soutien et transmission du rôle attendu des familles d'accueil... et des
parents d'origine 97
5.3.3. Complexité du rôle de parent d'accueil : les attentes sont-elles toujours
réalistes? 100
5.4. Synthèse du chapitre : les points saillants 103
CONCLUSION : LIMITES ET RETOMBÉES 105
Limites de la recherche 105
Retombées de la recherche 105
En conclusion 106
BIBLIOGRAPHIE 109

ANNEXE A - Canevas d'entrevue qualitative aux parents d'accueil 117

ANNEXE B - Formulaire de consentement pour le parent d'accueil 121


Graphiques et tableaux

Tableau 1 Représentations sociales que se font les parents d'accueil de leur rôle 42
Graphique 1 Répartition des représentations sociales que se font les parents d'accueil de
leur rôle 43
Tableau 2 Niveau d'importance accordée aux mots associés à leurs représentations de
leur rôle 44
Tableau 3 Motifs évoqués pour devenir famille d'accueil 49
Graphique 2 Répartition des motifs évoqués pour devenir famille d'accueil 50
Tableau 4 Rôles en tant que parent d'accueil 55
Tableau 5 Rôles des parents d'origine lors du placement de leur enfant selon les
parents d'accueil 58
Tableau 6 Exercice des rôles entre les parents d'accueil et les parents d'origine 61
Tableau 7 Types de contacts entre le parent d'accueil, l'enfant et le parent d'origine 64
Tableau 8 Déroulement des contacts entre le parent d'accueil, l'enfant et le parent
d'origine 69
Tableau 9 Synthèse des réactions des parents d'accueil, des enfants et des parents
d'origine à la suite des contacts 76
INTRODUCTION

Dans l'offre de service en protection de la jeunesse, les familles d'accueil jouent


un rôle crucial en hébergeant des enfants provenant de familles qui vivent différentes
difficultés. Au Québec, la Loi sur la protection de la jeunesse (LPJ) tend à favoriser le
lien entre l'enfant et son parent d'origine dans le but ultime de les réunir à nouveau
lorsque la situation le permet. À ce sujet, les familles d'accueil doivent jouer un rôle
aux multiples facettes. Par exemple, ils doivent exercer certaines fonctions de
l'autorité parentale à titre supplétif (Centre jeunesse de Québec - Institut
universitaire, 2008; Fédération des familles d'accueil du Québec1, 2010); favoriser les
contacts avec la famille d'origine et toute autre personne significative dans la vie de
l'enfant (Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2002 : 16); collaborer avec les
intervenants et les professionnels (Centre jeunesse de Québec - Institut universitaire,
2003; Fédération des familles d'accueil du Québec, 2010; Ministère de la Santé et des
Services sociaux, 2010a; 2002). Toutefois, il apparaît que l'implication des parents
d'accueil dans le maintien des contacts entre l'enfant et sa famille d'origine est parfois
problématique (Corser et Furnell, 1992; Hess, 1988; Sanchiricio et Jablonka, 2000).
Ainsi, cette recherche s'intéresse aux représentations du rôle de parent d'accueil qui
sont véhiculées dans le milieu des familles d'accueil par les parents d'accueil. Qu'en
est-il dans ce milieu, de l'implication des parents d'accueil auprès des parents
d'origine? Quels rôles les parents d'accueil croient-ils devoir jouer auprès de l'enfant et
de sa famille d'origine? Quels rôles s'attribuent-ils spontanément? Les attentes des
établissements de protection de l'enfance quant au rôle du parent d'accueil sont-elles
conformes aux représentations sociales de ce rôle dans le milieu des familles d'accueil?

En 2000, le Groupe de travail sur la politique de placement en famille d'accueil


rapportait que : « Reconnaître la valeur de la contribution des familles d'accueil en
intervention jeunesse, c'est se doter des moyens pour être sensible à leur réalité et
c'est soutenir activement leur contribution au développement de l'enfant accueilli»
(p. 3). Dans le but de mieux les soutenir, les connaître davantage et intervenir
adéquatement, il est important de savoir quelles sont les représentations sociales du
rôle de parent d'accueil qui sont véhiculées dans le milieu des familles d'accueil. C'est

1
Depuis peu, cette fédération porte le nom de Fédération des familles d'accueil et ressources
intermédiaires du Québec.
Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

dans cette optique qu'il a été choisi, dans le cadre de ce mémoire, de se centrer sur les
rôles que les parents d'accueil croient qu'ils devraient jouer auprès de l'enfant et de sa
famille d'origine.

La question centrale de l'étude, qui s'inscrit dans une démarche de type


exploratoire et de méthodologie qualitative, est la suivante : quelles sont les
représentations sociales du rôle de parent d'accueil véhiculées dans le milieu des
familles d'accueil? Afin d'étudier cette question, dix parents d'accueil ont été
interviewés afin de mieux comprendre comment ces représentations influencent leur
manière de se comporter envers les enfants et leurs parents d'origine. Les résultats
permettent également de faire ressortir les similitudes et les contradictions entre les
représentations sociales véhiculées dans le groupe de parents interrogés et les attentes
de rôle provenant des centres jeunesse et des autres organismes affiliés (le ministère
de la Santé et des Services sociaux, l'Association des centres jeunesse du Québec et la
Fédération des familles d'accueil du Québec). Enfin, à partir des constats dégagés dans
la présente étude, des pistes d'intervention mieux adaptées au contexte du placement
sont suggérées.

Trois objectifs sont poursuivis dans ce mémoire de recherche : 1) identifier les


représentations sociales des parents d'accueil quant au rôle qu'ils croient devoir jouer
auprès des enfants et leur famille; 2) mieux connaître le fonctionnement de la famille
d'accueil et plus particulièrement en lien avec le déroulement des contacts entre
l'enfant et ses parents d'origine; 3) mettre en lien les représentations sociales que les
parents d'accueil se font de leur rôle et les comportements qu'ils adoptent dans la
famille et lors des contacts entre l'enfant et ses parents d'origine.

Le présent document comporte cinq chapitres. Le premier chapitre présente la


problématique du placement des enfants en famille d'accueil et du rôle joué par les
parents d'accueil auprès de l'enfant et des parents d'origine. Ainsi, l'objet d'étude et le
contexte de cette recherche sont présentés. Il est aussi question des différentes
recherches pertinentes portant sur le rôle du parent d'accueil; les relations entre le
parent d'accueil et le parent d'origine; la formation et le soutien des parents d'accueil;
la fréquence des contacts entre l'enfant et le parent d'origine et la durée du placement.
Ensuite, les limites méthodologiques de ces différentes recherches sont soulignées.
Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Finalement, tant sur le plan social que scientifique, la pertinence de cette étude
est exposée.

Dans le chapitre deux, le cadre théorique de cette recherche est présenté. Il est
question de l'origine, de la définition et des caractéristiques des représentations
sociales; de la fonction des représentations sociales; du processus d'élaboration des
représentations sociales; du contenu des représentations sociales. Pour conclure ce
deuxième chapitre, la pertinence d'utiliser le cadre théorique des représentations
sociales ainsi que leur analyse dans le cadre de cette recherche sont abordées.

Dans le chapitre trois, toutes les procédures liées à l'élaboration de ce mémoire


sont présentées, soit la méthodologie de la recherche. Il est question de la stratégie de
recherche; de la population à l'étude et de l'échantillon de recherche; des
caractéristiques de l'échantillon de recherche; de la méthode et de l'instrument de
collecte de données; des thèmes abordés lors de l'entrevue; de l'analyse des données et
des considérations éthiques de la recherche.

Dans le chapitre quatre, les résultats descriptifs de la recherche sont présentés.


Différents thèmes sont abordés en fonction du champ, de l'information et de l'attitude,
soit les trois dimensions qui constituent le contenu des représentations sociales.
Premièrement, le champ des représentations sociales du rôle des parents d'accueil est
exploré à partir de la technique de l'association libre puis à l'aide d'une analyse
thématique du discours des répondants. Deuxièmement, l'information liée au
fonctionnement des familles d'accueil est présentée. Troisièmement, il est question de
l'attitude à travers les réactions du parent d'accueil, de l'enfant et du parent d'origine
à la suite des contacts. Finalement, la synthèse des points saillants de ce chapitre est
présentée.

Dans le chapitre cinq, l'analyse et la discussion des résultats sont réalisées


autour de trois thèmes : les représentations des rôles du parent d'accueil et du parent
d'origine; le vécu des familles d'accueil en lien avec l'exercice de leur rôle; la définition
du rôle des parents d'accueil et les attentes des établissements. Finalement, la
synthèse des points saillants de ce chapitre est présentée.
Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Pour conclure ce mémoire, trois sections distinctes sont présentées.


Premièrement, les limites de la recherche sont abordées. Deuxièmement, les
retombées de la recherche sont soulignées. Finalement, la conclusion présente les
principaux aspects qui sont ressortis dans ce mémoire ainsi que des pistes de
recherches futures.
CHAPITRE 1
PROBLÉMATIQUE

Dans ce chapitre, la problématique du placement des enfants en famille


d'accueil et du rôle joué par les parents d'accueil auprès de ces derniers et de leurs
parents d'origine est exposée. Premièrement, l'objet d'étude est précisé. Deuxièmement,
il est question de l'état des connaissances sur le sujet à travers quatre thèmes, soit :
1) le rôle du parent d'accueil; 2) les relations entre le parent d'accueil et le parent
d'origine; 3) la formation et le soutien des parents d'accueil; 4) la fréquence des
contacts entre l'enfant et le parent d'origine et la durée du placement. Troisièmement,
les limites méthodologiques des études actuelles sont soulevées. Quatrièmement, tant
sur le plan social que scientifique, la pertinence de l'étude est exposée.

1.1. Objet d'étude


Selon le bilan des directeurs de la protection de la jeunesse, pour l'année
2009-2010, il y a eu 70 716 signalements, ce qui a touché 4,8 % de la population âgée
de zéro à 17 ans. De ces signalements, 43 % ont été retenus. Plus précisément, les
données sur le placement révèlent qu'au Québec, en date du 31 mars 2010, 11 181
enfants âgés de 0 à 17 ans étaient placés dans différents milieux substituts. Des
11 181 enfants placés, 59 % (6 583) ont été hébergés dans des familles d'accueil (Bilan
des directeurs de la protection de la jeunesse, 2010). Aussi, selon la Fédération des
familles d'accueil du Québec (2010), au Québec, il y a près de 5 000 ressources de type
familial, c'est-à-dire des familles d'accueil. Parmi tous les enfants hébergés dans les
différentes ressources d'hébergement, 5 090 font l'objet d'une mesure de placement
jusqu'à majorité en date du 31 mars 2008 (Association des centres jeunesse du
Québec, 2008).

À l'origine, « les soins d'accueil dans une famille étaient considérés comme une
opération de sauvetage afin d'enlever un enfant d'un milieu dangereux et négligent »2
(Sanchirico et Jablonka, 2000 : 186). Les parents d'accueil devenaient alors des
parents substituts. « La principale responsabilité de la famille d'accueil était de
fournir à l'enfant les expériences et les bénéfices d'un foyer adéquat afin qu'il

2
Traduction libre.
Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

grandisse et devienne un bon citoyen »3 (Sanchirico et Jablonka, 2000 : 187). Toutefois,


dans les années 80, le mouvement de la permanence des liens s'est développé et a fait
en sorte de modifier le rôle des parents d'accueil. L'importance de maintenir les liens
entre l'enfant et son parent d'origine est devenue prioritaire, les fonctions de base des
soins d'accueil ont été transformées et par ricochet, les rôles joués par les parents
d'accueil auprès de l'enfant et sa famille d'origine (Davis et Ellis-MacLeod, 1994 cités
dans Sanchirico et Jablonka, 2000; Maluccio, Warsh et Pine, 1993 cités dans
Sanchirico et Jablonka, 2000; Tucker et Hurl, 1992).

Au début des années 90, des attentes grandissantes émergent des services de
protection de l'enfance afin que les parents d'accueil puissent servir de soutien et de
modèles aux parents d'origine dans le processus de réunification familiale. Pour
réussir à accomplir ces tâches, il apparaît essentiel que les parents d'accueil
travaillent de très près avec les parents d'origine (Hess et Proch, 1993 cités dans
Poirier, 2000; Maluccio, Warsh et Pine, 1993 cités dans Sanchirico et Jablonka, 2000;
Oyserman et Benbenishty, 1992). Il est alors question d'une offre de service et d'une
aide à la réhabilitation pour le jeune et sa famille. Tout cela fait en sorte que les
parents d'accueil sont maintenant considérés comme des membres actifs dans l'équipe
d'offre de service (Davis et Ellis-MacLeod, 1994 cités dans Sanchirico et Jablonka,
2000; Maluccio, Warsh et Pine, 1993 cités dans Sanchirico et Jablonka, 2000;
Oyserman et Benbenishty, 1992; Tucker et Hurl, 1992).

Au Québec, les parents d'accueil sont considérés comme étant des partenaires
privilégiés du Directeur de la protection de la jeunesse (Ministère de la Santé et des
Services sociaux, 2010a) qui jouent un rôle actif et travaillent en collaboration avec les
intervenants et les professionnels des divers établissements (Centre jeunesse de
Québec — Institut universitaire, 2003; Fédération des familles d'accueil du Québec,
2010; Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2010a; 2002). Dans certains
centres jeunesse, le contrat que signent les familles d'accueil stipule qu'elles doivent
reconnaître que les parents d'origine restent « les premiers responsables d'assurer les
soins, l'entretien, l'éducation et la surveillance de leur(s) enfant(s) » (Centre jeunesse
de Québec - Institut universitaire, 2008 : 2), ce qui réfère à l'article 2.2 de la Loi sur la
protection de la jeunesse (LPJ) (Gouvernement du Québec, 2011). La famille d'accueil

3
Traduction libre.
Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

intervient de façon parentale, exerce certaines fonctions de l'autorité parentale à titre


supplétif et assure à l'enfant un milieu de vie familial (Fédération des familles d'accueil
du Québec, 2010; Centre jeunesse de Québec - Institut universitaire, 2008). Concernant
le parent d'origine, il prend les décisions majeures concernant, l'enfant (Ministère de la
Santé et des Services sociaux, 2010b) et a la responsabilité d'en assumer le soin,
l'entretien, l'éducation et la surveillance (article 2.2 de la LPJ, 2010). Dans la mesure
du possible, le parent d'origine participe de façon active à l'application des mesures,
ceci dans le but de mettre fin à la situation qui compromet la sécurité ou le
développement de son enfant, mais aussi pour éviter qu'elle ne se reproduise (article
2.3 de la LPJ, 2010). Ainsi, tant les parents d'accueil que les parents d'origine ont des
responsabilités et des rôles à jouer et à partager auprès de l'enfant placé.

Toujours au Québec, en 2007, des modifications sont apportées à la LPJ. Il est


question de « promouvoir la participation active de l'enfant et de ses parents aux
décisions et aux choix de mesure » en plus de « favoriser la continuité et la stabilité »
(Association des centres jeunesse du Québec, 2008: 9). Cette priorité pour la
continuité et la stabilité des enfants ainsi que la présence de délais maximaux de
placement se traduisent par l'importance d'élaborer un projet de vie permanent pour
chacun d'entre eux. Il est stipulé que le premier projet de vie à privilégier pour l'enfant
est de demeurer auprès de ses parents ou d'y retourner le plus rapidement possible
dès que la situation le permet. Ainsi, dans le contexte du placement en famille
d'accueil, le parent d'origine est encouragé à garder contact avec son enfant. « Depuis
quelques années, les familles d'accueil doivent transiger avec un nouvel acteur, soit le
parent d'origine : il garde beaucoup plus contact avec son enfant et il n'est pas toujours
heureux de voir ce dernier dans une autre famille » (Groupe de travail sur la politique
de placement en famille d'accueil, 2000 : 27).

Parmi les appuis à ces différentes orientations, il y a entre autres le fait que
l'implication parentale diminue la durée du placement ainsi que les placements
ultérieurs (Centre jeunesse de Québec - Institut universitaire, 2001; Fanshel, 1975;
Fanshel et Shinn, 1978 cités dans Proch et Howard, 1986; Fein, Maluccio, Hamilton et
Ward, 1983; Hess, 1988; Lawder, Poulin et Andrews, 1986; Milner, 1987; Poirier, 2000;
Seaberg et Tolley, 1986; Simard, 2007). Le contact entre l'enfant placé et sa famille
d'origine est maintenant considéré comme faisant partie intégrante de la plupart des
Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

plans de service. Par conséquent, il est attendu des parents d'accueil qu'ils facilitent et
encouragent toutes formes d'interactions entre l'enfant placé et ses parents d'origine
(Hess, 1988; Warsh, Pine et Maluccio, 1996 cités dans Sanchirico et Jablonka, 2000).

Bien que plusieurs professionnels qui offrent des services en protection de


l'enfance soient d'accord avec le fait que les parents d'accueil doivent participer
activement aux contacts entre l'enfant placé et ses parents d'origine, l'implication des
parents d'accueil reste problématique (Corser et Furnell, 1992; Hess, 1988; Sanchiricio
et Jablonka, 2000). Ce constat ressort de l'étude de Hess (1988) sur les visites des
parents à leur enfant dans les ressources d'hébergement. Les intervenants sociaux qui
ont participé à cette étude rapportent que les parents d'accueil jouent un rôle
important dans la détermination de la fréquence des visites entre les parents et les
enfants. Bien que les parents d'accueil jouent un rôle potentiellement positif, ils
auraient aussi un impact négatif sur la fréquence des visites comme en témoignent les
propos d'un intervenant : « nous n'aimons pas réduire la fréquence des visites, mais
nous le faisons parce que le parent d'accueil met assez de pression là-dessus, nous ne
voulons certainement pas perturber le placement » (Hess, 1988 : 316)4.

Ainsi, tous ces changements et modifications dans le contexte du placement des


enfants en famille d'accueil amènent le parent d'accueil à devoir non seulement
prendre soin de l'enfant, mais aussi à avoir des contacts sous diverses formes avec le
parent d'origine. Toutefois, alors que ces deux acteurs importants du placement sont
appelés à se côtoyer de près, il apparaît que les contacts entre eux ne se font pas
toujours sans difficulté (Groupe de travail sur la politique de placement en famille
d'accueil, 2000; Lee et Nisivoccia, 1989 cités dans Sanchirico et Jablonka, 2000;
Palmer, 1995, cité dans Sanchirico et Jablonka, 2000; Simms et Bolden, 1991). Le rôle
des parents d'accueil auprès des enfants et de leur famille, et plus spécifiquement celui
qu'ils jouent en lien avec les contacts des enfants avec leurs parents d'origine, mérite
donc d'être approfondi. En fait, ce sujet touche non seulement de nombreuses personnes
(enfants, parents d'origine, parents d'accueil, intervenants), mais il soulève également
des enjeux importants liés aux services offerts par les centres jeunesse et les familles
d'accueil. Enfin, il existe actuellement peu de connaissances sur ce rôle et encore
moins sur l'impact qu'il peut avoir sur les contacts entre l'enfant et sa famille d'origine.

4
Traduction libre.
Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

1.2. État des connaissances

Cette section porte sur les recherches réalisées à ce jour qui sont pertinentes
dans le cadre de ce mémoire. À la suite de la recension des différents écrits, quatre
grands thèmes sont ressortis : 1) le rôle du parent d'accueil; 2) les relations entre le
parent d'accueil et le parent d'origine; 3) la formation et le soutien des parents d'accueil;
4) la fréquence des contacts entre l'enfant et le parent d'origine et la durée de placement.

1.2.1. Rôle du p a r e n t d'accueil

Définitions de différents établissements. Pour définir le rôle de parent


d'accueil, la Fédération des familles d'accueil du Québec (2010) traite de ses fonctions,
de ses responsabilités et de son implication. Parmi ses fonctions, le parent d'accueil
intervient de façon parentale auprès de l'enfant tout en lui assurant un milieu
familial, ce qui englobe l'hébergement, les soins, l'entretien, la sécurité et l'éducation.
Il a la responsabilité de prendre des décisions en lien avec la vie courante de l'enfant
(sorties, heures de coucher, etc.). La famille d'accueil s'implique à travailler non
seulement en collaboration avec les intervenants, mais aussi, lorsque possible, avec les
parents d'origine de l'enfant (Fédération des familles d'accueil du Québec). Aussi, la
Fédération des familles d'accueil du Québec propose un code d'éthique à l'égard de la
famille d'accueil qui stipule, entre autres, les éléments suivants concernant les parents
d'origine : lorsque la situation le permet, la famille d'accueil doit favoriser leur
implication dans la vie de l'enfant dans l'exercice de leurs responsabilités parentales et
adopter une attitude respectueuse à leur endroit.

Ensuite, l'Association des centres jeunesse du Québec (2010), dans sa définition


du rôle de la famille d'accueil, estime qu'il consiste à fournir un milieu familial substitut
et à contribuer au développement physique, mental et affectif d'un enfant en besoins
de protection sociale ou de réadaptation. La famille d'accueil, lorsque la situation le
permet, doit aussi collaborer au retour de l'enfant dans son milieu familial d'origine.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux, pour sa part, estime que le


rôle des parents d'accueil comporte non seulement des responsabilités envers l'enfant
placé, mais aussi l'obligation de collaboration avec les intervenants (élaboration et
actualisation du plan d'intervention) et la famille d'origine (Ministère de la Santé et
10 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

des Services sociaux, 2010a). La famille d'accueil assume le quotidien de l'enfant


(garde, soin, éducation et surveillance) (Ministère de la Santé et des Services sociaux,
2010b) et travaille au maintien de son lien avec ses parents d'origine et toute autre
personne avec qui il a un lien significatif (Centre jeunesse de Québec - Institut
universitaire, 2003). La famille d'accueil doit pouvoir s'engager sur le plan affectif
auprès de l'enfant selon une durée variable et limitée (Centre jeunesse de Québec -
Institut universitaire, 2003). Ces rôles, obligations et responsabilités de la famille
d'accueil sont qualifiés d' « exigeants » et de « complexes » (Centre jeunesse de
Québec - Institut universitaire, 2003). Lors de l'évaluation d'une famille d'accueil
postulante, l'aspect de la capacité à collaborer avec la famille d'origine est important et
est évalué selon les éléments suivants : 1) la capacité à composer avec la famille
d'origine en la respectant et en évitant de la déprécier aux yeux de l'enfant;
2) l'aptitude à endosser le rôle de facilitateur entre l'enfant et sa propre famille à
l'occasion des sorties; 3) l'acceptation des sentiments positifs ou négatifs de l'enfant à
l'égard de ses parents; 4) la facilité à collaborer à la réinsertion familiale de l'enfant et
à croire en ses capacités d'expérimenter ses acquis en cours de processus de
réinsertion; 5) la capacité de reconnaître et de respecter les droits, les devoirs et les
responsabilités des parents (Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2002 : 16).

P a r e n t d'accueil d a n s l'exercice de son rôle. Dans l'exercice de leur rôle,


l'étude de Rhodes, Orme et McSurdy (2003) révèle que les parents d'accueil mettent
l'emphase sur leurs rôles parentaux, qu'ils considèrent comme un aspect primordial
dans leur fonction. Aussi, plusieurs parents d'accueil disent être davantage centrés sur
l'enfant plutôt que sur la famille d'origine (Bourgie, Ricard et Pelchat, 1998; Rhodes,
Cox, Orme et Coakley, 2006; Sanchirico et Jablonka, 2000). D'ailleurs, selon les parents
d'accueil, cette préoccupation profonde envers les enfants ferait partie des caractéristiques
qui facilitent le succès du placement (Buehler, Cox et Cuddeback, 2003).

D'autre part, les motifs évoqués par les parents d'accueil pour devenir familles
d'accueil sont révélateurs. Ils souhaitent améliorer la situation des enfants et leur
développement, ils prétendent agir par compassion, par altruisme ou encore rêvent
d'agrandir leur famille (Bourgie et, al., 1998; Dando et Minty, 1987; MacGregor, Rodger,
Cummings et Leschield, 2006). D'autres études rapportent le désir des parents
d'accueil de faire une différence dans leur communauté et d'aider les familles (Brown,
Les représentations sociales des parents d'accueil 11
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

2008; Cole, 2005). Aussi, certains parents d'accueil pensent que leur rôle doit se
poursuivre au-delà du placement en restant en relation avec l'enfant ou l'adolescent
alors que la mesure de son placement est terminée (Brown et Campbell, 2007).

Par ailleurs, différentes études soutiennent que les rôles et responsabilités des
parents d'accueil ne sont pas clairs et que ces derniers ont de la difficulté à expliquer
précisément en quoi consiste le rôle qu'ils devraient jouer auprès des enfants (Brown,
2008; Poirier, 2000; Poirier et Simard, 2006; Simms et Bolden, 1991; Steinhauer,
1996). Ce genre de constat s'observe également dans le cas de gens qui sont parents
d'accueil depuis de nombreuses années (Poirier, 2000). Certains parents d'accueil
démontrent aussi une ambiguïté par rapport à leur rôle auprès du parent d'origine
lors du placement de leur enfant (Bourgie et a l , 1998). Par exemple, bien que les
parents d'accueil spécifient que les enfants qu'ils hébergent ne sont pas les leurs, ils
acceptent souvent de se faire appeler « papa » et « maman » par l'enfant hébergé. Cette
ambiguïté quant au partage des responsabilités respectives entre les différentes
figures parentales peut avoir un impact sur la réponse aux besoins de ces enfants
(Poirier, 2000).

P a r t e n a r i a t . Dans l'étude de Sanchirico et Jablonka (2000), les auteurs


qualifient le parent d'accueil de « membre actif de l'équipe qui offre les services »5 et
mettent l'emphase sur l'importance de promouvoir cette implication. C'est d'ailleurs ce
que rapporte l'étude de Brown (2008) : les parents d'accueil estiment qu'un facteur
important au succès d'un placement est le fait qu'ils fassent partie de l'équipe et de
l'organisation des services de protection de l'enfance. Ces parents d'accueil veulent
aussi être informés des différentes politiques et procédures et avoir une relation
positive avec les agences de services de protection et les intervenants. Toutefois,
Berridge (1997, cité dans Fisher, Gibbs, Sinclair et Wilson, 2000) souligne que
différentes études mentionnent que les parents d'accueil sont souvent mal informés
par les travailleurs sociaux, peu impliqués dans les discussions et les planifications,
sont exclus des décisions et ne sont pas considérés comme des partenaires.

Les familles d'accueil rapportent également un manque aux plans du soutien


dans l'exercice de leurs rôles et dans la reconnaissance de leur statut de partenaire de

5
Traduction libre
12 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

l'intervention (Groupe de travail sur la politique de placement en famille d'accueil, 2000;


MacGregor et al., 2006; Paquette, 2002). En ce sens, MacGregor et ses collègues (2006)
rapportent un manque en ce qui a trait au support émotionnel, à la confiance et à la
bonne communication entre les parents d'accueil et les intervenants. Les parents
d'accueil ne se sentent pas considérés de la part de l'équipe de soins (MacGregor
et a l , 2006). Aussi, les parents d'accueil disent avoir besoin de pouvoir exercer un
certain contrôle en participant aux décisions qui affectent leur famille (Brown, 2008;
Brown et Bednar, 2006; Wulczyn, Kogan et Harden, 2003). Bien que les parents
d'accueil doivent composer avec les contre-coups de décisions qui sont prises à propos
de l'enfant qu'ils hébergent, plusieurs disent ne pas être consultés (Ouellette,
Charbonneau, Palacio-Quintin et Jourdan Ionescu, 2001). De plus, ils ne se sentent
pas écoutés ni considérés par rapport aux connaissances qu'ils ont des enfants et des
jeunes qu'ils hébergent (Berridge, 1997, cité dans Fisher et a l , 2000; Groupe de travail
sur la politique de placement en famille d'accueil, 2000; Ouellette et al., 2001;
Paquette, 2002).

Rôle du p a r e n t d'accueil et succès du placement. Dans différentes études


sur les facteurs favorables à la réussite du placement en famille d'accueil, les parents
d'accueil rapportent qu'ils doivent être guidés face aux besoins de l'enfant (Brown, 2008;
Brown et Calder, 2000; Sinclair et Wilson, 2003), organisés (Brown, 2008; Linares,
Montalto, Rosbruch et Li, 2006), flexibles (Brown, 2008; Schofield et Beek, 2005) et
capables de s'adapter aux changements inattendus (Brown, 2008; Wilson, Pétrie et
Sinclair, 2003). Le soutien financier apparaît aussi comme étant un facteur important
dans l'exercice de leurs rôles selon les parents d'accueil (Brown, 2008; Brown, Moraes
et Mayhew, 2005). Finalement, certaines études rapportent que les parents d'accueil
perçoivent les liens avec la famille d'origine des enfants comme étant un facteur
important au succès d'un placement (Brown, 2008; Brown et Calder, 2000; Griffin,
2005, cité dans Brown, 2008; Schofield et Beek, 2005). Toutefois, ils ne semblent pas
reconnaître qu'une des grandes responsabilités dans l'exercice de leurs fonctions est de
promouvoir, d'aider et de faciliter les liens entre les parents d'origine et l'enfant
(Bourgie et a l , 1998; Sanchirico et Jablonka, 2000). À ce titre, Steinhauer (1991)
rapporte que certains parents d'accueil disent subir beaucoup de pressions de la part
des établissements pour l'organisation et la facilitation des rencontres entre les
parents d'origine et les enfants.
Les représentations sociales des parents d'accueil 13
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

1.2.2. Relations entre le p a r e n t d'accueil et le p a r e n t d'origine

L'étude de Bourgie et ses collègues (1998) fait état d'une opinion souvent
critique du parent d'accueil par rapport à la famille d'origine des enfants qu'ils
prennent en charge. Le parent d'accueil rapporte, par exemple, des manifestations
d'abandon du parent d'origine face à son enfant ainsi qu'un détachement de l'enfant
pour ce dernier. Dans les faits, plusieurs parents d'accueil vivent de façon générale des
sentiments d'animosité à l'égard des parents d'origine et les perçoivent comme étant
abuseurs et/ou négligents en fonction des différents jugements rendus par la Cour et
les agences. Pour ces parents d'accueil, le contact entre l'enfant en situation
d'hébergement et ses parents d'origine est généralement associé à des tensions, du
stress, de l'hostilité et de la compétition (Corser et Furnell, 1992; Groupe de travail
sur la politique de placement en famille d'accueil, 2000; Lee et Nisivoccia, 1989 cités
dans Sanchirico et Jablonka, 2000; Ouellette et al., 2001; Oyserman et Benbenishty,
1992; Palmer, 1995, cité dans Sanchirico et Jablonka, 2000; Poirier et Simard, 2006;
Simms et Bolden, 1991).

Comparativement aux intervenants sociaux, les parents d'accueil seraient plus


hostiles à l'égard des parents d'origine d'enfants placés. C'est ce que révèlent les études
de Corser et Furnell (1992) et de George (1990) dans lesquelles des comparaisons sur
le plan des attitudes et des perceptions ont été faites entre les parents d'accueil et les
intervenants sociaux. En ce sens, Steinhauer (1991) traite du fait que, pour les parents
d'accueil, les contacts avec les parents d'origine peuvent mener à des perturbations
dans la famille d'accueil ainsi qu'à de la confrontation et des conflits autant avec
l'enfant qu'avec le parent. Les résultats de l'étude d'Erera (1997) apportent certaines
précisions par rapport aux propos des auteurs mentionnés précédemment. Bien que
les parents d'accueil expriment généralement des attitudes positives à l'égard des
parents d'origine et qu'ils ont la volonté de travailler avec ces derniers, les parents
d'accueil et les parents d'origine n'auraient que très peu de contacts directs entre eux.
La plupart des parents d'accueil ne sont généralement pas impliqués dans la vie des
parents d'origine et n'encouragent pas les visites avec l'enfant (Erera, 1997).

Aussi, un lien est fait entre les types de famille d'accueil et la qualité de la
relation avec la famille d'origine de l'enfant. À travers cette relation, les habiletés et
les capacités des parents d'accueil à s'impliquer dans la préservation du lien de
14 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

l'enfant qu'ils hébergent avec leurs parents d'origine sont analysées (Cautley, 1980,
cité dans Oyserman et Benbenishty, 1992; Dando et Minty, 1987; Downes, 1988). À ce
sujet, Oyserman et Benbenishty (1992) voient une différence dans la relation d'un
enfant placé en famille d'accueil avec son parent d'origine en fonction de l'existence ou
non d'un lien de parenté avec les parents d'accueil. Généralement, la relation entre la
famille d'origine et la famille d'accueil est meilleure lorsqu'il y a un lien de parenté.

D'autre part, les parents d'accueil adoptent un système de croyances à l'égard


des parents d'origine. Ce système de croyances vient déterminer, en partie, l'exercice
de leur rôle, la qualité de la relation parent-enfant et les conditions du développement
de l'enfant (Bourgie et a l , 1998; Miller, 1988; Rubin et Mills, 1992, cités dans Bourgie
et a l , 1998; Sigel, 1985, 1992, cité dans Bourgie et a l , 1998; Sigel, McGillicuddy-Delisi
et Goodnow, 1992 cités dans Bourgie et a l , 1998). Certaines croyances des parents
d'accueil à l'égard des parents d'origine, parfois erronées, peuvent venir modifier leur
façon de fonctionner lors du placement de l'enfant et pourraient faire en sorte de
compromettre le succès du placement (Gottesfeld, 1970, cité dans Bourgie et a l , 1998;
McCue Horwitz, Simms et Farrington, 1994; Rouyer et Laborey, 1978). Dans l'étude de
Ouellette et de ses collègues (2001), qui traite du placement selon la perception des
différents acteurs impliqués, il en ressort qu'il y a rarement la présence d'une alliance
entre le parent d'origine et la famille d'accueil et qu'il arrive plus fréquemment que le
parent d'origine soit marginalisé. En fait, près de 66 % des familles d'accueil disent
avoir différents contacts avec les parents d'origine (appels téléphoniques ou rencontres
en personnes), mais 20 % d'entre elles estiment que ces contacts ne sont pas
satisfaisants. Il y a donc lieu de croire que plusieurs familles d'accueil vivent des
difficultés lors de leurs contacts avec les familles d'origine. Les chercheurs de l'étude
observent également que les tensions entre la famille d'origine et la famille d'accueil
tendent à affaiblir le lien parent-enfant, favorisant ainsi un placement à long terme.

Toutefois, lorsque les relations sont positives entre les parents d'accueil et les
parents d'origine et que ces derniers s'acceptent mutuellement, il en ressort que les
contacts sont plus fréquents entre l'enfant et le parent d'origine (Brown et Campbell,
2007; Oyserman et Benbenishty, 1992; Poirier, 2000). Selon certains auteurs, la
relation entre la famille d'accueil et la famille d'origine influence les « patterns » de
visite (Oyserman et Benbenishty, 1992; Sanchirico et Jablonka, 2000). Lorsque les
Les représentations sociales des parents d'accueil 15
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

relations sont hostiles entre les parents d'accueil et les parents d'origine, il y a peu de
visites au domicile et moins de contact(s) téléphonique(s) entre l'enfant et son parent.
De plus, peu importe la forme de contact, il apparaît que la fréquence de ceux-ci est
reliée à la capacité de la famille d'accueil à être en relation avec les parents d'origine
(Oyserman et Benbenishty, 1992). Globalement, plusieurs recherches font état du fait
que les bonnes relations entre la famille d'accueil et la famille d'origine représentent
un atout de taille dans la réussite du placement et d'un éventuel processus de
réunification familiale (Brown et Campbell, 2007; Kufeldt, 1997 citée dans Poirier,
2000; McFadden et Downs, 1995; Simms et Bolden, 1991).

1.2.3. Formation et soutien des p a r e n t s d'accueil

Pour expliquer les sentiments d'hostilité vécus par les parents d'accueil liés aux
contacts entre l'enfant et le parent d'origine, Corser et Furnell (1992) émettent
l'hypothèse que les parents d'accueil ne seraient pas suffisamment préparés à gérer
ces contacts. Aussi, ils ne seraient pas sensibilisés à la signification de ce contact pour
l'enfant et le parent.

L'étude de MacGregor et ses collègues (2006) souligne l'importance d'améliorer


le support et la formation offerts aux parents d'accueil. En ce sens, les résultats de
Sanchirico et Jablonka (2000) démontrent que la combinaison d'un soutien continu et
d'une formation pour le parent d'accueil permet d'augmenter l'implication de ce
dernier dans le maintien des contacts et des liens entre l'enfant et son parent
d'origine. Les auteurs vont jusqu'à dire qu'on ne peut espérer l'implication des parents
d'accueil dans le maintien du lien entre l'enfant et son parent d'origine sans la
présence de soutien et de formation. Corser et Furnell (1992), pour leur part,
soulignent l'importance d'une formation adéquate pour le nouveau parent d'accueil et
d'une méthode de sélection rigoureuse de ce dernier. Finalement, différentes études
démontrent qu'un travail de réflexion est à faire par rapport à la formation des
familles d'accueil, à leur sélection et aux motifs qui les poussent à devenir parents
d'accueil (Bourgie et a l , 1998; Rhodes, Cox, Orme et Coakley, 2006).
16 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

1.2.4. F r é q u e n c e des contacts e n t r e l'enfant et le p a r e n t d'origine et la d u r é e


du placement

Fanshel et Shinn (1978, cités dans Proch et Howard, 1986) ont fait une étude
dans laquelle il a été observé que les enfants en famille d'accueil sont à risque de
perdre le contact avec leurs parents d'origine et que ce risque augmente avec le temps.
Il semblerait que les parents d'accueil ne soient pas toujours favorables aux contacts
entre l'enfant et le parent d'origine. Pourtant, les pratiques en matière de placement
tendent à favoriser l'implication du parent d'accueil dans les contacts entre l'enfant et
le parent d'origine.

Différents auteurs rapportent que les contacts entre l'enfant et son parent
d'origine contribuent au bien-être de l'enfant lors d'une situation de placement
(Bowlby, 1999; Cantos, Gries et Slis, 1997; Davis et Ellis-MacLeod, 1994 cités dans
Sanchirico et Jablonka, 2000; Davis, Landsverk, Newton et Ganger, 1996; Fanshel et
Shinn, 1978 cités dans Proch et Howard, 1986; Groupe de travail sur la politique de
placement en famille d'accueil, 2000; Hess, 1987, 1988; Oyserman et Benbenishty,
1992; Proch et Howard, 1986). Le Groupe de travail sur la politique de placement en
famille d'accueil (2000) rapporte que 73,6 % des jeunes maintiennent des contacts avec
leurs parents d'origine pendant le placement et que la presque totalité d'entre eux
estime que ce contact est agréable. Steinhauer (1991), pour sa part, parle plutôt de
sentiments mélangés, mais intenses, qui sont vécus par l'enfant lors des contacts avec
ses parents d'origine (excitation, bonheur, tristesse, sentiments de perte, colère et
culpabilité). Finalement, dans l'étude de Beaudry et Simard (2004) qui porte sur
l'évaluation d'un programme de visites supervisées, on rapporte que le parent
représente une personne importante et précieuse aux yeux de l'enfant, peu importe
son comportement lors des contacts.

Concernant les visites parentales, Oyserman et Benbenishty (1992 : 542) leur


attribuent deux fonctions principales : celles de « maintenir la relation parent-enfant
et les liens entre l'enfant et l'environnement de la famille d'origine tout en contribuant
à une éventuelle réunification familiale ». L'étude de ces deux chercheurs démontre un
lien entre la fréquence des contacts et le type de contact : s'il y a peu de visites entre
l'enfant et son parent, il y a aussi peu d'appels téléphoniques. À l'inverse, s'il y a des
visites régulières entre l'enfant et son parent, il y a aussi davantage de conversations
Les représentations sociales des parents d'accueil 17
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

téléphoniques entre eux. La présence et la fréquence élevée d'un type de contact


augmentent les chances qu'un autre type de contact ait lieu.

Ainsi, les visites parentales à l'enfant représentent un facteur de prédiction


important de la réunification familiale (Fanshel et Shinn, 1978 cités dans Proch et
Howard, 1986; Simard, 2007; Simms et Bolden, 1991). Simms et Bolden (1991), qui se
sont intéressés à ce sujet, rapportent les résultats suivants : 63 % des enfants étaient
visités activement par leur parent d'origine pendant la période de l'étude. De cette
portion, un an plus tard, 41 % des jeunes étaient retournés dans leur milieu familial
d'origine. Ce nombre chutait à 8 % des enfants lorsque ceux-ci n'avaient pas eu de
visites régulières de la part des parents d'origine pendant le placement. Ces résultats
indiquent que plus l'enfant a de contacts avec son parent d'origine et plus ces contacts
se font tôt dans l'histoire de placement, plus il y a des probabilités de réunification
familiale. À l'inverse, si le jeune n'a pas rapidement des contacts au début de son
placement, il y a davantage de risque que ceux-ci s'estompent jusqu'à ce qu'il n'y en ait
plus. Pour leur part, Barber et Delfabbro (2003) constatent que 35 % des jeunes visités
par leur parent d'origine sont retournés dans leur famille d'origine à l'intérieur d'une
période de quatre mois.

Tant au Québec qu'à l'extérieur de la province, les pratiques en lien avec les
contacts incitent fortement la mise en place d'un horaire de visites pour un jeune en
situation de placement. Les résultats des études de Proch et Howard (1986) et de
Barber et Delfabbro (2003) rapportent que des plans de visites sont établis dans
respectivement 70 % et 90 % des cas. Par contre, alors que Proch et Howard (1986)
mentionnent que les plans de visites établis sont respectés et qu'il n'y a pas de contacts
lorsqu'ils ne sont pas mis en place; Barber et Delfabbro (2003) mentionnent que
lorsque des plans de visites sont établis, ils ne sont pas nécessairement respectés et
que des contacts ont lieu dans 20 % des cas lorsqu'il n'y a pas de plan de visites. Selon
les auteurs, cela suggère que les intervenants sociaux sont conscients de l'importance
d'établir un plan de visites avec la famille. Toutefois, le plan de visites n'est pas
toujours respecté et des contacts ont parfois lieu sans qu'il y en ait un qui soit établi.

Finalement, la durée du placement est grandement influencée par le nombre de


contacts. En ce sens, la fréquence des visites est un fort prédicteur de la durée du
18 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

placement (Fanshel, 1975; Fein, Maluccio, Hamilton et Ward, 1983; Hess, 1988;
Lawder, Poulin et Andrews, 1986; Milner, 1987; Seaberg et Tolley, 1986). Plusieurs
recherches rapportent que plus il y a de contacts entre un enfant en situation de
placement et ses parents d'origine, plus la durée du placement risque d'être courte;
alors que la relation inverse est aussi vraie (Fanshel et Shinn, 1978 cités dans Proch
et Howard, 1986; Mech, 1985; Proch et Howard, 1986; Simms et Bolden, 1991). Mech
(1985) rapporte que, parmi les jeunes placés en famille d'accueil, 50 % d'entre eux
n'ont pas eu de visite de leurs parents pendant la période de l'étude. Lorsque les
jeunes reçoivent quatre visites et plus par période de trois mois, la durée de placement
moyenne est de 18,27 mois comparativement à 35,58 mois lorsqu'ils n'ont qu'une visite
pour la même période.

En somme, cette recension des écrits permet de faire ressortir les idées
suivantes : 1) il est important de maintenir les contacts entre l'enfant et ses parents
d'origine puisque ces contacts peuvent contribuer à réduire la durée de placement et à
faciliter la réunification familiale; 2) un des facteurs qui influencent ces contacts est le
rôle assumé par les familles d'accueil; 3) or, il semble y avoir une certaine ambiguïté
sur ce plan, car la conception de ce rôle varie selon les interlocuteurs (Ministère de la
Santé et des Services sociaux, centre jeunesse, famille d'accueil).

1.3. Limites méthodologiques des études actuelles


Parmi les limites des études actuelles, celles qui traitent de la perception des
parents d'accueil ont des échantillons quasiment exclusivement composés de femmes
(Dando et Minty, 1987; Ouellette et a l , 2001; Simms et Bolden, 1991), ce qui
représente une limite au plan de la représentativité. Bien qu'officiellement les familles
d'accueil sont initiées et dirigées dans la grande majorité par des femmes, les conjoints
de celles-ci sont souvent des acteurs présents et importants dans la dynamique du
placement. Aussi, certaines études faites à partir de gros échantillons et dont les
analyses sont quantitatives (Mech, 1985; Proch et Howard, 1986; Rhodes, Cox, Orme
et Coakley, 2006; Sanchirico et Jablonka, 2000) permettent de rapporter un portrait de
la situation à un moment donné, mais ne peuvent traiter de celui-ci en profondeur.

D'autre part, certaines études se font à partir de banques de données


administratives (Brown et Campbell, 2007; Groupe de travail sur la politique de
Les représentations sociales des parents d'accueil 19
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

placement en famille d'accueil, 2000; Mech, 1985; Ouellette et al., 2001; Rhodes
et al., 2006;). Cela a pour avantage d'avoir accès rapidement à une foule de
renseignements. Par contre, le chercheur n'utilise pas des données de recherche;
ce sont plutôt des données provenant de différents intervenants, entrées dans les
systèmes reliés aux différentes organisations. Ainsi, le chercheur ne peut contrôler
l'entrée des données et leur provenance, la pertinence et la rigueur des informations
contenues.

Dans un autre ordre d'idée, des études traitent des contacts entre l'enfant placé
et le parent d'origine (Barber et Delfabbro, 2003; Mech, 1985; Oyserman et
Benbenishty, 1992; Proch et Howard, 1986; Simms et Bolden, 1991) alors qu'il y en a
peu sur les rôles des parents d'accueil (Poirier, 2000). Aussi, il n'est pas simple de
vouloir interroger tous les acteurs impliqués lors du placement et de tenter de
rassembler leurs propos dans un tout cohérent (Groupe de travail sur la politique de
placement en famille d'accueil, 2000). Cela suggère la pertinence de concentrer les
études qualitatives sur une seule catégorie d'acteur du placement à la fois tel que le
parent d'accueil.

Aussi, l'étude d'Erera (1997) a été réalisée auprès de parents d'accueil qui
vivent en Israël, soit dans une culture bien différente de celle en Amérique du Nord
(Canada et États-Unis). Finalement, l'étude de Fanshel et Shinn (1978, cités dans
Proch et Howard, 1986) a été réalisée il y a plus de 30 ans. Il est possible que le
contexte dans lequel cette étude a été réalisée, différent de celui d'aujourd'hui, fasse en
sorte que les résultats obtenus ne reflètent plus la réalité actuelle.

1.4. Pertinence de l'étude


« La plupart des pays reconnaissent maintenant l'importance primordiale de la
famille dans la socialisation des enfants et des jeunes et se donnent comme objectif de
la soutenir et de la renforcer dans l'accomplissement de ce rôle fondamental » (Groupe
de travail sur la politique de placement en famille d'accueil, 2000: 1). Lorsque la
famille d'origine ne peut plus prendre soin de façon adéquate de l'enfant, au Québec, la
Direction de la protection de la jeunesse a le mandat de trouver un milieu approprié
pour le développement sain de l'enfant telle qu'une famille d'accueil. Cette dernière
représente « un actif précieux et une ressource d'une très grande valeur dont on ne
20 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

saurait se passer » (Fédération des familles d'accueil du Québec, 2010; Groupe de


travail sur la politique du placement en famille d'accueil, 2000). À titre d'exemple, un
document interne du Centre jeunesse de Québec - Institut universitaire (2009) fait
état : 1) d'une diminution constante de la banque des familles d'accueil régulières;
2) des difficultés de recrutement des familles d'accueil. Ce constat se généralise et
représente un problème majeur pour l'ensemble des provinces et des territoires
canadiens (Ligue pour le bien-être de l'enfance du Canada, 2011). Ces difficultés sont
attribuées aux changements démographiques et aux facteurs sociaux survenus dans
les 25 dernières années.

Au plan scientifique, dans ce contexte, des auteurs traitent de l'importance d'un


partenariat entre les différents acteurs qui gravitent autour de l'enfant, soit le parent
d'origine, le parent d'accueil et l'intervenant (Brown, 2008; Groupe de travail sur la
politique de placement en famille d'accueil, 2000; Oyserman et Benbenishty, 1992;
Poirier, Simard, Dumont et Richard, 2005; Proch et Howard, 1986; Sanchirico et
Jablonka, 2000). Très peu d'études se sont penchées sur les représentations sociales
des parents d'accueil en ce qui concerne le rôle qu'ils croient devoir jouer auprès des
enfants et leur famille d'origine (Brown et Campbell, 2007; Groupe de travail sur la
politique de placement en famille d'accueil, 2000). Depuis quelques années, une
tendance à vouloir interroger les jeunes placés est observée (Conseil permanent de la
jeunesse, 2004; Ouellette et al., 2001; Poirier et al., 2005). Bien qu'il faille continuer les
travaux en ce sens, il importe de poursuivre le développement des connaissances par
rapport au vécu des parents d'accueil afin de pouvoir mieux les soutenir (Groupe de
travail sur la politique de placement en famille d'accueil, 2001; Ouellette et al., 2001;
Poirier, 2000).
CHAPITRE 2
CADRE THÉORIQUE DE LA RECHERCHE :
LES REPRÉSENTATIONS SOCIALES

Le présent chapitre porte sur la présentation du cadre théorique qui vient


soutenir cette recherche, celui des représentations sociales. Premièrement, il est
question de l'origine, de la définition et des caractéristiques des représentations
sociales. Deuxièmement, les fonctions des représentations sociales sont présentées.
Troisièmement, il est question du processus d'élaboration des représentations sociales.
Quatrièmement, le contenu des représentations sociales est présenté. Cinquièmement,
il est question de la pertinence d'utiliser le cadre théorique des représentations
sociales dans l'analyse du rôle des parents d'accueil auprès de l'enfant et du parent
d'origine. Sixièmement, l'analyse des représentations sociales dans le cadre de cette
recherche est présentée.

2.1. Origine, définition et caractéristiques des représentations sociales


Le terme représentation, sociale trouve ses racines dans la sociologie à travers
les propos de l'auteur Durkheim (1895), le premier à avoir traité de cette notion. Il a
abordé le thème des « productions mentales sociales » lors d'une étude sur l'idéation
collective (Jodelet, 1994). En 1961, c'est Serge Moscovici qui a repris cette notion et a
contribué à jeter les bases théoriques en lien avec les dynamiques cognitives et
sociales. Par la suite, ce sont différents auteurs dont Jodelet, Doise, Abric, Rouquette,
Holton, Flament, Guimelli et Grize, qui ont développé, fait évoluer et précisé la théorie
des représentations sociales (Guimelli, 1994).

Moscovici définit les représentations comme étant :

« Des systèmes de valeurs, des idées et des pratiques dont la


fonction est double : en premier lieu, établir un ordre qui permettra aux
individus de s'orienter et de maîtriser leur environnement matériel,
ensuite faciliter la communication entre les membres d'une communauté
en leur procurant un code pour désigner et classifier les différents
aspects de leur monde et de leur histoire individuelle et de groupe »
(1961; cité dans Jodelet, 1994 : 243).
22 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

La représentation sociale est donc « une forme de connaissance courante, dite


de sens commun » (Jodelet, 1993 : 22) qui a comme caractéristique d'être produite à
travers différents processus à caractère social (Guimelli, 1994). En plus d'être
socialement élaborée et partagée, la représentation sociale permet à l'individu et au
groupe de construire la réalité telle qu'ils l'interprètent (Jodelet, 1994).

La représentation sociale regroupe trois caractéristiques essentielles : elle est


élaborée et partagée socialement; elle permet d'organiser, de maîtriser son
environnement et d'orienter les conduites et les communications; finalement, elle
amène une vision de la réalité propre à un ensemble social ou culturel. « La
représentation est toujours en lien avec la représentation de quelque chose, que cet
objet soit réel, incertain ou fictif» (Jodelet, 1993 : 22). « Il s'agit donc de l'ensemble des
connaissances, des croyances, des opinions partagées par un groupe à l'égard d'un
objet social donné » (Guimelli, 1994 : 12). Les représentations sociales permettent ainsi
de régir notre relation au monde et aux autres, de diffuser et d'assimiler les
caractéristiques qui en découlent (Jodelet, 1994).

La représentation se veut essentiellement sociale puisqu'elle résulte « d'un


ensemble d'interactions sociales spécifiques » et « est partagée par les individus d'un
même groupe » (Guimelli, 1994: 13). Ce sont deux dimensions, le contexte et
l'appartenance, qui rendent la représentation « sociale » : elle émerge d'une situation
sociale (contexte) et est influencée par des idées, des valeurs et des modèles provenant
d'un groupe d'appartenance (Moscovici, 1992). Pour le sujet ou le groupe qui élabore la
représentation, cette dernière permet de définir les objectifs, les méthodes pour les
atteindre et oriente les comportements (Moscovici, 1992).

La représentation est à l'image de la personne, d'un sujet qui perçoit et


intervient dans le monde dans lequel il vit. Ainsi, « la représentation sociale se situe à
l'interface du psychologique et du social, de l'individu et du collectif» (Jodelet, 1993 :
22). Elle permet à l'individu et au groupe de reconstituer le réel auquel il est confronté
en lui attribuant une signification spécifique (Abric, 1994). « La représentation est
donc un ensemble organisé d'opinions, d'attitudes, de croyances, d'informations se
référant à un objet ou une situation » (Abric, 1994 : 188). Elle émerge d'un ensemble
complexe formé par l'histoire et le vécu individuel, mais aussi du système social et
Les représentations sociales des parents d'accueil 23
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

idéologique dans lequel ils existent, sans oublier des liens qui se tissent entre ces
éléments (Abric, 1994).

2.2. Fonctions des représentations sociales


Selon Abric (1994), les représentations sociales répondent à quatre fonctions
essentielles dans les relations sociales et les pratiques. Premièrement, elles ont une
fonction de savoir : elles permettent tant à l'individu qu'au groupe de comprendre et
d'expliquer la réalité à travers un savoir dit de sens commun. Deuxièmement, elles ont
une fonction identitaire : elles viennent traduire les caractéristiques propres à un
ensemble d'individus pour mieux définir leur identité. Troisièmement, elles ont une
fonction d'orientation : elles guident les comportements et les pratiques puisqu'elles
deviennent en quelque sorte un filtre pour les différents éléments vécus et orientent
les conduites. Quatrièmement, elles ont une fonction justificatrice : elles permettent de
justifier les prises de position et les comportements dans les différentes situations.

De plus, selon Moscovici (1961) et Jodelet (1991), les représentations sociales


ont à la fois une fonction de communication, de symbolisation et d'interprétation de
l'objet. « Cet ensemble de symbolisations et de significations résulte d'une activité
mentale qui conduit le sujet à une production particulière et donc à une construction
spécifique de l'objet» (Jodelet, 1991 : 12). Ainsi, la représentation sociale est en fait le
fruit d'une reconstruction du réel, d'un « remodelage mental » de l'objet qui permet de
donner une signification concrète à la réalité (Guimelli, 1994). Puisqu'elle est de
nature dynamique, la représentation sociale peut se transformer, rapidement ou
progressivement (Guimelli, 1994).

Pour sa part, Doise (1996; 1990; cité dans Guimelli, 1994) confère la fonction de
principes générateurs aux représentations sociales, permettant une prise de position
liée à un ensemble de rapports sociaux. Certaines variations quant aux prises de
position, voire des divergences, s'expliquent par le fait que les représentations sociales
sont activées dans des contextes sociaux ou relationnels particuliers (Guimelli, 1994).
24 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

2.3. Processus d'élaboration des r e p r é s e n t a t i o n s sociales

Deux processus cognitifs complémentaires permettent aux individus de former


les représentations sociales : l'objectivation et l'ancrage (Doise, 1990; cité dans
Guimelli, 1994; Jodelet, 1994). L'objectivation est un processus en lien direct avec le
fonctionnement de la pensée sociale qui « simplifie les éléments d'informations relatifs
à l'objet, concrétise les notions en faisant correspondre des choses aux mots et surtout,
les résume à grand trait à partir d'une logique qui reste interne au groupe » (Guimelli,
1994 : 13). L'information qui émane de ce processus crée ce que Moscovici appelle « le
noyau figuratif» composé d'éléments qui forment un ensemble cohérent et imagé, qui
rendent concret ce qui est abstrait (Guimelli, 1994).

L'ancrage, pour sa part, se définit comme étant l'enracinement social de la


représentation. « La construction de la représentation d'un objet nouveau pour le sujet
s'opère en référence à des croyances, à des valeurs et à des savoirs qui préexistent et
qui sont dominants dans son groupe » (Guimelli, 1994 : 14). Lorsque l'objet fait sens, il
est intégré dans « un réseau de signification constitué par la hiérarchie des valeurs
saillantes dans les groupes sociaux ou, plus généralement, dans la société » (Guimelli,
1994 : 14).

2.4. Contenu des r e p r é s e n t a t i o n s sociales

Selon Moscovici (1961), les représentations sociales se construisent à l'aide de


trois dimensions : l'attitude (dimension attitudinale), le champ (dimension structurale)
et l'information (niveau d'information). Jodelet (1994) a regroupé ces trois dimensions
sous l'appellation de « contenu des représentations ». Abric, pour sa part, définit le
contenu des représentations sociales comme étant un « ensemble organisé et
hiérarchisé des jugements, des attitudes et des informations qu'un groupe social donné
élabore à propos d'un objet » (1994 : 11). Ce contenu est varié puisqu'il peut être formé
autant d'opinions, d'images, de croyances, de stéréotypes que d'attitudes (Roussiau et
Bonardi, 2001) et provient des propos de sujets amenés à se prononcer par rapport à
certains objets de représentations sociales (Abric, 2003).

La première dimension, l'attitude ou dimension attitudinale, est une notion qui


provient de la psychologie sociale qui se définit comme étant un mécanisme
Les représentations sociales des parents d'accueil 25
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

psychologique en lien avec les valeurs sociales (Jodelet, 1994). « Il s'agit d'une position
spécifique que l'individu occupe sur une dimension ou plusieurs dimensions
pertinentes pour l'évaluation d'une entité sociale donnée » (Jodelet, 1994 : 222). Selon
Roussiau et Bonardi (2001), l'attitude constitue « une prise de position sélective,
cohérente et structurée qui exprime l'orientation générale, positive ou négative, vis-à-
vis de ce qui est représenté» (p. 16) et se résume à une « position evaluative vis-à-vis
de l'objet de représentation » (p. 15). Les attitudes, qui peuvent se modifier en fonction
d'expériences personnelles, font partie intégrante et sont empreintes de l'histoire de
l'individu (Moscovici, 1994). Comme le rapporte Moscovici, « les attitudes naissent,
disparaissent et se transforment » (1994: 92) à travers différents processus
d'acquisition et de changement. L'attitude est essentielle dans l'élaboration de la
représentation puisque cette dernière se construit à partir des prises de position, ce
qui crée un lien très fort entre la représentation et l'attitude (Moscovici, 2002). Les
prises de position individuelles, mais aussi partagées peuvent, en fonction de certaines
conditions, changer de sens et d'intensité pour amener un changement d'attitude
(Moscovici, 1992).

La deuxième dimension, le champ des représentations ou image, réfère à la


manière dont les représentations sont organisées (images), aux facteurs qui
déterminent cette organisation (déterminant par exemple les facteurs
socioéconomiques) et à sa transformation éventuelle (Abric, 1994). Les images que se
font les sujets par rapport à l'objet se sont formées à partir de l'information qu'ils
avaient par rapport à l'objet. Lorsque ces images apparaissent, elles influencent à leur
tour les informations que les sujets retiennent à propos de l'objet. Il y a donc un double
processus qui est en cours, l'information étant organisée sous forme d'image et l'image
contribuant à l'organisation de l'information.

La troisième dimension de la représentation sociale, l'information, représente le


niveau d'information qu'a le sujet ou le groupe par rapport à l'objet (Roussiau et
Bonardi, 2001). L'information sous-jacente à une représentation sociale n'a ni besoin
d'être élevée ni objective. Pour vérifier le niveau d'information par rapport à un objet
donné, il suffit de poser quelques questions de connaissances (Roussiau, et Bonardi, 2001).
26 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

2.5. Pertinence du cadre théorique des représentations sociales dans


l'analyse du rôle des parents d'accueil auprès de l'enfant et du
parent d'origine
Dans cette recherche qualitative, le cadre théorique des représentations
sociales permet de mieux comprendre la réalité telle que vécue et perçue par les
parents d'accueil. Le savoir acquis par des gens au quotidien peut ainsi être traduit
sur le plan scientifique. La représentation est un outil qui permet de mieux connaître
les objets sociaux. Non seulement les objets de représentations sont analysés, mais
aussi le regard porté par la personne ou le groupe de personnes sur cet objet (Gamier
et Doise, 2002). La représentation informe et explique la nature des liens sociaux et
les relations des individus à leur environnement social (Abric, 1994). L'analyse des
représentations sociales des parents d'accueil permet de développer des connaissances
approfondies à partir de leur vécu, de transformer le savoir commun en un savoir
scientifique.

Dans ce mémoire, l'intérêt se situe sur le plan des éléments qui contribuent à
l'élaboration des représentations du rôle des parents d'accueil auprès des enfants et de
leur famille selon la perspective des parents d'accueil. Il est question de la façon dont
s'organisent et se traduisent ces éléments dans l'exercice du rôle de parent d'accueil,
tout particulièrement au cours des visites et/ou des contacts qui ont lieu entre l'enfant
et ses parents d'origine. Le cadre théorique des représentations sociales permet
d'établir des liens entre les représentations sociales des parents d'accueil et les
comportements qu'ils adoptent dans la famille et lors des visites entre l'enfant et ses
parents d'origine.

Comme mentionné précédemment, les représentations sociales répondent à


différentes fonctions dans les relations sociales et les pratiques, soit des fonctions de
savoir et d'identité ainsi que des fonctions d'orientation et de justification des
comportements. Premièrement, ce cadre théorique permet de mieux comprendre la
réalité vécue par les parents d'accueil lors d'un placement. Deuxièmement, il permet
de traduire avec précision les caractéristiques propres et distinctives du rôle que les
parents d'accueil croient devoir jouer et ainsi, d'en révéler l'identité. Troisièmement, le
cadre théorique des représentations sociales permet de voir les orientations que
prennent les parents d'accueil dans l'exercice de leur rôle. Quatrièmement, les
Les représentations sociales des parents d'accueil 27
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

représentations sociales des parents d'accueil viennent justifier leurs prises de


position, les actes et les comportements qu'ils adoptent dans l'exercice de leur rôle. Les
représentations des parents d'accueil de leur rôle peuvent ainsi se traduire par
différents comportements et expliquer certaines modifications de leurs pratiques
auprès de l'enfant et du parent d'origine.

Ainsi, il apparaît pertinent de se pencher sur les représentations sociales du


rôle joué par les parents d'accueil auprès des enfants, plus spécifiquement dans le
maintien des contacts entre les enfants et leurs parents d'origine. Ceci permettra de
mieux comprendre les positions et les comportements adoptés par les parents d'accueil
dans ce contexte. Aussi, cette recherche permettra de faire ressortir d'éventuelles
similarités ou contradictions entre les rôles attendus de la part des différents
établissements, dont les centres jeunesse, et les représentations sociales que se font les
parents d'accueil de leur rôle. Ceci pourrait venir influencer la formation et le soutien
qu'offrent les centres jeunesse aux parents d'accueil. Aussi, alors que des études font
des liens entre la fréquence des visites du parent d'origine à son enfant et les chances
que ce dernier retourne dans sa famille d'origine (Barber et Delfabbro, 2003;
Mech, 1985; Simard, 2007; Simms et Bolden, 1991); il semble que, très souvent, le
parent d'accueil vive des tensions lors de ses relations avec le parent d'origine, ce qui
l'incite parfois à le marginaliser et à l'exclure de la situation. Ainsi, l'analyse des
représentations sociales que se font les parents d'accueil par rapport au rôle qu'ils
jouent lors de ces contacts représente une occasion de mieux comprendre cette réalité.

2.6. Analyse des représentations sociales dans le cadre de cette


recherche
Dans la présente recherche, les représentations sociales que se font les parents
d'accueil de leur rôle auprès des enfants et de leur famille sont analysées en fonction
de leur contenu et de leur organisation. Cette analyse permet de faire ressortir la
signification que les participants attribuent à l'exercice de leur rôle comme parent
d'accueil, de regrouper et classer les différentes informations obtenues (Abric, 2003).
Ainsi, il est question de vérifier : 1) Quelles sont les connaissances (information) qu'ont
les parents d'accueil par rapport au rôle qu'ils doivent jouer auprès des enfants et de
leur famille? 2) Quelles attitudes (positives ou négatives) les parents d'accueil ont-ils
par rapport au rôle qu'ils doivent jouer auprès des enfants et leur famille?
28 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

3) Comment s'organisent toutes les informations qu'ils possèdent (le champ ou image)
en lien avec le rôle qu'ils doivent jouer dans leur quotidien? 4) Quels sont les liens
existants entre les représentations sociales et les comportements que les parents
d'accueil adoptent auprès des enfants et de leur famille? Enfin, les représentations
sociales des parents d'accueil à propos de leur rôle sont étudiées en fonction des
attentes et des différentes définitions du rôle de parent d'accueil selon les
établissements de protection. Les différences et les similitudes entre ces deux milieux
(familles d'accueil versus centres jeunesse) sont également examinées afin de ressortir
les difficultés possibles dans l'exercice du rôle de parent d'accueil. Ainsi, ce mémoire
tente d'apporter un éclairage à ces différentes questions.
CHAPITRE 3
MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

Dans ce chapitre, il est question du déroulement et des procédures qui ont


permis de réaliser cette recherche. Premièrement, les objectifs généraux, le type de
recherche réalisée, l'orientation méthodologique, le modèle et la démarche de
recherche sont présentés. Deuxièmement, le choix de la population à l'étude et des
participants est décrit. Troisièmement, les caractéristiques des participants de la
présente recherche sont précisées. Quatrièmement, la méthode de l'entrevue,
l'instrument ayant permis de réaliser la collecte de données ainsi que les thèmes
abordés sont présentés. Cinquièmement, la méthode employée pour analyser les
données de recherche est détaillée. Finalement, dans la sixième et dernière partie de
ce chapitre, il est question des considérations éthiques de la recherche.

3.1. Stratégie de recherche


Dans un premier temps, trois objectifs généraux sont visés dans ce mémoire :
1) Identifier les représentations sociales des parents d'accueil quant au rôle qu'ils
croient devoir jouer auprès des enfants et leur famille; 2) Aborder le fonctionnement de
la famille d'accueil particulièrement au cours des visites et/ou des contacts qui ont lieu
entre l'enfant et ses parents d'origine; 3) Établir des liens entre les représentations
sociales des parents d'accueil et les comportements qu'ils adoptent, dans la famille et
lors des visites entre l'enfant et ses parents d'origine.

Cette recherche de méthodologie qualitative a pour but de mieux comprendre la


réalité que vivent les parents d'accueil selon leur perspective, à partir de leurs
représentations sociales. La recherche qualitative permet de parvenir à une
compréhension approfondie de leur situation en mettant l'accent sur leurs expériences
quant à leur rôle (Mayer, Ouellet, Saint-Jacques et Turcotte, 2000).

Cette démarche s'inscrit dans un modèle inductif puisque les propos de


personnes directement touchées par une situation sont recueillis afin de dégager
certains constats. Comme il s'agit, au Québec, d'une première étude sur les
représentations sociales des parents d'accueil par rapport à leur rôle, il est d'abord
30 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

question d'acquérir des connaissances sur le sujet. Les propos de ces personnes étant
difficilement quantifiables, cela permettra de rassembler et de comparer les
expériences qu'ils vivent dans leur quotidien en tant que parent et famille d'accueil
(Deslauriers, 1991). Cette population, souvent peu interrogée, aura l'occasion de
s'exprimer quant au rôle qu'elle croit devoir jouer auprès de l'enfant placé et de ses
parents d'origine.

Aussi, ce projet de recherche s'inscrit dans une démarche exploratoire puisqu'il


est question d'amorcer un développement des connaissances sur le plan des
représentations sociales qu'ont les parents d'accueil par rapport aux différentes
facettes d'un rôle qu'ils partagent avec les parents d'origine des enfants qu'ils
hébergent. Il ne s'agit pas d'en arriver à dégager des hypothèses (Mayer et a l , 2000),
mais plutôt de dégager des pistes pour de futures recherches (Deslauriers, 1991).

3.2. Population à l'étude et échantillon de la recherche


La population à l'étude est celle des parents de famille d'accueil régulière, soit
les responsables d'une ressource de type familial dans le cadre des services offerts
dans les centres jeunesse. Les ressources de type familial, selon la Loi sur les services
de santé et les services sociaux, regroupent les familles d'accueil et les résidences
d'accueil. Dans cette recherche, il est question de la famille d'accueil qui se définit
comme étant « une ou deux personne(s) qui accueille(nt) chez elle(s) au maximum neuf
enfants en difficulté qui leur sont confiés par un établissement public afin de répondre
à leurs besoins et leur offrir des conditions de vie favorisant une relation de type
parental dans un contexte familial » (article 312 de la Loi sur les services de santé et
les services sociaux, alinéa 1, 2008).

Le centre jeunesse est responsable du recrutement et de l'évaluation des


familles d'accueil. Toutefois, les critères qui font en sorte qu'une personne puisse être
famille d'accueil relèvent de l'agence de la santé et des services sociaux (Ministère de
la Santé et des Services sociaux, 2010a). Lors du placement d'un enfant, le centre
jeunesse (après consultation du Directeur de la protection de la jeunesse) est
responsable de réaliser un pairage avec la famille d'accueil la plus appropriée pour
répondre aux besoins de l'enfant et actualiser son projet de vie (Ministère de la Santé
et des Services sociaux, 2010a). Dans la pratique, il y a différentes catégories de
Les représentations sociales des parents d'accueil 31
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

familles d'accueil : spécifique6, régulière, de dépannage et banque mixte. Celle de type


spécifique se distingue par le fait qu'elle a un lien (familial ou social), qu'elle connaît
l'enfant avant son placement et qu'elle fait partie de l'entourage immédiat de celui-ci
(tante, grand-mère, famille, amie, etc.). La famille d'accueil spécifique est souvent
proposée par les parents ou l'enfant, ce dernier étant accueilli à court, moyen ou long
terme dans ce type de ressource (Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2010a).
Ce sous-groupe, qui représente environ 38 % des familles d'accueil au Québec, est
reconnu comme étant famille d'accueil par la régie régionale uniquement pour
héberger l'enfant avec qui elles ont le lien (Groupe de travail sur la politique de
placement en famille d'accueil, 2000). Les familles d'accueil régulières visent à
héberger des enfants qu'elles ne connaissent généralement pas avant le placement,
et ce, à court, moyen ou long terme selon la situation de chacun. Pour celles de type
dépannage, ces familles d'accueil offrent un service d'hébergement en situation
d'urgence, et ce, pour de courtes périodes. Finalement, la famille d'accueil de type
banque mixte représente une famille qui vise à adopter le ou les enfant(s) qu'elle
héberge. Elle accueille l'enfant à titre de famille d'accueil alors qu'il n'est pas
admissible à l'adoption tout en acceptant de prendre le risque qu'il ne puisse être
adoptable (Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2010a). Plus précisément, le
p a r e n t d'accueil est celui qui a le mandat de prendre soin de l'enfant ou de
l'adolescent pour une période donnée et dans le cadre de son accréditation en tant que
famille d'accueil.

Dans cette recherche, la population à l'étude est composée de familles d'accueil


régulières. Ces familles d'accueil sont celles que l'on retrouve en plus grand nombre et
qui ont généralement plus de contacts avec les parents d'origine. Pour leur part, celles
de types spécifique, banque mixte et de dépannage n'ont généralement pas les mêmes
relations avec les parents d'origine. Pour le premier type, la famille connaît déjà l'enfant
et, dans la majorité des cas, le parent d'origine puisqu'il peut s'agir d'un membre de la
famille. Dans celle de type banque mixte, ayant un projet d'adoption, la famille
d'accueil n'entretient pas nécessairement le même type de relation avec le parent
d'origine. Pour les familles d'accueil de dépannage, offrant un hébergement généra-
lement de courte durée, elles ont moins d'occasions de traiter avec les parents d'origine.

6
À noter que depuis la sélection des participants de la présente recherche, ce type de ressource n'est
plus accrédité d a n s le cadre des services offerts par les centres jeunesse. Ce type de ressources porte
maintenant le nom de « confié à ».
32 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

En somme, les parents d'accueil de ces trois types de famille d'accueil semblent avoir
des rôles différents à jouer auprès des enfants et des adolescents hébergés et leurs
rapports avec la famille d'origine sont différents de ceux d'une famille d'accueil
régulière. Ce constat ressort aussi des données recueillies dans le cadre d'un projet
réalisé en 2008 au Centre jeunesse de Québec - Institut universitaire par l'auteure de
ce mémoire et Francine Couillard, intervenante, qui avait pour but de recueillir le
point de vue des parents d'accueil sur le sujet des relations avec les parents d'origine.

Le seul critère de sélection est le fait que les parents d'accueil doivent œuvrer
en tant que famille d'accueil régulière depuis un minimum de deux ans afin qu'ils
aient acquis une certaine expérience et qu'ils puissent avoir du recul par rapport à
leur réalité vécue en tant que famille d'accueil.

L'échantillon est constitué de dix parents d'accueil recrutés via un accès à la


banque des familles d'accueil du Centre jeunesse de Québec — Institut universitaire. À
partir de cette liste de 704 familles d'accueil, dix familles d'accueil ont été choisies au
hasard en fonction du critère de sélection mentionné précédemment. Lorsqu'ils étaient
en couple, un des deux parents d'accueil était invité à réaliser l'entrevue, sans égard
au sexe et selon leur choix. Ce nombre de participants est suggéré lors d'un mémoire
de maîtrise. De plus, des contraintes budgétaires associées à la réalisation d'études de
deuxième cycle restreignent le nombre de participants. La méthode d'échantillonnage
est non probabiliste puisque l'échantillon a été choisi en fonction de caractéristiques
précises (Mayer et. a l , 2000), soit : les parents d'accueil provenant d'une famille d'accueil
régulière qui œuvre depuis minimalement deux ans. Il n'y a pas de critère lié au sexe.

3.3. Caractéristiques de l'échantillon de la recherche


L'échantillon est constitué de sept femmes et de trois hommes. Deux familles
d'accueil le sont depuis une période variant entre deux et cinq ans, deux familles
d'accueil le sont depuis une période variant entre six et dix ans et deux autres le sont
depuis une période variant entre onze et 20 ans. Les quatre dernières le sont depuis
plus de 20 ans. En moyenne, les participants sont parents d'accueil depuis 16 ans,
selon des périodes variant entre deux ans et demi et trente ans. Rappelons que le seul
critère de sélection était un minimum de deux ans en tant que famille d'accueil de type
régulière.
Les représentations sociales des parents d'accueil 33
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Parmi les dix familles d'accueil régulières sélectionnées, quatre ont fait du répit
et du dépannage dans le passé. Une famille d'accueil a fait seulement du dépannage.
Une autre famille d'accueil a fait du dépannage à une occasion, et ce, dans une
situation particulière, soit pour une amie d'une adolescente déjà placée dans la famille
d'accueil. Une seule famille d'accueil n'a jamais fait de dépannage ni de répit depuis
ses débuts. Une autre famille d'accueil, en plus de ses places régulières, a une place
pour l'urgence sociale au moment de la recherche. Cette dernière a aussi fait du répit.
Finalement, une famille d'accueil fait du répit et du dépannage de façon occasionnelle,
et ce, en plus de leurs places régulières.

Au moment de l'entrevue, la moitié des parents d'accueil hébergent deux


enfants. Une famille d'accueil héberge un enfant, deux familles d'accueil hébergent
trois enfants, une famille d'accueil héberge quatre enfants et une autre, cinq enfants.
Concernant le nombre d'enfants hébergés depuis le début de leur engagement, la
moitié des familles d'accueil ont évalué ce nombre à dix enfants et moins. Une famille
d'accueil estime avoir hébergé entre 11 et 20 enfants alors que trois familles d'accueil
rapportent avoir hébergé entre 21 et 30 enfants. Finalement, une famille d'accueil
estime avoir hébergé environ 200 enfants depuis ses débuts. Aussi, neuf familles
d'accueil sur dix ont au moins un enfant biologique. Dans la moitié de ces cas, au
moins un enfant biologique habite encore au domicile. Finalement, deux familles
d'accueil sont des familles recomposées, un parent d'accueil vit sans conjoint (séparé)
alors que les autres sont en couple et généralement mariés.

3.4. Méthode et i n s t r u m e n t de collecte de données

3.4.1. Méthode de collecte de données

Dans le cadre de cette recherche, deux méthodes sont utilisées pour la collecte
de données. Premièrement, la technique d'association libre est utilisée pour connaître
les représentations sociales que les parents d'accueil se font spontanément de leur
rôle. « Elle consiste, à partir d'un mot inducteur (ou d'une série de mots), à demander
au sujet de produire tous les mots, expressions ou adjectifs qui lui viennent à l'esprit »
(Abric, 1994 : 66). Ainsi, il est demandé aux parents d'accueil de nommer les cinq mots
qui leur viennent spontanément à l'esprit lorsqu'ils réfèrent aux rôles du parent
d'accueil, de classer ces rôles du plus important au moins important puis de les qualifier
34 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

comme étant positif ou négatif. Ceci permet d'identifier l'image spontanée que les
participants ont à l'esprit lorsqu'ils songent à leur rôle en tant que parents d'accueil.
Cette technique permet de réduire la difficulté ou les limites de l'expression relative
au discours et permet de rassembler les informations dans un tout cohérent (Abric,
1994). Comparativement à l'entrevue classique, la technique de l'association libre
permet, de par son caractère spontané et sa dimension projective, d'accéder plus
facilement et plus rapidement au sens qu'attribue la personne (Abric, 1994), dans le
cas présent, le parent d'accueil à son rôle.

Ensuite, la deuxième méthode de collecte de données utilisée est « l'entrevue à


questions ouvertes » de type « semi-structure ». Alors que la technique d'association
libre permet d'avoir une image rapide et brève de la part des parents d'accueil, cette
seconde technique permet de préciser et d'aller davantage en profondeur concernant la
pensée des parents d'accueil. Ce type d'entrevue est couramment utilisé lors de la
collecte de données qualitatives et se trouve à mi-chemin entre celles de types non
structuré et structuré en ce qui a trait aux notions de liberté, de profondeur et de
directivité (Mayer et a l , 2000). Selon Mayer et ses collègues (2000), l'entrevue semi-
structurée exige de la part de l'intervieweur la capacité de mettre en place des
conditions qui favorisent chez le répondant un terrain propice à l'expression de son
vécu, ce qui représente un défi en soi. Cette méthode fait en sorte que le répondant est
libre dans ses propos puisque la personne qui pose les questions est peu directive.

Cependant, l'intervieweur doit porter une attention particulière à une difficulté


liée à l'entrevue à questions ouvertes et de type semi-structure : il doit être capable de
se concentrer sur les propos de la personne tout en s'assurant que chacun des thèmes
de l'entrevue est abordé (Mayer et al., 2000). Ainsi, l'intervieweur doit être en mesure
de maîtriser le déroulement de l'entrevue tout en étant à l'écoute des propos du
participant. Il doit, tout au long de l'entrevue, avoir en tête l'importance de couvrir
chacun des thèmes prévus à l'entrevue. En somme, cette démarche permet d'identifier
les représentations sociales que se font les participants de leur rôle auprès de l'enfant
placé et de ses parents d'origine. Aussi, elle permet de mieux comprendre le
fonctionnement des familles d'accueil et les réactions de chacun.
Lesreprésentationssociales des parents d'accueil 35
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

3.4.2. Instrument de collecte de données

Un canevas d'entrevue a été développé pour cette recherche (annexe A). Il


comporte deux parties distinctes. Dans un premier temps, les parents d'accueil ont
répondu, par écrit, à la question suivante : « Quels sont les cinq premiers mots qui
vous viennent à l'esprit lorsque je vous parle du rôle de parent d'accueil? » (technique
d'association libre). Ensuite, le parent d'accueil devait classer les cinq mots en ordre
d'importance significative (le mot qui selon lui décrit le mieux le rôle de parent
d'accueil). De plus, le parent d'accueil devait signifier pour chacun de ces mots s'il
s'agit d'un rôle positif ou négatif pour lui. Cet exercice a été complété par le
participant. Par la suite, les parents d'accueil ont répondu à différentes questions
d'entrevues présentées dans la section suivante.

3.4.3. Thèmes abordés lors de l'entrevue

Lors de l'entrevue, les thèmes suivants ont été abordés : 1) L'histoire de la


famille d'accueil (motivation à devenir famille d'accueil, le nombre d'années
d'expérience; le type de famille d'accueil (bien qu'elle soit de type régulière, la famille
d'accueil a-t-elle déjà fait du dépannage, de l'urgence sociale et/ou du répit?); le nombre
d'enfant(s) placé(s) au moment de l'entrevue; le nombre d'enfant(s) biologique(s); s'il y a
lieu, le nombre d'enfant(s) biologique(s) qui habite(nt) au domicile; le nombre d'enfants
hébergés depuis les débuts de la famille d'accueil (au besoin, le parent d'accueil est
invité à donner un chiffre approximatif); 2) Le fonctionnement actuel de la famille
d'accueil (qui fait quoi entre parents d'origine et parents d'accueil)? Qui exerce la
discipline dans la famille? Comment l'enfant réagit-il à l'intervention de chacune des
personnes (parent d'origine, parent d'accueil, autres enfants s'il y a lieu, aux conflits
entre parents d'origine et parents d'accueil)? Comment cela se passe-t-il pour chacune
des personnes (par exemple, sait-on réellement ce que l'on attend de nous en tant que
parent d'accueil?) et entre les personnes? (par exemple des conflits); 3) Les attentes du
sujet en ce qui concerne le rôle que chacun devrait jouer idéalement. L'entrevue se
termine par le mot de la fin. Le parent d'accueil est invité à ajouter toute autre chose
qu'il aimerait dire par rapport à sa relation avec le ou les parent(s) d'origine s'il y a
lieu. D'emblée, il n'était pas souhaité de poser directement chacun de ces thèmes sous
forme de question. Par contre, si ceux-ci n'étaient pas abordés de façon spontanée par
le parent d'accueil, les thèmes étaient abordés par l'intervieweur.
36 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

3.5. Analyse des d o n n é e s de r e c h e r c h e

Concernant les termes utilisés par les parents d'accueil pour décrire leurs rôles
lors de la technique d'association libre, ils sont comptabilisés et classés selon leur
ordre d'importante et l'attitude des parents d'accueil. Ensuite, les termes sont
rassemblés en fonction de caractéristiques communes. Concernant les entrevues, elles
sont retranscrites sous forme de verbatims. À partir de ceux-ci, une analyse de contenu
thématique des propos des participants est réalisée. Le principe de l'analyse de
contenu réside dans la construction de catégories qui possèdent chacun un sens
propre, des catégories dans lesquelles les éléments contenus dans les propos des
parents d'accueil sont classés (Gamier et Doise, 2002). Ainsi, l'analyse de contenu
permet de dégager la signification du discours tenu par les parents d'accueil pour
ensuite en faire ressortir les principaux éléments (Nadeau, 1987). Il est ensuite
possible de décrire et de comparer le contenu des propos tenus par les parents d'accueil.

Les thèmes de l'analyse sont tirés de la grille semi-structurée qui a servi à


réaliser les entrevues avec les parents d'accueil. Les propos recueillis ont donc permis
de dégager différents constats en lien avec : 1) les représentations sociales que les
parents d'accueil se font de leur rôle et de celui des parents d'origine lors d'une
situation de placement; 2) le fonctionnement des familles d'accueil concernant
l'exercice des rôles entre parents d'accueil et parents d'origine et les contacts entre
enfants, parents d'accueil et parents d'origine; 3) les réactions du parent d'accueil, des
enfants et des parents d'origine lors des contacts.

Concrètement, pour procéder à l'analyse des données, le contenu de chacun des


verbatims d'entrevue est catégorisé (sans l'aide d'un logiciel d'analyse de données) en
fonction des questions contenues dans le canevas d'entrevue. Pour chacune des
questions, les extraits de verbatim sont inscrits avec le numéro du participant.
Ensuite, pour chacune des sections (en fonction des questions), les données « brutes »
sont analysées pour en conserver les plus pertinentes. Ces données sont détaillées et
regroupées par thème en fonction d'un sens commun. Aussi, toujours selon chacune
des sections, les propos mentionnés par plus d'un participant sont comptabilisés. Les
propos pertinents et significatifs sont sauvegardés dans un autre document dans le
but d'être utilisés au besoin sous forme de citation lors de la présentation et de
l'analyse des données pour venir appuyer certains propos rapportés.
Lesreprésentationssociales des parents d'accueil 37
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

En ce qui concerne la technique d'association libre, les termes évoqués par les
parents d'accueil sont rapportés sous forme de tableaux. Pour chacun des termes, il est
spécifié par combien de parents d'accueil il est mentionné et selon quel ordre
d'importance. Ensuite, l'attitude des parents d'accueil est rapportée, à savoir si ces
termes sont positifs ou négatifs pour eux. Aussi, ces termes sont mis en lien avec le
contenu qualitatif des parents d'accueil qui sont invités pendant l'entrevue à
développer davantage sur leur rôle et celui des parents d'origine. Finalement, à l'aide
de cette analyse, des liens sont faits avec la façon dont chacun des parents d'accueil
gère les contacts entre eux, les enfants et les parents d'origine.

3.6. Considérations éthiques de la recherche


Dans le cadre de ce mémoire, des démarches ont été entreprises dans le but de
respecter les différentes règles éthiques liées à la recherche. Dans un premier temps,
différents documents concernant la remise d'un projet de recherche sur le site Internet
du Centre jeunesse de Québec - Institut universitaire ont été consultés : 1) la politique
de la recherche de l'établissement; 2) la procédure pour la réalisation d'activités de
recherche au Centre jeunesse de Québec - Institut universitaire; 3) le cadre de
référence pour la présentation d'un projet de recherche au comité d'éthique de la
recherche du Centre jeunesse de Québec - Institut universitaire. Par la suite, le projet
de recherche a été soumis au comité de coordination de la recherche et au comité
d'éthique de la recherche du Centre jeunesse de Québec - Institut universitaire. Les
documents suivants ont été remis et évalués par les membres de ces comités : 1) une
fiche de présentation du projet de recherche; 2) une lettre d'intention; 3) le protocole de
la recherche; 4) la proposition de moyens pour le suivi éthique continu. À la suite de
l'évaluation de ces documents, un certificat de conformité éthique a été délivré par le
comité d'éthique de la recherche du Centre jeunesse de Québec - Institut universitaire,
permettant de réaliser le projet de recherche auprès de parents d'accueil en lien avec
l'établissement. Ce certificat de conformité éthique a ensuite été présenté, soumis et
approuvé par le comité d'éthique de l'Université Laval.

Lors des entrevues de recherche, les dix participants ont lu et signé un


formulaire de consentement (annexe B) dans lequel sont exposées : 1) la démarche de
recherche; 2) les mesures de confidentialité mises en place; 3) la possibilité de se
retirer en tout temps du processus de recherche; 4) l'obligation de signaler toute
38 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

situation de compromission de la sécurité ou du développement d'un enfant placé


5) les coordonnées de l'étudiante responsable et les noms des directrice et codirectrice
de ce mémoire; 6) les coordonnées du commissaire local aux plaintes et à la qualité des
services du Centre jeunesse de Québec - Institut universitaire.

À la suite de la passation des entrevues, un numéro est attribué à chacun des


participants et permet de les désigner (anonymisation des participants pour l'analyse
des données). Aussi, les coordonnées des participants, les enregistrements, les
verbatims d'entrevues et tous les documents concernant la recherche sont gardés dans
un classeur sous clé au Centre jeunesse de Québec — Institut universitaire. Finalement,
tout au long de ce processus de recherche, les directrice et codirectrice de ce mémoire
ont été consultées à de multiples reprises et ont accompagné cette démarche.
CHAPITRE 4
RÉSULTATS DESCRIPTIFS DE LA RECHERCHE

Dans ce chapitre, les résultats descriptifs sont présentés en fonction des thèmes
de l'entrevue et des concepts clés associés à l'analyse du contenu des représentations
sociales dans le cadre de ce mémoire (le champ, l'information et l'attitude). Concernant
le champ des représentations sociales, une première analyse découlant de la technique
de l'association libre utilisée dans ce mémoire a permis d'identifier l'image spontanée
que les participants ont à l'esprit lorsqu'ils songent à leur rôle en tant que parents
d'accueil. Ensuite, une analyse thématique a été réalisée à partir des réponses
apportées par les participants lors de l'entrevue. Cette analyse permet de mieux
comprendre leur conception de leur rôle en tant que parents d'accueil. Ces derniers
précisent les motifs qui les ont poussés à devenir famille d'accueil. Ces informations
permettent de mieux comprendre certaines attitudes ou certains comportements qu'ils
adoptent face à leur rôle de parent d'accueil. En ce qui concerne l'information liée aux
représentations sociales de leur rôle, les parents d'accueil abordent la question du
fonctionnement de leur famille d'accueil. Plus précisément, ils parlent de leur
expérience avec les parents d'origine ainsi que des types et du déroulement des
contacts entre l'enfant et ses parents d'origine. Concernant l'attitude liée aux
représentations sociales des parents d'accueil, les réactions des acteurs (parents
d'accueil, enfants et parents d'origine) à la suite des contacts sont présentées.
Finalement, une synthèse des résultats est présentée de manière à faire ressortir les
principaux faits saillants issus du discours des participants. L'analyse et la discussion
de ces résultats sont présentées dans le chapitre suivant.

4.1. Champ : représentations sociales du rôle des parents d'accueil


selon la technique de l'association libre
La technique de l'association libre consiste à demander aux parents d'accueil de
nommer les cinq mots qui leur viennent spontanément à l'esprit lorsqu'ils réfèrent au
rôle du parent d'accueil. Ils ont classé les différents rôles nommés du plus important
au moins important puis les ont qualifiés comme étant positif ou négatif. Ceci permet
d'identifier les représentations sociales que les parents d'accueil se font de leur rôle, de
l'importance de certains rôles par rapport à d'autres, de l'attitude et de la signification
40 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

qu'ils leur attribuent. Il est important de mentionner que, spontanément, certains


parents d'accueil mentionnent des termes qui font référence à la nature des rôles à
jouer alors que d'autres ont plutôt mentionné des caractéristiques reliées à l'exercice
du rôle. Premièrement, les termes et les caractéristiques liés à la représentation du
rôle de parent d'accueil sont présentés. Deuxièmement, le niveau d'importance et
l'attitude qu'ont les parents d'accueil face aux termes mentionnés sont présentés.

4.1.1. R e p r é s e n t a t i o n s sociales du rôle des p a r e n t s d'accueil : la t e c h n i q u e


d'association libre

Lors de la technique d'association libre, chacun des participants (N = 10) devait


nommer les cinq mots qui leur viennent à l'esprit pour décrire leur rôle en tant que
parent d'accueil. Ainsi, parmi les 50 mots mentionnés, ce sont 36 termes différents qui
sont mentionnés (certains parents d'accueil ont nommé les mêmes termes). À la
lumière de l'analyse des différents mots utilisés par les parents d'accueil pour décrire
leur rôle, deux catégories de représentations sociales sont dégagées : 1) la nature des
rôles à jouer pour répondre aux besoins de l'enfant placé (évoqués à 32 reprises); 2) les
caractéristiques personnelles associées à l'exercice du rôle de parent d'accueil (évoqués
à 18 reprises).

Dans un premier temps, la nature des rôles à jouer pour répondre aux besoins
des enfants est un aspect qui ressort de façon importante à travers les termes nommés
par les parents d'accueil lors de la technique d'association libre. Ils mentionnent qu'ils
ont à jouer des rôles affectif (à 14 reprises), de soutien (à neuf reprises), de protection
(à cinq reprises) et d'éducation (à quatre reprises) auprès des enfants. Concernant leur
rôle affectif, le terme le plus souvent utilisé est « aimer » (à six reprises). Pour les rôles
de soutien, le terme le plus souvent mentionné est « aider les enfants » (à trois
reprises). Deux autres termes sont également mentionnés dans ce domaine par deux
parents d'accueil, soit « soutenir » et « écouter ». En ce qui concerne leur rôle de
protection, le mot « protéger » est le plus souvent mentionné (à trois reprises) par les
parents d'accueil. Finalement, concernant le rôle d'éducation, quatre termes sont
mentionnés respectivement à une reprise : « éduquer », « montrer », « participer à leurs
apprentissages » et « progrès ».
Les représentations sociales des parents d'accueil 41
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Dans un deuxième temps, les caractéristiques associées à l'exercice du rôle de


parent d'accueil auprès des enfants sont un autre aspect qui ressort à travers les
termes nommés par les parents d'accueil lors de la technique d'association libre.
Certaines caractéristiques font référence aux qualités que doivent posséder les parents
d'accueil (à 13 reprises), aux obligations à remplir en tant que parent d'accueil (à
quatre reprises) et au sentiment vécu (à une reprise) par les parents d'accueil dans
l'exercice de leur rôle. Pour les qualités des parents d'accueil, entre autres, deux
participants ont nommé respectivement la « patience » et la « persévérance ». Pour les
obligations du parent d'accueil, il y a entre autres le terme « responsabilité » nommé à
deux reprises. Concernant le sentiment vécu dans l'exercice de leur rôle, un seul
parent d'accueil a nommé la « joie » pour décrire son rôle.

Une synthèse des mots utilisés par les parents d'accueil lors de l'association
libre est présentée dans le tableau 1 selon les deux catégories mentionnées
précédemment. Ce tableau permet d'illustrer la prépondérance de la nature affective
du rôle pour les répondants ainsi que l'importance que ces derniers accordent à
certaines qualités personnelles (patience, don, acceptation, etc.) qu'ils associent à
l'exercice du rôle de parent d'accueil. D'ailleurs, lorsqu'il est demandé aux répondants
de classer par ordre d'importance les mots qu'ils associent à leur représentation du
rôle, six d'entre eux classent des mots associés à la nature affective de leur rôle au
premier rang. À l'exception d'un parent d'accueil qui classe le mot « engagement » au
premier rang, les caractéristiques reliées aux qualités personnelles du parent d'accueil
arrivent au deuxième rang pour quatre parents d'accueil et aux rangs subséquents
pour les autres. Les mots qui concernent la nature du rôle et ceux associés aux
caractéristiques sont répartis à peu près également au troisième et au quatrième rang
alors que la nature du rôle reste prépondérante au cinquième rang en importance pour
les parents d'accueil.
42 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Tableau 1
Représentations sociales que se font les p a r e n t s d'accueil de leur rôle
Nature du rôle de parent d'accueil Caractéristiques associées à l'exercice du rôle
(termes évoqués à 32 reprises) (termes évoqués à 18 reprises)
Affectif (évoqués à 14 reprises) Qualités (évoqués à 13 reprises)
aimer (6) patience (2)
être présent (1) persévérance (2)
donner de l'attention (1) engagement (1)
valorisation (1) honnêteté (1)
liens familiaux dans la famille d'accueil (1) don (1)
consoler (1) force mentale (1)
relation d'aide (1) observer leur angoisse (1)
s'ouvrir/parler aux enfants (1) acceptation (1)
affectivité (1) adaptation (1)
compréhension (1)
Soutien (évoqués à 9 reprises)
confiance (1)
aider les enfants (3)
soutenir (2) Obligations (évoqués à 4 reprises)
écouter (2) responsabilité (2)
encadrer (1) organisation (1)
encourager (1) disponibilité (1)
Protection (évoqués 5 reprises) Sentiment éprouvé (évoqué à 1 reprise)
protéger (3) ■ joie (1)
offrir à manger (1)
sécurité (1)
Éducation (évoqués à 4 reprises)
éduquer (1)
montrer (1)
participer à leurs apprentissages (1)
progrès (1)

Finalement, en résumé, parmi tous les termes mentionnés par les parents
d'accueil, 28 % font référence à un rôle affectif; 26 % à un rôle de soutien; 18 % à des
qualités du parent d'accueil; 10 % à un rôle de protection; 8 % à un rôle d'éducation;
8 % aux obligations du parent d'accueil; 2 % au sentiment éprouvé par le parent
d'accueil. Le graphique suivant présente cette répartition des différentes
représentations sociales que les parents d'accueil se font de leur rôle.
Les représentations sociales des parents d'accueil 43
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Graphique 1
Répartition des représentations sociales
que se font les p a r e n t s d'accueil de leur rôle

■ Affectifs
■ Soutien
26%
D Protection
D Education
H Qualités
■ O bligations
■ Sentiment éprouvé
10%

4.1.2. Niveau d'importance du rôle et attitude des p a r e n t s d'accueil

Dans les prochaines lignes, il est question du niveau d'importance (du plus
important au moins important) accordée par les parents d'accueil à chacun des rôles
qu'ils croient devoir jouer auprès des enfants placés et de leur famille. Chacun des
rôles et leur niveau d'importance sont présentés en fonction des deux catégories de
représentations sociales, soit : 1) la nature du rôle à jouer pour répondre aux besoins
de l'enfant placé; 2) les caractéristiques personnelles associées à l'exercice du rôle de
parent d'accueil. Finalement, l'attitude des parents d'accueil à l'égard des rôles qu'ils
ont mentionnés, à savoir si ce rôle est positif ou négatif, est présentée.

Au premier rang, ce sont en majorité des rôles qui visent à combler les besoins
des enfants placés (9) qui ressortent comme étant les plus importants. Un seul parent
d'accueil nomme une caractéristique associée à l'exercice du rôle de parent d'accueil :
l'engagement. Au deuxième rang, six parents d'accueil identifient des termes en lien
avec la nature de leur rôle alors que quatre parents d'accueil nomment plutôt des
caractéristiques associées à l'exercice de leur fonction. Au troisième rang, la moitié des
parents d'accueil mentionnent des termes liés à la nature de leur rôle alors que l'autre
moitié nomme des caractéristiques liées à l'exercice de leur fonction. Au quatrième
rang, cinq parents d'accueil nomment des mots liés à la nature de leur rôle et cinq
autres parents d'accueil nomment des caractéristiques liées à l'exercice de leur
fonction. Finalement, au cinquième et dernier rang en termes d'importance, sept
parents d'accueil nomment des mots liés à la nature de leur rôle et trois parents
d'accueil, nomment des caractéristiques liées à l'exercice de leur fonction. Le tableau
suivant présente la synthèse du niveau d'importance qu'attribuent les parents
d'accueil aux représentations qu'ils se font de leur rôle.
44 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Tableau 2
Niveau d'importance accordée aux mots associés
à leurs représentations de leur rôle

Niveau Caractéristiques associées


d'importance Nature de leur rôle à l'exercice de leur rôle
aimer (5) engagement (1)
(+ important) offrir à manger (1)
écouter (1)
sécurité (1)
relation d'aide (1)

aider les enfants (2) patience (1)


liens familiaux dans la famille d'accueil (1) persévérance (1)
protéger (1) acceptation (1)
consoler (1) don (1)
affectivité (1)

aimer (1) honnêteté (1)


valoriser (1) observer leur angoisse (1)
encourager (1) adaptation (1)
écouter (1) confiance (1)
protéger (1) responsabilité (1)

4- attention (1) patience (1)


aider les enfants(l) persévérance (1)
soutenir (1) force mentale (1)
protéger (1) responsabilité (1)
progrès (1) disponibilité(l)

présence (1) compréhension (1)


(- important) s'ouvrir / parler aux enfants (1) organisation (1)
soutenir (1) joie (1)
encadrer (1)
éduquer (1)
montrer (1)
participer à leur apprentissage(l)

Enfin, l'attitude des parents d'accueil par rapport à leur rôle est généralement
positive puisque pour tous les répondants, les mots mentionnés lors de l'association
libre sont qualifiés de positif à l'exception du mot « organisation » de la catégorie
« caractéristiques associées à l'exercice du rôle » qu'un parent d'accueil a qualifié de
négatif. Ce dernier faisait référence à la lourdeur de l'organisation familiale pour un
parent qui accueille u n enfant dans sa famille.
Les représentations sociales des parents d'accueil 45
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

4.2. Champ : r e p r é s e n t a t i o n s du rôle de p a r e n t d'accueil selon l'analyse


t h é m a t i q u e du discours des r é p o n d a n t s

Les parents d'accueil ont été invités à développer davantage sur l'aspect du rôle
qu'ils ont à jouer en tant que parents d'accueil, mais aussi de celui que les parents
d'origine ont à jouer auprès de leurs enfants. Dans les prochaines lignes, il est
question des propos des parents d'accueil quant aux représentations sociales qu'ils se
font de leur rôle et de celui des parents d'origine afin de compléter et d'expliquer les
différents termes utilisés par les parents d'accueil lors de la technique d'association
libre. Avant de présenter ces résultats, il est question des motifs qui ont fait en sorte
qu'ils sont devenus famille d'accueil; motifs qui peuvent avoir une incidence sur leurs
représentations du rôle qu'ils ont à jouer auprès des enfants.

4.2.1. Motifs évoqués p o u r devenir famille d'accueil

Les parents d'accueil se sont prononcés sur les motifs qui ont fait en sorte qu'ils
deviennent familles d'accueil. Ces motifs contribuent à mieux cerner les motivations
sous-jacentes à leur démarche en tant que famille d'accueil et, possiblement, à mieux
comprendre leur conception du rôle de parent d'accueil.

Premièrement, la majorité des parents d'accueil ont nommé plus d'un motif à
l'origine de leur décision de devenir famille d'accueil. Au total, ce sont 11 motifs
différents qui sont évoqués et regroupés selon quatre catégories : 1) les expériences de
vie; 2) le don de soi-vocation; 3) le hasard; 4) la solitude.

Dans la catégorie des expériences de vie, on retrouve des expériences vécues


par des proches du parent d'accueil et d'autres reliées à leur vie personnelle. Ces
expériences regroupent sept motifs qui sont évoqués à 15 reprises.

Dans un premier temps, des expériences personnelles du parent d'accueil sont à


l'origine de leur engagement à devenir famille d'accueil. Cinq parents d'accueil font
référence à des problèmes de fertilité lorsqu'il est question de leur motivation à
devenir famille d'accueil :
46 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

«(...) étant donné que moi j'voulais une fille, mais j'ai pas pu
partir enceinte, (...) j'aimerais ça être famille d'accueil, aller chercher
une fille pis en fin de compte y'a (le mari) accepté. » (participante
numéro sept)

« Pis là c'est ça mon médecin m'a dit écoute tu pourras pu en


avoir mise à part par insémination. Ben là, tsé l'insémination... j'veux
des enfants, mais pas à n'importe quel prix là. » (participante numéro un)

« Parce qu'était pas capable d'avoir d'enfant. Ça fait qu'on s'est


revirés de bord, on a dit vu qu'on n'est pas capables de n'avoir, on va
essayer de n'aider d'autres qui sont dans misère. » Oparticipant numéro cinq)

Pour une mère d'accueil, elle fait référence au fait qu'elle a elle-même été en
famille d'accueil dans le passé :

« Ben moi ayant été déjà en famille d'accueil, je savais comment


ça fonctionnait. » (participante numéro un)

Aussi, pour une autre mère d'accueil, le motif évoqué pour devenir famille
d'accueil est lié à un emploi occupé dans les services sociaux. Elle était, témoin d'un
manque de familles d'accueil et a, de plus, lu un article dans les journaux à ce sujet :

« Ben c'est que moi je travaille, je travaille à plein temps pis à


l'époque je travaillais pour centre des services sociaux pis on voyait
souvent dans les journaux, la demande était forte faque on s'est dit
pourquoi pas. » (participante numéro neuf)

Finalement, un parent d'accueil rapporte que sa nouvelle conjointe et lui


avaient le désir commun de devenir famille d'accueil :

« Mais moi, ça fait longtemps. Avec mon ex-conjointe on en


parlait. Ben tsé d'avoir une famille d'accueil un moment donné pis là je
me suis séparé, j'ai été deux ans tout seul. Quand j'ai rencontré (nom de
la conjointe actuelle), c'est venu sur le sujet. (...) À me dit, ah ça serait
l'fun être famille d'accueil. J'ai dit ah ouain. Tsé moi aussi donc on avait
tous les deux le même accord donc on a pris les démarches. »
(participant numéro trois)

Dans un deuxième temps, pour d'autres répondants, il est question


d'expériences vécues par des proches. Pour quatre participants, le fait qu'ils avaient
dans leur entourage soit une amie ou un parent qui a été ou qui est présentement
famille d'accueil a grandement contribué à ce qu'ils deviennent famille d'accueil :
Les représentations sociales des parents d'accueil 47
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

« Ah! Ma sœur était famille d'accueil, c'est comme ça que c'est


venu. Elle à m'en a parlé, faque j'tais pas trop sûre encore. (...) De temps
en temps j'gardais la p'tite fille que gardait ma sœur. Pis là à force de,
on en parlait. Oui, ça serait une bonne chose. » (participante numéro dix)

Pour deux participants, c'est une personne de leur entourage qui a été hébergée
en famille d'accueil :

« Ma meilleure amie de tous les temps, depuis la maternelle, eh,


c'est une fille qui était en famille d'accueil. Qui a toujours été en famille
d'accueil. » (participante numéro huit)

Un parent d'accueil évoque aussi le fait que des membres de la famille ont
travaillé dans le passé à l'orphelinat d*Youville en parlant de sa motivation à devenir
famille d'accueil :

« Quand j'étais petite, j'ai, je demandais à ma mère de, mais


y'avait l'orphelinat d'Youville à l'époque pis j'ai eu un de mes frères, une
de mes sœurs qui travaillaient comme animatrice et animateur à la
piscine pis tout ça l'été, à l'orphelinat. Alors ils nous revenaient à la
maison avec des histoires rocambolesques. Moi j'tais la plus jeune enfant
chez nous faque c'est sûr que c'tait toujours des histoires ben
spéciales... » (participante numéro huit)

Dans la deuxième catégorie, liée au don de soi et à la vocation, deux motifs


sont évoqués à huit reprises par les parents d'accueil. Premièrement, plus de la moitié
des parents d'accueil (6 sur 10) évoquent le désir de donner de l'espoir à des enfants
dans le besoin, de les aider et de redonner aux autres. Deux d'entre eux qualifient ce
désir d'aider comme étant inné et parlent du fait de devenir famille d'accueil en termes
de vocation :

« J'ai décidé d'être famille d'accueil parce que ma mère moi a été
un enfant qui a été maltraité pis j'ai vu beaucoup, moi non, pas du tout,
nous autres on a été choyés au contraire. Donc j'ai vu beaucoup les
dommages que ça causait, des parents qui étaient négligents, des
parents qui étaient, qui étaient agressifs, violents et tout et tout. Faque
j'ai eu le goût de, comme travail, de donner un espoir à ces enfants-là de
s'en sortir parce que ma mère s'en est sortie. » (participante numéro
quatre)
48 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

« Pis j'te dirais même que, j'te dirais même que c'est un peu inné
chez les gens, de la façon que j'ai été élevée. Moi j'ai été élevée par des
parents qui donnaient beaucoup pis de là part tout ça. » (participante
numéro neuf)

« Je, au début, quand que les gens me le disaient ou quand les


gens me disaient en tous cas t'es bonne parce que moi je le ferais pas.
Eh, j'disais tout le temps ben oui vous feriez la même chose que moi, ben
oui, voyons donc ou quoi que ce soit tsé. Pis aujourd'hui j'pense que c'est
une vocation pis j'pense que c'est vrai que peut-être que j'ai un petit
quelque chose que certaines personnes ont pas ou l'ont pas développé. »
(participante numéro huit)

Dans la troisième catégorie, celle liée à la solitude, un seul motif est évoqué
par deux mères d'accueil. Ces dernières se sentaient seules et s'ennuyaient, étant
femme au foyer :

« C'est que mon mari voulait pas que j'aille sur le marché du
travail et puis bon, (...) alors j'iui ai demandé pour devenir famille
d'accueil, j'iui ai dit non moi passer mes journées comme ça là non, ça
marche pas. » (participante numéro sept)

Dans la quatrième et dernière catégorie, à l'inverse de tous les motifs évoqués


précédemment, deux participants disent être devenus famille d'accueil par h a s a r d à
la suite de circonstances particulières :

« Tout a commencé par un voisin trois maisons plus loin qui


venait, qui jouait ici, qui jouait avec mes enfants et y'a eu des problèmes
avec son père, sa mère tout ça. Donc il était question de le mettre en
famille d'accueil et lui il a dit j'veux aller chez les (nom de famille du
père d'accueil). Comme on le connaissait bien, ça nous est tombé un peu
comme ça sur le dos sans, sans que ce soit voulu ou que ce soit demandé.
Et, on a dit pourquoi pas? (...) Une fois qu'on était engagé, on en a eu
deux, trois quatre, cinq, six... jusqu'à (nom d'une jeune fille hébergée
actuellement). » (participant numéro six)
Les représentations sociales des parents d'accueil 49
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Le tableau suivant présente la synthèse des motifs évoqués pour devenir


famille d'accueil en fonction de quatre catégories, soit : 1) l'expérience de vie; 2) le don
de soi/vocation; 3) la solitude; et 4) le hasard.

Tableau 3
Motifs évoqués p o u r devenir famille d'accueil
Motifs évoqués dans chacune des catégories Nombre de mention(s)

Expériences de vie (personnelles)

Incapacité d'avoir un enfant (infertilité) 5


Parent d'accueil qui a déjà été lui-même hébergé en famille
d'accueil 1

Projet entre conjoints (désir commun dans le couple) 1


Travail en lien avec les services sociaux et publicité 1
Expériences de vie (vécues par des proches)
Parent ou amie qui a été/est famille d'accueil 4
Personne de l'entourage qui a déjà été hébergée en famille „
d'accueil
Membres de la famille qui travaillaient à l'orphelinat .
dTouville pendant la période estivale
Don de soi / vocation
Donner de l'espoir, aider les enfants à s'en sortir, redonner aux
6
autres
Vocation, quelque chose « d'inné » 2
Solitude
Femme au foyer/ennui 2
Hasard
Circonstances particulières 2

Finalement, le graphique suivant présente la répartition des différentes


catégories liées aux motifs exprimés par les parents d'accueil qui ont fait en sorte
qu'ils sont devenus famille d'accueil. Parmi tous les motifs évoqués, 56 % réfèrent à
une expérience de vie; 30 % au don de soi-vocation; 7 % à la solitude; et 7 % au hasard.
50 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Graphique 2
R é p a r t i t i o n des motifs é v o q u é s
p o u r devenir famille d'accueil

■ Expérience de vie
■ Don de soi
D Solitude
30% 56% D Hasard

4.2.2. Conception du rôle de p a r e n t d'accueil

Après avoir mentionné les motifs qui les ont incités à devenir famille d'accueil,
les répondants ont été invités à préciser le rôle qu'ils croient devoir jouer auprès des
enfants et leur famille. Cette section fait donc suite à la technique d'association libre
présentée précédemment et vient la compléter avec une analyse thématique réalisée à
partir du discours des parents d'accueil. Comparativement à la technique d'association
libre, les parents d'accueil ne réfèrent pas ici aux caractéristiques associées à l'exercice
de leur rôle. Tous les éléments mentionnés par les parents d'accueil réfèrent
uniquement à la nature de leur rôle (affectifs, de soutien, de protection et d'éducation).

Premièrement, cinq parents d'accueil croient que leur rôle doit être celui d'un
parent « normal » afin que l'enfant puisse avoir une vie de famille comme celle des
autres enfants. Par exemple, ils mentionnent qu'il est très important pour eux que les
enfants participent aux différentes fêtes familiales, qu'ils aillent en camping et qu'ils
fassent des activités sportives :

« Des cours de danse à l'école eh, y faut qu'ils aient une vie
normale. O n leur instaure une vie normale. C'que tous les petits enfants
de leur âge font, dans une classe moyenne on s'entend. J'ies amènerai
pas en voyage, j'y va même pas moi. Mais on va eh, on va au chalet, y
viennent avec nous autres. Partout où on va, y viennent avec nous
autres. » (participante numéro huit).

«Ah ben c'est de faire comme un parent ordinaire, nous c'est


toujours c'qu'on a pensé. Bon c'est sûr que quand on les a à 16 ans, c'est
difficile de dire qu'on est leur parent (rires). Mais non on les élève
comme les nôtres. » (participant numéro six)
Les représentations sociales des parents d'accueil 51
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Lors de l'association libre, ces parents d'accueil avaient mentionné comme mots
les plus étroitement reliés à leur conception du rôle de parent d'accueil, l'amour (à
deux reprises), l'engagement (à une reprise), la sécurité (à une reprise) et la relation
d'aide (à une reprise). Il n'est donc pas surprenant de retrouver dans leur discours
qu'ils doivent avant tout aimer l'enfant hébergé (rôle affectif) et l'accepter tel qu'il est.
Dans le même sens, cinq parents d'accueil veulent apporter un sentiment de bien-être
(rôle affectif) et de sécurité (rôle de protection) à l'enfant. Trois d'entre eux ont
d'ailleurs nommé la protection et la sécurité parmi les mots qu'ils associent aux rôles
qu'ils adoptent. Deux parents d'accueil spécifient qu'ils ont le rôle de subvenir aux
besoins de base de l'enfant :

« Le rôle du parent d'accueil ben ça c'est sûr premièrement


accepter l'enfant comme il est. Ça c'est très important. Leur donner
beaucoup d'amour. » (participante numéro sept)

« Ben nous autres dans le fond c'est de subvenir aux besoins de


l'enfant. C'est de le nourrir, de l'habiller, qui se sente bien dans le fond,
à maison. Sinon, si l'enfant ne se sent pas bien là ça marchera pas. C'est
ça, c'est que l'enfant se sente bien chez nous pis qui manque de rien. »
(participant numéro trois)

Aussi, un parent d'accueil, pour qui la notion de sécurité apparaît comme étant
particulièrement importante lors de l'association libre, dit faire passer une évaluation
complète à l'enfant dès son arrivée dans la famille d'accueil (examens médical,
dentaire et de la vue) :

« Moi j'sais que tous mes enfants d'accueil je leur fais faire un
check up tout le temps : les yeux, souvent y'ont jamais été pour les dents,
les petits pieds croches, on va voir un pédiatre. Tout, tout ce que je peux
leur, leur faire voir que je vois que y'aurait besoin de ça, eh, check up.
J'le sais pas combien de temps que je t'ai faque au moins dans ta
vie, une fois, j'va avoir été vérifier tous les angles. » (participante
numéro huit).

Trois parents d'accueil conçoivent qu'ils ont un rôle de confident (rôle affectif) et
d'écoute (rôle de soutien) auprès des adolescents qu'ils hébergent. Deux d'entre eux
spécifient l'importance de dialoguer (rôle affectif) et un autre, traite de l'écoute parmi
les représentations sociales qu'il se fait de ses rôles lors de l'association libre. Voici
deux extraits significatifs quant aux rôles de confident et d'écoute qu'ils s'attribuent :
52 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

« Pis j'ieur dis toujours, j'ai toujours eu mon dicton : j'ai deux
oreilles pour t'écouter, j'ai deux bras pour te consoler et puis j'ai un cœur
pour t'aimer alors si tu veux t'en servir j'suis là. Ça j'ieur dis tout le
temps ça. Alors j'pense que ça les rassure. Et puis j'ieur dis tu peux te
confier, t'as pas besoin d'avoir peur. (...). Pis j't'une personne qui écris
beaucoup aussi. Parce que j'ai tout le temps dit les paroles s'envolent, les
écrits restent. Alors quand j'ai un problème avec un enfant, j'suis portée
à les écrire. J'ieur écris des lettres pis j'ieur demande de la lire comme il
faut pis après ça de me réécrire. Pis mes enfants le font. » (participante
numéro sept)

« Moi mon rôle, c'est, j'te dirais oui c'est sûr qu'on est famille
d'accueil, mais d'être le plus possible aussi une mère pour eux autres.
Une confidente. (...) Comment j'te dirais ça donc, être ouverte aux
enfants, selon les besoins. Dans le fond être une maman amie. »
(participante numéro un)

Pour leur part, quatre parents d'accueil croient qu'ils ont comme rôle d'aider
l'enfant à évoluer à travers les différentes phases de la vie (rôle d'éducation). En ce
sens, parmi les mots mentionnés lors de l'association libre, des termes tels que
montrer, responsabiliser, encourager, soutenir, participer à leurs apprentissages,
relation d'aide et patience ressortent :

« De les faire évoluer. De leur fournir un cadre de vie sécuritaire


où est-ce qu'ils peuvent évoluer. Sécuritaire dans le sens affectif, affectif
pis physique. » (participant numéro quatre)

« C'est toute d'apprendre pis leur montrer parce que OK j'sais


pas, tsé nous autres on a un camp dans le bois. Vest monté avec nous
une première fois pis c'est sûr qu'on fait des choses rendus là-bas. Bon
débarquer le stock du camion, là y'était planté debout les deux bras
croisés. Là y'est partie à rire parce que là mon mari y dit ben là ben
grouille, on se donne un coup de main, on débarque le stock. »
(participante numéro deux)

Aussi, trois parents d'accueil qui rapportent des termes liés à l'amour, à la
compréhension, à la sécurité et à la persévérance croient qu'ils ne doivent pas
remplacer le parent d'origine (rôle affectif). Un de ces participants tient à la fois le
propos suivant tout en mentionnant l'importance de recréer des liens familiaux dans
la famille d'accueil :
Les représentations sociales des parents d'accueil 53
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

«(...) nous on respecte qu'ils aient des parents, que c'est eux
autres les parents. Tsé c'est vraiment, c'est leur père, c'est leur mère.
C'est eux autres. Nous autres on est là pour remplacer en attendant qui
les ont pas. Nous autres on leur dit, on n'est pas votre père pis votre
mère, mais y veulent nous appeler de même. Si y nous appellent de
même ça nous dérange pas, mais on leur dit : vous avez une maman,
vous avez un papa. » (participante numéro un)

Dans un autre ordre d'idées, pour quatre parents d'accueil, leur rôle consiste
aussi à inculquer différentes valeurs aux enfants qu'ils hébergent (rôle d'éducation) :
l'importance du travail, de l'école et du respect. D'ailleurs, ils ont mentionné les mots
suivants lors de la technique d'association libre : montrer, soutenir, apprentissage,
honnêteté, éduquer, persévérance, patience et acceptation. En fait, ces parents
d'accueil se voient comme un modèle pour les enfants :

« Ben nos valeurs, des p'tits gars qui vedgent j'aime pas ben, ben
ça. Ça, ils le savent tout de suite. Moi y faut qui soient actifs, je
m'organise pour qu'ils le soient (rires). » (participante numéro deux)

« Si y'a des projets à l'école pis tout ça, faut les soutenir. Moi c'est
un affaire que je privilégiais l'école pis toute. Quand qui avait une
rencontre à l'école, j'y allais. La remise des bulletins, j'étais tout le temps
là. Pour montrer aux enfants, regarde je m'occupe de toi, t'es pas tout
seul. » (participant numéro cinq)

« Notre rôle c'est aussi ben les carences d'éducation, ben faut
remettre ça à leurs places. Faut donner, on inculque un peu les valeurs
qu'on a parce que souvent sont perdus là-dedans. » (participante numéro
huit)

Finalement, deux parents d'accueil croient qu'ils ont les rôles de responsabiliser
l'enfant et de le préparer à la vie adulte (cuisiner, faire un budget, etc.) (rôles
d'éducation). Aussi, il y a l'importance de l'hygiène, ce que certains enfants ne
maîtrisent pas à leur arrivée dans la famille d'accueil. Parmi les mots mentionnés par
ces parents d'accueil, on retrouve l'importance de montrer certaines chose à l'enfant,
les apprentissages, la confiance, encourager, aider et soutenir. Voici les propos d'un
parent d'accueil sur le sujet :

« C'est que mettons, j'prends un exemple de celui qui a 14 ans, y


va en avoir 15. Eh, lui là quand qui est arrivé tsé au niveau hygiène tous
54 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

ces trucs là, zéro. Brosse à dents, 12 ans, y savait pas c'était quoi, 12 ans
exemple. OK. Bon ben là c'est toute ça. De voir aussi où c'est qu'ils sont
rendus dans leur acquis pis si tu dis aux jeunes, si tu y dis pas faudrait
que tu prennes ta douche à tous les jours, ben d'eux autres-mêmes, si ça
leurs a pas été montré, ils le feront pas. » (participante numéro deux)

L'analyse thématique réalisée à partir du discours des participants vient


généralement confirmer les représentations sociales des parents d'accueil telles
qu'elles ont été exprimées lors de l'association libre. En effet, les différents rôles que
les parents d'accueil s'attribuent sont directement liés à la nature du rôle de parent
d'accueil et viennent préciser les éléments qui sont ressortis lors de l'association libre.
Les parents d'accueil ont comme principales préoccupations d'offrir à l'enfant un
parent « normal » et traitent de rôles affectifs (aimer et accepter l'enfant; apporter un
sentiment de bien-être; rôle de confident; ne pas remplacer le parent d'origine),
éducatif (aider l'enfant à évoluer; inculquer des valeurs; responsabiliser et préparer
l'enfant à la vie adulte), de soutien (rôle d'écoute) et de protection (apporter un
sentiment, de sécurité). Cependant, lors de l'analyse thématique, aucune référence aux
caractéristiques associées à l'exercice du rôle de parent d'accueil (qualités, obligations
et sentiment éprouvé) n'est ressortie. Ceci peut être mis en lien avec le fait que, lors de
la technique d'association libre, les termes nommés par les parents d'accueil font
davantage référence à la nature du rôle (32) qu'aux caractéristiques associées à
l'exercice du rôle (18). De plus, en ce qui a trait au niveau d'importance, les termes
estimés par les parents d'accueil comme étant les plus importants sont davantage liés
à la nature du rôle de parent d'accueil. Bref, la nature du rôle de parent d'accueil
semble prépondérante dans les représentations des parents d'accueil et pourrait se
résumer par « être un parent normal », ce qui englobe les rôles affectifs, de soutien, de
protection et d'éducation. Le tableau suivant résume l'ensemble des rôles évoqués par
les participants.
Les représentations sociales des parents d'accueil 55
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Tableau 4
Rôles en tant que parent d'accueil
Nombre de
Rôles mention(s)
Être un parent « normal » 5
Aimer l'enfant et l'accepter tel qu'il est 5

Apporter un sentiment de bien-être et de sécurité 5


à l'enfant

Aider l'enfant à évoluer 4

Inculquer différentes valeurs à l'enfant 4

Rôle de confident et d'écoute 3

Ne pas remplacer le parent d'origine 3

Responsabiliser et préparer le jeune à la vie adulte 2

4.2.3. Rôle du p a r e n t d'origine lors du placement

À la suite de la présentation des représentations sociales du rôle de parent


d'accueil, il est maintenant pertinent de s'attarder au rôle que ces derniers croient que
les parents d'origine devraient jouer lors du placement de leur enfant. Cela permet de
mieux comprendre la vision des parents d'accueil concernant le partage des
responsabilités parentales entre parents d'origine et d'accueil lors d'un placement.
Puisque cet aspect n'a pas été abordé spontanément lors de la technique d'association
libre par les parents d'accueil, ces derniers ont été invités à s'exprimer à ce sujet. Les
parents d'accueil nomment différents rôles qui appartiennent, selon eux, aux parents
d'origine lors du placement de leur enfant. Toutefois, ils précisent que, dans la réalité,
ces rôles ne sont généralement pas joués par les parents d'origine. De plus, les parents
d'accueil attribuent souvent plus d'un rôle aux parents d'origine puisque ce sont 14
rôles distincts qui sont mentionnés. À la lumière de l'analyse des différents rôles que
les parents d'accueil attribuent aux parents d'origine lors du placement de leur enfant,
deux catégories de rôles liés au parent d'origine sont dégagées : 1) en lien avec sa
situation personnelle et sa relation avec son enfant; 2) en lien avec sa relation avec la
famille d'accueil.
56 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Dans un premier temps, parmi les rôles des parents d'origine, neuf parents
d'accueil nomment des rôles qui font référence à la situation personnelle des parents
d'origine et aux relations à entretenir avec leur enfant placé. Ce sont quatre parents
d'accueil qui estiment que le rôle premier du parent d'origine lors du placement est de
régler la situation à l'origine du placement dans le but de pouvoir reprendre l'enfant.
Ensuite, le même nombre de parents d'accueil (quatre) croient que le parent d'origine
doit garder contact avec l'enfant et continuer à le soutenir et à l'aimer :

« C'est de, d'essayer eux autres, si c'est eux autres le problème,


d'essayer d'améliorer, de prendre les moyens pour s'améliorer pour
pouvoir venir un jour chercher l'enfant. » (participante numéro sept)

« Ben moi le rôle, moi le rôle c'est de garder contact avec l'enfant.
Ça c'est le rôle du parent de garder contact avec l'enfant. De voir qu'il
évolue si y'a la capacité de voir ça. Juste pendant le temps du placement
là, si le parent naturel garde contact avec l'enfant, que l'enfant se sent
bien, ben l'enfant monte là-dedans. » (participante numéro neuf)

« Moi je trouve qui (les parents d'origine) devraient s'intéresser à


qu'est-ce qui se passe avec leur enfant, premièrement. Au niveau je sais
pas, activités, est-ce que tu manges bien? (...) Pis travailler ben, ben fort
pour qui les récupèrent. Que tsé là y retournent dans leur milieu de vie à
eux autres pis dans leurs affaires. » (participante numéro deux)

À l'inverse des propos mentionnés précédemment, un parent d'accueil croit


plutôt que le parent d'origine devrait s'effacer de la vie de l'enfant et ne pas lui faire
miroiter un retour éventuel dans le milieu familial si ce n'est pas possible :

« Ben j'pense qui devrait s'effacer. Ça créerait, ça dépend aussi


des situations, mais ça créerait beaucoup moins de problèmes. Parce que
c'est le yoyo, j'te prends, j'te prends pas, j'te prends, j'te prends pas. Moi
j'pense qu'un enfant qui est placé, il devrait être placé comme un enfant
adopté, comme un orphelin. (...) Yen a qui veulent absolument, qui
rament à contre-courant et qui créent des problèmes non seulement pour
les parents d'accueil, mais surtout pour leur enfant. Ils ne s'en rendent
pas compte du dégât qu'ils peuvent faire parce que ces enfants-là, ils
sont marqués à vie. Quand elle m'appelait moi, elle me disait papa et
quand c'était ma femme, elle disait maman. Quand sa mère a vu ça, ah
j'veux pas qu'elle vous appelle papa, maman. Mais là pauvre petite fille,
la gamine elle a quoi? Elle n'en sait rien du tout. Elle, tout ce qui
l'intéresse, c'est qui c'est qui la fait manger, qui c'est qui change les
couches, qui c'est qui la garde dans ses bras. » (participant numéro six).
Les représentations sociales des parents d'accueil 57
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Dans un deuxième temps, ce sont cinq participants qui attribuent aux parents
d'origine des rôles liés à la relation avec les parents d'accueil. Parmi ceux-ci, deux
parents d'accueil croient que le parent d'origine doit être en mesure de ne pas
déranger et de comprendre ce que fait la famille d'accueil :

« Et bien c'est, j'pense que y'a beaucoup de parents qui


comprennent pas le rôle de la famille d'accueil. J'pense que le parent
d'origine devrait essayer de comprendre le pourquoi leur enfant est placé
premièrement. Et puis y devraient essayer de comprendre un peu plus
notre rôle à nous autres. On n'est pas là, premièrement pour les juger;
on n'est pas là pour enlever leur place auprès de leur enfant. On est là
seulement pour les aider, l'enfant et les parents pour que ça aille mieux
dans leur vie. Ça c't'une chose qui est très difficile, des fois à faire
comprendre à certains parents. » (participante numéro sept)

Deux parents d'accueil, pour leur part, parle de l'importance que le parent
d'origine aide l'enfant à s'investir dans la famille d'accueil et ne la dénigre pas devant
l'enfant. D'ailleurs, un parent d'accueil compare ce que peuvent vivre les enfants en
famille d'accueil au vécu d'enfants issus de couples séparés :

« J'pense qui devraient permettre à l'enfant de... c'est comme une


garde partagée dans le fond. Tsé un couple, si, si y se sépare dans la
« fouarre » pis le mari parle de la femme, de son ex, pis la femme de son
ex... pis c'est la « fouarre ». Les enfants y vont toujours se sentir déchirés
entre ça. Ben nous autres on vit ça dans le fond une garde partagée.
Faque si moi de mon côté j'dis ben oui c'est normal que tu l'aimes pis que
t'aies le goût de la voir pis tu peux m'en parler de ta mère, moi j'va
t'écouter. Pis si la mère ou le parent de l'autre côté fait la même chose,
ben l'enfant se sentira pas déchiré entre les deux. » (participante numéro
quatre)

Finalement, une mère d'accueil se prononce sur le fait que, selon elle, les
parents d'origine ne devraient pas avoir à prendre de décisions concernant leur enfant
lorsque ce dernier est en situation de placement :

« J'pense qui sont pas capables de prendre soin d'eux autres faque
y devraient pas avoir de place pour la décision. Non. Moi je prends les
décisions en conséquence, avec toute ma conscience de parent qui dit ben
si y fait ça, si je décide ça, y va arriver ça. Je pense pas que, en tous cas
les parents que moi j'ai connus, je pense pas qu'ils avaient le niveau
affectif ou bien psychologique ou bien j'sais pas comment tu nommes ça
là, pour prendre les décisions et les assumer jusqu'au bout. »
(participante numéro huit)
58 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

En résumé, parmi les rôles énumérés concernant les parents d'origine, il semble
qu'une majorité de parents d'accueil ne conçoit pas nécessairement le partage de
responsabilités de type parental avec les parents d'origine. Pour eux, les parents
d'origine doivent avant tout régler leurs difficultés et laisser la famille d'accueil
prendre le relais avec leur enfant. En ce sens, les parents d'accueil attribuent aux
parents d'origine davantage de rôles en lien avec leur situation personnelle et leur
relation avec leur enfant. Lorsque les parents d'accueil attribuent des rôles aux
parents d'origine qui font référence à la relation avec la famille d'accueil, il s'agit
surtout de ne pas interférer dans le travail que fait la famille d'accueil. Le tableau
suivant résume l'ensemble des rôles que les parents d'accueil attribuent aux parents
d'origine.

Tableau 5
Rôles des parents d'origine lors du placement de leur enfant
selon les parents d'accueil
Rôles Nombre de ment.ion(s)
En lien avec sa situation personnelle et sa relation avec son enfant
Régler sa situation personnelle à l'origine du placement de .
l'enfant
Garder contact avec son enfant, le soutenir et l'aimer
S'effacer de la vie de l'enfant 1
En lien avec sa relation avec la famille d'accueil
Ne pas déranger, comprendre le travail et le rôle de la famille
d'accueil 2

Ne pas dénigrer la famille d'accueil 1

Travailler dans le même sens que la famille d'accueil 1


Ne pas prendre de décisions concernant l'enfant pendant le
placement

4.3. Information : le fonctionnement des familles d'accueil


Les représentations sociales du rôle joué par les parents d'accueil s'appuient
sur des connaissances ou des informations qui découlent, entre autres, de leur
expérience en tant que parent d'accueil. Dans cette perspective, les participants ont
été invités à traiter du fonctionnement de leur famille. Trois aspects sont explorés :
1) l'exercice des rôles entre les parents d'accueil et les parents d'origine; 2) les types de
Les représentations sociales des parents d'accueil 59
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

contacts qui ont lieu entre les parents d'accueil, l'enfant et les parents d'origine; 3) le
déroulement des contacts avec le parent d'origine.

4.3.1. Exercice des rôles e n t r e les p a r e n t s d'accueil et les p a r e n t s d'origine

Dans les prochains paragraphes, les parents d'accueil traitent de leur


expérience relative au partage des rôles avec les parents d'origine. Cela permet de
mettre en lumière dans quelle mesure les rôles des parents d'accueil et des parents
d'origine sont partagés ou plutôt, si chacun agit séparément lors du placement d'un
enfant.

Dans un premier temps, la moitié des parents d'accueil estiment qu'il y a, avec
les parents d'origine, présence de collaboration, de partage des rôles et de continuité
du travail, chacun allant dans le même sens pour le bien de l'enfant :

« Si le jeune faisait de quoi ici, que je lui donnais une


conséquence, si la fin de semaine y venait le chercher (le parent
d'origine), j'iui disais. Faque là son père disait oui OK, en fin de semaine
on était supposé faire telle activité, on la fera pas parce que y'a pas été
correct, y'a pas été comme il faut. Faque là le jeune y voyait qu'on
marchait ensemble faque il s'arrangeait pour pas faire de conneries. »
(participant numéro cinq)

En contrepartie, selon trois autres parents d'accueil, il n'y pas de collaboration


ni de partage des rôles entre eux et les parents d'origine, chacun faisant les choses de
son côté. Un de ces parents d'accueil ajoute qu'il souhaiterait la situation inverse :

« Oui parce que moi j'aurais aimé ça avoir ça (que le parent


s'informe de son enfant), mais non. Pis j'veux dire je tendais pas la
perche faque non. [intervieweur : Mais vous auriez aimé si c'était venu
du parent?] Oui (avec exclamation). Voir que, tsé qui s'informe. Savoir
qu'est-ce qui se passe avec son enfant pis toute pis non. » (participante
numéro deux)

Un parent d'accueil, pour qui il y a absence de collaboration avec le parent


d'origine, estime qu'il est important de ne pas mélanger les rôles des parents d'accueil
avec ceux des parents d'origine et préfère lorsque les parents d'origine sont absents de
la vie de l'enfant :
60 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

« C'est sûr qui faut pas mélanger les deux, ce qu'on a tendance à
faire. Ben c'est ça, faut pas trop non plus, faut pas se prendre pour le
père, pour le père ou la mère de l'enfant. Sauf qu'à un moment donné
l'enfant a besoin de, a un besoin d'affection, un besoin de... c'est ça un
besoin d'affection qui vient chercher chez nous. Mais c'est un couteau à
double tranchant parce que des fois y, y viennent à maison, sont bien
chez nous, mais là y'a comme un genre de conflit de loyauté qui vient
avec les parents. » (participant numéro trois)

« Moi personnellement j'aime mieux des enfants qui n'ont pas de


contacts avec les parents. C'est beaucoup plus facile que des enfants qui
ont des contacts avec les parents. » (participant numéro trois)

Finalement, pour deux parents d'accueil, l'intervenant et le Tribunal


permettent aux parents d'accueil et aux parents d'origine d'exercer leurs rôles
respectifs. Le jugement fait en sorte que chacun sait ce qu'il a à faire dans la
situation et l'intervenant intervient lorsque la situation est tendue :

« Il ne devrait pas avoir d'intervenant entre nous (parents


d'accueil et parents d'origine) dans le meilleur des mondes mais j'veux
dire on en a besoin. Pis je pense que c'est comme ça se passe là.
C'est-à-dire un juge qui dit écoute-là, moi j'peux pas être partout donc
d'après ce que tu me dis pis d'après ce que vous nous dites, bon, j'donne
un jugement, j'veux que ça s'exécute exactement comme j'ie dis. Pis la
DPJ est supposée gérer ça. » (participante numéro huit)

« Pour d'autres, ça fonctionne pas. On est mieux de pas parler.


C'est mieux de parler au travailleur social pis que le travailleur social
intervienne là parce que... ça va pas. » (participante numéro dix)

En résumé, en ce qui a trait à l'exercice des rôles entre les parents d'accueil et
les parents d'origine, deux tendances s'observent : soit les parents d'accueil (5)
estiment qu'il y a présence de collaboration et de partage des rôles, soit ils rapportent
la situation inverse (3). Finalement, d'autres parents d'accueil (2), pour leur part,
estiment que les intervenants et le Tribunal permettent tant au parent d'accueil qu'au
parent d'origine d'exercer leur rôle respectif. Le tableau suivant résume la pensée des
répondants au sujet du partage des rôles entre les parents d'origine et les parents
d'accueil.
Les représentations sociales des parents d'accueil 61
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Tableau 6
Exercice des rôles entre les parents d'accueil et les parents d'origine

Nombre de
Exercice des rôles parent(s) d'accueil
Collaboration, partage des rôles et continuité dans le travail fait
auprès de l'enfant c
Absence de collaboration et de partage des rôles 3
Intervenants et Tribunal permettent aux parents d'accueil
et aux parents d'origine d'exercer leurs rôles respectifs 2

4.3.2. Types de contacts

Dans le but de mieux comprendre leur expérience avec les parents d'origine, les
parents d'accueil ont été questionnés à savoir quels étaient les types de contacts qu'ils
entretiennent avec ces derniers. Un premier constat ressort, soit le fait qu'il est
difficile de dissocier les contacts qu'ont les parents d'accueil avec les parents d'origine
de ceux que ces derniers ont avec leurs enfants. Cela s'explique par le fait que les
contacts que les parents d'accueil ont avec les parents d'origine sont toujours en lien
avec l'enfant sauf pour de rares exceptions (deux parents d'accueil se sont liés d'amitié
avec un parent d'origine).

Pour débuter, tous les parents d'accueil ont connu différents types de contacts
avec les parents d'origine : 1) en personne lorsque le parent d'origine venait chercher
l'enfant dans la famille d'accueil ou lorsque le parent d'accueil reconduisait l'enfant
chez le parent d'origine; 2) des contacts téléphoniques; 3) des contacts via le centre
jeunesse; 4) des contacts en milieu scolaire; 5) des visites supervisées au domicile de la
famille d'accueil. Selon les parents d'accueil, ces contacts ont lieu pour le bien-être et
le développement des enfants. Les contacts avec les parents d'origine amènent
différents bénéfices à l'enfant, dont celui de se sentir bien dans la situation de
placement et de mieux se développer sur le plan affectif :

« En majorité, j'te dirais que c'était bien parce que nous autres
c'qu'on veut, c'est justement, pour aider les enfants à bien grandir, étant
donné leur situation. On essaie le plus possible d'avoir des bons
contacts. » (participante numéro un)
62 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

De plus, deux parents d'accueil rapportent s'être en quelque sorte liés d'amitié
avec un parent d'origine :

« En tant que famille d'accueil, pas beaucoup de relations avec


les parents d'origine... j'ai eu une, avec un parent qu'on est vraiment
restés vraiment liés pis d'amitié là. Pour le reste non. » (participant
numéro trois)

Pour trois parents d'accueil, des parents d'origine sont venus prendre un café à
leur domicile pour parler de l'enfant ou pour faciliter le retour de l'enfant après une
visite. Aussi, un parent d'accueil rapporte avoir été présent à une activité sportive d'un
enfant hébergé en présence de son parent d'origine. Pour un autre, la réception du
baptême d'un enfant qu'il avait hébergé a eu lieu à son domicile avec la famille
d'origine. Toutefois, ces situations sont considérées comme rarissimes lorsque les
parents d'accueil considèrent l'ensemble des situations vécues avec les parents d'origine
de tous les enfants qu'ils ont hébergés. En ce sens, un parent d'accueil dit n'avoir eu
aucun contact avec la majorité des parents d'origine des enfants qu'il a hébergés :

« On a eu des contacts qu'avec ses parents à elle (nom d'une


adolescente placée). Les autres, on recevait les enfants, on savait même
pas qui c'était (les parents d'origine). On n'a jamais eu de contact. »
(participant numéro cinq)

Concernant les contacts entre les parents d'origine et leurs enfants, une
majorité de parents d'accueil (7 sur 10) rapporte que ce sont généralement les mères
qui gardent contact, les pères étant beaucoup moins présents :

« C'que remarque aussi souvent c'est la mère qui est avec les
enfants. En tous cas, moi ce que j'ai vu c'est toujours la mère. Je sais pas
si y'ont été conçus du Saint-Esprit là (rires). » (participante numéro neuf)

Aussi, des contacts entre l'enfant, les frères et les sœurs ont souvent lieu. Dans
la famille élargie, les grands-parents, les tantes et parfois les oncles font partie des
personnes significatives et des relations entretenues par l'enfant (des contacts avec ces
derniers sont mentionnés par la moitié des parents d'accueil) comme en témoignent
ces propos :
Les représentations sociales des parents d'accueil 63
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

« Moi j'viens le porter ici pis y rencontre, y rencontre sa grand-


mère et son frère. Sa grand-mère et son frère parce qu'il a un frère plus
vieux. » (participante numéro quatre)

« Mais, le contact le plus, c'est ni avec le père, ni avec la mère, c'est


avec la grand-mère, avec la mère du père. » (participant numéro six)

Finalement, trois parents d'accueil mentionnent qu'ils ont déjà permis que des
visites supervisées aient lieu au domicile de la famille d'accueil :

« Assis à la table à la maison, je leur offrais un café, des biscuits.


Pas de liens... Moi je sentais d'eux autres, c'était comme OK y'avaient eu
l'accord de pouvoir voir leur enfant. Ils venaient, mais c'était comme
peut-être une obligation des fois pour eux autres. De venir faire cette
visite-là. » (participante numéro deux)

« Pis y'a commencé à avoir des contacts avec sa mère à l'âge de


dix ans. Faque là y sortait les fins de semaine pis là ben sa mère à
venait ici, à venait le voir. À montait en autobus, à voulait le voir. À
restait une heure ou deux ici pis à redescendait. A repartait. Pis après ça
à l'a repris. » (participant numéro cinq)

En résumé, tous les parents d'accueil ont vécu différents types de contacts dont
une majorité a eu lieu avec la mère seulement (T). De plus, la moitié des parents
d'accueil rapporte que des contacts et des relations significatives sont établis avec des
membres de la famille élargie. Certains parents d'accueil (3) rapportent que les
parents d'origine entrent et visitent brièvement la famille d'accueil alors que d'autres
(3) ont permis le déroulement de visites supervisées à leur domicile. Le tableau
suivant présente une synthèse des types de contacts vécus entre le parent d'accueil,
l'enfant et le parent d'origine.
64 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Tableau 7
Types de contacts entre le parent d'accueil, l'enfant et le parent d'origine
Nombre de
Types de contacts mention(s)
Différents types de contacts vécus (téléphoniques, en personnes, etc.) 10
Généralement les contacts se font avec la mère 7
Contacts et relations significatives avec la famille élargie 5
Parent d'origine qui entre et visite la famille d'accueil avant ou après „
un contact avec l'enfant
Visites supervisées qui se déroulent dans la famille d'accueil 3
Parent d'accueil qui se lie d'amitié avec un parent d'origine 2
Présence du parent d'accueil et du parent d'origine à une activité 1
sportive de l'enfant
Réception de baptême qui a lieu au domicile de la famille d'accueil avec
les parents d'origine 1

Aucun contact avec la majorité des parents d'origine 1

4.3.3. Déroulement des contacts avec les p a r e n t s d'origine

Après avoir traité des types de contacts que les parents d'accueil ont avec les
parents d'origine, souvent à travers ceux que ces derniers entretiennent avec leurs
enfants, il est question de leur déroulement. Les propos des participants concernent
autant le déroulement des contacts en lien avec le parent d'accueil qu'avec l'enfant.

Dans un premier temps, de façon générale, plus de la moitié des parents


d'accueil (6) estiment que leurs contacts avec les parents d'origine sont positifs. Cinq
d'entre eux précisent que les contacts sont la plupart du temps courtois bien que
« froids » :

« Oui, y'a des visites qui ont lieu ici pis eh, j'ai toujours, toujours
eu de très belles relations. Les parents ont toujours été très corrects avec
moi. Comme moi j'ai toujours été correct avec eux autres. Que ce soit par
téléphone ou qui viennent directement, j'ai toujours eu des bons contacts
avec eux autres. » (participante numéro sept)

« C'tait un contact qu'on a eu avant qu'à décède, c'tait quand


même bon, mais c'était froid. Tsé eh, à fallait chez sa mère toutes les
fins de semaine pis c'tait pas plus que ça, on s'parlait pas vraiment. »
(participant numéro trois)
Les représentations sociales des parents d'accueil 65
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Toutefois, un père d'accueil rapporte que le bon déroulement des contacts s'est
modifié à la suite d'une situation particulière : un enfant a été placé chez lui pendant
de nombreuses années, il y a eu réunification familiale (retour dans le milieu familial
pendant plus de trois mois) puis l'enfant a été placé de nouveau chez lui. Ce père
d'accueil rapporte que les contacts avec la mère d'origine se déroulaient bien jusqu'à
l'échec de la réunification familiale alors que les contacts sont devenus difficiles :

« Non ça a toujours été en bons termes sauf au moment où elle a


commencé à... un jour (à la suite de l'échec de la réunification familiale),
j'vais la rechercher (l'enfant placé) : non, non, elle ne voulait pas me la
redonner. Ou j'appelle la police, mais dans tous les cas, il faut que je la
reprenne. La gamine, elle va revenir ça c'est sûr. Alors la gamine qui de
son côté voyait tout ça. » (participante numéro six)

Pour cinq parents d'accueil, les contacts entre la famille d'accueil et les parents
d'origine sont positifs pour le bien-être, l'évolution et l'équilibre de l'enfant. Selon eux,
le fait que l'enfant voit son ou ses parent(s) d'origine en contact avec ses parents
d'accueil fait en sorte qu'il se sent mieux dans la situation de placement, qu'il se sent
encadré et qu'il peut s'investir dans la famille d'accueil :

« Ben en tous cas pour les enfants, on trouve qui grandissent bien
dans tout ça, parce que c'est important. Tsé y'ont pas affaire à un conflit,
sont pas mis en conflit entre le parent naturel pis le parent d'accueil. »
(participante numéro quatre)

« (en parlant du fait que sa mère d'accueil et sa mère d'origine


étaient assises ensemble à sa partie de football) Mon plus vieux y l'a
trouvé ben drôle parce que là on revenait ici pis elle était pas dans le
coin, à repartait par un autre bord. Pis y dit j'ai trouvé ça le fun y dit de
voir mes deux mères assises ensemble. » (participante numéro deux)

« C'est sûr que c'est toujours bon de s'entendre avec les parents
naturels parce que si on s'entend pas avec eux autres, automatiquement
l'enfant va le ressentir. » (participant numéro sept)

Lors des contacts, six parents d'accueil ont rapporté n'avoir aucun problème
avec le fait que les parents d'origine entrent dans la famille d'accueil. Deux d'entre eux
n'acceptent plus ceci à la suite d'expériences négatives :

« Eh moi, j'ai rien à cacher. Ecoute, une maison c't'une maison.


Tant que ça fouille pas dans les sacoches là (rires). Non, non, mais tsé,
j'trouve c't'important, j'trouve c't'important que, que la personne sache
66 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

y'est où l'enfant, y'est où. Tsé c'est quoi son milieu de vie là? Tsé, j'trouve
ça normal moi. » (participante numéro neuf)

« On a eu de mauvaises (rires), de mauvaises (rires), de


mauvaises surprises... ben encore là pour un manque d'expérience parce
que la première année on a accepté que des parents viennent, que la
rencontre surveillée se fasse ici à la maison. Imagine-toi le, le parent qui
accepte pas que son enfant est placé, y vient chez nous, voir sa fille...
garde ça a pas été une bonne idée. » (participant numéro trois)

« Sous prétexte que bon, le petit allait déranger où est-ce qu'elle


était, elle a demandé de passer le moment avec le petit chez nous, dans
notre maison. Ça j'ai pas aimé ça. (...) J'me suis sentie vraiment
envahie. Tsé alors que j'avais beaucoup de place pour son fils ben elle là
moi j'ai pas décidé d'en, de, j'ai pas décidé elle de lui ouvrir ma porte
alors que son enfant oui. » (participante numéro quatre).

Ce sont trois parents d'accueil, pour leur part, qui ont découvert que des
enfants avaient vécu des situations de négligence et d'abus physique lors d'un contact
(parents en état de consommation, abus de la part d'un membre de la famille et
bataille entre les membres de la famille) :

« (en parlant du rôle de parent d'accueil) C'pour ça tantôt que


j'disais beaucoup d'amour. Parler. Les enfants après y pleuraient parce
que la mère à s'en venait. Elle les avait battues, elle les avait tapées. Pis
là les filles y me contaient toute en arrivant. On voyait les marques. »
(participante numéro dix)

« C'est déjà arrivé que l'enfant était en sortie chez ses parents,
l'enfant était en sortie pis c'est la police qui nous réveillait en pleine nuit
parce que la guerre était pognée (lors du contact entre l'enfant et ses
parents d'origine) pis les parents étaient mis en arrestation pour un 24
heures, des choses comme ça... parce que y'avait de la bagarre.»
(participante numéro un)

Aussi, ce sont sept parents d'accueil sur dix qui rapportent avoir vécu à un
moment ou à un autre de leur carrière des expériences négatives. Parmi celles-ci, on
rapporte des appels à la police (de la part du parent d'origine), des parents d'origine
qui se sont présentés au domicile de la famille d'accueil en état de consommation, du
harcèlement, des signalements non fondés envers la famille d'accueil, des parents
d'origine qui ne voulaient pas laisser l'enfant à la famille d'accueil après une visite et
d'autres qui ont tenté de discréditer les parents d'accueil en Cour :
Les représentations sociales des parents d'accueil 67
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

« Y en a qui ont fait venir la police ici, dont un à deux reprises


(rires). Ça c'est spécial. Eh, ensuite, j'ai eu des menaces. Un coup que
l'enfant était parti mettons, j'ai mis quelques enfants à la porte, pis eh,
bon ben les parents m'appelaient soit « chauds », soit « gelés ben dure ».
Là on y passe. » (participante numéro huit).

Toujours parmi ces sept parents d'accueil qui ont vécu des expériences
négatives, les différents événements ne sont pas venus modifier le fonctionnement de
trois parents d'accueil par rapport aux contacts avec les parents d'origine. Toutefois, à
la suite de ces événements, quatre parents d'accueil estiment qu'il vaut mieux qu'il y
ait le moins de contacts possible avec les parents d'origine. Un parent d'accueil précise
qu'il préfère en savoir le moins possible sur la vie du parent d'origine :

« T'es mieux de pas en savoir de leur vie là, t'aimes aussi ben pas
entendre ça là. (...) Tsé dans le fond, j'pense que ces enfants-là ont
besoin comme de faire un nouveau départ en ayant un contact avec d'où
y viennent. Faque quand tu sais toute l'histoire, on dirait que t'es portée
des fois à mettre un, à mettre une étiquette sur le front de l'enfant. Pis
ça, t'as pas d'affaire à faire ça. Ct'enfant là t'es là pour lui apprendre
d'autres choses. Faque d'être en contact avec les parents, les grands-
parents, j'pense c'est ça que ça fait. C'est ça que ça fait. On est aussi ben
de pas avoir conscience d'où est-ce qui sortent. Faque comme ça t'as pas
de, t'as pas de barrières face aux enfants. » (participante numéro
quatre).

Deux autres participants estiment que les contacts font en sorte que le parent
d'origine se sent parfois menacé et vit un sentiment d'infériorité par rapport au parent
d'accueil. Cependant, l'un d'entre eux spécifie que cela se produit davantage au début
de la relation et que ce sentiment s'estompe avec le temps :

« Ben des fois ça peut arriver que, ben là toi tu y fais faire ça,
quand que la relation est pas établie pis que la mère, ça c'est surtout au
début, la mère vit un sentiment de, pas de rejet, mais de,
d'abaissement. » (participante numéro neuf)

Finalement, concernant le déroulement souhaité lors des contacts, quatre


parents d'accueil croient que les parents d'origine et les parents d'accueil devraient
être capables de se rencontrer, que les contacts devraient bien se dérouler, qu'il y ait
présence d'harmonie, de dialogue et de communication. Toutefois, leur expérience
démontre qu'il est souvent difficile, voire parfois impossible, de réussir ceci compte
tenu des problèmes importants vécus par les parents d'origine :
68 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

« Dans un monde idéal, on devrait être capable de se dire ben


regarde le petit vit ça par rapport à, bon quand y va te voir y revient pis
y fait ça, ça, ça... Tu penses-tu qu'on pourrait trouver une solution
ensemble pour que le petit soit mieux là-dedans, tsé. (...) D'avoir un
dialogue conscient de l'enfant qu'on élève ensemble dans le fond. »
(participante numéro quatre)

« Ben c'est sûr que quand qu'il y a beaucoup d'entente et si y'avait


plus, un petit peu de dialogue. (...) Beaucoup plus de dialogue, beaucoup
plus d'entente avec le parent, plus de communication. » (participante
numéro sept)

« Eh, mais la non-reconnaissance des parents naturels c'est pas


mal, ça fait mal. Les mauvais mots ça fait mal. Mais tsé j'me dis des fois
« pauvre diable », y'ont le mal de vivre, tsé veut dire y'ont, y'ont pas eu le
bonheur dans vie comme moi je l'ai eu à quelque part là tsé. (...). Tu
peux pas donner aux autres ce que t'as pas reçu alors probablement que
c'est ça. » (participante numéro huit)

En résumé, six parents d'accueil estiment que les contacts sont généralement
positifs, dont cinq d'entre eux les qualifient de froids bien que courtois. Cinq parents
d'accueil estiment aussi que les contacts sont positifs pour le bien-être, l'évolution et
l'équilibre de l'enfant. Cependant, ce sont plusieurs parents d'accueil (7) qui
rapportent avoir vécu au moins une expérience négative au cours de leur carrière. À la
suite de ces événements, certains parents d'accueil (3) n'ont pas modifié leurs façons
de procéder avec les parents d'origine alors que pour d'autres (4), ils sont maintenant
plus restrictifs envers ces derniers. Le tableau suivant présente la synthèse des propos
des parents d'accueil concernant le déroulement des contacts entre le parent d'accueil,
l'enfant et le parent d'origine.
Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Tableau 8
Déroulement des contacts entre le p a r e n t d'accueil, l'enfant et le p a r e n t d'origine

Nombre de
Déroulement des contacts mention(s)
Au moins une expérience négative vécue lors d'un contact avec le
parent d'origine 7
Contacts généralement positifs 6
Parent d'origine qui a le droit d'entrer dans le domicile de la
famille d'accueil 6
Contacts froids bien que la plupart du temps courtois 5
Contacts positifs pour le bien-être, l'évolution et l'équilibre de
l'enfant 5
Parents d'origine et parents d'accueil devraient être en mesure de se
rencontrer, de dialoguer et de communiquer (déroulement souhaité) 4
Parents d'accueil témoins que les enfants ont vécu des situations
de négligence et d'abus physique lors du contact 3
Parent d'origine qui n'a pas le droit d'entrer dans le domicile de
la famille d'accueil 2
Sentiment de menace et d'infériorité présent chez le parent
d'origine 2
Contacts difficiles à la suite de l'échec de la réunification familial
(retour de l'enfant dans la famille d'accueil) 1

4.4. A t t i t u d e : l e s r é a c t i o n s à la s u i t e d e s c o n t a c t s

Les contacts entre l'enfant et son parent d'origine nécessitent souvent que le
parent d'accueil ait lui-même des contacts avec les parents des enfants qu'ils
hébergent. La présente section porte sur leur vécu face à ces contacts ainsi que sur
leurs expériences en lien avec les réactions des enfants et de leurs parents d'origine à
la suite des contacts. Le but ici est d'identifier ce que suscitent ces contacts et de
mieux cerner comment ces différentes réalités sont perçues p a r les parents d'accueil.
Cela permet entre autres de souligner la présence ou non d'un lien significatif entre
l'enfant et son parent et les différentes réactions des enfants. De plus, cela permet de
faire ressortir l'influence des contacts dans le quotidien de l'enfant selon les parents
d'accueil. Finalement, les parents d'accueil sont souvent des témoins privilégiés des
réactions de certains parents à la suite des contacts, ce dont il est question.
70 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

4.4.1. Réactions du p a r e n t d'accueil à la suite des contacts avec les p a r e n t s


d'origine

Encore une fois, il est important de spécifier qu'à travers les propos des parents
d'accueil, il est difficile de dissocier les contacts de l'enfant avec le parent d'origine de
ceux des parents d'accueil avec le parent d'origine. Ceci s'explique par le fait que les
contacts entre les parents d'accueil et les parents d'origine sont toujours en lien avec
l'enfant : les parents d'accueil et les parents d'origine sont brièvement en contacts
lorsque l'enfant visite, communique avec le parent d'origine, parce qu'ils discutent ou
se rencontrent concernant la situation de l'enfant.

Dans un premier temps, ce sont trois parents d'accueil qui rapportent se sentir
bien lors des contacts avec les parents d'origine, contacts qui sont normaux dans la
situation selon eux. Parmi ceux-ci, une mère d'accueil dit se sentir bien à la suite des
contacts tant qu'elle n'a pas à gérer des conflits entre les parents d'origine séparés,
situation qui s'est produite dans le passé et lors de laquelle elle a dû établir ses
limites. Une autre mère d'accueil, pour sa part, dit ne pas avoir de réaction comme
telle à la suite des contacts avec les parents d'origine.

« Mais j'ai eu des contacts avec les parents là. C'était comme,
nous autres ça a tout le temps été comme normal. Pas de, pas
d'attaques. » (participante numéro deux)

Deux parents d'accueil, pour leur part, rapportent se sentir fâchés, frustrés ou
impuissants à la suite des contacts entre l'enfant et le parent d'origine, car ils
constatent certains éléments (état du parent d'origine, consommation, violence,
négligence) lors des visites :

« Ben c'est ça, on comprend beaucoup de choses, mais on peut pas


les expliquer, on peut pas... certains intervenants nous demandent de
leur dire qu'est-ce qu'on perçoit, mais on semble pas, ça donne pas grand
chose. Y'a pas de suite ça là tsé. On aura beau dire garde je pense que la
maman était en état d ebriété, bon je pense que ci, je pense que ça ou j'ai
agi de telle façon ou quoi que ce soit. Pis avant tsé, pis y'a même des
intervenants qui nous disent écrivez ça, écrivez ça. Jusqu'à temps qu'un
moment donné je dise: ben là, moi c'est pas ma job d'écrire ça. (...)
Faque là dans ce temps-là, à n'importe quelle heure du jour, j'prends le
téléphone, c'est le répondeur pis je dicte ce que je viens de m'apercevoir
ou de percevoir ou de savoir et là je le dicte. » (participante numéro huit)
Les représentations sociales des parents d'accueil 71
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Finalement, une mère d'accueil rapporte qu'il lui arrive de discuter longuement
avec certains parents d'origine, ce qu'elle trouve parfois fatigant bien que cela fait
partie de son rôle à son avis :

« Quand qui appellent les parents, ah y'a des fois que moi j'me
souviens de la première : ouf! 45 minutes au téléphone, ça finissait plus
les plaintes. Plaintes, les plaintes à DPJ, les plaintes de la DPJ pis ça
finissait plus là. Tsé t'essayes toujours de, d'en enlever des plaintes. Là
arrête à un moment donné. Des fois, j'm'en serais passé là. Mais être
famille d'accueil c'est ça. Tsé ça fait partie de, ça fait partie d'un tout. »
(participante numéro neuf)

En résumé, les réactions rapportées par les parents d'accueil à la suite des
contacts avec les parents d'origine sont variables : certains se sentent bien (3) alors
que d'autres se sentent frustrés, fâchés et impuissants (2). Un parent d'accueil, pour
sa part, ne rapporte aucune réaction. Un tableau qui résume la synthèse des réactions
de chacun des acteurs (parent d'accueil, enfant et parent d'origine) est présenté à la fin
de cette section.

4.4.2. Réactions de l'enfant à la suite des contacts avec les p a r e n t s d'origine

Premièrement, selon trois parents d'accueil, les réactions des enfants sont
généralement bonnes à la suite des contacts bien qu'ils soient souvent perturbés. Un
parent d'accueil spécifie que peu importe les activités qui ont eu lieu, l'enfant restera
positif quant au déroulement du contact et ne portera pas de jugement par rapport à
son parent d'origine :

« Mais moi mes enfants sont toujours très contents quand y


reviennent de leur contact. Perturbés, mais contents. Perturbés dans le
sens que y'ont été bourrés de sucre, y'ont été bourrés de toutes sortes de
cochonneries, liqueurs, eh manger mal, etc. Faque sont survoltés. Pis eh,
dans ce sens-là sont perturbés, mais sont toujours contents. Que papa ou
maman ait mal fait ça, c'est pas grave. Ils jugent pas ça. Pas à c't age-là,
les enfants sont pas capables de juger ça. Tsé même si y'ont rien fait de
la fin de semaine, y vont dire hey c't'ait l'fun. Pareille, même si y'ont
faite de la TV toute, toute, toute, toute la fin de semaine, y vont dire on a
faite du cinéma maison toute la fin de semaine. » (participante numéro
huit).
72 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Cependant, à la suite des contacts avec leurs parents d'origine, cinq parents
d'accueil estiment que les réactions des enfants varient beaucoup selon l'enfant, l'âge,
la dynamique et le déroulement du contact :

« Y'ont toute leur façon de réagir dépendant de leur âge. Là j'en ai


une qui a six ans, est plus capable de dire pourquoi elle est comme ça pis
qu'est-ce qui s'est passé aussi. Comme la dernière fois, il y a eu une
chicane. C't'ait difficile, ça a été difficile. Pis ça prend des fois jusqu'à un
certain temps pour, avant de, de, de résorber cette peine là ou en cette
colère là ou là, l'émotion qu'ils vivent finalement. » (participante numéro
quatre).

« Elle, c'était, elle était « rock'n roll », j'veux dire au retour des
visites avec ses parents là, son père ou sa mère parce qui étaient plus
ensembles. Ça on a tout le temps eu de la misère à le dealer aller jusqu'à
12 ans. » (participante numéro deux).

« Ça dépend la circonstance la fin de semaine quand qui


partaient. Sont contentes de partir. Si y'ont passé une belle fin de
semaine, c'est sûr qui vont le conter, mais si y'ont passé une mauvaise
fin de semaine, des fois c'est plus difficile. » (participante numéro dix).

Aussi, deux parents d'accueil voient une différence dans la réaction de l'enfant
en fonction du rythme auquel se déroulent les contacts. Selon un parent d'accueil, la
situation est plus facile lorsque les contacts sont espacés (ce qui permet à l'enfant de se
remettre de la visite) alors que pour un autre parent, d'accueil, cela est. plus facile si les
contacts sont à intervalles réguliers (ce qui permet à l'enfant de ne pas se sentir rejeté) :

« Parce que yen a, celui qui allait régulièrement, yen a qui y


allaient toutes les fins de semaines, eux-autres y'avaient pas de
problèmes. Mais ceux-là que des fois y'étaient placés ici pis des fois
y'étaient un mois, un mois et demi, deux mois sans avoir de nouvelles de
leurs parents. Faque là quand qu'ils avaient des nouvelles pis que les
parents venaient les chercher, ben là eux-autres, y'étaient contents,
y'avaient hâte là. » (participant numéro cinq)

Cependant, pour plus de la moitié des parents d'accueil (6), les réactions des
enfants sont généralement négatives puisqu'ils observent différents troubles de
comportements (opposition, régression, désorganisation, etc.) qu'ils doivent gérer à la
suite des contacts avec les parents d'origine :
Les représentations sociales des parents d'accueil 73
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

« Quand y reviennent de là, faut que tu sois en observation pis


faut que tu sois beaucoup à l'écoute parce que ces enfants là y'ont vécu
beaucoup de choses avec leurs parents ou avec leurs grands-parents pis
y sont perturbés. Ils reviennent pis sont à l'envers là. Ils s'ennuient, ils
sont tristes parce qu'il y a eu une chicane. Ils sont tristes parce que
y'ont... parce que bon la personne était pas assez disponible à leur goût.
(...). Parce que tsé toutes les chambardements, c'est nous autres qui les
vivons. » (participante numéro quatre)

« Suite aux contacts, pipi, caca dans ses culottes, refuse de


manger. Pis aussi très, alors que j'avais réussi à mettre un certain
équilibre, un certain calme dans la maison, recommencer à bouger, tsé
hyperactif un peu. Eh, la p'tite elle, c'qu'à va faire, c'est que à va être
très triste. À va se renfermer beaucoup sur elle. À va me faire des crises,
me faire de l'opposition. » (participante numéro quatre)

Finalement, trois parents d'accueil considèrent que l'enfant prend entre 24 à 48


heures avant de revenir à sa routine normale à la suite des contacts :

« Souvent ça prenait un 24-48 heures quand, un p'tit peu plus


vieux, mettons j'peux dire à partir de trois-quatre ans. Eh, plus agité,
j'voyais qu'il y avait une différence. Plus perturbé. » (participante
numéro deux)

« Une bonne journée ou deux. Ça peut aller jusqu'au mardi facile


(après que l'enfant ait passé la fin de semaine chez son parent). Mardi
soir là ça redevient, à reprend sa routine d'ici parce que tsé nous ici c'est
sûr qu'on a des heures de coucher, le matin on a des heures de levée. Ya
quand même certaines règles. Mais souvent, quand y vont chez les
parents, y'en n'a pas de règles. » (participant numéro trois)

En résumé, ce sont plusieurs parents d'accueil (7) qui précisent que les
réactions de l'enfant sont variables à la suite des contacts avec les parents d'origine, et
ce, en fonction de différents aspects : l'âge de l'enfant, la dynamique entre l'enfant et le
parent d'origine, le rythme et le déroulement du contact. Cependant, plus de la moitié
des parents d'accueil rapportent des réactions négatives chez l'enfant à la suite des
contacts avec le parent, d'origine telles que : troubles de comportement, opposition,
régression, colère, tristesse, refus de manger et désorganisation. Un tableau qui
résume la synthèse des réactions de chacun des acteurs (parent d'accueil, enfant et
parent d'origine) est présenté à la fin de cette section.
74 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

4.4.3. Réactions du p a r e n t d'origine à la suite des contacts avec l'enfant et/ou


le p a r e n t d'accueil

Concernant les réactions des parents d'origine à la suite des contacts avec
l'enfant et/ou les parents d'accueil, ces derniers rapportent davantage d'aspects
négatifs (13) que positifs (5). Premièrement, trois parents d'accueil constatent que des
parents d'origine ressentent de la jalousie face à la famille d'accueil, et ce, davantage
lorsque les enfants parlent en bien de leur famille d'accueil lors des contacts. Aussi,
certains parents d'accueil (4) disent avoir eu des plaintes, des reproches ou des
menaces de la part des parents d'origine à la suite des contacts :

« Tsé, là j'ai vu qu'il avait une certaine jalousie par rapport au


cadre de vie qu'on avait. Pis bon, c'qu'on faisait pis toute. » (participante
numéro quatre)

« Y'apprennent à aller à bicyclette, c'est pas grand-chose. Pour un


parent, toutes les parents y'aiment ça montrer à un enfant de quatre ans
comment aller en vélo. C'est non, mais sauf quand c'est la famille
(d'accueil) qui a à faire ça à son enfant... là c'est la jalousie...»
(participante numéro dix)

« Y'est arrivé chez nous à dix ans pis à 15 ans y'a pété sa coche
pis ben d'aplomb. On a préféré qui quitte la famille pis là j'ai eu des
problèmes avec la mère. Assez pour aller en Cour. (...). Menace de mort,
90 téléphones en l'espace d'une nuit. Mais la madame à l'avait un
désordre mental, mais y'a fallu quand même qu'on se serve de la loi. On
est allé en Cour pis y'a fallu qu'à maintienne la paix. Parce qu'est venue
jusque dans cour menacer, mais on n'avait pu l'enfant. Elle, à voulait
qu'on le reprenne (rires). » (participante numéro deux)

D'autres parents d'accueil (trois) ont constaté chez les parents d'origine des
manifestations de colère, de frustration et de non-acceptation du placement de leurs
enfants :

«Y'avait le droit de la voir en présence de d'autres personnes,


mais y'avait pas le droit de savoir où elle était. Ça, y nous avaient
avertis, on le savait. Faque quand on faisait la visite à (nom d'une ville),
quand on partait, on « checkait ». Il nous a déjà suivis faque on l'écartait.
On s'en allait dans les centres d'achats pis on se disait y va se tanner.
Parce que y s'est essayé une coupe de fois. Pis là lui y s'était, on lui avait
volé son enfant. Mais ça regarde. Tsé des fois t'entends toutes sortes
d'affaires. Parce que même au palais de justice, y s'est fait
réaccompagner. Il nous a menacé pis tout ça. Il criait plein d'affaires. »
(participante numéro deux).
Les représentations sociales des parents d'accueil 75
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Aussi, deux parents d'accueil disent avoir eu l'impression que le parent


d'origine n'appréciait pas les contacts avec l'enfant, un d'entre eux étant venu porter
l'enfant avant la fin du contact sous prétexte qu'il ne savait pas quoi faire avec lui :

« Mais sinon, j'ai, y'a certains parents là que j'me dis crime que
les enfants vont... j'ai l'impression quand j'allais les rechercher les
enfants, hi qui ont dû les déranger en fin de semaine. Les déranger dans
le sens, c'était pas ça là qui voulaient ces parents-là, mais c'est MA
chose. C'est simple, c'est comme ça. (...) Le pouvoir qu'il exerçait. Oui
c'est vrai. C'est comme si y'ont encore un pouvoir à quelque part. JTai
pas dans société l'pouvoir, j'I'ai pas dans ma vie amoureuse souvent. Ben
au moins là ça c't'un enfant là, mais c't'à moi là. Ça j'ai du pouvoir là-
dessus pis y m'aime. » (participante numéro huit)

Toutefois, pour près de la moitié des parents d'accueil (4), les parents d'origine
sont reconnaissants envers la famille d'accueil. De plus, un participant estime que les
contacts entre le parent d'accueil et le parent d'origine font en sorte que ce dernier ait
une vision positive du parent d'accueil :

« (Nom d'une petite fille hébergée), à la p'tite, sa mère à nous a,


elle a déjà dit, pas à mon chum directement, mais quand mon chum
allait la chercher pis à dit : en tous cas là (nom d'une petite fille
hébergée), pis à dit, t'as tellement l'air bien dans cette famille-là, tu
souris toujours maintenant. » (participante numéro quatre)

« Au début c'était un petit peu plus corsé, mais en dernier elle me


remerciait de m'occuper de sa fille. Et puis disons qu'il y avait eu un
problème avec sa fille. Je l'avais assistée dans ce problème là. Y fallait
qu'à passe en Cour là et puis je l'avais assistée là-dedans. Puis je crois
que la mère l'avait beaucoup apprécié. Ça s'était stabilisé pis après ça
toute était beau. » (participante numéro sept)

En résumé, les parents d'accueil rapportent davantage de réactions négatives


(13) du parent d'origine à la suite des contacts que de réactions positives (5). Parmi les
réactions négatives, on retrouve entre autres des plaintes, des reproches et des
menaces envers la famille d'accueil. Parmi les réactions positives, on retrouve la
reconnaissance et une vision positive de la famille d'accueil. Le tableau suivant
résume les différentes réactions rapportées par les parents d'accueil les concernant
eux, les enfants et les parents d'origine à la suite des contacts.
76 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Tableau 9
Synthèse des réactions des p a r e n t s d'accueil,
des enfants et des p a r e n t s d'origine à la suite des contacts

Nombre de
Réactions mention(s)
Du parent d'accueil
Se sent bien 3
Parents d'accueil fâchés, frustrés et sentiment d'impuissance suite au
constat de l'état de certains parents d'origine et du déroulement du
contact (consommation, violence, négligence) 2
Pas de réactions ^
Ne veut pas gérer les conflits entre les parents d'origine séparés 1
Fatigue 1
De l'enfant
Réactions variables selon l'enfant, l'âge, la dynamique, le rythme et le
déroulement du contact 7
Réactions négatives (troubles de comportement, opposition, régression,
colère, tristesse, refus de manger, désorganisation) 6
Réactions généralement bonnes 3
Enfant qui prend entre 24 et 48 heures avant de revenir à sa routine
habituelle 3
Du parent d'origine
Réactions négatives (13)
Plaintes, reproches et menaces envers la famille d'accueil 4
Jalousie par rapport à la famille d'accueil 3
Colère, frustration et non-acceptation du placement de l'enfant 3
Non-appréciation du contact avec l'enfant 2
Non-acceptation du déplacement d'un enfant 1
Réactions positives (5)
Reconnaissance envers la famille d'accueil 4
Vision positive du parent d'accueil 1

4.5. S y n t h è s e d u c h a p i t r e : les points saillants

Premièrement, le champ des représentations sociales que les parents d'accueil


se font de leurs rôles a été présenté sous deux formes : selon la technique de
l'association libre puis sous une forme plus détaillée à partir d'une analyse de contenu
thématique. Les résultats indiquent que plusieurs parents d'accueil (64 %) associent
spontanément leur rôle à celui d'une personne qui doit répondre aux besoins des
enfants qu'ils accueillent. De ce nombre, près de la moitié croit que le rôle affectif
Les représentations sociales des parents d'accueil 77
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

(amour, affection, etc.) est celui qui doit primer sur tous les autres (soutien, protection,
éducation, etc.). Par ailleurs, pour un peu plus de la moitié des participants (56 %),
une expérience de vie est à l'origine de leur décision de devenir famille d'accueil.
Concernant leur rôle, plusieurs parents d'accueil réfèrent à celui d'un parent normal,
en lien avec des rôles affectif, de soutien, de protection et d'éducation. Ils spécifient
d'ailleurs l'importance que l'enfant ait une vie normale. En ce qui concerne les rôles du
parent d'origine, les parents d'accueil font grandement référence à leur situation
personnelle et à leur relation avec l'enfant : le parent d'origine devrait selon eux régler
la situation à l'origine du placement de l'enfant et garder contact avec ce dernier.

Deuxièmement, la dimension de l'information a été présentée à travers le


fonctionnement des familles d'accueil concernant : 1) l'exercice des rôles entre parents
d'accueil et parents d'origine et 2) les contacts entre parents d'accueil, enfants et
parents d'origine. Parmi les participants, autant certains parents d'accueil (5)
rapportent qu'il y a présence de collaboration avec les parents d'origine; autant
d'autres (3) rapportent plutôt la situation inverse. Aussi, des parents d'accueil (2)
estiment que les intervenants et le Tribunal permettent à chacun d'exercer leur rôle
respectif. Tous les participants rapportent avoir vécu différents types de contacts (par
téléphone, en personne, etc.) avec les parents d'origine et plusieurs d'entre eux (7) ont
vécu des expériences négatives. Ces événements négatifs n'ont pas eu d'incidences
pour trois parents d'accueil. Toutefois, quatre parents d'accueil ont modifié leurs
façons de fonctionner avec les parents d'origine en imposant des limites : ils sont plus
fermes avec les parents d'origine (par exemple en demandant de ne pas dépasser le
portique lorsqu'ils viennent chercher les enfants ou en référant les parents d'origine
aux intervenants lorsqu'il y a un conflit). Plus de la moitié des parents d'accueil
estiment que les contacts avec les parents d'origine sont positifs, et ce, toujours en
fonction du bien-être de l'enfant.

Troisièmement, l'attitude des parents d'accueil envers la famille d'origine est


étudiée à partir des réactions des parents d'accueil, des enfants et des parents
d'origine à la suite des contacts qu'ils ont entre eux. Concernant les réactions des
parents d'accueil à la suite des contacts avec les parents d'origine, trois d'entre eux les
qualifient de positives alors que deux d'entre eux rapportent plutôt se sentir fâchés,
frustrés et impuissants. Pour les enfants, les parents d'accueil rapportent des
78 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

réactions à la suite des contacts qui sont négatives (6), variables (7) ou bonnes (3).
Pour les parents d'origine, les parents d'accueil font état de différents types de
réactions : négatives (13) et positives (5), allant des plaintes et reproches à la
reconnaissance et une vision positive de la famille d'accueil. Bref, il semble que les
parents d'accueil considèrent que, dans l'idéal, les contacts entre l'enfant et ses
parents d'origine devraient pouvoir favoriser le développement des enfants, mais que
ces contacts ne sont pas toujours positifs.

Dans le prochain chapitre, ces résultats sont analysés et discutés. Les résultats
les plus pertinents et significatifs sont soulignés et développés. De plus, des liens sont
faits avec les études recensées et la littérature pertinente.
CHAPITRE 5
ANALYSE ET DISCUSSION DES RÉSULTATS

Le chapitre cinq présente l'analyse et la discussion des résultats de la


recherche. Les points majeurs de la recherche sont soulignés et des liens sont faits
avec la littérature précédemment présentée. De plus, certaines réflexions et questions
sont soulevées. D'entrée de jeu, l'aspect affectif est omniprésent dans les propos tenus
par les parents d'accueil; que ce soit dans les représentations qu'ils se font de leur rôle,
dans les motifs qui les ont menés à devenir famille d'accueil, dans leur quotidien
auprès des enfants ou dans les contacts avec les parents d'origine. Quatre idées
majeures ressortent dans les propos des parents d'accueil. Premièrement, les résultats
suggèrent que les parents d'accueil sont centrés sur l'enfant dans l'exercice de leur
rôle. Ils s'attribuent un rôle de parent normal auprès de l'enfant dans le but que ce
dernier ait une vie normale. Deuxièmement, selon les parents d'accueil, le rôle
principal des parents d'origine consiste à régler leur situation personnelle, souvent à
l'origine du placement de l'enfant, dans l'optique que ce dernier retourne dans son
milieu familial. Troisièmement, la collaboration entre les parents d'accueil et les
parents d'origine est parfois mitigée. Quatrièmement, certaines expériences vécues
par les parents d'accueil et la perception qu'ils en ont s'avèrent être déterminantes
dans leur parcours.

Ainsi, l'analyse et la discussion des résultats se font autour de trois thèmes :


1) les représentations des rôles du parent d'accueil et du parent d'origine : centrées sur
l'enfant; 2) le vécu des familles d'accueil : des expériences déterminantes, différents
contacts et des réactions significatives; 3) la définition du rôle des parents d'accueil et
les attentes des établissements : le rôle attendu et la réalité telle que rapportée par les
familles d'accueil. Ce chapitre se termine par une synthèse des principaux éléments de
l'analyse et de la discussion des résultats.
80 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

5.1. Représentations des rôles du p a r e n t d'accueil et du parent


d'origine : c e n t r é e s sur l'enfant

Les parents d'accueil ont évoqué différentes représentations de leur rôle, mais
aussi de celui du parent d'origine lors du placement et de l'hébergement d'un enfant en
famille d'accueil. Les représentations des parents d'accueil se situent surtout au plan
de l'importance de jouer le rôle d'un parent « normal », de se centrer sur l'enfant et
ainsi lui procurer une vie qui soit la plus normale possible. Pour les parents d'accueil,
il incombe au parent d'origine de régler sa situation personnelle et de garder contact
avec l'enfant. Enfin, entre ces deux acteurs importants lors du placement de l'enfant,
la collaboration semble parfois mitigée.

5.1.1. Rôle du p a r e n t d'accueil : u n p a r e n t « normal » centré sur l'enfant

Le rôle des parents d'accueil comporte non seulement des responsabilités


envers l'enfant placé, mais aussi l'obligation de collaborer avec les intervenants et la
famille d'origine (Ministère de la Santé et des Services sociaux, 2010a). Selon les
résultats de cette recherche, obtenus à l'aide des techniques d'association libre et de
l'analyse thématique, les parents d'accueil nomment spontanément une majorité de
rôles qui sont centrés davantage vers l'enfant (aimer, aider, soutenir, écouter, protéger
les enfants, etc.). Sinon, ils font référence aux caractéristiques associées à l'exercice de
leur rôle : les qualités, les obligations et les sentiments vécus en tant que parent
d'accueil (patience, persévérance, responsabilité, joie, etc.).

D'abord, lors de la technique d'association libre, deux éléments principaux


ressortent : les parents d'accueil s'attribuent le rôle d'un parent normal auprès de
l'enfant placé et aucun rôle auprès du parent d'origine n'est mentionné (collaboration,
contact, etc.). Les parents d'accueil, dans la représentation qu'ils se font de leur rôle,
font référence à une majorité d'aspects liés à la nature de leur rôle auprès de l'enfant
(affectif, de soutien, de protection et d'éducation). Autrement, ils vont plutôt traiter de
qualités requises pour le parent d'accueil dans l'exercice de ses fonctions (patience,
persévérance, confiance, etc.). De plus, lorsqu'ils ont à classer les rôles qu'ils ont
nommés selon le niveau d'importance, les parents d'accueil rapportent comme rôles les
plus importants ceux liés à la nature de leur rôle (affectif, de soutien, de protection et
d'éducation) dans une très forte majorité. Un seul parent d'accueil mentionne
Les représentations sociales des parents d'accueil 81
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

l'importance des liens familiaux. Toutefois, il fait référence aux liens familiaux à
l'intérieur de la famille d'accueil.

Ensuite, l'analyse thématique réalisée à partir du discours des parents d'accueil


vient généralement confirmer les représentations sociales des parents d'accueil telles
qu'elles ont été exprimées lors de l'association libre. Leurs préoccupations au sujet
d'offrir à l'enfant un parent normal est en lien avec la nature du rôle qu'ils ont à jouer
selon eux auprès de cet enfant. La nature du rôle semble donc prépondérante dans la
représentation des participants et cette nature peut se résumer par « être un parent
normal » (affectueux, soutenant, qui éduque, etc.).

Ces résultats vont dans le sens de différentes recherches. Tout comme dans
l'étude de Rhodes, Orme et McSurdy (2003), les parents d'accueil mettent l'emphase
sur leurs rôles parentaux comme étant, selon eux, un aspect primordial dans leur
fonction. Aussi, des études (Bourgie, Ricard et Pelchat, 1998; Rhodes, Cox, Orme et
Coakley, 2006; Sanchirico et Jablonka, 2000;) rapportent que plusieurs parents
d'accueil sont davantage centrés sur l'enfant plutôt que sur la famille d'origine; ce qui
est observé dans ce mémoire. D'autre part, tout comme les recherches de Sanchirico et
Jablonka (2000) et de Bourgie et ses collègues (1998) le rapportent, une majorité de
parents d'accueil ne semble pas reconnaître qu'une des grandes responsabilités dans
l'exercice de leurs fonctions est de promouvoir, d'aider et de faciliter les liens entre les
parents d'origine et l'enfant.

Par ailleurs, différentes études soutiennent que les rôles et les responsabilités
des parents d'accueil ne sont pas clairs et que ces derniers ont de la difficulté à
expliquer précisément en quoi consiste le rôle qu'ils devraient jouer auprès des enfants
(Brown, 2008; Poirier, 2000; Poirier et Simard, 2006; Simms et Bolden, 1991;
Steinhauer, 1996). Ce genre de constat n'est pas observé dans la présente recherche :
les parents d'accueil n'ont pas hésité à se prononcer et aucun d'entre eux n'a éprouvé
de difficulté à expliquer son rôle. C'est un parent normal qui est là pour éduquer,
soutenir et aimer l'enfant tel qu'en témoignent ces propos :

« Des cours de danse à l'école eh, y faut qu'ils aient une vie
normale. On leur instaure une vie normale. C'que tous les petits enfants
de leur âge font, dans une classe moyenne on s'entend. J'ies amènerai
pas en voyage, j'y va même pas moi. Mais on va eh, on va au chalet, y
82 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

viennent avec nous autres. Partout où on va, y viennent avec nous


autres. » (participante numéro huit)

« Ah ben c'est de faire comme un parent ordinaire, nous c'est


toujours c'qu'on a pensé. Bon c'est sûr que quand on les a à 16 ans, c'est
difficile de dire qu'on est leur parent (rires). Mais non on les élève
comme les nôtres. » (participant numéro six)

Toutefois, bien que les parents d'accueil se prononcent avec assurance, leurs
propos témoignent parfois d'une certaine ambiguïté concernant la définition de leur
rôle. Par exemple, une mère d'accueil estime que son rôle est d'être à la fois une mère
et une confidente, une « maman amie ». Elle traite de l'importance de ne pas remplacer
le père ou la mère, mais aussi du fait que l'enfant souhaite les appeler « papa » et
« maman ». Un autre parent d'accueil spécifie qu'il ne veut pas remplacer le parent
bien que l'enfant va chercher un besoin d'affection dans la famille d'accueil :

«(...) nous on respecte qu'ils aient des parents, que c'est eux
autres les parents. Tsé c'est vraiment, c'est leur père, c'est leur mère.
C'est eux autres. Nous autres on est là pour remplacer en attendant qui
les ont pas. Nous autres on leur dit, on n'est pas votre père pis votre
mère, mais y veulent nous appeler de même. Si y nous appellent de
même ça nous dérange pas, mais on leur dit : vous avez une maman,
vous avez un papa. » (participante numéro un)

« Ben c'est ça, faut pas trop non plus, faut pas se prendre pour le
père, pour le père ou la mère de l'enfant. Sauf qu'à un moment donné
l'enfant a besoin de, a un besoin d'affection, un besoin de... c'est ça un
besoin d'affection qui vient chercher chez nous. » (participant numéro
trois)

Cette ambiguïté semble découler tant des réactions de l'enfant dans le


quotidien avec le parent d'accueil (désir d'appeler les parents d'accueil « papa » et
« maman », besoin d'affection); mais aussi d'une certaine complexité inhérente au rôle
de parent d'accueil. Ce sont tous des éléments qui ont un impact sur les
représentations que les parents d'accueil se font de leur rôle, mais aussi de celui des
parents d'origine. De plus, lorsque l'enfant interpelle le parent d'accueil par des mots
aussi lourds de signification que « papa » et « maman », ceci peut faire en sorte de
démotiver les parents d'origine et engendrer un désengagement de leur part (Simard
et Beaudry, 2004).
Les représentations sociales des parents d'accueil 83
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Par ailleurs, dans leurs représentations, aucun parent d'accueil n'a fait
référence de façon spontanée à un quelconque rôle à jouer auprès des parents
d'origine. Le parent d'origine semble avoir un bout de chemin à faire de son côté alors
que le parent d'accueil prend soin de l'enfant « en attendant ». Cette vision du rôle de
parent d'accueil est intéressante, mais se doit aussi d'évoluer dans une optique de
réelle collaboration entre les acteurs du placement. L'importance de cette collaboration
est soulignée par différentes recherches et aussi par des établissements qui offrent des
services aux jeunes placés et à leur famille (Centre jeunesse de Québec - Institut
universitaire, 2003; Davis et Ellis-MacLeod, 1994 cités dans Sanchirico et Jablonka,
2000; Fédération des familles d'accueil du Québec, 2010; Maluccio, Warsh et Pine,
1993 cités dans Sanchirico et Jablonka, 2000; Ministère de la Santé et des Services
sociaux, 2010a; 2002; Oyserman et Benbenishty, 1992; Tucker et Hurl, 1992). Cette
collaboration ne peut se faire sans une formation adaptée et la présence de soutien
pour le parent d'accueil. De plus, le parent d'origine doit exercer le rôle qui lui revient.
Finalement, cette collaboration se doit d'être réaliste et adaptée au contexte qui
entoure le placement de l'enfant.

5.1.2. Rôle du p a r e n t d'origine : régler la situation à l'origine du placement


de l'enfant

Invités à se prononcer sur le sujet (puisque cela n'a pas été fait spontanément),
les parents d'accueil tiennent les propos suivants concernant les rôles des parents
d'origine : il leur incombe de favoriser et de préserver les liens avec leurs enfants. Près
de la moitié des parents d'accueil estiment que le rôle premier des parents d'origine
lors du placement est de régler la situation à l'origine du placement dans le but de
pouvoir reprendre l'enfant. Par contre, les parents d'accueil ne s'incluent pas dans cette
responsabilité des parents d'origine, il s'agit de « leur » responsabilité :

« C'est de, d'essayer eux autres, si c'est eux autres le problème,


d'essayer d'améliorer, de prendre les moyens pour s'améliorer pour
pouvoir venir un jour chercher l'enfant. » (participante numéro sept)

Des propos tels que « si c'est eux autres le problème », rejoignent en quelque
sorte les résultats de l'étude de Bourgie et ses collègues (1998) : les parents d'accueil
perçoivent les parents d'origine comme étant abuseurs et/ou négligents, comme étant
fautifs. Alors que les parents d'accueil se doivent d'assurer la sécurité et le développement
84 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

d'un enfant, le parent d'origine doit travailler dans le but de pouvoir reprendre
l'enfant. Bref, même si les parents d'accueil rencontrés dans cette étude semblent
prêts à laisser une chance aux parents d'origine de se reprendre en main, leur rôle est
davantage auprès de l'enfant. Ils restent prudents concernant les motifs qui ont mené
au placement de l'enfant et veulent avant tout assurer sa sécurité. En effet, les
parents d'accueil gardent en tête le fait que l'enfant a été placé puisque son
développement était compromis et que le parent, à ce moment, n'a pu assurer les soins
adéquats auprès de celui-ci. Ainsi, ils restent méfiants face à certains parents d'origine
et veulent avant tout jouer un rôle significatif auprès de l'enfant.

Aussi, les parents d'accueil attribuent aux parents d'origine la responsabilité de


garder contact avec leur enfant, de le soutenir et de l'aimer. Les parents d'accueil,
pour leur part, sont là pour prendre soin de leur enfant pendant ce temps, « en
attendant ». Un parent d'accueil précise que dans un monde idéal, son rôle devrait être
ponctuel dans la vie de l'enfant et de sa famille, le temps que leur situation soit
rétablie :

« Alors dans un monde idéal, moi j'suis juste là pour en


attendant. Moi j'te rends service, t'en as de besoin, t'as pas de parenté,
t'as pas de famille, t'as pas d'amis qui sont capables de prendre soin de
tes enfants. T'as pas de relevailles, t'as pas tsé, j'va le faire moi. Tu me
connais pas là, mais y'a quelqu'un qui me fait assez confiance, la DPJ
me fait confiance, mais j'veux dire y m'ont attitré comme quoi en
attendant là que tu te remettes. » (participante numéro huit)

Cependant, plusieurs des parents d'accueil interrogés estiment que cette


responsabilité, celle de garder contact, de soutenir et d'aimer l'enfant, n'est
généralement pas remplie par les parents d'origine. Aussi, d'autres responsabilités que
certains parents d'accueil attribuent aux parents d'origine sont éloquentes. Ils
attribuent des rôles aux parents d'origine tels que « comprendre le rôle de la famille
d'accueil » et « travailler dans le même sens que la famille d'accueil ». Certains parents
d'accueil, lorsqu'ils réfèrent à leur vécu, soulignent aussi l'importance que les parents
d'origine ne les dérangent pas dans l'exercice de leur rôle. Aussi, selon eux, certains
parents d'origine ne sont pas en mesure de prendre les décisions qui concernent
l'enfant compte tenu de leur situation ou de leur état :
Les représentations sociales des parents d'accueil 85
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

« J'pense qui sont pas capables de prendre soin d'eux autres faque
y devraient pas avoir de place pour la décision. Non. Moi je prends les
décisions en conséquence, avec toute ma conscience de parent qui dit ben
si y fait ça, si je décide ça, y va arriver ça. Je pense pas que, en tous cas
les parents que moi j'ai connus, je pense pas qu'ils avaient le niveau
affectif ou bien psychologique ou bien j'sais pas comment tu nommes ça
là, pour prendre les décisions et les assumer jusqu'au bout. »
(participante numéro huit)

Dans tous ces éléments, certains problèmes vécus entre les parents d'accueil et
les parents d'origine sont perceptibles. Il n'est pas question de collaboration avec les
parents d'origine, mais plutôt d'un désir de travailler chacun de son côté. Un parent
d'accueil va jusqu'à dire que, selon lui, les parents d'origine doivent s'effacer de la vie
de l'enfant pour lui permettre de s'investir dans une « nouvelle vie ». Ceci laisse croire
que le partage des rôles et la collaboration entre les parents d'accueil et les parents
d'origine ne sont pas toujours présents.

5.1.3. Exercice des rôles e n t r e les p a r e n t s d'accueil et les p a r e n t s d'origine :


u n e collaboration mitigée

Lorsqu'ils traitent de l'exercice de leurs rôles respectifs avec les parents


d'origine, les parents d'accueil rapportent des expériences diverses. La collaboration et
le partage des rôles sont parfois présents. Pour d'autres, il n'y pas de relation ni de
collaboration avec les parents d'origine. Ou encore, le Tribunal et l'intervenant
permettent l'exercice des rôles de chacun.

Selon la moitié des parents d'accueil, il y a présence de collaboration et de


partage des rôles avec les parents d'origine. Toutefois, fait intéressant, même parmi
ceux-ci, plusieurs rapportent avoir peu de contacts avec les parents d'origine. Lorsqu'il
y en a, ils sont souvent décrits comme étant plutôt froids (de courte durée, peu
d'échanges) bien que courtois :

« C'tait un contact qu'on a eu avant qu'à décède, c'tait quand


même bon, mais c'était froid. Tsé eh, à fallait chez sa mère toutes les
fins de semaine pis c'tait pas plus que ça, on s'parlait pas vraiment. »
(participant numéro trois)

Ces résultats suggèrent que la présence de collaboration avec les parents


d'origine équivaut pour certains parents d'accueil à l'absence de problème ou de conflit
86 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

(peu de contacts, des contacts brefs et chacun fait ce qu'il a à faire de son côté). Ces
parents d'accueil, malgré la présence d'une certaine collaboration et d'un partage des
rôles avec les parents d'origine, souhaiteraient qu'il y en ait encore davantage. Ceci
rejoint les résultats de l'étude d'Erera (1997) dans laquelle on rapporte que, bien que
les parents d'accueil expriment généralement des attitudes positives à l'égard des
parents d'origine et qu'ils ont la volonté de travailler avec ces derniers, ils n'ont que
très peu de contacts directs avec eux. La plupart des parents d'accueil ne sont
généralement pas impliqués dans la vie des parents d'origine et n'encouragent pas les
visites avec l'enfant. Dans la présente recherche, le parent d'accueil estime que c'est
au parent d'origine de promouvoir ces contacts. Aussi, il semble qu'une majorité de
parents d'accueil ne conçoit pas nécessairement le partage des responsabilités de type
parental avec les parents d'origine.

D'autre part, un parent d'accueil a le sentiment que son rôle n'est pas bien
compris de la part des parents d'origine, ce qui amène différents conflits. Il explique
cette incompréhension par la non-acceptation du placement de l'enfant par le parent
d'origine. Selon ce parent d'accueil, le parent d'origine doit mieux comprendre son rôle
et ainsi pouvoir collaborer avec lui :

« Et bien c'est, j'pense que y'a beaucoup de parents qui


comprennent pas le rôle de la famille d'accueil. J'pense que le parent
d'origine devrait essayer de comprendre le pourquoi leur enfant est placé
premièrement. Et puis y devraient essayer de comprendre un peu plus
notre rôle à nous autres. On n'est pas là, premièrement pour les juger;
on n'est pas là pour enlever leur place auprès de leur enfant. On est là
seulement pour les aider, l'enfant et les parents, pour que ça aille mieux
dans leur vie. Ça c't'une chose qui est très difficile, des fois à faire
comprendre à certains parents. » (participante numéro sept)

Aussi, quelques parents d'accueil estiment que le Tribunal et l'intervenant


permettent à chacun d'exercer leur rôle. Le Tribunal énonce ce à quoi chacun doit s'en
tenir par le biais de l'ordonnance (concernant les contacts, la durée du placement, etc.).
L'intervenant, pour sa part, s'assure d'appliquer l'ordonnance tout en servant de pont
entre le parent d'accueil et le parent d'origine :

« Il ne devrait pas avoir d'intervenant entre nous (parents d'accueil


et parents d'origine) dans le meilleur des mondes mais j'veux dire on en
a besoin. Pis je pense que c'est comme ça se passe là. C'est-à-dire un juge
Les représentations sociales des parents d'accueil 87
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

qui dit écoute-là, moi j'peux pas être partout donc d'après ce
que tu me dis pis d'après ce que vous nous dites, bon, j'donne un
jugement, j'veux que ça s'exécute exactement comme j'ie dis. Pis la DPJ
est supposée gérer ça. » (participante numéro huit)

Toutefois, la mention du fait que la « DPJ est supposée gérer ça » suggère que
cette collaboration via le Tribunal et l'intervenant ne se fait pas sans difficulté. Cela
s'explique en partie par le fait que ce même parent d'accueil n'a pas l'impression que
ses observations concernant les parents d'origine sont prises en considération comme
en témoignent ses propos :

« Ben c'est ça, on comprend beaucoup de choses, mais on peut pas


les expliquer, on peut pas... certains intervenants nous demandent de
leur dire qu'est-ce qu'on perçoit, mais on semble pas, ça donne pas grand
chose. Y'a pas de suite ça là tsé. On aura beau dire garde je pense que la
maman était en état d ebriété, bon je pense que ci, je pense que ça ou j'ai
agi de telle façon ou quoi que ce soit. Pis avant tsé, pis y'a même des
intervenants qui nous disent écrivez ça, écrivez ça. Jusqu'à temps qu'un
moment donné je dise: ben là, moi c'est pas ma job d'écrire ça. (...).
Faque là dans ce temps-là, à n'importe quelle heure du jour, j'prends le
téléphone, c'est le répondeur pis je dicte ce que je viens de m'apercevoir
ou de percevoir ou de savoir et là je le dicte. » (participante numéro huit)

Ceci souligne l'importance que le parent d'accueil ait un réel sentiment de


collaboration avec l'intervenant et les établissements.

En somme, dans l'exercice de son rôle avec les parents d'origine, deux tangentes
se dégagent chez les parents d'accueil : soit ils souhaitent la présence de cette
collaboration, voire encore davantage, soit ils préfèrent que les rôles de chacun
s'exercent séparément. Ces prises de position ne sont pas sans répercussion puisque,
lorsque les relations sont positives entre les parents d'accueil et les parents d'origine
et qu'ils s'acceptent mutuellement, il en ressort que les contacts sont plus fréquents
entre l'enfant et le parent d'origine (Brown et Campbell, 2007; Oyserman et
Benbenishty, 1992; Poirier, 2000). Les établissements et les intervenants qui
travaillent auprès des parents d'accueil, des jeunes et leur famille ont un rôle clé à
jouer pour favoriser et promouvoir la collaboration entre les parents d'accueil et les
parents d'origine. Les résultats suggèrent que, lors de l'intervention, tant auprès de la
famille d'accueil que de la famille d'origine, il est important de mettre l'emphase sur la
compréhension, l'acceptation et la cohabitation de leurs rôles respectifs.
88 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

5.2. Vécu des familles d'accueil : des expériences d é t e r m i n a n t e s ,


différents contacts et des réactions significatives

Les parents d'accueil rapportent différents motifs pour expliquer leur choix de
devenir famille d'accueil. Ces motifs sont souvent liés à une expérience de vie ou des
aspects affectifs, ce qui laisse croire qu'ils ont une influence sur les représentations
que les parents d'accueil se font de leur rôle. De plus, le déroulement des différents
contacts que les parents d'accueil ont avec les parents d'origine est aussi un élément
qui peut avoir un impact sur leurs représentations. Plus particulièrement, une
majorité de parents d'accueil rapporte avoir vécu à un moment ou à un autre de leur
carrière, des expériences négatives en lien avec les parents d'origine. Finalement,
certains parents d'accueil font état de réactions significatives à la suite des contacts
avec les parents d'origine : ils deviennent plus restrictifs lors de leurs contacts avec
eux (par exemple, le parent d'origine ne doit pas dépasser le portique). Toutefois, il est
intéressant de constater qu'à travers des expériences semblables vécues par les
parents d'accueil, ces derniers n'ont pas tous les mêmes réactions. Les résultats
suggèrent que, pour un même événement, l'impact sur les représentations et l'exercice
du rôle est différent selon le parent d'accueil.

5.2.1. Devenir famille d'accueil : la p r i m a u t é de l'expérience de vie

Ce sont, plusieurs parents d'accueil qui réfèrent à une expérience de vie, vécue
par un tiers ou eux-mêmes, en lien avec leur motivation initiale à devenir famille
d'accueil. Ces expériences de vie sont considérées comme étant significatives
puisqu'elles ont eu une grande incidence sur leur décision de devenir famille d'accueil.
Elles réfèrent à différents aspects affectifs tels que l'incapacité d'avoir un enfant, avoir
déjà été en famille d'accueil ou avoir un proche qui a été en famille d'accueil. De plus,
la notion d'espoir revient à plusieurs reprises lorsque le thème de la motivation à
devenir famille d'accueil est abordé. Des éléments qui réfèrent au don de soi et à la
vocation sont aussi évoqués. Les parents d'accueil veulent donner de l'espoir, aider les
enfants à s'en sortir et redonner aux autres. Ces motifs rejoignent les propos de
différents auteurs : des parents d'accueil, dans leur démarche de famille d'accueil,
souhaitent agrandir leur famille ou améliorer la situation des enfants et leur
développement en agissant par compassion (Bourgie et a l , 1998; Dando et Minty, 1987;
MacGregor, Rodger, Cummings et Leschield, 2006). Ces propos des parents d'accueil
Les représentations sociales des parents d'accueil 89
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

concernant leur motivation à devenir famille d'accueil se reflètent à travers leurs


représentations de leur rôle : ils sont centrés sur la réponse aux besoins des enfants.

D'autre part, ces différentes motivations peuvent avoir une incidence sur la
perception du parent d'origine. Comme mentionné précédemment, le parent d'origine
est souvent vu comme fautif et les parents d'accueil estiment qu'il se doit de régler sa
situation personnelle. Ainsi, le parent d'accueil est là pour assurer la protection de
l'enfant. Les parents d'accueil sont avant tout présents pour le bien-être de l'enfant et
non pour le parent d'origine :

« Tsé alors que j'avais beaucoup de place pour son fils ben elle (la
mère d'origine) là moi j'ai pas décidé d'en, de, j'ai pas décidé elle de lui
ouvrir ma porte alors que son enfant oui. » (participante numéro quatre)

De plus, il est intéressant d'observer que quelques parents d'accueil rapportent


être devenus famille d'accueil par hasard. Ils faisaient partie de l'entourage d'un enfant
en difficulté qu'elles ont accepté d'accueillir. Ces parents d'accueil ne se sont toutefois
pas limités à accueillir cet enfant puisqu'ils ont continué d'héberger d'autres enfants
par la suite. On peut penser que, lorsqu'une famille entreprend un projet en tant que
famille d'accueil, peu importe ce qui est prévu, l'investissement initial peut se prolonger.

5.2.2. Contacts : leur déroulement et leurs impacts

Tous les participants de cette recherche rapportent avoir vécu différents types
de contacts avec les parents d'origine des enfants hébergés. D'emblée, les contacts sont
réalisés, selon les parents d'accueil, pour le bien-être et le bon développement de
l'enfant :

(En parlant du fait que sa mère d'accueil et sa mère d'origine


étaient assises ensemble à sa partie de football) « Mon plus vieux y l'a
trouvé ben drôle parce que là on revenait ici pis elle était pas dans le
coin, à repartait par un autre bord. Pis y dit j'ai trouvé ça le fun y dit de
voir mes deux mères assises ensemble. » (participante numéro deux)

Dans le même sens, certains parents d'accueil spécifient qu'ils essaient d'avoir
de bons contacts avec les parents d'origine afin que l'enfant se sente bien dans la
situation :
90 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

« En majorité, j'te dirais que c'était bien parce que nous autres
c'qu'on veut, c'est justement, pour aider les enfants à bien grandir, étant
donné leur situation. On essaie le plus possible d'avoir des bons
contacts. » (participante numéro un)

« C'est sûr que c'est toujours bon de s'entendre avec les parents
naturels parce que si on s'entend pas avec eux autres, automatiquement
l'enfant va le ressentir. » (participant numéro sept)

Aussi, une participante témoigne de l'importance que revêt le contact avec son
parent pour l'enfant et ce, peu importe de son déroulement :

« Mais moi mes enfants sont toujours très contents quand y


reviennent de leur contact. Perturbés, mais contents. Perturbés dans le
sens que y'ont été bourrés de sucre, y'ont été bourrés de toutes sortes de
cochonneries, liqueurs, eh manger mal, etc. Faque sont survoltés. Pis eh,
dans ce sens-là sont perturbés, mais sont toujours contents. Que papa ou
maman ait mal fait ça, c'est pas grave. Ils jugent pas ça. (...). Tsé même
si y'ont rien fait de la fin de semaine, y vont dire hey c't'ait l'fun.
Pareille, même si y'ont faite de la TV toute, toute, toute, toute la fin de
semaine, y vont dire on a faite du cinéma maison toute la fin de
semaine. » (participante numéro huit)

Ceci rejoint les résultats de l'étude de Simard et Beaudry (2004) : pour l'enfant,
son parent reste une personne importe et précieuse, peu importe son comportement.

Par contre, comme plusieurs auteurs le rapportent, il apparaît que les contacts
entre les parents d'accueil et les parents d'origine ne se font pas toujours sans
difficulté (Groupe de travail sur la politique de placement en famille d'accueil, 2000;
Lee et Nisivoccia, 1989 cités dans Sanchirico et Jablonka, 2000; Palmer, 1995, cité
dans Sanchirico et Jablonka, 2000; Simms et Bolden, 1991). Les résultats de cette
recherche vont dans ce sens puisque ce sont plus de la moitié des parents d'accueil qui
ont vécu, à un moment ou à un autre de leur carrière, des expériences jugées comme
étant négatives pendant ou à la suite des contacts avec les parents d'origine.

Il est pertinent de réfléchir à l'impact de ces différentes situations considérées


comme étant négatives par les parents d'accueil sur leur relation avec les parents
d'origine. Pour certains, ces situations ont été déterminantes dans leur carrière et ont
fait en sorte qu'ils modifient leurs façons de faire et leurs attitudes envers les parents
d'origine. Plus de la moitié des parents d'accueil qui ont vécu des situations négatives
Les représentations sociales des parents d'accueil 91
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

lors de contacts avec les parents d'origine sont devenus, par la suite, davantage
restrictifs avec ces derniers. Par exemple, ils n'acceptent plus que des contacts aient
lieu entre le parent d'origine et l'enfant au domicile de la famille d'accueil, ils
demandent au parent d'origine de ne pas dépasser le portique, etc. Des explications
telles que le manque d'expérience ressortent pour expliquer leur façon de procéder
initialement :

« On a eu de mauvaises (rires), de mauvaises (rires), de


mauvaises surprises... ben encore là pour un manque d'expérience parce
que la première année on a accepté que des parents viennent, que la
rencontre surveillée se fasse ici à la maison. Imagine-toi le, le parent qui
accepte pas que son enfant est placé, y vient chez nous, voir sa fille...
garde ça a pas été une bonne idée. » (participant numéro trois)

Évidemment, ceci fait en sorte d'avoir un impact néfaste sur la collaboration


avec les parents d'origine.

Toutefois, il est intéressant de voir que pour d'autres parents d'accueil, ces
expériences qualifiées de négatives n'ont pas changé leur façon de faire. Ils parlent de
ces expériences comme faisant partie intégrante, bien qu'occasionnelles, du rôle de
parent d'accueil. Ces résultats suggèrent que les parents d'accueil, pour des
événements similaires, ont des perceptions différentes. Par exemple, un parent
d'accueil explique un événement négatif survenu avec un parent d'origine à un
problème de santé mentale. Ce parent d'accueil dit qu'il s'attendait à ce que ce genre
de situation puisse arriver dans l'exercice de son rôle. Ceci n'a pas fait en sorte qu'il
modifie sa façon de faire auprès des parents d'origine en général. Ce parent d'accueil a
plutôt vu cette situation comme étant un cas isolé :

« Y'est arrivé chez nous à dix ans pis à 15 ans y'a pété sa coche
pis ben d'aplomb. On a préféré qui quitte la famille pis là j'ai eu des
problèmes avec la mère. Assez pour aller en Cour. (...). Menace de mort,
90 téléphones en l'espace d'une nuit. Mais la madame à l'avait un
désordre mental, mais y'a fallu quand même qu'on se serve de la loi. On
est allé en Cour pis y'a fallu qu'à maintienne la paix. Parce qu'est venue
jusque dans cour menacer, mais on n'avait pu l'enfant. Elle, à voulait
qu'on le reprenne (rires). » (participante numéro deux)

Il semble que ce n'est pas tant la nature de l'événement qui entre en ligne de
compte, mais plutôt la perception des parents d'accueil par rapport à celui-ci. Cette
92 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

perception viendra ensuite influencer les pratiques des parents d'accueil avec les
parents d'origine. Certains deviennent plus restrictifs alors que d'autres non. Ce
résultat suggère aussi que les parents d'accueil davantage préparés à la possibilité que
certains événements négatifs se produisent avec les parents d'origine pourraient avoir
moins de réactions (ex. : modification des pratiques) lorsque ceux-ci surviennent. Par
ailleurs, il ne faut pas négliger le type de personnalité, le caractère et les expériences
de chacun qui peuvent influencer les perceptions. Il serait donc intéressant de creuser
cet aspect afin de mieux comprendre ces situations et départager ce qui permet à
certains parents d'accueil de poursuivre leur collaboration malgré ces expériences
négatives. Certains éléments identifiés pourraient sans doute être fort utiles pour
orienter l'intervention.

Finalement, il est pertinent de préparer les parents d'accueil à la possibilité


d'éventuels événements plus difficiles avec les parents d'origine lors du placement d'un
enfant. Aussi, l'intervention auprès des parents d'origine peut venir aider à prévenir
ce type d'événement avec les parents d'accueil. Sinon, lorsque ces événements se
produisent, une intervention adéquate et rapide pourrait venir en diminuer l'impact.

5.2.3. Réactions d é t e r m i n a n t e s

Certaines réactions de parents d'accueil, à la suite des contacts avec les parents
d'origine, semblent déterminantes : des parents d'accueil disent se sentir fâchés,
frustrés ou impuissants, car ils constatent certains éléments (état du parent d'origine,
consommation, violence, négligence) lors des visites. Ce type de situations vécues par
les parents d'accueil peut faire en sorte qu'il devient difficile pour eux par la suite de
collaborer avec les parents d'origine, sachant que le contact n'a pas nécessairement été
bénéfique pour l'enfant :

« Les enfants après y pleuraient parce que la mère à s'en venait.


Elle les avait battues, elle les avait tapées. Pis là les filles y me contaient
toute en arrivant. On voyait les marques. » (participante numéro dix)

« Y'en a qui veulent absolument, qui rament à contre-courant et


qui créent des problèmes non seulement pour les parents d'accueil, mais
surtout pour leur enfant. Ils ne s'en rendent pas compte du dégât qu'ils
peuvent faire parce que ces enfants-là, ils sont marqués à vie. »
(participant numéro six)
Les représentations sociales des parents d'accueil 93
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Aussi, certains parents d'accueil rapportent qu'à la suite des contacts,


l'équilibre et le fonctionnement de l'enfant dans la famille d'accueil sont perturbés. Par
exemple, les enfants vont prendre entre 24 et 48 heures avant de retrouver leur
routine à la suite du contact. De plus, non seulement l'enfant est perturbé, mais aussi
la famille d'accueil dans son quotidien. Il s'agit là d'un irritant majeur pour les parents
d'accueil : ils se sentent impuissants puisqu'ils n'ont pas choisi que ce contact ait lieu,
mais ils doivent en gérer la « suite » (perturbation de l'enfant). Ces résultats suggèrent
qu'il faut s'attarder aux réactions de l'enfant à la suite des contacts et intervenir
adéquatement dans le but de les diminuer. Fait intéressant, deux parents d'accueil
remarquent une différence dans la réaction de l'enfant en fonction du rythme auquel
se déroulent les contacts. Selon un parent d'accueil, la situation est plus facile lorsque
les contacts sont espacés (ce qui permet à l'enfant de se remettre de la visite) alors que
pour un autre, cela est plus facile si les contacts sont à intervalles réguliers (ce qui
permet à l'enfant de ne pas se sentir rejeté). Ces propos démontrent qu'il n'y a pas
nécessairement une « bonne méthode », mais plutôt un besoin de s'adapter à chaque
enfant, à ses réactions et à ses capacités.

D'autre part, il est important de mentionner que trois parents d'accueil se


sentent bien à la suite des contacts avec les parents d'origine. Un autre parent
d'accueil ajoute qu'il n'a pas de réactions particulières à la suite des contacts avec les
parents d'origine. Des histoires de collaboration, tant pour le parent d'accueil que pour
le parent d'origine, sont rapportées. Par exemple, une mère d'accueil discute
longuement avec la mère d'un adolescent placé, ce qu'elle trouve parfois fatigant bien
qu'à son avis, cela fait partie de son rôle. Cette collaboration est bénéfique et la mère
chemine très bien depuis le début du placement de son fils. Comme il s'agit d'un
adolescent qui est arrivé dans la famille d'accueil alors qu'il avait environ 14 ans, on
peut penser que l'investissement affectif de la mère d'accueil n'est pas de la même
nature que lorsque l'enfant vit dans la famille d'accueil depuis qu'il est tout-petit. Cet
investissement plus récent peut faire en sorte de favoriser la collaboration avec la
mère d'origine puisqu'elle se sent moins menacée par la relation qu'entretient la mère
d'accueil avec l'adolescent. Un père d'accueil, pour sa part, rapporte une histoire de
collaboration avec le père d'un enfant qu'il héberge. Ils communiquent, se consultent
et tentent d'être cohérents dans leur façon d'intervenir auprès du jeune. Les parents
d'accueil et le père appliquent les mêmes méthodes éducatives, tant dans la famille
94 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

d'accueil qu'au domicile familial lors des contacts. Finalement, une mère d'accueil
souligne le fait qu'un parent d'origine est reconnaissant et remercie la famille d'accueil
pour les soins apportés à leur jeune fille. Dans ces situations, il semble que les rôles de
chacun soient bien compris et acceptés, ce qui permet ensuite la présence de
collaboration. Aussi, les parents d'origine semblent avoir un mode de vie suffisamment
adéquat pour exercer, du moins en partie, leur rôle parental auprès de l'enfant et
collaborer avec les parents d'accueil.

Concernant les réactions des parents d'origine à la suite des contacts, les
parents d'accueil rapportent davantage de réactions négatives que de réactions
positives. Parmi les réactions négatives, on retrouve entre autres des plaintes, des
reproches et des menaces envers la famille d'accueil. Parmi les réactions positives, on
retrouve la reconnaissance et une vision positive de la famille d'accueil :

« Au début c'était un petit peu plus corsé, mais en dernier elle me


remerciait de m'occuper de sa fille. Et puis disons qu'il y avait eu un
problème avec sa fille. Je l'avais assistée dans ce problème là. Y fallait
qu'à passe en Cour là et puis je l'avais assistée là-dedans. Puis je crois
que la mère l'avait beaucoup apprécié. Ça s'était stabilisé pis après ça
toute était beau. » (participante numéro sept)

« Ben des fois ça peut arriver que, ben là toi tu y fais faire ça,
quand que la relation est pas établie pis que la mère, ça c'est surtout au
début, la mère vit un sentiment de, pas de rejet, mais de,
d'abaissement. » (participante numéro neuf)

Le sentiment de reconnaissance de la part du parent d'origine semble être un


élément important et apprécié par le parent d'accueil. Aussi, ces extraits suggèrent
qu'au fil du temps, à force de se côtoyer entre parents d'accueil et parents d'origine, la
relation peut s'améliorer et se modifier positivement.

Ces impressions des parents d'accueil, les réactions à la suite des contacts,
peuvent avoir un impact sur le niveau d'encouragement et de collaboration pour de
futurs contacts avec les parents d'origine. Ces sentiments vécus, tant par le parent
d'accueil que par le parent d'origine, se doivent d'être considérés dans l'intervention.
Chacun doit pouvoir se sentir bien à la suite des contacts, et ce, toujours dans le
meilleur intérêt de l'enfant.
Les représentations sociales des parents d'accueil 95
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

5.3. Définition du rôle des p a r e n t s d'accueil et attentes des


é t a b l i s s e m e n t s : le r ô l e a t t e n d u e t la r é a l i t é

Il est intéressant de comparer les représentations que les parents d'accueil se


font de leur rôle aux définitions et aux attentes des établissements envers le parent
d'accueil dans l'exercice de son rôle. Ceci permet de voir dans quelle mesure les
représentations que les parents d'accueil se font de leur rôle se rapprochent ou non des
attentes des établissements. Ensuite, il est question du soutien et de la transmission
des attentes de la part des établissements concernant les rôles des parents d'accueil et
des parents d'origine. Quels sont les messages véhiculés, tant aux parents d'accueil
qu'aux parents d'origine, concernant leur rôle respectif? À travers les sujets abordés,
l'intervention et le rôle de l'intervenant sont identifiés comme étant des ingrédients
actifs et importants dans la collaboration entre les parents d'accueil et les parents
d'origine. Finalement, après avoir comparé les représentations que les parents
d'accueil se font de leur rôle avec les différentes attentes des établissements, il est
question de la complexité de ce rôle aux multiples facettes. Les résultats suggèrent
que certaines attentes envers le parent d'accueil dans l'exercice de son rôle ne sont pas
toujours réalistes ou réalisables, tout particulièrement en ce qui a trait à la
collaboration avec le parent d'origine. Ces derniers vivent des problèmes importants
dans leur vie personnelle et ne sont pas toujours enclins à collaborer avec les parents
d'accueil. Toutefois, le soutien, l'information et la formation peuvent venir aider et
favoriser la collaboration entre les parents d'accueil et les parents d'origine.

5.3.1. Rôle du p a r e n t d'accueil : la comparaison e n t r e les r e p r é s e n t a t i o n s des


p a r t i c i p a n t s et les définitions formelles

Parmi ses fonctions, le parent d'accueil intervient de façon parentale auprès de


l'enfant tout en lui assurant un milieu familial (Fédération des familles d'accueil du
Québec, 2010). Ceci englobe l'hébergement, les soins, l'entretien, la sécurité et
l'éducation. Il a la responsabilité de prendre des décisions en lien avec la vie courante
de l'enfant (sorties, heures de coucher, etc.) (Fédération des familles d'accueil du
Québec). La famille d'accueil s'engage à travailler non seulement en collaboration avec
les intervenants, mais aussi, lorsque possible, avec les parents d'origine de l'enfant
(Fédération des familles d'accueil du Québec). La famille d'accueil assume le quotidien
de l'enfant (garde, soin, éducation et surveillance) (Ministère de la Santé et des
Services sociaux, 2010b) et travaille au maintien de son lien avec ses parents d'origine
96 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

et toute autre personne avec qui il a un lien significatif (Centre jeunesse de Québec -
Institut universitaire, 2003). La réalisation et la transposition de chacune des
obligations et des responsabilités des parents d'accueil dans leur quotidien
représentent un défi important.

Les parents d'accueil, quant à eux, font référence à leur rôle en évoquant
différents besoins de l'enfant (affectif, de soutien, de protection et d'éducation). Des
termes tels qu'aimer, soutenir, protéger et éduquer sont utilisés. Aussi, les parents
d'accueil font référence aux qualités, aux obligations et aux sentiments qu'ils peuvent
vivre dans l'exercice de leur rôle. Des termes tels que patience, responsabilité et joie
sont nommés. Les représentations sociales des parents d'accueil de leur rôle
concernent uniquement l'enfant et les caractéristiques associées à l'exercice de leur
rôle au quotidien. Par ailleurs, les parents d'accueil ne font pas spontanément
référence aux parents d'origine, que ce soit en termes de collaboration, de préservation
du lien ou d'intégration de ce dernier dans la vie de l'enfant. Aussi, ils ne font pas
référence, dans leurs représentations, à la collaboration avec les intervenants ou
l'établissement des centres jeunesse. Sans être des aspects de leur rôle qu'ils ne
favorisent pas ou ne remplissent pas, ces aspects ne sont pas prépondérants dans leur
vision de leur rôle en tant que parent d'accueil.

Alors qu'en théorie les parents d'accueil sont considérés comme des membres
actifs et des partenaires privilégiés par les différents établissements qui offrent des
services aux enfants placés (Davis et Ellis-MacLeod, 1994 cités dans Sanchirico et
Jablonka, 2000; Fédération des familles d'accueil du Québec, 2010; Maluccio, Warsh et
Pine, 1993 cités dans Sanchirico et Jablonka, 2000; Ministère de la Santé et des
Services sociaux, 2010a; Oyserman et Benbenishty, 1992; Tucker et Hurl, 1992); cet
élément ne ressort pas dans les représentations que les parents d'accueil se font de
leur rôle. D'ailleurs, on peut se demander si les parents d'accueil se sentent
suffisamment outiller pour devenir de véritables partenaires dans l'intervention. Les
résultats de l'étude suggèrent qu'ils se sentiraient plutôt démunis face à certains
comportements des parents d'origine ou lorsque les contacts entre les parents d'origine
et l'enfant se passent mal. De plus, il ressort de l'analyse que le soutien de
l'établissement ou lors d'interventions ne semble pas toujours perçu par le parent
d'accueil. Dans ces conditions, on peut comprendre que cette notion de « partenaire
Les représentations sociales des parents d'accueil 97
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

dans l'intervention » ne fasse pas vraiment partie des représentations des parents
d'accueil quant à leur rôle. Cela pourrait engendrer un fort sentiment d'incompétence
pour les parents d'accueil qui ne réussissent pas à collaborer efficacement avec les
parents d'origine. En fait, les parents d'accueil font largement référence à un rôle
affectif à jouer auprès de l'enfant, rôle pour lequel ils considèrent avoir toutes les
qualités requises. Par conséquent, si les attentes des établissements concernant le rôle
des parents d'accueil incluent le travail en partenariat, il apparaît qu'il existe un
certain décalage entre ces attentes et les représentations des parents d'accueil à ce
sujet. Il faut se questionner sur le réel désir ou même sur la vision des parents
d'accueil de ce qu'est être un partenaire dans l'intervention alors qu'ils se définissent
avant tout comme un parent « normal ». Il faut revoir ce partenariat et considérer
davantage les parents d'accueil dans la prise de décision concernant l'enfant.
Finalement, il faut promouvoir le rôle du parent d'accueil auprès des intervenants et
des établissements, mais aussi auprès des parents d'origine. La présence d'un
partenariat repensé, qui tient compte des attentes des établissements et des parents
d'accueil en fonction du contexte de vie du parent d'origine, pourrait avoir des impacts
positifs : dans la relation entre le parent d'accueil et le parent d'origine et sur le fait de
promouvoir le retour de l'enfant dans sa famille.

5.3.2. Soutien et transmission du rôle a t t e n d u des familles d'accueil... et des


p a r e n t s d'origine

Concernant les services offerts lors de placements en famille d'accueil, le


ministère de la Santé et des Services sociaux (2002 : 5) soutient ceci :

« Enfin, la continuité et la qualité des soins aux jeunes placés


dans ces familles d'accueil dépendront particulièrement de deux
éléments offerts : les compétences de la famille elle-même et le soutien
que l'établissement sera en mesure d'offrir, aussi bien à l'enfant placé
qu'à la famille d'accueil elle-même. »

Ces compétences des familles d'accueil auxquelles réfère le ministère de la


Santé et des Services sociaux doivent être non seulement évaluées adéquatement
lorsque les familles postulent, mais aussi tout au long du processus en tant que famille
d'accueil. Ces propos démontrent bien l'importance pour les divers établissements qui
offrent des services aux enfants placés et à leur famille, de soutenir les parents
d'accueil dans leur rôle. L'offre d'informations et de formations adéquates et adaptées
98 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

à la réalité des parents d'accueil, des jeunes et leur famille ressort comme un aspect
important dans ce soutien et la transmission du rôle attendu.

Les propos des parents d'accueil quant au rôle qu'ils ont à jouer auprès des
enfants et de leur famille laissent supposer que les attentes des établissements ne leur
sont peut-être pas énoncées assez clairement ou, sinon, bien comprises de leur part.
Aussi, les résultats suggèrent que les parents d'origine ne sont peut-être pas
suffisamment informés du rôle des parents d'accueil. Lors de l'intervention, il serait
pertinent de s'assurer de la compréhension des rôles que chacun a à jouer lors du
placement. L'intervenant représente en quelque sorte la référence des parents
d'accueil et des parents d'origine dans l'exercice de leur rôle : il est en mesure de leur
expliquer clairement ce en quoi consiste leur rôle respectif et de veiller à ce que cela
soit respecté de part et d'autre. En ce sens, cet extrait du code d'éthique de la famille
d'accueil (Fédération des familles d'accueil du Québec, 2010) évoque la responsabilité
qu'a l'intervenant de clarifier le rôle de la famille d'accueil auprès du parent d'origine :
« l'intervenant de l'enfant placé s'assure que les parents de l'enfant placé comprennent
bien le rôle attendu de la famille d'accueil auprès de leur enfant et qu'ils adoptent en
tout temps une attitude respectueuse envers la famille d'accueil ». L'intervenant de la
famille d'accueil doit assurer le suivi, l'évaluation et le soutien de la ressource en plus
de lui fournir la formation nécessaire (Ministère de la Santé et des Services sociaux,
2010a). Il doit aussi informer la famille. Ainsi, il est important de faire non seulement
ressortir l'importance du rôle des parents d'accueil, mais aussi celui des parents
d'origine lors d'une situation de placement, sans quoi une réelle collaboration n'est
possible. Cette responsabilité incombe aux établissements et aux intervenants.

Le parent d'origine a, lui aussi, un rôle important à jouer lors du placement de


son enfant. Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux (2010b), à moins que
le Tribunal ne limite ses responsabilités, le parent d'origine préserve un rôle actif
auprès de son enfant. Il se doit d'en assumer « les responsabilités de soin, d'éducation,
de surveillance et d'entretien ». Alors que le parent d'accueil prend des décisions de la
vie courante de l'enfant, le parent d'origine est responsable de prendre les décisions
majeures, de maintenir des contacts avec l'enfant, mais aussi de favoriser des contacts
entre l'enfant et ses proches. « Les parents doivent, dans la mesure du possible,
participer activement à l'application des mesures pour mettre fin à la situation qui
Les représentations sociales des parents d'accueil 99
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

compromet la sécurité ou le développement de leur enfant et pour éviter qu'elle ne se


reproduise » (article 2.2 de la Loi sur la protection de la jeunesse, Gouvernement du
Québec, 2011). Ceci rejoint les propos des parents d'accueil qui, dans le cadre de cette
étude, estiment que le rôle des parents d'origine consiste à régler la situation à
l'origine du placement de l'enfant. Toutefois, il est possible que certains parents
d'origine ne puissent offrir une réelle collaboration avec les parents d'accueil tant,
qu'ils n'ont pas réglé leurs problèmes personnels. C'est sur cet aspect précis qu'il est
important de travailler dans l'intervention : accompagner et aider le parent d'origine à
modifier les aspects liés au placement de l'enfant. Par la suite, ce travail réalisé
auprès des parents d'origine peut venir aider la famille d'accueil à mieux les intégrer
et ainsi favoriser une réelle collaboration dans les soins à apporter à l'enfant. Lorsque
les intervenants et les parents d'accueil travaillent de concert, le parent d'origine a lui
aussi un travail très important à réaliser. Bref, la collaboration est l'affaire de tous : le
parent d'accueil, l'intervenant, mais aussi le parent d'origine.

Selon certains parents d'accueil, une réelle collaboration avec la famille


d'origine n'est pas présente dans la majorité des cas, bien qu'ils souhaitent le
contraire. Ils ont souvent peu de contacts avec les parents d'origine et, quand ils en
ont, ces contacts sont brefs et il y a peu d'échanges. Il est possible que des contacts
entre les parents d'accueil et les parents d'origine ne soient pas toujours possibles. Les
parents d'origine ont souvent de grandes difficultés sur lesquelles ils doivent travailler
dans l'optique de reprendre l'enfant. Pendant cette période, il peut être difficile
d'envisager de collaborer avec les parents d'accueil. Les attentes, tant envers les
parents d'accueil que les parents d'origine, doivent être réalistes et s'ajuster en
fonction de chaque situation.

Aussi, selon l'étude de Corser et Furnell (1992), les parents d'accueil ne


seraient pas suffisamment préparés à gérer les contacts avec les parents d'origine.
Dans l'exercice de leur rôle, ils ne seraient pas sensibilisés à la signification de ce
contact pour l'enfant et le parent. Ainsi, MacGregor et ses collègues (2006) soulignent
l'importance d'améliorer la formation et le soutien offerts aux parents d'accueil. La
combinaison d'un soutien continu et d'une formation pour le parent d'accueil permet
d'augmenter l'implication de ce dernier dans le maintien des contacts et des liens entre
l'enfant et son parent d'origine (Corser et Furnell, 1992; Sanchirico et Jablonka, 2000).
100 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Les auteurs vont jusqu'à dire qu'on ne peut espérer l'implication des parents d'accueil
dans le maintien du lien entre l'enfant et son parent d'origine sans la présence de
soutien et de formation. Différentes études démontrent également qu'un travail de
réflexion est à faire par rapport à la formation des familles d'accueil, à leur sélection et
aux motifs qui les poussent à devenir parent d'accueil (Bourgie et a l , 1998; Corser et
Furnell, 1992; Rhodes, Cox, Orme et Coakley, 2006).

Ce que font les parents d'accueil au quotidien auprès de l'enfant doit avoir du
sens pour eux et ne pas répondre uniquement à des obligations et des lois. Au départ,
les parents d'accueil sont là pour assurer la sécurité et le développement de l'enfant, ce
qui fait grandement partie de leur rôle selon eux. Toutefois, il faut les aider à dépasser
cette facette du placement, évidemment lorsque la situation le permet, et intégrer à
nouveau et graduellement le parent d'origine dans la vie de l'enfant. Les parents
d'accueil doivent avoir suffisamment d'informations sur l'exercice de leur rôle et être
soutenus, tout particulièrement dans la collaboration avec le parent d'origine. Sachant
que différentes formations sont déjà offertes aux familles d'accueil, il est important de
revoir les modalités de transfert des connaissances et d'en favoriser l'accès. Différents
médiums peuvent être utilisés dans le but de s'adapter aux besoins des familles
d'accueil. Par exemple, rendre plus facilement accessibles certaines lectures; partager
différents liens Internet pertinents; créer des forums de discussion pour les familles
d'accueil; encourager les initiatives provenant du milieu des familles d'accueil telles
que les déjeuners-causeries ou autres rencontres; offrir de la formation via d'autres
parents d'accueil, etc. Bref, il faut revoir les modalités d'apprentissage et d'information
qui visent les parents d'accueil.

5.3.3. Complexité du rôle de p a r e n t d'accueil : les a t t e n t e s sont-elles toujours


réalistes?

À la lumière des résultats obtenus dans cette recherche, il est pertinent de se


questionner s'il est toujours possible, selon les situations de placement, que la
collaboration soit présente entre les parents d'origine et les parents d'accueil. Certains
parents d'origine vivent de grandes difficultés, souvent à l'origine du placement de
l'enfant, ce qui fait en sorte qu'ils ne peuvent se concentrer sur leur rôle de parent. De
là, plusieurs parents d'accueil parlent de l'importance que les parents d'origine règlent
ces grandes difficultés et qu'ils continuent de garder contact avec l'enfant. Toutefois,
Les représentations sociales des parents d'accueil 101
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

ils sont aussi plusieurs parents d'accueil à rapporter que ces objectifs sont rarement
atteints avec les parents d'origine.

Lorsqu'on observe les différentes définitions et attentes des établissements


envers les familles d'accueil, il est possible de constater à quel point il s'agit d'un
mandat particulier. Ce mandat n'est pas toujours simple à remplir lorsqu'il est
conjugué au contexte de placement d'un enfant, à la situation de vie des parents
d'origine, aux motifs du placement, aux motivations et à l'investissement,
particulièrement sur le plan émotif des familles d'accueil. Allier protection et
collaboration demande un travail de la part de tous les acteurs importants lors du
placement de l'enfant. Un certain décalage est observé entre les définitions formelles
du rôle de parent d'accueil et les représentations qu'ils s'en font. Il serait fort pertinent
de s'attarder à cet aspect et de tenter de concilier, de façon réaliste, les différents
points de vue. Par ailleurs, cette complexité du rôle de chacun ainsi que son partage
entre les parents d'origine démontrent bien l'importance d'un soutien et d'une
préparation adéquate des parents d'accueil à exercer leur rôle (Groupe de travail sur
la Politique de placement en famille d'accueil, 2000; MacGregor et a l , 2006;
Paquette, 2002).

Les rôles, obligations et responsabilités de la famille d'accueil sont qualifiés par


le Centre jeunesse de Québec - Institut universitaire (2003) « d'exigeants et de
complexes ». Alors que les parents d'origine restent « les premiers responsables
d'assurer les soins, l'entretien, l'éducation et la surveillance de leur(s) enfant(s) »
(article 2.2 de la LPJ) (Gouvernement du Québec, 2011); la famille d'accueil intervient
de façon parentale, exerce certaines fonctions de l'autorité parentale à titre supplétif
et assure à l'enfant un milieu de vie familial (Centre jeunesse de Québec - Institut
universitaire, 2008; Fédération des familles d'accueil du Québec, 2010). Ce partage de
rôle peut s'avérer parfois laborieux pour le parent d'accueil. Par exemple, bien que les
parents d'accueil spécifient que les enfants ne sont pas les leurs, il arrive qu'ils se
fassent appeler « papa » et « maman » par eux. Ceci peut s'expliquer en partie par
l'investissement que l'enfant a dans son milieu d'accued comme en témoignent ces propos :
102 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

« Quand elle m'appelait moi, elle me disait papa et quand c'était


ma femme, elle disait maman. Quand sa mère a vu ça, ah j'veux pas
qu'elle vous appelle papa, maman. Mais là pauvre petite fille, la gamine
elle a quoi? Elle n'en sait rien du tout. Elle, tout ce qui l'intéresse, c'est
qui c'est qui la fait manger, qui c'est qui change les couches, qui c'est qui
la garde dans ses bras. » (participant numéro six)

Il n'est pas simple pour le parent d'accueil d'assumer plusieurs responsabilités


parentales, d'être le « parent » dans le quotidien de l'enfant, tout en laissant une place
au parent d'origine auprès de l'enfant. De plus, encore faut-il que le parent d'origine
veuille et puisse, de par sa situation de vie personnelle, prendre cette place auprès
de l'enfant.

Par ailleurs, il n'est pas évident pour les parents d'accueil de s'investir sur le
plan affectif auprès de l'enfant (ce qui ressort comme étant important dans le rôle et le
vécu du parent d'accueil); de devoir assurer la protection d'un enfant dont la sécurité
et le développement ont été compromis et de favoriser l'implication du parent
d'origine. Le parent d'accueil doit bien évidemment considérer l'aspect de protection de
l'enfant, mais aussi pouvoir faire une place au parent d'origine. Le parent d'accueil
doit considérer les aspects inhérents au placement, mais aussi s'orienter sur ce qui se
produit dans le présent. Le parent d'accueil débute en prenant soin de l'enfant dans
l'optique d'assurer sa protection. De son côté, le parent d'origine doit se prendre en
main et régler les différents problèmes qui ont mené au placement de l'enfant. Lorsque
le parent d'origine a réglé ces problèmes ou est en voie de le faire, il y a là un terrain
propice à la présence d'une réelle collaboration avec le parent d'accueil.

En somme, les parents d'accueil sont guidés par l'importance du bien-être et du


développement de l'enfant. Ils ne souhaitent pas que celui-ci soit exposé de nouveau à
une situation de compromission et sont généralement prudents quand il est question
du contact entre l'enfant et son parent d'origine. La collaboration entre le parent
d'accueil et le parent d'origine, lorsqu'elle est possible, doit se réaliser avec le soutien
et la présence d'intervenants. L'accès à l'information, à des lieux d'échange et à une
offre de formations adaptées à la réalité des familles d'accueil est primordial. De plus,
chacun (le parent d'accueil, le parent d'origine, l'intervenant et les établissements)
doit revoir leurs attentes respectives et demeurer réalistes concernant le rôle du
parent d'accueil.
Les représentations sociales des parents d'accueil 103
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

5.4. Synthèse du chapitre : les points saillants

Selon les parents d'accueil, leur rôle peut se résumer à celui d'un parent normal
qui souhaite offrir à l'enfant une vie qui soit la plus normale possible. Dans l'exercice
de leur rôle, ils sont centrés sur l'enfant plutôt que sur la famille d'origine et l'aspect
affectif est omniprésent. Il incombe au parent d'origine de régler sa situation
personnelle dans le but de reprendre l'enfant sans pour autant que le parent d'accueil
ait un rôle à jouer concernant cet aspect. La collaboration entre les parents d'accueil et
les parents d'origine est mitigée selon plusieurs parents d'accueil. Les contacts avec les
parents d'origine sont souvent de courte durée et il y a peu d'échange. Toutefois,
certains parents d'accueil rapportent qu'au fil du temps et des contacts avec le parent
d'origine, la relation s'améliore. D'autre part, certaines expériences vécues par les
parents d'accueil ont un impact majeur sur leur fonctionnement en tant que famille
d'accueil. La perception des expériences qualifiées de négatives est différente d'un
parent d'accueil à l'autre. Pour un événement similaire, certains restent marqués alors
que d'autres estiment qu'il s'agit d'un événement isolé qui fait partie du rôle de parent
d'accueil. Cette perception peut être affectée non seulement par la préparation qu'a le
parent d'accueil à faire face à ce type d'événement, mais aussi par des caractéristiques
personnelles. De plus, un certain décalage s'observe entre les définitions formelles du
rôle de parent d'accueil et les représentations que les parents d'accueil s'en font. La
formation et le soutien offerts aux parents d'accueil, sous des formes diverses, sont
primordiaux pour les accompagner dans l'exercice de leur rôle. La transmission des
attentes envers les familles d'accueil de la part des établissements se doit d'être claire,
mais aussi comprise par les parents d'accueil. Finalement, il est important de ne pas
oublier le rôle que doit jouer le parent d'origine, sans quoi la collaboration s'avère
difficile.

La prochaine et dernière section présente les limites, les retombées et la


conclusion de cette recherche.
CONCLUSION : LIMITES ET RETOMBÉES

En guise de conclusion de ce mémoire, trois sections distinctes sont présentées.


Premièrement, les limites de la recherche sont abordées. Deuxièmement, les
retombées de la recherche sont soulignées. Troisièmement, dans la conclusion, les
principaux aspects ressortis dans ce mémoire ainsi que des pistes de recherches
futures sont, présentés.

Limites de la recherche

Cette recherche, en lien avec certains choix méthodologiques et sa réalisation,


possède des limites. D'emblée, la petite taille de l'échantillon limite la généralisation
des résultats. Bien que ce ne soit pas le but lors d'une recherche qualitative, il faut
être prudent lorsque vient le temps de présenter les résultats concernant un
échantillon de dix parents d'accueil. Il est donc fort pertinent de continuer de faire
d'autres études de ce type pour accroître les connaissances sur les représentations
sociales que se font les parents d'accueil de leur rôle. De plus, le fait d'avoir interrogé
des familles d'accueil régulières fait en sorte de ne pas pouvoir explorer les
représentations sociales que d'autres parents d'accueil, d'autres types de famille
d'accueil, se font de leurs rôles. Est-ce que leurs représentations sont différentes étant
donné que la durée et/ou l'investissement auprès de l'enfant et de sa famille sont
différents?

Retombées de la r e c h e r c h e

En ce qui a trait aux retombées de cette recherche, l'une d'entre elles est
majeure : elle permet de donner la voix à des acteurs importants du placement, les
parents d'accueil. À ce jour, peu d'études qualitatives ont été réalisées auprès des
parents d'accueil. Aussi, le cadre des représentations sociales permet de traduire les
propos des participants provenant d'un même sous-groupe d'individus, soit le milieu
des familles d'accueil. Il permet également de donner une signification à ces propos,
passant d'un savoir de sens commun sous la forme d'un savoir scientifique. Le petit
échantillon et le choix d'une démarche qualitative permettent de gagner en profondeur
quant aux propos des parents d'accueil et ainsi favoriser des retombées intéressantes
dans la pratique.
106 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Le fait de mieux connaître les familles d'accueil, leur histoire, leur motivation,
leur vécu, fait en sorte de pouvoir orienter adéquatement les pratiques d'intervention
auprès de ces collaborateurs de premier plan. Par ricochet, toutes les interventions
auprès des familles d'accueil peuvent avoir une incidence importante sur les services
offerts aux jeunes et leur famille. Dans l'optique qu'un travail important reste à faire
non seulement pour recruter, mais aussi pour préserver les familles d'accueil, il est
capital de s'intéresser à leur propos, leur vécu et la vision qu'ils ont de leur rôle. Les
résultats de cette recherche peuvent servir aux différents professionnels (tant aux
intervenants qu'aux cadres et décideurs) qui oeuvrent auprès des familles d'accueil
pour mieux cerner leur réalité, leurs besoins et ainsi mieux les soutenir. De plus, en
étant à même de constater les préoccupations des familles d'accueil, cela fait en sorte de
permettre de mieux adapter le soutien et la transmission de l'information à leur égard.

En conclusion...

La recherche qualitative n'a pas pour but de généraliser les résultats obtenus et
un échantillon de dix parents d'accueil est caractérisé par des parcours différents : les
parents d'accueil ont vécu diverses expériences, ont accueilli des enfants âgés de 0 à 17
ans et ont des personnalités différentes. Toutefois, il est intéressant de constater que,
déjà avec ce nombre de participants, certains éléments convergent. Ce sont plusieurs
parents d'accueil qui rapportent comme représentation de leur rôle, celui d'être un parent
« normal ». Ils ont la préoccupation que l'enfant ait une vie qui soit la plus « normale »
possible, comme les enfants de la population en général. Concernant les parents d'origine,
les parents d'accueil leur confèrent comme rôle celui de régler les problèmes à l'origine
du placement de l'enfant. Les parents d'accueil estiment que le parent d'origine doit
tout faire pour garder contact avec son enfant et, idéalement, en reprendre la garde.

Par ailleurs, les connaissances sur les représentations du rôle joué par les
familles d'accueil étant peu développées, de nombreuses avenues s'ouvrent à la fin de
ce mémoire. Ce sont quelques éléments de réponses, mais surtout des questions
importantes qui demeurent. La réalité des familles d'accueil ayant de multiples
facettes, il apparaît pertinent de se pencher sur différentes pistes pour d'éventuelles
recherches. Premièrement, les motivations des parents d'accueil à devenir famille
d'accueil ont été brièvement abordées dans cette recherche et méritent d'être
approfondies. Aussi, il serait pertinent de s'intéresser aux perceptions des parents
Les représentations sociales des parents d'accueil 107
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

d'accueil par rapport à des événements négatifs vécus avec les parents d'origine.
Ensuite, l'impact de ces événements dans la carrière des familles d'accueil pourrait
être examiné. Aussi, alors qu'il a été principalement question du rôle des parents
d'accueil dans ce mémoire, il ne faut pas négliger celui des parents d'origine dans les
différentes situations de placement. Ainsi, une dernière piste de recherche est la
suivante : quelles sont les représentations sociales que les parents d'origine se font de
leur rôle lors du placement de leur enfant... et qu'en est-il de la collaboration avec les
parents d'accueil qui hébergent leur enfant? Une comparaison pourrait être faite entre
les représentations des parents d'accueil et celles des parents d'origine pour voir où se
situent les différences et les similitudes entre ces acteurs au sujet de leur rôle. Cette
piste de recherche est d'autant plus pertinente dans l'optique que certains parents
d'accueil de cette recherche ont le sentiment que les parents d'origine ne comprennent
pas bien le rôle qu'ils ont à jouer auprès des enfants hébergés.

Aussi, il sera important de tenir compte du contexte de changements majeurs


dans l'exercice des fonctions de parent d'accueil avec l'avènement du projet de Loi 49
sur la représentation des ressources de type familial et de certaines ressources
intermédiaires (Gouvernement du Québec, 2009). En effet, des travaux sont en cours
pour la négociation d'une entente collective dans l'optique que les ressources de type
familial (ou familles d'accueil) soient reconnues en tant que professionnels. Entre
autres, une entente sera faite sur les conditions générales d'exercice des activités des
familles d'accueil et sur leur financement. La syndicalisation des familles d'accueil
aura certainement un impact sur l'exercice de leur rôle. Il s'agit d'une nouvelle réalité
dans l'exercice des fonctions de parents d'accueil, une réalité qu'il sera pertinent
de documenter.

Pour conclure ce mémoire, Moscovici (1994 : 2) a tenu les propos suivants


concernant l'attitude dans les représentations sociales : « les attitudes naissent,
disparaissent et se transforment ». Les mentalités, la façon d'intervenir tant pour les
familles d'accueil que pour les intervenants se transforment, se modifient et évoluent
dans le temps. Une connaissance approfondie du rôle, de l'investissement et de
l'implication des familles d'accueil à l'égard des enfants et de leur parent d'origine est
un point de départ pour favoriser une meilleure collaboration entre tous les acteurs
concernés par le placement.
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Les représentations sociales des parents d'accueil 117
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Annexe A

CANEVAS D'ENTREVUE QUALITATIVE AUX PARENTS D'ACCUEIL

Introduction : Dans le cadre de votre rôle de parent d'accueil, la présente entrevue


vise à aborder certains sujets avec vous afin de recueillir votre point de vue. Nous
tenons à vous rappeler que le contenu de cette entrevue est confidentiel
conformément aux informations présentes dans le formulaire de consentement que
vous avez préalablement signé. En aucun cas vos propos ne seront divulgués à un
quelconque intervenant en lien avec votre dossier. Cette entrevue sera enregistrée
dans le but de faciliter l'analyse des différentes informations : l'enregistrement sera
détruit à la fin de la présente étude.

lre partie :
Briser la glace

P a r écrit...

1) Quels sont les cinq premiers mots qui vous viennent à l'esprit lorsque je vous
parle des rôles du parent d'accueil?
(Attendre que le participant écrive la réponse)

2) Dans un deuxième temps, vous devez classer ces cinq mots selon leur ordre
d'importance (du plus important au moins important selon vous).

3) Pour chacun des cinq mots qui vous sont venus à l'esprit, dites s'ils sont positif ou
négatif pour vous à l'aide d'un (+) ou d'un (-).

2e p a r t i e :
Thèmes à a b o r d e r sous forme de questions (si l'un de ces t h è m e s n'est pas
abordé spontanément, poser directement la question en lien avec celui-ci)

Verbalement...

1) Vécu en t a n t que famille et p a r e n t d'accueil

• Depuis combien de temps êtes-vous famille d'accueil?

• Quel est votre type de famille d'accueil?

• Combien d'enfants avez-vous hébergés jusqu'à maintenant (au besoin, inviter


le participant à donner un chiffre approximatif)?

• Combien d'enfant(s) placé(s) hébergez-vous présentement?

• Avez-vous un ou des enfant(s) biologique(s)?


118 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

• (Si le participant a répondu oui à la question précédente) Est-ce qu'il(s)


habite(nt) encore à votre domicile?

• Quel est ou quels sont le ou les motif(s) qui a ou ont fait en sorte que vous
êtes devenus famille d'accueil?

2) Types de contacts et déroulement de ceux-ci avec le ou les parent(s) d'origine des


enfants hébergés

• Quels sont les types de contacts que vous avez avec les parents d'origine des
enfants placés dans votre famille d'accueil?

• (s'il y a des contacts...) Comment est-ce que ces contacts se déroulent avec le
ou les parent(s) d'origine des enfants hébergés dans votre famille d'accueil?

3) Réactions de l'enfant et en tant que parent d'accueil à la suite des contacts avec le
ou les parent(s) d'origine (ce thème est à approfondir si le parent d'accueil a
répondu à l'affirmative au thème ou question 2)

• Quelles sont vos réactions à la suite des contacts?

• À votre connaissance, quelles sont les réactions des parents d'origine à ces
contacts?

4) Rôles en tant que famille et parent d'accueil

• Selon vous, quels sont vos rôles en tant que parent d'accueil?

5) Rôles du ou des parent(s) d'origine lors du placement de leur enfant

• Selon vous, quels sont les rôles du ou des parent(s) d'origine lors du
placement de leur enfant?

6) Rôles des parents d'accueil et des parents d'origine

• Selon vous, comment ces rôles s'exercent entre vous et le ou les parent(s)
d'origine?

7) Différents aspects de la relation avec le ou les parent(s) d'origine

• Selon vous, quels sont les aspects positifs de votre relation avec le ou les
parent(s) d'origine?

• Selon vous, quels sont les aspects négatifs de votre relation avec le ou les
parent(s) d'origine?
Les représentations sociales des parents d'accueil 119
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

8) Mot de la fin

• Selon vous, dans un monde idéal, comment devraient se dérouler votre


relation et vos contacts avec le ou les parent(s) d'origine des enfants placés
dans votre famille d'accueil?

• En terminant, pensez-vous à autre chose que vous aimeriez nous dire par
rapport à votre relation avec le ou les parent(s) d'origine?

Mille mercis p o u r votre collaboration!


Les représentations sociales des parents d'accueil 121
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Annexe B

FORMULAIRE DE CONSENTEMENT POUR LE PARENT D'ACCUEIL

Les r e p r é s e n t a t i o n s sociales des p a r e n t s d'accueil


c o n c e r n a n t leur rôle a u p r è s des enfants et leur famille

Dans la cadre de la réalisation d'une étude qui porte sur les représentations sociales
du rôle des parents d'accueil dans le contexte du placement d'un enfant en famille
d'accueil, j'accepte de participer à la recherche d'Isabelle
Beaumier effectuée dans le cadre de sa maîtrise à l'École de service social de
l'Université Laval sous la direction de Claudine Parent (professeure en Service
social de l'Université Laval) et la codirection de Marie-Claude Simard (chercheure
d'établissement au Centre jeunesse de Québec - Institut universitaire).

Le but de la recherche est de mieux comprendre les relations et les rôles partagés
entre parents d'accueil et parents d'origine d'enfants en situation de placement.
Vous serez rencontrés lors d'une entrevue d'une durée approximative variant entre
une heure et une heure 30 minutes. L'entrevue sera enregistrée avec votre accord,
pour être ensuite retranscrite. Ce que vous direz lors de la discussion restera
confidentiel et le contenu de l'entrevue sera codé. Les données pourront être
consultées uniquement par l'étudiante, la directrice et la codirectrice de ce mémoire.
Les enregistrements, les données et tout autre formulaire seront dans un classeur
sous clé pour être ensuite détruits cinq ans après l'étude.

Vous demeurez entièrement libre de vous retirer de cette recherche en tout temps ou
de cesser d'y participer, sans que cela ne vous cause du tort ou affecte les services
que vous recevez ou que vous pourriez recevoir. En aucun cas, l'intervenant aux
ressources assigné ou tout autre intervenant à votre dossier ne sera informé des
propos tenus lors de l'entrevue.

Votre participation à cette recherche contribuera à améliorer les connaissances sur


les relations et les rôles partagés entre parents d'accueil et parents d'origine
d'enfants en situation de placement. Aucun risque ou inconvénient n'est envisagé
pour les participants à cette étude. Les résultats de cette recherche seront présentés
lors d'une rencontre organisée en lien avec la Fédération des familles d'accueil du
Québec en plus du fait que ce mémoire sera disponible au centre de documentation
du Centre jeunesse de Québec - Institut universitaire. Il est important de mentionner
que l'étudiante responsable de ce mémoire sera dans l'obligation de faire un
signalement à la Direction de la protection de la jeunesse advenant que des éléments
compromettant la sécurité et/ou le développement des enfants hébergés soient
transmis (conformément à l'article 39 de la Loi sur la protection de la jeunesse).
122 Les représentations sociales des parents d'accueil
concernant leur rôle auprès des enfants et leur famille

Si vous avez des questions, des commentaires ou besoin d'explications


supplémentaires, n'hésitez surtout pas à me rejoindre au 418-661-6951, poste 1205.
Finalement, en cas de plainte concernant tout aspect lié à votre participation à cette
recherche, vous pouvez vous référer au commissaire local aux plaintes et à la qualité
des services du Centre jeunesse de Québec - Institut universitaire au 418-661-6951.

Signature du participant Date

Signature de l'étudiante Date

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