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ECONOMIE POLITIQUE

sbillon@unistra.fr bureau 515


Fournir aux étudiants des outils d’analyse permettant d’étudier et de comprendre des
problèmes économiques
Ex :- Comment expliquer le choix d’un étudiant de poursuivre ses études
- Est ce que l’état doit réduire les impôts pour augmenter la croissance économique
Ces deux questions ne se posent pas au même niveau. La science économique ne la traite
pas de la même façon.
Dans le premier cas, on s’intéresse à une décision individuelle. Dans le second cas, il s’agit
d’un problème qui concerne l’économie au niveau global.
INTRODUTION :

Section 1.Une définition de l’économie :


Qu’est-ce que l’économie
Etymologie : racine latine, «oeconomia », et grecque « oikonomia » formé de
« oikos » (maison) et « nomos » (règles, loi), littéralement la gestion de la maison.
2 Notions essentielles sans lesquelles on ne peut définir l’économie :
- La rareté et
- Les choix
Rareté : caractéristiques des ressources économiques qui existent en quantités limitées
Ex : Les ressources naturelles (pétrole minerai etc), le temps (24h dans une journée)
Rareté peut être considérée du point de vue :

- De la production : les ressources disponibles dans une économie ne sont pas suffisantes
pour tous les usages productifs.

- De la consommation : le budget des agents limite les choix de consommation.


La rareté est une caractéristique si universelle que l’analyse économique s’est étendue
hors de ses frontières naturelles : économie de la santé, du sport, de l’environnement.
La rareté implique que les agents doivent faire des choix, des arbitrages.
Arbitrages : choix du meilleur compromis entre des objectifs contradictoires, réalisé en
comparant les coûts et les bénéfices liés à une action.
Ex : arbitrages consommation/ épargne analyse (néoclassique) du chômage à travers
l’arbitrage travail/loisir, efficacité/ équité (politiques publiques, exemple du salaire
minimum).
Une définition générale de l’économie :
L’économie est la science qui étudie la production, la répartition et la circulation des
richesses à l’allocation de ressources rares.
En ce sens l’économie décrit un problème d’efficacité d’allocation de ressources
limitées, devant couvrir des besoins illimités.
Différentes modalités d’allocation des ressources :
- Par le marché (la rencontre libre de l’offre et de la demande sur différents marchés
[travail, biens et services.]) = c’est le système des prix qui coordonne les actions des
agents (les décisions sont décentralisées).
- Par la planification (un planificateur décide les quantités à produire, à distribuer)
Un des objectifs de l’économie est de caractériser l’efficacité des différentes modalités
d’allocation des ressources (quelle est la meilleure manière d’allouer les ressources rare
de façon à ce que la société soit dans la meilleure situation possible).

Section 2 : Quelques grands principes de l’économie :


1. Les agents font des choix
2. L’importance du cout d’opportunité dans la prise de décisions
3. Le raisonnement marginal
4. Le principe d’optimisation
5. L’importance des incitations
6. Le marché est généralement efficace
7. L’Etat peut intervenir dans certaines situations

Principe 1 : Les agents font des choix, des arbitrages


Implication du concept de rareté= on ne peut pas tout avoir, tout faire.
There is no such a thing as a free lunch (il n’y a pas de repas gratuit) => pour obtenir
quelque chose il faut abandonner autre chose (cf cout d’opportunité principe 2)
Analyse (néoclassique) du chômage à travers l’arbitrage travail/loisir
-le temps est une ressource rare, qu’on l’on alloue à différentes activités : travail et loisir
-les agents sont caractérisés par une certaine préférence pour le loisir
-le travail entraine une désutilité (préférence pour le loisir)
-il y a un cout à ne pas travailler= le salaire
-choix de travailler => arbitrage entre désutilité du travail et la perte de salaire
-travail si désutilité du travail < perte de salaire
-chômage si désutilité du travail > perte de salaire
-Pour les néoclassiques, le chômage est volontaire, le résultat d’un choix rationnel
Autre exemples d’arbitrages :
Les consommateurs : Ils ont un budget limité, qu’ils peuvent dépenser dans une grande
variété de biens et de services (paniers de consommation), ou épargner pour le futur.
Les entreprises : Elles doivent décider quel type de bien produire, dans quelles quantités,
avec quelle technologie de production
Un gouvernement : Il fait également face à un budget limité (fiscalité et endettement) et
doit financer différentes politiques publiques.

Principe 2 : le cout d’un bien mesure ce à quoi on renonce pour l’obtenir
Pour réaliser des choix (rationnels) on a besoin d’une mesure de ce à quoi on renonce, le
coût d’opportunité, pas seulement le prix ou le cout du bien que l’on acquière.
Coût d’opportunité : ce à quoi il faut renoncer pour obtenir quelque chose
Ex : travailler plus implique une perte de loisir, plus de loisir implique une perte de salaire
Critère permettant de réaliser des arbitrages de façon rationnelle. Pourquoi ? Parce que le
choix est réalisé en ayant considéré les meilleurs alternatives disponibles
Attention : le cout d’opportunité n’est pas forcément une mesure monétaire

Principe 3 : Les individus rationnels, raisonnent à la marge


-une décision est rarement du type «  tout ou rien » travailler/ ne pas travailler,
consommer tout son revenu/ tout épargner.
- Il est plus rationnel de s’intéresser à des ajustements «  à la marge », des variations
marginales : variations marginales : ajustement de faible ampleur concernant un plan
d’action choisi.
Exemples d’ajustement marginal
-Entreprise : elle pose la question de l’impact de recrutement d’un salarié supplémentaire
-Un étudiant en révision : Faut-il consacrer une heure de plus à réviser l’économie
politique ?
-Un épargnant : A-t-il intérêt à épargner un euro supplémentaire de salaire ?
Autre exemple : une compagnie aérienne doit décider du prix d’un billet de dernière minute. Le
cout total du voyage 100000euros pour un avion de 200 places. Il reste quelques sièges à remplis. Un
passager de dernière minute est prêt à payer 300 euros. La compagnie a-t-elle intérêt à accepter ?

A première vu le cout moyen d’un siège est de 100000/200=500euros, le prix ne couvre pas le cout
moyen.

Raisonnement marginal : la compagnie doit prendre en compte le cout marginal (du passager de
dernière minute) ➔ le cout du kérosène supplémentaire est infime, le plateau repas distribué aurait
été jeté. Probable que le cout du passager supplémentaire soit inférieur à ce que le cout du
passager supplémentaire soit inférieur à ce qu’il rapporte( le bénéfice marginale 300 euros donc oui
la compagnie doit accepter le passager à ce prix.

Jusqu’à quel point la compagnie aérienne devrait accepter de nouveaux passagers ?


Ex : la compagnie aérienne à 3 places de dernières minutes à allouer et le cout d’un passager
supplémentaire est estimée à 200 euros. Le passager 1 est prêt à payer 250 euros, le passager 2,
200 euros et le passager 3, 150 euros. Combien de passager la compagnie aérienne accepte elle ?

Elle accepte le passager 1 car son cout est < au bénéfice induit

Elle accepte le 2 ca son cout est couvert par le bénéfice induit

Elle n’accepte pas le passager 3 car son est supérieur au bénéfice induit

Règle générale de décision à la marge pour la compagnie aérienne


Prendre de nouveaux passagers tant que le cout marginal (Cm) est inférieur au bénéfice marginal
(Bm)

Pourquoi ? Car cela augmente le profit ou réduit la perte.

Ici le cout marginal et le bénéfice marginal peuvent être définis comme le cout et le bénéfice
impliqués par le dernier passager à entrer dans l’avion.

Choisir le nombre de passager pour lequel Cm=Bm.

Que se passe-t-il si la compagnie accepte le passager 3 ? Elle réalise une perte car le Cm>Bm (200
euros >150euros).

Les agents font des choix en réalisant des arbitrages à la marge.


Arbitrage à la marge : comparaison des couts et des avantages apportés par des
ajustements de faible ampleur concernant un plan choisi.
Combien est une décision à la marge.
Ce concept a une influence importante sur l’explication (théorique) des choix des agents
économiques = utilisé par les économistes pour déterminer, calculer les choix des agents
économiques (demande ou offre du bien).

Principe 4 : les individus rationnels font de l’optimisation


Les choix ne sont pas aléatoires, les choix sont réalisés de façon rationnelle en fonction
d’objectifs.
Un raisonnement à la marge est un raisonnement d’optimisation.
Hypothèse (néoclassique) d’homo oeconomicus.
Homo oeconomicus : modèle de comportement humain fondé sur les principes de
rationalité et de maximisation.
Une firme va produire un bien ou un service de façon à maximiser son profit.
Les agents peuvent aussi chercher à minimiser des objectifs. Ex un consommateur va
chercher à minimiser sa dépense de biens et services pour un niveau de satisfaction donné.
Une firme va minimiser le cout des facteurs de production (capital et travail) pour un
niveau de production donné.
Un étudiant va minimiser le temps de révisions pour un objectif de note donné.
Le concept de raisonnement à la marge est très important pour l’optimisation.
Ex : la compagnie aérienne, en comparant les bénéfices et le cout marginal de chaque
nouveau passager maximise son profit.

Principe 5 : les agents réagissent aux incitations


Résultats des notions d’arbitrage, de cout d’opportunité et du principe d’optimisation.
Les agents prennent en compte les avantages et les couts liés à une décision. Si ces
avantages et couts changent, les agents sont incités à modifier leurs décisions pour
continuer à optimiser leur objectif.
Dans une économie de marché, les incitations passent principalement par le système de
prix.
Ex 1 : la fiscalité des sodas. Objectif : augmenter le prix des sodas => augmentation du
cout d’opportunité de la consommation de sodas => diminution de la consommation.
Ex 2 : Augmentation de la production d’électricité par les énergies renouvelables.

Principe 6 : le marché est (souvent) un bon mode d’organisation de l’économie


Dans un marché la production et la consommation sont le résultat de décisions
décentralisées, prises par un grand nombre de firmes d’individus -> pourquoi cela ne
conduit pas au chaos ?
Effets de « la main invisible », concept présenté par Adam Smith dans « La Richesse des
Nations » (1776)
Main invisible : La poursuite de l’intérêt personnel va conduire à des résultats favorables
pour la société dans son ensemble.
«  Ce n’est pas de la bienveillance du boucher, du marchand de bière et du boulanger, que
nous attendons notre diner, mais bien du soin qu’ils apportent à leur intérêts. » Smith,
1776
Objectif de la microéconomie moderne (et de la partie 1 de ce cours) est de prouver la
validité de cette assertion : on verra formellement l’importance des prix dans la
coordination des agents économiques dans une économie de marché.
Intuition : les prix reflètent la valeur qu’accorde la société à un bien (à cause de la rareté)
mais aussi son cout. Puisque les agents prennent leurs décisions en se référant aux prix, ils
prennent en compte les avantages et les couts sociaux relatifs à leurs actions => les prix
conduisent les agents individuels à prendre des décisions qui maximisent le bien être de la
société toute entière.
Le système des prix suffit à coordonner les décisions des agents économiques, de telle
sorte que la société dans son ensemble est dans la meilleure situation possible :
- Les prix équilibrent l’offre et la demande sur le marché des biens et services.
- Le niveau des salaires équilibre l’offre et la demande sur le marché du travail.
- Les taux d’intérêt équilibrent l’offre et la demande sur le marché des capitaux.

Principe 7 : L’Etat peut (parfois) améliorer les situations de marché


Puisque le système des prix est suffisant pour un bon fonctionnement de l’économie,
pourquoi aurait-on besoin de l’Etat.
Corollaire de la main invisible : l’intervention de l’Etat, en gênant l’ajustement des prix,
empêche la bonne coordination des agents économiques (politiques de contrôle des prix,
des loyers, effets de la fiscalité sur l’allocation des ressources en réduisant le bien-être
social)

⇨ Ces interventions brouillent le signal envoyé par la structure des prix qui informe
les agents sur la valeur (rareté) et les couts.
Alors dans quelle mesure l’Etat devrait intervenir dans l’économie ?

3 types de réponses : -Le marché implique le respect du principe fondamental de propriété
privée. L’Etat doit assurer les fonctions régaliennes que sont la police, la justice et la
défense (Etat minimal)
-Promotion de l’efficacité. Dans certaines situations, le marché n’est pas capable d’allouer
les ressources efficacement, on parle alors d’échec(ou de défaillance) de marché
Echec de marché : Situation dans laquelle le marché échoue à allouer les ressources de
manière efficace.
3 sources de défaillance de marché :
➢ Les externalités : certains biens ou activités empêchent le marché d’être efficace car
ils entrainent des externalités ou effets externes.
Externalités : Un agent économique (consommateur, producteur) procure à autrui un
avantage ou un dommage, sans contrepartie ou compensation monétaire.
Ex : La pollution (pour produire, une usine émet des déchets dans la rivière voisine), le
trafic autoroutier (je ne prends pas en compte les couts, en terme de temps, d’argent,
que j’inflige aux autres conducteurs par ma présence), l’effet de l’innovation d’une
entreprise sur la société.
Problème : ces externalités ne sont pas prises en compte par le marché (par ex, il n’existe
pas de marché de compensation dans les embouteillages) et ne sont pas reflétées dans un
système des prix, on dit que ce sont des interactions hors marché => les avantages et cours
sociaux ne sont pas pris en compte par les agents lors de leurs décisions qui seront
inefficaces (trop de pollution, embouteillages, absence d’innovations).
➢ Le pouvoir de marché :
Pouvoir de marché : capacité d’un agent économique à exercer une influence sur les prix
de marché.
Problème : l’efficacité de la main invisible dépend de la façon dont le marché est
structuré (i.e le nombre de consommateurs et de producteurs). Si ce n’est pas le cas, un
petit nombre d’acteurs peut influencer les prix de marché.
Ex : cas des marchés avec un seul producteur (monopole) ou un petit nombre de
producteurs (oligopole)
➢ Les biens ou services public :
Bien ou service public : bien ou service qui peut être consommé par plusieurs personnes à
la fois.
Problème : le marché ne peut pas produire ces biens car on ne peut pas exclure le mauvais
payeur de sa consommation.
Implication : chaque agent à intérêt à profiter de la consommation du bien public sans
participer à son financement => pas d’incitation privée à produire un bien public.
3e Source d’intervention de l’Etat : le marché conduit à des situations efficaces, mais rien
n’assure qu’elles soient justes. Dans ce cas, l’Etat peut être amené à intervenir pour des
raisons d’équité.
Equité : propriété qui caractérise une économie capable de distribuer les richesses de
manière équitable entre ses participants.
Ex : la redistribution par les transferts sociaux (protections de personnes âgées par un
système de retraite, protection des personnes sans emplois par un système d’allocation
chômage).

Section 3 : Méthodes et approches méthodologiques :


Approche scientifique : utilisation de modèles
Observation de faits économiques => formulation d’hypothèses théorique => construction
de modèles théoriques => confrontation du modèle avec les données empiriques (aller-
retour entre théorie et observation)
Le rôle des hypothèses dans la formulation des modèles pour formuler un modèle il faut
formuler des hypothèses simplificatrices de la réalité. La pertinence du modèle repose sur
la qualité des hypothèses retenues.
Ex : s’il fallait prendre en compte chaque détail du comportement humain pour analyser
les choix de consommation, le modèle deviendrait rapidement trop complexe. A la place,
on formule une hypothèse simplificatrice selon laquelle la satisfaction d’un individu
augmente avec la quantité de bien consommée.
Approche positive vs approche normative
Approche positive : Décrit le monde tel qu’il est.
Approche normative : décrit le monde tel qu’il devrait être.
Ex : les choix d’un consommateur sont influencés par les prix et son revenu.
Une économie concurrentielle constitue le mode d’organisation le plus efficace.
Une proposition positive peut être réfutée par les données empiriques. Une proposition
normative va dépendre du point de vue de celui qui la formule sur l’éthique, la religion, la
philosophie politique (ce qui va influencer le type d’hypothèses retenue). La frontière
entre normatif et positif peut être floue.
- Les modèles néo-classiques de l’économie qui sous rendent les principes que l’on a
vus sont d’inspiration libérale (individualiste) : l’individu, ses choix, ses aspirations
sont au centre du modèle.
- D’autres approches (déterministes) partent du principe que les choix individuels
sont contraints par la société, donc on ne peut pas étudier les phénomènes en
partant des choix individuels.
-> Chaque approche tente d’expliquer le monde tel qu’il est mais repose sur des idées
préconçues.
Microéconomie et macroéconomie. Ces deux approches de l’économie se distinguent par le
focus que l’on utilise pour observer et expliquer des faits économiques
Microéconomie : l’étude de la façon dont les ménages et les firmes prennent leurs
décisions et interagissent au sein du marché
Macroéconomie : l’étude de phénomènes économiques globaux incluant l’inflation, le
chômage et la croissance économique.
Ex : explication du chômage en microéconomie (approche de l’individualisme) et
macroéconomique (approche déterministes)

Approche microéconomique de chômage (néoclassique)


- On part du comportement individuel
- Arbitrage entre travail et loisir (désutilité du travail, préférence pour le loisir)
- Cout d’opportunité du loisir : la perte de salaire
- Les agents font un arbitrage à la marge entre désutilité marginale du travail et
perte de salaire
C’est les conditions qui vont permettre à l’agent de maximiser son utilité.
o Si désutilité marginale du travail > perte de salaire => l’agent travaille moins
o Si désutilité marginale du travail < perte de salaire => l’agent travaille plus
- Sur le marché du travail, toute personne peut trouver un emploi au taux de salaire qui
équilibre offre et demande
- Le chômage est donc volontaire, dans le sens où un agent demande un taux de salaire
trop élevé, qui déséquilibre demande et offre de travail. Il faut laisser les salaires
s’ajuster sur le marché pour rétablir l’équilibre.
- Dans cette perspective, toute politique de contrôle ou d’encadrement des salaires est
responsable du chômage car elle empêche le retour à l’équilibre des salaires.

Approche macroéconomique du chômage (keynésienne)


- On part du taux de chômage au niveau agrégé.
- La demande effective adressée aux entreprises est insuffisante : les entreprises
disposent de capacité de production entre offre et demande inemployées mais
n’embauchent pas, faute de débouchés.
- Le chômage est involontaire : les agents voudraient travailler, le déséquilibre entre
offre et demande n’est pas le résultat d’un calcul rationnel.
- Dans cette perspective, l’économie peut se retrouver dans une situation durable de
sous-emploi, sans aucun mécanisme spontané de retour à l’équilibre.
- Cette situation justifie l’intervention de l’État par une politique économique de
relance, par exemple une politique budgétaire expansionniste qui vise à augmenter
les dépenses publiques ou baisser les impôts, dont le financement peut être assuré
par l’emprunt sur les marchés financiers. On dit que la demande publique se
substitue à la demande privée.

PARTIE 1 : MICROECONOMIE L’ETUDE DES COMPORTEMENT INDIVIDUELS


SECTION 1 : Le marché d’un bien, service : Offre demande et équilibre

1. La demande

2. L’offre

3. L’équilibre

Marché : concept privilégié par les économistes pour analyser des situations économiques.
Lieu de rencontre entre offreurs et demandeurs d’un bien/service
o Ex : quel est l’impact d’une sécheresse dans le sud de l’Europe sur le prix de
l’huile d’olive ?
o Les concepts d’offre et de demande sont référence aux comportements des
individus en interaction sur le marché.
o Les marchés sont structurés de différentes façons selon le type de biens :

▪ Les marchés agricoles sont très organisés : acheteurs et vendeurs se rencontrent en lieu
(salle de marché) et heure précis, un commissaire-priseur contribue à fixer des prix qui
accordent les différentes parties et donc les ventes.
▪ D’autres marchés sont moins organisés : le marché de crèmes glacées. Pas de lieu de
rencontre particulier, pas de commissaire-priseur.

La plupart de ces marchés sont concurrentiels : un marché sur lequel il y a de nombreux


acheteurs et de nombreux vendeurs de sorte que chacun a un impact négligeable sur le
prix de marché.

o Dans notre 1e analyse du marché, on va faire l’hypothèse d’un marché


parfaitement concurrentiel : CPP (concurrence pure et parfaite) :

- Atomicité des agents : il y a un grand nombre de demandeurs et d’offreurs. On dit


que les agents sont preneurs de prix.

- Homogénéité des biens : les biens produits par les entreprises sont identiques, il
n’y a pas de différenciation entre les biens d’un même marché.

- Libre entrée : aucune barrière n’empêche quiconque d’entrer sur le marché pour
concurrencer les offreurs déjà présents.

- Information parfaite : les offreurs et les demandeurs sont parfaitement informés


sur les caractéristiques des produits et les prix auxquels ils sont proposés.
o On comprend bien qu’un marché parfaitement concurrentiel (ou de CPP)
n’existe pas dans la réalité. Pour autant l’étude de ce type de marché
permet d’analyser des situations réelles qui se rapprochent des hypothèses
posées (ex le pain n’est pas de même qualité dans toutes les boulangeries,
pourtant le marché du pain se rapproche d’un marché concurrentiel).

o De plus, le modèle de CPP est une bonne base de départ pour analyser des
situations plus réalistes.

Si on relâche l’hypothèse :

- D’atomicité : les offreurs et les demandeurs ne sont plus en grand nombre sur le
marché : ils peuvent devenir faiseur de prix. Le cas le plus évident est celui du
monopole.
Monopole : marché composé d’un seul offreur et un grand nombre de demandeurs.
L’unique offreur possède un pouvoir de marché et peut influencer le prix dans une certaine
mesure

Ex : le marché de la téléphonie fixe jusqu’en 1998 et SNCF

- D’homogénéité : si les biens ne sont plus homogènes (produit différenciés), les


offreurs possèdent un pouvoir de marché sur les demandeurs qui veulent acheter
leur produit. Encore une fois, cela confère une capacité à influencer le prix (en
fonction de la fidélité des consommateurs envers le produit en question) ->
concurrence monopolistique
o Deux variable définies sur le marché vont nous intéresser plus
particulièrement ; les prix et les quantités des biens échangés sur les
marchés
o On va essayer de comprendre comment se forment les prix et comment se
décident quelles quantités de biens vont être effectivement échangées sur
le marché

o C’est l’interaction de l’offre et la demande qui va déterminer la grandeur


de ces variables :

- Cette interaction va pouvoir être décrite dans un repère retraçant tous les niveaux
possibles de nos variables d’intérêt que sont les prix et les quantités échangées

- Exemple avec le marché du pain

1. La demande

▪ On s’intéresse à la quantité demandée par un consommateur de pains

Quantité demandée : quantité d’un bien qu’un consommateur est prêt à acheter pour tout
niveau de prix.
Plan de demande : décrit la quantité demandée pour tout niveau de prix.
Ex : plan de demande de Pierre :

Au fur et à mesure que le prix de la baguette augmente, la quantité demandée diminue


(Pierre reporte sa demande vers les croissants ou les pains au chocolat par exemple, si leur
prix est fixe) = biens substituables.
▪ « loi de la demande » : la quantité demandée d’un bien est négativement reliée à son
prix, toute chose égale par ailleurs (théoriquement une relation positive est possible)

□ Prix unitaire de la baguette baisse, quantité de


baguette demandée par Pierre augmente

DE LA DEMANDE INDIVIDUELLE À LA DEMANDE DU MARCHÉ

- Pour comprendre le fonctionnement du marché, on doit connaître la demande de


marché, c'est à dire la somme de l’ensemble des demandes individuelles. Si la
demande individuelle de Pierre s’écrit : q = f(P)

- La demande du marché (Q) est : Q = N∑i=1 qi. C’est le résultat de l’ensemble des
demandes individuelles. C'est à dire la somme des N demandeurs individuels qui
composent le marché. Q= Demande
- Ex : Paul, jumeau de Pierre arrive sur le marché de la baguette avec son propre
plan de demande, on a donc N=2
o La demande de marché pour P = 0 est donc : Q(0)= qpierre(0) + qpaul(0)

Déplacement le long de la courbe de demande et déplacement de la courbe de demande

o On a vu que le changement de prix provoque un changement de la quantité


demandée, ce quoi provoque un déplacement le long de la courbe de demande.

o En fait, cette modification de la demande suite à un changement de prix se réalise,


toute chose égale par ailleurs (ceteris paribus).

o En réalité, la quantité demandée dépend de plein d’autres facteurs.


o On peut représenter l’effet des autres facteurs de la façon suivante : Q^d (P) = f^d
(P,X^d). Ou X est un vecteur constitué de tous les facteurs, autres que le prix,
influençant la demande de marché. X^d= revenu, prix des autres bien, préférences,
ect.
o Ces autres facteurs influencent la demande en provoquant toute chose égale par
ailleurs (dont le prix), un déplacement de la courbe de demande.
- Un changement de prix (ici une baisse de P1 à P2 entraine une hausse de la demande et
donc un déplacement le long de D1).

- En revanche une modification d’un des éléments du vecteur X (revenu préférence,


etc) provoque un déplacement parallèle de la courbe de demande D1 vers la droite
hausse D2 ou vers la gauche (baisse D3)

Une diminution du revenu entraine…un déplacement de la courbe de demande vers la


gauche. Pourquoi ?
Pour chaque niveau de prix P1 ou P2 par exemple un revenu plus faible réduit la quantité
demandée ce qui déplace la courbe de demande vers la gauche (de D1 en D2)

Une augmentation du nombre d’acheteurs


provoque un déplacement de la courbe de
demande vers la droite

o

Application : la lutte contre le tabagisme
L’État souhaite faire diminuer la consommation de tabac. Pour cela, il dispose de deux
outils.

- Il peut mettre en place une campagne de sensibilisation aux risques liés au


tabagisme

- Instaure une taxe sur le tabac sur le prix unitaire du paquet de cigarette

Montrez l’impact de ces deux approches sur la demande du marché du tabac


La campagne de sensibilisation si elle est efficace persuade les fumeurs de fumer moins,
quel que soit le niveau de prix du paquet de cigarettes. Il s’agit donc d’un déplacement de
la courbe de demande vers la gauche.
Taxe fait augmente prix = baisse consommation = déplacement
le long de la courbe de demande

D’autres exemples de déplacement de la courbe de demande de pain. Une baisse du prix


des croissants.

2. L’offre
On s’intéresse à la quantité offerte par une firme produisant du pain.
La quantité offerte, c’est la quantité d’un bien (ici, le nombre de baguettes de pain) qu’un
vendeur souhaite, et est capable de vendre pour tout niveau de prix.
Cette quantité offerte peut être exprimée dans un plan d’offre, qui décrit la quantité
offerte pour tout niveau de prix.

Prenons le plan d’offre de Jacques :


Prix de la baguette de pain (en euros) Quantité de pain offerte (en nombre de
baguettes)

0 0

0.20 0

0.40 0

0.60 2

0.80 4

1 6
Jacques ne produit rien jusqu’à 40 cents. Ensuite, au fur et à mesure que le prix de la
baguette augmente, la quantité offerte augmente (Jacques est de plus en plus enclin à
produire des baguettes qui deviennent plus rentable).
« Loi de l’offre » : la quantité offerte d’un bien est positivement reliée à son prix, toute
chose égale par ailleurs.
Quand le prix unitaire de la baguette augmente, la quantité de baguettes offertes par
Jacques augmente.

De l’offre individuelle à l’offre de marché :


Tout comme pour la demande, la compréhension du fonctionnement du marché nécessite
de connaitre l’offre de marché, c'est-à-dire la somme de l’ensemble des offres
s s
individuelles. L’offre individuelle de Jacques s’écrit q = f (P).

L’offre de marché (Q) est alors : avec la somme des N offreurs individuels qui compensent
le marché.

Exemple : Jean, le jumeau de Jacques, arrive sur le marché de la baguette avec son
s
propre plan d’offre, on a donc N = 2. (Son plan d’offre est le même que celui de Jacques.)
Pour obtenir l’offre de marché, il va falloir ajouter pour chaque niveau de prix l’offre de
Jacques et de Jean.

L’offre de marché est, pour P=0.20 est Q(0.2)=qjacques(0.2)+qjean(0.2)=0

Prix de la baguette de Quantité de pain Offre de Jean (en Offre de marché (en
pain (en euros) offerte (en nombre de nombre de baguette) nombre de baguette)
baguette)

0.00 0 0 0

0.20 0 0 0

0.40 0 0 0

0.60 2 2 4

0.80 4 4 8

1.00 6 6 12
On a vu que le changement de prix provoque un changement de la quantité offerte, ce
qui provoque un déplacement le long de la courbe d’offre.
En fait, cette modification de l’offre suite à un changement de prix se réalise, toute chose
égale par ailleurs (ceteris paribus).
s s
On peut représenter l’effet des autre facteurs de la façon suivante : Q (P) = f (P,X ) où X
est un vecteur constitué de tous les facteurs, autres que le prix, influençant la demande
s s
de marché. X = technologie, prix des facteurs de productions, N ,… .

Ces autres facteurs influencent l’offre en provoquant, toute chose égale par ailleurs (dont
le prix), un déplacement de la courbe d’offre.
Un changement de prix provoque un changement de la demande, de ce fait, un
déplacement le long de la courbe.
En revanche, une modification d’un des éléments du vecteur X (technologie, prix des
facteurs de production,…) provoque un déplacement parallèle de la courbe d’offre (0 )
1
vers la droite (hausse de 02) ou vers la gauche (baisse 03).

Une diminution du prix des ingrédients pour le pain (sel, farine,..) entraine un
déplacement de la courbe d’offre vers la droite car, pour chaque niveau de prix, des
ingrédients moins chers permettent d’offrir plus de pain, au même prix unitaire, ce qui
déplace la courbe d’offre vers la droite.

Des machines moins performantes, pour tout niveau de


prix diminuerait, au contraire, la quantité offerte, ce
qui déplace alors la courbe d’offre vers la gauche.

3. L’équilibre entre l’offre et la demande

L’équilibre entre l’offre et la demande est l’analyse simultanée de l’offre et de la


demande sur le marché. Pour cela, on utilise le concept d’équilibre du marché (=
situation où le prix atteint un niveau tel que l’offre est égale à la demande :

Qd (P)= Qs(P)).

Cet équilibre définit des quantités d’équilibre, c'est-à-dire des quantités sur lesquelles
s’entendent acheteurs et vendeurs. Ces derniers sont prêts à acheter et vendre des
quantités identiques, au prix d’équilibre.

Quantité d’équilibre = quantité offerte x quantités demandé au prix d’état.

De la même façon, l’état du marché définit un prix d’état, c'est-à-dire un prix pour lequel
les acheteurs et les vendeurs sont prêt à acheter et vendre les mêmes quantités, un prix
qui équilibre les quantités offertes et demandées. C’est donc le prix d’équilibre.
Pour définir l’équilibre de marché différemment, on peut dire que c’est une situation
dans laquelle les plans de demande et d’offre des acheteurs et vendeurs sont identiques au
prix d’équilibre.

Pour représenter graphiquement l’équilibre de marché, il faut reprendre la demande et


l’offre de marché (de tous les agents) dans notre repère (P, Q) (ici, dans notre marché de
pain) :
Graphiquement, l’équilibre de marché est défini au point d’intersection entre la demande
et l’offre de marché, ce qui permet de trouver la quantité et le prix d’équilibre.
Vérifier mathématiquement l’équilibre : On peut retrouver les quantités et prix d’équilibre
mathématiquement, en utilisant les fonctions de demande et d’offre de marché :
Dans le cas de notre marché du pain, la fonction de demande s’écrit : Qd = 10 - 10p, et la
fonction d’offre s’écrit : Qs = 20p - 8.
Pour voir si la fonction de demande correspond à la courbe de demande, on rentre les
niveaux de prix unitaires de la baguette dans la fonction de demande, et on s’assure que la
quantité totale demandée est la même que celle fournie par la courbe de demande de
marché.

Qd (P) = 10 - 10 x (P)
Qd (0) = 10 - 10 x (0) = 10
Qd (0,20) = 10 - 10 x (0,20) = 8
Qd (0,40) = 10 - 10 x (0,40) = 6
Qd (0,60) = 10 - 10 x (0,60) = 4

P Qd

0.00 10

0.20 8

0.40 6

0.60 4

0.80 2

1.00 0
Le prix d’équilibre (ou d’état) se trouve en égalisant l’offre et la demande, ce qui va
donner une équation permettant de résoudre une inconnue :

Qd = Qs
10 - 10p = 20p - 8
-10p - 20p = -8 - 10
-30p = -18
p* = O,60

Qd (p*) = 10 - 10p*
Qd (0,60) = 10 - 10 x (0,60)
Qd (0,60) = 4
Comme à l’équilibre, la demande est égale à l’offre, introduire p* dans l’offre de marché
donne le même résultat, en terme de quantité.
Qs (p*) = 20p* - 8
Qs (0,60) = 20 x (0,60) - 8
Qs (0,6) = 4
Au final, on retrouve donc bien le même vecteur E (Q*, P*).
— Pourquoi l’état a un point d’équilibre ?
Pour répondre à cette question, il faut s’assurer que si les acheteurs et les vendeurs
n’échangent pas à ce point d’état, les « forces du marché » ramènent l’économie vers cet
équilibre.

On suppose que le prix de la baguette est trop élevé (80 cents) par rapport au prix
d’équilibre (60 cents).
Ici, quantité demandé Qd < quantité offerte Qs.

Il y a donc un excédent d’offre, c'est-à-dire une situation dans laquelle la quantité offerte
est supérieure à la quantité demandée.
A partir de cette situation, on opère un réajustement : les offreurs peuvent augmenter les
ventes en abaissant le prix, ce qui fait qu’on augmente la demande et diminue l’offre. Ce
réajustement dure jusqu’à ce qu’on atteigne l’équilibre. Ce processus s’appelle
le tâtonnement Walrasien. On contribue donc au retour à l’équilibre E.

Il peut aussi y avoir l’inverse avec les quantités


demandées: lorsque les quantités demandées Qd sont
supérieures aux quantités offertes Qs, c’est un excès de
demande, une pénurie, c'est-à-dire une situation dans
laquelle la quantité demandée est supérieure à la quantité
offerte.
A partir de cette situation de pénurie, les offreurs peuvent
augmenter les ventes en augmentant le prix, ce qui a pour effet d’abaisser la demande et
d’augmenter l’offre, et donc, de contribuer au retour à l’équilibre E.

Ce processus dure jusqu’à ce qu’on atteigne l’équilibre E, lorsque plus personne n’a
intérêt à modifier ses plans.
Le libre ajustement des prix suffit à coordonner les actes des demandeurs et des offreurs
sur le marché.
Aucune intervention de l’Etat n’est nécessaire. Empêcher ce libre ajustement des prix
dans l’économie empêche la coordination des agents.
Les prix jouent un rôle de signal indiquant à la fois la rareté et le choix, donc la rentabilité
des biens et services dans l’économie.
Lors d’une pénurie, le phénomène arrive car les demandeurs payent un prix trop faible par
rapport à la rareté du bien. A ce prix, il n’est pas rentable pour les offreurs de produire
plus. Cependant une hausse des prix poussent les offreurs à se reporter sur le secteur et
produire plus de bien.
Pour les néoclassiques, empêcher cet ajustement des prix est néfaste car ça empêcherait
la coordination des agents dans l’économie (ex : marché du travail).
Selon eux, le SMIC crée le chômage car cela empêche l’ajustement de l’offre et de la
demande de travail.

Ici, W est le salaire d’équilibre et L le nombre d’heures de travail d’équilibre.

Les changements de l’équilibre :

De la même manière que l’on a étudié des modifications de la demande et de l’offre de


marché, on peut analyser comment l’équilibre est modifié par des événements sur le
marché.
Pour cela, il faut procéder en 3 étapes :
- L’événement affecte-t-il la demande ou l’offre de marché ?
- Dans quel sens la demande ou l’offre sont-elles modifiées ?
- Quel est l’impact de l’événement sur nos variables d’intérêt, c'est-à-dire les prix
et les quantités ?
Exemple 1 : Une vague de froid touche le sud de l’Europe. Quel est l’impact sur le marché
de l’huile d’olive ?

La vague de froid diminue la récolte d’olives (et donc l’offre d’huile d’olive), quel que soit
le niveau de prix, ce qui déplace la
courbe d’offre vers la gauche.
A l’ancien prix d’équilibre, on observe
une pénurie d’huile d’olive (D1 > O2), ce
qui provoque une hausse du prix, pour
rééquilibrer l’offre et la demande en E2.

Au final, la vague de froid augmente le


prix de l’huile d’olive (de p*1 à p*2) et
réduit les quantités d’huiles vendues (de
Q1 à Q2). L’économie passe d’E1 à E2.

Exemple 2 : Les jeux Olympiques se sont tenus en Grèce en 2004, quel a été l’impact sur le
marché de l’hôtellerie à Athènes ?
Les JO attirent des touristes supplémentaires en Grèce, ce qui déplace la demande vers la
droite, et augmente le prix de la nuitée et l’offre de chambres à louer.

Conclusion :
On a étudié le fonctionnement des marchés, l’équilibre déterminé par l’interaction de la
demande et l’offre de marché.
Mais qu’est-ce qui fondent la demande et l’offre de marché ?
La demande et l’offre de marché sont le résultat de l’agrégation de comportements
individuels (les consommateurs et les firmes).
Mais qu’est ce qui détermine les comportements individuels ?

SECTION 2 : La détermination de la demande : le choix du consommateur

Quelques éléments d’introduction :


On cherche à expliquer les comportements individuels, en termes de choix de
consommation de biens et services.
Les consommateurs vont faire des arbitrages entre différents biens de consommation car
ils sont soumis à la rareté : leur budget est limité. Pour faire leur choix, les
consommateurs s’intéressent aux coûts d’opportunité, et ont pour objectif de maximiser
leur satisfaction ou leur utilité.

Pour déterminer le choix des consommateurs, on a besoin de trois éléments :


- la contrainte budgétaire qui va rendre compte de la rareté à laquelle font face
les consommateurs.
- les préférences individuelles permettant de comprendre l’arbitrage des agents
face à la rareté. L’approche microéconomique nous commande d’expliquer les choix de
consommation à partir des individus (individualisme méthodologique). Il va nous falloir
comprendre les règles de base de la rationalité individuelle.
- l’objectif des consommateurs : maximiser leur utilité.

A. La contrainte budgétaire

Vous entrez dans un supermarché. Vous faites face à un grand nombre de produits, mais
vous ne pouvez pas tout acheter car vous êtes soumis à la rareté, qui se reflète dans votre
contraire budgétaire (= la limite au panier de consommation que le consommateur peut se
permettre d’acheter).
Pour simplifier le problème, on va considérer le choix d’un individu qui ne consomme que
deux biens : du cola et de la pizza (ce n’est qu’un exemple : tout ce que l’on va voir peut
se généraliser pour un panier de consommation constitué d’une multitude de biens).
— Comment caractériser la contrainte budgétaire ?

Si on fait l’hypothèse que l’on ne peut pas s’endetter, la contrainte budgétaire nous
indique que la dépense totale en colas et pizzas ne peut pas dépasser le revenu.
Autrement dit : dépense totale ⩽ revenu.
On peut réécrire cela de façon plus concentrée en appelant R le revenu, Pp le prix
d’une pizza, Pc le prix d’un litre de cola, Qp la quantité achetée de pizza et Qc la quantité
achetée de cola.
En reprenant ces notations, la contrainte budgétaire s’écrit :
Pc x Qc + Pp x Qp ⩽R
Dépense en cola + dépense en pizza

On peut représenter cette contrainte budgétaire dans un graphique représentant les


quantités des deux biens Q^p et Q^c. Pour cela, il faut représenter la contrainte telle que
Q^c = f(Q^p), autrement dit : la quantité de cola que je peux consommer pour toute
quantité de pizzas, compatible avec mon revenu R, étant donné les prix du cola et des
pizzas.
Exemple : si j’achète une pizza à 10€, combien de colas puis-je acheter, sachant que mon
revenu est de 50€ et le prix d’une bouteille de cola de 1€ ?

Il suffit d’utiliser la contrainte budgétaire :


Pc x Qc + Pp x Qp ⩽R
1xQc + 10x 1 ⩽ 50
Qc ⩽ 40
La contrainte indique que si je consomme une pizza, je peux acheter au maximum 40
bouteilles de cola.

40

1 Q^p

L’ o b j e c t i f est de tracer, dans ce repère, l’ensemble des paniers de


consommation compatibles avec la contrainte budgétaire, étant donné les prix et le
revenu. Généralement, il suffit de réécrire la contrainte budgétaire avec Qc en fonction de
Qp

Pc x Qc + Pp x Qp ⩽ R
Pc x Qc ⩽ R - Pp x Qp
Qc ⩽ R/Pc - ( Pp/Pc ) x Qp
On voit que la contrainte décrit la consommation de cola en fonction de la consommation
de pizzas, étant donné le niveau des prix et du revenu :

Qc ⩽ f (Qp , Pc , Pp , R)

Pour tracer la contrainte budgétaire dans le repère (Qp, Qc), il suffit de calculer la
quantité totale maximum pour chaque bien, et tracer une droite entre ces deux points.

Si on dépense tout le revenu R dans l’achat de pizzas :

Qc =0
R/Pp - (Pp/Pc)x 0 = Qp
R/ Pp = Qp
Si on dépense tout le revenu R dans l’achat de cola :

Qp =0
R/Pc - Pp/Pc x0 = Qc
R/Pc = Qc
La contrainte budgétaire est l’ensemble des points reliant R/Pp et R/Pc, c'est-à-dire les
solutions à l’équation : Qc = R/Pc - Pp/Pc x Qp

Le rapport des prix exprime la quantité de cola que je dois sacrifier si je veux consommer
une pizza supplémentaire (étant donné le revenu R), c'est-à-dire le coût d’opportunité de
la consommation de la pizza.

Il faut renoncer à -Pp/Pc bouteilles de coca


pour obtenir une pizza supplémentaire, tout
en respectant la contrainte budgétaire.

Les paniers de consommation


situés sur la droite de la
contrainte budgétaire (comme le
panier A) saturent la contrainte
budgétaire = ils utilisent tout le
revenu R.

En général, les paniers de


consommation situés dans le triangle (sous la droite) sont des paniers accessibles.
Les paniers de consommation situés au-dessus de la droite de la contrainte budgétaire,
comme le panier C, sont des paniers
inaccessibles, c'est-à-dire que le revenu R n’est
pas suffisant pour les atteindre. C’est la rareté.

Un
changement des quantités consommées qui
respecte la contrainte de budget implique un
déplacement le long de la droite de budget.

Une augmentation du revenu de R et R’ (R’ > R)


entraine un déplacement parallèle de la droite
de budget vers la droite car une hausse de R
accroit l’ordonnée et l’abscisse à l’origine, sans
changer la pente.

Autrement dit, une hausse du revenu permet


d’accroitre la consommation maximale de chaque bien ou de la combinaison des deux
biens.
Une baisse du prix du coca de Pc à Pc’ (Pc > Pc’) entraine un pivotement de la droite de
budget autour de l’abscisse à l’origine R/Pp, car la consommation maximale de coca R/Pc’
est affectée par la baisse du prix.
Après la baisse du prix du coca, soit le consommateur
dépense tout le revenu libéré dans le coca (A -> B),
soit il dépense tout le revenu libéré en pizzas (A -> C),
soit il dépense le revenu à la fois en coca et en pizzas
(entre B et C).

Exemple de déplacement de la droite de budget :


Soit R = 50€, Pp = 10€, Pc = 1€. Tracer la droite
de budget correspondante.

Le revenu augmente de 10€. Tracer la nouvelle


droite de budget.
R = 60€, Pp = 10€, Pc = 1€

La seule modification est la hausse de


l’ordonnée à l’origine, la consommation
maximale de cola R/Pc = 60/1 = 60 et
l’abscisse à l’origine, la consommation
maximale de pizzas R/Pp = 60/10 = 6.
Le prix de la pizza passe à 12,5. Tracer la
nouvelle droite de budget. Avec le nouveau -
prix de la pizza, on peut en acheter au moins : -
R/Pp = 50/12,5 = 4.
On peut toujours acheter autant de cola (dont
le prix n’a pas changé).

B. Les préférences
Si on ne souhaite pas épargner une partie de son revenu, quel panier de consommation
(cola, pizza) devrait-on choisir ?
Si on considère que le cola et la pizza augmente notre satisfaction, il faut choisir un panier
situé sur la contrainte budgétaire, donc un panier qui sature le budget.

Pc x Qc + Pp x Qp = R

— Comment représenter les


préférences d’un individu ?
Imaginons que vous souhaitez consommer le panier A. A partir de ce panier, je vous
propose de vous échanger de la pizza contre du cola. Je vous demande 4 litres de cola.
Encore une fois, la réponse dépend de vos préférences, c'est-à-dire combien vous êtes
disposé à sacrifier en termes de cola pour obtenir des pizzas supplémentaires.
Si vous privilégiez le cola, il y a des chances que vous me
demandiez beaucoup de pizzas pour compenser votre sacrifice,
ex : 3 pizzas, ce qui vous amène à D.
Imaginons que vous me demandez 2 pizzas, en échange de 4
litres de cola.

— Comment caractériser A et B en termes de préférences ?


Si vous avez fait votre échange de manière rationnelle, vous
avez fait en sorte que la quantité de pizzas supplémentaires
compense la perte de cola, donc que les paniers A et B vous
apportent de la satisfaction.
Je pourrais vous proposer le même type d’échange «  cola
contre pizza » à partir du panier B, ce qui vous amènerait par
exemple au panier C (selon vos préférences), de telle sorte que
vous soyez indifférent entre les paniers A, B et C.

D’une manière générale, on peut représenter l’ensemble des paniers de consommation,


qui vous apporte le même niveau de satisfaction ou d’utilité dans une courbe
d’indifférence (= courbe qui montre les combinaisons de biens ou paniers de
consommation qui apportent le même niveau de satisfaction).
La courbe d’indifférence est décroissante : la
consommation de pizza doit augmenter, si la
consommation de cola diminue, pour maintenir le
niveau d’utilité constant.
Comme on l’a vu dans l’introduction, les individus rationnels raisonnent à la marge.

— Comment exprimer cela en termes d’échange de cola contre pizzas ?


Cela revient à poser la question suivante : combien suis-je prêt à sacrifier de cola pour
obtenir une pizza supplémentaire en échange ?

La quantité de cola que le consommateur est prêt à sacrifier en échange d’une pizza
supplémentaire se nomme le taux marginal de substitution TMS (= quantité d’un bien que
l’on est prêt à sacrifier pour avoir une quantité de l’autre bien supplémentaire).

Si le consommateur doit sacrifier 2 litres de cola pour


obtenir une pizza supplémentaire, alors le TMS est
égal à 2.
Graphiquement, le TMS est représenté par la pente
de la tangente à la courbe d’indifférence passant par
les paniers de consommation. Le TMS n’est pas
constant. —> Utilité marginale décroissante = le
TMS est de plus en plus faible, cela traduit une
sorte de lassitude face à un bien.

Plus on consomme de pizza, plus la quantité que l’on


est prêt à sacrifier pour obtenir une pizza supplémentaire est petite : TMSa > TMSc.
Intuition : en A, on consomme peu de pizzas, l’utilité
apportée par la dernière pizza (autrement dit l’utilité
marginale) est grande. On est donc prêt à sacrifier
beaucoup de colas (TMSa) pour en obtenir une unité
supplémentaire.
A contrario, en C, on consomme beaucoup de pizzas,
l’utilité marginale est faible, on est prêt à sacrifier peu de
cola (TMSc) pour en obtenir une unité supplémentaire.

Le niveau d’utilité ou de satisfaction permis par


les paniers de consommation A, B et C situés
sur la coupe d’indifférence l1 n’est pas le seul
atteignable.
Par exemple, si à partir du panier A je vous
offre un peu plus de pizzas que nécessaire
pour vous laisser indifférent, j’augmente votre
niveau d’utilité.
Le panier B se retrouve sur une nouvelle
courbe d’indifférence l2 associé à niveau
d’utilité plus élevé. On dit que le panier B est
strictement préféré au panier A => Hypothèse
de non satiété.
Si, à l’opposé, je ne vous donne aucune pizza,
en échange du cola, votre utilité diminue. Les
paniers A et B sont strictement préféré au panier C.
C. L’équilibre du consommateur

Comme on l’a vu dans l’introduction, les agents prennent leurs décisions en optimisant un
objectif. Quel est l’objectif du consommateur ?
L’objectif du consommateur est de choisir un panier de consommation (pizza, cola) qui
maximise son utilité.
Graphiquement, cela signifie choisir le panier de
consommation situé sur la courbe d’indifférence
la plus haute. Cependant, le choix est contraint
via la contrainte budgétaire. Comment
caractériser le choix optimal du consommateur
(celui qui maximise son utilité) ?

Supposons que le consommateur doit utiliser


tout son revenu et choisir un panier sur la
contrainte budgétaire. Est-ce que le panier A est
optimal ? Non, car il peut encore augmenter son
utilité en subsistant de la pizza au cola, ce qui lui
permet d’atteindre une courbe d’indifférence plus
haute l2.
Supposons encore que le consommateur choisisse le
panier A : il atteint la courbe d’indifférence l1. Il
peut augmenter son utilité en consommant plus de
cola (panier B) ou plus de pizzas (panier C).
Pour maximiser son utilité, le consommateur doit
utiliser tout son revenu et choisir un panier sur la
contrainte budgétaire. Est-ce que le panier A est
optimal ? Non, car il peut encore augmenter son utilité en subsistant de la pizza au cola,
ce qui lui permet d’attendre une courbe d’indifférence plus haute (l2).

Son niveau de satisfaction est maximal quand la


courbe d’indifférence du consommateur est tangente
à la droite de budget. La courbe d’indifférence l3 est
la plus atteignable étant donné la contrainte
budgétaire, donc le panier C constitue la combinaison
de biens qui maximise l’utilité du consommateur.

Le panier C constitue un panier d’équilibre que le


consommateur choisit, s’il maximise son utilité.
— Comment caractériser cet équilibre, en termes de préférences du consommateur et de
prix ?
Au point E*, la courbe d’indifférence est tangente à la droite de budget du consommateur
à un point donné. Autrement dit, la pente de la droite de budget, Pp/Pc, en valeur
absolue, est identique à la pente de la tangente à la courbe d’indifférence I* égale au TMS,
au panier E*
Cette équation, qui définit les
quantités optimales de cola et de
pizzas consommées, signifie qu’à l’équilibre du consommateur, le TMS de la pizza au cola
doit être égal au rapport des prix de ces deux biens.
— Quelle est l’intuition économique de cette règle de choix du consommateur ? Comme on
l’a vu en introduction, le consommateur prend des décisions à la marge. Il compare les
bénéfices d’une pizza supplémentaire (utilité marginale de la pizza) en termes de sacrifice
en cola (le TMS) avec le coût de la pizza supplémentaire (coût marginal), calculé en
termes de sacrifice en cola sur le marché (rapport des prix Pp/Pc).
Donc le panier E* est un choix optimal pour le consommateur car, ce qu’il est prêt à
sacrifier en cola pour une pizza en plus (selon ses préférences) est égal à ce qu’il doit
sacrifier en cola sur le marché de cola, pour obtenir une pizza en plus, étant donné les prix
des deux biens et son revenu.
La théorie du choix du consommateur est une confrontation entre ses préférences et les
réalités du marché.
A l’équilibre du consommateur, le taux marginal de substitution de la pizza au cola doit
être égal au rapport des prix de ces deux biens : TMS = Pp/Pc.

Vérifions que E* est bien un choix optimal quand cette règle n’est pas
respectée : exemple du panier A.
Le TMS, la quantité de cola que le consommateur est disposé à
sacrifier pour obtenir une pizza en plus (ici, 2 litres) est supérieur à ce
qu’il doit effectivement payer, en terme de cola sur le marché pour
obtenir une pizza en plus (ici, 1 litre).

Est-il avantageux de substituer de la pizza au cola à partir du


panier A ?
Oui, car en A, le sacrifice en terme de cola imposé par le
marché (1litre) est inférieur au sacrifice que le
consommateur est disposé à réaliser pour obtenir une pizza
en plus (2 litres), autrement dit : TMS > Pp/Pc.

Quel est le rapport entre ce choix optimal du consommateur


et la courbe de demande individuelle ?
Rappel : la courbe de demande
exprime la quantité demandée par un
individu pour tout niveau de prix.
— Comment passer du choix optimal
du consommateur à sa courbe de
demande individuelle ?
Le graphique ci-dessous nous donne
les quantités consommées, il nous
suffit de faire varier le prix et
observer les nouvelles quantités
demandées optimales (cas du marché
de la pizza).

Il est donc avantageux de renoncer à


Pp/Pc litres de cola pour obtenir une
pizza en plus. L’intérêt de cet échange
est confirmé par le fait qu’il permet
au consommateur d’atteindre un
panier de consommation situé sur une
courbe d’indifférence l2 « plus haute », donnant accès à un plus grand niveau d’utilité ou
de satisfaction.

— Classer les biens à partir des choix individuels :

On a vu que la demande individuelle est positivement reliée au


revenu : Qp = f (Pp,R) avec Delta(+)R => Delta(+)Qp une hausse du
revenu accroit la quantité demandée de pizza. Graphiquement :

La hausse du revenu de R à R’ déplace la droite de budget


parallèlement vers la droite, le consommateur augmente la
quantité de pizzas demandées pour maximiser son utilité (il
recherche une courbe d’indifférence plus haute).

On dit que la pizza est un bien normal (= un bien pour lequel,


toutes choses égales par ailleurs, une augmentation du revenu
entraîne une augmentation de la quantité demandée). Delta(+)R
=> Delta(+)Q.

Comme on explique la demande d’un bien à partir de


choix individuels, il se peut qu’une hausse du revenu
entraîne une baisse de la quantité demandée, Delta(+)R
=> Delta(-)Qp
Le consommateur réduit la quantité de pizzas demandée.
Dans ce cas, la pizza est un bien inférieur (= bien pour
lequel, toutes choses égales par ailleurs, une
augmentation de revenu entraîne une diminution de la
quantité demandée). Delta(+)R => Delta(-)Q

Intuition économique du bien inférieur appliqué aux


transports : Pour vous déplacer, vous avez le choix entre utiliser votre voiture et les
transports en commun. Pour un certain niveau de prix et de revenu, vous utilisez un
certain «  mix  » entre voiture (distances courtes) et transport en commun (distances plus
longues).

La hausse de votre revenu vous permet d’augmenter votre consommation d’essence et


vous amène à utiliser davantage votre voiture que les transports en commun. Cela
s’explique ici par le biais des préférences individuelles en faveur de la voiture.

Prenons un individu sensible aux questions environnementales, souhaitant réduire l’impact


de ses choix de mobilité sur la qualité de l’environnement.

— Comment cela se traduirait-il dans la représentation de ses préférences ? Pour répondre


à cette question il faut s’intéresser aux sacrifices à la marge que cet individu est prêt à
réaliser pour réduire la pollution (ici, prendre les transports en commun). Quelle quantité
d’essence est-il prêt à sacrifier pour un voyage supplémentaire en transport en commun ?

Une personne peu intéressée par l’écologie


sacrifiera par exemple TMS, alors que la
personne intéressée sacrifiera beaucoup
plus, par exemple TMS2.

Pour cet individu sensible aux questions


environnementales, une hausse du revenu
accroit l’utilisation de transports en
commun et réduit la consommation
d’essence et l’utilisation de la voiture.

S e c t i o n 3  : L a d é t e r m i n a t i o n d e
comportement du producteur
Quelques éléments d’introduction :

On a vu dans l’introduction que tout agent économique est soumis à la rareté, et doit
réaliser des arbitrages, en accord avec un objectif qu’il cherche à optimiser.

Exemple : Le consommateur choisit un panier de consommation pour maximiser son


utilité tout en respectant une contrainte budgétaire.

L’entreprise choisit la quantité qu’elle souhaite produire afin de maximiser le profit, tout
en faisant face à ses coûts de production.

Puisque la firme maximise son profit, on doit étudier les éléments qui le composent.

Profit = RT (recette totale) - CT (coût total)

A. Les coûts de production

Le coût total CT (= valeur de marché de tous les facteurs de production, utilisée par la
firme pour produire une quantité Q) de production regroupe l’ensemble des coûts que
supporte l’entreprise quand elle achète des facteurs de production (travail, capital,
matières premières) pour produire les biens et services qu’elle souhaite vendre. Il se
décompose entre coûts fixes et coûts variables.

Les coûts fixes CF ne varient pas avec les quantités produites, et l’entreprise doit les
payer même si elle ne produit rien (loyer des locaux utilisés, machines,…).

Les coûts variables CV évoluent avec les quantités (les matières premières, les salaires
versés aux employés,…).

Le coût total est égal à la somme des coûts fixes et des coûts variables :

CT = CF + CV

On peut calculer le coût moyen CM (= coût d’une unité produite) à partir du coût total
CT : CM = CT/Q

Exemple : CT = 10000, Q = 5000, le CM = 10000/5000 = 2, quand l’entreprise produit une


5000 unité, une unité lui coute en moyenne 2 euros.

On peut également calculer le coût marginal Cm (= augmentation du coût généré par la


production d’une unité supplémentaire) : Cm = DeltaCT / DeltaQ ou Cm =
CT(Q+1) - CT (Q)

Exemple : CT1 = 10000 pour Q1 = 5000 et CT2 = 15000 pour Q2 = 6000

Alors le Cm = DeltaCT / DeltaQ

= (15000-10000) / (6000-5000) = 5000/1000 = 5

A partir de 5000 unités produites, produire une unité de plus coûte à l’entreprise 5€.
Attention : le CM et le Cm ne signifient pas la même chose. Le CM est calculé pour tout
niveau de production donné, alors que le Cm est calculé pour toute augmentation de la
production d’une unité.

Exemple de calcul des différentes mesures du coût : Calculer à partir du tableau suivant le
CT, le CM et le Cm.

CM(Q) = CT(Q)/Q Cm = CT(Q+1) - CT(Q)

CM(1) = CT(1)/Q = 200/1 = 200 Cm = CT(2) - CT(1) = 280 - 200 = 80

Représentation générale (stylisée) des mesures des coûts de production :

Sous Q*, le CM est décroissant avec les quantités produites —> on


dit qu’il y a économies d’échelles (= le coût moyen total diminue
quand les quantités produites augmentent).

Au-dessus de Q*, le CM est croissant avec les quantités produites —


> on dit qu’il y a déséconomies d’échelles (= le coût moyen total
augmente quand les quantités produites augmentent).

Le Cm est décroissant puis croissant avec les quantités produites


et passent par le minimum du CM (relation nécessaire quand
le Cm n’est pas fixe).

Sous Q*, le Cm < CM : le supplément de coût d’une unité


produite en plus est faible et est compensé par la baisse
du Coût Fixe Moyen, donc le CM diminue (= économies
d’échelles).

Au-dessus de Q*, le Cm > CM : le supplément de coût


d’une unité produite en plus (Cm) est élevé, et compense
la baisse du Coût Fixe Moyen, donc le CM augmente (=
déséconomies d’échelles).

B. Recette totale, moyenne et recette marginale

Rappel : l’entreprise
cherche à maximiser
son profit, en
soustrayant le coût
total lié à la
production des
marchandises (ou
services) à sa recette
totale liée à ses
ventes. Profit = RT -
CT

La recette totale est


égale au prix de vente, multiplié pas les quantités vendues par la firme. RT = P x Q

Attention : tout comme pour le consommateur, on étudie le cas d’un marché de CPP. Cela
signifie que la firme n’a aucun impact sur le prix de vente. Autrement dit, le prix est
donné pour la firme concurrentielle.

La recette moyenne RM est le rapport de la recette totale sur la quantité vendue


RM = RT / Q ou RM = P x Q / Q

La recette marginale Rm est la variation de la recette totale engendrée par la vente


d’une unité supplémentaire. Rm = DeltaRT / DeltaQ ou Rm = P*DelatQ / DeltaQ

Reprenons notre exemple précédent, avec une nouvelle info : le prix unitaire de marché
que l’entreprise peut proposer est P = 130. Calculer la
RT, la RM et la Rm.

RT(Q) = P x Q Exemple : RT(1) = 130*1 = 130

RM (Q) = RT (Q) / Q Exemple : RM(1) = RT(1)/1 = 130/1 = 130

En CPP(concu pure et parfaite), le prix fixé sur le marché est égal à la recette moyenne
RM, et à la recette marginale Rm : P = RM = Rm

Représentation générale (stylisée) de RM et Rm :

La droite horizontale P=RM=Rm est en fait la demande qui s’adresse à la firme individuelle.
Elle signifie que cette demande est parfaitement élastique : si la firme fixe un prix
supérieur au prix de marché, la demande sera nulle (les
consommateurs achètent chez les concurrents au prix de
marché inférieur).

Les hypothèses du marché de CPP permettent de


comprendre pourquoi la firme doit fixer son prix au niveau
du prix de marché, et pourquoi la demande est
parfaitement élastique :

- l’atomicité des gens : Il existe un grand nombre de


demandeurs et d’offreurs (de firmes) sur le marché. Si une
firme augmente son prix au-delà de marché, la demande s’effondre : les acheteurs se
détournent vers d’autres entreprises qui vendent au prix de marché.

- la libre entrée et sortie sur le marché : Imaginons que toutes les entreprises décident
d’augmenter leur prix, au-dessus du prix de marché, cette hypothèse de libre entrée et
sortie assure donc que de nouveaux offreurs entrent sur le marché avec un prix plus
faible. La demande devient alors nulle pour les premières entreprises.

- l’information parfaite sur le marché : Les consommateurs sont au courant des prix
pratiqués par toutes les entreprises sur le marché.

- l’homogénéité : Les biens produits sont de même qualité, si bien que si une entreprise
augmente son prix au-delà de prix de marché, les acheteurs peuvent substituer les biens
des autres entreprises sans aucune modification de leur utilité.
Dans le cas où toutes les conditions de la CPP sont réunies, les entreprises n’ont d’autres
choix que de tarifer au prix de marché. Le prix n’est pas une variable de choix pour
l’entreprise. Autrement dit, elle n’a aucun pouvoir de marché.

Attention, ceci n’est valable que pour un marché de CPP : si l’une acquière un pouvoir de
marché, elle peut avoir une influence sur le prix de marché.

Exemple : en cas de bien différenciés (absence d’homogénéité), l’entreprise peut


augmenter le prix sans que la demande devienne nulle, car les consommateurs ne
trouveront pas de substitut au bien en question vendu par d’autres entreprises. Ex : Apple
pratique des prix élevés car les consommateurs ne retrouvent pas les caractéristiques de
ses produits chez ses concurrents Samsung ou Sony.

C. L’équilibre de la firme

Comme tout agent économique, la firme doit faire un arbitrage, choisir les quantités
qu’elle souhaite produire en prenant en compte de la rareté (ici, les coûts de production)
et, avec pour objectif de maximiser son profit.

Pour maximiser son profit, l’entreprise fait un arbitrage à la marge : pour chaque unité
produite, elle compare les avantages, la recette marginale Rm et le coût marginal Cm.

L’entreprise produit une unité supplémentaire si elle lui rapporte plus que ce qu’elle lui
coûte, c'est-à-dire si Rm > Cm.

D’une manière générale, l’entreprise produit jusqu’à ce que Rm = Cm. Comme en CPP,
Rm = P alors l’équilibre s’écrit P = Cm. L’entreprise produit jusqu’à ce que le coût de la
dernière unité produite soit égale au prix de marché.

Représentation de l’équilibre de la firme :

Pour Q1 < Q*, la recette engendrée par unité produite supplémentaire (Rm) est supérieure
au coût de cette dernière unité, P = Rm > Cm. L’entreprise augmente sa production car
cela accroit son profit.

Pour Q2 > Q*, la recette engendrée par unité produite supplémentaire (Rm) est inférieure
au coût de cette dernière unité, P = Rm < Cm. L’entreprise réalise une perte sur la
dernière unité produite et diminue sa production pour accroitre son profit.

L’entreprise est donc à l’équilibre,


c'est-à-dire qu’elle choisit la
quantité qui maximise son profit
quand la recette de la dernière
unité produite (Rm) s’égalise avec
son coût (Cm) : Rm = P = Cm -> Q*.

En CPP, la règle (pour une


entreprise qui maximise son profit)
est de tarifer au coût marginal.

La courbe d’offre individuelle de la firme :


Rappel : la courbe d’offre individuelle décrit la quantité qu’une entreprise est prête à
offrir pour tout niveau de prix.

— Que peut-on dire du point E*1 ? Imaginons


que le prix de marché augmente à P2.
L’entreprise ajuste ses quantités produites de
telle sorte que P2 = Cm -> Q*2. L’offre de
l’entreprise est bien croissante avec le prix, et
la quantité offerte se déplace le long de la
courbe du Cm : la courbe de Cm est donc la
courbe d’offre individuelle.

Tous les points de la courbe de Cm forment-ils


la courbe individuelle d’offre ? Non, à long
terme, l’entreprise choisira de ne pas produire du tout si
la recette totale ne couvre pas le coût total, c'est-à-dire si
RT < CT, c'est-à-dire si elle a un profit négatif, ce qui se
réécrit P < CM.

Autrement dit, tous les points de la courbe de Cm


situés sous le minimum du coût moyen ne font pas
partie de la courbe d’offre. Pour ces niveaux de
prix, l’entreprise ne produit rien. Au final la courbe
d’offre est discontinue :

Exemple de maximisation du profit  :Déterminer à


quantité optimale (c'est-à-dire qui maximise le
profit) choisie par la firme. Montrer que le profit est
maximal pour cette quantité.

Le profit d’une entreprise en concurrence est-il viable à long terme ? Non, car l’hypothèse
de libre entrée implique que de nouveaux offreurs vont entrer sur le marché, attirés par
les perspectives de profit.

L’observation des profits positifs sur ce marché attire de nouvelles firmes ce qui déplace la
courbe d’offre de marché vers la droite (O1 -> 02), augmente la quantité d’équilibre sur le
marché, et diminue le prix d’équilibre.
La baisse du prix de marché oblige la firme, au niveau individuel, à diminuer ses quantités
produites de sorte que P2 = Cm. L’offre globale augmente car il y a plus d’entreprises sur
le marché. Le profit pour la firme a baissé, à cause de la baisse du prix.

En P*2, les firmes réalisent encore un profit positif, de nouvelles firmes vont encore entrer
sur le marché, et l’offre va se déplacer vers la droite jusqu’à ce que toute perspective de
profit disparaisse et que plus aucun offreur ne souhaite entrer sur ce marché.
Cette situation constitue un équilibre de long terme pour la firme, qui fixe sa quantité
produite de telle sorte que P = Cm = CM, avec 2 caractéristique importantes : le profit de
chaque firme est nul, et les entreprises sont efficientes, c'est-à-dire qu’elles produisent au
minimum du CM. Elles ne pourraient pas proposer un prix plus bas sans faire de pertes.

La CPP assure aux consommateurs de payer le prix le plus bas possible, celui qui couvre le
coût de production moyen et à la marge.

Remarque : c’est le processus de CPP qui amène les entreprises à produire au minimum du
coût moyen et donc, à un profit nul. Si par exemple, il y avait une barrière à l’entrée,
alors l’offre ne pourrait augmenter et le profit persisterait.

Pourquoi les entreprises produisent-elles si elles réalisent un profit nul à long terme ? Le
profit nul signifie que RT = CT, c’est-à-dire que les coûts de production (salaires,
amortissement des machines, achat des matières premières) sont couverts par les ventes.
De plus, on raisonne en terme de coût d’opportunité : si l’entrepreneur ne produisait pas
et utilisait son capital pour une activité alternative (ex : placer sur le marchés financiers),
il ne réaliserait pas de gain supérieur.

Section 4 : Efficacité du marché et impact de la fiscalité

On peut maintenant répondre à la question : comment se forment les courbes de demande


et d’offre ? Puisque les courbes d’offre et de demande sont le résultat de l’agrégation de
choix rationnels des consommateurs et entreprises, l’offre et la demande reflètent donc
les dispositions à payer pour les demandeurs et les dispositions à vendre pour la firme.

Ces définitions de l’offre et de la demande amènent à deux nouveaux concepts (ou outils)
qui vont nous permettre d’estimer le bien-être des agents économiques et donc, de
l’efficacité du marché : le surplus des consommateurs et le surplus des producteurs.

A. Le surplus du consommateur et le surplus du producteur

Le consommateur est prêt à payer


un prix maximum pour une certaine
quantité acheté : c’est sa
disposition à payer (= montant
maximum qu’un acheteur est prêt
à payer pour un bien), représentée
par la courbe de demande.

Pour toutes les quantités achetées


au prix de marché (jusque Q*), les
consommateurs payent moins que
ce que prévoit leur disposition à payer. Ils réalisent donc un gain : le surplus des
consommateurs (= différence entre la disposition à payer des consommateurs et le prix de
marché qu’ils payent effectivement).

-> Indicateur des gains à l’échange pour les consommateurs :

Pour 1 baguette de pain, les consommateurs sont prêts à payer 0,90€ alors qu’ils ne payent
la baguette que 0,60€. Leur surplus est donc égal = à dispositions à payer - prix de marché
= 0,90 - 0,60 = 0,30€.

En achetant 2 baguettes de pain au prix de marché, les consommateurs réalisent un


surplus de 0,20€.

On pourrait calculer les surplus des consommateurs de la même manière, pour l’ensemble
des baguettes consommées à l’équilibre Q*. De façon générale, le surplus total des
consommateurs est l’aire du triangle EFP*, c'est-à-dire le montant maximum que les
consommateurs seraient prêt à payer, moins le prix de marché, multiplié par les quantités
d’équilibre divisé par 2 :

Surplus total des consommateurs = (Disposition maximum à payer - P*) x Q* / 2

Application : Surplus total = (1-0,60) x 4/2 = 0,80€. Les consommateurs réalisent un gain à
l’échange de 0,80€.

Le producteur est prêt à vendre une certaine quantité d’un bien à un prix minimum : c’est
sa disposition à vendre, représentée par la courbe d’offre, fonction du coût de production
(rappel : la courbe est en fait la courbe de Cm).

Pour toutes les quantités vendues au prix de marché (jusque Q*), les entreprises reçoivent
plus que le coût de production, ils réalisent donc un gain : le surplus des producteurs (=
différence entre le prix de marché et le coût de production supporté par les offreurs).

-> Indicateur des gains à l’échange pour les producteurs :


Pour 1 baguette de pain, les vendeurs sont prêts à payer 0,40€ alors qu’ils vendent la
baguette à 0,60€, leur surplus est donc égal à = prix de marché - coût de production = 0,60
- 0,40 = 0,20€.

En vendant 1 baguette de pain au prix de marché, les offreurs réalisent un surplus de


0,20€.

Comme pour les consommateurs, on pourrait calculer les surplus des producteurs pour
toutes les quantités vendues jusqu'à Q*. Le surplus total des producteurs est donc l’aire du
triangle EP*H, c'est-à-dire le prix de marché moins le prix maximum exigé par les
producteurs, multiplié par les quantités d’équilibre, divisé par 2 :

Surplus total des producteurs = (P* - Prix minimum) x Q* / 2

Application : Surplus total = (0,60-0,40) x 4/2 = 0,40€. Les producteurs réalisent un gain à
l’échange de 0,40€.

Remarque importante : les surplus des consommateurs et des producteurs donnent une
mesure monétaire du bien-être de l’échange sur le marché.
L’utilité est une mesure subjective du bien-être des consommateurs. Calculer le surplus du
consommateur donne une mesure objective (monétaire) de cette utilité. On ramène à un
dénominateur commun (en monnaie) des évaluations subjectives par nature.
Les surplus des producteurs montrent qu’il y a un intérêt à produire et vendre sur le
marché, même dans la situation de profits nuls de la CPP.
Enfin, le surplus total des consommateurs et des producteurs va nous permettre de statuer
sur l’efficacité du marché.
B. L’efficacité du marché

Dans l’introduction, nous avions dit que, la plupart du temps, le marché est un mode
d’allocation des ressources efficaces.

On peut maintenant être beaucoup plus clair sur ce que l’on entend par efficacité de
l’allocation des ressources par le marché : en effet, l’efficacité caractérise une allocation
de ressources qui maximise le bien-être total pour tous les membres d’une société. Or,
l’étude du surplus de consommateurs et des producteurs va nous permettre de caractériser
l’efficacité du marché en tant que mode d’allocation des ressources (en considérant le
bien-être total de notre économie comme le surplus total des consommateurs et des
producteurs).
Bien-être de l’économie = Surplus total = Surplus des consommateurs + surplus des
producteurs

A l’équilibre du marché, pourrait-on encore accroitre ce surplus total ?

A l’équilibre entre l’offre et la demande, en situation de CPP, le marché est efficace dans
le sens où il maximise le bien-être des agents économiques mesurés par le surplus total.

Pourquoi le marché est-il efficace, pourquoi maximise-t-il le surplus total des


consommateurs et des producteurs ?

Parce qu’il assure que les biens


produits sont consommés par les
agents économiques qui leur
attribuent la plus grande valeur, la
disposition à payer la plus grande.
De même, ces biens sont produits
par les entreprises le plus efficaces,
c'est-à-dire celles qui produisent au
coût le plus bas possible.

Conséquence importante : le
marché de CPP, par la simple
rencontre de l’offre et de la
demande et d’un ajustement libre
des prix, amène à la meilleure
situation possible pour la société =>
C’est la formalisation de la main invisible de Smith. Pas besoin d’intervention de l’Etat.

Oui mais qu’en est-il si :

- Les conditions de la CPP ne sont pas respectées ? On verra plus tard que le bien-être
n’est pas maximisé en cas de défaillance de marché.

- L’allocation est efficace mais n’est ni équitable ni juste. Est-il juste que les individus
situés sur la demande pour Q > Q* n’ait pas accès à la consommation du bien ? Cela nous
amène donc au champ d’intervention pour l’Etat.

C. L’efficacité du marché et l’impact de la fiscalité


Supposons justement que l’Etat n’est pas satisfait de l’allocation impliquée par le
marché : certains individus à revenu modeste n’ont pas accès à la consommation de pain.

— Comment l’Etat pourrait-il modifier l’allocation des ressources, c'est-à-dire faire


accéder les individus à revenu modeste à la consommation de pain ?

Exemple : une possibilité est d’imposer une taxe sur la consommation de pain (type TVA)
et de redistribuer la recette aux pauvres.

— Quel est l’impact de cette taxe sur l’équilibre entre offre et demande ?

La taxe introduit une différence entre le prix que le consommateur est prêt à payer, et le
prix exigé par le producteur pour couvrir ses coûts.

Exemple : si le consommateur doit payer une taxe de 0,30€ par baguette, le prix qu’il doit
payer est maintenant égal au prix de l’offre 0,60€ + le montant de la taxe 0,30€ = 0,80€.

La taxe implique donc nécessairement que la quantité demandée, et celle offerte sur le
marché, diminue de Q* et Qtaxe.

— Quel est l’impact sur le surplus des consommateurs et des producteurs ?

Après instauration de la taxe :

Surplus des consommateurs = (1-0,80)*2/2 = 0,20€

La recette fiscale = t*Qtaxe = 0,30*2 = 0,60€

Surplus des producteurs = (0,60-0,40)*2/2 = 0,20€

Une partie du surplus des consommateurs et du surplus des producteurs à l’équilibre Q* est
transférée à l’Etat sous forme de recettes fiscales, qui peuvent être éventuellement
redistribuées aux individus à revenus modestes.

Une autre partie du surplus avant impôt n’est plus captée, ni par les consommateurs ni par
les producteurs. Est-elle redistribuée à l’Etat ? Non, une partie du surplus des
consommateurs et des producteurs est perdue, à cause de la réduction des quantités
échangées sur le marché avec la taxe : c’est la perte sèche. On l’appelle ainsi car il s’agit
d’une perte de bien-être qui est perdue par toute la société et n’est pas capté par l’Etat
sous forme de taxe.
Conséquences : quand l’Etat cherche à modifier l’allocation des ressources du marché pour
la rendre plus équitable, il doit renoncer à une partie de l’efficacité du marché. Il y a donc
un arbitrage entre efficacité (maximiser le bien-être au risque que l’allocation ne soit pas
équitable) et équité (rendre l’allocation plus juste se fait au prix d’un sacrifice
d’efficacité). La perte sèche est donc le coût d’opportunité d’une allocation plus
équitable.

Section 5 : Les défaillances du marché et l’intervention de l’Etat

A. Le monopole

Le marché de CCP maximise le bien-être total de la société si les conditions de la CPP sont
remplies. De nombreuses situations dans l’économie ne respectent pas les conditions de
CPP :

- Les agents ne sont pas atomiques (ex : monopole). Cela implique que les entreprises,
contrairement à celles décrites dans le modèle de CPP, ont un pouvoir de marché. Elles
ont donc une capacité à influencer les prix, et notamment à les fixer à un niveau
supérieur au coût marginal.

- Le cas des biens publics ou des ressources communes.

- Les externalités.

Pourquoi les entreprises produisent-elles si elles réalisent un profit nul à long terme ? Le
profit nul signifie que RT=CT, c'est-à-dire que les coûts de production (salaires,
amortissement des machines, achat des matières premières) sont couverts par les ventes.
De plus, on raisonne en terme de coût d’opportunité : si l’entrepreneur ne produisait pas
et utilisait son capital pour une activité alternative (ex : placer sur les marchés financiers),
il ne réglerait pas de gain supérieur.

Le cas du monopole naturel :


Si 2 entreprises entrent sur le marché pour produire Q1 +
Q2 = Q*, elles subissent des coûts moyens totaux élevés.
L’entreprise 1 subit le CM1 et l’entreprise 2 subit CM2. Si
une seule entreprise produit Q*, elle subit CM < CM1+CM2

Intuition : les coûts fixes étant élevés, il est plus efficace


qu’une seule entreprise produise sur une grande échelle
pour rentabiliser les coûts fixes et exploiter les économies
d’échelle, plutôt que de laisser plein de petites entreprises
produire des petites quantités avec des coûts fixes élevés.

L’équilibre du monopole :

Une entreprise en situation de CPP et un monopole ne font pas face à la même demande.

Pour une entreprise en CPP qui ne sert qu’une partie de la demande, le prix est imposé par
le marché, la demande est parfaitement élastique. Pour une petite hausse du prix par
rapport au marché, la demande adressée à l’entreprise s’effondrerait, car les
consommateurs préféreraient acheter le même
bien à une autre tarifant au prix de marché.

En revanche, la demande adressée au monopole


est la demande de marché. Si le monopole
augmente le prix, la demande diminue mais ne
tombe pas à 0. Le monopole bénéficie donc d’un
pouvoir de marché lui permettant d’influencer
le prix. Elle est donc faiseuse de prix.

Le monopole est-il complètement libre dans la


fixation du prix ? Non, cela dépend de la
présence de biens substituants aux biens produits par le monopole.

Exemple : A la création du transport ferroviaire, un


individu souhaitant voyager sur une longue distance
n’avait que peu de moyens alternatifs de transport (pas
de substitut). En conséquence, la demande adressée la
SNCF était rigide, ou peu élastique.

Une hausse du prix entraîne une faible baisse de la


demande. Le pouvoir de marché du monopole est élevé.

En revanche, de nos jours, un individu peut faire appel


à des moyens de transports alternatifs, comme la
voiture ou le train. En conséquence, la demande est plus
élastique, réactive à une variation de prix (à cause de la
présence de biens substituts aux biens produits par le
monopole).
Une hausse identique du prix entraine une forte baisse de la demande. Le monopole est
toujours faiseur de prix, mais sa marge de manœuvre est plus faible car son pouvoir de
marché a diminué du fait de la présence de biens substituts.

Prenons un cas intermédiaire où le monopole a un certain pouvoir de marché. Comment


l’entreprise choisit-elle la quantité qu’elle souhaite produire ? En maximisant son profit
comme une entreprise en CPP. Or, on a vu que pour maximiser le profit, il faut que la
recette d’une unité produite supplémentaire soit égale au coût de cette unité. Autrement
dit, il faut que Rm=Cm.

— Comment évolue la Rm du monopoleur par rapport à celle d’une entreprise en CPP ? En


CPP, la Rm est constante car le prix est fixe (c’est le prix du marché). En monopole, la Rm
est décroissante : quand le monopoleur vend une unité supplémentaire, il doit diminuer le
prix. La Rm et la demande se croisent nécessairement à l’ordonnée à l’origine, car la
demande = RM = Rm pour la première unité :

RM(Q1) = P*Q1/Q1 = P et Rm = DeltaRT / DeltaQ

Avec Q1 = 1 on a RM = P

Et Rm = (P*Q1-P*Q0) / (Q1-Q0) = (P*1-P*0) / (1-0)


= P => RM(1) = Rm(1)

Si le monopole n’est pas naturel, il a une


structure de coût avec un Cm croissant et un CM
en « U ». Le monopoleur fixe sa production en
maximisant son profit, quand Rm = Cm, c'est-à-dire à
l’intersection de la Rm et du Cm.

Quel prix peut-elle fixer pour cette quantité ? Le prix que les
consommateurs sont prêts à payer est donné par la quantité de
monopole reporté sur la demande de marché.

En situation de CPP, l’entreprise serait obligée de tarifer au


Cm, quand l’offre (la courbe de Cm) est égale à la demande.

Autrement dit, le pouvoir de marché permet au monopole de


fixer un prix supérieur au Cm et au prix de CPP => pmonopole >
pCPP

La différence pmonopole - Cm > 0 est appelé le « mark-up », et dépend du degré de


pouvoir de marché du monopole (présence de biens substituts).
Moins les consommateurs disposent de substituts, plus grand est le pouvoir de marché du
monopole, et plus grande est sa capacité à fixer un prix au-dessus du Cm.

Le monopole est une situation inefficace par rapport au marché, car les quantités
produites sont plus faibles qu’en situation de CPP, Qmonopole < Qcpp. Cette inefficacité se
traduit par une perte de surplus engendrée par le monopole. Cette perte de surplus est la
perte sèche du monopole, expliquée par la diminution de la taille du marché et la hausse
du prix.

B. Les biens publics


Tous les biens et services peuvent être caractérisés par deux critères :

- l’exclusion d’usage : Peut-on empêcher les individus de consommer un bien ou un


service ?

- la rivalité : La consommation d’un bien par un individu entame-t-elle la consommation


de ce même bien par d’autres individus ?

L’exclusion d’usage est la propriété d’un bien, telle qu’il est possible d’empêcher un
individu de l’utiliser.

La rivalité est la propriété d’un bien telle que l’usage de ce bien par un individu
diminue l’usage de ce bien pour un autre individu.

Le marché de CPP suppose que les biens échangés sur le marché sont des biens privés (=
biens excluables et rivaux). Exemple : quand j’achète une baguette de pain, un contrat
implicite implique qu’une fois payée, la baguette devient ma propriété. Je peux donc
exclure tout autre consommateur de sa consommation. De plus, une fois la baguette
consommée, personne d’autre n’y aura accès, il y a donc rivalité parfaite.

Les biens publics à l’opposé des biens privés sont caractérisés par la non-exclusion
d’usage et la non-rivalité. Exemple de la défense nationale : il n’y a pas d’exclusion
d’usage puisque tous les agents sont protégés et il n’y a pas de rivalité puisque le
bénéfice de la protection pour un individu ne diminue pas le bénéfice de la protection
pour les autres individus.

En présence de bien public, le marché est inefficace car il est incapable de les produire.
La non-exclusion d’usage et la non-rivalité implique que les agents ont intérêt à dissimuler
leur préférence pour le bien public, afin d’en bénéficier sans le financer.
Exemple : Pierre et Paul voudraient financer un éclairage public devant leur maison.
Chacun serait prêt à payer 150€. Le coût est de 200€. Ils ont le choix de participer ou non
au financement du bien public. Que vont-ils décider ?

Une manière d’analyser ce problème est d’utiliser l’approche de la théorie des jeux :
c’east l’étude du comportement des individus placés dans des situations stratégiques, les
gains des participants étant dépendants des décisions de tous les participants.

La théorie des jeux est pertinente pour analyser des situations économiques, car la
situation des agents économiques dépend souvent de leur choix et de ceux d’autres
agents.

Exemple de jeu stratégique : illustrant le problème de coopération dans le financement


d’un bien public est le « dilemme du prisonnier » : deux truands (Vito et Tony) ont été
arrêtés par la police, qui a des preuves pour les accuser de détention illégales d’armes. La
police les soupçonne également d’un braquage de banque.

On sépare les deux truands et on propose à chacun : Soit il dénonce son complice et il est
immédiatement libéré et son complice écopera de 20 ans de prison pour le braquage, soit
ils se taisent tous les deux et font un an de prison pour détention d’armes, soit ils avouent
tous les deux et écopent de 8 ans de prison chacun.

La situation des truands peut être représentée par la matrice de gains suivante :

Est-il possible de prédire le choix des truands et le résultat du jeu ?

Une façon de trouver la solution est d’utiliser l’équilibre de Nash (= situation dans
laquelle tous les participants à un jeu stratégique ne veulent plus modifier leur
décision).

Pour trouver cet équilibre, il faut trouver la meilleure réponse de chaque joueur pour les
différents choix de son adversaire.

Prenons le cas de Tony :

Si Vito choisit de le dénoncer, quelle est la meilleure réponse de Tony ? Sa meilleure


réponse est de limiter son temps de prison en dénonçant lui aussi son complice.

Si Vito choisit de ne pas le dénoncer, quelle est la meilleure réponse de Tony ? Sa meilleure
réponse de dénoncer son complice, afin d’éviter la prison.

Le cas de Vito est symétrique.


L’équilibre de Nash est « Dénoncer ; Dénoncer » pour Vito et Tony, car ils n’ont pas intérêt
à modifier leur stratégie. On dit que «  Dénoncer  » est une stratégie dominante pour
chaque joueur.

La meilleure situation serait de coopérer en ne dénonçant pas son complice. Ce jeu illustre
l’idée qu’en suivant leur intérêt individuel, les complices provoquent une situation
défavorable pour tous les deux.

Le marché, la compétition, ou la main invisible ne conduisent pas à maximiser le bien-être


total. On peut appliquer le dilemme du prisonnier au cas du bien public.

Revenons à notre exemple de l’éclairage public. Quelles sont les différentes possibilités ?

Prenons le cas de Pierre. S’il décide de participer au financement de l’éclairage public, si


Paul participe lui aussi, le gain de Pierre sera alors de 150-200/2 = 50€. La situation est
symétrique pour Pierre.

Les résultats peuvent


être résumés dans la
matrice de gains
suivants :

— Quel est l’équilibre de Nash ?

L’équilibre est de ne pas financer l’éclairage public pour Pierre et Paul. La meilleure
situation (qui maximise leur bien-être total) serait de se partager le financement du bien
public et de profiter de l’éclairage public.

Ceci se vérifie en supposant que (Financer; Financer) est un équilibre de Nash


(raisonnement par l’absurde). Si c’est le cas, chaque joueur n’a pas d’intérêt à dévier de
sa stratégie d’équilibre.

Prenons le cas de Pierre. A t’il intérêt à financer l’éclairage public si Paul décide de la
financer ? Non, il a intérêt à changer de stratégie car « financer » (gain=50) est une
stratégie dominée « par ne pas financer » (gain=150).

Le marché ne produit pas spontanément le bien public car la non-exclusion et la non-


rivalité de ce type de bien pousse tous les individus à ne pas révéler leurs vraies
préférences, pour bénéficier du bien public sans le financer. Chacun se comporte en
passager clandestin.

Ce mécanisme peut justifier l’intervention de l’Etat pour des raisons d’efficacité, en


forçant le financement du bien public par un impôt obligatoire.
C. Les externalités

Une hypothèse implicite de tout marché de CPP est que les droits de propriété sont
parfaitement spécifiés. L’achat d’un bien revient à transférer les droits de propriété du
vendeur, vers l’acheteur. Mais que se passe-t-il quand les droits de propriété ne sont pas
clairement spécifiés ?

Exemple : l’air n’appartient à personne. Les gaz d’échappement des voitures ont un effet
négatif sur la santé des piétons sans compensation de la part des conducteurs. Les
conducteurs provoquent une externalité (= un agent économique, consommateur ou
producteur, procure à autrui un avantage ou dommage, sans contrepartie ou compensation
monétaire) négative sur les piétons.

Il s’agit d’une interaction hors-marché car il n’existe tout simplement pas de marché sur
lequel les piétons pourraient faire payer les conducteurs, c'est-à-dire leur faire payer une
compensation pour l’effet externe négatif qu’ils provoquent sur eux.

— Quel est l’impact d’une externalité négative sur l’efficacité du marché et l’allocation
des ressources ?

Prenons le cas du marché du pétrole. Les entreprises


exploitent les ressources pétrolières jusqu’à ce que
le coût qu’elles subissent soit égal à la disposition à
payer des consommateurs. Sans intervention de
l’Etat, le prix du baril se fixe à P* pour équilibrer les
quantités offertes et demandées à Q*.

Mais quand les entreprises décident quelles


quantités de pétrole produire, elles ne prennent en
compte que leurs coûts privés, elles ne prennent pas
en compte le fait que les différentes utilisations du pétrole auront des impacts négatifs sur
l’environnement et la santé des agents économiques.

Supposons que l’on soit capable d’estimer le coût de


cette pollution, alors le vrai coût pour la société
serait coût social = coûts privés + coût de la pollution
(externalité négative), que l’on peut représenter
graphiquement :

L’inefficacité du marché vient de l’incapacité du prix


de marché à refléter l’ensemble des coûts
(notamment le coût de la pollution) subis par la
société à cause de l’utilisation du pétrole. Le prix est un mauvais signal (du fait qu’il ne
contient pas l’information sur les coûts de la pollution) qui ne permet pas aux ménages et
aux entreprises de faire des choix efficaces, d’un point de vue social.
Une allocation optimale (qui maximise le bien-être de la société) implique un prix qui
égalise la demande et le coût social, donc une quantité de pétrole moindre qu’en situation
de marché. Quand les individus prennent conscience des
effets externes négatifs de pétrole à travers des prix plus
élevés, ils décident de produire et consommer moins.
Le prix est un bon signal car il reflète tous les coûts subis
par la société (contrairement au prix de marché). Les quantités de pétrole sont moindres
car les entreprises et les ménages, prenant maintenant en compte les coûts de la
pollution, décident de produire et consommer moins de pétrole.

On peut mesurer l’impact de la perte de


bien-être provoqué par l’inefficacité du
marché. Sur les quantités excédentaires
inefficaces produites par le marché (Q*-
Qopt), les consommateurs subissent des
coûts sociaux supérieurs à leur disposition à
payer = perte de surplus.

Conclusion : si un bien produit une


externalité négative, le marché est inefficace car il en produit une quantité trop élevée
par rapport à ce qui serait socialement souhaitable. Il n’y a aucune raison que les prix de
marché intègrent spontanément les effets externes indésirables du bien-être sur
l’économie, car il n’y a pas de marché explicite pour compenser ces effets.

— Comment résoudre ce problème ?

Pour Ronald Coase, c’est un problème de droit de propriété. A qui appartient


l’environnement ? À personne, c’est pour ça que les agents ne prennent pas en compte les
coûts de la pollution dans leurs choix individuels.

Comment régler le problème sans faire intervenir l’Etat ? Il faudrait distribuer les droits de
propriété sur la quantité de l’environnement. Problème : à qui appartient la quantité de
l’environnement ? Aux consommateurs ou aux entreprises exploitantes ?

Pour Coase, du point de vue de l’efficacité économique, le bénéficiaire du droit de


propriété n’a pas d’importance : un arrangement entre consommateurs et entreprises est
toujours possible pour atteindre une quantité optimale, d’un point de vue social.

Dans ce graphique, la droite verte


représente la disposition des
individus à payer pour réparer les
effets d’un peu plus de pollution.
Plus la quantité de pétrole
augmente, plus la pollution
augmente et plus les consommateurs
sont prêts à payer cher pour réduire
les effets de la pollution.

La droite bleue représente le profit


marginal d’exploitation du pétrole.
Plus la quantité de pétrole est
élevée, plus le profit d’un baril supplémentaire est faible, car le coût marginal augmente.
Si les droits de propriété sont alloués aux consommateurs, ceux-ci empêcheront toute
exploitation du pétrole pour ne pas avoir à payer pour dépolluer (Q=0). Que peuvent faire
les entreprises ? Elles pourraient proposer aux consommateurs une compensation pour
avoir le droit de produire Q par exemple.

Cet arrangement est-il possible ? Oui car les entreprises peuvent donner (0Pm), les
consommateurs acceptent car ils peuvent financer la dépollution (0Pm) et même obtenir
un gain net (Dm, Pm).

En général, les entreprises peuvent compenser les consommateurs et produire tant que le
profit marginal est > ou = à la disposition marginale des consommateurs. La compensation
totale est (ABQopt0) et le coût total de dépollution est (0Bqopt), donc le gain net est
(AB0), c'est-à-dire le profit capté aux entreprises - le coût de dépollution. La quantité
optimale Qopt produite est optimale car elle prend en compte les coûts sociaux.

Mais si les entreprises possèdent les droits de propriété sur la qualité de l’environnement,
que se passe-t-il ? Les entreprises exploiteraient trop de pétrole (Q1).

Que peuvent faire les consommateurs ? Ils peuvent proposer aux entreprises une
compensation en échange d’une production plus faible et d’une moindre pollution.

Les consommateurs ont-ils intérêt à faire cela ?


Oui car, pour Q < Q1, Dm > Pm. En réduisant
leur exploitation à Q, les entreprises perdent
(0Pm) mais gagnent (0Dm), elles font un gain de
(PmDm).

La compensation offerte par les consommateurs pour réduire la pollution est supérieure à
la perte de profit induite par la baisse de la quantité de pétrole exploitée. Les
consommateurs pourraient pousser les entreprises à réduire la production de Q1 à Qopt. La
compensation totale est (QoptBCQ1) et la perte de profit total due à une moindre
production est (QoptBQ1), donc le gain net pour l’entreprise est (Q1BC), c'est-à-dire le
montant que les agents sont prêts à payer pour dépolluer moins la perte de profit.

Théorème de Coase : distribuer les droits de propriété aux consommateurs ou aux


producteurs n’a pas d’importance du point de vue de l’efficacité économique : des
compensations entre les deux parties permettront toujours de produire la quantité
optimale, qui prend en compte tous les coûts sur la société.

Attention : l’allocation des droits de propriété n’est pas neutre (du point de vue de la
distribution des revenus). C’est la partie qui n’a pas le droit de propriété qui paye le coût
social de la pollution.

Conséquence : le principe du pollueur-payeur n’a de sens que du point de vue de la


justice, pas de celui de l’efficacité économique.

Problème : ces compensations sont-elles possibles ou probables dans la réalité ? Non. En Q1


par exemple, chaque consommateur a intérêt à cacher sa disposition à payer et laisser les
autres compenser les entreprises pour réduire l’exploitation de pétrole et la pollution,
sans y participer. Comme pour le problème du bien public, chacun agit en passager
clandestin.

Si la distribution des droits de propriété ne résout pas le problème, comment peut-on


ramener l’économie de Q* à Qopt ?

L’Etat peut contribuer à mener l’économie vers


l’équilibre optimal, en appliquant une taxe égale
aux montants des dommages provoqués par la
pollution. Cette taxe peut être utilisée par l’Etat
pour réparer les dommages de la pollution et forcer
les agents à intégrer les coûts de la pollution dans
leurs choix, et donc diminuer leur production et
consommation du bien (double dividende). La taxe
permet d’interclasser les effets externes de la
production du bien en question.

Application : le cas de l’éducation

L’éducation n’est pas un bien public du point de vue de la définition donnée par l’analyse
économique.

Pourquoi ? L’éducation est caractérisée par l’exclusion d’usage (on peut imposer une
barrière à l’entrée sous forme de frais d’inscription) et la rivalité (à offre donnée, la
quantité du service est affectée par le nombre d’étudiants). Comment justifier
l’intervention de l’Etat dans l’éducation ?

L’éducation est génératrice d’externalités positives sur la société :

- Accroissement de la productivité des individus, efficacité accrue pour la société

- Réduction de la criminalité

- Plus grande cohésion sociale

Quand un individu choisit de poursuivre ses


études, il ne prend en compte que la valeur
qu’il attribue à l’éducation, c'est-à-dire les
bénéfices que lui apporte une meilleure
éducation (ex : salaire plus élevé, métier
gratifiant,…), mais il ignore les bénéfices
apportés à la société. Autrement dit, il sous-
estime le bénéfice social de l’éducation.
Comment le graphique est-il modifié ?

La courbe de demande se déplace vers la droite car les gens, pour tout niveau d’éducation
donné, seraient prêts à payer plus pour l’éducation s’ils prenaient en compte les effets
positifs de leur choix sur la société. Mais ils ne le font pas (ils maximisent leur propre
utilité) et l’équilibre du marché est Q*. L’externalité positive de l’éducation implique que
les agents devraient faire plus d’études (Qopt) que ce qu’ils décident individuellement.
— Comment corriger cette défaillance du
marché ? (c'est-à-dire faire en sorte que les
agents choisissent Qopt plutôt que Q*)? Il y a
au moins deux solutions :

- Subvention sous forme de bourse d’étude


(du montant de l’externalité positive de
l’éducation).

- Modifier le prix de l’éducation : réduire les frais d’inscription.

Ces deux solutions sont équivalentes


e t consistent à internaliser
l’externalité positive de l’éducation, c'est-à-dire forcer les agents sur la société.

La présence d’externalité peut justifier l’intervention de l’Etat. Les externalités positives


et négatives ne se traitent pas de la même façon :

Une externalité négative (ex : pollution) entraine une production et une consommation
trop élevée par rapport à ce qui est socialement souhaitable. Elle peut être corrigée par la
mise en place d’une taxe pour internaliser les dommages sur la société et réduire la
production du bien ou service en question.

Une externalité positive (ex : éducation) entraine une production et une consommation
trop faible par rapport à ce qui est socialement souhaitable. Elle peut être encouragée par
la mise en place d’une subvention pour internaliser les bénéfices sur la société et
augmenter la production du bien ou service en question.

Mais il subsiste un problème : pour internaliser l’externalité, le montant de la taxe ou de


la subvention doit être égal au dommage ou au bénéfice sur la société impliqué par
l’externalité. Si l’Etat n’a pas l’information nécessaire, il peut ne pas atteindre Qopt.

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