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Partie : Méthodologie
Chapitre 1
Introduction à la méthodologie de développement
1.1 Introduction
Dans un contexte de mondialisation des marchés, la compétitivité et même la survie d’une entreprise
dépendent de sa capacité à faire mieux, à moindre coût et de plus en plus rapidement. En plus de ces
pressions, viennent s’ajouter, entres autres, l’intérêt accru de la société concernant les questions
environnementales ainsi qu’une complexité croissante des produits mis sur le marché.
L’accroissement de la qualité et de la rapidité avec laquelle un produit est mis sur le marché a été
rendue possible grâce à de nouvelles méthodologies – ou façons de faire – et à de nouveaux outils,
dont l’ordinateur.
Figure 1.1 illustre le cycle de vie d’un tel système. Notez que l’étape de mise en œuvre correspond à
la fabrication, par opposition, par exemple, à un produit logiciel qui serait programmé.
Introduction à la méthodologie de développement 1.2
Les trois premières étapes du cycle de vie d’un produit forment un sous-ensemble appelé cycle de
conception. Elles sont réalisées grâce au processus de conception. Ce processus commence donc
par l’expression des besoins sous la forme de spécifications et de contraintes décrites dans le cahier
des charges et se termine par la production de tous les documents menant à la réalisation du produit.
Ces documents sont souvent rassemblés dans un seul document appelé devis, lequel contient des
informations sur la forme et la dimension de l’objet, les matériaux dont il sera fabriqué, sur le procédé
de fabrication qui sera employé pour le produire, sur la façon dont il sera assemblé, etc. (Roozenburg
et Eekels, 1995). Certains auteurs, comme Hoover et Jones (1991), considèrent cependant que les
activités d’identification des besoins et de définition des spécifications et contraintes sont des activités
en amont de la conception proprement dite et n’en font pas partie. Nous adoptons la position de
Roozenburg et Eekels car la conception est une activité de recherche de solution, et pour pouvoir
proposer de bonnes solutions, il faut avant tout bien
comprendre le problème. Processus de conception
En anglais, le terme design process est utilisé
Nous avons écrit plus haut que le devis contient tous
pour désigner ce sous-ensemble. L’usage courant
les documents menant à la réalisation du produit.
du mot design en français invoque une recherche
C’est donc que le processus de conception porte
esthétique. On parle ainsi de design d’intérieur, de
autant sur la définition du produit (« product
meubles design. Dans le domaine de l’ingénierie,
definition ») que sur celle du procédé de fabrication
les termes conception et design sont
(« process definition »).
interchangeables.
Le cycle de développement pour sa part, contient
toutes les étapes avant la production du produit. Outre la définition des besoins, du produit et du
procédé, il comprend la conception et la fabrication des outils (matrices, moules, gabarits, etc.) et
montages nécessaires à la fabrication. On considèrera également tous les aspects nécessaires à la
production (aménagement d’usine, approvisionnement, etc.).
Figure 1.1 ne nous donne pas beaucoup de détails sur la façon de procéder. Au cours des dernières
années, plusieurs chercheurs ont tenté de formaliser la description des étapes du processus de
conception. Les détails et la terminologie de ces descriptions, ou modèles du processus de
conception, varient d’un auteur à l’autre. Ils s’accordent en général pour dire que ce processus
progresse d’étape en étape de la définition des besoins, à la recherche de solutions et au raffinement
de la solution retenue.
On pourrait qualifier le modèle de Pahl et Beitz (1994), illustré à la Figure 1.2, de méthode classique
ou analytique. En effet, une phase d’analyse du problème poussée précède l’élaboration de solutions.
Il s’agit donc de bien comprendre le problème avant d’amorcer la recherche de solution.
Le modèle de Ohsuga (1989), présenté à la Figure 1.3, correspond à une méthode de conception par
prototypage. À chaque itération, un prototype est construit. Le but de cette opération est de solliciter,
d’élucider, de définir les besoins et exigences des clients, d’où l’importance de la participation de ces
derniers tout au long du processus de développement. Smith (1991) suggère d’utiliser une approche
par prototypage lorsque les conditions suivantes sont présentes :
Introduction à la méthodologie de développement 1.3
Contraintes
Cahier
des Plusieurs
charges concepts
Besoins, Analyse du Recherche
attentes problème de solutions Sélection
Matières Un
premières concept
Distribution,
Raffinement de
utilisation, Production
Devis
la solution
entretien Produit
Produit
usé
Matières
Recyclage premières,
rebuts
Figure 1.4 Comparaison des approches séquentielle et simultanée (McMahon et Browne, 1998)
Imaginons un scénario idéal de développement de produit avec l’approche séquentielle. Une équipe
du marketing définit les caractéristiques qu’un nouveau produit doit posséder. La commande est
passée à une équipe d’ingénieurs concepteurs qui imaginent différentes solutions, choisissent celle
qui leur semble la meilleure, réalisent les plans, choisissent les matériaux, etc. Ces documents sont
ensuite transmis à une autre équipe d’ingénieurs chargés de développer les procédés qui permettront
de fabriquer le produit. Une fois les procédés mis au point, une nouvelle équipe aura la responsabilité
de l’aménagement de l’usine. Lorsque l’usine et les outils de fabrication sont fonctionnels, la
production est lancée et le produit est distribué et mis en vente.
Ce scénario fonctionne dans la mesure où les équipes en amont du processus ont les connaissances
requises pour bien informer les équipes en aval. Malheureusement, ceci est rarement le cas. Les
ingénieurs concepteurs, qui n’ont pas participé à la définition des caractéristiques du produit, sont
placés devant des compromis et n’ont pas toute l’information nécessaire pour faire les bons choix. La
solution proposée ne plaît pas à l’équipe de marketing qui doit alors mieux préciser les besoins et
l’étape de conception recommence. À leur tour, les concepteurs soumettent des plans d’objets qui ne
sont pas réalisables avec la technologie actuelle ou qui sont beaucoup trop dispendieux à fabriquer.
Une partie de la conception du produit doit être reprise. Entre-temps, la conception de l’outillage a
commencé et doit être reprise à son tour. On voit aisément comment une telle série d’erreurs, nées
d’un manque d’information et de communication, peut contribuer à étirer le temps entre le début et la
fin du projet. La conception, qui se veut séquentielle, ressemble plutôt à une spirale.
Dès 1982, une agence gouvernementale américaine, la Defense Advanced Research Projects
Agency (DARPA), lance une étude sur la façon d’augmenter la concomitance dans le processus de
développement de produit. L’expression « Concurrent engineering », souvent traduite par ingénierie
simultanée, apparaît en 1986 dans un rapport de l’Institute for Defense Analysis (Carter et Baker,
1992). La solution proposée est simple en principe : il s’agit de créer des équipes multidisciplinaires
qui travaillent de façon concourante ou simultanée sur différents aspects du produit. Le processus est
Introduction à la méthodologie de développement 1.7
illustré dans le bas de la Figure 1.4. Ainsi, des membres du marketing, des ingénieurs concepteurs et
de fabrication, du personnel provenant du département des ventes, des finances, des fournisseurs
sont invités à participer à la définition des besoins; la conception du produit est réalisée conjointement
avec celle des procédés en étroite collaboration avec le marketing et le service des achats et des
finances. Il en est ainsi pour toutes les phases de développement. La composition typique d’une
équipe de développement est illustrée à la Figure 1.5.
gestionnaire de production
planificateur d'usine
avocat contrôle de la qualité
ingénieur -
ventes procédés de fabrication
...
professionnel de la spécialiste
mise en marché de
l'approvisionnement
(«marketing») Équipe de développement
de produits
ingénieur - concepteur
Figure 1.5 Composition d’une équipe d’ingénierie simultanée (adapté de Ulrich et Eppinger
(1995))
La composition de l’équipe varie en fonction du type de produit développé tandis que la taille de
l’équipe dépend de la complexité du produit et fluctue au cours du processus. À titre indicatif, le
Tableau 1.1 regroupe certaines tâches accomplies par les membres de l’équipe.
Un certain nombre de techniques, rassemblées sous l’appellation « concevoir en vue de x » dont la
conception en vue de la fabrication, de l’assemblage, etc. (« Design for x », « Design for
manufacture », « Design for assembly ») font maintenant partie prenante de l’ingénierie simultanée. Il
s’agit d’un ensemble de règles permettant de tenir compte des différents aspects du cycle de vie d’un
produit, dont sa capacité à être fabriqué, assemblé, recyclé, etc. au moment de la définition du
produit.
Certaines compagnies ayant adopté l’ingénierie simultanée ont observé une réduction du temps
nécessaire à la mise en marché du produit allant jusqu’à 50 % (Floyd et al, 1993). Devant des
résultats aussi concluants, il n’est pas étonnant que de plus en plus de compagnies aient également
adopté cette méthodologie au cours des dernières années. C’est également celle que nous
préconisons dans ce cours.
Introduction à la méthodologie de développement 1.8
Spécialistes marketing
Définir marchés Définir options Développer matériel de Vérifier satisfaction des
Identifier compétiteurs Développer plan mise en promotion clients
marché Organiser tests de
marché
Ingénieurs - conception
Définir spécifications Produire des solutions Définir géométrie
alternatives Tester solutions
Évaluer faisabilité
Ingénieurs - fabrication
Définir spécifications Estimer coûts de Fabriquer prototypes du Opérer système de
fabrication produit et de l’outillage production
Évaluer faisabilité Définir procédés de
fabrication et
d’assemblage
Autres
Avocat : étudier brevets Approvisionnement : Finance : faire analyse
Finance : faire analyse identifier fournisseurs économique
économique Approvisionnement :
placer commandes
Tableau 1.1 Tâches accomplies par certains membres d’une équipe d’ingénierie simultanée
L’acronyme anglais CAD désignait originalement les logiciels de dessins assistés par ordinateur (D pour
drawing). Les premiers progiciels de conception assistée par ordinateurs étaient souvent désignés en
anglais par l’acronyme CADD (« computer assisted drawing and design »). Puisque les systèmes CAO
incluent tous implicitement une composante de dessin assisté par ordinateur, le deuxième D de l’acronyme
anglais a été éliminé pour désigner les systèmes CAO.
Introduction à la méthodologie de développement 1.9
L’ordinateur est également utilisé de nombreuses autres façons. On peut penser à la production de
rapports et de présentations électroniques, à l’acquisition de données lors de tests expérimentaux et
de l’analyse de ces données, à la gestion du projet, etc. Dans un contexte où les membres d’une
équipe multidisciplinaire, parfois distribués géographiquement, doivent échanger et partager de
l’information, les technologies de l’information et de communication (TIC) s’avèrent indispensables.
On pense alors au transfert et au partage de fichiers à travers un réseau, à des babillards
électroniques, à tout moyen susceptible de faciliter le travail collaboratif à distance.
Introduction à la méthodologie de développement 1.10
1.7 Conclusion
L’utilisation de l’ordinateur et l’adoption de nouvelles méthodologies de développement contribuent à
améliorer la qualité des produits, à en diminuer le coût et à accélérer leur mise en marché.
Dans ce cours, nous serons appelés à mettre en pratique une méthodologie de développement du
produit s’inspirant de l’ingénierie simultanée. Après avoir procédé à une phase d’analyse du problème
de conception, nous mettrons l’emphase sur la définition du produit. À cette fin, nous exploiterons les
capacités de modélisation d’un logiciel de CAO. Nous devons cependant constamment avoir à l’esprit
que les phases ultérieures de la vie d’un produit (fabrication, entretien, recyclage, etc.) ont une
influence sur sa définition; cette préoccupation est au cœur même de l’ingénierie simultanée. C’est la
raison principale pour laquelle le cours a été intitulé « Développement de produits assisté par
ordinateur» et non « Conception de produits assistée par ordinateur ». De plus, la mise en pratique de
l’ingénierie simultanée exige le développement d’habiletés de travail d’équipe multidisciplinaire, de
Introduction à la méthodologie de développement 1.11
communication et de saine gestion de projet, autant d’aspects qui seront abordés dans ce cours, en
plus de l’application du processus de conception lui-même.
Tout au long de vos études en génie mécanique, vous développerez de nouvelles connaissances et
de nouvelles habiletés qui vous permettront de toujours mieux appliquer le principe d’ingénierie
simultanée.
1.8 Références
Carter, D. E. et Baker, B. S. (1992). Concurrent Engineering: The product development environment
for the 1990s. Reading, Massachusetts: Addison-Wesley Publishing Company.
Cross, N. (1994). Engineering design methods – strategies for product design. Chichester: John Wiley
and Sons, 2e édition.
Doré, S. et Basque, J. (1998). Influence de l’ingénierie sur le design pédagogique. Télé-université et
École de technologie supérieure.
Doré, S. et Basque, J. (1998). Les outils de prototypage/développement d’environnements
d’apprentissage informatisés. Télé-université et École de technologie supérieure.
Floyd, T.D., Levy, S. et Wolfman, A.B. (1993). Winning the product development battle. IEEE
Engineers Guide to Business series, B. Coburn, ed. New York: The Institute of Electrical and
Electronics Engineers Inc.
Hoover, W. et Jones, J.B. (1991). Improving engineering design – designing for competitive
advantage. Washington, DC: National Academy Press.
McMahon, C. et Browne, J. (1998). CAD/CAM – From principles to practice. Wokingham, Angleterre:
Addison-Wesley Publishing Company, 2e édition.
Ohsuga, S. (1989). Towards intelligent CAD systems. Computer-aided Design, 21(5), 315-337.
Pahl, G. et Beitz, W. (1994). Engineering Design. London: The Design Council/Springer.
Roozenburg, N.F.M. et Eekels, J. (1995). Product design: Fundamentals and methods. Chichester:
John Wiley and Sons.
Ulrich, K.T. et Eppinger, S. D. (1995). Product design and development. New York: McGraw-Hill Inc.
Chapitre 2
Analyse du problème
2.1 Introduction
La phase d’analyse du problème constitue la première étape du processus d’ingénierie d’un produit.
Si nous considérons ce processus, et plus particulièrement les étapes correspondant à la conception,
comme un processus de solution de problème, l’étape d’analyse correspond à bien poser le
problème. En effet, les besoins exprimés par les clients sont souvent très vagues et peu
opérationnels. À ces besoins s’ajoutent des contraintes ou restrictions qui imposent des limites aux
solutions possibles. Par exemple, lors de la conception d’un tournevis, le client peut imposer à
l’équipe de développement qu’il soit mû par un moteur électrique dont l’énergie provient de batteries
rechargeables. Les organismes de normalisation et diverses associations professionnelles imposent
des normes destinées à protéger le public, autre source de contraintes. Les membres de l’équipe de
développement devront préciser ces besoins et contraintes, leur assigner une priorité, identifier les
compromis, les quantifier, élaborer des barèmes d’évaluation afin de vérifier s’ils ont été rencontrés,
etc.
À la section suivante, nous définissons le concept de cahier des charges. À la section 2.3, nous
présentons une courte explication des principes du DFQ suivie d’une description sommaire de la
maison de la qualité. Nous enchaînons, à la section 2.4, avec la présentation d’une procédure
détaillée permettant de compléter la première maison de la qualité.
De plus en plus d’organismes appelés à développer de nouveaux produits font appel au déploiement
de la fonction qualité, une méthode créée par les japonais dans les années 1970 spécifiquement dans
le but de clairement identifier les besoins et attentes des clients (Youssef et Beauchamp, 1992). La
méthode repose sur une représentation graphique, nommée maison de la qualité.
LaFigure 2.2 illustre les « pièces » minimales que doit comporter une maison de la qualité. La pièce
numérotée «1» énumère les besoins et attentes des clients, exprimés en langage courant. Les clients
accordent une importance à ces attributs dans la pièce 2. Ces attributs sont traduits en
caractéristiques techniques dans la pièce 3, auxquelles nous fixerons un objectif quantifié ou cible
dans la pièce 4. L’ensemble d’une caractéristique et d’un objectif correspondant forme une
spécification technique. Les besoins sont souvent qualifiés de « quoi », alors que les spécifications
sont considérées comme des « comment ».
La pièce 5 sert à établir les relations entre les attributs clients et les spécifications techniques. À
chaque besoin doit correspondre au moins une spécification et vice versa. Dans la pièce 6, nous
calculerons le poids de chaque spécification technique. Le toit, ou pièce 7, permet d’établir comment
une spécification technique en affecte une autre, elle sert à définir les corrélations, positives ou
négatives, entre les spécifications. Cette pièce permet, entre autres, de détecter les sources de
compromis qui prennent la forme de corrélations négatives.
À ce « modèle de base », viennent souvent se greffer des options, par exemple une pièce servant à
comparer des produits concurrents (« benchmarking »), le coût anticipé pour atteindre les objectifs,
l’importance relative que l’équipe de développement accorde à chaque spécification technique, etc.
Analyse du problème 2.4
2
3
1 5 + = spécifications techniques
4
6
1: attributs clients
2: importance des attributs
3: caractéristiques techniques
4: objectif quantifié ou cible
5: matrice relationnelle (attribut/caractéristique)
6: importance des caractéristiques techniques
7: matrice de corrélation (caractéristique/caractéristique)
Figure 2.2 Maison de la qualité
2.4 Procédure
Dans cette section, nous définissons une procédure en 6 étapes à l’aide de laquelle vous cernerez le
problème de conception au mieux de votre connaissance. Les informations que vous générez en
cours d’exécution seront consignées dans le cahier des charges.
Machine-outil
sécuritaire
a.4) Créer des regroupements de manière à faire ressortir des liens qui unissent certains
attributs. Par exemple, dans la conception d’une nouvelle voiture, certains attributs pourrait
être identifiés sous le groupe « Marketing » afin de rendre la voiture attrayante pour les
futurs acheteurs (la voiture est puissante, la voiture est spacieuse, etc.) tandis qu’un autre
groupe « Entretien » pourrait concerner certaines préoccupations des éventuels
propriétaires (la voiture est fiable, les principaux éléments à entretenir sont faciles d’accès,
etc.).
d.4) Établir les relations entre les attributs clients et les spécifications techniques.
Pour chaque case de la pièce 5, on estime le degré de concordance entre une
caractéristique technique et un attribut. Il y a concordance lorsqu’un attribut peut être
évalué à l’aide d’une spécification. L’échelle à utiliser pour établir le degré de concordance
varie d’un praticien à l’autre. Nous vous suggérons d’utiliser la valeur 1 lorsque la
concordance est faible, 3 lorsqu’elle est moyenne et 5 lorsque forte. S’il n’y a aucune
concordance, ne rien inscrire. Notez que la concordance peut être négative si une
spécification va à l’encontre d’un attribut.
Une fois toutes les combinaisons attribut-spécification étudiées, on vous suggère de vérifier
les deux règles suivantes :
Une ou plusieurs concordances doivent obligatoirement se retrouver sur chaque
ligne et sur chaque colonne de la pièce 5. En d’autres mots, aucune ligne ni aucune
colonne de la pièce 5 ne doit être vide.
Chaque ligne et chaque colonne de la pièce 5 doit avoir au moins une valeur
positive de concordance.
d.5) Calculer l’importance relative de chaque spécification technique. Vous calculerez deux
facteurs d’importance, le premier en tenant compte du signe de la concordance (valeur
algébrique), et le second en en faisant abstraction (valeur absolue). Pour établir les facteurs
d’importance de chaque spécification, il suffit d’additionner tous les produits de la
concordance (valeur algébrique ou absolue) et de la cote de chaque attribut. La Figure 2.4
illustre un exemple de calcul pour les facteurs d’importance de la caractéristique 2.
Caractéristique 1
Caractéristique 2
Caractéristique 3
Caractéristique 4
Importance
Attribut 1 2 1 -1
Groupe 1 Attribut 2 1 5 3 1
Attribut 3 5 5
Attribut 4 2 3 -5
Groupe 2 Attribut 5 3 Concordance entre l’attribut 3
et la spécification 4
…
Valeur cible1 cible 2 cible 3 cible 4
Cible
Unités unités 1 unités 2 unités 3 unités 4
Facteur d’importance (valeur algébrique) 8 -5 1 26
Facteur d’importance (valeur absolue) 8 15 5 26
-5 = 1 x 5 + 2 x -5
15 = 1 x 5 + 2 x-5
Figure 2.4 Exemple de calcul du facteur d’importance
Analyse du problème 2.8
Exemple 1
Si nous augmentons la réduction de bruit dans l’habitacle, la résistance à la
pénétration d’eau se trouvera également augmentée (effet observé va dans le
même sens que l’effet désiré) donc la corrélation est positive (synergie).
Exemple 2
Si nous augmentons la réduction de bruit dans l’habitacle, nous augmenterons
la force nécessaire pour fermer la porte (effet observé va dans le sens contraire
à l’effet désiré) donc la corrélation est négative (compromis).
Exemple 3
Une augmentation de la réduction de bruit dans l’habitacle n’a aucun effet sur
la force nécessaire pour ouvrir la porte. Il n’y a donc pas de corrélation.
Analyse du problème 2.9
Masse () 35 kg 3 M 35 kg
2 35 kg < M 50 kg
1 50 kg < M 65 kg
0 M > 65 kg
2.5 Conclusion
La phase d’analyse du problème résulte en la rédaction d’un cahier des charges, document où sont
consignées toutes les données nécessaires à l’élaboration d’une solution adéquate aux besoins et
attentes exprimés par les clients, externes et internes, et aux contraintes imposées par les
organismes de normalisation. Malheureusement, le cahier des charges est souvent trop vague et les
données sujettes à interprétation, résultant en un produit qui ne satisfait pas le client.
Nous avons présenté ici une procédure en six étapes qui a pour but de cerner aussi complètement
que possible le problème. Elle permet également de préparer le terrain en vue de la sélection de la
solution jugée la meilleure parmi toutes les solutions qui seront élaborées ultérieurement. En
établissant les critères de sélection avant que les solutions ne soient produites, nous diminuons la
possibilité de privilégier inconsciemment une solution plutôt qu’une autre. En effet, la tentation est
grande de biaiser les critères de sélection lorsque les solutions sont connues et que nous désirons en
privilégier une au détriment des autres.
Analyse du problème 2.11
La procédure est fondée sur l’élaboration de la première maison de la qualité, étape initiale du
déploiement de la fonction qualité. Cette méthode aspire à conserver la « voix du client » depuis la
définition des besoins jusqu’à la planification de la production.
2.6 Références
Cohen, L. (1995). Quality function Deployment. How to make QFD work for you. Reading,
Massachusetts: Addison-Wesley Publishing Co., Engineering process improvement series.
Cross, N. (1994). Engineering design methods – strategies for product design. Chichester: John Wiley
and Sons, 2e édition.
Doré, S. et Basque, J. (1998). Influence de l’ingénierie sur le design pédagogique. Télé-université et
École de technologie supérieure.
Floyd, T.D., Levy, S. et Wolfman, A.B. (1993) Winning the Product Development Battle, IEEE
Engineers Guide to Business series, B. Coburn, ed. New York: The Institute of Electrical and
Electronics Engineers Inc.
King, B. (1989). Better Designs in Half the Time. Implementing QFD (Quality Function Deployment) in
America. 3e édition, Methuen, Ma : GOAL/QPC.
Ulrich, K.T. et Eppinger, S. D. (1995). Product design and development. New York : McGraw-Hill Inc.
Youssef, A.Y. et Beauchamp, Y. (1992) Le déploiement de la fonction qualité : l’ingénierie à l’écoute
du client. Qualité totale, 13(3), pp 19-22.
Analyse du problème 2.12
1
À la fin de chaque chapitre, un exemple d’application de la méthodologie est traité. Il s’agit d’une adaptation du « Défi
génie inventif 2006 », une compétition destinée aux étudiants québécois de niveau secondaire. Généralement, ces jeunes
utilisent une approche par prototypage (ou encore dite par essais et erreurs) pour fabriquer et modifier séquentiellement
leur produit jusqu’à ce que ce dernier offre les performances souhaitées. Même si le défi a été proposé à des jeunes du
niveau secondaire, nous l’utiliserons ici pour illustrer, de façon relativement simple, comment une approche analytique de
méthodologie de développement de produits peut être exploitée pour la conception d’un nouveau produit.
2
Il est à noter que certains besoins tels la facilité de fabrication et l’ajustabilité n’ont jamais été explicitement définis dans
la description du problème. Ils ont été apportés par l’équipe de conception. De plus, certains autres besoins comme
l’esthétique auraient été considérés si le produit avait été ultimement destiné à la vente.
Analyse du problème 2.13
Restrictions
Le véhicule assemblé doit entrer dans une boîte de 50 cm x 50 cm x 50 cm.
Une seule pile 9 V est permise si l’électricité est employée pour alimenter certaines composantes
du véhicule.
Personne ne peut intervenir dans le fonctionnement du véhicule une fois la ligne de départ
franchie.
Aucune pièce de jeu de construction commerciaux (Lego, K’nex, etc.) n’est autorisée.
Seulement des outils manuels (scie, perceuse, etc.) peuvent être employés pour fabriquer le
véhicule.
La balle ne peut toucher au sol en aucun temps.
Le coût total du véhicule ne doit pas excéder 50 $.
Analyse du problème 2.14
Maison de la qualité
_ +_
Nombre d'ajustements
Risque de défaillance
Temps de parcours
Nombre de pièces
Le véhicule est ...
Fonctionnement rapide 5 5
prévisible 5 -3 5 1
facile à fabriquer 2 5 -3
Fabrication ajustable 3 5
3 ajust.
20 pcs
5s
Importance algébrique 10 25 10 14
Importance absolue 40 25 10 26
Barèmes d’évaluation
Caractéristique Cible Cote Barème
3 tp ≤ 5
Temps de parcours () 5s 2 5 < tp ≤ 15
1 15 < tp ≤ 25
0 tp > 25
3 Très faible
Risque de défaillance () 2 Faible
1 Moyen
0 Élevé
3 np ≤ 20
Nombre de pièces () 20 pièces 2 20 < np ≤ 35
1 35 < np ≤ 50
0 np > 50
3 na ≥ 3
Nombre d’ajustements () 3 ajustements 2 na = 2
1 na = 1
0 na = 0
Chapitre 3
3.1 Introduction
Tout au long de sa carrière, l’ingénieur doit trouver des solutions innovatrices à des nouveaux
problèmes de type ouvert et souvent vaguement définis. De plus, une des caractéristiques
importantes de la profession d’ingénieur est l’innovation technologique et la recherche constante des
idées nouvelles pour développer de nouveaux produits ou améliorer les produits existants.
La recherche de solutions devient donc l’étape la plus intéressante dans la méthodologie du design
présentée plus tôt durant le cours.
Ce chapitre a comme objectifs de :
faire un rappel au processus de résolution de problème,
présenter les particularités du modèle créatif,
faire l’inventaire des approches fondamentales utilisées pour la production d’idées, et
présenter en détail le remue-méninges comme outil principal de créativité.
Après avoir décrit brièvement les approches et les techniques développées et raffinées par plusieurs
auteurs au sujet de la créativité, un inventaire de divers outils sera dressé. Nous décrirons avec plus
de détails et à travers plusieurs exercices pratiques le remue-méninges comme outil utilisé
fréquemment pour la recherche de solutions ou la production d’idées.
b. L’approche combinatoire
Cette approche est comparable à la personne qui est absorbée par son problème sans pouvoir
s’en dégager, au point où elle lui associe chacun des éléments qui entre, au hasard, dans le
champ de son attention. Les participants à la réunion examinent les problèmes et leurs solutions,
sous un même angle et en même temps.
Les outils utilisés sont :
les relations forcées
les matrices de découverte
le remue-méninges imaginaire
les 6 chapeaux de « de Bono »
Recherche de solutions (créativité) 3.4
c. L’approche analogique
Cette dernière approche est basée sur la ressemblance ou l’analogie qui existe entre des
situations existantes dans les univers différents. Voici quelques exemples :
Un objectif photo ressemble à un œil, son diaphragme se compare à la pupille de l’œil
Le bouton poussoir d’une perceuse sans fil ressemble à la gâchette d’un pistolet
Le roulement à rotule ressemble à l’articulation du poignet ou du genou, etc.
Les personnes créatives faisant appel à cette approche sont reconnues pour leur grande capacité
visuelle de mémoriser des objets et des événements et de les mettre à profit ultérieurement.
Ici les techniques sont :
L’analogie directe
L’analogie symbolique
La stimulation pour l’image
La négation systématique
Par contre voici quelques attitudes qui peuvent empêcher l’expression du potentiel créateur de
l’individu :
a. Le conformisme
Éviter de se distinguer du groupe pour ne pas irriter les susceptibilités et garder son jugement
personnel pour soi-même. Cette attitude ne favorise pas la recherche et l’expression de
l’originalité.
b. La rigidité de la pensée
C’est notre mode de pensée rationnel qui nous conduit à croire, faussement, qu’il n’existe qu’une
et une seule bonne réponse à un problème; rigidité dans la pensée, dans les normes et dans le
comportement. C’est l’exemple de l’organisation qui encadre son personnel de façon stricte et
qui, en même temps, lui demande d’innover …
c. La crainte du ridicule
Recherche de solutions (créativité) 3.6
Le fameux « Qu’en dira-t-on ? »; la peur de faire rire de soi-même et de perdre sa notoriété, son
prestige personnel qui nous conduit à ne plus prendre de risque non calculé.
d. Le jugement hâtif
« Es-tu fou ? », « Ça n’a pas de sens ! », « On l’a déjà essayé … », « Ça ne marchera pas »,
etc…
Rappelons que le remue-méninges est une technique utilisée dans une des phases de la
méthodologie de design. Il ne permet pas à lui seul la résolution de problèmes. Une fois la séance de
remue-méninges terminée, les membres de l’équipe se trouvent devant une grande quantité d’idées
écrites qu’ils doivent classer, raffiner, combiner ou modifier pour trouver des solutions pratiques et
applicables à leur projet.
Recherche de solutions (créativité) 3.7
les méninges ». On ne doit cependant pas incommoder les membres n’ayant pas
d’idées en leur permettant de passer leur tour.
La méthode non structurée :
Le participant ayant une idée à l’esprit peut demander la parole. L’animateur lui laissera
la parole aussitôt. Cette méthode permet aux membres « plus créatifs » de présenter le
plus de solutions possibles sans être obligés d’attendre leur tour. De plus, on peut faire
du pouce sur les idées qu’on vient de pondre, ce qui permet de multiplier le nombre
des idées produites.
Il y a-t-il d'autres
moyens.
Peut-on exploiter
telle solution
Hé ! Les Einstein
Merci
Temps
Quels autres usages? De nouveaux usages pour s’en servi tel quel? D’autres usages par
modification?
Adapter? Qu’est-ce qui ressemble à ceci? Quelles autres idées cela suggère-t-il? Le
passé nous offre-t-il des analogies? Que pourrais-je copier? Que pourrais-je utiliser comme
source d’émulation?
Diminuer? Que peut-on soustraire? Doit-on le rendre plus petit? Plus compact? Miniature?
Plus bas? Plus court? Plus léger? Que peut-on en supprimer? Comment le rendre plus
aérodynamique? Comment le diviser en pièces? Comment le déclasser?
Substituer? Qui mettre à la place? Que mettre à la place? Quels autres ingrédients de
remplacement? Quels autres matériaux, autres procédés, autre source d’énergie, autre
endroit? Autre façon de le résoudre? Autre ton de voix?
3.10.1 Le brainwriting
Le « brainwriting » ou remue-méninges écrit est une des variables du remue-méninges. Il
a l’avantage de favoriser la production et la consignation des idées par écrit, dans le
silence. Cet outil peut donc être utilisé lors des travaux préparatifs à la séance du remue-
méninges
Le remue-méninges écrit permet une bonne concentration sur le sujet traité et se pratique
seul ou en groupe.
Recherche de solutions (créativité) 3.10
3.11 Conclusion
Il est souvent dit que créer, s’est souvent 10% d’inspiration et 90% de transpiration! On ne doit pas
donc être seulement très créatif. Il faut créer un environnement propice pour que tous les membres de
l’équipe participent pleinement à cet exercice. C’est un départ d’avoir le don de proposer de multiples
solutions pour résoudre un problème bien identifié. Mais on ne doit pas s’arrêter là. Par la suite un
travail d’analyse, de classement et de tri doit s’effectuer pour finalement se retrouver avec deux ou
trois solutions pratiques et réalisables. L’étape suivante sera de choisir la meilleure solution à votre
problème. À vous de jouer !
3.12 Références
1. Ritter, D. et Brassard, M., « The Creative Tools Memory Jogger © », GOAL/QPC, 1998
2. Hydro Québec, « Créativité et innovations », Hydro Québec, Montréal, 1998.
3. Guillot, Y. « L’esprit créatif au service de la qualité total », Congrès annuel de l’Association
Québécoise de la Qualité », Québec, 1991.
4. Notes de cours 2.190 et MEC 100 de l’École Polytechnique de Montréal.
5. Cossette, C., « La créativité : une nouvelle façon d’entreprendre », Publications
Transcontinentales, Montréal, 1990.
6. deBono, E., « Six chapeaux pour penser », Inter Éditions, Paris, 1987.
7. Osborn, A., « L’imagination constructive », Dunod, Paris, 1971.
8. Plser, P.E., « Creativity, Innovation, and Quality » ASQ Press, Milwakee, 1997.
Recherche de solutions (créativité) 3.11
Balle
Haie
Moteur
Entonnoir
Membrure
Levier Catapulte
Recherche de solutions (créativité) 3.12
Concept 2 : La came
Le véhicule est muni de quatre roues, d’un moteur électrique et d’une courroie de transmission qui
transmet la puissance du moteur aux roues postérieures pour faire avancer le véhicule à vitesse
constante. Quand le véhicule avance, les roues antérieures entraînent une came par l’entremise
d’une courroie de synchronisation. Le diamètre des roues antérieures et le rapport de vitesse de la
transmission de synchronisation permettent d’avoir exactement une rotation de la came pour chaque
mètre d’avancement du véhicule. Ainsi, à chaque mètre parcouru, la came tourne et fait pivoter le
levier autour du pivot jusqu’à ce que la « marche » dans le profil de la came oblige le ressort à
ramener abruptement le levier en position horizontale, ce qui projette verticalement la balle dans les
airs. Après avoir survolé la haie, la balle retombe dans l’entonnoir.
Ressort Balle
Haie
Came
Moteur
Courroie de
synchronisation
Entonnoir
Recherche de solutions (créativité) 3.13
Concept 3 : Le solénoïde
Le véhicule à quatre roues est poussé à la main car la source d’alimentation électrique, une pile 9 V,
sert à alimenter un solénoïde. Quand le véhicule passe sous une haie, l’antenne métallique flexible se
déforme sous l’action de la haie jusqu’à ce qu’elle touche au contact. Le circuit électrique est alors
fermé et la pile fait circuler un courant électrique dans la bobine (enroulement de fil électrique). Un
champ magnétique est ainsi généré et le noyau d’acier qui constitue la tige du plateau est alors
propulsé vers le haut. Pendant que la balle est projetée dans les airs, le véhicule passe sous la haie,
l’antenne reprend sa forme initiale et le courant est coupé. La balle retombe finalement dans
l’entonnoir jusqu’à ce que la prochaine haie referme le circuit.
.
Contact
Pile Balle
Antenne
Haie Plateau
Noyau
Bobine
Entonnoir
Chapitre 4
Choix d’une solution
4.1 Introduction
Nous sommes maintenant rendus à la troisième phase du processus de développement de produit,
celle qui porte sur le choix d’une solution. En effet, nous avons déjà procédé aux phases d’analyse du
problème et de recherche de solutions. La phase de raffinement de solution est la plus onéreuse en
termes de ressources humaines et matérielles. Il serait beaucoup trop coûteux de déterminer la
meilleure solution en fabriquant des prototypes physiques puis en les testant. C’est pourquoi nous
devons prendre cette décision importante dès maintenant. Cependant, nous profiterons de la
puissance de la CAO pour développer des prototypes virtuels de chaque concept prometteur afin de
pouvoir estimer le plus précisément possible les performances de chacun d’eux.
Comment procéderons-nous pour faire ce choix ? Nous pourrions :
choisir la première solution produite;
nous fier à notre intuition et sélectionner la solution qui nous semble la meilleure;
nous rallier à la décision d’un membre influent, celui-ci promouvant sa solution préférée;
confier la décision à un groupe externe, des clients par exemple;
dresser une liste des avantages et inconvénients de chaque solution et choisir par consensus;
évaluer chaque solution à l’aide de critères pondérés et prédéfinis.
Pour des considérations d’objectivité et de coût, c’est la dernière solution que nous privilégions. À la
section 4.2, nous nous penchons sur le concept de la matrice de décision qui forme le cœur de la
méthode de décision que nous avons retenue. À la section 4.3, nous examinons les critères de
sélection et leur pondération. Les sections 4.4 et 4.5 sont consacrées respectivement au filtrage des
solutions puis à la sélection de la solution finale.
Solutions
Critères Pondération Concept A Concept B Concept C Concept D Concept E …
Critère 1 P1 2 0 3
Critère 2 P2 1 2 1
Critère 3 P3 0 1
Critère 4 P4 3 3
Critère 5 P5 1 2
… … …
Pointage
Rang
Valeur 18 50
Unités J N
Facteur d'importance (valeur algébrique) 5 1
Facteur d'importance (valeur absolue) 13 25
Solutions
Critères Pondération Concept A Concept B Concept C Concept D
Critère 1 P1
Critère 2 P2
Force pour fermer 25
Critère 4 P4
Critère 5 P5
… … …
Pointage
Rang
Le facteur d’importance (en valeur absolue) calculé dans la maison de la qualité pour la
caractéristique technique constitue le facteur de pondération du critère de décision, également appelé
poids. Ainsi l’importance accordée à la spécification technique « Force pour fermer » qui prend la
valeur « 25 » dans la Figure 4.2, a été reportée dans la colonne intitulée « Pondération » de la Figure
4.3.
La capacité d’une solution à rencontrer un critère, c’est-à-dire son résultat, est établi grâce au barème
élaboré antérieurement.
Choix d’une solution 4.4
Solutions
Critères Pondération Concept A Concept B Concept C Concept D Concept E …
Critère 1 12 0 0 +1
Résultat:reflète la performance de ce
Critère 2 11 0 +1 +1 concept (Concept B) comparativement
Critère 3 9 0 +1 au concept de référence (Concept A) à
satisfaire un critère donné (Critère 2)
Critère 4 9 0 0
Critère 5 8 0 -1
… … …
Pointage 0 17
Rang
Il est fort possible qu’à ce stade-ci vous décidiez de développer de nouveaux concepts en combinant
les caractéristiques de différentes solutions ayant obtenu le résultat de +1. Après cette nouvelle
séance de production de solutions, reprenez le filtrage si cela s’avère nécessaire.
Choix d’une solution 4.5
Solutions
Critères Poids Concept A Concept B Concept C Concept D Concept E …
Critère 1 10 2 0 3 Résultat
Critère 2 15 1 2 1 Le résultat reflète la capacité
d’un concept à satisfaire un
Critère 3 3 0 1 critère selon le barème établi
Critère 4 7 3 3 pour ce critère. Le Concept C a
Critère 5 12 1 2 obtenu un résultat de « 1 » pour
le Critère 2.
… … …
Pointage 210 363
Rang
Pointage
Pour un concept donné, le pointage
correspond à la somme des produits entre
le poids d’un critère et le résultat
correspondant
4.6 Conclusion
Le choix d’une solution parmi toutes les solutions produites ne devrait pas être laissé au hasard ni
être fondé exclusivement sur notre intuition. Nous avons développé une procédure en deux étapes,
dont les pierres d’assise sont des matrices de décision faisant usage de critères de sélection objectifs.
La première étape consiste à filtrer les solutions afin de réduire leur nombre. La deuxième étape
consiste à sélectionner une solution finale. Les étapes diffèrent par le niveau de détail et le type de
matrice de décision.
Choix d’une solution 4.6
Les critères de sélection correspondent aux attributs clients traduits en termes quantifiables à l’aide
de la spécification technique la plus pertinente. Nous faisons usage de l’importance accordée à
chaque attribut client pour pondérer le poids du critère. De plus, les solutions sont évaluées par
rapport à chaque critère en utilisant un barème pré-établi. En effet, les attributs, les spécifications, leur
poids et les barèmes ont tous été définis à la phase d’analyse du problème permettant ainsi d’éviter
de biaiser les critères en fonction d’une solution particulière.
Il convient de terminer en mentionnant que la technique présentée ici n’est qu’un outil d’aide à la
décision. Il revient à l’équipe de développement de faire le choix définitif, particulièrement lorsque
deux ou même plusieurs solutions obtiennent des pointages semblables. Une légère modification de
l’importance attribuée aux attributs clients affecte le poids d’un critère d’évaluation ce qui peut
changer le choix de la solution finale. Cette technique aura tout au moins l’avantage d’éliminer les
solutions qui ont le moins de potentiel et de le faire relativement objectivement.
4.7 Références
Cohen, L. (1995) Quality function deployment. How to make QFD work for you. Reading,
Massachusetts : Addison-Wesley Publishing Co, Engineering process improvement series. XX-348 p.
Ulrich, K.T. et Eppinger, S. D. (1995). Product design and development. New York : McGraw-Hill Inc.
Choix d’une solution 4.7
Principales caractéristiques
La propulsion est assurée par un moteur électrique couplé aux roues antérieures par
l’entremise d’un train d’engrenages.
La lancer vertical de la balle est initié par un contact mécanique entre les haies et le levier qui
fait pivoter la catapulte par l’entremise de la membrure.
Un entonnoir est prévu pour récupérer la balle même si elle dévie légèrement de sa trajectoire.
La structure principale du véhicule est en acrylique (plexiglas transparent) pour bien voir le
fonctionnement du mécanisme.
L’assemblage de la structure est réalisé par des boulons et des écrous.
Le repositionnement de la balle sur la catapulte pour le prochain lancer est assuré
latéralement par les deux côtés, à l’avant par la catapulte et à l’arrière par le guide courbé.
Le point d’attache entre le levier et la membrure est modifiable grâce aux trous d’ajustement
percés dans le levier. La vitesse de projection de la balle peut ainsi être ajustée.
Prototype virtuel
Levier
Côté (2)
Membrure
Guide
Catapulte
Équerre (4)
Temps de parcours
Diverses composantes affectent le temps requis par le véhicule pour franchir les 4 mètres. Il y
a le moteur, les engrenages de la transmission et le diamètre des roues. Pour débuter la
conception, on pose l’hypothèse suivante : lorsqu’une haie est franchie, la balle passe la
moitié du temps dans les airs et l’autre moitié du temps est nécessaire pour bien repositionner
la balle sur la catapulte en vue de la prochaine haie. Puisque la vitesse du véhicule est
constante et que les haies sont distancées de 1 m, la balle doit donc quitter le véhicule et y
revenir sur une distance de 0.5 m. Le schéma suivant montre en traits pointillés la trajectoire
de la balle qui, au voisinage d’une haie, prend 0.5 m pour monter et descendre alors que
l’autre 0.5 m est utilisé pour le repositionnement de la balle. De plus, connaissant les
dimensions géométriques du véhicule, de la balle et des haies, on sait que la balle doit monter
et descendre de 0.12 m pour franchir une haie. Cette valeur comprend une marge de sécurité
de 0.03 m entre le dessous de la balle et le dessus d’une haie.
Montée +
Descente
Haies (3) 0.5 0.5
0.12 Balle
1 1 1 1
Ligne Ligne de
d'arrivée départ
Choix d’une solution 4.9
L’équation d’un corps en chute libre avec une vitesse initiale nulle (h = ½ g t2, où h, g et t
sont respectivement la hauteur, la gravité de 9.8 m/s2 et le temps) permet de calculer le temps
de descente, soit t = 0.16 s pour franchir h = 0.12 m. Puisque le temps de montée est le
même, la balle reste donc dans les airs pendant environ 0.32 s. Pendant ce temps, le véhicule
parcourt 0.5 m à une vitesse d’avance de 0.5 m 0.32 s = 1.56 m/s. Le temps de parcours
pour traverser le corridor de 4 m est donc évalué à 2.5 s (4 m 1.56 m/s).
Pour être capable d’atteindre un tel temps de parcours, les roues de 25.4 mm, qui avance de
0.08 m à chaque tour, doivent donc tourner à une vitesse 19.5 RPM (1.56 m/s 0.08 m/tour).
Puisque les forces impliquées dans le fonctionnement de ce véhicule sont faibles, le moteur
retenu, le modèle T3470-3 de la compagnie ABC Inc., n’aura aucune difficulté à faire avancer
le véhicule à la vitesse prescrite. En effet, selon sa fiche technique, ce moteur tourne à
245 RPM lorsqu’il est alimenté par une tension de 9V. Le ratio du nombre de dents de
l’engrenage monté sur l’essieu des roues sur le nombre de dents de l’engrenage monté sur
l’arbre du moteur doit donc être d’environ 12.5 (245 RPM 19.5 RPM).
Risque de défaillance
Le risque de défaillance de ce véhicule et faible car le comportement et très répétable d’un
essai à l’autre lorsqu’une configuration fonctionnelle est trouvée.
Nombre de pièces
Le nombre de pièces de ce véhicule, excluant les fils électriques et les éléments de fixation
tels les vis et les joints collés, s’élève à 31 :
Nombre d’ajustements
Ce véhicule est doté d’un seul ajustement. En effet, le levier est muni d’une série de trous qui
peuvent accueillir la membrure. En changeant la membrure de place, la vitesse de projection
de la balle est modifiée. L’ajustement final sera choisi lors des essais réalisés sur le prototype
physique.
Choix d’une solution 4.10
Concept 2 : La came
Principales caractéristiques
La propulsion est assurée par un moteur électrique couplé aux roues postérieures par
l’entremise de poulies et d’une courroie de transmission. Le diamètre des roues postérieures
est ajusté de façon à avoir la bonne vitesse d’avance du véhicule.
Le diamètre des roues antérieures et le ratio de diamètre des poulies de la courroie de
synchronisation sont ajustés de façon à ce que la came tourne exactement d’un tour à chaque
mètre parcouru par le véhicule.
Quand le véhicule avance, la came tourne et le levier s’arme jusqu’à ce que la marche dans le
profil de la came permette aux ressorts de ramener abruptement le levier en position
horizontale. Le levier entre alors en contact avec la balle qui est propulsée verticalement dans
les airs. De cette façon, aucun contact avec les haies n’est nécessaire.
Un entonnoir est prévu pour récupérer la balle même si elle dévie légèrement de sa trajectoire.
Les principaux éléments de la structure du véhicule sont en bois et ils sont collés entre eux.
Porte-entonnoir
Prototype virtuel Ressort (2)
Balle
Entonnoir
Travers (4)
Levier
Came
Grosse poulie
Moteur
Courroie de
transmission
Courroie de
synchronisation
Roue postérieure (2)
Essieu (4)
Roue antérieure (2)
Panneau (2) Petite poulie (3)
Choix d’une solution 4.11
Temps de parcours
Tous les développements élaborés précédemment qui ont mené au temps de 2.5 s
s’appliquent à nouveau ici. Cependant, puisqu’une transmission par courroie est préconisée et
que les poulies employées dans la transmission du véhicule ont le même diamètre, il faut donc
utiliser un moteur qui tourne nettement moins rapidement. Celui retenu est un moteur à
engrenage distribué par la compagnie ABC Inc. (modèle B1244-2). Si les roues postérieures
motrices tournent à 130 RPM, elles doivent donc avoir un diamètre d’environ 0.23 m pour
obtenir une vitesse d’avance de 1.56 m/s.
Risque de défaillance
Le risque de défaillance de ce véhicule et faible car comme le concept 1, le comportement est
très répétable d’un essai à l’autre.
Nombre de pièces
Le nombre de pièces de ce véhicule, excluant les fils électriques et les éléments de fixation
tels les vis et les joints collés, s’élève à 29 :
Nombre d’ajustements
Ce véhicule n’est doté d’aucun ajustement. Par conséquent, si la balle ne franchit pas les
haies, il faut fabriquer de nouvelles pièces pour avoir un véhicule fonctionnel.
Choix d’une solution 4.12
Concept 3 : Le solénoïde
Principales caractéristiques
Le véhicule est poussé manuellement car la seule pile 9V autorisée est utilisée pour alimenter
le solénoïde.
Quand l’antenne entre en contact avec une haie, elle épouse la forme du déflecteur jusqu’à ce
quelle touche au contact. Le circuit électrique est alors fermé et la bobine est alimentée par un
courant électrique. Le noyau réagi au champ magnétique généré dans la bobine en se
déplaçant violemment vers le haut, ce qui expulse verticalement la balle du véhicule.
Un entonnoir est prévu pour récupérer la balle si elle dévie légèrement de sa trajectoire.
Les principaux éléments de la structure du véhicule sont en bois et ils sont collés entre eux.
La position de l’entonnoir et du mécanisme d’expulsion de la balle est modifiable grâce aux
trous d’ajustement percés dans les panneaux.
Prototype virtuel
Fil électrique (3)
Entonnoir Balle
Antenne Contact
Plateau
Déflecteur et noyau
Essieu (2)
Tube
guide
Porte
antenne
Support
Batterie 9V
Base Trous Bobine
Panneau (2)
Roue (4) d’ajustement
Choix d’une solution 4.13
Temps de parcours
Le temps de parcours est contrôlé par la personne qui pousse le véhicule. Ainsi, il est tout à
fait possible d’atteindre les 2.5 s calculé précédemment avec une poussée manuelle.
Risque de défaillance
Le risque de défaillance de ce véhicule est élevé car si la personne pousse le véhicule trop
rapidement, la balle n’aura pas le temps de revenir dans le véhicule entre deux haies. À
l’opposé, si le véhicule est poussé trop lentement, il est possible que la balle n’ait pas le
temps de franchir la haie et qu’elle entre en contact avec cette dernière.
Nombre de pièces
Le nombre de pièces de ce véhicule, excluant les fils électriques et les éléments de fixation
tels les vis et les joints collés, s’élève à 20 :
Nombre d’ajustements
Ce véhicule est muni de deux ajustements. Le premier est la vitesse d’avance du véhicule qui
est contrôlée par la personne qui le pousse. Le second ajustement est la distance entre
l’antenne et la balle. En effet, à cause de la série de trous prévus dans les panneaux, il suffit
de déplacer les points d’attache du support pour avoir une balle qui quitte le véhicule plus ou
moins près de la haie lorsque le solénoïde est actionné.
Choix d’une solution 4.14
Membrures
Solénoïde
Came
Valeur
Valeur
Valeur
Cote
Cote
Cote
Temps de parcours 40 2.5 s 3 2.5 s 3 2.5 s 3
Risque de défaillance 25 Faible 2 Faible 2 Élevé 0
Nombre de pièces 10 31 pcs 2 29 pcs 2 20 pcs 3
Nombre d'ajustements 26 1 ajust. 1 0 ajust. 0 2 ajust. 2
Pointage 216 190 202
Rang 1 3 2
Le concept démontrant le plus de potentiel est « Les membrures ». C’est ce dernier qui serait
retenu si un prototype physique devait être fabriqué puis testé.
Le concept « Les membrures » pourrait être amélioré en vue de la fabrication du prototype
physique qui serait éventuellement mis à l’essai. En effet, puisque sa principale lacune est le
nombre d’ajustements (cote de 1), il serait avantageux de rendre d’autres paramètres
ajustables comme la vitesse d’avance du véhicule (en utilisant par exemple une résistance
électrique variable entre la batterie 9V et le moteur pour faire varier la vitesse de ce dernier).
Les trois concepts ont obtenu des pointages relativement similaires, ce qui démontre qu’il
existe plus d’une façon efficace de réaliser le mandat.
Le temps de parcours n’a finalement pas été un aspect décisif car les trois concepts ont
surpassé la cible établie et ont ainsi obtenu la cote maximale de 3.
Le solénoïde est un concept intéressant car il n’a qu’une seule faiblesse, en l’occurrence le
risque de défaillance. Cependant, cette faiblesse engendrée par la poussée manuelle du
véhicule est à la fois une de ses forces, surtout au niveau du nombre d’ajustements.
Seulement le nombre d’ajustements a permis de rejeter le concept « La Came » par rapport
au concept retenu. Si ce concept était doté d’ajustements (par exemple la possibilité de
déplacer horizontalement l’entonnoir qui positionne la balle par rapport au levier ou la
possibilité de faire varier la vitesse du véhicule), ce concept deviendrait très prometteur.