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Table des matières

I/ Présentation de l’environnement du stage............................................................... 1


A) Historique de l’entreprise et situation géographique ......................................... 1
B) Présentation des productions, label qualité et organisation interne .................. 3
C) Mes réalisations, mon travail et mes recherches m’ayant amené à cette
problématique.......................................................................................................... 5
II/ Données sur l’essai réalisé en entreprise ............................................................... 6
A) Venturia inaequalis, mise en exergue du pathogène : physiologie, symptômes
et fonctionnement .................................................................................................... 7
B) Expérimentation de l’application de talc sur verger de pommiers dans le cadre
du traitement contre Venturia inaequalis ............................................................... 10
1. Présentation manipulation ........................................................................... 10
2. Catégorie PNPP et autres utilisations........................................................... 11
A) Mesures et analyses des résultats, quelle efficacité pour quel avenir
économique ? ........................................................................................................ 12
1. Comment mesurer l’infestation : méthode et processus .............................. 12
2. Données/calcul/variance ............................................................................. 13
3. Données économiques ................................................................................ 14
III/ Réglementation et alternatives ............................................................................ 14
A) Réglementation des produits phytosanitaires utilisés contre Venturia inaequalis
14
B) Effets et perspectives sur les alternatives ....................................................... 16
C) Alternatives viables et appliquées : efficacité et coût ...................................... 18
Pomme ou poire, chaque année le combat est le même. Mené contre Venturia
précisément inaequalis dans la pomiculture, ce dossier fera l’objet d’une étude
approfondie sur ce pathogène qui mène de nombreux arboriculteurs à envisager des
méthodes de lutte efficaces et rentables. Grâce à l’immersion pendant plusieurs
semaines dans les vergers de Bellard Crochet ainsi que par l’appui de recherches
bibliographiques, ce dossier contient une réflexion progressive sur la prévalence et
les modes d’action pour agir efficacement contre Venturia inaequalis dans les
vergers. En parallèle, un essai technique a été mené dans le cadre d’application de
talc sur des variétés sensibles à la tavelure. La première partie de ce dossier
présentera les différents aspects de l’environnement de cette étude. La seconde
partie décrira le fonctionnement de Venturia Inaequalis et de son cycle biologie.
Enfin, la troisième partie exposera la réglementation de plusieurs alternatives à la
lutte contre ce pathogène.

Pourquoi avoir choisi cette entreprise ? :

À la suite de mon baccalauréat professionnel et de mon BTS Production


Horticole, je me suis spécialisé dans la production vivrière notamment par mon
apprentissage dans l’entreprise Légumes de Loire. N’ayant jamais eu d’expérience
dans l’arboriculture, je souhaitais approfondir l’interdisciplinarité de l’horticulture dans
ce domaine qui m’attirait. C’est dans cette optique que j’ai postulé afin d’effectuer
mon stage dans l’entreprise Bellard Crochet.

I/ Présentation de l’environnement du stage

A) Historique de l’entreprise et situation géographique

Bellard-Crochet est une entreprise de


production horticole spécialisée dans la
pomiculture et la production de fleurs sous
serre. Cette entreprise a été créée en 1960
par les deux beaux-frères Louis Bellard et
Louis Crochet. Au départ, Bellard-Crochet
était une entreprise de production maraichère

Figure 1Logo de l'entreprise Représentation de la situation de Bellard Crochet dans la ville d'Angers
Bellard Crochet (source Googlemaps)
sous tunnel avec une superficie de 18 000 mètres carré occupés principalement par
des tunnels. Au fil des ans, l’entreprise s’est reconvertie dans la floriculture et
l’arboriculture. Aujourd’hui, ce GAEC (Groupement Agricole d’Exploitation en
Commun) est dirigé par quatre personnes et est divisé en deux établissements.

Le siège social se situe à Sainte-Gemmes-sur-Loire à 7 kilomètres du centre


d’Angers. Cette proximité avec Angers permet d’attirer par les transports en commun
des personnes qui ne sont pas motorisées. Le deuxième site de production se situe
à Bouchemaine à 7 kilomètres de Saint-Gemmes-sur-Loire. La distance entre les
parcelles de l’entreprise nécessite une logistique particulière devant répartir, selon
les besoins, les tracteurs et plateformes de récolte ainsi que l’ensemble des salariés.
Cela induit également un encadrement spécifique.

Visualisation du verger de Sainte Gemmes sur Loire (source


géoportail)

Visualisation du verger de Bouchemaine (source géoportail)


B) Présentation des productions, label qualité et organisation interne

Mon stage s’est déroulé exclusivement dans la partie arboricole de


l’entreprise, c’est pourquoi je ne décrirai que celle-ci. L’entreprise possède 45
hectares de vergers répartis sur deux sites de production : 15 hectares à Sainte-
Gemmes-sur-Loire et 30 hectares à Bouchemaine. Se partageant entre pommiers et
poiriers dans une plus faible mesure, la production annuelle s’élève à 3000 tonnes
de pommes. Huit variétés de pommes, sélectionnées exclusivement en fonction de la
demande du marché, sont mises en culture dans un système de production en
drapeau.

En termes de production, les différentes variétés de pomme sont réparties de


façon hétérogène entre les deux sites de production afin de concentrer les équipes
durant la récolte sur un seul site. En outre, le verger de Bouchemaine contrairement
à celui de Sainte-Gemmes n’est pas relié au réseau d’eau agricole ce qui occasionne
durant les périodes de sécheresse un déficit hydrique induisant le plus souvent à un
phénomène appelé cracking. Le cracking désigne des fissures apparentes sur la
pomme, causées par un manque d’eau durant le développement du fruit.

Ensuite, l’intégralité de la vente se fait via la coopérative Blue Whale.

Blue Whale est un regroupement comptant 300 producteurs et 16 stations de


calibrage réparties dans le Val de Loire, le Centre, les Alpes, la Provence et la Vallée
de la Garonne. Les récoltes de l’entreprise sont acheminées une fois par semaine
dans l’une des quatre stations de conditionnement d’Angers. Les stations de
conditionnement s’occupent de laver, calibrer, packager et commercialiser les
pommes et poires des entreprises faisant partie du groupe.

3 Logo de la coopérative
BlueWhale (source site internet Carte représentent les 5 usine de calibrage dans
Bluewhale) la région pays de la Loire(source site internet
Bluewhale)
L’entreprise a acquis au fil du temps des labels attestant de la qualité des
méthodes employées par l’entreprise. L’un des labels les plus importants est la
certification HVE (Haute Valeur Environnementale) qui garantit les efforts effectués
par l’entreprise pour enrichir la biodiversité au sein des vergers. Ces efforts se
traduisent par l’installation de gîtes afin d’attirer des espèces d’oiseaux, de chauve-
souris et d’insectes favorisant la biodiversité fonctionnelle et donc à un impact positif
sur les populations de ravageurs. En outre, cette certification implique une diminution
des intrants chimiques par une approche raisonnée concernant la lutte sanitaire et la
fertilisation des sols. Par la même occasion, un autre label est en cours d’obtention. Il
s’agit du label AB Agriculture Biologique. En effet, une parcelle de de 12 000 mètres
carré contenant plus d’une dizaine de variétés de pommes est en cours de transition
afin d’acquérir cette certification AB.

Logo français du label Agriculture Logo du label Haute Valeur


Biologique (source agrifind.fr) Environnementale (source agrifind.fr)

En parallèle, l’un des gérants de l’entreprise, possédant une expérience


professionnelle dans le domaine de la production de petits fruits, a entrepris
l’implantation de framboises hors sol en serre froide et de myrtilles en pleine terre.
Un projet de libre cueillette est également en cours de création. Il associera la
parcelle de pommes en production biologique avec la production de myrtilles.

Du fait des deux productions horticoles qui composent Bellard Crochet,


l’entreprise possède une organisation particulière sur le plan administratif. En effet,
les parties floriculture et arboriculture sont séparées par des statuts juridiques
différents. C’est ainsi que l’entreprise possède le statut de SCEA (Société Civile

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d'Exploitation Agricole) et le statut de GAEC. A savoir que ces deux entreprises
possèdent les mêmes dirigeants. Comme nous pouvons le voir sur l’organigramme
ci-dessus, l’organisation de l’entreprise repose sur Madame Emereau, Monsieur
Bellard, Monsieur Crochet et Monsieur Gallard. Chacun des quatre dirigeants est
spécialisé dans un domaine particulier. L’entreprise compte également deux
responsables, Monsieur Bourdier et Monsieur Aubry, qui ont la charge de transmettre
les informations et gérer les équipes.

Organigramme de l'entreprise Bellard crochet (source personnel)

C) Mes réalisations, mon travail et mes recherches m’ayant amené à cette


problématique

Afin de diminuer les intrants chimiques sur le plan phytosanitaire, l’entreprise


Bellard Crochet souhaite développer la lutte alternative. La lutte contre l’agent
pathogène de la tavelure est responsable en moyenne de 62% des traitements par
an, ce qui fait de lui une piste idéale à suivre pour réduire les intrants chimiques. Par
ailleurs, les responsables de culture ont pris connaissance de l’utilisation de talc sur

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pommier et poirier contre la tavelure. Le talc étant déjà utilisé dans le verger,
l’entreprise souhaite connaître l’impact de celui-ci sur ses productions.

Dans quelle mesure le talc peut être utilisé dans la lutte contre l’agent
pathogène Venturia Inaequalis sur une culture de pommiers ?

J’ai pu réaliser plusieurs tâches durant mon stage au sein des vergers Bellard-
Crochet. Pendant la période de récolte, j’ai découvert les exigences qualité de la
coopérative, notamment en visitant l’une des usines de calibrage. J’ai également
dirigé une équipe en conduisant un train de récolte, c’est-à-dire un tracteur attelé à
trois pallox. Il m’a fallu donner des consignes de récolte à mon équipe dans laquelle
certaines personnes ne maîtrisaient pas correctement la langue française. En
période hivernale, une grande partie de mon travail a constitué à tailler les pommiers.
La taille est une opération complexe qui demande au préalable une formation.
N’ayant pas eu cette formation, plusieurs semaines m’ont été nécessaires avant de
pouvoir opérer en autonomie. Le reste de mon expérience au sein de l’entreprise a
été l’installation de systèmes de brumisation et de goutte-à-goutte dans la production
de framboises et de myrtilles.

Dans le cadre de ma formation en licence professionnelle, l’entreprise m’a


donné la possibilité de réaliser une expérimentation qui sera décrite dans la suite de
ce compte-rendu.

II/ Données sur l’essai réalisé en entreprise

La méthode de production que nous pouvons qualifier de conventionnelle par


la densité et les méthodes de lutte apporte de multiples problématiques
phytosanitaires. Actuellement, les principaux problèmes dans le verger sont d’origine
fongique car les méthodes de lutte sont soit insuffisantes ou trop chronophages. Les
chancres causent à long terme le dépérissement des pommiers qu’ils soient
récemment plantés ou non. Le chancre du pommier peut être causé par un
champignon Nectria galligena ou des bactéries du genre Pseudomonas. Des
solutions sont déjà mises en place telles que la désinfection des outils de taille et le
traitement local grâce à des produits à base de cuivre. L’arrachage systématique des
pommiers infestés réduit la transmission de ce pathogène. La tavelure du pommier
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Venturia inaequalis est un autre problème d’origine fongique plus important dû à sa
capacité infectieuse qui provoque une diminution de la qualité de production jusqu’à
la perte totale de la récolte.

Pour le moment l’entreprise Bellard Crochet utilise principalement contre la


tavelure des méthodes de lutte chimique, associées à l’outil de gestion RIMpro et aux
bulletins de santé du végétal fournis par la région Centre deux fois par semaine.
Plusieurs groupes chimiques tels que le soufre, le cuivre, le polysulfure de calcium et
le Guanidines sont utilisés pour lutter contre cet agent pathogène. A l’aide de l’index
phytosanitaire de 2021, nous pouvons remarquer que 35 substances sont
homologuées pour la lutte de l’agent pathogène Venturia inaequalis sur les 52
fongicides homologués pour les fruits à pépins. Cette proportion démontre la
nécessité pour les producteurs d’employer des méthodes chimiques afin de réduire
la prolifération du pathogène.

A) Venturia inaequalis, mise en exergue du pathogène : physiologie,


symptômes et fonctionnement

La tavelure se développe sur toutes les parties herbacées du pommier. Elle


provoque des tâches d’abord translucides qui deviennent olivâtres et prennent un
aspect velouté en s’agrandissant. Le plus souvent, ces tâches sont situées au niveau
des nervures de la feuille. En cas de forte attaque, les fruits se déforment et se
crevassent. Il existe une autre forme de tavelure qui se manifeste lors de la
conservation au long terme des pommes en chambre froide. Les poiriers sont quant
à eux infectés par la tavelure Venturia pirina. Les symptômes sont identiques à

Symptômes sur feuille (variété Tentation) de Aspect brunâtre du mycélium de Venturia


la tavelure du pommier (photo M. Giraud, inaequalis (tavelure du pommier) observé sur
CTIFL) fruit (photo F. Didelot, INRA)
7
Venturia inaequalis. La méthode de commercialisation interdit une quelconque tâche
de tavelure sur les fruits. Les fruits touchés sont destinés à la transformation en
compote ou pour les pommes les plus abîmées en jus. Cette valorisation secondaire
représente tout de même une perte économique pour l’entreprise.

Venturia Inaequalis est un agent pathogène faisant partie de la classe des


Oomycètes. Cette classification induit que cet agent pathogène n’est pas un
champignon tel qu’on l’entend dans le langage courant. Nous pouvons dès lors le
considérer comme un « pseudochampigon » car il détient des caractéristiques
semblables aux champignons. Effectivement, faisant partie de la famille des
Ascomycota, V. Inaequalis se développe par des réseaux d’hyphe cloisonnée
similaire à un mycélium. Sa reproduction est de type hétérothallique, ce qui signifie
qu’il développe des organes reproducteurs mâles et femelles sur des thalles
différents.

V. Inaequalis possède un cycle de développement particulier qu’il est


intéressant de connaître afin de mieux prévoir sa propagation. Tout d’abord, après le
débourrement des variétés de pommiers les plus précoces, les périthèces matures
s’ouvrent et libèrent, lors des précipitations, des
asques. Les asques produisent des ascospores
qui sont ensuite transportés par le vent. Cette
étape dans le cycle biologique représente la
contamination primaire qui peut durer de 2 à 4
mois selon les conditions météorologiques. Si les
ascospores sont en contact avec la surface
d’une feuille, ils germeront uniquement si la
surface de la feuille reste humectée assez

longtemps et qu’une température propice à la Courbes de Mills ; d'Olivier (niveau « Angers ») estimation des
risques de contamination (Parisi, 1990)
germination des spores est présente. Une courbe
a été créée en 1954 par un chercheur du nom de Mills. Cette courbe calcule le
pourcentage d’infection des ascospores et des conidiophores selon les conditions
météorologiques (voir figure ci-dessous). Une version plus récente et plus précise est

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utilisée dans la plupart des outils de gestion de la tavelure pour estimer les phases
critiques nécessitant une intervention.

La phase de l’inoculum secondaire apparaît à la suite de la germination des


ascospores. Cela produit des tâches contenant des conidiophores, source de
conidiospores. Ces conidiospores tout comme les ascospores sont dispersés par la
pluie et le vent. Cependant, puisqu’ils apparaissent plus tardivement dans le cycle de
culture, les conidiospores peuvent infecter les fruits (plus le fruit est jeune, plus il sera
sensible).

La dernière phase du cycle se produit à l’automne lorsque les feuilles anciennement


infectées tombent au sol et créent une litière de feuilles. Cette litière de feuilles sera
la source de l’inoculum primaire.

Il est important de préciser que les symptômes de V. Inaequalis apparaissent en


moyenne 10 jours après l’infection. Ce laps de
temps cause des difficultés de détection du
pathogène durant le cycle de l’inoculum primaire.
Des symptômes, sur des fruits en apparence sains,
peuvent apparaître lors du stockage en chambre
froide.

Afin de compléter les éléments biologiques de


Venturia inaequalis, la définition des termes
techniques est disponible dans l’annexe.
Cycle biologique de la tavelure du pommier (Agrios, 1988)

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B) Expérimentation de l’application de talc sur verger de pommiers dans le
cadre du traitement contre Venturia inaequalis

1. Présentation manipulation

Afin de mesurer l’efficacité de l’application de talc sur le développement de V.


Inaequalis, l’entreprise m’a donné la possibilité d’effectuer un essai dans l’une des
parcelles du verger. Cette parcelle se situe au lieudit du Formalets sauvage à Sainte-
Gemmes-sur-Loire (49130). Le Formalets a été choisi pour la variété Joya, sensible
à la tavelure. Avec une récolte répartie sur le mois de novembre, Joya est l’une des
variétés les plus tardives du verger. Elle a été sélectionnée pour son large calibre,
son fort rendement, sa coloration rouge intense et sa qualité gustative. Cette parcelle
se divise en plusieurs blocs de Joya et de Golden. Pour cet essai, un bloc de Joya
mesurant 0,8 hectare sera non traité et deux autres blocs de Joya mesurant chacun
0.15 hectare seront traités. La culture de Joya a été conduite en double axe.
Contrairement aux autres parcelles de l’entreprise, celle du Formalets ne possède
pas de filet paragrêle.

Parcelle du Formalets Sauvage (source


géoportail)

Schéma des différents blocs de la parcelle


10 du Formalets Sauvage (source personnel)
2. Catégorie PNPP et autres utilisations

Le talc est une roche minérale composé d’oxyde de magnésium et de dioxyde


de silicium (formule Mg3Si4O10(OH)2). Le talc est habituellement appliqué sur les
fruits en développement dans le but de protéger les pommes des rayonnements
ultraviolets qui provoquent en trop grande quantité des « coups de soleil ». Ces
« coups de soleil » se définissent par des tâches jaunes jusqu’à la nécrose de la
partie exposée au soleil. Depuis 2018, dans la réglementation européenne, le talc
appartient à la classification des substances de base et des préparations naturelles
peu préoccupantes. Selon la fiche d’usage agricole de l’ITAB (Institut de l’agriculture
et de l’alimentation biologique), le talc doit respecter cette spécification suivante :
« La substance talc E553b doit être d’origine naturelle (roche broyée). La qualité doit
être alimentaire et présenter moins de 0,1% de silice cristalline alvéolaire, au
maximum 10 mg/kg d’arsenic, 2 mg/kg de plomb. La forme naturelle de silicate de
magnésium hydraté ou métasilicate acide de magnésium contient des proportions
variables de minéraux associés tels que la calcite, le chlorite, la dolomite, la
magnésite et la phlogopite. Le produit doit être exempt d'amiante. ».

Le talc peut être utilisé dans l’arboriculture et les JEVI (Jardins, Espaces
végétalisés et Infrastructures) comme insecticide, notamment contre l’acarien
Panonychus ulmi plus communément appelé acarien rouge, et comme fongicide. En
viticulture, il peut seulement être utilisé comme fongicide. À la suite de la demande
d’homologation pour l’utilisation en agriculture biologique, la commission européenne
a validé son utilisation en AB depuis janvier 2023. Le talc ne possède pas de durée
avant récolte ni de LMR (limites maximales applicables aux résidus). L’efficacité du
talc contre l’agent Venturia Inaequalis est décrit, selon un document de l’entreprise
Compo Expert (Entreprise commercialisant du talc à usage agricole sous le nom de
Invelop), comme suivant « Les caractéristiques hydrophobes du talc E553b
entraînent une bonne répartition et adhérence aux tissus végétaux ce qui va : Limiter
l’humidité nécessaire au développement des champignons pathogènes. Et limiter la
reconnaissance nécessaire à la croissance/germination des pathogènes hôte
spécifique. » L’entreprise affirme également par une étude que l’Invelop réduit
l’humectation jusqu’à 60%.

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Le traitement se fera à l’aide d’un pulvérisateur S21 ta 2000 attelé à un
tracteur possédant une cabine. Le traitement contient de l’Invelop sous forme de
poudre ainsi que du Nature utilisé comme adjuvant. Pour cette expérimentation,
l’entreprise m’a donné plusieurs directives concernant la composition du traitement.
Je devais, par hectare, appliquer 1000 litres d’eau mélangés à 15 kilogrammes de
talc puis y ajouter 1 litre d’adjuvant Nature. La surface de mon essai ne mesurant
que 1,10 hectare dont 0,3 hectare traité, je devais adapter les quantités nécessaires.
L’Institut de l’agriculture et de l’alimentation biologique préconise une dose de 12,8 à
85 kilogrammes de talc pour 1000 litres. Il est recommandé d’appliquer
immédiatement le produit car le talc peut rapidement se décanter et détériorer
certains éléments du pulvérisateur. Il est également recommandé de porter durant la
préparation du produit des EPI tels qu’une paire de gants et un masque anti-
poussière.

A) Mesures et analyses des résultats, quelle efficacité pour quel avenir


économique ?

1. Comment mesurer l’infestation : méthode et processus

Plusieurs moyens de détection existent afin de mesurer l’infestation de


Venturia Inaequalis dans les différents blocs de l’essai. Nous pouvons récupérer des
échantillons végétatifs tels que des feuilles ou des bourgeons présentant des tâches
ou non. Ces échantillons pourraient être testés par extraction cellulaire tel que le test
PCR (Polymerase Chain Reaction), ou par un test biologique en boite de Petri
contenant un milieu sélectif favorisant les organismes fongiques. Cependant, et
malgré l’efficacité de ces deux méthodes, l’entreprise Bellard Crochet n’est pas en
mesure d’effectuer ces tests ou de les faire par une société extérieure. C’est
pourquoi dans cet essai, une méthode plus approximative basée sur la
reconnaissance des symptômes de V. Inaequalis sera utilisée pour mesurer
l’infestation. La plus grande difficulté de ce procédé est de reconnaître, et ce, sans
confondre, des tâches pouvant être de multiples origines à raison de champignons
basidiomycètes appelés plus communément « rouille », d’une carence, de la grêle ou

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une galle provoquée par Dasineura mali. Ces facteurs biotiques et abiotiques
peuvent fortement interférer avec les résultats de cette étude. Néanmoins, pour une
raison de praticité et d’économie, cette méthode semble la plus adaptée pour
l’entreprise.

2. Données/calcul/variance

Pour démontrer une possible différence entre les blocs traités au talc et le bloc
témoin non traité, je vais utiliser un test statistique à deux hypothèses. La première
hypothèse H0 = l’écart observé entre les échantillons du verger est dû au hasard. La
seconde hypothèse H1 = l’écart observé entre les échantillons du verger est dû à un
facteur identifié. Chaque rang contenant en moyenne 50 pommiers, il m’a semblé
judicieux de choisir aléatoirement 10 pommiers par rang (5 échantillons par côté) et
de compter les tâches de tavelure sur la branche la plus grosse, à hauteur d’homme.
Cette opération doit impérativement s’effectuer sur les deux faces des rangs de
pommier. Le nombre de tâches du bloc témoin sera calculé sur 20 branches qui
seront comparées à 80 branches des deux blocs traités. N’ayant pas finalisé cet
essai, je ne possède pas de données concernant le nombre de tâches par bloc.
Cependant, je décrirai tout de même la méthode employée amenant au résultat de
cette étude.

Afin de déterminer le test le plus adapté à mon essai, je dois décrire les
différents paramètres que contient cet essai. Toutes les données seront quantitatives
(nombre de tâches sur une branche) et proviendront de deux populations à taille
inégale. Le bloc témoin comptera une moyenne basée sur 20 échantillons, tandis
que les blocs traités compteront une moyenne basée sur 80 échantillons. Dans cette
étude, le seuil de significativité sera par convention de 0,05%.

Afin de finaliser cette étude, un autre essai devra être effectué pendant
l’année 2024. Cet essai pourra, par des résultats et un contexte météorologique
différent, confirmer les données de cette première étude. Un autre test qualitatif

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aurait également pu être effectué afin de comparer le développement des tâches de
tavelure entre le bloc témoin et les blocs traités.

3. Données économiques

Un essai représente inévitablement un coût supplémentaire pour l’entreprise.


Dans cette étude, le coût le plus important a été indéniablement celui de l’opérateur
effectuant les traitements de talc. En effet, la mise en place des EPI, la préparation
du produit, le déplacement aller et retour du pulvérisateur jusqu’à la parcelle du
Formalets sauvage, le traitement et le nettoyage du pulvérisateur représente une
quantité de temps élevée. Toutes ces opérations ont été effectuées par mes soins,
n’ayant pas une expérience approfondie de l’utilisation du pulvérisateur, l’ensemble
des différentes opérations est en moyenne de 2 heures. Etant rémunéré à un taux
horaire de 5,75 euros brut, chaque traitement coûte à l’entreprise 11 euros et 50
centimes. En outre, un kilogramme coûtant en moyenne 2 euros et à raison de 4,5
kilogrammes de talc par traitement, le coût par traitement revient à 9 euros. Il faut
ajouter à cela l’usure des pièces du pulvérisateur et du tracteur, sans oublier la
quantité de gazole consommé que je n’ai pas réussi à quantifier.

N'ayant pas eu accès aux données économiques concernant les autres


produits phytosanitaires utilisés dans le verger, je ne pourrai malheureusement pas
comparer le traitement au talc d’un traitement conventionnel.

III/ Réglementation et alternatives

A) Réglementation des produits phytosanitaires utilisés contre Venturia


inaequalis

Comme tout produit phytosanitaire, l’application de talc est entourée par une
réglementation définie par des organismes de contrôle. Toutes ces informations sont
disponibles sur le site Internet Ephy de l’ANSES (Agence nationale de la sécurité
sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail).

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Sur ce même site, à la page concernant le produit WHITE PROTECT COMPO
EXPERT France, il est écrit que ce produit est considéré comme faisant partie des
MFSP (Matières Fertilisantes et Supports de Cultures). En raison de cette
qualification, ce produit n’est soumis ni aux délais avant récolte, ni aux délais avant
rentrée, ni aux zones de non-traitement. Des conditions d’emploi général y sont
décrites, il n’y a à ce jour aucun classement concernant les risques pour la santé
humaine et pour l’environnement. Seule une phrase concernant les EPI (équipement
de protection individuelle) encadre l’opérateur « Des lunettes, des gants, et un
masque anti-poussière au minimum de type FFP3 pendant toutes les phases de
mélange/chargement et d'application du produit WHITE PROTECT. »

Plus fréquemment, l’entreprise Bellard Crochet utilise des PPP (produits


phytopharmaceutiques). Afin de pouvoir comparer les effets du talc face aux produits
conventionnels, les trois PPP les plus utilisés seront décrits dans cette partie.

La bouillie bordelaise est de loin le produit de protection le plus utilisé en tant


que fongicide. Sa première utilisation remonte au XIXème siècle et est attribué aux
vignerons de la région de Bordeaux. Sur la base de données Ephy, la bouillie
bordelaise possède 25 utilisations réglementées sur différentes cultures telles que la
culture de rosier, de fraise, d’olive, de choux, fruits à coque… Trois de ces utilisations
sont dédiées aux fruitiers à pépin contre les bactérioses, le chancre européen et la
tavelure. Ce fongicide est vendu sous forme de granulés dispersables composés à
20 % de cuivre. Il agit par contact et possède un mode d’action multisites. Il est
utilisable en agriculture biologique et possède un délai de rentrée de 24 heures est
notifié.

Le Curatio, créé par l’entreprise BIOFA GMBH, est un produit ayant une
réglementation inconstante. Effectivement, depuis son interdiction d’usage en 2015,
le Curatio a obtenu trois dérogations de 120 jours à partir de 2021 prolongeant ainsi
son utilisation jusqu’au 10 juin 2023. Ce produit, composé de polysulfure de calcium
à raison de 290 g/kg, est sous forme de concentré dispersible. Il agit par contact et
possède un mode d’action multisites. Il est inscrit sur la liste de biocontrôle et

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possède un délai avant récolte de 30 jours ainsi que 10 applications maximum par
an.

Le SYLLIT 544 SC élaboré par l’entreprise ARYSTA LIFESCIENCE BENELUX


SPRL est composé de dodine. Cette molécule est utilisée contre la Cercosporioses,
Anthracnose et la tavelure. Il est commercialisé sous forme de suspension
concentrée. Son mode d’action agit de façon translaminaire en perturbant l'intégrité
de la membrane cellulaire de V. Inaequalis. Il possède une durée de rentrée de 24
heures ainsi qu’un délai avant récolte de 60 jours et une zone de non-traitement
aquatique de 20 mètres. Il affiche une limite de deux applications par an.

B) Effets et perspectives sur les alternatives

Afin de visualiser les risques liés à la manipulation des différents produits


utilisés dans le verger, un tableau sera élaboré à partir des informations de la base
de données Ephy, présentant le classement et les phrases de risque. D’autres
données concernant les doses létales proviennent du site internet du CRAAQ
(Centre de Reference en Agriculture et Agroalimentaire du Québec)

Sur le site internet Ephy, le talc ne possède aucun classement ni phrase de


risque. Cependant sur la base de données du CRAAQ nous pouvons lire ceci « Le
dioxyde de silice est faiblement toxique chez les poissons d'eau douce (CL50 - 96 h
> 100000 µg/L chez la truite arc-en-ciel) pour les invertébrés aquatiques d’eau douce
(CE50 – 48 h > 100000 µg/L pour Daphnia magna) et les algues vertes (CE50 - 72 h
> 100000 µg/L pour Desmodesmus subspicatus). Selon l’EPA, aucun effet chronique
n’est attendu pour les organismes aquatiques puisque ce composé est insoluble
dans l’eau. »

Du fait de sa composition, la bouillie bordelaise est une matière présentant


plus de risque que le talc. Avec une DL50 de 450mg/kg (Dose Létale pour 50% d’une

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population de rats), la toxicité du sulfate de cuivre est présentée par le CRAAQ
comme suivant « Le sulfate de cuivre pentahydrate, la forme la plus commune du
sulfate de cuivre dans les diverses formulations, est modérément toxique par la voie
orale et peu toxique par la voie cutanée et par inhalation. Le produit peut causer une
irritation sévère des yeux mais il est peu irritant pour la peau. Une irritation des voies
respiratoires est possible. Les composés à base de cuivre utilisés comme pesticides
ne sont pas des sensibilisants cutanés. » Il est également décrit comme légèrement
toxique pour les organismes aquatiques.

Classement Phrase de risque


C1 : Lésions oculaires graves et irritation H318 : Provoque des lésions oculaires
oculaire - Catégorie 1 graves
TCC1 : Dangers pour le milieu aquatique - H410 : Très toxique pour les organismes
Danger chronique, catégorie 1 aquatiques, entraîne des effets néfastes à
DA : Mention d'avertissement : Danger long terme
EUH401 : Respecter les instructions
d'utilisation pour éviter les risques pour la
santé humaine et l'environnement

Le composé principal du Curatio est le sulfate de calcium. D’après une étude


de l’ANSES, le sulfate de calcium se métabolise à 15,6% en sulfure d'hydrogène,
mortel par inhalation et très toxique pour les organismes aquatiques (H330 et H400).
Selon le CRAAQ, le polysulfure de calcium est « légèrement toxique par la voie orale
et plus faiblement par la peau et par inhalation. Cependant, il est corrosif et il peut
causer des dommages irréversibles aux yeux. Un délai de réentrée de 48 heures est
proposé pour cette raison par l'ARLA (Agence de réglementation de la lutte
antiparasitaire) pour ces produits à usage commercial. Il est légèrement irritant pour
la peau et il ne serait pas un sensibilisant cutané. » Il possède une DL50 orale de
820 mg/kg.

Classement Phrase de risque


Xn : Nocif R22 : Nocif en cas d'ingestion
Xi : Irritant R31 : Au contact d'un acide, dégage un
gaz toxique
R43 : Peut entraîner une sensibilisation
par contact avec la peau
R36/37/38 : Irritant pour les yeux, les
voies respiratoires et la peau

17
La molécule de dodine ou acétate de dodécylguanidine (C15H33N3O2)
possède une toxicité aiguë définit comme élevée. Cependant, les effets à long terme
sur la santé humaine n’ont pas été prouvés. Il est prouvé que cette matière active est
biodégradée rapidement dans les sols et dans l’eau en condition aérobie (demi-vie
de 17,5 à 22,3 jours et demi-vie d’environ 5 heures, respectivement). Selon le
CRAAQ, la dodine était « légèrement toxique par les voies orale et cutanée ou par
inhalation lors des essais chez les animaux de laboratoire. La dodine était
sévèrement irritante pour les yeux et la peau chez le lapin. La matière active est
extrêmement toxique chez les invertébrés aquatiques (CE50-48h de 17,8 µg/L chez
Daphnia magna) et les algues (CE50-120h de 0,64 µg/L chez Pseudokirchneriella
subcapitata). Elle est toxique chez les poissons (CL50-96h de 570 µg/L chez la truite
arc-en-ciel).»

Classement Phrase de risque


C4 : Toxicité aiguë par voie orale - H302 : Nocif en cas d'ingestion
Catégorie 4 H315 : Provoque une irritation cutanée
C4 : Toxicité aiguë par inhalation - H318 : Provoque des lésions oculaires
Catégorie 4 graves
C2 : Corrosion cutanée/irritation cutanée H332 : Nocif par inhalation
- Catégorie 2 H400 : Très toxique pour les organismes
C1 : Lésions oculaires graves et irritation aquatiques
oculaire - Catégorie 1 H410 : Très toxique pour les organismes
TAC1 : Dangers pour le milieu aquatique aquatiques, entraîne des effets néfastes
- Danger aigu, catégorie 1 à long terme
TCC1 : Dangers pour le milieu aquatique EUH208 : Contient de la 1,2-
- Danger chronique, catégorie 1 benzisothiazol-3-one. Peut produire une
DA : Mention d'avertissement : Danger réaction allergique.

C) Alternatives viables et appliquées : efficacité et coût

Lors de l’étude du pathogène Venturia inaequalis, nous avons pu remarquer la


gravité et la récurrence de ce pathogène dans les cultures de pommier et de poirier.
C’est dans cette optique que de nombreuses personnes ont tenté lors de ces
dernières décennies d’élaborer de multiples alternatives afin du lutter contre ce
pseudo champignon. Dans cette partie, je présenterai plusieurs alternatives
rencontrées durant mes recherches. La lutte chimique s’est présentée pendant de

18
nombreuses années comme la méthode la plus propice en verger pour son efficacité
et sa simplicité d’utilisation. Cependant, les normes sociales et environnementales
remettent aujourd’hui en question son utilisation massive dans l’agriculture. Une
étude de l’INRA et de l’ANSES parue en 2019 dans la revue Phytoma présente la
résistance en laboratoire du pathogène V. Inaequalis face à plusieurs produits
phytosanitaires de famille différente. Cette étude réalisée pendant 15 ans démontre
une résistance de certaines souches présentes dans des bassins de production
important. Ces données nous permettent de visualiser une problématique incitant les
producteurs à opter pour afin de réduire la pression phytosanitaire, tout en réduisant
l’infestation de V. Inaequalis.

Cartes, par substance active, de la répartition des


prélèvements réalisés dans le cadre de la surveillance des
résistances de Venturia Inaequalis (source Phytoma)

19 Récapitulatif des substances actives testées sur


Venturia Inaequalis (source Phytoma)
Afin d’empêcher la dispersion des spores de V. Inaequalis lors des
précipitations, un projet transfrontalier Interreg (programme de coopération territoriale
européenne Interreg France-Wallonie-Vlaanderen) a été mené. Situé dans la
commune de Wädenswil en Suisse, une étude a porté sur l’utilisation de couvert
étanche protégeant le verger des précipitations. Le tableau ci-dessous présente les
résultats de cette étude comparant deux variétés (Gala et Bonita) avec et sans
couvert.

Culture sous couvert Tâche de V. Inaequalis Tâche d’Oïdium


plastique
Gala 0% 11,7%
Bonita 0% 2,3%

Culture sans couvert Tâche de V. Inaequalis Tâche d’Oïdium


Gala 7,3% 3%
Bonita 0% 1,7%

En comparant ces deux populations, l’étude a démontré que le couvert


permettait de réduire considérablement la germination des spores de V. Inaequalis.
Cependant, cette protection étanche diminue drastiquement la circulation de l’air
dans le verger ce qui accroît le développement de la population d’oïdium. Cette
solution bien qu’efficace nécessite un investissement important qui ne peut être
assumé que par des entreprises d’une taille assez conséquente.

Depuis plusieurs années, les sociétés créant des SDP (Stimulateurs de


défenses de la plante) ont démocratisé les molécules et proposent désormais une
multitude de produits dans l’agriculture. Cette méthode qui semble efficace et simple
d’utilisation a pourtant été remise en question à plusieurs reprises. Une étude de
2014 de l’INRA nommée « projet PEPS » a testé l’efficacité de 30 SDP contre l’agent
pathogène V. Inaequalis. Sur les 30 SDP testés, seulement trois ont prouvé une
efficacité. Le phosphate de potassium vendu sous le nom de LBG-01F34 par
l’entreprise Luxembourg Pamol (CYPRUS) LTD a une efficacité prouvée avec une
dose d’utilisation de 8 litres par hectare. Cependant, la règlementation impose un
dosage maximal de 4 litres par hectare. Deux SDP (l’acibenzolar-S-méthyl et le

20
Kendal contenant de la matière organique d’origine animale) ont également prouvé
leur efficacité. Toutefois, leur fonctionnement est grandement altéré par les
conditions météorologiques rendant leur efficacité incertaine.

La dernière méthode présentée consiste à détruire la litière de feuilles, source


d’inoculum primaire. Cette méthode prophylactique est déjà répandue chez les
producteurs. Elle peut être réalisée par différents moyens. La méthode la plus
courante consiste en l’utilisation d’un broyeur permettant de déchiqueter les feuilles.
La vitesse de dégradation augmente de façon corrélée à la quantité d’organismes
présents dans le sol. Il est également possible à l’automne et au début printemps,
comme le décrit l’outil GECO (outil collaboratif dédié à la conception de systèmes
agroécologiques) faisant parti du plan ECOPHYTO, d’appliquer des matières urées
comme suivant « La pulvérisation d’urée (5 %) sur le rang et l’inter rang permet
d’accélérer la dégradation des feuilles (par stimulation de l’activité des micro-
organismes) et a également un effet inhibiteur sur le développement du champignon
(tavelure) ».

21
Conclusion :

A la suite de cette étude, nous avons pu nous rendre compte de l’importance


de Venturia Inaequalis dans l’arboriculture. L’analyse de l’entreprise Bellard Crochet
permet une représentation du système de production ainsi que du système de
commercialisation des entreprises arboricoles. Actuellement, les circuits de
distribution laissent peu de place aux marchandises contenant des défauts de
conformité comme des tâches ou des déformations dus au pathogène V. Inaequalis.
En parallèle, les entreprises investissent de plus en plus dans du matériel assurant la
protection contre la grêle comme des filets paragrêle. Conjointement, le
développement des systèmes d’irrigation apportant une réponse technique au
période de sécheresse vient augmenter l’investissement déjà présent dans les
vergers. C’est dans cette mesure que les entreprises ne peuvent tolérer une
diminution de la valeur de leur marchandise. De plus, les variétés les plus
commercialisées en France sont généralement des variétés fortement sensibles à la
tavelure (exemple : Golden, Pink Lady). De façon conventionnelle, la gestion de ce
pathogène est effectué par des traitements phytosanitaires car la méthode est
généralement déjà maitrisée par les entreprises et possède une efficacité certaine.
Toutefois, les normes sociales et environnementales incitent les producteurs à
diminuer leurs IFT. Cette circonstance accélère le développement des alternatives de
lutte contre V. Inaequalis. La recherche d’une méthode peu coûteuse, pouvant être
réalisée à l’aide d’équipements déjà présents sur l’entreprise, a mené Bellard
Crochet à envisager l’utilisation de talc dans son verger. L’entreprise souhaitait, avant
de développer cette méthode à grande échelle, tester l’efficacité du talc sur une
parcelle contenant des variétés présentant une sensibilité à la tavelure.
Malheureusement, cet essai n’a pas pu être mené à son terme. Il serait intéressant
de reproduire cet essai sur plusieurs années afin de déterminer l’efficacité du talc
selon les conditions météorologiques.

22
Bibliographie :

• Barrès B, Remuson F, Bourgouin B, 2019. Résistances aux fongicides de

Venturia inaequalis. N°725, pages 48-51.

• Blocaille S, Salazar P, Colleu S, 2018. GECO écophyto. FAIRE DE LA

PROPHYLAXIE PAR GESTION DE LA LITIÈRE FOLIAIRE EN VERGER.

• Chaboussou AD, 2020. Règlementation et résultats d’expérimentation sur la

tavelure du pommier. InfosCTIFL N°359, pages 22-33.

• Deniau M, 2019. Talc E553b | Substances. Substances itab.

• FICHE MATIÈRE ACTIVE, 2023. SAgE pesticides.

• Le Corre M, 2019. Les SDP à la rescousse. SARL publication agricole n°399,

page 42-43.

• Le point sur les nouvelles variétés, 2018.N°34 2ème éditions

• M Giraud, V Caffier, F Didelot, 2018. Ephytia. Pomme-Biologie-

epidemiologie.

• Revue suisse viticulture arboriculture horticulture, 2020. AMTRA Vol 52, Page

72-75.

• S.Perren, D.Zwahlen, B.Egger et al., 2021. Index phytosanitaire pour

l’arboriculture 2021.

• St-Arnaud, P. Neumann, 1990. Un modèle d’estimation de l’état d’avancement

de la période d’infection primaire par le Venturia inaequalis en verger de

pommiers.

• Zambujo C, 2014. Cultures spécialisées pomme.

23
Sitographie :

• Bellard-Crochet, 2016. BELLARD-CROCHET productions horticoles.

http://www.bellard-crochet.fr/les-vergers

• Blue Whale, 2023. DES TERRES D’EXCELLENCE POUR DES FRUITS

100% FRANÇAIS. https://www.blue-whale.com/fr

• Compo expert Biostimulants Invelop. https://www.compo-expert.com/fr-FR

• Dictionnaire de l’Académie française, 2021. http://www.dictionnaire-

academie.fr/

• Ephy, 2023. https://ephy.anses.fr/

• Géoportail, 2006. https://www.geoportail.gouv.fr/

• La MYCOLOGIE sur le Web Index de mycologie.

http://coproweb.free.fr/mycoweb/

24
RÉSUMÉ SUMMARY

Cette étude, basée sur la This study, divided into several parts, is
problématique suivante « Dans quelle based on this following issue « To what
mesure le talc peut être utilisé dans la extent can talc be used against the
lutte contre l’agent pathogène Venturia Venturia inaequalis pathogenic agent
Inaequalis sur une culture de in apple tree crops? ». The first part
pommiers ? », est divisée en plusieurs will study in detail the environment in
parties. La première partie de ce which this study took place. The
document détaillera l’environnement second part will bring more precise
dans lequel cette étude a été réalisée information on the biology of V.
puis une autre partie apportera plus de Inaequalis in order to better
précision sur la biologie de V. understand how it works. Finally, the
Inaequalis afin de mieux comprendre last part will present alternative
son fonctionnement. Enfin, la dernière methods and their efficiency. An
partie présentera des alternatives de efficiency trial on the use of talc
lutte ainsi qu’une description de leur against Venturia Inaequalis – in
efficacité. En parallèle, un essai cooperation with the Bellard Crochet
concernant l’efficacité du talc sur le company- was run in parallel.
développement de V. Inaequalis en However, and despite a completed
lien avec l’entreprise Bellard Crochet a setup, this trial could not be finished
été initié. Cependant, et malgré une owing to a safety breach on the
mise en place achevée, cet essai n’a company’s part.
pas pu être finalisé en raison d’une
Keywords : orchards, apple, Venturia,
non-conformité de sécurité au sein de
alternative methods, tal
l’entreprise Bellard Crochet.

Mots clés : Vergers, pomme, Venturia,


Alternative, Talc

25
Annexes :

Définitions issues du dictionnaire en ligne de l’académie française :

Périthèces: Composé à l’aide du grec peri, « autour », et thêkê, « boîte, étui ». Chez
les champignons ascomycètes, organe globuleux qui renferme les cellules mères,
appelées asques.

Asques: Emprunté du grec askos, « outre ». Cellule mère allongée où se forment les
spores des champignons ascomycètes.

Définitions issues du glossaire de mycologie en ligne coproweb :

Ascospores: spore de reproduction sexuée formée dans un asque

Conidiospores: spore de reproduction asexuée

Conidiophores: stipe filament spécialisé portant la spore ou l'organe de reproduction


asexuée.

Schéma d'un asque

Photographie d'un
périthèce ouvert

26

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