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TABLE DES MATIÈRES

1. Applications .................................................................................................................................... 1
1.1 Introduction................................................................................................................................. 2
1.2 Applications minières .................................................................................................................. 2
1.2 Autres domaines d’application..................................................................................................... 3

2. Principe de la méthode .................................................................................................................... 4


2.1 Quelques rappels ......................................................................................................................... 5
2.2 Le champ magnétique terrestre .................................................................................................... 7

3. Mise en œuvre sur le terrain et instruments de mesure ................................................................... 10


3.1 Instrument de mesure ................................................................................................................ 11
3.1.1 Magnétomètre à sursaturation (1940) ............................................................................. 11
3.1.2 Magnétomètre à précession nucléaire (1960) .................................................................. 11
3.1.3 Magnétomètre à pompage optique .................................................................................. 12
3.1.4 Le gradiomètre............................................................................................................... 12
3.2 Mise en œuvre sur le terrain ...................................................................................................... 12
3.2.1 Levés au sol ................................................................................................................... 12
3.2.1.1 Les procédures ................................................................................................ 12
3.2.1.2 Les corrections ................................................................................................ 12
3.2.1.3 La présentation des résultats ............................................................................ 13
3.2.2 Levés aéroportés ............................................................................................................ 13
3.2.2.1 Les procédures ................................................................................................ 13
3.2.2.2 La planification ............................................................................................... 13
3.2.2.3 Les corrections ................................................................................................ 14
3.2.2.4 La présentation des résultats ............................................................................ 14
3.2.3 Levés marins ................................................................................................................. 14

4. Interprétation ................................................................................................................................ 15
4.1 Paramètres affectant la réponse magnétique ............................................................................... 16
4.2 Interprétation qualitative............................................................................................................ 19
4.2.1 Forme des contours ........................................................................................................ 19
4.2.2 Forme des profils ........................................................................................................... 19
4.2.3 Autres aspects de l’interprétation qualitative .................................................................. 19
4.3 Interprétation quantitative .......................................................................................................... 19
4.3.1 Estimation de profondeur d’interprétation des résultats .................................................. 19
4.3.2 Autres procédés d’interprétation des résultats ................................................................. 22

5. Exemples d’applications en recherche minérale ............................................................................. 24


5.1 Prospection directe .................................................................................................................... 25
5.2 Prospection indirecte régionale .................................................................................................. 25
5.3 Prospection indirecte locale ....................................................................................................... 28
5.3.1 Contribution par identification de roches favorables ....................................................... 28
5.3.2 Contribution par identification de structures favorables .................................................. 30
5.3.3 Contribution par identification de zones d’altération....................................................... 31

Abitibi Géophysique inc. page i


Chapitre

Applications

1.1 Introduction
1.2 Applications minières
1.3 Autres domaines d’application

Abitibi Géophysique inc. page 1


MAGNÉTOMÉTRIE

1.1 Introduction On peut pousser l’interprétation des cartes


magnétiques jusqu’à la détermination des dimensions
et de la profondeur des corps magnétiques.

L
a magnétométrie est une méthode géophysique
faisant appel au magnétisme terrestre qui est 1.2 Applications minières
un phénomène naturel connu depuis
longtemps. En fait, les premiers à utiliser la méthode
De toutes les méthodes géophysiques utilisées en
magnétométrique auraient été les prospecteurs du
exploration minière, la magnétométrie est sûrement la
XIVe siècle qui se servaient d’une baguette de rosier
plus usuelle. Le succès de cette grande « popularité »
fourchue pour localiser les gîtes métalliques. Plus
de son utilisation est attribuable à son coût peu élevé.
tard, ce furent les sourciers qui s’en servaient pour
Par ailleurs, c’est l’exemple typique d’une méthode
trouver des venues d’eau.
aux applications très vastes allant de la cartographie
géologique d’un territoire à la localisation d’un
Cependant, le magnétisme terrestre demeure jusqu’à
gisement.
présent une énigme. Théoriquement, le champ
magnétique principal peut avoir son origine d’une
Au niveau régional, le technique aéromagnétique peut
source terrestre interne ou externe dont le magnétisme
contribuer de façon très significative à la prospection
peut être rémanent ou engendré par un flux de
de presque tous les types de gisements :
courant. Plusieurs hypothèses ont été avancées pour
expliquer les mécanismes des sources internes.
• Gisements de fer par prospection directe.
Le champ magnétique terrestre ne peut pas résulter de
l’aimantation permanente de minéraux, car en- • Gisements de chromite, manganèse, nickel-
dessous de la discontinuité crustale de Mohorovicic, cuivre ou chrysotile, associés à des roches
les matériaux ferrifères en voie de liquéfaction sont à ultramafiques.
une température supérieure à 770o C et ils ne peuvent
conserver leurs propriétés magnétiques. En outre, leur • Ceinture de roches vertes fertiles en gisements
déplacement serait trop lent pour faire varier à long de métaux usuels et précieux.
terme l’intensité, la direction et la répartition du
champ magnétique terrestre. • Kimberlites diamantifères.

La théorie actuelle suggère que le champ magnétique A l'échelle de la propriété minière, les contributions
terrestre pourrait provenir d’une circulation de sont très nombreuses, en particulier dans le cadre de
courants électriques, engendrés par un écoulement la prospection de l'or :
massif de matière au sein du noyau extérieur terrestre
(partie liquide du noyau située entre r = 1300 et 3500 • Or associé à des roches volcaniques
km) et produisant l’effet dipôle d’un électro-aimant. (cartographie des roches mafiques et
ultramafiques, des intrusions felsiques, des
Malgré les incertitudes relativement à son origine, on formations de fer rubanées, des failles, des
peut aujourd’hui mesurer le champ magnétique avec zones de cisaillement, des zones de
une précision instrumentale d’une partie dans un carbonatisation, etc.).
million avec les magnétomètres modernes. Ces
instruments sont dotés d’un micro-ordinateur qui • Or associé à des carbonates (cartographie des
permet d’enregistrer et de traiter automatiquement intrusions et failles).
toutes les données recueillies par l’opérateur. Avec
les résultats, on trace des cartes en couleur qui • Localisation de skarn et de zones d'altération
facilitent la visualisation des hausses et des baisses du hydrothermale (or épithermal).
champ magnétique, tout comme les cartes
topographiques. • Traçage des anciens placers (la magnétite est
un minéral lourd).

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MAGNÉTOMÉTRIE

Toujours à l'échelle locale : Les levés MAG de détail (héliportés ou au sol)


serviront à préciser les contacts et les structures plus
• L'exploration des dépôts liés à la topographie fines ayant contrôlées la déposition ou la
du socle (conglomérats uranifères, aurifères, remobilistaion du minerai, étape cruciale en
Pb-Zn stratiformes). exploration pour l'or. En exploration pour les métaux
usuels, on pourra même parfois utiliser l'interprétation
• La cartographie de strates ferrifères rubanées quantitative pour évaluer la géométrie (et donc le
(or, sulfures volcanogènes). volume) des gisements si la distribution des minéraux
magnétiques le permet. La contribution du MAG
• La discrimination entre les conducteurs EM peut même se poursuivre après les premiers sondages
graphitiques et sulfurés lorsque ceux-ci à l'aide des levés 3-D en forage, maintenant
renferment de la pyrrhotine et/ou de la disponibles.
magnétite.

À toutes les échelles: 1.3 Autres domaines d’application


• L'étude structurale et tectonique du secteur Outre les applications minières, la méthode
(failles majeures, horst, graben, brèches magnétométrique est utilisée pour divers types
tectoniques, fractures, cisaillements, plis). d’investigations telles que :

• La cartographie géologique basée sur l'analyse • Exploration pétrolière : détermination de la


des contrastes et styles magnétiques. profondeur du socle pour délimiter les bassins
sédimentaires. Recherche de structures
Le chapitre 5 du présent recueil présente une liste favorables dans ces bassins.
exhaustive des contributions potentielles de la
magnétométrie dans la recherche de divers types de • Recherche d’eau : la méthode magnétique ne
gisements. joue pas un rôle prépondérant pour les
recherches d’eau; elle rend cependant de grands
À l'exception probable de certains types de gisements services dans un nombre de cas restreints. Elle
sédimentaires tels plomb dans les grès (Zeida, permet, par exemple, de repérer le socle
Maroc), cuivre (Zambie, R.D.C.) et uranium dans des cristallin imperméable sous des sédiments ou
grès (Ouest des États-Unis), la magnétométrie peut des altérites pouvant faire office de réservoirs
contribuer à divers degrés à toutes les campagnes et facilite en outre la localisation de failles et
d'exploration minière, à une ou plusieurs étapes de dykes subverticaux qui jouent le rôle de drains.
celles-ci. Les levés régionaux (aéroportés ou
héliportés) doivent être disponibles tôt aux géologues • Environnement et génie : détection de barils et
afin de cibler les efforts de cartographie. Le géologue d’objets magnétiques enfouis, détection de
sera ainsi à l'affût des signatures magnétiques tuyaux et de puits (cuvelés) abandonnés
intrigantes et portera son attention sur des sections qui constituant des pistes potentielles pour la
autrement auraient pu échapper à son attention au migration des contaminants.
cours d'une cartographie de reconnaissance.
• En archéologie : recherche de galeries
souterraines, de fondations, etc.

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Chapitre

Principe de la méthode

2.1 Quelques rappels


2.2 Le champ magnétique terrestre

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MAGNÉTOMÉTRIE

L
e principe de la méthode est relativement chaque morceau agit comme un nouveau dipôle
simple. Les roches contiennent, en magnétique, et ce, jusqu’aux molécules. La théorie
concentration plus ou moins grande, un classique utilisait tout de même la notion de pôle et
minéral, la magnétite, qui possède une propriété bien dipôle magnétiques. Cette dernière notion est utile
spéciale : celle d’amplifier les champs magnétiques pour la définition du moment magnétique. Le moment
dans lesquels elle se trouve. En utilisant un instrument
r
magnétique M d’un dipôle dont les deux pôles –m et
géophysique appelé magnétomètre, on mesure le +m séparés par une distance l est un vecteur orienté
champ magnétique terrestre dont les variations sont de –m à +m et d’intensité
en parties dues à la présence de la magnétite. r r
M = m ⋅ l ⋅ r ( A⋅m2 )

2.1 Quelques rappels En fait, le champ magnétique origine non pas de


charges magnétiques, mais de la rotation des
Pour mieux saisir les principes physiques de la particules élémentaires chargées (électrons/protons)
méthode, il est important d’introduire quelques immiscées dans un champ magnétique. Le dipôle
définitions et notions utiles. magnétique est donc mieux compréhensible en tant
que boucle de courant qu’en tant qu’union de deux
Force magnétique pôles fictifs.

La force magnétique qui agit entre deux pôles Intensité de la magnétisation (ou de l’aimantation)
magnétiques séparés par une distance r se défini de
façon analogue à la loi de Coulomb en électricité : Les roches qui provoquent des anomalies sont celles
qui différent des roches encaissantes par leur intensité
r
r m ⋅m r d’aimantation I . On peut décrire cette propriété
F = 1 22 r comme la faculté d’un matériau de se polariser
µ ⋅r magnétiquement sous l’effet d’un champ extérieur H.
Elle est définie comme étant le moment magnétique
où F : force en dynes (=10-9N)
par unité de volume.
r
m1, m2 : masses ou pôles magnétiques r M
r I= ( A/m )
r : vecteur unitaire selon la droite joignant V
m1 et m2
µ : perméabilité du milieu autour des pôles Susceptibilité magnétique
( µ = 1 dans le vide) La susceptibilité magnétique d’un corps est le degré
de magnétisation de ce corps. Pour un champ
Champ magnétique homogène extérieur H (i.e. champ terrestre) faisant un
angle θ avec la surface, l’intensité d’aimantation I,
L’intensité du champ magnétique H est définie c’est-à-dire l’aimantation par unité de surface, lui est
comme la force exercée sur un pôle unitaire fictif. Si proportionnelle. On peut écrire alors :
une masse magnétique m0 placée en un point de
l’espace est soumise à l’attraction d’une autre masse I = K⋅H⋅cos θ ( A/m )
magnétique m (m0 « m) située à une distance r de m1,
l’intensité magnétique H s’exprime alors par : Si le champ est normal à la surface (θ = 0) on aura :
r
r F m r I = K⋅H
H= = r ( A/m )
m0 µ ⋅ r 2 où K est appelé la susceptibilité magnétique. Cette
constante de proportionnalité est un paramètre
Moment magnétique essentiel pour le prospecteur puisqu’il permet de
caractériser certaines familles de minéraux ou de
La notion de pôle magnétique n’a pas de signification roches. Les matériaux ou corps sont dits :
physique, car un tel pôle ne saurait exister isolé. En
effet, toute tentative d’isoler un pôle magnétique a • non-magnétiques si K = 0 (ex. : le quartz et
échoué, contrairement aux charges électriques qui dans le vide)
peuvent être isolées. Si on sépare un aimant en deux,

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MAGNÉTOMÉTRIE

• diamagnétiques si K est négatif ou très faible • ferrimagnétiques si K est très élevé et si les
(ex. : graphite) moments magnétiques persistent après que le
• paramagnétiques si K est positif champ ambiant se soit estompé.
(ex. : la chalcopyrite) (ex. : magnétite, ilménite et pyrrhotine)

Les tableaux 1 et 2 ci-dessous donnent un ordre de grandeur des valeurs moyennes de la susceptibilité de quelques
roches et minéraux.

Tableau 1 : Susceptibilité magnétique de diverses roches.

Susceptibilité x 10e emu Susceptibilité x 10e emu


Type Type
Gamme Moyenne Gamme Moyenne
Sédimentaire Ignée
Dolomite 0-75 10 Granite 0-4000 200
Calcaire 2-280 25 Rhyolite 20-3000
Grès 0-1660 30 Dolérite 100-3000 1400
Schistes 5-1480 50 Augite-Syénite 2700-3600
Moyenne 0-4000 75 Olivine-Diabase 2000
Métamorphique Diabase 80-13,000 4500
Amphibolite 60 Porphyre 20-16,700 5000
Schistes 25-240 120 Gabbro 80-7200 6000
Phyllite 130 Basalte 20-14,500 6000
Gneiss 10-2000 Diorite 50-10,000 7000
Quartzite 350 Pyroxénite 10,500
Serpentine 250-1400 Péridotite 7600-15,600 13,000
Ardoise 0-3000 500 Andésite 13,500
Moyenne 0-5800 350 Moy. acide. 3-6530 650
Moy. basique. 44-9710 2600

Tableau 2 : Susceptibilité magnétique de divers minéraux

Susceptibilité x 10e emu Susceptibilité x 10e emu


Z Type
gamme Moyenne Gamme Moyenne
Graphite -8 Sidérite 100-310
Quartz -1 Pyrite 4-420 130
Roche saline -1 Limonite 220
Anhydrite,Gypse -1 Arsénopyrite 240
Calcite - 0⋅6- -1 Hématite 40-3000 550
Charbon 2 Chromite 240-9400 600
Argiles 20 Franklinite 36,000
Chalcopyrite 32 Pyrrhotine 102-5 x 105 125,000
Sphalérite 60 Ilménite 2⋅5 x 104-
Cassitérite 90 3 x 105 1⋅5 x 105
Magnétite 108-1⋅6 x 106 5 x 105

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MAGNÉTOMÉTRIE

Induction magnétique l’intensité avec laquelle les lignes de champ


magnétique H seront pompées dans le milieu de
Si un corps magnétique est placé dans un champ perméabilité µ . Dans le vide, µ = 1.
r
magnétique externe H , ses pôles magnétiques
r
seront
plus ou moins alignés sous l’effet de H , produisant
r 2.2 Le champ magnétique terrestre
leur propre champ magnétique Η qui est
proportionnel à l’intensité de la magnétisation Le champ magnétique terrestre dont la figure 2.1
r r' r
I ( Η = 4π ⋅ Ι ). L’induction magnétique sera alors donne un schéma illustratif, peut être localement
le champ total à l’intérieur du corps et exprimée représenté par le vecteur champ total F . Il peut
comme suit : également être défini par l’une de ses composantes
r r r r r horizontale H ou verticale Z (figure 2.2). Le champ
B = H + H' avec Η ' = 4 ⋅π ⋅ Ι magnétique peut être défini en tout point (x, y, z) :
r r r r r
B = H + 4πKH car Ι = ΚΗ F2=H2+Z2=X2+Y2+Z2,
r r
B = (1 + 4πK ) H où B est en tesla et H en Z
H=F⋅cos I, Z=F⋅sin I, tan I=
,
A/m (unités SI) H
r r
B = µH Y
X=H⋅cos D, Y=H⋅sin D, tan D=
X
Β
où µ= = 1 + 4πΚ est la perméabilité où la déclinaison D est l’angle entre la composante
Η horizontale H et le nord géographique X et
magnétique et constitue par définition le rapport de l’inclinaison I est l’angle entre le champ total F et
l’induction magnétique sur le champ magnétique l’horizontale H.
principal. Sa grandeur dépend des propriétés
magnétiques du matériau. Elle exprime donc

Figure 2.1 : Allure du champ terrestre dipôle

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MAGNÉTOMÉTRIE

Nord Géographique
[X]

Y
Nord Magnétique
D
X
H

[Y]
I
Est
Géographique
F
Z

D : Déclinaison
I : Inclinaison

Figure 2.2 : Les composantes du vecteur champ en un point du globe.

L’analyse des anomalies magnétiques constituant la L’intensité totale du champ terrestre varie selon notre
base de la prospection magnétique est celle des position sur le globe :
distorsions locales du champ terrestre qui modifient
direction et longueur du vecteur représentant F = 30 000 nT à l’équateur magnétique (I = 0°)
localement ce champ. F = De 60 000 à 70 000 nT aux pôles magnétiques
(I = 90°)
Les anomalies magnétiques sont provoquées par la F > 50 000 nT au Canada
présence, dans le sous-sol, de corps aimantables; leur F = 56 000 nT à Montréal
allure dépend beaucoup de l’inclinaison du champ F = 23 000 nT en Uruguay
dans la région étudiée. En outre, l’allure des
anomalies est sujette à la position, aux dimensions, à Tel que mentionné plus haut, les réponses
la forme et à la nature des corps perturbateurs. magnétiques dépendent surtout de la géométrie du
problème :
Les unités utilisées par les géophysiciens pour
mesurer l’intensité du champ F sont le gamma (γ) et a) géométrie du corps (exemple : tige, plaque, etc.)
le nanotesla (nT).
b) direction du champ terrestre (inclinaison I,
1 γ = 1 nT = 10 –5 Oersted. L’Oersted est l’intensité déclinaison D)
du champ en un point où s’exerce une force d’une
dyne sur un pôle magnétique unitaire. c) orientation du profil (ou ligne de vol) par rapport
à l’axe du corps

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MAGNÉTOMÉTRIE

d) orientation du corps par rapport au champ champ anomal constitue le modèle que l’on
magnétique terrestre. Par exemple, à l’équateur, recherche. La figure 2.3 présente la forme générale
la réponse est la moitié de celle aux pôles des anomalies produites par diverses sources
géologiques simples sous diverses latitudes
Sur le terrain, on mesure le champ total qui est égal magnétiques et pour des traverses de directions nord-
au champ terrestre augmenté du champ anomal. Le sud et est-ouest.

Figure 2.3 : Anomalies dues à divers corps géologiques en fonction de l’inclinaison


du champ terrestre tel qu’indiqué par la flèche à gauche

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Chapitre

3
Mise en œuvre sur le
terrain et instruments de
mesure
3.1 Instrument de mesure
3.1.1 Magnétomètre à sursaturation (1940)
3.1.2 Magnétomètre à précession nucléaire (1960)
3.1.3 Magnétomètre à pompage optique
3.1.4 Le gradiomètre
3.2 Mise en œuvre sur le terrain
3.2.1 Levés au sol
3.2.1.1 Les procédures
3.2.1.2 Les corrections
3.2.1.3 La présentation des résultats
3.2.2 Levés aéroportés
3.2.2.1 Les procédures
3.2.2.2 La planification
3.2.2.3 Les corrections
3.2.2.4 La présentation des résultats
3.2.3 Levés marins

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MAGNÉTOMÉTRIE

N
ous devons d’emblée distinguer les levés au 3.1 Instruments de mesure
sol des levés aériens. Ces derniers, effectués
par avion ou hélicoptère, sont utilisés pour Dans ce sous chapitre, nous nous bornerons à donner
couvrir de grandes surfaces. La prospection les caractéristiques générales des instruments de
magnétique peut être divisée en deux catégories, soit mesure sans nous attarder sur le principe de leur
les levés régionaux (reconnaissance générale) et les fonctionnement. L’instrument géophysique utilisé
levés de détail. Les premiers portant généralement sur pour mesurer le champ magnétique terrestre est
de grandes surfaces, reflètent à grande échelle le appelé magnétomètre. Parmi les instruments anciens,
conditionnement géologique du substratum suivant le nous pouvons citer les suivants :
magnétisme des terrains qui le constituent. Les levés  La boussole (1879) dont la précision de mesure
régionaux s’appliquent dans les domaines suivants :
est ± 15 nT
 Exploration du pétrole, du charbon, etc.;  La balance de Schmidt (1914), précision
= ± 3 nT
 Étude des grands bassins sédimentaires;
 Magnétomètre à torsion (1953), précision
 Étude du tectonisme régional; = ± 2 nT

 Cartographie géologique (lithologie et structure); Les magnétomètres usuels fournissent à un nanotesla


(nT) près, et en quelques secondes, l’intensité du
 Exploration pour des dépôts liés à la topographie champ total (magnétomètre à protons) ou de sa
du socle (conglomérats uranifères, Pb-Zn composante verticale (fluxgate ou magnétomètre à
stratiformes, etc.); sursaturation).

 Délimitation des zones favorables à la présence 3.1.1 Magnétomètre à sursaturation


de gisements de fer magnétique (exemple :
gisement de quartzites ferrugineux).
(1940)

La précision de mesure avec cet appareil dépend de


Les levés de détail (échelle réduite) permettent de l’échelle de variation mesurable. Elle est de 0,5 nT
préciser certains phénomènes géologiques locaux et sur une échelle de 0 à 1,000 nT et de 10 nT sur une
de faible ou moyenne extension tels que la présence échelle de 0 à 100,000 nT. Au sol, rapide
de dykes, amas ou filons de minerai de fer, failles, d’utilisation, il ne requiert qu’un nivellement grossier.
etc. Il peut être adapté à la mesure autant de Z que de H.
Aéroporté, il donne la possibilité d’un enregistrement
Indépendamment du type de levé utilisé, celui-ci continu et c’est le champ total F qui est mesuré. Il
s’effectue le long de profils rectilignes. Le choix de la faut compter avec une dérive appréciable de
distance entre les profils peut être (à titre indicatif) de l’instrument sur les vieux modèles. Sa tolérance aux
1 km pour une reconnaissance et de 50 m pour un forts gradients du champ magnétique est toutefois
levé de détail. supérieure à celle des types de magnétomètres plus
récents.
Notons que, d’une façon générale, les levés régionaux
ne peuvent prétendre trouver directement des
gisements de métaux de base non ferreux, ceux-ci 3.1.2 Magnétomètre à précession
constituant, même s’ils sont magnétiques, des cibles nucléaire (1960)
trop petites pour être découvertes. Cependant, ces
types de levés permettent de sélectionner les zones les Cet appareil mesure seulement l’intensité totale F et
plus susceptibles de contenir des gisements et de façon absolue. La dérive instrumentale est
d’éliminer les autres. Quelques exceptions à noter, négligeable. Au sol, la précision est de 1 nT et permet
dont celle du gisement polymétallique de Hajar au des lectures environ à toutes les 2 secondes. Aucun
Maroc qui fut découvert dès le premier sondage nivellement n’est requis. Aéroporté et en mer, il est
stratigraphique effectué sur une large anomalie plus facile à utiliser que le fluxgate car on n’a pas de
aéromagnétique. contrainte d’orientation du capteur. L’enregistrement
n’est pas continu à cause du cycle polarisation-
relaxation qui dure entre 0,5 et 3 secondes. Son
désavantage est qu’il ne fonctionne pas si le gradient

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MAGNÉTOMÉTRIE

du champ est supérieur à 200 à 500 nT/m suivant une (normalement on conserve un rapport d’environ 10
direction quelconque. entre ces deux espacements).

3.1.3 Magnétomètre à pompage optique L’opérateur doit être exempt de tout matériel
magnétique comme boussole, canif, boucle de
ceinture, marteau, bottes à bouts protecteur en acier,
Une précision de ± 0,005 nT sur l’échelle de 20,000
etc. L’opérateur doit également éviter et/ou noter les
à 80,000 nT peut être obtenu avec ce magnétomètre.
lectures prises près de structures métalliques telles
L’enregistrement est intermittent : 0,5 à 1 seconde par
que : rails, clôtures métalliques, tuyaux, fils
lecture. Il n’est pas utilisé au sol mais sert à faire des
électriques, tubages de forage, etc.
levés aériens à grande altitude. Il est surtout utile en
exploration pétrolière où les anomalies recherchées
sont faibles. 3.2.1.2 Les corrections

3.1.4 Le gradiomètre Les corrections diurnes

Il permet de mesurer le champ total F et le gradient L’intensité du champ terrestre est affectée d’une
∂F variation séculaire, sans effet sur les études locales, et
vertical . Sa précision de mesure est de d’une variation journalière dont il faut tenir compte
∂Z en apportant des corrections dites diurnes. Dans la
± 0,01 nT/m. haute atmosphère, les molécules d’air se dissocient en
ions sous l’effet du rayonnement lumineux.
Le gradient vertical possède les caractéristiques L’ionosphère devient donc plus conductrice le jour (et
suivantes : non affecté par les variations diurnes, de façon plus importante l’été que l’hiver). Cette
élimine la composante régionale, meilleure résolution couche conductrice se déplace dans le champ
spatiale (sources près de la surface) et resserre géomagnétique et induit des courants telluriques qui
l’anomalie autour de la source. La gradiométrie agit sont à l’origine des variations diurnes du champ. Le
comme un filtre passe-haut en coupant les basses comportement du champ géomagnétique peut être
fréquences (champ régional) et en amplifiant les épié de deux façons pour en corriger les variations
hautes fréquences (anomalies locales). diurnes:

3.2 Mise en œuvre sur le terrain Méthode 1 : Ponctuellement, à l’aide de stations de


rappel
Une phase préparatoire aux levés doit précéder la
mise en œuvre proprement dite sur le terrain pour le Comme en gravimétrie, on a recourt au principe de la
succès de la prospection. Pour la mener à bien, il est double boucle pour établir les stations de base ou de
préférable d’avoir une idée claire des cibles rappel. En général, on établira une station de base à
géologiques à atteindre et des types d’anomalies qui partir de laquelle toutes les mesures seront corrigées.
peuvent leur être associées. Cette station doit se trouver hors des zones
anomaliques où il y a de forts gradients. À partir de
cette station, on pourra établir une ligne de base et
3.2.1 Levés au sol c’est sur cette dernière qu’on se rattachera à
intervalles réguliers d’environ 1 heure.
3.2.1.1 Les procédures
Méthode 2 : En continu, à l’aide d’une station de
Le capteur ne doit pas être trop proche du sol base fixe
(normalement à environ 2 m). En présence de sources
magnétiques superficielles (latérites), il est Cette méthode consiste à utiliser un magnétomètre
recommandé de le maintenir à 3 ou 4 m du sol si fixe à la station de base qui enregistre les variations
possible afin de réduire le bruit sur les profils. Ceci du champ pendant qu’on effectue le levé. Cela vous
est évidemment plus facilement réalisable avec le permet de contrôler de façon plus fiable les variations
magnétomètre à précession nucléaire qu’avec celui à diurnes qui ont eu lieu durant la journée. On corrige
sursaturation. les lectures prises sur la grille par synchronisation
avec la station fixe. La méthode vous permet par
L’espacement des lectures doit être de 10 à 25 m ailleurs de repérer les tempêtes magnétiques afin de
entre les stations et de 50 à 200 m entre les lignes,

Abitibi Géophysique inc. page 12


MAGNÉTOMÉTRIE

reprendre les portions de levé effectuées durant 3.2.2 Levés aéroportés


celles-ci.

Correction de la dérive instrumentale 3.2.2.1 Les procédures

La dérive instrumentale est vraiment négligeable avec Le capteur (oiseau) est placé sous l’avion ou
un équipement moderne. l’hélicoptère pour que les effets magnétiques parasites
soient adéquatement compensés.
Correction d’altitude
L’espacement des lignes versus la hauteur du capteur
Le gradient vertical est d’environ -0,03 nT/m aux est environ l,5 si les lignes sont perpendiculaires à la
pôles et de -0,015 nT/m à l’équateur. Les effets géologie, sinon ce rapport doit être inférieur à 1,5.
d’élévation sont donc généralement négligeables, Quant à l’espacement des stations versus la hauteur
mais en régions montagneuses une correction du capteur, il est supérieur ou égal à 0,25. Notons que
d’élévation est quand même nécessaire. la profondeur de la source recherchée est ajoutée à
l’altitude du capteur si celle-ci n’est pas affleurante.
Correction de latitude-longitude
3.2.2.2 La planification
Le gradient horizontal, de façon locale, n’est pas
discernable. Ainsi, on n’applique pas de correction de Comme on l’avait discuté déjà plus haut, les levés
latitude aux données. Le gradient horizontal régionaux ont pour but de dresser une cartographie
géologique (recherche de contextes miniers
 ∂F ∂F 
 ,  varie entre 0 et 10 nT/km et est favorables), d’étudier des bassins sédimentaires, etc.
 ∂x ∂y  De toutes les techniques de reconnaissance, ce type de
négligeable pour les levés au sol. levé possède le coût le plus faible soit de 5 à 12 $/km
lorsque réalisé seul en avion. Exemple : en Ontario
Correction topographique (réduction à un datum) espacement des lignes de vol ≅ 1,6 km, hauteur de
l’oiseau ≅ 1,4 km.
La topographie influence beaucoup le champ local.
Cependant, pour les levés au sol pour lesquels on Les levés semi-régionaux servent à la prospection
mesure la composante Z du champ, la correction de directe et à la prospection indirecte. À titre
topographie n’est pas nécessaire. L’équation suivante d’exemple, voici ci-dessous quelques données sur la
permet de réduire les lectures de Z d’une surface z = h hauteur de vol (h) et les espacements entre lignes et
(x, y) à un plan z = 0 tel que : stations :
 ∂Z  ∂Z
Z (x, y, 0) = Z (x, y, h) − h   où est le Avion : h = 150 m,
 ∂z  z = h ∂z ∆ lignes ≅ 200 m,
gradient vertical calculé à partir de Z (x, y, h) ∆ stations = 40 à 70 m
3.2.1.3 La présentation des résultats Hélicoptère : h = 50 m,
∆ lignes ≅ 200 m,
Sur le terrain, on dessine les profils ou les contours
afin de modifier les paramètres du levé si nécessaire, ∆ stations ≅ 15 m
de préciser une anomalie ou d’identifier plus
facilement les lectures erronées ou douteuses. ∆ lignes ou ∆ stations signifie : espacement entre les
lignes ou entre les stations.
Au bureau, on dresse une carte en couleur avec profils
rabattus si nécessaire. Il est important d’indiquer la En ce qui concerne le coût, il n’y a que le coût de
composante (verticale ou totale) mesurée sur la carte traitement (3$/km) et de mise en plan (environ 500
ainsi que l’inclinaison et la déclinaison locale du $/carte) qui s’ajoute au coût du levé EM puisque le
champ géomagnétique. MAG n’est que très rarement volé seul à ce niveau
(normalement en conjonction avec un levé EM ou un
Le coût d’un levé au sol varie entre 70 à 150 dollars levé radiométrique).
par km et la production est d’environ 5 à 10 km par
jour.

Abitibi Géophysique inc. page 13


MAGNÉTOMÉTRIE

3.2.2.3 Les corrections 3.2.2.4 La présentation des résultats

Correction diurne Les sorties analogues nous donnent les profils en vol
pour une première vérification de la qualité des
Les variations diurnes sont négligeables sur un profil, résultats. Les données étant enregistrées sous forme
mais peuvent compliquer le traçage des courbes de numérique, on a toute la flexibilité voulue pour la
contour. Pour palier aux variations diurnes, il faut présentation finale (échelle, espacement des contours,
établir une station de base au sol et des lignes de couleurs).
contrôle pour effectuer un nivellement des traverses.

Correction d’altitude
3.2.3 Levés marins
Le capteur (poisson) est remorqué de 150 à 300
Cette correction est parfois nécessaire et l’altitude est
mètres à l’arrière du bateau (magnétomètre à
mesurée par baromètre ou GPS.
précession nucléaire).
Correction de latitude – longitude et
Puisque les levés aéroportés sont moins coûteux et
positionnement des lectures
plus rapides, ce type de levé n’est effectué que
lorsqu’il accompagne un levé gravimétrique et/ou
Cette correction se fait grâce à l’équation du champ
sismique marin.
géomagnétique de référence internationale (IGRF).
La localisation se fait par GPS et corrélation entre un
À l’aide d’une station de base fixe, la correction
film de vol et une photo mosaïque du territoire
diurne est effectuée car le tracé des lignes de contrôle
couvert. Le film est synchronisé avec les
ne convient normalement pas au levé sismique qui est
enregistrements numériques à l’aide de différente
la principale motivation de l’expédition.
fiducie.

Abitibi Géophysique inc. page 14


Chapitre

Interprétation

4.1 Paramètres affectant la réponse magnétique


4.2 Interprétation qualitative
4.2.1 Forme des contours
4.2.2 Forme des profils
4.2.3 Autres aspects de l’interprétation qualitative
4.3 Interprétation quantitative
4.3.1 Estimation de profondeur du corps anomal
4.3.2 Autres procédés d’interprétation des résultats

Abitibi Géophysique inc. page 15


MAGNÉTOMÉTRIE

I
l existe de nos jours une gamme de programmes La réponse magnétique est affectée par les
bien élaborés pour l’interprétation des données dimensions du corps, la susceptibilité magnétique
magnétiques. Cependant, beaucoup de facteurs résultante, la forme géométrique du corps et la
affectent la forme des anomalies et les très distance entre la source anomale et le point de
nombreuses simplifications introduites dans le mesure.
processus de l’interprétation demandent à ce que l’on
soit vigilant lors de la modélisation de ces données. L’effet de la hauteur de vol sur l’amplitude de
Par exemple, il est rare que l’on puisse tenir compte l’anomalie peut se caractériser par un profil de moins
du magnétisme rémanent ou de l’hétérogénéité en moins étroit et un maximum de moins en moins
magnétique des corps étudiés; par ailleurs, la mise en prononcé au fur et à mesure qu’on grimpe en altitude.
évidence des anomalies par élimination des tendances
régionales reste toujours un peu arbitraire. De plus, Dans le cas de deux corps magnétiques situés à une
lorsqu’on travaille par profils espacés, on n’a pas distance x l’un de l’autre et placés à une profondeur z
toujours la chance d’obtenir la meilleure « signature » dans le sous-sol, la résolution sera d’autant meilleure
du corps perturbateur, l’allure de l’anomalie se que la hauteur de vol est faible. Cette résolution est
modifiant lorsque changent l’inclinaison ou maximale lorsque le levé est exécuté à la surface du
l’orientation du corps, l’inclinaison du champ, la sol. Aucune résolution ne sera possible si la hauteur
position des profils. (h) du vol est supérieure à la différence entre
l’espacement x des corps et leur profondeur
Le but ultime des levés magnétiques est, qu’après les (h > x − z).
diverses corrections et traitements mathématiques, on
puisse procurer au client des produits utiles à Lorsque la cause de la perturbation (source de
l’avancement des connaissances sur la propriété l’anomalie) s’enfonce en profondeur, les pentes de
minière. Pour ce faire, différentes cartes résiduelles l’anomalie diminuent d’une part et d’autre part, la
en isogammes et des cartes transformées sont établies longueur d’onde de l’anomalie est de l’ordre de une à
pour être livrées au client. En d’autres termes, le trois fois la profondeur du corps perturbateur (de
report sur cartes des données permet de tracer des façon approximative).
courbes de même anomalie, dites isoanomales, ou
simplement isonomales. C’est donc l’interprétation La direction de l’aimantation induite (I, D) par
des résultats faite à partir des cartes (d’isonomales) rapport au corps influence beaucoup la réponse
qui permettra de donner des informations sur la ou les observée (figure 4.1).
structures magnétiques recherchées. Il est bien sûr
clair qu’on doit procurer au client un rapport L’orientation du corps détermine également la
technique clair et détaillé des différentes séquences réponse magnétique. C’est ce que présente la figure
des travaux exécutés depuis l’exécution des mesures 4.2 pour des profils aéromagnétiques perpendiculaires
jusqu’à l’interprétation des résultats en passant par les à un corps tabulaire pour diverses orientations du
corrections et traitements effectués. corps.

4.1 Paramètres affectant la réponse On sait que l’allure des anomalies dépend pour une
magnétique bonne part de l’inclinaison du champ dans la région
étudiée. Pour les anomalies induites, c’est
Les anomalies magnétiques sont caractérisées par leur l’inclinaison actuelle du champ terrestre qui influe sur
forme et leur amplitude très variables. Elles sont les caractéristiques des distorsions du champ. Par
presque toujours asymétriques et apparaissent souvent contre, pour les anomalies rémanentes, ces
complexes même si elles sont issues d’une structure caractéristiques dépendent de l'inclinaison du champ
simple. Considérant le fait que plusieurs sources lors de périodes géologiques antérieures.
peuvent être à l’origine d’une même anomalie, il L’aimantation est en quelque sorte demeurée figée
n’existe pas de solution unique dans l’interprétation lors de la mise en place ou du métamorphisme des
des levés magnétiques. roches.

Abitibi Géophysique inc. page 16


MAGNÉTOMÉTRIE

Anomalie de champ total

Anomalie de champ total


+ +
_ _

Hauteur Hauteur
du vol du vol

-----

-----
+++++
+++++
Anomalie de champ total

+
_

Hauteur
du vol

-- - -++
--++++

Figure 4.1 : Profils aéromagnétiques perpendiculaires à un corps de section carrée


en fonction de l’inclinaison du champ terrestre

Abitibi Géophysique inc. page 17


MAGNÉTOMÉTRIE

t Inclinaison = 90o
Ligne de vol

Inclinaison = 45o
N

t
Ligne de vol

Inclinaison = 0

Inclinaison = 45o

Ligne de vol
N

Inclinaison = 45o t

Trajectoire de vol

d
h=d
Plaque magnétique h t >>h
pP
t

Figure 4.2 : Anomalies du champ total observées au-dessus d’une plaque magnétique avec le
long axe horizontal et la dimension horizontale perpendiculaire à l’axe beaucoup
plus grand que l’épaisseur (dimension verticale). Les lignes de vol sont toujours
perpendiculaires au long axe.

Abitibi Géophysique inc. page 18


MAGNÉTOMÉTRIE

4.2 Interprétation qualitative 4.2.3 Autres aspects de l’interprétation


qualitative
L’interprétation qualitative des résultats d’une
prospection magnétique est basée sur l’examen de Dans le cas de terrains sédimentaires (exempts de
l’allure, de l’intensité des anomalies et de la signature toute intrusion) qui surmontent des socles cristallins,
magnétique des différentes structures. il est possible de déterminer les directions
tectoniques, les contacts et d’autres formations telles
que les anticlinaux, les synclinaux et les failles.
La signature magnétique des structures ne dépend pas Généralement, les anomalies dues au socle cristallin
tellement du pourcentage de magnétite dans la ou aux intrusions (dykes) sont plus prononcées que
formation rocheuse mais plutôt de sa distribution dans les terrains sédimentaires qui les surmontent. Cette
celle-ci. Par exemple, soit une formation sédimentaire caractéristique permet de cartographier le socle et de
contenant des horizons munis de magnétite. Elle peut déceler les intrusions.
présenter une signature magnétique (après plissement
et métamorphisme) distincte reflétant les plissements
et les contorsions. Par ailleurs, elle présente aussi une En terrains cristallins, la prospection au sol est
signature magnétique distincte de la séquence voisine, souvent gênée par les hétérogénéités superficielles.
à savoir, une intrusion granitique non-magnétique. Des lissements de profils ou un filtrage numérique de
ces sources s’avèrent souvent nécessaires avant leur
interprétation.
Parlant de l’allure des anomalies, l’intensité maximale
d’une anomalie ne correspond pas nécessairement
exactement au centre du corps causatif. C’est donc 4.3 Interprétation quantitative
l’examen simultané des parties positives et négatives
d’une anomalie qui permet de se faire une idée sur la
géométrie et la localisation du corps perturbateur. Malgré l’interprétation simultanée des profils et des
cartes, l’interprétation quantitative des anomalies
reste ambiguë et voire même plus difficile qu’en
4.2.1 Forme des contours gravimétrie. On a recourt à un minimum
d’information géologique pour asseoir l’interprétation
du tonnage à cause du grand spectre de variation de la
La forme des contours donne une idée de la direction susceptibilité K qui est le reflet du volume de
dominante des structures géologiques primaires et magnétite contenu dans les roches.
secondaires. Par ailleurs, elle permet l’interpolation
des contacts géologiques, failles, etc. à partir des
zones affleurantes. Cependant, il faut s’assurer que 4.3.1 Estimation de profondeur du corps
l’affleurement fait bien partie de la zone interprétée
anomal
comme étant la source de l’anomalie. La forme des
contours sert également à l’identification des
structures. Des modèles permettent à l’aide des profils qui leur
sont propres de faire des approximations (à 10%,
voire à 50% près) pour estimer les profondeurs. Les
4.2.2 Forme des profils illustrations qui suivent donnent les estimations de
profondeur (h) de divers corps perturbateurs selon la
Par leur forme, les profils permettent de savoir si la demi-largeur (x) du profil qu’ils génèrent.
traverse est perpendiculaire au corps (allongé), sinon
on peut tracer des contours et retracer des profils Cas d’un champ inducteur vertical (près des pôles)
perpendiculaires. Une idée de la profondeur peut être
obtenue grâce à la forme d’un profil. Notamment,
Pour un cylindre horizontal h = 2x
plus le gradient vertical est faible plus la source est
Pour un cylindre vertical h = 1,3x
profonde.
Pour un dyke mince vertical h=x
Pour une sphère (figure 4.3) h = 2x

Abitibi Géophysique inc. page 19


MAGNÉTOMÉTRIE

Cas d’un champ inducteur horizontal (près de


l’équateur) Selon la règle de la droite h = Xa − Xb
La figure 4.7 donne la signification de Xa et Xb
Pour un cylindre horizontal E–W h = 2x Cas de la faille (figure 4.8) h = x/2
Pour un cylindre horizontal N–S h = 1,3x
Pour une sphère (figure 4.4) h = 2,5x
Pour une limite E–W d’une couche Bien qu’il existe des formules empiriques pour
horizontale mince (figure 4.5) h=x estimer la profondeur des corps, l’estimation de la
largeur des structures perturbatrices n’est guère
simple. En effet, la position de leurs limites latérales
Cas d’un champ inducteur incliné (cas général) par rapport aux points singuliers des anomalies varie
avec l’inclinaison du champ, la profondeur où se
Selon la règle de Peters : h = 0,63 ( Xa − Xb ) trouve le corps perturbateur, l’orientation de celui-ci,
où Xa et Xb sont définis dans la figure 4.6. etc.

Figure 4.3

X
A/2

F
h

0
Figure 4.4
A/2

F h

Abitibi Géophysique inc. page 20


MAGNÉTOMÉTRIE

Figure 4.5

γ
+

F h

Figure 4.6
γ
+

xb

xa
_

Abitibi Géophysique inc. page 21


MAGNÉTOMÉTRIE

Figure 4.7
γ
+

xb
xa
_
Figure 4.8
µ
+

x
__

S N

4.3.2 Autres procédés d’interprétation rapproche le plus des valeurs observées. La solution
des résultats finale sera toutefois grandement influencée par le
modèle initial car il ne faut pas perdre de vue que sans
contrainte, une infinité de solutions peuvent être
 Inversion proposées pour expliquer adéquatement les données
observées sur le terrain.
Il existe des programmes permettant, à partir d’un
modèle initial proposé par l’utilisateur, de déterminer
le corps dont l’anomalie magnétique théorique se

Abitibi Géophysique inc. page 22


MAGNÉTOMÉTRIE

 Continuation analytique vers le haut À partir du signal analytique d’une anomalie de


champ potentiel, on peut estimer la profondeur des
La continuation vers le haut a pour but de ramener les contacts entre les structures et cela selon la formule
données mesurées à une certaine distance h0 de la ci-dessous :
surface du sol à une hauteur hn relativement au plan
d’observation en supposant qu’il n’y ait pas de source
entre les deux plans. À partir de F(x, y, ho) → F(x, y, ( A 0 (x, y )) max
hn). Cette façon de procéder diminue le bruit haute Profondeur= 2⋅
fréquence spatiale tout en faisant ressortir l’anomalie ( A 2 (x, y )) max
des sources profondes au détriment des sources
superficielles. A0(x, y) étant l’amplitude du signal
analytique de l’anomalie de champ potentiel,
 Continuation analytique vers le bas
A2(x, y) l’amplitude du signal analytique de
C’est une opération qui ramène la mesure du champ à la 2e dérivée de cette anomalie.
une profondeur -h relativement au plan d’observation.
Elle permet d’amplifier l’effet des sources  Réduction au pôle
superficielles incluant le bruit. Cette technique est
utilisée en exploration pétrolière pour déterminer
l’épaisseur des formations sédimentaires. À de basses latitudes magnétiques (moins de 45°), les
anomalies magnétiques observées sont toujours
fortement asymétriques, et ce, quelque soit la
 Les dérivées géométrie des sources magnétiques. Cette asymétrie
rend donc plus difficile l’interprétation des cartes
Les techniques de dérivés premières du champ par magnétiques obtenues dans les régions proches de
 ∂F ∂F  l’équateur magnétique.
rapport à x, y ou z  i.e. : ,  ne créent pas
 ∂Z ∂x, y 
Au pôle, le champ magnétique se comporte comme le
d’information mais peuvent faciliter la lecture des
gradient gravifique vertical. Les sources magnétiques
cartes. Quant aux dérivées secondes par rapport aux
symétriques généreront des anomalies magnétiques
 
 i.e. : ∂ F , ∂ F  , elles
2 2 symétriques.
directions x, y, z
 ∂Z2 ∂ 2 x, y 
 La réduction au pôle des données magnétiques permet
amplifient les anomalies superficielles.
de supprimer les effets de l’inclinaison et de la
déclinaison, ainsi que du chevauchement des
 Analyse spectrale anomalies sur la carte et rend donc plus facile la
définition des contacts lithologiques. Cependant, le
L’analyse spectrale permet de faire une séparation filtre de réduction au pôle devient de plus en plus
résiduelle-régionale. sensible à mesure que l’on s’approche de l’équateur
(très basse latitude).
 Signal analytique
 Réduction à l’équateur
Le signal analytique pour les perturbations
tridimensionnelles (3D) du champ potentiel est défini La technique de réduction à l’équateur a été élaborée
comme ayant une amplitude : pour solutionner l’instabilité (sensibilité) de la
réduction au pôle et de l’appliquer même dans le cas
de toutes les latitudes magnétiques. La réduction au
2
 ∂M   ∂M   ∂M 
2 2 pôle s’avère cependant être plus précise dans la
A ( x, y ) =   +   +   définition des contacts des structures parce que le
 ∂x   ∂y   ∂z  champ magnétique induit au pôle (étant vertical) a un
Il est utilisé pour déterminer les limites des structures. meilleur couplage avec les structures géologiques
quelque soit la direction de la structure.

Abitibi Géophysique inc. page 23


Chapitre

Exemples
d’applications en
recherche minérale

5.1 Prospection directe


5.2 Prospection indirecte régionale
5.3 Prospection indirecte locale
5.3.1 Contribution par identification de roches favorables
5.3.2 Contribution par identification de structures favorables
5.3.3 Contribution par identification de zones d’altération

Abitibi Géophysique inc. page 24


MAGNÉTOMÉTRIE

L
a méthode magnétométrique est certes celle qui dont les principaux gîtes producteurs sont
possède le plus d'applications en exploration localisés au Pérou et en Chine:
minière, tout en étant la moins coûteuse. La
majorité de ces applications sont toutefois indirectes,  Gisements associés à des intrusions
c'est-à-dire que les signatures magnétiques doivent (métasomatisme de contact).
être interprétées de façon à reconnaître un contexte
géologique ou structural caractéristique de la  Gisements stratiformes dans des terrains
configuration d'un type de gisement. Cette recherche métamorphiques.
sera évidemment plus efficace si un modèle de
gisement a déjà été défini à titre d'objectif régional ou
local. 5.2 Prospection indirecte régionale

5.1 Prospection directe Sur le plan de la contribution indirecte, nous devons


distinguer celle à l'échelle régionale de celle à
Les deux seuls objectifs directs en prospection l'échelle locale. Les résultats des levés régionaux
magnétique sont la recherche de gisements de fer (et sont normalement exploités à des fins de
manganèse) et de titane-fer. La plupart de ces dégrossissage géologique et structural, tout
gisements peuvent être identifiés à l'aide de survols spécialement dans les régions où les affleurements
régionaux et précisés (et même parfois évalués) par sont masqués par des recouvrements étendus (sable,
des levés de détails: sol et forêt, dépôts glaciaires, latérites, etc.). Au
niveau régional, les cartes MAG servent à repérer :
• Gisements de fer d'origine sédimentaire :
• Les ceintures de roches vertes, normalement
 Formations ferrifères de types Lac caractérisées régionalement par un faible
Supérieur et Algoma contenant fer et niveau magnétique mais présentant un relief
manganèse (exemples respectifs: Wabush, modérément accidenté. Ces sous-ensembles
Québec et Helen, Ontario). des boucliers précambriens renferme la quasi-
totalité des gisements de métaux usuels
 Formations ferrifères enrichies, formées (généralement au sommet d'une séquence
par l'altération chimique profonde des strates felsique) et aurifères (dans ou en bordure des
ferrifères sédimentaires. Ces gisements sont intrusions felsiques, près de roches mafiques ou
oxydés (hématite, goethite) et donc moins de formations de fer).
magnétiques que les précédents.
• Les conglomérats (paléoplacers) uranifères
• Gisements de titane-fer dans des intrusions (Elliot Lake, Ontario) et aurifères
mafiques : (Witwatersrand, Afrique du Sud) qui occupent
une position stratigraphique bien définie au-
 Ilménite dans des anorthosites. Exploité dessus d'un horizon de schistes ferrugineux
pour le titane et le fer, les amas d'ilménite magnétiques. La profondeur au toit de cet
massive sont fréquemment caractérisés par horizon peut être calculée d'après la réponse
des anomalies magnétiques négatives magnétique.
(magnétisme rémanent) (exemple: Lac
Allard, Québec). • Les complexes circulaires à elliptiques
composés de carbonatite, renfermant des
 Magnétite titanifère dans des anorthosites gisements de niobium (St-Honoré, Québec et
gabbroïques. Les intrusions contenant des Araxa, Brésil) et de cuivre (Palabora, Afrique
concentrations significatives d'oxydes de fer du Sud), et dont les anomalies magnétiques
et de titane sont caractérisés par des maxima sont diagnostiques.
magnétiques larges, mais d'amplitude faible
à modérée (exemple: complexe du • Les gisements volcaniques de sulfures massifs
Bushveld, Afrique du Sud). auxquels sont associés pyrrhotine et/ou
magnétite (Mattagami Lake, Québec et Hajar,
• Signalons en dernière application directe, mais Maroc, figure 5.1).
au niveau des levés de détail seulement, la
recherche de gisements de fer dans des skarns • Les roches ultramafiques, auxquelles sont
associées :

Abitibi Géophysique inc. page 25


MAGNÉTOMÉTRIE

 Des gisements de chromite stratiformes,  Des gisements d'amiante, situés dans des
où les filons sont généralement contenus corps allochtones de roches ultramafiques
dans une péridotite ou son équivalent serpentinisées (Asbestos, Québec).
serpentinisé (Complexe du Bushveld,
Afrique du Sud et Great Dyke, Zimbabwe).  Des gisements d'or archéens, associés à
des strates ferrifères rubannées (BIF) ou à
 Des gisements de chromite podiformes des roches basiques ou ultrabasiques qui sont
qui se situent dans les portions ultramafiques magnétiques (seulement un des dix plus
des successions ophiolitiques (Massif de importants gisements d'or d'Australie
Zambales aux Philippines). occidentale n'est pas relié à une signature
magnétique à l'échelle 1:250 000).
 Des gisements magmatiques de nickel et
cuivre (et EGP), dans des péridotites • Les systèmes d'altérations, qui sont facilement
volcaniques (Australie occidentale), dans des reconnaissables à l'échelle kilométrique par des
dunites intrusives (Thompson, Manitoba) et zones circulaires ou ovales de bas niveau et
dans des roches ultramafiques (Ungava, faible relief magnétique dues à la destruction de
Québec). la magnétite. Cette sensibilité de la magnétite à
l'altération hydrothermale fait de la méthode
 Des gisements de nickel et cuivre, aéromagnétique un outil idéal pour repérer les
associés à des roches gabbroïques zones de minéralisation épithermale
magnétiquement différenciées et renfermant potentielles (échelle régionale).
de plus de la pyrrhotine (Sudbury, Ontario et
Lynn Lake, Manitoba).

EXEMPLE DE PROSPECTION POUR UN GISEMENT


VOLCANIQUE DE SULFURES MASSIFS (FIG. 5.1)

La mine de Hajar est située au contrefort du Haut-Atlas à environ 35 kilomètres au sud de la ville de Marrakech au
Maroc. Il s’agit d’un gisement de type VMS encaissé dans des terrains d’âge viséen et situé sous 120 mètres de
recouvrement. L’amas principal mesure 300 mètres suivant son axe long par quelque 120 mètres suivant son axe
court et sa puissance verticale minimale connue jusqu’à présent est de 300 mètres. Il est principalement constitué de
pyrrhotine, sphalérite, galène et chalcopyrite. La teneur moyenne des zones exploitées est de 7% Zn, 2% Pb et 0,6%
Cu.

L’anomalie magnétique associée à cet important amas (figure 5.1) a été mise en évidence pour la première fois lors
d’un levé semi-régional au sol effectué par la CAG en 1965. Le sondage HS-1 réalisé en 1984 par le BRGM en
collaboration avec le BRPM a toutefois été implanté sur la base des résultats du levé aéromagnétique réalisé par la
société Geoterrex en 1968. Ce sondage avait alors intercepté plus de 120 mètres de minéralisation massive. En 1988,
l’ONA acquérait les droits miniers sur cet intéressant prospect et procédait à une campagne de sondages
systématiques qui a permis la définition de plus de 12 millions de tonnes de réserves prouvées. La mine de Hajar a
finalement été inaugurée en décembre 1992. Les développements miniers subséquents, basés sur la réinterprétation
des données géologiques et des levés géophysiques au sol effectués par SAGAX Magreb S.A., ont permis la
définition d’au moins 4 millions de tonnes de réserves supplémentaires au nord-est de la mine.

Abitibi Géophysique inc. page 26


MAGNÉTOMÉTRIE

Abitibi Géophysique inc. page 27


MAGNÉTOMÉTRIE

5.3 Prospection indirecte locale • Cartographie des intrusions felsiques (Lamaque


et Belmoral à Val-d'Or) et syénitiques
Les contributions indirectes à l'échelle de la propriété (Kirkland Lake, Ontario) auxquelles sont
minière sont presque aussi nombreuses que la variété spatialement associées des gisements d'or
des gisements. hydrothermaux. Les gisements filoniens
d'argent-plomb-zinc (sud-est de la Colombie
5.3.1 Contribution par identification de Britannique) et les gisements porphyriques de
cuivre-molybdène (Butte, Montana) sont
roches favorables génétiquement associés à des intrusions
felsiques. Ces intrusions sont caractérisées par
• Anomalies magnétiques circulaires produites une texture très douce sur les cartes à relief
par les cheminées kimberlitiques lors de la ombragé.
prospection pour le diamant (Canada, Russie).
Les kimberlites sont des roches ultramafiques
• Cartographie de roches granitiques pouvant
contenant magnétite et ilménite.
renfermer des gisements d'étain dans des
filons et stockwerks (Catavi et Oruro, Bolivie).
• Présence de magnétite et/ou ilménite dans les Les intrusions granitiques favorables montrent
placers aurifères (Chaudière, Québec et un relief magnétique très peu accidenté de sorte
Klondike, Yukon), et diamantifères (Afrique) que le contact avec les roches périphériques est
à condition que le roc sous-jacent présente un très facile à cartographier précisément par
faible relief magnétique (figure 5.2). magnétométrie. De la pyrrhotine peut être
associée à la cassitérite et à la stannite.
• Recherche d'anomalies magnétiques dans le
cadre de la prospection des gisements d'or • Cartographie des stocks, plutons ou batholites
dans des sédiments d'origine chimique, à felsiques pouvant indiquer la présence de
l'intérieur des ceintures de roches vertes gisements dans des skarns :
archéennes :
 Gisements de tungstène (Mactung,
 Formations ferrifères à carbonate et oxydes Yukon).
(Geraldton, Ontario).  Gisements de zinc-plomb-argent (Santa
 Formations ferrifères à sulfarséniures et Eulalia, Mexique).
silicates (Lupin et Contwoyto, T.N.-O.,  Gisements de cuivre (Gaspé Copper,
Canada; Homestake, Dakota Sud). Québec).
 Gisements contenant des sulfures (dont de
la pyrrhotine) et du chert (Detour Lake,
[De la pyrrhotine est fréquemment associée aux
Ontario).
minéraux exploitables.]
 Gisements stratiformes de pyrite pouvant
accessoirement renfermer pyrrhotine et/ou
magnétite (Doyon et Dumagami, Québec ; • Cartographie de petits plutons felsiques ayant
Australie). créé l'activité épithermale à l'origine des
gisements d'or dans des carbonates (type
Carlin).
• Signature magnétique calme des roches
volcaniques felsiques auxquelles sont associées • Cartographie de filons-couches de diabase
les gisements stratiformes de : associés aux gisements d'argent dans des
filons arséniés (Cobalt, Ontario).
 cuivre-zinc (Kidd Creek, Ontario et • Cartographie des intrusions mafiques
Hoene, Québec). différenciées associées aux gisements filoniens
 zinc-plomb-cuivre (Kuroko, Japon et zone de cuivre (Districts d'Opémiska et de
pyriteuse d'Espagne et du Portugal). Chibougamau au Québec).

[Ces gisements renferment également La cartographie des diverses lithologies doit être
pyrrhotine et magnétite. De plus, le traçage d'un effectuée avec prudence dans certains secteurs où
niveau exhalatif repère situé l'activité hydrothermale a forcé la précipitation de
stratigraphiquement au-dessus des corps magnétite. La déposition de celle-ci sera contrôlée
sulfurés massifs peut-être réalisé par MAG en par la porosité de sorte que les anomalies suivront
davantage la tectonique que la lithologie. Voyons
condition de faciès oxyde].
toutefois comment tirer avantage de ceci.

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MAGNÉTOMÉTRIE

EXEMPLE DE PROSPECTION D’UN PLACER AURIFÈRE

A, B, C, représentent des niveaux d’alluvionnement. Il faut noter cependant, que les


placers aurifères avec présence de magnétique sont généralement plus développées que les
plages aurifères elles-mêmes. Il est également à noter que l’or est fréquent dans les
terrains faiblement métamorphiques où il y a présence d’intrusions de roches basiques
magnétiques. Cependant, ces intrusions basiques (dans le socle) peuvent gêner
l’identification de placers sus-jacents contenant de la magnétique et possiblement de l’or.

Figure 5.2 : Prospection magnétique d’une vallée aurifère


(D’après Heiland et Courtier).

Abitibi Géophysique inc. page 29


MAGNÉTOMÉTRIE

5.3.2 Contribution par identification de prospection de gisements sédimentaires de


structures favorables zinc-plomb (Sullivan, Colombie
Britannique; Balmat, New-York et Broken
Les discontinuités dans les signatures magnétiques Hill, Australie). S'applique également aux
expriment généralement assez fidèlement les cassures gisements sédimentaires de barytine
dans la stratigraphie et dans les intrusions. La (Battle Mountain, Nevada).
cartographie des structures ayant contrôlées la
déposition et/ou la remobilisation du minerai • Fractures, failles et cisaillements:
constitue la principale application des levés
magnétométriques, en particulier en prospection  Gisements aurifères filoniens associés à
aurifère. des roches volcaniques (Giant Yellowknife,
T.N.-O.; Kerr Addison, Dome et Campbell
• Failles majeures, structures en horst et graben, en Ontario). Les filons quartzeux suivent les
brèches tectoniques : failles, fractures et zones de roches
schisteuses altérées (zones de cisaillement)
 Recherche des structures favorables à et sont normalement caractérisés par un bas
l'infiltration des fluides minéralisants et bien MAG linéaire, dans un environnement
développées (stockwerks, fractures, réseau mafique.
de failles et brèches), nécessaires à la
formation des gisements porphyriques de  Gisements d'or associés à des intrusions
cuivre, or et molybdène (Chuquicamata, dont la configuration est souvent déterminée
Chili et Brenda, Colombie Britannique) et à par des failles individuelles ou des zones de
celle des gisements de cuivre dans les cisaillement parfois riches en magnétite
skarns (Craignont, Colombie Britannique et (Kirkland Lake, Ontario et Camflo, Québec).
Gaspé Copper, Québec).
 Gisements d'or dans des sédiments
 Cartographie de failles majeures sous le riches en fer qui sont contrôlés à petite
couvert sédimentaire et de structures en horst échelle par des cassures subsidiaires aux
et graben dans la recherche de gisements linéaments régionaux.
d'or dans des carbonates (Carlin, Nevada).
 Interprétation de failles du socle
 Recherche de réseaux de failles et de métasédimentaire ayant été réactivées après
fractures et de zones étendues de brèches le dépôt des grès de couverture pour la
tectoniques (rifts) ayant offert la recherche de gisements d'uranium associés
perméabilité requise à la mise en place des à cette discordance stratigraphique (Cigar
gisements de cuivre de type red beds dans Lake et Rabbit Lake, Saskatchewan).
les roches volcaniques.
 Aide à reconstruire la structure originale
 L'identification des fractures crustales (avant fracturation et plissement) des strates
profondes (grandes failles normales ou ferrifères (gisements d'or dans des
failles de décrochement) déterminante pour sédiments d'origine clastique:
la distribution des complexes à carbonatite Homestake).
(gisement de niobium de Oka, Québec).
• Paléotopographie et discordances:
 Localisation de fractures synvolcaniques
dans des successions de roches volcaniques  Dans le cadre de la prospection de
sous-marines pour la recherche de gisements conglomérats uranifères ou aurifères,
stratiformes de cuivre-zinc (gisements de cartographie des anomalies
Chypre) et de zinc-plomb-cuivre paléotopographiques responsables de
(Brunswick et Buchans, Canada Oriental). variations abruptes du gradient et de la
compétence des cours d'eau, ayant entraîné
 Recherche d'indices d'une activité les détritus arrachés aux granitoïdes altérés.
tectonique synsédimentaire (failles
d'extension, talus de faille, brèches)  Recherche de récifs ou crêtes du
représentant parfois une réactivation des soubassement pouvant refléter une zone
failles de soubassement dans le cadre de la d'instabilité tectonique caractérisée par des

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MAGNÉTOMÉTRIE

mouvements verticaux où sont généralement malheureusement trop fréquente consiste à


situés les gisements stratiformes de plomb- produire des cartes du champ magnétique
zinc du type de la vallée du Mississippi réduit au pôle sur lesquelles les anomalies
(Pine Point et Polaris, T.N.-O., Canada). MAG sont unipolaires positives).
L'identification de bas MAG peut toutefois être
5.3.3 Contribution par identification de difficile à l'échelle du gisement, l'altération
zones d’altération hydrothermale pouvant s'étendre à toute la
roche ou être confondue avec d'autres unités
magnétiquement calmes. De plus, la plupart
• Dans plusieurs camps miniers aurifères (tel
des fluides hydrothermaux détruiront la
celui de la faille Porcupine-Destor au Canada),
magnétite, y compris les fluides "froids"
l'identification d'une zone d'altération
n'ayant pas de capacité de transport de l'or.
carbonatée est importante. Les minéraux
magnétiques dans les roches volcaniques
mafiques sont oxydés durant la • L'altération en rapport avec l'activité
carbonatisation et convertis en ankérite, hydrothermale montre généralement une
leucoxène et hématite, réduisant localement la zonation possiblement reconnaissable par MAG
susceptibilité magnétique. (Attention de ne pas dans les systèmes porphyriques. Le niveau
confondre le pôle négatif normal d'une d'érosion du système doit toutefois être précisé
anomalie magnétique observée à latitude par d'autres indicateurs (lithogéochimie,
moyenne avec une telle zone d'appauvrissement résistivité/polarisation provoquée) pour que les
en magnétite, laquelle ne peut abaisser le signatures MAG puissent être interprétées
niveau de fond MAG au-dessous du champ adéquatement.
ambiant, contrairement au pôle négatif. Une
solution pour éviter ce genre d'erreur

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