Vous êtes sur la page 1sur 6

La clarinette (du provençal clarin désignant un hautbois1) est un instrument de

musique à vent de la famille des bois caractérisé par son anche simple et sa perce
quasi cylindrique. Elle aurait été créée vers 1690 par Johann Christoph Denner
(1655-1707) à Nuremberg sur la base d'un instrument à anche simple plus ancien : le
« chalumeau ». La clarinette soprano (en si♭) est le modèle le plus commun.

La perce cylindrique de la clarinette la distingue du hautbois et du saxophone,


tous deux à perce conique, et lui confère une aptitude au quintoiementnote 1. Son
timbre chaud dans le registre grave, peut s'avérer extrêmement brillant voire
perçant dans l'aigu.

De tous les instruments à vent de sa famille, la clarinette possède la plus grande


tessiture avec trois octaves plus une sixte mineure, soit 45 notes en tout2,3. Elle
se décline en une famille d'instruments presque tous transpositeurs, depuis la
clarinette contrebasse jusqu'à la clarinette piccolo, couvrant ainsi toute
l'étendue d'un orchestre symphonique. À l'exception des percussions, la clarinette
est l'instrument qui possède la plus grande famille.

Cet instrument est utilisé dans la musique classique et traditionnelle ainsi qu'en
jazz et en musique contemporaine. Parmi les compositions célèbres pour clarinette,
on peut citer le Concerto pour clarinette de Mozart.

Le musicien instrumentiste qui joue de la clarinette est appelé un clarinettiste.

W. A. Mozart, Concerto pour clarinette, 3e mouvement.


Histoire de la clarinette
Étymologie
Le centre national de ressources textuelles et lexicales considère comme origine la
plus probable du mot clarinette un dérivé du mot provençal clarin, désignant un
hautbois primitif, dont le nom dérivait encore du mot « clar » (clair) auquel a été
ajouté le suffixe -ette pour le différencier du clarino1.

Selon Paul Rougnon, clarinette dérive de clarinet : « Au début du xviiie siècle, on


connaissait le clarinet qu'on appelait aussi hautbois de forêt. Clarinet a dû
engendrer clarinette4 ».

Le dictionnaire historique de la langue française reprend le clarin provençal comme


source étymologique, en ajoutant qu'« une autre origine possible, avec une valeur
diminutive, par dérivation de clarine, « clochette à son clair au cou des animaux
», est moins probable5 ». La première mention de « clarin » est attestée en 1508,
celle de « clarinette » en 17535.

Du chalumeau à la clarinette
Article détaillé : Clarinette ancienne.
gravure : première clarinette
La clarinette de Johann Christoph Denner.
photo : clarinette à 4 clefs
Ancienne clarinette à 4 clefs.
Fichiers audio
Registre du chalumeau
0:07
Registre du clairon
0:06
Gamme chromatique
0:12
Des difficultés à utiliser ces médias ?Des difficultés à utiliser ces médias ?
modifier Consultez la documentation du modèle
partition : ambitus
Registres de la clarinette, notes lues pour les clarinettes en clef de sol6.
Toute la famille des clarinettes tire son origine du chalumeau français du Moyen
Âge, « vieil instrument encore employé par Gluck dans l’Orfeo (1764) et dans
l’Alceste italienne (1766)7 ».

François-Auguste Gevaert note que « le nom français de l'instrument est employé par
les vieux compositeurs italiens sous le déguisement graphique de salmó, et par les
maîtres allemands qui l'écrivent Chalumau et Chalamaus. En allemand, de même qu'en
néerlandais, le mot Schalmei désigne le hautbois primitif7 ». Aujourd'hui encore,
le registre grave de la clarinette est appelé registre du chalumeau.

C'est à Johann Christoph Denner (1655–1707), un facteur de Nuremberg, que l'on


devrait l'invention de la clarinette. Vers 16908, « après dix années d'essais
infructueux »9 il ajouta au chalumeau français le pavillon et deux clés
d'importance majeure. L'ajout de la « clé de 12enote 2», également désignée « clé
de registre », permit de tirer parti de l'aptitude de l'instrument au quintoiement,
que les musiciens les plus doués pouvaient provoquer par une modification de la
position de l'embouchure. Le registre atteint est alors celui dit du clairon et sa
sonorité se rapproche de la clarine, petite trompette du xviiie siècle, qui donna
son nom à la clarinette.

À cette époque, l'instrument était manipulé via huit trous bouchés par les doigts,
ce qui permettait à l'instrumentiste de jouer la gamme depuis le fa grave jusqu'au
sol médium. La gamme ne se poursuivait sur le registre supérieur qu'à partir du do,
et se faisait donc avec un défaut de deux notes sur la gamme : le la et le si
étaient absents de la gamme. La deuxième clef, celle « du la », étend vers le haut
le registre du chalumeau.

Le si est obtenu par « quintoiement10 » d'une note plus grave (le mi) grâce au
pavillon prolongeant la clarinette et l'ajout d'une clef actionnée par
l'auriculaire de la main gauche alors inoccupé. Il fait donc partie du registre du
clairon. La gamme (diatonique) est alors complète et le changement de registre se
passe sans discontinuité.

Dans l'état, l'instrument ne disposant pas d'une gamme chromatique complète, il


restait prisonnier de quelques tonalités particulières. Pour y remédier, les
musiciens disposaient de différents modèles de clarinettes, réalisés chacun pour
une tonalité spécifique11. Les altérations pouvaient cependant être obtenues par
des doigtés fourches ne permettant pas une grande virtuosité, et à la sonorité peu
satisfaisante.

Entre 1740 et 1850, il a existé une famille de clarinettes anciennes, appelée


clarinette d'amour, réalisées dans différentes tonalités (en sol, en fa, en ré...)
et dotées de 3 à 5 clés, qui possédait un pavillon en forme de poire, appelé
pavillon d'amour, à l'instar du hautbois d'amour, un bocal courbé et une perce
réduite.

Les évolutions vers la clarinette moderne


Clarinettes avec différents systèmes de clétage
Clarinette ancienne à 5 clés (vers 1800)
Clarinette ancienne à 5 clés (vers 1800)

Clarinette à 13 clés par Iwan Müller, trous de tonalité avec un siège conique et
tampons en cuir, inventée en 1809
Clarinette à 13 clés par Iwan Müller, trous de tonalité avec un siège conique et
tampons en cuir, inventée en 1809
Clarinette Boehm standard, avec 17 clefs et 6 anneaux, développée en 1843 et
brevetée par Hyacinthe Klosé et Louis Auguste Buffet
Clarinette Boehm standard, avec 17 clefs et 6 anneaux, développée en 1843 et
brevetée par Hyacinthe Klosé et Louis Auguste Buffet

Clarinette en système Albert, conçue vers 1850 par Eugène Albert, techniquement
intermédiaire entre les clarinettes Müller et Oehler
Clarinette en système Albert, conçue vers 1850 par Eugène Albert, techniquement
intermédiaire entre les clarinettes Müller et Oehler

Clarinette en système Baermann, conçue vers 1860, techniquement intermédiaire entre


les clarinettes Müller et Oehler
Clarinette en système Baermann, conçue vers 1860, techniquement intermédiaire entre
les clarinettes Müller et Oehler

Clarinette dite « Full-Boehm » avec 21 clés et 7 anneaux, développée en 1870 par


Buffet-Crampon
Clarinette dite « Full-Boehm » avec 21 clés et 7 anneaux, développée en 1870 par
Buffet-Crampon

Clarinette allemande 1905 (Oehler), avec 22 clefs, 5 anneaux et un plateau, avec


clefs de pavillon ajoutées plus tard pour renforcer mi et fa graves
Clarinette allemande 1905 (Oehler), avec 22 clefs, 5 anneaux et un plateau, avec
clefs de pavillon ajoutées plus tard pour renforcer mi et fa graves

Clarinette standard allemande sans plateau, ni clef de pavillon


Clarinette standard allemande sans plateau, ni clef de pavillon

Clarinette en système Boehm réformé, avec 19 clefs et 7 anneaux, développée en 1949


par Fritz Wurlitzer
Clarinette en système Boehm réformé, avec 19 clefs et 7 anneaux, développée en 1949
par Fritz Wurlitzer

photo : clarinette à quarts de tons


Différentes vues d'une clarinette à quarts de tons de Fritz Schüller (1883-1977).
En 1810, Heinrich Bärmann (1784-1847) proposa le retournement du bec12,
positionnant ainsi l'anche sur la lèvre inférieure du musicien. Ceci adoucit et
garantit la sonorité. Iwan (ou Ywan) Müller13,note 3 y apporta en 1809 treize clés
supplémentaires offrant enfin la gamme chromatique complète. Ces nouveautés
permirent d'abandonner peu à peu la collection d'instruments dédiés aux tonalités
distinctes dont disposaient les musiciens pour interpréter les différentes pièces.

La clarinette fut amenée à son degré de perfectionnement actuel par le facteur


d'instruments français Louis Auguste Buffet en collaboration avec le clarinettiste
Hyacinthe Klosé14,note 4. Tous deux adoptèrent le principe des anneaux mobiles que
l'Allemand Theobald Boehm avait imaginé pour la flûte : le système Boehm (1843).
Aujourd'hui, le système Boehm est utilisé par les clarinettistes du monde entier,
aux exceptions des Allemands et des Autrichiens, qui se servent pour la plupart du
système concurrent : le système Oehlernote 5. Un autre système à treize clés mis au
point par Eugène Albert au xixe siècle, le système Albert, est encore utilisé de
nos jours en Europe centrale et en Turquie.
Une clarinette utilisant le système Boehm, peut disposer de près de 22 éléments
mobiles utiles, auxquels il faut ajouter les paliers, les axes, les vis et les
ressorts (ressort à aiguille, ressort à lame). L'ensemble dépasse la centaine de
pièces mécaniques, et participe à la manipulation de 17 tampons obturant autant
d'orifices inaccessibles avec les doigts.

Le facteur allemand Fritz Wurlitzer (père de Herbert Wurlitzer) a mis au point en


1949 une variante de la clarinette française, qu'il a qualifiée de clarinette
système Boehm réformé. C'est une clarinette avec un système de doigté français,
dont le son est très proche de celui de la clarinette allemande à travers une perce
(diamètre et profil interne du tube constituant le corps de la clarinette)
différente, et un autre type de bec15. Ce type de clarinette trouve encore des
amoureux dans certains pays.

Le nombre de clés annoncé par les facteurs correspond au nombre de points de


commande intentionnelles (les anneaux n'en font donc pas partie puisqu'ils sont
actionnés en même temps qu'un trou est bouché). La clarinette Boehm comporte donc
17 clés, parfois 18 avec la clef de renvoi soldièse/mibémol main gauche. Il existe
deux variantes du système Oehler comportant respectivement 19 et 27 clés.

La famille des clarinettes modernes


La famille des clarinettes modernes est très étendue. La taille et la tonalité sont
les principaux éléments différentiels. Si l'étendue de la tessiture est à peu près
constante, les registres de jeu sont différents. Aujourd'hui, les clarinettes
suivantes sont utilisées, depuis la plus aiguë jusqu'à la plus grave, la plus
utilisée restant la clarinette en si b 16 :

famille des clarinettes


Nom de la clarinette Tonalité Commentaire Tessiture écrit
Petite clarinette sopranino en labémol Rarement employée, sinon pour l'exécution
des bandes militaires et orchestres d'harmonie17 où « pratiquement, elle ne monte
pas plus haut que la petite clarinette en mibémol18 ». Cependant, sa sonorité
criarde intéresse les compositeurs de musique contemporaine19. ambitus sixte
mineure en dessous
Petite clarinette en mibémol Son timbre est très caractéristique, un peu criard.
Utilisée dans certaines œuvres romantiques et post-romantiques (de la Symphonie
fantastique de Berlioz20 aux symphonies de Mahler21), encore très utilisée
aujourd'hui en harmonie, sa tonalité étant très « compatible » avec la plupart des
autres instruments (sibémol principalement) ; ambitus tierce mineure en
dessous
Petite clarinette en ré Employée dans les Concerti de Johann Melchior Molter,
certains opéras de Wagner et, de manière remarquable, Till Eulenspiegel de Richard
Strauss17. ambitus seconde majeure au-dessous
Clarinette soprano en ut Un peu oubliée, après avoir été « très en honneur
chez les musiciens du xviiie siècle, Gluck notamment22 ». Selon Henri Büsser, elle
est « le grand soprano dramatique de la belle famille des clarinettes22 ».
ambitus sans transposition
Clarinette soprano en sibémol « Expressive, lumineuse », selon Charles
Kœchlin, et « plus généralement employée que celle en la23 ». ambitus
seconde majeure au-dessus
Clarinette soprano en la Moins brillante, plus douce, plus veloutée. Souvent
présentée comme « un peu moins agile que celle en sibémol, quoique la différence
n'est pas grande23… » ambitus tierce mineure au-dessus
Clarinette de basset en la Clarinette en la avec une extension au do, employée
presque exclusivement pour l'exécution du Concerto pour clarinette de Mozart dans
sa version originale. ambitus tierce mineure au-dessus
Clarinette de basset en sibémol Clarinette en sibémol avec une extension au do.
ambitus seconde majeure au-dessus
Clarinette turque en sol Principalement jouée pour les musiques turques et
grecques ; en attente des informations. quarte juste au-dessus
Cor de basset en fa Employé « pour assombrir le coloris de l'harmonie du
Requiem de Mozart24 » ainsi que dans La clémence de Titus et La Flûte enchantée25
et très utilisé à la fin du xviiie siècle. ambitus quinte au-dessus
Clarinette alto en mibémol Dérivée de l'ancien cor de basset ambitus sixte
majeure au-dessus
Clarinette basse en sibémol Verdi est l'un des premiers à l'utiliser dans Aïda11.
Très utilisée pour ses notes graves où elle peut jouer « plus doux qu'aucun autre
instrument à vent26 ». ambitus octave + seconde majeure au-dessus
Clarinette contralto en mibémol Utilisée en ensemble de clarinettes et de plus
en plus en orchestre, notamment d’harmonie25. ambitus octave + sixte majeure
au-dessus
Clarinette contrebasse en sibémol Dite aussi clarinette-pédale, parfois employée
dans des orchestres symphoniques et dans l'opéra (Fervaal de Vincent d'Indy, par
exemple25). 2 octaves + seconde majeure au-dessus
La clarinette est un instrument transpositeur (sauf celle en ut naturellement). Par
exemple lorsqu'un musicien joue, sur une clarinette en sib, un do qu'il est en
train de lire sur sa partition, le pianiste entend un sib. Cela permet de ne pas
changer les doigtés principaux entre les instruments d'une même famille: ce sont
les notes - et les armures - qui sont décalées sur les partitions de clarinette.
Cependant, depuis Schoenberg et Prokofiev, les compositeurs ont tendance « à écrire
directement les sons que l'oreille perçoit » sur les partitions d'orchestre27.

Conçu par l'acousticien Charles Houvenaghel, un prototype de clarinette octo-


contrebasse en métal28 a été fabriqué en 1939 par Léon Leblancnote 6. Cet
instrument était plus grave d'une octave par rapport à la clarinette contrebasse.
Elle sonnait comme un jeu d'orgue de 32 pieds. Le projet, très ambitieux de par la
taille de l'instrument, a été abandonné. En 1971, une clarinette octo-contralto a
également été fabriquée par Léon Leblanc. Décrite et jouée par Cyrille Mercadier
lors d'un concert le 2 octobre 201129, elle est exposée avec la clarinette octo-
contrebasse au Musée des Instruments à vent de La Couture-Boussey.

Les types de clarinettes utilisées peuvent varier selon les différents ensembles
musicaux. Par exemple, dans un orchestre d'harmonie, on retrouve principalement des
clarinettes soprano en si♭ et des clarinettes basses, mais aussi parfois des
petites clarinettes en mi♭, des clarinettes altos, voire une clarinette contralto.

Clarinettes en la bémol, mi bémol et si bémol, clarinette basse en la, clarinette


alto tessiture jusqu'au mi graveflat
, cor de basset, clarinette basse tessiture jusqu'au mi graveflat
, clarinette basse tessiture jusqu'au do grave, clarinette contralto et clarinette
contrebasse
Anatomie de la clarinette
Clarinettes « droites »

Parties d'une clarinette, à gauche: bec avec ligature, baril, corps du haut; à
droite: corps du bas et pavillon.
dessin : le bec - parties, dessus, profil, coupe
Description du bec.
La clarinette en sibémol (mais aussi celles en la, en ut, en ré et mibémol) se
présente sous la forme d'un long tuyau droit. La clarinette est généralement
réalisée en bois noble tel que le grenadille ou le palissandre (au moins pour le
corps). Certains modèles, dits d'études, sont parfois moulés en plastique
(Resonite, Resotone, ABS...). Dans les années 1930, le jazz a utilisé des modèles
en métalnote 7,30.

En 1994, des clarinettes en matériau composite ont fait leur apparition. Cette
gamme d'instruments est développée par Buffet Crampon sous l'appellation Green Line
et fabriquée sur la base d'un matériau constitué de 95 % de poudre d'ébène et de 5
% de fibre de carbone31. Ces clarinettes présentent les avantages du bois sans
leurs inconvénients : elles conservent la sonorité des instruments en ébène,
gagnent en légèreté et sont moins sujettes aux fentes.

Vous aimerez peut-être aussi