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Expériences simples sur l’effet Magnus

A. Turpain, de Bony de Lavergne

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A. Turpain, de Bony de Lavergne. Expériences simples sur l’effet Magnus. J. Phys. Radium, 1926, 7
(10), pp.316-320. �10.1051/jphysrad:01926007010031600�. �jpa-00205267�

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EXPÉRIENCES SIMPLES SUR L’EFFET MAGNUS
par MM. A. TURPAIN et DE BONY DE LAVERGNE

Sommaire. 2014 La déviation des trajectoires de corps en rotation, qui constitue


l’effet Magnus, a été remarquée dès 1745. En 1831, l’artillerie prussienne adopta l’usage
de projectiles excentrés dont la portée est ainsi accrue. La question fut étudiée en 1850
par Magnus. Les auteurs mettent cet effet en évidence au moyen de trois dispositifs :
1° Un cylindre de carton qui ne frotte sur un plan incliné de verre que par un axe d’acier ;
en enroulant le cylindre de fil, on change, à volonté, le sens de sa rotation ; 2° Deux

sphères de celluloïd à axes légers enroulés de fil à l’inverse, tombent en s’éloignant l’une
de l’autre; 3° Une sphère de celluloïd cerclée de fer-blanc tourne dans un champ tournant
triphasé; si cette sphère, armée d’une pointe, tombe de quelques millimètres sur un miroir
sphérique enfumé et qu’un courant d’air la souffle, on peut mesurer avec précision l’effet
Magnus par le relevé de son tracé sur le miroir.

t. Introduction. - La déviation des trajectoires de corps en rotation, des boulets en


particulier, a été observée il y a près de deux siècles. Le mathématicien anglais Benjamin
Robins attribua, le premier, ces déviations à la rotation du corps elle-même (1742). Euler
niait toute influence de l’air et attribua la déviation au défaut de sphéricité du projectile
(1 74~). Lombard, s’appuyant sur les expériences de balistique effectuées à La Fère, en 1771,
analysa les effets du frottement du boulet sur les parois de l’âme et confirma les vues de
Robins.
Les essais entrepris en Prusse à la sufte des études de Scharnhorst montrèrent, en 1 8 t 6,
que les projectiles excentrés avaient une portée plus grande que les boulets centrés, si le
centre de gravité était, en position de chargement, à la partie’supérieure. La précision du
tir en était aussi augmentée. Ces essais, méthodiquement continués, aboutirent à l’adoption
réglementaire et exclusive, à partir de f.83i, dans les artilleries prussienne, russe et saxonne,
des projectiles excentrés.
Poisson, en 1835, soumit le problème au calcul et indiqua des résultats qui sont exacte-
ment inverses de ,ceux que montre l’expérience. A la suite d’expériences faites sur des obu-
siers par Didion, à Metz, en 1839, et par Hélie à Gavre, en 1843, ces artilleurs émirent
l’hypothèse que les déviations sont dues aux différences de pression sur les hémisphères
opposés. Cette hypothèse a été vérifiée expérimentalement par Magnus, en 1850, quand il
fut chargé, par la commission d’artillerie prussienne, d’étudier la question. _

Au lieu de lancer le corps, Magnus soumit à l’action d’un courant d’air un cylindre
qu’on maintenait en rotation. Il démontra l’existence d’une zone de surpression au voisinage
des génératrices dont la vitesse est de même sens que celle du courant d’air, et l’existence
d’une zone de dépression du côté opposé. C’est l’effet connu sous le nom d’effet Magnus.
M. le colonel Lafay, qui a soumis l’effet Magnus à des études quantitatives précises, a
montré que ce phénomène présentait une inversion; cette inversion se produit pour des
vitesses de rotation assez faibles et pour des cylindres à surface lisse (aluminium). Pour des
vents faibles, l’inversion du début disparaît et l’effet direct se produit de suite. L’inversion
s’affaiblit également par la rugosité de la surface du corps en rotation.
On a préconisé divers dispositifs simples d’expérience pour mettre en évidence l’effet
Magnus. M. Gumbel fait avancer un chariot sous l’action d’un double cylindre qu’un élec-
tromoteur maintient en rotation. NI. Belotindique qu’un cylindre léger de carton, abandonné
au haut d’un plan incliné, descend le plan et l’abandonne alors qu’il est animé d’un mouve-
ment de rotation. Au lieu de quitter le plan suivant la trajectoire parabolique de chute libre,
celle habituelle, le cylindre est dévié vers le plan incliné. Il tombe en se rapprochant de la
verticale.

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:01926007010031600


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2. Expériences. - Nous avons réalisé les dispositifs simples suivants qui per-
mettent des mesures précises. ~

Fig, i .
Premier dispositif (fig. i). -
Un
cylindre de carton léger (1 32 cm; d = 5,6 cm)
=

d’axe armé de 2 épingles, glisse sur deux rails de verre (1 = 1,40 m) inclinés sur 1 horizon
d’un angle a variable. Le calcul indique, dans les conditions de l’expérience, a = 23" pour le
maximum d’amplitude A, au sol, de la parabole de chute sans rotation. Cette amplitude
varie très lentement au voisinage de ce maximum. On peut donc prendre indifféremment oc
supérieur à ~3°. On a ainsi l’avantage d’imprimer au cylindre une plus grande vitesse de
rotation. Cette rotation s’obtient en enroulant un fil sur le cylindre. Ce fil, retenu au haut
des rails de verre, impose au cylindre une rotation dont le sens change avec le sens d’enrou-
lement du fil. Le frottement d’épingles d’acier sur tubes de verre est tout à fait négligeable.
La vitesse de rotation varie, pour un même cylindre, en pratiquant l’enroulement du fil sur
d’étroites poulies de bois léger, collées au cylindre et de diamètre moindre.
Résultats : x = .~~°; h, hauteur de chute =1,60 m ; A .= 70 cm; Ad, déplacement vers
la verticale pour rotation directe (celle que prendrait le cylindre s’il roulait naturellement
sur un plan) = 10 cm; Ai, déplacement inverse == 18 cm. Effet Magnus : Ad + Ai -- 28 cm

(vitesse obtenue par enroulement du fil directement sur le cylindre; nombre n de tours du
fil, 7,75).
Le même fil enroulé sur poulie latérale (d =
2,5 cm, n =
18), Ad + Ai = 34 cm.

Fig. 2.

Deuxième dispositif (fig. 2). On suspend, à une hauteur h du sol, et à 10 cm l’une


-

de l’autre, deux sphères identiques de celluloïd (d= 9,5 cm) munies d’axes en bois léger de
diamètres d’ identiques sur lesquels est enroulé le même fil de suspension. Les enroulements
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sont de sens contraire. Pour un observateur couché sur le sol, regardant suivant la verticale
de chute, la rotation a lieu pour les points de la surface des sphères en regard, dans un sens
qui porte ces points vers l’observateur. Dès l’instant que les sphères abandonnent etzsemble
le fil de suspension et d’enroulement, les rotations inverses qu’elles possèdent les éloignent
l’une de l’autre (’) et chacune de sa verticale de chute. Ces écarts identiques, pour d et
d’ identiques, mesurent l’effet Magnus. On fait varier -la vitesse en modifiant d’. Poids des
axes a et des sphères s :s - ~6,~ g; ~~,18 g; 15,45 g; cc = 0,8 g (d’-- 0,355 cm); a ~, ~ g =

(d’ - 0,252 cm); a = 2,8 g (d’ _-_. 0,655 cm) ; a - 3,5 g (d’ = 0,27 cm). Le calcul montre
que le moment d’inertie de l’axe est négligeable devant celui de la sphère.
Déroulement du fil. -

On a, w étant la vitesse angulaire; v, la vitesse de déroulement;

Fig. 3.
1, la longueur du fil; p, le poids de toute la balle ; r, le rayon,de l’axe ; K, le moment d’iner
tie ; t, le temps de déroulement (fig. 3),

les constantes s’annulent.

(1) Si les enroulements du fil étaient inversés sur chaque axe, les sphères tomberaient, en se choquant,
à moins qu’elles n’aient été suspendues éloignées. Elles se rapprocheraient alors en tombant, au lieu de
s’éloigner.
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Pour deux balles de même poids, avec la même longueur 1 de fil,

La mesure de t et t’ fournit K. .

Connaissant K et t, on a la vitesse angulaire w en comptant les temps de déroulement,


car :

Le temps du déroulement d’un fil de longueur 1 est donné par :

Résultats :

Troisième dispositif (fig. 4). -


Une sphère de celluloïd est cerclée d’un mince anneau

Fig. 4.
de fer blanc, l’axe se termine par une pointe et un chas d’aiguille, lequel permet de la sus-
pendre, par un fil, au centre d’un champ tournant triphasé. Pour une vitesse suffisante, on .

brûle le fil, la sphère tombe, de quelques millimètres, sur un miroir sphérique concave,
enfumé dont le tore magnétique réalisant le champ tournant occupe les bords. On peut ainsi
relever, grande précision :
avec une
1° Le tracé du
trajet de la sphère tournante sur le miroir. Un raisonnement simple
indique une spirale logarithmique droite ou gauche suivant le sens du champ (vérifié par
l’expérience) ; >

Il Le tracé du trajet de la sphère amenée à sa position de rotation stable, au pôle le


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plus bas du miroir, sous l’influence d’un courant d’air régulier (moteur électrique). En lais-
sant la sphère revenir au centre (courant d’air supprimé) et en inversant le champ, on
mesure avec précision l’effet Magnus sur les tracés obtenus. La vitesse de rotation de la

sphère est observée stroboscopiquement - et sa constance démontrée - par l’éclairement,


dans l’obscurité, au moyen des rayons d’une lampe au néon concentrés sur un trait blanc
sur fond noirci porté par l’anneau de fer, la lampe au néon étant entretenue par le même
courant alternatif animant le champ tournant. Les figures 5 et 6 indiquent les tracés laissés

Fig. 5. Tracés de la balle sur le miroir sous l’influence de la seule rotation. Vérification graphique
-

que les spirales sont logarithmiques :


courbe 1 : OG 38,9 mm calculé; 39,7 mm mesuré.
-

courbe 2 : OE ~ 40,5 mm calculé; 40,2 mm mesure.

Fig. 6 -
Tracés de la balle tournant à 1 500 tours par seconde, sous l’influence du courant d’air.
Effet :Magnu8 : 57°.

par la sphère sur le miroir, sous l’influence de la seule rotation et sous l’influence du cou-
°

rant d’air. ~

On peut encore suspendre la sphère dans le champ par un mince fil (grège) armé d’une
très légère chape. Le~ miroir réfléchissant permet de préciser les relevés au goniomètre ~des
angles d’écarts dus à l’effet Magnus, pour un vent identique sur la sphère animée de rotations
inverses.
La même observation stroboscopique est applicable au relevé des vitesses de chute des
cylindres et sphères des deux premiers dispositifs.
Manuscrit reçu le 25 mai 1926.

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