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Introduction à la Géodésie

René Warnant
Professeur

1
Chapitre 1 : Introduction

2
Les débuts de la Géodésie

3
Géodésie : Définition
• La géodésie est la science dont le but est de déterminer la forme et les
dimensions de la Terre.
• Le domaine d’application de la géodésie comprend :
• La description géométrique de la Terre.
• L’étude du champ de pesanteur de la Terre.

• La description géométrique de la Terre nécessite la mesure précise de


positions à la surface de la Terre qui elle-même implique l’existence de
systèmes de référence.
• Ces deux problématiques font donc aussi partie du domaine d’application de
la géodésie.

4
Eratosthène de Cyrène
• Eratosthène (276-194 av. J.-C) est un mathématicien,
astronome, géographe et philosophe grec.
• Il fût le directeur de la bibliothèque d’Alexandrie.
• Il est, par ailleurs, considéré comme le fondateur de la
géodésie.
• En effet, Il est le premier à avoir réalisé une expérience afin
de déterminer les dimensions de la Terre à savoir le rayon
de la Terre supposée sphérique.
• Le principe de cette expérience a été utilisé jusqu’au 20ième
siècle.
5
Expérience d’Eratosthène : idée

• Hypothèse :
• La Terre est de forme sphérique.
• Les rayons du soleil qui arrivent au niveau de la
Terre sont parallèles entre eux.
• On considère 2 points situés sur un même
méridien.
• On peut déterminer le rayon terrestre R si on
connait :
• L’angle au centre (de la Terre) ψ.
• La mesure de l’arc ∆𝐿 intercepté par cet angle.
∆𝐿
𝑅=
ψ
6
Expérience d’Eratosthène : en pratique 1
• Eratosthène suppose qu’Alexandrie et Syène (Assouan) se trouvent sur un
même méridien (il y a en réalité une différence d’environ 3° en longitude).
• Pour décrire l’expérience, il est nécessaire de définir 2 notions:
• La verticale d’un lieu est représentée par la direction d’un fil à plomb.
• La distance zénithale d’un astre est l’angle formé par la direction de cet astre avec la
direction de la verticale (voir chapitre 2).

• Il constate que le jour du solstice d’été à midi vrai, la lumière du soleil éclaire
le fond du puits de Syène (cela signifie que le soleil se trouve à la verticale du
lieu et que sa distance zénithale vaut 0).
• Au même moment, à Alexandrie, le soleil forme un angle ψ (7,2°) avec la
direction de la verticale ; cet angle a été mesuré à l’aide d’un gnomon.
7
Mesure de l’angle zénithal avec un gnomon 1

• Le gnomon est un instrument d’astronomie qui permet de visualiser l’ombre du


soleil au cours d’une journée; sa forme la plus simple est un bâton planté de
manière verticale dans le sol.
• Les cadrans solaires utilisent aussi un gnomon.
• Lorsque l’ombre est la plus courte, cela signifie que le soleil « culmine » (il est
au plus haut sur l’horizon, on dit qu’il est midi vrai).

8
Mesure de l’angle zénithal avec un gnomon 2
• Si 𝑙! et 𝑙" sont respectivement la hauteur du gnomon et la longueur de l’ombre
et ℎ#$% , la hauteur du soleil lors de sa culmination, on peut voir que :
𝑙!
tan ℎ#$% =
𝑙"
• Sachant que 𝜓 = 90° − ℎ#$% , la mesure de 𝑙" permet de déterminer l’angle ψ.

9
Expérience d’Eratosthène: En pratique 2
• Cet angle ψ et l’angle au centre de la Terre sont deux angles correspondants
formés par 2 parallèles et une sécante: ils ont donc la même mesure.
• En pratique, cet angle au centre est égal à la différence de latitude entre les
2 lieux considérés.
• Pour mesurer l’arc, ∆𝐿, Eratosthène a suivi le cours du Nil entre Alexandrie et
Syène pour le mesurer.
• En ce qui concerne la « technique » utilisée pour mesurer l’arc, 2 hypothèses
existent :
• Hypothèse 1 (légende ?): La distance a été mesurée en nombre de jours de chameau.
• Hypothèse 2 (la plus probable) : La distance a été mesurée en nombre de pas par un
bématiste.
10
Expérience d’Eratosthène: En pratique 3

• Sur des base des mesures de Δ𝐿 et ψ, Eratosthène estime la circonférence


de la Terre à 250 000 stades.
• Si 1 stade=157,5 m (sujet à controverse), Eratosthène évalue la circonférence
terrestre à 39 375 km (elle vaut environ 40 000 km, en réalité).

11
Les débuts de la géodésie moderne
• Au 17ème siècle, les travaux de cartographie basés sur la méthode
d’Eratosthène prennent un nouvel essor suite à 2 innovations :
• La triangulation est inventée par Frisius (1533) et « popularisée » par Snellius (1617).
• Le quart de cercle à 2 lunettes avec réticule (Abbé Picard, 1668) permettant une
mesure plus précise d’angles horizontaux et verticaux; c’est l’ancêtre du théodolite.

12
La triangulation 1
• Soit l’arc de méridien [A,B] à mesurer : l’idée est
de recouvrir l’arc [AB] d’une chaine de triangle :
• On choisit de part et d’autre de l’arc des points élevés
(A,P,Q,R,S,T,B) : clochers, tours, châteaux, …
permettant de faire une visée avec le théodolite.
• Etablir une chaîne de triangles de telle manière que 2
triangles successifs aient 1 côté commun.
• Mesurer un des côtés d’un des triangles (par exemple
[A,P])
• Mesurer les angles de chacun des triangles.
• Mesurer l’angle que fait chacun des côtés avec le
méridien dans le plan horizontal (azimut).
• Mesurer l’angle que fait chaque côté avec le méridien
selon la verticale (distance zénithale) puisque tous les
sommets n’ont pas la même altitude. 13
La triangulation 2

• Connaissant un côté et les angles du premier triangle, on peut par


trigonométrie calculer les deux autres côté dont un est commun avec le
deuxième triangle dont on connait aussi les angles.
• En procédant de cette manière, on peut calculer les côté des autres
triangles.
• Connaissant la distance zénithale des côtés, on les ramène au niveau de la
mer tout en tenant compte de la courbure de la Terre.
• Connaissant, les azimuts, la projection des côtés des triangles successifs sur
l’arc de méridien permet déterminer sa longueur.

14
La Méridienne de France
• La mesure d’une méridienne est définie comme la mesure d’un arc de
méridien sur base de la technique de triangulation.
• De 1669 à 1670, Picard utilise son quart de cercle pour mesurer une
méridienne entre Paris et Amiens ; cette méridienne se trouve sur le
méridien de Paris : on l’appelle la Méridienne de France.
• L’objectif est double :
• Mesurer la Terre (longueur de l’arc correspondant à 1° de différence de latitude).
• Servir de base à la cartographie de la France.
• Il trouve une valeur de 57 060 toises pour un 1° de latitude.

15
Ellipsoïde de révolution prolate et oblate

• Un ellipsoïde de révolution aussi appelé sphéroïde est le volume engendré


par une ellipse qui tourne autour d’un de ses axes :
• Prolate s’il tourne autour de son grand axe (a est le demi grand axe).
• Oblate s’il tourne autour de son petit axe (b est le demi petit axe).

Oblate
Prolate Oblate
16
Forme de la Terre selon Cassini

• La Méridienne de Cassini (1683-1718) : Son


successeur J. D. Cassini étend cette méridienne
vers le Nord (Dunkerque) et vers le Sud (Collioure).
• Il trouve des différences entre l’arc de 1° au Nord
(56 960 toises) et au Sud (57 097 toises) de la
Méridienne.
• L’arc de 1° au Nord est donc plus petit qu’un arc de
1° au Sud.
• Il en conclut que la Terre n’est de forme sphérique
mais a la forme d’une ellipsoïde de révolution
prolate: elle serait donc aplatie à l’équateur.
17
Le pendule simple

• Un pendule simple est constitué d’une masse


ponctuelle m suspendue par un fil sans masse de
longueur l (m) à un point fixe.
• Pour de petites élongations initiales (𝜗 < 10°) ,
si 𝑔 (m/s²) représente l’accélération de la
pesanteur, la période du pendule T (s), est
donnée par
𝑙
𝑇 = 2𝜋
𝑔

18
Forme de la Terre selon Newton/Huygens 1
• En se basant sur la théorie de Newton, Huygens prédit que la Terre est aplatie
aux pôles et pas à l’équateur comme l’affirme Cassini.
• En effet, sachant que la Terre est un corps élastique en rotation, elle subit une
force centrifuge qui est nulle aux pôles et maximale à l’équateur.
• Cette déduction théorique est corroborée par des mesures de l’accélération de
la pesanteur g.
• En 1672, Richer effectue des mesures de g près de l’équateur (Cayenne,Guyane)
grâce au pendule simple : il constate que la pesanteur à l’équateur est plus
faible qu’en France.

19
Forme de la Terre selon Newton/Huygens 2
• Pour expliquer ce résultat, il suppose que la
surface de la Terre à l’équateur est plus
éloignée du centre de la Terre que la surface
de la Terre en France (et donc aussi aux pôles).
• La Terre aurait donc la forme d’un ellipsoïde
de révolution oblate.
• Par ailleurs, l’observation montre que les
planètes Jupiter et Saturne sont aplaties aux
pôles.

20
La controverse et son épilogue

• Pour trouver une issue à cette controverse, l’Académie des Sciences de Paris
décide d’organiser la mesure d’un arc de méridien de 1° (1735-1745) :
• En Laponie (latitude 66°) : Maupertuis et Clairaut mesurent 57 420 toises
• Pérou (latitude -1°) : Bouguer et La Condamine mesurent 56 750 toises.
• L’arc de 1° au pôle est donc plus grand qu’un arc de 1° à l’équateur.
• Cette expérience confirme que la Terre est un ellipsoïde de révolution oblate:
elle est donc aplatie aux pôles et possède un « bourrelet » équatorial.

21
La définition du mètre
• Les mesures d’arc de méridiens vont donner naissance à la première définition
du mètre : 1 mètre est un dix-millionième d’un quart de méridien centré sur une
latitude de 45°.
• Cette définition est basée sur la méridienne mesurée par Delambre et Méchain
(1792-1798) entre Dunkerque et Barcelone.

22
La pesanteur

23
Définition de la pesanteur

• L’étude de la pesanteur est l’une des préoccupations essentielles en


géodésie.
• Toute masse à la surface de la Terre est soumise à la force de pesanteur qui
résulte de 3 contributions :
• la gravité qui est la force d’attraction exercée par la Terre.
• la force centrifuge due au mouvement de rotation de la Terre sur elle-même.
• les marées qui résultent de l’attraction luni-solaire, elles sont fonction du temps.

24
Deuxième loi de Newton
• La loi fondamentale de la dynamique (deuxième loi de Newton) s’écrit :
6 𝐹& = 𝑚𝑎⃗
&
• Cette relation est valide uniquement dans un référentiel inertiel.
• En effet, l’utilisation d’un système non-inertiel entraînerait l’apparition de
forces fictives.
• Cette loi établit une relation entre la somme des forces (∑& 𝐹& ) qui
s’appliquent sur un objet de masse m et l’accélération 𝑎⃗ qui en résulte.
• Connaissant la position et la vitesse initiale de l’objet, la connaissance de
l’accélération permet de déterminer son mouvement (sa trajectoire).
25
Force gravitationnelle

• La force 𝐹'( (N) exercée par une masse ponctuelle 𝑚' (kg) sur une autre
masse ponctuelle 𝑚( (kg) est donnée par la loi de la gravitation universelle :
𝐺𝑚'𝑚(
𝐹'( = − ( 𝑟>
'(
𝑟'(

Avec :
)!"
𝑟>
'( = )!"
et 𝑟'( = 𝑟'( (m)

G = 6,6742 . 10-11 m³ kg-1 s-2 (Constante gravitationnelle)

26
Force gravitationnelle exercée par la Terre 1

• Etudions la force exercée par une Terre à symétrie sphérique sans


mouvement de rotation sur un point P de masse (ponctuelle) m situé « à
l’extérieur » de la Terre.
• Puisque la Terre a une extension spatiale, il faut, en théorie :
• Subdiviser l’ensemble de la masse de la Terre en éléments de masses infinitésimaux.
• Sommer l’ensemble des attractions exercées par tous ces éléments de masses
infinitésimaux sur le point P.

27
Force gravitationnelle exercée par la Terre 2

• L’attraction d’un élément de masse


dM sur le point P :
𝑟 **
𝑑𝐹! = −𝐺 𝑚 # 𝑑𝑀
𝑟 **

28
Force gravitationnelle exercée par la Terre 3

• Si ρ (kg/m³) est la densité de l’élément dM et dV (m³) son volume :


𝑑𝑀 = 𝜌 𝑑𝑉
• En intégrant sur tout le volume de la Terre :
𝑟 **
𝐹! = −𝐺 𝑚 C 𝜌 **# 𝑑𝑉
𝑟

29
Force gravitationnelle d’une Terre à symétrie sphérique
• Nous supposons que:
• La Terre est de forme sphérique et n’a pas de mouvement de rotation sur elle-même.
• La répartition des masses (densité) à l’intérieur de la Terre est :
• Soit homogène (la même partout).
• Soit à symétrie sphérique: la Terre est formée de couches concentriques de densité constante
( 𝜌 = 𝜌(𝑟) ).

• Dans ce cas, la force exercée par la Terre sur un objet de masse m « extérieur »
à la Terre est équivalente à la force qui serait exercée si l’ensemble de la masse
de la Terre (M) était concentrée en son centre de masse :
𝐺𝑀𝑚
𝐹! = − ( 𝑟̂
𝑟
30
Influence du mouvement de rotation

• La Terre est animée d’un mouvement de rotation dont la vitesse angulaire est
notée ω.
• Ce mouvement de rotation a 2 conséquences :
• Toute masse se trouvant à la surface de la Terre est soumise à une force centrifuge, 𝐹! , qui
s’oppose à la force gravitationnelle.
• La Terre n’étant pas un solide indéformable mais bien un solide élastique, la rotation a
pour effet de déformer la Terre (aplatissement aux pôles et apparition d’un bourrelet
équatorial).

• Dans un premier temps, nous ne tiendrons pas compte de la déformation de la


Terre sous l’effet de la rotation.
31
Force centrifuge

• La force centrifuge, 𝐹0 , au point P s’écrit :


𝐹0 = 𝑚 𝜔( 𝑟0 𝑟F0
• Si on exprime 𝑟0 en fonction du rayon 𝑟 et
de la latitude 𝜑:
𝑟0 = 𝑟 cos φ
• Sur cette base, 𝐹0 s’écrit :
𝐹0 = 𝑚 𝜔( 𝑟 cos φ >
𝑟0

32
Force de pesanteur 1

• Si on néglige l’influence des marées, la force de pesanteur, 𝐹1 , au point P:


𝐹1 = 𝐹! + 𝐹0
• L’influence de la force centrifuge sur la pesanteur est la suivante :
• La composante radiale (dans la direction du rayon c’est à dire suivant la direction de 𝐹" )
de 𝐹! a un effet antagoniste à 𝐹" ; elle diminue donc l’intensité de 𝐹# .
• La composante de 𝐹! perpendiculaire au rayon a pour effet de modifier la direction de 𝐹#
par rapport à de 𝐹" ; sachant que la force centrifuge (à l’équateur) représente seulement
0,3 % de la force de pesanteur, cette modification de direction est négligeable; nous ne
prendrons donc pas cet effet en compte.

33
Force de pesanteur 2

• La composante radiale de 𝐹1 s’écrit :


(𝐹0 ))$2 = (𝑚 𝜔( 𝑟 cos φ) cos φ
• Donc :
(𝐹0 ))$2 = 𝑚 𝜔( 𝑟 𝑐𝑜𝑠 ( φ
• L’intensité de la force de pesanteur :
𝐺𝑀𝑚 ( 𝑟 𝑐𝑜𝑠 ( φ
𝐹! = − 𝑚 𝜔
𝑟(
• Le signe « - » vient du fait que 𝐹! et 𝐹0
sont antagonistes.
34
Accélération de la pesanteur : Terre sphérique en rotation

• Suivant la deuxième loi de Newton, la relation entre la force de pesanteur 𝐹1


et l’accélération gravitationnelle g (m/sec²) s’écrit :
𝐹! = 𝑚 𝑔⃗
• Ainsi, l’expression de l’intensité de l’accélération de la pesanteur pour une
Terre à symétrie sphérique et animée d’un mouvement de rotation devient :
𝐺𝑀
𝑔⃗ = ( − 𝜔( 𝑟 𝑐𝑜𝑠 ( φ
𝑟

35
Potentiel de la pesanteur et géoïde

36
Travail dans le champ de pesanteur 1
• Le travail pour transporter une masse m d’un point
A à un point B dans le champ de pesanteur
terrestre, 𝑊34 s’écrit :
4
𝑊34 = 𝑚 C 𝑔 S 𝑑𝑟
3
• Pour une masse unitaire et en se déplaçant selon la
direction de la pesanteur (mais en sens inverse) :
4 4
𝑊34 = − C 𝑔⃗ 𝑑𝑟 = − C 𝑔 𝑑𝑟
3 3

• Le signe – vient du fait que 𝑔⃗ et 𝑑𝑟 on même


direction mais des sens différents.
37
Travail dans le champ de pesanteur 2

• Remarquons :
4 3
𝑊34 = C 𝑔 S 𝑑𝑟 = − C 𝑔 S 𝑑𝑟 = −𝑊43
3 4

38
Force conservative et potentiel
• La force de pesanteur est une force conservative : le travail effectué dans le
champ de pesanteur dépend seulement des points de départ et d’arrivée mais
pas du chemin parcouru.
• C’est aussi le cas des forces gravitationnelle et centrifuge.
• Toute force conservative dérive d’un potentiel: cela signifie qu’elle peut s’écrire
comme le gradient (la dérivée) d’un potentiel.
• La force de pesanteur peut donc s’écrire comme le gradient du potentiel de
pesanteur noté W :
𝐹1 = ∇ 𝑊

39
La notion de gradient 1
• Le gradient est un opérateur mathématique (vecteur) qui extrait la dérivée
d’une fonction scalaire.
• Exprimées en coordonnées cartésiennes, les 3 composantes (x,y,z) de ce
vecteur sont :
𝜕𝑊 𝜕𝑊 𝜕𝑊
∇𝑊 = , ,
𝜕𝑥 𝜕𝑦 𝜕𝑧
• En d’autres mots :
∇𝑊 = 𝐹1 %
, 𝐹1 5
, 𝐹1 6

40
La notion de gradient 2

• Le gradient peut aussi s’exprimer en coordonnées sphériques (𝑟, 𝜆, 𝜑) :


𝜕𝑊 𝜕𝑊 𝜕𝑊
∇𝑊 = , ,
𝜕𝑟 𝜕𝜆 𝜕𝜑

41
Le potentiel de pesanteur en géodésie

• En géodésie, le potentiel de la pesanteur en un point A , 𝑊3, est défini comme


le travail pour transporter une masse unitaire de l’infini jusqu’au point A :
7
𝑊73 ≡ 𝑊3 = −𝑊37 = C 𝑔 𝑑𝑟
3
• Le potentiel de pesanteur est donc égal à zéro à l’infini (tout comme la force de
pesanteur) et il augmente au plus on se rapproche du centre de masse de la
Terre.
• Une surface équipotentielle de la pesanteur est une surface dont tous les
points ont la même valeur de potentiel de pesanteur: 𝑊 = 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑡𝑎𝑛𝑡𝑒

42
Potentiel de la pesanteur : Terre à symétrie sphérique 1

• Pour une Terre de forme sphérique dont la densité est constante ou à symétrie
sphérique ( 𝜌 = 𝜌(𝑟) ), le potentiel de pesanteur W :

% 𝐺𝑀
𝑊 𝑟3 = C ( 𝑑𝑟
)$ 𝑟
• D’où :
7
1 𝐺𝑀
𝑊 𝑟3 = 𝐺𝑀 − =
𝑟 )$ 𝑟3
• Avec 𝑟3 , la distance séparant le point A du centre de masse.
43
Potentiel de la pesanteur : Terre à symétrie sphérique 2
• Dans cas, le potentiel de pesanteur se réduit au potentiel gravitationnel (pas de
rotation) que l’on nomme U :
𝑊=𝑈
• La potentiel ainsi défini vérifie bien l’équation (pour une masse unitaire) :
𝐹1 = 𝑔⃗ = ∇ 𝑊
• En effet, puisque le potentiel de pesanteur pour ce modèle de Terre ne dépend
que de la distance r par rapport au centre de masse de la Terre, le gradient se
limite à une dérivée par rapport à r :
𝜕𝑊
∇𝑊 = ,0 ,0
𝜕𝑟
44
Potentiel de la pesanteur : Terre à symétrie sphérique 3

• Donc
𝑑𝑊
𝑔⃗ = 𝑟̂
𝑑𝑟
• En conséquence, sachant que (pour ce modèle de Terre) :
𝐺𝑀
𝑊 𝑟 =
𝑟
• Alors
𝐺𝑀
𝑔⃗ = − ( 𝑟̂
𝑟
45
Potentiel de la pesanteur : Terre à symétrie sphérique 4

• L’intensité de la pesanteur :
𝐺𝑀
𝑔= (
𝑟
• Ainsi, pour ce modèle de Terre, les surfaces équipotentielles de la pesanteur
sont des sphères concentriques centrées sur le centre de masse de la Terre.
• Dans le chapitre 3, nous étudierons des modèles de Terre plus « réalistes ».

46
Le géoïde 1
• Comme expliqué précédemment, c’est la pesanteur, en particulier la force
centrifuge qui « façonne » la forme de la Terre.
• En géodésie, la forme de la Terre est représentée par la notion de géoïde.
• Le géoïde est une surface équipotentielle du potentiel de pesanteur.
• Puisqu’il existe une infinité de surfaces équipotentielles, on choisit celle « qui
correspond le mieux au niveau moyen des mers ».
• En première approximation, on peut considérer que la surface de l’océan est une
surface équipotentielle de la pesanteur car le niveau des océans s’ajuste de
manière a être perpendiculaire en tout point à la pesanteur.
• Le géoïde (ainsi que n’importe quelle surface équipotentielle) est perpendiculaire
en tout point à l’accélération de la pesanteur. 47
Le géoïde 2

• Soient A et B, 2 points sur le géoïde.


• Puisque le géoïde est une surface équipotentielle de la pesanteur, par
définition, la différence de potentiel ∆𝑊 entre ces 2 points est égale à zéro :
4
∆𝑊 = C 𝑔⃗ S 𝑑𝑟 = 0
3

48
Le géoïde 3

• Nous choisissons de nous déplacer sur la surface équipotentielle, notre élément


infinitésimal de déplacement est donc tangent à la surface.
4
C 𝑔⃗ 𝑑𝑟 cos 𝜃 = 0
3
• La seule manière de satisfaire à cette équation est d’avoir 𝜗 = 90° : la pesanteur
est donc perpendiculaire en tout point du géoïde.

49
Le géoïde 4
• Le géoïde est une surface « physique »
puisqu’il est lié à la pesanteur; il est donc
accessible (indirectement) à des mesures
au sol.
• Sa surface est très irrégulière car elle se
déforme sous l’effet des excès et des
défauts de masse liés entre autres aux
irrégularités de la surface topographique
mais aussi aux irrégularités dans la
densité de la Terre.
• En effet, de telles irrégularité influencent
la valeur pesanteur. 50
Géoïde et ellipsoïde de référence 1

• En pratique, même si la surface du géoïde est irrégulière, sa forme est proche d’un
ellipsoïde de révolution : les écarts du géoïde par rapport à un ellipsoïde varient
d’environ –100 m à +100 m.
• On choisit donc un ellipsoïde de référence qui s’ajuste le mieux possible au géoïde.
• Cet ellipsoïde de référence sera caractérisé par son aplatissement
(𝑎 − 𝑏)
𝑓=
𝑎

51
Géoïde et ellipsoïde de référence 2

• L’ellipsoïde est une surface mathématique; elle n’est donc pas accessible au
mesures au sol en géodésie classique (= géodésie avant l’apparition des
satellites).
• Par contre, comme l’ellipsoïde a une surface régulière (par opposition au
géoïde), il servira de référence pour les coordonnées horizontales obtenus lors
des campagnes topographique de triangulation en géodésie classique.
• En effet, les triangles mesurés lors de ces campagnes seront rapportés à la
surface de l ’ellipsoïde de référence.
• Quant à lui, le géoïde a une surface trop irrégulière pour servir de référence
coordonnées horizontales (cartographie). 52
Géoïde et ellipsoïde de référence 3
• Par contre, comme l’ellipsoïde de référence n’étant pas accessibles
aux mesures depuis le sol en géodésie classique, il ne pourra pas servir
de référence pour les coordonnées verticales (altitude).
• Le géoïde pourra jouer ce rôle car sa surface est physique et donc
(indirectement) accessible aux mesures: en effet, les instruments de
topographie se réfèrent tous la verticale locale donc à la pesanteur.
• L ’écart N entre le géoïde et l’ellipsoïde est appelé l’ondulation du
géoïde ou hauteur géoïdale.

53
Les surfaces de référence utilisées en géodésie

• En conclusion, la géodésie utilise 3 surfaces :


• Le géoïde pour les coordonnées verticales (altitude)
• L’ellipsoïde de référence pour les coordonnées horizontales (cartographie)
• La surface topographique sur laquelle les travaux de géodésie sont exécutés.

54
Systèmes de référence

55
Généralités 1

• En géodésie, pour déterminer des positions à la surface de la Terre, il faut


se donner :
• Un système de référence (une origine et un système d’axes XYZ).
• Une surface de référence.
• Généralement :
• L’origine du système de référence est « proche » du centre de masse de la Terre.
• L’axe des Z est « proche de » l’axe de rotation de la Terre.
• Le terme « proche de » sera explicité ultérieurement (chapitre 3).

56
Généralités 2

• La position d’un point peut être exprimée :


• En coordonnés cartésiennes : x, y, z.
• En coordonnées géographiques : latitude, longitude et altitude par rapport à une
surface de référence (géoïde ou ellipsoïde).

• La géodésie utilise deux types de systèmes de référence :


• Les systèmes de référence célestes ou inertiels.
• Les systèmes de référence terrestres (qui tournent avec la Terre).

57
Systèmes de référence célestes

• Les systèmes célestes sont (quasi-)fixes dans l’espace : il sont donc


inertiels.
• Ils permettent de décrire le mouvement des corps célestes et des satellites
artificiels.
• En effet, le mouvement des satellites artificiels peut être décrit à l’aide de
la deuxième loi de Newton 𝐹 = 𝑚𝑎.
• Puisque cette loi est valide uniquement dans un système inertiel, il est
indispensable de disposer de ce type de système de référence en géodésie.

58
Systèmes de référence terrestres

• Il s’agit de systèmes de référence qui sont liés à la Terre : ils tournent avec la
Terre.
• Ils sont utilisés pour mesurer des positions à la surface de la Terre.
• En effet, dans un tel système, les coordonnées d’un point fixe à la surface de
la Terre resteront constantes au cours du temps (si on néglige l’influence de
différents phénomènes géophysiques comme la tectonique, …)
• Par contre, dans un système inertiel (fixe dans l’Espace), les coordonnées
d’un point fixe à la surface de la Terre varieraient en permanence à cause de
la rotation de la Terre ce qui serait peu pratique.

59
Systèmes géodésiques locaux et globaux
• Un système géodésique est un système de référence terrestre qui permet
de localiser des points à la surface ou près de la surface de la Terre.
• Un tel système est caractérisé par :
• Une origine qui est « proche » de l’axe de rotation de la Terre.
• Un système d’axes orthonormés :
• L’axe Z pointe dans une direction « proche » de l’axe de rotation de la Terre.
• L’axe X est dans le plan équatorial et pointe dans une direction « proche de »
l’intersection du méridien de Greenwich avec le plan équatorial.
• L’axe Y est dans le plan équatorial, perpendiculaire aux axes Z et X de manière à former
un système cartésien droit.

• Pour modéliser la forme de la Terre, on adopte un ellipsoïde de référence


caractérisé par des paramètres a et f. 60
Systèmes géodésiques locaux 1

• Jusqu’au début des années 60, les systèmes géodésiques étaient des
systèmes généralement développés sur base du réseau géodésique
(triangulation) d’un pays particulier ou encore d’un continent.
• On parle dans ce cas d’un système de référence astrogéodésique.
• Les paramètre de l’ellipsoïde (a,f) étaient choisis de manière à minimiser
localement les écarts entre l’ellipsoïde et le géoïde.
• L’orientation de l’ellipsoïde dans l’espace était réalisée à l’aide de
méthodes astronomiques.

61
Systèmes géodésiques locaux 2

• Avant l’apparition des satellites géodésiques, il n’était pas possible de faire


correspondre précisément l’origine du système avec le centre de masse de la
Terre.
• En pratique, l’origine choisie pouvait se trouver à quelques centaines de
mètres du centre de masse de la Terre.
• Ces systèmes étaient bien adaptés pour servir de référence planimétrique
mais pas altimétrique.
• Ces systèmes sont donc bidimensionnels.

62
Systèmes géodésiques locaux 3

• En effet, l’ellipsoïde étant une surface mathématique, elle n’est pas


directement accessible à la mesure depuis le sol : on ne pouvait donc pas
l’utiliser comme référence altimétrique.
• Le géoïde, surface physique accessible aux mesures depuis le sol, servait
quant à lui de référence altimétrique.

63
Systèmes géodésiques globaux

• L’apparition des satellites artificiels a permis de se donner des systèmes de


référence globaux.
• Actuellement, les satellites (GNSS, par exemple) permettent de mesurer
directement des altitudes par rapport à l’ellipsoïde.
• Par ailleurs, les paramètres de l’ellipsoïde (a,f) sont choisis pour correspondre
le mieux (globalement) au géoïde.
• L’origine des systèmes globaux correspond au centre de masse de la Terre au
centimètre près.

64
Systèmes de coordonnées géographiques 1

• Le besoin de disposer de différentes surfaces de référence en géodésie


est à l’origine de l’existence de plusieurs définitions des coordonnées
géographiques (latitude, longitude, altitude):
• Les coordonnées géodésiques (𝜑" , 𝜆" , ℎ) qui utilisent l’ellipsoïde.
• Les coordonnées astronomiques (𝜑$ , 𝜆$ , 𝐻) qui utilisent le géoïde.

65
Systèmes de coordonnées géographiques 2

• Dans les 2 cas, puisque nous sommes dans un système géodésique, nous
considérons un système de référence terrestre dont :
• L’origine se situe au centre de masse de la Terre.
• L’axe Z correspond à l’axe de rotation de la Terre.
• L’axe X se trouve dans le plan équatorial et pointe à l’intersection du méridien de
Greenwich avec le plan équatorial.
• L’axe Y est dans le plan équatorial, perpendiculaire aux axes X et Z de manière à
former un système cartésien droit.

66
Coordonnées géodésiques : Méridien
Z

• P est un point à la surface de la Terre.


• L’ellipsoïde est la surface de référence.
P
h Terrain

Méridien géodésique
local

• Le méridien géodésique au point P est le Méridien


de Greenwich jg
Y
plan formé par la perpendiculaire à
l’ellipsoïde passant par P et l’axe de
lg

rotation de la Terre.
Plan équatorial
X

67
Coordonnées géodésiques: Latitude

• La latitude géodésique (𝜑!) de P est


l’angle formé par la perpendiculaire à P

l’ellipsoïde passant par P et par le plan h Terrain

Méridien géodésique

équatorial. local

• Elle est mesurée de +90° à -90°,


Méridien
de Greenwich jg
Y

positive vers le Nord, négative vers le


Sud. lg

Plan équatorial
X

68
Coordonnées géodésiques: Longitude

• La longitude géodésique (𝜆!) est


l’angle mesuré dans l’équateur entre le P

méridien géodésique de Greenwich et h Terrain

Méridien géodésique

le méridien géodésique de P. local

• Elle est mesurée de +180° à -180°,


Méridien
de Greenwich jg
Y

positive vers l’Est, négative vers


l’Ouest. lg

Plan équatorial
X

69
Coordonnées astronomiques

• P est un point à la surface de la Terre. Z

• C’est le géoïde ou plus exactement la surface g P


équipotentielle de la pesanteur passant par P
qui est la surface de référence. Méridien
de Greenwich

• Le vecteur 𝑔⃗ représente la pesanteur en P parallèle à


l'axe de

• Ce vecteur est perpendiculaire à la surface rotation


Y

équipotentielle de la pesanteur passant par P. j


a

• La direction de la pesanteur est appelée la X


la
verticale du lieu.
• Elle est matérialisée à l’aide d’un fil à plomb.
70
Coordonnées astronomiques : Méridien/Latitude

• Le méridien astronomique de P est le Z

plan formé par la direction de la


g P
pesanteur en P et l’axe de rotation de la
Terre. Méridien
de Greenwich

• La latitude astronomique (𝜑$ ) de P est parallèle à


l'axe de
l’angle formé par la direction de la rotation
Y
pesanteur en P et le plan équatorial.
j
• Elle est mesurée de +90° à -90°, positive a

vers le Nord, négative vers le Sud. X


la

71
Coordonnées astronomiques: Longitude
Z

• La longitude astronomique (𝜆$ ) est g P


l’angle mesuré dans l’équateur entre le
méridien astronomique de Greenwich Méridien
de Greenwich
et le méridien astronomique de P.
parallèle à

• Elle est mesurée de +180° à -180°, l'axe de


rotation
Y
positive vers l’Est, négative vers
j
l’Ouest. a

X
la

72
Les systèmes d’altitudes
• Les deux surface de référence (ellipsoïde et géoïde) utilisées en géodésie sont
à la base de 2 systèmes d’altitudes.
• La hauteur orthométrique de P, notée H, est la hauteur de ce point par
rapport au géoïde. Elle est accessible à des mesures au sol sans faire appel
aux satellites.
• La hauteur géodésique ou hauteur ellipsoïdale de P, notée h, est la hauteur de
ce point mesurée par rapport à l’ellipsoïde. Avant l’arrivée des satellites
géodésique, elle ne pouvait pas être mesurée directement à l’aide de mesures
au sol. Par contre, de nos jours, elle est mesurée directement à l’aide des
satellites GNSS.

73
Relation entre les systèmes d’altitudes
• La hauteur géoïdale N, aussi appelée ondulation du géoïde est la hauteur du
géoïde par rapport à l’ellipsoïde.
• Le relation entre les 2 systèmes d’altitudes s’écrit donc :
ℎ =𝐻+𝑁

74
La déviation de la verticale
• On appelle « déviation de la verticale au point P », l’angle formé par la
direction de la verticale en P avec la perpendiculaire à l’ellipsoïde de
référence au point P.

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