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Remblais sur sols améliorés

par inclusions rigides


Premiers chantiers

Olivier COMBARIEU
Adjoint au directeur

F r a n ç o i s e GESTIN
Technicienne supérieure

M i c h e l PIOLINE
Ingénieur

Laboratoire Régional des Ponts et Chaussées de Rouen

Introduction
Cet article présente quatre chantiers pour lesquels la
technique d'amélioration des sols compressibles par des
inclusions verticales rigides a été utilisée.
L e principe et la justification d'un réseau d'inclusions
ont déjà été exposés par Combarieu (1987, 1988, 1990) :
un réseau régulier d'inclusions rigides, traversant et « ar-
mant » un sol compressible, repose par la pointe sur un
sol résistant ; si l ' o n charge l'ensemble par un remblai
ou une autre structure, le tassement du sol est très forte-
ment réduit par suite du transfert de la charge appliquée
vers les inclusions, ceci par effet de voûte au sein du
remblai et frottement négatif au sein du sol mou. Les
inclusions qui constituent des points durs, canalisent les
efforts qui sont transmis directement en pointe sur le sol
résistant.

RESUME U n réseau d'inclusions rigides peut être e x t r ê m e m e n t


Cet article présente succinctement quatre chan-
efficace et, en certaines circonstances, le choix de cette
tiers d'application d e construction de remblais solution permet de pallier les difficultés qu'une solution
d'accès à d e s ouvrages d'art sur d e s sols autre présente.
médiocres améliorés par un réseau d'inclusions
rigides. Les quatre chantiers présentés ci-après montrent que l'ef-
Ces chantiers, parmi les tout premiers réalisés ficacité, traduite en amplitude finale du tassement sous le
en France, démontrent la grande efficacité d u
procédé propre à résoudre d e s situations déli-
poids du remblai, est évidente. Ils mettent aussi en évi-
cates liées à des conditions et phasages d'exé- dence les interrogations sur le choix de la technologie et
cution normalement déconseillés. de la mise en œuvre du procédé. Une réduction du coût
Les diverses techniques de réalisation des inclu- de celui-ci, certainement actuellement l ' u n des plus élevé
sions et d e leur tête montrent d'ailleurs q u e le des techniques d'amélioration, reste à obtenir ; elle porte
procédé est ouvert à l'innovation quant à sa
mise en œuvre. à la fois sur des réponses aux interrogations ci-dessus,
mais aussi sur une meilleure connaissance de quelques
M O T S C L É S : 42 - Remblai - Chantier - Sol
compressible - Sous-sol - Armature - Tassement - paramètres fondamentaux qui régissent le dimensionne-
Renforcement (gén.) - Pont - Échangeur - ment du réseau ; si le procédé s'avère performant,
Technique de construction - Clouage des sols -
Vertical - /Inclusion. peut-être l'est-il trop et un maillage plus lâche du réseau
pourrait éventuellement suffire.

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L'échangeur de Carrère matériau, en bonne partie identifié comme un
(Martinique, 1989 - 1990) limon très plastique (teneur en eau w = 50 % ;
indice de plasticité I p = 40 % ; limite de liquidité
Cet échangeur, situé i m m é d i a t e m e n t à l'est de w = 80 à 90 %),
L possède les caractéristiques
l'aéroport du Lamentin, permet l'intersection des moyennes suivantes :
routes nationales 5 et 6, au trafic e x t r ê m e m e n t
dense. L e Pont de Carrère, élément essentiel de cet compressibilité C / ( l + eo) ~ 0.1 à 0,15 ;
c

a m é n a g e m e n t , p o s s è d e deux travées de 13 et pression limite P, de 0,1 à 0,2 M P a ;


16 mètres.
module pressiométrique E M de 1 à 1,5 M P a ;
Une des exigences fixée par le maître d ' œ u v r e , la
Direction D é p a r t e m e n t a l e de l ' É q u i p e m e n t ( D D E ) , résistance dynamique m e s u r é e au pénétromètre
était la rapidité des travaux, avec d'abord l ' e x é c u - Borro, q de 0,3 à 0,5 M P a .
d

tion des remblais d ' a c c è s , puis, i m m é d i a t e m e n t


après, celle de l'ouvrage ; les remblais de 6 à 7 m L a nappe phréatique se situe vers 1 m.
de hauteur ont un parement vertical en Terre Les estimations de tassement sous les remblais
A r m é e du côté de l'ouvrage. Les fondations sont reflètent d'ailleurs les différences entre les deux
des pieux H qui, au droit des culées, traversent le extrémités, puisque celles-ci atteignent sans trai-
massif de Terre A r m é e . tement environ 0,50 m à l'est et 0,20 m à
l'ouest.
Les sols en place (fig. 1) sont des argiles légère-
ment sableuses, dont l'épaisseur diminue très L'examen avec le maître d ' œ u v r e des différentes
sensiblement d'est en ouest, avec une augmenta- solutions possibles localement, a conduit à adopter
tion de leurs caractéristiques m é c a n i q u e s et de leur la mise en place d'inclusions rigides à l'est et de
caractère sableux. A l'est, sur 6 à 7 m. ce drains de sable à l'ouest.
13,50

Remblai mis en place


après construction
des dalles

Remblai mis en place


avant construction
des inclusions

LP w
© ©
Fig. 2 - Échangeur de Carrère, conception du remblai est.

L ' é t u d e du dimensionnement, prévoyant initiale-


ment des inclusions de diamètre 0,40 m, a finale-
ment conduit à retenir les dispositions suivantes :
réalisation de 124 éléments, disposés en quinconce
sur une distance de 15 m en arrière de la culée, de 8
à 9 m de longueur et de 0,30 m de diamètre, avec
un espacement e variable de 1,7 m en partie cou-
rante à 2 m puis 2,5 m en périphérie. Les deux
lignes frontales, au droit du parement de la Terre
A r m é e , sont plus serrées (e = 1,05 m) (fig. 2).

L'entreprise B A C H Y (également titulaire des deux


autres chantiers cités ci-après) a réalisé ces inclu-
sions par vibrofonçage d'un tube de travail, muni
d'une simple plaque métallique perdue en extré-
mité ; le bétonnage s'effectue avec remontée du
tube, et l'inclusion est alors équipée d'une arma- Fig. 3 - Echangeur de Carrère, vue d'une tête d'inclusion
ture unique centrale munie de quelques guides pour préfabriquée.
en assurer la meilleure verticalité possible. E n
partie haute, est mise en place une tête préfabriquée
de forme carrée (0,80 m x 0,80 m) munie d'une
cage d'armature intérieure verticale de 25 cm de
diamètre, plongée dans le béton frais de l ' i n c l u -
sion ; un bétonnage final de jonction assure la
liaison m é c a n i q u e rigide de l'ensemble (fig. 3).

A f i n de limiter l'influence des vibrations sur le


béton jeune, la mise en œuvre s'est effectuée par
rangée, un élément sur deux, avec, en fin de rangée,
a c h è v e m e n t de ceux restants. L e remblaiement a
nécessité une mise en œ u v r e soignée, par un petit
matériel, mais efficace, pour combler l'espace entre
les têtes, sur 20 cm d'épaisseur, puis réaliser deux
couches successives de 20 cm ; le souci majeur Fig. 4 - Échangeur de Carrère, vue de la plateforme terminée.
dans cette opération était la préservation de l'inté-
grité des fûts et têtes d'inclusions (fig. 4).

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Pour cette première application du procédé, entre Franchissements de la Lézarde
ces deux couches de remblai de 20 c m , a été inter-
et du canal du Lamentin
calée une dalle en béton coulée en place, de 10 c m
d'épaisseur, avec simple treillis soudé ; cette dis-
(Martinique, 1990 - 1991)
position améliore la transmission des efforts vers L e doublement pour mise aux normes autoroutières
les têtes d'inclusions ; dans le cas présent, cette de l'axe reliant l'aéroport du Lamentin à
dalle est sans doute surabondante. Fort-de-France, franchit successivement du sud au
nord, à quelques centaines de mètres d'intervalle, la
L e dimensionnement de l'inclusion e l l e - m ê m e est
rivière la Lézarde, puis le canal du Lamentin, les brè-
tel que la charge de calcul, soit 300 k N , est équili-
ches atteignant respectivement 30 à 20 m environ.
brée en partie basse de l'inclusion par la charge
Les ouvrages comportent trois travées fondées
critique (ou de fluage) Q . U n essai de chargement
c
sur pieux forés.
complet, avec un élément de 8,70 m de longueur,
a d'ailleurs confirmé cette valeur pour Q . c
Pour le premier ouvrage, les remblais d ' a c c è s sud
et nord atteignent 4 m de hauteur et sont donc
Pour le suivi de l'efficacité du procédé, on a tra- d'importance m o d é r é e . Pour le second, le remblai
vaillé sur la seule base de mesures de tassements à sud atteint 6,50 mètres.
partir de plaques métalliques repères, posées sur le
Les sols supports des remblais concernent bien
sol naturel et équipées, progressivement en cours
entendu les remblais d ' a c c è s de part et d'autre de
de montée du remblai, de tiges suivies par nivelle-
la Lézarde, toute la zone de mangrove entre les
ment. Ces tassements n'ont jamais dépassé 5 cm,
deux ouvrages et l'accès sud au canal du
après construction des remblais armés (Terre
Lamentin. A u nord de ce dernier, les sols détriti-
A r m é e ) traditionnels. ques résistants, sous-jacents aux sols compressi-
Quelques difficultés ou craintes sur ce premier bles, remontent très rapidement, permettant d ' a i l -
chantier appliquant le procédé sont à mentionner : leurs de prévoir de fonder la culée nord de
l'ouvrage d'art concerné sur semelle.
• devant les vibrations entretenues qui ont conduit
au plan de fonçage évoqué, on pouvait craindre Les sols compressibles sont constitués d'argile
que la qualité des inclusions soit affectée ; un limoneuse et de tourbe d ' é p a i s s e u r variable dans le
contrôle systématique de l'intégrité des fûts, par profil en long, de m ê m e qu'en profil en travers.
mesure de réflexion en tête, a dissipé ces craintes ; A u x abords immédiats des ouvrages, leur épaisseur
globale maximale est de 11 m et les tassements en
• le temps de mise en place de l'inclusion s'est résultant posaient problème à plusieurs titres :
avéré en général trop lent, du fait d'un temps beau-
coup trop important consacré au dernier mètre de — l'amplitude du tassement à atteindre, de m ê m e
mise en fiche dans le substratum argileux porteur ; que le phasage de m o n t é e des remblais ;
il est vrai que, dans ce type de sol, le vibrofonçage — l'interaction avec l'importante voirie et les
n'est pas le mode de fichage le plus efficace. Une ouvrages d'art existants, par la reprise des tasse-
optimisation de la mise en fiche d'inclusions par ments et les efforts induits sur les fondations ;
refoulement est donc à rechercher dans le type de — les fondations des ouvrages neufs à construire
matériel de mise en œ u v r e , les critères d'arrêt et i m m é d i a t e m e n t après édification des remblais
donc sur la longueur. A i n s i sur l'inclusion soumise auraient eu à subir des efforts indésirables ;
à essai de chargement, pour un temps de fonçage
de 6 min 30 s, 3 m i n 30 s ont été consacrées aux — l'éventuel risque de déstabilisation des berges.
soixante derniers centimètres, des temps beaucoup Pour en terminer avec les difficultés présentées, le
plus importants ayant été consacrés pour un bon maître d'œuvre imposait une évolution quasi nulle des
nombre d ' é l é m e n t s , aux derniers décimètres de tassements ultérieurs, une fois la voirie terminée.
fonçage. Une réduction de la longueur conduit à
Les caractéristiques des sols en cause initialement
une baisse de la capacité portante, qui peut se tra-
mesurées (Cu = 5 kPa, teneur en eau naturelle de
duire par une moindre possibilité de reprise
50 à 200 %) mais manifestement sous-évaluées
d'effort, et donc par un tassement du remblai
avaient conduit, lors des études préliminaires loca-
un peu plus important ; en l'occurrence, un
les, à des estimations de tassement de l'ordre de
tassement légèrement plus fort était tout à fait
1,50 m pour 5 m de remblaiement dans les zones
admissible ;
de plus grande épaisseur des sols compressibles.
• enfin, le processus de préfabrication des têtes, Des estimations plus réalistes ont r a m e n é ces chif-
a priori intéressant, n'a pas constitué pour l'entre- fres à des valeurs restant encore inacceptables au
prise la solution idéale ; i l nécessitait une prépara- regard des problèmes engendrés.
tion de l'assise du sol sous la tête, autour de Après une comparaison m e n é e pour la Lézarde
l'inclusion, pour assurer un fonctionnement correct entre les solutions en remblai léger ou sur inclu-
de l'ensemble. Par contre, les tolérances d'implan- sions rigides, cette dernière technique a été finale-
tation des inclusions sont moins sévères que pour ment adoptée. L'efficacité en a été observée, i l est
les fondations traditionnelles sur pieux. vrai avec des conditions géotechniques nettement

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plus favorables, sur l'ouvrage de Carrère précédent
et décrit ci-dessus.
Le dimensionnement des réseaux, avec respective-
ment 352 et 165 inclusions rigides respectivement
par ouvrage, a été m e n é pour théoriquement obtenir
des tassements ne dépassant pas 10 centimètres.
:0,00
L a longueur globale des éléments s'est étagée
entre 5 et 15 m, par suite des variations d ' é p a i s -
seur des sols compressibles et de la position de
certains d'entre eux à partir des redans pratiqués
dans les talus des remblais d ' a c c è s latéraux aux
-15
ouvrages existants (fig. 5).
Fig. 5 - La Lézarde, aménagement des redans. Comme précédemment, la fiche dans les horizons
résistants conduisait à équilibrer, par la charge de
fluage Q calculée, les efforts transmis à l'inclusion.
c

Deux essais de chargement ont permis d'ajuster


celle-ci et en particulier d'optimiser le temps de
vibrofonçage (fig. 6).
Les espacements relatifs, suivant la position et la
réalisation locale d'ouvrages en Terre A r m é e ont
varié de 1,5 à 2 mètres.

Méthode et moyen d'exécution


Les inclusions sont réalisées par vibrofonçage d'un
tube métallique de diamètre 0,40 m, avec sabot
amovible, et guidé par une glissière montée sur
Fig. 6 - Le Lamentin, essai de chargement d'une inclusion.
grue Pinguely. Une armature centrale de diamètre
25 mm est posée sur toute la hauteur et le béton-
nage précède l'arrachage du tube.

O n notera, la m é t h o d e d'exécution favorisant ce


p h é n o m è n e , que la mauvaise qualité des sols a
entraîné des surconsommations de béton pouvant
atteindre globalement j u s q u ' à 60 %, donc très
importantes, mais prévisibles.
Les têtes, de dimension 0,80 x 0,80 m, sont
constituées d'un ferraillage posé et fiché dans le
béton frais et elles sont bétonnées à l'abri d'un
coffrage métallique (fig. 7).
L a montée du remblai a été ensuite effectuée par
une mise en œuvre « légère » des deux premières
Fig. 7 - Le Lamentin, armature et coffrage métallique de tête. couches de remblai de 20 cm, séparées par une
dalle intercalaire avec treillis soudé de 10 cm
d'épaisseur, coulée en place, et améliorant sans
doute largement l'efficacité du procédé. L a consta-
tation sur chacun des ouvrages de mouvements
verticaux très faibles, très inférieurs au seuil de
10 c m fixé, sans apporter la démonstration de
cette amélioration, conforte cette impression ; la
qualité des deux couches élémentaires de 20 cm,
réalisées en matériau volcanique possédant une
très forte cohésion, s'ajoute à cet effet.

L a vue prise après un dégarnissage accidentel, lié à


de très fortes surcotes d'eau dans la rivière, montre
d'ailleurs parfaitement l'excellente tenue de ce
matériau intercalaire entre têtes d'inclusions et
Fig. 8 - La Lézarde, vue d'une tête d'inclusion dégarnie. remblai proprement dit (fig. 8).

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Déviation de Eu - Le Tréport
(Seine-Maritime, 1991 - 1992)
Cette déviation de E u permet au C D 925 de
contourner cette ville, célèbre par la présence des
parc et château de la famille d'Orléans. Elle franchit
en particulier, sur plus de 1 000 m, la vallée de la
Bresle, ponctuée du canal de Penthièvre, de la rivière
elle-même et de la voie ferrée Paris - le Tréport.
Ces deux derniers obstacles sont enjambés par les
s
ouvrages d'art n ° 4 et 5, le projet en comportant
un total de six.

L a construction des ouvrages, fondés sur pieux


forés de diamètres 0,60 à 0,80 m , descendus à
25 m environ dans la craie, précède l'édification
des remblais techniques d ' a c c è s . L a conception, la Craie dure
structure et l'architecture des ouvrages expliquent
partiellement cette chronologie : en effet, les Fig. 9 - Déviation de Eu, OA n 5, stratigraphie simplifiée
culées délimitent verticalement l'extrémité des
rampes d ' a c c è s , de ce fait particulièrement agressi-
ves. Dans ces conditions, pour ces quatre remblais
techniques aux deux ouvrages, i l a été prévu, après
examen de plusieurs solutions, de les fonder sur traitement ; les valeurs de tassements calculées
inclusions rigides et d'en prévoir les extrémités sans inclusions se situent entre 0,60 et 0,70 m
sous forme de Terratrel (variante de Terre A r m é e ) , (fig. 10 et 11).
afin d'éviter les poussées sur les murs de front des
culées. L ' i n c l u s i o n consiste en un pieu foré de diamètre
0,40 m, descendu de 2 à 3 m dans la grave lâche,
Les remblais courants entre ouvrages et dans la la charge transmise à l'inclusion avec 6 à 7 m de
vallée ont été édifiés préalablement avec les pré- remblai étant théoriquement équilibrée par la
cautions habituelles. charge limite Q de l'inclusion, soit 400 k N . Les
L

longueurs ainsi atteintes sont de 13 à 14 m avec


une cage d'armatures en 5 barres de 12 m m , de
Qualité des sols supports
12 m de longueur. E n tête, des dallettes de 0,80 m
L a figure 9, incluant une élévation de l'ouvrage de côté, avec armatures, sont coulées en place à
n° 5, schématise la stratigraphie rencontrée. Onze l'abri d'un coffrage métallique amovible.
mètres de limon et tourbe baignant dans une nappe
quasi affleurante intéressent le projet ; les quel- Une couche de remblai graveleux de 0,50 m, mise en
ques caractéristiques moyennes suivantes en révè- œ u v r e avec précaution, a été surmontée d'un simple
lent la grande médiocrité : treillis soudé, avant m o n t é e du remblai proprement
dit et du mur armé (Terratrel), dont la construction
— les limons de surface :
globale par culée a nécessité trois semaines.
w = 35 % ; C / ( 1 + eo) = 0,05 ;
n c

— la tourbe marron :
w = 150 % ; C / ( l + e o ) = 0,35 ; c = 40 à 50 k P a ; Suivi des tassements
n c u

Huit cellules tassométriques ont été installées, à


— la tourbe noire :
raison de quatre sur les têtes d'inclusions et quatre
w = 300 % ; C / ( 1 + eo) = 0,5.
n c
sur le sol naturel. L a figure 12 illustrant l'évolu-
tion des tassements, appelle la remarque suivante :
Le réseau d'inclusions si trois mesures sur quatre, sur le sol naturel, appa-
raissent bonnes, celles concernant le tassement des
Il comporte au total 346 éléments (2 x 98 et 2 x 75) inclusions sont beaucoup moins fiables ; une
dont le maillage varie de 2 à 2,5 m, l'espacement mesure a été totalement éliminée, le tassomètre
augmentant dans les zones de raccordement avec
s'étant avéré ne pas fonctionner ; on retiendra que
les remblais courants préétablis. Ce maillage cor-
le terrain a accusé des tassements compris entre 3
respond t h é o r i q u e m e n t à une contrainte résiduelle
et 6 cm, contre 1 à 5 c m pour les inclusions.
de 25 k P a sur le sol support. U n remblai classique
d'essai préalable, de faible hauteur, suivi pendant O n doit signaler la multiplicité des actes de vanda-
plusieurs mois et apportant cette contrainte, a lisme (quatre au total) sur les tableaux de lecture
enregistré un tassement de 10 cm, ordre de installés sous abri clos, qui ont sans doute
grandeur attendu sous l e s remblais d ' a c c è s après contribué pour partie à ces difficultés.

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Fig. 12 - Déviation de Eu, OA n° 5, tassement du sol
et des inclusions, culée nord.

Hauteur du remblai (m

Tassements du sol naturel

Fig. 10 - Déviation de Eu, OA n' 5, vue du réseau,


culée nord.

2,5 2,2 , 2,2 2,2 , 2 2 2 1,4

AH (cm)
6

- / \ Tassements des inclusions

y\ \ T 8

Réf. 1 1 1 \ \l ! 1 \ Il 1
s
\
-2

-4

-6 -

T1 à T8 : tassomètres

Fig. 11 - Déviation de Eu, OA n° 5, réseau d'inclusions,


culée nord.

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On notera q u ' a p r è s la mise en œ u v r e des chaus- société Terrasol (cf. Simon B . ) présentait en
sées, et après plusieurs mois de mise en circula- mars 1991 au colloque international de Paris sur
tion, i l n'a pas été constaté de déformation à la les fondations profondes, le projet de doublement
transition remblai - ouvrage. Par contre, une flache d'un ouvrage d'art de la Motte Servolex sur
longitudinale est apparue à la jonction remblai l ' A 43, projet maintenant réalisé avec succès. Ce
technique - remblai courant, de plusieurs centimè- m ê m e auteur a présenté tout r é c e m m e n t à la
tres d'amplitude mais de grand rayon de courbure, j o u r n é e d ' é t u d e s organisée par le C E B T P du 15
ce qui conduira pour de prochaines applications à d é c e m b r e 1993 sur l'amélioration des sols, le cas
concevoir plus judicieusement ce passage délicat. du traitement des sols de la station d'épuration
des eaux de la c o m m u n a u t é urbaine de Bordeaux
avec ce procédé mis en œ u v r e par la société
Conclusion Intrafor. Est actuellement en cours, à l'entrée de
Deauville pour le D é p a r t e m e n t du Calvados, un
Ces relations de quatre chantiers de remblais sur très important chantier d'inclusions pour l'édifi-
inclusions rigides, peut-être les premiers en cation de remblais de 8 à 9 m sur sol argi-
France, traduisent une progression d'utilisation du lo-tourbeux de plus de 10 m d'épaisseur.
principe dans des sites aux difficultés géotechni- L'entreprise Solétanche y développe un procédé
ques croissantes. particulier de réalisation des têtes élargies des
L e procédé est efficace, les résultats des mesures de inclusions.
tassements ou l'absence totale de désordre le mon-
Enfin, vont débuter tout près du Havre, sur la
trent. Les observations effectuées semblent m ê m e
montrer, puisque les mouvements paraissent plus future rocade Nord, un chantier de m ê m e type, de
faibles que ceux prévus, que des é c o n o m i e s peuvent m ê m e qu'une étude concernant des remblais de
être recherchées pour ce procédé onéreux « radi- l'autoroute A 29.
cal » qui peut s'avérer le seul intéressant pour sur-
Si le procédé repose sur des principes de justifica-
monter techniquement des situations difficiles.
tion quelque peu délicats, i l faut reconnaître que sa
Parallèlement à ces chantiers plus q u ' e x p é r i m e n - mise en œ u v r e s'avère facile et laisse la place à
taux, d'autres projets ont vu le jour. A i n s i , la l'innovation.

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

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