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Sans toit ni loi

Corps de femmes

A la recherche d’un corps


mythologique, d’un archétype
de la beauté. Dont Mona
aurait pu être un avatar.
Hollywood nous a déjà offert
les apparitions maritimes
d’Ursula Andress dans James
Bond (Dr No) ou celle de Bo
Derek dans Ten (Elle) de Blake Edwards. Mais la statue est souillée… et Mona semble avoir la
nostalgie enfouie d’une antique beauté et d’un autre regard sur le corps. En tout cas, le corps de Mona
est inscrit ici dans la catégorie du « beau ».

Banalisation des images comme produit de consommation


courante pour mâles démunis… C’est déjà une marque d’une
certaine forme d’agression sur le corps féminin par un regard
masculin bien pauvre. Le contraste des deux représentations de
nudité féminine est terrible.

Magnifique contraste entre la gifle envoyée verbalement par Mme


Pierrette, libérée par sa rencontre avec Mona, à son mari et le
calendrier de pin-up qu’il peut être en train de regarder pendant
qu’elle parle.

Dans le film, le nu n’est jamais finalement associé à l’amour ou à


la représentation de l’acte sexuel. Quand Mona couche ou se fait
violer, la caméra la cache au lieu de la déshabiller et de l’exhiber.
Outre les écrans végétaux, la caméra partira en travelling latéral
au moment du viol. De même, c’est le garagiste que l’on voit
ressortir de la tente, un peu ridicule, en remontant son pantalon.
Varda ne joue jamais le jeu du désir masculin, qui est donc ainsi
condamné ou en tout cas mis à l’écart du film. Evidemment, c’est
le corps féminin comme proie « à saisir » qui est évoqué ici.

Dans sa baignoire (ce qui la rapproche tout de même de


l’apparition de Mona sortant de la mer), Mme Landier parle
instantanément de la crasse de Mona. On dirait qu’elle prend un
bain pour oublier la saleté de Mona. Les catégories ont changé :
c’est le corps propre qui est la valeur dominante. Plus le film
avance, plus le corps de Mona devient un corps souillé. L’écart se
creuse. Méduse remplace
Vénus.

Eliane est peut-être la


« perversion » du corps nu :
elle profite de la douche
(récurrence de l’eau associée
au corps féminin) pour attiser
le désir de Jean-Pierre avant de lui refuser le corps-amoureux, qui devient l’objet d’un chantage à
l’argent. Si tu veux mon corps, vire la vieille, ce qui se réalise plus tard. Corps féminin dévoyé. Le
féminisme a aussi ses limites…

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