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Dr.

Boumendjel
Dr. Boumendjel

Plan
I.Introduction
1.Définition
2.Historique
3.Epidémiologie
4.Intérêt d’étude
II.Rappel physiologique sur le VWF
1. Gène
2. Structure & synthèse du VWF
3. Sécrétion et stockage
4. Clearance
5.Fonctions
6.Relation structure-activité
7.Facteurs de variations physiologiques
III.Classification et physiopathologie de la VWD
1. Type I
2. Type 2
3. Type 3
IV.Diagnostic biologique de VWD
1. CDD et score hémorragique
2. Phase pré-analytique
a. Le prélèvement
b. La centrifugation
3. Tests d’évaluation globale
a. NFS
b.TP / TCK
c. Temps de saignement
d. Temps d’occlusion plaquettaire
e. Groupage
4. Tests spécifiques
4.1. Dosage de VWF: Ag
4.2. Mesure de l’activité du VWF
A. Dosage de l’activité cofacteur de la ristocétine VWF: Rco
B. Autres techniques de mesure de l’activité.
 Avec ristocétine
 Sans ristocétine
4.3. Dosage du FVIII
A.Dosage du FVIII fonctionnel
B.Dosage du FVIII:Ag
4.4. Etude des rapports VWF: Rco/VWF: Ag et VWFVIII/VWF: Ag
4.5. Agrégation plaquettaire à la ristocétine (RIPA)
5. Tests discriminatifs
5.1. Mesure de la capacité du VWF à se lier au collagène (VWF: CB)
5.2. Etude de la répartition des multimères
5.3. Etude de la liaison du VWF du plasma aux plaquettes (à la GPIba) L’équivalent de la RIPA croisée
5.4. Etude de la capacité du VWF à se lier au facteur VIII (VWF: FVIIIB)
5.5. Dosage du propeptide (VWF: PP)
6. Biologie moléculaire
6.1. Indications
6.2. Techniques
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7. Enquête familiale et diagnostic prénatal


8. Test thérapeutique: test à la DDAVP
9. Dosage du VWF intra-plaquettaire.
V. Diagnostic différentiel
1. Sujet normal
2. Hémophilie A
3. Maladie de pseudo-Willebrand
4. Thrombopénies auto-immunes ou constitutionnelles
5. Le syndrome de Willebrand acquis
VI. Traitement et prise en charge
1. Traitement adjuvant
2. Traitement spécifique
3. Traitement hormonal
VII. Conclusion
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I.Introduction
1. Définition
La maladie de Von Willebrand est une pathologie hémorragique liée à un déficit quantitatif et/ou
qualitatif en facteur Willebrand (glycoprotéine nécessaire pour le déroulement de l’hémostase primaire et
de la coagulation). Elle est congénitale (plus fréquente) ou acquise.
C’est une maladie extrêmement hétérogène sur le plan phénotypique et génotypique.
2. Historique
1926: La MW a été décrite pour la première fois par Eric Von Willebrand chez une famille finlandaise «
Pseudohémophilie ».
1984: Première classification officielle de la MV: basée uniquement sur la distribution des multimères.
1994: Une classification révisée a été publiée: basée sur le phénotype de la protéine du FWV.
2010 : Publication du score hémorragique ISTH-Bat, qui est largement utilisé actuellement pour le
dépistage chez les patients qui sont adressés pour une suspicion d’une anomalie de l’hémostase.
2021 : Publication des nouvelles recommandations du diagnostic biologique et de la prise en charge
thérapeutique de la maladie de willebrand.
3. Epidémiologie
Deux grandes études épidémiologiques qui ont été effectuées
La première étude en Italie en 1987 : Etude de prévalence chez des écoliers de 11 à 14ans ;
Ils ont trouvé une prévalence de 0.82%.
La deuxième a été faite au CHU de Bab el oued en 1991 : ils ont trouvé une prévalence de 1.15%.
- La fédération mondiale de l’hémophilie publie dans son rapport de fin 2021 (mis à jour chaque année) la
présence de 526 patients qui sont porteurs de VWD en Algérie.
 De 2014 jusqu’à 2021, on est passé de 153 patients à 526 patients diagnostiqués(WFH).
Plusieurs causes peuvent justifier la sous estimation du diagnostic en 2014, notamment la non disponibilité
du réactif et la complexité des techniques.
4. Intérêt d’étude
- L’étude de la maladie est intéressante vue sa fréquence, surtout dans les pays à fort % d’endogamie.
- L’hétérogénéité clinique et la fluctuation du taux de VWF compliquait depuis toujours le diagnostic en
particuler type 1 modéré. Ce problème a été en partie résolu après la publication des nouvelles
recommandations du diagnostic de VWD en 2021, dont le seuil a été fixé à 50% pour les patients qui
saignent. En attendant que le cas ou les patients ne présentent pas de syndromes hémorragiques sera
discuté ultérieurement.

II. Rappel physiologique sur le VWF


1. Gène
Le gène du VWF a été localisé sur le bras court du chromosome 12. Sa très grande taille a rendu difficile
son clonage et sa structure complète n’a été publiée que récemment.
C’est un gène de 178 Kb très polymorphe, comprenant 52 exons ; il existe un pseudogène situé sur le
chromosome 22 sont la séquence correspond à la région centrale du gène du vWF et présente une
homologie de 97% avec celui-ci.
2. structure et synthèse du VWF
Le vWF est une glycoprotéine synthétisée par les cellules endothéliales et les mégacaryocytes, présente
dans le plasma, les plaquettes, l’endothélium et le sous endothélium vasculaires. Il est composé de
multimères formés de sous unités identiques.
L’ARN messager code pour un précurseur, le prépro vWF, de 2813AA, comprenant un peptide signal
(22AA), un propeptide de 741AA et la sous-unité mature 2050 AA.
Le prépro vWF contient quatre type de domaines (A à D) répétés de 2 à 5 fois. Après clivage du peptide
signal, le pro vWF subit différentes étapes de maturation dans le réticulum endoplasmique et l’appareil de
Golgi des cellules, comprenant une dimérisation, une polymérisation, une glycosylation et le clivage du
propeptide.
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3. Stockage et secrétions
La sous-unité est stockée au niveau de granules spécifiques appelés corps de Weibel Palade dans les
cellules endothéliales. A partir des cellules endothéliales, le vWF est sécrété dans le plasma et le sous-
endothélium en réponse à des stimulations physiologiques.
4. Clearance
Dans le sang circulant, les multimères du VWF sont catabolisés avec une demi-vie de 12 à 20 heures, et
soumis à une protéolyse. Les multimères de plus grande taille, encore appelés « ultralarges », subissent un
remodelage de leur distribution initiale par une métalloprotéase spécifique « ADAMTS13 », réduisant la
taille des multimères «ultralarges» et prévenant ainsi leur interaction spontanée avec les plaquettes. Le
catabolisme des multimètres se fait par clairance par les macrophages du foie et de la rate.
La demi-vie du propeptide est estimée à environ 2 heures.
5.Fonctions
Le vWF a deux fonctions essentielles dans l’hémostase. La première est permettre le transport du facteur
VIII dans le sang circulant et d’assurer la stabilité de son activité coagulante, très labile.
La seconde fonction du vWF est, grâce à des sites de liaisons spécifiques, de former un pont moléculaire
d’une part entre les plaquettes et la paroi vasculaire lésée, permettant l’adhésion plaquettaire, et d’autre
part entre les plaquettes elles-mêmes, permettant l’agrégation plaquettaire et la formation de thrombus.
La séquence des évènements apparait être la suivante :
- Liaison du vWF à des constituants du sous-endothélium (collagène non fibrillaires I,III…, collagène
fibrillaire type VI)
- Changement de conformation du vWF lié.
-Liaison de ce vWF à la glycoprotéine plaquettaire(GPIB), permettant l’adhésion initiale des
plaquettes.Activation plaquettaire et exposition de la GPIIb/IIIa sur la membrane plaquettaire.
- Liaison du vWF à la GPII/IIIa permettant l’étalement des plaquettes, leur adhésion irréversible et leur
agrégation.
6. Relation structure activité
-Le propeptide (domaines D1 et D2) indispensable à la multimérisation et au stockage du FVW.
- Les domaines D’et D3 contiennent 51 cystéines toutes engagées dans des ponts
Disulfures (Intra et interchaines). Ces domaines comportent aussi des sites de liaison du VWF au facteur
VIII.
-Le domaine A1  possède des sites de liaison au collagène type VI +sites de liaison pour la (GP) Ib
plaquettaire, la ristocétine et la botrocétine. Ces molécules induisent in vitro la liaison du VWF à la GPIb et
représentent ainsi des outils diagnostiques.
-Le domaine A3 possède des sites de liaison au collagène type I et III.
- Domaine A2 site de clivage de l’ADAMTS13 (glycoprotéine appartenant à la famille des
Métalloprotéase, régule le degré de multimérisation du FVW, évitant ainsi la formation de thrombi
pathologique).
-Le domaine C4permet l’interaction du VWF avec un autre récepteur plaquettaire, la GPIIb/IIIa grâce au
domaine RGD (Arg-Gly-Asp).

Figure: Structure revisitée de la sous-unité mature du VWF avec les ligands associés.
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7. Facteurs de variations physiologiques


Augmentation du vWF Diminution du vWF
-NN (jusqu’au 6mois), l’âge adulte (10% par décennie) -Groupage O (jsq 15%)
-Race noir.
-Grossesse (à partir du 2ème trim), phase lutéale chez la femme, -VWD acquise
contraception orale à faible dose. (Hypothyroïdie,
-Toute situation de stress (Chirurgie, traumatisme) Hémopathies malignes)
-Diabète, athérosclérose, maladies infectieuses, maladies
inflammatoires.
-Desmopressine, toute inflammation de l’endothélium Vas.

III. Classification & Physiopathologie


Trois grands types de maladie de Willebrand sont reconnus. Le comité scientifique et de standardisation
sur la maladie de Willebrand de la Société internationale de thrombose et d’hémostase a proposé une
nouvelle classification, que nous avons adopté.
1. Le type I : correspond à un déficit quantitatif en vWF et est de transmission autosomale dominante.
C’est le type le plus fréquent (70 à 80%), caractérisé par une réduction parallèle dans le plasma du VWF:Ag
et du VWF:RCo (et du FVIII) et par une répartition normale des multimères qui ont une concentration
diminuée.
Le type I peut être subdivisé en fonction du contenu en vWF des plaquettes (Normal/ diminué) suggérant
l’existence de différentes anomalies moléculaires.
- Selon la base des données de l’ISTH SS, 153 mutations ont été identifiées, et qui sont localisées
pratiquement au niveau de tous les domaines.
-Théoriquement, les mutations ne devraient pas affecter la structure mais la synthèse du vWF.
-Des mutations particulières localisées dans le domaine D3 et responsables d’un déficit profond ont aussi
été décrites :
M entrainant des anomalies de sécrétions : ↓ de la concentration plasmatique sans altération de la
structure MM- Taux circulant : 10-50%.
M entrainant une clairance accélérée : réduction d’exposition des MM à ADAMTS13 : persistance des
MM ultra larges- Taux circulant : 6-12%.
 Mutation VICENZA : clairance X 10.

2. Le type II : regroupe les anomalies qualitatives du vWF, la plupart étant associées à un défaut de sa
structure multimérique ; la transmission est autosomale dominante sauf pour certains sous types où elle
est autosomale récessive, caractérisé dans la plupart des cas par des taux de VWF:RCo notablement plus
abaissés que ceux de VWF :Ag et de FVIII, une distribution anormale des MM avec absence des formes de
HPM.
Quatre sous types ont été décrits :
2A : « Variants avec diminution de l’affinité du VWF pour la GPIB »
-10 à 12% de tous les types et ¾ des variants de type 2, de TAD.
- 104 mutations ont été rapportées (Base des données en ligne ISTH SS)
- Diminution de l’affinité pour la GPIB+ l’absence des MM de HPM due à :
• Soit une anomalie de synthèse de multimères suite à une mutation au niv des pep des domaines D1, D3
(MM de HPM absents multimérisation anormale sécrétion partielle des de formes de BPM) ou
mutations du domaine CK (dimérisation anormale) === > 2A1.
• Soit à une sensibilité accrue à la protéolyse par ADAMTS13 suite à des mutations dans le domaine A2===
> 2A2 (type 2A le plus classique).
Types IIC à IIH : Ces variants de l’ancienne classification présentent aussi les caractéristiques du type
2A. Ils incluent les types IIC, IID, IIE, IIF, IIG, IIH (ainsi que le IB).
- Ils sont caractérisés par une absence ou une diminution des MM de HPM et ne peuvent être identifiés
que par électrophorèse de très haute résolution. Dans la plupart des cas, la TAD sauf pour le type IIC où
elle est récessive. Les anomalies moléculaires et la physiopathologie sont mal connues.
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2B « Variants avec augmentation de l’affinité du facteur Willebrand pour la GPIb »


-Rare (3à5 % de tts les types et 20% de types 2), caractérisé par un taux de VWF :Ag normal et un
VWF :Rco modérément abaissé.
- Le vWF des patients atteints de ce type est capable de se lier à la GPIb plaquettaire sans modulateurs, ce
qui entraine une adsorption des multimères de HPM sur les plaquettes et parfois une thrombopénie
(persistante ou intermittente), et sont alors clivés par ADAMTS13== > perte des MM de HPM et déficit de
l’adhésion des plaquettes.
- 56 mutations ont été rapportées jusqu’à 2022 ! (Base de données de ISTH SS).
- Presque toutes les mutations (duplication ou substitution) ont été identifiées au niveau de la boucle du
domaine A1.
==> Type I «New York » : Il appartient à l’ancienne classification et également au type 2B car il est
caractérisé par une agrégation du plasma riche en plaquettes en présence de faibles doses de ristocétine.
Cependant tous les MM sont présents dans le plasma, probablement parce que l’affinité des multimères
de HPM pour les plaquettes est moins grande.

2M « Variants avec diminution de l’affinité du VWF pour la GPIB avec présence de MM de HPM »
- 30 mutations ont été rapportées (Bases de données tjrs)
Mutations dans le domaine A1 interférant avec la liaison VWF-GPIb sans affecter les MM de HPM (R
Rco/Ag <0.7 + R CB /Ag >0.7) ==> 2M typique.
Mutations dans le domaine A3 : altération de la liaison VWF-collagène : variant collagène (le ratio CB/Ag<
0.7 : plus faible que le Ratio Rco/Ag =/= la forme typique ==> 2M 2A like.

 2N « Variants avec diminution de l’affinité du facteur Willebrand pour le facteur VIII »


-TAR, 60 mutations ont été rapportées au niveau des domaines D’où D3 (site de liaison au FVIII),
caractérisé par un R VWF :VIII/ VWF : Ag < 0.6 ==> 2N homozygote
-Le FVIII qui n’est pas lié au VWF, a une survie très anormale ce qui explique son déficit.
-Le phénotype est identique à celui de l’hémophilie A.
Type 2N1 « 2N hétérozygote composite» : compliqué à diagnostiquer car RVIII/Ag>0.6
(Peut être sous diagnostiquer et rendre type 1, si on fait pas l’étude de la liaison, cette dernière on sera
orienter de la faire par le TCA allongé, les malades qui sont exclut de la liaison sont ceux qui ont un R
VIII/Ag>1 : intérêt thérapeutique)
Type 2N3 (hétérozygote composite) : doubles mutations responsables de générer les 2 types 2N et 3.

3. Le type 3 : TAR, rare (1 à 3%) c’est la forme sévère de la maladie caractérisé par une absence quasi-
complète de vWF, homozygote ou hétérozygote composite.
-Plus de 131 mutations ont été rapportées (M non sens, larges délétions, micro insertions, M des sites
d’épissages)
-Les délétions paraissent favoriser l’apparition d’alloanticorps après transfusion de concentrés
plasmatiques du VWF.

IV. Diagnostic biologique de VWD


IV.1. CDD et score hémorragique
Le diagnostic de la maladie de Willebrand n’est envisagé qu’après un interrogatoire précis sur les
antécédents hémorragiques personnels et familiaux. Il peut se faire au cours :

D’une enquête familiale.


D’un bilan préopératoire
D’une symptomatologie hémorragique évocatrice, même si le bilan standard de coagulation est normal.
-Le profil hémorragique est très variable, dépendant du type et de la sévérité de la maladie, de type
cutanéo-muqueux (épistaxis récidivants, gingivorragies, ménorragies, ménométrorragies, hémorragies
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gatrsointestinale, ecchymoses, saignements prolongés lors de plaies ou de coupure), les hématomes et


hémarthroses sont rares et ne s’observent que dans les formes où il existe un déficit important en FVIII.
-L’âge de découverte est variable.
-L’anamnèse médicale doit s’attacher à rechercher : âge de survenue et circonstances, localisation des
hémorragies, leur caractère spontané ou provoqué, prise médicamenteuse (oestroprogestatifs), notion de
grossesse, groupage sanguin (FVW abaissé chez les groupes O), antécédents personnels et familiaux.
-Le type 3 est le plus sévère cliniquement.
-On doit penser à éliminer un syndrome de Willebrand acquis, lorsque la symptomatologie hémorragique
est d’installation brutale sans antécédents personnels ni familiaux.
=> Score hémorragique « Principalement le score ISTH-Bat »
Il s’agit d’un questionnaire qui consiste à faire une évaluation standardisée des symptômes de
saignement. Le vicenza bleeding questionnaire qui a subi des modifications ultérieures au fil des années,
aboutissant à la publication de l’ISTH-BAT en 2010; qui comporte 13 items + 10 items supplémentaire
propres à la pédiatrie, tels la survenue d’un céphalhématome en période néonatale, les hémorragies au
cordon ombilical, mais aussi les circoncisions hémorragiques, et les hématomes aux points de ponction
veineuse.

-Des notes qui sont attribués en fonction de la gravité des symptômes allant de 0 à 4.
-0 : absence, 4 : très sévère.
-Calculer le score global (la somme des notes des différents items)
-Interprétation du score globale selon le sexe et l’âge :
-Les valeurs seuils qui sont utilisées sont :
 < 3 chez l’enfant.
 < 4 chez l’homme.
 <6 chez la femme0.

IV.2. Phase pré-analytique


A. Prélèvement :
-Le prélèvement se fait à jeun de matières grasses en tube citrate 0,109 ou 0,129 M.
-Respecter le Ratio 1/10 (1 volume citrate pour 9 volumes de sang); Agitation douce (3 à 6 inversions).
-Respecter l’Ordre du tube: Après un tube sec (substances activatrices libérées), avant le tube hépariné et
EDTA.
-La qualité du prélèvement pour les dosages du VWF est garantie pour un transport et une conservation à
température ambiante ne dépassant pas 4 h.
B.Centrifugation
-La préparation des plasmas se réfère aux recommandations émises par le GEHT en 2007.
-Le « plasma pauvre en plaquettes » (PPP) est obtenu après une centrifugation de 15 min à 2 000-2 500 g à
18-22° C (plus on augmente le g, on diminue le temps), ce plasma va permettre de réaliser les examens
spécifiques et discriminatifs.
-Le « plasma riche en plaquettes » (PRP) est obtenu après une centrifugation de 15 min à 100- 150 g ;
prenant en compte le taux de plaquettes (si <150Gfaible centrifugation : 90 à 100g pdt 20min) ; afin de
réaliser les tests d’agrégation plaquettaires à faible et à fortes concentrations de ristocétine.
-Les tests d’étude du VWF peuvent être réalisés sur plasma congelé après double centrifugation afin de
réduire le nombre de plaquettes résiduelles, puis décongelé une seule fois. La stabilité du plasma après
congélation est estimée à trois mois à -20°C et à au moins dix-huit mois à -70°C.
IV.3. Tests d’évaluation globale
A. NFS :
La numération plaquettaire : Technique : automatique (coulter). VN : 150-400G/l. Résultat : normale ou
diminué (type 1, type3++ : thrombopénie fluctuante, d’intensité variable, pouvant s’exacerber, en
particulier à l’occasion d’une grossesse ou d’un syndrome inflammatoire, association à d’autres
hémopathies : purpura thrombopénique !).
Taux d’hémoglobine : apprécie le retentissement des saignements.
Le taux d’hématocrite avec le taux des plaquettes : indispensables pour l’interprétation du TS et du TOP.
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B. TQ / TCA : C'est la mesure du temps de coagulation d'un plasma pauvre en plaquettes citraté, en
présence de :
Thromboplastine calcique : F tissulaire + PLP TQ. VN : 12-14s. Patho si >2s du TQ Témoin.
Phospholipides (Céphaline) et d’activateur (Acide ellagique…) TCK. dit allongé lrsq R M/T>1.2.
Résultat : TP normal, sauf autre pathologie associée.
TCK variable selon le type : normal ou subnormal dans les types 1 et 2, allongé lorsqu'il existe
déficit en facteur VIII dans le type 3 et le type 2N.
*NB : un TCA dans les limites de la normale ne permet pas d’exclure le diagnostic de VWD.
C. Temps de saignement : Test abandonné
Principe : Le temps de saignement est le temps nécessaire à l’arrêt du saignement après une incision
cutanée normalisée.
Technique : une incision standard de 1 cm de long sur 1 mm de profondeur, sur la face antérieure de
l’avant-bras sous une pression permanente de 40mmHg (La technique d’Ivy incision est standardisée par
emploi de dispositifs commerciaux). Le temps de saignement exprimé en minutes.
VN = 4 à 8 mn. Résultat : Un temps très allongé est retrouvé chez tous les patients de type 3.
Limites : Le manque de specificité, le manque de sensibilité, la non corrélation entre son allongement et la
sévérité de la thrombopénie ou du syndrome hémorragique, ainsi que son caractère manipulateur –
dépendant réduit l’efficacité biologique de ce test. Il est remplacé par le TOP.
D.Temps d’occlusion plaquettaire(TOP) : automatique par le PFA-100 mimant in vitro le contact entre la
paroi vasculaire et les plaquettes à des taux de cisaillement élevés, et évalue ainsi leur capacité
fonctionnelle lors d’une brèche vasculaire.
Technique : Mesure le temps de fermeture d’un orifice recouvert d’une membrane de nitrocellulose
enduite d’un agoniste plaquettaire par formation d’agrégats plaquettaires, après leur activation par
l’agoniste et les forces de cisaillement induites par l’aspiration du sang total citraté à travers l’orifice. 02
Cartouches sont utilisées : Collagène/ADP : VN 60-10 sec. Collagène/Adrénaline : VN 100-170 sec.
Résultat : Allongé dans les types 1, 3, 2A et 2M. Diminué dans le type 2B. Normal dans le type 2N.
Avantages : sensibilité > 90% (particulièrement avec l’ADP) aux anomalies quantitatives et qualitatives du
VWF (sauf l’anomalie d’interaction avec le FVIII. Dépiste bien les prises d’aspirine et les AINS.
Limites : pas spécifique de la VWD et un résultat anormal doit être suivi de tests spécifiques ( recommandé
comme test de screening de la MVW).
E. Groupage : La notion du groupe sanguin ABO est documentée dès la première consultation, car elle
permet de mieux interpréter les résultats des dosages de VWF qui sont clairement influencés par le groupe
ABO.
IV. 4. Tests spécifiques
4.1. Dosage de VWF:Ag
Principe : Il quantifie la protéine en circulation qu’elle soit fonctionnelle ou non.
Technique : Il s’agit d’un dosage immunologique. Des méthodes immunologiques variées sont disponibles
Immunoenzymatiques (ELISA) : La méthode de référence, qui est pratiquement la seule technique dont
la limite de détection (inférieure à 1 UI/dl) permette de diagnostiquer un déficit total (type3). Cependant
elle est longue, couteuse et non applicable au dosage unitaire (non applicable dans un contexte
d’urgence).
Immunoturbidimétrique (Liatest) : Il s’agit du dosage immunologique du VWF par méthode immuno-
turbidimétrique basée sur la mesure de la turbidité d’une suspension de microparticules de latex,
traversée par un faisceau lumineux. Ces microparticules sont sensibilisées par des anticorps spécifiques du
FvW. La réaction antigène-anticorps en présence du FVW du plasma à tester entraîne une agglutination
des microparticules augmentant ainsi l’absorbance du milieu. L’amplitude de cette augmentation est
fonction de la quantité de VWF contenu dans le plasma. Une courbe d’étalonnage déterminée à partir d’un
plasma standard permet de déduire le taux du FVW : Ag des plasmas testés. Son seuil de quantification
étant de 6 UI/dl, il ne permet pas le dgc des VWD type 3.
− Valeurs normales : 50 – 200 % (Chaque laboratoire doit établir ses propres valeurs normales).
Dr. Boumendjel

 Immunochimiluminescence : Cette méthodologie est de développement très récent ; une étude


comparative à l’immunoturbidimétrie a été publiée, montrant un bon agrément entre les méthodes pour
une sensibilité supérieure de la chimiluminescence, équivalente aux méthodes ELISA.
Résultat : Absent dans le type 3 et diminué dans le type 1.Normal ou diminué dans les formes qualitatives.
Normal dans le type 2N.
Limites : Le dosage du VWF : Ag ne détecte pas les anomalies qualitatives du VWF et il doit donc toujours
être couplé à un test fonctionnel.
- Elles peuvent être abaissée jusqu’à 40 % pour les sujets de groupe sanguin O (D’où la nécessité d’établir
des valeurs de référence par rapport aux groupes sanguins et l’âge).
4.2. Mesure de l’activité du VWF : c’est le critère de choix pour le diagnostic de la maladie de Von
Willebrand.
A. Dosage de l’activité cofacteur de la ristocétine VWF:Rco : La mesure de l’activité cofacteur de la
ristocétine du VWF (VWF:RCo) reste la technique fonctionnelle de référence.
Principe : Le FVW : Rco provoque, en présence de ristocétine, une agglutination des plaquettes. La
ristocétine est en fait un inducteur de l’agrégation plaquettaire. La liaison du VWF aux plaquettes en
présence de ristocétine requiert la présence de multimères de haut PM et un site de liaison du VWF à la
GPIb intact (apporté par des plaquettes normales témoins).
Technique : L’agglutination des plaquettes est évaluée par agrégométrie et n’est fonction que de la qualité
et de la quantité en FVW. Le dosage fonctionnel du FVW par agrégométrie est basé sur la mesure
turbidimétrique de l’agrégation de plaquettes normales lavées en présence de FVW apporté par le plasma
à tester (PPP) et de ristocétine à 1 mg/ml.
-On mesure au cours du temps la variation de transmission d’un faisceau lumineux à infrarouge au travers
de la suspension plaquettaire, l’augmentation de la transmission optique reflète l’agrégation des
plaquettes.
-On établit donc une courbe d’étalonnage à l’aide de différentes dilutions d’un pool de plasmas témoin.
La valeur normale est supérieure ou égale 50% (Guidelines on the diagnostic of VWFD)
B. Autres techniques de mesure de l’activité : Dans les nouvelles recommandations qui ont été publiées
en 2021 (ASH ISTH : guidelines) et plus précisément dans la recommandation N° 04, il est préconiser de
limiter l’utilisation de l’activité cofacteur de la ristocétine et de la remplacer par d’autres tests non
ristocétine dépendants, car les tests Ristocétine dépendants ont tendances à sous estimer les taux
(Résultats faux positifs)
RECOMMANDATION 4 : Le panel suggère des dosages plus récents qui mesurent l’activité de liaison du FW
aux plaquettes (par exemple, VWF:GPIbM, VWF:GPIbR) plutôt que le dosage du cofacteur de la ristocétine
du FW (VWF:RCo) (automatisé ou non automatisé) pour le diagnostic de la mW.
4.3. Dosage du FVIII
A.FVIII fonctionnel (FVIII : C)
Technique : chronométrique, basé sur la mesure du TCK d’un mélange du plasma à tester avec un plasma
déficient (système contenant tous les facteurs de la coagulation sauf le FVIII). Le temps de coagulation du
plasma déficient est fonction de la quantité du FVIII apporté par le plasma testé. Une courbe d’étalonnage
établie à partir de différentes dilutions d’un pool de plasmas témoins permet de déterminer les dosages
des plasmas des patients, par extrapolation.
Valeurs normales : 60 – 150%.
B. FVIII : Ag
Technique : Immunologique, Le taux de FVIII antigène peut être mesuré par Elisa. Le déficit en FVIII étant la
conséquence du déficit en VWF, sa protéine porteuse, Il doit toujours être réalisé dans le dépistage d’une
VWD ; toutefois, un taux de FVIII normal n’élimine pas une VWD, et un taux de FVIII diminué ne traduit pas
forcément une VWD.
Résultat : Dans la VWD, les taux de FVIII: Ag et de FVIII:C sont parallèles, mais FVIII il est plus élevé que le
taux du VWF : Ag dans la plupart des formes de VWD. Sauf dans le type 2N, le taux de FVIII (FVIII:C et FVIII:
Ag) est nettement plus abaissé que le taux de VWF: Ag.
Un taux de FVIII dans les limites de la normale est fréquent dans la VWD et ne permet donc pas d’exclure le
diagnostic.
Dr. Boumendjel

4.4. Etude des rapports VWF:Rco/VWF:Ag et VWFVIII/VWF:Ag


Le calcul et l’analyse des rapports entre les taux fonctionnels et le taux de VWF antigène, qui permettent
de s’orienter vers le type de déficit : quantitatif ou qualitatif, doivent être réalisés systématiquement à
l’issue des dosages de VWF:Ag, VWF: Rco et FVIII :
Un rapport VWF : Rco/ VWF : Ag Abaissé est en faveur d’une anomalie d’interaction du VWF avec les
plaquettes, associée ou non à l’absence de multimères de haut PM :
< 0,6 ou 0,7 dans les anomalies qualitatives : 2A, 2B et 2M (selon les recommandations de 2021 le seuil est
revu à 0.7, mais cela dépend du réactif utilisé dans chaque laboratoire, donc le seuil reste entre 0.6 et 0.7)
≥ 0,6 ou 0,7 dans les anomalies quantitatives et type 2N.
 Un rapport FVIIIc/VWF : Ag Abaissé peut être en relation avec une anomalie d’interaction du VWF avec
le FVIII caractérisant la VWD de type 2N ou avec une hémophilie A modérée ou mineure (ou avec un statut
de conductrice d’hémophilie A). < 0,6 dans le type 2N ou hémophilie A mineure ou modérée ≥ 0,6 dans
toutes les autres formes de la maladie de Willebrand.
RECOMMANDATION 8: Le panel suggère de ne pas utiliser un seuil < 0,5 pour le ratio activité de la fonction
plaquettaire du FW/ VWF:Ag et suggère de plutôt utiliser un seuil plus élevé < 0,7 pour confirmer la mW de
type 2 (2A, 2B ou 2M) pour les patients dont le dépistage initial de la mW était anormal (recommandation
conditionnelle reposant sur une très faible certitude des preuves provenant des études diagnostiques)
-Remarque : Certains patients atteints de la mW de type 2 ont un VWF:Ag et une activité de la fonction
plaquettaire du FW normaux, mais un faible ratio de l’activité de la fonction plaquettaire par rapport à
l’antigène.
4.5.Agrégation plaquettaire à la ristocétine(RIPA) : Sa place est restée longtemps discutée dans la
littérature : test de première ou de deuxième intention ? Actuellement elle est parmi les tests spécifiques
(de premier niveau) et cela pour ne pas passer à coté d’une VWD de type 2B.
Principe : Permet de mesurer l’affinité du FvW pour les plaquettes (Gp Ib) en mettant le PRP du patient en
présence de concentrations croissantes de Ristocétine :
-Risto à forte concentration : allant de 1 à 2mg/ml, permet l’agrégation des plaquettes de tous les sujets
normaux alors que dans la maladie de Willebrand elle est variable selon la sévérité du déficit, elle peut être
normale, diminuée voire nulle dans les formes sévères.
-Risto à faible concentration : <0.8mg/ml (on utilise généralement entre 0.5 et 0.6 voir 0.7mg/l) : cette
concentration permet de détecter les patients atteints du déficit en FVW de type 2B chez lesquels il existe,
exclusivement, une agrégation à cette concentration en raison de l’hyperaffinité du FvW pour la GpIb
plaquettaire. Les autres types de la maladie et les sujets normaux présentant une agrégation nulle. Une
agrégation à cette dose est également signalée dans le pseudo-Willebrand.
IV.5. Tests discriminatifs : pour distinguer le 2A du 2M et du 2B (on peut le diagnostiquer par le test RIPA)
il faut faire appel à des tests discriminatifs
5.1. Mesure de la capacité du VWF à se lier au collagène (VWF:CB)
Principe : Evaluation de la capacité du VWF à adhérer au collagène.
Technique : Elle est assurée par un test Elisa. Méthode permettant de mesurer la liaison FVW-CB en
mimant l’interaction du FVW au collagène sous-endothélial au site de la liaison vasculaire.
-Le FVW apporté par le plasma à tester reconnait le collagène qui tapisse les puits des barrettes et forme
avec ce dernier un complexe FVW-Collagène qui sera mis en évidence par l’ajout d’anticorps couplés à la
peroxydase.
-L’intensité de la coloration mesurée par spectrophotométrie est proportionnelle à la concentration en
complexe FVW-C et donc à la capacité de la liaison du FVW au collagène.
- Cette capacité dépend d’un site de liaison du VWF au collagène intact et de la présence de multimères de
haut PM.
- Le VWF: CB est donc sensible aux variants fonctionnels associés à la perte des MMHPM
- Il comporte l’inconvénient de ne pas permettre la distinction entre une anomalie quantitative et une
anomalie qualitative par défaut de liaison du VWF aux plaquettes sans anomalie du profil des multimères.
Résultat : FVW-CB :
– Très bas dans le type 2A, modérément dans le 2B.
– Normale dans les types : 1, 2M et 2N
Dr. Boumendjel

– Effondrée dans le type 3


Un rapport VWF: CB/VWF:Ag abaissé (<0.6 ou 0.7) est en faveur d’une anomalie d’interaction du VWF avec
le collagène ou d’une absence de multimères de haut PM.
Avantages : – Très sensible à la perte des multimères de haut PM. : Il permet d’identifier les anomalies
qualitatives de l’interaction VWF-plaquettes en rapport avec une perte des MHPM du VWF mais non les
anomalies de l’interaction VWF-plaquettes non liées à la perte des multimères de haut PM.
– Ce test vient donc en complément du VWF:RCo dans le VWD type 2, il permet de différencier une VWD
type 2A d’une VWD type 2M sans avoir recours à l’étude des multimères.
– Il faut noter que les très rares anomalies isolées du VWF de liaison au collagène ne peuvent être mises en
évidence que par le VWF: CB, le VWF:RCo étant dans les limites de la normale.
Inconvénients : – La performance du test dans la différenciation des sous-types VWD varient cependant
beaucoup selon la source de collagène : le collagène de type I de tendons de cheval, ou de bœuf est plus
performant que le collagène humain de type III pour lier les MHPM du VWF, mais son utilisation est à
l’origine de variabilité interlaboratoires, c’est pour cela que les tests développés actuellement utilisent une
mixture de collagène type I et III.
– La variabilité inter-laboratoire reste néanmoins élevée, en partie liée à l’utilisation de collagène d’origine
variée, ainsi qu’un manque de standardisation. – Pas implanté dans les laboratoires.
5.2. Etude de la répartition des multimères
Principe : Electrophorèse du plasma dans un gel d'agarose 1,4-2% (de résolution intermédiaire) contenant
un agent dissociant (SDS : Sodium dodécyl sulfate) pour séparer les multimères selon leur PM, qui sont
ensuite révélés par un Ac anti-VWF marqué. Une évaluation par densitomètrie permet de quantifier les
différentes formes de multimérisation du VWF.
Chez un sujet sain, on a 16 bandes (de1à 5 MM de BPM, de 6à10 MM de PM intermédiaire, de
11à16MM de HPM ; au delà de la 16ème bande  MM de très PM)
Résultat : – Distribution normale : dans le type1 (en quantité réduite), dans le type 2N et dans le type 2M.
– Distribution anormale : dans les types 2A et 2B :
•2A : absence des multimères de haut PM et de PM intermédiaires.
•2B : absence des MHPM mais présence des multimères de PM intermédiaire.
– Multimères indétectables : dans le type 3.
Avantages : – Quantification des formes de VWF de différents PM.
– Identification des anomalies structurales des unités multimériques par l’utilisation de gels de faible
résolution (agarose 0,6-1,2 %) permettent la détection de multimères ultra-larges qui caractérisent la VWD
type 1 « Vicenza » ou de gels plus haute résolution (agarose 2,3-3 %) permettent de visualiser des
anomalies de la structure détaillée de chaque multimère qui traduisent la protéolyse par ADAMTS13), ces
anomalies de structure sont caractéristiques de chaque variant IIA, IIC, IID, IIE.
Inconvénients : – Technique longue, complexe et couteuse.
– Réalisée par un nombre limité de laboratoires
5.3. Etude de la liaison du VWF du plasma aux plaquettes (à la GPIba) : L’équivalent de la RIPA croisée
Principe : Son principe est basé sur l’utilisation d’un fragment recombinant de GP1ba immunofixé auquel
on ajoute le PPP à tester préincubé avec un immunoconjugué antiVWF et différentes dilutions de
ristocétine. Les complexes GPIba-ristocétine-VWF-anti-VWF marqué sont révélés par l’hydrolyse d’un
substrat à 490 nm.
Résultat : – Faible fixation du VWF à la GPIba même à des concentrations élevées de ristocétine : VWD 2A
et 2M. – Hyperfixation du VWF à la GPIba à de faibles concentrations de ristocétine qui n’induisent pas de
liaison du VWF normal : VWD type 2B.
Intérêt : - Distinguer les variants avec diminution de l’affinité pour la GP1b (type 2A et 2M) de ceux avec
augmentation de l’affinité (type 2B).
- Distinguer la VWD type 2B (anomalie du VWF : hyperfixation) de la pseudo-VWD (thrombopathie avec
augmentation de l’affinité de la GP1b pour le VWF : fixation normale).
Inconvénients : Des « faux négatifs » peuvent être observés chez certains VWD type 2B par la perte des
formes multimériques les plus fonctionnelles sur les plaquettes.
5.4. Etude de la capacité du VWF à se lier au facteur VIII (VWF: FVIIIB)
Dr. Boumendjel

Principe : Elle mesure l’affinité du VWF pour le FVIII, évaluant ainsi la fonction du VWF dans la stabilisation
et le transport du FVIII.
Technique : L’affinité du VWF du patient pour le FVIII (exogène) est déterminée par immunoadsorption du
VWF puis mesure du FVIII lié par une technique Elisa ou chromogénique.
Intérêt et résultat : Ce test doit être systématiquement réalisé lorsque le rapport FVIII/VWF:Ag <0.6, pour
différencier : Une VWD type 2N : VWF:FVIIIB nul ou très diminué (<20%) d’une hémophilie A : VWF:FVIIIB
normal (>20%).
- Seul ce test peut distinguer une MVW type 2N avec interaction diminuée, d’une hémophilie A modérée
ou mineure avec interaction normale.
Limite : - Il reste encore réservé à quelques laboratoires.
- Il nécessite un dosage très précis du VWF: Ag qui doit par ailleurs être supérieur à 10 % pour
obtenir une sensibilité et une spécificité de 100 % pour le diagnostic du VWD type 2N.
5.5. Dosage du propeptide (VWF:PP)
Principe : Le taux de propeptide reflète la synthèse de VWF, il est utile pour identifier une clairance
accélérée du VWF. Contrairement au VWF, il n’est pas influencé par le groupe sanguin.
Technique : ELISA type sandwich avec lecture en fluorimétrie. Les données de fluorescence sont exportées
dans un logiciel de calcul. Avec ce coffret, le VWFpp et le VWF mature sont mesurés en parallèle, ce qui
permet le calcul du rapport VWFpp/VWF:Ag, dont l’augmentation est proportionnelle au raccourcissement
de la demi-vie du VWF.
Résultat : Des taux diminués sont mee dans les formes constitutionnelles de VWD liées à une anomalie de
sécrétion du VWF, contrastant avec un taux normal ou élevé dans le syndrome de Willebrand acquis.
Cependant, certaines formes constitutionnelles avec clairance accélérée du VWF s’accompagnent aussi
d’un taux de propeptide élevé et donc d’un rapport propeptide/VWF:Ag anormalement élevé.
Détermination du rapport VWF: pp/VWF:Ag, Il permet de différencier les VWD type 1 en fonction du
mécanisme : -Type 1 par anomalie de sécrétion :R VWF: pp/VWF:Ag normal autour de1 ( synt= clearance)
- Type 1 par clairance accélérée : R VWF: pp/VWF:Ag augmenté > 2.4 pour les groupes non O,
>2.8 pour le groupe O.

Arbre décisionnel proposé pour le diagnostic de maladie de Willebrand et la classification des différents types
(adapté d’après Federici et Canciani, Haematologica).
Dr. Boumendjel

IV.6. Biologie moléculaire


6.1. Indications : Selon les nouvelles recommandations (Recommandation 10 & 11) le diagnostic
génotypique est indiqué dans :
- Le diagnostic de certitude de la mW de type 2B (recommandation 10) en cas de suspicion de type 2A ou
2B, Il est préférable d’utiliser les tests génétique plutôt que les tests phénotypiques (RIPA croisée et test
de liaison à la GPIB fixée), cela peut être expliquée par la difficulté d’avoir une agrégation positive à faible
concentration de la ristocétine à cause de la thrombopénie => test RIPA peu fiable.
- Pour le diagnostic de la mW de type 2N (recommandation 11), chez les malades chez lesquelles on
suspecte la WVD de type de 2N, On a le choix d’utiliser soit le test de liaison ou un test génétique ciblé.
-Pour différencier la VWD type 1 d’un sujet hétérozygote transmetteur de type 3.
6.2. Techniques
-La technique la plus fréquemment utilisée reste le séquençage direct (Sanger) , qui permet d’identifier
précisément l’anomalie (mutation) de séquence responsable de la pathologie- Des techniques de
précriblage de type denaturing gel gradient electrophoresis (DGGE), single strand chain polymorphism
(SSCP), denaturing high performance liquid chromatography (DHPLC) et high resolution melting (HRM)
peuvent être réalisées en première intention afin de permettre de visualiser rapidement, sur une série de
patients en même temps, une anomalie qui sera ensuite identifiée par séquençage.
- Pour le diagnostic prénatal, c’est la technique RFLP (restriction fragment length polymorphism) :
technique indirecte, qui est utilisé ou les mutations parentales n’ont pas été mises en évidence.
IV. 7. Enquête familiale et diagnostic prénatal
Enquête familiale : Elle est faite dès qu’une VWD est diagnostiquée et confirmée sur un deuxième
prélèvement chez un patient. Son but est de :
− Confirmer l’origine constitutionnelle de la maladie.
− Dépister les autres membres atteints de la famille.
− Déterminer le mode de transmission : Parents asymptomatiques → récessif, parents symptomatiques →
dominant.
− Parfois, mettre en évidence les patients doubles hétérozygotes.
Une carte de diathèse hémorragique doit être à leur portée de façon systématique, mentionnant :
• Etat civil du malade (Nom et prénom(s), âge, adresse, photo…), Type du déficit et caractéristiques,taux de
facteur déficient ou résultats biologiques, Groupage sanguin ABO RH phénotypé Rhésus Kell , Bon ou
mauvais répondeur à la desmopressine
•Recommandations : pas d’aspirine, pas d’AINS, pas d’injection IM, pas de sport violent… • CTS à contacter
Dans le cas de la maladie de Willebrand, il faut aussi mentionner : • Les résultats de l’épreuve
thérapeutique à la DDAVP et les traitements à utiliser en cas de besoins.
Diagnostic prénatal(DPN): pour la VWD type 3. Le diagnostic prénatal doit être discuté avec les futurs
parents dans le cadre d’une consultation spécialisée de conseil génétique pluridisciplinaire (génétique
médicale, obstétrique, hématologie, biologie moléculaire) pour les couples susceptibles d’avoir un enfant
atteint de VWD de type 3. La mise en œuvre du DPN se fait de préférence par choriocentèse entre 11 et 13
semaines d’aménorrhé (SA) afin que la femme enceinte puisse bénéficier d’un résultat précoce au cours de
sa grossesse. Cependant, le DPN peut aussi être réalisé après amniocentèse à partir de 16 SA.
IV.8. Test à la DDAVP: test proposé une fois le diagnostic de la MVW est confirmé ( tous les types sauf le
type 3 où le facteur plasmatique et même intra-plaquettaire est nul, et le 2B où c’est contre-indiqué psq il
risque d’exacerber la thrombopénie, selon les dernières recommandations de 2021 même le 2B avec
certaines mutations génétiques peut être concerné par ce test), pour évaluer son profil thérapeutique (Bon
ou mauvais répondeur à la desmopressine)
IV.9. Dosage du VWF intra-plaquettaire:
*Il rejoint le test à la DDAVP, la desmopressine va induire la liberation du VWF intra-plaquettaire, Donc le
resultat de ce dosage ( VWF intra-plaquettaire) sert à evaluer l’efficacité du traitement .
-Si taux de VWF intraplaquettaire faible réponse mauvaise/ parteille à la desmopressine
-Si taux de VWF intraplaquettaire elevé Bon epondeur à la DDAVP
Dr. Boumendjel

*Il permet aussi de poser le diagnostic de certitude de la maladie de Willebrand de type 3 (Activité , Ag
plasmatique et intraplaquettaire nul), Alors que dans le type 1 sevère on peut y avoir un Ag plasmatique à
très faible mais il est plus elevé en intraplaquettaire.
V. Diagnostic differential: Avec
V.1. Sujet normal: Difficultés du diagnostic entre sujet normal (surtout chez les sujets de groupe sanguin O
qui ont un taux de VWF plus faible que ceux d'autres groupes sanguins) et sujet atteint d'une forme
modérée sans perturbation du TS et du TCA. L'attention peut être attirée par l'existence de cas familiaux
ou la survenue d'hémorragies excessives par rapport à leur cause.
Selon les nouvelles recommandations un sujet du groupe O qui ne saigne pas, on le considère comme un
taux faible physiologique, mais un sujet O qui saigne on va le considérer comme un VW.
V.2. Hémophilie A : La distinction entre déficit constitutionnel en facteur VIII et Willebrand de type 2N
peut être difficile. Si le facteur VIII est < 5%, il s'agit très vraisemblablement d'une hémophilie A, par contre
si le facteur VIII est compris entre 5 et 35%, la transmission génétique liée au sexe dans l'hémophilie A,
autosomale dans le type 2N, et l'étude de la liaison du facteur VIII au VWF du patient permettent de
trancher (VWF:FVIIIB est normal dans l’hémophilie A alors qu'il est nettement diminué dans le type 2N). Le
diagnostic différentiel a une grande importance pour la PEC la thérapeutique et le conseil génétique.
V.3. Maladie de pseudo-Willebrand : La distinction entre la maladie de Willebrand de type 2B et la
pseudo-maladie de Willebrand est difficile (test RIPA croisée ou étude de la liaison du VWF du plasma à la
GPIb fixée). La pseudo-maladie de Willebrand est une thrombopathie caractérisée par une augmentation
de l’affinité de la GPIb plaquettaire pour le VWF. Dans ce syndrome, les multimères de haut PM se lient à la
GPIb anormale, ce qui induit leur disparition du plasma et une thrombopénie modérée comme dans la
maladie de Willebrand type 2B. Le diagnostic est confirmé par l'étude spécifique de la liaison du facteur
Willebrand aux plaquettes en présence de ristocétine.
V.4. Thrombopénies auto-immunes ou constitutionnelles : La maladie de Willebrand de type 2B peut
s'accompagner de thrombopénie (chez 30% des 2B), en particulier lors de la grossesse (la numération
plaquettaire est moins de 20G/l), et être confondue avec une thrombopénie auto-immune. Lorsque la
thrombopénie existe dans l'enfance, la maladie de Willebrand 2B peut aussi se présenter comme une
thrombopénie constitutionnelle.
V.5. Le syndrome de Willebrand acquis : Anomalie acquise du VWF, Survenant chez un sujet, adulte, sans
antécédents personnels ou familiaux de VWD. Il est associé à divers pathologies (affection auto-immunes,
syndrome lympho ou myéloprolifératifs, affections cardiovasculaires,)
Diagnostic différentiel : après le diagnostic de la MVW (CDD, tests globaux, tests spécifiques ±
discriminatifs), seule la mise en évidence d’anticorps circulants anti-VWF, peut signer le caractère acquis,
mais ces anticorps ne sont retrouvés que dans 14 % des AVWS :
-Par technique fonctionnelle : rechercher les anticorps anti VWF en faisant un mélange entre le plasma
malade et le plasma témoin d’une part, et entre le plasma témoin et le plasma tampon d’autre part, la
lecture du taux du VWF se fait après une incubation à 37° calcul du ratio : (P.T+P.M)/ (P.T+T.T).
-Par technique ELISA : leur MEE est ±difficile (doit être standardisée), mais elle permet de détecter aussi
bien les anticorps neutralisants (inhibiteurs) et les anticorps non neutralisants
-Le profil biologique attendu est celui de la MVW de type 1 ou type 2 (2B, 2A, 2M)
-Ainsi, le plus souvent, les trois arguments principaux permettant d'établir que le syndrome hémorragique
et les anomalies biologiques sont acquis, sont :
– l'absence d'antécédents personnels ou familiaux de maladie de Willebrand.
– la connaissance ou la découverte d'une affection pouvant être associée.
– la disparition éventuelle du syndrome après traitement de cette affection.

VI. Traitement et prise en charge


Selon le type de déficit en VWF et d’évènement clinique, la prise en charge thérapeutique des patients
atteints de VWD est extrêmement variable allant de l’abstention thérapeutique à la mise en oeuvre de
traitements lourds et complexes.
VI.1.Traitement adjuvant
Dr. Boumendjel

Antifibrinolytiques: « l’Exacyl » plus particulièrement, pour traiter des légers saignements


cutanéomuqueux (Ex : ménorragies).
Hémostatiques d’appoint: En cas d’épistaxis les tampons imbibés d’alginate de calcium ou la pommade
HEC peuvent être conseillés en première intention. Dans les cas plus difficiles l’utilisation de mèches
résorbables à base de cellulose oxydée est possible en milieu hospitalier
 Traitement des carences en fer.
VI.2. Traitement spécifique : Après le traitement adjuvant et en cas de persistance de la symptomatologie,
on doit avoir recours à un traitement spécifique visant à corriger le déficit en VWF et/ou en FVIII, il existe
principalement deux possibilités thérapeutiques majeures : la desmopressine d’une part (visant à mobiliser
le VWF endogène), les concentrés de Willebrand d’autre part (apport exogène de VWF).
Traitements exerçant une action sur les taux de FVIII et de VWF : Desmopressine.
-L’efficacité de la desmopressine est fonction de type de MVW et de la sévérité du déficit.
-Utilisé dans tous les types de MVW sauf le type 3 et type 2B avec thrombopénie.
-Un test à la DDAVP est réalisé à différents intervalles de temps après le prélèvement afin d’évaluer
l’efficacité thérapeutique (Bon répondeur ou mauvais répondeur) en suivant des critères bien établies.
Selon les nouvelles recommandations, les experts suggère de ne pas utilise la desmopressine en absence
du résultat de test à la DDAVP (dans la recommandation 2B)
Traitement substitutif par le facteur willebrand L’administration de VWF : utilisé chez tous les patients
mauvais répondeurs à la Desmopressine (type 3 et type 2B et chez tous les autres types qui ont montré
une mauvaise réponse à la DDAVP), il est recommandé de l’utiliser aussi en prophylaxie à long terme pour
les ont un profil hémorragique sévère.
Permet de corriger les troubles de l’hémostase chez des patients déficitaires selon deux mécanismes:
Il rétablit l’adhésion des plaquettes au sous-endothélium vasculaire au niveau de la lésion ce qui assure
l’hémostase dite primaire, comme en témoigne le raccourcissement fréquemment observé du temps de
saignement. Cet effet est, en grande partie, fonction du degré de multimérisation du principe actif.
-Il se fixe au facteur VIII endogène et le stabilise en évitant que ce dernier ne soit rapidement dégradé.
L’apport du facteur Willebrand permet de normaliser le taux de facteur VIII dans un délai de 12 heures
environ.
- Ce traitement est obligatoirement suivi par le dosage au laboratoire du VWF, pour confirmer
l’appartenance du taux du facteur la fourchette recommandée (l’excès est thrombogène)
VI.3. Traitement hormonal :
Œstrogènes : Œstrogènes ou les contraceptifs oraux ont été utilisés pour le traitement empirique de la
ménorragie. En plus de leurs effets sur l'utérus et des ovaires, les œstrogènes ont tendance à augmenter
les niveaux plasmatiques de VWF.

VII. Conclusion
La maladie de VW est une anomalie fréquente de la coagulation, se manifestant par une diathèse
hémorragique souvent modérée, mais pouvant conduire à des complications hémorragiques parfois
sévères en cas de traumatisme ou d'intervention chirurgicale. Son dépistage repose sur une bonne
anamnèse et le diagnostic doit être confirmé par un bilan biologique approprié dont l'interprétation est
parfois difficile. Le dépistage, le diagnostic ainsi que le suivie thérapeutique doivent se faire en
collaboration entre le clinicien et le biologiste.
Une prise en charge adéquate d’un patient avec VWD dépend de la justesse du diagnostic (attention au «
diagnostic par excès » chez les sujets de groupe sanguin O) et de la reconnaissance du type de VWD.
Malgré la complexité du diagnostic, il est possible de caractériser le type de VWD grâce a une combinaison
appropriée de tests. La reconnaissance du type de VWD reste essentielle car les décisions thérapeutiques
en sont le plus souvent intimement dépendantes.
Il ne faut pas oublier que l’objectif de la classification est clinique : guider le traitement des patients.
L’étude de la réponse à la desmopressine est une étape très importante de leur prise en charge.

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