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SOMMAIRE

PHYSIOPATHOLOGIE DE LA REPONSE IMMUNITAIRE

Immunité innée : bien plus qu’une première ligne de défense (Nicolas BURDIN) Page 3

Inflammation cutanée (Pierre SAINT-MEZARD) Page 14

Lymphocytes T mémoires (Benedita ROCHA) Page 21

Allergie et capture des antigènes par les cellulles dendritiques pulmonaires (Valérie JULIA) Page 23

IL-4 - différenciation des cellules T CD4+ (Jacques LOUIS) Page 28

Régulation des réponses inflammatoires (Bertrand DUBOIS) Page 31

Immunothérapie par cellules T régulatrices (Hervé GROUX) Page 36

Complément et immunité spécifique (Patrice MARCHE) Page 39

Cellules dendritiques, chimiokines et cancer (Alain VICARI) Page 44

Cellules dendritiques, immunité et tolérance (Thomas BROCKER) Page 50

Conseils à ceux qui désirent un enfant asthmatique allergique (Jacques ROBERT) Page 53

ANTIBIOTIQUES : INTOLERANCE OU ALLERGIE


Pharmacologie des bêta-lactamines (Claire GUY) Page 56

Chimie des bêta-lactamines (Jean-Pierre LEPOITTEVIN) Page 62

Physiopathologie de l’hypersensibilité immédiate (Claude PONVERT) Page 70

Hypersensibilité immédiate (Claude PONVERT) Page 88

Hypersensibilité retardée (Annick BARBAUD) Page 95

Hypersensibilité semi-retardée (Florence COUSIN) Page 103

Allergie aux macrolides (Saïd BENAHMED) Page 110

Actualités des toxidermies (Loïc VAILLANT) Page 115

Syndrome d’hypersensibilité – Lyell (Jean-Claude ROUJEAU) Page 126

1
Physiopathologie de

la réponse immunitaire.

2
IMMUNITE INNEE :
BIEN PLUS QU’UNE PREMIERE LIGNE DE DEFENSE…

Nicolas BURDIN
Aventis Pasteur, Campus Mérieux, Batiment X,
1541 avenue Marcel Mérieux, 69280 Marcy l’Etoile.
Tél : 04.37.37.01.00 Fax : 04.37.37.38.54
E-mail :nicolas.burdin@aventis.com

Une agression de l’hôte par un pathogène conduit généralement à l’induction de deux types
d’immunités : innée (Ii) et adaptative (Ia). L’Ii est une première ligne de défense qui contrôle la croissance de
l’agent infectieux et contribue à son élimination avant que l’Ia spécifique ne se développe. Il apparaît
aujourd’hui que l’Ii joue un rôle encore plus essentiel puisque c’est également elle qui permet l’identification de
la nature et du risque de l’agression grâce à un réseau de récepteurs spécifiques du « danger », et qui va
permettre l’induction de la réponse adaptative adéquate pour protéger l’hôte. Cette revue analyse la
contribution des peptides anti-microbiens (PaM) et des récepteurs Toll dans les mécanismes de défenses de l’Ii
ainsi que dans le contrôle du développement de l’Ia spécifique de l’antigène. Mieux connaître les mécanismes de
reconnaissance du pathogène et les phases effectrices de l’Ii ainsi que leurs modalités de contrôle de l’Ia pourrait
déboucher sur de nombreuses applications cliniques : développement de vaccins, traitement de l’allergie et de
maladies auto-immunes.

Deux immunités complémentaires et interdépendantes (Figure 1 et Tableau 1)

La plupart des rencontres avec des agents pathogènes n’induisent pas de maladie. Seuls quelques uns d’entre
eux réussissent à franchir les barrières physiques que constituent la surface de la peau et les muqueuses et risquent
d’induire une infection. Dans ce dernier cas, la pénétration du pathogène provoque des modifications tissulaires qui
conduisent au recrutement de cellules phagocytaires circulantes (neutrophiles et macrophages). Ces dernières sécrètent
à leur tour des chimiokines qui vont amplifier le recrutement de cellules immunocompétentes (cellules NK, cellules
phagocytaires) et donc le processus inflammatoire. Parallèlement à l’influx de liquide interstitiel et de cellules au site de
l’inflammation, plusieurs mécanismes sont induits : 1) production de cytokines pro-inflammatoires (IL-1, IL-6,
TNFa...) et d’interférons de type I (IFNs type I) dans le cas d’infections virales, 2) activation de la voie alterne du
complément (permettant le marquage du pathogène avec des opsonines pour favoriser la phagocytose ainsi que la
libération d’anaphylatoxines C3a et C5a qui recrutent les leucocytes), 3) production d’enzymes hydrolytiques et de
PaM, 4) production par le foie (en réponses aux cytokines inflammatoires) des protéines de phase aiguë (protéine C-
réactive: CRP, protéine de liaison au Mannose : MBP) qui amplifient l’activation du complément. Si le pathogène n’est
pas rapidement éliminé par ces phases effectrices immédiates du système de défense innée, les mécanismes de l’Ia sont
enclenchés. Les cellules effectrices spécifiques font à leur tour appel à l’Ii pour finaliser l’éradication du pathogène.

3
Immunité adaptative

pathogène

Barrière physique:
peau , surface des muqueuses Non- soi dangereux :
stimulus antigénique

Cils ,
mucus

Barrière “sécrétée ”: APC


pH, sécrétions
protéines de phase aigües (MBP, CRP)
fibronectine
lactoferrine , transferine Immunité cellulaire : Immunité humorale :
enzymes ( lysozymes )
Tc Th B
complément neutralisation destruction
cytokines (TNF a, IFNs de type I..),
défensines
Anticorps
Lymphokines
(neutralisants , bactéricides , ADCC…)

Barrière cellulaire : Stimulation de l’immunité innée


macrophage, neutrophile élimination du pathogène
Immunité
Innée cellules NK, LAK

Phagocytose
lyse

Figure 1: Complémentarité et interactions des immunité innée et adaptative

Immunité inné Immunité adaptative


organismes multicellulaires vertébrés

réponse immédiate réponse plus tardive (jours 3-5)

fonctions effectrices constitutives fonctions effectrices inductibles (phases de


dès la rencontre avec le pathogène prolifération, activation, maturation, différenciation)
(inflammation, phagocytose)

cellules polynucléaires, cellules NK, lymphocytes T et lymphocytes B


monocytes / macrophages, cellules dendritiques

PRR (pathogène recognition receptors) : centaine de TCR et Ig : récepteurs spécifiques de l’Ag : large
récepteurs spécifiques de structures moléculaires répertoire (1014 à1018) stochastique par réarrangements
invariantes communes à des groupes de pathogènes somatiques

pas de mémoire mémoire


pas de maturation d’affinité maturation d’affinité

discrimination du danger discrimination du soi versus non-soi


(pas de sélection) (sélections clonales positives et négatives)

Tableau 1 : Propriètés des Immunités innées et adaptative

4
Peptides anti-microbiens (PaM) et défensines

Parmi ces différentes composantes de l’Ii qui permettent l’élimination du pathogène, il en existe une,
phylogéniquement ancestrale puisque retrouvée aussi bien chez les invertébrés que dans les plantes, qui joue un rôle très
important: les PaM cationiques (revues : [1-5]).

Structure/Propriètés : Initialement décrits au début des années 1960, on dénombre aujourd’hui plus de 500 de ces
peptides naturels (liste : http:/www.bbcm.univ.trieste.it/~tossi/antimic.html). Ils sont composés de 12 à 50 acides
aminés (aa), sont riches en résidus basiques et/ou hydrophobes, et sont classés en 4 sous-familles majeures identifiées
par leur structure tertiaire : peptides à feuillets-b (b-sheet peptides), peptides à helices-a (a-helix peptides), peptides
« allongés » (extended peptides), et peptides « en boucle » (loop peptides) (voir Tableau 2). Des peptides issus de
digestions protéolytiques de protéines cationiques comme la lactoferrine ou la Cathepsine G forment une dernière sous
famille plus réduite. Le principe structural fondamental commun des PaM réside dans leur capacité à adopter une
configuration tridimensionnelle dans laquelle les aa hydrophobes et cationiques sont spatialement regroupés en clusters:
molécule amphiphile.

Familles Caractéristiques structurales exemples

b-défensine-1
Peptides « b-sheet » feuillet-b stabilisé par NP1-défensine-a
2-4 pont disulfures HBD-2
Protégrine
LL37
peptides «a-helix » hélices-a amphiphiles Histadine-5
après contact avec membranes Cécropine P1

Indolicidine
Peptides « extended » Riches en proline, Bac5
tryptophane ou histidine PR39

Peptides « loop » 1 pont disulfure unique Bacténécine

Tableau 2 : Classification des peptides anti-microbiens

Expression : Les PaM sont codés par une famille de gènes (de 2 à 4 exons) très homologues à l’intérieur de la même
famille et sont produits sous forme de précurseurs avec une région pro-peptide qui doit être clivée, parfois uniquement
sous l’effet d’un stimulus, pour libérer le peptide actif. Les gènes des PaM sont rassemblés sur des clusters
chromosomaux : les défensines a et b humaines sont par exemple concentrées sur le locus 8p21-23 [6]. Les PaM sont
produits principalement au niveau des muqueuses de l’organisme et peuvent être sécrétés par une variété de types
cellulaires : cellules épithéliales, kératinocytes, cellules de Paneth [7; 8] entérocytes. Ils sont également produits par
certaines cellules du système immunitaire : les neutrophiles (chez qui les défensines représentent jusqu’à 15 % des
protéines totales) mais aussi les lymphocytes et les monocytes activés [9]. L’expression de ces peptides peut être
constitutive (HD-5 et HD-6 produites par les cellules de Paneth de l’intestin, HNP1/3, 2 ou 4 des promyélocytes, b-
defensine hBD-1 dans le tractus génito-urinaire) ou inductible (b-défensine hBD-2, initialement décrite dans la peau
psoriatique, et dont l’expression est augmentée en réponse aux LPS ou à des cytokines inflammatoires). Comme chez la
drosophile, l’induction de PaM chez les vertébrés peut se faire par l’activation des récepteurs Toll [5; 10] .

Mode d’action : les PaM ont un large spectre d’action (Tableau 3) et peuvent cibler différents pathogènes (bactéries,
virus, parasites…) [4]. L’activité de ces peptides est augmentée par la lactoferrine ou le lysozyme mais décroît en
présence de protéases, d’apolipoprotéines, de polyanions ou de concentrations élevées de cations mono ou divalents.
Les PaM entrent en contact avec la cible, le caractère amphiphile des peptides déstabilisent la membrane par association
avec les phospholipides membranaires chargés négativement (ces derniers sont enrichis dans les parois microbiennes
par rapport aux parois cellulaires de l’hôte). En concentrations critiques (µM), les peptides peuvent former des canaux

5
trans-membranaires conduisant à la perméabilité et/ou la dépolarisation des membranes puis à la destruction de la cible
[5; 11] . Au contraire de ce que l’on peut observer en réponse à d’autres phases effectrices du système immunitaire, ce
mode d’action relativement simple des PaM n’a cependant pas permis aux pathogènes de sélectionner des systèmes de
résistance au cours de l’évolution. Seul le régulon bactérien PhoP/PhoQ (qui greffe des résidus chargés positivement sur
la membrane) diminue la sensibilité aux PaM [12].

Activités Exemples

Anti-bactérien (Gram - et +) Défensines, Indolicidine, Protégrine, LL37

Anti-fongiques Indolicidine, Protégrine, Histatines

Anti-parasites Indolicidine et Défensines

Anti-virus (à enveloppes) Défensines, Indolicidine, Protégrine,

Anti-endotoxines (septie) LL37, CP28, CAP18

Anti-cancer Indolicidine et Défensines

Activation des macrophages NP-1,2, CP28, ProBAC7, Défensines

Synergie avec autres peptides NP-1, NP-5

Cicatrisation PR39 et Défensines

Anti-membranes humaines Melttine (abeilles), Charybdotoxines (Scorpions)

Tableau 3 : Spectre d’action des peptides anti-bactériens

Rôle dans le système immunitaire : la conservation des PaM à travers les règnes animal et végétal indique qu’ils ont un
rôle fondamental dans l’évolution des organismes multicellulaires. Les PaM sont présents dans les muqueuses, sécrétés
par les épithéliums des intestins, des poumons, des reins et de la peau et par les cellules du système immunitaire,
suggérant un rôle immun protecteur. Les premières descriptions de leur induction suite à des infections ont rapidement
impliqués les PaM dans les processus inflammatoires. Des études fonctionnelles, bien que compliquées par la grande
diversité, le pléïotropisme et la redondance des PaM, ont malgré tout confirmé leur rôle dans la défense de l’hôte [13;
14] . L’inactivation de la matrilysine, enzyme spécifique du clivage des pro-peptides en PaM matures, rend les souris
dix fois plus susceptibles aux infections [15]. Des souris déficientes pour le peptide CRAMP (cathélicidine homologue
de LL37 humain) ne sont plus protégées des infections de la peau aux Streptocoques A [16]. De la même façon, chez
l’homme, des déficiences génétiques ou pathologiques en PaM conduisent à une plus grande susceptibilité aux
infections [17] et les concentrations de PaM dans les fluides biologiques sont élevées en réponse aux infections [18].

Modulation de l’immunité par les PaM et les défensines

En plus de leurs actions lytiques sur les pathogènes, les PaM modulent d’autres mécanismes de l’Ii (Figure 2 ).
Ils peuvent réguler la dégranulation des mastocytes, augmenter la phagocytose non opsonique, inhiber la fibrinolyse
(limitant ainsi l’expansion bactérienne), prévenir la destruction tissulaire et favoriser la cicatrisation en augmentant la
croissance des fibroblastes et en inhibant la furine, et neutraliser les réponses des macrophages aux endotoxines,
limitant ainsi les risques de choc septiques (revues [1; 2; 5]). Les PaM atteignent des concentrations critiques élevées
dans certaines situations inflammatoires: 170µg/ml dans le plasma des patients en choc septiques, 300µg/ml dans les
expectorations des patients atteints de mucoviscidose. Les PaM interagissent également avec les cellules effectrices de
l’Ia : recrutement et prolifération des lymphocytes T auxiliaires, augmentation de la production de chimiokines,
augmentation de la réponse humorale IgG, régulation de l’apoptose… Le tableau 4 résume les principales activités des
défensines humaines et murines.

6
Figure 2 : Rôle des peptides anti-microbiens dans le contrôle de la réponse adaptative

Activités Références
Défensines-a :

Défensines-a Recrute cellules T naïves (CD4 et CD8)


des neutrophiles humains Recrute les cellules dendritiques immatures Revue par [64]
Augmentation de la réponse Ag spécifique
Augmentation de TNF et IL-1b par monocytes [65]

Potentialisation de la réponse adaptative [66]

HNP-1 Activation de la voie classique du complément [67; 68]

Inhibition de la voie classique du complément [69]

HNP-1, 2 et 4 Inhibition de la reconnaissance de HLA-DR par le TCR [70]

défensines-a murines Potentialisation des réponses IgG2a et IgG2b [71]

Défensines-b:

HBD-1, HBD-2, HBD-3 Recrute les cellules dendritiques immatures et les cellules [72; 73]
T CD4 mémoires via CCR6

défensines-b 2 et 3 murines Ligands de CCR6 [74]


Confère immunité protective contre des tumeurs

Tableau 4 : Principales activités des défensines humaines et murines

7
Reconnaissance par l’Ii et contrôle de la réponse adaptative : rôle des récepteurs Toll

En plus des PaM, d’autres composantes de l’Ii exercent une influence sur l’Ia spécifique de l’antigène : c’est le
cas des cytokines pro-inflammatoires (IL-6, TNFa, IL-18 [19], IL-15 [20]) et anti-virales (IFNs type I [21]), des
chimiokines [22] et du complément [23]. Les récepteurs Toll (TLR :Toll-Like Receptors) jouent eux aussi un rôle
majeur dans l’interface entre l’Ii et l’Ia spécifique de l’antigène. Les TLR appartiennent à la famille des récepteurs de
reconnaissance du pathogène (Pattern Recognition Receptor : PRR). Ces récepteurs invariants ont pour fonction de
reconnaître des « familles» de ligands d’origine microbienne appelés PAMPS (Pathogène Associated Molecular
PatternS). Les PAMPs sont des entités biochimiques, conservées à l’intérieur d’une même classe de pathogènes
(bactéries, virus…) et qui ne subissent pas de mutations au cours de l’évolution parce qu’elles sont indispensables à la
survie des pathogènes : matériel génétique (ADN, ARN) ou composants structuraux (LPS, peptidglycanes…). Ainsi les
PRR sont les récepteurs qui vont permettre à l’hôte de détecter la présence de molécules « non-soi » dérivées de
pathogènes qui représentent un danger potentiel pouvant nécessiter une réponse immune. Le Tableau 5 résume les
principaux couples PAMPS-PRR.

Pattern Recognition Receptor Pathogene Associated Molecular Pattern

Familles Récepteurs Ligands Fonctions

Protéines riches en TLR2 LPS (Leptospires et


leucines : Porphyromonas)
Lipoarabinomanoses
(mycobactéries)
Lipopeptides
Peptidoglycanes Activation de NFkB
(Bactéries Gram +) Induction de la sécrétion
Zymosan (levures) d’immunomodulateurs
(cytokines, chimiokines…) et de
TLR5 Flagellines l’expression de molécules de
(Bactéries Gram – et +) costimulations
TLR3 ARN double brin,
poly I :C (virus)
TLR2/TLR6 Lipoprotéines
GPI (Trypanosoma)
TLR9 ODN CpG (invertébrés)

TLR4 LPS
HSP60?
Taxol
Fibronectine
Protéine RSV-F?
CD14 (soluble membranaire) LPS (bactéries Gram -) Liaison LPS/LBP/Toll

Lectines de MBP (mannan binding protein) Structure carbohydrate Opsonisation


type C : Phagocytose
Récepteur Mannose (homme) Résidus mannosylés Opsonisation
DEC205 (souris) Phagocytose
Activation complément
Transférases de LBP (LPS binding protein) Phosphatidyl choline Transfert LPS vers CD14
lipides : Bactériolyse
Pentraxines : CRP (C-réactive protéine) Phosphoryl choline Opsonisation
SAP Phagocytose
b2-integrines : CD11b/CD18 (MAC1/CR3) LPS, iC3b Phagocytose
Transfert du LPS vers Toll
Récepteur Macrophage LPS Phagocytose
« scavenger »: Scavenger Receptors Acide lipotéïchoique
CD36, avb3,5, PS-R LDL oxidé
MARCO Parois bactériennes
Tableau 5 : Interactions hôtes / pathogènes : propriétés et fonctions des interactions PRR/PAMPs

8
Structure et propriétés des récepteurs Toll (TLR) : Initialement identifiés chez la drosophile en 1988, les TLR ont été
ensuite décrits chez les mammifères dès 1997 (revues générales : [24-28] ). Les TLR, au nombre de 10 à ce jour, sont
des protéines trans-membranaires contenant un domaine riche en leucines dans la portion extracellulaire et un motif
intracellulaire homologue au récepteur de l’IL-1 impliqué dans la transduction du signal (Figure 3). Ils sont exprimés
principalement sur les cellules du système immunitaire en particulier les cellules présentatrices de l’antigène (APCs) :
cellules B, monocytes, cellule dendritiques (DCs) [29; 30], mais également les mastocytes [31]. On les trouve
également sur d’autres types cellulaires situés aux interfaces hôte/environnement: cellules épithéliales intestinales [32;
33], cellules endothéliales du derme, fibroblastes [34], ostéoclastes [35], hépatocytes [36] et adipocytes [37].
L’expression de TLR1 est plutôt ubiquitaire, celle de TLR2, TLR4, TLR5 et TLR9 restreinte à un nombre plus limité de
cellules alors que celle de TLR3 est plus hautement spécifique des DCs [38]. L’expression des TLR peut être
constitutive ou inductible suivant les types cellulaires et peut être régulée par différents facteurs comme les cytokines
[39-41] ou par les PAMPS eux-mêmes [34; 42] . Les voies de transduction du signal des TLR sont en partie connues et
communes aux différents membres de la famille, même si quelques spécificités propres à certains TLR sont décrites
(Figure 4 et revues [25; 27] ). Ces cascades de trans-activations et de phosphorylations conduisent à l’activation des
kinases JNK et p38 et du facteur de transcription NFkB qui contrôlent l’expression de nombreux gènes cellulaires, et
conférant ainsi l’activité hautement stimulatrice aux TLR.

Figure 3 : Famille des récepteurs Tolls

IL-1/Toll receptor superfamily Drosophila


Mammalian N
Mammalian
N N Plant
N N N
N N N N N N N N
N N N N N

C N
CD14 C C
C C C C C C C C C C C C
C
N C

IL-1RII IL-18R/ 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 RP
IL-1RI
105 Toll
C
IL-1Rrp
IL-1RAcp
ST2 C 18-w
MyD88 Toll-like receptors (TLRs) C
IgG-like domain
DRgN
IL-1R signal
Leucin-rich repeat Adapted from O’Neill et al. J. Leuk Biol. 1998
and Rock et al. PNAS 1998

9
Figure 4 : Transduction du signal induit par le pontage des récepteurs TOLL

Fonction des TLR : plusieurs ligands sont déjà identifiés pour TLR1, TLR2, TLR3, TLR4, TLR5, TLR6 et
TLR9 (Tableau 5). La plupart d’entre eux sont des composants qui étaient déjà connus pour leurs propriétés
immunostimulatrices (LPS, poly I :C, ADN bactérien…) et en particulier leur capacité à activer les APCs :
induction de molécules de co-stimulation, de cytokines, maturation des DCs…Ces observations, combinées au
profil d’expression des TLR sur les cellules du système immunitaire ou sur les cellules de l’interface
hôte/pathogène, ont immédiatement conduit à attribuer aux TLR un rôle de sentinelle. La première description de
l’implication des TLR dans ces processus d’immunostimulation des APCs par des dérivés microbiens de type
PAMPS analyse l’interaction entre le LPS et TLR4 [43; 44]. Une accumulation de travaux chez l’homme
(transfection de TLR in vitro) comme chez la souris (déficiences pour tel ou tel TLR) a depuis confirmé le rôle
critique des TLR dans l’activation directe ou indirecte des cellules du système immunitaire par ces signaux de
« danger » que constituent les PAMPS (revue des effets biologiques : [24 ;36]. Les TLR pourraient également
reconnaître comme ligands certaines entités du soi induites spécifiquement lors d’une inflammation ou d’une
destruction tissulaire : protéines de choc thermique (HSP), fibronectine [28]. En résumé, le pontage des TLR
conduit au développement du processus inflammatoire en induisant : 1°) la sécrétion de cytokines (IL-1s, IL-6,
TNFa, IFNs), 2°) le recrutement des cellules du système immunitaire par les chimiokines (IL-8, MIP-1a et b),
3°) la production de différents facteurs anti-microbiens : voie iNOsynthase/dérivés NO, défensines et autres
PaM, 4°) la maturation et le conditionnement des APCs : induction ou augmentation de l’expression de
molécules de co-stimulation (CD80, CD86, CMH, CD54, famille des TNF/TNFr). L’activation simultanée de
différents TLR par une combinaison de différents PAMPS propre à chaque type de microorganismes infectieux
(LPS+ADN : pour bactérie Gram- = TLR4+TLR9, versus peptidoglycanes + ADN pour bactéries Gram+ =
TLR2+TLR6+TLR9…) serait un moyen pour l’hôte de discriminer et de caractériser le pathogène qui cause
l’infection et d’adapter ensuite la réponse immune spécifique [45; 46] .

10
Contrôle de l’activation de l’Ia par les TLR : Ainsi les TLR sondent l’organisme, détectent tout signal de danger
représenté par l’intrusion d’un pathogène dans l’organisme, puis « conditionnent » les cellules du système immunitaire,
en particulier les DCs pour que ces dernières fournissent les signaux d’activation adaptés aux effecteurs de l’Ia : les
lymphocytes [47; 48] . L’activation des TLR (ou d’autres PRR) exprimés à la surface des APCs est une étape
obligatoire pour l’activation des lymphocytes T. Les récepteurs T (TCR) et les immunoglobulines (Ig) rendent comptent
d’une spécificité antigénique définie de manière stochastique mais ne peuvent en aucun cas évaluer ni l’origine ni le
contexte biologique (danger ou non) de leurs ligands. Stimuler via un TCR ou une Ig n’induit pas l’activation des
lymphocytes ni leur différenciation en cellules effectrices. Il est nécessaire pour cela de faire parvenir aux lymphocytes
des co-signaux de stimulation que les TLR (ou d’autres PRR) sont capables d’induire sur les APCs.

Manipuler l’Immunité innée : quelles applications en clinique humaine?


Les récents progrès dans la connaissance des composantes de l’Ii laissent envisager des applications en
clinique humaine. Antibiotiques naturels : les PaM offrent une possible alternative aux problèmes croissants de
résistances aux antibiotiques conventionnels. Plusieurs essais cliniques testent actuellement des PaM dans des infections
bactériennes ou virales [5]. Développement de vaccins : le potentiel adjuvant des PaM mérite d’être évalué, en
particulier celui des défensines de part leur capacité à recruter les DC immatures et les cellules T naïves. Par ailleurs,
plusieurs ligands de TLR sont déjà considérés comme de bons candidats adjuvants vaccinaux. Pour les vaccins dirigés
contre les cancers ou contre de nombreux agents infectieux « intracellulaires », il est essentiel d’inclure des adjuvants
inducteurs d’une forte réponse cellulaire de type Th1. Les TLR favorisent cette polarisation puisque des souris
déficientes pour MyD88 (impliqué dans la transduction du signal des TLR) sont incapables de monter des réponses
spécifiques de l’antigène de type Th1 mais uniquement des réponses de type Th2 [49]. Deux principales catégories de
ligands de TLR sont testées comme adjuvants vaccinaux. Les séquences CpG, ligands de TLR9, sont de puissants
adjuvants Th1 (revues[50-52] ). Il en est de même pour les molécules de la famille des lipides A monophosphorylés
(MPL), ligands de TLR4 [53-55]. CpG et MPL sont actuellement évalués en clinique humaine. Pathologies associées au
disfonctionnement du système immunitaire: CpG et MPL sont également considérés en thérapie humaine pour corriger
les polarisations exacerbée de l’immunité (biais Th2 observé dans les cas d’allergies [56-59]). Par ailleurs, l’activation
inappropriée ou non-contrôlée de l’Ii (sur-production de cytokines, lyse exagérée des cellules de l’hôte) ou inversement
une activation insuffisante de l’Ii (déficience dans l’élimination des cellules en apoptose) peut contribuer au
développement de maladies auto-immunes [60-63]. Les TLR et les PaM peuvent potentiellement être ciblés pour
moduler ces mécanismes.

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13
INFLAMMATION CUTANEE
Physiopathologie de la Dermatite Irritante de Contact

Pierre SAINT-MEZARD
Marius A. IONESCU*, et Jean François NICOLAS**

INSERM U503, 21 av Tony Garnier, 69365 Lyon Cedex 07.


*Laboratoires BIODERMA, Crs A. Thomas 69003 Lyon.
**Immunologie Clinique et Allergologie, CHU Lyon Sud, 69495 Pierre-Benite Cedex
Tél : 04 37 28 23 43

E-mail : saint-mezard@cervi-lyon.inserm.fr

Introduction

L’irritation cutanée est classiquement définie comme une réaction inflammatoire locale, réversible et non
immunologique, caractérisée par un œdème et un érythème induit après un contact simple ou répété d’une
substance chimique avec la peau. La dermatite irritante de contact (DIC) aiguë est principalement caractérisée
par une inflammation alors que la DIC chronique est caractérisée par une hyperprolifération des kératinocytes et
une hyperkératose transitoire. La DIC est une maladie multifactorielle dont le déclenchement dépend à la fois de
facteurs intrinsèques et extrinsèques. L’âge, le fond génétique, le sexe sont autant de facteurs qui peuvent influer
sur le développement de cette pathologie. De plus, les effets des irritants sont directement liés à leurs propriétés
chimiques ainsi que la concentration appliquée qui influence l’absorption cutanée. L’irritation de la peau est un
phénomène très important puisqu’elle représente approximativement entre 60% à 80% des cas cliniques de
dermatites de contact. La majorité des autres cas représentent des dermatites allergiques de contact.
Des substances appartenant à différentes familles de produits chimiques très différents comme les solvants
kératiniques, les agents déshydratants ou les agents oxydants ou réducteurs peuvent être considérés comme des
irritants. À cause de cette hétérogénéité, il est très difficile de proposer une méthode pour discriminer un produit
irritant en se basant sur sa structure chimique. Les évènements biochimiques impliqués dans l’irritation cutanée
sont complexes et très peu décrits. Différents irritants peuvent induire différents types d’inflammations. En plus
de leurs effets corrosifs qui induisent la libération de médiateurs de l’inflammation préformés, les produits
chimiques peuvent altérer les fonctions cellulaires ou induire l’activation des cellules cutanées de l’immunité
innée. En résultent la libération de nombreux composés spécifiques de l’inflammation comme des cytokines,
chimiokines, compléments et des composés vasodilatateurs comme l’histamine ou les métabolites de la voie de
l’acide arachidonique qui modulent l’inflammation cutanée et le recrutement cellulaire.

I-Pénétration cutanée.

La pénétration cutanée des chimiques est un paramètre majeur dans l’établissement de la physiopathologie de la
DIC. La peau, pourtant considérée comme une « barrière protectrice » est perméable à pratiquement toutes les
substances, seul le degré de perméabilité varie. Il est lié principalement à l'état physiologique de la peau, aux
propriétés physico-chimiques des composés dont elle est supposée restreindre l'entrée (poids moléculaire,
polarité, stade d’ionisation) et à la nature de "l'environnement" (excipient, véhicule ..) par lequel ces substances
sont amenées au contact de la peau. (1,2). La pénétration cutanée des irritants peut être défini par deux
paramètres importants :

L'absorption percutanée correspond au transfert d'une substance à travers la peau depuis le milieu extérieur
jusqu'au sang. Elle peut être définie comme la somme de deux phénomènes : une pénétration des molécules au
sein de la peau entière, suivie d'une résorption par la circulation sanguine ou lymphatique depuis le derme
papillaire puis le derme profond.

L'étape de pénétration, en terme physique, est une diffusion passive à travers chaque structure du tégument :
couche cornée, épiderme de Malpighi, derme et annexes cutanées. Elle est sous la dépendance préalable d'un
partage, se produisant à l'interface environnement/couche cornée, sans laquelle aucun échange n'est possible.
Cette étape indispensable correspond, à partir du milieu extérieur ou du véhicule, à la libération de la molécule
qui va diffuser, donc à sa mise à disposition de l'organisme.

14
II- Médiateurs et cascade de l’inflammation dans la DIC.

Lors d’un contact entre un irritant et la peau, les kératinocytes sont les premières cellules à être activées par le
chimique. La plupart des études sur la DIC se sont ainsi focalisées sur ce type cellulaire et de nombreuses
données sont désormais connues quant à leur participation dans la physiopathologie de la DIC. Les kératinocytes
jouent un rôle important dans l’initialisation et la perturbation de la réaction inflammation cutanée à travers la
libération de nombreux médiateurs et de cytokines (table1) à l’origine de toute une cascade de l’inflammation
aboutissant aux signes cliniques de la DIC. Parmi ceux-ci l’IL1a et les dérivés de l’acide arachidonique revêtent
une importance particulière dans le développement de l’inflammation. Alors que le stress oxydatifs joue un rôle
majeur, celui du TNFa semblent plus controversé.

Table 1 : Cytokines épidermiques

Cytokines keratinocytes Langerhans cells

Primary cytokines
IL-1a + +
IL-1b / +
TNF-a + /
CXC chemokines
IL-8 + -
Gro abg + +
MIP-2 (mouse) + +
IP-10 + -
CC chemokines
MCP-1 + +
MIP-1a - +
RANTES + ?
Cytokines regulating humoral vs. cellular immunity
IL-10 / -
IL-12 + +
IL-18 + +
Cytokines that promote growth of T cells
IL-7 + -
IL-15 + +
Cytokines with colony stimulating activity
IL-6 + +
IL-3 (mice) + -
G-CSF + -
M-CSF + -
GM-SF + /
Cytokines with growth activity for cells other than leucocytes
TGF-a + -
EGF + ?
NDF + ?
PDGF + ?
FGF + ?
VEGF + ?
NGF + ?
Immunosuppressive/antagonist cytokines
IL-1RA + ?
TGF-b + +
IL-10 / -

Ces informations proviennent de la référence (5)

15
Figure 2 : L’IL-1 induit la transcription de gènes impliqués dans l’inflammation cutanée via l’activation d’NF-kB

Les formes actives de l’IL-α et β se lient à un complexe moléculaire formé de l’IL-1R1 associé à l’IL-1 receptor
associated protein. Ce complexe liguand-récepteur recrute une molécule adaptatrice appelé MyD88 qui induit le
recrutement de sérine/trhéonine kinases appelées IRAKs (IL-1 receptor associated kinase) 1 et 2. Ces protéines
interagissent à leur tour avec TRAF6 (TNF receptor associated factor 6) qui recrute une kinase appelée TAK1
qui recrute et phosphoryle NIK (NF-κB inducing kinase). NIK active IKK (IκB kinase complex) composé de
trois sous unités : les kinases IKKα et IKKβ et la sous unité régulatrice IKKγ. Les cytokines inflammatoires
induisent spécifiquement la phosphorylation de la sous unité IKKβ ce qui induit la phosphorylation d’IkBα,
l’inhibiteur de NF-kB. Cette phosphorylation marque l’ubiquitination d’IkBα et sa destruction par le protéasome
libérant ainsi NF-kB du cytoplasme, lui permettant de migrer vers le noyau. Là, il agit comme un facteur de
transcription en se fixant sur les sites kB des promoteurs de nombreux gènes.
Ainsi la libération d’IL-1α induit, via l’activation du facteur de transcription NF-κB, la transcription de gènes
impliqués dans l’inflammation comme les cytokines IL-1β, IL-6, GM-CSF et TNFα, les chimiokines dont l’IL-
8, MCP-1, MIP-1α, et l’eotaxine, ainsi que l’expression de molécules d’adhésion comme la E-selectine ou
ICAM-1 et VCAM-1 (5).

16
II.a - L’IL-1a et l’acide arachidonique.

La cascade de signalisation générée à partir de l’activation des kératinocytes commence certainement à partir de
la libération de quelques médiateurs clés pré stockés. En effet, les kératinocytes au repos contiennent de grande
quantité d’IL-1a préformée et biologiquement active (3), ainsi que de l’acide arachidonique (4). Parce que ces
deux composés sont constitutivement produits par les kératinocytes, et reste stockés dans la cellule, l’épiderme
peut être considéré comme un grand réservoir de médiateurs hautement inflammatoire. Une altération des
kératinocytes par l’effet corrosif d’un chimique, une brûlure ou par exposition au UV, induit automatiquement la
libération de d’IL-1α et d’acide arachidonique qui deviennent les premiers événements de défense de
l’organisme. L’IL-1α a non seulement un rôle autocrine mais a été décrite pour induire la transcription de plus de
90 gènes différents sur différents types cellulaires de peau comme les kératinocytes, les cellules endothéliales ou
les fibroblastes par l’activation de la voie du facteur de transcription NF-kB (figure 2)(5).

L’acide arachidonique est quant à lui rapidement métabolisé en de nombreux composés hautement actifs, les
éicosanoïdes comme les prostaglandines, le thromboxane et les leucotriènes, agissant comme médiateurs locaux
avec une faible durée de vie, impliqués dans le contrôle de la prolifération, différenciation l’apoptose ou encore
la formation de l’œdème ou l’invasion leucocytaire (4)
Ainsi, l’IL-1α et l’acide arachidonique pourraient être considérés comme les médiateurs clé du déclenchement de
l’irritation en réponse en un stress chimique. En se basant sur ces considérations, certains on prososé un test in
vitro sur culture de kératinocytes mesurant à la fois la quantité l’IL-1α et d’acide arachidonique libéré après
application de produit chimique.(4)

II.b - Le TNF-α

Parmi tous les médiateurs de l’inflammation hormis les IL-1 et l’acide arachidonique, seul le TNF-α peut activer
un nombre suffisant de mécanismes pour générer indépendamment une inflammation cutanée. Cette cytokine
majeure de l’inflammation cutanée est déjà pré-stocké dans les mastocytes dermiques (6) mais est également
produite par les kératinocytes et les cellules de Langerhans après stimulation(7). Il est désormais admis que le
TNF-α participe à de nombreuses maladies inflammatoires de peau à la fois chez l’homme et la souris. Un des
mécanismes par lequel le TNF-α influence le plus la réaction inflammatoire est l’induction de molécules
d’adhésion en synergie avec l’IL-1. Les molécules d’adhésion jouent un rôle essentiel dans la circulation et la
pénétration des leucocytes (en particuliers des neutrophiles) à partir des vaisseaux sanguins périphériques vers le
derme et l’épiderme (8).

Une grande quantité de produits chimiques peuvent induire une irritation cutanée. Cependant peu de produits ont
été testés in vivo dans leur habilité à induire des cytokines ou chimiokines. Bien que la plupart des allergènes et
certains irritants comme le SDS induisent la production de TNF-α il est difficile de généraliser le mécanisme
d’action d’un irritant. En effet des irritants forts comme le benzalkonium chloride ne sont pas tous capables
d’induire une production de TNF-α (9). Il apparaît ainsi que les xénobiotiques connus pour induire une irritation
cutanée diffèrent dans leur capacité à générer des cytokines pro-inflammatoires et qu’une inflammation cutanée
n’est pas systématiquement dépendante de la production de TNF-α..

II.c - Le stress oxidatif.

Parallèlement aux cytokines et chimiokines ainsi qu’aux métabolites de l’acide arachidonique, un autre
médiateur majeur de l’inflammation est le stress oxydatif. Certains irritants chimiques sont connus pour générer
des radicaux libres et des ROS (reactive oxygen species) capables d’induire la peroxidation des lipides ou
l’altération de l’ADN. La démonstration que le stress oxidatif est impliqué dans la DIC vient de méthodes de
mesure indirectes, la détection directe des ROS étant techniquement très difficile de par leur durée de vie
extrêmement courte. Ainsi, l’évaluation de la réduction de l’activité enzymatique d’enzymes antioxidantes
intracellulaires comme la superoxide dismutase, la catalase ou la glutathione peroxidase est une indication de
l’importance du stress oxidatif (10). L’hypothèse que le stress oxidatif joue un rôle dans les phénomènes
d’irritation induite par un chimique est supportée par le fait que des inhibiteurs/scavengers de ROS inhibent
l’inflammation cutanée. Il a été montré que la superoxide dismutase par elle même est capable de réduire
l’érythème induit par le laurylsarcosine comme d’autre antioxidant que sont la catalase ou la R lipoate (11).

17
III- Activation de l’immunité innée.

Malgré l’ensemble des connaissances sur la physiopathologie de la DIC, peu de choses sont encore connues.
Beaucoup d’études sur la compréhension des mécanismes se basent sur des approches in vitro sur épidermes ou
peau reconstruites et occultent l’ensemble des cellules du systèmes immunitaires qui pourraient être impliquées.
La peau est pourtant peuplée d’une grande diversité de cellules membres de l’immunité innée (figure 3).
L’ensemble de ce réseau cellulaire pourrait être activé lors de la rencontre avec un irritant et moduler la réponse
inflammatoire, comme le suggère l’équipe de S Tinkle (12). En effet, chez des animaux déficients pour le FCγR,
les cellules effectrices du système immunitaire inné et de l’inflammation, comme les mastocytes, les NK et les
macrophages, présentent un dysfonctionnement important. Ces animaux possédant une immunité innée
diminuée, ne développent pas ou peu d’inflammation en réponse à des doses irritantes d’oxazolone ou d’huile de
croton.(12). Ces premiers résultats révèlent l’importance d’étudier la réaction inflammatoire in vivo et de
prendre en compte l’ensemble des coopérations cellulaires existantes.

18
Figure 3. Immunité innée
t é
Couche cornée

EPIDERME

DETC
Cellules de
Langerhans
DERME

kératinocytes
Mélanocyte

Cellules
Dendritiques

Macrophage Mastocyte Vaisseau


Sanguin

NK Hématies Cellule
Endothéliale

Vaisseau
lymphatique
Fibroblaste

Les cellules de Langerhans, alors qu’elles jouent un rôle fondamental dans l’induction de réponse spécifique
d’antigène ne semblent pas avoir un rôle majeur dans la physiopathologie de la DIC. De nombreuses études ont
décrit des changements de morphologie ou de densité épidermique de cellules de Langerhans (LC) après
l’application épicutanée d’irritants (13,14) Cependant ces résultats différent largement entre eux du fait des
différentes techniques utilisées et il est difficile de savoir si ces data ont une réelle portée physiologique ou

19
représentent plutôt une réponse non spécifique à la réaction inflammatoire générée ? Il est désormais évident que
l’IL-1α et le TNF-α produit lors de la DIC ont une capacité de faire migrer les LC de façon dose dépendante. Il
se pourrait donc que des concentrations locales d’IL-1α et de TNF-α induite par différents irritants puissent
générer une migration variable des LC (15).
Parmi les différentes populations du système immunitaire inné cutané, le mastocyte semble être un candidat
intéressant dans le développement de la DIC. Les mastocytes sont présents dans le derme près des vaisseaux
sanguins et sont les seules cellules à contenir du TNFα pré-stockés et biologiquement actif (6). Des travaux sont
en court dans notre laboratoire pour essayer d’évaluer la réelle participation in vivo chez la souris des mastocytes
dans le déclenchement et le développement de la DIC et leur interaction avec l’ensemble des autres cellules du
système cutané. En utilisant un modèle animal d’irritation et de sensibilisation au DNFB nous avons pu mettre
en évidence dans un premier temps que les mastocytes étaient au cœur des mécanismes d’irritation alors que les
lymphocytes T, B et les NK ne semblaient pas impliqués. En effet des animaux déficients en mastocytes
développent une réaction inflammatoire, induite par des doses irritantes de DNFB, significativement plus faible
que les même animaux reconstitués avec un taux normal de mastocytes. Une activation directe des mastocytes
cutanés par le DNFB, indépendante du récepteur au IgE, pourrait être la cause majeure de l’irritation induite par
le DNFB.

Conclusion.

Alors que de nombreux travaux existent sur la pénétration des substances chimiques au travers de la peau et
l’activation des kératinocytes, la participation des cellules de l’immunité innée de la peau dans la
physiopathologie de la DIC a peu été prise en compte. Il est maintenant admis que des cytokines de la famille de
l’IL-1, du TNFα et les dérivés de l’acide arachidonique libérés par l’activation directe des kératinocytes
participent au déclenchement de la DIC. Le stress oxydatif et la libération de ROS contribue également à cette
inflammation non spécifique. Cependant peu de choses sont connues sur l’ensemble des cytokines et
chimiokines produites, en particulier des mastocytes.

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20
LA MEMOIRE IMMUNITAIRE T

Benedita ROCHA
INSERM U.345, Institut Necker, 156 rue de Vaugirard, 75015 Paris
Tél : 01.40.61.53.61 Fax : 01.40.61.55.80
E-mail : rocha@necker.fr

I - Définition
La mémoire immunitaire décrit la propriété à répondre de façon beaucoup plus efficace à un antigène une fois
que cet antigène a été rencontré préalablement. Lorsqu'un antigène est rencontré pour la première fois, il induit
une réponse primaire peu efficace. Une fois cet antigène rencontré à nouveau, la réponse secondaire est plus
précoce, plus intense et plus spécifique. Le mot « mémoire » provient de la notion que l’antigène peut
disparaître après la réponse primaire ; le système immunitaire (comme le cerveau) aurait conservé la mémoire de
sa rencontre antérieure, et serait capable de répondre d’une façon plus efficace une deuxième fois (1).

II - Approches expérimentales
L’étude des mécanismes responsables de la mémoire immunitaire (la mémoire T en particulier) a beaucoup
progressé pendant les 5 dernières années. Ceci est dû à l’introduction de deux outils expérimentaux qui
permettent le suivi et la caractérisation des cellules T spécifiques de l’antigène pendant les réponses
immunitaires. Nous avons initié l’utilisation de cellules T portant un seul récepteur T transgénique de
spécificité connue (2). Ces cellules peuvent être suivies et caractérisées tout au long des réponses primaires et
secondaires, dès les phases très précoces de rencontre et d’activation par l’antigène. La deuxième méthode
permet l’identification de cellules spécifiques de l’antigène directement chez la souris ou chez l’homme. Elles
sont constituées par plusieurs molécules du complexe majeur d'histocompatibilité qui sont assemblées
artificiellement entre elles. Ces complexes sont chargés avec des fragments peptidiques de l’antigène, et marqués
avec des fluorochromes. Ils se lient d’une façon spécifique aux cellules capables de reconnaître et de répondre à
ces peptides, ce qui permet leur reconnaissance par fluorescence. Des dimères et des tétramères de MHC ont
été construits. Les complexes formés avec des molécules de MHC de classe I (qui permettent le suivi des cellules
CD8+) sont faciles à produire et à manipuler, contrairement aux complexes formés par des molécules de MHC
de classe II (qui permettraient de suivre les cellules CD4+). De ce fait, l’étude des réponses CD8+ après
infection est beaucoup plus avancée que celle des CD4+ (3, 4). L’utilisation des tétramères de MHC a une
limitation additionnelle : elle ne permet pas l’étude des phases très précoces de la réponse immunitaire (3, 4).
Chez l’animal naïf en particulier, le nombre de cellules spécifiques de l’antigène est très réduit, et au-dessus du
seuil de détection par cette technique. L’étude des phases précoces de la réponse ne peut se faire que sur des
cellules T transgéniques (Tg) (5).

III - Réponses primaires et secondaires.


La rencontre avec l’antigène induit l’activation des cellules spécifiques, leur division, leur expansion et leur
différentiation en cellules effectrices. Cette phase de la réponse est connue comme phase d’expansion. Une fois
l’antigène éliminé, la plus grande partie des cellules T spécifiques disparaît. Cette phase est appelée la phase de
contraction. Une partie des cellules T spécifiques survit à cette phase de contraction, constituant le groupe de
cellules mémoire. Chez l’individu immunisé, le nombre de cellules spécifiques de l’antigène peut être plus élevé
que celui présent chez l’individu naïf. L’efficacité des réponses secondaires pourrait donc dépendre de
l’augmentation de la fréquence des cellules spécifiques (1).
Cependant, la taille du compartiment de cellules mémoire n’est pas nécessairement constante. Lise Selin et coll.
(6) ont infecté des souris avec le virus LCMV, et suivi les cellules mémoire anti-LCMV avec le temps. Chez des
souris qui n’avaient pas reçu d’autres infections, le nombre de cellules anti-LCMV restait constant. Cependant
chez des souris infectées avec d’autres virus, le nombre de cellules anti-LCMV diminuait après chaque nouvelle
infection, phénomène qu’elle à appelé érosion. Ces résultats démontrent que seules les animaleries à
environnement contrôlé peuvent garantir le maintien d'un nombre élevé de cellules mémoire. Dans une situation
normale où les infections sont hétérogènes et fréquentes, le nombre de cellules mémoire généré après une
immunisation diminuera avec le temps pendant le quel l’antigène n’est plus présent. Dans ces circonstances, le
maintien de l’efficacité des réponses secondaires peut dépendre du rappel répété et fréquent. Alternativement,
les cellules mémoire peuvent être si différentes des cellules naïves qu’elles seraient capables d’une réponse
secondaire efficace, même quand elles sont présentes en petit nombre. Nous avons étudié cette hypothèse, en
comparant la réponse à l’antigène de cellules Tg naïves et mémoire, avec la même spécificité.

21
Une fois les lymphocytes activés avec l’antigène, leur capacité à contrôler l’infection dépend de leur taux de
prolifération et d’acquisition de fonctions effectrices. Nous avons observé que la capacité de division des cellules
mémoire est très supérieure à celle des cellules naïves (5). Elles se divisent beaucoup plus tôt, plus rapidement.
En outre, leur taux de mortalité pendant la réponse secondaire est beaucoup plus réduit (5). Ces caractéristiques
des cellules mémoire assurent une réponse secondaire de très grande amplitude, même à nombre réduit de
cellules mémoire. De plus, ces cellules se différencient rapidement en fonctions effectrices et expriment plus
fortement chaque fonction effectrice. Surtout la cellule mémoire a la capacité d’exprimer deux-trois fonctions en
même temps, alors qu’une cellule naïve n’exprime qu’une seule fonction (5). D’un point de vue fonctionnel, une
cellule mémoire correspond donc à deux-trois cellules naïves différentes.

IV - Le rôle des cellules CD4+ dans la différenciation des cellules CD8+ en cellules mémoires
Les cellules CD4+ ont un rôle fondamental dans la différenciation des cellules B en cellules B mémoire. En
l’absence de cellules CD4+, les cellules B peuvent répondre à l’antigène, acquérir le phénotype de cellules
activées, produire des Acs et même « switcher » la sécrétion d'IgM pour la sécrétion d'IgG. Cependant, les
centres germinatifs ne sont pas formés, l’hyper mutation somatique n’a pas lieu ; la maturation de la réponse B
avec la génération d’anticorps de haute affinité dépend de la présence de cellules CD4+. Nous avons des
résultats récents qui démontrent un rôle équivalent des cellules CD4+ dans la maturation des cellules CD8+en
cellules mémoire. Ces résultats seront présentés et discutés.

Références

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relation. Science 272: 54-60.

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CD8 T cells following infections with heterologous viruses. Immunity 11: 733-742.

22
ALLERGIE ET PRESENTATION D’ANTIGENES
PAR LES CELLULES DENDRITIQUES PULMONAIRES

Valérie JULIA
CNRS-UPR 411. Institut de Pharmacologie moléculaire et cellulaire
660, route des lucioles – 06560 VALBONNE
E-mail : julia@ipmc.cnrs.fr

Valerie Julia,*@|| Edith M. Hessel,*#|| Laurent Malherbe,° Nicolas Glaichenhaus,° Anne O'Garra* and Robert L.
Coffman*#
* DNAX, Research Institute, Immunology Department, 901 California Avenue, Palo Alto, CA 94304
# Current address: Dynavax Technologies, 717 Potter Street, Suite 100, Berkeley, CA 94710
°@ Centre National de la Recherche Scientifique, University of Nice-Sophia-Antipolis, Institut de Pharmacologie
Moléculaire et Cellulaire, 660 Route des Lucioles, 06560 Valbonne, France

Introduction
L’asthme est une maladie chronique caractérisée par une obstruction, une contraction accentuée des muscles
lisses (AHR: airway hyperresponsiveness) et une inflammation, des voies respiratoires. Le rétrécissement des
voies aériennes observé dans les poumons des sujets asthmatiques est dû à une inflammation caractérisée par
l’infiltration de mastocytes, de lymphocytes, et d’éosinophiles. Bienque l’asthme ait une origine multifactorielle,
la réponse pathogénique est toujours provoquée par des lymphocytes T auxiliaires de type Th2. Ces derniers
sécrètent des cytokines, IL-4, IL-5, IL-13, IL-9, GM-CSF, qui orchestrent le recrutement et l’activation des
premiers effecteurs cellulaires de la réponse allergique, les mastocytes et les éosinophiles (1, 2) (voir schéma ci-
dessous).

Histamine
IL-13
IL-4 + B + Mast PAF
LTs
ll

TH2 IL-3
GM-CSF
+ vessel

+
IL-5 + eosinophil

+ ECP
EDN Airflow obstruction
MBP
BM LTs Airway hyperactivity

23
La plupart des médicaments, sympathicomimétiques ou béta-agonistes, qui bloquent l'effet des médiateurs
libérés par les mastocytes sont efficaces lors de crises aiguës mais n'ont aucun effet sur la phase tardive
inflammatoire. Les stéroïdes sont les plus efficaces pour le traitement de la phase tardive mais leurs effets
secondaires sont nombreux. Pourtant, il demeure évident qu’un bon contrôle de l'asthme à long terme dépend du
traitement de la phase inflammatoire tardive. Malgré le développement de nouveaux médicaments comme les
anticorps neutralisant l’IL-5, qui bloquent l’activation des éosinophiles ou les inhibiteurs de la synthèse des
leucotriènes (LT) et les antagonistes de leurs récepteurs, aucun ne se révèle aussi efficace que les stéroïdes (3-5).
Les causes de l’inflammation étant multiples et complexes, une des cibles thérapeutiques idéales seraient les
lymphocytes T spécifiques de l’allergène, responsables de l’initiation et du maintien de la
réponse inflammatoire. Néanmoins, l’étude de ces lymphocytes T n’est pas facile à cause de leur faible
fréquence au sein de la population totale des lymphocytes T CD4+. La plupart des travaux sur les réponses T
dirigées contre un aéro-antigène décrit le devenir des lymphocytes T CD4+ totaux. Les études des lymphocytes T
spécifiques ont toutes utilisées des cellules T issues de souris transgéniques n’exprimant qu’une seule spécificité
de récepteur T à leur surface (souris TCR transgéniques) de façon à obtenir un nombre suffisant de lymphocytes
de spécificité définie (6-9). Cette approche a été largement utilisée pour mieux comprendre le rôle des cytokines
relarguées par les lymphocytes Th2, mais cependant peu de choses est connu sur le devenir des cellules T
spécifiques suite à une exposition antigénique par voie aérienne chez des souris sensibilisées.
Le développement des tétramères de molécules solubles du complexe majeur d’histocompatibilité de classe I
(CMH I) pour l’identification et la purification des cellules réagissant avec un peptide donné a complété et
modifié nos connaissances sur les réponses T CD8+ au cours d’infections virale et bactérienne (10-13). Plus
récemment, des tétramères ont été obtenus pour quelques épitopes restreints par le CMH II permettant l’étude
des réponses T CD4+ spécifiques consécutivement à une stimulation antigénique (14-17). Cependant, cette
stratégie n’a jamais été utilisée pour visualiser les lymphocytes T spécifiques d’un allergène dans un modèle
d’inflammation pulmonaire allergique.

Résultats

Le modèle LACK
Dans le but de mieux comprendre le rôle des lymphocytes Th2 dans la maladie, nous avons établi un modèle
d’inflammation pulmonaire chez la souris BALB/c en utilisant comme nouvel allergène la protéine LACK,
dérivée du parasite Leishmania major. Pourquoi utiliser LACK au lieu de l’ovalbumine de poule (OVA) plus
communément utilisée ? (a) Chez les souris BALB/c infectées par L. major, l’ensemble de la réponse
immunitaire anti-LACK est dirigée contre un seul épitope compris entre l’acide aminé 156 à l’acide aminé 173
de la protéine (18, 19). (b) Des multimères de molécules solubles du CMH II, I-Ad, covalemment couplées au
peptide LACK156-173 (I-Ad/LACK) ont été obtenus et marquent de façon spécifique les lymphocytes T dirigés
contre le peptide156-173 immunodominant de LACK (17). Ainsi, l’utilisation de ces multimères nous a permis de
suivre physiquement l’expansion, la migration et la contraction, in vivo, des cellules T spécifique d’un allergène.
Des souris BALB/c immunisées avec LACK en présence d’hydroxide d’aluminium (ALUM), par injection intra-
péritonéale au jour 0 et au jour 7 développent une forte réponse dirigée contre LACK de type Th2, accompagnée
d’une élévation importante des IgE totaux dans le sérum (8-10 fois plus élevé de celui observé chez une souris
naïve) et de forts taux d’IgG1 spécifiques de LACK. Les souris sensibilisées, exposées à un aérosol journalier de
20 minutes d’une solution de LACK, développent une inflammation pulmonaire avec recrutement
d’éosinophiles, de monocytes et de lymphocytes Th2 spécifiques de LACK, dans les lavages bronchoalvéolaires
et les poumons.

Visualisation des cellules T anti-LACK


Les lymphocytes T, isolés à partir de souris contrôles sensibilisées à LACK et de souris sensibilisées et soumises
à une nouvelle exposition antigénique par aérosols, ont été marqués avec les multimères I-Ad/LACK et analysés
par cytofluorométrie de flux (FACS). Dans les lavages bronchoalvéolaires, les poumons, et les ganglions
lymphatiques draînants mais pas dans la rate l’exposition à LACK par voie aérienne induit une augmentation du
nombre et de la fréquence des lymphocytes T I-Ad/LACK+ parmi les lymphocytes CD4+. Entre 2 et 7 jours
suivant l’arrêt des aérosols, les cellules T anti-LACK sont 35 fois plus nombreuses dans les lavages
bronchoalvéolaires et 13 fois plus nombreuses dans les poumons que chez des souris contrôles sensibilisées mais
non exposées aux aérosols. Dans les lavages bronchoalvéolaires et le tissu pulmonaire, la fréquence et le nombre
des cellules I-Ad/LACK+ commencent à diminuer 7 jours après le dernier aérosol. Cependant, dans les lavages,
le nombre total de cellules I-Ad/LACK+ reste 4 à 5 fois plus élevé que chez les souris contrôles. Le nombre des
cellules I-Ad/LACK+ augmente également dans les ganglions et 2 jours après l’arrêt des aérosols, les cellules I-
Ad/LACK+ sont 9 fois plus nombreuses dans cet organe que dans celui des souris contrôles. Cependant, le
nombre et la fréquence de ces cellules diminuent lentement au cours de la première semaine jusqu’à atteindre un
seuil similaire à celui des souris sensibilisées contrôles. Dans la rate, la fréquence des cellules I-Ad/LACK+

24
double quand des souris naïves sont sensibilisées à LACK mais leur fréquence et leur nombre ne changent pas
significativement consécutivement à l’exposition aux aérosols.
Ainsi, nos résultats suggèrent que les cellules T anti-LACK persistaient dans les fluides bronchoalvéolaires, en
absence de toute restimulation antigénique.

Les lymphocytes T anti-LACK présents dans les lavages bronchoalvéolaires sont bien vivants et ont un
phénotype activé
Cette dernière observation pouvait avoir différentes implications sur la chronicité de la maladie selon le
statut de ces cellules. Pour déterminer l’état des cellules T anti-LACK, les cellules T CD4+ des fluides
bronchoalvéolaires et du tissu pulmonaire ont été marquées avec les multimères I-Ad/LACK, l’annexin-V et le 7-
ADD, une semaine après l’arrêt des aérosols, et analysés par FACS. Alors que plus d’un tiers des cellules T
anti-LACK du tissu pulmonaire sont apoptotiques (annexin-V+) ou nécrotiques (annexin-V+, 7-ADD+), plus de
95% des cellules T des lavages bronchoalvéolaires ne sont ni marquées par l’annexin-V ni par le 7-ADD
indiquant une grande viabilité de ces cellules. Dans le cas de souris contrôles sensibilisées, non exposées aux
aérosols, plus de 90% des cellules CD4+ des lavages bronchoalvéolaires sont apoptotiques et/ou nécrotiques. Par
ailleurs, l’utilisation du marqueur précoce d’activation, CD69, révèle que plus d’un mois après l’arrêt des
aerosols, 81% des cellules T anti-LACK des lavages bronchoalvéolaires sont CD69+, suggérant une stimulation
chronique de ces cellules, en absence de réexposition à l’antigène (Figure ci-dessous).

CD44 Naive mice Day 1 Day 35


10 104 104

2.2% 1.2%
103 10 3 103

102 102 102

101 101 101

100 10 0 100
0 101 103 10 4
100 101 10 10 3 10 100
4 101 10 2 103 4
10 10 102
2

I-Ad/LACK
104 104 104
s
lle 20.2% 26% 64% 42% 81%
c 103 103 103
fo
re 102 102 102
b
m
u 101 101 101
N
100 100 100
0 101 10 2 103 104
100 101 10 10 3 104 10 0 101 10 2 103 4
10 10
2
CD69
Des cellules présentant le peptide LACK sont présentes dans les lavages bronchoalvéolaires 1 mois et demi
après le dernier aérosol.

Afin de rechercher dans quel compartiment et pendant combien de temps se trouvaient les cellules
présentatrices d’antigènes (CPAg) responsables de l’activation des cellules T anti-LACK, nous avons mis au
point un test de présentation in vitro utilisant un hybridome T anti-LACK, LMR7.4. Lorsque l’hybridome T
reconnaît le peptide présenté par les CPAg, il produit de l’IL-2. Des suspensions cellulaires préparées à partir des
ganglions draînants, du tissu pulmonaire et des lavages bronchoalvéolaires, sont incubées avec LMR7.4 pendant
24 heures et le contenu en IL-2 des surnageants de culture est analysé par ELISA. Lorsque les cellules des
ganglions sont incubées avec LMR7.4, peu d’IL-2 est détecté dans les surnageants de culture, indiquant une très
faible stimulation de l’hybridome par les CPAg. De plus, cette sécrétion disparaît complétement lorsque les
cellules des ganglions sont isolées plus de 2 jours après le dernier aérosol. Les poumons contiennent des CPAg
capables de stimuler LMR7.4 tout au long de la 1ère semaine suivant le dernier aérosol, mais au-delà, l’activité
stimulatrice des CPAg devient indetectable. Par contre, les cellules des lavages bronchoalvéolaires, isolées du 1er
au 57ème jour après le dernier aérosol, contiennent toujours des CPAg capables de stimuler LMR7.4.

25
IL-2 secretion (pg/ml)
10000
BAL
1000 Lung
LN
100

10

1
sensitized 1 2 3 4 5 6 7 14 20 24 35 57
Days after the last aerosol
Caractérisation des CPAg des fluides bronchoalvéolaires retenant l’antigène pendant plusieurs semaines
après le dernier aérosol

Pour identifier les cellules responsables de la capture et présentation de LACK, les cellules sont marquées avec
des anticorps dirigés contre les antigènes de surface : CD11b, CD11c, B220 et CD19, analysées et triées par
FACS. Un jour après l’arrêt des aérosols, 40% des cellules présentes dans les fluides bronchoalvéolaires sont
CD11b+CD11c-. L’analyse morphologique révèle que ce sont des granulocytes composés de 65% d’éosinophiles.
20% sont des cellules dendritiques exprimant seulement CD11c, 3-5% sont des cellules dendritiques exprimant à
la fois CD11c et CD11b, et 4-5% sont lymphocytes B exprimant B220 et CD19. Ces différents types cellulaires
sont incubés avec LMR7.4 pendant 24 heures et le contenu en IL-2 des surnageants est analysé par ELISA. Un
jour après le dernier aérosol, seules les cellules dendritiques sont capables de stimuler LMR7.4; cependant, les
CD11c+CD11b+ sont de loin les plus efficaces donnant des niveaux d’IL-2 détectables avec seulement 2,000
cellules tandis que les CD11b+CD11c- sont 100 fois moins efficaces. La différence dans l’activité spontanée de
présentation reflète l’effcacité de capture, dégradation, et présentation de LACK par les CPAg in vivo, plutôt
qu’une différence intrinsèque dans leur capacité de présentation. Quand le peptide LACK est ajouté in vitro, tous
les types cellulaires activent LMR7.4, mais encore une fois, les CD11c+CD11b+ restent les plus puissantes
nécessitant 6 fois moins de cellules pour induire une activation similaire à celle induite par les CD11c+CD11b-.
Pour déterminer la nature des CPAg qui présente LACK pendant plusieurs semaines après l’arrêt des aérosols, le
contenu bronchoalvéolaire a été prélevé 3 semaines après le dernier aérosol, et les cellules marquées, analysées
et triées par FACS. Les granulocytes ne représentent plus que de 2% des cellules infiltrantes tandis que les
CD11c+CD11b- représentent 40% et les CD11c+CD11b+ 1%. Trois semaines après le dernier aérosol, seules les
CD11c+CD11b+ sont capables de stimuler l’hybridome. Aucune stimulation n’a pu être détectée avec le type
majoritaire de cellules dendritiques, les CD11c+CD11b- ni avec les CD11c-CD11b+. Cependant lorsque le peptide
LACK est ajouté in vitro, les cellules CD11c+CD11b- stimulent LMR7.4 mais les CD11c+CD11b+ sont les plus
efficaces ne nécessitant que 100 cellules pour stimuler de façon significative l’hybridome.
Ainsi, malgré la présence de plusieurs types de CPAg dans les fluides bronchoalvéolaires des souris
allergiques, les cellules CD11c+CD11b- représentent la majeure source d’antigène qui est présenté sitôt après
l’exposition à l’antigène mais également le sous-type responsable de la rétention de l’allergène pendant plusieurs
semaines après l’arrêt de l’exposition antigénique.

Conclusions
Grâce à la mise en place d’un nouveau modèle murin d’inflammation pulmonaire, permettant
l’utilisation de molécules solubles du CMH II pour suivre les lymphocytes T spécifiques, nous avons montré la
persistence des cellules T spécifiques de l’antigène au phénotype activé dans les lavages bronchoalvéolaires en
absence d’une exposition antigénique continue. Ce résultat n’avait jamais été montré dans les précédents
modèles murins; cependant, ce phénomène est décrit chez les patients atteints d’asthme allergique et intrinsèque
(2, 20). Par ailleurs, nous avons identifié une population unique de cellules dendritiques qui retiennent l’antigène

26
pendant plusieurs semaines après la dernière exposition antigénique et qui seraient responsable de l’activation
chronique des cellules T spécifiques de l’antigène. L’étude plus approfondie de ces CPAg permettrait peut-être
l’élaboration de nouvelles approches thérapeutiques.

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27
LEISHMANIOSE CUTANEE EXPERIMENTALE
-----
MODELE D’ETUDE IN VIVO DE LA DIFFERENCIATION DES SOUS-POPULATIONS DE
LYMPHOCYTES T CD4+ TH1 ET TH2

Jacques A. LOUIS

WHO Immunology Research and Training Center, Institute of Biochemistry


University of Lausanne, Chemin des Boveresses, 155, CH-1066 Epalinges, Switzerland.
E-mail: Jacques.louis@ib.unil.ch

Jacques Louis1, Alain Gumy1, Heike Voigt1, Martin Röcken2 and Pascal Launois1,3
1
World Health Organization Immunology Research and Training Centre, Institute of Biochemistry,
University of Lausanne, 2Department of Dermatology and Allergology, Ludwig-Maximilians-University,
Munich, 3Pasteur Institute, Cayenne, French Guyana.

Introduction :

Plusieurs aspects des manifestations pathologiques observées chez les hommes infectés par différentes
espèces de leishmania ont été reproduites chez des souris après infection par leishmania major (L major).
Ce modèle murin d’infection a été beaucoup utilisé pour corréler les paramètres de la
réponse immunitaire qui est associée, soit à la résolution des lésions, soit ou à une maladie
évolutive.
La majorité des souches de souris de laboratoire sont résistantes à l’infection par L.major. A l’opposé,
les souris de la souche BALB sont incapables de contrôler l’infection et développent une maladie évolutive (1).
La résistance et la susceptibilité sont corrélées avec l’apparition de lymphocytes T spécifiques de parasites
respectivement CD4+ Th1 ou CD4+ Th2. Le rôle essentiel de l’interféron-g produit par les lymphocytes Th1
CD4+ dans la résistance à L.major a été démontrée (2, 3).
Chez la souris, l’interféron-g produit par les cellules Th1 rend les macrophages (cellules hôtes de Leishmania),
capables de tuer les parasites par intermédiaire de la synthèse de NO synthase inductible aboutissant à la
production des radicaux oxygénés toxiques (4). La susceptibilité à L.major est aussi sous la dépendance de
cytokines produites par les cellules Th2 possédant des propriétés de désactivation des macrophages.
Le modèle murin d’infection par L.major est maintenant considéré comme un système performant pour
l’étude des mécanismes cellulaires et moléculaires qui sous-tendent les différences génétiques permettant la
différenciation des sous-populations de lymphocytes T CD4+ in vivo. Les effecteurs Th1 et Th2 dérivent d’un
précurseur lymphocyte T CD4+ commun (5) et plusieurs facteurs sont capables d’influencer la voie de
maturation de ces précurseurs (6). Parmis ceux-ci, les cytokines régulent cette différentiation (6,7). Grâce à
l’utilisation de LT CD4+ transgéniques possédant un récepteur T (TCR) a/b unique, il a été démontré que
l’interleukine 12 et l’interleukine 4 sont impliquées dans la différenciation Th1 ou Th2 respectivement (6).

Développement d’une réponse Th1 polarisée chez les souris génétiquement résistantes :

L’importance de l’interleukine 12 pour le développement des réponses Th1 chez les souris résistantes
à l’infection par L .major a été démontrée en utilisant des anticorps anti-IL12 neutralisants et des souris
génétiquement déficientes en IL-12 (8, 9). A l’opposé, le traitement des souris BALB/c avec de l’IL-12
recombinante exogène induit des réponses Th1 et une résistance à L.major chez ces souris qui sont
génétiquement susceptibles (10, 11).

Développement d’une réponse Th2 polarisée chez les souris BALB génétiquement susceptibles :

Les résultats obtenus il y a plus de dix ans déjà montraient le rôle indispensable de l’interleukine 4 dans
la différenciation des LTh2 d’une part et la susceptibilité à L.major chez la souris BALB/C (12). Nous avons

28
rapporté la production rapide et importante de l’ARNm de l’IL-4 dans les cellules T CD4+ des ganglions
drainant le site d’infection par L.major, chez la souris BALB/C 24 heures après l’infection (13). Ce pic IL-4
survient dans une période de temps pendant laquelle l’administration d’anticorps anti-IL4 neutralisant est
capable de rediriger la différenciation des lymphocytes T vers une maturation en LTh1 protecteurs (12, 14).
Après ce pic initial en IL-4 l’expression de l’ARNm IL-4 revient à des valeurs de base avant une deuxième et
permanente vague de transcrits IL-4 qui reflète l’établissement de la réponse Th2. Le pic précoce d’IL-4 est
produit par une population de lymphocytes T CD4+ restreints aux molécules du MHC de classe II, exprimant les
chaînes TCR Vb4-Va8. Ces LT sont spécifiques d’un épitope de Leishmania homologue de la molécule
RACK1 des mammifères, appelée LACK (16).

Ces lymphocytes T CD4+ Vb4-Va8 sont responsables de la maturation Th2 après infection par L.major
comme cela a été démontré en utilisant des souris BALB/C déficientes en cellules Vb4 après infection néonatale
par MMTV (SIM), un virus des tumeurs mammaires chez la souris qui code pour un superantigène aboutissant à
une délétion permanente des cellules Vb4. Le pic précoce de production d’IL-4 après infection par L.major est
absent chez les BALB/C déficientes en LT CD4+ Vb4+ et le développement Th2 ne s’effectue pas chez ces
souris qui ne développent pas d’infection progressive à Leishmania (16). De façon comparable aux souris
déficientes en Vb4, les souris BALB/C rendues tolérantes à LACK, par expression transgénique de cette
molécule sous une promoteur MHC classe II dans le thymus, sont résistantes à L.major et développent une
réponse Th1 (17).

Il est possible d’induire un état de non réponse des LT CD4+ Vb4+ réactifs à LACK en traitant les
souris BALB/C avec une protéine LACK altérée qui diffère d’un seul acide aminé de l’épitope naturel restreint à
la molécule I-Ad. L’induction de cet état de non réponse de la population LT CD4+ Vb4-Va8 aboutit à la
disparition de la réponse IL-4 précoce à l’épitope LACK sauvage, à l’inhibition du développement des LTh2 et à
la repolarisation de la maturation en LTh1 associée à une protection à long terme vis à vis de l’infection (18).
Bien qu’il ait été proposé que ces LT CD4+ Vb4-Va8, spécifiques de LACK, soient activés avant l’exposition à
la protéine LACK (19) nos résultats récents à propos de la plasticité fonctionnelle de ces cellules en terme de
production de cytokines va à l’encontre de cette hypothèse (20).

L’analyse des cellules accessoires nécessaires à l’expression des transcrits IL4 dans les LT CD4+ Vb4-
Va8 après infection a montré de façon inattendue le rôle essentiel des cellules B (manuscrit en préparation).
L’hypothèse actuellement testée est qu’il existe une reconnaissance simultanée par les cellules T de leur épitope
spécifique présenté par les cellules B et les cellules APC professionnelles (cellules dendritiques). Ceci aboutirait
à l’activation des cellules B qui produisent des cytokines capables d’interférer avec les signaux produits par les
cellules dendritiques et responsable de la maturation en LTh1.

Utilisation du model murin d’infection par L.major pour comprendre les effets opposés que l’IL-4 peut
exercer sur le développement des LTh :

En contradiction avec son rôle bien connu dans la maturation des LTh2, plusieurs résultats obtenus avec des
souris IL-4 transgéniques et IL-4 déficientes suggèrent que l’IL-4 peut aussi favoriser le développement de LTh1 (21,
25). L’étude de l’effet de l’interleukine 4 exogène durant l’activation initiale des lymphocytes T CD4+ a été réalisée in
vitro en réponse à l’OVA et in vivo en réponse à L.major. Nous avons pu montrer que l’IL-4, lorsqu’elle est présente
uniquement durant la période initiale d’activation des cellules dendritiques, induit la différenciation des LT CD4+ vers
un phénotype Th1 et établit un état de résistance à l’infection par L.major même dans la souche BALB/C susceptible.
Dans les deux systèmes cet effet de l’IL-4 sur le développement LTh1 est totalement dépendant de l’interleukine 12
produite par les DC qui en retour, bloque la production précoce d’interleukine 4 par les LT CD4+ Vb4-Va8 -Va8 chez
la souris BALB/C (26).

A l’opposé l’interleukine 4, quand elle est présente durant la période d’activation des LT induit la maturation
Th2 et la susceptibilité à L.major même chez la souris BALB/C déficiente en cellule Vb4+. Ainsi, comme les récepteurs
pour l’IL-4 et d’autres cytokines sont exprimés par différents types cellulaires, il est probable, qu’à part la concentration
de cytokine, la cinétique de l’action des cytokines, en particulier les interactions consécutives ou préférentielles avec
différents types cellulaires, contribue de façon significative à leurs effets pleiotropes in vivo.

Conclusion :
Le modèle murin d’infection par L.major a permis de démontrer l’existence et l’importance in vivo des sous-
populations de lymphocytes T CD4+. Ce modèle est considéré actuellement comme un moyen d’étude pertinent de
mécanismes cellulaires et moléculaires qui dirigent le développement sélectif des lymphocytes T CD4+ périphériques in
vivo.

29
La connaissance de ces mécanismes apparaît nécessaire pour le développement de nouvelles immunothérapies capables
de prévenir ou de guérir tout un ensemble de maladies infectieuses sévères.

Remerciements :
Le travail de nos équipes est supporté par des fonds du Swiss National Science Foundation, Deutsche
Forschungsgemeinschaft and the French Ministry of Rechearch.

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30
LYMPHOCYTES T CD4+CD25+ ET REGULATION DES REPONSES INFLAMMATOIRES

Bertrand DUBOIS
Ludivine Chapat, Anne Goubier et Dominique Kaiserlian
INSERM U404, CERVI-IFR74, Lyon, France
E-mail : dubois@cervi-lyon.inserm.fr

La décennie écoulée a vu le retour en force des cellules T suppressives comme acteurs clefs dans le maintien de
la tolérance périphérique et le contrôle des réponses inflammatoires. Initialement introduit dans les années 50, le
concept de suppression active et de cellules régulatrices fut un temps abandonné, pour cause de complexité et
d'absence de mécanisme clair de régulation. Des cellules régulatrices possédant la capacité d'inhiber le
développement d'une réponse immunitaire potentiellement dangereuse ont été décrites dans une multitude de
modèles. La complexité actuelle est en partie liée à la diversité des modèles d'étude utilisés qui ont permis
d'identifier une composante régulatrice au sein de presque toutes les populations lymphocytaires (lymphocytes
CD4+, CD8+, cellules NK, cellules NK-T, lymphocytes CD4-CD8- ab+) et fait apparaître des mécanismes de
régulation divers et discutés.
Une population de cellules T régulatrices, les cellules CD4+CD25+, se distingue néanmoins et semble impliquée
dans différents systèmes expérimentaux. Identifiées chez les rongeurs et chez l'homme, ces cellules d'origine
thymique sont présentes chez l'individu sain et sont capables de réguler nombre de processus patho-
physiologiques. Nos résultats récents montrent en particulier que ces cellules pourraient intervenir dans la
régulation des réactions d'hypersensibilité retardée de contact aux haptènes, ainsi que dans l'inhibition de cette
réponse consécutive à l'administration intra-gastrique de l'haptène (tolérance orale).

Cellules CD4+CD25+ et contrôle de multiples processus patho-physiologiques


Les cellules CD4+CD25+ ont été identifiées à la fois chez la souris, le rat et l'homme, et représentent 5 à 15% des
lymphocytes T CD4+ périphériques d'un individu sain. Ces cellules expriment constitutivement la chaîne a du
récepteur de l'IL-2 (CD25) et présentent un phénotype de lymphocytes T à mémoire (CD45RBlow). Ces cellules
sont continuellement produites dans le thymus. Leur rôle dans la tolérance périphérique a été clairement illustré
dans des expériences de transfert de lymphocytes T chez des souris athymiques. Le transfert de lymphocytes T
déplétés en cellules régulatrices CD25+ conduit à l'apparition de manifestations auto-immunes multiples (1). Ces
résultats ont confirmé le rôle du thymus et des cellules T CD4+CD25+ dans le maintien de la tolérance
périphérique, démontré initialement par des expériences d'ablation du thymus chez la souris, 3 jours après la
naissance. Par la suite, un nombre important de travaux ont démontrés que les cellules régulatrices CD4+CD25+
jouaient un rôle majeur dans le contrôle de la survenue d'autres manifestations auto-immunes telles que le
diabète auto-immun, l'encéphalopathie auto-immune expérimentale (EAE), la gastrite auto-immune, la thyroïdite
et les maladies inflammatoires chroniques du tube digestif (IBD). Ces cellules sont également impliquées dans
l'inhibition du rejet de greffe et de manière plus générale dans le contrôle de l'activation des lymphocytes T et de
la taille du contingent de cellules effectrices. En particulier, il a été récemment démontré qu'une bonne réponse
anti-tumorale se développait chez des animaux rendus déficients en cellules CD4+CD25+ (2).

Activation/expansion des cellules CD4+CD25+


Les cellules CD4+CD25+ se caractérisent par leur faible réponse à une stimulation via leur récepteur à l'antigène
(TCR) et une incapacité à produire de l'IL-2, qui sont corrélés à leur fonction suppressive. Cette anergie peut être
en partie levée lorsqu'une stimulation via le TCR est combinée à l'IL-2 ou à un signal via CD28, conduisant à
une expansion des cellules CD4+CD25+ avec maintien, voire augmentation, de leur fonction suppressive (3, 4).
Cet état d'anergie et la possibilité d'expansion de ces cellules CD4+CD25+ a également été démontré in vivo chez
des animaux lymphopéniques (5). Il est donc probable que certaines conditions d'immunisation aboutissent à
l'expansion quantitative du contingent de cellules CD4+CD25+, voire à une stimulation de leur fonction
suppressive, conduisant à une régulation accrue. Cette expansion pourrait être due à la fois à la prolifération des
cellules CD4+CD25+ et/ou la néo-différenciation de cellules CD4+CD25- en cellules régulatrices. Des travaux
récents à l'aide de cellules transgéniques pour le TCR ont démontré que certaines voies d'administration de
l'antigène – la voie intraveineuse et la voie orale en particulier - favorisait l'expansion du contingent de cellules
CD4+CD25+ et stimulaient leur activité suppressive (6, 7). Les bases cellulaires et moléculaires responsables de
cette expansion/activation de cellules régulatrices restent à préciser, mais la nature de la cellule présentatrice
d'antigène apparaît comme un facteur déterminant. Bien que non démontré pour les cellules CD4+CD25+, la
stimulation répétée de lymphocytes T CD4+ par des cellules dendritiques immatures conduit à l'émergence de
cellules régulatrices, productrices d'IL-10 et apparentées aux Tr1 (8). Par ailleurs, il a été démontré in vivo que la
tolérance induite par administration d'un antigène dans les voies respiratoires était dépendante de cellules
dendritiques pulmonaires, via l'induction de cellules Tr1 (9). Ces cellules dendritiques présentent un phénotype
mature et produisent de l'IL-10. Par ailleurs, dans un modèle d'hypersensibilité retardée de contact aux haptènes,

31
il a été démontré que des cellules de Langerhans matures était capable d'induire le développement de cellules T
CD4+ contrôlant l'intensité et la durée de l'inflammation (10). Le mécanisme d'induction de cellules régulatrices
par les cellules dendritiques n'est donc pas corrélé à leur état de maturité et pourrait impliquer le recrutement de
sous-populations de DC particulières et/ou un conditionnement fonctionnel de la DC par le micro environnement
au site de pénétration de l'antigène.

Des données récentes montrent que les cellules CD4+CD25+ sont préférentiellement attirées par les cellules
dendritiques matures via la sécrétion de CCL4/MIP-1b, CCL17/TARC et CCL22/MDC (11, 12). L'apparition de
manifestions auto-immunes comparables chez des souris déplétées en CCL4 ou CD25 confirme le rôle critique
de cette chimiokine dans le recrutement de cellules régulatrices (11, 12). Ces propriétés migratoires pourraient à
la fois favoriser l'activation/expansion des cellules CD4+CD25+ par les cellules dendritiques et leur permettre
d'exercer leur fonction suppressive lors de l'activation des lymphocytes T effecteurs.

Des mécanismes de régulation à préciser


Les cellules CD4+CD25+ sont capables de réguler in vitro la prolifération et la différenciation de lymphocytes T
CD4+ (13), CD8+ (14) et des cellules B (15). La majeure partie des études montrent que les cellules CD4+CD25+
pourrait affecter l’activation des lymphocytes cibles, leur expansion et leur différenciation en cellules effectrices,
probablement au niveau des organes lymphoïdes secondaires. Une étude suggère que ces cellules pourraient
également réguler des réponses effectrices, au niveau des tissus périphériques. Ainsi, le transfert de cellules
CD4+CD25+ permet d’inhiber le développement de cellules effectrices à l’origine de manifestations auto-
immunes chez des souris thymectomisées trois jours après la naissance, mais également de prévenir la pathologie
induite par le transfert de cellules autoréactives clonées à des souris athymiques (16).

Dans ces systèmes de coculture in vitro, l'effet suppressif des cellules CD4+CD25+ est dû essentiellement à un
effet direct sur les lymphocytes cibles et peut être observé en absence de cellules présentatrices d'antigène (3).
Néanmoins, une autre composante de la régulation pourrait impliquer un effet indirect des cellules CD4+CD25+
sur les cellules présentatrices d’antigène via la diminution de l’expression des molécules de costimulation CD80
et CD86, comme démontré pour les cellules dendritiques (17).

L'effet suppressif nécessite l'activation des cellules CD4+CD25+ via leur récepteur T, qui sont alors capable
d’inhiber la prolifération de lymphocytes d'une spécificité antigénique différente, voire d’un haplotype différent
(3). Cette activation ne met pas en jeu la voie CD28 (18). La molécule CTLA-4 est exprimée de manière
constitutive par les cellules CD4+CD25+ (18-20) et pourrait jouer un rôle clé dans la fonction suppressive de ces
cellules. Ainsi, deux groupes ont montré que des anticorps anti-CTLA-4 réversaient l’activité suppressive des
cellules T CD4+CD25+ in vitro (6, 18). Par ailleurs, l’administration d’anticorps anti-CTLA-4 conduit au
développement de manifestations auto-immunes chez des souris normales (18), et inhibe l’effet protecteur des
cellules CD4+CD25+ sur la colite expérimentale induite par le transfert de cellules CD4+CD45RBhigh chez des
souris SCID (19). Le rôle de CTLA-4 reste néanmoins discuté puisque que d’autres auteurs n’ont pas observé
d'effet d'un anti-CTLA-4 sur la suppression in vitro (4, 13, 21). Par ailleurs, des cellules CD4+CD25+ isolés d'une
souris CTLA-4-/- conservent une activité suppressive, bien que celle ci soit diminuée par rapport à celle de
cellules normales (18).

Après activation, les cellules CD4+CD25+ sont capables de produire des cytokines à activité immuno-
suppressives telles que IL-10 et TGF-b, et dans une moindre mesure IL-4 (6, 13, 15). La plupart des études in
vitro n'ont pas permis de démontrer un rôle de ces deux cytokines dans la suppression, qui apparaît dépendante
de contacts cellulaires entre les cellules CD4+CD25+ et les cellules cibles (13, 22-25). Deux groupes ont
néanmoins montré que l'utilisation de fortes doses d'anti-TGFb ou l'addition de récepteurs solubles (pour IL-10
et TGFb) inhibait la suppression (6, 15). La nature des molécules membranaires impliquées dans la suppression
reste à préciser et pourrait impliquer du TGF-b membranaire (15). La divergence entre ces résultats laisse penser
à l'existence de mécanismes de régulation multiples par les cellules CD4+CD25+. Les études in vivo indiquent
que le mécanisme de régulation dépend non seulement du modèle expérimental, mais également du site où
s'exerce cette régulation. Ainsi, un rôle critique du TGF-b et de l'IL-10 a été démontré dans la régulation de la
colite expérimentale induite par le transfert de cellules naïves CD4+CD45RBhigh à des souris déficientes en
lymphocytes T (19, 26), tandis que ces deux cytokines ne semblent pas impliquées dans le modèle de gastrite
auto-immune (27, 28).

Malgré la quantité de travaux publiés sur les cellules CD4+CD25+, un certain nombre de points clefs restent à
clarifier, incluant la nature de l'antigène reconnu, le mode d'action de ces cellules, ainsi que les molécules
impliquées dans la régulation. Par ailleurs, très peu de modèles patho-physiologiques à l'aide d'animaux non
manipulés génétiquement ont été étudiés, rendant difficile l'appréciation du rôle réel des cellules CD4+CD25+
dans le contrôle des réponses immunitaires.

32
Cellules CD4+CD25+ et hypersensibilité retardée de contact aux haptènes

L'HSRC au DNFB: un modèle d'inflammation cutanée initiée par des lymphocytes CD8+ cytotoxiques
L'hypersensibilité retardée de contact (HSRC) aux haptènes est un des meilleurs modèles d'inflammation cutanée
spécifique d'antigène. Une telle réponse peut être induite chez la souris par une phase de sensibilisation
épicutanée avec l'haptène (phase afférente), suivie 5 jours plus tard, d'une phase de révélation (phase efférente)
induite lors d'un nouveau contact avec l'haptène à un site cutané distant. L'inflammation débute 12 heures plus
tard, atteint son intensité maximale après 24 à 48 heures, puis se résout progressivement en quelques jours. Dans
l'HSRC au DNFB, l'inflammation est initiée par la migration de cellules CD8+ cytotoxiques au site de révélation
cutané, suivie du recrutement des cellules de l'infiltrat inflammatoire. Cette activité cytotoxique requiert la voie
FAS/FAS-L ou perforine (29) et est dirigée contre les kératinocytes présentant l'haptène (30).

L'HSR est régulée par les lymphocytes T CD4+


Dans l'HSRC au DNFB, une dichotomie fonctionnelle claire a été établie entre les lymphocytes T CD4+ et CD8+
(31). Les cellules CD8+ sont effectrices et peuvent se développer en absence de cellules CD4+, tandis que les
lymphocytes T CD4+ ont un rôle régulateur et permettent le contrôle et la résolution de l'inflammation. Ces
cellules interviennent vraisemblablement au cours des deux phases de l'HSRC (Figure 1). Dans les organes
lymphoïdes secondaires, suite à la sensibilisation, les cellules CD4+ limitent la taille du contingent de cellules
CD8+ effectrices ou modifient leurs propriétés fonctionnelles. Après migration au site de révélation, ces cellules
contribuent probablement au contrôle de l'inflammation et à sa résolution. Ainsi, en l'absence de cellules CD4+,
les souris développent une inflammation plus intense et persistante voire chronique (32).

Sensibilisation : phase afférente de l’HSRC

1 haptène
Couche cornée
Epiderme
Cellules de Langerhans

PEAU

Derme

Lymphe Afférente 2

CD8+
CD4+
Effecteurs
Régulateurs

NOEUD 3 5
LYMPHATIQUE
DRAINANT haptène
4

Lymphe efférente
6
7
PEAU
(site de révélation)

Révélation : phase efférente de l’HSRC

Figure 1: Rôle des lymphocytes CD4+ et CD8+ dans l'HSRC

Après sensibilisation épi-cutanée, l'haptène est pris en charge par les cellules de Langerhans (étape 1), qui migrent dans le derme
puis dans les vaisseaux lymphatiques afférents (étape 2) jusqu'à la zone riche en lymphocytes T des ganglions lymphatiques drainants. La
présentation de l'haptène aux lymphocytes T conduit à l'activation et l'expansion de lymphocytes T CD8+ cytotoxiques spécifiques de
l'haptène (étape 3). Cette phase d'expansion des cellules CD8+ est contrôlée par les lymphocytes T CD4+, qui pourraient agir directement sur
les cellules CD8+ et/ou indirectement via les cellules dendritiques. Après une nouvelle application de l'haptène à un site cutané distant du site
de sensibilisation (phase de révélation), les cellules CD8+ migrent via la lymphe efférente puis la circulation générale vers le site de
révélation (étape 4). 12 à 24 heures après révélation, les cellules CD8+ infiltrent le derme et l'épiderme et initient la réponse inflammatoire en
exerçant leur activité cytotoxique contre les kératinocytes présentant l'haptène (étape 5). L'arrivée des cellules CD4+ régulatrices au site de
révélation est décalée dans le temps (36 à 48 heures après l'application de l'haptène, étape 6) et contribue au contrôle et à la résolution de
l'inflammation (étape 7).

33
Dans ce modèle, il a été démontré que l'inflammation pouvait être totalement prévenue lorsque l'haptène était
délivré par voie intra-gastrique (phénomène de tolérance orale) quelques jours avant la phase de sensibilisation
(33). Cette tolérance orale est dépendante des lymphocytes T CD4+ qui inhibent l'activation/expansion des
lymphocytes T CD8+ dans les organes lymphoïdes secondaires (34).

Les études en cours visent à préciser la contribution des cellules CD4+CD25+ et de l'IL-10 dans la régulation de
l'HSRC. Par ailleurs, ce modèle devrait permettre de déterminer si les mécanismes et les cellules régulatrices
impliqués dans l'HSRC et l'induction d'une tolérance orale sont identiques.

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34
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35
LES CELLULES T REGULATRICES ET LEUR UTILISATION DANS LE TRAITEMENT DES
MALADIES AUTO-IMMUNES ET INFLAMMATOIRES

Hervé GROUX
INSERM U 343
Hôpital de l’Archet - 06200 NICE
E-mail : Herve.Groux@unice.fr

INTRODUCTION

Les maladies inflammatoires


Les maladies inflammatoires chroniques et autoimmunes représentent un vaste ensemble de pathologies
caractérisées par un mécanisme pathologique commun : l’activation incontrôlée des cellules T effectrices lors
d’une inflammation. Parmi ces maladies, on peut citer la sclérose en plaques, l’asthme, les maladies
inflammatoires de l’intestin (maladie de Crohn, rectocolite hémorragique), le psoriasis et la polyarthrite
rhumatoïde.
Pour toutes ces pathologies très longues et invalidantes, il n’existe actuellement aucun traitement efficace, au
mieux des traitements palliatifs qui présentent tous de nombreux effets secondaires. Ces maladies évoluent
généralement par poussées inflammatoires successives qui sont plus ou moins bien contrôlées par un arsenal de
traitement médicamenteux temporairement efficaces mais dangereux. De plus, malgré les nombreux travaux qui
leur sont consacrés, la (les) cause(s) de ces maladies est (sont) encore totalement inconnue(s). Le traitement de
ces affections repose donc sur des bases empiriques, et il reste purement suspensif.
Le but de tout traitement est double ; il a pour premier objectif de contrôler les poussées et de traiter certaines
complications ; son second objectif vise à prévenir les rechutes après l’obtention d’une rémission. A l’heure
actuelle, aucun médicament ne s’est avéré capable d’atteindre ces deux objectifs.

L’inflammation
Toutes les maladies inflammatoires chroniques, quel que soit l’organe cible ou l’étiologie, ont des mécanismes
physiopathologiques communs qui résultent de l’absence de contrôle des réactions immunitaires lors de
l’inflammation.
L’inflammation, ou réaction inflammatoire est un phénomène réactionnel mis en oeuvre par l’organisme chaque
fois que l’intégrité de ses constantes morphologiques et biologiques est menacée. Elle comprend l’ensemble des
réactions locales et générales de l’organisme à toute agression tissulaire, qu’elle soit d’origine infectieuse ou
non. En fait, les causes premières de l’inflammation sont multiples et variées.
L’inflammation est le plus souvent bénéfique. Son but est de rétablir l’homéostasie des tissus dont elle prépare la
réparation. Parfois, la réaction inflammatoire dépasse ce but et devient néfaste comme dans les maladies
inflammatoires chroniques, que l’on qualifie d’auto-immunes.
En effet, la réaction inflammatoire est associée à la réaction immunitaire. Il s’agit d’une réponse stéréotypée
particulière qui doit permettre aux défenses immunitaires d'accéder à la région endommagée.

Le contrôle de l’inflammation, les cellules T régulatrices


Le système immunitaire a évolué afin d’être capable de défendre l’organisme de façon efficace et spécialisée vis-
à-vis d’un grand nombre de pathogènes différents. Ces mécanismes sont contrôlés par un grand nombre de
médiateurs.
Parmi les cellules du système immunitaire, on a décrit deux sous-populations de cellules T CD4+ qui diffèrent
par les cytokines qu’elles sécrètent et par le rôle qu’elles jouent dans le système immunitaire. Les cellules Th1
produisent de l’IFN-g et de la lymphotoxine. Elles induisent des réponses immunitaires vis-à-vis des pathogènes
intracellulaires, et sont responsables des réactions de DTH et des maladies auto-immunes spécifiques d’organes.
Pour leur part, les cellules Th2 qui produisent de l’IL-4, de l’IL-5 et de l’IL-13, participent à l’éradication des
helminthes et des pathogènes extracellulaires et sont responsables des manifestations d’atopie et d’allergie.
La différenciation de ces sous-populations de cellules T CD4 + est contrôlée par différents facteurs parmi
lesquels les cytokines, la dose et la forme de l’antigène, les cellules présentatrices de l’antigène, les molécules de
costimulation et le fond génétique de l’hôte. Les cytokines comme l’IL-12 et l’IL18 induisent la différenciation
des cellules de type Th1 alors que la différenciation des cellules Th2 est induite par la présence d’IL-4.

36
Les mécanismes moléculaires permettant d’expliquer cette spécialisation cellulaire sont multiples et
comprennent une capacité différentielle à répondre aux cytokines et notamment une expression différentielle des
récepteurs de ces cytokines, une expression différentielle de facteurs de transcription spécifiques à ces cellules,
et un remodelage différent de la chromatine aux sites des gènes Th1 ou Th2-spécifiques.
Il y a de plus en plus d’évidences expérimentales qui démontrent l’existence d’une autre sous-population de
cellules T CD4+ qui présente des propriétés immuno-modulatrices ou régulatrices qui permettent de limiter les
réponses effectrices de type Th1 ou Th2. Nous avons montré que ces cellules régulatrices pouvaient inhiber des
réactions immunitaires pathogéniques dans différents modèles de maladies inflammatoires ou au cours des
transplantations. Ces travaux ont été depuis confirmés par d’autres équipes, notamment celle de M.G. Roncarolo
à Milan (Roncarolo, Bacchetta et al. 2001), de A. O’Garra aux Etats-Unis (Barrat, Cua et al. 2002) et celle de H.
Waldmann à Londres (Zelenika, Adams et al. 2002) . L’action suppressive de ces cellules régulatrices est en
partie induite par la sécrétion de cytokines immunosuppressives, comme l’IL-10 et le TGF-b

Les cellules Tr1


Mise en évidence des cellules Tr1
Nous avons démontré dans un premier temps que l'interleukine-10 pouvait induire une anergie de longue durée
dans les cellules T CD4+ et CD8+ (Groux, Bigler et al. 1996; Groux, Bigler et al. 1998). Nous avons ensuite
recherché les mécanismes permettant la conservation de cet état de tolérance. Ainsi, nous avons pu montrer que
l'IL-10 permettait la différenciation d'une nouvelle sous-population de cellules T CD4+ présentant un profil de
sécrétion de cytokines
différent de celui des cellules Th0, Th1 et Th2. En effet, ces cellules que nous avons appelées « T regulatory
cells 1 » (Tr1) ne sécrètent ni IL-2, ni IL-4, mais elles sécrètent par contre de l'IL-5 et de l'IFN-g et surtout de
très grandes quantités d'IL-10. Ce profil de sécrétion de cytokines permet ainsi d'expliquer leur qualité et leur
fonction. En effet, l'absence de sécrétion de facteurs de croissance explique leur faible capacité proliférante et la
nécessité d'utiliser de fortes doses d'antigènes pour induire leur prolifération. D'autre part, la sécrétion de fortes
quantités d'IL-10 et leur capacité à activer le TGF-b explique leur capacité à inhiber la prolifération des cellules
environnantes. En effet, dans des systèmes de transwells, les facteurs solubles, sécrétés par les cellules Tr1 sont
capables d’inhiber la prolifération des cellules voisines. L’adjonction simultanée d'anti-IL-10 et d'anti-TGF-b
permet la restauration de la prolifération des cellules voisines. Ces résultats ont été publié dans la revue Nature
(Groux, Bigler et al. 1997 ). Il importait de savoir ensuite si ces cellules Tr1 pouvaient avoir un rôle fonctionnel
in vivo et si elles étaient capables de modifier une réponse pathologique induite par des cellules T.

Les cellules Tr1 inhibent différentes maladies inflammatoires


Guérison de la maladie de Crohn dans un modèle murin
Nous avons développé un modèle de souris de la maladie de Crohn. Le modèle consiste à injecter dans une
souris immuno-déficiente (SCID) des cellules T issues de la rate de souris normales syngéniques (Powrie,
Coffman et al. 1994). Les cellules T ainsi transférées réagissent contre une grande variété d’antigènes de la flore
et se différencient in vivo en cellules T effectrices pro-inflammatoires. Cette inflammation commence au bout de
3 semaines, se situe au niveau du colon et présente tous les signes pathognomoniques de la maladie de Crohn.
Dans ce modèle, nous avons utilisé des clones de cellules Tr1 spécifiques de l’ovalbumine que nous avons
générés in vitro. L’injection de 400 000 cellules Tr1 suivie de l’absorption d’ovalbumine par la souris, au
moment de la poussée inflammatoire au niveau du colon, permet de guérir complètement les souris en 15-21
jours.
Ces essais qui ont été complétés par d’autres essais utilisant un autre modèle de maladie de Crohn (inflammation
induite par des haptènes), démontrent clairement que les cellules Tr1 sont capables de guérir une maladie
inflammatoire chronique de l'intestin et semblent donc indiquées dans le traitement de la maladie de Crohn.

Guérison d’un inflammation cutanée dans un modèle murin


Nous avons également développé un modèle permettant d’induire une inflammation cutanée chez la souris par
application répétée d’haptène (oxazolone) irritant. Dans ce modèle, nous avons montré que l’injection de cellules
T régulatrices, associée à l’application locale de préparations peptidiques permettant d’activer localement les
cellules T régulatrices injectées, permet une inhibition rapide de la réaction inflammatoire mesurée par
l’épaisseur de l’oreille ou par histologie.

Guérison de la sclérose en plaques


La sclérose en plaques est due à l’émergence de cellules T auto-réactives dirigées contre les constituants de la
myéline. Nous avons développé un modèle expérimental de la sclérose en plaques en immunisant les souris avec
des constituants de la myéline en présence d’adjuvant complet de Freund. A la suite de cette immunisation, les
souris développent une maladie qui présente tous les signes pathognomoniques de la sclérose en plaques. Dans
ce modèle, l’administration de cellules T régulatrices permet également de guérir les souris.

37
Inhibition des réponses allergiques
Les réponses allergiques sont déclenchées par l’accumulation d’immunoglobulines de type IgE, spécifiques de
l’allergène. Nous avons développé un modèle animal où la réponse allergique est déclenchée par l’immunisation
des souris avec de l’ovalbumine. Cette injection entraîne la synthèse d’IgE spécifiques de Grade clinique
l’ovalbumine qui témoignent de la réponse allergique. Le traitement de ces souris avec des cellules régulatrices
spécifiques de l’ovalbumine permet d’inhiber totalement la synthèse d’IgE et donc les réponses allergiques.

Différentiation de cellules Tr1 humaines


Si nous avions pu montrer que les cellules Tr1 pouvaient être utilisées avec succès pour inhiber les maladies
inflammatoires, il nous restait à mettre en place des systèmes expérimentaux permettant de différencier
facilement des cellules Tr1 antigène-spécifiques chez l’homme. Nous avions montré (Groux , Bigler et al. 1997)
que la stimulation répétitive de cellules T CD4 + par leur antigène en présence d’IL-10 permettait la
différenciation de cellules de type Tr1. Cependant cette technique nécessitait de nombreuses restimulations et les
cellules obtenues présentaient un déficit important de prolifération.
Nous avons donc analysé les mécanismes moléculaires qui permettaient à l’IL-10 de différencier des cellules Tr1
et nous avons montré qu’il s’agissait d’une modification des cellules présentatrices de l’antigène (Wakkach, et
al. 2001). Nous avons alors conceptualisé des cellules présentatrices de l’antigène artificielles qui miment les
cellules incubées en présence d’-IL-10 et permettent d’induire la différenciation de cellules Tr1. Cette technique,
qui fait l’objet d’une demande de brevet par l’INSERM nous permet maintenant d’obtenir facilement et
rapidement des cellules Tr1 spécifiques d’antigène chez l’homme. Nous avons également amélioré les conditions
de culture de cellules Tr1 en définissant quels étaient les meilleurs facteurs de croissance, ce qui nous permet à
présent de multiplier rapidement ces cellules in vitro.
Ces avancées techniques nous permettent maintenant d’envisager la qualification de notre procédé de culture
cellulaire par l’AFSSAPS et le développement d’essais cliniques dans la maladie de Crohn ou le psoriasis dans
un délai de quelques années.

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38
COMPLEMENT ET IMMUNITE SPECIFIQUE

Patrice MARCHE
Marie-Bernadette VILLIERS et Christian VILLIERS
Laboratoire d’Immunochimie, CEA, INSERM U548, UJF
17 rue des Martyrs, 38054 Grenoble Cedex 09
E-mail : patrice.marche@cea.fr

Dès les années 70, il a été montré que les mécanismes de défense innée et ceux impliqués dans la défense
acquise sont en étroite coopération entre eux et que le système complémentaire, plus particulièrement la protéine
C3, crée le lien entre ces deux ensembles de défense [1]. Les multiples capacités de C3 sont dues à sa structure
particulière qui lui permet de se fixer aux antigènes et ainsi de contribuer à leur prise en charge par les cellules
impliquées dans la mise en place de la réponse immunitaire.

C3 et le système complémentaire
Le système complémentaire est constitué par un ensemble de protéines plasmatiques mis en jeu par trois voies
d'activation : la voie classique initiée par des complexes immuns, la voie alterne activée par des polysaccharides
et par certaines classes d'immunoglobulines agrégées et enfin la voie lectine qui est mise en oeuvre en présence
de certains sucres. Dans tous les cas, ces voies permettent le clivage de C3, ce qui provoque sa fixation sur les
éléments activateurs. Suite à cette fixation, la réponse complémentaire est amplifiée grâce à la formation de
complexes enzymatiques (C3 convertases) capables de protéolyser d’autres protéines C3 [2].
Le clivage de C3 est primordial puisqu’il peut déjà à lui seul permettre l'élimination par phagocytose du
facteur activateur. Lorsque l'activateur est une cellule, le fonctionnement du complément se poursuit par la
formation d'un complexe d'attaque membranaire, véritable pore capable de détruire l'intégrité de la cellule.
Toutes ces étapes sont contrôlées par de nombreuses protéines, tant solubles que membranaires qui protègent
l'organisme d'un fonctionnement trop intense du complément, notamment en prévenant la lyse des cellules de
l’organisme.

STRUCTURE DE C3
C3 est une glycoprotéine sérique formée de deux chaînes reliées par un pont disulfure. La caractéristique
sans doute la plus importante de cette protéine réside dans sa capacité transitoire à se lier de façon covalente à de
nombreuses autres molécules. Ce pouvoir lui est conféré par un groupement thioester consistant à une trans-
estérification entre une cystéine et une glutamine au niveau de la séquence consensus GCGEQ de la chaîne
alpha. Cette liaison est stable, mais peut être est clivée au cours de l'activation du complément. Lors du clivage
de C3 par les protéases, il y a un changement de conformation qui provoque l'exposition du thioester aux
attaques nucléophiles ce qui permet la formation d’une liaisons esters avec toute protéine se trouvant dans
l'environnement proche. C'est le cas des complexes immuns qui se recouvrent de C3 aussi bien au niveau des
antigènes que des anticorps. La capacité de C3 à former une liaison ester est restreinte dans le temps puisque les
molécules d'eau peuvent exercer elles aussi une attaque nucléophile du thioester, ce qui empêche C3b de former
ultérieurement une liaison covalente avec les antigènes. C3 constitue un lien bifonctionnel entre les antigènes
qu’il lie covalemment et les cellules impliquées dans la réponse immunitaire avec lesquelles il interagit via
différents récepteurs.

FRAGMENTS DE C3 ET RECEPTEURS
L'activation de C3 correspond à un premier clivage protéolytique exercé au niveau de la chaîne alpha et
libérant un fragment du côté N-terminal appelé C3a (10kDa) et un fragment C-terminal C3b (110kDa). Ensuite,
le fragment C3b subit une série de protéolyses conduisant à la formation des fragments iC3b, C3c, C3d et C3dg.
Ces fragments ont des propriétés et des capacités d’interaction qui leurs sont propres; ils peuvent se lier à
différents récepteurs CR1, 2, 3 et 4 répartis sur de nombreux types cellulaires et catalyser un ensemble de
réponses (Tableau I). Les fragments C3b, iC3b et C3d sont tous porteurs du site d’interaction avec les antigènes
et lui restent donc liés lors des différentes protéolyses de C3. Bien que CR2 et CR3 soient très proches
structurellement, leur répartition cellulaire et leurs ligands sont différents, CR3 et CR4 sont les seuls récepteurs
dont la fixation du ligand (iC3b) est dépendante de la présence de calcium.

39
TABLEAU I : Récepteurs pour les fragments de C3

Récepteur Composition kDa Ligand Localisation

CR1 1 chaîne 160, 190, 220, C3b, Erythrocytes, lymphocytes B et T, monocytes,


polymorphique : 250 (iC3b, C3c) macrophages, cellules folliculaires dendritiques,
CD35 neutrophiles, éosinophiles

CR2 1 chaîne : CD21 145 C3d, C3dg Lymphocytes B, cellules dendritiques folliculaires,
(iC3b) thymocytes

CR3 2 chaînes iC3b Monocytes, macrophages, cellules dendritiques


alpha : CD11b 165 (C3d) folliculaires, cellules dendritiques, neutrophiles,
bêta : CD18 95 éosinophiles, cellules K et NK, lymphocytes T

CR4 2 chaînes iC3b Monocytes, macrophages, neutrophiles, cellules


alpha : CD11c 150 dendritiques, cellules K et NK
bêta : CD18 95

FRAGMENTS DE C3 ET SIGNALISATION INTRACELLULAIRE


A la surface des lymphocytes B, CR2 est associé à une autre molécule, CD19, impliquée dans l’activation
cellulaire : la réticulation des molécules CD19 ou CR2 provoque l'action d'une phospholipase C et conduit à une
augmentation de la concentration intracellulaire de calcium. Cette réaction est amplifiée par la réticulation
simultanée des Ig de surface (mIg), mais les effets sont différents, puisque la fixation des anticorps sur les mIg
induit la mitogénèse des cellules mais pas celle de CD19 et CR2 [3]. D'autre part CD19 peut s’associer à Leu-13
ou avec TAPA-1 (CD81), ce dernier ayant été décrit comme pouvant être associé aux molécules de classe II.
CR2 peut agir au niveau intracellulaire avec la protéine fixatrice de calcium P68 et avec l'anti-oncoprotéine P53
et ainsi déclencher l’entrée des cellules dans un cycle de division. Toutes ces interactions restent cependant les
éléments d'un puzzle non encore assemblé.
La phosphorylation de la partie intracellulaire des récepteurs des fragments de C3 a été démontrée dans le
cas de CR1 et de CR2, cependant CR1 n’est phosphorylé que dans le cas des macrophages et des neutrophiles,
alors que CR2 ne l’est que dans le cas des lymphocytes B. Le rôle exact de ces phosphorylations n'est pas encore
bien défini, mais elles semblent être un préalable aux internalisations lors de la fixation des ligands respectifs
(C3b et C3dg); cependant, la relation entre ces deux phénomènes n'est pas totalement établie. Dans le cas de
CR3, l’activation cellulaire conduit à la phosphorylation de la chaîne bêta qui est un pré-requis à la phagocytose
qui suit la fixation de iC3b. Dans le cas des neutrophiles, la fixation de iC3b induit des phosphorylations
intracellulaires dépendantes de et entraîne une sécrétion d'ions superoxides (O2-) et de peroxyde d'hydrogène
(H2O2).

L'internalisation des récepteurs de C3 et leur trafic intracellulaire ou recyclage éventuel ont été peu étudiés
jusqu'à maintenant, si ce n'est dans le cas de CR1 qui a été décrit comme entrant dans la cellule par des voies
indépendantes des puits à clathrine et requérant l'intégrité des microfilaments. CR1 et CR2 peuvent coopérer
pour l’endocytose de leurs ligands respectifs C3b et iC3b, ces synergies suggèrent que ces deux récepteurs
peuvent être associés [4].
La fixation des fragments de C3 sur leurs récepteurs respectifs a aussi des conséquences au niveau d’autres
récepteurs membranaires. Une relation étroite existe entre les récepteurs du complément et ceux des parties Fc
des immunoglobulines [5]. Ainsi, CR3 et CD16 "cocappent" lors des interactions avec leur ligand. D’autre part,
les formes solubles des récepteurs CD16 et CD32 se lient aux récepteurs CR3 et CR4 et entrent de ce fait en
compétition pour la fixation de iC3b sur ces derniers. Les complexes immuns doivent se fixer à la fois aux

40
récepteurs des parties Fc des immunoglobulines et au CR3 pour être phagocytés. En ce qui concerne les
lymphocytes B, CR2 se lie aux récepteurs des IgE (CD23), l'association de ces deux récepteurs semblant
contrôler la production de ce type d'immunoglobulines. Les fragments de C3 fixés aux macrophages inhibent la
fixation des immunoglobulines sur leurs Fc récepteurs, ce qui a pour conséquence de diminuer l'activité
cytotoxique anticorps-dépendante de ces mêmes macrophages.

FRAGMENTS DE C3 ET CELLULES IMPLIQUEES DANS LA REPONSE IMMUNE


Après activation, les macrophages possèdent la capacité de sécréter et de cliver C3 grâce à des protéases
que ces cellules possèdent à leur surface (élastase, cathepsine G).
La mitogénèse des lymphocytes B peut être induite par certaines formes des C3b, ainsi C3b polymérisé
provoque l'entrée en phase S, ce que ne peut pas C3b monomère.
En ce qui concerne les lymphocytes T, C3b agrégé stimule la prolifération des lymphocytes T en synergie
avec l'IL-2. A l'opposé, un petit fragment de C3 (C3dg) inhibe la prolifération des lymphocytes T, qu'elle résulte
d'une stimulation antigénique ou mitogénique. C3 peut contrôler la prolifération des lymphocytes T par
l'intermédiaire de CR1 et CR2, ces récepteurs ayant des rôles antagonistes, favorisant ou inhibant respectivement
l'activation cellulaire. D'autre part, la prolifération des lymphocytes T en réponse à une présentation d'antigène
par une cellule spécialisée, lymphocyte B par exemple, est fortement augmentée lorsque cet antigène est lié à des
fragments de C3 [6].

ROLE DE C3 DANS LA REPONSE IMMUNE


Chez l’homme, les déficits en C3 sont en général associés à des pathologies : infections pyrogéniques
particulièrement importantes chez les jeunes sujets, troubles liés à la présence d'immuns complexes, lupus
érythémateux systémique et glomérulonéphrite membranoproliférative. Ces déficits ne se traduisent pas par une
modification quantitative des immunoglobulines mais par une altération qualitative notamment une baisse
particulièrement forte de l'isotype IgG4.

En absence de C3, la réponse immunitaire est également altérée, ces modifications sont particulièrement
importantes en cas de faibles quantités d'antigènes. Ceci se traduit par un taux d'anticorps spécifiques fortement
réduit et une absence de commutation IgM/IgG alors que la réponse est normale lorsque la quantité d'antigène est
forte. Chez la souris, l’injection de complexes CR2-Ig anti-CR2 diminue la réponse aux antigènes injectés
ultérieurement, entraînant un faible taux d'anticorps; ces résultats sont interprétés comme la conséquence d’une
compétition entre les récepteurs CR2 solubles injectés et les récepteurs membranaires normalement présents à la
surface des cellules. La diminution des interactions entre les fragments de C3 et les cellules empêche
l'amplification de la réponse immune normalement induite par cette fixation. Ces données précisent le rôle de
C3, mais également mettent en avant la nature des récepteurs impliqués dans ces interactions, CR2 semblant être
l'intermédiaire prépondérant tout au moins chez la souris.

La molécule C3b et/ou ses fragments exercent une activité adjuvante sur la réponse humorale , lorsque
que l’antigène (Ag) est administré sous forme de complexe avec C3b. Cet action a été étudiée en dosant les
anticorps spécifiques induits en réponse secondaire après injection du même Ag sous forme libre, sous forme de
complexe d’une molécule d’Ag lié au C3b par la liaison thioester ou enfin émulsifié dans de l’adjuvant de
Freund (AF). A des doses d’Ag où aucune réponse n’est décelée après immunisation avec l’Ag seul, le complexe
C3b-Ag permet la production d’IgG spécifiques comme lorsque l’Ag est combiné avec de AF. La réponse au
complexe C3b-Ag est dose-dépendante et est détectable à des doses 200 fois inférieures de celle de l’Ag seul [7].
Le rôle adjuvant de C3b nécessite sa liaison à l’Ag car, injectés séparément, aucune IgG spécifique n’est
détectée. L’immunisation avec des protéines recombinantes formées par la fusion de plusieurs molécules de C3d
en association avec une molécule d’Ag permet d’éliciter une production d’anticorps spécifiques sans ajout
d’autre adjuvant démontrant que l’action de C3b implique, au moins en partie, le fragment C3d et son récepteur
CD21 [8].

Différents paramètres caractérisent une réponse immunitaire humorale, parmi lesquelles la persistance et
l’affinité des anticorps spécifiques. Des études cinétiques de la réponse chez la souris ont démontré que,
contrairement à l’adjuvant de Freund (AF) qui induit une production d’anticorps avec un maximum vers les
50ème jour puis une diminution constante, C3b induit un taux d’anticorps spécifique en augmentation lente
progressive persistant dans le temps. Il en résulte qu’un an après la dernière injection le titre en IgG spécifiques
des sérums de souris ayant reçu l’Ag lié à C3b dépasse celui des souris ayant été injectées avec l’Ag en AF [9].
De plus, une augmentation significative (30%) de l’affinité/avidité des anticorps spécifiques a été mesurée.
L’immunisation avec de l’ADN codant pour une protéine recombinante formée d’une molécule d’Ag,

41
l’hémaglutinine, et de trois fragments C3d induit chez la souris des réponses analogues à celles observées en
injectant les protéines C3b-Ag ou C3d-Ag [10].

Le rôle de C3b est également important pour la formation des centres germinatifs (CG) et la sélection des
lymphocytes B [11]. L’analyse immuno-histochimique de cryosections de rate provenant de souris déficitaires en
C3 révèle une diminution de la taille et du nombre des CG. L’étude de souris CD21/35 -/- donne des résultats p
lus difficiles à interpréter car variant en fonction du modèle d’immunisation utilisé par les auteurs [12].

MECANISMES D’ACTION SUPPOSES

L’amplification de la réponse immunitaire résultant de la fixation covalente de C3 à l’Ag constitue un des


aspects de l’influence de cette molécule dans les mécanismes de l’immunité acquise. Son action se situe à de
plusieurs niveaux tels que la capture de l’antigène, son apprêtement par les cellules présentatrices de l’Ag
(CPA), sa localisation dans les organes lymphoïdes ainsi que la maturation des lymphocytes B et leur interaction
avec les cellules dendritiques folliculaires (FDC) [13].

Traitement de l’Ag. Les récepteurs spécifiques de C3 sur les CPA permettent une prise en charge des Ag
plus efficace que lors d’une simple pinocytose, surtout lorsque la quantité d’Ag est faible et/ou dans les phases
précoces de la réponse immunitaire où les Ac spécifiques sont encore absents. Ainsi, la quantité d’Ag endocyté
par un lymphocyte B est du même ordre lorsque l’Ag est internalisé par les anticorps membranaires spécifiques,
ou récepteur de l’Ag des lymphocytes B (BCR) ou par les CR. Cependant, selon la voie d’entrée (pinocytose,
BCR, CR), le trafic intracellulaire de l’Ag peut être modifié, en conséquence sa protéolyse et sa fixation sur les
molécules de classe II sont affectées. Dans les lymphocytes B humains, la voie d’endocytose induite par CR
permet une meilleure charge en peptides des molécules HLA-DR ce qui se traduit par une présentation plus
efficace aux lymphocytes T spécifiques [14]. Cette augmentation d’efficacité nécessite un lien covallent entre
l’Ag et C3b, ainsi dans des expériences utilisant des complexes IgG-C3b dans lesquels seule la chaîne lourde
fixe C3b, seule la présentation correspondant aux épitopes de la chaîne lourde est amplifiée alors que celle des
épitopes situés sur la chaîne légère reste inchangée [15].

Localisation de l’Ag dans les organes lymphoïdes. La rétention de l’Ag sur les FDC dans les centres
germinatifs est un fait important dans la réponse immune car elle permet une stimulation continue des cellules B
mémoires et leur protection contre l’apoptose. La persistance de l’Ag à la surface des FDC est assurée par
l’interaction de C3b (ou/et de ses fragments) fixé sur l’Ag avec les CR présents sur les FDC.

Maturation des lymphocytes B. De nombreux travaux ont montré que la fixation de ligands sur certains CR
met en jeu d’autres protéines membranaires impliquées dans la régulation de l’activité des lymphocytes B, telle
que CD19 qui forme un complexe avec CD21 et CD81 et qui est impliqué notamment dans les flux calciques
intracellulaires via l’activation d’une PI3-kinase. Cette activation est maximale après réticulation du complexe
CD19/CD21/CD81 et du BCR, ce qui est le cas en présence de C3b-Ag. D’autre part, la persistance des Ac
spécifiques et l’augmentation de leur affinité après injection de complexes C3b-Ag confirment le rôle de C3b et
de ses fragments dans la maturation et la différenciation des cellules B. Plusieurs hypothèses non exclusives
peuvent être avancées. Ainsi, il a été démontré que la signalisation à travers CD21/35 induit une régulation de
certains facteurs transcriptionnels tels que NF-KB et de protéines telles que Flip et Bcl-2 impliquées dans la
différenciation et la survie des cellules. D’autre part, les plasmocytes sont des éléments essentiels à la réponse
immunitaire à long terme. Il est possible que l’interaction C3b-CR joue un rôle dans leur re-circulation et dans
leur survie et/ou dans la quantité d’Ac sécrétés. La fixation de C3b sur les CR à la surface de ces cellules avant
leur complète différenciation peut les pré-programmer pour poursuivre leur maturation. Comme les plasmocytes,
les cellules B mémoires se développent dans les CG et le développement anormal de ces derniers dans des souris
Cr2-/- ainsi que la faiblesse de la réponse secondaire dans ces animaux suggèrent un défaut dans la différentiation
des lymphocytes B matures. Comme évoqué précédemment, l’absence de CD21/35 peut-être, au moins en partie,
responsable de ce phénomène en limitant la rétention de l’Ag sur les FDC et le contact entre celles-ci et les
cellules B ce qui réduirait les signaux de différenciation et de survie des lymphocytes B.

L’intervention de C3 à de nombreux niveaux de la réponse immunitaire est maintenant bien établie, mais il
reste encore beaucoup d’inconnues notamment en ce qui concerne les récepteurs impliqués. Les systèmes
expérimentaux utilisés orientent les études sur CD21, mais il faut rappeler que, chez la souris, ce récepteur est
difficilement dissociable de CD35, dérivé du même gène que CD21 par un épissage alternatif. Ces deux
récepteurs peuvent s’associer dans un complexe excluant CD19/CD81 et le rôle d’un tel complexe dans la
réponse immunitaire reste à déterminer. Des études d’internalisation de complexes C3b-Ag ont également
montré l’implication de radeaux lipidiques dans cette endocytose ; cependant, CD21/35 sont dépourvus de queue

42
glycophosphatidylinositol permettant leur ancrage dans ces structures ce qui suggère la mise en jeu d’autres
récepteurs dans les interactions C3-cellules.

CONCLUSION ET PERSPECTIVES
Le rôle de C3 et de ses fragments déborde le simple fonctionnement du système complémentaire puisqu'il
intéresse de nombreuses phases de la réponse immune : opsonisations, proliférations cellulaires, cytotoxicité; C3
permet aussi la solubilisation des complexes immuns circulants, se fixe covalemment sur les antigènes, entraîne
leur focalisation sur les lymphocytes B et intervient dans l'établissement de la mémoire immunologique [16]. Il
est aussi évident que, si la formation d'un lien covalent entre C3b et l'antigène potentialise la réponse immune,
cette liaison peut aussi faciliter l’invasion de l’organisme par des pathogènes opsonisés par C3, c’est le cas de
HTLV-1 pour l’invasion des lymphocytes T CD4+ . L’implication du système complémentaire et en particulier
de C3 a également été montré dans le développement de la maladie à « prion » [17, 18]. Tous ces exemples
démontrent qu'il est important d'approfondir nos connaissances sur C3 et sur les mécanismes de ses actions.
L'établissement de nouveaux modèles utilisant des animaux transgéniques autoriseront des expériences in vivo
n'ayant pu être réalisées jusqu'à maintenant et qui devraient permettre d'étudier, par exemple, l'établissement des
cellules mémoires ou le rôle de C3 dans l'établissement du répertoire T. L'interaction de C3 avec l'antigène
observée même au cours de la réponse primaire est le premier élément d'une cascade de réactions qui permet la
focalisation à la surface des cellules immunocompétentes, puis l'internalisation et enfin l'apprêtement de
l'antigène. Toutes ces étapes doivent être analysées de façon précise car, s'il est évident que C3 n'est pas toujours
indispensable à la réponse immune, il est tout aussi évident que cette protéine représente un élément
amplificateur important capable d'induire une réponse en présence de faibles concentrations d'antigène. Mieux
comprendre le rôle de C3, c'est également mieux comprendre comment l'organisme se défend précocement. Cela
devrait permettre de définir des outils capables d'amplifier la réponse immune et utilisables pour le
développement de nouvelles stratégies vaccinales.

Références
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dependent and thymus-independent antibody response. J. Exp. Med. 1974;140: 126-45.
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43
CHIMIOKINES, CELLULES DENDRITIQUES ET CANCER

Alain P. Vicari
Laboratoire de Recherche Immunologique Schering-Plough , BP 11, 27 chemin des Peupliers, 69571 Dardilly.
Tel.: 04-72-17-27-00 Fax: 04-78-35-47-50
e-mail: alain.vicari@spcorp.com

INTRODUCTION

Le développement d’une tumeur solide est le résultat de la cohabitation forcée de cellules cancéreuses
en prolifération et de l’hôte. A l’interface entre ces deux partenaires, on trouve les vaisseaux sanguins ainsi que
diverses cellules infiltrantes, qui participent à l’élaboration du stroma permettant à la tumeur de croître. À terme,
de nombreuses tumeurs se répandent dans le corps par la formation de métastases, qui montrent parfois une
localisation préférentielle. Briser cette harmonie entre la tumeur et le corps qui la nourrit pourrait représenter
une des rares opportunités de contrôler et de vaincre le cancer.
Les chimiokines représentent une vaste famille de 45 à 50 protéines chez l’homme, qui partagent des
homologies de structure ainsi que la capacité de se fixer à des récepteurs couplés aux protéines G (GPCR) (1, 2).
On dénombre quatre familles de chimiokines, décrites à partir de la position relative de résidus cystéines
conservés: CC, CXC, XC et CX3C, les groupes CC et CXC étant de loin les plus importants. Des groupes
correspondants de GPCR classés CCR, CXCR, XCR et CX3CR sont responsables des différentes fonctions
imputées aux chimiokines sur leurs cellules cibles. Plusieurs chimiokines peuvent se fixer au même récepteur et
une même chimiokine peut se lier à plusieurs récepteurs, ce qui permet de multiples combinaisons et donc de
multiples fonctions biologiques. On a tout d’abord décrit les chimiokines comme des facteurs solubles capables
de contrôler la migration directionnelle des leucocytes, en particulier au cours de l’infection ou de
l’inflammation. On s’aperçoit maintenant que les effets imputables aux chimiokines sont beaucoup plus
complexes et que virtuellement toutes les cellules, y compris les cellules tumorales, peuvent exprimer des
récepteurs pour les chimiokines (1).

I - RÔLE DES CHIMIOKINES DANS LA CROISSANCE TUMORALE, L’ANGIOGÉNÈSE ET LA


DISSÉMINATION

Effets directs des chimiokines sur la transformation cellulaire et la croissance tumorale.


Le mélanome est probablement le type de tumeur le mieux étudié pour cet aspect et on a pu montrer que
les chimiokines CXCL1/GROa, CXCL2/GROb, CXCL3/GROg et CXCL8/IL-8, tous ligands de CXCR2,
stimulaient directement la croissance tumorale, en jouant le rôle de facteurs trophiques autocrines (3, 4) (Figure
1). L’expression autocrine et paracrine de CCL20/MIP-3a a été observée dans le cancer du pancréas (5),
suggérant un rôle similaire.

Régulation de l’angiogénèse par les chimiokines


Les chimiokines peuvent stimuler indirectement la croissance tumorale en favorisant l’angiogénèse.
Les molécules responsables de cet effet biologique appartiennent à une sous-famille des chimiokines CXC
présentant un motif ELR conservé avant la première cystéine (6). Ces chimiokines pourraient directement être
chimiotactiques pour les cellules endothéliales (6). Chez l’homme, de nombreux carcinomes du poumon
secrètent CXCL8/IL-8 et des anticorps anti-CXCL8 inhibent presque complétement le pouvoir angiogénique de
ces tumeurs (7), de même que leur croissance dans des souris SCID (6).

Au contraire, plusieurs chimiokines peuvent inhiber l’angiogénèse (Figure 1). Celles-ci comprennent
des chimiokines CXC sans motif ELR telles que CXCL4/PF-4 (8), CXCL9/Mig et CXCL10/IP-10 (6, 9, 10).
D’une manière intéressante, la chimiokine de souris CCL21/SLC/6Ckine a aussi des propriérés angiostatiques,
comme nous l’avons montré lors de son transfert dans l’adénocarcinome du colon C26 (11, 12). Le fait que
CCL21 de souris se fixe au récepteur CXCR3 tout comme CXCL9 et CXCL10 (11) suggère que CXCR3 est
impliqué dans l’inhibition de l’angiogénèse.

44
Rôle des chimiokines dans la dissémination tumorale
Certaines tumeurs malignes métastasent préférentiellement dans certains organes, ce qui suggère des
conditions locales de micro-environnement propices et/ou une attraction spécifique via les chimiokines.
Récemment, Müller et coll. (13) ont trouvé que les récepteurs CXCR4 et CCR7 étaient plus fortement exprimés
sur des tumeurs du sein malignes par rapport au tissu sain. Les ligands de ces récepteurs - CXCL12 (SDF-1)
pour CXCR4 et CCL21 pour CCR7 - montraient une forte expression dans les organes que ces tumeurs
colonisent de préférence.

II - RECRUTEMENT DES LEUCOCYTES DANS LES TUMEURS PAR LES CHIMIOKINES

Macrophages intra-tumoraux
Des cellules de la lignée monocyte-macrophage sont retrouvées dans la plupart des tumeurs et le niveau
d’infiltration par les macrophages intra-tumoraux (MIT) est relativement stable, même quand la tumeur est
transplantée, suggérant un équilibre contrôlé entre l’hôte et la tumeur (revu dans(14)). Les premières
observations d’importances sont à attribuer au groupe de A. Montovani, qui a décrit un facteur chimiotactique
pour les monocytes produit par les cellules cancéreuses humaines ou de souris (15), plus tard identifié comme la
chimiokine CCL2/MCP-1, un ligand de CCR2 (16). Chez des patients cancéreux Erreur! Signet non défini., le
taux d’expression de CCL2 était proportionnel au niveau d’infiltration par les MIT. Les autres chimiokines de
type CC que sont CCL8/MCP-2 et CCL7/MCP-3, structurellement voisines de CCL2 et fixant le même récepteur
CCR2, joueraient un rôle similaire (18)

Bien que les macrophages puissent être cytotoxiques pour la tumeur (19), surtout in vitro, on pense que
les MIT ont essentiellement des fonctions biologiques pro-tumorales (revu dans (14, 20)). Les MIT produisent
plusieurs facteurs angiogéniques comme le basic Fibroblast Growth Factor, le vascular endothelium growth
factor (VEGF), des protéases et d’autres modulateurs de la matrice extra-cellulaire (MEC). (14, 20, 21).On a
ainsi pu observer dans le cancer du sein que la densité des micro-vaisseaux était proportionnel au degré
d’infiltration macrophagique (22). Les MIT sont aussi une source importante d’interleukine 10 (IL-10) et de
prostaglandine E2 (PGE2), deux puissants agents immunomodulateurs (23).

En accord avec ces propriétés divergentes des MIT, anti- ou pro-tumeur, le transfert du gène codant
pour CCL2 dans des tumeurs a eu des conséquences variées. Au moins trois publications notent une réduction
de la tumorigénicité (24-26). Au contraire, le transfert du gène de CCL2 dans un autre modèle augmentait le
nombre de métastases pulmonaires (27). Enfin, dans le même modèle B16, des effets opposés étaient observés
en fonction du nombre de cellules tumorales injectées (28).

Chimiokines et recrutement des cellules effectrices T et NK


La plupart des informations relatives au rôle des chimiokines dans le recrutement des cellules effectrices
T et NK provient d’expériences in vivo où le gène codant pour une chimiokine a été introduit dans une lignée
tumorale. La constatation globale est qu’on retrouve en nombre plus important in vivo dans la tumeur les même
cellules qui répondent à la la chimiokine in vitro. Chez l’homme, on sait qu’il peut exister une corrélation entre
le niveau d’expression de certaines chimiokines et l’infiltration T. Par exemple, l’introduction dans des tumeurs
de ligands de CCR5 comme CCL5/RANTES et CCL3 (29, 30), de XCL1/Lymphotactine (31-33), de
CCL16/HCC4/LEC (34), de CCL7/MCP-3 (35) et de CCL20/MIP-3a (36) induit le recrutement de lymphocytes
T et un effet anti-tumoral. Cependant, chez l’homme l’expression de fortes quantités de CCL5 dans les cancers
du sein et du col est aussi associée avec un état avancé de la maladie (37, 38). Ceci reflète peut-être le
développement de mécanismes d’échappement.

De manière plus précise, on sait aussi que les cellules T polarisées de type Th1 ou Th2 répondent à
différents groupes de chimiokines (39). Les chimiokines actives sur les lymphocytes Th1 auraient en théorie un
rôle anti-tumoral. L’expression de différents ligands de CXCR3, en plus d’inhiber l’angiogénèse, pourrait donc
aussi promouvoir le recrutement d’effecteurs CD8 Th1 et de cellules NK (40-46). D’autre part, les chimiokines
plutôt actives sur les lymphocytes de type Th2 auraient un effet pro-tumeur. Ainsi, on a pu documenter
l’expression de CCL17/TARC et CCL22/MDC, deux ligands de CCR4 actifs sur les Th2, dans les lymphomes
Hodgkiniens (47, 48) et dans la leucémie myéloblastique aiguë(49).

Une série plus récente de publications a montré le rôle unique que pourrait jouer la chimiokine
CCL21/6Ckine/SLC dans le développement d’un micro-environnement lymphoïde favorisant la réponse
immunitaire (revu dans (50)). Ce rôle de CCL21 est en partie lié à sa capacité à recruter des DC et des
lymphocytes T naïfs. De plus, CCL21 peut aussi recruter une sous-population de cellules effectrices dites
“mémoire centrale” (51), qui pourraient participer à l’effet anti-tumoral important que nous et d’autres avons
observé lors de l’introduction de CCL21 dans des tumeurs (12, 52).

45
Cellules dendritiques infiltrant les tumeurs

Rôle des chimiokines dans l’infiltration des tumeurs par les DCs
De nombreux travaux ont documenté la présence de cellules à morphologie dendritique dans
les tumeurs humaines. Par exemple, une infiltration dendritique a été retrouvée dans les tumeurs de l’estomac,
du poumon, de la prostate, du nasopharynx, du rein, de la thyroïde, du sein et dans le mélanome (53-61). Le but
de la plupart de ces études était de trouver une corrélation entre l’infiltration dendritique et le pronostic. Bien
que la plupart des études concluaient que l’infiltration par les DC était un facteur pronostic positif, certains
résultats étaient nettement en désaccord avec cette notion. Des études plus informatives viendront avec l’usage
de marqueurs de DC plus spécifiques, reconnaissant des sous-populations de DC ou des stades d’activation
particuliers (56).

Dans certain cas, on s’est aperçu que les tumeurs étaient plus riches en cellules dendritiques infiltrantes
(TIDC) que le tissu sain de même origine histologique. En outre, des tumeurs de la même origine histologique
n’étaient pas infiltrées au même degré et les TIDC étaient localisées dans des zones bien précises de la tumeur.
Ainsi, dans le carcinome papillaire de la thyroïde, les TIDC étaient retrouvées au niveau de la marge invasive de
la tumeur, alors que les MIT étaient distribués de manière homogène au sein du tissu (58). Au contraire, dans le
cancer du sein, des TIDC immatures étaient observées dans la tumeur alors que des TIDC matures étaient
retrouvées en périphérie (56). Ces différentes observations suggèrent que la présence de TIDC dans les tumeurs
peut être la conséquence d’un recrutement actif, en particulier grâce aux chimiokines.

En accord avec cette hypothèse, de nombreuses chimiokines actives sur les DC immatures sont
secrétées au cours des phénomènes inflammatoires qui accompagnent le développement des tumeurs, comme les
MCPs (CCL2, CCL7, CCL8) ainsi que CCL3/MIP-1a, CCL5/RANTES et CCL4/MIP-1b (58, 62, 63).
Cependant, ces chimiokines sont actives sur de nombreux autres leucocytes, en raison de la promiscuité
d’utilisation des récepteurs (1, 64). En particulier, la plupart des chimiokines dites inflammatoires sont actives
sur les monocytes/macrophages et pourrait donc participer au recrutement des MIT. Dans ce cas, l’effet
bénéfique potentiel du recrutement de DC serait masqué par l’infiltration de MIT dont nous avons décrit les
effets pro-tumoraux.

Cependant, certaines chimiokines exprimées par les tumeurs ont une activité plus restreinte sur les
cellules dendritiques, comme CCL20/MIP-3a, une chimiokine que nous avions décrite au laboratoire comme
particulièrement active sur les DC de type Langerhans (65). On a retrouvé dans le cancer du sein une infiltration
de cellules exprimant un marqueur spécifique des cellules de Langerhans, la langérine, en association avec une
production locale de CCL20 (56). Plus récemment, l’équipe de T. Curiel a rapporté l’infiltration de tumeurs de
l’ovaire par une sous-population particulière précurseur de cellules dendritiques dites “plasmacytoïdes”, en
corrélation avec l’expression de la chimiokine CXCL12/SDF1 (66).

Dans la plupart des modèles expérimentaux, le recrutement des DC induit par le ciblage d’expression de
chimiokines dans les tumeurs était suivi d’une croissance tumorale diminuée. C’était le cas avec des cellules
tumorales transfectées avec CCL7/MCP-3 (35), CCL16/LEC/HCC-4 (34) ou CCL21/6Ckine/SLC (12),
l’injection d’adenovirus codant pour CCL20/MIP-3a dans les tumeurs (36) et l’injection intra-tumorale directe
de protéine CCL21 recombinante (67). En fait, si une réponse CD8 anti-tumorale était documentée dans tous les
cas, il n’est pas clair que l’infiltration des tumeurs par les TIDC soit entièrement responsable de l’induction
d’une réponse anti-tumorale. En conclusion, ces modèles ne peuvent encore affirmer ou infirmer l’effet
bénéfique direct du recrutement des DC dans les tumeurs.

Fonctions des TIDC: réaction immunitaire ou tolérance?


Un des rôles principaux des DC est certainement de declencher la réponse immunitaire contre les agents
pathogènes, mais on sait que les DC sont aussi impliquées dans l’établissement de la tolérance centrale thymique
(68) et on suppose qu’elles peuvent induire une tolérance périphérique dans certaines circonstances (revu dans
(69)). Les mécanismes par lesquels les DC pourraient être plutôt tolérogènes qu’immunogènes commencent à
être dévoilés. D’une manière peut-être simpliste, il semble que les DC présentant l’antigène à un stade immature
seraient tolérogènes, comme il a été récemment montré chez des volontaires sains (70). D’un point de vue
physiologique, on pense désormais que la cellule dendritique a besoin d’au moins deux signaux délivrés par
l’agent pathogène pour devenir immunogène de manière spécifique: l’un est l’antigène et l’autre un signal
d’activation lié à l’expression par le pathogène de séquence particulières (PAMPs pour Pathogen Associated
Molecular Pattern) reconnu par la DC via des récepteurs spécifiques, en particulier ceux de la famille Toll (revu
dans (71)).

46
Au sein des tumeurs, on peut supposer un déficit marqué en signaux de type PAMP. On sait qu’il existe
d’autres signaux pouvant activer les DC, comme ceux délivrés par les cellules en nécrose (72, 73). Les corps
apoptotiques dérivés des cellules tumorales peuvent aussi être une source d’antigène (74, 75). Cependant, les
macrophages sont aussi sensibles aux signaux délivrés par les cellules en apoptose et/ou en nécrose, qu’ils
contribuent à éliminer. La conséquence de la phagocytose des cellules mortes par les macrophages est une
augmentation de la secrétion d’IL-10, de TGFb et de PGE2 (76, 77). Or ces trois facteurs sont
immunosuppresseurs de manière non spécifique, voire induisent la différenciation par les DC de cellules T dites
“régulatrices” (23, 69, 78-80). Ces mécanismes régulateurs répondent probablement à une réalité quotidienne
bien différente du cas des tumeurs, qui restent des événements sporadiques. Par exemple, l’épithélium intestinal
se renouvelle en permanence et se trouve au contact de nombreux antigènes exogènes contre lesquels une
réponse immunitaire n’est pas souhaitable, comme les antigènes alimentaires. On a observé un flux
physiologique constant de DC immatures chargées de corps apoptotiques entre l’épithélium et les ganglions
mésentériques, qui pourrait expliquer cette tolérisation permanente en l’absence de signal de type PAMP (81).

D’une manière intéressante, notre laboratoire et d’autres avaient montré que la maturation des DC
induite par des signaux de type PAMP se traduisait par un changement d’expression des récepteurs aux
chimiokines par les DC, et en particulier par l’acquisition de CCR7 permettant au DC de répondre à ses ligands
CCL19 et CCL21 et ainsi de gagner les organes lymphoïdes secondaires (82, 83). Or il semble que l’apport de
corps apoptotiques soit suffisant pour induire l’expression de CCR7 à la surface des DC en absence de
maturation (84). Dans le contexte du cancer, cela pourrait se traduire par la migration vers les ganglions drainant
de DC immatures chargées d’antigènes via les corps apoptotiques, mais à l’origine de tolérance plutôt que de
réponse immunitaire.

CONCLUSION

Les tumeurs mettent à profit les multiples fonctions des chimiokines à travers plusieurs mécanismes
distincts: une activité trophique directe, la stimulation de l’angiogénèse, la dissémination des métastases ainsi
que l’interférence avec le recrutement de diverses populations de leucocytes. L’expression de novo de certaines
chimiokines dans les tumeurs pourraient apporter un bénéfice thérapeutique dans le cancer, en particulier en
favorisant le recrutement des cellules dendritiques. À ce titre, les ligands de CCR7 CCL19 et CCL21, parce
qu’ils sont actifs sur les lymphocytes T, les DC et les cellules NK mais a priori pas les macrophages , sont plutôt
intéressants. Cependant, ces nouvelles approches devront certainement tenir en compte le statut d’activation des
TIDC, car cette activation est probablement nécessaire au déclenchement de la réponse anti-tumorale.

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49
LA FONCTION DES CELLULES DENDRITIQUES IN VIVO

Thomas BROCKER
Institute fuer Immunologie Universitaet Muenchen Goethestrasse 31 D – 80336 MUENCHEN
Tél : 49 (0) 895 996-674 Fax : : 49 (0) 895 996-605
E-mail : tbrocker@ifi.med.uni-muenchen.de

Les cellules précurseurs des cellules dendritiques (DC) résident dans la moelle osseuse. De là, elles
migrent par le sang aux organes non lymphoïdes et au thymus. Les DC ont pu être retrouvées dans tous les
organes lymphoïdes et non lymphoïdes. Elles sont facilement identifiables par leur forme de cellules
volumineuses avec de longs prolongements dendritiques. Il a été postulé que les DC localisées dans les organes
non lymphoïdes sont immatures. En cas d’inflammation induite par une plaie ou par une infection, les DC
prennent en charge l’antigène, quittent le tissu enflammé ou infecté et migrent à travers la lymphe au relais
ganglionnaire ou à travers le sang à la rate. Durant cette migration les DC se différencient en cellules matures et
changent de phénotype et de fonction (pour revue (1)). En tant que cellules immatures dans les tissus non
lymphoïdes les DC possèdent des capacités remarquables de phagocytose (2, 3), d’endocytose (4, 5) et de
macropinocytose (5) leurs permettant d’internaliser plusieurs fois leur propre volume cellulaire, mais elles ne
peuvent pas activer de façon efficace les lymphocytes T en raison de la faible expression des molécules du CMH
et de co-stimulation. Une fois arrivées aux ganglions lymphatiques, les DC ont des capacités de prise en charge
de l’antigène réduites mais elles expriment maintenant de forts taux de molécules du CMH et de co-stimulation à
la surface et sont capables de présenter les antigènes étrangers qui ont été récupérés dans les tissus non
lymphoïdes. Elles activent de façon très efficace les LT naïfs spécifiques d’antigènes et les transforment en
cellules effectrices (1). Ce rôle très spécialisé des DC de prise en charge de l’antigène, d’apprêtement et de
présentation dans le contexte des molécules du CMH et dans le même temps de migration, de maturation et de
transport de l’antigène au bon endroit (la zone T des ganglions lymphatiques et de la rate) met ces cellules au
centre de toutes réponses immunitaires. Une fois que les cellules T spécifiques d’antigènes ont été activitées par
des cellules dendritiques, d’autres cellules exprimant des molécules du CMH mais avec des fonctions de
présentation d’antigène moins efficaces (comme les cellules B) peuvent alors induire les fonctions effectrices des
cellules T (6, 8).

Les DC peuvent être divisées en au moins deux groupes qui diffèrent en fonction de leur phénotype. Les
DC appelées « myéloïdes » sont caractérisées chez la souris comme CD11c+ CD8a- DEC205- CD11b+ et se
localisent dans la zone marginale de la rate, le sinus sous-capsulaire des ganglions lymphatiques et dans la région
sous-épithéliale du dome des plaques de Peyer. Les cellules de Langerhans de la peau appartiennent
probablement à cette lignée. Les cellules dendritiques appelées « lymphoïdes » expriment chez la souris les
marqueurs CD11c+ CD8a+ DEC205+ CD11b+ et sont retrouvées dans les zones T des organes lymphoïdes
secondaires (1, 9, 10). Ces différentes sous-populations de DC semblent avoir des fonctions différentes ; alors
que les DC CD8a+ induisent des réponses de type Th1, les DC CD8a- induisent des réponses de type Th2 (11,
12). Ces études sont en contradiction avec des travaux antérieurs où il avait été montré que les DC CD8a+
seraient responsables de l’induction de tolérance alors que l’induction de la réponse immunitaire est due aux DC
CD8a- (13, 14). Des travaux récents remettent en question la stricte dichotomie entre DC myéloïdes et
lymphoïdes puisqu’il a été montré que les précurseurs myéloïdes peuvent donner naissance à des DC lymphoïdes
et vice versa (15, 16). Le concept de la dichotomie des DC par les marqueurs de surface a déjà été soulevé (17)
et dans une étude plus récente il a été démontré que les DC myéloïdes CD8- expriment la molécule CD8 sur leur
surface et deviennent CD8+ parallèlement à leur maturation (18). Ainsi les frontières entre les différentes sous-
populations et leur fonction supposée est probablement plus compliquée que ce que nous pensons à l’heure
actuelle. Plus récemment, des travaux suggèrent que des stades de maturation différents des DC et non pas des
sous-populations différentes de cellules dendritiques sont responsables de l’induction d’immunité ou de
tolérance (19, 20). Les DC immatures induiraient une anergie alors que les DC matures induiraient une réponse
immunitaire.

La plupart des études sur les sous-populations de cellules dendritiques ont en commun le fait que les DC
ont été cultivées ou isolées avec des protocoles compliqués. On sait que les DC après culture in vitro ou
isolement modifient leur phénotype et leur fonction (21). En conséquence il est probable que les résultats
obtenus d’expériences in vitro ne permettent pas des conclusions correctes sur les fonctions exactes des DC in
vivo. Puisque les DC existent en très petit nombre dans les tissus il est compréhensible que la majorité des
connaissances sur la biologie et la fonction des DC résultent des travaux réalisés in vitro avec des populations de
DC enrichies et multipliées. Pour comprendre la biologie des DC in vivo et éventuellement pour se servir des DC

50
en thérapeutique, il est nécessaire d’étudier la biologie des DC dans des approches in vivo. Pour se faire nous
avons établi un système transgénique où seul les DC expriment des gènes d’intérêt. Sachant que la sous unité ax
de l’intégrine CD11c chez la souris est exprimée sélectivement sur les DC, nous avons isolé le promoteur murin
CD11c et nous avons exprimé grâce à ce promoteur différents gènes d’intérêts dans des souris transgéniques.
Cette stratégie nous a permis d’étudier les fonctions des DC in vivo sans passer par l’étape d’expansion et de
manipulation ex vivo. Dans la première série de constructions transgéniques nous avons utilisé le promoteur
CD11c pour exprimer sur les cellules dendritiques les molécules de CMH de classe II. Nous avons introduit le
transgène IEa MHC classe II dans la souris C57Bl/6 qui n’a pas de protéine IEa endogène.

La souris transgénique exprime un profil d’expression où la molécule IE CHM classe II est restreinte au
DC de tous les organes (22). Le croisement de ces souris avec des animaux déficients en gène codant pour les
molécules de CMH de classe II aboutit à une lignée de souris transgéniques qui expriment les molécules de
CMH de classe II exclusivement sur les DC. Grâce à ce modèle, nous avons pu montrer que les DC in vivo ne
sont pas capables d’induire la sélection positive des LT CD4+ alors qu’elles sont capables d’induire la sélection
négative complète des LT potentiellement auto-réactifs (22). Nous avons aussi pu montrer que les LT CD4+ des
organes lymphoïdes périphériques doivent reconnaître les molécules de CMH de classe II par l’intermédiaire du
TCR pour survivre et que l’expression des molécules de CMH de classe II sur les DC est suffisante à cette survie
(23). Nous avons aussi créé une autre souche de souris où le même CMH de classe II est exprimé exclusivement
sur les cellules B et nous sommes entrain d’analyser les capacités fonctionnelles des DC comparées aux cellules
B dans les fonctions immunitaires in vivo (24). Afin d’étendre ces recherches aux lymphocytes T CD8+
cytotoxiques nous avons aussi créé des souris où l’expression des molécules de CMH de classe I est restreinte
aux DC. A cet effet, nous avons exprimé la b2M sous le contrôle du promoteur spécifique des DC chez des
souris b2M-knock-out (25). Chez ces souris seules les DC expriment le CMH de classe I et ces animaux ont été
utilisés pour démontrer que les DC sont nécessaires et suffisantes pour la présentation croisée d’antigènes
exogènes à des LT CD8+. Dans ce système animal des chimères de moelle osseuse ont été créées résultant en
trois groupes expérimentaux différents. Dans un groupe l’antigène endogène OVA, exprimé dans le pancréas
sous le contrôle du promoteur à insuline du rat, peut être présenté à toutes les cellules hématopoïétiques CMH de
classe I positives. Dans le groupe II aucune cellule hématopoïétique ne peut présenter l’OVA et dans le groupe
expérimental (groupe III) seul les DC peuvent présenter l’OVA de façon restreinte aux molécules de CMH de
classe I. La présentation croisée du peptide OVA induit une division cellulaire des LT CD8+ spécifiques
d’antigènes. Cette prolifération in vivo est aussi forte dans le groupe où toutes les cellules sont capables de
présenter que dans le groupe où seul les DC sont responsables de la présentation croisée. Nous avons donc
conclu que les DC sont le composant majeur des cellules présentatrices d’antigènes capables de réaliser la
présentation croisée. Ces souris sont actuellement utilisées afin d’obtenir plus de renseignements sur les
fonctions des DC in vivo au cours des réponses T cytotoxiques et sur la fonction des DC thymiques in vivo au
cours de la sélection positive et négative des LT CD8. D’autres souches de souris ont été développées qui
expriment bcl-2, CD30L, 41-BBL, et d’autres molécules dans les DC (26, 31). Ces animaux transgéniques
devraient nous permettre dans un futur proche d’identifier les fonctions des DC in vivo et de mieux comprendre
les mystères de ce type cellulaire indispensable à toute réponse immunitaire.

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52
CONSEILS A CEUX QUI DESIRENT UN ENFANT ASTHMATIQUE ALLERGIQUE

(Quarante brèves de publications)

Jacques ROBERT
63 bis, rue de la République - 69150 DECINES

Les études épidémiologiques (longitudinales) et les progrès de l'immunologie (ambivalence des rapports Th1/Th2) ont
modifié la conception qu'avait le médecin traitant de l'asthme allergique. Il y a dix ans, le cursus du petit asthmatique
apparaissait simple et devait conjuguer l'inné, qui apportait le terrain atopique et l'acquis, l'hyper-réactivité bronchique
associée aux viroses respiratoires. Actuellement, l'asthme devient une maladie "développementale" dont les racines se
plongent dans la vie fœtale et dans laquelle les facteurs génétiques et nombre de facteurs environnementaux affectent
précocement la maturation des voies aériennes et le système immunitaire. Le problème est que les avis diffèrent sur le
rôle respectif de ces facteurs selon que l'on soit statisticien (la médecine basée sur les preuves) ou clinicien (la médecine
basée sur l'expérience).

POUR QUE TON ENFANT AIT UN ASTHME ALLERGIQUE

Voici ce que nous ont confié dans les congrès, ou leurs écrits, les augures de la pneumologie pédiatrique. Ces
recommandations sont volontairement brèves comme s'il s'agissait de commandements. A chacun de développer un
item selon les références.

Si tu veux donc un enfant asthmatique allergique :

- Choisis sa mère dans l'île volcanique de Tristan da Cunha où la consanguinité est forte et la prévalence de l'asthme
importante (1).

- Que cette mère ait un âge avancé et une grossesse supérieure à 41 semaines pour déséquilibrer la balance Th1/Th2 du
fœtus (2).

- Qu'elle soit soumise pendant la grossesse aux tentations de la cacahuète torréfiée (3) et de la meringue molle, mais tôt,
dès la 22ème semaine de gestation (4).

- Que la famille émigre (5) dans un pays riche occidentalisé de l'Europe du Nord (6) et surtout pas à Leipzig avant la
chute du mur (7) ou en Géorgie et Ouzbékistan après la levée du rideau de fer (6).

- Que la mère transmette sur le bras court de son chromosome 11 la mutation LEU 181/183 pour le gêne codant la
chaîne b du récepteur de haute affinité pour les IgE (Fc e RI - b) ! (8).

- Que l'enfant ait un petit poids de naissance avec détresse respiratoire et dysplasie broncho-pulmonaire initiatrice
d'hyper-réactivité bronchique (HRB) (9) et que, conçu pendant les vacances, il naisse sous le signe du Taureau (10).

- Que toute la famille soit porteuse d'un eczéma, le père, la mère et l'enfant (11-12). Mais que ce fils reste unique car
l'atopie diminue de façon linéaire en fonction du nombre de frères et sœurs plus âgés (13).

- Que le bébé soit soumis très tôt à un régime évitant l'allaitement maternel (14) et préconisant les suppléments lactés
bovins dès la maternité ("the dangerous bottle") puis une diversification précoce (15).

- Que le tabagisme passif, puis actif, soit présent tout au long de sa vie. Que la mère ait fumé avant, pendant et après la
grossesse (16) jusqu'à induire un fort taux de nicotine dans les urines du fils en période de VRS (17) et que la nourrice
mercenaire pétune également (18).

- Que soit privilégié le "cocooning", que le matelas renferme plus de 2 mg d'allergènes d'acariens du groupe 1 par
gramme de poussière et soit posé sur un sommier capitonné. Que le chat de la maison soit un mâle angora, non castré
non lavé, émettant son allergène majeur Feld 1 par ses glandes anales, sébacées et salivaires. Que très vite croissent
dans cette maison la blatte germanique (ou à défaut son vicaire Périplaneta américana), alternaria alternata, ficus
benjamina ou la gypsophile…sèchée. (19).

53
- Mais que l'éradication allergénique soit élitiste car la poussière de maison, les poils de chat peuvent contenir des
stimulants Th1, lymphocytes devenant protecteurs de l'atopie, comme les endotoxines, les polysacharides
extracellulaires (EPS) et le b 1-3 Glucan (20). Ces stimulants "verts" ne se retrouvent-ils pas dans le milieu rural (21) ou
mieux dans les fermes autrichiennes protectrices de la mozartienne SALZBOURG (22).

- Qu'au cours de son premier hiver le nourrisson participe à l'épidémie nationale de VRS, soit soumis à sa protéine G,
développe après la bronchiolite initiatrice un syndrome obstructif expiratoire et ainsi, que par trois fois il siffle non
seulement pour répondre à la définition de TABACHNIK (23) mais aussi pour que s'installe l'HRB.

- Que de souche atopique, il suive le cursus de ces 40 % de nourrissons siffleurs de TUCSON, pour devenir à l'âge de 6
ans de moins en moins "happy" et de plus en plus "wheezer" (24). Qu'il soit stimulé régulièrement par le parainfluenzae
(le 3), les rhinovirus (nombreux) libérant ses interleukines (la 11) (25) initiatrice d'HRB.

- Mais que là aussi l'infection soit sélective, car stimulant INF g elle peut orienter vers la voie des Th1 que prirent
innocemment ces jeunes recrues italiennes porteurs de l'hépatite A (26), ces japonais exposés précocement à
Mycobactérium tuberculosis (27) ou ces guinéens soumis au virus sauvage de la rougeole (28). Bien malades ils furent
tous, mais certains protégés de l'allergie!

- Que cet enfant ne soit pas élevé selon les méthodes anthroposophiques des écoles de STEINERT (29) où
l'immunisation doit être naturelle, la maladie respectée, les légumes fermentés. Par contre qu'il reçoive maintes
décontaminations (depuis la barbe jusqu'au cul) et antibiothérapie (30) surtout pendant sa première année de vie (31).

- Que le bébé soit promené en poussette-canne basse pour bénéficier d'une aérolisation de particules de diesel émis par
les pots d'échappement lors de longues promenades urbaines (32).

- Qu'au cours de sa vie il utilise des stratégies d'ajustement centrées sur l'émotion et un mode de fonctionnement basé
sur le déni, l'auto-accusation, l'expression émotionnelle (33).

- Que la famille ne lise surtout pas le consensus pédiatrique international sur la prise en charge de l'asthme (34) même
traduit en français par J.PAUPE et P.SCHEINMANN (34 bis). Qu'elle ignore ETAC (35) et ISAAC (36), tout comme
PREVENTIA (37), PIAMA (20) et Isabelle PIN (38) !

CONCLUSIONS

Dans beaucoup de ces publications sont confusément mêlés, tout comme dans la réalité peut-être, les trois
phénotypes que décrivent les scientifiques = l'allergique (producteur d'IgE), l'hyper-réactif bronchique (répondeur aux
substances pharmacologiques), l'asthmatique (porteur de symptômes).
Tel facteur inné ou environnemental va certainement favoriser l'éclosion d'une de ces trois voies mais en faire
alors un élément essentiel de la genèse tient de l'équilibrisme intellectuel. Nous ne voyons pas dans notre quotidien
d'infections respiratoires protéger de l'atopie et même souvent, l'infecté récidiviste est un allergique qui s'ignore
(médecine basée sur l'anecdote…). A l'évidence, l'HRB du nourrisson est viro-induit et pour qu'elle se prolonge dans la
vie, il faut que cet enfant soit marqué du sceau de l'atopie, l'environnement modulant alors l'IgE et son idiotype.
La susceptibilité de l'organe cible qu'est la muqueuse respiratoire de l'asthmatique aux infections est réelle
pour le praticien et protéger cette muqueuse de l'inflammation fait partie de son devoir.
80 % des crises d'asthme sont associées aux infections virales surtout à rhinovirus (39). Pour les autres, les
endotoxines de la poussière ne nous ont pas paru protectrices…
Sachons raison garder (40). En fait, la stimulation infectieuse doit protéger de l'atopie essentiellement les
enfants génétiquement non allergiques…

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