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Introduction à l’immunologie
CHAPITRE I :
INTRODUCTION A L’IMMUNOLOGIE
1. Définitions
1.1. L'immunité est définie comme la résistance aux maladies. L'immunité fait référence aux
mécanismes de défense d'un organisme vivant contre des agents étrangers, notamment infectieux, ou contre
des agressions internes, notamment la transformation tumorale, susceptibles de menacer son bon
fonctionnement ou sa survie.
Le terme « immunité » est dérivé du mot latin « immunitas » qui signifie « libre de… » = être libre des
maladies.
1.2.La réponse immunitaire est l’ensemble des mécanismes permettant à un organisme de se défendre
contre un agent agresseur.
1.3.Le système immunitaire est l’ensemble des organes/tissus, des cellules et des molécules qui
participent à la réponse immunitaire.
1.4. L’immunologie est la science de l’immunité. C’est une discipline qui étudie, en physiologie et en
pathologie, le fonctionnement du système immunitaire, les propriétés de ses effecteurs et de leurs cibles,
in vivo et in vitro, les applications de ces dernières en biotechnologie, et les moyens de les stimuler ou de
les réprimer.
La fonction physiologique principale du système immunitaire est de prévenir les infections et d’éradiquer
les infections déclarées
2. Historique
L’immunologie a connue depuis le début du siècle dernier des progrès rapides faisant appel aux
techniques et aux concepts les plus modernes de la biochimie, de la biologie cellulaire et de la biologie
moléculaire. Après la période des grandes vaccinations où Pasteur et son école jouèrent un rôle déterminant,
ce furent les découvertes des anticorps, du complément et de leurs fonctions qui occupèrent les
immunologistes jusqu’en 1940. Les vingt années qui suivirent furent celles de l’analyse structurale et
génétique des immunoglobulines. Puis vinrent les années de l’immunologie cellulaire et de
l’immunogénétique.
L’immunité adaptative est dite active lorsqu’il y a production ou transmission d’un état de résistance
à un antigène par l’action directe d’anticorps ou de cellules spécifiques à cet antigène. L’immunité
adaptative est dite passive lorsqu’il y a transmission d’un état de résistance par le transfert des anticorps
à un autre individu. L’immunité active s’améliore au fil des expositions à un antigène donné, alors que
l’immunité passive confère une protection de durée limitée.
L’immunité adaptative active naturelle résulte d’une infection. Le degré et la durée de la protection
sont variables d’une maladie à l’autre. Cela explique pourquoi on doit vacciner les personnes qui ont eu
certaines infections dans le passé (ex. : typhoïde).
L’immunité adaptative active artificielle résulte de l’immunisation provoquée par la vaccination sans
les complications possibles de la maladie. Cette immunité exploite les caractéristiques du système
immunitaire à des fins préventives.
CHAPITRE II :
ORGANES ET CELLULES DE L’IMMUNITE
1. Organes du système immunitaire
Les cellules de l’immunité se retrouvent dans tous les vaisseaux (sanguins et lymphatiques) et les organes. Ils se
regroupent néanmoins en formations denses au sein des organes lymphoïdes centraux, où s’effectue la maturation
des différentes populations lymphocytaires, et des organes lymphoïdes périphériques, où vont se développer la
majorité des réponses immunitaires adaptatives (Figures II.1 et II.2).
Figure II.7. Développement et maturation des cellules T CD4+ et T CD8+ dans le thymus.
CHAPITRE III :
L’IMMUNITE INNÉE (NON SPÉCIFIQUE)
La lésion tissulaire causée par une plaie ou par des microbes induit une séquence complexe
d'évènements appelée "Réponse inflammatoire" (Figure ci-dessous).
2.3. Le complément
2.3.1. Définition
2.3.2. Propriétés
Le système du complément fonctionne par activation en cascade de ses composants. Il est activé
rapidement et localement, avec de nombreuses boucles d'amplification. Le fonctionnement du complément
se déroule en trois temps. En premier lieu, ce système est activé lorsque certains de ses composants détectent
des micro-organismes. On connaît chez l'Homme trois voies d'activation qui sont, par ordre de découverte :
la voie classique, la voie alterne et enfin la voie des lectines. Cette détection conduit ensuite à l'activation
de composants qui alors s'associent pour former des enzymes qui génèrent les composants effecteurs. On
entre alors dans la phase effectrice, avec de nombreuses fonctions immunitaires.
2.3.4. Nomenclature
Certains composants du complément sont désignés par la lettre C suivie d’un numéro correspondant
à l’ordre de découverte (C1à C9), d’autres par des lettres majuscules (ex. Facteur B). Après activation d’un
composant du complément par clivage protéolytique, il en résulte deux fragments ; le petit fragment est
désigné par la lettre minuscule « a », et le grand fragment par la lettre minuscule « b » (ex. C3a et C3b)
[Exception faite pour les produits de clivage de C2, où C2a = le grand fragment ; alors que C2b = le petit
fragment]. Le grand fragment se dépose sur la cible au voisinage du site d’activation, alors que le petit
fragment diffuse et peut activer la réponse inflammatoire en se fixant sur des récepteurs spécifiques des
cellules inflammatoires (mastocytes, neutrophiles…etc.). Les grands fragments interagissent entre eux et
forment des complexes à activité enzymatique, ces complexes sont désignés par une barre surmontant les
symbols (ex. C3bBb, C4b2a…etc.)
Le système du complément est une cascade enzymatique qui peut être activée selon trois voies
distinctes : la voie classique, la voie alterne, et la voie des lectines. Ces trois voies d’activation sont
différentes à la phase précoce de l’activation du complément, mais elles aboutissent toutes à la voie finale
commune (ou phase tardive de l’activation du complément), caractérisée par la formation du complexe
d’attaque membranaire (CAM).
a) Phase précoce de l’activation du complément
a.1) La voie alterne
La voie alterne est déclenchée lorsque le fragment C3b (résultant de l’hydrolyse spontanée de la C3
dans le plasma) est déposé à la surface d’un microbe et se lie d’une manière covalente aux protéines et
polysaccharides microbiens. Cet évènement entraine la fixation du facteur B, qui est dégradé pour générer
le fragment Bb. Ce fragment reste fixé à C3b formant le complexe C3bBb qui a une activité enzymatique
et qui constitue la C3 convertase de la voie alterne capable de catalyser le clivage de C3 en C3a et C3b.
La C3 convertase clive alors le C3 d’une manière continue, les molécules C3b nouvellement formées
peuvent s’associer avec de nouvelles molécules de facteur B pour former de nouvelles C3 convertases
alternes qui clivent de nouvelles molécules de C3 et ainsi participent à la boucle amplificatrice de la voie
alterne.
Certaines des molécules C3bBb se lient à des molécules C3b supplémentaires, et le complexe
C3bBb3b formé, doté d’une activité enzymatique, agit alors comme une C5 convertase de la voie alterne
qui clive C5 en C5a et C5b et initie la phase tardive de l’activation du complément.
d) Neutralisation des virus : Certains virus enveloppés peuvent induire l’activation du complément,
le dépôt des fragments du complément à la surface de ces virus bloque les sites de liaison à la
cellule cible.
e) Elimination des complexes immuns : Le complément (C3b) empêche l’accumulation des
complexes immuns et leur dépôt sur les parois vasculaires. L’élimination des complexes immuns
fait intervenir les erythrocytes qui les transportent vers le foie et la rate où ils seront phagocytés.
CHAPITRE IV :
LE COMPLEXE MAJEUR D’HISTOCOMPATIBILITE (CMH)
Le complexe majeur d’histocompatibilité (CMH) est un ensemble de protéines membranaires se
trouvant sur les cellules présentatrices d’antigène (CPA), essentiel à la reconnaissance des antigènes par le
système immunitaire adaptatif. La fonction principale du CMH est de lier les fragments peptidiques dérivés
des pathogènes et de les présenter aux lymphocytes T. Les protéines du CMH ont été initialement identifiées
sur leur capacité à entraîner de puissantes réactions lors de la transplantation d’organe entre différents
membres d’une espèce. On distingue les complexes majeurs d'histocompatibilité de classe I et de classe II.
Chez l'homme, on parle d'antigène HLA (pour Human Leucocyte Antigen).
Le CMH de classe I et II ont une distribution cellulaire différente (Tableau I) qui reflète le rôle
effecteur joué par ces cellules. Le CMH de classe II n’est exprimé que par les cellules présentatrices
d’antigène (cellules dendritiques, macrophages et lymphocytes B), alors que le CMH de classe I est
pratiquement présent dans toutes les cellules nucléées, cette distribution permet au système immunitaire de
surveiller presque toutes les cellules du corps pour pouvoir agir lors d’une infection par un pathogène
intracellulaire en éliminant les cellules infectées par les lymphocytes T cytotoxiques.
Tableau I. Expression des molécules de CMH classe I et II
Tissu CMH de classe I CMH de classe II
Lymphocytes T +++ -
Lymphocytes B +++ +++
Macrophages +++ ++
Cellules dendritiques +++ +++
Neutrophiles +++ -
Hépatocytes + -
Foie ++ -
Cerveau + -
Globules rouges - -
Chaque molécule de CMH-I est composée d’une chaîne α liée d’une manière non-covalente à
une protéine appelée β-2 microglobuline, qui est codée par un gène se trouvant en dehors du locus du
CMH. Les domaines α1 et α2 de la chaîne α
forment le site de liaison au peptide antigénique
(de 8 à 11 acides aminés) et contiennent les sites
polymorphes des molécules de CMH de classe I.
Le domaine α3 est constant et contient le site de
liaison au corécepteur CD8 des lymphocytes T.
Les molécules du CMH de classe II sont
composées de deux chaînes ; α et β. Les domaines
les plus externes de ces chaînes, α1 et β1
contiennent des résidus polymorphes et forment la
cavité liant l’antigène peptidique (de 13 à 18
acides aminés). Le domaine β2 constant contient le
site de liaison au corécepteur CD4 des
lymphocytes T.
Figure 1. Structure des molécules du CMH de classe I et de classe II.
2. Gènes du CMH
Le locus du CMH comprend un ensemble de gènes localisés sur un segment du bras court du
chromosome 6. Les protéines du CMH rencontrées chez l’homme portent le nom d’antigènes
leucocytaires humains ou HLA car ces protéines ont été initialement découvertes dans les leucocytes
en utilisant des anticorps spécifiques. Chez la souris, le CMH est appelé complexe H2.
Chez l’homme, le locus du CMH contient 3 gènes polymorphes de classe I (HLA -A, HLA-B et
HLA-C) et plusieurs gènes
polymorphes de classe II
(HLA-DPA, DPB, DQA,
DQB, DRA et DRB) (Figure
2). Il existe un troisième
groupe de gènes dans le locus
du CMH appelé CMH de
classe III, ces gènes codent
pour certains cytokines et
Figure 2. Organisation des gènes du CMH.
composants du complément.
Les gènes du CMH sont les gènes les
plus polymorphes du génome. Il existe
donc plusieurs allèles du CMH au sein de
la population humaine (Tableau III). Les
gènes du CMH sont exprimés de manière
co-dominante, ce qui signifie que les
allèles hérités des deux parents sont
exprimés de manière équivalente (Figure
3). Tout être humain exprime six allèles du
CMH de classe I (un allèle HLA-A, B et C
provenant de chaque parent) et au moins
six allèles de CMH de classe II (un allèle
HLA-DP, DQ et DR provenant de chaque
parent et un certain nombre de
combinaisons de ceux-ci). L’assortiment Figure 3. Expression codominante des antigènes HLA codés par
d’allèles du CMH présents sur chaque les gènes du CMH
chromosome est appelé Haplotype CMH.
Les gènes du CMH sont étroitement liés, la distance entre les deux extrémités du locus du CMH
est de 0,5 centimorgans, équivalent à une fréquence de recombinaison de 0,5%, ce qui fait qu’un
individu hérite un haplotype entier de chaque parent.
Tableau III. Nombre d'allèles recensés dans la population humaine pour chaque locus (données
IMGT et EMBL 2005).
CMH de classe I CMH de classe II
Locus Nombre d’allèles Locus Nombre d’allèles
338 HLA-DPA 22
HLA-A
HLA-DPB 111
HLA-B 617 HLA-DQA 28
HLA-DQB 59
HLA-C 179 HLA-DRA 3
HLA-DRB 463
Dans leur ensemble, les gènes HLA possèdent quatre caractéristiques importantes :
- Polygénisme : existence de plusieurs gènes codant CMH I et II (I: HLA-A, B et C ; II: HLA-DPA, DPB,
DQA, DQB, DRA et DRB)
- Polymorphisme : chaque gène est multi-allélique au sein de la population.
- Codominance : chez un sujet hétérozygote, les deux allèles d’origine paternelle et maternelle sont exprimés.
- Liaison étroite : tous les gènes situés sur un même chromosome se transmettent en bloc à la descendance
sous forme d'haplotype.
3. Apprêtement et présentation des antigènes peptidiques sur les molécules du CMH
Les molécules du CMH ont le rôle fondamental de présenter les peptides de l'antigène dégradé aux
lymphocytes T auxiliaires (CD4+) ou T cytotoxiques (CD8+). Dans cette communication intercellulaire
mettant en contact 2 cellules, il faut une reconnaissance du complexe HLA-peptide antigénique par le TCR
(Récepteur des lymphocytes T).
3.1. Apprêtement et présentation des peptides d’origine endogène
Les protéines d’origine endogène, synthétisés dans la cellule (protéines virales par exemple) sont
dégradées dans le cytosol par le protéosome, et les peptides générés pénètrent dans le réticulum endoplasmique
(RER) où ils se lient avec le
CMH de classe I. Les peptides
antigéniques complexés au
CMH sont transportés vers la
membrane plasmique pour être
présentés aux lymphocytes T
CD8+. Ces dernières sont dotées
de propriétés cytotoxiques et ont
la capacité de détruire la cellule
cible anormale (infectée ou
cancéreuse) (Figure 4).
Les cellules présentatrices d’antigènes (CPA) sont les seuls à exprimer les molécules du CMH classe II.
Ces cellules capturent l’antigène du milieu extracellulaire par phagocytose ou endocytose par intermédiaire
d’un récepteur. L’antigène est dégradé dans l’endosome sous l’action des lysozomes, et les fragments
peptidiques générés s’associent aux molécules du CMH de classe II. Le complexe peptide-CMH est transporté
à la membrane plasmique afin de présenter l’antigène aux lymphocytes T CD4+ (ou LT auxiliaires). Cette
interaction cellulaire entraine la production des cytokines par le lymphocyte T, qui peuvent activer les LB pour
secréter les anticorps qui éliminent les pathogènes extracellulaires (Figure 5).
Figure 5. Rôle des molécules du CMH de classe II dans la présentation des antigènes peptidiques d’origine exogène
aux lymphocytes T auxiliaires.