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L2_SNV (2020-2021) Immunologie Générale Chap I.

Introduction à l’immunologie

CHAPITRE I :
INTRODUCTION A L’IMMUNOLOGIE
1. Définitions
1.1. L'immunité est définie comme la résistance aux maladies. L'immunité fait référence aux
mécanismes de défense d'un organisme vivant contre des agents étrangers, notamment infectieux, ou contre
des agressions internes, notamment la transformation tumorale, susceptibles de menacer son bon
fonctionnement ou sa survie.
Le terme « immunité » est dérivé du mot latin « immunitas » qui signifie « libre de… » = être libre des
maladies.
1.2.La réponse immunitaire est l’ensemble des mécanismes permettant à un organisme de se défendre
contre un agent agresseur.
1.3.Le système immunitaire est l’ensemble des organes/tissus, des cellules et des molécules qui
participent à la réponse immunitaire.
1.4. L’immunologie est la science de l’immunité. C’est une discipline qui étudie, en physiologie et en
pathologie, le fonctionnement du système immunitaire, les propriétés de ses effecteurs et de leurs cibles,
in vivo et in vitro, les applications de ces dernières en biotechnologie, et les moyens de les stimuler ou de
les réprimer.
La fonction physiologique principale du système immunitaire est de prévenir les infections et d’éradiquer
les infections déclarées

Tableau I.1. Importance du système immunitaire chez le sujet sain ou malade.


Ce tableau résume certaines fonctions physiologiques du système immunitaire. Notez que les réponses
immunitaires sont également responsables de certaines maladies.

2. Historique
L’immunologie a connue depuis le début du siècle dernier des progrès rapides faisant appel aux
techniques et aux concepts les plus modernes de la biochimie, de la biologie cellulaire et de la biologie
moléculaire. Après la période des grandes vaccinations où Pasteur et son école jouèrent un rôle déterminant,
ce furent les découvertes des anticorps, du complément et de leurs fonctions qui occupèrent les
immunologistes jusqu’en 1940. Les vingt années qui suivirent furent celles de l’analyse structurale et
génétique des immunoglobulines. Puis vinrent les années de l’immunologie cellulaire et de
l’immunogénétique.

Responsable de la Matière : Mme LADJIMI K. 1


L2_SNV (2020-2021) Immunologie Générale Chap I. Introduction à l’immunologie

3. La réponse immunitaire : Notions de base


Les organes et tissus lymphoïdes sont disséminés dans l'organisme, les cellules circulent dans ces
organes et entre ces organes via le sang et la lymphe. Les cellules communiquent entre elles soit par
contact direct soit à distance par le biais de molécules sécrétées solubles appelées les cytokines. Ce
terme générique regroupe des lymphokines, des monokines, des chimiokines. On parle aussi pour certaines
d'interleukine pour lesquelles il existe une nomenclature internationale.
Sur le plan physiologique, le système immunitaire joue un rôle important pour prévenir les infections,
éradiquer les infections déclarées et empêcher la prolifération tumorale.
L'organisme dispose de deux systèmes de défense : l'immunité innée et l'immunité adaptative : (Figure 1)
3.1. Immunité innée (ou naturelle) : elle est appelée ainsi car elle est présente dès la naissance et
évolue peu au cours de la vie de l’individu. Elle constitue la première ligne de défense contre les infections
et correspond à une réponse constitutive d'action immédiate, non adaptative. Elle repose sur une
reconnaissance globale du non-soi.
L'immunité innée fournit une réponse immédiate en attendant que l'immunité acquise devienne
opérationnelle. Elle repose sur des mécanismes humoraux (complément, cytokines, protéines de la phase
aiguë de l'inflammation…) et cellulaires (cellules à fonction phagocytaire ou lytique, telles que les
polynucléaires, les cellules tueuses naturelles, ou NK pour Natural Killer, macrophages…). Son activation
constitue la réponse inflammatoire.
3.2. Immunité adaptative (ou acquise) : L'immunité adaptative apparaît plus tardivement, elle
constitue la seconde ligne de défense et intervient lorsque la réponse immunitaire innée n’arrive pas à
supprimer le microbe envahisseur. Les cellules de l’immunité adaptative, les lymphocytes, reconnaissent
spécifiquement le microbe et développent une mémoire vis-à-vis de ce microbe qui assure son élimination
d’une manière plus rapide et plus efficace à la prochaine fois qu’il rentre dans l’organisme.

Figure 1. Principaux mécanismes de l’immunité innée et adaptative.


Les mécanismes de l’immunité naturelle assurent la défense initiale contre les infections. Certains des mécanismes empêchent
les infections (par exemple les barrières épithéliales) tandis que d’autres éliminent les microbes (par exemple les phagocytes, les
cellules NK et le système du complément). Les réponses immunitaires adaptatives se développent plus tardivement et sont
assurées par les lymphocytes et leurs produits. Les anticorps bloquent les infections et éliminent les microbes, et les lymphocytes
T éliminent les microbes intracellulaires. Les cinétiques des réponses immunitaires naturelles et adaptatives sont des
approximations et peuvent varier en fonction des infections.

Responsable de la Matière : Mme LADJIMI K. 2


L2_SNV (2020-2021) Immunologie Générale Chap I. Introduction à l’immunologie

3.2.1. Types de réponses immunitaires adaptatives


On distingue deux types de réponses immunitaires adaptatives :
3.2.1.1. La réponse humorale : cette réponse se développe contre les pathogènes/antigènes
extracellulaires (parasites, bactéries extracellulaires …etc.). Elle est assurée par des molécules
circulantes spécifiques des antigènes appelées « anticorps » qui sont produites par les
lymphocytes B.
3.2.1.2. La réponse à médiation cellulaire : elle se développe contre les pathogènes/antigènes
intracellulaires (virus…etc.). Elle est directement assurée par les lymphocytes T qui agissent
sur les cellules anormales (cellules infectées, cellules tumorales…) et les tuent par mécanisme
de cytotoxicité.
3.2.2. Les réponses immunitaires adaptatives primaire et secondaire
Quelle que soit la nature du pathogène (virus, bactérie…), il existe deux types de réponses adaptatives
:
3.2.2.1. La réponse primaire : se développe au premier contact avec la pathogène. Elle est
relativement lente à se mettre en route, de faible intensité, assez peu efficace, et de courte durée.
3.2.2.2. La réponse secondaire : se développe au deuxième et éventuellement 3e, 4e,… contact
avec le pathogène. Elle a 4 caractéristiques : (Figure 1)
a) plus rapide : la prolifération clonale (multiplication des lymphocytes) démarre dans les 24 heures,
à comparer aux quelques jours de la réponse primaire
b) plus intense : le nombre de cellules à la fin de la prolifération est beaucoup plus important
c) plus longue : au contraire de la réponse primaire qui se termine rapidement, la réponse secondaire
s’étale considérablement dans le temps (plusieurs années, ce qui est très utile dans le cas des vaccins)
d) plus spécifique : les lymphocytes sélectionnés ont des récepteurs qui s’adaptent mieux à l’épitope
(une partie de l’antigène), et sont donc plus efficaces.

Figure 2. Caractéristiques des réponses immunitaires primaire et secondaire

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L2_SNV (2020-2021) Immunologie Générale Chap I. Introduction à l’immunologie

3.2.3. Classification de l’immunité adaptative

L’immunité adaptative est dite active lorsqu’il y a production ou transmission d’un état de résistance
à un antigène par l’action directe d’anticorps ou de cellules spécifiques à cet antigène. L’immunité
adaptative est dite passive lorsqu’il y a transmission d’un état de résistance par le transfert des anticorps
à un autre individu. L’immunité active s’améliore au fil des expositions à un antigène donné, alors que
l’immunité passive confère une protection de durée limitée.

L’immunité adaptative active naturelle résulte d’une infection. Le degré et la durée de la protection
sont variables d’une maladie à l’autre. Cela explique pourquoi on doit vacciner les personnes qui ont eu
certaines infections dans le passé (ex. : typhoïde).

L’immunité adaptative active artificielle résulte de l’immunisation provoquée par la vaccination sans
les complications possibles de la maladie. Cette immunité exploite les caractéristiques du système
immunitaire à des fins préventives.

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L2_SNV (2021-2022) Immunologie Générale Chap II. Organes et cellules de l’immunité

CHAPITRE II :
ORGANES ET CELLULES DE L’IMMUNITE
1. Organes du système immunitaire
Les cellules de l’immunité se retrouvent dans tous les vaisseaux (sanguins et lymphatiques) et les organes. Ils se
regroupent néanmoins en formations denses au sein des organes lymphoïdes centraux, où s’effectue la maturation
des différentes populations lymphocytaires, et des organes lymphoïdes périphériques, où vont se développer la
majorité des réponses immunitaires adaptatives (Figures II.1 et II.2).

1.1. Organes lymphoïdes primaires (centraux)


Les organes centraux constituent le site de maturation et différenciation des lymphocytes. Les lymphocytes T se
différencient dans le thymus, et les lymphocytes B dans la bourse de Fabricius (chez les oiseaux) ou dans la moelle
osseuse (chez les mammifères).
1.1.1. La moelle osseuse
Chez les mammifères, la moelle osseuse est le site de maturation et différenciation des lymphocytes B (chez le
fœtus, Le foie fœtal est l’organe qui assure la fonction de maturation des cellules B mais il est remplacé
progressivement par la moelle osseuse pendant la croissance). La moelle osseuse est plus qu’un tissu lymphoïde,
c’est un organe hématopoïétique responsable de la production de toutes les lignées de cellules sanguines (leucocytes,
globules rouges et plaquettes).
La moelle osseuse correspond au tissu présent dans la partie centrale des os ; seule la moelle osseuse rouge
présente au niveau des os courts et plats (sternum, côtes, vertèbres, os iliaques, voute du crâne, épiphyses proximales
de l’humérus et du fémur, …), possède une activité hématopoïétique, en opposition à la moelle osseuse jaune
constituée de cellules graisseuses (adipocytes). La moelle osseuse est également constituée de cellules stromales qui
constituent un tissu de soutien permettant la multiplication et la différenciation des cellules souches hématopoïétique.
Les sinus veineux présent dans la moelle osseuse sont très permissifs, permettant ainsi un passage aisé des cellules
sanguines vers le sang.
1.1.2. Le thymus
Le thymus est un organe lympho-épithéliale situé dans la partie antéro-supérieur de la cavité thoracique. Il joue
un rôle primordial dans la maturation et la sélection des lymphocytes T. On distingue 3 zones dans le thymus :
-Le cortex : (la zone la plus externe) au niveau de laquelle se produit la sélection positive des thymocytes. On y
trouve surtout des cellules épithéliales, des thymocytes et quelques macrophages.
-La jonction cortico-médullaire : c'est le lieu d’entrée des progéniteurs qui viennent de la moelle et de sortie des
cellules matures.
-La médula : (la zone la plus interne) au niveau de laquelle se produisent l’accumulation des cellules matures et
la sélection négative. On y trouve des thymocytes, macrophages et des cellules dendritiques.

1.2. Organes lymphoïdes secondaires (périphériques)


Les organes lymphoïdes secondaires sont le lieu d’activation des lymphocytes naïfs, et donc le point de départ de
la réponse immunitaire adaptative. Leur fonction est de fournir aux lymphocytes un environnement adéquat pour leur
permettre d’interagir entre eux, avec les cellules présentatrices d’antigènes et avec d’autres cellules, afin qu’ils entrent
en contact avec l’antigène et que s’enclenche la réponse immunitaire adaptative.
On distingue des organes lymphoïdes secondaires encapsulés et bien structurés, comme la rate et les ganglions
lymphatiques, et des tissus lymphoïdes diffus avec accumulations de cellules lymphoïdes non encapsulées dans un
organe, comme les tissus lymphoïdes associés aux muqueuses (muqueuses intestinales, bronchiques,
urogénitales…) et tissus lymphoïdes associés à la peau (Figure II.3).

Responsable de la Matière : Dr. BOUDIAF K. 1


L2_SNV (2021-2022) Immunologie Générale Chap II. Organes et cellules de l’immunité

Figure II.1. Organisation fonctionnelle du tissue lymphoïde.


Les cellules souches (CS) nées dans la moelle osseuse se différencient
en cellules B et T immunocompétentes dans les organes lymphoïdes
primaires (thymus et moelle osseuse, respectivement) ; puis celles-ci
colonisent les tissus lymphoïdes secondaires, où les réponses
immunitaires sont organisées. Figure II.2. Anatomie du système
immunitaire

Figure II.3. Tissus lymphoïdes associés


aux muqueuses.
Le tissus lymphoïde diffus responsable de la
protection des muqueuses digestives, respiratoires
et urogénitales est collectivement baptisé MALT
(pour Mucosa-Associated Lymphoid Tissue).
Selon la localisation anatomique, les MALT
peuvent être catégorisés en BALT (Bronchi-
Associated Lymphoid Tissue), NALT
(Nasopharynx- Associated Lymphoid Tissue) ou
GALT (Gut- Associated Lymphoid Tissue).
SALT (Skin- Associated Lymphoid Tissue) est le
tissu lymphoïde diffus responsable de la protection
de la peau.

2. Cellules du système immunitaire


Toutes les cellules sanguines, notamment les leucocytes, sont générées dans la moelle osseuse par un
mécanisme dit « hématopoïèse » (Figure II.4). Les cellules hématopoïétiques, issues de la moelle osseuse
se différencient en deux grandes lignées : la lignée myéloïde et la lignée lymphoïde. En fonction de leur
lignée d’origine, chacune de ces cellules aura une ou plusieurs fonctions spécifiques dans la réponse
immunitaire (Figure II.5, II.6)

Responsable de la Matière : Dr. BOUDIAF K. 2


L2_SNV (2021-2022) Immunologie Générale Chap II. Organes et cellules de l’immunité

Figure II.4. L’hématopoïèse.


[CFU: colony forming unit].

Figure II.5. Cellules de la lignée lymphocytaire et leurs fonctions.


Les lymphocytes B et T font partie de l’immunité adaptative. Après reconnaissance de l'antigène, les lymphocytes B
se différencient en plasmocytes sécréteurs d'anticorps. Les anticorps désactivent/éliminent le microbe par
neutralisation, phagocytose et activation du complément). Les lymphocytes T auxiliaires (helper) sécrètent des
cytokines qui stimulent différents mécanismes de l’immunité et de l’inflammation. Les lymphocytes T cytotoxiques
tuent les cellules infectées. Les cellules NK appartiennent à l'immunité innée, elles tuent les cellules infectées.

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L2_SNV (2021-2022) Immunologie Générale Chap II. Organes et cellules de l’immunité

Figure II.6. Cellules de la lignée


myéloïdes et leurs fonctions.
Les cellules de la lignée myéloïde sont des
cellules de l’immunité innée, elles assurent
diverses fonctions importantes lors de la
réponse immunitaire. Dans la colonne gauche,
des cellules sont représentées
schématiquement. Une micrographie de chaque
type cellulaire est représentée dans la colonne
centrale.
Les macrophages et les neutrophiles sont
essentiellement des cellules phagocytaires qui
engloutissent les pathogènes et les détruisent
dans leurs vésicules intracellulaires.
Les cellules dendritiques capturent
l’antigène et le présentent aux lymphocytes T,
déclenchant ainsi une réponse immune
adaptative. Les macrophages peuvent aussi
présenter les antigènes aux cellules T et les
activer.
Le macrophage (appelés aussi phagocyte
mononucléaire) est rencontré dans les tissus.
Son stade sanguin circulant est le monocyte.
Dans les tissus, les monocytes deviennent des
macrophages ; ils peuvent se différencier en
formes spécialisées qui résident dans différents
tissus. Son nom diffère selon le tissu :
Tissu Nomenclature
Sang Monocyte
Cerveau Cellule microgliale
Poumons Macrophage alvéolaire Favorisation des
Foie Cellule de Kupffer réponses
allergiques
Rate Cellule littorale
Augmentation de
Reins Cellule mésengiale
l’immunité
Tissu conjonctif Histiocyte antiparasitaire
Os Ostéoclastes
Articulation Cellule A synoviale

Les autres cellules myéloïdes sont


essentiellement sécrétrices et libèrent le
contenu de leurs granules caractéristiques sous
l’activation d’un anticorps au cours d’une
réponse adaptative. Les éosinophiles seraient
impliqués dans l’attaque de parasites de grande
taille comme les vers, lorsqu’ils sont recouverts
d’anticorps, alors que la fonction des
basophiles est moins claire. Les mastocytes
sont des cellules tissulaires qui déclenchent une
inflammation locale en réponse à un antigène
en libérant des médiateurs qui agissent sur les
vaisseaux sanguins locaux.

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L2_SNV (2021-2022) Immunologie Générale Chap II. Organes et cellules de l’immunité

3. Ontogénèse et éducation des lymphocytes


Les précurseurs de lymphocytes T provenant de la moelle osseuse migrent vers le thymus pour continuer
leur maturation. En arrivant au thymus, ces précurseurs (appelés Thymocytes) s’associent aux cellules
épithéliales corticales qui sont importantes pour leur développement. Les thymocytes prolifèrent ensuite
migrent vers la medulla où ils se différencieront davantage et seront sélectionnés (éduqués). Seule une petite
fraction des thymocytes parvient à maturation pour devenir des cellules immunocompétentes, le reste meurt
dans le thymus.
Lorsque le précurseur de lymphocyte T arrive au thymus, il exprime des molécules de surface (TCR,
CD4, CD8…) durant le processus de différenciation. Les cellules qui expriment un TCR capables de se lier
faiblement aux complexe peptide-CMH de soi sont sélectionnées positivement et survivent. Les cellules
exprimant un TCR qui se lie fortement au complexe peptide-CMH de soi sont auto-réactives et peuvent
causer des maladies auto-immunes si elles passent en périphérie. C’est pourquoi ces cellules sont éliminées
(elles sont négativement sélectionnées) (Figure II.7).
L’éducation des lymphocytes T dans le thymus résulte donc en :
1) La restriction du TCR au CMH du soi (assurée par processus de sélection positive)
2) La tolérance des lymphocytes aux antigènes du soi (assurée par processus de sélection négative).
En d’autre terme, cette éducation permet de produire des lymphocytes T qui reconnaissent les antigènes
dans le contexte du CMH du soi, mais qui ne peuvent réagir avec les antigènes du soi.

Figure II.7. Développement et maturation des cellules T CD4+ et T CD8+ dans le thymus.

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2ème Année SNV (2021-2022) Immunologie Générale Chapitre III. L’immunité innée (non spécifique)

CHAPITRE III :
L’IMMUNITE INNÉE (NON SPÉCIFIQUE)

1. IMMUNITÉ INNÉE ET RÉPONSE INFLAMMATOIRE


La réponse immunitaire innée (appelée aussi Immunité naturelle) est la première réponse mise en
place par l'organisme suite à une agression (invasion microbienne, lésion tissulaire, brûlure physique ou
chimique…). Elle permet une réponse rapide et efficace sur un grand nombre de pathogènes. De plus, elle
joue un rôle majeur dans la mise en place des réponses immunitaires adaptatives et les processus de
réparation tissulaire/cicatrisation. La réponse innée n'est pas spécifique d'un antigène précis, et n'est pas
douée de mémoire.

La lésion tissulaire causée par une plaie ou par des microbes induit une séquence complexe
d'évènements appelée "Réponse inflammatoire" (Figure ci-dessous).

La lésion tissulaire/infection bactérienne conduit à la libération de médiateurs pro-inflammatoires


(facteurs vaso-actifs et chimioattractants). Ces facteurs induisent une augmentation de la perméabilité
vasculaire, ce qui permet aux cellules immunitaires de traverser l'endothélium vasculaire pour migrer vers
le site de l'agression. Ce processus (appelé extravasation), est accompagné par le passage du plasma vers le
tissu, ce liquide appelé "exsudat" contient des substances (complément, anticorps, protéine réactive
C, ...etc.) qui contribuent, avec les phagocytes, à l'élimination du microbe.

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2ème Année SNV (2021-2022) Immunologie Générale Chapitre III. L’immunité innée (non spécifique)

2. COMPOSANTES DE L’IMMUNITÉ INNÉE


Le système immunitaire inné est composé (1) d’épithéliums qui constituent des barrières à l’infection,
(2) de cellules en circulation et présentes dans les tissus, (3) ainsi que de plusieurs protéines plasmatiques.
Ces éléments jouent un rôle dans le blocage de l’entrée des microbes et dans l’élimination de ceux qui ont
réussi à pénétrer dans les tissus de l’hôte.

2.1. Les barrières épithéliales


Les portes d’entrée les plus fréquentes des microbes, à savoir la peau, le tractus gastro-intestinal et le
tractus respiratoire, sont protégées par des épithéliums continus qui constituent des barrières physiques et
chimiques contre les infections :

Barrière anatomique Mécanismes correspondants


Peau Transpiration, desquamation
Péristaltisme, mucus, acide gastrique, acide biliaire, enzymes
Tube digestif
digestives, peptides antibactériens (défensines), flore intestinale
Voies respiratoires et poumons Mucus, surfactant pulmonaire, défensines
Rhinopharynx Mucus, salive, lysozyme
Yeux Larmes

2.2. Les cellules de de la réponse immunitaire innée


La majorité des cellules de l'immunité innée sont d'origine myéloïde. Il s'agit des polynucléaires ou
granulocytes et des phagocytes mononucléés (monocytes, macrophages, et cellules dendritiques). Il existe
également des cellules d'origine lymphoïde comme les cellules Natural Killer.
2.2.1. Les phagocytes : neutrophiles et monocytes/macrophages
Les neutrophiles et les monocytes sont des phagocytes circulants, ce sont des cellules sanguines qui
sont recrutées au niveau des sites d’infection où ils reconnaissent et ingèrent les microbes afin de les détruire
à l’intérieur de la cellule par un mécanisme appelé "Phagocytose". Les neutrophiles possèdent des granules
cytosoliques qui contiennent des enzymes et
des substances antibactériennes qui sont
impliquées dans la destruction des
microbes. Les phagocytes possèdent des
récepteurs pour les molécules
microbiennes, ils possèdent aussi des
récepteurs pour les constituants du
complément et pour la partie Fc des
anticorps leur permettant de phagocyter les
microbes opsonisés.
La phagocytose est un processus
d'ingestion par une cellule eucaryote de
particules (par exemple des bactéries), par
invagination de la membrane plasmique,
cytoplasmique. Il s’agit d’un processus à
plusieurs étapes qui aboutit à la mort du
microbe (figure ci-contre) :

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2ème Année SNV (2021-2022) Immunologie Générale Chapitre III. L’immunité innée (non spécifique)

2.2.2. Les cellules NK (Natural Killer)


Les lymphocytes Natural Killer (NK) reconnaissent les cellules infectées (en particulier par les virus)
ou les cellules modifiées (par exemple les cellules tumorales). Ces lymphocytes font partie de l'immunité
innée car ils n'expriment pas de récepteur à l'antigène comme le TCR ou le BCR. Ils expriment cependant
des récepteurs activateurs ou inhibiteurs qui leur sont propres et libèrent des cytokines comme l'IFNγ ou
des protéines cytotoxiques contenues dans leurs granulations.

2.2.3. Les Mastocytes et basophiles


Les mastocytes sont des cellules exclusivement tissulaires très riches en granulations. Elles ont la
particularité de pouvoir libérer très rapidement de grandes quantités de médiateurs inflammatoires (en
particulier l'histamine). Elles ont un rôle crucial dans le déclenchement, l'entretien, et la régulation des
réponses inflammatoire. Elles sont au centre des mécanismes de l'hypersensibilité immédiate et des
réponses antiparasitaires.
Les basophiles sont similaires aux mastocytes, mais à l'inverse de ces dernièrs, ils circulent dans le
sang. Dans certains cas d'infections parasitaires, ils s’accumulent dans les tissus et ils y libèrent le contenu
de leurs granules (l’histamine par exemple) facilitant la mise en marche du processus inflammatoire et
l’élimination du pathogène.

2.2.4. Les cellules dendritiques


Les cellules dendritiques sont des cellules de l’immunité innée dont le rôle principal est la
présentation d’antigène aux lymphocytes. Les cellules dendritiques sont localisées dans de nombreux tissus
et organes, elles ont une importante capacité de capture d'antigènes. Elles migrent vers les organes
lymphoïdes secondaires et présentent les antigènes aux lymphocytes T. Ce sont les Cellules présentatrices
d'antigènes (CPA) les plus importantes car elles sont capables d'activer des lymphocytes T naïfs, et jouent
ainsi un rôle majeur dans l'initiation de la réponse immunitaire adaptative.

2.3. Le complément
2.3.1. Définition

Le système du complément est un ensemble de plus de 30 protéines plasmatiques et membranaires


qui jouent un rôle important dans la défense contre les microbes. Ces protéines sont synthétisées
majoritairement par le foie, et à degrés moindre par les monocytes/macrophages.

2.3.2. Propriétés

De nombreuses protéines du complément sont des enzymes protéolytiques et l’activation du


complément nécessite l’activation séquentielle de ces enzymes, appelée cascade enzymatique. Cette
cascade requiert le clivage de certains composants du complément en fragments actifs qui contribuent à
l’activation du prochain composant, conduisant finalement à la lyse/élimination du microbe. La majorité
des protéines du complément sont plasmatiques et thermolabiles. Leur demi-vie est très courte (1 ms pour
les formes activées).

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2ème Année SNV (2021-2022) Immunologie Générale Chapitre III. L’immunité innée (non spécifique)

2.3.3. Fonctionnement général

Le système du complément fonctionne par activation en cascade de ses composants. Il est activé
rapidement et localement, avec de nombreuses boucles d'amplification. Le fonctionnement du complément
se déroule en trois temps. En premier lieu, ce système est activé lorsque certains de ses composants détectent
des micro-organismes. On connaît chez l'Homme trois voies d'activation qui sont, par ordre de découverte :
la voie classique, la voie alterne et enfin la voie des lectines. Cette détection conduit ensuite à l'activation
de composants qui alors s'associent pour former des enzymes qui génèrent les composants effecteurs. On
entre alors dans la phase effectrice, avec de nombreuses fonctions immunitaires.

2.3.4. Nomenclature

Certains composants du complément sont désignés par la lettre C suivie d’un numéro correspondant
à l’ordre de découverte (C1à C9), d’autres par des lettres majuscules (ex. Facteur B). Après activation d’un
composant du complément par clivage protéolytique, il en résulte deux fragments ; le petit fragment est
désigné par la lettre minuscule « a », et le grand fragment par la lettre minuscule « b » (ex. C3a et C3b)
[Exception faite pour les produits de clivage de C2, où C2a = le grand fragment ; alors que C2b = le petit
fragment]. Le grand fragment se dépose sur la cible au voisinage du site d’activation, alors que le petit
fragment diffuse et peut activer la réponse inflammatoire en se fixant sur des récepteurs spécifiques des
cellules inflammatoires (mastocytes, neutrophiles…etc.). Les grands fragments interagissent entre eux et
forment des complexes à activité enzymatique, ces complexes sont désignés par une barre surmontant les
symbols (ex. C3bBb, C4b2a…etc.)

2.3.5. Activation du Complément

Le système du complément est une cascade enzymatique qui peut être activée selon trois voies
distinctes : la voie classique, la voie alterne, et la voie des lectines. Ces trois voies d’activation sont
différentes à la phase précoce de l’activation du complément, mais elles aboutissent toutes à la voie finale
commune (ou phase tardive de l’activation du complément), caractérisée par la formation du complexe
d’attaque membranaire (CAM).
a) Phase précoce de l’activation du complément
a.1) La voie alterne
La voie alterne est déclenchée lorsque le fragment C3b (résultant de l’hydrolyse spontanée de la C3
dans le plasma) est déposé à la surface d’un microbe et se lie d’une manière covalente aux protéines et
polysaccharides microbiens. Cet évènement entraine la fixation du facteur B, qui est dégradé pour générer
le fragment Bb. Ce fragment reste fixé à C3b formant le complexe C3bBb qui a une activité enzymatique
et qui constitue la C3 convertase de la voie alterne capable de catalyser le clivage de C3 en C3a et C3b.
La C3 convertase clive alors le C3 d’une manière continue, les molécules C3b nouvellement formées
peuvent s’associer avec de nouvelles molécules de facteur B pour former de nouvelles C3 convertases
alternes qui clivent de nouvelles molécules de C3 et ainsi participent à la boucle amplificatrice de la voie
alterne.
Certaines des molécules C3bBb se lient à des molécules C3b supplémentaires, et le complexe
C3bBb3b formé, doté d’une activité enzymatique, agit alors comme une C5 convertase de la voie alterne
qui clive C5 en C5a et C5b et initie la phase tardive de l’activation du complément.

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2ème Année SNV (2021-2022) Immunologie Générale Chapitre III. L’immunité innée (non spécifique)

a.2) La voie classique


La voie classique est déclenchée après que les anticorps se sont liés aux microbes ou à d’autres
antigènes. Le complexe immun induit la fixation du composant C1 du complément sur la région Fc de
l’anticorps. C1 devient enzymatiquement actif et clive deux protéines ; C2 et C4. Les grands fragments
générés de ce clivage (C2a et C4b) se lient à la surface de la cellule et forment le complexe C4b2a qui
constitue la C3 convertase de la voie classique. Cette dernière clive C3, et le C3b ainsi généré se fixe à la
surface du microbe. Quelques fragments C3b s’associent au C4b2a et le complexe C4b2a3b ainsi formé
constitue la C5 convertase de la voie classique.
a.3) La voie des lectines
La voie des lectines est déclenchée par la fixation des lectines liant le mannose (MBL) aux microbes.
La structure de MBL est très proche de celle du composant C1, et son rôle est d’activer des protéases qui
clivent C4 et C2. Les étapes suivantes sont pratiquement identiques à celles de la voie classique.

Figure : La phase précose de l’activation du complément

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2ème Année SNV (2021-2022) Immunologie Générale Chapitre III. L’immunité innée (non spécifique)

b) Phase tardive de l’activation du complément


L’activation terminale du complément (Figure 2) commence par le clivage de C5 par la C5 convertase
générant le fragment C5b, auquel les autres composants, C6, C7, C8 et C9, se lient de manière séquentielle.
La protéine C9 polymérise pour former un pore dans la membrane cellulaire au travers duquel l’eau et
différents ions peuvent pénétrer, provoquant la mort cellulaire. Ce polymère de C9 est appelé Complexe
d’attaque membranaire (CAM) et sa formation constitue l’étape finale de l’activation du complément.

2.3.6. Fonctions du complément

a) La lyse cellulaire : Lyse des micro-organismes par le biais du CAM.


b) Stimulation de la réponse inflammatoire : Certains fragments générés du clivage des protéines
du complément (C3a, C5a) ont la capacité de stimuler la réponse inflammatoire. Ces fragments
sont chimiotactiques pour les phagocytes (ex. neutrophiles), et favorisent leur recrutement au site
d’activation du complément, ils induisent également l’activation de des mastocytes qui culmine
vers la libération des médiateurs inflammatoires comme l’histamine.

c) Opsonisation des particules d’antigène conduisant à leur phagocytose : Les microbes et


antigènes sur lesquels le complément est activé deviennent couverts de fragments du complément
(ex. C3b) qui possèdent des récepteurs sur les cellules phagocytaires (macrophages, neutrophiles)
et en opsonisant les antigènes ils entrainent leur phagocytose (c’est pourquoi ces fragments du
complément sont dits opsonines).

d) Neutralisation des virus : Certains virus enveloppés peuvent induire l’activation du complément,
le dépôt des fragments du complément à la surface de ces virus bloque les sites de liaison à la
cellule cible.
e) Elimination des complexes immuns : Le complément (C3b) empêche l’accumulation des
complexes immuns et leur dépôt sur les parois vasculaires. L’élimination des complexes immuns
fait intervenir les erythrocytes qui les transportent vers le foie et la rate où ils seront phagocytés.

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CHAPITRE IV :
LE COMPLEXE MAJEUR D’HISTOCOMPATIBILITE (CMH)
Le complexe majeur d’histocompatibilité (CMH) est un ensemble de protéines membranaires se
trouvant sur les cellules présentatrices d’antigène (CPA), essentiel à la reconnaissance des antigènes par le
système immunitaire adaptatif. La fonction principale du CMH est de lier les fragments peptidiques dérivés
des pathogènes et de les présenter aux lymphocytes T. Les protéines du CMH ont été initialement identifiées
sur leur capacité à entraîner de puissantes réactions lors de la transplantation d’organe entre différents
membres d’une espèce. On distingue les complexes majeurs d'histocompatibilité de classe I et de classe II.
Chez l'homme, on parle d'antigène HLA (pour Human Leucocyte Antigen).
Le CMH de classe I et II ont une distribution cellulaire différente (Tableau I) qui reflète le rôle
effecteur joué par ces cellules. Le CMH de classe II n’est exprimé que par les cellules présentatrices
d’antigène (cellules dendritiques, macrophages et lymphocytes B), alors que le CMH de classe I est
pratiquement présent dans toutes les cellules nucléées, cette distribution permet au système immunitaire de
surveiller presque toutes les cellules du corps pour pouvoir agir lors d’une infection par un pathogène
intracellulaire en éliminant les cellules infectées par les lymphocytes T cytotoxiques.
Tableau I. Expression des molécules de CMH classe I et II
Tissu CMH de classe I CMH de classe II
Lymphocytes T +++ -
Lymphocytes B +++ +++
Macrophages +++ ++
Cellules dendritiques +++ +++
Neutrophiles +++ -
Hépatocytes + -
Foie ++ -
Cerveau + -
Globules rouges - -

1. Structure des molécules du CMH

Chaque molécule de CMH-I est composée d’une chaîne α liée d’une manière non-covalente à
une protéine appelée β-2 microglobuline, qui est codée par un gène se trouvant en dehors du locus du
CMH. Les domaines α1 et α2 de la chaîne α
forment le site de liaison au peptide antigénique
(de 8 à 11 acides aminés) et contiennent les sites
polymorphes des molécules de CMH de classe I.
Le domaine α3 est constant et contient le site de
liaison au corécepteur CD8 des lymphocytes T.
Les molécules du CMH de classe II sont
composées de deux chaînes ; α et β. Les domaines
les plus externes de ces chaînes, α1 et β1
contiennent des résidus polymorphes et forment la
cavité liant l’antigène peptidique (de 13 à 18
acides aminés). Le domaine β2 constant contient le
site de liaison au corécepteur CD4 des
lymphocytes T.
Figure 1. Structure des molécules du CMH de classe I et de classe II.

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Tableau II. Caractéristiques des molécules du CMH classe I et II


Propriété CMH de classe I CMH de classe II
Chaînes polypeptidiques Chaîne α
α+β
+ β2-microglobuline
Cavité liant l’antigène (localisation
Domaines α1 et α2 Domaines α1 et β1
des résidus polymorphes)
Domaine liant le corécepteur des LT Domaine α3 lie le CD8 Domaine β2 lie le CD4
Taille du peptide lié 8 à 11 résidus 13 à 18 résidus
Nomenclature
Homme HLA-A, HLA-B, HLA-C HLA-DR, HLA-DP, HLA-DQ
Souris H-2K, H-2D, H-2L I-A, I-E

2. Gènes du CMH
Le locus du CMH comprend un ensemble de gènes localisés sur un segment du bras court du
chromosome 6. Les protéines du CMH rencontrées chez l’homme portent le nom d’antigènes
leucocytaires humains ou HLA car ces protéines ont été initialement découvertes dans les leucocytes
en utilisant des anticorps spécifiques. Chez la souris, le CMH est appelé complexe H2.
Chez l’homme, le locus du CMH contient 3 gènes polymorphes de classe I (HLA -A, HLA-B et
HLA-C) et plusieurs gènes
polymorphes de classe II
(HLA-DPA, DPB, DQA,
DQB, DRA et DRB) (Figure
2). Il existe un troisième
groupe de gènes dans le locus
du CMH appelé CMH de
classe III, ces gènes codent
pour certains cytokines et
Figure 2. Organisation des gènes du CMH.
composants du complément.
Les gènes du CMH sont les gènes les
plus polymorphes du génome. Il existe
donc plusieurs allèles du CMH au sein de
la population humaine (Tableau III). Les
gènes du CMH sont exprimés de manière
co-dominante, ce qui signifie que les
allèles hérités des deux parents sont
exprimés de manière équivalente (Figure
3). Tout être humain exprime six allèles du
CMH de classe I (un allèle HLA-A, B et C
provenant de chaque parent) et au moins
six allèles de CMH de classe II (un allèle
HLA-DP, DQ et DR provenant de chaque
parent et un certain nombre de
combinaisons de ceux-ci). L’assortiment Figure 3. Expression codominante des antigènes HLA codés par
d’allèles du CMH présents sur chaque les gènes du CMH
chromosome est appelé Haplotype CMH.

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Les gènes du CMH sont étroitement liés, la distance entre les deux extrémités du locus du CMH
est de 0,5 centimorgans, équivalent à une fréquence de recombinaison de 0,5%, ce qui fait qu’un
individu hérite un haplotype entier de chaque parent.
Tableau III. Nombre d'allèles recensés dans la population humaine pour chaque locus (données
IMGT et EMBL 2005).
CMH de classe I CMH de classe II
Locus Nombre d’allèles Locus Nombre d’allèles
338 HLA-DPA 22
HLA-A
HLA-DPB 111
HLA-B 617 HLA-DQA 28
HLA-DQB 59
HLA-C 179 HLA-DRA 3
HLA-DRB 463
Dans leur ensemble, les gènes HLA possèdent quatre caractéristiques importantes :
- Polygénisme : existence de plusieurs gènes codant CMH I et II (I: HLA-A, B et C ; II: HLA-DPA, DPB,
DQA, DQB, DRA et DRB)
- Polymorphisme : chaque gène est multi-allélique au sein de la population.
- Codominance : chez un sujet hétérozygote, les deux allèles d’origine paternelle et maternelle sont exprimés.
- Liaison étroite : tous les gènes situés sur un même chromosome se transmettent en bloc à la descendance
sous forme d'haplotype.
3. Apprêtement et présentation des antigènes peptidiques sur les molécules du CMH
Les molécules du CMH ont le rôle fondamental de présenter les peptides de l'antigène dégradé aux
lymphocytes T auxiliaires (CD4+) ou T cytotoxiques (CD8+). Dans cette communication intercellulaire
mettant en contact 2 cellules, il faut une reconnaissance du complexe HLA-peptide antigénique par le TCR
(Récepteur des lymphocytes T).
3.1. Apprêtement et présentation des peptides d’origine endogène

Les protéines d’origine endogène, synthétisés dans la cellule (protéines virales par exemple) sont
dégradées dans le cytosol par le protéosome, et les peptides générés pénètrent dans le réticulum endoplasmique
(RER) où ils se lient avec le
CMH de classe I. Les peptides
antigéniques complexés au
CMH sont transportés vers la
membrane plasmique pour être
présentés aux lymphocytes T
CD8+. Ces dernières sont dotées
de propriétés cytotoxiques et ont
la capacité de détruire la cellule
cible anormale (infectée ou
cancéreuse) (Figure 4).

Figure 4. Rôle du CMH de classe I dans la présentation des antigènes peptidiques


d’origine endogène aux lymphocytes T cytotoxiques.

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3.2. Apprêtement et présentation des peptides d’origine exogène

Les cellules présentatrices d’antigènes (CPA) sont les seuls à exprimer les molécules du CMH classe II.
Ces cellules capturent l’antigène du milieu extracellulaire par phagocytose ou endocytose par intermédiaire
d’un récepteur. L’antigène est dégradé dans l’endosome sous l’action des lysozomes, et les fragments
peptidiques générés s’associent aux molécules du CMH de classe II. Le complexe peptide-CMH est transporté
à la membrane plasmique afin de présenter l’antigène aux lymphocytes T CD4+ (ou LT auxiliaires). Cette
interaction cellulaire entraine la production des cytokines par le lymphocyte T, qui peuvent activer les LB pour
secréter les anticorps qui éliminent les pathogènes extracellulaires (Figure 5).

Figure 5. Rôle des molécules du CMH de classe II dans la présentation des antigènes peptidiques d’origine exogène
aux lymphocytes T auxiliaires.

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