Vous êtes sur la page 1sur 13

CHAPITRE 4 : L’IMMUNITÉ INNÉE

Les organismes pluricellulaires sont confrontés à divers types de dangers : infection par des
microorganismes (bactéries, virus, champignons), multiplication cellulaire anarchique
(cancérisation), agressions physiques ou chimiques. Le système immunitaire contribue à faire
face à ces dangers et à maintenir l’intégrité de l’organisme. Sa fonction principale reste
toutefois la lutte contre les microorganismes pathogènes. La réaction inflammatoire est le
premier mécanisme à se mettre en place, c’est une réponse innée.

Pb : En quoi la réaction inflammatoire est-elle un exemple d’immunité innée et quelles en sont


les caractéristiques ?

I/ Présentation globale de la réaction immunitaire

A. Deux mécanismes immunitaires


Chez les vertébrés, deux mécanismes sont mis en jeu, l’un inné, l’autre acquis par chaque
organisme au cours de sa vie.

− La réponse immunitaire innée, génétiquement héritée, est opérationnelle dès la


naissance et ne nécessite aucun apprentissage. Les modes d’action sont
stéréotypés, sans adaptation particulière aux microorganismes concernés.
− La réponse immunitaire adaptative, est spécifique des microorganismes
rencontrés et se met en place lors de la première rencontre (voir chapitre 2).
Cette réponse ne concerne que les vertébrés.
B. Des cellules spécialisées dans la défense de l’organisme
L’observation des cellules du sang s’effectue simplement par la réalisation d’un frottis
sanguin. Le sang est composé de trois types de cellules :

− Les globules rouges ou hématies ou érythrocytes


− Les plaquettes ou thrombocytes
− Les globules blancs ou leucocytes

Le tableau ci-contre révèle les


résultats d’une analyse de sang
d’un sujet atteint d’une angine
et d’un sujet non malade

Chez un individu malade, on observe une augmentation du taux de leucocytes dans le sang. Ce
sont donc les leucocytes (ou globules blancs) qui constituent les cellules de défense de
l’organisme.

Nous verrons qu’il existe plusieurs types de leucocytes, chacun étant spécialisée :
− Des cellules phagocytaires (granulocytes, macrophages), cellules dendritiques et
mastocytes qui résident dans les tissus ou le sang, détectent l’intrusion et permettent
la réponse immunitaire innée.
− Des lymphocytes B et T qui circulent dans le sang et la lymphe et réalisent la réponse
immunitaire adaptative.

C. Les organes impliqués dans le système immunitaire


Les organes et tissus lymphoïdes correspondent au lieu de résidence des lymphocytes et
d’autres cellules du système immunitaire. Ils se distinguent en deux groupes.

Les organes lymphoïdes


primaires ont la capacité de
produire, et/ou de provoquer la
prolifération et la maturation
des lymphocytes. Ils
correspondent à la moelle
osseuse et au thymus : ce sont
les lieux de formation des
cellules de l’immunité

Les organes lymphoïdes secondaires sont des lieux de concentration des lymphocytes, au
niveau desquels s’effectue l’activation de la réponse immunitaire adaptative, autrement dit
l’activation des lymphocytes qui se différencieront en cellules effectrices et cellules
mémoires. Parmi eux on peut par exemple compter les ganglions lymphatiques ou la rate.

D. Une longue histoire évolutive


L’immunité innée est apparue il y a 800 Ma. Chez la plupart des espèces pluricellulaires
animales, c’est la seule présente. Elle est fondée sur le fait que les cellules immunitaires
présentent des récepteurs capables de reconnaître des motifs moléculaires communs à de
nombreux microorganismes et très conservés au cours de l’évolution.

2
L’immunité adaptative va apparaître vers – 400 / - 450 Ma chez les vertébrés (moins de
5% des espèces). Elle s’ajoute à la précédente et dote ces organismes d’une grande diversité
de nouveaux récepteurs face à la diversité des microorganismes.

Tous les animaux pluricellulaires possèdent une immunité innée (génétiquement héritée), peu
spécifique, mais qui assure une intervention rapide face à une agression par des micro-
organismes. Les vertébrés disposent en outre d’une immunité adaptative qui prolonge
l’immunité innée. Elle s’installe lors des premières rencontres avec un micro-organisme donné :
elle est ciblée et spécifique de cet agresseur. Ces réponses immunitaires mettent en jeu des
cellules spécialisées, qui assurent une veille dans les tissus et le sang :

Cellules phagocytaires, cellules dendritiques et mastocytes dans le cas de l’immunité innée

Lymphocytes du sang et de la lymphe dans le cas de l’immunité adaptative

II/ Description de la réaction inflammatoire

A. Des symptômes variés et bien identifiables


Suite à une blessure, une infection, un traumatisme, on observe le développement d’une
réaction inflammatoire. Celle-ci s’accompagne presque toujours d’une rougeur, d’une
sensation de chaleur avec gonflement et douleur. Ces symptômes traduisent une dilatation
locale des vaisseaux (vasodilatation) avec un afflux de sang (rougeur et chaleur) et une sortie
de plasma sanguin et des cellules spécialisées dans les tissus avoisinant à l’origine d’un
gonflement (œdème). La douleur est la conséquence de la stimulation de récepteurs sensoriels
spécifiques, les nocicepteurs, localisés dans la peau, les muscles, les articulations et la paroi
des viscères. C’est une substance (prostaglandine) libérée par les tissus atteints qui
déclenche l’émission par ces récepteurs de messages nerveux acheminés jusqu’au cerveau.

3
La lésion des tissus liée à la pénétration d’un corps étranger déclenche des mécanismes
complexes et notamment la sécrétion locale de nombreuses substances : ainsi, des cellules
spécialisées, les mastocytes, libèrent dans le milieu environnant de l’histamine, molécule
vasodilatatrice. Ces mécanismes assurent un recrutement, au niveau de la zone infectée, de
molécules et de cellules de l’immunité innée.

B. Le déclenchement de la réaction inflammatoire


Des signaux de danger divers peuvent être à l’origine du déclenchement d’une réaction
inflammatoire. Ces signaux peuvent provenir d’organismes étrangers mais aussi de cellules
déjà présentes dans l’organisme mais qui se trouvent modifiées. Ainsi la modification de l’ADN
d’une cellule peut être à l’origine de sa transformation en cellule cancéreuse. Ces cellules se
multiplient très rapidement et représentent un réel danger pour l’organisme. Cette
transformation s’accompagne de l’apparition à la surface des cellules de molécules reconnues
comme des signaux de danger par le système immunitaire qui déclenche une réaction
inflammatoire sur le site de la tumeur.

C. La reconnaissance des agents pathogènes

Un certain nombre de motifs moléculaires (appelés


récepteurs PAMP) sont communs à de nombreux micro-
organismes : composants de la paroi cellulaire pour les
bactéries ou les champignons, motifs du génome pour les
virus.

Or, les cellules de l’immunité innée (notamment les cellules, dites sentinelles) possèdent une
collection de récepteurs, les récepteurs PRR (pattern Recognition Receptors), qui leur
donnent la capacité de reconnaître la majorité de ces motifs moléculaires.

4
D. Les cellules impliquées dans la réaction inflammatoire
Nous savons que les cellules immunitaires regroupées sous le terme leucocytes. Certaines
cellules circulent dans les tissus afin de repérer des éventuelles intrusions alors que d’autres
circulent dans le sang. Le tableau ci-dessous résume différentes cellules immunitaires de
l’immunité innée et leurs fonctions principales :

E. Des médiateurs chimiques pour organiser la réponse immunitaire


Suite à une agression (infection, lésion ou cancer) les
cellules de l’immunité déjà présentes sur le site de
l’infection sont activées et synthétisent des
molécules appelées médiateurs chimiques de
l’inflammation.

Ces molécules permettent le déclenchement de la réaction inflammatoire, sa poursuite et sa


diffusion à partir du foyer initial. La libération des médiateurs de l’inflammation provoque la
dilatation des vaisseaux sanguins et l’arrivée en masse de cellules de l’immunité innée sur le
site inflammatoire.

5
Ces cellules libèrent à leur tour des médiateurs provoquant le recrutement d’autres cellules
immunitaires sur le site inflammatoire. C’est le phénomène d’amplification. Certaines
substances sont capables d’attirer des cellules de l’inflammation (chimiokines), d’autres vont
activer d’autres cellules immunitaires ou déclencher la phagocytose (cytokines). L’arrivée
massive de cellules luttant contre l’agression est à l’origine des différents symptômes de la
réaction inflammatoire.

La diapédèse est un exemple de mobilisation des cellules immunitaires par ces substances.
Les granulocytes collés à la paroi interne des vaisseaux sont alertés par les chimiokines
sécrétées dans le tissu sous-jacent infecté. Ils s’insèrent alors entre les cellules de la paroi
du vaisseau et vont ainsi à la rencontre de l’intrus.

F. La phagocytose, une réponse à la multiplication de l’agent infectieux


Une fois arrivés sur le site inflammatoire, les macrophages et les granulocytes éliminent les
agents pathogènes par phagocytose. La phagocytose se déroule en 4 étapes :

− Etape 1 : L’adhérence de la cellule phagocytaire au pathogène est rendue possible par


la reconnaissance de molécules communes à un grand nombre de pathogènes grâce à
des récepteurs sur les cellules phagocytaires.
− Etape 2 : L’ingestion du pathogène se fait dans une vésicule cytoplasmique
− Etape 3 : La digestion du pathogène est réalisée jusqu’à sa disparition
− Etape 4 : Une partie des molécules issues de la digestion du pathogène s’associe aux
récepteurs membranaires du complexe majeur d’histocompatibilité (CMH) afin de
préparer la réponse immunitaire adaptive si l’infection persiste.

6
Le premier signe d’une infection ou d’une lésion des tissus est une réaction inflammatoire
locale qui est caractérisée par des symptômes stéréotypés : rougeur, chaleur, gonflement et
douleur. Les cellules de l’immunité innée ont la capacité de reconnaître la majorité des micro-
organismes grâce à leurs récepteurs PRR. Cette reconnaissance induit la libération par ces
mêmes cellules de médiateurs chimiques qui attirent et activent d’autres cellules de
l’immunité. La phagocytose est le mécanisme par lequel une cellule englobe et fait disparaître
une particule étrangère ou une cellule immunitaire.

7
III/ La préparation de la réponse adaptative

A. Les cellules dendritiques et la présentation de l’antigène


Nous savons que c’est grâce à leurs récepteurs PRR que les cellules phagocytaires sont
activées par de nombreux motifs moléculaires microbiens. Parmi ces phagocytes, les cellules
dendritiques occupent une place de choix découvertes depuis peu. Ces cellules sont présentes
dans tous les tissus de l’organisme (à l’exception du cerveau) ; elles possèdent des
prolongements cytoplasmiques longs et mobiles, riches en PRR, qui leur permettent d’explorer
leur environnement et de détecter efficacement les microorganismes.

Par ailleurs, ces cellules, comme la plupart des autres cellules de l’organisme, exposent sur
leur membrane des protéines particulières : les molécules du complexe majeur
d’histocompatibilité (CMH). Ces molécules définissent l’identité de l’organisme (elles sont
caractéristiques d’un individu). Elles ont une autre fonction : elles constituent un « présentoir
» en forme de « corbeille » dans laquelle vient se loger un petit peptide résultant de la
digestion du microorganisme à l’issue de la phagocytose. Ce peptide « étranger », ou antigène,
est ainsi exposé en surface de la cellule dendritique qui est donc une cellule présentatrice
d’antigène ou CPA.

8
B. Le recrutement des cellules de l’immunité adaptative
La reconnaissance d’un agent pathogène par une cellule dendritique induit son activation et sa
migration vers le ganglion lymphatique le plus proche. C’est au cours de ce trajet qu’elle
expose sur sa membrane un plus grand nombre d’antigènes.

Parvenue dans le ganglion, elle entre en


contact avec les lymphocytes T capables de
reconnaître l’ensemble CMH / Antigène. Des
cytokines libérées par la cellule dendritique
activent alors ces lymphocytes, ce qui marque
le déclenchement de la réaction immunitaire
adaptative.

Les cellules dendritiques sont des phagocytes présents dans tous les tissus qui ont une
fonction essentielle dans le déclenchement de la réaction immunitaire adaptative. En effet,
suite à la phagocytose, elles exposent sur la membrane, grâce aux molécules du CMH, des
peptides antigéniques. La cellule dendritique ainsi activée est une cellule présentatrice
d’antigène ou CPA qui migre vers un ganglion lymphatique où elle peut présenter l’antigène à
des lymphocytes spécifiques de cet antigène.

IV. Aider l’organisme à contrôler l’inflammation

A. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens

9
On sait, depuis l’Antiquité, que l’écorce de saule renferme des substances qui, extraites par
décoction, sont actives contre l’inflammation et la fièvre. Le principe actif est l’acide
salicylique. Synthétisé sous forme d’acide acétylsalicylique, puis commercialisé à partir de
1899, il est mieux connu sous le nom d’aspirine.

D’autres molécules ayant les mêmes effets (paracétamol, ibuprofène etc.) ont été
découvertes par la suite.

Ces molécules empêchent la synthèse de médiateurs chimiques, les prostaglandines, qui


interviennent particulièrement dans la vasodilatation, les douleurs et la fièvre. C’est l’activité
de certaines des enzymes impliquées dans cette synthèse qui est bloquée. Toutefois ce
blocage de la synthèse des prostaglandines n’est pas sans effets secondaires, car ces
molécules ont d’autres fonctions, notamment dans la stimulation de la sécrétion du mucus
protecteur du tube digestif.

10
B. Les anti-inflammatoires stéroïdiens
Vers 1850, on a découvert le pouvoir anti-inflammatoire des hormones stéroïdiennes
produites par les glandes surrénales. Comme l’aspirine, ces hormones agissent sur la
production de prostaglandines mais, en plus, elles limitent la production de cytokines
activatrices de l’inflammation, réduisent la vasodilatation et facilitent la phagocytose. On
utilise, aujourd’hui, de nombreux stéroïdes de synthèse pour lutter contre l’inflammation.

Ces substances ont néanmoins des effets secondaires en modifiant le métabolisme de l’eau et
des ions. Leur utilisation implique un suivi médical strict.

La réponse inflammatoire est à l’origine de symptômes (douleur et fièvre) inconfortables que


l’on peut contrôler à l’aide de substances anti-inflammatoires (aspirine, stéroïdes). Les
effets secondaires indésirables de ces médicaments peuvent nécessiter une vigilance
médicale.

11
SCHEMA BILAN

12
13

Vous aimerez peut-être aussi